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Activités physiques
et sportives
et santé publique
Pierre-Henri Bréchat★

À
la fin des années soixante, 28 %
Médecin inspecteur de santé publique, des Français de plus de 15 ans
déclaraient pratiquer une activité
Les activités physiques direction générale de la Santé, chercheur
physique et sportive (APS) de façon régulière
associé au Laboratoire d’analyse des
et sportives (APS), politiques sociales et sanitaires (ENSP) ou irrégulière. Ce pourcentage est passé
à 38 % au début des années quatre-vingts
Patrick Aeberhard✦
représentent un Cardiologue, centre cardiologique du
pour atteindre 50 % en 1994 [5]. La pra-
tique des APS auprès des fédérations s’est
formidable potentiel Nord, Saint-Denis stabilisée depuis plusieurs années autour
Jean Lonsdorfer✱ de 13,7 millions de licenciés, soit le quart
pour améliorer l’état de Pneumologue, professeur de physiologie, de la population française. Cette stagnation
Strasbourg s’explique par le fait qu’un quart des 14-17
santé de la population. René Demeulemeester✱ ans et 40 % des 18-65 ans adoptent un
Un programme national Médecin inspecteur régional, Drass du mode de pratique dit « informel » ou « auto-
Nord-Pas-de-Calais organisé ». La grande variabilité de l’âge des
de promotion de la Fabienne Coquelet✱ pratiquants, mais aussi l’essor des disci-
plines plus « sauvages » comme les APS de
Médecin inspecteur régional adjoint, Drass
santé par les APS du Nord-Pas-de-Calais
loisirs et de pleine nature, qui ne nécessitent
pas de structures d’encadrement strictes
et la prévention des Guy Delerue✱ (fédérations et clubs par exemple), montrent
Médecin conseiller, direction régionale et la nécessité d’une adaptation, voire d’une
conduites dopantes départementale des Sports, Lille nouvelle orientation des politiques du sport.
Des actions d’animation nationales, mais
a été réalisé par Rapporteur★, président✦ et experts✱
surtout locales, permettraient tout d’abord
de la commission du ministère chargé de
une commission du la Santé : « Activités physiques
de répondre aux souhaits de la population
et pourraient aussi avoir pour objectif de
ministère de la Santé. et sportives, santé publique, prévention diminuer la morbidité due aux APS [11].
des conduites dopantes ».
Il s’appuie sur des Les APS :
Remerciements un phénomène de société
expériences régionales Nous remercions particulièrement Nicolas Prisse qui
Cet intérêt de la population traduit une
a soutenu et participé à ce travail. Nous remercions
évolution des mentalités individuelles et
existantes, tout en aussi Marc Brodin, André Ernst, Alain Jourdain, Roland
Jouvent, Jean-René Lacour, Patrick Laure, France Lert, collectives recherchant à travers cette pra-
développant d’autres Olivier Middleton, Jacques Raimondeau, Michel Rieu, tique, outre la quête d’un certain plaisir [5]
Serge Simon et Mireille Trautmann pour leur parti- et la recherche de vitalité, le moyen d’en-
cipation, ainsi que Bernard Basset, Chantal Brault,
partenariats, notamment Cédric Héranval-Mallet, Jacques Bury, Pascal Chevit,
tretenir la condition physique, de retarder
Caroline Hamon, Elisabeth Monnet, Christian Nicolas, le vieillissement, de prolonger la vie [11]
en interministérialité. et Jacques Regnard pour leur soutien. et de lutter contre les conséquences de

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la sédentarité (ou d’une faible capacité associée à une diminution de la mortalité sont victimes de moins d’accidents du
d’adaptation à l’effort de la vie courante totale et cardio-vasculaire, des risques d’hy- travail, leur absentéisme est moindre et
et de la vie professionnelle conduisant de pertension artérielle et de diabète de type les durées d’arrêts de travail pour maladie
ce fait à une moindre résistance au stress II, de cancer du côlon. Les APS engendrent ou accident sont moins longues [13]. Cette
et à la maladie) [13]. également une hygiène de vie bénéfique à la pratique permet d’atténuer les effets du
Les APS sont bénéfiques pour la santé, santé : moindre consommation d’alcool, de vieillissement [2, 11] pour les personnes
indépendamment de l’âge et du poids. tabac et plus grande importance accordée à âgées de 65 ans et plus, qui sont de plus en
la diététique. La prévention de ces facteurs plus nombreuses. Elle est associée à une
Les bénéfices pour la santé des de risque participe à la diminution de la diminution de certaines dégénérescences
APS, tant par un rôle préventif que mortalité prématurée et de la mortalité comme l’ostéoporose [2].
curatif [3] évitable [9]. Dans les entreprises, les On appelle APS « tout mouvement cor-
La pratique régulière de ces activités est personnes qui pratiquent ces activités porel produit par la contraction des muscles

La prévention secondaire de l’infarctus : une solution à ne pas négliger

S i l’on en croit la récente étude


européenne Euroaspire*, la prise
en charge des patients ayant fait un
En France, où souvent les techniques
de prévention et surtout de prévention
secondaires sont notoirement délaissées
a permis d’obtenir de bons résultats
même dans des cas où le patient ne
respectait pas son régime…
infarctus du myocarde affiche des au profit des voies plus « nobles » de la Sur tous les autres points, la parole
résultats catastrophiques. Si la prise cardiologie interventionnelle ou chirur- est à la réadaptation :
en charge en urgence s’améliore gicale, les services compétents sont en ● l’obésité, preuve d’absence d’ac-
d’année en année, grâce aux Samu, aux nombre manifestement insuffisant. En tivité physique et de régime ;
interventions de revascularisation par Île-de-France, seuls quelques services ● le tabagisme ; la réadaptation
dilatation des artères ou par pontages, spécialisés en réadaptation cardiaque permet de faire jouer à plein les
en revanche la prise en charge à long sont en fonction, alors que l’écart entre compétences, le temps, le pouvoir de
terme permettant d’améliorer l’activité l’offre et la demande est de plus en conviction, et de piloter l’utilisation de
physique, de supprimer le tabagisme, plus important, et un seul hôpital de nicotine de substitution précoce. Sa
de traiter l’excès de cholestérol, le l’Assistance publique développe cette prise en charge n’est pas simple, mais
diabète et l’hypertension artérielle, de technique à l’heure actuelle à Paris elle est la moins coûteuse par année
réduire l’obésité, n’est pas suffisamment intra muros. Certes, grâce à l’action de vie sauvée : 200 contre 1 000 euros
développée. de l’Agence régionale d’hospitalisation, pour les statines ;
Or il existe une méthode qui a fait des projets verront le jour, mais ils sont ● le traitement du diabète, notoi-
largement ses preuves, corroborée par longs à mettre en place et leur cohé- rement délicat, car il passe par une
de nombreuses études scientifiques : la rence économique demande encore à éducation des patients et une sur-
réadaptation cardiaque. Cette technique être précisée. veillance journalière du traitement et
faisant intervenir une équipe pluridiscipli- En effet, selon la gravité des cas, du régime ;
naire vise à redonner, en toute sécurité, trois types de réadaptation peuvent être ● l’hypertension ; s’il est vrai qu’elle
une qualité de vie améliorée aux patients pratiqués : la réadaptation hospitalière fait des ravages, le temps de la réadap-
ayant souffert d’un infarctus du myo- (pour un petit nombre de patients très tation permet la pratique des mesures
carde, en utilisant l’exercice physique atteints), la réadaptation ambulatoire répétées qui s’imposent, et l’ajustement
développé et contrôlé progressivement, en hospitalisation de jour (encore trop délicat de l’équilibre du traitement.
tout en traitant les facteurs de risques peu répandue) et la réadaptation au Enfin, on rencontre fréquemment
par un effort pédagogique (et jamais par long cours, seule garante du succès, l’association de plusieurs facteurs de
la coercition) : le patient est ainsi amené via des clubs cœur et santé ou toute risques combinés. Il est par exemple
à une conscience claire de son état et autre structure de prise en charge du difficile de ne pas grossir en arrêtant
du traitement qui s’impose. même type, pour l’heure nettement de fumer, une conséquence elle-même
Voilà déjà vingt ans, avant même les sous-équipés et sous-financés. génératrice d’angoisse et de dépression.
résultats spectaculaires obtenus par D’ailleurs, lorsqu’on examine l’en- D’où l’intérêt d’une prise en charge
les techniques actuelles d’urgence, quête d’Euroaspire, on s’aperçoit que psychologique dans le cadre de la
la réadaptation permettait, selon les le seul résultat positif qu’affiche cette réadaptation.
études scientifiques les plus sérieuses, étude est celui qui porte sur le choles- Patrick Aeberhard
de faire chuter de 25 % le taux de mor- térol. Il y a à cela une raison simple : la
talité et de récidive d’infarctus**, avec politique très volontariste des labora-
* The Lancet 31 mars 2001.
de plus un coût par année de vie sauvée toires pharmaceutiques concernés, en ** Oldridge, JAMA, 1988, 260: 945-950.
extrêmement faible en comparaison des termes d’information et d’encadrement *** Meta-analyse de Wilson, Arch. Intern. Med.
autres méthodes***. des médecins, a été si efficace qu’elle 2000, 160, 939-944.

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squelettiques, ce qui entraîne une augmen- le coût des dépenses de santé, comme cela formatives par l’examen clinique et après
tation de la dépense d’énergie par rapport à a déjà été démontré pour les BPCO, dont 40 ans les pathologies cardiovasculaires
la dépense de repos » . Le bénéfice pour la l’asthme [2] et l’insuffisance cardiaque. par l’épreuve d’effort.
santé le plus important, en valeur relative, 200 000 personnes bénéficieraient actuel- Il existe peu de données sur la mortalité
s’observe lorsque l’individu passe d’une lement d’APS de soins. lors d’APS [3]. L’Institut national de la santé
sédentarité complète à la pratique d’APS et de la recherche médicale (Inserm, SC8)
modérées. Cela ne veut pas dire que les acti- APS et inégalités sociales de n’a pas d’information (ou guère exploitable à
vités intenses soient déconseillées, mais santé [3] partir de l’item « mort subite »). Le ministère
il est à présent recommandé une activité Le taux de pratique des inactifs est le chargé des Sports et la direction générale
modérée pour essayer de toucher le plus plus faible (à la recherche d’un premier de la Santé (DGS) du ministère chargé de la
grand nombre de personnes, comme trente emploi, femme au foyer, chômeur ayant Santé ont peu de données. Il y a quelques
minutes d’APS modérées quotidiennes déjà travaillé). Les catégories socio-pro- cas de décès par accidents survenus lors
(marche rapide, monter les étages à pied, fessionnelles les plus élevées (cadres d’activités de type escalade et ski hors
bicyclette, natation, bricolage, etc.), le plus supérieurs, artisans, commerçants) sont piste (DGS). L’Observatoire national de
grand nombre de jours possible dans la celles qui pratiquent le plus une APS [6]. la sécurité des établissements scolaires
semaine. Des études ont montré que le Ces catégories sont aussi celles qui voient et d’enseignement supérieur du ministère
bénéfice était quasiment semblable que leur mortalité par maladies cardio-vascu- chargé de l’Éducation nationale a recensé
cette activité soit pratiquée trente minutes laires et leur mortalité prématurée le plus ces dernières années quelques cas de
d’affilée ou en trois fois dix minutes au cours diminuer [9], alors que l’écart d’espérance décès lors d’APS. Ils seraient dus à des
de la journée. Ces recommandations ont été de vie entre le groupe des cadres supé- cardiopathies sous-jacentes.
reprises récemment par les cardiologues rieurs et celui des manœuvres ne cesse Ces rares données disponibles, qui ne
européens (European Heart Network). Le d’augmenter [9]. Les Français sont inégaux sauraient être ni exhaustives ni représen-
bénéfice est possible à la seule condition devant la maladie ainsi que devant les tatives, peuvent aussi traduire que les
que les APS soient correctement guidées possibilités de bénéficier de moyens de recherches pour les APS ont commencées
et adaptées à chaque individu ou à chaque prévention comme les APS, utilisés surtout depuis peu. Il n’existe pas de dispositif
type de population concernée [13]. Leurs par la population masculine [5]. de recueil national de données sur ce
pratiques devraient faire partie intégrante D’une manière générale, on constate thème qui est transversal. La médecine
de la prescription médicale (en précisant que les programmes préventifs sont plus du sport n’est actuellement pas une filière
le type d’activité, sa fréquence et sa durée) répandus parmi les catégories sociales universitaire.
chez les personnes qui ont une patho- supérieures que dans les classes sociales Il existe peu de données sur la morbidité
logie chronique (diabète, coronaropathie, défavorisées. Ce constat ne discrédite pas lors d’APS [3]. En 1991, les estimations
insuffisance respiratoire et insuffisance les actions de prévention, mais impose chiffraient les accidents de la vie courante
cardiaque). Les effets bénéfiques des de les prévoir d’emblée et d’en mesurer (ADVC) ayant une conséquence, même
APS sont de courte durée. Cela pose le ultérieurement les effets, en termes de bénigne, en termes de santé à environ
problème de l’observance, d’où l’intérêt de réduction des inégalités et pas seulement 8, 4 millions de cas. Il n’est pas possible
proposer au patient des APS modérées de en termes d’efficacité globale [6]. d’individualiser la morbidité due aux seules
la vie quotidienne qu’il pourra poursuivre APS au sein des ADVC. En 1995, 10 % des
à long terme. APS et risques pour la santé arrêts de travail et 12 % des hospitalisa-
Le développement de la pratique des Même s’ils n’ont pas de commune mesure tions avaient une origine sportive.
APS à tous les âges de la vie oblige à avec les risques inhérents à une complète La pratique des APS doit parfois être réa-
une collaboration étroite entre personnes sédentarité, la pratique des APS peut pré- lisée dans des environnements agressifs
pratiquant des APS, entraîneurs, médecins senter certains risques pour la santé. Les (altitude, froid, chlore, substances irritantes
et chercheurs, que ces activités soient APS peuvent entraîner des pathologies du ou allergènes) qui peuvent entraîner des
éducatives, récréatives, de compétition, fait de la fréquence ou de l’intensité des pathologies (l’hyperventilation dans un
de haut niveau ou pratiquées au cours de mouvements imposés. Les conséquences à milieu chloré favorise l’hyper-réactivité
la réadaptation. court, moyen et long termes sont multiples : bronchique et l’asthme [12]) qui devront
Les APS sont utiles en réadaptation pour lésions musculaires (claquage, contracture, alors être traitées (anti-inflammatoires
éviter des handicaps respiratoires secon- élongation, déchirure), lésions tendineuses pour une maladie asthmatique). L’usager
daires pour les patients atteints de broncho- (tendinopathies), lésions osseuses (frac- pratiquant des APS à un haut niveau (il y a
pneumopathies chroniques obstructives tures, périostite), désordres endocriniens 6 500 sportifs de haut niveau inscrits sur
(BPCO) [2], dont l’asthme [2, 8]. Elles et immunitaires (affections à répétition), la liste du ministère chargé des Sports) va
sont utiles en réadaptation des patients difficultés psychopathologiques, morts devoir lutter contre les fatigues que son orga-
ayant une pathologie cardiaque [1, 14], en subites surtout dues à des anomalies nisme accumule du fait de la répétition et
particulier dans l’infarctus du myocarde [2] cardio-vasculaires. de l’intensité de l’entraînement, ce qui peut
et l’insuffisance cardiaque (voir l’encadré La visite médicale et le certificat de modifier, notamment, son équilibre psychique
du docteur Patrick Aeberhard). Certaines non-contre-indication à la pratique d’APS et hormonal. Cette situation aboutit parfois
APS poursuivies après réentrainement et permet de diminuer les morts subites en à la consommation de produits dopants (voir
réhabilitation sont susceptibles de diminuer dépistant avant 30 ans les pathologies mal- l’encadré du professeur Bernard Roques)

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qui présentent des risques [7]. Les données des pathologies pulmonaires, cardiaques tertiaire (réadaptation) par les schémas
épidémiologiques concernant les conduites ou cirrhotiques), tout en prenant en compte régionaux d’organisation sanitaire de
dopantes sont actuellement essentiellement les risques liés à ces pratiques [3], dont deuxième génération (Sros II).
descriptives et limitées à la prévalence de les conduites dopantes [7] dans un soucis Il existe des expériences exemplaires
la consommation de produits. Elles per- de réduction des inégalités sociales de de promotion de la santé par les APS qui
mettent cependant de les considérer non santé et avec le but d’améliorer l’état de se sont infiltrées dans d’autres priorités
plus comme un épiphénomène circonscrit santé de la population (figure 1). comme les pathologies cardio-vasculaires
aux seuls sportifs de haut niveau, mais Le HCSP et la Conférence nationale de dans un PRS du Nord-Pas-de-Calais et les
comme un réel problème de santé et de santé (CNS) sont des instances d’élabo- soins de suite et de réadaptation dans un
société [7]. ration d’une politique de santé publique. Sros II d’Alsace.
Ils prennent en compte la promotion de
la santé et la prévention mais n’intègrent APS de prévention dans un PRS
actuellement pas les APS. du Nord-Pas-de-Calais
Promotion de la santé par les Les priorités de santé publique natio- Le PRS « maladies cardio-vasculaires » du
APS et planification sanitaire nales (CNS, HCSP) et régionales (CRS) sont Nord-Pas-de-Calais prévoit de lutter contre
La promotion de la santé [4, 11] favorise la mises en œuvre en même temps dans le la sédentarité par les APS pour diminuer
prise en compte de l’ensemble des données champ de la prévention primaire par les les risques vasculaires. Des actions de
précédemment proposées. Elle permet d’in- programmes régionaux de santé (PRS) et promotion de la santé par des APS de
tégrer les nombreux bénéfices pour la santé les schémas régionaux d’éducation pour prévention sont mises en œuvre.
apportés par les APS de loisirs et de soins la santé (SREPS) et dans les champs des Dans cette région, plusieurs PRS sont en
(même pour les usagers handicapés par soins et de la prévention secondaire et cours, constituant une réponse aux indica-

Sport, dopage et dépendance

I l s’agit d’un débat qui mérite d’être


ouvert mais où la plus grande
confusion règne car on rapproche
par rapport à la stimulation exogène des
récepteurs opioides par l’héroïne. C’est
bien cela qui différencie les addictions
dépasse les possibilités naturelles de
l’individu et que, de ce fait, il nécessite
la « béquille » chimique.
inévitablement dopage sportif et avec et sans produit. Le pace-maker Le sport, en particulier de haute com-
toxicomanie au sens de dépendance dopaminergique que représente l’axe pétition, n’est pas sans danger, surtout
à un ou plusieurs produits, ce qui est mésolimbique et cortical est sous le lorsqu’il s’adresse à des personnalités
rarement justifié. contrôle de divers neurotransmetteurs attirées par le risque car ce sont celles-
Holden H.* recense de nombreux et neuropeptides endogènes, les plus là qui hésiteront également le moins
comportements qui répondent à cer- importants étant les peptides opioides à utiliser des substances purement
tains critères de dépendance du DSM- internes, véritables chef d’orchestre du dans le cadre sportif d’abord, puis
IV. C’est le cas de la kleptomanie, la concert hédonique. Il est donc difficile hors de ce cadre (alcool par exemple),
boulimie, l’anorexie, le jeu pathologique, de comparer la dépendance « chimique pour éventuellement terminer par des
l’activité sexuelle ou le « shopping ». Le exogène » et la dépendance comporte- toxicomanies graves aux stupéfiants.
dénominateur commun, c’est toujours mentale, d’origine endogène. Il s’agit néanmoins d’une minorité et
le plaisir que l’on ressent à la mise en Ceci ne signifie pas que les troubles l’important serait dans cette population
œuvre de ces activités et le désir de comportementaux avec conduite com- de rechercher une éventuelle hypersen-
les reproduire. L’activité physique n’est pulsive — boulimie, jeu pathologique, sibilité du système enképhalinergique
pas absente de l’analyse puisque des etc. — soient à négliger. Leur lot de transposé ensuite à la composante
chercheurs suédois ont réussi à montrer souffrance est important, comme l’est dopaminergique hédonique et à sa
que des lignées de rats possédant celui du sportif accroché à ses anabo- mise en mémoire. Cela a été discuté
une appétence à la consommation lisants. Tous ces individus expriment par de nombreux auteurs. De nom-
de drogues passaient plus de temps par leur attitude une certaine détresse breuses études doivent être faites.
à courir dans une roue en mouvement psychologique à prendre en compte, y Les méthodes de neuroimagerie par
et qu’inversement les meilleurs « rats compris médicalement. IRMF et PET-Scan seront dans ce sens
coureurs » étaient plus attirés par les On peut alors se poser la question de d’un intérêt considérable.
substances à risques d’abus. savoir où en est le sport, et ses vertus Bernard Roques
Est-ce la libération d’enképhalines de santé stigmatisées notamment par Professeur, UFR des sciences
démontrée chez les marathoniens mais l’hygiénisme nordique du début du siècle pharmaceutiques et biologiques,
aussi lors de l’acupuncture qui produit dernier. Le sport a toujours les attributs Faculté de pharmacie de Paris
ces attirances ? Peut-être. Encore faut-il qu’on lui prête s’il n’est pas détourné
noter que la libération, même exacerbée, par les produits et s’il reste une activité * Holden H. « Behavioral Addictions : do they
des opioides endogènes reste très faible ludique. Il n’en est plus de même s’il exist ? », Science 2001 ; 994 : 980-982.

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figure 1 propose le développement de stratégies


Développement de la promotion de la santé par les APS par la planification régionales. Un groupe de travail transversal
sanitaire de promotion de la santé par les APS ou
sport-santé, animé par la direction régionale
APS de soins
(réadaptation)
et départementale des Sports en lien étroit
CNS - CRS APS de loisirs (environ 200 000 pers.) avec le groupe de suivi du PRS, a pu se
(environ 30 millions (plateau technique mettre en place. Les missions de ce groupe
de personnes) sportif)
PRS sont principalement de :
SROS Thérapeutiques
(expérience ● définir des objectifs sport-santé qu’il
(expérience médicamenteuses
exemplaire présentera au groupe de suivi du PRS
exemplaire Dopage
du Nord-Pas-
de-Calais
d’Alsace) cardio-vasculaire,
● formuler des recommandations sur les
APS de haut niveau (environ 6 500 pers.) bonnes pratiques des actions de prévention
Prévention Soins Prévention en sport-santé,
Réadaptation ● concevoir des programmes d’actions
à réaliser et les proposer aux différents
Prise en compte globale partenaires,
des bénéfices et des risques des APS
● prendre connaissance des projets
PRS particulièrement intéressants, pour
Association des citoyens et des usagers APS de loisirs APS de soins les analyser, voire, s’il y a lieu, les faire
(sport-santé) (réadaptation) connaître.
Interministérialité (plus de 30 millions de personnes) (plus de 200 000 Les premières réunions de ce groupe
pers.)
Union européenne transversal, début 2001, ont mis au jour
Thérapeutiques quelques réalités :
Recherche et formation médicamenteuses ● la faible participation du monde sportif,
mieux adaptées
peu motivé par le thème,
Dopage ● l’étendue du sujet sport-santé,
Promotion de la santé par les APS
APS de haut niveau (environ 6 500 pers.) ● la difficulté des structures sportives
avec prévention des conduites dopantes
pour s’approprier la complexité de la
« machine » PRS,
teurs de santé défavorables. L’espérance transmis aux partenaires pour être financés ● le positionnement entre les compé-
de vie à la naissance y est plus courte que s’ils sont retenus. tences santé et sports n’est pas évident,
dans le reste du pays (de 3 ans pour les tant dans le cadre des volets du contrat
hommes et de 2 ans pour femmes) ; un tiers Promotion de la santé par les APS dans le de plan État-région (CPER) que pour les
des habitants meurt avant l’âge de 65 ans PRS cardio-vasculaire compétences des différents services
(alors qu’un quart des Français meurt avant L’un des consensus du programme s’est déconcentrés de l’État.
l’âge de 65 ans) et la surmortalité est très fait autour de la réduction du « risque vas- Les fonctionnements des clubs et
marquée pour certaines pathologies dont culaire » par l’amélioration de la gestion des autres structures sportives sont loin
les cancers et les maladies cardio-vascu- facteurs de risque installés : la prévalence des approches PRS et les intervenants
laires. Ce constat s’explique notamment du surpoids, la consommation de tabac et du monde de la santé ont des difficultés
par une situation économique et sociale la sédentarité. à appréhender la dimension du monde
défavorable, des comportements à risques En 2001, il y a eu 34 projets financés sportif. La quantité et la dimension des
pour la santé et une offre de soins inférieure sur 79 proposés, pour un montant global associations sportives sont sans commune
à la moyenne nationale. Au regard de cet de 540 000 euros, en plus des 13 autres mesure avec les associations de prévention
environnement dégradé, la CRS énonçait, projets reconduits. L’appel à projets 2002 qui se sont développées dans le monde
dès son installation, des priorités régionales fait apparaître des projets qui impliquent de la santé. La mission de prévention
dont la santé cardio-vasculaire. Le Sros II désormais les professionnels du monde fait d’ailleurs partie des objectifs de ces
devait consacrer plusieurs volets à la cardio- sportif autour de l’accueil et de la remise dernières alors qu’il n’y a, généralement,
logie et, en 1999, un PRS cardio-vasculaire à l’effort de personnes présentant des fac- pas de mission de santé dans les objectifs
était présenté à la CRS. Le recours à un teurs de risque cardio-vasculaire (diabète, des associations du monde du sport. La
appel à projet d’action annuel, complété par obésité, mais aussi post infarctus). La mise en place d’un groupe transversal
la négociation de conventions d’objectifs remise à l’effort de personnes ayant une sport-santé au sein des PRS a contribué
et de moyens, s’est avéré performant pathologie (cardiaque, obésité) ainsi que à rapprocher les deux cultures avant de
pour mobiliser la créativité des acteurs de des actions portées par l’Association promouvoir des actions. C’est un travail
terrain. Tous les responsables de réseaux régionale de cardiologie sont des exemples fondamental. Il faut bien mesurer ce que
et d’associations ont été contactés et ont de projets déposés en 2002. peuvent apporter les partenaires du
reçu un « guide pratique pour un porteur Au-delà de cet appel à projets, pour monde du sport, et surtout ne pas voir le
de projet ». Après examen, les projets sont chacun des objectifs, le programme partenariat simplement comme un finan-

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cement supplémentaire des actions santé, La DRDS finance dans le secteur santé des travaux du groupe de travail sport-santé
ou comme de nouveaux moyens humains des actions en faveur des jeunes et dans le et l’émergence de nouvelles actions dans
pour le secteur santé. domaine de la toxicomanie, avec la Mission le monde sportif. Celles-ci devraient venir
Le partenariat entre médecins inspec- interministérielle de lutte contre la drogue et en complément des actions des années
teurs de santé publique des services la toxicomanie (Mildt), des structures santé précédentes, plus portées jusqu’à présent
déconcentrés du ministère chargé de la curatives comme les antennes médicales de par le milieu de la santé et celui de l’édu-
Santé, et médecins conseillers auprès des lutte contre le dopage (AMLD) ou préventives cation.
directeurs régionaux et départementaux comme les centres médicaux sportifs (CMS).
du ministère chargé des Sports (DRDS) a La DRDS participe à la veille sanitaire avec APS de réadaptation
permis le développement d’expériences l’informatisation des CMS. dans le Sros II d’Alsace
partenariales remarquables, notamment L’objectif de promotion de la santé par L’agence régionale de l’hospitalisation
dans le cadre de ce PRS. les APS devrait reposer sur la poursuite (ARH) du Bas-Rhin a demandé, en 1999,

Sports et www.dopage.fr
Une prévention moderne pour
L es jeunes sportifs sont déjà des
enfants du numérique. Lecteurs de
CD, de DVD, « caméscopes », portables
des sportifs modernes ?
Une des initiatives françaises récentes
duites dopantes et doivent combler un
vide angoissant à l’arrêt de leur hyper-
activité sportive ;
et WAP dernière génération les accom- est la création d’une ligne « Numéro ● d’autre part, la sexualité sur
pagnent plus régulièrement que leur vert » SOS Écoute Dopage, qui traite internet a, pour des sportifs en (hyper)
famille ou leur entraîneur. Leurs gestes, des milliers d’appels chaque année. activité, quelques avantages : anonymat,
leurs matchs, leurs performances sont Il manque, à notre connaissance, son diversité virtuelle infinie, disponibilité et
disséqués image par image ; leur forme équivalent sur Internet. Chacun s’ac- continuité temporelle, facilité d’accès,
physique s’exprime par diagrammes, corde à ne plus s’illusionner sur les quel que soit le lieu de la compétition ou
les statistiques s’accumulent et sont possibilités de contrôle de l’Internet. du stage de préparation (et de la disci-
traitées par informatique. Cependant, un site interactif et bien pline d’abstinence sexuelle imposée par
documenté de prévention du dopage la fédération ou la structure). La vision
Des sportifs modernes dans un pourrait être soutenu et alimenté par des jeunes sportifs « collés » dès que
monde moderne ? les différents ministères intéressés possible à leur Walkman et leur portable
Prenons un exemple, un anabolisant : ou structures responsables (Santé, laisse augurer, pour cette population,
le dianabol®(methandrosténolone). Un Sports, Éducation nationale, ainsi que d’une vulnérabilité importante à la
moteur de recherche commun propose, CPLD, Mildt, AMA, voire CIO) et être, cybersexualité et le risque, pour eux
après avoir tapé « dianabol », en 0,11 en lien, systématiquement proposé par comme pour d’autres sans doute, de
seconde, 6 100 sites sur Internet. Les les sites qui parlent (et vendent) des se scotcher à un nouvel écran.
sites sont, pour un très grand nombre produits dopants. Ceux-ci pourraient
d’entre eux, commerciaux, discrets et adhérer à une charte de prévention, Conclusion
efficaces. Certains « soignent » leurs sur le modèle des sites érotiques qui Les sportifs, surtout jeunes et enfants
clients : ils indiquent les doses (en milli- ont décidé de lutter contre la pédophilie. du numérique, ne peuvent être estimés
grammes par kilo, bien sûr) adaptées aux Les stratégies de réduction des risques invulnérables à la « toilemania ». La vente
différents types d’efforts, ils précisent ont fait leurs preuves d’efficacité dans de produits dopants par l’intermédiaire
les effets secondaires (physiques et bien des domaines (sida et préservatifs, du Web est une possibilité que con-
psychiques), les durées d’action ainsi seringues et injections de drogues, RMI naissent déjà un certain nombre d’entre
que les temps d’élimination du produit, et pauvreté). eux. Le nombre phénoménal de sites
les moyens techniques de dépistage et en activité proposant la vente de ces
les recettes pour les contourner, l’état Poly-consommations produits dopants est une preuve indis-
de la législation selon les pays et/ou les Deux autres aspects intéressant les cutable de la demande. La commission
fédérations, les procès antérieurs con- sportifs méritent d’être signalés : a souhaité, par mon intermédiaire,
cernant le produit et les jurisprudences. ● les cyberdépendances s’intègrent souligner ce nouveau cyber-risque et
D’autres sont très pragmatiques : pro- dans le cadre des pratiques addictives demander l’organisation d’une réflexion
cédures de sécurité pour les numéros et semblent fréquemment associées à sur la construction d’une possible cyber-
de carte de paiement, renforcement de d’autres abus ou dépendances (tabac, réduction des risques.
l’anonymat, livraison assurée dans les café, cannabis, amphétamines, cocaïne,
72 heures ; offre gratuite de seringues par exemple) ; il est vraisemblable William Lowenstein
et aiguilles « parfaitement adaptées au qu’elles intéressent ou intéresseront Médecin, directeur du Centre Monte-Cristo,
produit » pour tout achat de plus de ceux ou celles qui « més-usent » des médecine des addictions, hôpital
cinq ampoules. APS, ont été déjà confrontés à des con- européen Georges-Pompidou, Paris

adsp n° 39 juin 2002 11


actualité

à un professeur des hôpitaux universitaires Le programme d’entraînement personnalisé partenaires de ce programme : médecins
de Strasbourg d’étudier la possibilité d’un en créneaux (PEP’C) et techniciens qualifiés ; soutien associatif
réseau de réhabilitation respiratoire avec Sa prescription comporte un préalable : et orientation des APS.
un référentiel de prise en charge globale la réalisation d’un test d’effort maximal Un réseau régional collégial (charte)
du patient pour le Sros II « soins de suite sur ergocycle qui détermine les 2 seuils fonctionne depuis 18 mois, encouragé
et de réadaptation ». La mise en place d’intensité, personnels, pour lesquels le par son inscription parmi les recomman-
d’un réseau alsacien de reconditionnement sujet présente une adaptation (Base) puis dations du Sros II « Alsace 1999 ». Les
physique par un programme d’entraînement une désadaptation ventilatoire (Pic). Puis, évaluations financières (informatique de
personnalisé en créneaux (RAR-PEP’C) le suivi de 18 séances de 30 minutes où communication notamment) sont en cours.
validé au plan international [8] bénéficie, alternent la stimulation impérieuse du Pic (1 Cette initiative régionale déborde aussi
en 2002, à la population alsacienne et minute) et la récupération apaisante de la vers la Moselle, ainsi que vers les régions
tend à devenir interrégional. Base (4 minutes). La diminution progressive dont sont issus les candidats au DIU. La
de la fréquence cardiaque, effet de l’entraî- centralisation des données par le Service
Une action issue d’un partenariat entre nement, permet de monter progressivement des EFR du centre hospitalier universitaire
usagers et professionnels de santé les charges des séances. de Strasbourg a pour but d’en permettre
L’altération de la forme physique des Son évaluation fait apparaître un gain « en l’exploitation pour d’encourageantes et
personnes atteintes d’affections cardio- aptitude physique » vérifié en refaisant à utiles informations tant médicales que
respiratoires chroniques et les réper- l’issue du PEP’C le test comparatif maximal socio-économiques.
cussions familiales et professionnelles et la 1re séance de 30 minutes. Le coût
qui en découlent ont induit de leur part total du PEP’C est de 2 Cs + 4 tests à Le « programme national de
une demande pressante tant lors de K36 + 18 séances à AMMK7, soit 580 promotion de la santé par les APS
dialogues avec leur médecin de famille euros. Concernant le suivi, l’adhésion des et la prévention des conduites
qu’à l’occasion des bilans d’évaluation patients au programme (360 indications) dopantes : PN-APSD »
fonctionnelle personnalisée pratiqués est de 94 %. Cette fidélité remarquable À ces deux expériences peuvent venir s’en
périodiquement chez elles. Ces consta- est une constante régionale facilitée par ajouter d’autres, dont celle de la CRS 2001-
tions répétées ont conduit à l’élaboration la proximité géographique des unités 2002 de Lorraine, pendant laquelle Patrick
du programme d’entraînement personnalisé d’évaluation et de réentraînement (UER), Laure, médecin conseiller de la DRDS, a
en RAR-PEP’C (ou PEP’C). Il a été diffusé la pratique du PEP’C en séjour ouvert et le proposé un PRS « promotion de la santé
grâce à un partenariat régional multiple : passage régulier du médecin prescripteur. par les activités physiques ».
associations professionnelles, comité En revanche, lorsque la prise en charge par Ces trois expériences sont complé-
d’entreprise, associations d’usagers, l’assurance maladie n’est plus assurée, mentaires et couvrent les champs de
fédérations de seniors et lors de l’en- seule 1 personne sur 5 poursuit une « réha- la prévention primaire (CRS, PRS) et de
seignement post-universitaires médical bilitation autogérée ». Pour y pallier, l’action prévention secondaire et tertiaire pour des
et paramédical. spécifique des associations orientées vers soins de réadaptation (CRS, PRS et Sros II).
Ces patients doivent tous améliorer leur les APS, très développées en Alsace, a Elles ouvrent des perspectives régionales
endurance pour supporter à nouveau des commencé à être intégré dans le réseau, pour la promotion de la santé par les APS
activités prolongées ou répétitives jadis ce qui peut constituer un attrait certain de loisirs et de soins et la prévention des
réalisées sans difficulté. Mais comment pour les patients isolés. conduites dopantes.
accéder à un programme de recondition- La sécurité apportée par les charges per- Ces démarches régionales peuvent avoir
nement et d’amélioration de l’aptitude sonnalisées, l’efficacité rapide des séances valeur d’exemple pour d’autres régions
physique en dehors d’hospitalisations ont conduit à étendre les bienfaits du PEP’C (dans le cadre d’un schéma intégrant
spécialisées, ou de cures peu adaptées, ou à d’autres populations, notamment les per- Sros II et SREPS en lien avec les PRS et
de structures non médicales, commerciales sonnes âgées, les personnes avec surpoids, les CRS) ainsi qu’au niveau national, voire
et coûteuses ? Et comment retrouver une les personnes paraplégiques (fauteuil/tapis international. Elles ont donné des directions
qualité de vie en suivant un programme roulant), mais aussi les sportifs pour amé- (Figures 1 et 2) au « Programme national de
tout en assumant les contraintes d’une liorer leur « fond d’endurance » ou encore promotion de la santé par les APS et la pré-
vie socio-professionnelle ? réduire certaines conduites dopantes (abus vention des conduites dopantes : PN-APSD »
Inspiré des méthodes d’entraînement des thérapeutique dans l’asthme ; substances élaboré par la commission Aeberhard du
sportifs (Interval training), un programme ergogènes). Pour cette population, l’intensité ministère chargé de la Santé : « activités
court est proposé. Exécuté en 6 semaines « temps limite » remplace alors celle du physiques et sportives, santé publique,
à raison de 3 séances par semaine, réaliste « Pic », le bronchospasme est retardé et prévention des conduites dopantes »*.
car pratiqué sur bicyclette ergométrique réduit, l’endurance facilitée. Le « D » du PN-APSD est justifié par des
en consultation externe et de ce fait peu travaux de la commission qui ont montré
coûteux, il est efficace car constitué de Mise en place d’un réseau de PEP’C que de nouvelles populations étaient à
charges « personnalisées ». Il garantit au Le souci de fournir à l’usager (et au risque de conduites dopantes, notamment
bout de 6 semaines une amélioration de prescripteur) une solution de proximité celles des jeunes et des culturistes.
30 % au moins des principaux critères a conduit à encourager la création de 7 * Dont le rapport sera prochainement publié à la
d’endurance. unités géographiques (UER) regroupant les Documentation française

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Ce PN-APSD a pour objectif général 6. Engager des mesures et actions de les APS incluant la prévention de leurs
d’améliorer : santé publique complémentaires destinées risques (dont les conduites dopantes) et
● l’état de santé de la population grâce à des groupes spécifiques de population la réduction des inégalités sociales de
aux bénéfices apportés par les APS tout en de par leur âge et de par leurs pratiques, santé pour une amélioration de l’état de
en diminuant les risques, comme les con- comme l’élaboration de protocoles d’APS santé de la population. Les bénéfices des
duites dopantes, dans un souci de réduction en milieu scolaire spécialement adaptés APS pourraient ainsi profiter à plus des 30
des inégalités sociales de santé, pour les jeunes asthmatiques et les jeunes millions de personnes qui les pratiqueraient
● la qualité de vie des personnes ayant ayant des handicaps. pour leurs loisirs et à plus des 200 000
des pathologies chroniques, tout en dimi- L’ensemble de ces travaux doit être personnes qui bénéficieraient des APS de
nuant les coûts de prise en charge par mené en interministérialité avec des soins. Cela peut permettre de sensibiliser
l’assurance maladie. représentants du Conseil de prévention les pratiquants à ses risques, dont les con-
Il propose six axes stratégiques autour et de lutte contre le dopage (CPLD) et des duites dopantes et de les voir diminuer [7]
d’un continuum prévention-soins-réadap- représentants d’usagers, tout en prévoyant et de favoriser l’amélioration de la qualité
tation : un partenariat avec l’Union européenne, des de certaines thérapeutiques.
1. Pour une promotion de la santé par actions de recherche et de formation. Ces travaux pourraient être enrichis par
les APS et la prévention des conduites ceux de la CNS et du HCSP, pour qu’appa-
dopantes (informer, éduquer et orienter) Des APS pour le plus grand raissent par exemple des CRS et des PRS
développant : nombre « APS-santé » que certains professionnels
● des actions de prévention de patho- L’ensemble de ces dynamiques peut favo- de santé publique de terrain appellent de
logies par les APS (CRS, PRS, SREPS) riser le développement complémentaire, leurs vœux. Il faut noter que certains pays
couplées, par exemple, à des ouvertures à côté de l’activité des 6 500 sportifs occidentaux sont engagés dans ce type
d’installations sportives municipales, de haut niveau, d’une politique de santé de programme depuis plusieurs dizaines
départementales et régionales aux heures publique de promotion de la santé par d’années.
de loisir du public (soir et week-end) et à
l’organisation d’une « fête du sport pour
tous » nationale à l’instar de la « fête de
références
la musique », 1. Aeberhard P., Abdennbi K. « Plaidoyer pour 8. Lonsdorfer J., Lonsdorfer-Wolf E., Ras-
● des possibilités d’APS de réadap- une nouvelle stratégie en réadaptation seneur L., Oswald-Mammosser M., Richard
tation par le réentraînement physique cardiaque ». In : La Réadaptation ambula- R., Doutreleau S. « Rééducation de l’asth-
prolongé en cardiologie, en pneumologie, toire à l’effort en pathologie cardiovascu- matique et sport : pour une préparation
en gériatrie voire en neurologie (CRS, Sros laire. Jan F. Paris : Masson, 1998. physiologique personnalisée ». Rev Fr
II, réseau), 2. Bouchard C., Shephard R. J., Stephens T. Allergol Immunol Clin 2001 ; 41 : 316-
● des actions de communication pour la Exercise, Fitness, and Health. International 324.
population et pour les services des minis- Proceedings and Consensus Statement. 9. Haut Comité de la santé publique. La
tères en charge de la Santé, de la Famille, Champaign : Human Kinetics Publishers, Santé en France : rapport général. Paris :
des Personnes handicapées, des Sports, 1994. La Documentation française, 1994.
de la Jeunesse, de l’Éducation nationale 3. Bréchat P.-H. Sollicitations respiratoires et 10. Haut Comité de la santé publique.
et de la Recherche, par exemple. Cela peut cardiovasculaires. Implications en santé Jourdain A., Frossard M. (coord.). « Les
stimuler des échanges d’expériences sur publique. Besançon : Th. Sci, 2001. nouveaux outils de planification sani-
ce sujet et favoriser des initiatives et des 4. Cètre J. C., Douiller A., Guidetti P. Des taire ». Adsp, 1995 ; 11 : I-XL.
actions de prévention et de réadaptation par inconnues qui nous veulent du bien : 11. Haut Comité de la santé publique. « Santé
des incitations aux pratiques des APS chez éducation et promotion de la santé. Santé et activités physiques et sportives ». Adsp,
toutes les populations tout en développant publique : états des lieux, enjeux et pers- 1996 ; 14.
la prévention de leurs risques. pectives. Paris : Ellipses Édition Marketing 12. Regnard J., Jallat-Daloz I., Simon-Rigaud
2. Prévenir, dépister et prendre en charge SA, 2000 : 364-378. M. L. « Le sport fabrique-t-il des asthma-
les risques des APS, dont les conduites 5. Guezennec C. Y., Brücker G., Ginesty J., tiques ? ». Rev Fr Allergol Immunol Clin
dopantes et la vente de ces produits (voir de Blignières Y., Tissier B., Krzentowski R., 2001 ; à paraître.
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3. Favoriser l’implication des industriels Tome 2 : population militaire de l’étude. et santé : résultats d’une enquête
et des usagers avec les associations de Brétigny-sur-Orge : Service de Santé nationale chez les salariés ». Bull Acad
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4. Mettre en place un système de recherche 1995 ; 95-32 : 1-11. 14. Société française de cardiologie. « Recom-
surveillance de la pratique des APS de la 6. Inserm. Les Inégalités sociales de santé. mandations de la Société française de
population et de veille de leurs risques, Paris : Éditions La Découverte/Inserm, cardiologie concernant la pratique de
5. Développer la recherche sur les APS : collection « Recherches », 2000. la réadaptation cardiovasculaire chez
en santé publique, épidémiologie, physio- 7. Laure P. Dopage et société. Lonrai : Édi- l’adulte ». Arch Mal Cœur, 2002 ; sous
logie et sur la dangerosité des substances tions Ellipses, 2000. presse.
et des procédés de dopage interdits,

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