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Glatigny Michel. À l'aube de la grammaire française : Sylvius et Meigret. In: Histoire Épistémologie Langage, tome 9, fascicule
1, 1987. Les premières grammaires des vernaculaires européens. pp. 135-155;
doi : 10.3406/hel.1987.2244
http://www.persee.fr/doc/hel_0750-8069_1987_num_9_1_2244
Abstract
Theoretical reflection about French began at a time when rules were being pronounced to govern its
usage. Both trends - theoretical and pedagogical - are present simultaneously whether in Palsgrave's
(1530) essentially pratically-oriented work, in Sylvius' (1531) explanatory impulse, or in Meigret's
(1530) search for adequacy. Their desire to provide a systematic organisation often leads them to
postulate an imaginary parallelism between form and function. Although the pressure of the Latin
framework remains strong, these first grammarians of French present an embryonic distributional
system. Their efforts led to experimentation with procedures and the elaboration of fundamental
concepts together with analytic Frameworks which were to be exploited later.
Histoire Épistémologie Langage IX 1 (1987) 135
A L'AUBE DE LA GRAMMAIRE
FRANÇAISE : SYLVIUS ET MEIGRET
MICHEL GLATIGNY
Certes ces ouvrages sont très différents les uns des autres, allant
de 12 pages (Estienne) à 287 (Meigret). Même sur la possibilité
de donner des règles au français il peut y avoir des différences.
Syvius et Meigret vont bien plus loin que du Wez qui déclare
brought the f renche tong under any rules certayn and préceptes
grammaticall, lyke as the other thre parfite tonges be (Epistelï
to the kynges grace (8)).
un féminin dans le tour une bonne estable. Pas une seule fois,
Sylvius ne souffle mot de la forme du mot, alors que Palsgrave
précise bien que la modification de mon en ma se produit devant
un nom ou un adjectif commençant par une voyelle ou un h non
aspiré, si le mot est au féminin (25).
Sous ces deux formes, l'analogie joue un grand rôle dans
l'explication des formes verbales. Par exemple gTteusse aime est
le résultat d'une double analogie : en tant que plus-que-parfait de
l'optatif, la forme est composée comme celle du prétérit parfait
(j*ai aimé) : analogie intra-idiomatique. Mais l'auxiliaire doit être
au temps parallèle de habeo (habuissem —*■ heusse) : analogie
extra-idiomatique.
Dans un certain nombre de cas enfin, l'analogie met en
relation une forme linguistique et la réalité extra-linguistique. Ainsi
le verbe latin « neutre » humere (= être humide) devient actif en
français : humer (= boire) parce que le corps s'humidifie quand
on boit » (trad. Chevalier, 119). De même :
... ces manières de parler (...) j'ey eymées les dames sont
incongrues et contre la raison naturelle tant du bâtiment du
langage que du sens (24,8,71 - f° 68, v°).
NOTES
(21) ... « ut (...) sui sermonis rationem condiscant, ne picarum aut sturnorum more
a parentibus audita sed(...) numquam intellecta semper effundant » (Sylvius,
Ad... studiosum, 3).
(22) « Cui ablativo praepositiones ut accusativo additas retinemus » (Syvius, p. 108).
(23) Le présent de l'indicatif, de l'impératif, du « conjonctif », le futur de l'impératif
et de l'optatif (Sylvius, p. 121 & p. 128).
(24) ... « nec nos in alium extrinsecus nec alium in nos aliquid agere significant
(Priscien, VIII, Keil, 377-Sylvius, 116).
(25) Palsgrave, L. III, c. 19-f° CVI, v° - éd. Génin, 347.
(26) Nous citons d'après l'édition de F.J. Hausmann, en français moderne : les trois
chiffres renvoient à cette publication : 1er chiffre : la partie, 2e : le §, 3e : la
page. L'indication du folio correspond à l'édition originale reproduite par
Slatkine en 1972.
(27) Cf. en particulier, F.J. Hausmann, Louis Meigret..., 143-144.
(28) Le Dictionnaire de Huguet donne notamment un exemple de H. Estienne, celui
de Godefroy un de Rabelais : ... motz exquis et sentences congrues, en dehors
des citations illustrant la signification de < qui convient ».
(29) Reproduite dans l'éd. Haussmann du Tretté, p. 145.
RÉFÉRENCES
WEZ (ou WES) Gilles du - (1532 & 1852). An Introductorie for to lerne
to rede, to pronounce and to speke French trewly (...), éd. F. Génin,
à la suite de son édition de Palsgrave, pp. 893-1079.