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4exs0uR Léon — Histoire générale du feminism, 188" - Le citoyen contre les pouvoirs ° exis, paul — La fin de Lucie Pellegrin Je INE, André — Le théStre libre ALAC Physiologie oe Pemployé pazIN, Germain ~ Le crépuscule des images ppBEL, August — La femme dans le passé, le présent et l'avenir jESLAY, Charles ~ Mes souvenirs 1830-1848.1870 BRUGNOT, Arthur — Les juifs d’Occident BONNETAIN, Paul — Charlot s’amuse CABET, Etienne — Voyage en Icarie CAMBRY — Voyage dans le Finistére CHATEAUBRIAND — Le congrés de Vérone CONTES PICARDS CORTOT, Alfred — Cours d’interprétation CREVECOEUR, M.G.J. — Lettres d’un cultivateur américain CUSTINE, Astolphe de — Lettres a Varnhagen DU CAMP, Maxime — Souvenirs de 'anné 1848 DUMESNIL, René — Le rythme musical , ENGEL — Idées sur le geste et l'action théatrale FOURIER, Charles — Le nouveau monde amoures :FRANCE, Anatole — Sur la pierre blanche GAGE, Thomas — Nouvelle relation , GAUTIER, Théophile — Nouvelles | GAUTIER, Théophile — Romans et contes GAUTIER, Théophile — Spirite GAUTIER, Théophile — Un trio de romans GAUTIER, Théophile — Voyage &? Russie GIRARDIN, Mme de — Nouvelles . HAMILTON, Thomas — Les hommes et les moe 1p aux Etats-Unis 409 uN C N DISPONIB: yol MES LES DANS La cg ; RESsoy, RCRs Bouricaug Palacio Martine d "Rouge, Pierrot = Bazin Sohn De Bertier de Sauvigny De Bertier de Scuvigny Juin Desroche Dupuy De Bertier de Sawvigny Golea De Bertier de Sawigny Pierot Agullion ‘Martine de Rougemont Debout-Oleskiewict Trousson Verniére Lacoste Bouchard Laubriet Laubriet Laubriet Michel Rubel I i {h "DAU UU a, UN yt INT Allemagne Harpaz HEINE, Henri — .s de France et d’Italie Vuitleumien Seen eae Contes fantastiques Harpe HOFFMANN: e Physiologie de la grisette Harpaz 4 ea — Contes fantastiques Pecottienies | JAURES, Jean — Etudes socialistes : Rebérioux | JOUFFROY, Théodore — Mélanges philosophiques Dumont q JOUVENEL, Robert de — La république des camarades Bourriceug JULLIAN, Camille — Notes sur THistoire en France au XIXe siécle | De Bertier de Sauvigny KARR, Alphonse — Voyage autour de mon jardin Virlogeux LAFORGUE, Jules — Mélanges posthumes Bonnefis LANSON, Gustave — Méthodes de Phistoire littéraire — Hommes et Livres Harpaz LEIBOWITZ, René — Schoenberg et son école Goléa LEROUX, Pierre — Réfutation de ’éclectisme Lacassagne MAETERLINCK — Théétre complet Martine de Rougemont MAUCLAIR, Camille — Le soleil des morts Trousson NERVAL, Gérard de — Les filles du feu Pierrot PREVOST-PARADOL ~ La France Nouvelle Tulard RESTIF DE LA BRETONNE ~ La découverte australe Verniére REYBAUD, Louis — Etudes sur les réformateurs Bourricaud | _ RIMBAUD, Arthur — Une saison en enfer — Les illuminations Pierrot RUDLER, Gustave ~ Les techniques de la critique Harpaz SAND, George — La Daniella Balayé SAND, George — Mademoiselle la Quintinie Balayé i ee ~ Pensées et fragments Trotignon ape Gun, af ~ Les philosophes du XIXe sidcle Gouhier j ee de ~ Les lois de Pimitation Boudon 4 VERLAINE nape —La république des professeurs Bourricaud oy OLNEY ae a Les poétes maudits Pierrot | Went Ges ruines Tulard | WEY, he du catholicisme libéral Rémond | ZOLA~ Mos ha laute-Savoie Guichonnet i nes Mitterand La Collection ressources est publiée sous la direction d'un comité comprenant Messieurs : : Guillaume de BERTIER DE SAUVIGNY Frangois BOURRICAUD Ephraim HARPAZ Roger PIERROT Pierre REBOUL Paul VERNIERE Toute information sur nos éditions vous sera donnée sur simple demande faite & SLATKINE FRANCE — B.P. 12 — 01170 GEX (Ain) Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous pays. ©latkine Reprints, Genéve, 1979, pour le texte de présentation. ISBN 2-05 -000113 -4 Gabriel a TARDE LES LOIS DE LIMITATION ETUDE SOCIOLOGIQUE Présentation de Raymond BOUDON: baie ressources PARIS - GENEVE ee PRESENTATION “On a eru ne pouvoir donn tournure scientifique qu’en lui gique, ou, micux encore m i solaire en nébuleuse non résoluble pour le mieux comprendre, En matidre sociale, on ¢ sous 1a main, par un privi ‘Be exceptionnel, les causes véritubles, les actes individuels dont les faite sont faits, ce qui est absolument soustrait & nos regards en toute autre mati¢re” (p. 1), ° Lorsque Tarde écrit ees lignes, des Lois de Timitation, peut-ctre songe-til & Duk. heim qui naguére a publié La division du travail et le Suicide. En tout eas, on y trouve dentrée de jeu, e avec une clarté parfaite, Paxiomatique qui doit, aux yeux. de Tarde, fonder la sociologie : tous les phénoménes sociaux aussi complexes soient-ils sont faits d’actes individuels. En second lieu, ces actes individuels, qui sont au sociologue ce que les atomes sont au physicien, sont observables, et intelli gibles 4 partir du moment oti ils sont observés. En troisiéme lieu, les actes individuels ne prennent leur signification que par rapport au contexte social dans lIequel se trouve lindividu. Par exemple es premier marchand du moyen age, Ja fois cupide at vaniteux, désireux de s’enrichit par le commerce ef affligé de n’étre point noble, qui a entrevu la en bilité de faire servir sa cupidité aux frais de sa vam 4 éri i et Jes siens la noblesse 4 prix et d’acquérir pour soi et d'argent, a cru faire la une belle découverte” (p- 30). a a la premiére page Siege P » du marchand est y, A Vévidence Ia eee ex nihilo. Au con mals non ossible et ne prend sens que dang traire, ae eee articulier. En quatriéme liey eee plte ie précédent — cet acte va avoir ee ité. L’invention n’est jamais ano. tendance 4 éire imk Tl est toujours individuelle, nyme ou collective. Hille | hy dé Mais une fois qu’un individu a fait une decouverte, par le fait méme qu’elle nait de signification que par rapport au contexte social dans lequel elle est née, elle a tendance 4 étre imitée et, par la, a se transfor. mer en phénoméne social. 7 De ces axiomes fondamentaux, on tire quelques corollaires importants. D’abord, que les catégories de la contingence et du possible sont essentielles a J’ana- lyse sociologique : “Toute invention qui éclot est un possible réalisé entre mille, parmi les possibles diffé- rents, je veux dire parmi les nécessaires condition- nels” (p. 49). Liinvention étant par essentielle indi- viduelle, la réponse 4 une situation (celle par exemple du marchand riche qui envie le noble et invente Vachat des titres nobiliaires) prend nécessairement une forme idiosynerétique. En outre, les inventions ont toujours un “caractére en partie fortuit” (p. 258). 4 pa i une invention se diffuse, elle élimine les autres réponses possibles : “en appa- cassant, elle rend impossible désormais la plupart de ces possibles” (p, 49). Ainsi, Vhistoire est intelli- gible puisque composée dag; création, est une Au con- ue dans me lieu va avoir ais ano- Vviduelle, jouverte, que par jest née, ansfor- juelques jories de aTana- jt est un s diffé- dition- We indi- xemple linvente irement tions . 258). iffuse, appa- art de intelli- ais on © pro- iterdit lonnes ice une ction fat, base, chapiteau; complication 4, “Cette division tripartite de la colon: a peu prés commandée par la nature des matériaux employés et la loi de la pesanteur, dés que le besoii d’abri en arrivait 4 exiger des demeures d’une certaine élévation” (p. 61) Mais il serait absurde de conclure de faits ge ce genre comme le fait Hegel dans I’ Esthé- tique, qu il existe des lois de développement des for- mes artistiques. Un autre corollaire est que Vaxiomatique utilita- riste utilisée par les économistes et par les contrac- tualistes est insuffisante 4 fonder la sociologie, Sur ce point, Tarde rejoint Durkheim. Une fois n’est pas coutume. “L’instabilité et le malaise de nos sociétés modernes doivent sembler inexplicables aux yeux des économistes et en général, des sociologues quelcon- ques qui fondent la société sur l’utilité réciproque” (p. 71). Dans les sociétés industrielles modernes, la réciprocité et la solidarité s’étendent et se confirment. Le “malaise” est donc dii a autre chose : en croissant, la solidarité et la réciprocité font que “les individus des classes et des nations tendent 4 une assimilation imitative beaucoup plus grande”, tendance contrariée par les moeurs et les lois. L’utilitarisme tel qu’il est habituellement pratiqué est insuffisant parce que — pour parler comme les économistes — il traite les préférences, les désirs et les gotits des individus com- me des variables exogénes. Le sociologue doit plutot traiter ces variables comme endogénes, o'est-d-dire admettre que les désirs de Vindividu dépendent du contexte social. Ainsi, lorsque la solidarité croit, chacun a tendance & souhaiter que sa situation soit aussi bonne que celle du voisin. Pour utiliser un Bs Bage qui n’est pas le sien, on peut dire que pour Tar fe la décoration), ne, en effet, était rr be désw cst “triangulaire’, ou encore qu'il dépend des groupes de référence de Vindividu. Mais, de plus, le mature du “triangle” ou des “groupes de référence” dépend de variables macruscopiques (par exemple atenste des liens de réciprocité et de sulidante créée par le développement de l'organisation érono- muque). Tele sont, semmairement résumés, les postulats de Vaxiomatique tardienne. Ils me paraissent ¢tunnam- ment modemes. D‘abord par la conception résolu- ment ant-laplacienne et possibiliste que Tarde se fait du changement social. Le contraste avec Marx et avec Durkheim est ici évident. Ensuite, par la volonté quill manufeste d‘éliminer les débats oiseux opposant Hindividu a La société, la peychologie a la sociologie. Les faite sociaux ne peuvent étre compris, selon Tarde, que a on en fait le résultat d'actes individuels. Mais cea actes individuels ne sunt pas intelligibles a on ae ec dunne pas le contexte social dans lequel se mout individu. Moderne, Tarde I'est aussi par le voloaté de dunner aux “préférences” des individus le capettére de variables endogénes, sans pour autant tomber dans ke déterminisme simpliste auquel suc- combe Ic suciologisme moderne. Pour Tarde, le contexte social définit un univers de possibles. Cer- taine de ves possibles sunt réalisés par les actes des individus. Remarquable est également la méthodologie propo- eée per Tarde dans le chapitre IV (L archéologie et la statistique). La “statistique’’ cst pour le sociologue, éerit@ dans une de ces formules suggestives qui \ ( parfow sous va plume, comme un “oeil nae", Tarde veut dire que les tablesux | statistiques, lea courbes donnant l'évolution d'un ngnoméne, par exemple de la criminalit traces grossiéres au niveau macroscopique titude d’actes microscopiques. L*“oeil emby de la statistique repére, a un niveau grossie ements et des différences qui ne prendi plement sens qu’d partir du moment oi le soci Zrcsi A pan iologue aura réussi a mettre en évidence la logique des act jndividuels qui les ont produits. Sur ce point, la le tes de Tarde mérite aujourd’hui encore d’étre ‘méditée, Bien des sociologues confondent interprétation socio. logique et ‘analyse des données”. Mais la technique la plus subtile d’analyse des données n’est encore qu’un oeil embryonnaire. Une authentique interpré- tation de données statistiques revient toujours 4 faire de celles-ci la conséquence d’actes individuels. “Une statistique psychologique notant les accroissements et les décroissements individuels des croyances spé- ciales, des besoins spéciaux, créés originairement par un’ novateur donnerait seule, si elle était pratique- ment possible, la raison profonde des chiffres fournis par la statistique ordinaire” (p. 115). * ‘A cété de cette axiomatique et de cette méthodo- logie, les matériaux bruts 4 partir desquels sont cons: truits les résultats des Lois de l’imitation compren- nent encore deux couples conceptuels : le couple croyance/désir et le couple mode/coutume. Croyance et désir sont les composantes de toute action. bs composantes sont en situation “d'interférence “une croyance d’ailleurs attise un désir, tantét ie quelle fait juger plus réalisable Pobjet de ©. "31 tantét parce qu’elle en est Vapprobation™ (P °°" é, vont des @une mul- ryonnaire” , des chan- ront vérita- hologique” de Tarde”, * +6, istic Cf. R, Boudon, “La “statistique psyehO O88 77, in La erise de la sociologie, Patis/Geneve, i | joti: du Grec et du Romaj, “Qu’est-ce que le epee @une illusion @ si ce n’est une passion ion (. « )sune illusion vice versa; une passion, trique” (p. 32). Mode « éjugé authropocentrique : et (- drle pre équivalents tardiens respectivement Fee ametia agrégats et de l'instinct de com. Rare Pareto. La “mode” désigne les cas de figure ot T’imitation a des effets novateurs; la “coy. tume” est limitation reproductrice. Tous les change. ments sociaux que l’histoire observe reviennent une combinaison des deux types de processus : ‘si ridi- cule que soit une école d’art, elle reste en vigueur tant qu'elle n’a pas été remplacée. Le style ogival seul a tué le roman” (p. 176). La critique rationnelle et raisonnable des institutions les plus “ridicules” ne peut avoir aucun effet. Sur ce point, Tarde rencon. tre encore Pareto. Une institution “ridicule” ne peut étre abattue que par une autre institution, La “‘cou- tume” ne peut étre combattue que par la “mode”, La mode que par une autre mode. A partir de ces matériaux, Tarde établit ses Lois : limitation procéde de Vintérieur vers Vextérieur; les “changements législatifs, juridiques, suivent d’assez loin, sans jamais les précéder, du moins s’ils naissent viables, Tes changements intellectuels ou économiques cere yorrespondent” (Pp. 226). On imite ° relgion du pays dominant, et seulement ensuite son art, ses modes de vie, Limitation procéde Setar oe du supérieur & Vinférieur, “De tout meneé par a dominantes ont été ow ont com- toisie vient de cca comme tes” @ ceo a (P. 236). Mais i fant es me civilité vient de cite supérieur, /inférieur are marquer que la distinction ‘©-méme dépendante de l’état de la sont qui tum mod par chré: des # Li délai lui e] coro) “de ¥ Jar eal pre si le blies pris som| mat} qu’i don| soci teur} le tj vent un ave fe la. société. “Dans les pa é . at pas les capitales cetleet ae ce ne qui ont du prestige, comme Ya eee eed ville” (p. 249). La disparition des poe ‘ocque- tumes, etc. procéde de “Tintérieur 4 Textérie ae modéle est frappé au coeur, mais il contin ne 2 ue a vivre par Ja surface’ (p 229). C’est pourquoi les premiers chrétiens continuent 4 s’habiller et A se coiffer comme des paiens. La loi selon laquelle une institution ne peut étre délaissée qu’d partir du moment ot une institution lui est substituée entrafne pour sa part de nombreux corollaires. Ainsi, on ne doit pas s’attendre a ce que “Je progrés de la civilisation ait pour effet de reléguer la religion dans un coin des ames (. . .). Sila religion établie recule, c’est qu’une autre religion inapergue prend silencieusement sa place (. . .)” (p- 306). Ainsi, si le scientisme peut se substituer aux religions éta- blies, la science ne peut quant a elle avoir aucune prise sur la religion. Sans doute les analyses de Tarde sont-elles souvent sommaires et simplement éhauchées. Mais son axio- matique, sa méthodologie, V'importance centrale quill accorde & action jndividuelle, son souct de donner aux préférences et objectifs des “acteurs sociaux une interprétation endogéne en font un 7 teur contemporain. Le charme vieillot de son a 7 le ton mondain de certains développements ne O° * a jel : Tarde est peut-étre vent pas faire oublier Vessentie! siologie un des auteurs qui a défini les bases de 1a 50 avec le plus de clarté. Raymond BOUDON

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