You are on page 1of 50
m0 u it : POSTFACE GABRIEL TARDE: UN VITALISME POLITIQUE DeV’hymen du monotone et de Ubomogene que peut-il naitre si ce n'est Vennui ? Si tout vient de l’identité et si tout y vise et y va, quelle est la source de ce fleuve de variété qui nous it? éblouit G. Tarde 1. chose est une société, tout phénoméne est un fait (S, 58) — avec cette formule 4 double détente, on véritable cri lancé par Gabriel Tarde contre de la sociologie comme science de chose, tout phénoméne est un fait sion atomique », ce phénoméne natu- dont Tarde n’hésitera pas 4 affirmer forces « psychologiques » et 0 Pee 104 ie de Leibniz, Tarde rapproche onadologi inde ra : ieee entre le monde vivant et le monc entre « nature » et « société », entre philosophi et éthique. L’étre est ainsi Refins Pe un ae m. qui nous achemine vers un psy° snub 2 ‘ia Ce qui allait préter 4 toutes les méprises qu: du psyehisme et de la force psychique chez. ple le plus remarquable en est fourni par l’éco] mienne qui n’a cess¢ de dénoncer les théses de T le danger par excellence du psychologisme en Nous affirmerons ici que le concept tardien n’a rien d’anthropomorphique en montrant que | de Tarde doit étre comprise comme une thé sance, des forces, des affects et de leur expression. logie est une « sociologie psychologique », c’est au sens 0 le phénoméne psychologique est une « bifurcation » et v «métamorphose » de la force originaire qui est affect Comme chez Nietzsche, il faut comprendre le mon comme une réalité de méme nature que celle de nos d et de nos passions. De la réduction radicale de Punivers 4 un ensemble de monades (en tant que forces affectives), toutes sentantes, voulantes et croyantes, Tarde arrivera aux corps par un Processus de constitution éthique. Toute chose, tout corps est été dans la mesure od les forces affectives se composent et s’agrégent selon des échanges de ent et dobéissance déterminés par les différen- ance les définissant. Les monades dominantes lois aux monades dominées — qu’il s’agisse © conquerant », de l’Etat ou d’une Nation. Il n’y r Lois que des lois sociales, des compositions ginalité de la sociologie de Tarde repose sur cipe qui l’induit A investir un vitalisme affectif sme politique, Vie, différence et force sont ee qualifiées comme phénoménes sociaux ¢ cn de différentiels de puissance, et donc a& Sensuit que le « bio-pouvoir » chez Tarde Pace eres que, ure fue] I ure ei- ne ne ie ory ences postface 105 ne signifiera pas, comme a ult, gouvernement pall fique de la vie, car c'est la vie qui est directement, diatement politique. ee L’actualité étonnante dela sociologie de Tarde réside dans sa tentative dexplication des phénoménes sociaux et psy- chiques sur la base d’une ontologie des forces affectives (ou «psychologiques ») et des relations de Pouvoir qu’elles expriment. Si les résultats ne sont pas toujours a la hauteur du défi qu’il lance, et se lance a lui méme, intuition métho- dologique qu’il nous transmet est d’une richesse incompa- rable eu égard la tradition sociologique qui a affirmé sa domination en interdisant toute référence 4 son ceuvre. C’est pourquoi nous pensons que les « sciences sociales » auraient tout 4 gagner A reprendre 4 nouveaux frais |’étude de la sociologie de Tarde en faisant fond sur le monisme affectif et la « causalité » toute particuli¢re qu’il implique avec «l’action 4 distance ». Elles pourraient y trouver une nouvelle impulsion pour interroger les mutations actuelles du travail, de l’activité communicationnelle et de la subjec- tivité, . Mais on ne cernera pas la nouveauté et l’originalité de la sociologie de Tarde sans la réintroduire dans un courant de pensée qui, passant par Leibniz, Nietzsche et Bergson, pour aboutir plus prés de nous 4 Simondon et Deleuze, Se un « nouveau naturalisme », un matérialisme de l’incorporel et du virtuel. immé- 2. 2 sa ciate ak bordination du En reprenant le projet leben Tarde cartésien a un dy ; aie de dyna- ants 106 Je monde des mons sique, la « monade tance et V’identité de } méme tout le contraire : la f et la métamorphose de mutltiplicité et dans Phétérog passant comme si, 4 ob: le coeur de la science contem les résultats de la recherche scien Jes conditions pour une critique et monadologie leibnizienne... « La Punivers, 4 multiplier indéfiniment ayant «pulvérisé l'univers, [elle en] inéeessairement sa poussitre » (MS, Vinfinitésimal redevient ainsi la « c ouvre sur l’infini comme infinité des fore lument immanent, un < infini réel » selor Tarde, qui, sans plus renvoyer & la transce nité, remet 4 ordre du jour la question du ei onime en sa finitude ». « Tout vient d et, ajoutons-le, il est probable que tout y retourne Tarde, cette manitre de voir est destinée } produire en so logie la méme transformation que celle produite ¢ matiques par l’introduction de Panalyse infinitésimale Saisir Vinfini dans le fini, et le fini dans Pinfini, devie He but dela science (et de la sociologie). Et plus elle rey sera les limites de Panalyse, et plus les éléments infinités maux qu'elle découvrira perdront de leur homogénéité et fiat; On pensera ici 3 la remarque de Nietzsche Seemaiele il est vain de parler d’atome, ou de monades Pevilent on ute ue relatif. Les éléments les plus simples en effet ‘ne complexité croissante de forces et 4 Be tnfinitésimales, « Les éléments derniere auxque! Science, l’individu social, la cellule vivante » Les Lois sociales. Esquisse d'une sociologie, Paris, Félix Alea chimique, ne so particulitre » (MS, 36). Ta ‘ a plus sur cette ligne parome science P ne s'arreter’ Mais comment 2 x? Ils ne peuvent pas, explique: el pésimau: Jeur « limite et leur en veut il semble qu’ils aspirent 3 rayor seq Theure ot la cruelle expérience fait un devoir de se clore pour se garantir » (MS, 37) "Tarde reprend A la philosophie du xvur siécle, et notam- ment 4 la philosophie de Leibniz avec sa formalisation du meal infinitésimal', le concept de limite: non plus consi- Ser la «limite » comme contour, «enveloppe> de la forme, mais comme la limite de l’action d'une force. Une force tend ala limite de ce qu’elle peut. Déja les stoiciens, dans leur définition de I’étre, avaient opposé au couple forme-limite, le couple de l’action et de sa limite. La limite dela graine, diront les stoiciens, est déterminée par la limite de son action et non par les contours de sa figure. Le germe, écrit Tarde en reprenant cet argument, tend sous l’impul- sion de sa force 3 la limite de ce qu’il peut, cest-A-dire a la réalisation de son état adulte. Ces éléments de plus en plus in découverts par la science ne son! forces. Les « petits étres infinitési et les « petites variations infinitésimales » id risent sont des « actions ». L’essence méme de toute monade eae ea Ifa leur « force est définie par Dactivité (MS, 56). Définis par le outs rayonnante », les éléments infinitésimaux ne SO” 1 yppe, mais p: finitésimaux (ou monades) t pas des choses, mais des maux » sont des « agents » qui les caracté- SOP és sa raison fe tems 1. Gf J. Millet, Bergs seal infininsimal ole TBO cele DUE oi Miles Ber Soc prokond de poste tasonnemnets par passage dla limite :c2 *7PC 22 Pete sans ave ae de Vesprit vers son objet, tension infiniment M470 gurait plus ens Te eects Som Obit iene die arteinte 2 ception oe end infinitésinte ao ci gration classique > ag ones on ode Find 5 Saul ration, clasigue™ Chtalieme: «PASS onde sur une critique du matérialisme de Vidéalise se statigue 4 Un? visble A la différentiel, c'ese2edire d'une SOT doctrine du devenir. » Postface , me chimique, ne sont derni, science particuliére » (M: ne s'arretera plus sur c Mais comment caracter ésimaux? Ils ne peuvent pas, expliq eur «limite et leur enveloppe, mais par leu Pod il semble qu’ils aspirent rayonner jusqu’a Pheure ott la cruelle expérience des o fait un devoir de se clore pour ndéfiniment * . garantir » (MS, 37). Tarde reprend 4 la philosophie du xv1r sitcle, et notam- ment 4 la philosophie de Leibniz avec sa formalisation du calcul infinitésimal ', le concept de limite : non plus consi- dérer la «limite» comme contour, «enveloppe» de la forme, mais comme la limite de l’action d’une force. Une force tend a la limite de ce qu’elle peut. Déja les stoiciens, dans leur définition de l’étre, avaient opposé au couple forme-limite, le couple de I’action et de sa limite. La limite de la graine, diront les stoiciens, est déterminée par la limite de son action et non par les contours de sa figure. Le germe, écrit Tarde en reprenant cet argument, tend sous l’impul- sion de sa force 3 la limite de ce qu’il peut, c’est-d-dire a la réalisation de son état adulte. ? Ces éléments de plus en plus infinitésimat découverts par la science ne sont pas des forces. Les « petits étres infinitésimaux » sont ¢ et les « petites variations infinitésimales » qui le a risent sont des « actions ». L’essence meme de cote est définie par l’activité (MS, 56). Définis pe aa rayonnante », les éléments infinitésimaux 11 ux (ou monades) choses, mais des nt des « agents » s caracté- aa sison et le temps, =a ital om le ee ee 1. GFJ, Miller, Bergson et le caleul infiniti fini PUR, 1974, ; rt profon se une censio? UF, 1974, p, 138: «Le ressort pt Se suppose Ut taisonnement par passage ala limite: ce tyPe 4° POPE Sans que jamais of de Pesprit vers son objet, tension infiniment MAN uraic plus vension infiniment ME aural ae he ceste, Sans quoi, st la limite était 219. conception 2 fe Find , Mais opération, lasiaver 4. déalisme: . Mas la « pense na eel nheeerulan, ne egalisation de l’unité hétéroger ation de la différence dans une égalité nume- z aa tiesto wi réduit la différence de quant quantité. Tard. nes » de la puis, = Nombrante sa; Sance peuvent s’additionner hors ins que les différences de quantité ois sociales, op. cit, p31. Postface 121 ry annulent. Soit Vexemple d’une armée comme add dactes de désir et de croyance : « Une armée n’est d a un simple total, comme les chiffres de Ja statistique do es unités sont homogénes ; elle est un tout comme un ae vivant, Elle est un nombre si l’on veut, mais un nombre vrai, objectif, qui reste tel hors de la Pensée nombrante, = La différence entre un nombre vrai, objectif, et le apne de la pensée nombrante réside dans le fait que les « unités hétérogénes » et leur composition/combinaison recélent une « virtualité » qui différe toujours de son actualisation ; or «la portion non réalisée de ces virtualités est quelque chose » de réel*. Cette « virtualité », Propre a toute quantité de puissance (désir et croyance), n’existe pas dans les « unités homogénes » de la pensée nombrante. I] n’y a pas de «mesure commune » au sens de la pensée nombrante car il n’existe que des différentiels de puissance. Les puissances sont « hors mesure » et peuvent pourtant étre comptées sans perdre leur singularité. En sorte que ces différences de quan- tité expriment des différences de qualité’, Ce probléme de la « mesure » se pose pour toute quanti- fication des « forces », aussi bien dans I’économie politique* que dans la psychanalyse’ (au moins a ses débuts). .G. Tarde, « La croyance et le désir », op. cit., p. 275. 2. Ibid, p. 278. ieee 3. Nietzsche, iei encore, aide 4 comprendre ce que pouriait dre une sociologie se proposant de construire des séries eancatives dela pusaace: nae ités [. Tes dire que les rapports de grandeurs, ponte bilité fitexintence quiils nous oak, on des qualité» Cf F- Nietasche, La Volonté de puisance 0p. cits D2 MeeOe lb aerie liciges nove 8 appr dans une ceraine men ‘ on dite e esatislaire > of G. Tarde, op. cit., p. 16. ientifique & la psychologie “sonnet un fondement scientifique mh fs quantils sbi ee ney ine sorte ferent ani, dag es ee po oa forme Erne 122 i onc | 1 La statistique sera donc la qutant qu’elle se proposer et |e vec p rendr € nom nature il fay > mesu et les hiffres rentes, lattari, chique eption jon de hizoa- postface 1 des sont des « agents» et les variations g fies «actions», si les mona yes reamltiples et virtuels, si élén jnterne de différentiation, c’es etre est le lieu de hétéropéndité et fpfité. «La diversité, et non Punité, est Hoses» (MS, 78). «La vérité est que la diff fant, que le changement va ch eeu eee ginsi pour but a eux-mémes, le changement et la différe ; attestent leur caractére nécessaire et absolu » (MS, 69), Lhypothtse de départ de Tarde consiste 4 identifi Beet cele Gin de tou ecre avec sa difftrence careakin tique, de sorte que la différence n’aura plus d’autre finalité quelle-méme. «Exister c'est différer», L'identité n’ex qu'une espéce, et une espéce infiniment rare de différence, comme le repos n’est qu’un cas-limite du mouvement L’identité est toujours posée par la force et devra étre congue comme un simple état transitoire, un moyen au service dune différence encore plus riche. : Comme en écho 4 la critique nietzschéenne de Spinoza, Tarde n’identifie pas le désir ou le besoin de « conservation de soi» au fondement de l’étre. « L’objet du désir ou son effet, action, est toujours un changement, mais pas un changement quelconque, mais un changement de plus en plus nouveau, changeant et rénovateur, déterminé, par les changements antérieurs ou postérieurs de Petre qui agit et par les changements extérieurs des autres bares. »! C'est cette hétérogénéité qui permet 4 Tarde de critiquer Putilité, la finalité et harmonie. L’utilité, la finalité et Uharmonie ne sont ni les causes, ni les buts, mais seulement les my ea les effets d'une différence toujours plus grande et Pt Comment et & quelles conditions le pou St ee ee Crest la question 4 laquelle se propose “° Ee logie de Tarde. mona quent force int rence. au coeur des ence va diffé. a Beant et qi Bssais et mélanges sociologiquess 1G, Tarde, «La variation universelle»» ©. cit., p. 391. 124 Tarde méne jusqu’a tialisation de I’étre en retu temps comme des catégo atomistes et des monadolog mes comme « nagean méme temps » indé ats ¢ dans la monadologie réalités liges & l’acti composition de leurs force Létendue et la durée de nos sens: quantités apparentes qui traduiser nel silesdeux seules quantités vraie et la croyance. Nous avons objectivé en tniqueer identique notre faculté de croire mer et de nier, de reconnaitre et de disc Jogiquement et systématiquement. Et la sci Par la découverte newtonienne de |’att a distance, méne A cette conclusion. « C ments matériels], jadis regardé comme un point, dey sphtre d'action indéfiniment élargie et toutes ces sphires ¢ S‘entre-pénétrent sont autant de domaines propres a cha élément, peut-étre d’espaces distincts, quoique mé! lent pour un espace unique » (MS, 57 [s Selon le méme principe, Tarde préfére parler des laque monade, expression directe de leur désir, senun temps unique et identique ; « Et ne dirait-on n qu apres avoir objectivé en notions de forces o> vorux, nos actes de désir, nous avons objectivé de désirer et de repousser, notre moi volontaire notion de Temps, sorte de Désir universel, sans bj 3 , Position universelle, op. cit., p. 186-187. 7 125 Postfece js das lors que la désubstantialisation de pete réduire le réel 4 un champ de fae a | fiés dynamiques en rapport de tension un oe antites dynamiques dont essence n’est ae quel leur Pétre est pou su bran. | ip atc toutes es autres quant equ pac Si A temps ne gont Pe i categories a priori, comment expli ae e on Jes régularités des lois naturelles, la persistance des oho A . ménes eect et la contrainte qu’exercent les lois soc ees les? Ce prol pee hantait déja les systémes monadologique Picde: cae: le monde ayant été pulvérisé « en une multi- Rainn? plicité d’actions émanant une multiplicité Pagents », tous indépendants et tous autonomes, comment rendre pee a He cles du fei ce ce éléments renoncent 4 «la liberté sped isi x implique leur éternité » pour entrer dans l’association et Bde, i le regroupement ‘des phénoménes ? Les matérialistes doivent Be i «inyoquer Jes lois universelles (...) sorte de commandement Poin | mystique » GMs, 56) ‘pour expliquer l’association/combi- ir: } naison des éléments simples ; quant 4 Leibniz, il devra for- onner i muler Phypothése de ?harmonie préétablie pour expliquer néme, __ Paccord universel des phénoménes. ction Renvoyant dos & dos les hypotheses atomiste et monado- es élé- logique, Tarde pose que la déduction des corps du monde it une des forces affectives et de leurs différentiels de puissance ne es qui peut tre qu’une déduction éthique. Si Jes éléments infini- aque tésimaux sont tous libres et indépendants, si les monades nous sont toutes sentantes, voulantes et croyantes, seules des rela- ligné tions d’obéissance et de commandement peuvent expliquer des accord, In stabilité et la répétition des phénoménes. Ifa chose est une société, que tout que « toute ‘est un fait social », ‘qu sens oil tout corps est une 126 3 des phénom vivantes, COP’ assé leur fa asservies, m comme leurs 4 universelle rité, physiq: des mouverr monades sur Les trois ty ratrice et imit et donc les quani résultats des rapports ¢ principales formes ¢ de gouvernement et d’ir lieu 4 ces trois sortes d’ rayonnement vibratoire, | : gion de exemple » (MS, 96) P ce passage, c'est que Tarde s d tive a la question de Nietzsch ¢ n’estelle pas également le m« t Pour Tarde, les « lois nature ¢ et non Pinverse. Ou pour | utrer ; atomes soient soumis a des lois universelles. atomiques qui doivent ére concues comme 1s dune organisation politique des rapports « conquérants et atomes soun Les choses ne sont donc pas seulement des corps actions, comme |’affirmaient déja les stoiciens, mais @ des sociétés. « Des sociétés animales, des sociétés cellulai Pourquoi pas des sociétés atomiques ? » (MS, 58). La so Mest pas Un « organisme » ; c’est au contraire l’organis qui pee 4 lorganisation politique de la cité ae ces aaa méme un « fait social », FippOR Rect analyse on trouvera Soo S, des variations entre forces. AY l Les trois rocédés lonnent riale : le | conta- le dans i posi- issance nique ? forces ue les les lois iltante tomes postface : 127 8 monade tend-elle 4 composer sa force avec d’autres mona- des pour augmienter Sa puissance. « Livrée 3 elle-méme an monade ne peut rien. C'est 1a le fait Capital, et il sert immé. diatement 4 en expliquer un autre, la tendance des monades fee assembler » (IS, 66). Le corps et son régime de nécessité est lig & la nature Jurielle de la monade, comme son étre est dépendant d’une multiplicité de rapports de pouvoir. Que signifie le fait que toute activité psychique est lige au fonctionnement d'un appareil corporel ? La réponse de Tarde tient au fait que «Dans une société nul individu ne peut agir socialement, ne peut se révéler d’une fagon quelconque sans la collabo- ration @’un grand nombre d'autres individus, le plus souvent ignorés du premier » (MS, 66). Le corps, selon le vocabulaire guerrier de Tarde, est le résultat d’une bataille que se livrent les monades : « On peut dire que la forme actuelle de nos corps, la pondération mutuelle de nos organes, est en quelque sorte le tracé d’une frontiére aprés une guerre, le résultat momentané d’un traité de paix. » Le corps, selon une suggestion de Bergson, se comporte 4 la fagon d’une « machine a agir » qui se recons- truit tout entiére pour chaque nouvelle action, comme s'il était de caoutchouc. Le corps se métamorphose parce que Porgane «n’est qu’un serviteur de ’individu, lequel n’est essentiellement qu’une variation ». Et la machine organique accompagne la métamorphose de cette eae : Seas @hui prédomine le besoin de connaitre et le volume cu cerveau s’accrott de jour en jour... >! % . . Punion cts iad absolument divers, comment sehen ie admee une scale réponse 4 ote wee t « agent régir tous les autres pour Il faut voir dans chaqe univers en projet ». Selor n’est plus con cosme », mais le cos un seul étre. Le meilleur et la croissance d celui d’acquisition « La monade est par d port entre rappor différentiels de pouvoir: | comment qualifier cette différence prédicative selc tion, mais d’une différence et @obéir, dans la puiss: Ja force peut. L’attr selon les modalités du verb séder et de commander aux dantes et propriétaires. « La v: taire quelconque, c’est un ensemble d’ SM sce, chaque mol exemple, a pour propriété physique mots tels que I’étendue, la mobilité, etc., mais toutes auttes masses, toutes les autres molécules » (MS, 88) ‘Commentant ces passages de la Monadologie tardienn Gilles Deleuze fait remarquer que le concept d’approy tion, chez Leibniz dé, est directement lié \ la nature capitalise. Crest le verbe avoir et non le verbe étre qui Peut exptimer la formation et la croissance d’un étre quel congue, «De ce principe, je suis, impossible de déduire malgré toute la subtilité du monde, nulle autre existenct Gielethlenne; de la, la négation de la réalité extérieute rece @abord ce Postulat j'ai comme fait fondamental, oe a sont donnés la fois comme inséparables[--] a eux Cogito ergo sum, je dirais volontiers : ke HE erois, donc j'ai » (MS, 86). La science elle-mém* que dan: nig 1 Posy i. efece face 129 tition y. fait d’énormes progres depuis gy’, le le pas fa A prog: puis qu’elle s'est ré, nven. sget-elle Ps Span a € s'est réso. a ance, a espliquer les phénoménes par des Propriétés et non > «Un ites ? 1 des en! oe pn Bponade Depui des milliers d annees, on catalogue les diverses “ “ole anidres d’étre, les divers degrés de l’étre, et Pon a jamais ec Par i ridée de classer les divers degrés de la Possession » (45 x , ee : (MS, aséquens $9). La philosophie a investi le verbe etre comme une véri- table pierre philosophale parce qu’elle a une conception n «rap substantialiste de Vétre. Mais que le monde soit ensemble ont de. des forces affectives et de leurs Tapports, et seules l’appro- ©. Maj riation et la possession pourront l’expliquer. : ara. « Chacune d’elles tire le monde a Soi, ce qui est se mieux attribu _ saisir elleméme. Elles font bien partie les unes des autres, “oly ee. mais elles peuvent s’appartenir plus ou moins, et chacune Be déelles aspire au plus haut degré de possession ; de 1a, leur a) e concentration graduelle ; en outre, elles peuvent s’appartenir . ad de mille maniéres différentes, et chacune aspire 4 connaltre 16 a - de nouvelles maniéres de s’approprier ses pareilles » (MS, 93). n- oprié- aires 5 10. » par n des Dela nature de la force affective, Tarde extrait une théorie es les du pouvoir, révolutionnaire pour son époque. Les rapports de commandement et d’obéissance que les forces Sprints ne doivent pas étre interprétés selon le rapport Eat : maitre et de l’esclave, car les monades sont toutes « Beta «indépendantes » ; elles produisent et reproduisent une Vité qui est toujours « causa e : ‘monades-chefs dépendent & leur sui ». Sile monde est une pluralité dé forceaiiidesechineantles I tone Aeponatel abordonates Les maitres ies ce subalternes & leur tour, dira Nietzsche jce que mera en disant que les monades « s'entreP 130 La libert relations de po’ +é et l’autonomle des monac voir qui se fondent sur < salité par laquelle une monade S donnée par la nature de l’énergic se gelon les modalités du contact ou « les modalités de ce que Tarde appell 4 savoir I’action d’un esprit sur un au psychique sur une autre force psychi done pas les relations de pouvoir ents Wiolenee exercée par un corps sur un au tion de la nature des monades et de la dela fforce affective, le pouvoir ne contrainte sans faire appel a la sug; On n'a vu que la moitié de cette v quand on a dit que la caractéristique des d’étre contraints et forcés. C’est méconnait: spontané dans la plus grande part de la créd docilité populaires. »' Tarde signifie ainsi que le pouvoir se constitue po: ment ~ et non par interdiction et répression. $’il fa ples Beets » des forces, il se construit surtout sur 4 leur « spontanéité ». La « suggestion » indique le pouvoir opére tout d’abord sur la crédulité (croyance) sur la docilié (dést). Ilse fonde sur les « deux puissances de lame. Tarde, aprés avoir longuement i acs Reeommandement et dobé: insisté sur les rela- et Pavidité inséparables de la bssanceaus.le aaa ces relations de pouvoir ne a cee des forces pet maniére de celles qui Raa Beas secesearupiis: © armée. L’action d’un esprit oe siete, Saemmle, cans icommelmodéle la a suite doit prendre plutot Prétres exercent sur les fj Weteeetaeeg ct autor’ les fidéles?, « On se convaincra qe Péchange du commande z i eer cng Foie E le Bias tt Limitation, op. cit., p. XI. i mde Is they ote de Foucault est évident dans la mesute oY rie du pouvoir s’opére par le biais d'une f Ositive- it fond t sur la ue que nce) et ances » 2s rela- ession se que 2s Ala $ une lutdt é que a que postftee _ plabuse Po! ? A que pel 0s nomenes sociétés plutdt des éléments dans Va je gouvernement nt des biologi qoins en profondeu forces affectives. L’armée n Je conscrit de la méme fagor cellule alimentaire ou la conver éducation militaire ne pénétr cceur » (MS, 100). La supériorité du p sur cette capacité A mobiliser moins le: es et leur sentations que des affects et des puissances. : Que I’on puisse « pénétrer jusqu’au fond du cceur » sign: fieil que toute « résistance » est impossible, et que l'on ne pourra plus se soustraire 4 la relation de pouvoir qu’impli- juent les forces affectives ? Ce serait mal comprendre im sociologue, car le désir et les forces affectives ne fondent pas seulement les relations de pouvoir, mais aussi la « résis- tance » aux relations de commandement et d’obéi X repo: S repré ssance. « Toute espéce vivante veut se perpétuer sans fin, il y a quelque chose en elle qui lutte pour la maintenir contre tout de la «volonté de puissance » nietzschéenne (pathos). On retrouve dans les écrits di lu « dernier » Tesquelles T: téristiques de la force et du pouvoir par «Le pouvoir de commandement et de possession. qui n’agie pas directement et immeédiatement sur les leur propre action [~ Jeux essais su Paul Rabinow, Michel Foucault: #n p. 313, Une force s’exerce sur une no pour induire un mouvement. Le pouvoir se définit done par bret » des conduites. Le cault, « sollicter, & inciter, A « sugg: gouvernement plutdt que de V’affrontement, «sujets libres, en tant qu’ils sont libres », 7] Le pouvoir est une actio 3 Tes sujets et le pouvoir», i parcours pil xérer > ie ant divers p de possibltés autorisant diver Toe liberté » du Péghse Qe est ainsi consid ort sophigs Tutre force moins pour ‘arde définit crest autres, mais yn sur J’action », in Hubert L. pouvoir est pouvoil ils ont Foie reavoie au BOUT en tant que force affective Foucault toutes les car: Jes relations t un mode d'action qui agit sur of M. Fou- Dreyfus et me, Gallimard, 1984, Ta détruire que sa capacité de lordre du ir stexerce sur des 132 ce qui s’efforce que Tarde, tous le ‘nisme social, le mé Je mécanisme stellair « révoltes internes ». Comme et la métamorphose infir persévérer dans son état ? Cor mandement des monade lois ? Pour rendre compte comment les relations de monades. Un changement, ur ent et une différence da dement et d’obéissance, et donc tion et de hiérarchie entre des mona monades subordonnées. L composition/répétition des 1 « leurs éléments composants, sold incarnation temporaire de leurs lois. de la dissoudr ands m ands méc anism\ qu’ils constituent » (MS, 80). e de |’étre infinitésimal entrant dans corps n’est pas déterminée unilatéralement la forme d’« association » dans laquelle il est cap lation de pouvoir qu’une monade-chef imp es dominées n’épuise pas la nature de la mor nine. « Les attributs que chaque élément doit 3 son lon dans son régiment ne forment pas sa nature tre ; il a dautres penchants, d’autres instincts qui nt d’enrégimentations différentes » (MS, 80). a surtout d’autres « penchants », d’autres « ins- Se produisent du fond de la monade. Il y a, 02 “cause interne de différenciation » qui est cause nents et de transformations continus. Mém¢ hef pouvait enrégimenter tous les penchants monade dominée, elle ne parviendrait pa‘ toutes les virtualités. L’élément infinitésimél > €xp] poset nade) pent stappuyer sur cette cause interne de dif (09! quilui vient « de la substan . catimiuelle il peut s’'appuyer pour lutter sective> plus vaste, mais moins prof de 3 tien» OS; 80). ql faut ear que cette « substance propre et f entale » n'est pas une substance lbasecre eee it, Elle n’est pas quelque chose d’individué, mais le eh jncorporel qui double en permanence at de leurs relations actualisées. L’actualisation d’une virtua tr wépuise pas le fond préindividuel de la monade. Comme le dira Simondon, il reste toujours une « eae Petre », car l’étre, en raison de son potentiel, n’est jamais jdentité mais « plus que Videntité, plus que l’'unité ». S’il n’y avait que du « social »', affirme Tarde, les sociétés resteraient dernellement immuables. $'il n’y avait que de V’individué, il n’y aurait pas de changement. Chez Tarde la résistance s’exerce contre les formes de domination actualisée en puisant dans la source de créativité et de changement qui constitue la réserve pré-individuelle de Petre. «Une molécule organisée appartient 4 la fois & deux mondes étrangers ou hostiles l'un 4 Pautre. Or, peut-on nier que cette indépendance de la nature chimique de leur nature organique des éléments corporels a l’égard de | re Ora nous aide A comprendre les perturbations, les déviations, . refontes heureuses des types vivants ? Mais il semble io faut aller plus loin et reconnaitre que cette i a8 rend seule intelligible la résistance? de certaines pot : int héréditaire, ¢t organes 4 Pacceptation dS. PY eq: ie a coleion nécessté ol se trouve parfols 115 cer enfin pat shh des molécules restées dociles, enir le monde des corps iere acceP- ae : Be bee Le en eae seen soca» fe engiobe eso oe éfinit un social 0 5 ae dit, consruit sur Ia base du bre ane ei 2. Chez Foucault, par contre, leer id Pelément avi et Pi pouvoir, elle est son « vis’+vis pouve pouvo! pouvoir I nous fa quer le différend soldé par la dé 1. Invest nulle caldienne avec de la populatic pose pour I’économ veaux. II ne suffit pas au déficit de p faut s'inquiéter race, des conditions hy, c Meeeeeeerter de micux en micux 3 sa desir ty duction des richesses 3 | ationale. Mais i fociologique de la popy st que préliminaire, 1 wsligne, » Cf G ‘ychologie économique, op. cit., p. 10+ Notre e la théorie du bio-pouvoir léveloppée mG Ap rec, Xo Seuil, 1997, est menacke par les rotmes diffic " celles rencontrécs Par Foucault ~ car if existe pas de « vie nue» Cs fast de la fagon ps oo convaincante qui soit : aussi loin ve amare lapalyse, une fois abinns concept de force, on ne rensor ue, mais une vie qui est toujours déja relation de po" Fete, Pryeh Posey elles » (44. in des rej | itique et SFelation, | Ne signifi, | sion plus | le nue ») | “$a nature | de la force lations de lations de rentiel de pour évo- t qui s’est te dispute tégorie fou- e régulation nt de vue se termes nou- 3 Trexcds ou yulations 5 il scence de ala possfaee 135 sasele cadre dela seule histoire da sociolo lpi ce de Tarde qui revient le plus souvent este c la relation social ¢ 2 int La veri peydinition 4 hadiiton collective et générale d'un dune langue, cs sersb les opivecc Pensa dune Mpoloment qu'on fint par considérer ces auve dvvectives comme « éminemment impersonneles, d'ob i n'y aqu'un pas 2 prétendre, avec mon éminent ad doi il M. Durkheim, qu’elles existent indépendamme vers, nent des per- wyanes humaines ct les gouvernent despotiquement en pro- jetant sur elles leur ombre oppressive. »! Tarde est loin de nier un certain réalisme aux relations sociales. «Je vois bien que, les réalités sociales, une foi frites, simposent aux individus »?. On I’a dit, elles s‘impo- tent tout dabord moins par contrainte que par persuasion ax par suggestion, en impliquant la « spontanéité» des indi Vidus. Il ne suffit donc pas de constater le pouvoir qui se dégage de Pesprit social :il faut expliquer. La «rification» des forces psychologiques qui se renversent en esprit objectf présuppose un rapport entre L’« esprit social » et les « esprits Pdivetuels » qui est Pobjet de la critique de Tarde. Ayant post I’autonomie du social, Durkheim reconnait que les faits peau cont psychiques en ce qu’ils reposent sur autant de fagons d’agir et de penser ; mais il maintient une différence eee eee |e « mental » et le « social », Ente sur 2% séparation entre le social et le psychique (Vaffectif), a socio- fopie durkheimienne n’arrive & définir m1 comment Jes réa- ee ets Ge consent, ni surtout comment cle peuvent évoluer, changer, devenir autre gee, Ss 2 w’elles sont. Entre le collectif et Pindividuel, conclut Taret, 1 i oe par lesprit $ un rapport de contrainte ex¢r: sutra, oc PEO Ge facon, myntriovse” £7 les social hypostasié qui agi esprits individuels. ‘cI n’est pas vrai qu'il ¥ ait un Esprit social, distinct des i sciles, op. cts P- 136 esprits ind comme le sortes da individue d’eux, des et qui pF chaque ¢s gation ply constitue tition méx dont le lie termes, de n'y a que esprit ; rence. »' I dienne du + dans la mor Liimpor sciences socia ique dont on sait une cr Tarde 3 I"égard ken foppose i la parol dans Ia durkheimienne. Er pn de esprit objectif qui s'i Parole, sitge de la variation individ €ommun ». Bakhtine s’en prendra dot ide, Les Transformat tations du pouvoir, Paris, Félix + Marsisme et phil ge, Minuit, 19 osophie du postfae (rep berm ¢ de p™* les tant riali com din tive L . | 137 Postfine Jenrant du point de vue de la « sociologie de Durk - urk- a c ae As s esprit, = jderent. Ps a langue comme un phénoméne S ils £, no! g ues s: 3 ? e : a xe * ee ene tte agré. ‘Comment et par qui donc ont été construites ces réalité ence qui ales, si ce n’est « par des hommes et les efforts des a tte répé. mesa ?sice nest Par @infinitésimales innovations, par tee léments jdées apportées par chacun a la construction soem d’autres commune ? Tarde voit les exemples les plus réussis de ces guer, i] inventions infinitésimales dans le processus de constitution détats de la langue. « N’est-ce pas par de minuscules créations x diffé. expressions imagées, de tournures pittoresques, de mots ion tar- nouveaux ou de sens nouveaux, que notre langue autour de nc étre nous senrichit et chacune de ces innovations, pour étre onstitu- dordinaire anonyme, en est-elle moins une initiative per- ceuvre sonnelle imitée de proche en proche ? »' i La méthode sociologique de Durkheim expulse la singu- que la -—farité et Pautonomie du fait social. I faudra attendre la ible des critique du structuralisme par Foucault et par Deleuze- linguis- Guattari pour redécouvrir les intuitions tardiennes. a struc- akhtine ue celle 12. Ken Lactualisé de Tarde réside dans sa capacité 3 ae les expressions sociales des forces (au sens oH enten ae sociologie) au monisme de l’affect. La critiqut de la subs és 2 un monde social déterrito- tantialité de Pétre donne acces & ¥ s sé, qui constitue ses « quant sociol lux er des Be igears mentaux agissant les uns su avons mainte! ant Ee rants : seeances, des forces, des ee énergie affective qut se propagent fielsde puissance. L’action inte est de méme nature que Jes rapport dans les éléments infinit¢simaux Le soc un ort « polarisé », a Jaisser interpréter selon des differen thermodynamique ou information? tout au long du siecle qui s’achés pas en premier lieu échange, con entre puissances qui est une polarisation raison que Tarde s’intéress Hisme et au somnambulisme, parce que Ames se constituent sur une polarisation 1 pirituell mais la pol de pouvoir reconstruire ici dans toute sa cc dlogie tardienne telle qu’elle s'est échafau adologie, on se limitera tout d’abord 4 repr ida < rapprochement » des « barridres d’autrefois nature et le social ; sans quitter le domaine de !’onto- €ssaiera ensuite de cerner la nature de la fc en examinant comment, et sur qui elle s’exer ‘action 4 distance. qui concerne le premier point, la théorie de Tarde pas la « nature » et le « social » A des régnes dif- ee et limitation sont les actes sociaux élé- ee oats Sont faits est toujours le désir. Ce qui est invent, mee lt somnambulisme intéresse Ae Pets i concentre sur un seul ple. « Le magnétiseu! avis qui’ « eariset pour ére passivement obéi[ Cela ir Doosan le magnétsé une certaine force potentiele que cette force sie of Souvenirs de tout genre, endormis ea eg tee sete A sactualiser comme Peau de srt sue Par suite de circonstances singulidres, le magnétise” Tarde parce que toute !* Ouvrir ce débouché nécessaire » ‘Ubid., p. 85). . imité, a pepionrs gt ow un dessein ou s’exprim: et e et de desir. En fonction si ances et NOS désirs participent de la force af ii e qui constitue le monde. C’est par un proce Feaeion e mtarorphose qe Fon pase de force affec tive originaire aU physique, au vivant, au social, es croyances et les désirs « que l’invention et I qui . On ectuel ert au ément its les yjours priewres lect’ pement pol ce comm os constitution: tines») 12 i elemem : dont Vintensité varie d sitenaae ide, il existe bien une P Bis ares » (que c s ou des la 5 mais cette Sfealy «plus ov moins dé memes et né aussi des inventions et d satisfait. » On se constitution, pour w force s'y exprime, sagit d’une force vr vidus, qui s’éléve ou s'abaisse, dévie a droite ou a se tourne vers tel ou tel objet, suivant les époques et les pays; tantdt se réduit 4 une brise insignifiante, tantot devient un ouragan, aujourd’hui s’attaque a0 gouverne- ments politiques, hier aux religions ou avant-hier aux lan- ques, demain & Forganisation industrielle, ma® 1 Sarréte deénérateut ou revolution: point dans son labeur incessant, régénératen! 2 demandera donc toujours ~ y compris pour une ne langue, ou pour la « raison » ~ quelle quelle puissance s’y manifeste, car «il aie, qui réside dans le cerveau des indi- ch naire. » péci yt plement e comment travers} It Traiter le probléme «s tion faite de ce qui est sim signifie pour Tarde compren croyance exercent Jeur puissance, Tarde, en effet, les relations SOC e ea nies, mais les rapports sociatt Se a transmet sent 4 deux groupes: “ ae n ov homme 4 un autre; P' persuasto "TTbid, p. 162. paring 142 ou de force, ur dit, les uns sont autres des varict¢ L’analyse de |'im distance d’un hender les modalite autre force, avec la implique. Détermir le rapport d’esprit & esr pas moins d’int tune action > dans la philoso Spinoza ou de la volonté de 5 ce demnier, on le sait, ur forces affectives, on ne peut car Ia force ne peut agir que sv nnulle part la force ne meut le sentons, ne meut pas les S Sachant que pour Nietzsche, co affective est la seule explication mous ne pouvons imaginer une attr C’est-a-dire sans présupposer une force tion et la répulsion au sens purement mé Gierions pures, des mots. On ne peut pas élim distance; un chose en attire une autre, une c attirée. Voila le fait fondamental ; au contraire, la se tation mécaniste de la pression et du choc n’est qu hypothése fondée sur l’évidence visuelle et le touche «Comment alors, d’un cerveau A un autre, s opérait | transvasement de leurs contenus intimes, de leurs idées ¢ leurs désirs ? »* Si on en juge par les sociétés animales, !1 te par action 4 distance opérait « presque sans signes €n vertu d’une sorte d’électrisation psychologis® nee. On doit admettre que, dés lors, et peutt s'exe souléve tion sur ect chez e. Pour se des tance, « Mais © nous force ement, ention, ’attrac- ont des ction a se sent présen- qu'une ar. >? srait le dées et ales, la signes, ogique ut-étre poste? ie gotensité remarquab eee i é a goat Ue acti se ion byl motique peut ot en phénomene oes Cette action est | oral ; ue 1a psycho h psyeholosic physiole résgudte- hrs 1 : Tarde, l’invention du lar a facilité la trans- i inter-c logie sociologique ‘A sui sin des idées e des volontés d'un esp it e;elle mire pas exée x nibilo. La marche de imitation va du ae 1 Ep dehors («ab interioribus ad exterior); 30 Table, la production du langage est inconceva avancée préal ble. Nila parol A Porigine, com mande et les autre ie ni Péchange ne peuvent expliquer le social me pour les monades, un homme com, obéissent. « La parole n’a pas commenc® ar tre échange. Elle a da tre d’abord commandement, cest-dire une sorte daction de fonction sacerdotale et monarchique, éminemment autoritaire, accompagnée d’une hallucination ou d’une action suggérée, Un sacrement, Un monopole auguste. » "Tarde entreprend d’expliquer comment I’ ces affectives est au fondement de Paction id exclu que ce fondement sort de nature reste dans son ensemble assez mystérieuse. « tne métaphore en appelant idée Vapplicatios croyance & des marques qualitati aa avec nos ee et lessein, Vay lication de la force if a 5 ~en eae props comme et élément, non pas “Ferbale assuréments isn poe Ocean j é par un ¢! ément initiatent> nrerne 2UD inconnu, du uasi-dessein forme P* jémen i wersion 1a transformation in action des for- stance. S'il est e, explication ure verbale, li je fais & peine wn de la force ~ en appelant com : ra évé Je langae® a idle ance qui eneree 144 Aément dans lc elui propre, ce Nietzsche se f ment s’exerce un cor comment agit le «La parole commanden: j jist comme son, mais comm | ip et gtve a cette action aie 3 tion du son 4 des “ Gi ke du méme phénomén eo explication. Derriére ‘nécan veau le phénor I ae divers sens le - si dont les perceptions sont - “ [...] Derriére tout u mécat un mouvement qui se qui Nietzsche aussi, i] ne faut pa o affective avec le . cation reste pour le od La marche de la force rieur se fait sur la base d’u t sans sortir d’elle-méme. Bergson, dans diarticles de Tarde’, reconnait que la p de sa théorie repose sur sa conception « ne se raméne en effet 4 aucun des types de causalit ar les physiciens et les métaphysiciens. Elle ne se mani ni par Une impulsion mécanique, ni par une attrac morale, Bergson la définit plutdt Ea une action ss generis s'exersant d’esprit 4 esprit. La description berg: nienne respecte scrupuleusement l’esprit de la démonstra tion de Tarde. fe relation singulitre est non pas une impulsion phy- ie ou donnée, un transport de force motrice |. smission de quelque chose d’intérieur, de men tasche, La Volonté de * puissance, op. cit., p. 349. Préface 4 G. Tarde, Pages A ses fils, Paris, 6 ie Y sede fun des deux sujets ostface . ae ee edu ni amoindri enri = Bi iivesa que cette action d'un com- Oe décrite pat Tarde en faisant des métaphores es iprerhnoloeis dela See poque. L’action ole sane est I’ cain pau une repr Sage ies photographique ¢ un cliché cérébral par la plaque sen- _ Gjed'un autre cerveat »'. , Mle langage @ facilité le développement de l’action 4 aa diane, alors toutes les technologies qui reproduisent nou- mfcaniquement Pexpression des forces affectives peuvent ren dvelopper le pouvoir de imitation - et donc de l’action 4 sens distance. Les sociétés contemporaines seraient qualifiées par ique ce genre de technologie plutdt que par les technologies mécaniques ou thermodynamiques. « C’est que les moyens mécaniques (parole, écriture, imprimerie) destinés 4 porter r, n’ont pas cessé Join et fort action suggestive du meneui deprogresser. »? Pour Tarde, le groupe social de lavenir et le «public», constitué 4 distance par ces technologies.* 14. n mériterait un livre a aux intuitions Tarde appelle nue sa polarisa- origine et som et Bergso! a ici A emprunter rer ce que jve — sachant q| ) , car son Le rapport entre Tarde ui seul. On se restreindr: bergsoniennes pour considé: «Energie » (de la force affective - fen cbt les relations de pouvo! opération demeurent mystérieuses. Bes De le ei rapprochent Tae e aeeee mais le plus décisif est 4 mon sens celui-ci: - de Tarde est une métaphysiay? 146 fiées temporellement de la monadologie © i car «durer» ce 0" nir ; « Durer c’est ¢ et pour les événem tirer toutes les consequé dans la mesure ob c'est temporelle de la { de sa spontanéite ¢ commentateurs de Paccent sur le fait que ! et une énergie. A l’excep s’est attaché 4 montrer qu les conditions du temps ch conditions de I’expression d Ce qui chez Tarc le rapport entre act avec Bergson le foyer produc et d’étre affecté. On peut en ef de création du temps chez Bergson co: création et d’accumulation des force peut considérer la durée comme « u et le temps comme une « cause de gain ou dans le domaine de la vie, la durée semble maniére d’une cause (une « quasi-cause ») dans la mesu a a du temps de la science classique n’y est Mais de quelle force s'agit-il ? Comme pour Tarde, S‘agit ni d'une force cinétique, ni d’une force potentiele ate ai résolument dans la tradition materialist ( ae i la force est dans un rapport étroit avec sation. Selon lui, la durée agit de deux facons dif! age force affective. En premier lieu, toute * fans le temps et le temps n’est pas indiffer¢ h ents. ' ree qu de Berg est seule | et virtuel » «La variation uni universelle », op. cit, p. 392 on, Les ates Op. cit., p. 392. Données immeédiates de la conscience, op. Cit P 103. Pos face ndement du temps nais deve t que par ermet de p et temps liatement e compte ‘a que les nent m une for euze, qui t d’étre éfinir les avoir que — devient daffecter processus cessus de s que l’on anitre >”, rte », car, agir 4 la resure ot est jamais rde, il ne srentielle. arérialiste it avec Ja ifférentes ‘oute sen- idifférent its, p- 103+ ges 8 pierre pas ici le mém yout x asst.” I . ure €3* Jasource orig en st I grofonds &t que tout ser fe, loin de l’équilibre. Tar du fait que ce point de vue ¢ théorie de la force. «La tk forces et de la conservation immuable de la fore ee fond, & cette explication universelle : le mone eat au fond, untverselle : le mouvement Je mouvement. Pourquoi pas plutdt le changer nt POU changement ? J’ai soin d’ajouter : “et dans E ee ae ce qui ablit entre les deux doctrine un profond teas et nous sauve du gouffre de la substance identique et mone, tone, ou Spencer nous plonge et nous abime. »! Tarde avance une hypothése d’une actualité certaine au sujet du rapport entre technologie et forces affectives. Ce sont ces derniéres que les prétendues « technologies intel- lectuelles » cristallisent et reproduisent. «La fixation des découvertes par l’écriture, qui permet leur transmission 3 distance et 4 de longs intervalles de temps, est l’équivalent de cette fixation des images qui s’accomplit dans le cerveau de l'individu et constitue le cliché cellulaire du souvenir. »* Ces technologies s’agencent avec nos flux d’énergie affec- tive en cristallisant et en reproduisant le rapport entre durées et force, mobilisant de ce fait les fondements de la spontanéité et de la réceptivité de la force. La reproduction mécanique de ces technologies viserait donc la production : ‘ ; industrielle du rapport force-temps. 149 « NON conser- conscient 2 profondeur Ig ‘ansformation des Essais et mélanges sociologigues, ona Arg Be ce uomacen ah voce Se aie ae een de les de Unies Pert de Sle Beychologie et a socio oe gbserver que inter plas Saree ee sacral mba proses 62 2 raffings, els que lettre ey livre, ne PeULS OPE ns a xe simplement finds, tls que lete, Epis py la pore des SS 8 gu es 8 Pea ee eS moyens mcanigue” OF ace ees deux PUSHES oe pan Seka du désir et de Ja cr0) naissent de la combinaison de Pame... La variation universelle », 1.G, Tarde, 150 15. abriel Tarde occupe une place elise de affect. Ne serait tative de traduire les force ti : pouvoir en « quantites soc ales » n’a pas de précé cette tradition qui va de Spinoza a Deleuze, mé Nietzsche la détermination de la « différe: eq des différentiels de puissance joue un réle fon sa définition de la force. Ce n’est qu’avec forces affectives opérent 4 la fois comme éle tuants et analyseurs du social. La définition de s Jogiques fondées sur le monisme de I’affect perme ¢oncevoir une «sociologie des valeurs » (dont la «v économique » ne serait qu’une articulation) faisant écho 4 la philosophie nietzschéenne des valeurs. L«élément subjectif » que les sciences sociales ont cher ché dans le travail, le don, la libido, le langage, la commu- nication, Péchange intersubjectif... Tarde le trouve dans le désir et la croyance en tant que virtualités du « sentir pur » La qualification de l’élément subjectif par la force affective renvoie ha définition du social et de ses lois 4 une éthique de la puissance : « Toute chose est une société é : ‘ é, tout phéno- méne est un fait social. » é eee oe stees élaborée par Tarde sur la base 5 an puissance ouvre une alternative ra cale 4 la tradition des sci ; eee Re ei eS Peére future » que T, ass de économie politique. Or be ous sommes en is a a ommait « post-historique », ¢ ‘ain de vivre, pourrait bien étre ere mine science sociale des affects, ments Maurizio Lazzarat? Traduit par Vautew" Révisé par Eric Alli?

You might also like