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REFLEXIONS SUR L’ENGAGEMENT PERSONNEL par P. L. LANDSBERG. 1. Le caractére historique de notre vie exige V'engagement comme condition de Vhumanisation. (Fondement anthropologique de engagement.) Jeté dans un monde plein de contradictions, chacun de nous éprouve souvent le besoin de se retirer du jev, et de se mettre 4 I'écart sinon « au-dessus » des événements, cen spectateur détaché, Le motif d'une parcille fuite du monde n'est pas un égoisme plat, mais plutét le désir de pouvoir constituer au moins une vie pleine de sens dans sa réaliser nos intentions authentiques. Mais nous nous aper- cevons bient6t qu'une telle attitude ne correspond pas & notre véritable situation. Bien au contraire, notre existence humaine est tellement impliquée dans une destinée collec tive que notre vie propre ne peut jamais gagner son sens au'en participant aVhistoire des collectivités auxquelles nous appartenons © Dans i iesure ot) nous vivons en pleine conscience cette participation, nous réalisons la présence historique, I'hisloricité essentielle & l"humanisation 1. est bien entenda gue nous ne parlons pas ici du sint nda moine, Cesvicdite de vocations eotentllement exceptionnells. Nous pailont de fous autes, hommes ordinaies, vivant dans Te monde, exergan un meter, 180 EUVRES, de homme. Car nous sommes autrement situés dans le temps que ‘animal, ou plut6t nous sommes sculs & étre itués dans le temps d'une maniére qui transcende le fait d'étre livré & la succession des instants *, ‘Nous transformons le passé en l'avenir vers lequel se dirige constamment notre vie. A chaque pas de cette vie la perspective de Tavenir s'ouvre & nous en tant qu’en- semble de possibilités concrétes. Cet ensemble parait contenir des cercles plus étroits et des cercles plus vastes, fen commengant par le cercle des possibilités de notre action immédiate et matérielle ~ aller dans cette piéce ou dans une autre — jusqu’au cerele des possibilités qui se rapportent & Vavenir de l'homme en général. Ce dernier cercle n’excite pas avec la méme urgence notre action jimmédiate, mais il appartient nécessairement & Tavenir de homme, quand celui-ei a développé pleinement I'histo- ricité humaine. Aequérir une conscience historique vivante, est se constituer une conscience embrassant des cercles toujours plus vastes de possibilités. Chacun de ces cercles nous met devant la responsabilité de choisir et de faire tun effort dans la direction choisie. Cette responsabilité en regard de Vavenir, aucun dieu ne peut nous en libérer. Elle s'impose du fait que lavenir en tant que tel existe pour nous, que nous vivons de fagon prospective, toujours ‘au devant de nous-mémes, que nous le voulions ou non. 18 engagement T'assumation coneréte de la d'une euvre & résliser dans Vavenir, d'une direetion définie de V'effort allant vers la formation de avenir humain. Par conséquent, engagement réalise Vhistoricité humaine et vouloir I'éluder, c'est normalement détruire le progrés méme de notre qualité humaine. Nous connaissons tous le désir de nous débarrasser de ce poids de Thistoricité responsable, mais nous savons aussi bien que cette dlusion est impossible. Nous ne pouvons pas 1. Lexplication 3 peu pets dainiive de Phisoricité de Mhomme se trouve chez Neetrche dans les premares pages de Vor Natzen and Nacht der Historie far das Leben, Unseligendive Betrchtngen It; cette explisttion dlermanderal Eee coraplerenter par une carateiaation denote mane de tere vet Pavone REFLEXIONS SUR L'ENGAGEMENT PERSONNEL 181 modifier d'une fagon durable le degré d’historicité de notre vie. Nous ne pouyons pas fuir dans linconscience de ani mal ; nous ne pouvons adopter que pour de brefs instants la conscience d'un enfant, d'un paysan, d’un homme d'une autre époque. Cette fatalité a son sens pour Ia réalisation de homme. Lohistoricité est souvent douloureuse mais nous navons ni le droit ni la possibilité de nous refuser & 8 réalisation en nous. Empiriquement, la conjonction indissoluble entre l'avenir individuel et Vavenir collect apparatt dans le fait que nous rne sommes pas maitres de nous désolidariser de cet avenir collectif. L'avenir possible pour l'individu dans un moment donné se détermine en grande partie par les forces collec- tives qui se montrent efficaces dans la formation et la trans- formation de la cellectivité contemporaine, Nous sommes donc incapables de nous engager réellement sinon en parti jou contradictoire des forces qui nous paraissait range et si effroyable. Ceci ne veut pas dire que nous ayons & adhérer sans condition & n'importe quelle force historique donnée et organisée. Si nous ne voulons pas nous en remettre uniquement & nous-mémes, ecla ne doit pas non plus nous faire oublier le facteur inéluctable que nous constituons. Toujours est-il que nous ne somrnes, pas libres de produire un idéal arbitraire du fond de notre individualité et de refuser au nom de cette perfection, révée toute identification et toute activité concrétement historique. Il n'y a guére de parcille activité sans une cer- taine décsion pour une cause imparfaite, car nous n’avons pas a choisir entre des principes et des idéologies abstraites, ‘mais entre des forces et des mouvements réels qui du passé et du présent conduisent & la région des possibilités de Vavenir. Il est bien difficile de se décider pour une cause imperfaite,c'est-a-dire pour n’importe quelle cause humaine; mais la valeur d'un engagement consiste en grande partie dans la coexistence et la tension productive entre Vimper- fection de la cause et le caractére définitf de l'engagement. Crest par une telle conscience de l'imperfection que la fiddlité & une cause se trouvera préservée de tout fanatisme, Cest-ivdire de toute convietion de vivre en possession d'une 182 UVRES vérité absolue et intégrale, C'est cette conscience inquidte qui engendre une critique perpétuelle tendant vers une plus grande perfection de la cause qu'on a adoptée. Mais cette critique qui provient de la fidélité est essentiellement difféxente de toute critique qui juge une cause du dehors. Venant de I'intérieur lle tient son intensité de la tension entre l'engagement et imperfection de la cause, qui doit faice souffcir précisément celui qui s'est engesé, Cette souffrance alors sera devenue véeritablement subjective, car Tengagement est estenticllement T'identfication du sujet avec une force historique transsubjective : c'est ainsi ue tout engagement personnel comporte un risque et un sacrifice qui va jusqu‘au tragique. IL, Lrengagement est un acte total et libre que l'on ne doit confondre ini avec une opération purement intellectuelle ni avec Vembriga- dement aveugle. (Défense de Uengagement.) Il importe surtout de défendre W'acte de lengagement contre le jugement soi-disant neutre qu‘affecte une fausse noblesse intellectuelle et de distinguer en méme temps cet acte d'un embrigadement sans esprit et sans conscience La qualité particuligre de l'acte que nous voulons caracté- riser en fait & la fois un acte total et un acte libre : Acte total, parce quill ne s'agit pas d'une activité de I'itelli- ence qui opére isolément pas plus que de activité de la seule volonté, mais que engagement est V'euvre de homme intégral, en qui intelligence et volonté se confondent. Acte libre, non pas parce qu'il participe & une liberté formelle de Yarbitre, mais parce qu'il traduit une décision de la personne qui prend conscience de sa responsabilité propre et réalise sa formation positive en tant que personne. Ces deux dernitres determinations sont destinges a distingues l'enge- sgement de certains actes qui proviennent soit de la faiblesse soit du désespoir, actes qui tendent a détruire une personne ayant besoin de l'embrigadement, parce qu'elle ne peut ‘ou ne veut plus réaliser sa propre formation. Lengagement n'est pas une abdication de la personne. Se laisser vainere par un mouvement puissant, se laisser emporter par ce REFLEXIONS SUR L'ENGAGEMENT PERSONNEL 183, mouvement comme Ja goutte par le fleuve, une telle déser- tion de la responsabilité personnelle peut enthousiasmer de ci-devant individualistes ; mais elle n'a rien & faire avee T'acte que nous décrivons ici comme essenti:! pour Ta qualité humaine. Vouloir échapper a Vhorreur d’une vie individuelle, sans fond valable. en s‘identifiant avec n‘im- porte quelle puissance, pourvu qu'elle soit forte, cette trahison peut engendrer d'excellents partisans mais ne constitue qu'une forme du mensonge actif, non pas un accis i la véritable historicité de homme. De méme que ces actes, les attitudes qui en résultent sont & distinguer strictement. L'homme engagé reste un homme libre, cest-i-dire quiil se libére perpétuellement dans Uhumanization. Quand on le rencontre, il est impossible de le prendre pour un esclave mis au pas ou pour un déses- péré qui ss détruit. Ces derniers perdent leur liberté de jour en jour. Chez un étze humain la liberté n'est jamais un iat; toujours en acte elle devient ou elle disparait. Jamais Thomme n'est libre tout court, jamais non plus il n'est ilérent & la Tiberté. Il vit dans le probléme de la liberté. En conversant avec un homme engogé on ressent que Ja liberté humaine est présente en lui comme libération continue. Si liberté signifiait disponibilité indéfinio et simple indifférence, ecei impliquerait une contradiction évidente. Mais cette notion nézative de la liberté n'a aucun, rapport avec la vie personnelle dont nous avons sans cesse Texpérience, Pour la personne humaire que nous sommes, étre libre c'est pouvoir vivre dans la direction de la forma- tion propre ; c'est pouvoir lutter sans cesse contre toutes Tes résistances qui s‘opposent & la vie proprement person- nelle, Cette vie personnelle n'est pas simplement une suite dactes instantanés mais a travers la totalité de ses actes, cle suit des directions définies qui se constituent dans cer tains actes éminents, et plus précisément dans les_actes de décision. Etant donné que la personne, en tant qu'unité qui devient, vit dans chacun de ses actes comme dans leur totalité successive, la fdélité a une direction choisie est la forme d'existence essentielle & la constitution de cette vie personnelle, poureu qu'il s'agisse de la fidélité & un 184 (EUVRES acte de decision qui était Iuieméme authentiquement libre et personnel. Le comportement discontinu, la dispersion sporadique de Vactivité humaine appartiennent & wm certain tempéramert vital plutét qu’au earactére et & la personne spirituel. C'est la fidéité qui constitue la personne. Bien centendu il y a des actes de conversion qui comportent une infidélité au sens empirigue. Mais on ne saurait parler sérieusement de conversion la ci il n'y avait pas une ditec- tion préexistante constituée dons engagement et dans la fidélité, Ce n'est que la conversion d'une telle direction gui peut éve valable, 4 Ja fois douloureuse et eréatrice, Liadhésion changeante, imprécise et superficielle tantét ‘i une cause, tant6t & une autre n'a rien d'une conversion ft_ne fait que varier le mme théme d'une personnalité faible dominée par ceitaines impulsions vitales qui exigent du chingement et de la nouveauté selon leur rythme propre. La valeur d'une fidélité nouvelle résultont d'une conversion se mesure i la souffrance que comporte Ia destruction de ancien engogement. Distinguons les crises de la vie personnelle des multiples expressions de processus vitaux comme nous les distin- guons d'autre part des expériences que peut faire une intel- ligence curieuse et jsolée. Ce n’est pas la spontandité pure et simple, clest Touthenticité qui constitue une leur définitive ‘pour la conscience personnaliste. IIL Loin d’étre un obstacle dans la recherche de la vérité, engage ‘ment seul nous fait connaitre intimement les directions de notre vie historique. (Critique de V'intelligence isolée.) Une rubrique de notre revue s‘intitule La pensée engasée. Si je comprends bien, ce terme veut exprimer que les pen- sées de nos contemporains ne nous regardent que dans Ja mesure oit s'effectue en elles un acte d'engagement. En précisant encore un peu plus, jaimerais parler d'une pensée qui s'engage, d'une pensée qui se lie 4 quelque chose dont elle assume la responsabilité. Nombre d’esprits sont préts a faire leur T'acception des taches de la pensée for- mulke par ce titre. Mais ils sont loin de se rendre compte REFLEXIONS SUR ENGAGEMENT PERSONNEL 185 de tout ce qu'une telle acception comporte comme consé~ quences. Si le monde n'était qu'une somme de faits et si intelligence n'était qu'un instrument desting & leur constatation et & leur désignation univoque, la dignité et la justesse de la pensée dépendraient alors de sa neutralité ron-engegée. Non seulement une absence radicale de préjugés devrait étre au départ du cheminement de le pensée mais l'interdiction de prendre position pour ou contre vaudrait pour la durée du chemninement tout entier. Connaissance et engagement seraient tellement opposés entre eux que T'intellectuel véritable devrait ou ne pas s'en~ gager du tout ou abardonner la détermination de son engagement & une force purement irrationnelle, En fin de compte il en résulterait une scission radicale a V'intérieur de homme donnant liew d'une part 4 un moi théorique neutre et d'autre part & un moi pratique et fanatique. De méme I"humanité se diviserait en intellectuels impuis- sants et en brigands irresponsables. La non-intervention des uns donnerait libre cours & lagressivité sans scrupule des autres. Liintelligence pourrait constater tout, expliquer tout, cest-icdire réduire les faits & d'autres faits univo- quement désignés. Elle pourrait justifier tout ou plutét rien. Les différents mouvements historiques qui demandent Vadkésion des hommes seraient tous égaux en droit aux yeux de lintelligence. Celle-ei ne pourrait rien faire d'autre dque les réduire tous 4 des faits biologiques, sociologiques, historiques, etc.,et les expliquer selon des lois fondées elles- mémes dans lapparition successive et relativement régu- Titre des faits. Cet intllectualisme pur, ce point de vue une intelligence radicalement séparée de la totalité per~ sopnelle ne peut plus contenter les hommes & une époque de crise historique et sociale devenant t6t ou tard la. erise personnelle d’un chacun. Mais cela n'empéche pas que cette conception ait encore une forte influence un peu sur tout le monde et sans doute aussi sur nous-mémes. Cette inteli- gence qui reste absente partout of elle devrait assumer des responsabilités, livre a la fin nécessairement l'empire du monde aux forces les plus eveugles, toute préte qu'elle est & expliquer aprés coup et de fagon bien neutre, les 186 (EUVRES destructions que ces forces ne peuvent pas ne pas engen- drer. Cette méme intelligence est l'adversaire commun, ime parait-il, de fousles mouvements de jeunesse en Europe. Elle se reconnait aujourd'hui particuligrement au sourire sceptique de ceux qui nous prennent pour des fanatiques et de faux témoins, parce qu’en effet nous ne restons pas neutres dans les luttes décisives de notre époque. La fausse supériorité de ceux qui se mettent en dehors de tout est devenue une véritable peste dans notre monde ct la tolérance mensongére de ceux qui se contentent de tout expliquer paralyse l'esprit occidental. Précisons Ie probléme de connaissance : comme sujet Vivont historiquement je me trouve toujours dans une situation définie et je cherche & pénétrer cette situation pour me mettre en mesure de la former et de la transforme de fagon juste dans la marche vers Vavenir. Me faut-il alors me partager en un spectateur impersonnel de faits qui ne portent pas de caractére de valeur et un moi de volonté qui pose des valeuis suivant une impulsion aveugle ? La réponse dépend de la structure méme de ‘ce que nous appelons « situation » et que nous voulons connaitre adéquatement. Cette situation méme comporte des caractéres de valeur, elle n'est pas connaissable sans une aperception de ces valeurs, qui de sa part reste impossible sans un engagement décidé pour ou contre. Les valeurs ne sont pas des faits que nous pourrions constater comme d autres faitsetla situation elle non plus n’est pas un tel fait. Sa vérité ne m'est accessible que par une participation inté- srale & sa structure. Je dois adhérer intimement & ce qu'elle contient de valeur, T'interpréter dans cette attitude et concevoir dans cette totalité ses parties constituantes. Les modes plus techniques de la connaissance, nécessaires & la réalisation de nos techniques de tout genre, présupposent tune connaissance valorisatriee qui peut et doit assigner des buts aussi & ces techniques. Une telle connaissance ne peut pas étre le résultat d'une intelligence isolée. L'enga- gement pour une cause historique qui incarne certaines valeurs, loin d'étre un obstacle & Ja connaissance ou de rester extérieur A celle-ci, est en méme temps qu'une REFLEXIONS SUR L'ENGAGEMENT PERSONNEL 187 nécessité de la vie morale, un moyen indispensable de la connaissance elle-méme, Cet engagement seul rend pos- sible une connaissance intime, une véritable compréhension de histoire qui s’effectue uniquement dans 'acte de se soli- dariser et de s'identfier & une cause, Une telle connsissance ‘peut & bon droit se nommer connaissance historique. Evidem- ‘ment nous ne songeons pas ici a une science historique gui ne serait que la constatation de faits passés, mais & un savoir de Uhistoricité que nous vivons et que nous avons perpétuellement & diriger et & poursuivre. fl faut ensuite distinguer Iacte par lequel nous nous mettons d'shord & intérieur de la situation et éprouvons toutes ses contra- 8, de Facte qui lui est conséeutif et par lequel nous ons T'une des forces et des directions de valeurs gu'implique cette situation. C'est ainsi qu'il convient dabord de s'identifier avec les antagonismes déchirants ‘que contient Ia situation. Toute compréhension de l'adver- saire a comme condition cette identification & d'une situation dans laquelle la décision cont rnon moins possible que celle que nous allons adopter. Qui choisit une cause sans avoir connu ce déchirement préalable ne s‘engage pas d'une fagon libre et juste. Aprés Tacte consécutif de décision, la compréhension de Tadversaire peut comporter justement le jugement le plus sévére sur 2 position, Mais en tout cas une telle condamnation sera toujours fondée en des expériences vécues de valeurs, qui sont déja entrées dans la motivation et la constitution de ma décision propre iste par une théorie IV. Ul faut remplacer la théorie intellectu: esquisse d'une telle personnaliste de la connaissance. (Premi théorie.) Nous arrivons ici a concevoir une théorie personnaliste de la connaissance. La théorie intellectualiste part en général de Ja réalité de la connaissance scientifique et cherche soit a déprécier les autres modes. de la connaissance du monde et de soi-méme soit & les expliquer comme des complications secondaires, en général comme des mélanges impurs de 188, (EUVRES Ja pensée et du sentiment. Notre théorie personnaliste doit au contraire prendre son point de départ dans la réalité vvécue de la connaissance personnelleintégrale. Nous essayerons ensuite de comprendre les autres modes de connaissance, en particulier les modes scientifiques moyennant une description de la spécialisation et de Iisolement des métho- des qui permettra de révéler la scission progressive a l'in- téricur de la connaissance originaire. Une telle théorie traduira d'abord l’évolution historique de lesprit humain. Elle cherchera a comprendge les particulerités en partant de l'unité originaire au lien de vouloir expliquer ces parti- cularités et Teur origine unique par une de ces formes particuligres de comnaissance. Elle devia montrer, aussi, que Tattitude intellectualiste est elle-méme fondée en une décision personnelle plus ou moins clandestine, une sorte de fuite de la réalité temporelle et historique de notre vie mortelle dans la fausse éternité d'un esprit apersonnel °. Dans une telle théorie personnaliste de la connaissance, le postulat gui veut que la connaissance commence sans étre déterminge par un queleonque préjugé, se trouvera rem- placé, du moins pour le cas de la compréhension historique, par Te postulat d’une participation aussi authentique et aussi universelle que possible a la structure de valeur du moment historique. Ce postulat accepté, la neutralité immobile de I'intelligence se trouvera remplacée par, sa participation a la totaité de l'engagement personnel. C'est grice a une telle participation active de T'ntelligenee que engagement ne s'effectue jamais aveuglément mais implique toujours un examen perpétuel de soi-méme ct une claire Evidence des valeurs que son mouvement fait voir progres- sivement. Ainsi par exemple I"homme peut concevoir une use juste en tant que telle, malgré les imperfections qu'elle contient nécessairement, en se décidant et en s'enga- geant pour elle. Mais aucune de ces démarches ne doit Seflectuer sans la réflexion critique. La neutralisat contraire tend a projeter Ia cause juste et Ia cau 1, Les penstesesquaees ic prolongent le derierehaptre de mon lives Einjrang indie pilorophiche Anthropeloie qui porta prochsinement e5 ‘wadoction francaise dans ls ealleion Epil REFLEXIONS SUR L'ENGAGEMENT PERSONNEL 189 sur le plan de la facticité pure et simple. Elle exclut toute connaissance véritable des deux directions : du point de ‘yue ontologique elle fait disparaitre le mode d'existence qui appartient ade telles directions, c'est-a-dire leur trans. cendance essentielle par rapport tous les faits du passé, du présent et de l'avenir, leur manitre d'étre prospective, progressive et pour ainsi dire pro-grammatique. Il faut s¢ deébarrasser de ce préjugé que la volonté de rester en dehors de Iobjet serait toujours favorable a la connaissance. Dans Tes cas les plus importants le contraire est vrai. La con- raissance est lige & une pénétration intime de son objet. Quant & Ja constatation qu'une telle connaissance de l'in- téricur éprouve de trés grandes difficultés quond elle veut se traduire en paroles, qu'elle est alors forcée de se se de méthodes nouvelles, elle est d'une vérité incontestable. Il n'y ala rien de surprenant. La désignation univoque est tun eas limite de la connaissance qui réalise a la fois un maximum. d'accessi tous et un minimum de savoir sur l'objet de la connaissance. Car que sais-je d'une chose si je l'ai désignée et si j'en ai placé le signe dans un systtme de signes ? Une connaissance riche de contenu. permet I'accés empirique beaucoup plus difficilement ; peut-étre doit-elle y renoncer souvent *. Ce n'est pas la une raison suffsante pour renoncer & la plénitude de nos connaissances possibles. —En somme engagement ne constitue pas pour nous un glissement aveugle mais un mouvement personnel qui contient un acte de connaissance. On ne peut pas s’engager sans réaliser ce genre de connaissance comme on ne peut réaliser ce genre de connaissance sans s'engager. V. Les valeurs ont un caractére de transsubjectivité, qui constitue le sérieux de U'engagement humain. (Elucidation de quelques points de la philosophie des valeurs.) Crest & ce moment de nos réflexions que nous rencon- trons les diffcultés centrales. Nous sommes foreés d’élucider 1. Le lecteur ne confondra pes cette univeralité de Vaccés posib'e avec universal objeive, contene dane idee de vei 150 EUVRES les rapports nécessaires entre la conscience philosophique du personnalisme et certaines conceptions des valeurs et de Ia connaissance des valeurs. On me dira, et je me dis qu'il y a une ploralité d'engagements, que nous assistons a une guerre d'engagements differents et opposés dans la ité de notre monde. Qui me garantit que ma décision une valeur véritable ? Mon Diew n'estil pas le diable pour d'autres hommes ? Ma cause juste n’est-elle pas une injustice pour eux ? La justice qui pour moi est une valeur indubitable n'est-elle pas pour d'autres une valeur fausse ou une valeur si secondaire qu'il faut la sacrifer sans hésiter & In rélisation de valeurs plus hautes > Ler valeurs ent-elles une certaine vévité. ou objectivit ou Te jugement de valeur exprime-t-il uniquement les différentes mentalités, ce jugement s'explique-t-il paycho- logiquement ? Lopposition irréductible, par exemple, entre les deux principes « fiat justitia, pereat mundus » et «fiat mundus, pereat justia » peut nous donner ici I'exem- ple de certains conflits de valeurs et d'engagements qui paraiseent irréconsiliables. Cette thise de la relativité et de Ia subjectivité des valeurs n'est que trop connue ; il serait aisé de la poursuivre ; rien ne paraft aussi difficile que de surmonter un tel subjectivisme. A I'époque de Montaigne c'tait une audacieuse aventure que de faire sentir la richesse des différents mondes. de valeurs et de montrer que les principes du jugement de valeur histori- quement donnés n'étaient point des évidences éternelles. Aujourd’hui c'est plutat le fait de ne pas vouloir renoncer a un sens transsubjectif des valeurs qui exige un courage Jibérateur. Dans la plupart des cas, I'argumentation subjec- tiviste exprime non plus une inquiétude douloureuse mais presque toujours la résolution de ne pas abandonner une attitude purement spéculative, étrangére a toute sorte de décision. La critique définitive que Husser] nous a donnée de tout subjectivisme et psychologisme en logique (Lo- ssische Untersuchungen Tome 1) et l'éthique des contenus de valeurs de Scheler (Der Formalismus in der Ethik und die materiale Wertethik) ont inauguré un mouvement qui non seulement rend possible la réfutation négative du. REFLEXIONS SUR L'ENGAGEMENT PERSONNEL 191 subjectivisme mais encore sa Aufhebung au sens authentique, T'intégration de la part de vérité qu'il contient, dans une pensée plus vaste et plus vraie. Quant a la doctrine de Scheler, nous T'interprétons d'une manitre qui différe profondément de celle qui a cours, cest-a-dire en excluant idéalisme platonisant de la théorie des valeurs. Je de c6té la question de savoir si, dans ce qui va suivre, nous poursuivons encore Je chemin’ de Scheler. J'ai des raisons de le croire encore que Tinterprétation courante puisse invoquer la lettre de certains textes. Ici il s‘agit pour nous exclusivement de préciser quelques points d'une théorie des valeurs pour compléter ces «réflexions sur engagement personnel », 1. La transsubjectvité des valeurs ne signifie pas qu’elles existent dans un « empire des valeurs pures », Elles ne sont pas concevables sans T'existence personnelle qui est en apport avec elles. La personne et les valeurs ne sont sépa- rables que pour abstraction. Dans un monde oi il n'y aurait pas de personnes, il n'y aurait pas de valeurs, et réciproquement. Ainsi lee valeurs appartiennent & 'empire de Mistoricité bien qu’elles ne constituent cer pas des «faits historiques » au sens ordinaire. Il ne suffi pas de dire que les valeurs doivent s'incarner, elles n'exis- tent qu'incarnées ou en voie d’incarnation. Toutes. ces considérations ne comportent pas le moindre subjectivisme. Car la relation constitutive entre la personne et la valeur ne signifie nullement que les valeurs dépendent de T'ar traire des individus. Au contraire la personne ne se réalis quien réalisont des valeurs qui selon leur contenu lui sont données comme indépendantes d'elle méme tout en nécessitant son intervention pour pouvoir exister. Les valeurs. sont transpersonnelles en ce sens que leur exis- tence forme une dimension de transcendance appartenant a la personne *. inement 1. Ainsi appacatclaitement quventre Ia personne et les vaeute iy « une felation onlclogique telle que Vexntenee de Tone suppore nécesirement Frentence des" autves et reiproquement. On ait que Is este philso- phigve résde dane Te tout Le subiectivamne au contre efit la ‘nee emtque et wrlatéale des salourr 8 Tard de Tindividy empirigue 192 (EUVRES 2. Le bénéfice le plus important de I'élucidation d'un tel rapport ontologique réside pour nous dans une connaissance plus intime de l'acte par lequel nous choisissons des valeurs, ‘esteidire précisément de Uacte qui est & Torigine de I'en- sagement, Il faut se débarrasser du schéma trop simple selon lequel nous nous décidons en suivant un raisonnement c‘est-A-dire en appliquant au cas particulier certains pes de valeurs et les normes fondées en eux. Etant donné Tune part T'idée de la justice et les normes quien découlent et une situation de fait de autre, il ne nous resterait qu'une copération mentale & accomplir, qui fonctionnerait d'une facon analogue a la pensée logique, quand elle subordonne le cas particulier au principe général, Tout au contraire notre théorie des valeurs doit partir d'une deseription de Vacte concret de la décision. Les idées et les principes de valeurs proviennent du choix décisif entre les directions concrétes de la vie et les valeurs intimement contenties dans ces directions. Tout ce qui. par exemple, forme le contenu véritable de l'idée de justice, provient de certains actes his- toriques de décision personnelle pour des actions et des cau- ses justes, Les définitions abstroites de la justice ne sont que des symboles pour ce que les hommes ont concu en de tels ‘actes, Mais si l'expérience des valeurs n'a rien d'une déduc- tion, les idées de valeur plus générates ne sont pas les résul- tats d'une induction, ne proviennent pas de l'addition pure et simple d'expériences de fait. Ces idées délimitent au con- traire, un horizon duniversalité donné dans chaque expé- rience de valeurs. Si je m'engage dans un cas concret, pour ‘ce que je concois, par le fait de ma décision, comme étent juste, cette valeur m’est implicitement donnée comme trans- subjective et universelle. Cette propriété de notre expérience des valeurs s'exprime dans la distinction qu'on peut établir entre le contenu du juste qui appartient au cas concret et son caractére formel qui tend & T'universalité. Cependant noublions pas que l'un n'est jamais donné sans l'autre et que 'éthique la plus universelle ne peut et ne doit rien faire quexpliciter les données des expériences singulitres de valeurs. Ma décision est lige Ja valeur qu'elle me fait découvrir, Si je peux parler d'une idée universelle de la REFLEXIONS SUR L'ENGAGEMENT PERSONNEL 193 justice ceci exprime le caractére strictement transsubjectif du devoir dans tous les cas ott 'éprouve la justice d'une action a faire. Cette structure de lexpérience fait compren- dre pourquci, aprés coup, j'ai limpression de m'étre décidé dans la lumiére d'une idée de justice préalablement con: tuée. En vérité cette idée tient toute sa vie de nos décisions concrites, mais il n'y aurait pas de décisions du tout si «le juste » était sujet & notre détermination arbitraire. Subjec- tivisme et objectivisme défigurent également la vérité des relations. Nous n‘avons pas a choisir entre le « clere » de Benda, appliquant des idées « éternelles » au changement de Ia réalité, Ie spectateuir « intelligent » pour qui toutes les valeurs ne sont qu'illusions, et Je partisan fanatique qui aspire ala victoire de ses valeurs d'autant plus fanatiquement qu'il a plus ou moins conscience de les avoir posées arbitrai- rement. L'homme de l'engagement personnel ne doit ressembler & aucune de ces caricatures. 3, Par conséquent I'éducation morale ne peut pas consi ter pour le personnaliste dans l'acquisition de principes qui pourraient fonctionner en toute circonstance, mais dans une transformation qui met I'homme en état de se décider Iui- méme comme personne reeponsable dans tous les cas con- cerets. Une telle transformation veut que nous apprenions & comprendre les idées de valeur de 'humanité historique comme expressions de décisions vécues, Par exemple, nous comprenons la décision pour une communauté juste entre les hommes, pour l’égalité de leur droit sur toutes les con- ditions indispensables & la réalisation de la dignité humaine, cest-icdire l'engagement contre toutes les formes de l'escla- vvage, en partant de la réalité historique de 'humanité cheé- tionne et de son évolution jusqu’a nos jours. Nos propres décisions s‘insérent alors dans histoire morale de I'huma- nité, Car aucune décision de valeur ne peut étre prise sans relation d'abord A toutes les autres décisions de la méme personne puis a toutes les autres décisions de 'histoire du genre humain. Quand la décision forme une nouvelle direc- tion de vie, elle transforme toujours en méme temps les directions données de la vie personnelle et collective. La eur 2 194 (EUVRES chaine de la causalité morale va jusqu’a lorigine obscure de Ta vie personnelle. Chaque acte de décision réalisé par une personne est en méme temps comme le premier et comme le dernier annesu de cette chaine immense. Comme le pre~ ‘ier, patce que son authenticité provient immédiatement de Vorigine exéatrice, parce que c'est toujours la personne méme qui doit se décider. Comme le dernier parce qu'il domine instantanément tous les autres et leur donne un sens En sympathisant avec les actes qui sont T'origine des indes idées de valeur nous développons notre disposition ine décision juste des problames de cet ordre qui se posent jous-mémes. Une veritable éducation morale peut assurer non pas la possession de principes appris, mais le pouvoir de décider justement suivant des exemples aimés et compris 4, La force de V'argument pluraliste réside dans le qu'on settient dans la sphére des généralités au lieu de spéci- fier la qualité intrinsique des attitudes valorisantes. Tout ce qu'on dit d'elles c'est que leurs contenus sont différents voire opposés. Mais il ne va nullement de soi que, par exem- ple, l'acte de décision pour I'injustice soit semblable en tant qu’acte l'acte de décision pour une cause juste. Dans les deux cas I'engagement implique-t-il le méme genre d'é- vidence ? Ici nous ne faisons que poser la question. L'ana- lyse des décisions prises a lencontre des valeurs pos serait & compléter. Scheler a commencé une pareille analyse dans son travail sur Le ressentiment *, Il y aurait surtout & Alucider le vaste sujet des formes et des effets du désespoir. 5. Que 'humanité découvre souvent dans son histoire des valeurs nouvelles, que les valeurs cabsolues» d'un monde ancien deviennent relatives ou méme fausses, tout cela est certain, mais ne prouve pas que les valeurs soient des expres- sions de la subjectivité pure et simple. Il existe sGrement des vocations multiples et ces vecations ont leur’place’ dans lhis- 1. Voir Scbeler, dant Rear and Wiedersbrt tris Glement adult en ‘dan le velume Le sna da saffrance, Abie, 1936 ise, homie di resentment. NIE. REFLEXIONS SUR L'ENGAGEMENT PERSONNEL 195 toire de humanité. Il peut y avoir aussi des vocations collec tives de peuples, de cultures, de classes, ete. Mais cela ne veut pas dire que dans ces vocations il n'y ait pas un devoir transsubjectif, La valeur transsubjective est présente & toute personne coneréte sous forme de vocation propre. Enfin, il y a une hiérarchie des vocations mémes qui impli- ‘que a la fois les personnes et leurs veleurs*.4 i 6. Malgré toute la diversité des vocations et des juge- ments de valeur, accord sur certaines valorisstions fonda- mentales s'accroft considérablement au cours de Mhistoire humaine. Or, le paradoxe le plus terrible de notre époque veut que ce soit le mensonge organisé et public qui rende ‘témoignage de cet accord. La nécessité de ce mensonge indi- gue que les auteurs de certaines actions savent dans leur for intérieur qu’ils sont des monstres. Ils sont forcés de cacher strictement a la grande masse des hommes et tout d'abord a celle de leur propre peuple les véritables buts et le verita ble caractére de leurs actions. Attila et Dchingis Kan n'a- vaient pas besoin d'un ministére du mensonge. Aucun peu- ple aujourd'hui ne serait a gagner pour une guerre, si Yon ne lui donnait pas le sentiment d’étre attaqué. Toute agres- sion nécestite alors une organisation immense duu mensonge faisant de Vagresscur un attaqué, et réciproquement *. Mais cette peste méme qui est sans égil dans I siriche du mensonge humain témoigne du progrés qu'a fait, 4 notre époque, l'universalité de certaines valorisations fondamentales. De tels principes du jugement de valeut ne peuvent bien entendu que signifier le cadre dans lequel se ‘meut la vie morale de 'humanité constituée par les actes, dans lesquels chacun accomplit ou trahit sa vocation pro- pre? 7. Le subjectiviste se met en dchors de Vacte valorisa- teur. La réponse décisive qu’on doit donner a ce sceptique 1, Voir aor ce point P. L Landebers, Lact plilsophigue de Mas Scaler, Rechercher philesorbigues, 1937). 2, Voir notte documentare sur Guernic, Esprit, Juin 193 3. Sar cette ide dels norme en tnt que eave voir L'Bthique de Scheler 196 (EUVRES est a suivante : Décide-toi, engage-toi et tu verras que nous vivons en regard de valeurs transsubjectives, Sans la trans- subjectivité des valeurs il n'y aurait pas possibilité d'enga- gement authentique. Toutes nos décisions seraient arbi- traires, tous nos actes moralement identiques. Le témoi- gnage le plus probant en faveur d'une parcille transsubjec- tivité est justement contenu dans l'expérience vécue de Ien- gagement, Crest la preuve irremplagable. Loin de consti- tuer un cercle vicieux eet argument raméne a I'unité intrin- sbque des données, Le sériewx personnel de notre acte et le caractére transsubjectif des valeurs sont comme les deux ples de cette unité. La pensée discursive seule les sépare et donne alors impression de se mouvoir en cercle. En vri- 16 il ne s'agit pas de prouver lexistence de I'un en partant de existence de lautre mais de faire voir le tout. Des consi- décations qui ont pour objet les décisions des autres en tant quiautres ne peuvent étre que secondaires. Cest moi, qui dois m'engager : c'est chacun. Il est bien possible qu'une action véritablement bonne pour moi soit \éritablement mauvaise pour un autre, La méme action n'est plus la méme dans le contexte de la vie d'une autre personne. En quoi cela me regarde-t-il? Ma tache est d'aller le che- min prescrit per ma vocation ; la curiosité quant aux voca- tions des autres ne peut que m'égarer. Pour le croyant, la pluralité des religions, argument tellement en faveur chez Tes non-croyants, ne comporte aucune inquidtude profonde. Diune fagon analogue I"homme engagé n'est pas profondé- ment troublé par In pluralité des directione de vie, laquelle sert d'argument & ceux qui demeurent délibérément en dchors. —Tout ceci aboutit simplement a la constatation qu'on ne peut pas s'engager sans s'engager. On ne peut mnattre des valeurs sans se donner elles, Pour une curio- sitécisive les valorisations des hommes constituent nécessai- rement un chaos. N’oublions pas qu'il ne s'agit pas de trou- ver une uniformité des vocations. Au contraire, toute voca~ tion est strictement personnelle et tout engagement est par ‘conséquent un acte qui porte son caractére unique. Nous soutenons que la vocation de chacun comporte le devoir de engagement, Ce « Urphinomen » contient la véritable REFLEXIONS SUR L'ENGAGEMENT PERSONNEL 197 transsubjectivité des valeurs et peut nous en donner une certitude vécue. Crest le centre autour duquel se meuvent toutes nos réflexions +, P. L. Lanpsnerc. 1. Une tlle analyse de engagement personnel devait se prlonger lang une atalja de certaines vocations collectives et partcliéement ‘vocation de Etat Il serait démonteerpourgo! nous nous reforone cst tentre un Bust totaliaive qui decide toutes le questions de a vie humaine Snr reapecter ila ve persoanelle ni ly hidrarchie des compétncet et un Etat sisson libel qui ne s engage meine pas pour ses propresprincipes delibers et de joatce. L'Etat qui se mele de tout qui me present mes en rents religieux ot m'empéche de cherir ibvement ron fpouse et mes ame ft ua monatve hypertophique. L'Etat qu aceepte angullement que je onspie conize ss principes de ve et que Te prépare ax chute sousln pred tion dine de vet lone um monatee de fibene: L1lat peat et dete neutre sur nombre de questions mais non pas sur ce qui reqrde s vaeston propre dans Thisteire de Thuranite, qui es de fonder le pax dans Ta justice [dans la writable liber de tous ler citoyens. Esprit reviendee sane doste Netewit dans son numéco sur Etat Tet novs voulons seulemes cr vn tiple pualdliome ‘Eat totalitaie..décision aveusle (embrigedement de individ). Etat aeutre.. absence de décision (intelleetualisme spécultit de Vindie vido) Etat juste... déciignconsciente pou le valeurs epeiSques qui constituent Ia saison dice de Tat (engogerent de chacun pour la patiipation & la Falantion de ces valeur) Text bun entend gue les catégores «Etat et» Bat juste ne sont pas stables et Gernelles mas soet pastes dans la vie historique au méme te te calles de vocation et engagement

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