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1.

Fraude et évasion fiscales :

1.1. Etudes de la fraude et de l’évasion fiscales :

La fraude fiscale est définie comme : « une violation directe et volontaire de la loi fiscale . c’est
une soustraction frauduleuse ou une tentation de se soustraire frauduleusement à l’établissement
ou au paiement total ou partiel de l’impôt .

La fraude est différente de l’erreur comptable qui peut porter sur un calcul erroné d’amortissement;
par exemple, qui laisse supposer la bonne foi du contribuable .

1.2. Causes de la fraude fiscale au Maroc :

Plusieurs approches ont été développées pour expliquer et relater les causes de

la résistance à l’impôt, ainsi il est difficile d’affirmer que tel ou tel facteur est

prédominant parmi la longue liste de ceux qui sont traditionnellement avancés

comme, par exemple, l’inadaptation du système fiscal, le refus des contraintes,

l’idéologie, les mentalités, le goût du risque, la conjoncture économique, et le poids de la pression


fiscale

D’une manière générale, les causes de la fraude au Maroc peuvent être regroupées en causes
techniques, politiques, économiques et morales.

Causes techniques :

Les causes techniques de la fraude résident dans la complexité du système fiscal

et dans la difficulté d’évaluation de la matière imposable par l’inspecteur des impôts.

L’obscurité du droit fiscal se nourrit effectivement de la multiplication des textes, de la croissance de


leur volume et du caractère incessant de leur modification.

A ce sujet, des recommandations de différents organismes internationaux

préconisant la simplification et la stabilisation de la norme fiscale.

Au Maroc, La problématique de la fraude et de l'évasion fiscale a été facilitée

par la multiplicité des taux d'imposition, l'importance démesurée des

exonérations et la relative complexité de la législation fiscale. Le système fiscal

a connu des aménagements se traduisant par la diminution du nombre d'impôts et

de taxes, par la diminution des taux d'imposition . Par rapport à la complexité du système fiscal, la
D.G.I est
entrée dans un processus de simplification du système actuel autour de trois

principaux impôts (IR, IS, TVA). L'adoption de dispositions communes a permis

l'avènement du code général des impôts en 2007.

Causes politiques

Pour sa stabilité le système politique fait recours aux recettes fiscales pour

financer les exigences de son environnement en termes de dépenses publiques.

Au Maroc, Les choix politiques d’octroi des avantages fiscaux et le poids fort

des groupes de pression dans la prise de décision fiscale ont attisé la tendance à la

fraude. Consciente de cet état de fait, l’administration fiscale marocaine ouvre,

depuis quelques années, pour la réduction progressive des dérogations fiscales

et la consolidation de l’équité fiscale, à l’instar des actions menées au

niveau international.

Causes économiques :

La situation économique du contribuable affectée par la conjoncture économique commande


souvent son comportement en matière fiscale et peut l’inciter à la fraude.

Ainsi, le niveau de prélèvement constitue un facteur important dans l’incitation

à la fraude. Plus le niveau de prélèvement est élevé, plus l’incitation à la fraude

sera forte.

Par ailleurs, les coûts supportés par le contribuable et découlant de la

complexité des opérations de paiement des prélèvements pèsent sur l’attitude du

contribuable par rapport à ses obligations fiscales. Ces coûts comprennent le

temps nécessaire pour se conformer aux formalités, les frais encourus parce

qu’il faut, le cas échéant, faire appel à un comptable et les coûts indirects qui

découlent de la complexité de la réglementation fiscale ;

Causes morales et psychologiques :

Plusieurs facteurs comportementaux ou psychologiques ont été identifiés comme


ayant un impact sur les comportements des contribuables vis-à-vis de leurs

obligations fiscales :

− La perception des politiques faite de la lutte contre la fraude ;

− Les normes sociales et culturelles, ainsi que les considérations psychologiques

et morales des contribuables ;

− Les interactions avec les pouvoirs publics et l’appréciation des contribuables

envers l’administration fiscale, le système fiscal, voire les politiques publiques en

général.

Les principales raisons de ces comportements peuvent être classées comme

suit :

L’équité : Le comportement du contribuable est influencé par deux sentiments,

à savoir que le système le traite injustement par rapport aux autres et que le

gouvernement fait très peu avec les recettes collectées ;

Différence individuelle : Les individus qui ne se conforment pas aux obligations

fiscales sont souvent de contribuables égoïstes ayant une attitude positive à

l’égard de la fraude fiscale et une attitude négative à l’égard de l’administration

fiscale.

Les normes sociales : lorsque le citoyen croit que l’indiscipline fiscale est une

pratique courante, la probabilité qu’il ne respecte pas lui même les obligations

fiscales serait plus grande ;

Aussi n’est-il pas nécessaire de s’interroger sur la nature même de cette fraude

et sur les différents moyens qu’utilisent les contribuables fraudeurs pour éviter

l’impôt.

2.3. mécanismes de la fraude :

Les mécanismes de fraude vont des actions les plus simples aux montages les plus complexes :

La dissimulation ou la minoration de recettes et sous facturation : Il s’agit

d’occulter à l’administration fiscale l’existence d’une activité économique ou la


perception d’un revenu.

Les fausses justifications : Une deuxième grande catégorie de fraude, plus

élaborée, consiste, pour le contribuable fraudeur, à chercher à travestir la

réalité de sa situation de façon à minorer le montant d’impôt normalement dû.

Le développement des montages : A l’inverse des catégories précédentes, la

dernière grande catégorie de fraude est beaucoup plus sophistiquée : de

complexité extrêmement élevé, d’autant que, pour les grandes entreprises, ils

comportent souvent une dimension internationale et s’inscrivent dans des

structures de groupe elles-mêmes complexes. En matière d’impôt sur le revenu,

les montages visent souvent à tenter d’échapper à l’imposition des plus-values.

Prix de transfert :

L’internationalisation des activités économiques a conduit les entreprises à agir

de plus en plus indépendamment des frontières. Le mécanisme des prix de

transfert, bien connu des multinationales, consiste à manipuler les prix des

transactions entre filiales d’une même entreprise afin de diminuer l’imposition

dans le pays de production et/ou de destination.

Ainsi, du pays de production, une marchandise ou un service est exporté à un prix

sous-évalué vers une filiale installée dans un paradis fiscal ou autre pays à bas

taux d’imposition, filiale qui le revendra à une autre branche de l’entreprise dans

un troisième pays à un prix surfacturé. Le bénéfice sera donc déclaré dans ce

paradis fiscal où il sera peu ou pas taxé.

Paradis fiscaux

La liberté de circulation des capitaux, la rapidité des échanges, la concurrence

fiscale, la faible fiscalité qui est appliquée dans certains territoires, l’opacité

juridique et bancaire ou bien encore les nouvelles technologies sont autant

d’éléments qui constituent les principaux ingrédients de ce phénomène qui touche

tous les pays et qui affecte particulièrement les budgets publics et sociaux.
Paradis fiscaux et judiciaires existent toujours, le secret bancaire perdure, il

est toujours possible de monter des sociétés écran, et l’échange d’informations

est extrêmement limité, surtout lorsqu’il s’agit de fraude fiscale.

Compte tenu de la diversité des législations fiscales, qui restent nationales, et

face à l’internationalisation et à la mobilité croissante de l’activité économique, la

question est de savoir si l’administration fiscale (dont les missions restent la

gestion, le recouvrement et le contrôle de l’impôt) s’est suffisamment adaptée ou

non. Plus que jamais, le contrôle fiscal des opérations internationales est

nécessaire.

Au niveau de l’administration fiscale marocaine, Les cas de fraude constatés

lors des vérifications des comptabilités en matière de L’impôt sur les bénéfices,

la TVA et les droits d’enregistrement ont permis de dégager les procédés des

irrégularités frauduleuses les plus fréquents :

• Les fraudes sur les comptes de gestion en matière de l’Impôt sur les bénéfices et TVA les procédés
de fraude constatés sont : La minoration des produits, la majoration des achats, l’évaluation fictive
des stocks et travaux en cours, la comptabilisation de charges fictives non liées à l’exploitation,

• La fraude sur les comptes du bilan :

- les anomalies et irrégularités de l’actif: immobilisations fictives, provisions non justifiées, taux
d’amortissement élevé..;

- les anomalies et irrégularités du passif : provisions non justifiées, dettes et autres créanciers..

Les technologies de l’information et de la communication peuvent faciliter la

fraude fiscale. En fait, la tâche des fraudeurs est incroyablement facilitée à cause de la généralisation
des technologies de l’information et de la communication (TIC) au sein de notre économie et de
notre société. Le commerce électronique et l’internet, la comptabilité informatisée et d’une manière
générale la dématérialisation de l’économie constituent de véritables opportunités de fraude.

- La lutte contre la fraude fiscale au Maroc

1- La stratégie du contrôle fiscal

Le contrôle fiscal ne peut être une finalité en soi, il procède d’une vision globale

qui contribue à instaurer la transparence dans les obligations commerciales, la


concurrence loyale entre les entreprises et réaffirmer l’égalité des citoyens devant l’impôt. Ainsi, le
contrôle fiscal devrait être conçu comme un outil d’accompagnement du développement de
l’entreprise, lui offrant en plus un service d’audit fiscal.

L’administration fiscale doit définir une politique de contrôle fiscal responsable

et acquérir les moyens de pilotage de sa politique, en vue de lutter contre la fraude fiscale.

Le dispositif législatif

La mission de contrôle fiscal au Maroc, s’opère dans le cadre des dispositions légales prévues par le
Code Général des Impôts, adopté en 2007.Le cadre législatif du contrôle fiscal s'appuie sur un
dispositif important de moyens légaux, assorti de sanctions pour lutter contre la fraude fiscale.

On citera :

- Le renforcement du droit de communication qui permet de recueillir tout renseignement utile à


l’assiette et au contrôle de l’impôt ;

- Le contrôle de comptabilité et de la situation fiscale d’ensemble permettant de s’assurer du bien-


fondé et de la sincérité des déclarations souscrites par le contribuable

- Le droit de constatation : Il s’agit de contrôle sur place de la facturation et de l’existence matérielle


des éléments physiques de l’exploitation pour rechercher

les manquements aux obligations prévues par la législation en vigueur.

- Le paiement obligatoire par chèque au-delà de 10.000 DHS pour une meilleure

traçabilité des transactions opérées par les contribuables ;

- Les sanctions pécuniaires ou pénales applicables en cas de manquement aux obligations fiscales.

- un contrôle sur pièces initié par les services d’assiette dont l’objet vise à s’assurer que les
déclarations fiscales souscrites par les assujettis ne présentent pas d’irrégularités apparentes. Ce
contrôle permet également l’identification des

contribuables défaillants au regard de leurs obligations déclaratives et de paiement de l’impôt ;

- un contrôle approfondi matérialisé, soit par une vérification de comptabilité

sur place lorsqu’il s’agit d’entreprises, soit par un examen de l’ensemble de la

situation fiscale, s’agissant de revenu global des personnes physiques soumises à

l’impôt sur le revenu.


2. Les actions et les mesures envisagées

Le système d’analyse risque : pour une meilleure programmation du contrôle

L’usage des outils d’analyse de risque (risk management) permet de classer les contribuables selon le
degré de transparence fiscale.

Les contribuables qui se conforment à la loi bénéficient d’un traitement différencié. Le degré de
transparence est mesuré aussi bien par la conformité aux obligations fiscales que par les résultats du
contrôle.

Collecte et exploitation de l’information

Pour réussir ses interventions, l’administration fiscale doit mobiliser le bon renseignement. Pour cela,
elle doit d’une part se doter de structures d’enquête et de collecte de renseignements à l’échelle
régionale, coiffée par une structure centrale d’analyse et de synthèse et équipée de technologies
d’informations appropriées et d’autre part, développer la coopération et l’échange électronique de
renseignements avec les partenaires internes et internationaux.

Améliorer l’organisation et la qualité du contrôle fiscal

Pour réaliser ces objectifs, l’administration devra s’appuyer sur des équipes de vérificateurs experts
et crédibles, formés dans toutes les disciplines en rapport avec le droit des affaires et sensibles aux
valeurs d’engagement et d’éthique.

Pour couvrir l’ensemble du tissu fiscal, il est nécessaire d’augmenter l’effectif des vérificateurs et de
doter les Directions Régionales de brigades de vérification. Leur présence constituera un facteur
essentiel de dissuasion.

L’administration favorisera également le contrôle d’assiette en assurant des formations et un


encadrement approprié aux gestionnaires des dossiers présentant le profil adéquat.

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