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I.
Université de Pécs
Faculté des Lettres
Acta Romanica Quinqueecclesiensis
Rencontres et conflits
Nouvelles perspectives en études
romanes
sous la direction de
Pécs
2016
Acta Romanica Quinqueecclesiensis
Rédacteur de la collection :
Adrián Bene
© Rédacteurs
© Auteurs
Éditeur :
Département d’Études Françaises et Francophones
Faculté des Lettres
Université de Pécs
ISBN : 978-963-429-071-1
ISSN : 2498-7301
Table des matières
AVANT-PROPOS ..................................................................................................... 7
INTRODUCTION .................................................................................................... 9
ÉTUDES
ADRIÁN BENE : Le fantastique et la critique sociale dans le 9e art – de
Légendes d'aujourd'hui à Luxley ..................................................................... 11
KRISZTIÁN BENE : Les combats de l’unité française du NSKK en
Hongrie. ....................................................................................................... 21
PÉTER BERECZKI : Gustave Flaubert et le « goût de l’homme » ................. 31
MIKLÓS HORVÁTH : Les grands personnages des partis collaborationnistes
de Paris ......................................................................................................... 47
ANNA MERCZEL : La participation des troupes coloniales françaises dans
la Première Guerre mondiale .................................................................... 67
LINDA NÉMETH : En quête de l’identité du perroquet dans la nouvelle
occitane Las Novas del Papaguay d’Arnaut de Carcassès ........................ 83
KÁROLY SÁNDOR PALLAI : Topoï de contre-exotisme dans l’écriture de
Titaua Peu. ................................................................................................... 97
RAFAEL ÁKOS SZABÓ : La technique de brouillage dans W ou le souvenir
d’enfance........................................................................................................109
JÓZSEF KRISZTIÁN SZALÁNCZI : „Territorio Chileno Antártico”. Los
antecedentes históricos de las reclamaciones territoriales antárticas de
Chile de 1940 ....................................................................................... … 125
ADRIÁN BENE : Fantastic and social criticism in French comics – from
Légendes d'aujourd'hui to Luxley .................................................................139
KRISZTIÁN BENE : The battles of the French NSKK unit in Hunga-
ry……. .......................................................................................................149
ZSOLT MÁTÉ : Charles De Gaulle’s visit in the United States of America
in 1960 ........................................................................................................159
ZSOLT MÁTÉ : Charles de Gaulle 1960-as amerikai látogatása .................167
MELINDA MIKÓ : Franciaország és a Regionális Nyelvek Európai
Chartájának ratifikációja, avagy az európai értékek és a nyelvpolitika ...177
KATINKA PAPP : A dekonstrukció és az Új Héloïse ......................................187
5
RAFAEL ÁKOS SZABÓ : A „ködösítés” technikája a W ou le souvenir
d’enfance-ban ............................................................................................195
JÓZSEF KRISZTIÁN SZALÁNCZI : „Territorio Chileno Antártico”. Chile
1940-es antarktiszi területi követelésének történelmi előzményei ....209
COMPTES RENDUS
Ján Drengubiak : Richard Millet, du personnel vers l’universel (Krisztián
Bene) ........................................................................................................223
Kateřina Drsková (sous la direction de) : Nature(s) (Péter Bereczki) ....227
Aux tournants de l’histoire. Ruptures et reconfigurations des relations
entre la France et l’Europe médiane à l’époque contemporaine
(Nicolas Catin) ..........................................................................................231
Krisztián Bene, Ferenc Dávid (sous la direction de) : Entre coopération et
antagonismes. Les dimensions des relations franco-hongroises, de
l'époque moderne à l'intégration européenne (Melinda Mikó)..........235
Imre Garaczi, Zoltán Kalmár (sous la direction de) : Almanach Pro
Philosophia 2012/2013 (Rafael Ákos Szabó) ......................................245
6
Avant-propos
7
donné que le nombre de tels forums en Hongrie est
malheureusement limité de nos jours, nous espérons également que
l’activité de celui-ci donne un nouvel élan aux recherches effectuées
dans le domaine.
Adrián Bene
8
Introduction
9
recherches liées aux études romanes en Hongrie ainsi qu’en Europe
centrale et orientale.
10
Adrián Bene
Légendes d'aujourd'hui
Les cinq tomes des Légendes d'aujourd'hui dont le titre porte l’intention de
l’actualisation et de l’avertissement, commence par La Croisière des oubliés,
où les services secrets internationaux sont à la quête d’une personne,
nommée 50/22B, qui prenait part dans presque tous les mouvements
révolutionnaires dès les années 1960 et ayant en même temps quelque
chose à avoir avec l’irrationnel et le sortilège médiévale. Un jour, dans un
petit village de La Lande, où l’armée fait des expériences, toutes les
maisons gagnent un mètre de hauteur, puis les bâtiments décollent et
volent dans les airs. La bande dessinée satyrique de Pierre Christin et Enki
Bilal est pleine des réflexions politiques. Un bonhomme croit que c’est un
complot gauchiste international, par exemple3.
La rhétorique antimilitariste de cette narrative devient une intention
écologiste et anticapitaliste dans le segond récit, intitulé Vaisseau de pierre.
Un groupe d’investissement immobilier a l’intention de détruire un ancien
11
château sur une falaise pittoresque en Bretagne pour construire un hôtel
de luxe. Néanmoins, on dit que le maître du château a de drôles de
pouvoirs. Il peut rappeler les ancêtres de leurs tombeaux en breton, qui
assistent les habitants dans leur déménagement métaphorique représentant
l’attachement à la tradition.
Dans la troisième partie de la série (La ville qui n'existait pas), l’intrigue
se déroule dans une usine occupée. Pendant la grève, Hannard, le vieux
propriétaire omnipotent et tyrannique, qui est à la fois le maire de la ville
meurt soudainement. L’héritière est sa petite-fille, infirme à cause d’un
accident. L’histoire s’approche d’une utopie quand l’héritière ne permet
pas de licencier les ouvriers, augmente les salaires, même paie les journées
de grève4. Elle décide de construire une cité idéale où tous les habitants de
la ville peuvent mener une vie décente.
Kenya
C’est le surnaturel qui est souligné dans les premiers tomes de Kenya (cinq
tomes de 2001 à 2008) par Leo et Rodolphe, mais les tomes suivants de
Namibie nous présentent également une histoire alternative, thématisant
bien les problèmes de l’inégalité et du racisme. Dans Kenya, l’histoire
commence après la Seconde Guerre mondiale quand Remington, un
écrivain américain, organise un safari au Kenya, dont tous les participants
disparaîtront. Ici, à l’Ouest du Kilimandjaro, un baron italien a construit
un palace où il habite tout seul5.
Aux alentours du palace, on perçoit des animaux préhistoriques, des
soucoupes volantes 6 et des monstres mystérieux. Cependant, la guerre
froide est déjà commencée, des agents secrets sont partout, même entre
nos protagonistes, les trois professeurs de langue, Katherine Austin,
Konrad Fuchs et Jacques Merlin. La rencontre et les conflits des agents
secrets est aussi fatal que les rencontres avec les monstres et les animaux
préhistoriques, mystérieusement en relation avec les extraterrestres. Ils
visitent notre planète pour faire disparaître les animaux préhistoriques 7,
conservés depuis des millions d’années 8 par leurs soins dans des boîtes
mystérieuses. Leur mission est de « s’assurer que l’ordre naturel régnait,
suivant son cours sans nul intervention » 9 . Pendant ce temps, les
gouvernements terrestres seraient « capables du pire » pour les acquérir –
12
comme un visiteur l’explique à Kathy. « Vos semblables ne sont pas
raisonables. » – dit-il en faisant allusion aux guerres des terriens10.
Après cette critique sociale plutôt générale, dans Namibie, la deuxième
saison de Kenya, il y a un thème plus concret à cet égard. L’intrigue se
déroule en 1949 en Namibie, ancienne colonie de l’Allemagne, où un
journaliste photographie un Allemand qui ressemble à Herman Göring, le
Reichmarschall d’Hitler, suicidé en 1945 au moment du procès de
Nurenberg. Son père était le gouverneur de la colonie de 1885 à 1890.
Kathy Austin y est renvoyée pour clarifier cette affaire. Major Browley qui
est ordonné pour assister à l’investigation, représente à la fois la
misogynie, le racisme contre « la saloperie des nègres » et le nationalisme
contre « la racaille de boches ». Comme il le formule, il « aime que les
choses et les gens soient à leur bonne place » 11.
En Namibie, il y a des hôtels réservés aux blancs… Ce n’est pas
surprenant que pendant la Seconde Guerre mondiale, la plupart des
habitants blancs étaient pronazis et n’ont pas changés, ils ont des
associations et des clubs. Hors l’apparition de Göring, il y a d’autres
phénomènes mystérieux comme le vieillissement accéléré des paysans et
des mutants gigantesques et dangereux. Une autre chose étrange, quant à
l’apparition de Göring, est qu’il se désintègre soudainement quand Kathy
et ses compagnons le rencontrent dans un bar et se transforme en
poussière après avoir été touché. Ces mystères sont reliés à une usine
biotechnologique secrète. Le motif évoque le genre biopunk qui est le plus
courant de nos jours au sein de la littérature de fiction scientifique,
constamment avertissant des dangers de la manipulation génétique.
Dans le troisième tome, c’est le phénomène social des sectes religieux
qui est aussi en focus. L’Église des Fils d’Ezéchiel annonce que l’homme
d’aujourd’hui est « exilé de Dieu et exilé de lui-même (…) dans le
maelström de cette modernité qui le dévore » 12 . L’Église donne aux
hommes la paix avec leurs âmes et avec Dieu, au lieu des biens de la
société de consommation.
Berlinoir
Cette bande dessinée de Tobias Meissner et Reinhard Klesit est allemande
à l’origine, mais la traduction française des deux premiers tomes est
devenue très populaire en France13. Dans Berlinoir, le genre courant des
histoires de vampires se confond avec la critique sociale dystopique. Dans
10 Ibid., 45.
11 Leo – Rodolphe 2010a : 12.
12 Leo – Rodolphe 2012 : 9.
13 Berlinoir : Scherbenmund, Éd. EDITIONS 52, 2003. En français : Berlinoir, Paris:
Akileos, 2003; Berlinoir 2: Mord! Éd. EDITION 52, 2004. En français: Berlinoir 2 :
Meurtre! , Paris: Akileos, 2004 (Trad. Anne Lamour).
13
ce monde dystopique, les vampires sont des entrepreneurs capitalistes qui
dirigent l’État, garantissant l’emploi et la retraite pour les ouvriers en
échange de sang frais. Dans cette allégorie du capitalisme dictatorique, il y
a un groupe révolutionnaire dont les membres ne sont pas contents d’être
dominés par les « éternels » et commettent des attentats contre eux, une
sorte de « pogrome ». Ce mot et le nom du chef des vampires,
Szerbenmundt, écrits en partie à la manière polonaise évoquent, de façon
regrettable, la possibilité d’une interprétation antisémite en faisant allusion
à la persécution allemande des Juifs polonais pendant la Seconde Guerre
mondiale. Cependant, les symboles, les slogans et les affiches de
propagande – en langue allemande – font tous venir à l’esprit le régime
nazi : « Neues Blut Neue Kraft ! » (Sang nouveau, force nouvelle !) 14 ;
« Auf ewig verbunden » (Reliés éternellement) 15 . Ce dernier est très
semblable à l’inscription installée au-dessus de la porte d’entrée du camp
de concentration à Auschwitz (« Arbeit macht frei. »). Le système politique
de Szerbenmundt donne au peuple de la sécurité, des biens, la culture et la
formation classique, et même – en devenant vampire – la promesse de la
jeunesse éternelle 16 . Pour ceux qui n’ont pas besoin de la liberté de
l’homme, c’est le meilleur des mondes possibles. Quant à une
interprétation philosophique, ces caractéristiques nous permettent de
construire une lecture concentrée sur la critique de la société de
consommation contemporaine. Les partisans du prêtre Zebaoth luttent
comme des terroristes contre cet être dominé par les vampires qui « se
nourissent de la force de travail » du peuple17.
Uchronie(s)
Les histoires uchroniques d’Éric Corbeyran – certainement inspirées des
romans de Philip K. Dick – présentent des réalités parallèles, peuplées par
des prescients et des voyants. New Byzance (dessin : Chabert) 18 , New
Harlem (dessin : Tibery)19, New York (dessin : Defali)20 et New Moscow
(dessin : Otero)21 , New Beijing (dessin : Morinière)22 et New Delhi23 (le
14 Meissner 2003 : 5.
15 Ibid., 6.
16 Ibid., 34.
17 Ibid., 13.
18 Tome 1 – Ruines, Grenoble : Glénat, 2008, tome 2 – Résistances, Grenoble : Glénat,
Glénat, 2014.
14
premier tome dessiné par Louis Lachance, les suivants par Defali) sont la
même ville, dans différentes réalités.
À New Byzance (l’ancienne New Jersey rebaptisée par le leader
Oman), c’est l’utopie fondamentaliste qui régie les mœurs et les lois, et la
police surveille même les crimes par la pensée, dans un monde islamique
où le capitalisme a été balayé du paysage politique après le 11 septembre
pour construire un État patriarchale et strictement hiérarchique 24 . Les
femmes doivent porter le voile, et leurs maris respectifs ont le droit de les
défigurer à l’acide sulfurique. Toutefois, les prescients rêvent
régulièrement des mondes alternatives. Par exemple, Zack Kosinski voit
une société ultra-libérale qui « déresponsabilise, compatibilise, rentabilise »
tout le monde, et tout se vend – en évoquant la critique marxiste du
capitalisme, de la réification et de l’aliénation25. Mais le remède est pire que
le mal, puisque l’utopie fondamentale, à son tour, ne tolère aucun vice,
perversion, déviance de la pensée d’un point de vue religieuse26. Les deux
sociétés se basent sur l’oppression, la servitude et l’inégalité. À New
Byzance, en face de la bourgeoisie musulmane, il y a des parias de la Zone
Interdite, et des rebelles entre eux, réfugiés dans la clandestinité.
À New York, qu’il s’appelle dans cette réalité New Harlem, le statut
social des afro-américains s’est amélioré, pendant qu’il y a un nouveau
ghetto pour les blancs qui sont en généralement pauvres. Ici, se déroulent
les événements que Zack Kosinski a rêvés comme une réalité alternative à
New Byzance 27 . Les policiers noirs abattent des blancs pour un vol à
l’étalage, en contrepartie de quoi la Fraternité Blanche commet des
attentats contre les flics 28 . Dans ce monde, les blancs sont discriminés,
comme le père de Zack le formule : « On est des pauvres petits culs-pâles !
L’administration noire se moque bien de nos problèmes ! On crève dans
leurs ghettos pourris, mais c’est le cadet de leurs soucis… » 29. Ici, Zack est
également un prescient professionnel, mais de temps en temps, il voit le
passé au lieu du futur, c’est-à-dire, le temps où les noirs étaient dominés
par les blancs – maintenant complètement gommé des livres d’Histoire30.
Or, être le premier retro-cognitif de l’histoire de l’humanité est beaucoup
22 Tome 1, Grenoble : Glénat, 2012, tome 2 : Grenoble : Glénat, 2013, tome 3 : Grenoble :
Glénat, 2014.
23 Tome 1, Grenoble : Glénat, 2012, tome 2 : Grenoble : Glénat, 2013, tome 3 : Grenoble :
Glénat, 2014.
24 Corbeyran 2008a : 26.
25 Ibid., 28.
26 Ibid., 33.
27 Corbeyran 2008b : 3-4.
28 Ibid., 12.
29 Ibid., 33.
30 Ibid., 47-49.
15
plus dangereux que le pouvoir de voir le futur. Il évoque publiquement
l’esclavage des noirs, capturés en Afrique et transportés en Amérique31.
Mais le passé se transforme en une Histoire alternative où Martin Luther
King battit Richard Nixon aux élections de 1960 et devint le 35e président
des États-Unis32. Ainsi, en 1963 à Dallas, c’est lui qui fut assassiné à cause
de sa politique consensualiste par les Black Panthers.
En totalité, les tomes d’Uchronie(s) formulent une amère critique de
la politique intéressée et nationaliste qui s’efforce toujours d’exploiter
l’avancement scientifique. Dès lors, la fusion noire allait révolutionner nos
conceptions de l’homme, de l’environnement et de la société. « Les
notions de frontière, de guerre, de possession et de compétition – qui sont
à la base de l’injustice et de l’inégalité entre les êtres – deviendraient
rapidement obsolètes. »33. Bien que le dixième tome de la série (Épilogue,
2011) finisse étonnamment par une utopie où la fusion noire résoud tous
les problèmes, c’est pour justifier la suprématie de la race noire, dans le
but du gouvernement de New Harlem 34 . Les problèmes économiques,
énergétiques et sociaux se résolvent, ce qui met fin aux guerres et à la
compétition industrielle. C’est ainsi que les Kosinski reçoivent le prix
Nobel de la paix dans cette réalité.
La série suivante nous présente le capitalisme de l’État communiste à
la chinoise dans les trois tomes de New Beijing, l’absolutisme en Russie où
la révolution bolchevik n’a pas eu lieu, et enfin le spiritualisme des yogis
en Inde, infecté par une pauvreté catastrophique.
New Beijing est le leader économique du monde, et, en même temps,
le plus gros pollueur. Pendant ce temps, le centre d’exploration
dimensionnel de New Delhi a pour tâche de s’informer des autres réalités
pour améliorer la sienne, à savoir problèmes de la pollution, de la famine,
de la sécheresse.
Une autre issue critiquée est celle des droits de l’homme, strictement
limités à New Beijing. Entre les protagonistes, il y a un couple lesbien
(Chih-Nii Teng et Lo-Shen Liphoong) contraint de se cacher dans cette
société injuste35. Elles sont mises en danger parce qu’à New Beijing la loi
dit comme suit : « Quelle qu’en soit la nature, aucun rapprochement
amoureux n’est permis entre deux individus de même sexe. » 36. A l’issue
de l’histoire, elles seraient dénoncées et incarcérées recevant une peine de
60 ans de travaux forcé.
16
L’impératrice Katherine III soutient les recherches concernant le
voyage à travers les réalités, afin que ses prisons se vident des condamnés
politiques 37 . D’ailleurs, l’intrigue est de plus en plus influencé par les
motifs de fiction scientifique, au lieu des éléments narratives réflexives,
avec l’idée de la dimension originelle, outre la multitude des réalités et la
fusion noire38.
Luxley
Comme on a déjà vu dans New Harlem et dans New Moscow, l’uchronie
n’est pas l’unique forme du fantastique encadrant une sorte de critique
sociale. Dans les quatre tomes de la série Luxley (Le Mauvais Œil, Sainte
Inquisition, Le sang de Paris, Le Sultan, Le Nouveau Monde), créée par
Valérie Mangin et Francisco Ruizgé, une histoire alternative se réalise. En
1191, lorsque les rois chrétiens d’Europe partirent en Troisième Croisade
(1189-1192), les troupes alliées des Incas, des Mayas et des Aztèques
débarquèrent en Europe et la soumirent à leur autorité. Ainsi, c’est
l’Amérique qui découvre et conquiert l’Ancien Monde de l’Histoire,
connue des lecteurs. Le premier épisode commence neuf ans après la
défaite, sous la forme de réécriture de l’histoire de Robin de Bois. Après
l’invasion des « atlantes », Robin et Luxley, un noble Saxon s’enfuit en
France pour se joindre à la résistance. Vucub Noh, le gouverneur (« apu »)
de Paris est un magicien cruel installé dans une pyramide qui veut voir
Luxleyen tant que lieutenant des Incas. Ces événements sont mis en
perspective dans le deuxième tome, où on connaît que l’attaque « atlante »
a servi à empêcher la conquête de l’Amérique prévue par l’Inca. Ainsi,
l’histoire porte une certaine critique sur la civilisation européenne, mettant
en scène le colonialisme dans une perspective fictive.
Conclusion
Pour conclure, on peut dire que les sous-genres fantastiques au sein de la
BD sont capables d’exprimer la critique des phénomènes sociaux et
historiques, du militarisme et des idéologies oppressantes. Sur un niveau
philosophique, l’écologie est probablement la perspective la plus courante
de ces œuvres, en lutte contre la manipulation génétique et la pollution.
Plus généralement, le fantastique et les mystères surnaturels ont une
caractéristique quasi romantique tout en critiquant le modernisme.
Puisque la société de consommation et le capitalisme y sont compris,
l’idéologie manifeste de ces textes est plutôt gauchiste, c’est-à-dire qui
proteste contre toutes les formes de l’inégalité, de la domination et de la
discrimination. De ce fait, au sein de la bande dessinée fantastique,
17
l’objectif n’est pas seulement le divertissement, mais de plus en plus le fait
de nous faire réfléchir. L’hésitation concernant la possibilité du surnaturel
qui est le plus important pour Todorov, ici, a certainement un rang
secondaire par rapport à notre monde actuel, révélé indirectement.
L’activité du lecteur consiste en le fait de contester la réalité, mais sur un
niveau politique et idéologique au lieu de la question ontologique ou
épistémologique.
Bibliographie
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MANGIN, Valérie (2006), Luxley – Sainte Inquisition, Toulon, Soleil
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MANGIN, Valérie (2009), Luxley – Le Sultan, Toulon, Soleil Production.
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TODOROV, Tzvetan (1970), Introduction à la littérature fantastique, Paris,
Seuil.
19
Krisztián Bene
allemands.
4 Mounine 1995 : 5.
5 Sturmabteilung : littéralement section d'assaut, une organisation paramilitaire du parti nazi.
21
ainsi que ceux de la Hitlerjugend6 envoyés en formation technique. Après
la chute de la SA en 1934, elle est sous la direction droite du parti nazi et
devient la responsable de toutes les activités liées aux véhicules motorisés
en Allemagne. Dans le cadre de cette nouvelle mission, une grande variété
d'activités se concentrent dans les mains du NSKK, notamment les
voyages touristiques par autocar à l'intérieur et à l'extérieur, les courses
automobiles et en moto, ainsi que la contribution à la direction du trafic7.
En 1934, l'effectif de l'organisation est de 350 000 mille personnes,
redistribuées entre quatre divisions, dix-neuf brigades et environ quatre-
vingts-dix régiments. Une division (Motogruppe) regroupe cinq brigades
(Motorbrigade), tandis que trois régiments (Motorstandarte) appartiennent
à cette dernière. Ces régiments sont constitués de trois à six bataillons
(Motorstaffel) qui comptent trois à dix compagnies (Motorsturm) formées
par trois à quatre sections (Trupp) composées par trois à quatre groupes
(Schar) de huit à seize hommes. En 1939, le NSKK compte déjà vingt-
huit divisions et une brigade (au total cent régiments) avec plus de 500 000
personnes qui constituent huit corps d'armée territoriaux sur les territoires
allemandes, tchèques et autrichiens récemment occupés8.
Cette force relativement importante et bien instruite est transférée
d'office aux autres unités des forces armées allemandes au début de la
Seconde Guerre mondiale pour pouvoir contribuer aux efforts de guerre
du Troisième Reich. Ce transfert constitue un soutien important de la
Wehrmacht ayant besoin d’hommes techniquement formés, néanmoins il
pose des problèmes considérables pour le NSKK qui doit participer aux
missions de transport de plus en plus nombreuses avec le changement de
la situation internationale. D'une part, il est obligé de tenir des stages pour
les unités motorisées et blindées de l'armée allemande, d'autre part, il doit
établir des bataillons de garde armés (NSKK-Wehrstaffel). A partir de
1940, l'organisation reçoit une nouvelle mission : elle doit assurer une
partie de la capacité de transport de la Luftwaffe9 et, au fil du temps, des
autres grandes unités des forces armées allemandes. Les formations de
transport servant dans le cadre de l'organisation portent plusieurs noms au
cours des années de la guerre (NSKK Transportregiment Luftwaffe,
NSKK Motorgruppe Luftwaffe, puis NSKK Transportgruppe Luftwaffe)
la Luftwaffe complété sur sa manche gauche par un écusson tricolore orné d'une
francisque noire (qui est le symbole personnel du maréchal Pétain pendant cette époque-
là). Littlejohn 1972 : 265.
22
tandis que le nombre des tâches et ainsi l'effectif attaché à ces unités
augmentent continuellement10.
10 Thomas–Jurado 1992 : 4.
11 Littlejohn 1972 : 265.
12 Ce que explique également le nombre élevé des Flamands servant dans les rangs de
23
l'effectif est composé partiellement de citoyens français (plusieurs milliers
de personnes), mais elles sont moins intéressantes pour nous en raison du
manque de leur présence sur le théâtre d'opérations oriental pendant la
guerre15.
En France, le recrutement du NSKK commence le 21 juillet 1942 et
encourage la jeunesse française à rejoindre l'unité de transport allemande16.
Ces appels connaissent un certain succès, car, selon de modestes
estimations, environ deux mille à deux mille cinq cents Français 17
s'engagent dans l'organisation entre 1942 et 194418. Cette performance est
également expliquée par le fait que les autorités allemandes créent déjà en
1941, suivant le conseil de Pierre Costantini, un des fondateur de la LVF19,
la formation appelée Corps Automobile des Volontaires Antibolcheviques qui
regroupe les volontaires français ayant l'intention de servir dans les unités
de transport allemandes. Par conséquent, après le lancement du
recrutement en 1942, avec seulement le changement du nom de
l'organisation, on pouvait tout de suite mobiliser l'ensemble de l'effectif
engagé auparavant, constitué des hommes ayant entre 18 et 50 ans, en
bonne condition physique. Après une visite médicale obligatoire, les
engagés qualifiés aptes au service militaire sont regroupés à Paris pour être
dirigés à Vilvoorde (un faubourg de Bruxelles). Ils sont obligés d’y subir
une nouvelle visite médicale, signent leur contrat d'engagement définitif et
finalement peuvent commencer leur instruction. Cette dernière dure cinq
mois et consiste en des cours de conduite, de réparation et en une
formation militaire de base20.
Selon les mémoires des engagés, la première phase de l'instruction
militaire a été réalisée avec des armes françaises capturées, suivie par
l'enseignement de l'utilisation des armes allemandes. Ce ne sont que des
armes légères d’infanterie (Mauser 98K, MP0, MG34, grenades, etc.),
pilotes français dans la Luftwaffe à bord des avions français ou allemands, est fermement
refusée.
20 BAMA RS 3-33/3. Waffen-Grenadier-Division der SS ”Charlemagne” (französiche Nr.
24
celles lourdes ne sont représentées que par quelques petits lance-grenades
antichars sans recul (Panzerfaust, Panzerschreck), étant donné que les
troupes du NSKK ne sont pas destinées pour des missions d'infanterie
régulière. Après cette formation plus traditionnelle dans les armées
modernes réalisée en Belgique (au début à Schafeen/Diest, ensuite à
Grammont/Gerardsbergen) 21 , les volontaires français sont transférés à
Tübinegen pour suivre les cours de conduites organisés à l'école spéciale
de l'organisation (NSKK Motor Schule – Lehrgang)22.
Il faut démentir une hypothèse répandue selon laquelle le NSKK était
une sorte d'antichambre de la Waffen-SS et les membres du premier ont
été transférés régulièrement en masse à la deuxième. Force est de
constater que ce n'était pas le cas, car les membres du corps de transport
étaient appréciés par le haut-commandement allemand en raison de
l’importance de leur activité dans le bon fonctionnement des forces
armées. En même temps, on connaît plusieurs exemples quand les
volontaires français dirigés au camp d'instruction de Vilvoorde désertent
pour pouvoir rejoindre la Waffen-SS dont le prestige est bien plus élevé,
car c'est une unité combattante, ainsi le service réalisé dans ses rangs est
plus attirant que les missions de transport effectué au sein du NSKK23.
Par conséquent, de temps en temps, un certain nombre de Français ayant
contracté un contrat d'engagement avec le corps de transport,
individuellement ou en groupe, se présentent dans les bureaux de
recrutement de la Waffen-SS pour y continuer leur service. Ce choix est
probablement motivé par le fait qu'avant l'été 1943 les citoyens français ne
peuvent pas s'engager officiellement dans cette formation. Le groupe le
plus important des déserteurs optent pour la Waffen-SS en juin 1943
quand trente personnes rejoignent l'unité24. Cette action est certainement
encouragée par la création de l'unité française de la Waffen-SS en France
(au début comme un régiment, puis comme brigade et finalement sous la
forme d'une division à partir du début 1945), car ce changement propose
la possibilité d'effectuer un service militaire dans les rangs d'une troupe «
nationale » au sein de l'organisation allemande.
21 D’après les mémoires des participants, le moral est affaibli par les conditions climatiques
sévères et la nourriture insuffisante.
22 Mounine 1995 : 6-7.
23 Il faut remarquer que la désertion n’entraîne pas de sanctions selon la réglementation de
l'armée allemande, si le déserteur se présente pour service auprès d'une autre unité des
forces armées allemandes. Par conséquent, les volontaires français du NSKK optant pour
la Waffen-SS sont accueillis chaleureusement par l'autre organisation allemande qui mène
également une politique de recrutement intense.
24 Forbes 2005 : 31.
25
Les volontaires français sur les théâtres d'opérations européens
En raison de leur nombre relativement élevé, les volontaires français sont
rattachés à la 2e brigade du NSKK, néanmoins, leur engagement répartie
dans le temps ne permet pas l'établissement d'une grande unité
entièrement française, ainsi les Français se trouvent dans les trois
régiments de la troupe25. Ils sont le plus nombreux dans le 4e régiment
(NSSK Regiment 4). Cette unité est divisée en deux bataillons composés
de deux, trois ou quatre compagnies dépendant du nombre des
volontaires et de la situation guerrière. En générale, dix-douze colonnes se
trouvent au sein d'une compagnie qui contient douze véhicules. Au delà
des camions, des ambulances, des motos, des voitures de dépannage et
d'atelier constituent le parc de véhicules des compagnies. Le personnel
d'un camion est un conducteur et un garde équipé d’armes légères, surtout
de fusils26, qui assure la défense de la charge27.
Les premiers volontaires français de l'unité sont déployés en Union
soviétique en hiver 1942-1943 pour contribuer à l'approvisionnement de
l'armée allemande combattant au front de l'Est. Ces militaires se trouvent
dans la région de Rostov où les membres des premières compagnies
françaises conduisent des véhicules, transportent du ravitaillement et
réparent des machines tombées en panne. Auprès des Allemands, il y a
une opinion généralement favorable concernant leur activité, car on
remarque que les conducteurs français sont adroits, par contre, ils ne font
pas beaucoup attention à leurs véhicules. Bien que leur mission soit
théoriquement réalisée parmi des conditions paisibles, loin du front,
l'activité des partisans de plus en plus forte menace également les Français
obligés à participer dans des accrochages pour se défendre. En raison de
cette situation, cette formation de transport commence à se transformer
progressivement en une troupe combattante. Au total, trois compagnies
françaises du VIe bataillon du NSKK effectuent un service sur le front de
l'Est pendant cette période avant de subir une réorganisation complète au
printemps 1943 quand une partie des volontaires français sont regroupés
au sein du IIe bataillon28. Par conséquent, cette formation conserve son
caractère français jusqu’à la fin de la guerre29.
25 Thomas–Jurado 1992 : 4.
26 Au début, c'est un armement de capture fabriqué en France qui est remplacé plus tard
par celui allemand.
27 BAMA RS 3-33/3. Waffen-Grenadier-Division der SS ”Charlemagne” (französiche Nr.
1.) : 58.
28 Un fait intéressant : on a proposé pour les volontaires étant rentrés de l'Est de travailler
dans des usines allemandes au lieu du service militaire. Il n'y a pas de données officielles
sur le nombre de Francais qui ont opté pour cette possibilité. Forbes 2005 : 30.
29 Mounine 1995 : 6.
26
Le IIe bataillon établi avec les soldats ayant acquis de l’expérience au
combat au front de l'Est, et les recrues récemment terminés leur
instruction, est déclaré apte au service en automne 1943. L'unité ayant
trois compagnies (les 4e, 5e et 6e) est dirigée en Italie du Nord au début du
mois de décembre. Pendant les mois de décembre et de janvier, la troupe
se trouve à Brescia pour commencer son service de transport éparpillé par
compagnie un peu partout dans la région. La 4e compagnie est envoyée
sur Vérone, tandis que les deux autres sont dirigées plus au sud, ainsi
certaines colonnes transportent du ravitaillement même aux défenseurs
allemands de Monte Cassino. Les Français équipés de camions de
fabrication allemande, française et italienne remplissent des missions de
transport pour l'Organisation Todt, la Legion Speer, la Lutfwaffe et la
Wehrmacht en relation avec les besoins de celles-ci. Malgré l'activité
intense de la formation française jusqu'à l’automne, elle ne rencontre pas
de troupes régulières ou irrégulières ennemies, ainsi ses pertes minimes
sont dues exclusivement aux attaques des chasseurs-bombardiers alliés.
Par moment, ce potentiel militaire plus ou moins intact contribue
également au fait que les membres français du NSKK sont considérés
comme soldats combattants et reçoivent un Soldbuch (livre de soldat
allemand)30.
Au cours des mois d'octobre et de novembre, le bataillon avec armes
mais sans véhicules est embarqué pour être dirigé au Danemark après un
long trajet ferroviaire. Suite à son débarquement, il séjourne aux alentours
d'Odense et assure la garde des dépôts militaires. Ce service paisible ne
dure pas pendant longtemps, car la formation est envoyée au front de l'Est
en début de 194531.
30 Ibid., 7-8.
31 Thomas–Jurado 1992 : 9.
27
défense des gisements pétroliers de l'Ouest de la Hongrie ayant une
importance stratégique32.
En même temps, les attaques aériennes des armées de l'air alliées
empêchent le déplacement des soldats français, car leurs actions détruisent
une partie importante de l'infrastructure ferroviaire allemande, causent des
turbulences dans le trafic et tuent quelques membres des formations
françaises. En raison de l'efficacité de ces actions aériennes, le premier
contingent ne peut réaliser son trajet en Hongrie qu’au bout d’un mois,
ainsi il y arrive seulement fin mars, et le deuxième ne peut pas le faire, car
il ne se trouve qu'en Autriche quand la guerre prend sa fin en mai33.
Selon certains mémoires, il y a un officier français (NSKK-
Sturmführer qui est équivalent au grade de lieutenant) d'origine hongroise
dans les rangs du groupe de combat arrivé en Hongrie en mars. Cet
officier portant le nom Györ (éventuellement Győri selon l’orthographe
hongroise) quitte son unité après le passage de la frontière hongroise et
disparaît définitivement. On peut supposer qu'il ait opté pour la désertion
avec l'aide de ses connaissances de langue et de terrain pour éviter la
participation à un combat inégal contre les troupes soviétiques34.
Le groupe (qui est probablement constitué de deux compagnies35) est
doté de camions en Hongrie, mais on le dirige tout de suite en première
ligne pour lutter contre l'Armée rouge. En manquant de carburant, il n'est
pas capable de réaliser de grands trajet, ainsi les membres de l'unité
reçoivent des jerricans et des tuyaux en caoutchouc pour pouvoir en
récupérer des véhicules abandonnés. Dans un premier temps, l'unité est
déployée à l'ouest de la ville de Veszprém, au nord du lac Balaton où une
formation soviétique surprend les Français et leur inflige de lourdes pertes
lors d'un court accrochage acharné. Après cette action mal tournée, le
contingent français est retiré derrière le front pour subir une
réorganisation. Les membres de l'unité doivent servir comme des
chasseurs de chars avec des lance-grenades. La nouvelle formation ne
participe qu'une seule fois à une opération quand elle est obligée de
combattre contre des chars soviétiques fin avril à l'ouest du Balaton lors
du recul général pour ouvrir un chemin 36 . Lors de cette action, les
Français détruisent deux chars, les Soviétiques reculent, ainsi les survivants
de cette campagne peuvent continuer la retraite vers l'ouest pendant la
nuit. Ceux qui restent du groupe de combat arrivent en Autriche au sud de
la ville de Sopron où les nouvelles portant sur la fin de la guerre les
28
attendent 37 . Ensuite, les membres de l'unité essayent de s’ensortir
individuellement, certains se rendent aux troupes alliées occidentales,
d'autres en portant des vêtements civils tentent de regagner la France38.
L'autre groupe de combat, malgré les ordres venant du
commandement allemand, se trouve en Autriche à la fin des combats sans
participation effective aux opérations militaires. Le commandant de
l'unité, NSKK-Haupsturmführer Hans Ströhle, démobilise la formation le
29 avril à cause de la situation militaire désespérée. Les soldats français
forment de petits groupes et partent vers l'ouest. Certains vont en Italie du
Nord, car ce terrain leur est familier après leur service effectué dans cette
région et la progression des troupes soviétiques vers cette direction leur
semble peu probable. Un fait curieux qui illustre bien les différences entre
les diverses unités des forces armées allemandes que même au dernier
moment du conflit (nous sommes au 3 mai 1945) on rencontre des
Waffen-SS français qui ont l'intention de poursuivre le combat et les
encouragent de faire la même chose. Néanmoins, les membres du NSKK
refusent cette proposition et continuent leur voyage vers l'ouest39.
Conclusion
Malgré le fait que le NSKK soit une formation militaire très peu connue
auprès des forces armées allemandes pendant la Seconde Guerre
mondiale, ses membres réalisent une activité importante, surtout en
arrière-pays, en contribuant aux efforts de guerre allemands.
Une particularité de l'unité est le fait que les volontaires étrangers
constituent la majorité de son effectif, parmi lesquels, d'une manière
surprenante, on rencontre un certain nombre de citoyens français. Bien
que ces hommes ne s'engagent pas pour un service militaire en première
ligne, ils sont obligés d'y lutter en raison de l'évolution de la situation de
guerre, même ils combattent en Hongrie pendant les derniers mois du
conflit. Bien évidemment, cet épisode n'influence pas les événements de la
guerre, cependant il constitue un élément très intéressant des relations
militaires franco-hongroises, surtout que les deux pays ne sont ni alliés, ni
ennemis pendant les années de conflit.
Bibliographie
Sources d'archives
Bundesarchiv-Militärarchiv :
29
BAMA RS 3-33/3. Waffen-Grenadier-Division der SS
”Charlemagne” (französiche Nr. 1.).
BAMA N 756/201. Die Kameradschaft: Die Europäischen
Freiwilligen.
Archives nationales :
AN 72 AJ 258, 232 14. Soldats français sous uniformes allemands,
1941-1945.
Ouvrages
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Fernand Costabrava, Panzergrenadier de la Brigade Frankreich, Nice, s. é.
FORBES, Robert (2005), Pour l’Europe, les volontaires français de la Waffen-SS,
Paris, Éditions de l’Aencre.
HOCHSTETTER, Dorothee (2005), Motorisierung und „Volksgemeinschaft“.
Das Nationalsozialistische Kraftfahrkorps (NSKK) 1931–1945, München,
Oldenbourg.
KEEGAN, John (2008), A második világháború, Budapest, Európa.
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ORY, Pascal (1976), Les collaborateurs 1940-1945, Paris, Editions du Seuil.
THOMAS, Nigel, JURADO, Caballero Thomas (1992) Wehrmacht auxiliary
forces, Oxford, Osprey.
Articles
DELATOUR, François (1975), « Le combat fou des SS français », Historia,
nº 40, pp. 150-155.
MOUNINE, Henri (1995), « Le bataillon français du N.S.K.K. », 39-45
Magazine, nº 114, pp. 5-11.
30
Péter Bereczki
Macé 2002 : 11.
1 Újvári 2003 : 13.
2 « Résider en Orient implique jusqu’à un certain point une expérience et un témoignage
31
d’étonnant dans le fait que « les Romantiques ne se priv[ai]ent pas […]
d’utiliser les grands “Voyages” du XVIIe siècle, comme ceux de Tavernier,
Bernier et Chardin, ou les ouvrages plus récents issus de la célèbre
Campagne d’Égypte, ceux de Vivant Denon et de Beauchamp par
exemple, comme le fait Vigny pour son Almeh » 3.
Cette quasi inexistence des limites entre l’orientalisme scientifique et
la littérature est à la parfaite convenance de Flaubert d’après qui « la
littérature prendra de plus en plus les allures de la science ; elle sera
surtout exposante, ce qui ne veut pas dire didactique » 4. De l’autre côté,
l’époque de Flaubert, où les voyages – le fait de voyager aussi bien que le
genre littéraire du carnet, des notes et du journal de voyage – étaient
singulièrement à la mode 5 , s’avère très favorable au développement de
l’anthropologie, et en particulier, à l’épanouissement de l’un de ces sous-
domaines, la science des civilisations orientales. L’orientalisme qui englobe
lui aussi toute une série de disciplines différentes, y compris la théologie,
l’étude comparée des religions, ainsi que l’histoire, se développe et
s’institutionnalise parallèlement à l’anthropologie 6 , avec les travaux de
Silvestre de Sacy et Ernest Renan qui fondent les bases de l’orientalisme
scientifique et professionnel.
3 Bruneau 1973 : 19. Il faut également voir, que la contribution des orientalistes
« professionnels » se réduit, dans la grande majorité des cas, aux renseignements
concernant la couleur locale et le décor oriental.
4 Lettre à Louise Colet, le 6 avril 1853, in Flaubert 1980 : 298. Cette idée de la parenté des
sciences et des arts traverse non seulement toute la correspondance, mais aussi l’œuvre
entière de l’écricvain. « Le roman n’a été que l’exposition de la personnalité de l’auteur et,
je dirais plus, toute la littérature en général, sauf deux ou trois hommes peut-être. Il faut
pourtant que les sciences morales prennent une autre route et qu’elles procèdent comme
les sciences physiques, par l’impartialité. » — lit-on dans une lettre plus tardive adressée à
Mlle Leroyer de Chantepie. Lettre datée du 12 décembre 1857, in Flaubert 1980 : 785-786.
5 „Si les écrivains se renseignent auprès des orientalistes, ils s’aident encore bien plus des
„Voyages”, guides de voyage, descriptions de pays lointains, etc., qui pullulent littéralement
à l’époque, français ou étrangers, originaux ou traduits.” In Bruneau 1973 : 20.
6 Dès le milieu du XIXe siècle, on assiste à la naissance des sociétés orientales (y compris,
entre autres, la Société Orientale de Paris, fondée en 1841, dont Maxime Du Camp, le
compagne de voyage de Flaubert, était également membre), dont la tâche consiste non
seulement à récupérer et organiser, mais aussi à diffuser et populariser les connaissances
acquises sur l’Orient.
32
dont les structures de base remontent au XIXe siècle7. Cela sous-entend,
bien évidemment, qu’une « stabilité contrainte est désormais le signe d’une
existence diminuée; être tenu sur place est synonyme de dénuement social,
d’un amoindrissement mal supportable » 8. Le cas de Flaubert, de ce point
de vue, est encore plus complexe : la mobilité et la découverte de l’Orient
qui en résulte vont de pair avec l’affermissement de la vocation littéraire
de l’artiste qui prend la décision finale d’entrer en littérature précisément
pendant son périple et qui, de l’autre côté, créera son Œuvre dans sa
solitude volontaire à Croisset.
« On connaît les deux lettres très sèches que Flaubert envoie à
Du Camp, au début de l'été 1852, en réponse à l'exhortation de se
dépêcher, de monter à Paris pour y prendre sa place, etc. Flaubert y
fixe, définitivement, son statut social d'écrivain en rupture avec les
stratégies de pouvoir des hommes de lettres. La première de ces
deux lettres est signée « Ton Quarafon », vieux surnom d'Orient
qui a dû rappeler à Du Camp (ses lettres manquent ici) l'ancienne
complicité du voyage » 9.
L’Orient, dans ce contexte, sert de ressort, déclenche la décision de
Flaubert de devenir artiste et il survivra en tant qu’arrière-plan tout au
long de la carrière de l’auteur : il sera une source d’inspiration intarissable,
et son apport sera à partir du retour de l’écrivain, dans le sens strict du
terme purement « imaginaire ». L’imaginaire flaubertien se nourrira dès ce
moment de souvenirs orientaux vus et vécus, incarnant la thèse de
Baudelaire sur le fonctionnement de l’imagination dans la création
artistique :
« Mystérieuse faculté que cette reine des facultés ! Elle touche à
toutes les autres ; elle les excite, elle les envoie au combat. Elle leur
ressemble quelquefois au point de se confondre avec elles, et
cependant elle est toujours bien elle-même, et les hommes qu’elle
n’agite pas sont facilement reconnaissables à je ne sais quelle
malédiction qui dessèche leurs productions comme le figuier de
l’Évangile.
Elle est l’analyse, elle est la synthèse ; et cependant des hommes
habiles dans l’analyse et suffisamment aptes à faire un résumé
7 « Un principe peut la définir: “J’existe parce que je suis mobile, et je donne ainsi forme à
ma liberté. » Balandier 2001 : 68.
8 Ibidem.
9 Leclercd 2010. Cette attitude est analogue à celle dont Lévi-Strauss, dans son article
intitulé Diogène couché, parle dans les termes suivants : « En soumettant à l’épreuve
d’expériences sociales irréductibles à la sienne ses traditions et ses croyances, en autopsiant
sa société, il est véritablement mort à son monde; et s’il parvient à revenir, après avoir
réorganisé les membres disjoints de sa tradition culturelle, il restera tout de même un
ressuscité. Les autres, la foule des pusillanimes et des casaniers, considéreront ce Lazare
avec des sentiments mêlés où l’envie le dispute à l’effroi. » Lévi-Strauss 1955 : 30.
33
peuvent être privés d’imagination. Elle est cela, et elle n’est pas tout
à fait cela. Elle est la sensibilité, et pourtant il y a des personnes très
sensibles, trop sensibles peut-être, qui en sont privées. C’est
l’imagination qui a enseigné à l’homme le sens moral de la couleur,
du contour, du son et du parfum. Elle a créé, au commencement
du monde, l’analogie et la métaphore. Elle décompose toute la
création, et, avec les matériaux amassés et disposés suivant des
règles dont on ne peut trouver l’origine que dans le plus profond
de l’âme, elle crée un monde nouveau, elle produit la sensation du
neuf » 10.
Flaubert et l’Orient
L’Orient est présent dans les écrits de Flaubert dès sa première jeunesse. Il
suffit d’évoquer Smarh, ce „vieux mystère métaphysique”, ou bien
Novembre, où le futur écrivain peint un Orient fabuleux et ténébreux,
parfaitement conforme aux poncifs littéraires inspirés par l’orientalisme
contemporain. Pour le jeune Flaubert, comme pour la plupart des auteurs
européens de l’époque, l’Orient n’entre en jeu qu’en comparaison avec
l’Occident, en plein développement au XIXe siècle : il n’est considéré que
comme l’antécédent de la civilisation européenne.
Par contre, « si le bagage est léger, les rêves orientaux de Flaubert sont
fréquents et somptueux. Deux composants essentiels : le climat et la
couleur locale. » – déclare Jean Bruneau à propos des premiers écrits à
sujet oriental de l’écrivain. Et pourtant, ce « bagage » est plus lourd, les
connaissances de Flaubert sont définitivement plus systématiques et larges
que celles de la plupart de ses contemporains11. Même le texte du Voyage
en Égypte qui – à l’exception du passage portant le titre A bord de la cange –
n’a jamais été destiné à être imprimé, fourmille d’allusions aux travaux des
orientalistes consacrés. En passant par exemple par Bet-Ouali, l’écrivain
s’acquitte de la représentation du petit village nubien en renvoyant le
lecteur à l’un des textes de Champollion le jeune.
10 Baudelaire.
11 « En face de l’égoïsme transcendant et quasi national de Lamartine, nous devons mettre
en contraste Nerval et Flaubert. Leurs écrits orientaux jouent un rôle substantiel dans
l’ensemble de leur œuvre, bien plus grand que le Voyage impérialiste de Lamartine dans la
sienne. L’un et l’autre, pourtant, comme Lamartine, sont venus en Orient après s’y être
préparés par de volumineuses lectures : classiques, littérature moderne, orientalisme savant.
Flaubert a reconnu cette préparation avec beaucoup plus de candeur que Nerval, qui
manquait de franchise lorsqu’il déclarait, dans les Filles du feu, que tout ce qu’il savait de
l’Orient était un souvenir à demi oublié de ce qu’il avait appris à l’école, ce que contredit le
Voyage en Orient, bien que celui-ci montre une connaissance des orientalia bien moins
systématique et appliquée que celle de Flaubert. » Saïd 1997 : 207.
34
« Bet-Ouali
(Voir la description de Champollion le jeune dans ses Lettres sur la
Nubie.) » 12.
L’histoire
En conséquence de ce que nous venons de dire par rapport au statut des
pays orientaux dans la mentalité occidentale, les réflexions sur l’Orient
s’accompagnent presque inévitablement par un questionnement sur le
passé, et sur l’Histoire en général. La manière dont Flaubert envisage la
marche de l’histoire est non seulement étonnamment moderne, mais elle
présente également une étroite parenté avec la conception d’histoire de
Claude Lévi-Strauss : les deux intellectuels conçoivent cette science
comme le point de départ de leur travail (il suffit de penser à l’énorme
travail de documentation que Flaubert effectuait avant de se lancer dans la
rédaction de ses romans, en mettant en marche avec ce geste créateur
l’histoire « personnelle » de ses ouvrages, et en leur prêtant un passé, une
existence et un développement hors de pair). Mais l’histoire est le produit
de l’intellect humain qui est lui-aussi en transformation permanent : elle ne
deviendra donc jamais stable et inchangeable. Flaubert formule cette thèse
dans plusieurs de ses lettres : « […] chacun est libre de regarder l’histoire à
sa façon, puisque l’histoire n’est que la réflexion du présent sur le passé, et
voilà pourquoi elle est toujours à refaire. » — écrit-il à Mme Roger des
Genettes 13 . En parlant de la conception d’histoire de Lévi-Strauass,
Catherine Backès-Clément a recours à une formule très similaire:
« Lévi-Strauss, face à l’histoire, ne cesse de la poser comme
point de départ, ne manque jamais de s’y référer, comme “ une
image parentale, réelle, indéniable ”; et il ne manque jamais non plus de
souligner les limites de l’histoire, la situant comme mythe, comme mot, lui
refusant un statut constituant […] » 14.
Flaubert et la barbarie
L’intérêt que Flaubert manifeste pour l’Orient n’est pas, d’après toute
vraisemblance, sans rapport avec la constitution psychique de l’auteur : de
son propre aveu, l’écrivain ressentait dès sa jeunesse une sorte de
familiarité, de parenté avec les peuples « barbares ». Cette idée ressurgit
régulièrement dans sa correspondance.
35
« Je porte en moi la mélancolie des races barbares, avec ses
instincts de migrations et ses dégoûts innés de la vie qui leur faisait
quitter leur pays comme pour se quitter eux-mêmes » 15.
Flaubert reformule cette idée quelque mois après son retour à Croisset
dans une lettre adressée à Louise Colet :
« Je suis un Barbare, j’en ai l’apathie musculaire, les langueurs
nerveuses, les yeux verts et la haute taille; mais j’en ai aussi l’élan,
l’entêtement, l’irascibilité » 16.
Au cours de son périple, l’écrivain retrouve en quelque sorte sa véritable
patrie : c’est en premier lieu par ce fait que s’explique le ton désinvolte du
récit, ainsi que l’attitude désintéressée et altruiste de l’auteur.
36
apprendre […] à obtenir d’un soi, qui se révèle comme autre au moi qui
l’utilise, une évaluation qui deviendra partie intégrante de l’observation
d’autres soi.” — affirme Lévi-Strauss dans son texte intitulé Jean-Jacques
Rousseau, fondateur des sciences de l’homme 18 . Flaubert se rapproche de
l’ethnographe non seulement par l’importance qu’il accorde à
l’observation, mais aussi par son fameux principe de l’impersonnalité,
auquel même Flaubert ne pouvait toujours satisfaire19.
Le romancier formule sa thèse sur l’importance de l’observation
impartiale au cours de son voyage (en se trouvant face à face avec les
magnifiques peintures murales de Philae) dans les termes suivants :
« […] dans le coin à droite, femme ployée sur les genoux, avec
des bras désespérés lamentant — l’observation artistique perce ici à
travers le rituel de la forme convenue […] » 20.
Le refus de la conclusion
Le dernier principe esthétique de Flaubert que l’on ne peut pas laisser de
côté en parlant de l’aspect ethnographique des notes de voyage de
l’écrivain, est le refus obstiné de conclure, et par conséquent, de juger.
« La rage de vouloir conclure est une des manies les plus
funestes et les plus stériles qui appartiennent à l’humanité. [...] Je
vois, au contraire, que les plus grands génies et les plus grandes
œuvres n’ont jamais conclu. Homère, Shakespeare, Goethe, tous
les fils aînés de Dieu (comme dit Michelet) se sont bien gardés de
faire autre chose que représenter » 21.
Les notes du Voyage en Égypte contiennent des observations sur presque
tous les aspects de la civilisation égyptienne contemporaine. Flaubert note
avec le même enthousiasme les costumes traditionnels, les gestes, ainsi que
les coutumes sans qu’il soit guidé par une préconception quelconque.
D’autre part, le romancier sait bien que « c’est à partir de son lieu que
l’homme se construit et construit sa vision du monde » 22. Il est conscient
de ce qu’on le considère comme un « cawadja », « qui voyage par toute la
terre pour s’instruire » 23. À l’opposé de Lane, à qui il emprunte certains
37
passages de son ouvrage intitulé An Account of the Manners and Customs of the
Modern Egyptians (1836), Flaubert ne quitte pas la position du spectateur
impartial24.
Le bizarre et le bouffon
Pour ce qui est du texte du Voyage en Égypte, nous pouvons constater que
Flaubert est particulièrement sensible aux aspects bizarres et bouffons de
la vie égyptienne. Pour illustrer les deux thèmes prédominants des notes,
nous jugeons utile de reproduire deux passages représentatifs de la
curiosité de Flaubert.
« Saltimbanques de la place de Roumélie
Hier, 1er décembre nous avons vu sur la place de Roumélie [un enf]
un saltimbanque, avec un enfant de 6 à 7 ans et deux fillettes nu-
pieds en blouse bleue, les [chev] cheveux tombant en queue dans
un mouchoir, sur leurs épaules — avec le revers de la main elles
font des pets factices semblables au bruit d’une étoffe que l’on
déchire — le gamin, petit laid, carré, à ne savoir si c’était un enfant
ou un nain, était très comique. Il nous aborda dans la foule: “Si
vous me donnez cinq paras je vous apporterai ma mère à baiser”,
ou encore “Je vous souhaite toutes sortes de prospérités, surtout
d’avoir un très long vit”. On faisait des tours avec un grand vase en
fer blanc, et un bonnet de derviche tourneur pointu en feutre
blanchâtre. Expression du “Allah” du gamin [quand il] en
découvrant le pot et qu’il y a vu des gâteaux à la place des pelotons
de fil. La langue arabe m’a paru charmante en ces choses, elle était
modulée, expressive. […] » 25.
« Bastonnade
Nous causons bastonnade avec le nazir. Quand on veut faire
mourir un homme, quatre ou cinq coups suffisent — on lui casse
les reins et la nuque — Quand on veut seulement punir le
condamné, on frappe sur les fesses — quatre ou cinq cent coup,
c’est l’ordinaire — le patient en a pour cinq ou six mois à être
malade — il faut attendre que les chairs tombent — l’effendi nous dit
cette petite phrase en riant — le plus ordinairement, en Nubie, c’est sur
la plante de pieds que se pratique la bastonnade — les Nubiens
redoutent beaucoup ce supplice parce qu’ils ne peuvent plus
marcher après. […] » 26.
24 « Comme narrateur, Lane est à la fois objet montré et montreur, il gagne de deux côtés
du même coup, faisant preuve de deux sortes d’appétit : un appétit oriental qui le pousse à
nouer des camaraderies (du moins à ce qu’il semble), et un appétit occidental pour acquérir
des connaissances utiles et qui fassent autorité. » Saïd 1997 : 187.
25 Biasi 1991 : 193.
26 Biasi 1991 : 335. (C’est nous qui soulignons.)
38
L’écriture en tant que systématisation des impressions : la
transformation des notes de voyage dans Salammbô
Flaubert, en rédigeant ses notes pour la publication, s’est retrouvé dans
une situation pareille à celle de l’anthropologue, qui — s’efforçant de
systématiser les connaissances acquises — est « voué à sentir sans comprendre
en un premier temps, puis à comprendre sans sentir en un second temps » 27.
Bien que Flaubert ait essayé, après son retour à Croisset, de suivre
l’exemple de son compagne, Maxime du Camp, qui a publié deux
journaux de voyage lui valant une certaine notoriété (Le Nil ; Égypte, Nubie,
Palestine et Syrie, dessins photographiques recueillis pendant les années 1849-1850 et
1851. Accompagnés d’un texte explicatif et précédés d’une introduction), la véritable
systématisation de ses impressions coïncide avec la rédaction de ses
romans. Rien ne pourrait mieux prouver cette théorie que Salammbô, le «
roman carthaginois », dont les tableaux — plus qu’on ne l’aurait cru et
même jusqu’aux plus petits détails — se nourrissent des observations que
l’auteur a eu l’occasion de faire au cours de son voyage 28 . Les motifs
voyage égyptien se trouvant pêle-mêle dans les notes reçoivent leur
expression artistique dans le roman : l’influence des notes de voyage se
montre aussi bien dans les descriptions de paysage que dans l’élaboration
des personnages du roman, tandis que les motifs moins significatifs du
voyage sont destinés à alimenter le côté pittoresque du récit.
39
l’ont dans le cul — sur un signe du médecin, tous se levaient
debout sur leurs lits, dénouaient la ceinture de leur pantalon (c’était
comme une manœuvre militaire) et s’ouvraient l’anus avec leurs
doigts pour montrer leurs chancres. […]
Cabinet d’anatomie : préparation en cire d’Auzoux 29 , dessins
d’écorchés aux murs — fœtus d’Auzoux dans sa boîte ronde — sur
la table de dissection un cadavre d’Arabe avec une belle chevelure
noire — il était tout ouvert. […] » 30.
La lente agonie d’un malade rachitique dont le torse ressemblait à un
squelette et dont « la tête était entourée d’une lèpre blanchâtre » aurait bien
pu servir de modèle non seulement à la description de la mort des
Mercenaires, mais également au lent processus de décomposition que
subit la figure d’Hannon. D’autant plus que les maladies que Flaubert
décrit dans Salammbô, sont des maux typiquement orientaux. Il aurait été
difficile de les observer en Europe, même pour le fils d’un docteur
renommé. Le motif de la décomposition graduelle de l’homme revient
plusieurs fois dans le roman, et il ne concerne pas exclusivement le suffète
Hannon, mais aussi les personnages incontestablement plus positifs,
comme Giscon ou plusieurs chefs Mercenaires, y compris Mâtho même.
L’agonie plus ou moins lente des personnages va de pair avec le
rétrécissement continuel de leurs possibilités, ce qui aboutit à l’immobilité
totale, c’est-à-dire, à la mort inévitable.
Salammbô
C’est justement cette immobilité qui caractérise avant tout le personnage
de Salammbô qui mène le mode de vie typique des femmes orientales. Les
mots-clefs de cette vie sont incontestablement l’ennui et l’impassibilité
propres à toutes les figures féminines chez Flaubert. On sait que
l’autonomie de la femme dans les cultures islamiques est à plusieurs égards
plus restreinte que dans la civilisation européenne : la femme n’est libre
qu’entre les murs de sa maison. Ainsi l’espace même qui lui appartient se
réduit d’une façon remarquable. De ce point de vue il est significatif que
Salammbô apparaîsse presque toujours dans sa demeure : il en est de
même pour toutes les femmes que Flaubert a connues au cours de son
périple, et dont ses notes font souvent mention. Les nombreuses visites de
l’écrivain chez les « danseuses » ont laissé une trace ineffaçable dans sa
mémoire et elles ont inspiré un grand nombre de détails de son roman.
40
« Kuchiouk-Hanem
Kuchiouk-Hanem est une grande et splendide créature — plus
blanche qu’une Arabe — elle est de Damas — sa peau, surtout du
corps, est un peu cafetée — quand elle s’assoit de côté, elle a des
bourrelets de bronze sur les flancs — ses yeux sont noirs et
démesurés, <ses sourcils noirs> — ses narines fendues — larges
épaules solides, seins [<tétons>] abondants, pomme – elle portait
un tarbouche large, [cour] garni au sommet [d’une plaque de
vermeil] [<vermeil>], d’un disque bombé, en or, au milieu duquel
était une petite pierre verte imitant l’émeraude […] » 31.
31 Ibid., 281-282.
32 Ibid., 283.
41
compte de ses propres sentiments que l’on peut voir chez Flaubert. Bien
qu’il se soit senti attiré par quelques-unes des femmes connues en Égypte,
il n’a jamais eu pour elles cet amour inconditionnel, « romantique » et
ardent. Flaubert garde toujours une certaine distance envers ces
« danseuses », dont il voit non seulement la beauté, mais aussi la
grossièreté et les défauts33. Dans une lettre adressée à Louise Colet il les
considère comme de simples machines, ne faisant aucune distinction entre
un homme et un autre homme que selon la somme d’argent qu’ils leur
versent 34 . Bien qu’il soit nécessaire de tenir compte de la relation
amoureuse qui existait entre Flaubert et Colet au moment de la rédaction
de cette lettre, on peut ici aussi relever la trace d’une ambiguïté constante
en ce qui concerne le sentiment amoureux chez l’écrivain.
Pour le personnage de Salammbô, Flaubert a emprunté beaucoup de
motifs pittoresques que contiennent ses notes. Il suffit de songer à la
coiffure de l’héroïne qui, dans le premier chapitre de l’œuvre, porte les
cheveux réunis « en forme de tour selon la mode des vierges
cananéennes » 35, reproduisant ainsi la coiffure « conique » 36 des mariées
égyptiennes. Salammbô apparaît alors, dès le début de l’histoire comme
une beauté orientale et comme une fiancée (celle de Moloch-Mâtho et, par
conséquent, de la mort), ce qui est d’autant plus probable que ce premier
chapitre recense pratiquement la totalité des motifs principaux du roman.
On pourrait même dire que les noces de Salammbô qui terminent l’œuvre,
commencent ainsi dans ce premier chapitre, notamment au moment où
elle verse à boire à Mâtho, car (comme l’explique l’un des Gaulois) «
lorsqu’une femme fait boire un soldat, c’est qu’elle lui offre sa couche » 37.
La fille d’Hamilcar est habillée à la manière des danseuses égyptiennes
: elle porte des vêtements faits d’étoffes douces, légères et transparentes,
ce qui est en opposition éclatante avec la dureté des pierres précieuses.
C’est ce même contraste que l’on peut observer dans le domaine sensoriel
auditif : au chuchotement des robes se mêlent des sons plus aigus, ceux
des colliers et des chaînettes de la femme.
La figure de Salammbô n’est pas la seule à prendre sa source dans les
notes de Flaubert. Les femmes des Mercenaires évoquent l’image des
prostituées de toutes races et de toutes nations. Leurs tatouages, tout
comme l’effet confus que créent les couleurs variées de leur peau et de
leurs vêtements sont autant de petits motifs pittoresques censés renforcer
42
la couleur locale et créer l’ambiance convenable au récit. Les descriptions
des lieux publics de Carthage ont la même fonction. Ainsi, les « boutiques
des buissons chaudes » qui, par le spectacle qu’ils offrent au spectateur (la
cavalcade des marchands et des clients, les sonnettes des bêtes, la
confusion des couleurs et des formes), reproduisent l’atmosphère des
bazars orientaux.
En élaborant le côté pittoresque de son récit, l’écrivain utilise
également un certain nombre de gestes qu’il considère typiquement
orientaux, et qu’il évoque dans ses notes de la façon suivante : « l’homme à
terre, allongeant le bras pour donner une poignée de main ou offrir
quelque chose à l’homme monté sur son chameau, est un des plus beaux
gestes orientaux — surtout au départ, il y a là quelque chose de solennel et
de gravement triste » 38 . Cette tristesse solennelle caractérise avant tout
Salammbô, mais aussi son père qui, aux moments désespérés de la guerre,
refuse la communication verbale, et se limite à des gestes. C’est ainsi que
les excuses et les caresses deviennent les moyens de communication les
plus fréquents dans le roman, ce qui permettra de qualifier Salammbô
comme le roman des « non-dits ». C’est justement ce retour à la
communication non-verbale, la seule employée par les animaux, qui
boucle le cercle des glissements entre l’existence animalière, humaine et
divine, aboutissant à la dispersion de la conscience humaine.
Conclusion
Dans notre travail, nous avons essayé de démontrer les relations multiples
qui se tissent entre l’esthétique de Flaubert et les principes fondamentaux
de l’anthropologie culturelle naissante. Pour point de départ de notre
analyse, nous avons choisi le texte du Voyage en Égypte, car c’est dans ce
texte de l’écrivain que les liens entre l’ethnographie et la littérature se
présentent dans leur forme la plus pure. Nous avons vu que le travail de
systématisation, qui est l’une des bases du travail scientifique, correspond,
dans le cas de Flaubert, à la transformation artistique que subissent ses
impressions au cours de leur passage des notes dans les textes ayant une
valeur purement littéraire. Quant à Salammbô, la volonté obsessionnelle
de vérifier sur le terrain ce qu’il a écrit a poussé l’écrivain à visiter les
ruines de la ville antique. Cependant on sait qu’à l’époque de Flaubert,
même l’emplacement de Carthage était une question fortement discutée
par les scientifiques. Ce voyage en Tunisie a laissé plutôt une impression
générale dans la mémoire de l’écrivain. Dans ces notes, on trouve
relativement peu de détails concernant la vie quotidienne et les traditions
orientales qu’il aurait pu utiliser pour l’élaboration de ses tableaux 39 .
43
D’autre part, le voyage en Égypte a précédé, de plus de dix ans, celui qu’il
a entrepris à Carthage, ce qui permet d’insister sur l’importance
primordiale des expériences égyptiennes dans la genèse du roman. Ce n’est
pas par hasard que les notes du Voyage en Égypte contiennent, au moins en
germes, les tendances les plus importantes du roman, à la fois sur le plan
psychologique, structurel ou thématique. Il suffit de penser à la
construction de certaines scènes, à l’aspect psychologique du paysage dont
les modifications suivent les transformations psychiques des personnages
pour qu’on puisse affirmer que Salammbô serait pratiquement inimaginable
sans les expériences égyptiennes de Flaubert.
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45
Miklós Horváth
47
L’affaire Stavisky
Né en Ukraine le 20 novembre 1886 et mort à Chamonix le
8 janvier 1934, Serge Alexandre Stavisky est un escroc français issu d’une
famille polonaise-russe. D’origine juive, il est naturalisé français en 1910.
Séducteur et beau parleur (on le surnomme « le beau Sacha »), il devient
rapidement un escroc professionnel. Dès sa jeunesse, il vole les prothèses
en or de son père dentiste, pour les revendre. En 1912, il devient directeur
du Théâtre Marigny, recrutant par petite annonce des salariés et leur
demandant d’avancer la somme nécessaire pour faire démarrer
l’entreprise. Il s’en va avec la caisse dès les premiers spectacles. Impliqué
dans plusieurs affaires de fraudes (falsifications de chèques, ventes de
produits qui n’existent pas), il est arrêté en 1926 à Marly-le-Roi pour vol
d’actions sur deux agents de change. Malgré ses appuis dans les milieux
économiques et parmi les hommes politiques, il se compromet
définitivement avec l’affaire des bons de Bayonne où il réussit à détourner,
sous le nom de Serge Alexandre, plus de 200 millions de francs au
détriment du Crédit municipal de Bayonne avec la complicité du député-
maire de la ville, Joseph Garat.
L’arnaque est découverte à la fin de l’année 1933. Stavisky est alors
recherché et il prend la fuite. La police le traque jusqu’à son chalet près de
Chamonix, dit le Vieux logis. Lorsque les policiers entrent dans la
résidence, le 8 janvier 1934, un coup de feu retentit et Stavisky est trouvé
mort, une balle dans la tête. Il se serait suicidé. Cet événement sera
extrêmement médiatisé. Les milieux de droite exploiteront l’affaire afin de
critiquer le gouvernement de Camille Chautemps, ce qui donnera lieu à
une crise politique désormais connue sous le nom de l’Affaire Stavisky4.
Le 6 février 1934, une des grandes manifestations d’extrême droite a
eu lieu à Paris. Elle est tournée en émeute à un tel point que la police a fini
par tirer dans la foule. Le résultat était de 18 morts. L’événement a eu une
grande valeur de message à la fois pour la droite et pour la gauche. La
droite s’est regroupée en diverses organisations, et les forces de gauche,
reconnaissant le danger représenté par les précédents, s’étaient mises à
discuter de l’union, qui, un an plus tard, s’est réalisée par le Front
populaire.5 Au printemps 1936, les radicaux ont également rejoint le parti
socialiste et communiste, et, par conséquent, le Front populaire a remporté
les élections par une large majorité. Cependant, la victoire de la gauche a
été de courte durée en raison de la situation économique difficile : elle ne
pouvait pas garantir la sécurité à l’échelle sociale attendue par les électeurs,
et, en outre, l’unité de la coalition a volé en éclats à cause du débat sur
l’engagement dans la guerre civile espagnole. Les communistes ont fini par
48
s’abstenir du travail du gouvernement, par conséquent, la gauche est
devenue aussi partagée qu’avant, ce qui a rendu impossible pour la
gouvernance efficace et a laissé son empreinte à la fois sur la politique
intérieure et étrangère6.
L’écrivain Pierre Drieu de la Rochelle 7 était l’un des premiers
représentants de la radicalisation de la pensée de la droite et de sa nouvelle
façon de penser : il a chanté les éloges du fascisme et a exprimé son désir
de l’adopter en France, tout ça dans le cadre général de la réconciliation
franco-allemande.
49
d’horizons politiques très différents ont abouti à l’idée de réconciliation
avec l’Allemagne, comme Gaston Bergery (1892-1974), pacifiste de gauche
affirmé, qui a considéré que la clé de l’avènement de la France réside dans
la coopération avec les Allemands8.
50
de l’orientation marxiste de nombre de ses vues sur la réforme lui et des
députés ont été expulsés de la fête ensemble. En dépit de cette carrière
politique, qui s’est poursuivie jusqu’en 1936, même pour une courte
période, il a été ministre de l’aviation. Il s’éloignait de l’antifascisme, et en
1939, il compose la fameuse question dans un article de journal : « Faut-il
mourir pour Danzig ? » La défaite après avoir tenté – le modèle fasciste –
système de parti-Etat mis en place après une tentative ratée de coopérer
avec les Allemands à Paris, en est devenu l’un des principaux défenseurs10.
En 1941, il fonde le Rassemblement National Populaire
(Rassemblement du peuple), qui a laissé beaucoup de la figure précédente.
Sa participation à la Légion française antibolchevique (LVF) et la mise en
place d’une cérémonie, où il a également été blessé dans une tentative
d’assassinat, ont été d’importance capitale. En mars 1944, les ministres de
Travail et les troupes de l’Axe avec leurs alliés français ont fui l’Allemagne,
où il a été membre du gouvernement en exil. En 1945, il s’enfuit en Italie,
où il a trouvé refuge dans un couvent à Turin. Il mourut en 195511.
51
parti à cause de l’opposition et des nettoyages répétés des Allemands.
Après le débarquement, il s’est retiré en Allemagne avec ses fidèles où il
n’a pas caché son aspiration au poste de dirigeant dans le gouvernement
français. A défaut, il a formé le comité de libération dont il est devenu le
leader. Il a décédé dans les raids aériens de février 194514.
52
avec les Allemands, il est devenu participant actif de la collaboration, il a
été l’un des membres fondateurs de la LVF. Au cours de 1942-1943 il a
participé dans les luttes de cette organisation. Il a quitté la France avec les
Allemands, en 1948, il a été condamné à mort par contumace. En 1953, il
a capitulé, a reçu une peine plus clémente, et a été libéré un an plus tard
lors d'une amnistie. Il est mort en 198216.
Fondé en 1934 par Pierre Clémenti, le Parti français national
communiste a été un presque parfait « antiparti » dans le sens où il s’est
défini presque exclusivement dans l’opposition à d’autres personnes ou
idéologies. Il a été contre le communisme, le capitalisme, la franc-
maçonnerie, les Juifs et les étrangers. Ce parti adhérant le minimum de
membres a été dissous en 1936, il a vécu sa courte renaissance après
194017.
Bien qu’il n’ait pas existé comme parti politique, la revue Action
française et son dirigeant, Charles Maurras ont joué un rôle non négligeable
dans l’activité de l’extrême-droite dans les années 193018.
53
contre les Allemands. Dans les colonnes de cette revue figuraient les
faiblesses et les incompétences des hommes politiques au pouvoir, ce qui
a fait un écho positif auprès de certains groupes de la société. Par
conséquent, des mouvements politiques liés au journal se sont formés
comme la Ligue d’Action Française et l’Alliance d’Action Française. Plusieurs
branches armées ont été également constituées à l’intérieur des ces
mouvements, prêtes à utiliser la force pour faire valoir leurs idées. Il
s’agissait de la Fédération des Camelots du Roi et de la Fédération des Etudiants de
l’Action Française qui ont réuni près de 30 000 personnes. Toutefois, ces
derniers ont été interdits après les manifestations politiques agressives de
1936, seul le journal a continué son activité, paru jusqu’en 1944 sous la
direction de Maurras20.
Un autre mouvement important de l’époque a été la Croix de Feu créée
en 1927 pour réunir les anciens combattants de la première guerre
mondiale. A partir de 1930, ce mouvement de solidarité a commencé à se
développer dans de nouvelles directions, quand le colonel François de la
Rocque a été élu membre de la direction21.
54
mouvement considéré comme trop conformiste. Le mouvement a été
porteur néanmoins d’un potentiel grave, le gouvernement, rempli
d’inquiétude à son égard a ordonné sa dissolution en 193622.
55
7 janvier 1944, Deloncle est assassiné par la Gestapo en raison de ses
relations avec l’amiral Canaris et d’autres membres de l’Abwehr opposés à
Hitler25.
56
d’environ 60 000 personnes dans les deux zones29. Le nombre a continué
d’augmenter avec les organismes de jeunesse du parti qui ont fusionné
sous le nom de Jeunesses populaires françaises et comptaient plusieurs milliers
de membres. Le parti a mis en place sa propre organisation armée, les
Gardes françaises se composant de plusieurs milliers de personnes et équipé
avec des armes fournies par les Allemands 30 . Le mouvement a eu son
propre journal Le Cri du peuple, avec une diffusion moyenne de près de 100
00031 exemplaires.
Les organisations locales du parti ont respectivement collaboré avec
les autorités allemandes dans de nombreuses régions de France dans la
recherche des résistants ou des déserteurs du service de travail obligatoire.
Dans ce contexte, il n’est pas surprenant que le 17 aout 1944, Doriot et
deux mille membres du parti ont quitté Paris et se sont exilés en
Allemagne. Le chef du parti a également continué son activité en désirant
de former un gouvernement révolutionnaire indépendant (Comité de la
libération française), sa mort avant l’heure dans des raids aériens l’a empêché
de réaliser ce projet32.
Marcel Déat a fondé le RNP le 31 juillet 1944 avec plusieurs autres
personnalités de la droite à Paris, avec le soutien des gouvernements
français et allemand33. Déat souhaitait créer un parti central dans lequel les
représentants de toutes les tendances coopèrent avec l’objectif final de
créer un système à un seul parti. Même le maréchal Pétain a trouvé l’idée
vraiment bonne, le gouvernement français a donc soutenu le mouvement.
Le chef du MSR, Deloncle, a également rejoint le parti 34 , mais la
coopération n’a duré que jusqu’en septembre 1941, lorsque lui et ses
partisans ont quitté le parti. La direction de l'organisation, qui se
composait essentiellement des gens de gauche, s’est engagée du côté de la
collaboration avec les Allemands, l’antisémitisme et le système
économique corporatif35. En 1942, l’effectif du parti tournait autour de 20
000 personnes plus les 3 000 membres des Jeunesses Nationales Populaires et
les 1 000 membres de la Légion Nationale Populaire36. En 1943, ils ont fait
fusionner ce dernier avec le Parti Franciste de Bucard pour créer les Milices
révolutionnaires nationales représentant une force armée plus importante 37 .
Bien que son effectif ait été moins important que celui de son principal
57
rival, le PPF, le parti était connu et influent grâce à ces journaux distribués
en très grand nombre. Ces journaux étaient les suivants : L’Œuvre (120-
140 000 exemplaires), La France socialiste (120 à 140 000 exemplaires),
L’Atelier (20 000 exemplaires)38.
Le Mouvement Social Révolutionnaire a été fondé par Deloncle le 1er
septembre 1940 avec l’objectif de faire renaître la Cagoule antérieurement
dissoute par les autorités. Les ennemis du parti étaient les Juifs, les francs-
maçons, les communistes, les banquiers internationaux, et en général le
monde anglo-saxon. Ses visions ont été popularisées dans son journal, la
Révolution Nationale. Pour cette raison, ses alliés naturels étaient des
Allemands et sa solution dans l’action révolutionnaire radicale. Malgré
cela, la direction du parti a établi une coopération d’avec le RNP dirigé par
Déat, et avec Doriot ils ont joué un rôle important dans l’organisation de
la Légion antibolchévique française, à laquelle de nombreux membres ont
adhéré au cours de 1941-4239. Les deux dirigeants ont été motivés par les
mêmes arrière-pensées : après la victoire des Allemands à l’est – dont ils
étaient sûrs – utiliser la force armée équipée et entraînée dans le but
d’obtenir le pouvoir. Dans la rupture entre Déat et Deloncle a joué un rôle
important le fait que le premier a été convaincu que Deloncle a organisé
l’attentat dans lequel il s’est lui-même retrouvé blessé à côté de Laval en
août 1941. Bien qu’il ne puisse pas être prouvé, la MSR a commis de
nombreux autres actes de violence, ce qui semble confirmer cette
hypothèse. Les actions radicales n’ont fait que faire fuir les partisans
potentiels, de sérieux conflits se sont émergés au sein du parti aboutissant
à l’exclusion de Deloncle, et à la dissolution du parti en 1943. La grande
majorité des membres a continué son activité dans d’autres organisations
collaborationnistes40.
En plus de ces grandes formations, plusieurs petits partis ont
également vu le jour sur la palette politique à Paris pendant les années
d’occupation. La majorité de ces organisations a déjà existé dans la vie
politique française dans les années 30, mais, après leur interdiction en
1936, elles ne pouvaient se reformer et poursuivre une activité politique
qu’avec le soutien des autorités allemandes, même si leur activité n’était
pas aussi importante que celles des plus grands partis.
Parmi ceux-ci, c’est le Parti Franciste qui a eu le plus grand effectif. Ce
parti s’est réorganisé après le retour de Bucard de son internement en
Suisse le 5 mai 1941. Ayant entièrement soutenu le gouvernement de
Vichy, celui-ci, en dehors de l’appui par principe, l’a financièrement aidé
58
en retour41. Par conséquent, le nombre de son effectif a dépassé les 10 000
personnes en 1943, sa branche de jeunesse, Jeunesse franciste – qui a
fonctionné dans les deux zones – comptait 7 000 adeptes. Le parti a
soutenu avec enthousiasme l’idée d’une collaboration avec l’Allemagne,
c’est pourquoi il a participé à la création de la Légion française antibolchevique.
A partir de 1943, ses membres ont rejoint l’unité française de la Waffen-
SS. Après plusieurs attentats contre plusieurs dirigeants du parti, beaucoup
ont collaboré avec les Allemands en échange d’approvisionnement en
armes dans la lutte contre la résistance. En conséquence, une partie des
membres du parti ont choisi de se retirer en Allemagne en 1944 où
beaucoup d’entre eux ont lutté dans de différentes forces armées jusqu’à la
fin de la guerre42.
Parmi les formations de moindre importance, il faut également
mentionner la Ligue Française d’épuration d’entraide sociale et de collaboration
européenne de Pierre Costantini 43 , organisé d’après le modèle italien.
L’idéologie du mouvement a été fondée sur l’antisémitisme et la nécessité
d’une collaboration avec l’Allemagne. Après l’attaque de l’Union
soviétique, le parti a changé de nom et il est devenu la Ligue française
antibritannique et antibolchévique qui exprime clairement la position
idéologique du mouvement. Costantini a été convaincu que la France
devait déclarer la guerre le plus tôt possible à l’Angleterre. Le chef du parti
a également participé à la formation de la légion antibolchevique, en tant
qu’aviateur, il a même proposé la création d’une formation aérienne
autonome. Le mouvement – qui a été particulièrement populaire parmi les
jeunes – n’a eu que quelques milliers de partisans 44 qui collaboraient
étroitement avec le PPF à partir de 1941 après l’accord entre les deux
parties. Le mouvement a eu son propre journal L'Appel, qui est paru à
partir de 1941. L’activité du parti s’est terminée avec la libération45.
59
collaborationniste avec le soutien des Allemands. Il a participé à la
création de la Légion antibolchevique et s’est enfui en Allemagne après la
libération. Après son retour, il purge sa peine en prison, mais il est libéré
en 1952 à cause de son état de santé.
Après la défaite, en 1940, Costantini a été l’un des premiers à
reformer son parti politique interdit avant la guerre qu’il baptise Parti
français national collectiviste. Même s’il a été le premier représentant du
fascisme français, ce parti n’a jamais obtenu une très grande popularité, au
maximum 1 000 à 2 000 personnes ont rejoint le mouvement. Clémenti a
été le premier à utiliser le nom Les Gardes françaises pour les formations
paramilitaires du parti, mais comme le mouvement s’est éparpillé, Doriot a
pris le nom pour la milice de son propre parti46.
En outre, il y avait encore un certain nombre de petits groupes
proches de l’idéologie professée par le fascisme et pour la collaboration
avec les Allemands. Tels étaient le Feu, le Mouvement National Socialiste, le
Parti National Socialiste Français47, le Front Franc48, Energies françaises, mais ils
avaient très peu de partisans, ont existé peu de temps et n’ont pu exercer
aucune influence sur les événements49.
Parallèlement, il existait encore une autre organisation qui n’était pas
un parti politique mais plutôt une sorte d’organisme de propagande
culturelle. C’était le Groupe Collaboration fondé par Alphonse de
Châteaubriant le 24 septembre 1940 ayant bénéficié du soutien des
autorités française et allemande. L’organisation employant des
personnalités publiques allemandes et française était présente dans les
deux zones, elle a mis en œuvre des conférences et des expositions tentant
de montrer aux gens que la collaboration entre les deux pays avait des
avantages. En 1943, l’effectif de l’organisation a dépassé les 40 000
personnes, les événements culturels ont attirés des milliers de personnes,
et l’activité de l'organisme a porté ses fruits50.
60
La Gerbe, périodique qui se veut un « hebdomadaire politique et littéraire ».
Le rédacteur en chef en est Marc Augier (connu après-guerre sous le
pseudonyme de Saint-Loup). Le premier exemplaire paraît le 11 juillet
1940. On y trouvera les signatures de Jean Giono, Paul Morand, Jean
Cocteau, Marcel Aymé, Sacha Guitry, etc. L’hebdomadaire défend l’idée
d’une aryanisation débarrassée du bolchévisme, conformément aux rêves
de Jacques Doriot et de Marcel Déat. En 1944, quand les troupes alliées
approchent de Paris, Châteaubriant se réfugie en Allemagne où il se trouve
déjà quand, le 17 août, paraît le dernier numéro de La Gerbe. Le Comité
national des écrivains (CNE) inscrit alors son nom sur la liste des auteurs
qu’il juge indésirables51.
La presse parisienne
En traitant le sujet de la collaboration avec les Allemands, il faut évoquer
plus spécifiquement la presse parisienne, parue pour la plupart avec le
soutien d’un des partis de l’extrême-droite et qui, grâce à ces nombreux
lecteurs, a exercé une influence plus grande sur la population française que
les partis eux-mêmes. En dehors des journaux des partis mentionnés, il
existait une presse plus ou moins indépendante des partis politiques, mais
partageant leurs idées. De manière générale, ces journaux ont bénéficié
directement ou indirectement de l’aide financière allemande52.
Parmi les quotidiens parisiens, l’un des plus importants était
Aujourd’hui, publié à partir de septembre 1940 avec plus de 100 000
exemplaires. Même si le journal a essayé de garder ses distances avec les
mouvements de droite, le rédacteur en chef, Georges Suarez – membre du
PPF depuis 1936 – a laissé apparaître plusieurs fois des articles prônant la
collaboration avec l’Allemagne. En conséquence, après la libération, il a
été le premier journaliste à être condamné à mort et exécuté53.
Je suis partout était un hebdomadaire de droite traditionnel, publié
depuis 1930. Sous la direction de Robert Brasillach, de nombreux
journalistes talentueux y ont travaillé, ce qui a grandement contribué à sa
popularité. Après le cessez-le-feu, le journal, de tendance anticommuniste,
a commencé à annoncer avec un enthousiasme croissant la nécessité d’une
collaboration avec les Allemands. Le journal a été un grand succès parmi
les lecteurs : 300 000 exemplaires publiés pendant les années de la guerre.
Le prix de la popularité a été chèrement payé : Brasillach a été également
exécuté54.
61
La même équipe de journalistes a travaillé pour le quotidien Le Petit
Parisien, en proclamant les mêmes principes et en apportant un soutien
considérable aux partis collaborationnistes, au PPF en premier lieu. La
seule différence entre les deux a été dans la fréquence de publication. Le
tirage moyen était de plus de 500 000 exemplaires55.
Le journal Le Matin avait été publié depuis 1884, il a été le premier à
paraître après le cessez-le-feu, le 17 juin 1940. Le journal a été sous une
forte influence allemande et a ouvertement proclamé l’idéologie nazie
considérée comme supérieure au mode de vie décadent des Français. Le
tirage moyen a dépassé les 200 00056 exemplaires.
Parmi les hebdomadaires prônant la collaboration, La Gerbe fondé par
Alphonse de Châteaubriant a joué un rôle important. Il s’est
soigneusement tenu à l’écart de la proclamation des principes antisémites,
mais il a été un porte-parole convaincu de la collaboration franco-
allemande. Les articles de haute qualité ont attiré un grand nombre de
lecteurs qui a eu un tirage de plus de 140 000 exemplaires57.
Les Nouveaux Temps a été un quotidien fondé par Jean Luchaire en
1940. Les articles du journal ont été définis par les contacts du rédacteur
en chef qui a été membre fondateur du RNP de Déat et ami proche de
l’ambassadeur allemand Otto Abetz. C’est dans cet esprit que le journal a
proclamé les avantages de la collaboration franco-allemande. Le tirage
variant de 40 à 60 000 exemplaires58.
Au Pilori a été un hebdomadaire antisémite publié à partir de 1940, qui
s’attaquait farouchement aux Juifs et aux francs-maçons, le lectorat a été
relativement faible (30 à 40 000 exemplaires par semaine)59.
Il faut mentionner également le représentant le plus connu da la
presse française dans les mains des Allemands, Paris-Soir. Après
l'occupation, le quotidien a été écrit par les officiers allemands et alsaciens
francophones du département de la propagande de la Wehrmacht dans le
seul but de faire de la propagande officielle allemande en français. Le
journal est paru en près de 400 000 exemplaires60. La censure allemande a
frappé tous les journaux publiés dans la zone nord, ce qui a clairement
favorisé la presse d’extrême droite61.
Les bimensuels Le Combattant Européen et le Devenir ont formé une
catégorie distincte. Le précédent a été le journal de la Légion antibolchévique,
le dernier celui de l’unité française de la Waffen-SS. Les deux ont été écrits
55 Lambert–Marec Le 1993 : 9.
56 Littlejohn 1972 : 220.
57 Jackson 2004 : 246.
58 Muracciole 2002 : 196.
59 Jackson 2004 : 245
60 Idem.
61 Lambauer 2001 : 250-261
62
par des journalistes professionnels et des membres des unités dans
l’objectif de promouvoir dans l’armée allemande l’action armée contre le
communisme62.
63
armée franco-allemande, même si elle n’a pas exercé d’influence
considérable sur l’ensemble du déroulement de la guerre.
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64
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Sigmaringen », in J-P. Azéma, F. Bédarida (dir.), La France des années
noires. De l’Occupation à la Libération, Paris, Seuil, pp. 41-56.
65
Anna Merczel
1 Cf. Szemjonov.
2 Bancel, Blanchard, Vergès 2007 : 4.
3 URL : www.larousse.fr/encyclopedie/divers/colonialisme/35273.
67
mais l’acclimatation des colons a échoué. Au milieu du XVIe siècle, l’idée
de la vraie colonisation se représentait avec la fondation d’une colonie
française dans la baie de Rio de Janeiro pour les Huguenots, qui était la
première colonie européenne d’outre-mer. À la fin de ce siècle, comme
Xavier Yanoco mentionne dans son œuvre, « le Canada revient au premier
plan avec Henri IV »4.
Le XVIIe siècle a apporté beaucoup de changements dans le domaine
de la politique coloniale. Marc Lescarbot a déjà rédigé la politique
coloniale de la France du XXe siècle. Il a formulé qu’il faut peupler les
colonies avec de familles nombreuses et honnêtes. Deuxièmement, il faut
mettre plus d’accent sur les colonies d’outre-mer pour affranchir des
impôts de la France. En plus, la commercialisation des produits sur les
territoires coloniaux serait utile pour assurer la survie de l’industrie
française. Avec le soutien de Marie de Médicis, Richelieu a créé un
programme impérialiste dont les idées majeures sont les suivantes : la
politique de force, l’émergence sur la mer, la commercialisation et les
colonies. Les bases de ce programme sont la population, un fonds de
capital sûr et les données géographiques convenables du pays. Pendant les
premières années du XVIIe siècle, les Français ont peuplé le Canada, ils
ont mis le siège de 12 ans devant le Maroc, ils ont reçu le privilège
commercial en Algérie et en Tunisie, ils ont commencé à construire les
colonies au Sénégal et à Madagascar, et en 1612, ils ont fait les premiers
pas vers la Guyane et ils ont fondé la ville de Saint Louis.
En 1613, avec l’intention des Anglais de gagner des territoires et de
faire la colonisation, la lutte pour les colonies canadiennes a débuté. Dès
lors, la rivalité entre ces deux grandes puissances s’est fait sentir, et cela a
duré tout au long de la colonisation. En 1625, la France a conquis l’île de
Saint-Christophe qui était riche en tabac, en épices et en café. Après une
dizaine d’années, la Martinique et la Guadeloupe ont aussi partagé le sort
de Saint-Christophe. En 1674, le Canada et les Antilles sont devenus les
domaines royaux des Français. La même année, la colonisation de
Madagascar a échoué, mais à quelques endroits en Inde, les comptoirs ont
commencé à s’émerger, comme par exemple à Surate, à Chandannagar et à
Pondichéry.
En 1715, la métropolitaine a occupé l’île Maurice, autrefois appelée île
de France, et elle l’a insérée dans la route commerciale. L’opposition
franco-britannique a été manifestée pendant la deuxième moitié du siècle
par la lutte pour les colonies canadiennes et indiennes. La guerre de Sept
Ans a porté un grand coup à la colonisation française puisque la France a
perdu certaines grandes colonies canadiennes comme la Louisiane, le
Québec, Louisbourg, la Guadeloupe, Montréal, la Martinique et toutes ses
4 Yanoco 1969 : 9.
68
colonies indiennes. Avec le Traité de Paris de 1763, la guerre de Sept Ans
a pris fin, et en même temps le Premier empire colonial est tombé en
ruines. Sous l’influence de la Révolution française de 1789,
l’affranchissement des esclaves noires a entamé à Saint-Domingue (Haïti).
Au XIXe siècle, la mentalité des Français face à la colonisation a
changé grâce aux plans ambitieux de Napoléon. Entre autres, il a essayé de
conquérir l’Égypte et de restituer l’esclavage des Noirs à Saint-Domingue,
mais ses projets ont échoué. Napoléon a vendu la Louisiane aux États-
Unis en 1803. Les deux traités de Paris (1814-15) ont rendu à peu près la
moitié des colonies françaises à la métropole. L’occupation d’Alger, en
1830, a apporté un grand succès à la France, mais la saisie d’Algérie s’est
fait encore attendre. Mais pas pour longtemps, car la nouvelle
Constitution française, préparée grâce à la deuxième révolution en 1848, a
déclaré l’Algérie comme une partie intégrante du territoire français.
En 1858, la France a témoigné un grand intérêt pour la Cochinchine
ou autrement dit pour l’Indochine. Mais l’année précédente, elle a reçu le
droit d’établir un réseau des téléscripteurs en Tunisie, qui l’a aidé dans la
saisie de Tunis en 1881. Grâce à la conférence de Berlin sur la division de
l’Afrique, en 1884 une colonisation rapide a débuté en Afrique noire
parmi les puissances européennes. À la fin du siècle, Madagascar est
devenu une colonie française.
Au début du XXe siècle, l’Entente cordiale s’est formée entre la
France et l’Angleterre en 1904, et dans la même année, les annexions
commençaient en Indochine. En 1912, le Maroc est placé sous le
protectorat français.
69
étrangère – et les corps nord-africains à majorité indigène comme les
tirailleurs algériens, tunisiens et marocains, les spahis, les compagnies
sahariennes, les goumiers et les unités d’artillerie, de génie, et de
logistiques. Les Troupes de Marine, appelées la Coloniale ou la Coloniale
blanche entre 1900 et 1958, servant dans le reste de l’Empire avec une
contribution en A.F.N., regroupaient deux unités selon leur composition,
l’une était l’Infanterie et l’Artillerie coloniales en majorité d’engagés
métropolitains, et l’autre était les tirailleurs indigènes, comme les tirailleurs
sénégalais, malgaches et indochinois, provenant des colonies ayant le
statut de sujet français. La Coloniale a été organisée à l’origine pour
défendre les ports et les possessions d’outre-mer autres que l’Afrique du
Nord, mais alors elle a été utilisée en France et au Maghreb6.
Comme Emmanuel Blanchard, maître de conférences au département
de science politique de l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-
Yvelines, a indiqué dans son article publié dans Plein Droit en 2003 «
l’utilisation première de ces troupes fut donc bien de mener la politique de conquête et de
pacification de nouvelles régions destinées à intégrer l’empire colonial français » 7 .
L’autre motif pour créer des corps indigènes était l’effet de la maladie sur
les soldats français, comme la malaria, la dysenterie, la typhoïde et le
choléra8.
Grâce à la naissance de la IIIe République, la composition des
bataillons s’élargissait avec les tirailleurs annamites, tonkinois et
malgaches, ainsi que des chasseurs algériens, des spahis marocains, de
goumiers et de méharistes sahariens9.
6 Ibid., 379.
7 Blanchard 2003 : 3.
8 Clayton 1994 : 79.
9 « 1830 à 1962, La France et ses soldats des colonies » ,
URL : http://www.herodote.net/1830_a_1962-synthese-43.php.
10 « L’engagement des troupes noires dans les deux guerres mondiales » ,
URL : http://www.cndp.fr/crdp-reims/index.php?id=1954.
11 « 1830 à 1962, La France et ses soldats des colonies » , op.cit.
70
plus durs sur le front de la France, engagées de manière autonome ou
dans le cadre de l’armée métropolitaine12.
Plusieurs statistiques existent en ce qui concerne l’ampleur des forces
africaines, mais il est difficile à dire le nombre exact des soldats indigènes à
cause de la structure mixte des unités, qui contenaient aussi des européens.
Selon Pascal Blanchard et Sandrine Lemaire « Sur 8 millions de soldats
mobilisés (dont 1,4 million tués ou disparus), la mobilisation des troupes coloniales
aura concerné : 175.000 Algériens (dont 35.000 tués ou disparus), 40.000
Marocains (dont 12.000 tués ou disparus), 80.000 Tunisiens (dont 21.000 tués ou
disparus), 180.000 Africains noirs (dont 25.000 tués ou disparus), 41.000
Malgaches (dont 2.500 tués ou disparus), 49.000 Indochinois (dont 1.600 tués ou
disparus), donc Total : 565.000 (dont 97.100 tués ou disparus) » 13 . Non
seulement les soldats ont été apportés à la métropolitaine pendant la
Grande Guerre, mais encore environ 200 000 travailleurs coloniaux (dont
plus de 50 000 Indochinois) étaient arrivés aux usines français pour
assurer leur fonctionnement. Comme les sources vérifient « Lors de la
bataille des Dardanelles, les tirailleurs sénégalais représentaient, à eux seuls, la moitié
des effectifs engagés » 14 . Ainsi, on peut confirmer qu’à peu près 800 000
hommes ont été incorporés, mais les soldats coloniaux représentaient
moins de 5% de l’ensemble des corps militaires dans les combats15.
71
le 6 août puis contre le Cameroun le 23 » 18 . Donc, environ 1 500 soldats
allemands se sont trouvés opposés à 4 500 soldats français et
britanniques19, il en découle que les forces françaises et britanniques ont
eu besoin uniquement de vingt jours pour la saisie de cette colonie
allemande.
Au-delà du Togo, les troupes alliées avaient un autre objectif
significatif sur le continent africain. Au début de la Première Guerre
mondiale, le Cameroun actuel et la partie de l’est du Nigéria ont été
nommés le Kamerun et ont été défendus par une garnison allemande
composée par 1 000 soldats allemands et 3 000 soldats africains. A cause
de cette force puissante allemande, la campagne du Cameroun a duré bien
plus de temps que celle de Togo. « L’effort principale est confié aux corps
expéditionnaire combiné franco-britannique qui débarque sur la côte et obtient la
reddition de Douala le 27 septembre 1914. Les Allemands, cependant, se replient à
l’intérieur des terres et mènent une campagne défensive efficace, nécessitant l’envoi de
renforts alliés. Fin septembre 1915, les forces françaises s’élèvent à plus de 3000
hommes après l’arrivée de nouvelles unités sénégalaises, tandis que les éléments partis du
Moyen-Congo ont été renforcés par deux compagnies belges. Malgré la perte de Yaoundé
en janvier 1916, les Allemands sont capables de faire traîner les opérations jusqu’en
avril, mais l’effort fournie par les Français a permis d’atteindre un des buts qu’ils
étaient fixés : leur victoire assure à la France l’entière domination sur l’ensemble du
Togo et du Cameroun. Le prix de cette victoire est payé principalement par les 60 000
porteurs recrutés de force pour les deux campagnes et qui ont souffert terriblement de
malnutrition, d’épuisement et de maladie »20.
Ainsi, en concluant les études présentées au-dessus, nous pouvons
affirmer sans aucun doute que l’expansion de la France vers les colonies
allemandes et leur prise étaient effectivement rapide en dépit de la
connaissance des circonstances belliqueuses. En ce qui concerne le partage
de ces territoires, les bénéficiaires étaient la France, l’Angleterre et la
Belgique. « Les frontières sont validées en 1919 par la déclaration de Londres, puis
confirmées par la Société des Nations (SDN) en 1922 »21.
Au moment du commencement de la guerre, la France avait besoin de
plus en plus de forces militaires sur les fronts européens. C’est pourquoi,
le gouvernement français a obligé le résident Lyautey d’envoyer les soldats
stationnés au Maroc à l’Hexagone22. Sur le continent africain, il y avait en
garnison quarante bataillons dont trente-deux étaient envoyés, ainsi six
bataillons sont restés au Maroc et deux en Algérie23. Mais en même temps,
72
Lyautey savait bien qu’il doit tenir les territoires du Maroc qui sont loin
d’être pacifiées24.
Mais les années de guerre ne pouvaient pas se passer sans drame. En
1915, dans la région de Taza, le fils d’Abd el-Kader, Abd el-Malek a
engagé un soulèvement soutenu par les forces allemandes 25 . « Le
soulèvement dure quatre ans et n’est réprimé qu’avec difficulté, les compagnies de la
Légion y jouant un rôle décisif. Un deuxième soulèvement important, dirigé par El
Hiba, affecte en 1916 la totalité du Sud depuis l’oued Moun jusqu’au Tafilalet »26.
Ce deuxième soulèvement a aussi duré jusqu’à la fin de la guerre, 1918, et
a été arrêté par le général Poeymireau. En ce qui concerne la composition
de l’armée stationnée au Maroc, les forces d’origine ont été complétées par
« les bataillons de tirailleurs sénégalais nouvellement formés, les bataillons de vieille
Coloniale blanche et de réservistes métropolitains, les unités recrutées dans les
communautés européennes ou non musulmanes de Maroc, les uns portant l’uniforme de
la Légion, les autres des zouaves…Les plus utiles de tous, cependant, sont les quatre
bataillons de tirailleurs marocains complétés de deux bataillons d’instruction, et les
goums recrutés localement en nombre croissant »27.
Quant au Sahara, la population autochtone, donc les Senousis, a
commencé une suite d’offensives contre les postes militaires du Sud
tunisien, les positions françaises à Djanet et à Fort-Polignac, et les
positions britanniques en Égypte et au Soudan. Le raid des Senousis a été
facilité par le repli des troupes italiennes en 1915 après l'abandon de l'oasis
de Mourzouk 28 . Grâce à l’intervention rapide de Lyautey, on pouvait
repousser les autochtones vers le Fezzan libyen, et après quelques revers,
la France pouvait facilement maintenir son autorité29.
24 Flandrin 2014.
25 Jolly 2008.
26 Clayton 1994 : 130.
27 Ibid.,130.
28 Jolly 2008.
29 Clayton 1994 : 132.
73
réputation de longue durée, comme par exemple les tirailleurs sénégalais et
marocains30.
La première bataille appréciable coïncide exactement avec le début de
la Première Guerre mondiale, donc en automne 1914 et aboutit à l’échec
du plan militaire des Allemands, selon lequel ils voulaient « vaincre la France
en six semaines, de façon à reporter tout l’effort de guerre contre la Russie » 31 . Les
antécédents de la bataille de la Marne remontent à août 1914, quand les
forces allemandes ont envahi en Belgique et ont commencé une attaque
générale contre les Alliées sur le front de l’Ouest 32 . Il faut absolument
mentionner que le général allemand Moltke, a surestimé les rapports
donnés par ses lieutenants sur les affrontements passant sur les frontières,
et c’est pourquoi il a donné des consignes pour une grande poursuite33. Au
soir du 4 septembre, Joffre donne l’ordre d’un demi-tour offensif pour le
6 septembre. Le jour suivant, l’armée de Maunoury et celle de Gallieni
attaquent sur le flanc droit l’armée de Von Kluck et « du 6 au 13 septembre,
l'offensive alliée se développe sur tout le front, de l'Ourcq à Verdun » 34.
En ce qui concerne les forces coloniales dans la bataille de la Marne,
au début d’août 1914, « une Brigade Marocaine sous les ordres du Général Ditte et
composée de deux Régiments de Chasseurs Indigènes à pied, est envoyée en France »,
laquelle « est affectée à la VIe Armée et s'engage dans les combats de Penchard-
Monthyon jusqu'au 17 septembre inclus »35.
Après la défaite allemande de Marne, une situation d’impasse s’est
formée des deux côtés du front. Ils sont restés immobiles et ni l’un ni
l’autre ne pouvaient réaliser une percée, ils sont donc entrés dans une
guerre de positions. Les Allemands pensaient que la défense française
pourrait se briser en cas d’une immense perte, c’est pourquoi le chef
d'état-major allemand, Erich Von Falkenhayn, a projeté « de saigner l'armée
française par des bombardements intensifs » 36 dans la région de Verdun lors
d’une opération entamée en février 191637.
URL : http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/Bataille_de_la_Marne/131996.
35 « La Brigade marocaine et la bataille de la Marne » ,
URL : http://archives.seine-et-marne.fr/la-brigade-marocaine-et-la-bataille-de-la-marne.
36 « 21 février 1916 L’enfer de Verdun » ,
URL : http://www.herodote.net/21_fevrier_1916-evenement-19160221.php.
37 « La bataille de Verdun, La plus terrible bataille que l’humanité ait connue » ,
URL :http://www.verdun.fr/Terre-d-Histoire/Verdun-et-la-Grande-Guerre/La-Bataille-
de-Verdun.
74
C’était la première fois qu’un lance-flammes a été utilisé par les
soldats allemands pour le nettoyage des tranchées françaises. Les
Allemands ont avancé irrésistiblement et après quelques jours, ils ont pris
le Bois des Caures et le fort de Douaumont. Pour les Français, cet
événement était le point tournant, et le commandant de la IIe Armée,
Philippe Pétain, a commencé à organiser la riposte et « l'arrivée des renforts
par la Voie sacrée (la route Bar-le-Duc – Verdun) » 38 . Ce fut également le
moment du lancement de l’offensive britannique au long de la Somme,
simultanément à la contre-offensive des Français39.
« La première journée de la bataille de la Somme fut catastrophique pour l’Armée
britannique et un choc pour tous les Alliés. Malgré les gains limités des Alliés, les forces
allemandes avaient aussi horriblement souffert. Les Britanniques poursuivirent les
attaques pendant des mois, jusqu’en automne. Quand la bataille prit fin, chaque camp
avait subi plus de 600 000 pertes »40.
Et donc nous sommes arrivés à la dernière bataille du front occidental
qui a causé des immenses pertes pour les soldats coloniaux. Au Chemin
des Dames, selon les chiffres fournis par Mangin, « il y eut 7 415 Noirs mis
hors de combat au cours de ces terribles journées. Si l’on estime que 16 000 à 16 500
Sénégalais furent engagés le 16 avril, leurs pertes auraient atteint 44 à 45 % de cet
effectif, …, elles représentaient le tiers des pertes de la 6e Armée tout entière… » 41 .
C’était l’une des offensives du commandant Nivelle, qui a remplacé Joffre
en décembre 1916. La guerre durait déjà depuis trois ans, et les dirigeants
politiques voulaient déjà recevoir des résultats positifs et une conclusion
décisive, donc Nivelle leur a promis une rupture cruciale. La bataille a
durée du 16 avril 1917 au 24 octobre 1917, mais déjà dans les premiers
jours, les pertes, l’humiliation et la désillusion ont été immenses. Le
constat de la chute permanente était le 8 mai, et déjà le 15, le général
Pétain a relayé Nivelle42.
En ce qui concerne la présence et les pertes coloniales, le Régiment de
marche de la Légion étrangère a subit 66 % des pertes totales dans la
région de Reims et à la fin de la guerre, leur indice était le suivant : « 139
officiers, 349 sous-officiers et 3 626 légionnaires tués ou disparus »43. Les guerres sur
le front occidental ont réclamé presque 1 400 tirailleurs marocains, appelés
http://www.museedelaguerre.ca/premiereguerremondiale/histoire/
batailles-et-combats/batailles-terrestres/la-somme.
41 Michel 2003 : 101
42 « 16 avril 1917, L’offensive du Chemin des Dames et les mutineries »,
URL : http://www.herodote.net/16_avril_1917-evenement-19170416.php.
43 Clayton 1994 : 284-285.
75
« les hirondelles de la mort » par les Allemands 44 . Pour les tirailleurs
sénégalais, l’offensive sur le Chemin des Dames a abouti à une déperdition
lourde, plus exactement « 6 300 hommes sur les 25 000 engagés »45. Et enfin, il
faut aussi mentionner les pertes du bataillon somalien, qui a été engagé
dans le cadre du Régiment d’infanterie chars de marine, et qui a perdu au
total 1 600 hommes sur 2 000, d’entre lesquels 400 tirailleurs ont été tués
et 1 200 blessés46.
44 Ibid., 323.
45 Ibid., 416.
46 Ibid., 423.
47 Bene 2009 : 80.
48 « Le Front d’Orient » , URL :http://centenaire.org/fr/dans-le-monde/europe/
macedoine-arym/une-brochure-consacre-au-front-dorient.
49 Cochet 2010 : 103.
50 Schaeffer 2014 : 2.
76
commencé à prendre des mesures au début de 1915. Nous devons
constater le fait que les forces alliées ne connaissaient pas le système
défensif des Turcs, et tandis qu’au tout début, ils ont planifié une
opération exclusivement maritime, ils ont finalement ordonné le
débarquement sur la presqu’île de Gallipoli le 25 avril 1915. Les troupes
alliées se sont retrouvées face tout de suite après le débarquement aux
ennemis turcs commandés par le général allemand Liman Von Sanders, et
ont souffert d’énormes pertes. Enfin, en octobre 1915, les Alliés ont dû
sauver les survivants, environ 100 000 hommes et les réembarquer51.
Les forces françaises52 engagées aux Dardanelles et à Gallipoli53 ont
été appelées Corps expéditionnaire d'Orient (CEO) et après octobre 1915
jusqu’à janvier 1916 Corps expéditionnaire des Dardanelles (CED). « Á partir du
11 août 1916, les forces françaises de l’Armée d'Orient (AO) constituent l'Armée
française d'Orient (AFO), qui est sous les ordres du Commandement des Armées
alliées en Orient (CAA) »54.
Après le réembarquement et l’échec tragique du CEO à Gallipoli, les
corps expéditionnaires ont pris la direction vers la Grèce qui était en ce
temps-là un pays neutre. Le CEO devenu l’Armée d’Orient, est composé
par l’AFO, des troupes serbes, britanniques, italiennes, grecques,
albanaises, portugaises et russes 55 . La cause de ce regroupement
géographique militaire a été l’entrée en guerre de la Bulgarie, à la suite de
quoi les puissances centrales complétées avec la Bulgarie ont commencé
une offensive successive contre la Serbie56. Les territoires de la Macédoine
serbe ont été soumis et occupés par les forces bulgares, tandis que les
restes de l’armée serbe ont commencé à se reconstruire par l’aide de
l’Entente. Simultanément, Salonique est devenue un camp militaire
retranché, ou l’Armée d’Orient pouvait se fortifier et se regrouper, mais la
menace des puissances centrales était continue57. « En août 1916, les troupes
de l’Alliance passent à l’offensive dans la plaine de Monastir. Elles avancent en
territoire grec, bousculant les troupes de l’Entente, qui parviennent, après quelques
semaines, à contenir l’avancée des puissances centrales. De septembre à novembre 1916,
les forces de l’Entente réussissent, au prix de lourdes pertes, à prendre l’avantage et à
pénétrer en Macédoine serbe, ainsi qu’en Albanie » 58 . Vers la fin novembre, la
ville de Monastir a été vidée par les puissances centrales et puis réoccupée
51 Achalme 2010.
52 Qui comportent également un nombre d’éléments bretons malgré leur sentiments
séparatistes traditionnels. Bene 2012 : 26.
53 Bene 2009, 8-9.
54 Schaeffer 2014, 7.
55 Achalme 2010.
56 « Le Front d’Orient » ,op.cit.
57 Achalme 2010.
58 « Le Front d’Orient » , op.cit.
77
par celles de l’Entente. Dès ce moment-là, la ligne du front s’étendait au
nord de la ville, mais jusqu’à la fin de la guerre, les attaques occasionnelles
de la Triple-Alliance n’ont pas évité Monastir59.
Après les événements de l’année 1916, il faudra attendre vingt-quatre
mois pour l’évolution et la percée du front. Au cours de 1917, le général
Sarrail, commandant de l’AFO, a été remplacé par le général Adolphe
Guillaumat, qui « s’est ingénié à remonter le moral des troupes, à les entretenir et
surtout à les soigner. Le général contribue aussi fortement à l’implantation d’un état-
major interallié, suffisamment solide et intelligent pour ne froisser aucun des pays
contributeurs, tout en permettant des décisions rapides et efficaces. De plus, les Grecs
finissent par s’engager dans le conflit aux côtés des Alliés »60.
Á la fin de l’été 1918, l’Entente a lancé une offensive élaborée par le
général Guillaumat, mais accomplie finalement par le général Louis
Franchet d’Espérey. Le 15 septembre 1918, la reconquête de Balkans a
commencé. Les soldats anglais et italiens ont entamé l’offensive en
direction de la Bulgarie à l’Est, tandis qu’au centre, les forces françaises et
serbes ont percé le front en deux semaines en remontant vers Skopje61.
Grâce à cette victoire, les troupes de l’Alliance se sont retirés vers le nord.
Après la signature de l’armistice au 29 septembre 1918, les combats ont
pris fin et au 1er novembre, Belgrade a été libérée62.
En ce qui concerne l’achèvement de la carrière de l’AO, après
l’armistice « la percée sur le Danube amènera les soldats français jusqu’à Budapest,
Sofia, Bucarest…Á la fin de 1918, on expédia ces courageux en Roumanie pour tenir
le front au sud de la Russie contre les Bolcheviks…L’aventure des poilus d’Orient
s’achèvera en mars 1919 sur les quais blafards d’Odessa »63.
Conclusion
Après ce parcours historique de grande envergure, nous pouvons
facilement admettre que le succès de la France dans la Première Guerre
mondiale dépendait considérablement de l’endurance, de la confiance et
des bonnes aptitudes militaires des soldats coloniaux. Il faut aussi voir que
la France devait toujours lancer des recrutements sur le territoire colonial
en cas de l’urgence, car ses sources militaires nationales n’étaient pas
suffisantes.
On peut constater que les soldats coloniaux ont été exploités par
l’Hexagone, en plus, ils n’étaient jamais vraiment acceptés par le peuple
http://crbn-mk.courriers.info/IMG/pdf/_Orient_et_campagne_Macedoine.pdf.
78
français ni pendant la guerre, ni après, bien que la France puisse remercier
sa survie, au moins partiellement, à ses colonies.
Bibliographie
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honvedelem.hu, URL: http://www.honvedelem.hu/cikk/38796, consulté le
23 janvier 2015.
81
Linda Németh
1 Ce récit est conservé dans cinq manuscrits dont deux se trouvent à Florence dans la
Biblioteca nazionale centrale, Conventi soppressi, F. IV, 776, f. 11r-12r (J) et dans la
Biblioteca Riccardiana, 2756, f. 72r (π), un troisième à Milano dans la Biblioteca
Ambrosiana, R. 71 sup., f. 127v-128r et 120r-v (G), le quatrième à Modène dans la
Biblioteca Estense Universitaria, α.R.4.4, f. 216r (D) et une seule version française, à Paris
dans la Bibliothèque nationale de France, 22543, f. 143r-v (R). Nous avons utilisé le receuil
intitulé Nouvelles courtoises occitanes et françaises, (Le Livre de Poche, Paris, 1997.) dont les
textes sont édités, traduites et présentées par Suzanne Méjean-Thiolier et Marie-Françoise
Notz-Grob.
2 Ce sont des poèmes narratifs de quelques centaines de vers, composés en couplets
d’octosyllabes. Le mot novas peut être traduit par « nouvelle, conte ou histoire », il est
inutile de les rapprocher avec les nouvelles au sens moderne. C’est un genre littéraire
typiquement médiéval dont la thématique se rattache à l’univers courtois. Selon Michel
Zink, les novas réunissent deux activités : « des nouvelles d’amour et des nouvelles de
l’amour ». « Les novas ne donnent pas directement des nouvelles du monde », ils font écho
des problèmes moraux et historiques de la société, ils font entendre une leçon. En réalité,
les novas occitanes diffèrent sensiblement de la plupart des nouvelles françaises. Elles en
diffèrent par le ton, par les résonances littéraires et souvent même, ou jusqu’à un certain
point, par le contenu. (Source tirée de Zink 2006.)
83
mais il nous communique aussi le motif de sa composition en précisant
ses destinataires.
« Ainsi conta seigneur Arnaud de Carcassès,
qui a composé des requêtes d’amour pour bien des dames
et aussi pour corriger les maris
qui veulent enfermer leur femme. »
(Las Novas del Papaguay, vv. 305- 308.)
Nous avons très peu d’informations sur lui, alors que son nom figure dans
le Dictionnaire historique, ou, Biographie universelle classique (édité en 1826). Il y
est noté que notre troubadour vivait au XIIIe siècle, son nom « n’est connu
que par une nouvelle ou conte singulier, d’une invention bizarre, dont l’abbé Millot
donne la traduction3 ». Cependant, ce dictionnaire met en doute le fait que la
Nouvelle du Perroquet avait été composée par M. de Carcassès : « l’original de
ce conte appartient à un trouvère français dont Arnaud de Carcassès n’a été que le
traducteur en provençal 4».
84
Le double est défini comme synonyme de l’alter ego qui s’applique à
deux personnages qui « montrent l’un avec l’autre une ressemblance frappante au
point qu’on les confond6 ». Le perroquet est alors un autre Antiphanor, qui,
muni d’ailes, est capable de dépasser les obstacles physiques et peut
facilement approcher la dame. Cet animal anthropomorphique sort très
vite de son rôle de messager et il devient la duplication du chevalier dans
le jardin de la dame où il prend quasiment sa place. L’analogie entre eux
s’établit sur les valeurs morales de la fin’amor : l’oiseau incarne les qualités
courtoises de son maître. Le double fonctionne souvent comme un miroir,
« un modèle de représentation7 ». Nous allons voir à partir des exemples qu’en
dépassant son rôle original, il devient le miroir de l’âme du chevalier, de ce
fait, la source de connaissance de son maître. Petit à petit, l’oiseau sera
interchangeable avec son maître : il le remplace et agit à sa place. Puisque
la dame le traite comme s’il était son soupirant, il n’est pas surprenant que
son identité animale s’efface. (Plus tard, nous allons voir que de nombreux
éléments dans le récit nourrissent clandestinement ce processus
d’anthropomorphisation.) Le double est une notion paradoxale qui
comprend l’identité et l’altérité, met en lumière les ressemblances et en
même temps les ambivalences, il relève de la différence et de la
complémentarité entre les deux figures 8 . Ce faux-double d’Antiphanor
semble être un véritable fin’amant, malgré le fait qu’il est un animal. La
passivité apparente du chevalier sera compensée par le perroquet qui ne
restera plus un personnage auxiliaire, mais plutôt un acteur
complémentaire, son double-actif. Pour cette raison, nous ne pouvons pas
nous empêcher de poser la question suivante : pourrait-il dépasser son
maître de par ses valeurs ?
Bien que notre objectif majeur soit de relever des relations
analogiques entre les deux êtres mentionnés à partir des indices textuels,
un objectif mineur qu’on ne peut pas perdre de vue en découle, lié
également à la figure de l’oiseau : le motif du double dans le traitement du
texte. Nous partons d’une observation très générale : le motif du double
apparaît dans ce récit de deux manières différentes, d’une part, au niveau
de personnages (l’identité du chevalier est dédoublée par son oiseau-
messager), d’autre part, au niveau du discours (des séquences narratives se
répètent par la parole de l’oiseau).
6 Ibid., 492.
7 Pomel 2003 : 24.
8 Brunel, op. cit.
85
Au-delà des significations stéréotypées du perroquet
Bien que notre propos n’est pas pour but d’explorer le degré de
connaissance, selon quoi les gens possédaient cet oiseau au Moyen Âge, il
convient encore de rendre compte de quelques descriptions animalières
pour comprendre les caractéristiques propres à notre oiseau dans notre
nouvelle. Malgré le fait qu’il est absent de la Bible, les documents antiques
sont bavards sur cet oiseau. Aristote, Pline L’Ancien, Apulée, Isidore de
Séville expliquent son nom, son origine, décrivent la couleur du plumage,
le bec, les habitudes alimentaires, l’aptitude à imiter la voix humaine. Dans
la majorité des cas, cet oiseau apparaît par deux attributs récurrents dans
les textes écrits : admiré pour son plumage vert, et valorisé grâce à « la
facilité ... à imiter la voix humaine9». De plus, Aristote raconte de cet animal
« Quand il a bu du vin, il est, si c’est possible, plus dévergondé que jamais » ou Pline
décrit que « Le vin lui délie la langue ». Dans les bestiaires médiévaux, on en
trouve très peu d’informations, c’est Brunet Latin qui en parle plus
abondamment dans la cinquième partie du premier livre du Livre du
Trésor10 :
« Le perroquet est un oiseau vert, mais son bec et ses pattes sont
rouges comme sang, et il possède une langue plus grande et plus
large que celle de tout autre oiseau. Celle qui lui permet d’articuler
des mots à la façon d’un homme, si on le lui apprend dans son
jeune âge, au cours de la seconde année de sa vie, au-delà de cet
âge, il devient difficile à dresser et oublieux de sorte qu’il est
incapable d’apprendre ce qu’on lui montre. Et on doit le dresser à
l’aide d’une petite verge de fer. Et les indiens disent que cet oiseau
ne naît nulle part ailleurs qu’en Inde, et que de sa propre nature il
sait saluer selon l’usage de ce pays. Ceux qui ont cinq doigts sont
les plus nobles, et ceux qui n’en ont que trois sont d’une race
médiocre. Et toute la force du perroquet est dans son bec et dans
sa tête et c’est là qu’il essaie le plus souvent de recevoir les coups,
lorsqu’il ne peut pas les éviter11. »
Cet animal exotique d’origine orientale12, de plus en plus fréquent dans les
cours princières dans la seconde moitié du XIIIe siècle, bénéficie d’un rang
86
privilégié dans la société des hommes. Le perroquet est désormais un
animal de compagnie à la mode, les reines, les princesses et les dames de
l’aristocratie apprécient les couleurs et le bavardage de ce petit oiseau vert.
« Cette mode, née en Angleterre mais rapidement adoptée sur le continent, perdurera
jusqu’au XVIe siècle »13. Le perroquet est un motif plus apparent sur les
représentations artistiques que dans les textes littéraires. Il fait partie du
décor sur les tapisseries, il assure la richesse du paysage au fond des
peintures, un motif très présent sur les textiles.
Dans la littérature latine, l’évocation de la mort du perroquet chéri par
son maître ou sa maîtresse apparaît chez deux auteurs : Ovide (Amores
2,6), Stace (Silves 2,4)14. La vision anthropomorphique de l’oiseau apparaît
de manière très modeste dans ces deux textes. Près d’un siècle plus tard, la
même vision domine l’œuvre d’Arnaud de Carcassès. Dans les récits
courtois, le perroquet n’apparaît jamais seul. Toujours en compagnie
d’autres oiseaux, il assure l’ambiance de la scène. Deux exceptions
échappent à cette règle: Le Conte du Chevalier au Papagay 15 et Florence de
Cheltenham (où deux oiseaux se battent en duel, un rossignol et un
perroquet).
aventures du roi Arthur. Un perroquet devient le compagnon du jeune roi Arthur. Cet
oiseau tient le rôle de ménestrel à ses côtés, il chante les prouesses de son maître.
87
le plus agréable, le plus joyeux,
Antiphanor, le fils du roi
Qui donna le tournoi pour vous.
Vous envoie cent mille fois ses saluts,
Et, par mon truchement, vous prie l’aimer16. »
Les oiseaux messagers sont fréquents dans la littérature médiévale. « Oiseau
messager d’amour, l’oiseau confident d’amour, l’oiseau conseiller d’amour –
généralement auprès de la jeune fille – on le trouve dans une foule des chansons 17 »,
comme l’a dit Michel Zink. Étant des éléments obligatoires du début
printanier, ces oiseaux ont plutôt pour fonction de créer l’harmonie qui
invite à l’amour. Ils n’annoncent pas seulement l’arrivée du printemps,
mais le renouveau : l’arrivée de l’amour incarnant l’être aimé, suscite une
aventure acoustique qui enflamme le cœur. Notre perroquet parle dans
une langue étrangère, seule la dame et son amant sont capables de
comprendre « son latin »18. Quelques oiseaux disons atypiques prennent la
fonction de messager : dans deux chants de Marcabru, l’étourneau
(valorisé par la rapidité de son vol) est un oiseau messager 19. Le cygne
Milon de Marie de France devient un vrai personnage dans le récit, tout
comme Yonec, qui, d’abord messager d’amour, se métamorphose en
16 « Dona, Dieus vos sal, / Messatge soy, no-us sapcha mal / Si vos dic per que soy aissi /
Vengutz a vos en est jardi. / Lo mielh er cavayer c’ancfos, / E-l pus azautz e-l pus joyos, /
Antiphanor, lo filhs del rey / Que basti per vos lo torney, / Vos tramets lutz cen mil vetz /
E prega-us per mi que l’ametz ; » Nouvelles courtoises, Lettres gothiques, Collection dirigée
par Michel Zink, Le Livre de Poche, LGF, 1997, Arnaut de Carcassès, Las Novas del
Papagay, vv. 7-16.
17 Zink2006 : 170.
18 Pour en savoir plus, consultez l’article de Szabics 2010 : 660-668.
19 « Étourneau, prends ton vol : / demain, de bon matin, / tu iras pour moi en une contrée
88
chevalier. Le geai20 de Frayre de Joy qui, après avoir permis le retour à la vie
de Sor de Plaser endormie, œuvre pour le mariage des personnages. Ces
oiseaux sont atypiques parce qu’ils font plus que les oiseaux chanteurs du
début printanier, mais moins atypiques que notre perroquet qui dépasse
largement son rôle initial dans le récit parce qu’il parle, de plus il riposte,
convainc et argumente.
Dans La Nouvelle du Perroquet, l’intelligence de l’oiseau dépasse sa
nature malgré le fait que dans les descriptions animalières antiques ou
médiévales, il n’est pas valorisé par son intelligence mais seulement par sa
beauté, ses couleurs chatoyantes et sa faculté excellente d’imiter la voix
humaine. Après un certain temps, Antiphanor et sa dame traitent l’oiseau
comme leur partenaire. Ils semblent être quasiment égaux. L’évocation de
la relation symétrique amicale entre Antiphanor et l’oiseau surgit deux fois
dans le texte. Le perroquet apparaît comme le compagnon du chevalier,
comme Olivier l’était pour Roland :
« Et à la charpente, par amitié pour vous ;
Et quand le feu sera allumé,
Vous aurez tout loisir d’entrer,
De courtiser votre dame,
De la tenir et de l’embrasser21. »
20 La principale nature du geai selon Isidore de Séville et les commentateurs médiévaux est
qu’il crie fortement et il est valorisé à cause de sa capacité d’imitation.
21 « E prendetz los per su’amor, / Que Dieus vo’n do be et honor. /[…] / Jes no vos en
say cosselhar; / Mas yeu metrai foc a la tor / Et al solier, per vostr’amor; / E can lo focs er
abrasatz / Poiretz intrar be per espatz, / Ab vostra dona domnejar / E lieys tener et
abrassar. » (vv. 151- 162)
22 Mot es lo papagays vas luy / Fiels amicx e ses enjan. (vv. 168-169)
23 Pero si me voletz escotar, / Ja per razo nous defendretz / D’Antiphanor que non l’ametz. (vv. 74-
76)
89
Je vous dis bien24 . »
Dès lors que l’oiseau fait des initiatives, réfléchit, et à la place de son
seigneur de surcroît, il dirige et surveille les amants, il s’élève au dessus
d’eux. Une relation verticale s’instaure entre l’animal et la couple et bien
sûr, le premier prend la place supérieure :
« -Dame, avez-vous quelque projet ?
- Moi, non, et je ne m’étonne pas
Que vous n’ayez pas non plus.
- Mais j’en ai un, dame : maintenant entendez-moi25. »
» (vv. 256-258)
29 « Trop me paretz enrazonatz » (v.32)
90
Certes, le perroquet, en tant qu’orateur persuasif, essaie de convaincre la
femme par des exemples en lui évoquant les couples bien connus de la
littérature courtoise, le motif de double se présente de nouveau :
« Ne vous souvient-il pas de Blanchefleur
qui aima Floire sans aucun tromperie
ni d’Yseut qui aima Tristan
ni de Thisbé quand au guichet de la porte
elle alla parler à Pyrame31 »
Il fait référence aux femmes qui ont rencontré en secret leur bien-aimés :
Yseut est allée à la fontaine pour parler à Tristan32, Thisbé a parlé avec
Pyrame33 à travers un trou dans la muraille. Il fait explicitement référence
aux grandes histoires d’amour malheureuses. Floire et Blanchefleur
s'aimèrent dès leur plus jeune âge et ne furent enfin réunis que dans la
mort grâce à la merveille d'un tombeau. « En elles vous pouvez trouver
modèles. » - ainsi disait-il.
Par conséquent, l’étonnement initial de la femme se transforme en
méfiance envers l’oiseau qui discute aisément avec elle. Elle met en doute
son identité animale en le rapprochant d’un chevalier courtois, séduisant,
attirant :
« Perroquet, vous êtes trop beau parleur,
Il me semble que si vous étiez chevalier,
Vous sauriez bien requérir d’amour les dames34. »
Il convient de remarquer également que le poète ne dresse pas d’un
portrait véritable de l’oiseau. Son extérieur reste invisible tout au long du
récit. Probablement, l’auteur a la volonté de mettre en scène un oiseau
hors du commun, par conséquent, il le représente dépourvu des qualités
zoomorphiques qui le rattachent au monde animal. Ce n’est pas par sa
beauté ou par son apparence physique qu’il séduit. Le lecteur, privé
d’informations sur son apparence physique, ne pourra pas identifier tout
seul son espèce. Il est probable que l’auteur a intentionnellement omis sa
description pour suggérer que l’essentiel de ses caractéristiques repose sur
sa parole et non pas sur son apparence. Or, le lecteur attentif pourra
découvrir deux indices textuels qui suggèrent de manière indirecte qu’il
appartient peut-être au monde des animaux. En premier lieu, sa capacité
30 « si Dieus m’acosselh, / Encara-us dic que-m meravelh, / Car vos tan gen sabetz parlar »
(vv. 97-99)
31 « No vos membra de Blancaflor/C’amet Floris ses tot enjan,/ni d’Izeut que amet Tristan,/Ni de
Tisbe cant al pertus/Anet parlar ab Piramus/C’anc nulhs hom no l’en poc tornar ? »(v.82-87).
32 Tristan et Iseult (voir les versions en langue d’oïl de Thomas d'Angleterre et de Béroul)
91
de voler est mise en question. Comme il n’est pas un oiseau valorisé par
son vol (il est plutôt un oiseau grimpeur), l’évocation de son vol35 sert à
structurer le récit. Son va-et-vient est accentué pour créer une sorte de
dynamisme dans le récit, pour rapprocher les amants en surmontant les
obstacles physiques entre eux. En deuxième lieu, quand il revient chez la
dame pour la dernière fois, il se pose sur son bras comme le ferait un
oiseau dressé. En revanche, il tente de contredire sa nature animale
lorsque l’auteur-narrateur évoque ses pieds « pes » et non pas ses pattes :
« Il vient d’abord devant la dame ;
Comme s’il eût été un épervier
Il alla se poser à ses pieds
Et puis tout aussitôt lui dit36. »
Probablement, l’auteur aurait bien voulu priver le perroquet de toutes ses
qualités zoomorphiques pour que l’éloignement physique du chevalier ne
dérange pas la perception. Comme leur analogie n’est pas brisée par leur
différence physique, il est probable que l’auteur ait voulu faire sentir de
cette manière à ses lecteurs l’union hermétique qui s’établit entre le
chevalier et l’oiseau.
A partir du moment où la dame écoute le message de son soupirant,
le caractère et les sentiments du chevalier se révèlent à travers le discours
de l’oiseau. Ensuite, elle met en doute ces sentiments, refuse son approche
et renvoie plusieurs fois le messager, mais l’oiseau insiste. Puisque la dame
s’oppose à l’animal, un débat se déclenche entre eux. C’est à partir de ce
moment que l’oiseau se métamorphose pour la première fois. Pendant leur
débat, il cesse d’être le simple porte-parole du chevalier. Il prend sa place.
L’oiseau paraît un être métaphorique du chevalier dans le verger : il
résume le désir d’Antiphanor, il renferme ses qualités et attitudes
courtoises, même les pensées intimes de celui-ci. Étant en pleine
communion avec son maître, il révèle son caractère, le fond de son cœur.
Ensuite, sa position change : il courtise la dame et commence à
argumenter comme s’il était celui-ci. Il cesse d’être sa métaphore, il se
travestit en chevalier en face de la dame. La preuve de ce propos : la dame
parle avec lui comme s’il était un véritable fin’amant, comme s’il était son
soupirant, et elle met en doute plusieurs fois son identité animale. Malgré
le fait que la femme ne connaît le chevalier que par l’ouï-dire, elle lui
propose son amour par un geste courtois, elle offre un gage d’amour, son
anneau, au chevalier, et au fond, à l’oiseau. Notre novas suit parfaitement
les étapes de développement de l’amour courtois.
Antiphanor reste à l’ombre pendant le débat dans le verger. En se
préparant à entrer dans le jardin, il apparaît réellement sur scène. A partir
92
de ce moment-là, le perroquet cesse de se substituer à son seigneur et de le
représenter. Son caractère anthropomorphe diminue. Son rôle se réduit.
(Il n’est plus messager, il remplit le rôle du veilleur de l’alba provençale en
avertissant les amants du moment de la séparation : « Aussi vite qu’il le put,
il vint vers eux / puis il se posa près du lit / et leur dit : « Pourquoi ne vous levez-vous
pas ? / Debout et séparez-vous, car le feu est tout à fait mort. »37) Il est évident que
c’est grâce à l’oiseau que les projets d’Antiphanor réussissent. Ce
manipulateur talentueux est plus qu’un remplaçant du chevalier retiré dans
son état d’attente passive : il agit en sa faveur, comme son double actif, un
acteur complémentaire. Cet élément textuel confirme la présomption
selon laquelle l’oiseau est le double du chevalier :
« Jamais, je crois, aucun oiseau
N’a tenté ni commencé
Un aussi bel exploit que celui-ci. »38
Sans aucun doute, l’accomplissement d’exploits appartient aux activités
obligatoires d’un chevalier, action inhabituelle de la part d’un oiseau. De
plus, notons que ce perroquet surpasse son maître par ses activités, par ses
valeurs. En dépit de tout, à la fin du récit, juste avant la scène de
rencontre, le perroquet reprend sa fonction originale en préparant l’arrivée
en scène du chevalier: il redevient un animal domestique, un simple
messager. Preuve de cette nouvelle métamorphose: le jeu spéculaire où il
répète avec peu de modification, presque mot à mot les paroles de la
dame :
« Et portez lui de ma part cet anneau,
Je ne crois pas qu’il y en ait de plus beau au monde,
Avec collier d’or façonné,
Qu’il le prenne en gage de mon amour39.
37 « A l’enans que poc, venc vas lor / E es se pro del lieg pauzatz/ E a lor dig : « Car no-us
levatz ?/Anatz sus e departetz vos,/Que-l focs es mortz tot ad estros. » (vv. 291-295)
38 « Anc may no cug per lunh auzel/Fos aitan ricx faitz assajatz,/Com aquest er, ni
93
que son porte-parole. Nous avons déjà constaté que la nouvelle actualise
tous les grands thèmes de la requête amoureuse, met en scène tous
les composants du scénario de la séduction : expressions de souffrance du
chevalier, expression de fidélité absolue, soumission totale, déclaration
d’amour, offrande d’un gage d’amour etc. L’auteur nous fait part son
enseignement à partir de la figure de l’oiseau : l’éthique et la pratique de
l’amour courtois, Le perroquet respecte parfaitement les codes et les
usages de conduite de ce concept. Il remplit le rôle moralisateur de par
son comportement. De ce fait, le perroquet peut être interprété comme le
porte-parole, le double du poète.
Conclusion
Nous avons proposé d’examiner un oiseau, figure centrale du récit, qui
sort de sa représentation figée et se transforme en fonction de l’action.
Nous constatons des parallélismes remarquables entre le chevalier et son
perroquet. Il est d’abord le double parole de son maître, ensuite, il donne à
voir des renvois, des similitudes et en même temps des oppositions par
rapport à lui. Il résume l’ensemble des valeurs morales et des dispositions
du cœur nécessaires à un fin‘amant que son maître, Antiphanor ne
possède peut-être pas. Avec le temps, il devient le véritable acteur de ce
jeu de séduction en accomplissant des exploits chevaleresques à la place de
son maître.
Dans la tradition courtoise, l’amour est considéré comme source du
dépassement de soi. Dans le novas d’Arnaud de Carcassès, c’est l’oiseau qui
dépasse sa propre nature pour obtenir une réponse favorable de la dame.
Il devient peu à peu le maître de son maître par ses conseils. Les rôles
s’inversent, le chevalier suit les instructions de son perroquet.
Bibliographie
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Éditions du Rocher, 1988. Article « Double » pp. 492-531.
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classique, Éd. C. Gosselin. Article « Arnaut de Carcassès »
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original), traduction in : Bianciotto Gabriel (1980) Bestiaires du Moyen Age,
Stock.
OBRY, Vanessa (2009), À vol d’oiseau : séparation et réunion des amants dans
quelques récits brefs français et occitans (XIIe-XIVe siècles) In : Déduits d’oiseaux au
94
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POMEL, Fabienne (dir) (2003), Miroirs et jeux de miroirs dans la littérature
médiévale, Presses Universitaires de Rennes.
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dictionnaire des représentations etcroyances en Occident, Paris, Éd.
Desclée De Brouwer.
ZINK, Michel (2006), Nature et poésie au Moyen Age, Paris, Fayard.
Résumé d’un cycle de cours de Michel Zink, tenus au Collège de France
intitulé Littératures de France médiévale: https://www.college-de-
france.fr/media/michelzink/UPL2159_Michel_Zink_
cours_0708.pdf)
95
Károly Sándor Pallai
97
habituelles de l’oppression et de la domination économico-politiques,
identitaires et culturelles. L’interrogation s’étend au niveau supranational
également : « Qu’entendre, qu’accepter de ces bouts de terres perdus dans le pacifique
océan ? Du nombril de sémillants orateurs pourfendeurs d’indépendances et
d’émancipations, jaillit la très haute conscience… de soi même » 6.
Par l’analyse des rapports de force et de la scène politique, Titaua Peu
nous offre une vision complexe du processus de la formation identitaire7.
La critique concerne non seulement l’entreprise et l’hégémonie coloniales,
mais elle implique également une analyse politique psycho-narrative des
divisions internes. La perception de l’auteure ne relève donc pas d’une
identité intégrale, mais d’une approche différentielle et remplit la fonction
d’une médiation culturelle et historique8 pour faire paraître l’architecture
de la mémoire événementielle et de l’actualité politique. Dans cette
« herméneutique textuelle ou scripturaire » 9 , Titaua Peu apporte des
éléments enrichissants à la lecture culturelle et historique de la constitution
de la personnalité, notamment des composantes politiques dont l’analyse
permet d’avoir un aperçu idéatif10 critique sur la structure de la conscience
identitaire11. À partir de la concrétude locale et régionale, certains passages
du texte atteignent l’universalité, l’apodicticité12. Par le traitement poétisé
du champ politique, l’auteure apprésente l’horizon d’indéterminité et de
doute de la différentiation et de la divisibilité internes13. C’est une tentative
de réélaboration des vécus du passé et surtout de la deuxième moitié du
XXe siècle, de la genèse de la conscience socio-politico-historique et
identitaire, de la « réactivation des vécus temporalisés » 14 , d’une
réactualisation de l’étude de la genèse et des couches sédimentées de
l’identité polynésienne.
« Sensation déjà vue. Vertigineuse. Le chant de l’enfance
soudainement retrouvé… Sensation du vide et de la folie. Du
manque, du questionnement nauséeux mais salutaire. Me revient en
mémoire la douce plainte d’Henri Hiro. Quelle leçon ?… « Aitau
conscient.
11 Keszeg 2004 : 91.
12 Nécessité démonstrative, absolue, caractère universel. Depraz 1995 : 233.
13 Entre le peuple, les citoyens et l’élite politique, entre Polynésiens, demis, Océaniens et
Européens.
14 Depraz 1995 : 237.
98
no te aha ? Aitau i te aha ? »… La réponse du poète jamais n’est
parvenue aux oreilles de ceux qui dirigent »15
L’image de l’ipséité16 que le texte reflète s’enracine dans l’altérité décrite
dans la dimension présentificatrice élucidant l’expérience de la présence et
de l’importance de l’autre en tant que nœud référentiel. L’analyse micro-
identitaire est située dans un cadre macropolitique qui favorise la
démonstration de conceptions plurielles de nationalité. Dans ses efforts de
traiter et de travailler les traumatismes intériorisés, Titaua Peu a recours à
« Aitau », texte d’Henri Hiro, comme instance fondatrice des
interrogations qui présentent une identité déstabilisée et ébranlée par
l’exploitation, la manipulation et la soumission aux intérêts locaux et
internationaux. Le schéma cognitif proposé au lecteur est défini par la
sensibilité politique et l’enracinement poétique, culturel et se caractérise
par l’empreinte de la temporalité subjective, de la formation intellectuelle
et par la priorité accentuée des centres d’intérêt de l’auteure.
Le poème cité d’Henri Hiro 17 est la transcription d’une vision
cosmique sur la temporalité, l’attitude de l’homme à l’égard du passé vécu,
la continuité des générations et la liaison profonde entre les points
cardinaux, le céleste et le terrestre :
« Hēheu aè ra taù tāura
i te mau papa tupuna ra,
aore rā a rātou parau
tei faaurua i te mau tūtuu ra. […]
E tō, e tō, e tō e te uì hou e,
ìa tō ā òe i te uì hou,
èi uì hou no te iho tumu māòhi rā. […]
[atua] aore rā rātou i te mau ôroà ra.
Ua hīhipo anaè i ke tāiva a
te hinarere. […]
ua mātaetae te hinaaro
o te hinarere i te iho tumu. […]
ua òere haere noa
te hinarere i to ù nei fenua » 18
99
La référence intertextuelle à Hiro et l’emprunt intratextuel 19 des motifs
centraux à son écriture illustrent et enrichissent l’architecture narrative de
Peu : la grille de lecture politique et psychologique offerte par l’auteure est
approfondie et élargie, de nouvelles dimensions culturelles et temporelles
sont assignées aux bribes parcellaires qui composent le texte. La centralité
du motif structurant l’identitaire sert de foyer à l’exercice de la pensée
critique sur le tissu historico-politique et psycho-philosophique de
l’identité, à l’analyse consciente de la subjectivité, à la formation d’une vue
polyscopique20 qui permet de situer le questionnement dans l’histoire et
l’héritage culturel polynésiens. Il s’agit de la perspective de l’actualisation
de la culture littéraire et du discours identitaire qui s’ouvre par le recours à
la pensée de Hiro pour confronter les questions irrécusables concernant
les enjeux et l’avenir de la Polynésie française et de l’aire océanienne en
général.
Le premier sujet récurrent abordé dans « Aitau » est l’éloignement de
l’héritage, des voies de la tradition, la perte de l’autorité et de la force de la
parole des ancêtres. Néanmoins, Hiro adresse un appel expectatif à la
nouvelle génération. Ses strophes cherchent à sensibiliser, à
responsabiliser, à souligner l’importance vitale d’un renouveau culturel,
d’une conscientisation identitaire dont l’indispensabilité et l’urgence sont
mis en relief par la présence de la particule ‘ia introduisant l’aspect
désidératif21. Cet aspect prospectif confirme également l’idée d’un rapport
organique entre culture et identité envisagées sous l’aspect d’une
continuité et d’une cyclicité qui mettent en mouvement l’engourdissement
et la fixité de l’intemporalité ou de la temporalité révolue des ancêtres.
Une « expérience d’altérité du moi à lui-même » 22 se déploie à partir de la
présentation génétique, évolutive de la temporalité qui met l’accent sur la
succession et l’alternance des générations. L’éventail diachronique traité
s’étend entre la dimension des ancêtres et des dieux 23 et celle des
générations contemporaines et futures. Cette conscience pluritemporelle
est exprimée par le mot tahitien hinarere qui désigne les descendants, les fils
d’arrière-petit-fils24 et qui, avec la temporalité des ancêtres, représente la
perspective rétentionnelle et protentionnelle 25 de Hiro. Il s’agit d’une
modalité de conscience active et participative témoignant d’une force
affective de l’auteur qui ressent la douleur de l’errance culturelle et
100
identitaire. Le « flux rétentionnel » 26 se compose d’images qui représentent la
réviviscence de l’héritage, des sites mémoriaux, des valeurs traditionnelles
illustrant l’éveil affectif auctorial, la réactivation des couches profondes du
passé. Le mouvement remémoratif, réceptif n’est pas passif, au contraire,
dans l’œuvre d’Henri Hiro, il se revêt d’un caractère opérant proactif en
contribuant à la formulation d’une vision pour l’avenir qui comprend
également la « réactualisation des sens sédimentés » 27 . Ainsi, la structure
égoïque de la temporalité personnelle est-elle dépassée par l’intentionnalité
plurielle et polarisée tournée vers les enjeux collectifs, se téléscopant vers
le passé et le futur à partir du « champ du présent vivant » 28 . La
présentification des vécus et de l’héritage des ascendants fournit un
fondement solide pour envisager l’horizon de l’avenir, pour formuler la
vision de l’auteur qui, à partir de réflexions appartenant à la sphère de
« l’intra-égoïté » 29, réalise une ouverture vers « l’intensification de l’altérité » 30,
vers une « cosubjectivité »31 envisagées dans la « futurité »32 de la survivance
des traditions et de l’identité/des identités Polynésienne(s).
Il y a ensuite une scission dans le texte de Peu qui donne encore plus
de force aux oscillations et violences poétiques. En méditant sur les
conditions de possibilité de la reconstitution du moi, l’auteure nous dirige
vers l’origine constitutive de l’identité, vers l’hétérogénéité et vers la liberté
exprimées dans les paroles de Bob Marley qui appellent à une activité
égoïque émancipatoire ayant une dimension collective non négligeable.
L’histoire partagée de la colonisation sert de cadre de référence
commun aux peuples océaniens et peut établir une continuité
transocéanique aussi, notamment par la présence de la Jamaïque. La
référence caribéenne ne fait qu’accentuer la complexité de la politique
identitaire postcoloniale et fait entrer dans le texte le sujet du caractère
déshumanisant de la colonisation et le traumatisme culturel33. L’approche
psycho-historiographique réunit l’historiographie, les dynamiques
psychologiques et l’importance de l’héritage, de la tradition orale 34 et
établit un rapport juxtaposé conflictuel entre la perception historique
locale et collective et le discours occidental surimposé. Ces instances
impliquer la relativité d’un « après » lié à un repère temporel comme dans le cas de la
simple ultériorité. Voir Larreya 2005 : 337-360.
33Oostindie 2012 : 155-175.
34 Hickling 2007 : 1-25.
101
intertextuelles enrichissent la remise en question des pratiques
discursives35 européennes : « Il faudrait qu’ils l’apprennent aussi, ces descendants
d’une colonie à la fictive beauté, à la brillance sur-jouée, à l’hypothétique grandeur… il
faudrait qu’ils le connaissent ce chant ! Celui des planteurs de coton d’Amérique du
Sud, au XIXe siècle. Celui de Rosa Parks dans un bus, celui de Martin Luther King
un jour à Washington » 36.
Peu rapproche la réalité polynésienne aux vécus de la population afro-
américaine et resitue temporairement l’orientation du texte dans la sphère
d’une « passéité » 37 géographiquement et culturellement éloignée. Nous
sommes témoins d’une relative distanciation dans le processus de
localisation des éléments de mémoire qui sont censés fonctionner comme
des nœuds référentiels dans la construction identitaire. Cette technique de
constitution textuelle crée une fluidité temporelle qui se tisse dans le
flottement entre conscience rétroactive et intentionnalité proactive :
« [chant] Celui de peuples opprimés et jetés en partage pour satisfaire les égos de
« mama » en mal de possession. Mama farani, mama peretane… Deux mama qui
donnèrent le lait puis la syphilis. L’argent puis la bombe nucléaire. L’instruction puis
la haine. La bible et le vin, contre des terres » 38.
La mise en cause, le réquisitoire présenté par l’auteure suit une
chronologie subjective. L’énumération des oppositions binaires par
conscience temporalisante 39 contribue à la tension accroissante. « Mama
farani »40 et « mama peretane » 41 font référence à la duplicité de l’héritage, à
l’altérité historique et psycho-philosophique, aux pouvoirs exploitants, à
l’histoire franco-anglaise de l’Océanie. La combinaison paradoxale du lait
nourrissant et de la syphilis rend encore plus claire l’incompréhensibilité
des contradictions constitutives identitaires, les traumatismes historiques.
Les paires argent-bombe nucléaire, instruction-haine, bible-vin s’inscrivent
dans le paradigme des domaines étroitement associés aux problématiques
identitaires : l’auteure remplit le rôle double de l’exégète et de l’accusatrice.
Elle nous présente ensuite l’herméneutique et la critique d’interprétation
psychologique des désignations « Mélanésien » et « Polynésien » : « […] en
échange d’un Eden-Eldorado que ne méritaient point […] ces Mélanésiens au nom
générique adoubé par la communauté scientifique internationale. « Mélanésien » , de
ligne].
41 Peretane : Angleterre, Anglais. Stanley 2000 : 960.
102
mélasse pour dire le noir, puis la difficulté… Polynésiens, pour englober, par paresse.
Nommer sans distinguer. Baptiser sans appeler » 42.
La vocation principale de ce passage est d’éclaircir les imprécisions et
les erreurs qui résultent d’une perception ethnocentriste universalisante
qui cherche à justifier la théorie de l’infériorité raciale. C’est un appel
dramatique né pour partager l’expérience de l’horror vacui, de la perte des
fondements. Ce point de vue souligne la pluralité des vérités et des
discours et va à l’encontre de la négation de la violence et du choc culturel.
L’image dessinée est celle de l’appropriation territoriale, culturelle et
identitaire envisagée dans une superposition sémiologique et d’une
éclecticité historico-thématique. L’attitude condescendante et l’effort
homogénéisant représentent les démarches abusives 43 des pouvoirs
coloniaux, la violence culturelle et identitaire sont exposés et dénoncés
pour libérer la mémoire inexprimée et bloquée44 : « Quelles leçons recevoir des
Ni-Vanuatu, Fidjiens, Samoans, Salomonais… enfants de pauvres qui resteront à
jamais pauvres car le destin choisi est aux antipodes de ce que la raison éclatante,
évanescente et blanche leur avait dicté des siècles durant… » 45.
La charge affective de l’énumération et l’indignation exprimée ont une
fonction orientative : elles sont les échos constituant une récusation
postcoloniale dont la grammaire philosophique est caractérisée par un
pointillisme critique, par un parcours géographique et historique non
linéaire, par un éclectisme discursif. Peu cherche à présenter
l’appréhension perceptive et rationnelle, spirituelle et la « dissolution des
repères spatio-temporels » 46 et culturels du colonisé dans une structure
oppositionnelle censée rendre saisissable « le resserrement considérable du
champ de présence et sa fréquente déstructuration » 47 . Les références collectives
transarchipéliques et intrarégionales (et parfois même interrégionales)
montrent les dimensions de la paralysie culturelle et identitaire, la portée et
l’ubiquité de la violence symbolique et psychique. Pour élargir la sphère de
validité du texte, l’auteure opère une transposition dans le champ perceptif
en changeant le point de focalisation, en orientant la conscience
réminiscente vers l’axe du présent et du futur qui se surimposent au passé
polarisé en jugements valoriels positifs ou négatifs associés aux éléments
évoqués. La volonté présentificatrice actualise la pertinence du diagnostic
de l’auteure soutenant que le champ de présence et les composantes
identitaires sont saturés de vacuité et de privation et marqués par l’état
psychique et politique de l’assujettissement. Le dynamisme des images
103
proliférantes assurent la pulsation, la vibration qui, par les métaphores et
par les autres éléments stylistiques et contentuels, jouent un rôle essentiel
dans l’expression accentuelle du sentiment de dépendance et
d’anéantissement. Les séquences mémorielles ne font qu’augmenter la
force dramatique, la vigueur bouleversante et déchirante de la
démonstration de l’annihilation du « je », de l’abolition de la subjectivité :
« Le cœur bat dans la poitrine de l’orateur. Sa tirade, c’est sûr, enflammera tous ceux,
épris de réussite, de « civilisation », de relance économique pendant que l’occident lui-
même, saturé, fatigué, exsangue de ressources naturelles se penche sur celles de ces petits
États indépendants… » 48.
L’Occident apparaît comme un parasite végétal s’entortillant autour
des pays dominés, responsable de l’affaiblissement et de l’exploitation
naturelle et spirituelle. La temporalité protensive du futur simple est
atténuée par l’orientation rétensive du tableau symptomatique des
pouvoirs colonisateurs dressé par Peu. « Triste pantin… » est le constat
médical psycho-politique inclément de la condition marginalisée, de la
porosité et de la vulnérabilité de la présence et de la subjectivité. Les
différentes phases du « ressassement mémoriel » 49 constituent une
intensification graduelle atteignant son apogée dans la critique implacable
de l’Occident historique, politique et culturel, dans la symptomatologie
existentielle du rapport colonial, du désancrage identitaire. Les fragments
se juxtaposent et se superposent harmonieusement. La congruence 50
axiologique et la cohérence de la vision auctoriale contribuent à la stupeur
et à l’effet poignant de la présentation poétique de l’irrémédiable scission
de soi. Le repère temporel de l’énonciation a une charge valorielle
comparative positive, exemplaire servant de base référentielle aux
aspirations à la complétude ontologique, à la réappropriation identitaire.
Le texte assume une fonction médiatrice en ayant recours à la sphère
publique, à la réalité et aux vécus interpersonnels, au « lien social horizontal et
au lien sociétal vertical »51 pour donner une expression pluraliste des valeurs,
des privations et des expériences, pour décrire les enjeux, les polarisations
et antagonismes internes, l’instabilité et la fragilité sociales : « Triste pantin
désarticulé dans de tristes tropiques… Sait-il que le peuple autrefois fier se fait appeler
aujourd’hui « Collectivité territoriale » ? Il n’est plus un pays. Il est devenu le
prolongement outre-mer de la France. »
C’est un témoignage en faveur d’une solidarité régionale qui crée une
énergie synergétique unissant les différents vecteurs et classes de la société
104
et qui milite contre la désindividuation et l’impersonnalisation. L’élément
structurant de cette articulation exprimant l’engagement de l’auteur pour
un vivre-ensemble est la responsabilité collective, la cohésion
socioculturelle et la continuité historique. La subjectivité personnelle est
confrontée à des expériences à valeurs et appartenances multiples, à
identités plurielles52. Au lieu d’une présentation statique et factuelle des
valeurs, Peu nous propose une « renégociation valorielle »53 réflexive et flexible
soutenue par une argumentation alimentée de plusieurs domaines
appartenant à la vie d’une société 54 . Titaua Peu se donne la tâche de
dévoiler les dysfonctionnements psychiques, politico-structurels et
systémiques aussi bien que mentaux, spirituels, sociaux et identitaires.
Dans « Triste pantin… », on peut constater la prégnance des valeurs qui
offrent une alternative aux discours monolithiques, exclusifs qui donnent
naissance à des réalités désarticulées, désocialisées, désenracinantes. Ce
texte est un appel, un cri de solidarité qui attire l’attention à l’exclusion
sociale, à la privation matérielle et identitaire, à la déshumanisation, à
l’indifférence et devient ainsi un lieu de confrontation des vécus et des
perspectives. Le point de vue exprimé est celle d’une altérité55 en rupture
avec toute tentative réductrice et homogénéisante, exigeant une réciprocité
et une responsabilité mutuelle. La lecture éthico-politique et socio-
historique que nous offre Titaua Peu établit la perspective conflictuelle et
la distanciation « différentielle indispensable à l’émergence d’un devenir identitaire »
56 et se situe donc volontairement au « carrefour de tensions et de contradictions »
57.
52 « La société devient plurielle et, par voie de conséquence, l’individu aussi. Il brise sa
propre unité, se fractionne et se voit contraint de gérer sa pluralité : pluralité
d’appartenances et donc pluralité de moi aussi. » Ibid. : 12.
53 Ibid. : 13.
54 À titre d’exemple l’histoire, la sociologie et la psychologie.
55 La notion est interprétée ici comme radicalement autre et irréductible à un alter ego. Cf.
105
réinterprétation, vers la dimension de reconquête de la subjectivité, de
l’autonomie psychique. Dans ce texte, la vision existentielle de base se
détache de l’identique et de l’indifférencié pour arriver à l’assomption de la
pluralité 59 et rejette catégoriquement le recours à un « mythe rétroactif et
consolateur »60 en faveur d’un réalisme cru et tout nu qui pourrait préparer la
naissance d’une attitude réparatrice. L’oppression, la paralysie et la vacuité
exprimées, les stéréotypes narratifs défaits et l’identité imposée
déconstruite constituent la charpente de cette contestation mettant en
texte l’expérience de l’hétéronomie et de l’aliénation. Nous pouvons donc
constater la transsubstantiation d’une nouvelle politico-économique en
vecteur et support d’une interrogation philosophique sur l’histoire et les
enjeux de l’identité, de l’altérité.
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108
Rafael Ákos Szabó
109
considérer la dénomination générique comme juste. Pour réaliser ces
objectifs, je mettrai au centre de mes interrogations l’interdépendance des
deux récits en question.
110
dans le même geste, de leur statut originel. Ce qui ne fait que renforcer
mes premières impressions, selon lesquelles l’écrivain tente de brouiller les
frontières entre fiction et réalité, rendant ainsi la lecture du roman
ambiguë et à double tranchant.
Dans les passages suivants, tirés des deux récits respectifs, l’instance
narrative se dit témoin, se mettant ainsi au second plan. Au lieu d’agir ou
de subir, il est destiné à percevoir. Ce regard extérieur lui permet de mettre
l’accent sur le fait qu’en aucun cas il n’est identifiable ni au héros, ni à la
victime héroïque des récits respectifs :
2a…je fus témoin et non acteur. Je ne suis pas le héros de mon
histoire. (dans le récit fictif : 14)
2b. L’événement…je n’en fus pas la victime héroïque mais un
simple témoin (dans le récit autobiographique : 113)
Je me permets donc à émettre une première observation : si le narrateur-
personnage de la fiction, et le narrateur-personnage-auteur de
l’autobiographie présentent des similitudes, n’est-ce pas un signe implicite
de Perec servant de modèle unique pour les deux malgré sa volonté à se
décharger de toute responsabilité ?
Les passages suivants invitent à mettre en valeur les rapports étroits,
rapports de renvoi entre fiction et autobiographie :
3a Vous êtes Gaspard Winckler ? (dans le récit fictif : 32)
3b…le héros, Gaspard Winckler… (dans le récit
autobiographique : 146),
La question se pose quant à l’identité de Winckler. Ici on reconnaît la
stratégie d’écriture pratiquée par l’écrivain. En effet, Perec a recours, dans
Entretiens et Conférences, vol. 2, de manière avouée à la réutilisation de
certains de ses personnages figurant dans les œuvres antérieures pour se
retrouver dans ses romans plus récents. Peut-on supposer que ces
personnages sont en réalité les diverses étapes de la construction
identitaire, les différents moments d’écriture ? Les segments suivants
renforcent cette hypothèse :
4a Gaspard Winckler…un enfant de huit ans…un garçon malingre
et rachitique… (dans le récit fictif : 40)
4b…il paraît qu’en arrivant à Villard j’étais très rachitique… (dans
le récit autobiographique : 111)
Ces passages témoignent de l’intention de rendre floues les frontières
séparant les deux récits qui composent le roman dans sa totalité. Le petit
Gaspard Winckler, sous-développé, et qui plus est, d’âge similaire que le
petit Georges chétif à peine atterri à Villard, semble réellement être le
double de ce dernier.
À la suite de ces observations, je serais aussi en droit de me demander
111
comment ces deux récits ont pu être joints de la sorte, à savoir côte à côte.
Sans aucun texte de transition, sans agrafe, cette conjugaison de textes, à
prime abord arbitraire, voire injustifiée, rend difficile à suivre le ou les fils
conducteurs du roman et risque de provoquer chez un lecteur non averti
un sentiment de déboussolement.
Un premier élément de réponse pourrait venir de l’extérieur, du hors-
texte du roman. Je renvoie ici aux facteurs qui interviennent dans la genèse
du livre, parmi lesquels Philippe Lejeune met en évidence un projet et une
crise personnelle. D’un côté, il nous rappelle qu’en 1970, suite à l’échec du
feuilleton romanesque W, Perec avait pour projet de rédiger un livre
autobiographique, mais que pendant quatre ans, il restait bloqué, incapable
de le finaliser. En effet, Perec avait initialement dans l’idée de publier sous
le titre de « W ou le souvenir d’enfance » un ensemble de trois textes,
respectivement le récit fictif de W, celui autobiographique et un troisième,
intitulé « intertexte ». Ce-dernier était « une série de chapitres explorant à
la fois l’histoire de son rapport à son enfance et celle de l’écriture du livre
lui-même3 », pouvant être apparenté à un « journal (de bord) ». Cependant,
ainsi que nous l’avons constaté dans le roman finalement publié, ce point
même s’il est révélateur par rapport à la juxtaposition précédemment
évoquée dans mon travail restera cependant hors-texte.
Et j’ajouterai à cela que, si Perec avait réellement voulu se soucier de
la vérité dans son roman autobiographique, il n’aurait très certainement
pas supprimé l’intertexte déjà évoqué. Mais « [t]enir un journal, c’est, au
lieu d’imaginer ou de se souvenir, dire le vrai, ce que l’on fait, ce que l’on
pense, ce que l’on est, sur le moment, sans le recul que donne
habituellement l’écriture4. » Cependant, d’après les biographies sérieuses et
son propre ouvrage, il n’est pas du tout certain que Perec ait tenu de
journal, pouvant être considéré à la fois en tant qu’avantage et
3 D’un autre côté, à cette époque, donc en 1970, l’écrivain commençait, parallèlement à la
rédaction de l’œuvre, une psychanalyse avec Pontalis, car il se trouvait très marqué par son
passé, complétement bloqué dans son projet d’écriture de soi. Puis en 1975, parallèlement
à la publication du roman « W ou le souvenir d’enfance », il terminait sa psychanalyse avec
Pontalis. Nous pouvons donc en déduire que c’est en remuant ses souvenirs enfouis, en les
confiant d’abord à son psychanalyste, que l’écrivain a triomphé sur « les démons » du passé
et cela l’a rendu extrêmement productif. « L’analyse lui a permis de réaffronter ce texte
abandonné, insupportable. S’il veut faire entendre au lecteur ce que l’analyste a fini par
entendre, il n’est pas nécessaire d’en dire « plus », mais au contraire moins. C’est une sorte
de création négative. » (Lejeune 2003 : 76) Et d’ailleurs, comme il cite lui-même ce que
Perec déclare en rapport avec la création négative, je ne peux que reproduire le texte faisant
suite à celui-ci, soutenant l’avis du critique : « Il fallait d’abord que s’effrite cette écriture
carapace derrière laquelle je masquais mon désir d’écriture, que s’érode la muraille des
souvenirs tout faits, que tombent en poussière mes refuges ratiocinants…» (Perec 1985 :
71).
4 (Bréchon, 2011 : 14).
112
inconvénient, selon le point de vue pris en compte.
Ceci étant dit, cette « création négative » a valu tout compte fait à ce
roman un très grand nombre de lecteurs et surtout d’études consacrées5.
113
le récit fictif : 13)
6b…j’inventai....une histoire. Plus tard, je l’oubliai. (dans le récit
autobiographique : 17-8)
Cette liste n’est pas exhaustive, certes, mais nous oblige à nous demander à
quoi bon redistribuer les propriétés génériques, tout en favorisant leur
éclatement et en bafouant les conventions. Quel en est l’intérêt ? Mon
hypothèse est fondée sur la technique de mémoire de l’oubli : l’auteur ne
dispose pas ou peu de souvenirs d’enfance, il ressent un vide, un manque.
Comme le narrateur-personnage-auteur le laisse entendre : « W ne
ressemble pas plus à mon fantasme olympique que ce fantasme olympique
ne ressemblait à mon enfance » (W 18). Pour tenter d’étoffer, de rendre
plus joyeux, vraisemblables, voire authentiques ses souvenirs d’enfance, il
donne à son histoire vécue une touche d’aventure. Il a recours à ce
procédé afin de remplir un peu ce « tableau photo » pauvre en images, au
sens propre comme au sens figuré. : « Je possède une photo de mon père
et cinq de ma mère… » (W 45). Je rejoins ici les idées de Bouchot qui
conclut ainsi son étude, qui, va également dans cette même direction :
La fiction de W se dit clairement comme tentative de
reconstitution d’une autobiographie fictive. De même que
l’autobiographie s’ouvre par un souvenir fantasmé, elle se perpétue
par la revendication d’un récit, où le puzzle des parents lointains,
enfin, se reconstitue6.
D’ailleurs le narrateur-personnage-auteur confesse lui-même que sa quête
de soi et de ses rares souvenirs en petite famille n’ont ressurgi uniquement
à l’aide de la fiction de W :
Aujourd’hui, quatre ans plus tard, j’entreprends de mettre un
terme…à ce le lent déchiffrement…je sais que se trouve inscrit et
décrit le chemin que j’ai parcouru, le cheminement de mon histoire
et l’histoire de mon cheminement. (W 18)
Cette interversion observée concernant le récit autobiographique tendant
vers l’imaginaire, et inversement, le récit fictif s’approchant de la réalité
peut être appuyée par d’autres détails surprenants, forcés d’être omis par
respect du nombre limite de caractères.
114
Considérons les propos suivants :
7a …absences de repères : les souvenirs sont des morceaux de vie
arrachés au vide. Nulle amarre. Rien ne les encre. Rien ne les fixe.
Presque rien… (dans le récit autobiographique : 98)
7b […] Il n’y avait ni commencement ni fin. Il n’y avait plus de
passé, et pendant très longtemps il n’y eut pas non plus d’avenir,
simplement ça durait. (dans le récit autobiographique : 98)
7c […] Les choses et les lieux n’avaient pas de nom ou en avaient
plusieurs ; les gens n’avaient pas de visage. (dans le récit
autobiographique : 98)
Ces extraits peuvent créer une confusion chez le lecteur car ils figurent
certes dans la partie qui se veut issue de la réalité mais ils produisent a
contrario l’effet féerique, d’un récit contenant des éléments fictionnels, et
l’incapacité de situer des détails de son enfance dans le temps, de se
rappeler des noms et des faciès par l’auteur, provoque un rien de
scepticisme quant à la véracité des souvenirs chez Perec. Or, on ne devrait,
au contraire, apprendre du récit autobiographique que des informations
précises et produisant un effet de réel. En opposition à ce-dernier, le récit
fictionnel, lui, avec la grande majorité des verbes au mode indicatif, la
précision des descriptions concernant, entre autres, l’île de W, les villages,
leurs habitants et les mœurs de ceux-ci, les compétitions ainsi que les
règles s’y attachant, de fait semblent d’autant plus existants et ancrés dans
la réalité que les éléments cités auparavant. J’ai déjà mentionné également
le fait que Winckler et Perec présentent des similitudes autant sur le point
du statut (ils sont orphelins), que sur celui du rôle (ils sont témoins et
« rescapés d’un monde englouti », ils se réfugient tous deux dans
l’occultation de leur passé). En effet, à la première page du récit fictif, le
narrateur-personnage précise : « …persuadé que les événements dont j’ai
été le témoin doivent être révélés et mis en lumière. » (W 13), tandis que
dans le récit autobiographique le narrateur-personnage-auteur dit :
« L’événement eut lieu, un peu plus tard ou un peu plus tôt, et je n’en fus
pas la victime héroïque mais un simple témoin. » (W 113). Ces
ressemblances entre narrateur fictif et narrateur autobiographique
peuvent troubler le lecteur et justement l’auteur a très vraisemblablement
voire sciemment construit son récit de telle sorte afin de créer cet effet de
flou.
J’aurai recours aux termes de posé et présupposé, termes relevant de
la linguistique ducrotienne pour décrire le rapport s’établissant entre deux
textes, le récit fictif et celui autobiographique. Par définition, « [le posé]
apporte ce qui est affirmé par le locuteur, et l’autre est un préalable qu’on
115
doit admettre comme vrai pour comprendre l’énoncé de la question »7. Si
je tente d’appliquer ces deux termes à l’un et l’autre des récits, d’après mes
analyses précédemment développées, il en résulte que le récit fictif se
retrouve étant le texte posé et le récit autobiographique le présupposé. L’acte
de fiction produit un type de récit où le narrateur fictif est également
personnage. Alors, dans le cas de l’objet de mon étude, le narrateur de la
fiction, Gaspard Winckler, est par la même occasion personnage confirme
mon impression.
Pour justifier mes choix préalables, j’ai fait une sélection de quelques
passages du roman qui pourraient illustrer ces premiers :
J’ai longtemps hésité avant d’entreprendre le récit de mon voyage à
W. […] le témoignage que je m’apprête à faire… […] Je suis né le
25 juin 19… […] – Vous êtes Gaspard Winckler ? ... – Euh…
Oui… (dans le récit fictif : respectivement 13 ; 14 ; 32)
Ce que j’ai supposé dans les lignes précédentes, peut sembler être appuyé
sur la base des propos suivants :
Dans cette perspective [fiction = récit où l’énonciateur, qui est
aussi personnage, est fictif.], il serait difficile d’entrevoir la manière
dont l’autobiographie est présupposée, la vérité de l’histoire étant
exclue. Ce n’est pas seulement parce qu’on peut raconter des
histoires vraies qui ne sont pas pour autant les nôtres, mais aussi
parce que s’en tenir à la fiction pourrait aboutir aux effets du réel
sans la moindre intention d’aller à la recherche du vrai8.
Nous pourrions cependant nous poser la question en sens inverse, c’est-à-
dire, si l’autobiographie est posée, cela peut impliquer une fiction
présupposée. Ce qui voudrait dire que le récit fictionnel de W a le statut de
condition préalable : c’est à partir de celui-là qu’il est possible de se
souvenir et de mettre sur papier des détails de l’enfance. Ainsi, la stratégie
de Perec consiste à écrire premièrement l’histoire imaginaire
cauchemardesque de W, pour se libérer et se mettre à s’exprimer sur les
événements ayant réellement eu lieu et dont il a été le protagoniste.
…dessins dissociés, disloqués…à l’époque de W…entre, disons,
ma onzième et ma quinzième année, je couvris des cahiers entiers :
personnages que rien ne rattachait au sol qui était censé les
supporter…les jambes des athlètes étaient séparées des troncs, les
bras séparés des torses, les mains n’assuraient aucune prise. (dans le
récit autobiographique : 97)
Il nous confie également dans ce même passage du livre que « les
souvenirs existent, fugaces ou tenaces, futiles ou pesants, mais rien ne les
7 Pour l’approfondissement de la question, voir l’ouvrage collectif (DÉSFALVI-TÓTH
LABADIE : 2009).
8 Idem.
116
rassemble. » (97) Le bloc de W est donc « présupposé » par l’auteur par
rapport à son histoire personnelle encore en fragments. Le récit fictif
existant et entier, construit d’une manière à attirer l’attention et ne révélant
son message véritable qu’au terme du roman, prédomine sur le récit
autobiographique qui n’a formé un ensemble en ordre chronologique
traçable et cohérent qu’après la psychanalyse achevée de Perec. L’assertion
« la réalité présuppose la fiction » dans le cas de notre objet d’étude se
confirme.
Ce premier volet de mon analyse se termine donc par un constat, qui,
en soi n’est pas d’un très grand intérêt, me dira-t-on, par contre sert de
tremplin pour introduire le deuxième, dont la portée est bien plus
profonde. D’emblée, le caractère plus important de la partie fictive de
l’ouvrage, à mon sens en tout cas, se fait sentir car il se présente comme
plus structuré, plus complet, à l’écriture continue par rapport aux
fragments de souvenirs de l’enfance de l’écrivain, et par là justifie la
dénomination de « roman ».
La fiction « en force »
Après s’être interrogé sur l’interversion, puis la primauté des récifs
fictif/autobiographique par rapport à l’autre, il convient de remarquer une
anomalie : pour quelle raison qualifie-t-on W ou souvenir d’enfance
d’autobiographique alors que la partie fictionnelle manifeste une
prépondérance nette vis-à-vis de celle autobiographique.
Saint-Gelais offre des points d’appui pour mieux comprendre et situer
les termes d’intertextualité et de transfictionnalité dans un contexte
général, et auxquels j’aurai l’occasion de revenir. Il propose des idées
concernant la fiction qui sont pertinentes pour mes interrogations relevant
du générique :
La fiction et ses cousines plus ou moins proches (la fabulation, les
simulacres, les reality shows, la réalité virtuelle, etc.) semblent
envahir tout le champ de la culture, si ce n'est celui de la pensée
contemporaine. L'effritement de la réalité, célébré ou déploré,
paraît surtout celui des frontières qui distinguent celle-ci de la
fiction ; si le « crime parfait » de notre fin de XXe siècle, selon
Baudrillard, est celui d'avoir fait disparaître la réalité, la fiction, elle,
paraît sortir triomphante de cette nouvelle donne mouvante qui se
dessine. […] [P]ublicité, articles de journaux ou séries télévisées
constituent un vaste terrain indifférencié où seuls les contenus
importent, où la représentation discursive (ou plus largement
sémiotique) est censée prendre le relais de la représentation
politique. (Saint-Gelais 1999 : 1)
Plus nous avançons dans le temps, plus nous sommes enclins à remarquer
que la réalité telle quelle ne présente plus autant d’intérêt qu’auparavant,
117
quand bien même il s’agisse de genres littéraires l’ayant en tant que
condition nécessaire. Ceci ne semble d’ailleurs pas très logique puisque
(auto)biographie contient le mot [bio] signifiant la vie réelle, donc la
réalité. Néanmoins, d’après l’extrait, la fiction semble « plus vigoureuse,
plus forte » que son contraire, qui s’est progressivement vue se réduire à la
quasi (voire totale) inexistence au sein du genre romanesque. En son sein
nous distinguons maintes frontières d’avec la réalité, dont trois
mentionnées par Saint-Gelais, respectivement celles ontologique,
pragmatique et textuelle.
La frontière ontologique « établit une distinction entre le statut des
entités fictives et les entités réelles. » (Saint-Gelais, 3) Autrement dit, un
lieu, personnage ou fait réel n’est pas à considérer comme tel autre fictif.
Cependant, que ferons-nous par exemple des mille îlots de la Terre de Feu ou
bien le Luxemburger Wort dans la partie de W, lieu géographique et journal
quotidien ancrés dans la réalité, mais contenus dans un récit fictif ? Saint-
Gelais évoque des différences d’opinions sur la question. John R. Searle
s’accorde à dire que des éléments réels peuvent figurer dans un texte sans
pour autant enlever le caractère fictif de ce-dernier. Margaret Macdonald
et Ruth Ronen prônent quant à elles la théorie selon laquelle si nous avons
à faire à des éléments réels dans un texte de fiction, ceux-ci sont à
considérer sur le même plan que les éléments fictifs, et inversement.
…un texte n'est pas un simple agrégat d'énoncés, mais une
structure tissulaire qui, par le jeu des relations qu'elle instaure,
entraîne une homogénéisation ou à tout le moins une
contamination ontologique des entités impliquées 9 . (Saint-Gelais
1999 : 5)
Soit, le fait d’introduire des éléments comme par exemple les personnages,
on ne peut plus fictifs, de Vingt ans après d’Alexandre Dumas,
(« Porthos…transform[ant] les pincettes de cheminée en tire-
bouchon… », « le livre d’images que regarde le jeune Louis XIV… ») de
traiter de leurs agissements et paroles dans ses propres souvenirs, puis
d’en tirer des conséquences, revient à saboter le caractère réel de
l’autobiographie et la sincérité de Perec face à lui-même et à son public.
La frontière pragmatique relève plus « des énoncés et des actes de
langages dont ils procèdent » (Saint-Gelais, 8). C’est-à-dire que, d’une part,
nous avons des énoncés sérieux, « [soumis] à diverses règles dont celle,
cruciale, d’engagement de sincérité de l’énonciateur » (Saint-Gelais, 8)
comme par exemple : « Je n’ai pas de souvenirs d’enfance. » (17) et,
d’autre part, des énoncés fictionnels « libérés de cet engagement en ce que
les actes [de langage] sont alors feints » (Saint-Gelais, 8) tels que : « J’ai
longtemps hésité avant d’entreprendre le récit de mon voyage à W. » (13).
9 Saint-Gelais renvoie ici à une idée de Macdonald, Ronen et Pavel.
118
Searle, ayant formulé cette distinction en premier (et là-dessus Schaeffer
s’accorde avec lui), n’exclut pas le fait de pouvoir énoncer de la fiction
dans un cadre réel sans que l’énoncé influe sur le reste. Les deux phrases
exemplifiées ne paraissent ni l’une ni l’autre plus ancrés dans la réalité que
dans la fiction, cependant, si l’on prend le point de vue de Macdonald et
de Ronen, il faut dès lors considérer le roman de Perec comme feint dans
son intégralité car fiction il y a, présente dans la partie autobiographique,
et réciproquement. La citation d’un autre passage du récit véridique
correspondant au cas de figure « d’élément fictionnel dans une
énonciation fictive » permet de justifier la position de Macdonald et
Ronen :
J’ai trois ans. Je suis assis au centre de la pièce, au milieu des
journaux yiddish éparpillés. Le cercle de la famille m’entoure
complètement […] : toute la famille, la totalité, l’intégralité de la
famille est là, réunie autour de l’enfant qui vient de naître… (dans
le récit autobiographique : 26)
La contradiction des faits énoncés au tout début et à l’extrême fin de
l’extrait ci-haut, que le narrateur-personnage-auteur « a trois ans » et qu’il «
vient de naître » dans une seule et même phrase, suffit à ébranler
l’impression de réalité et de sincérité quand pris au pied de la lettre.
Évidemment, à la lecture d’un ouvrage de type littéraire de manière non-
scientifique, nous ne relevons pas ce genre de détail, ceci dit la théorie de
la « bévue insérée dans le discours 10 » semble, dans le cas présent, en
défaveur vis-à-vis de la véracité de l’acte de langage produit par Perec.
D’ailleurs, les adjectifs qualificatifs « invraisemblables, altérés et
dénaturés » relatifs aux souvenirs de l’extrait qui suit, remettent en cause
ces derniers :
Mes deux premiers souvenirs ne sont pas entièrement
invraisemblables, même s’il est évident que les nombreuses
variantes et pseudo-précisions que j’ai introduites dans les relations
– parlées ou écrites – que j’en ai faites les ont profondément
altérés, sinon complètement dénaturés. (dans le récit
autobiographique : 26)
Et une fois de plus, Perec confie au lecteur que ce dont il est sûr, n’est que
ce qu’il a lu, ce qui l’a marqué étant enfant dans les divers romans, certes
relevant de la fiction, mais pouvant être revérifiés ultérieurement,
contrairement à ses souvenirs personnels, n’existant, eux, que dans son
esprit :
…source d’une mémoire inépuisable, d’un ressassement, d’une
certitude : les mots étaient à leur place, les livres racontaient des
histoires ; on pouvait suivre ; on pouvait relire, et, relisant,
119
retrouver, magnifiée par la certitude qu’on avait de les retrouver,
l’impression qu’on avait d’abord éprouvée... (dans le récit
autobiographique : 195)
La troisième frontière, textuelle, « ne concerne pas la distinction entre
fiction et réalité, mais plutôt celle entre les zones déterminées et
indéterminées d’une fiction. » (Saint-Gelais, 9) À savoir, le fait d’ignorer
une chose relative à une entité existante, palpable ou non, n’empêche
nullement de partir à sa recherche et de la trouver, aussi difficile soit-ce,
car elle est réelle. En revanche, nous pouvons en vain tenter de trouver
une réponse à une interrogation portant sur une entité fictive, outre les
informations qu’un auteur veut bien nous fournir, car elle se manifeste
uniquement dans son esprit, et il est le seul qui puisse en ajouter ou en
soustraire. De fait, nous devons par exemple nous contenter des détails
sur W offerts par Gaspard Winckler alias Georges Perec, sans avoir la
possibilité de connaître plus en profondeur l’île, ses habitants et leurs
mœurs, ou bien son enfance, ses parents, sa ville d’origine.
Pour compléter ces considérations sur la fiction en général, il serait
utile d’évoquer Godard qui, pour sa part, mais l’accent sur la narration :
Je voudrais m’attacher à un aspect et à un moment circonscrit de
[la] crise permanente [de la fiction], en ne prenant le mot ni au sens
très général où toute narration est fiction dans la mesure où elle
transforme les données du réel, ou plus radicalement parce que le
réel est inaccessible, ni non plus dans le sens, influencé par
l’anglais, qui l’identifie abusivement au roman dans sa totalité, mais
dans un sens restreint qu’il a en tant que statut d’une certaine
forme de texte littéraire. La fiction doit s’entendre dans ce champ
comme le pouvoir qu’a le romancier d’inventer et de donner vie
dans l’imagination des lecteurs, par les vertus de la narration, à des
personnages fictifs, proclamés par lui comme tels et reçus comme
tels par le lecteur, essentiellement distincts de lui-même et de tout
individu réel, quels que soient les emprunts de détail faits à ce réel,
le sien ou celui d’autrui; distincts d’une distinction perçue, chacun à
sa manière mais également, par le romancier et par le lecteur.
(2001 : 81)
Cela rejoint les acquis des théoriciens déjà cités dont en premier lieu Saint-
Gelais. Le fait que Perec ait inventé par exemple un événement, qu’il était
apparemment le seul à avoir vécu prouve une nouvelle fois que, quand
bien même il s’agirait de souvenir personnel, ce roman relève bien
davantage de la fiction que de l’autobiographie.
Conclusion
En guise de clôture, passons en revue ce que nous avons réussi à constater
depuis notre introduction. L’œuvre novatrice est unique voire inclassable
du fait de sa composition et de sa catégorisation générique. En me
plongeant dans des méthodes de lecture de choix personnel, j’ai
premièrement pu relever, en apportant maints exemples pour soutenir mes
impressions, que les parties fictive et autobiographique sont indissociables
et interdépendantes l’une de l’autre de façon réciproque, qu’elles se
complètent à merveille. Perec semble les avoir conçues volontairement
bien distinctes du point de vue typographique, et vouloir brouiller les
pistes rendant par-là la lecture d’autant plus intéressante que difficile. Suite
à cela, j’ai désiré polémiquer sur la question selon laquelle W ou le souvenir
d’enfance peut-il être classé dans la catégorie générique de l’autobiographie
ou non. Mon deuxième constat a été que la partie fictive de l’ouvrage
paraît plus structuré, plus complet, à l’écriture continue et paraissant
encrée dans la réalité par rapport aux fragments de souvenirs véridiques
restants dans le vague, et basculants même parfois dans l’onirique,
11 (W, 146).
12 (W, 146).
121
résultant ainsi un texte très décousu, perdant son caractère vraisemblant.
Ceci tend donc à justifier la dénomination de « roman », l’œuvre ne
pouvant se constituer partie intégrante de l’autobiographie pure. De plus,
en observant de plus près les frontières ontologique, pragmatique et
textuelle de la fiction d’avec la réalité, j’ai par moments été tenté de dire du
roman qu’il frôle la fiction en bonne et due forme, discréditant l’ensemble
des souvenirs, éléments réels trop épars.
A présent, formulons une question qui doit advenir au terme de ce
travail : en prenant compte de toutes les contradictions de type générique
et narratologique traitées ci-dessus par rapport aux caractéristiques
propres à l’autobiographie, W ou le souvenir d’enfance doit-il être qualifié
comme tel ? Car, en brouillant les pistes, en effaçant les frontières entre les
deux récits, en octroyant les marques de véridicité à la fiction de W, et
inversement, en attribuant celles de l’imaginaire à l’autobiographie, ou
encore en offrant une apparence identique au narrateur-personnage-auteur
et au narrateur-personnage, Perec a, certes « invent[é une] nouvelle forme
de l’autobiographie » (W 7) néanmoins, il a par la même occasion généré
une redéfinition des critères de cette-dernière, le redirigeant vers la fiction,
l’imaginaire.
Bibliographie
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123
József Krisztián Szalánczi
125
presentaron reivindicaciones formales por territorios antárticos, 5 es un
problema no insignificante, que hoy en día no se menciona a menudo,
cuyas olas habían sido calmadas por el pacto de 1959, pero las cuestiones
de soberanía no habían sido resueltas, sólo más bien conservadas.6 En mi
estudio, me gustaría presentar que Chile, que por su situación geográfica
siempre prestó atención especial en los asuntos de la zona sur del Océano
Pacífico y de los territorios situados al sur del Estrecho de Magallanes y
del Cabo de Hornos, después de que antecedentes históricos y además
con que base jurídica y bajo que circunstancias declaró su soberanía en
1940 sobre el sector antártico situado entre 53–90° de longitud oeste, que
hasta hoy día se considera, bajo nombre de Territorio Chileno Antártico,
una entidad administrativa de estatus especial del país.
Cabe señalar, que – en contraste con hoy en día cuando la cuestión de
la Antártida más a menudo surge en relación con el calentamiento global,
las reservas de materias primas sin explotar y la cantidad enorme de los
recursos de agua dulce en forma de hielo en su territorio – la atracción
principal del Sur Ártico en la época entre los finales del siglo y los
mediados del siglo 20 fue la ballenera industrial.7 Es importante destacar,
porque desde el punto de vista del tema significa un factor indispensable,
que detrás de las reclamaciones de derecho y discusiones de la época,
relacionadas con la Antártida y de las expediciones casi en todas la
ocasiones estaba la motivación económica relacionada con la ballenera,
por ejemplo la colocación de la actividad de la caza bajo el control del
5 Gran Bretaña (1908), Nueva Zelanda (1923), Francia (1924), Australia (1933), Noruega
(1939), Chile (1940) y Argentina (1942/1943). (NAAC A4311/8. 365/8. 32–33).
6 El Tratado Antártico, en términos de su espíritu, rechaza la idea de que cualquier estado
ejerza soberanía sobre la Antártida o algunas partes de ella, sin embargo, según la redacción
exacta, la situación no está nada claro. El artículo IV del Tratado, que trata con el asunto
dice que no se harán nuevas reclamaciones de soberanía territorial, ni se ampliarán las
reclamaciones anteriores hechas valer, mientras el Tratado se halle en vigencia. (NAAC
A10728, DOCUMENT 28). Es importante destacar esto, porque demuestra que los
estados con reivindicaciones formales en la región antes de 1959 no fueron obligados a
presentar una renuncia categórica. La cuidadosa redacción es debida al hecho de que todos
los siete estados afectados (que naturalmente fueron signatarios originales del tratado)
insistieron en la validez por lo menos teórica de los títulos obtenidos anteriormente, y
cualquier ausencia por su parte podría haber causado la falta de seriedad del tratado.
Sumándolo todo, las reclamaciones territoriales antártidas anunciadas antes de 1959
actualmente tienen un estatus „no actual”, o „congelado”.
7 NAAC A4311, 365/8: 5. El crecimiento explosivo que – en primer lugar, como el
resultado de las innovaciones de expertos noruegos – ocurrió en la segunda mitad del siglo
19 en los métodos de caza de ballenas, en unas décadas causó la drástica reducción del
número de ballenas del Hemisferio Norte. Como consecuencia, a partir de los años1890,la
ballenera industrial poco a poco se movió a las aguas del sur, dando así una importancia
económica – que conlleva consecuencias políticas también – no despreciable a la región
oceánica alrededor de la Antártida. (Mills 2003: 695; Dakin 1947: 9).
126
estado. En otras palabras: los países afectados intentaron expandir su
soberanía sobre la región oceánica cercana, rica en ballenas por la
posesión de los territorios del Sur Ártico.8
Chile, que declaró su independencia en 1818, después del colapso del
imperio colonial español en América del Sur al principió dejó claro que
consideraba ciertas partes del Océano del Sur parte de su esfera de
influencia – además, las colocaba dentro de sus frontera estatal. El héroe
de la guerra de independencia contra los españoles, Bernardo O’Higgins
declaró en su memorando del año 1831 – cuyo propósito fue dado por las
Islas Shetland del Sur, situadas a unos 800 kilómetros de la costa sur de la
parte continental de América, y a unos 120 kilómetros de distancia de la
Península Antártica que después de su descubrimiento en 1819 fue
regularmente visitada por cazadores de foca británicos y americanos 9 –
que Chile, por la herencia española de la época colonial tenía derechos
especiales relacionados con la Antártida y su soberanía expandía a las Islas
Shetland del Sur también.10 Este acto puede ser considerado como una
declaración ideológica temprana, pero a la vez muy importante de la
política antártica chilena y señala un punto de vista especial cuyo marco
jurídico viene de las circunstancias de la creación de los países
latinoamericanos. Dado que Chile no había existido como estado
independiente antes de 1810, no podía hacer referencia a los
descubrimientos geográficos bajo su bandera propia para sustentar sus
reclamaciones, aunque podían haber servido como argumentos de peso en
8 Por supuesto esto no significa que el asunto de las materias primarias del continente
antártico no había ocupado ya en esta época a las potencias del mundo. El profesor de
geología australiano Edgeworth David quien fue el líder del equipo científico durante el
viaje de investigación de Sir Ernest Shackleton entre 1907–1909 preparó una reseña en
1920 en la Universidad de Sydney sobre los yacimientos de carbón decubiertos en los
viajes de investigacion anteriores. El hecho de que el documento fue clasificado como
„secreto” señala bien que los competentes británicos/australianos no tenían la intención de
compartir su contenido con el público. (A981, ANT 4 PART 1. Re Economic Resources
of Antarctica). Sin embargo, de la extracción de las materias prima en este territorio
inadecuado para estancia humana permanente sólamente se podía hablar a largo plazo en la
época.
9 Las Islas Shetland del Sur (aprox. 61–64° de latitud sur; 54–62° longitud oeste) fueron
descubiertas en 1819 por el inglés, Capitán William Smith quien el mismo año, en su
segunda visita anunció que en nombre del monarca británico, Jorge III tomaba de
posesión al territorio. (NAAC A4311, 365/8: 44–45; Headland 1989: 111–112;
Riffenburgh 2007: 442). En cuanto al verdadero descubrimiento de las islas, da lugar a un
debate el hecho de que durante una expedición entre 1598–1600 primero el holandés
Dirck Gerritsz y después en 1603 el español Gabriel de Castilla navegó al lado de las islas,
pero supuestamente ninguno de ellos se dió cuenta de la tierra. (Headland 1989: 59–60).
10 Pinochet de la Barra 1955: 28.; Hayton 1956: 584. O’Higgins en el documento marcó el
65° de latitud sur y las Islas Shetland de Sur como la extensión límite de Chile en el sur.
(Pinochet de la Barra 1955: 28).
127
la justificación de una reclamación territorial, incluso la de algún
archipiélago o del continente Antártico. 11 Desde este punto de vista, el
estado chileno se encontró en una situación de desventaja insuperable en
el momento de su formación, frente a las potencias colonizadoras, en
particular, con respecto a Gran Bretaña, que después de la adquisición de
las Islas Malvinas en 183312 empezó la organización de la administración
imperial británico en la zona del Atlántico Sur.13
La solución al problema fue la herencia colonial mencionada por
O’Higgins y el principio de uti possidetis („como poseéis”), precedente de le
época romana, estrechamente relacionado con esto que fue aplicado por
primera vez en la edad moderna justo en Sudamérica, después de la salida
de los españoles y su esencia fue que los estados independizados
prácticamente se formaron dentro de las antiguas fronteras de las
entidades administrativas españoles anteriores. 14 Según la interpretación
chilena esto significó que aunque los señores anteriores se hubieran ido,
sus derechos y privilegios hubieran sido dejados como herencia – es decir,
todos los territorios de la zona reclamados por los españoles antes de 1810
fueron transferidos a los estados sucesores. 15 Aparentemente, es difícil
11 Aunque en los años 1800 ningún estado presentó una reclamación oficial sobre la tierra
de la Antártida, en la primera mitad del siglo 19 ya pasaron descubrimientos en la zona –
por ejemplo durante la expedición del británico James Clark Ross entre 1839–1843 o la
expedición del francés Dumont d’Urville entre 1837–40, los que servirían como punto de
referencia para reclamaciones territoriales futuras (NAAC A4311, 365/8: 80; Headland
1989: 146).
12 Gran Bretaña extendió su autoridad en las Islas Malvinas en 1833 después de que el
capitán John James Onslow, el comandante del buque de guerra Clio – quien fue mandado
al la localidad por la restauración de una fortaleza británica abandonada anteriormente –
desalojara a los colonos argentinos que vivían en la isla. El territorio, menos en la época de
la guerra de las Malvinas en 1982 – cuando las tropas de la junta argentina militar del
general Galtieri habían atacado al archipiélago que, después fue reconquistado por las
fuerzas expedicionarias británicas en una guerra abierta – está bajo jurisdicción del Reino
Unido, de facto. (Gough 1990: 261; Mills 2003: 140). La disputa británica-argentina, hasta
hoy día existente, relacionada con las islas no es sólo una cuestión de prestigio para las
partes dado que en el principio del siglo 20 Gran Bretaña anunció su reclamación territorial
sobre el sector antártico, demoninado Dependencias de las Islas Malvinas (Falkland Islands
Dependencies) que contiene territorios del Atlántico Sur y de la Antártida también, basándose
en la jurisdicción sobre las Islas Malvinas. (Véase en detalle: Szalánczi 2014: 191–204).
13 Reina Victoria creó en 1843 la zona administrativa británica alrededor de las Malvinas
bajo el nombre de „Colonias de las Islas Malvinas y sus Dependencias”. („Settlements in the Falkland
Islands and their Dependencies” – traducción propia.) El decreto otorgado (Letters Patent) fue
modificado posteriormente varias veces(1876, 1892, 1908, 1917). El archipiélago recibió el
estado Colonia de la Corona en 1892. (ICJ 1956: 13).
14 Lalonde 2002: 24. Se decidió por la aplicación del uti possidetis porque con el uso de las
líneas fronterizas existentes a lo mejor es posible evitar las disputas territoriales de los
países recién formados. (Hensel – Allison – Khanani 2003: 2–3).
15 Chile naturalmente no fue el único que hizó refrencia al uti possidetis y a la herencia
128
relacionar la teoría con la Antártida, dado que a la hora de la declaración
de independencia de Chile la existencia de la Antártida no fue probado y
de esto se deduciría directamente que España no podía haber tenido
títulos en la vecindad inmediata del continente blanco. Pero la teoría,
como ha sido mencionado, no parte de los descubrimientos geográficos –
y de este modo evidentemente se encuentra en un fuerte contraste con el
principio de dominio reservado que forma parte del derecho internacional
desde los finales del siglo 1916 –, sino utiliza como referencia los contratos
y cartas contraídos anteriormente por el Reino de España como
justificantes de las reclamaciones chilenos.
El documento más antiguo desde este punto de vista es la bula Inter
caetera otorgada por el papa Alejandro VI en 1493, 17 y su enmienda, el
Tratado de Tordesillas firmado en 1494, en que España y Portugal
repartieron entre ellos la parte oeste del mundo no europeo a los albores
del descubrimiento del Nuevo Mundo, según los cálculos actuales,
marcando la línea que separó sus esferas de influencia aproximadamente
en el 43° de longitud oeste.18 El Tratado se aplicaba a todos los territorios
descubiertos o por descubrir y su letra contenía que la zona fronteriza se
extendía del Polo Norte al Polo Sur.19 Basándose en esto, – estrictamente
en teoría – la posesión de una parte de la zona oeste de la Antártida
entonces desconocida era de la Corona española. Constituye un punto de
referencia parecida la teoría, según que los gobernadores españoles de
Chile anteriores por un otorgamiento de Carlos V de 1539, y por un
Unidas del Río de La Plata – reclamó a las Islas Malvinas, que anteriormente había sido
posesión española, sobre las que ejerció su soberanía entre 1820–1831/33, basándose en el
mismo principio. (Hurlbut 1887: 258-259). La reclamación argentina relacionada con la
Antártida – que trataré más adelante – también viene de la teoría mencionada, y su base es
prácticamente lo mismo que la de la chilena. (Hayton 1956: 587).
16 El tratado firmado en Berlín, en 1885 se trató de los modos posibles de conseguir los
territorios por descubrir, que no están bajo sobreanía estatal. La conferencia en primer
lugar se ocupó de los territorios africanos, pero posteriormente fue punto de referencia en
los asuntos del Polo Norte y Sur también. El tratado colocó bajo estricta evaluación la
cuestión del reconocimiento internacional de la reserva: el descubrimiento del territorio y la
declaración formal de la reclamación en sí mismo no se consideró un acto terminado, la
ocupación fue aceptada sólo en el caso, si el estado afectado realmente ejerció soberanía
sobre el territorio, es decir, organizó su administración real. El requisito de la ocupación
efectiva, por las condiciones climáticas adversas fue imposible de cumplir en la Antártida,
esto resultó en la evasión o interpretación amplia del tratado por las potencias interesadas
por la zona. (General Act of the Conference of Berlin 1909: 24; Csatlós 2012: 117–118).
17 En la realidad, una serie de bulas, dado que el papa otorgó cuatro bulas en 1493 dentro
de muy poco tiempo en el asunto, de estas la del 4 de mayo, que empieza con Inter caetera se
trata de las fronteras. (Pinochet de la Barra 9; Lalonde 2002: 24–25).
18 El Tratado de Tordesillas se trató del hemisferio oeste; los territorios situados oeste de la
línea fronteriza iban a ser españoles, los territorios situados este, portugueses. El Tratado
de Zaragoza, firmado en 1529 repartió el hemisferio este. (Williams 1922: 4; 7).
19 Pinochet de la Barra 1955: 10.
129
regalo ejercían jurisdicción sobre los territorios situados al sur del
Estrecho de Magallanes y sobre los territorios hasta la Antártida
también. 20 No hace falta enfatizar, que la relevancia del Tratado de
Tordesillas con la aparición de los poderes que entraron en el proceso de
colonización más tarde – como Inglaterra, Francia u Holanda –, y con el
cambio desventajoso de las relaciones internacionales de poder político
desde el punto de vista de España y Portugal cada vez disminuyó, hasta
que en la primera parte de los años 1800 se pudo llamar papel muerto.21
En cuanto a la Antártida, detrás de la reclamación chilena basada en el uti
possidetis y el principio de la continuidad histórica en el siglo 19 se
encuentra más bien un contenido teórico que práctico; sin embargo es
indudable que Santiago ya se preocupó en esta época del misterioso, pero
hasta el principio del siglo 20 poco conocido continente del sur.
El país latinoamericano en la edad heroica de descubrimiento de la
Antártida se centró sobre todo en sus asuntos continentales, de los cuales
cabe destacar los eventos de la lucha por la posesión de Patagonia. El
gobierno chileno decidió en 1843 que expandía su soberanía en la práctica
también sobre el Estrecho de Magallanes y los territorios alrededores, por
eso lanzó una expedición a la zona y encargó a su líder, John Williams (o
Juan Gillermos) capitán de origen británico quien llevaba mucho tiempo
sirviendo en la marina chilena, con la tarea de establecer una fortaleza en
la zona para apoyar la reclamación. Williams, quien llegó en bordo de la
goleta Ancud, después de su llegada tomó posesión de la tierra en nombre
de Chile y después empezó el establecimiento de la guarnición en la
Península Brunswick, cerca del estrecho – que es el borde meridional del
continente sudamericano, norte del archipiélago de la Tierra de Fuego –.22
Argentina que también tenía reclamación sobre la región entregó una
protesta oficial en 1847 y con esto empezó una disputa que duraba
durante varias décadas entre las partes. 23 La disputa, y el intento de
20 Hayton 1956: 585.; Pinochet de la Barra 1955: 13–14. En los años 1550, varios decretos
españoles fueron emitidos que mencionaron los territorios situados al sur del Estrecho de
Magallanes también como accesorios de la Corona, o regiones bajo la supervisión del
gobernador de Chile. (Pinochet de la Barra 1955: 15).
21 España, en la segunda parte del siglo 17 se vió obligado a reconocer oficialmente que
declaró las islas alrededor del Cabo de Hornos suyas, haciendo referencia a un decreto de
130
Argentina y Chile de hacer cumplir su soberanía lo antes posible sobre el
territorio que anteriormente estaba bajo soberanía estatal sólo
nominalmente, llama aún más la atención porque en la primera parte del
siglo 19 no fue nada inconcebible que Gran Bretaña, Francia o acaso los
Estado Unidos de América iba a participar en la disputa por la soberanía
sobre el Estrecho de Magallanes, en particular por su importancia
estratégica y económica cada vez más importante.24
La cuestión de las fronteras estatales de los dos países sudamericanos,
incluyendo el asunto de Patagonia y Tierra de Fuego, fue resuelta
mediante el Tratado de Límites de 1881 de Buenos Aires. En realidad,
Buenos Aires recibió a Patagonia, mientras los territorios de la Tierra de
Fuego fueron divididos: la parte oeste de la región le fue concedida a Chile
y la parte este a Argentina.25 Chile, en teoría consiguió la soberanía sobre
el Estrecho de Magallanes, pero en realidad el estrecho tenía un estatus
más bien neutral, dado que el tratado contenía provisiones garantizando la
navegación libre y la prohibición de levantar fortalezas.26 En cuanto a la
Antártida, el tratado fue importante porque ambos países expandieron sus
fronteras estatales en la zona más meridional de Sudamérica, y así se
acercaron mucho geográficamente al continente antártico.27 El documento
complementario del tratado de fronteras (El protocolo Errázuriz – Quirno
Costa de 1893) que fue firmado en 1893 separó claramente las zonas de
influencia de Santiago y Buenos Aires también e hizo claro que en
cuestiones de soberanía, Chile tenía autoridad sólo en el Pacífico, mientras
Argentina sólo en el Atlántico.28
La apreciación de la región del Océano del Sur por el ballenero puso
en movimiento serio unas potencias mundiales en las aguas lejanas en el
siglo 19, como el imperio británico – por eso, la rivalidad clara entre
Argentina y Chile en relación con la Antártida expandió en un juego de
por lo menos tres partes en los primeros años del siglo 20. En la última
década de los años 1800 a parte de los viajes exploradores investigando las
áreas de distribución de las poblaciones de ballenas en el sur,
plantearon debates sobre la situación de algunas islas (Neuva, Lennox y Picton) alrededor
del Cabo de Hornos y estos asuntos siguieron causando discusiones serias incluso en la
segunda mitad del siglo 20 entre las partes. (Headland 1989: 204).
26 Morris 1988: 59.; Boletin Oficial 1893: 843.
27 Robert Headland, citado anteriormente varias veces, hace referencia en su obra a que en
relación con el tratado de 1881 „ambos estados han considerado la extensión [de su territorio –
Sz. K.] a las regiones antárticas.” („Both states have considered its extension to Antarctic regions” –
traducción propia.) (Headland: 1989: 204).
28 Hayton 1956: 489; Rodríguez 1985: 59.
131
principalmente iniciados por cazadores de ballena noruegos 29 , antes del
inicio del siglo se iniciaron las expediciones de la Antártida, oficialmente
organizadas por motivos científicos pero en la realidad tenían motivos
políticos también, en la mayoría de los casos evidentemente relacionados
con los territorios continentales de la Antártida. En la época entre 1897 y
1914 expediciones belgas, británicas, alemanes, suecos, escoceses,
francesas, noruegas, japonesas, australianas y neozelandesas aparecieron
en el continente blanco (o al menos en su costa), indicando claramente el
interés de los poderes fuera de (Sud)américa hacía la zona. 30 Chile no
organizó ninguna expedición en esta época a la Antártida continental, pero
a pesar de esto, hizo esfuerzos serios para expandir sus derechos basados
en la herencia española y para lograr establecerse en al menos unas de las
islas alrededor de la Antártida. Cazadores de foca chilenos visitaron las
Islas Shetland del Sur en 1902, 31 mientras el gobierno de Santiago el
último día del mismo año expidió las primeras licencias del mundo para la
caza de ballenas que incluía en su ámbito a los territorios océanos
antárticos. 32 Según el decreto, los derechos de caza y pesca en los
territorios situados al este del Cabo de Hornos y alrededor de las Islas
Ildefonso en el sudeste (55° de latitud sur; 69° de longitud oeste) y las
Islas (56° de latitud sur; 68° de longitud oeste) pasaron a un cierto Pedro
Pablo Benavides quien fue autorizado a expandir sus actividades sin
limitaciones al sur del Pasaje de Drake, es decir, a la zona entre Tierra de
Fuego y la Península Antártica.33
El Presidente de la República de Chile, Germán Riesco tomó una
decisión en 1906 sobre la emisión de otra licencia de caza de ballena,
concediendo las Islas Shetland del Sur y los territorios situados al sur a los
peticionarios.34 Las personas recurriendo por las licencias, Enrique Fabry y
Domingo de Toro Herrera solicitaron la licencia para veinticinco años y
mencionaron la posibilidad de la explotación de los recursos naturales,
haciendo referencia a la importancia del aseguramiento de „la soberanía
chilena sobre los territorios abandonados del sur”.35 En el mismo año se estableció
la chilena-noruega Sociedad Ballenera de Magallanes que, con la
aprobación del gobernador de la Provincia de Magallanes, Froilán Fuentes
estableció un establecimiento de almacén en la Isla Decepción (62° de
latitud sur; 60° de longitud oeste), perteneciente a las Islas Shetland del
132
Sur. 36 Según el punto de vista chileno, el derecho del país a las tierras
antárticas, después de los sucesos del año 1906 según el derecho
internacional se hizo válido, dado que las garantías oficiales de los
derechos a la pesca y la actividad efectiva de la caza de ballena, además la
cuasi-posesión de las Islas Shetland del Sur ya no se cumple sólo el
principio de uti possidetis, pero esencialmente el criterio de la ocupación
efectiva también se cumplió en la zona.37
A pesar de esto, el gobierno chileno no declaró oficialmente su
soberanía sobre los territorios considerados propios de la Antártida en
1906. Sin embargo, lo hizo dos años después Gran Bretaña, que con el
Real Decreto (Letters Patent) de 1908 de Eduardo VII colocó Georgia del
Sur, las Islas Sandwich del Sur, Orcadas del Sur, y Shetland del Sur, y la
Tierra de Graham, situada en la Península Antárctica bajo la soberanía del
gobernador británico de las Malvinas bajo el nombre de Dependencias de
las Islas Malvinas (Falkland Islands Dependencies).38 El decreto – que había
sido otorgado claramente por motivos de adquirir el control estatal sobre
la caza de ballena, y los descubrimientos geográficos británicos anteriores
formaron su base legal –, tenía efecto sobre los territorios situados entre el
sur de 50° de latitud sur y los de entre 20–80° de longitud oeste, y casi
cubrió la reclamación legal de Chile, que en aquél tiempo incluía las
regiones situadas al sur del Cabo de Hornos sin fronteras exactamente
definidas, con la prolongación de la Península Antártica también.39 Según
las fuentes británicas, no Chile, ni Argentina formuló una objeción contra
el decreto, que se considera sorprendente, porque el documento – por una
posible equivocación – marcó 50° de latitud sur como la frontera de las
Islas Malvinas en el norte, y de este modo podía parecer que Gran Bretaña
reclamaba los territorios en la parte sur de Patagonia, violando así las
fronteras de ambos países.40 En cambio, en un número de Norges handels og
36 Ibídem 38.
37 Pinochet de la Barra 1955: 39. Es otra cuestión que el cumplimiento de la ocupación
efectiva fue considerado incierto incluso en el caso de las Islas Shetland del Sur también, y
aún más en las regiones continentales de la Antártida donde no había ninguna presencia
chilena. En la Isla Decepción no había ningún tipo de administración pública, además, los
cazadores de ballena y foca se encontraban en la islas sólo en la temporada de caza.
38 NAAC A981, ANT 4 PART 1. Letters Patent 1908: 1.
39 Gran Bretaña empezó la introducción del sistema de concesiones a partir de 1906 en los
territorios considerados sus propios en el Atlántico Sur. El motivo principal del decreto de
1908 fue la actividad de caza de ballena por parte de Noruega y no por Chile, y también la
petición de información repetida por parte del Ministerio de Asuntos Externos de
Noruega, sobre las zonas donde hacía falta pagar renta a Gran Bretaña en las aguas del
Atlántico Sur y de la Antártida. (NAAC A981, ANT 51 PART 3. Annex B. 2).
40 „Es evidente que el Letters Patent de 1908 escapó a la atención de Argentina y Chile tambiént.(„It is
evident that the Letters Patent of 1908 entirely escaped the notice of both Argentina and Chile” – tra-
ducción propia.) NAAC A4311, 365/8: 36. El documento citado fue destinado para el uso
133
Sjöfartstidende, un periódico noruego de asuntos de comercio y navegación
de 1933 apareció que „Chile y la República de Argentina protestaron [contra el
decreto – Sz. K.], con el resultado de que Gran Bretaña modificó la frontera del
llamado sector de las Malvinas con su decreto [nuevo – SZ. K.] otorgado el 28 de
marzo de 1917 bajo el nombre Letters Patent.”41La intervención británicaafectó
a Argentina aún peor que a Chile, porque ya estaba construyendo su
„imperio” antártico propio y además, por el asunto de las Islas Malvinas
cualquier acuerdo entre Londres y Buenos Aires parecía imposible. 42 El
gobierno argentino consideró las Islas Orcadas del Sur (60° de latitud sur;
45° de longitud oeste) como su cabeza de puente más importante en la
entrada del continente antártico de la época, donde una estación de
observación meteorológica argentina llevaba funcionando desde 1904,
enfatizando de este modo la presencia argentina en la zona.43 En la época
entre las dos guerras mundiales Chile mostró una pasividad en el Océano
del Sur, mientras Argentina anunció reclamaciones en 1925 primero de las
Islas Orcadas del Sur, y en 1927 de las Islas Shetland del Sur y Georgia del
Sur también, abriendo así frentes nuevas contra Gran Bertaña en las aguas
del sur.44
El problema principal fue que los tres países tenían reclamación de
más o menos la misma parte del Sur Ártico y por lo tanto, fue irresoluble.
Sin embargo, hay que destacar que Santiago, antes de la declaración oficial
de su reclamación de derecho actuó con cuidado especial. El gobierno de
Chile encargó en 1939 al profesor de la Universidad de Chile, Julio
Escudero, experto en los asuntos de derecho internacional con el estudio
de la cuestión de las fronteras exactas de los sectores, y después de su
informe, en 1940 decidió expandir la soberanía sobre el territorio entre
53–90° de longitud oeste. 45 Se puede ver de las coordenadas, que la
reclamación principalmente afectó al cuadrante sudamericano de la
Britain by the Letters Patent dated 28th 1917 altered the boundary of the so-called Falk-
land sector...” (NAAC A981, ANT 51 PART 3. Annex B. 3.) En 1917 los británicos
otorgaron un decreto modificado en que marcaron como la frontera del sector el 58° de
latitud sur entre 50–80° de longitud oeste, expresando así que no tenían reclamación de
territorios sudamericanos. (NAAC A981, ANT 4 PART 1. Letters Patent 1917: 1).
42 Desde el punto de vista geopolítico, para Gran Bretaña – a diferencia de las regiones de
Medio Este y Lejano Oriente – los asuntos sudamericanos pasaron por periféricos en
general en la época. (Deák 2014: 5). Sin embargo, Londres enfatizó en gran medida la
organización de la administración británica del Atlántico Sur y de la Antártida por las
cuestiones de la caza de ballenas y por eso la probabilidad de resolver el conflicto de las
Islas Malvinas con Argentina se minimizó aún más.
43 NAAC A4311, 365/8. 53.
44 Headland 1989: 274.
45 Pinochet de la Barra 1959: 53.
134
Antártida del lado del Pacífico, incorporando toda la Península Antártica y
las Islas Shetland del Sur. Chile tenía cuidado de no intentar „agarrar” más
que podía ser probado por la herencia española y el protocolo adicional al
tratado de fronteras de 1881: cuidadosamente evitó la zona del Atlántico
Sur y los territorios (sobre todo las Islas Orcadas del Sur) que ya formaban
parte de una disputa entre Argentina y Gran Bretaña.46 Por la inactividad
anterior y la fecha de la notificación, se puede pensar también que Chile
intentó hacer provecho del absortamiento de Gran Bretaña, suponiendo
que los británicos, con los esfuerzos bélicos relacionados con la guerra
mundial, no iban a ser capaces de tratar el asunto. Esto fue cierto sólo en
parte, porque Argentina – que declaró su soberanía dos años más tarde, en
1942 sobre el sector entre 25–68° de longitud oeste que significativamente
cubría las reclamaciones británicos y chilenos también 47 – durante la
Segunda Guerra Mundial casi participó en un conflicto armado con el
Reino Unido en relación con la Isla Decepción, donde las partes varias
veces mutuamente se quitaron sus insignias. 48 En esta época, Argentina
fuertemente propuso la actuación conjunta de argentina y chile contra los
británicos, y hubo intento de cooperación entre los dos países
sudamericanos.49 En la realidad, Chile fue más cuidadoso y no provocó
abiertamente a Gran Bretaña – pero al mismo tiempo insistió en que su
sector antártico formaba parte de la área de su estado. En su totalidad, la
relación entre Chile y Gran Bretaña, a pesar de las reclamaciones
coincidentes, no se ha averiado tanto como la relación permanentemente
tensa entre Buenos Aires y Londres.
El Tratado Antártico firmado en 1959 congeló las disputas
territoriales relacionadas con el Antártico Sur, pero la cuestión todavía no
ha sido realmente resuelta. Hoy en día parece que en la zona del Ártico,
que no está bajo el efecto del tratado internacional y por el calentamiento
global es cada vez más navegable, se puede contar con sucesos políticos
importantes. Sin embargo, se puede dar por sentado que si por algún
motivo el Tratado Antártico dejara de existir, las cuestiones de soberanía
británicos por la segunda vez en 1943 en la Isla Decepción, dos contramaestres y un civil
chileno recibieron invitación. Caracteriza bien la situación el hecho de que los argentinos
intentaro esconder que no sólo los emblemas británicos iban a ser quitados, pero su
bandera iba a ser colocada también – esto fue claramente inaceptable para los chilenos,
dado que ellos consideraron el territorio como suyo. (NAAC A4311, 365/8: 66).
135
enseguida aparecerían en la agenda y la disputa británica-argentina-chilena
enterrada en el hielo del continente blanco volvería a convertirse en tema
actual.
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138
Adrián Bene
Introduction
The fantastic always appears as a whole world or just some characters and
events that differ from our good old real world. This imaginary difference
is a “breach in the well-known order”, as Roger Caillois puts it.1 It means
an unexplainable mystery that causes uncertainty and doubts concerning
the validity of universal rules. Tales, fables, esotery, genres like fantasy and
science fiction all are popular in the world of comics. Although Tzvetan
Todorov does not consider allegorical works as a form of fantastic,2 here
we deal with dystopic story-worlds as well. Those imagined future socie-
ties lacking justice, liberty and personal autonomy are evidently represent a
dictatorship. Therefore, these fictive worlds are particularly capable of
criticising the totalitarian regimes, the inequality, the corruption, the envi-
ronmental pollution in our real world, describing a fictive world, be it
exotic like most of fantastic comics or rather realist – like some part of
Légendes d'aujourd'hui (‘Present-day legends’).
Légendes d'aujourd'hui
The title of the five volumes of Légendes d'aujourd'hui refers to the critical
intention in presenting current social and environmental problems. In the
first part, La Croisière des oubliés (‘The crusade of forgottens’) the protago-
nist is a mysterious person called 50/22B by the secret services that are
constantly chasing him. He takes part in all revolutionary movements
from the 1960s, being also experienced in supernatural practices and me-
dieval magic. One day in a small town in the La Lande region in France,
every house get off the ground and lift in the air – in all probability as an
unpredictable effect of military experiences on environment. The satirical
criticism in the comics by Pierre Christin and Enki Bilal provides direct
political reflections, such as when a guy assumes that this entire calamity is
caused by the conspiracy of the international Left.3
The antimilitarist rhetoric gives place to ecology and anti-capitalist
views in the second volume entitled Vaisseau de pierre (“Stone boat”). A
real-estate group plans to build a luxury hotel in a scenic area in Bretagne,
after demolished an ancient castle on a seashore rock. Although the mas-
139
ter of the castle allegedly has strange, mystical powers. Spelling in Breton,
he is able to invoke the dead spirits who help the inhabitants to move,
highlighting the importance of traditions in a metaphoric way.
In the third volume (La ville qui n'existait pas – ‘The Town That Never
Existed’) the story plot takes place in a factory closed due to the worker’s
strike. During their protest the old owner of the Hannard Group, simulta-
neously the mayor of the town, suddenly passes away. The heir is his only
grand-daughter who is disabled because of an accident. From now on, the
story bears the characteristics of utopias, since she refuses to fire the
workers, increases wages, even pay for the days of strike. 4 Finally, she
decides to build the ideal city where everyone has the possibility to a live a
happy life.
Kenya
Fantastic appears in a more common way in the Kenya series (five volumes
from 2001 to 2008), since here supernatural plays a central role in the plot.
In the second series (Namibia) this is rather the alternate history form
which is designed to thematise such problems as inequality and racism.
The story of Kenya starts after the World War II when the American writer
Remington organise a safari whose every participant disappear. Here, near
the Kilimanjaro, there is an odd castle built by an Italian baron who lives
alone in the heart of Africa.5
Moreover, in the area around strange monsters, prehistorical animals
and UFOs can be observed.6 In the meantime, the Cold War had begun;
secret agents from different states do their research here, including some
of the protagonists Katherine Austin, Konrad Fuchs and Jacques Merlin,
the three language teachers. Their conflicts are just as fatal as the encoun-
ters with ferocious monsters and prehistorical animals related to UFOs.
These extra-terrestrials are visiting our planet to take away those animals7
put in magical boxes by themselves million years ago.8 Their task is to
make sure that “natural order reigns without any intervention”.9 Mean-
while, some governments would be able to do anything for it, as an extra-
terrestrial visitor explains it to Kathy. “Your people haven’t got common
sense.” – he tells alluding to the many wars on Earth.10 The social-political
criticism is rather vague here, but in Namibia, the second season of Kenya
there are some concrete cases concerning the issue of social problems.
140
The story takes place in 1949 in Namibia, former colony of Germany,
where a journalist takes a photo on a person extremely akin to Herman
Göring, Reichsmarschall of Hitler, who committed suicide during the
Nuremberg trials in 1945. His father was the colony’s governor between
1885 and 1890. It is Kathy Austin again who has the task to clarify the
confusing case.
The character of major Browley, ordered to help the investigation,
embodies in itself misogyny, racism (against the “nasty niggers”) and ag-
gressive nationalism (against “the filthy Boche”). His paternalism mani-
fests itself in such statements that “he prefers people and things in their
proper place”.11
Racial discrimination and inequality saturate the whole society, whose
institutionalized form is that there are hotels reserved for white people.
Therefore, it is hardly surprising that during the World War II the majority
of white population was openly pro-Nazi, and they restored their belief in
these inhuman principles, still run their clubs and associations. Besides
Göring’s apparition there are further unaccountable phenomena such the
accelerated ageing of black farmers or the dangerous mutant animals.
Moreover, Göring’s apparition disintegrates and turns into dust when
Kathy and her fellows meet him in a bar. It turns out that all these strange
facts can be explained by the activity of a secret biotechnological laborato-
ry. Thus, the basic topic of biopunk genre being on its peak today in the
field of SF literature appears in the plot, warning the danger of genetic
engineering.
In the third volume, the problem of religious sects is also in focus.
The church known as ‘Sons of Ezekhiel’ spread the propaganda that to-
day’s people are “deprived of God and exiled to itself (…) in the mael-
strom of modernity that destroys him”.12 Only religion can give us peace
with God and with ourselves instead of the consumer goods of a consum-
er society.
Berlinoir
Tobias Meissner’s and Reinhard Klesit’s graphic novel, quickly translated,
became popular also in France.13 In Berlinoir the popular genre of vampire
story is blended with the social criticism of dystopias. In this world vam-
pires are capitalist entrepreneurs who manage the state guaranteeing the
workers the wellbeing and providing themselves the fresh blood at the
2003; Berlinoir 2: Mord! EDITION 52, 2004; In French : Berlinoir 2 : Meurtre! , Paris:
Akileos, 2004 (Transl. Anne Lamour).
141
same time. It can be read as an allegory of welfare capitalism that means a
hidden dictatorship and exploitation in the guise of democracy. A group
of terrorists (or from another point of view, revolutionaries) does not
accept this hierarchy in which they should be dominated by the ‘everliv-
ings’. For that reason, they commit deadly attacks against vampires. The
word which refers to this attacks (‘pogrom’) along with the leader’s name
(‘Szerbenmundt’), written partly using the Polish alphabet, makes possible
associations to the Polish Jews executed by German Nazis during the
World War II. Some slogans and propaganda posters written in German
also bring to mind the Nazi regime’s ideology and attitude: « Neues Blut
Neue Kraft ! » (New blood, new force!) 14 ; « Auf ewig verbun-
den » (Interconnected forever). 15 The latter visually reminds us to the
inscription above the concentration camp in Auschwitz (« Arbeit macht
frei. »).
Szerbenmundt’s political system provides security, culture, education
and wealth to all habitants of Berlinoir, and what is more, the eternal life,
if someone tends to become vampire.16 If someone does not need civil
liberty and freedom it may seem to be best of all possible worlds. From a
philosophical standpoint these features allows us to make an interpreta-
tion focusing on the criticism of the consumer society. The followers of
the high-priest Zebaoth fight against vampires and exploitation in the sign
of an anti-capitalist ideology, taking the position that the vampires “earn
their living by using the workforce of people”.17
Uchronie(s)
Éric Corbeyran’s dystopic story-world, certainly inspired by the novels of
Philip K. Dick, envelops parallel realities inhabited by seers and precogs.
New Byzance (drawn by Chabert), 18 New Harlem (drawn by Tibery), 19
New York (drawn by Defali), 20 and New Moscow (drawn by
Otero),21New Beijing (drawn by Morinière),22 New Delhi23 (the first vol-
14 Meissner 2003 : 5.
15 Meissner 2003 : 6.
16 Meissner 2003 : 34.
17 Meissner 2003 : 13.
18 Vol. 1 – Ruines, Grenoble : Glénat, 2008, vol. 2 – Résistances, Grenoble : Glénat, 2009,
Glénat, 2014.
22 Vol. 1, Grenoble : Glénat, 2012, vol. 2 : Grenoble : Glénat, 2013, vol. 3 : Grenoble :
Glénat, 2014.
142
ume drawn by Louis Lachance, the others by Defali) represent the same
city in different realities.
In New Byzance (the former New Jersey renamed by the leader
Oman) fundamentalist principles of Islamic law define rules and manners,
and the police control even the thought-crimes. Following the events of
September 11 and other similar attacks capitalism and democracy had
been eliminated by Islamic dogmatism, paternalism and hierarchy. 24
Women must wear a veil, their husband has the right to disfigure them
using sulfuric acid. However, the precogs see alternative worlds in their
dreams, Zack Kosinski, for example, see an ultra-liberal society which
“make everyone compatible, rentable and irresponsible” subjecting them
to the Power of the Market. This vision evokes the Marxist criticism of
capitalism, its impact of reification and alienation that still seems to be
valid in our real world. 25 Nevertheless, the cure is worse than the disease,
because the fundamentalist utopia does not tolerate any divergence from
the religious obligations – considered as sins and perversions.26 Both soci-
eties are based on oppression, servitude and inequality. On the wild side
of New Byzance, there are pariahs in the Forbidden Zone and among
them rebels living in outside the law.
In New York aka New Harlem in this reality, the social status of Af-
ro-Americans improved very much, whilst white people live in ghettos
being subject to discrimination and poverty. The events seen by Zack in
his dreams in New Byzance in reality take place in this world.27 A black
police officer shot a white to death after a shoplifting, then the White
Fraternity get revenge by attacking this female police officer. 28 In this
world the whites play the role of our real world’s discriminated black
Americans, as Zack’s father puts it: “We are the white trash! The black
government make fun of us! We all die in their damned ghettos, but they
do not care about.”29 Here, once more, Zack is a professional precog who
is in danger because sometimes he sees the past instead of the future. It
means the historical period when the blacks were discriminated by the
whites, which had been erased from the American history. 30 To be the
first retrocog who has ever lived in this world of black dominancy. On his
public performances he shows the transatlantic slave trade, the class and
23 Vol. 1, Grenoble : Glénat, 2012, vol. 2 : Grenoble : Glénat, 2013, vol. 3 : Grenoble :
Glénat, 2014.
24 Corbeyran 2008a : 26.
25 Corbeyran 2008a : 28.
26 Corbeyran 2008a : 33.
27 Corbeyran 2008b : 3-4.
28 Corbeyran 2008b : 12.
29 Corbeyran 2008b : 33.
30 Corbeyran 2008b : 47-49.
143
race discrimination that befell African Americans.31 On a certain point the
history well known by the reader changes to an alternate history in which
Martin Luther King bet Richard Nixon on the United States presidential
election of 1960 and became the 35th president.32 Thus, it was him mur-
dered in 1963 in Dallas (contrary to the JFK assassination of the reader’s
real History), and what is more, the attack was committed by the radicalist
Black Panthers who considered his political program too consensualist.
On the whole, Uchronie(s) put forward a criticism of self-interested and
nationalist politics which only strives to exploit scientific research results
in new military technology. The so-called ‘black fusion’ should revolution-
ize our concept of mankind, environment and society. “The concepts of
territory and frontier, war, the thirst of possession and competition, being
the causes of injustice and inequality, would soon disappear.”33 Although
the tenth volume of the series (Épilogue, 2011) ends with a utopia in
which the black fusion solves all the problems, but it is all for justify the
supremacy of black race, in accordance with the interests of New Har-
lem’s government.34 Economic, energetic and social problems are being
resolved, wars and industrial-commercial competition come to an end,
Kosinski is awarded with the Nobel Prize of Peace.
The next series of Uchronie(s) presents the state capitalism in the
communist China (New Beijing), the Russian absolutism in a world where
the tsar rules, insomuch as the Bolshevik revolution did not take place
(New Moscow), and finally the traditional yogi spiritualism as a bid for solv-
ing the problem of poverty and drought in India through trips in alterna-
tive realities (New Delhi).
New Beijing is the leader of world economy and the worst polluter of
the planet. At the same time, the inter-dimensional explorers of New Del-
hi have the mission of informing the government on possible solutions of
pollution, famine and drought being practiced in other realities.
Besides the environmental problems, human rights are another issue
being criticised. In New Beijing personal autonomy as a fundamental right
is strictly limited, including the freedom of sexual orientation and/or gen-
der identity. Between the main characters there is a lesbian couple (Chih-
Nii Teng et Lo-Shen Liphoong) forced into hiding and disguised in such a
patriarchal and intolerant society.35 They are in real existential danger, as
the law in New Beijing proclaims that “No sexual relationship, regardless
of its nature, shall be permitted between two same-sex persons.”36 Finally,
144
just for this sin of them, they would be denounced and sentenced to 60
years of forced labour…
As for the imperial Russia, the Empress Katherine III sponsors the
research on the travelling through realities, for the purpose of get rid of
her political enemies.37 For the rest, the plot in these volumes is being
more and more influenced by conventional SF motives instead of reflexiv-
ity concerning the idea of ‘the original dimension’, the black fusion and
the multiverse conception.38
Luxley
Just as in New Harlem and New Moscow, social criticism is set forth in a
special form of historical fiction, the alternate history, in place of utopia,
but this time it enters into combination with the features of the heroic
fantasy genre. In the five volumes of Luxley (Le Mauvais Œil – ‘The Jaun-
diced Eye’, Sainte Inquisition – ‘Saint Inquisition’, Le sang de Paris –
‘Blood of Paris’, Le Sultan – ‘The Sultan’; Le Nouveau Monde – ‘The
New World’) by Valérie Mangin and Francisco Ruizgé the plot takes place
in the Middle Age Europe. The time is 1191 when the most important
Christian leaders have gone to the Third Crusade (1189-1192). Meantime
the allied forces of Incas, Mayas and Aztecs invade and conquer Europe.
The first episode starts nine years after the defeat, as a rewriting of the
Robin Hood story. Following the invasion by the ‘Atlantics’ Robin and
Luxley the Saxon nobleman succeed to flee to France and join the re-
sistance troops. Vucub Noh the governor (« apu ») of Paris is a cruel
magician living in a pyramid who wants to convert Luxley to the Incas
because of his spiritual ability of seers. The second volume shed light on
these events since it turns out that the ‘Atlantic’ attack was to prevent
conquering their homeland by the Europeans, as in the real history, pre-
dicted by their leader, the great inca. Therefore, the story set forth a sort
of criticism of European civilization, turning upside down the history of
colonization from a fictive perspective.
Conclusion
To sum up, we have seen that various subgenres in the field of fantastic
comics are able to express criticism against social and historical injustices,
militarism and aggressive ideologies. On a philosophical level, it is proba-
bly the environmentalism that shows best such recent topics of this dis-
course as genetic engineering and pollution. More generally, fantastic and
supernatural have the characteristic of aesthetic romanticism criticising the
modernity. It is not surprising that the criticism of capitalism and con-
145
sumer society presents itself in the form of a liberal leftist ideology which
protests against all inequality, domination and discrimination. Thus, enter-
taining is not the unique function of these comics, at the same time the
authors want us to reflect on these phenomena certainly being present in
our real life.
Uncertainty concerning the possibility of supernatural as Todorov’s
main point in his theory of fantastic seems to be secondary in these graph-
ic novels compared to the semantical characteristic of indirect, mostly
allegoric referentiality to the audience’s real world. The reader’s primary
activity consists in questioning his world, not in an ontological or episte-
mological way, but rather as a political and ideological matter of fact.
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147
Krisztián Bene
1 This study was founded by the JánosBolyai Scholarship of the Hungarian Academy of
Sciences.
2 Nationalsozialistisches Kraftfahrkorps: National Socialist Motor Corps.
3 Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei: National Socialist German Workers' Party.
4 Mounine1995 : 5.
5 Sturmabteilung: literally Storm Department, a paramilitary organization of the Nazi Party.
6 Hitlerjugend: Hitler Youth, other paramilitary organization of the Nazi Party.
149
technical training. After the fall of the SA in 1934, it is under the right
direction of the Nazi Party and becomes responsible for all activities
related to motor vehicles in Germany. As part of this new mission, a wide
variety of activities are concentrated in the hands of the NSKK, including
the tourist bus travels within and outside the country, the auto and
motorcycle racing and the contribution to the traffic direction7.
In 1934, the size of the organization is 350 000 people, deployed
between four divisions, nineteen brigades and about ninety regiments. A
division (Motogruppe) includes five brigades (Motorbrigade), while three
regiments belong to them (Motorstandarte). These regiments consist of
three to six battalions (Motorstaffel) that count three to ten companies
(Motorsturm) formed by three to four sections (Trupp) consisted by three
to four groups (Schar) of eight to sixteen men. In 1939, the NSKK has
already twenty-eight divisions and one brigade (in total hundred
regiments) with over 500 000 people who form eight Territorial Army
Corps on German and recently occupied Czech and Austrian territories8.
This relatively large and well educated force is automatically
transferred to other units of the German armed forces at the beginning of
World War II in order to contribute to the Third Reich war effort. This
transfer is an important support to the Wehrmacht being in need of
technically trained men; nevertheless it causes considerable problems for
the NSKK who must participate in transportation missions of growing
with the change of the international situation. First, he has to hold courses
for motorized and armored units of the German army; secondly, it must
establish armed guard battalions (NSKK-Wehrstaffel). From 1940, the
organization receives a new mission: it must provide a part of the
transport capacity of the Luftwaffe 9 and over time of the other major
units of the German armed forces. The transport units serving within the
organization have several names over the years of war (NSKK
Transportregiment Luftwaffe, NSKK Motorgruppe Luftwaffe and NSKK
Transportgruppe Luftwaffe) while the number of tasks and thus the
number attached to these units increase continuously10.
7 Thomas–Jurado1992 : 4.
8 Delatour1975 : 153.
9 In accordance with this change, the French NSKK volunteerswear the uniform of the
Luftwaffe completed on his left sleeve by a tricolor badge decorated with a black axe
(which was the personal symbol of Marshal Pétain during that time). Littlejohn 1972 : 265.
10 Thomas–Jurado1992 : 4.
150
volunteers in the occupied countries of Europe to be able to perform its
tasks. These engaged foreigners, after driver and repair internships in line
with the objectives of the NSKK, participate in the transportation of
supplies, in the direction of traffic and in the maintenance of the transport
vehicles11. The first round of the German recruitment campaign held in
the Netherlands and Belgium in May 1941 12 to be followed by several
others on the entire European continent13.
These actions can be considered successful because the numbers of
Flemish, Walloon and French volunteers who have pledged to the unit
exceed ten thousand until July 1943. These men form a division consisting
of two brigades under the command of General Graf von Bayer-
Ehrenberg. Each brigade consists of three regiments which are formed by
two battalions. About 1 000 soldiers are in a regiment. The first brigade
(with the 1st, 2nd and 3rd regiments) is established in France in summer
1941 and its service is performed exclusively in this country until 1944
when the progress of Allied troops causes its decline to Germany, where
its members will be deployed as regular infantry against the Allied armies
during the last months of the conflict. The second brigade (with the 4th,
5th and 6th regiments) is created in the eastern part of Belgium in May
1941. At first, it has only two regiments to be supplemented by a third one
in spring 1943, which has mainly French volunteers in its ranks. This unit,
unlike its homologue, is deployed in the Soviet Union, in northern Italy, in
Yugoslavia and, as we shall see, also in Hungary14. At the same time, it
should be mentioned that along with the organization presented in this
study other units with similar missions are established using the human
potential of the occupied countries. It is such transport formations that
NSKK Transportgruppe Todt or NSKK Transportbrigade Speer
Legionwhose workforce is partially composed of French citizens (several
thousand people), but they are less interesting for us because of the lack
of their presence on the scene of eastern operations during the war15.
In France, the NSKK recruitment begins July 21, 1942 and
encourages French youth to join the German transport unit16. These calls
had some success, because, according to conservative estimates, about
office of the NSKK operates under the direction of Captain Troupeau, the son in-law of
the Secretary of State for War, EugèneBridoux. Littlejohn 1987a : 161.
151
2000-2500 French17 engage to the organization between 1942 and 194418.
This performance is explained by the fact that the German authorities
have already created in 1941, following the advice of Peter Costantini, one
of the founders of the LVF19, the Automobile Corps of Anti-bolshevik
Volunteers (Corps Automobile des Volontaires Antibolcheviques) which
includes the French volunteers intending to serve in the German transport
units. Therefore, after the launch of the recruitment in 1942, with only the
change of the name of the organization, it could immediately mobilize the
entire previously engaged workforce that consists of men being between
18 and 50 and also being in a good physical condition. After a compulsory
medical examination, the men skilled committed fit for military service are
gathered in Paris to be directed at Vilvoorde (a suburb of Brussels). They
are forced to spend a further medical examination, sign their final
employment contract and can begin their instruction. The training lasts
for five months and consists of driving, repair courses and basic military
training20.
According to the memoirs of the participants, the first phase of the
military training is realized by captured French weapons which is followed
by teaching the use of German weapons. These are only light infantry
weapons (Mauser 98K, MP0, MG34, grenades, etc.), the heavy weapons
are represented only by a few small anti-tank grenade launchers
(Panzerfaust, Panzerschreck), as troops NSKK are not intended for
regular infantry missions. After this traditional training in the modern
armies conducted in Belgium (early in Schafeen/Diest, then in
Grammont/Gerardsbergen) 21 , the French volunteers are transferred to
Tübinegen to attend driving classes organized at the special school of the
NSKK (NSKK Motor Schule–Lehrgang)22.
We must refute a widespread assumption that the NSKK was a kind
of antechamber of the Waffen-SS and the members of the first are
17 At the same time, according to some German sources, this figure is around five
thousand people. BBAMA N 756/201. Die Kameradschaft: Die
EuropäischenFreiwilligen:3. concerning this question, it has to be noted that the
Francophone volunteers are often considered French by German authorities. However, a
number of Wallons (at least 2 000 people) also engage in the organization, so they can
appear in certain statistics as French. Littlejohn 1987b : 111. In general, the number of
three thousand is accepted as a reliable information. See Hochstetter 2005.
18 AN 72 AJ 258, 232 14. Soldats français sous uniformes allemands, 1941-1945 : 8.
19 Nevertheless the proposal of Costantini concerning the possible involvement of French
152
regularly transferred en masse to the second. We can see that this is not
the case, because the members of the transport body are appreciated by
the German high command due to the importance of their activity in the
proper functioning of the armed forces. At the same time, we know many
examples when French volunteers headed to the instruction camp of
Vilvoorde desert to join the Waffen-SS whose prestige is much higher,
because it is a combat detachment and the service made in its ranks is
more attractive than the transport missions carried out within the
NSKK 23 . Therefore, from time to time, a number of French who
contracted a contract of employment with the transport unit, individually
or in groups, are presented in the recruiting offices of the Waffen-SS in
order to continue their service in the military organization. This choice is
probably motivated by the fact that before the summer of 1943 the
French citizens can not engage officially to this unit. The largest group of
deserters opts for the Waffen-SS in June 1943 when thirty people join the
military unit24. This action is certainly encouraged by the creation of the
French unit of the Waffen-SS in France (initially as a regiment and later as
brigade and finally as a division from early 1945), because this change
offers the opportunity to do military service in the ranks of a "national"
troop within the German organization.
23 It has to be noticed that the desertion does not lead to sanctions according to the
regulations of the German army, if the deserter presents for service with another unit of
the German armed forces. Therefore the French NSKK volunteers opting for service in
the Waffen-SS are warmly welcomed by the other German organization who also leads an
intense recruitment policy.
24 Forbes 2005 : 31.
25 Thomas–Jurado1992 : 4.
153
fleet of the companies. The staff of a truck are a driver and a guard
equipped with light weapons, especially guns26 to defend the cargo27.
The first French volunteers of the unit are deployed in the Soviet
Union in the winter 1942-1943 to help supply the German army fighting
in the Eastern Front. These people are in the Rostov region where the
members of the French companies conduct conveys, transport of supplies
and repair failed vehicles. Among the Germans, there is a generally
favorable opinion on their activity because they mention that the French
are good drivers, but they do not pay much attention to their vehicles.
Although their mission is theoretically conducted among peaceful
conditions far from the front, the partisans’ forcefulness increasingly
strong threats also the French who are obliged to participate in clashes to
defend. Because of this situation, the transport unit begins to gradually
transform to a combat troop. In total, three French companies of the
VIth battalion of the NSKK perform a service on the Eastern Front
during this period before being underwent a complete reorganization in
spring 1943when a part of the French volunteers are grouped in the IInd
battalion28. Therefore, this contingent retains its French character until the
end of the war29.
The IInd battalion established with the soldiers who have acquired
war experiences at Eastern Front and the recruits who recently completed
their instruction is declared fit for service in the fall of 1943. The unit with
three companies (the 4th, 5th and 6th) is led in northern Italy in early
December. During the months of December and January, the battalion is
located in Brescia to begin its transportation service in which its
companies are scattered throughout the region. The 4th company is sent
to Verona, while the other two companies are directed to the south and
some columns carried supplies even to the German defenders of Monte
Cassino. The French equipped with German-, French- and Italian-made
trucks fulfill transport missions for the Organization Todt, the Speer
Legion, the Lutfwaffe and the Wehrmacht in relation to the needs of
those. Despite the intense activity of the French unit until autumn, it does
not meet regular or irregular enemy troops and its minimal losses are
exclusively due to attacks of the Allied fighter-bombers. Possibly, this
more or less intact military potential also contributes to the fact that the
1.) : 58.
28 An interesting fact: it was proposed to the volunteers being returned from East to work
in German factories instead of military service. There is no official data on the number of
French who have opted for this possibility. Forbes 2005 : 30.
29 Mounine1995 : 6.
154
French members of the NSKK are considered combatants and they
receive a Soldbuch (German pay book)30.
In the months of October and November, the battalion with weapons
but without vehicles is embarked to be directed to Denmark after a long
train journey. After its arrival, it stays around Odense and custody of some
local military depots. This quiet service does not last for long, because the
battalion is sent to the Eastern Front in early 194531.
30 Ibid., 7-8.
31 Thomas–Jurado 1992 : 9.
32 Keegan 2008 : 877-878.
33 Mounine 1995 : 10.
34 Forbes 2005 : 233-234.
35 Ory 1976 : 265.
155
to fight against the Red Army. Lacking fuel, the unit is not able to achieve
great trip and the members of the group receive jerry cans and rubber
hoses to retrieve fuel from the abandoned vehicles. Initially, the group is
deployed west of the city of Veszprém, north of Lake Balaton where a
Soviet unit surprises the French soldiers and inflicts severe losses on a
short and hard clash. After this action gone wrong, the French contingent
is withdrawn behind the front to reorganization. The members of the
detachment have to serve as tank destroyers equipped with grenade
launchers. The new formation does not participate only once in operation
when it is forced to fight against Soviet tanks in late April west of Balaton
during the general decline to open a path toward Austria36. During this
action, the French destroy two tanks, the Soviets retreat and the survivors
of this campaign can continue the retreat westward overnight. Those that
remain of the battle group arrive in Austria to the south of the city of
Sopron and they are informed about the end of war37. Then members of
the contingent try to get by individually: some go to the Western Allied
troops, others wearing civilian clothes and try to return to France38.
The other battle group, despite the orders of the German command,
is in Austria at the end of the war without effective participation in any
military operation. The commander of the unit, NSKK-Haupsturmfuhrer
Hans Ströhle, demobilizesthe detachment April 29 because of the
hopeless military situation. The French soldiers form small groups and go
toward west. Some go in Northern Italy because it was familiar ground for
them after their service carried out in the region and the progress of
Soviet troops in that direction seems unlikely. A curious fact which
illustrates the differences between the various units of the German armed
forces that even at the last moment of the conflict (we are 3 May 1945)
they meet the French Waffen SS who intend to continue the fight and
encouraged them to do the same. Nevertheless, members of the NSKK
refuse this proposal and continue their journey to the west39.
Conclusion
Although the NSKK is a little known military contingent in the German
armed forces during the World War II, its members perform an important
activity, especially in hinterland for the German war effort.
A feature of the unit is that foreign volunteers make up the majority
of its workforce including, surprisingly, a number of French citizens.
156
Although these men did not commit to military service in the first line,
they are forced to fight there because of the evolution of the war situation,
they fight even in Hungary during the last months of the conflict. Of
course, this episode does not influence the main events of the war,
however, it is a very interesting element of the Franco-Hungarian military
relations, especially as the two countries were neither allies nor enemies
during the years of the conflict.
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158
Zsolt Máté
1 Short summarize about the event and the sources: FRUS VII. 2. 165.th editor note.
Eisenhower and De Gaulle discussions mentioned at: Reyn 2010. 1. chapter 185. note
(395. page). About the Canadian visit: Bastien 2005 : 11.; Courteaux 2011 : 45-47.; Bosher
1999 : 8-10.
This study writes about the visit in New Orleans: Cook 2008 : 5-20.
2 About Khrushchev’s visit in the U.S. see: Fischer 2005 : 185-186.
3 About the shoot down of the U2 see: Fischer 2005 :. 192-193.
4 See Fischer 2005 : 197.
5 About French foreign policy in Hungarian see: Fischer 2005 : 189-190. ; Gazdag 1997 :
159
Before the summit in 1960 each state made preparations for the meet-
ing. These steps made deeper relations between the parteners, providing
more cooperation for common goals. This was the reason for Khrush-
chev’s French and Harold MacMillan’s American visits. Although MacMil-
lan’s visit was shortly before the summit, the two presidents did not dis-
cussed anything about the four-state meeting, but they accepted techno-
logical support and military cooperation. 6 The memoirs contain infor-
mation about a fight between Khrushchev and De Gaulle about different
political systems,7 but to the press they introduced each other as partners.8
De Gaulle met Eisenhower after these diplomatic events.
The preparations
The preparations for the journey started in 1959, and the American State
Department sent the text of official announcement for approval to the
French diplomats.9 French diplomacy requested the dates and the stops
through the American embassy. The first report contained three days in
Washington D.C., one day in New York and three days on the West
Coast, but with that “President De Gaulle has no particular views about western
trip and Foreign Office asks that we make suggestions”10This sentence shows how
big was the role of the French President in the planning of the visit. The
White House announced De Gaulle’s visit at 6th of January. At this time
only Washington D.C. and New York were the publicly known destina-
tions.11 The destinations were clear by 22nd of January and also some pro-
grams were accepted too.12
De Gaulle, before his arrival in Washington stayed in Canada for four
days. This was his third visit after his 1944 and 1945 trip. He visited Otta-
wa, Toronto, Montreal and Quebec.13 Many historians think the visit of
Quebec was the source of independence movement at the end of the
decade.14 The documents in the Eisenhower Library do not contain rele-
vant information about the Canadian visit.
Washington D.C.
The French President arrived in the capital of the United States on April
22nd of 1960. Among the members of the delegation we found Charles De
160
Gaulle’s wife, Herve Alphand, the Embassador of France in the U.S.,
Geoffroy De Courcel French minister of foreign affairs. Beside the Amer-
ican security officers, eight French ones were responsible for De Gaulle’s
safety. The members of the welcoming committee were the American
President, Christian A. Herter Secretary of State and more diplomats, who
were responsible for French and European issues. The airplane landed at
noon, and the delegation was welcomed by Eisenhower. American sol-
diers saluted to the French president. De Gaulle at the arrival statement
told the reason of the visit: “A grave international debate is going to take place in
3 weeks. Before joining this debate for France, it was indeed necessary that I converse
with the President of the United States.”15 The foreign journalists arrived one
hour earlier by a different plane from Toronto to Washington. From the
airport the delegation and the welcoming committee drove in a fourteen
cars convoy, which was lead by the two presidents. 16 The press wrote
about two hundred thousand cheering people on the way from the airport
to the downtown.17
The visit’s most important elements were the discussions of the two
presidents. They have already known this at the preparations, so they in-
creased the numbers of the meetings and they could talk every day. 18
Herter gave the list of the topics for the discussion to the president on
April 19, 1960.19 Herter recommended to start with Khrushchev’s French
visit and continue to the global topics. This kind of topic was the four
state summit in Paris, Berlin and issue of Germany, the demilitarization,
the prohibition of testing of nuclear weapons and nuclear cooperation, the
tripartitism, European integration, Norstad-plan, Alger, Morocco, Tunisia
and the French community. By the style of the document the topics of the
French community, the European integration, Germany, Norstad-plan,
tripartitism, four state summit had big cooperation and common opinion
between the two leaders, but in the question of the demilitarization, east-
west relations, NATO-problems, nuclear questions, Alger, Morocco, Tu-
nisia they were thinking differently.20 Three days later, but still before De
Gaulle’s arrival the Secretary of State and Eisenhower discussed these
points. The President mentioned the veto of the Soviet requests, which
could move closer the French and American opinions, but Herter did not
recommend to talk about the share of the nuclear secrets. Herter also
recommended about the tripartitism to prove cooperation between gov-
ernments, to solve the problematic questions easier. The Secretary of State
161
welcomed the successful liberalization of African states. Eisenhower was
not able to give an answer about the NATO-problems, because the
French requests could result in structural reforms.21
The French President after the arrival to the presidential guest house
went to the Arlington cemetery and laid down a wreath at the crypt of the
unknown soldier. After this had the two presidents their first discussion
during the visit.22 At the beginning of the meeting three documents were
given to De Gaulle with the following titles: „United States Strategic Striking
Force”, „Our Summit Purposes”, „Summit Procedures”. 23 Eisenhower men-
tioned to De Gaulle that the western bloc could loose the support of Afri-
can states, but connected with this De Gaulle only offered to continue the
atomic tests underground. In the German question they had common
opinion. De Gaulle said that “Khrushchev’s attempts to stir up anti-German
feeling in France had not been successful”.24 At the end of the day Eisenhower
hosted a dinner in the White House in the honor of the French Presi-
dent.25
On the next day, 23rd of April at half past ten the two presidents laid
down a wreath at the statue of LaFayette. After this De Gaulle met with
accredited correspondents and had a press conference. In the afternoon
De Gaulle hosted a luncheon at the French Embassy and at the evening
he participated at a dinner with Richard M. Nixon.26 De Gaulle met Nixon
for the first time and got a positive impression about him.27
The French President spent his third day in the United States with Ei-
senhower at his farm in Gettysburg. De Gaulle could go to the church in
the downtown or in Gettysburg on that day’s morning.28 The event was
on the newsreel too.29 We have a memorandum of the discussion at Camp
David at 24th of April. The meeting of the two presidents started with the
earlier shared documents and they accepted the schedule of the four state
summit. About the demilitarization Eisenhower almost accepted the Sovi-
et proposals, which would settle down military bases around the Soviet
Union, but only if both power accept the usage of independent observers.
De Gaulle shared this opinion, but he was afraid trusting the Soviet politi-
cians. Both of them refused Khrushchev’s recommendation, which would
162
make Berlin a demilitarized zone and then the Soviet Union and the
Western German state would accept a peace agreement. The French Pres-
ident arrived back to Washington before five o’clock and at seven o’clock
he hosted a dinner for French communities at the embassy.30
De Gaulle started his next day in the American capital with the meet-
ing of the American President and the ministers of foreign affairs of the
two countries.31 Eisenhower briefed the discussions of the previous days
to the participants. Both leaders accepted to prove the East-West socio-
cultural relations and they will check the possibility of improvement of
commercial relations.32 They planned text of the public statements con-
tained the possible achievements in the case of demilitarization can be
achieved at the next summit, but the finally public text did not contained
it.33 During the day the French president made a speech at the Congress,
which started with the historical cooperation of the two countries, fol-
lowed by the importance of cooperation in different issues and continued
with next four state summit. The following sentence from the speech
shows that, De Gaulle thought about the tripartitism in the western bloc:
“Nonethless while France has choosen to belong altogether to the gathering of the free
peoples, she does not despair at all of seeing peace established in the world”34
On the following day, at 26th of April in the morning the two presi-
dents met again. A report says that they were talking about Khrushchev’s
speech in Baku, where the Soviet leader said that he wants to achieve all of
his country’s requests in the issue of the German question. For this De
Gaulle said “Now that I have seen you I have even greater confidence in our cause.”
and Eisenhower replied with “We shall be standing together.”35
During his stay in Washington De Gaulle received gifts from Eisen-
hower. From the American President the France received three longhorn
antelope what they delivered to the zoo in Paris after De Gaulle’s arrival
to home. The French President and his wife get a silver plate and candle
sticks. 36 De Gaulle’s wife had only two public programs. She visited a
child hospital and the George Washington’s manor in Mount Vermont.37
The days that De Gaulle spent with Eisenhower not just himself, but
the American diplomats rated positively. The French leader sent two tele-
grams to Eisenhower, highlighted in both telegrams their deep friendship.
1960. 771.
34 Bulletin 1960 : 771-773.
35 FRUS VII 2. 170. documentum.
36 EPL (1) folder.
37 Cheshire 1960 : C17.
163
“Our conversations have stressed our agreement, and I am sure this result is essential
for the peace of the world. As for Franco-American friendship, I have gathered in
Washington, New York, San Francisco and New Orleans the moving tokens of it.”38
38 Our conversations have stressed our agreement, and I am sure this result is essential for
the peace of the world. As for Franco-American friendship, I have gathered in Washing-
ton, New York, San Francisco and New Orleans the moving tokens of it EPL (1) folder.
39 EPL (4) folder.
40 De Gaulle Gets Ticker Tape Welcome In New York (1960).
https://www.youtube.com/watch?v=Y838hxYFpb8 (Time of download: 2015. 07. 14.)
41 Fulton 1960 : 1-2.
42 No snub to U.N. seen. In: TNYT 1960 : 4.
43 EPL (4) folder.
44 FRUS, VII. 2. 171. documentum.
164
pation of ten thousands of people.45 The newsreel recorded this event.46
On the next day De Gaulle placed a wreath to the statue of the founder of
the city and at the city hall received the keys of the city.47 The visit of capi-
tal of Louisiana touched De Gaulle that much, that later he gave a statue
of Jeanne d’Arc to the city.48
After New Orleans De Gaulle went to French-Guyana and left the
territory of the United States. Summarize the events of the visit we can see
the discussions with the American President fits the trend of the interna-
tional relations in the eastern of 1960, which was bilateral preparations for
the four state summit. In the international questions the French policy did
not have big differences and they accepted the most important things
about the next summit. The relations of the two countries were not
harmed by the U2 incident as the American-Soviet relations. De Gaulle
was welcomed in every city by thousands of people and organized parades
for them. After this the French leader came back to the United States in
1963 to the funeral of John F. Kennedy.
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The New York Times, 1960. 04. 21. 4.
166
Máté Zsolt
167
nyosabb bizonyítéka az 1960 februárjában felrobbantott francia atom-
bomba volt. Továbbá fokozatosan elindult egy az amerikaiakkal szakító
folyamat, amely később a NATO-ból való kilépéshez vezetett.5
Azonban a csúcstalálkozót több diplomáciai esemény is megelőzte az
egyes hatalmak között. Ezek az álláspontok megismerésére, szövetségek
elmélyítésére, közös fellépés megtervezésére irányultak. Emiatt kerülhetett
sor Hruscsov franciaországi és Harold Macmillan amerikai útjára. Bár
utóbbi villámlátogatás időben közel esik a párizsi találkozóhoz, de nem az
arra való előkészületekről, hanem hadászati együttműködések elmélyítésé-
ről és technológiai támogatásról volt szó a beszámolók szerint.6 Hruscsov
és De Gaulle között azonban a memoárok szerint vita is kialakult a politi-
kai rendszerekről,7 pedig partnerként is nyilatkozott a szovjet pártfőtitkár
Franciaországról.8 Az Eisenhowerrel való találkozójára ezt követően került
sor.
Az előkészületek
Az út megszervezése 1959-ben elkezdődött, s 1960. január másodikán
meg a hivatalos bejelentés szövegét is elküldték a francia szerveknek jóvá-
hagyásra.9 A dátumot és az úti célokat a párizsi amerikai nagykövetségen
keresztül kérték a franciák. Az első jelentésben három nap Washington,
egy nap New York és három napos nyugati utazás szerepelt, s utóbbival
kapcsolatban „De Gaulle Elnök Úr nem rendelkezik pontos elképzelésekkel a
nyugati úttal kapcsolatban és a Külügy Minisztérium kéri, hogy tegyünk javaslato-
kat.”10 Ez a mondat is jelzi, hogy a francia államfőnek nagy szerepe lehe-
tett az utazás megtervezésében. De Gaulle érkezését a Fehér Ház 1960.
január 6-án jelentette be. Ekkor még csak New York és Washington volt
csak a nyilvánosságra hozott úti célok között.11 Az útvonal 1960. január
22-re lett végleges, s bizonyos programokban is sikerült megegyezni.12
Washingtonba érkezése előtt De Gaulle Kanadában tartózkodott négy
napig. Ez volt a harmadik látogatása az 1944-es és 1945-ös utazásai után.
Felkereste Ottawát, Torontót, Montrealt és Quebecet. 13 Utóbbi helyszín
felkeresését véli több történész az évtized végi függetlenségi törekvések
5 A francia külpolitikáról lásd. Uo. 189-190. ; Gazdag 1997 : 106-109.; Gazdag 2011 : 101-
110.; Duby 2007 : 455-457.
6 Glenn 1993 : 368-372. dokumentumok.
7 De Gaulle 2003 : 172-178.; De Gaulle 2008 : 535-538.
8 A látogatás magyar sajtóvisszhangjáról lásd. Máté 2014 : 157-164.
9 EEK (4) mappa.
10 „President De Gaulle has no particular views about western trip and Foreign Office asks that we make
168
gyökerének.14 Az Eisenhower Könyvtárban talált iratok nem tartalmaznak
a Kanadában való tartózkodásról releváns információkat.
Washington D.C.
A francia államfő 1960. április 22-én érkezett az Amerikai Egyesült Álla-
mok fővárosába. A delegáció tagja volt Charles De Gaulle mellett felesége,
Herve Alphand, Franciaország amerikai nagykövete, Geoffroy De Courcel
francia külügyminiszter. De Gaulle biztonságáért az amerikaiak mellett
nyolc francia biztonsági tiszt felelt. A fogadóbizottság tagja volt az ameri-
kai elnök, Christian A. Herter külügyminiszter s több francia és európai
ügyért felelős diplomata. A repülőgép délben szállt le, s a delegáció tagjait
elsőként Eisenhower köszöntötte. Katonai díszsorfal és díszsortűz kö-
szöntötte a francia államfőt. De Gaulle már a megérkezésekor tett nyilat-
kozatában előrevetítette a látogatás legfőbb célját: „Egy komoly nemzet-
közi vita kerül megrendezésre három héten belül. Mielőtt Franciaország
csatlakozik a vitához szükséges az Egyesült Államok elnökével beszél-
nem.” 15 A külföldi újságírókat egy repülőgép már egy órával korábban
átszállította Torontóból Washingtonba. A reptérről összesen tizennégy
autóval jutott be a delegáció és a fogadóbizottság a városba, amely konvoj
élén a két államfő haladt.16 Sajtóértesülések szerint a kocsisor De Gaulle-t
ünneplő kétszáz ezer ember előtt haladt a reptérről városközpontba.17
A látogatás legfontosabb eleme a két ország vezetőjének megbeszélé-
sei voltak. Ezt már az előkészületeknél is tudták, így fokozatosan növelték
a tárgyalások számát, s végül minden nap folytattak tárgyalásokat. 18 Az
amerikai elnöknek 1960 április 19-én nyújtotta át Herter külügyminiszter
az általa tárgyalásra javasolt témákat. 19 Herter szerint a legelső témának
Hruscsov francia látogatásával kell kezdeni a megbeszéléseket, s haladni
fokozatosan a globális kérdések felé. Ilyen téma a párizsi többhatalmi
csúcstalálkozó, Berlin és Németország helyzetének rendezése, a leszerelés,
a kelet-nyugati kapcsolatok alakulása, a nukleáris fegyverek tesztelésére
vonatkozó tilalom és nukleáris együttműködés, háromhatalmiság, európai
integráció, NATO problémák, Norstad-terv, Algéria, Marokkó, Tunézia és
végül a francia közösség. A dokumentum szövegezése alapján a francia
közösségek, az európai integráció, Németország, Norstad-terv, háromha-
talmiság, több hatalmi csúcstalálkozó kérdéseiben együttműködés és egye-
169
tértés mutatkozott a két ország között, azonban a leszerelés, kelet-nyugati
kapcsolatok, NATO problémák, nukleáris kérdések, Algéria, Marokkó,
Tunézia témakörökben eltérő állásponton voltak a felek. 20 Egy három
nappal későbbi, De Gaulle megérkezése előtt tartott elnöki megbeszélésen
élőszóban is megvitatták a kérdéseket külpolitikáért felelős vezetők és
Eisenhower. Itt a leszerelésnél az elnök felvetette a szovjeteknek tett javas-
latok elutasítását, mint egy, a francia-amerikai álláspontokat közelítő
szempontot, de Herter megjegyezte, hogy a nukleáris titkok megosztásá-
nak kérdése kerülendő. Herter javasolta továbbá, hogy a háromhatalmiság
kapcsán kölcsönösen lehetne fejleszteni a kormányzatok közötti együtt-
működést, hogy a vitás kérdéseket könnyebben rendezhessék. Az afrikai
problémák kapcsán pedig az addigi önállósodási folyamat sikerét emelte ki
az amerikai külügyminiszter. Eisenhower a NATO problémáira nem tu-
dott megoldást nyújtani, mert strukturális reformokra lett volna szükség a
francia célok eléréséhez.21
A francia államfő az elnöki vendéglakás elfoglalása után ellátogatott az
arlingtoni katonai temetőbe és elhelyezett egy koszorút az ismeretlen ka-
tona kriptájánál. Ezt követően került sor az első megbeszélésre a két or-
szág vezetője között.22 A találkozó elején Eisenhower három dokumen-
tumot nyújtott át, amelyek az alábbi címet viselték: „Az Egyesült Államok
stratégiai támadó egysége”, „A csúcstalálkozóra szánt témáink”, „A csúcstalálkozó
előkészületei”.23 . Eisenhower felrótta De Gaullenak, hogy az Afrikával kap-
csolatos politikájuk miatt a nyugati-blokk elveszíthet több afrikai országot,
de erre az atombomba tesztekkel kapcsolatban pedig csak olyan kompro-
misszumra volt hajlandó a francia államfő, hogy azokat föld alatt folytas-
sák a földfelszín helyett. A német-kérdésben nagyfokú egyetértés mutat-
kozott a két fél között, s kiderült, hogy „Hruscsov kísérlete, hogy felkavarja a
német-ellenes érzelmeket Franciaországban nem volt sikeres.”24 A nap végén este
nyolc órakor Eisenhower fogadást rendezett a Fehér Házban a francia
államfő tiszteletére.25
Másnap, 1960 április 23-án a két államfő fél tizenegykor koszorút he-
lyezett el La Fayette szobránál. De Gaulle ezt követően akkreditált újság-
írókkal találkozott és sajtótájékoztatót tartott. Délután De Gaulle a francia
nagykövetségen tartott fogadást, este pedig részt vett a Richard M. Nixon
20 Uo.
21 Glenn 1993. 166. dokumentum.
22 EEK (4) mappa.
23 „United States Strategic Striking Force”, „Our Summit Purposes”, „Summit Procedures”. EEK (2)
mappa.
24 Glenn 1993. 167. dokumentum.; EEK (2) mappa.
25 EEK (4) mappa.
170
alelnök által rendezett díszvacsorán. 26 Utóbbi rendezvényen találkozott
életében először De Gaulle Nixonnal, akiről pozitív benyomása maradt.27
A francia államfő az Egyesült Államokban töltött harmadik napját az
amerikai elnök gettysburgi farmján töltötte Eisenhower társaságában. De
Gaullenak felajánlották, hogy a fővárosban vagy Gettysburgban elmehes-
sen misére.28 Az eseményről a filmhíradó is beszámolt.29 Az 1960 április
24-i Camp David-i megbeszélésekről rendelkezünk összefoglalóval. A két
államfő megbeszélése a legelső találkozójukkor átadott dokumentumok-
ban foglaltakkal kezdődött, s elfogadták a leendő csúcstalálkozó ütemterv-
ét. A leszereléssel kapcsolatban Eisenhower hajlott a szovjet javaslatra,
miszerint a Szovjetunió határa mentén elhelyezkedő bázisokat kellene
elsőként leszerelni, de csak ha a kölcsönösen engedélyezik megfigyelők
tevékenységét ezzel kapcsolatban. De Gaulle ebben egyetértett az elnök-
kel, de osztozott az elnök aggodalmával a szovjetek szavahihetősége terén.
Mindketten elutasították Hruscsov Párizsban tett javaslatát, hogy Berlin
két éven keresztül demilitarizált zóna legyen, s azt követően a szovjetek
kössenek békét a kelet-német állammal. A francia államfő öt óra előtt
visszatért Washingtonba, majd hét órakor fogadást tartott a washingtoni
francia közösségnek országa nagykövetségén.30
De Gaulle a következő napját az amerikai fővárosban az amerikai el-
nökkel és a két ország külügyminisztereivel közös találkozójával kezdte.31
Eisenhower beszámolt a résztvevőknek az elmúlt napok megbeszéléseiről,
majd a felek elfogadták, hogy fejlesztik a kelet-nyugati társadalmi és kultu-
rális kapcsolatokat és megvizsgálják a lehetőségét a kereskedelmi fejleszté-
seknek is. 32 A tárgyalások eredményéről tett nyilatkozatuk tervezetében
szerepelt, hogy az elkövetkezendő csúcstalálkozón eredményeket lehet
elérni a teljes és szabályozott leszerelés terén, azonban ez a publikált köz-
leményből kimaradt.33 A nap folyamán a francia államfő beszédet tartott a
Kongresszusban, amelyet a két ország történetileg visszavezethető
együttműködésével kezdett, majd a különböző kérdésekben való együtt-
működés fontosságával és a közelgő csúcstalálkozóval folytatott. Az aláb-
bi, a felszólalásból vett idézet is bizonyítja, hogy a harmadik blokk straté-
giát a nyugati világban képzeli el: „Mindamellett Franciaország választása szerint
171
együtt összetartsuk a szabad embereket, s nem esett kétségbe a világban létrehozott
béke láttán.”34
Másnap, 1960. április 26-án reggel újabb találkozóra került sor a két
államfő között. Ekkor egy beszámoló szerint Hruscsov egy nappal korábbi
bakui beszédéről beszélgettek, amelyben a szovjet pártfőtitkár a német-
kérdésben hazája céljainak teljes magvalósítását követelte. Ekkor állítólag
azt mondta De Gaulle, hogy „most, hogy láttalak egyre biztosabb vagyok az
ügyünkben”,35 amire Eisenhower csak annyit mondott, hogy „együtt kellene
kiállnunk”.36
Az utazás washingtoni szakaszához hozzátartozik a De Gaullenak Ei-
senhowertől kapott ajándékai. Az amerikai elnök a francia népnek három
villásszarvú antilopot ajándékozott, amelyet a párizsi állatkertbe szállítottak
De Gaulle hazautazását követően. A francia államfő és neje egy ezüst tálat
és gyertyatartót kapott.37 De Gaulle feleségének a fogadásokon való rész-
vételen kívül két nyilvános programja volt, mégpedig egy gyermekkórház
meglátogatása és George Washington Mount Vermontban található birto-
kának felkeresése.38
Az Eisenhowerrel töltött napokat De Gaulle és az amerikai külügy is
pozitívan értékelte. A francia államfő két köszönő táviratot is küldött az
amerikai elnöknek, mindkettőben kiemelve a kettejük közötti barátság
mélységét. „Megbeszéléseink kihangsúlyozták a megállapodásunkat és biztos vagyok
benne, hogy az eredménye nélkülözhetetlen a világbéke eléréséhez. S a francia-amerikai
barátság is, ahogy tapasztaltam Washingtonban, New Yorkban, San Franciscoban és
New Orleansben a mozgatórugója ennek."39
34 „Nonethless while France has choosen to belong altogether to the gathering of the free
peoples, she does not despair at all of seeing peace established in the world.” A beszéd
megtalálható: Bulletin 1960 : 771-773.
35 “Now that I have seen you I have even greater confidence in our cause.” Glenn 1993 : 170. doku-
mentum.
36 “We shall be standing together.” In: Uo.
37 EEK (1) mappa.
38 Cheshire 1960 : C17.
39 „Our conversations have stressed our agreement, and I am sure this result is essential for
the peace of the world. As for Franco-American friendship, I have gathered in Washing-
ton, New York, San Francisco and New Orleans the moving tokens of it.” Uo.
172
leszállását követően a reptérről a belvárosba tartó szakaszon karnevállal
ünnepelték De Gaulle érkezését.
New Yorkban délben kezdődött a francia államfőt ünneplő díszes fel-
vonulás, amely végén a város polgármestere köszöntötte a városházán. Ezt
követően De Gaulle elfoglalta a szállását és a polgármester által rendezett
fogadáson vett részt. A nap folyamán még sajtótájékoztatót tartott, felke-
reste a városban található francia konzulátust és este amerikai francia szer-
vezetek által rendezett fogadásra volt hivatalos.40 A New Yorkban töltött
napról is rendelkezünk filmhíradós beszámolóval. 41 Egy chicagoi lapban
megjelent információk alapján De Gaulle maga utasította vissza az Egye-
sült Nemzetek felkérését arra, hogy keresse fel személyesen a világszerve-
zetet New Yorkban tartózkodásakor.42 Ezt Dag Hammarskjöld, az ENSZ
főtitkárának nyilatkozata is megerősíti: „Szerintem minden úriembernek joga,
hogy eldöntse, van vagy nincs ideje az Egyesült Nemzetekre.”43
1960. április 27-én folytatódott a francia államfő utazása, amikor is
San Franciscoba érkezett. A nyugati parti városban a polgármester kö-
szöntötte, majd a városházára utaztak. A nap folyamán részt vett több
fogadáson és egy autós városnézésen is. Másnap a Szilikon-völgy központ-
jába, Palo Altoba utazott.44 Egy, az utazásról készült beszámoló alapján az
utóbbi városban látott amerikai lakhatási viszonyok meglepték De Gaullet
és nem tartotta valószínűnek, hogy Hruscsov erre a szintre eltudja juttatni
a Szovjetuniót.45
Az amerikai út utolsó állomása az egykori francia gyarmati település,
New Orleans volt. A városban mindössze egy napot töltött De Gaulle, de
ezt igyekezett a város vezetése tartalmas programokkal megtölteni. A fran-
cia államfő megérkezésének tiszteletére New Orleans főutcáján karnevált
rendeztek több tízezer fő részvételével.46 A felvonulásról felvételeket tett
közzé a filmhíradó. 47 Másnap De Gaulle megkoszorúzta New Orleans
alapítóinak szobrát, majd a városházán megkapta a város díszpolgári cí-
mét.48 A louisianai fogadtatás annyira megérintette De Gaullet, hogy nem
sokkal később a városnak adományozott egy Jeanne d’Arc lovas szobrot.49
173
New Orleans után a francia államfő Francia Guyanába látogatott el, s
ezzel elhagyta az Amerikai Egyesült Államokat. Összegezve a látogatás
eseményeit kiderül, hogy az amerikai elnökkel folytatott tárgyalásai beleil-
leszkednek az 1960 tavaszán lezajlott nemzetközi csúcstalálkozók trendjé-
be, vagyis a közelgő csúcstalálkozó résztvevői bilaterális alapon folytattak
tárgyalásokat. A nemzetközi kérdésekben a francia és amerikai álláspontok
nem mutattak jelentős eltéréseket, s a csúcstalálkozó részleteiben is sike-
rült megegyezni. Ezt a kapcsolatot pedig a szovjet-amerikai viszonnyal
összehasonlítva kevésbé viselte meg a U2 kémrepülőgép lelövése miatt
bekövetkezett krízis. De Gaullet pedig az amerikai körutazásán mindenhol
több ezres tömeg üdvözölte és rendeztek díszes felvonulást a tiszteletére.
A francia államfő legközelebb már csak 1963-ban, John F. Kennedy elnök
temetésére látogatott el újra az Egyesült Államokba.
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175
Mikó Melinda
177
meg 1992-ben az Európa Tanács égisze alatt. 4 A Charta aláírása illetve
ratifikálása nem kötelező az Unió tagállamai számára, tekintettel azonban
arra, hogy az EU tagsághoz az Európa Tanácson keresztül vezetett az út,
értelemszerűen a két szervezet értékközösséget alkot. Következésképpen,
ha jogi kötelezettség nem is áll fenn az Unióban a Charta elfogadására, a
ratifikáció nemcsak az Európa Tanács, hanem EU által kinyilvánított érté-
kek melletti kiállást is tükrözi a tagállam részéről.
A dokumentum pontosan definiálja a „regionális vagy kisebbségi
nyelv” fogalmát (I. Rész, Általános rendelkezések, 1. cikk):5
„a/ „regionális vagy kisebbségi nyelvek” kifejezés alatt azon nyelvek
értendők:
I. amelyeket valamely állam olyan polgárai hagyományosan használ-
nak, akik az állam fennmaradó népességénél számszerűen kisebb csopor-
tot alkotnak, és
II. amelyek különböznek ezen állam hivatalos nyelvétől/nyelveitől,
azonban ez nem foglalja magába sem az állam hivatalos nyelvé-
nek/nyelveinek dialektusait sem a bevándorlók nyelveit;
b/ a „regionális vagy kisebbségi nyelv használatának területén” az a
földrajzi körzet értendő, ahol ez a nyelv olyan számú személy kifejezési
eszköze, amely indokolja a jelen Karta által előírt különböző védelmi és
ösztönző intézkedések meghozatalát;
c/ a „területhez nem köthető nyelveken” az állam polgárai által be-
szélt olyan nyelvek értendők, amelyek különböznek az állam lakosságának
többi részre által beszélt nyelvtől, vagy nyelvektől, de amelyeket, bár az
állam területén hagyományosan beszélik, nem lehet egy külön földrajzi
körzethez kapcsolni.”
A III. Rész 8 - 13. cikkeiben az oktatás, az igazságszolgáltatás, a köz-
igazgatási hatóságok, a tömegtájékoztatási eszközök, a kulturális tevékeny-
ségek, a gazdasági és társadalmi élet területén az aláíró Felek által a regio-
nális nyelvek védelme érdekében vállalandó kötelezettségek részletes felso-
rolása szerepel. Az aláíró államok a ratifikáció során konkretizálják, mely
nyelvekre kívánják alkalmazni a Charta előírásait. Minden államnak mini-
mum 35 kötelezettséget kell vállalnia: legalább hármat a 8. cikkből (okta-
tás), hármat a 12. cikkből (kultúra), s egyet-egyet a 9. (igazságszolgáltatás),
10. (közigazgatás), 11. (média) és a 13. cikkből (gazdasági és társadalmi
élet). A szöveg nem tesz említést kollektív jogokról. A dokumentum ér-
telmében a regionális nyelvek használói egyéni jogként élvezhetik a Charta
által előírt lehetőségeket. A dokumentumban vállalt kötelezettségek végre
nem hajtása komolyabb szankciót nem von maga után, ezért is figyelemre
178
méltó, hogy Franciaország részéről a mai napig nem történt meg a ratifi-
káció.
179
la langue française. 9 (Jelentés a tájnyelvek felszámolásának, illetve a francia
nyelvhasználat elterjesztésének szükségességéről és eszközeiről) A nyelv-
politika finomodását jelzi, hogy a francia Nemzetgyűlés honlapján, ahol a
beszéd megtalálható, az eredeti címet lecserélték egy, a Jelentésben szerep-
lő kitételre: „Notre langue et nos cœurs doivent être à l'unisson” (Nyelvünknek és
szívünknek egyesülnie kell.) A legfőbb megállapítások a következőket
tartalmazták: a kb. 26 milliós lakosságból 6 millió fő számára ismeretlen a
francia nyelv, 3 millióan beszélik tökéletesen, a lakosság negyede csak érti
a franciát, de nem beszéli. A jelentés hozzáfűzi, hogy mintegy 30-féle
tájnyelv létezik az országban, azonban ezek a nyelveket csak az adott terü-
let közössége érti és beszéli.
A modern nemzet és állam fogalom kialakítása illetve a francia nyelv
kizárólagos államnyelvvé tétele időben és térben összekapcsolódott a for-
radalom alatt. A jakobinusok az „egy és oszthatatlan” köztársaságot nyelvi
szempontból is homogenizált egységként képzelték el. A francia nyelv
nemcsak a modern nemzettudatnak vált eszközévé és szimbólumává is
egyben, hanem emellett szorosan kötődött a polgári öntudat, a „citoyen”
identitás megszületéséhez is. A jakobinus vezetők a politikai diskurzust
igyekeztek olyan irányban polarizálni, amelyben a francia nyelv a szabad-
ság és polgári társadalom, míg a tájnyelvek a szolgaság és a feudalizmus
szinonímáját alkották. „Citoyens, vous détestez le fédéralisme politique ; abjurez
celui du langage : la langue doit être une comme la République [...] Ces dialectes divers
sont sortis de la source impure de la féodalité [...] Hommes libres , quittez le langage
des esclaves pour adopter celui de vos représentant, celui de la liberté !ˮ10 (Polgártár-
sak, Önök elutasítják a politikai föderalizmust ; itt az ideje, hogy a nyelvi
föderalizmusra is nemet mondjanak : ahogy a Köztársaságnak, úgy a
nyelvnek is egységesnek kell lennie. [...] A különböző tájnyelvek a feuda-
lizmus mocsarából származnak. [...] Önök szabad emberek, tagadják meg a
szolgaság örökségét és válasszák a képviselőik nyelvét, mely a szabadság
nyelve!) (Henri Grégoirebeszédea Konventben 1794. június 4-én.)
https://books.google.fr/books?id=eFcTAAAAQAAJ&printsec=frontcover&source=gbs
_ge_summary_r&hl=hu#v=onepage&q&f=false, Choix de rapports, opinions et discours:
prononcés à la Tribune Nationale, Tome XV. 1794-1795., 2015. 10. 05.
10 https://books.google.fr/books?id=eFcTAAAAQAAJ&printsec=frontcover&source=gb
180
tartózónak ítélte ezt a demokrácia és nyelvpolitikai felfogást, amely kizárja
bármilyen típusú kisebbség, illetve bármilyen kollektív jog elismerését,
ezzel legalábbis megkérdőjelezve az Unió bizonyos kinyilvánított alapvető
értékeit. Tette mindezt az Alkotmányára és belső jogának koherenciájára
hivatkozva.
Alkotmányossági problémák
Két évvel a Charta 1998-as hatályba lépését megelőzően Alain Juppé, ak-
kori miniszterelnök az Államtanács véleményét kérte annak megállapításá-
ra, van-e alkotmányos akadálya annak, hogy Franciaország aláírja, majd
ratifikálja az egyezményt. Az Államtanács válaszában a Charta 9. és a 10.
cikk kötelezettségvállalásait (regionális nyelvhasználat joga a büntető és
polgári perekben, illetve a közigazgatásban) nyilvánította az Alkotmány 2.
cikkébe ütközőnek, amely kimondja, hogy a Köztársaság nyelve a fran-
cia.11
Ezt az alkotmányossági problémát a Lionel Jospin által vezetett balol-
dali kormány azzal a megoldással kívánta áthidalni, hogy aláírta ugyan a
Chartát 1999. május 7-én, azonban azzal a megjegyzéssel, hogy a maga
részéről értelmező nyilatkozatot kíván fűzni az egyezményhez. Ez a nyilat-
kozat lett volna hivatott összhangot teremteni a Charta előírásai és a fran-
cia Alkotmány cikkelyei között. A nyilatkozat szövege egyértelműsítette
volna, hogy a Charta aláírása nem jelenti bármilyen kisebbség elismerését
és védelmét Franciaország részéről, az aláírás célja kizárólag a nyelvi sok-
színűség és a nemzeti kulturális örökség megőrzése. Ezen kívül közfelada-
tot ellátó jogi személyek számára, valamint természetes személyek közötti
kapcsolattartásban a közigazgatásban és a közintézményekben a francia
nyelv használata kötelező marad.
Az aláírást követően Jacques Chirac köztársasági elnök fordult az Al-
kotmánytanácshoz annak megállapítására, szükséges-e alkotmánymódosí-
tás a Charta ratifikációjához. Az Alkotmánytanács 1999-es határozata
értelmében a Charta preambuluma, illetve az I. és II. része ellentétes az
Alkotmánnyal, amennyiben speciális jogokat biztosít a regionális nyelv-
használók bizonyos „csoportjai” számára, illetve bizonyos meghatározott
földrajzi „területeken”, ahol ezen nyelveket beszélik. Ezen jogok sértik a
Köztársaság oszthatatlanságának, a francia nép egységének eszméjét, illet-
ve a törvény előtti egyenlőség elvét. Ezen kívül a regionális nyelvek hasz-
nálata a közéletben és a közszférában az Alkotmány 2. cikkelyébe ütközik,
mely kimondja, hogy a Köztársaság nyelve a francia. 12 Chirac elnök ezt
/1999/
99-412-dc/decision-n-99-412-dc-du-15-juin-1999.11825.html, 2015. 10. 14.
181
követően nem kezdeményezte az Alkotmány módosítását, mivel egy ilyen
aktus a „nemzeti egységet” veszélyeztette volna.
13 http://www.europarl.europa.eu/atyourservice/hu/displayFtu.html?ftuId=FTU_5.13.1
.html, 2015. 10. 03.
14 http://www.assemblee-nationale.fr/14/rapports/r1703.asp, 2015. 10. 05.
15 http://www.assemblee-nationale.fr/14/propositions/pion1618.asp, 2015. 10. 05.
182
a Köztársaság egységét. Az Alkotmánytanács és az Államtanács által meg-
fogalmazott másik fő problémával kapcsolatban, ti., hogy a Charta ratifi-
kációja a törvény előtti egyenlőség elvét sértené, Urvoas megjegyzi, hogy
Franciaországon kívül egyik aláíró államnak sem jelent ez problémát, ho-
lott ezt az elvet az összes európai alkotmány tartalmazza. Ennek oka a
sajátos jakobinus hagyomány, amely módosítást igényelne, ha Franciaor-
szág tiszteletben szeretné tartani az európai értékeket. A jakobinus doktrí-
na szerint az egyenlőség fogalma szükségképpen uniformizálást jelent,
amely értelmezés Franciaország szuverén privilégiumának számít. Ezen
megközelítés azonban állandó jogi, politikiai, sőt szemantikai vitákat ger-
jeszt Franciaország s a nemzetközi közösség között. A paradigmaváltás
értelmében a törvény előtti egyenlőség nem az állampolgárok nyelvhaszná-
latának uniformizálásában nyilvánulna meg, hanem a különböző identitá-
sokhoz tartozó nyelvek kölcsönös elismerésében. Urvoas úgy véli, hogy
Franciaországnak végre túl kellene lépnie a Grégoire abbé által meghatá-
rozott elveken a nyelvpolitikával kapcsolatban, különben saját hitelességét
teszi kockára az emberi jogok terén. Mindamellett a Chartához fűzött
értelmező nyilatkozatot, amely gyakorlatilag a kollektív jogok érvényesíté-
sét teszi lehetetlenné, a baloldali képviselő is szükségesnek ítéli.16
A baloldali megközelítés, amely szerint a regionális nyelvek használata
elsősorban a nemzeti, európai kulturális örökség megőrzését segíti elő,
megegyezik a Charta megalkotóinak álláspontjával: « La charte vise à protéger
un bien culturel européen, c’est-à-dire les langues régionales ou minoritaires, car celles-ci
constituent une part importante de la diversité linguistique de l’Europe. Elle s’est ainsi
détachée de la démarche traditionnelle axée sur la protection des groupes minoritaires
pour s’orienter dans le sens d’une protection des langues elles-mêmes. »(A Charta a
regionális vagy kisebbségi nyelveket az európai kultúrkincs részeként kí-
vánja védelemben részesíteni, mivel ezek a nyelvek Európa sokszínűségé-
hez járulnakhozzá. A Charta tehát szakított azzal a hagyományos megkö-
zelítéssel, amely a kisebbségek védelmére koncentrál, ehelyett maguk a
nyelvek védelmének irányába mozdul el.) (Regina Jensdottir, Európa Ta-
nács, kodifikátor)17
Nyelvpolitikai értékválasztások
A jobb és baloldal vitája valójában a nyelv, mint identitásképző elem sze-
repéről szól. Míg előbbi a nyelv szerepét kizárólagosnak, ezért szükség-
képpen kollektív jellegűnek fogja fel az etnikai / kisebbségi identitás tekin-
tetében, a baloldal a nyelvre csak mint az egyik identitásképző elemre te-
kint a többi között. Ez utóbbi felfogás megegyezik a Charta által megtes-
tesített uniós megközelítéssel. A francia jobboldal ugyanakkor feltételezi,
183
hogy a Charta szövegéből bármikor kiolvasható egy olyan jogértelmezés,
melyből a kollektív jogok legitimitását, s így a kisebbségek elismerésének
kötelezettségét lehet levezetni. Az EU-s jog fejlődésének tendenciájára
figyelemmel ez az aggodalom nem alaptalan. A perspektívákat tekintve
ezen francia álláspont egyre inkább szembekerül az Unió által deklarált
értékekkel, miközben Párizs élvezi az előnyét annak, hogy jelenleg nem
létezik, illetve megakadályozza, hogy valaha is legyen közösségi szintű
nyelvpolitika.
Valójában a nyelvpolitika a nemzetállami szuverenitás egyik alapvető
eleme, mely olyan ellenőrzési jogokat és lehetőségeket biztosít az államok
számára, melyekről jelen pillanatban elképzelhetetlen, hogy lemondjanak
bizonyos „európai értékek” (pl. a sokszínűség) maradéktalan érvényre
juttatásának kedvéért. Az államok nem képesek nyelvileg semleges maga-
tartást tanúsítani, hiszen ezzel egy erőteljes társadalomformáló eszközről
mondanának le, amely pl. olyan nagy jelentőségű folyamatokat segít elő és
tesz irányíthatóvá, mint az integráció vagy akár az asszimiláció.18 A nyelv-
politika területén tehát eltérhetnek az Unió, illetve a tagállamok által vallott
értékek, illetve érdekek.
Összegzés
A francia nemzeti identitástudatban maga az anyanyelv történelmi és kul-
turális okokból jelentősebb szerepet tölt be, mint más népek esetében. A
francia nyelvre alapozott, általa reprezentált gondolkodásmód, kultúra sőt,
tágabb értelemben civilizáció terjesztésének igénye történetileg alakult ki és
erősödött meg a francia társadalomban, melyet a mindenkori francia veze-
tés egyfajta misszióként él meg. A francia nyelvet érintő kitüntetett figye-
lemnek, a nyelv tudatos ápolására, fejlesztésére, normatív szabályozására
való törekvésnek Franciaországban több évszázados hagyománya van,
mégpedig nemcsak a hivatásos nyelvészek, irodalmárok, hanem a széle-
sebb társadalmi rétegek részéről is. A republikánus hagyományok által
meghatározott modern Franciaországban számos tekintetben máig össze-
kapcsolódik az egy és oszthatatlan Köztársaság, a jogegyenlőség eszméje a
francia nyelv megkérdőjelezhetetlen prioritásával. Mindamellett Franciaor-
szágban még ma is 75 regionális nyelvet tartanak számon a tengerentúli
területeket is beleértve, vagyis az európai nyelvi sokszínűség megőrzéséhez
Párizs nagy mértékben tudna hozzájárulni. François Hollande ígérete és
erőfeszítései a ratifikáció végrehajtására – még az értelmező nyilatkozat
fenntartásával is - azt mutatja, hogy Párizs a nyelvpolitikájának módosítása
által oly módon szeretne az európai jogfejlődés fő irányvonalához csatla-
kozni, hogy mindeközben az ország szuverenitása nem sérül. Ugyanakkor
184
a Charta francia ratifikációja egyben esélyt jelenthetne a jövőben a nyelv-
politikának a jelenleginél erősebb közösségi szintű szabályozására.
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186
Papp Katinka
A dekonstrukció és az Új Héloïse
Ahogy az ember időnként leporolja a könyvespolcon sorakozó könyveit,
néha egy-egy világirodalmi alkotásnak sem árt ilyen „portörlés”. Ma legfel-
jebb az irodalomtörténet tartja számon Rousseau Új Héloïse című levélre-
gényét, holott korának legolvasottabb alkotása volt Franciaországban és
Európában egyaránt. A regény 1761 januárjában jelent meg Amszterdam-
ban, mégpedig meglehetősen cirkalmas címen (Julie ou La Nouvelle Héloise,
Lettres de deux amants, habitants d’une petite ville au pied des Alpes, azaz magyarul,
Júlia, avagy a második Héloise). Ebben az évben viszont egy új kiadás is meg-
jelenik Douches nyomdájában, s ez az új kiadás néhány illusztráció és
rézmetszet mellett a Rousseau által utólag a regényhez hozzácsatolt Elő-
szót (Préface de La Nouvelle Héloise ou Entretien sur les romans entre l’éditeur et un
homme de lettres)1 is tartalmazza.
A könyvnek példátlan sikere volt. A könyvkereskedők nem győztek a
megrendeléseknek eleget tenni és az olvasók naponként, sőt óránként egy
frankjával bérelték a könyvet; az újabb kiadások és utánnyomások egymást
érték. A szalonokban, az akadémiákban, a hírlapokban és folyóiratokban, a
polgári körökben – mindenütt csak Rousseau-ról és könyvéről beszéltek.
Ekkor születnek meg azok a legendás történetek is, hogy kikre, hogyan
hatott a regény olvasása. A korabeli elemzők eltúlzott megállapításainak
egyike, hogy a regény sikerének következtében olvasók ezrei látogattak el a
Genfi-tó partjára és keresték Clarens települését, és a tónak azt részét, ahol
Saint-Preux Julie-vel csónakázott. Legenda továbbá, hogy Goethe sírva
fakadt a mű olvasása közben,2 ahogy Byron beszámolója is (a Childe Ha-
rold zarándokútjában), hogy az Új Héloïse-t olvasva járja be Svájcot és a
regény helyszíneit.3 Igaz viszont, hogy Lamartine annyira el volt bűvölve
Julie alakjától, hogy megírt egy második ÚjHéloïse–t, ahogy elvitathatatlan
az is, hogy Senacour Aldomen című művének megírása sem jött volna létre
Rousseau szereplői nélkül. Stendhal úgy fogalmazott az Új Héloïse kapcsán,
hogy: „még a jövő évszázadok is emlékezni fognak a regényben ábrázolt
érzéki szenvedélyre.”4
Megannyi érdekes és „regényes” történet, kultikus jelenség, amely va-
lójában nem magáról az alkotásról szól, hanem annak hatásáról, és a körü-
lötte uralkodó misztikumról. Napjainkban, ha ismeri is a közvélemény a
1 Előszó az Új Héloïse-hoz avagy Párbeszéd a regény kiadója és egy olvasó között – fordítás
a szerzőtől.
2 Heller 1976 : 118.
3 Pelle 1981 : 200.
4 Trousson 1993 : 11-36.
187
művet, már nem Rousseau, hanem Goethe, Byron, Kant, Lamartine, Pus-
kin, George Sand tollából, mivel alkotásaikban előszeretettel építkeztek a
rousseau-i regényhagyományra. Megállapíthatjuk, hogy Rousseau hatása
nem csak az irodalmi műfaj átalakítására terjedt ki, hanem a kor divatját,
erkölcseit, a morálról és esztétikáról alkotott fogalmait is átalakította. A
romantika – amelyet nemcsak stílusnak, hanem világlátásnak, életérzésnek
is tekintünk – olyan átalakulás, mely kiterjed a szociológiára, a filozófiára, a
művészetekre, az erkölcsökre és az esztétikára is. Az Új Héloïse mindezen
vonatkozásokkal rendelkezik. Amikor a clarens-i mikrotársadalmat és
Párizst mutatja be, akkor szociológiát ír, amikor Saint-Preux egzotikus
utazásait beszéli el, akkor a természettudós szól belőle. S ne felejtsük el
Julie-nek az erényről és szerelemről megkonstruált téziseit sem, melyek
egyszerre hordoznak filozófiai, etikai és esztétikai minőséget. Ha megvizs-
gáljuk a vágy, szenvedély, öröm, élvezet fogalmakat, akkor nem szabad
csodálkoznunk, hogy Paul de Man is a dekonstrukció egyik fő szövegének
választja a regényt.
Paul de Man Az olvasás allegóriái5 című tanulmánykötetében egy jelen-
tős alfejezetet (Julie) szentel az Új Héloïse-nek, amely azt is bizonyítja, hogy
bár a regény sokszor az olvashatatlan művek listájára került, az elemzők
számára mégis jelentős alkotás a rousseau-i életműben. Olyannyira jelen-
tős, hogy Paul de Man is Rousseau-val kezdi a regényhagyomány levezeté-
sét Proustig, amellyel elismeri a mű „mérföldkő” voltát, mégis élesen elha-
tárolja magát a már meglévő elemzésektől. Az elhatárolódás azonban
több, mint puszta szakítás a meglévő elméletekkel. „A hagyományos ér-
telmezés egy olvasat lezárását jelenti, a dekonstruktív kritika viszont az
olvasás felnyitását.”.6 Ez az olvasás viszont nem csak a primer szövegeket
vizsgálja, hanem a róluk írt elemzéseket is. „A szoros olvasásból ezért lesz
gyakran olvasatok olvasása, interpretációk interpretációja.”7 Paul de Man
Julie tanulmánya különösen jó példája ennek, mivel a már meglévő elemzé-
sek kritikájával kezdi a regény értelmezését. Paul de Man a regény
pszeudo-dialektikus, Hegel „előtti” olvasatát sem tartja irrelevánsnak, mi-
vel szerinte ezt a regény szerkezete és felépítése is igazolja. Egyetért vi-
szont azzal a megállapítással, hogy Rousseau nem szándékoltan állít fel
tézist-antitézist, inkább saját érzelmeinek és filozófiájának csapdájában
vergődik. Szerinte itt a politika és a szerelmi vallomások beszédmódjai
azok, amelyek versenyre kelnek egymással. (A korábbi elemzések ezt a
filozófia és művészi vonulat dinamikus párbeszédének titulálták, ahol vé-
gül a szentimentalizmus győzött a filozófia felett.) A dekonstrukció szel-
lemében, Paul de Man elveti a regény belső önreflexióként való olvasatát,
5 Man 2006.
6 Bókay 2006 : 250.
7 Uo. 265.
188
mert a szerző (Rousseau) már nem a hagyományos szerepben jelenik meg,
mivel önmaga utasítja el a Második Előszóban a szerzői jogcímet. Helyette
a szöveg összegyűjtőjeként tűnteti fel magát. Az alkotás tehát ténylegesen
is leválik alkotójáról. A dekonstrukció rávilágít továbbá arra, hogy a szer-
ző-szöveg központú elemzéseken túl, érdemesebb a befogadó-mű reláció-
ját megvizsgálni, mert Rousseau önmagát is saját művének egyik olvasója-
ként jeleníti meg. Nem véletlen tehát, hogy Paul de Man számára a meglé-
vő tanulmányok elemzése és a hozzájuk kapcsolódó kérdésfeltevések mind
egy célt szolgálnak: hogy eljusson az olvasás dekonstrukciós fogalmához.
„Mi mondanivalója van számunkra aÚj Héloïse-nak az olvasás proble-
matikájáról?”8 A dekonstrukció számára az írás mellett az olvasás a máso-
dik kulcsfogalom, mely számos kérdést von maga után: ki, kit, és hogyan
olvas? Az Új Héloïse tekintetében ez a kérdés háromszorosan is feltevődik.
Először a szerző szintjén, másodszor a szereplők, harmadszor az olvasó
szemszögéből. A bonyolult viszony magából a levélregény műfajából,
formájából is adódik, mivel „az Új Héloïse levelei szinte sosem tűznek ki
célul mást, mint önnön olvasásukat”,9 mind a szereplők és mind az olvasó
szintjén. Bár a regényben viszonylag kevés cselekménnyel találkozunk,
Paul de Man szerint pont az olvasás aktusa indítja el a történetet. Az olva-
sás az, amely megképzi a cselekményt, mivel Julie elolvassa Saint-Preux
szerelmi vallomását. A mű bonyodalma is éppen az olvasás aktusából adó-
dik, amelyet a hősnő explicit módon meg is fogalmaz az egyik levelében:
„Ahelyett, hogy tűzre vetettem vagy anyámhoz vittem volna első leveledet,
merészen felbontottam. Ez volt a bűnöm, s ebből származott az összes
többi. Próbáltam kényszeríteni magam, hogy ne válaszoljak e gyaláza-
tos/végzetes levelekre, melyek olvasásától nem tudtam visszatartani ma-
gam.”10 Az olvasás mint bűn azonban már az első előszóban is megjelenik:
„Az a leány, ki e czim daczára bár csak egy oldalt is elolvas e könyvből, az
elveszett.”11 Az olvasásnak itt is a negatív aspektusát mutatja be regény,
annak ellenére, hogy létezik egy ellenpólusú olvasási módozat is, amit de
Man, Julie Istennel való találkozásában vél felfedezni.12 A hősnő szerint
Isten olvassa az emberek gondolatait, a túlvilágon viszont a lélek olvassa
Isten gondolatait. Az olvasás ezért az egész élet megértésére vonatkozik, a
már megélt életére, amely egy külső nézőpontból mutatja be az egyén földi
sorsát. Az olvasás itt nem csak az individuális élet megértését jelenti, mivel
a mű szereplői maguk is olvasók, hívja fel a figyelmet Paul de Man. Az
olvasás olvasásának aktusa jelenik meg ebben a kijelentésben. Azonban
189
mégsem az az elsődleges kérdés, hogy ezek a szereplők mit olvasnak, ha-
nem hogy az olvasás milyen funkciót tölt be a regényben. Meglepő módon
Julie és Saint-Preux nem szerelmi históriákat olvasnak, amit elvárnánk egy
szentimentális levélregénytől. A levelekben sokszor találunk versrészlete-
ket, idézeteket Petrarca-tól, Tasso-tól. Paul de Man az intertextualitás 13
ősformáját véli felfedezni az idézetgyűjteményekben, s kiáll amellett, hogy
ezeknek nem csupán formális és irodalmi szerepük van. Paul de Man,
ahogy a dekonstrukció számára is, az „idegen szövegek” éppúgy fontosak,
mint maga a főszöveg, mivel ezek az idegen szövegek, vagy nyomok újabb
és újabb nyomokhoz vezetnek. Így a szövegek egy végtelen intertextuális
hálót képeznek. Nem véletlen tehát, hogy Paul de Man azt javasolja, hogy
érdemes lenne az Új Héloïse-t a vele egy genealogikus leszármazási ágba
tartozó könyvekkel együtt olvasni, ami által talán egy pontosabb olvasatot
kaphatnánk. Természetesen belátja a feladat kivitelezhetetlenségét, ezért
kezdetben a regény körüli szövegeket vizsgálja, (Gérard Genette ezeket
paratextusoknak nevezi),14 amelyre a legjobb példa a két előszó. Hangsú-
lyoznom kell, hogy a regény kapcsán nem hagyományos előszókkal talál-
kozunk, mivel nem csak a főszöveggel, hanem egymással is sajátos, ese-
tenként ellentétes dialogikus viszonyban állnak. Paul de Man úgy véli a
Második Előszó megérdemli, hogy külön értelmezzük a dekonstrukció
olvasási hagyományai mentén, mivel képes megváltoztatni a regény továb-
bi értelmezését. Véleményem szerint ennek az olvasatnak a kérdései ha-
sonlóak az önéletrajzi olvasat által vitatott kérdésekhez: „Vajon létezik-e
az elbeszélés szereplőinek modellje a fikció nyelvén kívül, vagy sem? Va-
jon valós a levelezés, vagy csupán fikció?”15 Paul de Man is felfigyel a dia-
lógusban felmerülő „portré” és „tabló” fogalmakra, amik elvezethetnek a
válaszokhoz. A „tabló” és a „portré” két ellentétes jelentéssel bír Rousseau
szerint. A „tabló” lenne a szereplők fikciós volta, a „portré” ezzel szem-
ben a valós személyek mimézise? A dialógusból kiderül, hogy nem vagyla-
gos a választás, mivel a „tablóból portré” lett. Ha az önéletrajzi olvasat
felől közelítenénk meg a kérdést, azt mondhatnánk, hogy Rousseau mie-
lőtt találkozott szerelmével, Houdetot-néval felépített magának egy „tab-
lót”, majd a találkozás során megtalálja a „tabló portréját” szerelmében.
Paul de Man viszont rámutat a szöveg olyan mélységeire, hogy Rousseau
emberfogalma, amelyet R. alakjában kifejt,merőben megváltoztatja a tabló
jelentését. „Miként az „ember”, úgy a „szerelem” is defiguráló figura, azaz
olyan metafora, amely egy lebegő, nyitott szemantikai struktúrának az
13 Paul de Man Derrida textualitás fogalmából indul ki, de Kristeva intertextualitás fogalmát
használja arra, hogy a szöveg körüli textuális mezőt bemutassa. Ezzel szemben Gérard
Genette inkább paratextusokról beszél, amikor a szöveg körüli szövegeket elemzi.
14 Genette 1982 : 717.
15 Man 2006 : 229.
190
egyértelműség, a tulajdonképpeni jelentés illúzióját kölcsönzi.”16 Nem egy
általános emberfogalommal találkozunk, ezért a tabló sem lehet univerzá-
lis, ahogy a „portré” sem, amely „egy szubjektum dekonstruktív szenvedé-
lyét jeleníti meg” 17 Paul de Man szerint. Ez a szubjektum elsősorban a
szerzővel azonosítódik, bár meg kell jegyeznem, maga a szerzőfogalom is
problematikus, mert R. nem ad felvilágosítást, hogy összegyűjtött levele-
ket, vagy fiktív leveleket olvasunk. Ha a mű tabló, akkor valószínű, hogy
szerzővel állunk szemben, viszont, ha egy írott szöveg „portréja”, akkor
Rousseau-t csupán a regény szerkesztője. „Így hát egy olyan alkotáshoz
érkezünk el, amely megingatja saját referenciális státusát.”18 A referenciális
működésmód meghatározása Paul de Man szerint pedig az olvasó felőli
megértés, vagyis az olvasás. Az olvasás pedig mindig az írás megértése.
Ezen kijelentések viszont a dekonstrukció alappillérei is, mivel „az elolva-
sás éppúgy jelentésteremtő, mint a megírás, sőt minden megírás voltakép-
pen egy olvasat.” 19 Viszont a szövegeket csak más szövegekkel együtt
lenne érdemes olvasni, amely egy végtelen olvasási folyamatot eredmé-
nyezne. Ezért a dekonstrukció (Bókay Antal értelmezésében) azt mondja,
hogy nem olvasásról, hanem olvashatatlanságról vagy félreolvasásról lehet
beszélni a szövegek kapcsán. S a félreolvasás nem a befogadó korlátaiból
adódik, hanem magából az irodalmiságból, ahogy maga az irodalom is a
félreolvasás által létezik, mert a szövegek kikényszerítik az interpretációt.
Ennek eredményeképpen soha sem lesz végső olvasat, amíg szövegek
léteznek, mert amint megszületik egy értelmezés, az újabb interpretációt
kíván.20
Paul de Man, az Új Héloïse második előszavában találja meg az olvas-
hatatlanság tényét, és azt a részt emeli ki főleg, amikor „R. elismeri, hogy
saját szövege az ő számára is olvashatatlan, s ezért lemond a szöveg fölötti
hatalmáról.” 21 Meglátásaim szerint nem kizárt, hogy Rousseau ezzel az
aktussal megelőlegezi az irodalmi modernséget, mert lemond saját művé-
ről. (Ahogy már említettem, a regény leválik szerzőjéről, és saját alkotója
számára is olvasandó lesz. A mű önálló, a szerző is ugyanúgy csak olvasó,
interpretátor, mint bárki más.)
A szerző és az olvasó pozícióját tisztáztuk, de miként aposztrofáljuk
akkor N. és R. figurákat az előszóban? Paul de Man szerint, mivel R. sem
tudja olvasni a Julie-t ő ugyanúgy olvasója csak a műnek, ill. maga az olvas-
hatatlanság metaforája. Paul de Man megállapítja, hogy, amint R. kinyilvá-
nítja, hogy saját maga számára is olvashatatlan a regény, beindul egy alle-
16 Uo. 231.
17 Uo. 232.
18 Uo. 233.
19 Bókay 2006 : 244.
20 Bókay 2006.
21 Man 2006 : 240.
191
gorikus működésmód. Az allegória mindig egy metafora allegóriája, az Új
Héloïse-nál azonban olvashatatlanság allegóriájává válik.22 Érdemes továbbá
megnézni az allegória dekonstrukcióban betöltött szerepét. Bókay Antal
szerint: „A modern és a posztmodern határán a kollektív- emberi értelem-
képzés, a nagy narratíva megrendül, s az értelem működésének centrumá-
ba a radikálisan személyes kerül.” Az allegória pedig pont „a személyes
értelemképzési mechanizmus fő eszköze lett.”23 Ugyanígy a jelentésképzés
folyamatának is alapvető modellje, mivel az ember allegorizálja a világot,
de ezt az olvasatot is allegorikusan olvassa, így tehát kettős allegorizálást
végez.24 Paul de Man tanulmánya megállapítja, hogy Rousseau-nál az alle-
góriák főleg etikai jellegűek. Az etika itt nem a hagyományos értelemben
jelenik meg, hanem egy nyelvi kategóriaként. „Az etika egyetlen diszkurzív
modalitás a sok közül.”25 Ebből kiindulva a nyelv, a retorika, a beszédmód
mind determinálják a jelentést. Úgy gondolom Paul de Man, Julie „sermo”
jellegű leveleiben találta meg a mű etikai allegorikus olvasatát, ill. abban,
hogy a vallás mindent elsöprő tapasztalatával végződik a regény. Követke-
zésképpen megállapíthatjuk, hogy a vallás, így a vallásos hangnem is felette
áll minden más beszédmódnak és dialektikának, ezért válhatott a regény
második allegóriájává.
A regény harmadik allegóriájának Paul de Man a szenvedélyt tekinti,
amely egyfajta patologikus szükségletként jelenik meg Rousseau-nál. A
vallás és az olvasás is egyfajta szükségletet képzett a regényben, mivel
mindegyikhez tartozott egy önálló beszédmód, vagy, ahogy Paul de Man
nevezi, egy „önálló nyelvi struktúra.” 26 A szenvedély Rousseau-nál a vi-
szonylatok rendszere, s ez a viszony az én és a másik dichotómiájaként
jelenik meg. „Julie és Saint-Preux viszonyát olyan helyettesítéses folyamat-
ként beszéli el a szöveg, melyben az én és a másik minduntalan felcserélik
identitásukat, mintha egyetlen androgünszerü lényt alkotnának.” 27 A re-
gényben ez explicit módon is megjelenik: „Jöjj egyesülni önmagaddal, saját
éneddel. […] Téged látlak, téged érezlek mindenben, itt vagy….itt
és…….mindenütt…..E levegő még terhes lehelletid tömjénétől, beszíva
átjárja benne, a valót, áthatja lényemet.”28 A regény első részét követően a
két szereplő, az én másikkal való helyettesítés/összeolvadás helyébe egy
másik helyettesítés kerül. Julie a Wolmarral való házassága során Paul de
Man szerint „elveszti uralmát saját diskurzusának retorikája fölött.” 29
192
Szükség volt tehát arra, hogy a Saint-Preux iránt érzett szenvedélyét egy
másik szenvedéllyel váltsa fel. Ehhez egy új beszédmód, egy új allegória is
kellett. Ha dekonstrukció szempontjából elemezzük ezt a folyamatot, ak-
kor tűnik fel az allegória vallásos jellege. Julie ugyanazt a retorikát alkal-
mazza az Istennel való kapcsolatára is, mint, amit a Saint-Preux-nek írt
levelekben megtalálunk. Ez is jól bizonyítja, hogy Julie elvesztette „saját
retorikája feletti uralmát”. Ugyanaz a rajongás és pátosz jelenik meg, csu-
pán a sermo, a bölcselkedő- teologikus hangnemmel bővül ez a „nyelvi
struktúra”. „Isten nyomban antropomorfizálódik, mivel pontosan azokkal
az attribútumokkal ruházza fel, amelyek a Saint-Preux-vel folytatott helyet-
tesítési cseréket is lehetővé tették: nyelvvel, hanggal, arccal.” 30 Látszólag
egy új világ felé törekszik, mégis az általa megkreált világot azokra az ele-
mekre építi, amelyeket maga mögött hagyott. A tanulmány sarkalatos
pontja tehát, amikor megjegyzi: a hősnő képtelen olvasni saját „szövegét”,
tehát képtelen értelmezni saját helyzetét, beszédmódját.31 Következéskép-
pen ismét az olvasásra való képtelenség jelenségéhez jutunk, mert nem
csak a szerző, de még a regény hősei sem képesek értelmezni saját szöve-
güket. Nem véletlen tehát, hogy Paul de Man az Új Héloïse-t választotta
példának az olvasás és olvashatatlanság rendkívül termékeny allegóriájára.
Ha a szerző és a regényhősök is saját írásuk olvashatatlanságával küzde-
nek, akkor mit mondhatunk a befogadó helyzetéről? Ha a dekonstrukció
eddigi megállapításaiból indulunk ki, akkor a befogadó számára is olvasha-
tatlan a regény, abban az értelemben, hogy megvalósíthatatlan vállalkozás
lenne a regény körüli összes többi szöveget (paratextust) elolvasni. Így
tehát mi is, ahogy Paul de Man és a dekonstrukció: olvassuk, és mégis
félreolvassuk az Új Héloïse-t.
Bibliográfia
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Kiadó
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30 Uo. 254.
31 Uo. 253.
193
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194
Szabó Rafael Ákos
1 A továbbiakban, amikor a műre utalunk vissza, ezt csak a W rövidítéssel, illetve az adott
oldalszámmal jelezzük majd. A könyv a Gallimard, « L’Imaginaire » coll. zsebkönyv kiadása
Georges Perec, « W ou le souvenir d’enfance ». Az eredeti kiadáshoz, lásd Georges Perec, «
W ou le souvenir d’enfance » 1975, Denoël, coll. « Les Lettres Nouvelles ».
2 A fikciós rész narrátora a Gaspard Winckler nevet egy süket-néma gyerek után örökli,
akinek az anyja, Caecilia Winckler egy osztrák operaénekesnő és a narrátor jótevője. Úgy
menti meg őt, hogy a saját fia személyazonosságát ajándékozza neki, mert a narrátor
elmenekült a katonaságba való besorozás elől. « C’est alors qu’intervint Caecilia
Winckler…on vous remit le passeport, à peine maquillé, que Caecilia avait fait
établir…pour son propre fils.» (W 41).
195
különböző olvasási módszereim során fogalmazódtak meg bennem.
A mű elolvasását először a kurzívval szedett fikciós résszel kezdtem,
második alkalommal pedig felcserélve az eredeti sorrendet, az antikvával
szedett önéletrajzi résszel. Végül külön-külön olvastam csak a fikciós, majd
csak az autobiográfiai részeket. Annak érdekében tettem ezt, hogy az eset-
leges külső befolyásokat és megítéléseket megkerülve, magamon is tisztán
tapasztalhassam az olvasmány által kiváltott hatásokat. A már említett
olvasási módszerek lehetővé tették azt, hogy számos, a fikciós és az ön-
életrajzi elbeszélésekre nézve ismétlődő részletet vegyek észre.
A mű tanulmányozása közben több rendkívül precíz jelenet, motívum
szemügyrevétele után fogalmazódott meg bennem a kérdés, miszerint a W
ou le souvenir d’enfance valóban két egymástól teljesen független és szemmel
láthatóan különböző részből tevődik-e össze mind tipográfiai, mind pedig
műfaji értelemben véve, egybeforrhatatlan módon és külön-külön is ér-
telmet nyert létjogosultságot élvezve, vagy pedig két, látszólag független,
de valójában egy egységet alkotó és egymás jelenlétét megkövetelő
szövegegyüttesről beszélhetünk, amelynek részei csak a másikkal együtt
alkothatnak egy műfajilag unikális regényt. Más szóval, vajon egy vagy
pedig két narrátorról beszélhetünk?
A probléma részletes elemzése céljából bizonyos részleteket, szeg-
menseket választottam ki mindkét elbeszélésből azért, hogy egymással
szembe állítsam, majd egy össszehasonlító perspektívába helyezzem őket.
196
2a…je fus témoin et non acteur. Je ne suis pas le héros de mon
histoire. (a fiktív elbeszélésben: 14)
2b. L’événement…je n’en fus pas la victime héroïque mais un
simple témoin (az autobiográfiai elbeszélésben: 113)
Véleményem szerint, Perec implicite módon jelzi azt, hogy a fikció narrá-
tor-szereplője és az autobiográfia narrátor-szereplő-szerője róla lettek
mintázva, annak ellenére, hogy minden felelősséget elhárít magáról.
3a Vous êtes Gaspard Winckler ? (a fiktív elbeszélésben: 32)
3b…le héros, Gaspard Winckler… (az autobiográfiai elbeszélés-
ben: 146),
A fenti részletek a fikció és autobiográfia közötti egymásra utalásokat
próbálják kiemelni.
Winckler személyazonosságát illetően felmerül bennünk a kérdés: ki is
ő valójában? Itt lelhető fel a szerző írói stratégiája, amelyről beismerően
nyilatkozik az Entretiens et Conférences 2. számában. Kijelentése szerint a
régebbi műveiben felbukkanó bizonyos szereplők több ízben megjelennek
újabb regényeiben is. A feltételezésem az, hogy ezen szereplők az ő saját
személyiségfelépítésének különböző mérföldkövei, az alkotás különböző
pillanatai. A most következő részletek is ezt a hipotézist erősítik:
4a Gaspard Winckler…un enfant de huit ans…un garçon malingre
et rachitique… (a fiktív elbeszélésben: 40)
4b…il paraît qu’en arrivant à Villard j’étais très rachitique… (az au-
tobiográfiai elbeszélésben: 111)
E részletek a két elbeszélés közti határokat teszik egyre ködösebbé. A
kiskorú és testileg visszamaradott Gaspard Winckler a kis satnya, vézna,
hasonló életkorú Georges képmásának tűnik, aki frissen érkezett Villard-
de-lans-ba.
E megállapítások alapján feltehetjük magunknak a kérdést: miként
volt lehetséges egymáshoz igazítani, egymásba fonni a két elbeszélést?
Semmiféle átmenet, semmilyen kapocs nem látszik összekötni ezt a szö-
vegkettőst, ami rendkívül megnehezíti a vezérfonal egyértelmű követhető-
ségét, és teljesen megtévesztheti a laikus olvasót.
Egy választöredék a regényből kihagyott részben fedezhető fel. Itt a
könyv genezisében közrejátszó faktorokra utalok, amelyekből Philippe
Lejeune a személyes krízist, valamint egy meg nem valósított projektet
helyez előtérbe. Egyrészt felhívja a figyelmünket arra, hogy 1970-ben a W
újságban megjelenő folytatásos kiadásának meghiúsulását követően Perec
egy önéletrajzi mű megírásának fogott neki, de négy éven át egy helyben
toporgott, és képtelen volt befejezni azt. Perec eredetileg « W ou le souve-
nir d’enfance » címe alatt egy három szövegből álló együttest szeretett
volna kiadni, nevezetesen a fikciós W-t, az önéletrejzi elbeszélést és egy
harmadik köztes szöveget, amely a másik kettő között híd szerepet töltene
197
be. Ez utóbbi egy „fejezetsorozat volt, amely egyúttal a szerző gyermekko-
ra, a könyv 3 megírása és a maga a történet közti kapcsolatok feltárását
szolgálta”, és egy úgynevezett naplónak felelt volna meg. Végül viszont
mégis kimaradt a mű kiadott verziójából. Szeretném megjegyezni továbbá,
hogy ha Perec valóban az igazságra szeretett volna törekedni, akkor nem
törölte volna ki a fent említett szöveget. Robert Bréchon szerint aki úti-
naplót vezet, az az igazat mondja mindarról, amit tesz, amit gondol és
amilyennek önmagát látja, az utólagos rálátás adta képzelet és visszaemlé-
kezés helyett. Ezentúl pedig a komoly biográfiák és a saját műve sem ta-
núskodnak arról, hogy Perec vezetett volna bármilyen naplót. Ezt a tényt
előnynek vagy hátránynak is tekinthetjük, az általunk választott szempont
alapján.
Mindent összevetve, e „negatív alkotás” végülis rengeteg olvasót és
főképp sok a műről szóló tanulmányt4 eredményezett.
készített interjúban az derül ki, hogy míg saját maga W-t tarja a legfontosabb művének,
pedig ez a legkevésbé ismert, vizsgált, kritizált és kommentált írása. Ez a könyve a szerző
nagy sérelmére egy azok közül, amelyek a legrosszabbul keltek el, amíg a szerző még élt. A
sors iróniája, hogy ő vált a XX. század egyik legismertebb szerzőjévé, sajnálatos módon
csak a halála után.
198
cserélődését támasztják alá, ezzel felborítva a műfajokkal szembeni elvárá-
sainkat. Ennek véleményem szerint egyik magyarázata a fiktív elbeszélés
természetében rejlik, amely elméletileg egy kitalált történetet vázol fel. A
narrátor-szereplő bevallása szerint sok időre volt szüksége, hogy végre
belekezdjen W-re való utazásának elregélésébe, ami arra enged következ-
tetni, hogy az elvileg fiktív történetnek valós elemei is vannak. (A W egy
sziget, amelynek puszta leírása már a valótlansággal határos, és ahol az
ideális társadalom, illetve annak részesei akaratukat és törekvéseiket egy-
behangolva minden tövényt és szabályt betartanak.) A másik magyarázat
az önéletrajzi elbeszélésben keresendő, ahol a valós történeteknél megszo-
kottakkal ellentétben a narrátor-szereplő-szerző egy mesét talál ki, W szi-
getének fantáziájára utalva. Feltételezhetjük-e ezek után, hogy az, ami elv-
ből kitalált történet, valósághűbb, mint az, ami valós dolgokat közöl? Va-
gyis az autobiográfia viseli a fikció jellemzőit, ezzel megkérdőjelezve a
műfaj sajátos jegyeit. A fiktív elbeszélés valótlansága alkot párt az önélet-
rajziéval. Ez a „valós” fikció és a „fiktív” autobiográfia közti jellemcsere
fellelhető a következő részletekben is:
6a Lentement j’oubliai les incertaines péripéties de ce voyage. (a
fiktív elbeszélésben: 13)
6b…j’inventai....une histoire. Plus tard, je l’oubliai. (az autobiográ-
fiai elbeszélésben: 17-8)
A lista korántsem kimerítő a műben található példákat tekintve, így érde-
mes végiggondolni, miért nem tartja be és cseréli fel a műfaji jegyeket,
illetve mi az oka annak, hogy keresztülgázol a konvenciókon. Mi haszna
származhat belőle? Hipotézisem a feledés emlékezetbentartásásnak tech-
nikájára alapszik: a szerző egyáltalán nem, vagy csak nagyon kevés gyer-
mekkori emlékkel rendelkezik, űrt, hiányt érez. Ahogy azt a narrátor-
szereplő-szerző hangoztatja is: « W ne ressemble pas plus à mon fantasme
olympique que ce fantasme olympique ne ressemblait à mon enfance » (W
18). Annak érdekében, hogy ezt a képekben szegény „fotóalbumot”, a
gyermekkori emlékeit színesebbé, örömtelibbé, valósághűbbé, sőt autenti-
kusabbá varázsolja azzal, hogy az átélt történetet kalandosabbá teszi, mind
konrét, mind átvitt értelemben. « Je possède une photo de mon père et
cinq de ma mère… » (W 45). Itt Vincent Bouchot gondolatait veszem át,
aki hasonlóképpen vélekedik. Szerinte W fikciója nyíltan egy fiktív autobi-
ográfia megkísérlésére tesz szert. Egy fantáziált emlékkel nyit, és egy elbe-
szélésen keresztül valósul meg, ahol a már rég eltűnt szülők történetének
részletei végre összeállnak. Amúgy a narrátor-szerplő-szerző maga is be-
ismeri, hogy az önkeresés és szűk családjának szűkös emlékei kizárólag W
fikciójával jöttek felszínre:
Aujourd’hui, quatre ans plus tard, j’entreprends de mettre un
terme…à ce le lent déchiffrement…je sais que se trouve inscrit et
199
décrit le chemin que j’ai parcouru, le cheminement de mon histoire
et l’histoire de mon cheminement. (W 18)
A csere, amely a valótlan felé húzó autobiográfiai, és a realitáshoz közelítő
fiktív elbeszélést eredményezi több másik meglepő példával is alátámaszt-
ható, melyre jelen tanulmányban a terjedelmi keretek miatt nem térek ki.
200
így, hogy a homály érzését váltsa ki benne. Ezt követően az Oswald
Ducrot által kidolgozott nyelvészeti fogalmak, nevezetesen a « posé » és «
présupposé » lesznek a segítségemre abban, hogy a két elbeszélés között
létrejött kapcsolatot megvitathassam. A « posé » a beszélő állítását foglalja
magában, míg a « présupposé » egy azt megelőző állítás, amit igaznak kell
elfogadnunk annak érdekében, hogy a beszélő kijelentését helybenhagy-
hassuk. Ha most ezen fogalmakat megpróbálom behelyettesíteni az egyik
és a másik elbeszélésre, az eddig feltárt kutatásaim révén az következik,
hogy a fiktív az állított (« posé »), és az önéletrajzi elbeszélés pedig a igaz-
ként elfogadott (« présupposé ») . Feltételezésemet a regényből származó
idézetek támasztják alá.
J’ai longtemps hésité avant d’entreprendre le récit de mon
voyage à W. […] le témoignage que je m’apprête à faire… […] Je
suis né le 25 juin 19… […] – Vous êtes Gaspard Winckler ? ... –
Euh… Oui… (a fiktív elbeszélésben: sorban 13 ; 14 ; 32)
A fikció aktusa egy olyan elbeszélést eredményez, amelyben a fiktív narrá-
tor egyúttal szereplő is. Tehát, ahogy azt eddig is feltételeztem, Gaspard
Winckler mindkettő egyszerre. Simonffy Zsuzsanna gondolatait követve,
ebben a perspektívában nehezen fogadható el az, hogy az autobiografikus
elbeszélés igaz legyen, mivel az állított, tehát a fiktív elbeszélés valós nem
lehet. Ez nemcsak azért van, mert bárki olyan valós történeteket mesélhet
el, amelyek nem vele történtek meg, hanem azért is, mert a fikcióhoz való
ragaszkodás a realitás hatásait válthatná ki anélkül, hogy ő az igazság kere-
sésére indulna. De feltételezhetnénk azt is, hogy az önéletrajzi elbeszélés
az állított, a fiktív az igaznak elfogadott. Ez az állítás azt foglalná magába,
hogy ez utóbbi jött volna létre először. Perec stratégiája a rémséges W
kitalált történetének megírásában rejlik, amelynek következtében felszaba-
dulva el tud kezdeni nyilatkozni azon eseményekről, amelyek valóban
megtörténtek és ő volt a főszereplőjük.
Minthogy ezen megállapítasok az önéletírás szélesebb területén he-
lyezhetők el, hasznos lenne megemlíteni a Genette által kidolgozott
narratológiai kategóriákat is. E terület ugyanis három képviselt entitást,
nevezetesen a szerzőt, a narrátort és a főszereplőt, illetve két alapelvet, az
igazmondást (szerző = narrátor) és a „fikciómondást” (szerző ≠ narrátor)
állításait foglalja magába. A séma szerint, az önéletrajzi elbeszélés a szerző
= narrátor = főszereplő felállásnak felel meg, és egyértelműen a gyermek-
kori emlék regényrészre vonatkozik. Viszont a W résznél korántsincs ilyen
egyszerű dolgunk, ha a műfaji kérdésben szeretnénk eredményre jutni.
Először is azért, mert az elbeszélés „homodiegetikus fiktívként” kezdődik,
tehát „egyes szám első személyben írott”, amelynek ábrája: szerző ≠ narrá-
tor = főszereplő. A W második részében pedig „heterodiegetikus fiktív-
ként” folytatódik, szóval „egyes szám harmadik személyben” írott, amely-
201
nek ábrája: szerző ≠ narrátor ≠ főszereplő. A dilemmánk a következő:
hogyan határozzuk meg a fiktív elbeszélést? Ez releváns lehet abban az
értelemben, hogy Gaspar Winckler egyben narrátor és főszereplő, de miu-
tán lefektette a történet alapjait, elhatárolja és kivonja magát, hogy pusztán
„a néprajzkutató rideg hangnemében” adja át az olvasónak azt, amit W-re
való utazása alkalmából látott. Ebből következik az, hogy egyrészt a vizs-
gált mű nem helyezhető el egy konkrét irodalmi kategórián belül, másrészt
pedig, hogy a W-rész egy kétértelmű karakterrel rendelkező elbeszélés. Ez
segíthet megfogalmazni a hipotézist, miszerint W elsőbbrendű szerepet
tölt be az autobiográfiai elbeszéléssel szemben, ha a regényt műfaji szem-
pontból nézzük.
A fentebb tett megállapítások alapján, melyek szerint a mű hibrid és a
fikciós rész kétértelmű, egy előzetes konklúzió fogalmazódhat meg ben-
nünk. Ha Perecnek papírra kellett vetnie W-t, ahhoz hogy gyermekkori
emlékeit fel tudja fedni, valamint ha a fiktív rész műfaji kétértelműsége
fontosabb a regény általános felépítésének szemszögéből nézve, akkor a
mű egysége a fiktív elbeszélésen nyugszik.
Perec még csak tizenegynéhány éves, amikor ezt a sportra épülő fan-
tasztikus világot kitalálja. Bár nem olyan részletességgel, ahogy a „La
Quinzaine littéraire”-ben 1969 és 1970 5 között részletenként megjelenő
formájában, de ennek a világnak voltak már előjelei személyes vallomásai
alapján:
…dessins dissociés, disloqués…à l’époque de W…entre,
disons, ma onzième et ma quinzième année, je couvris des cahiers
entiers : personnages que rien ne rattachait au sol qui était censé les
supporter…les jambes des athlètes étaient séparées des troncs, les
bras séparés des torses, les mains n’assuraient aucune prise. (az au-
tobiográfiai elbeszélésben: 97).
Ugyanezen a helyen azt is elmondja, hogy „az emlékek léteznek, illanóak
vagy tapadóak, sekélyesek vagy nehézkesek, de semmi sem tartja össze
őket.” A W-s tömböt tehát „preszuppozáltnak” véli a szerző a még töre-
dékes autobiográfiai elbeszéléssel szemben. A fiktív, már létező, teljes és
figyelemfelkeltő módon felépített elbeszélés – amely valódi üzenetét a
végsőkig megtartja és azt csak a regény legvégén tárja fel – túltengésben
van az önéletrajzival ellentétben. Ez utóbbi ugyanis csak Perec pszichoa-
nalízisének befejeztével állt össze egy koherens, és nyomon követhető
sorrendbe helyezett egésszé. Az állítás, mely szerint „a realitás a fikció
előfeltétele” bebizonyososulni látszik a kutatási tárgyunk esetében.
Kutatásom első része egy megállapítással zárul, amely önmagában
nem tűnik magasröptűnek, viszont „dobbantója” lehet az ezt követőnek.
Egyből feltűnik ugyanis az a tény, mely szerint a fiktív rész sokkal jobban
5 (W 18).0
202
felépített, összetettebb, és egybefüggően írott az író gyermekkori emléktö-
redékeihez viszonyítva, mely elsőbbrendűvé teszi W-t, ami megindokolja a
mű megnevezését, mint regény.
„Erőben” a fikció
Miután válaszokat kaptunk a részek felcserélhetőségét, illetve elsőbbren-
dűségét feszegető kérdésekre, egy rendellenességre hívnánk fel a figyelmet:
vajon milyen okból kifolyólag minősítjük autobiográfiai regénynek W ou le
souvenir d’enfance-t, amikor a fiktív rész műfaji értelemben véve nagyobb
fajsúlyúnak bizonyul.
Saint-Gelais támaszpontokat bocsát rendelkezésünkre az intertextuali-
tás és a transzfikcionalitás fogalmak megértésének és térbehelyezésének
érdekében, amelyekre lesz még alkalmam visszatérni. A műfaji meghatáro-
zásra vonatkozó feltevéseimmel megegyező ötleteket kínál a fikcióval
kapcsolatban. Számára ugyanis „a fikció és társai, mint például a fabuláció,
az utánzatok, a valóság show-k, a virtuális valóság és a többi, látszatát
keltik annak, hogy a kultúra egész területét elárasztják, vagy még inkább a
kortárs gondolkodásmódot uralják. A realitás ünnepelt vagy talán inkább
siratott lemorzsolódása a fikció közti határok elporladásának tűnik. Ha a
XX. század „tökéletes bűntettje” Baudrillard szerint a valóság eltüntetése,
a fikció diadalmasan látszik kivonulni az újonnan kirajzolódó félben lévő
felállásból…” Minél messzebb haladunk az időben, annál szívesebben
vesszük észre, hogy a realitás fogalma, mint olyan, nem annyira fontos,
mint azelőtt, és még akkor sem, ha olyan irodalmi műfajokról beszélünk,
melyeknek alapvető tényezője. És ez nem is tűnik ésszerűnek, mivel az
(auto)biográfia szóban fellelhető a tő (bio), amely a valós életet, tehát a
valóságot jelenti. Ennek ellenére, a fikció „edzettebbnek, erősebbnek”
látszik, mint a realitás, amely fokozatosan a majdhogynem teljes (vagy
totális) kihalásához érkezett a regényírás műfaján belül. Saint-Gelais neve-
zetesen az ontologikus, pragmatikus és textuális határtokat említi, amelyek
közt különbséget kell tenni, ha a realitás és a fikció közös mezsgyéit vizs-
gáljuk. Az első „a fiktív és valós entitások státuszait különíti el”. Vagyis
egy hely, egy szereplő, vagy egy valóságban megtörtént eset nem ugyanúgy
kezelendő, mint egy másik fiktív. Igen ám, de mit kezdjünk például a mille
îlots de la Terre de Feu vagy akár a Luxemburger Wort-tal, amelyek a fiktív
részben lelhetők fel, annak ellenére, hogy a valóságban is léteznek? A fen-
tebb említett kutató több specialista véleményét ismerteti, többek közt
John R. Searle-ét, aki szerint valós dolgok szerepelhetnek egy szövegben
anélkül, hogy annak fiktív mivoltát befolyásolnák. Ezzel szemben Marga-
ret MacDonald és Ruth Ronen viszont azt az elméletet képviselik, hogy
amennyiben valós elemek szerepelnek egy fiktív történetben, egy szinten
kell őket kezelni a kitaláltakkal, és fordítva. Saint-Gelais a következőkép-
pen fogalmazza meg ugyanezt: „egy szöveg nem csupán egy kijelentések-
203
ből álló halmaz, hanem az az átjárható struktúra, amely a szövegben érin-
tett entitások terén egyfajta homogenizálódást, vagy legalábbis egy
ontologikus fertőzést von maga után”. Ebből fakadóan, ha saját gyermek-
kori emlékei közé olyan elemeket ékel be, mint A. Dumas Húsz év múlva
című regényében szereplő Porthos és XIV. Lajos cselekedetei, aztán pedig
következtetéseket von le belőlük, Perec tönkreteszi auotbiográfiai elbeszé-
lésének valós mivoltát, illetve az önmagával és közönségével szembeni
őszinteségét.
A pragmatikus mezsgye inkább „a kijelentésekre és a belőlük fakadó
beszédaktusokra vonatkozik”, ami azt jelenti, hogy egyrészt komoly, „bi-
zonyos szabályoknak alávetett” kijelentésekkel nézünk szembe, hogy csak
„a kijelentő személy őszinteségre való elkötelezettségét” említsük (pl. « Je
n’ai pas de souvenirs d’enfance. » (W, 17)), másrészt pedig fiktív kijelenté-
sekkel, amelyek „fel vannak szabadítva ezen elkötelezettségek alól, mivel-
hogy a beszédaktusok színleltek” (pl. « J’ai longtemps hésité avant
d’entreprendre le récit de mon voyage à W. » (13)). Searle először állapítot-
ta meg a tényt – és ebben Jean-Marie Schaeffer egyetért vele – miszerint
nem lehetetlen az, hogy egy valós keretek között tett fiktív kijelentés feltét-
lenül befolyásoljon egy egész valóságon alapuló történetet. A két példa-
ként szereplő mondat egyike sem tűnik a valóságból vagy inkább fikcióból
kiragadottnak, de ha Macdonald és Ronen álláspontját vesszük alapul,
akkor Perec regényét teljes egészében színleltnek kell tekintenünk, mivel a
fikció fennáll az önéletrajzi részben. A valóságból származó elbeszélés egy
másik részlete, amely a „fiktív elem a fiktív kijelentésben” felállást illuszt-
rálja, igazolja az imént említett kutatók állását.
J’ai trois ans. Je suis assis au centre de la pièce, au milieu des
journaux yiddish éparpillés. Le cercle de la famille m’entoure
complètement […] : toute la famille, la totalité, l’intégralité de la
famille est là, réunie autour de l’enfant qui vient de naître… (az au-
tobiográfiai elbeszélésben: 26).
A részlet legelején, illetve legvégén egyetlen bekezdésen belül tett kijelen-
tés mely szerint a narrátor-szereplő-szerző „három éves” és „újszülött”
elég ahhoz, hogy a valóság és őszinteség illúziója romba dőljön. Természe-
tesen egy irodalmi típusú mű nem kutatási célból történő olvasása során ez
a fajta apróság nem üti meg a szemünket, de a „a diskurzusba beékelt hi-
ba” jelen pillanatban Perec által produkált valósághű beszédaktusnak szól
ellene. Ezentúl még a most következő részletben szereplő
« invraisemblables, altérés et dénaturés » minőségjelzők is kétségbe vonják
az emlékeket:
Mes deux premiers souvenirs ne sont pas entièrement
invraisemblables, même s’il est évident que les nombreuses
variantes et pseudo-précisions que j’ai introduites dans les relations
– parlées ou écrites – que j’en ai faites les ont profondément alt-
204
érés, sinon complètement dénaturés. (az autobiográfiai elbeszélés-
ben: 26)
Perec az olvasónak újból azt jelenti ki, hogy csak abban biztos, amit olva-
sott a különböző, és nyilvánvalóan a fikcióból származó regényekben, ami
még gyermekkorában hatott rá. Olvasásélményei rendre ellenőrizhetők a
későbbiekben gyermekkori emlékeivel ellentétben, amelyek csak a saját
maga elméjében léteznek:
…source d’une mémoire inépuisable, d’un ressassement, d’une
certitude : les mots étaient à leur place, les livres racontaient des
histoires ; on pouvait suivre ; on pouvait relire, et, relisant,
retrouver, magnifiée par la certitude qu’on avait de les retrouver,
l’impression qu’on avait d’abord éprouvée... (az autobiográfiai elbe-
szélésben: 195)
A textuális mezsgye Saint-Gelais szerint „nem a realitás és a fikció közötti,
hanem inkább egy a fikción belül található tiszázott és tisztázatlan zónák
közti különbségre vonatkozik”. Más szóval a tény, hogy egy valós entitásra
vonatkozó dologról nem tudunk, legyen az tapintható vagy sem, nem
akadályoz meg minket abban, hogy keresésére induljunk, sőt hogy rá is
leljünk, bármilyen nehéz is legyen az létezéséből kifolyólag. Viszont bármi-
lyen erőfeszítés árán sem fogunk válaszra lelni egy fiktív entitásra vonat-
kozó kérdésre azon információkon felül, amiket egy adott szerző meg-
adott, mert egyes egyedül az ő elméjében léteznek, és csak ő tud hozzáadni
vagy kivonni belőle. Ebből fakadóan, meg kell elégednünk a Gaspar
Winckler (más néven Georges Perec) adta részletekkel W-ről, anélkül hogy
jobban megismerhetnénk a szigetet, lakóit és szokásait, vagy éppen a
gyermekkorát, szüleit, szülővárosát.
Kiegészítve a fikcióról általánosságban tett megfontolásokat, Godard-
t is érdemes lenne megemlíteni, aki a narrációra helyezi a hangsúlyt. Szá-
mára „a fikciót az író életet adó képességének kell tekinteni, miszerint az
olyan fiktív szereplőket találhat ki és kelthet életre az olvasók képzeleté-
ben, amelyek egyszerre általa fiktívnek tituláltak és az olvasó által annak
értelmezettek. Lényegében tőle és bárki mástól különbözőek, akármilyen
realitásból származó részletről is legyen szó, legyen az az övé vagy másé”.
Ez kapcsolódik a már említett kutatók elért eredményeihez, elsősor-
ban Saint-Gelais-jéhez. A tény, miszerint Perec kitalált egy eseményt, ame-
lyet feltehetően egyedül ő élt át egy újabb alkalommal bebizonyítja, hogy
legyen szó akár egy személyes emlékről, ez a regény inkább a fikcióhoz
semmint az önéletrajzhoz társítandó. Saint-Gelais szerint „az intertextuali-
tás a szöveg-szöveg közti kapcsolatokra támaszkodik, legyen az utalás,
kifigurázás vagy utánzás. A transzfikcionalitás kettő vagy több szöveg
közti kapcsolatot feltételez egy fikcionális közösségen belül. Nem azon
szövegek alkotnak együttest, amelyek egy szereplő nevét, mint például
Sherlock Holmes-ét tartalmazzák (azét például, akiét éppen most írom le),
205
de épp ellenkezőleg azon szövegek, ahol Holmes megjelenik és cselekszik,
mint szereplő.”
Konklúzió
Befejezésképp vegyük sorba mindazt, amit bevezetésünk óta megállapítot-
tunk. Az újító mű egyedi, sőt besorolhatatlan a műfaji meghatározásából
és általános felépítéséből fakadóan. Elmélyülvén a személyes alapon kivá-
lasztott olvasási módszerekbe, több példán keresztül kiemeltem azt a
tényt, miszerint a fiktív, illetve autobiográfiai részek kölcsönösen egymásra
vannak utalva és elválaszthatatlanok egymástól, tehát hogy tökéletesen
kiegészítik egymást. Úgy tűnik Perec tudatosan választotta szét a két részt
tipográfiai értelemben, és szándékosan elhomályosította, elködösítette az
egymásra utaló nyomokat, ezáltal megnehezítve és egyúttal érdekesebbé
téve a könyv olvasását. Ezt követően, azt a kérdést kívántam megvitatni,
miszerint W ou le souvenir d’enfance besorolható-e vagy sem az önéletrajz
műfaji kategóriájába. Második megállapításom a mű fiktív részére vonat-
kozik, amely jobban felépítettnek, kimunkáltabbnak és egybefüggőbbnek
nevezhető, mint az önéletrajzi rész. Továbbá inkább a realitásból származ-
tatható a valós emléktöredékekhez viszonyítva, amelyek pontatlanok, sőt
néhányszor az álomvilág felé hajlanak, és egy nagyon rendezetlennek tűnő
szöveget eredményeznek elveszítve a rész valószínűségi jellemzőjét. Műfaji
szempontból a regény megnevezés illik rá a legjobban, mivel mint önélet-
rajz nem fogadható el. Ezenfelül, ha a fikció és a realitás közötti ontológi-
ai, pragmatikai illetve textuális mezsgyéket vesszük figyelembe, akkor bi-
206
zonyos helyeken még az autobiográfiai elbeszélés is kitalált történetté,
fiktívvé válik.
Fogalmazzunk meg végül egy kérdést, amely a kutatásunk végén vető-
dött fel bennünk: ha számításba vesszük az összes fentebb vizsgált műfaji
és narratológiai típusú ellentmondást az autobiográfia saját jellemzőihez
viszonyítva, a W ou le souvenir d’enfance-t lehet-e annak tekinteni? A nyomo-
kat elhomályosítva, a részek közti határokat eltörölve és az igazmondás
jeleit a W-s fikcióra kiterjesztve, az önéletrajzra pedig a képzeletbeliség
jeleit átruházva – nem beszélve a narrátor-szereplő-szerző és a narrátor
szereplő azonos kinézetéről – állíthatjuk, hogy Perec „egy újfajta autobiog-
ráfiára bukkant, de ugyanakkor kritériumainak újrafogalmazását is provo-
kálta, és ezáltal művét a fikció, a képzeletbeliség felé terelte. ”
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208
Szalánczi József Krisztián
1 Az eredetileg polinéz bennszülöttek által lakott Húsvét-sziget (d. sz. 27°; ny. h. 109°,
spanyolul: Isla de Pascua) annexióját 1888. szept. 9-én a chilei haditengerészet kapitánya
Policarpo Toro jelentette be. A sziget azon kevés, a dél-amerikai szárazföldtől jelentős
távolságra fekvő terület közé tartozik, amelyre a 19. század folyamán egy latin-amerikai
állam a fő gyarmatosító hatalmak árnyékában is képesnek bizonyult tartósan kiterjeszteni a
fennhatóságát. (Porteous 1981: 67.)
2 A hivatalos chilei álláspont szerint maga az ország is három fő részre tagolódik: a dél-
209
tett be déli-sarkvidéki területekre,4 egy napjainkban nem túl gyakran em-
legetett, ám egyáltalán nem elhanyagolható problémakör, amelynek hul-
lámait az 1959-es paktum lecsillapította ugyan, a szuverenitási kérdéséket
azonban inkább csak konzerválta, semmint megoldotta. 5 Tanulmányom-
ban azt kívánom bemutatni, hogy Chile, amely földrajzi elhelyezkedéséből
kifolyólag mindig is különös figyelemmel viseltetett a Csendes-óceán déli
térségének ügyei, illetve a Magellán-szorostól és a Horn-foktól délre fekvő
területek irányába, milyen történelmi előzményeket követően, továbbá
milyen jogalapon és körülmények között deklarálta a fennhatóságát 1940-
ben a ny. h. 53–90° között elterülő déli-sarkvidéki szektor felett, amelyet
Chilei Antarktiszi Terület néven mind a mai napig az ország egyik
különleges státuszú közigazgatási egységeként tart számon.
Elöljáróban meg kell jegyezni, hogy – napjainkkal ellentétben, amikor
az Antarktisz kérdése a globális felmelegedés, a kiaknázatlan nyersanyag-
tartalékok, illetve a területen jég formájában jelen lévő, hatalmas mennyi-
ségű édesvízkészlet összefüggésében merül fel a leggyakrabban – a 19.
század végétől a 20. század közepéig terjedő időszakban a Déli-sarkvidék
legfőbb vonzerejét az ipari bálnavadászat jelentette. 6 Ezt azért fontos
leszögezni, mert a témakör szempontjából megkerülhetetlen tényezőt
jelent, hogy az Antarktiszt érintő korabeli jogigények és viták, illetve a
térségbe indított kutatóexpedíciók hátterében szinte minden esetben a
bálnavadászattal összefüggő gazdasági motivációk – például a vadászati
tevékenység állami kontroll alá helyezése – álltak. Másképpen fogalmazva:
210
az érintett országok a Déli-sarkvidék szárazföldi területeinek birtoklása
révén próbálták fennhatóságukat kiterjeszteni a környező, cetekben gazdag
óceáni régióikra is.7
Chile, amely a dél-amerikai spanyol gyarmatbirodalom összeomlását
követően, 1818-ban nyilvánította ki függetlenségét, már a kezdetek
kezdetén világossá tette, hogy a Déli-óceán egyes területeit is az érdekszfé-
rája részének tekinti – sőt mi több, államhatárain belülre sorolja. A
spanyolok ellen vívott felszabadító háború hőse, Bernardo O’Higgins
1831-ben kelt memorandumában – amelynek apropóját az amerikai
szárazföld déli szegélyétől mintegy 800, az Antarktiszi-félszigettől azonban
alig 120 kilométer távolságra elhelyezkedő Déli-Shetland-szigetek szolgál-
tatták, amelyeket 1819-es felfedezésüket követően brit és amerikai fóka-
vadászok rendszeresen látogatni kezdtek 8 – kijelentette, hogy Chile a
gyarmati időkből származó spanyol örökség révén különleges jogokkal
rendelkezik az Antarktisszal kapcsolatban, s fennhatósága kiterjed a Déli-
Shetland-szigetekre is. 9 Ez a kinyilatkoztatás tulajdonképpen a chilei
Antarktisz-politika egyik korai, ám annál fontosabb ideológiai
megnyilvánulásának tekinthető, s rávilágít egy különleges nézőpontra,
amelynek jogi háttere a latin-amerikai országok létrejöttének körülmé-
nyeiben gyökerezik. Chile az 1810-es éveket megelőzően nem létezett
független államként, ezért jogigényei alátámasztására eleve nem állt
módjában olyan, saját zászló alatt végrehajtott földrajzi felfedezésekre
hivatkozni, amelyek erős érvként szolgálhattak volna egy területi követelés
Smith kapitány fedezte fel, aki még ugyanebben az évben, második látogatása alkalmával
bejelentette, hogy III. György brit uralkodó nevében birtokba veszi a területet. ((NAAC
A4311, 365/8: 44–45.; Headland 1989: 111–112.; Riffenburgh 2007: 442.) A szigetek
valódi felfedezésével kapcsolatban némi vitára ad okot, hogy egy 1598–1600 közötti expe-
díció során előbb a holland Dirck Gerritsz, majd 1603-ban a spanyol Gabriel de Castilla is
elhajózott mellettük, végül azonban valószínűleg nem pillantották meg a szárazföldet.
(Headland 1989: 59–60.)
9 Pinochet de la Barra 1955: 28.; Hayton 1956: 584. O’Higgins a dokumentumban d. sz.
211
igazolására, akár valamely szigetcsoport, akár az antarktiszi kontinens
vonatkozásában.10 Ebből a szempontból tehát a chilei állam már megala-
kulása pillanatában behozhatatlan hátrányban volt a gyarmatosító
hatalmakkal szemben, különös tekintettel Nagy-Britanniára, amely a Falk-
land-szigetek 1833-as megszerzését követően11 hozzálátott a brit birodalmi
adminisztráció megszervezéséhez a dél-atlanti térségben.12
A problémára az O’Higgins által említett gyarmati örökség és az ezzel
szoros összefüggésben álló uti possidetis („ahogyan birtokoljátok”)jogelve
szolgáltatta a megoldást, amelyet a modern időkben a spanyolok távozását
követően éppen Dél-Amerikában alkalmaztak először, s a lényegét az
képezte, hogy a függetlenné vált államok tulajdonképpen a néhai spanyol
közigazgatási egységek régi határai között alakultak meg.13 Ez pedig chilei
értelmezés szerint azt jelentette, hogy a korábbi urak távoztak ugyan, az
általuk birtokolt jogokat és kiváltságokat azonban örökül hagyták – azaz
minden olyan terület, amelyre a spanyolok 1810 előtt igényt formálták a
térségben, az utódállamokra szállt. 14 A teória látszólag nehezen hozható
10 Az 1800-as években ugyan egyetlen állam sem jelentett be hivatalos jogigényt antarktiszi
szárazföldi területre, azonban már a 19. század első felében is történtek olyan felfedezések
a térségben – pl. a brit James Clark Ross 1839–1843 közötti felfedezőútja, vagy a francia
Dumont d’Urville 1837–40-es expedíciója során –, amelyek a későbbiek folyamán területi
követelések alapjául szolgáltak (NAAC A4311, 365/8: 80.; Headland 1989: 146.)
11 Nagy-Britannia a Falkland-szigetekre 1833-ban terjesztette ki a fennhatóságát, miután
John James Onslow kapitány, a Clio hadihajó parancsnoka – akit az admiralitás egy koráb-
ban elhagyott brit erőd helyreállítása céljából vezényelt a helyszínre – kilakoltatta a szige-
teken élő argentin telepeseket. A terület az 1982.es Falkland-háború időszakát leszámítva –
amelynek kezdetén a Galtieri tábornok vezette argentin katonai junta csapatai lerohanták a
szigetcsoportot, amelyet azután a brit expedíciós erők nyílt háborúban foglaltak vissza – de
facto azóta is az Egyesült Királyság uralma alatt áll. (Gough 1190: 261.; Headland: 140.) A
szigetekkel kapcsolatos, mind a mai napig létező brit–argentin viszály sohasem csupán
presztízskérdést jelentett a felek számára, hiszen Nagy–Britannia a 20. század elején a
Falkland-szigetek birtoklására alapozva jelentette be területi követelését a Falkland-
szigeteki Függő Területek (Falkland Islands Dependencies) név alatt megszervezett, dél-atlanti
és déli-sarkvidéki területeket is magába foglaló antarktiszi szektorra. (A kérdést teljes ré-
szletességgel lásd: Szalánczi 2014: 191–204.)
12 Viktória királynő 1843-ban hozta létre a Falklandok körüli brit adminisztrációs körzetet
„Falkland-szigeteki gyarmatok és azok tartotákai” néven. („Settlements in the Falkland Islands and
their Dependencies” – saját fordítás.) Az ekkor kibocsátott uralkodói rendeletet (Letters Patent)
később több alkalommal is módosították (1876, 1892, 1908, 1917). A szigetcsoport 1892-
ben megkapta a koronagyarmat státuszt is. (ICJ 1955: 13.)
13 Lalonde 2002: 24. Az uti possidetis alkalmazásáraleginkább abból a megfontolásból került
sor, hogy a már meglévő határvonalak használata révén esetleg elkerülhetővé válnak az
újonnan létrejött országok közötti területi viszályok. (Hensel – Allison – Khanani 2003: 2–
3.)
14 Az uti possidetisre és a spanyol hagyatékra nem csupán Chile hivatkozott jogigényei alá-
212
kapcsolatba a Déli-sarkvidékkel, hiszen Chile függetlenségének kikiáltása-
kor még az Antarktisz létezése sem volt minden kétséget kizáróan bizonyí-
tott, s ebből a tényből egyenesen következne, hogy Spanyolország nem is
rendelkezhetett jogcímekkel a fehér kontinens közvetlen környezetében.
Csakhogy az elmélet, amint az említésre került, nem a földrajzi
felfedezésekből indul ki – s ily módon természetesen éles kontrasztban áll
a 19. század végétől a nemzetközi jogba is beemelt területfoglalási elvvel15
–, hanem a Spanyol Királyság által kötött korábbi szerződéseket és okira-
tokat használja hivatkozási alapként a chilei igények igazolására.
A legrégebbi okmány ebből a szempontból a VI. Sándor pápa által
1493-ban kiadott Inter caetera kezdetű bulla,16 illetve az ennek módosítása-
ként 1494-ben aláírt tordesillasi szerződés, amelyben az Újvilág
felfedezésének hajnalán Spanyolország és Portugália felosztatta egymás
között az Európán kívüli világ nyugati felét, mai számítások szerint
körülbelül a ny. h. 43°-ánál húzva meg az érdekszféráikat egymástól elvála-
sztó határvonalat. 17 A szerződés hatálya minden felfedezett és
felfedezetlen területre kiterjedt, s a szövegébe azt is belefoglalták, hogy a
határsáv az északitól egészen a déli sarokpontig húzódik. 18 Márpedig ez
alapján – szigorúan elméletileg – az akkor még ismeretlen Antarktisz nyu-
gati területeinek egy része is a spanyol korona birtokába került. Ehhez
hasonló hivatkozási alapot képez az nézet is, amely szerint Chile egykori
spanyol kormányzói egy V. Károlytól származó 1539-es felhatalmazás,
is kiadott az ügyben, ezek közül a május 4-én kelt, Inter caetera kezdetű foglalkozik a
határvonalakkal. (Pinochet de la Barra 9.; Lalonde 2002: 24–25.)
17 A tordesillasi szerződés a nyugati féltekére vonatkozott; a határvonaltól nyugatra talá-
lható területeket a spanyolok, a keletre fekvőket a portugálok kapták meg. A keleti félteke
felosztásáról az 1529-es zaragozai szerződésben állapodtak meg a felek. (Williams 1922: 4.;
7.)
18 Pinochet de la Barra 1955: 10.
213
illetve adomány révén a Magellán-szorostól délre eső, s egészen a Déli-
sarkig terjedő területek felett is joghatóságot gyakoroltak. 19 Szükségtelen
hangsúlyozni, hogy a tordesillasi szerződés relevanciája a gyarmatosításba
később bekapcsolódó hatalmak – úgymint Anglia, Franciaország, vagy
Hollandia – színre lépésével, valamint a nemzetközi politikai erőviszonyok
Spanyolország és Portugália számára mind kedvezőtlenebb eltolódásával
egyre inkább csökkent, az 1800-as évek első felében pedig már holt papír-
nak volt nevezhető. 20 Az uti possidetisen és a történelmi kontinuitás
eszméjén alapuló chilei jogigény mögött tehát a 19. században elsősorban
inkább elméleti, semmint gyakorlati tartalmat kell keresni az Antarktisz
vonatkozásában; kétségtelen azonban, hogy Santiago már ebben az
időszakban is foglalkozott a titokzatos, ám a 20. század kezdetéig még
körvonalaiban is alig-alig ismert déli kontinenssel.
A latin-amerikai ország a Déli-sarkvidék felfedezésének hőskorában
még leginkább kontinentális ügyeire koncentrált, amelyek közül a
témakörrel összefüggésben a Patagónia birtoklásáért folytatott küzdelem
fontosabb eseményeit érdemes kiemelni. A chilei kormány 1843-ban el-
határozta, hogy a gyakorlatban is kiterjeszti a fennhatóságát a Magellán-
szoros és a környező területek fölé, ezért egy expedíciót indított a
térségbe, amelynek vezetőjét, a brit származású, de ekkor már hosszú idő
óta a chilei haditengerészetben szolgáló John Williams (avagy Juan Giller-
mos) kapitányt azzal a feladattal bízta meg, hogy a jogigény alátámaszt-
ására létesítsen egy erődítményt a körzetben. Williams, aki az Ancud
nevezetű szkúner fedélzetén hajózott a helyszínre, a megérkezését
követően Chile nevében birtokba vette a területet, majd a szorossal
határos Brunswick-félszigeten – amely a dél-amerikai szárazföld legdélebbi
szegélyét képezi, északra a Tűzföld szigetvilágától – hozzá is látott a
helyőrség felállításához.21 Az eljárás ellen Argentína, amely szintén igényt
tartott a régióra, 1847-ben hivatalosan is tiltakozott, s ezzel egy több évtiz-
eden át tartó vita vette kezdetét a felek között.22 A viszálynak, illetve Ar-
19 Hayton 1956: 585.; Pinochet de la Barra 1955: 13–14. Később, az 1550-es években több
olyan spanyol királyi dekrétum is kibocsátásra került, amely a Magellán-szorostól délre
fekvő területeket szintén a korona tartozékaiként, illetve a chilei kormányzó felügyelete
alatt álló régióként emlegette. (Pinochet de la Barra 1955: 15.)
20 Azt, hogy a tordesillasi paktum az eredeti formájában fenntarthatatlan, Spanyolország a
17. század második felében kénytelen volt hivatalosan is belátni, s az 1670-ben aláírt
madridi szerződésben – cserébe a biztosítékért, hogy az angolok nem háborgatják egyéb
újvilági birtokait – elismerte Anglia észak- és közép-amerikai gyarmatainak törvényes
létezését. (Hart 1907: 625.; Pinochet de la Barra: 20.)
21 Perry 1980: 349.; Headland 1989: 157. A kolónia az akkori chilei köztársasági elnök,
Manuel Bulnes után a Fuerto Bulnes elnevezést kapta. A helyőrséget 1849-ben az északabbra
fekvő Punta Arenasba helyezték át. (Perry: 1980: 349.)
22 Perry 1980: 349. Buenos Aires – szintén a spanyol örökségre hivatkozva – a Horn-fok
körüli szigeteket egy 1829-ben kiadott rendelet alapján már korábban magáénak
214
gentína és Chile azon igyekezetének, hogy mielőbb érvényesíteni próbálják
fennhatóságukat a korábban állami fennhatóság alatt legfeljebb csak né-
vlegesen álló terület felett, különös hangsúlyt ad, hogy a 19. század első
felében egyáltalán nem volt elképzelhetetlen, hogy Nagy-Britannia, Franci-
aország, vagy esetleg az Amerikai Egyesült Államok is versenybe száll a
Magellán-szoros feletti uralom megszerzéséért, különös tekintettel annak
egyre növekvő stratégiai és kereskedelmi fontosságára.23
Az államhatárok kérdését, beleértve Patagónia és a Tűzföld ügyét is,
végül az 1881-ben Buenos Airesben megkötött szerződés (Tratado de
Límites de 1881) rendezte a két dél-amerikai ország között. Patagóniát
tulajdonképpen Buenos Aires kapta meg, a tűzföldi területeket azonban
felosztották: a régió nyugati fele Chile, a keleti része Argentína birtokába
került. 24 A Magellán-szoros felett Chile elviekben megszerezte ugyan a
fennhatóságot, valójában azonban az átjáró inkább semleges státuszba
került, hiszen a szerződés a szabad hajózás garantálása mellett az
erődépítés tilalmát is tartalmazta. 25 Az Antarktisszal kapcsolatban az
egyezmény jelentőségét az adta, hogy mindkét ország kiterjesztette állam-
határait Dél-Amerika legdélebbi körzetére, s így földrajzilag is megle-
hetősen közel került a déli-sarkvidéki kontinenshez. 26 A határszerződés
kiegészítő okirata (El protocolo Errázuriz – Quirno Costa de 1893), amely
1893-ban került aláírásra, később világosan elhatárolta egymástól Santiago
és Buenos Aires befolyási övezeteit is, s nyilvánvalóvá tette, hogy szu-
verenitási kérdésekben előbbi kizárólag a Csendes-, utóbbi pedig az Atlan-
ti-óceán térségében rendelkezik illetékességgel.27
A bálnavadászati szempontból egyre inkább felértékelődő Déli-óceán
azonban a 19. század végén már olyan világhatalmakat is mozgásba
lendített a messzi déli vizeken, mint például a brit birodalom – ebből ki-
folyólag pedig Argentína és Chile egyébként előrelátható rivalizálása az
Antarktisszal kapcsolatban a 20. század első éveiben minimum
háromszereplős játszmává bővült. Az 1800-as évek utolsó évtizedében a
cetpopulációk déli elterjedési területeit vizsgáló, s kezdetben főként norvég
folyamán viták merültek fel néhány sziget (Neuva, Lennox és Picton) hovatartozásával
kapcsolatban a Horn-fok környékén, amelyek ügye még a 20. század második felében is
komoly vitákat okozott a felek között. (Headland 1989: 204.)
25 Morris 1988: 59.; Boletin Oficial 1893: 843.
26 A fentebb többször is idézett Robert Headland utal rá művében, hogy az 1881-es
szerződéssel összefüggésben „mindkét állam fontolóra vette [területének – Sz. K.] kiterjesztését
antarktiszi régiókra.” („Both states have considered its extension to Antarctic regions” – saját fordítás.)
(HEADLAND: 1989: 204.)
27 Hayton 1956: 489.; Rodríguez 1985: 59.
215
bálnavadászok által végrehajtott felderítő utak mellett 28 a századfordulót
megelőzően megindultak az olyan, hivatalosan tudományos célokból
szervezett, valójában azonban politikai motivációkkal is rendelkező
Antarktisz-expedíciók, amelyek a legtöbb esetben már egyértelműen a
Déli-sarkvidék kontinentális területeit vették célba. Az 1897–1914 közötti
időszakban belga, brit, német, svéd, skót, francia, norvég, japán, valamint
ausztrál és új-zélandi kutatóexpedíciók is jártak a fehér kontinensen (vagy
legalábbis annak partjainál), egyértelműen jelezve a (Dél-)Amerikán kívüli
hatalmak érdeklődését a térség iránt. 29 Chile az antarktiszi szárazföldre
nem szervezett felfedezőutat ebben az időszakban, ennek ellenére komoly
erőfeszítéseket tett annak érdekében, hogy a spanyol örökségre alapozott
jogait továbbfejlessze, s megvesse a lábát legalább az Antarktisz körüli
szigetek valamelyikén. Chilei fókavadászok 1902-ben meglátogatták a Dé-
li-Shetland-szigeteket,30 a santiagói kormány pedig ugyanennek az évnek
az utolsó napján kiadta a világ első olyan, bálnavadászatra jogosító kon-
cesszióját, amely már déli-sarkvidéki óceáni területekre is vonatkozott.31 A
rendelet értelmében a Horn-foktól keletre, illetve délkeletre elterülő Ilde-
fonso-szigetek (d. sz. 55°; ny. h. 69°) és a Diego Ramírez-szigetek (d. sz.
56°; ny. h. 68°) környékére vonatkozó halászati és vadászati jogok bi-
zonyos Pedro Pablo Benavides birtokába kerültek, akit arra is felhatalmaz-
tak, hogy tevékenységét a Drake-átjárótól délre, azaz a Tűzföld és az
Antarktiszi-félsziget közötti régióra korlátlanul kiterjessze.32
Germán Riesco chilei köztársasági elnök 1906-ban újabb
bálnavadászati licenc kiadásáról döntött, amelyben a Déli-Shetland-
szigeteket és az azoktól délre fekvő területeket biztosította a kérvényezők
számára.33 A licencért folyamodó személyek, Enrique Fabry és Domingo
de Toro Herrera huszonöt évre kérték az engedélyt, s felvetették a
természeti kincsek kiaknázásának a lehetőségét, megemlítve az „elhagyatott
déli földek feletti chilei uralom” biztosításának fontosságát is.34 Ugyanebben az
esztendőben megalakult a chilei-norvég Magellán Bálnavadászati Társaság
(Sociedad Ballenera de Magallanes), amely Magellán tartomány kormányzója,
Froilán Fuentes hozzájárulásával létrehozott egy raktártelepet a Déli-
Shetland-szigetekhez tartozó Deception-szigeten (d. sz. 62°; ny. h. 60°). 35
A chilei nézőpont szerint az ország antarktiszi területekre vonatkozó
jogalapja az 1906-os eseményeket követően a nemzetközi jog alapján is
216
érvényessé vált, hiszen a halászati jogok hivatalos garantálása és az aktív
bálnavadászati tevékenység, továbbá a Déli-Shetland-szigetek kvázi
birtoklása révén már nem csak az uti possidetis elmélete, hanem lényegében
az effektív okkupáció kritériuma is megvalósult a körzetben.36
Mindezek ellenére a chilei kormány 1906-ban nem jelentette be hi-
vatalosan a szuverenitását a magáénak tartott déli-sarkvidéki területek
felett. Megtette ezt azonban két évvel később Nagy-Britannia, amely VII.
Eduárd 1908-ban kelt uralkodói rendelete (Letters Patent) alapján a Déli-
Georgiát, a Déli-Sandwich-, a Déli-Orkney- és a Déli-Shetland-szigeteket,
valamint az Antarktiszi-félszigeten elterülő úgynevezett Graham-földet
Falkland-szigeteki Függő Területek (Falkland Islands Dependencies) néven a
falklandi brit kormányzó fennhatósága alá helyezte.37 A dekrétum – ame-
lynek kiadása mögött egyértelműen a bálnavadászat feletti állami kontroll
megszerzésének szándéka húzódott meg, jogalapját pedig korábbi brit
földrajzi felfedezések képezték –, a d. sz. 50°-ától délre fekvő, illetve a ny.
h. 20–80° közötti területekre vonatkozott, s csaknem teljesen lefedte a
chilei jogigényt, amelybe ekkor még pontosan nem definiált határvona-
lakkal a Horn-foktól délre elterülő régiók tartoztak, beleértve az Antarkti-
szi-félsziget nyúlványát is. 38 Brit források szerint a rendelet ellen sem
Chile, sem Argentína nem emelt kifogást, ami már csak azért is meglepő,
mert az okirat – valószínűleg tévedésből – a d. sz. 50°-át jelölte meg a
falklandi szektor északi határaként, s ezáltal úgy tűnt, mintha Nagy-
Britannia Patagónia déli területeire is igényt tartana, megsértve ezzel
mindkét ország államhatárait. 39 Ezzel szemben egy kereskedelmi és
hajózási ügyekkel foglalkozó norvég lap, a Norges handels og Sjöfartstidende
egyik 1933-as száma tudni véli, hogy „Chile és az Argentin Köztársaság
tiltakozott ez ellen [a rendelet ellen – Sz. K.], azzal az eredménnyel, hogy Nagy-
Britannia az 1917. márc. 28-ai dátummal kiadott [újabb – SZ. K.] Letters Patent
36 Pinochet de la Barra 1955: 39. Más kérdés, hogy az effektív okkupáció teljesülése még a
Déli-Shetland-szigetek esetében is igencsak bizonytalannak volt mondható, nem is beszélve
az Antarktisz kontinentális régióiról, ahol egyáltalán nem volt chilei jelenlét. A Deception-
szigeten semmilyen közigazgatási szerv sem állomásozott, s a bálna-, illetve fókavadászok is
csak a vadászati szezonban tartózkodtak a helyszínen.
37 NAAC A981, ANT 4 PART 1. Letters Patent 1908: 1.
38 Nagy-Britannia 1906-tól kezdve látott hozzá a koncessziós rendszer bevezetésének a dél-
atlanti területeken. Az 1908-as rendelet kibocsátásának fő okát nem a chilei, hanem sokkal
inkább a norvég bálnavadászati tevékenység szolgáltatta, illetve a norvég külügyminiszté-
rium többszöri érdeklődése azzal kapcsolatban, hogy pontosan mely körzetekben kell
bérleti díjat fizetni Nagy-Britannia számára a dél-atlanti, illetve antarktiszi vizeken. (NAAC
A981, ANT 51 PART 3. Annex B: 2.)
39 „Nyilvánvaló, hogy az 1908-as Letters Patent teljes egészében elkerülte mind Argentína, mind Chile
figyelmét.(„It is evident that the Letters Patent of 1908 entirely escaped the notice of both Argentina and
Chile” – saját fordítás.) NAAC A4311, 365/8: 36. A hivatkozott okirat a brit
külügyminisztérium 1945-ben belső használatra készült, titkos jelzéssel ellátott, részletes
összefoglalója az Antarktiszt érintő területi követelésekről.
217
révén módosította az úgynevezett falklandi szektor határát.”40A brit beavatkozás a
saját déli-sarkvidéki „birodalmát” építgető Argentínát talán még Chilénél is
kellemetlenebbül érintette, tekintve, hogy a Falkland-szigetek ügye miatt
eleve kizártnak tűnt bármiféle megegyezés London és Buenos Aires
között. 41 Az argentin kormány ebben az időszakban a Déli-Orkney-
szigeteket (d. sz. 60°; ny. h. 45°) tekintette legfontosabb hídfőállásának az
antarktiszi kontinens előterében, ahol 1904-től egy meteorológiai
megfigyelőállomást is üzemeltetett, ezzel is hangsúlyozva fizikai jelenlétét a
térségben. 42 Chile a két világháború közötti időszakban meglehetős
passzivitást tanúsított a Déli-óceánon, Argentína azonban 1925-ben előbb
a Déli-Orkney-, majd 1927-ben a Déli-Shetland-szigetekre és a Déli-
Georgiára is területi követelést jelentett be, újabb frontokat nyitva Nagy-
Britanniával szemben a déli vizeken.43
Az alapvető probléma, miszerint mind a három ország nagyjából a
Déli-sarkvidék ugyanazon szeletére tartott igényt, feloldhatatlannak
bizonyult, meg kell azonban állapítani, hogy Santiago a jogigény hivatalos
kinyilvánítása előtt kifejezetten körültekintően járt el. A chilei kormány
1939-ben a pontos szektorhatárok kérdésének tanulmányozását a Chilei
Egyetem professzorára, a nemzetközi jogban rendkívül járatos Julio
Escuderóra bízta, s az ő beszámolóját követően döntött úgy 1940-ben,
hogy a ny. h. 53–90° közötti területre terjeszti ki az állam fennhatóságát.44
A koordinátákból kitűnik, hogy a jogigény elsősorban az Antarktisz dél-
amerikai kvadránsának Csendes-óceán felé eső részére vonatkozott,
magába foglalva a teljes Antarktiszi-félszigetet és a Déli-Shetland-
szigeteket. Chile ügyelt rá, hogy ne próbáljon nagyobbat „markolni” annál,
mint amit a spanyol örökség és az 1881-es határszerződést kiegészítő
protokoll alapján bizonyítani tud: gondosan elkerülte a dél-atlanti körzetet,
s az olyan területeket (legfőképp a Déli-Orkney-szigeteket), amelyek
40 „Chile and the Argentine Republic protested against this with the result that Great
Britain by the Letters Patent dated 28th 1917 altered the boundary of the so-called Falk-
land sector...” (NAAC A981, ANT 51 PART 3. Annex B. 3.) A britek 1917-ben valóban
kiadtak egy módosított rendeletet, amelyben a ny. h. 50–80° között a d. sz. 58°-át jelölték
meg szektorhatárként, világossá téve, hogy nem tartanak igényt dél-amerikai területekre.
(NAAC A981, ANT 4 PART 1. Letters Patent 1917: 1.)
41 Geopolitikai szempontból Nagy-Britannia számára – ellentétben a közel- és a távol-keleti
218
Argentína és Nagy-Britannia között már eleve vita tárgyát képezték. 45 A
korábbi inaktivitás és a bejelentés időpontjának összevetése mögött
felsejlik az is, hogy Chile megpróbálta kihasználni Nagy-Britannia
lekötöttségét, azt vélelmezve, hogy a britek világháborús erőfeszítéseik
közepette nem lesznek képesek az üggyel érdemben foglalkozni. Ez
egyébként csak részben volt igaz, hiszen Argentína – amely két évvel
később, 1942-ben nyilvánította magáénak a ny. h. 25–68° között elterülő
szektort, amely jelentős részben lefedte a brit és a chilei jogigényt is46 – a
második világháború alatt kevés híján fegyveres összetűzésbe keveredett
az Egyesült Királysággal a Deception-sziget kapcsán, ahol a felek több
alkalommal is eltávolították egymás felségjelzéseit.47 Ebben az időszakban
Argentína erősen forszírozta a közös argentin–chilei fellépést a britekkel
szemben, s történt is kísérlet a kooperációra a két latin-amerikai ország
között.48 Valójában azonban Chile óvatosabb volt annál, semhogy nyíltan
provokálja Nagy-Britanniát – ahhoz azonban ragaszkodott, hogy
antarktiszi szektora államterületének részét képezi. Összességében tehát a
chilei–brit kapcsolatok az egymást lefedő területi követelések ellenére sem
süllyedtek Buenos Aires és London folyamatosan rendkívül feszült
viszonyának szintjére.
A 1959-ben megkötött Antarktisz-szerződés a déli-sarkvidéki területi
vitákat befagyasztotta ugyan, a kérdés valódi rendezéséről azonban
mégsem beszélhetünk. Napjainkban inkább úgy tűnik, hogy a nemzetközi
egyezmény hatálya alá nem tartozó, s a globális felmelegedés
következtében egyre inkább hajózhatóvá váló északi-sarkvidéki térségben
várhatóak komoly politikai fejlemények. Csaknem bizonyosra vehető
azonban, hogy abban az esetben, ha az antarktiszi paktum bármilyen oknál
fogva megszűnne létezni, a szuverenitási kérdések azonnal napirendre
kerülnének, s a fehér kontinens jegébe temetett brit–argentin–chilei vita
ismét aktuálissá válna.
Irodalomjegyzék
mindenképpen szükséges, még a háború alatt is képes katonai erőt felmutatni az Antarktisz
térségében: 1942-ben egy segédcirkálót, 1943–44-ben pedig egy aknakereső hajót és egy
gőzhajót vezényelt a körzetbe, hogy állítsák vissza a brit fennhatóság jelképeit. (Szalánczi
2014: 204.)
48 Amikor a Primero de Mayo nevű argentin hajó legénysége 1943-ban másodszorra cserélte
219
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222
Krisztián Bene
223
frontières de celle-ci, une tentative couronnée de succès, cependant son
approche s’adapte bien aux tendances littéraires actuelles.
La deuxième partie du livre s’occupe des premiers romans de
l’écrivain français qui ont paru jusqu’en 1988 et dont l’enjeu principal est
la langue. Selon Millet, la langue est liée au sentiment, ainsi la « conscience
de la langue » vise à posséder l’ensemble de la richesse de la langue. De
plus, cette richesse est bien présente dans les autres langues aussi, ainsi
l’auteur doit posséder et utiliser le plus de langues possibles. Il essaye
d’utiliser une belle langue qui trouve ses racines dans sa prédilection pour
celle des XVIIe et XVIIIe siècles quand elle a connu l’état de perfection.
Dans ses premiers récits, Millet présente l’intrigue à travers la manière
dont les personnages s’expriment. La maîtrise parfaite de la langue est la
caractéristique des personnages positifs des romans, tandis que ceux
négatifs utilisent une langue erronée. Le changement de l’usage de langue
reflète souvent l’évolution du caractère du protagoniste. Cependant, vers
la fin des années 1980, il perd son intérêt à la présentation accentuée de la
langue, plus précisément il a exprimé son point de vue par rapport à son
importance, ainsi il se tourne vers de nouveaux domaines.
Dans le troisième chapitre, Drengubiak présente les œuvres de Millet
dans lesquelles il s’interroge sur la figure de l’artiste et ses moyens
d’expression. Cette question est traitée dans la « Petite trilogie noire »
composée de L’angélus, La chambre d’ivoire et L’écrivain Sirieix qu’il désigne
comme une « autobiographie transposée » au rôle important dans la
constitution de l’identité de l’écrivain et la compréhension de la création
artistique. A la fois ce processus est contradictoire car la création est une
activité solitaire, alors meme qu’elle exige l’extraversion. Par conséquent, la
tentative de la réconciliation de ces deux extrémités est vouée à l’échec,
mais cet échec est positif, car il incite l’auteur à faire de nouveaux efforts
artistiques. Malgré ces sentiments contradictoires, ce processus de création
est a priori positif, car l’auteur peut l’achever pour lancer une nouvelle
enquête par rapport à la culture qui l’entoure.
La quatrième partie de l’œuvre est consacrée à l’étude des romans
écrits au tournant du millénaire. Ces livres témoignent de sa conviction
selon laquelle la littérature peut faire renaître les anciennes cultures déjà
disparues. Pour illustrer cette conviction, ses romans (La Gloire des Pythre,
L’Amour des trois soeurs Piale, Lauve le pur) constituant la « trilogie siomoise »
puisent de la matière limousine et se jouent à Siom, une localité fictive,
dont le modèle est Viam, village natal de Millet. Pour lui, la disparation du
monde rural est le prodrome de la fin de la civilisation européenne, ainsi a-
t- on besoin de l’utilisation des mythes prêtant au texte une connotation
d’universalité. Comme la source la plus abondante de la littérature, le
mythe qui contient plusieurs éléments fabuleux (monstres, nymphes,
labyrinthes) devient un récit fondateur ayant des caractéristiques d’ordre
224
intemporelle et universelle.
Dans le cinquième chapitre, Drengubiak analyse les récits les plus
contemporains dans lesquels Millet vise le présent et l’avenir. Embarrassé
depuis longtemps par le danger de la mort de la civilisation et de la culture,
il est convaincu du fait que la langue et la culture sont des entités
inséparables, ainsi la littérature a une importance primordiale dans le
maintien de celles-ci. Le manque des valeurs est présent dans tous les
aspects de la société, y compris la langue, la religion, l’identité, la nation et
les traditions qui entraîne une « barbarie posthumaniste ». Pour lui, ce n’est
que l’esprit critique célébrant la différence, l’originalité et la particularité,
car il est le seul élément capable de contrebalancer la décadence de plus en
plus répandue dans le monde. Par conséquent, dans la confrontation entre
la tradition et la modernité, il opte toujours pour la première qui
représente un niveau moral supérieur.
Le livre de Drengubiak est une lecture intéressante et utile pour tous
ceux qui s’intéressent à la littérature française. Étant donné qu’il transmet
les résultats des recherches approfondies approuvées par les représentants
du monde scientifique, l’ouvrage traitant la vie et l’œuvre d’un écrivain
français contemporain relativement peu connu en Hongrie est digne
d’intérêt.
225
Péter Bereczki
Nature(s)
Kateřina Drsková (éd.), Nature(s), Actes de la XXIIème Université d’été de
l’Association Jan Hus, Opera Romanica, no 15, České Budějovice, 2015, 155
pages.
227
émane directement de l’homme. Par la suite, Anabela Katreničová étudie
la nature du bien chez saint Augustin et saint Thomas d’Aquin, en attirant
notre attention sur les aspects divergents des deux conceptions. Dans sa
contribution, Ilona Bala se penche sur la question du sublime dans la
représentation de la nature chez Rousseau en examinant le problème dans
le contexte des écrits de Kant et de Burke portant sur le même sujet.
Toujours dans la section consacrée aux perspectives philosophiques
ouvertes par la notion centrale du colloque, Adrián Bene nous invite à une
réflexion sur la place de la nature dans la pensée fondamentalement
anthropologique de Sartre. Dans les écrits tardifs du père de
l’existentialisme, la nature semble assumer le rôle d’ un « moyen de
passage à un niveau ontologique différent » . Adrián Bene conclut que la
nature – loin de représenter un obstacle dans le mouvement dialectique –
« fait partie de la praxis dialectique de l’être humain, c’est-à-dire comme
corps, passivité, expérience vécue de sa facticité et contingence » .
Dans le chapitre consacré à l’histoire, Krisztián Bene analyse la notion
de la nature dans le contexte de la collaboration française durant la
Seconde Guerre mondiale en mettant en avant trois aspects de la question.
Premièrement, il étudie l’influence de la nature (en tant qu’ensemble de
données géographiques caractéristiques pour une région précise) et du
climat sur le résultat des interventions militaires. Ensuite, il se penche sur
l’importance de la connaissance du terrain en abordant le problème de
l’opposition entre nature « naturelle » et nature artificielle, pour terminer
son analyse par l’examen de l’influence foncière que la nature humaine et
les motivations personnelles exercent sur le résultat des combats.
Pour ce qui est des arts plastiques, Katalin Bartha-Kovács analyse le
processus de la transformation du sens des notions « naturel » et
« maniéré » dans les écrits sur l’art des XVIIème et XVIIIème siècles. Avant
le siècle « classique » , l’expression « manière » , emprunté à l’italien, a
souvent été remplacée par d’autres termes comme « goût » , « style » et
« faire » dans les textes théoriques. Batha-Kovács observe un changement
essentiel dans l’emploi de ces termes à partir du XVIIème siècle, où « goût »
commence à s’utiliser d’une façon diamétralement opposée à « manière »
qui prend de plus en plus la signification de factice, « maniéré ». Ce
processus se poursuit au XVIIIème siècle, où « goût » devient – dans un
sens normatif – l’équivalent du « bon goût » , tandis que « manière » prend
une connotation péjorative, signifiant l’absence du naturel dans les
ouvrages. Dans son article, Luca Molnár se tourne également vers cette
période en étudiant la représentation de la nature chez Watteau. Les
jugements portés sur le peintre illustrent bien les constatations de Katalin
Bartha-Kovács : tandis que les critiques contemporains admirent chez
Watteau l’équilibre harmonieux entre le naturel et l’imaginaire, Diderot
critique les tableaux du peintre en se référant au critère du jugement
228
omnipotent du « bon goût » , en disant que Watteau s’éloigne trop de la
réalité.
Suite à cela, introduisant son article par la présentation de l’Académie
royale de peinture et de sculpture fondé en 1648, Erzsébet Prohászka se
consarcre à l’analyse de la peinture de genre au XVIIIème siècle dans
l’optique de la transformation fondamentale de la hiérarchie des genres. La
mutation du public relègue au second plan les genres régnants jusqu’alors
et donne naissance à un art « à la dimension du public » : « Néanmoins,
dès le milieu du XVIIIe siècle, l’expression « représentation de la nature »
commence à reprendre son sens originel et signifier la représentation des
scènes réelles et des actions de tous les jours, dites naturelles ».
Linda Németh, dans la section littéraire du recueil, analyse le motif du
pin dans les textes médiévaux. Cet arbre, dont l’apparition n’est jamais
gratuite dans les écrits du Moyen Âge, représente la proximité à la nature,
considérée comme l’expression de la volonté divine. « Les éléments de la
nature font partie d’un grand ordre cosmique. Ils ont été établis pour saisir
la pensée, la volonté de Dieu. Il s’agit d’une source de connaissance,
remplie de signes, à laquelle il faut faire attention. » C’est aussi dans ce
sens que le motif du pin réapparaît dans la chanson de Roland où il s’allie à
l’idée d’étre élu par Dieu. Dans Le Tristan et Yseut de Béroul, l’image du pin
s’associe au motif de la fontaine pour tirer parti de l’un des topoï récurrents
des auteurs médiévaux. Le motif se charge d’une fonction narrative et sert
comme point de repère dans la présentation des sentiments et des
émotions des héros, de même que dans l’évolution des événements. Par le
choix de ses exemples, Linda Németh nous prouve d’une manière
concluante que la portée symbolique de ce motif se métamorphose de
façon continuelle au Moyen Âge : tandis que dans Yvain de Chrétien de
Troyes l’absence du pin révèle les états d’âme du protagoniste du récit, il
devient dans Le Lai d’Oiselet un indice de la dégradation générale du
monde courtois.
Dans « Formes et couleurs de l’eau naturelle dans l’esthétique
rousseauiste » , Dóra Ocsovai examine un aspect peu étudié de l’œuvre de
Rousseau, à savoir la signification symbolique des couleurs de l’eau, en
nous proposant une interprétation colorimétrique de ce motif dans les
écrits autobiographiques et fictionnels de l’auteur. Ocsovai coclut que :
« Selon notre approche, le concept de la transparence, qui s’attachait au
parallèle du cristal et du cœur de l’écrivain, se trouve renforcé par un
élément également translucide, qui est l’eau, à laquelle Rousseau s’identifie
volontairement à cause de son immutabilité. »
Jana Kantoříková nous introduit dans le dernier article du recueil dans
le débat intellectuel qui s’est développé entre les artistes et critiques d’art
tchèques Miloš Marten et F. X. Šalda en début du XXème siècle au sujet de
la nature en relation avec les notions de la « culture » et de la
229
« civilisation ». « Il s’agissait de la conscience des approches de l’art et de la
nature au XIXème siècle, du sentiment de mécontentement avec la culture
contemporaine, de l’apogée de l’art nouveau et aussi de l’amitié . » L’art
nouveau essayant de réunir l’art et la nature par la réintégration des motifs
naturels et organiques dans l’iconographie engendre, dans le cas de
Marten, le concept de « l’ornement d’esthétisme » qui permet à l’artiste de
s’éloigner de la représentation mimétique. Cette stylisation étudiée plus en
détails par Kantoříková dans le texte en prose intitulé Dans l’allée de
Marten permet à l’artiste d’afficher l’autonomie de l’art : « L’ornement
organique naturel et l’idée de l’ornement signifient en ce cas concret
l’esthétisation pure » .
La diversité des sujets et des optiques dans lesquelles ils avaient été
étudiés par les participants du colloque reflète bien la richesse de la nature,
de même que l’influence multiple qu’elle avait exercé et qu’elle exerce
même de nos jours sur l’homme dans tous les domaines de son existence.
230
Nicolas Catin
1 Spécialiste de l’histoire française des XIXe et XXe siècles, auteur de plusieurs ouvrages
comme par exemple Sedan. A francia-porosz háború 1870-1871 [Sedan. La guerre franco-
prusse 1870-1871] ou Vereségtől a győzelemig. Franciaország a nemzetközi kapcsolatok rendszerében
1871-1920 [De la défaite à la victoire. La France dans le système des relations
internationales 1870-1920].
231
dans l’histoire de la France : 1815, 1870, 1940. Ensuite, M. Zoltán Garadnai2,
archiviste et chercheur des Archives nationales de Budapest, a abordé un
chapitre relativement peu connu des relations franco-hongroises par son
discours portant le titre Les relations franco-hongroises pendant le gouvernement
Antall-Boross entre 1990 et 1994. La troisième conférence (Jacques Chirac et
l’intégration de la Hongrie dans l’OTAN et l’Union européenne) faite par M.
Bernard Lachaise 3 , professeur des universités de l’Université Bordeaux
Montaigne, a constitué une suite logique des sujets traités lors de cette
partie du colloque et a contribué à la meilleure connaissance de la grande
politique réalisée souvent derrière les coulisses.
La deuxième session tenue sous la présidence de M. Majoros a donné
une vision plus large surces relations spéciales. András Hettyey 4 ,
enseignant de l’Université Nationale de Service Public, a évoqué un autre
épisode diplomatique contemporaine dans son intervention de langue
anglaise sur La Hongrie, l’Allemagne et la France après 1990 : les chemins
diplomatiques d’un triangle problématique. La conférence de Edina Vajkai 5 ,
doctorante du même établissement, aborde un sujet actuel, mais d’un
angle totalement différent, car elle s’occupe de la migration entre la France
et la Hongrie (Les mouvements migratoires franco-hongrois et leurs effets économiques
et socio-culturels). Le dernier intervenant de la session, Lech Maliszewski6,
ensignant de l’Université Marie Curie-Skłodowska, a présenté la
contribution d’un militaire français au voyage des militaires polonais vers
l’Europe de l’Ouest après la défaite de la Pologne au début de la Seconde
Guerre mondiale dans sa conférence intitulée Evacuation par évaporisation.
Le rôle du général Louis Faury dans le transfert clandestin vers la France des militaires
polonais internés en Roumanie en septembre 1939.
Dans la dernière session, Adrián Bene 7 , chargé de cours de
trouve Le gaullisme dans le Sud-Ouest au temps du RPF et Du général de Gaulle à Jacques Chirac. Le
gaullisme et les Français.
4 Spécialiste des relations internationales, co-auteur d’un livre intitulé Szomália: Állami
exemple Louis Faury (1874-1947). Przez chwałę do zapomnienia [Louis Faury (1874-1947. De la
gloire à l’oubli].
7 Spécialiste des relations culturelles franco-hongroises, auteur de tels ouvrages comme A
relativitás irodalma [La littérature de la relativité] et Egyén és közösség: Jean-Paul Sartre Critique de
la raison dialectique című műve a magyar recepció tükrében [Individu et communatué : l’ouvrage
232
l’Université de Pécs, a présenté son sujet multidisciplinaire, Sartre en
Hongrie : une question d'idéologie(s), qui a contribué à la meilleure connaissance
de la réception hongroise de l’écrivain et philosophe français, Jean-Paul
Sartre. Ferenc Dávid 8 , enseignant de l’Université Nationale de Service
Public, a parlé du dernier volume de la série Dialogue portant le titre La
France, les Francais en guerre(s) et l’Europe médiane qui contient les actes du
colloque de la rencontre professionnelle organisée par l’Université de Pécs
tenue en 2014. La dernière intervention est liée au nom de Krisztián Bene9
qui s’est tenue sur un chapitre obscur des rapports franco-hongrois,
notamment sur les relations miltaires entre les deux pays lors de la
Seconde Guerre mondiale (Les relations militaires franco-hongroises pendant la
dernière guerre).
Le troisième colloque organisé autour de la même thématique et tenu
dans une ambiance familiale a certainement enrichi nos connaissances
dans ce domaine intéressant dont plusieurs aspects attendent encore la
découverte scientifique.
La collaboration militaire française dans la Seconde Guerre mondiale et A Francia Antibolsevik Légió a
keleti hadszíntéren [La Légion des volontaires français contre le bolchevisme sur le théâtre
d’opérations de l’Est].
233
Mikó Melinda
Értékek és érdekek
Mozzanatok a francia-magyar kapcsolatok
történetéből a jelenkor kihívásai tükrében
Bene Krisztián, Dávid Ferenc (szerk.), Entre coopération et antagonismes. Les
dimensions des relations franco-hongroises, de l'époque moderne à l'intégration
européenne, Codex, 2014, 165 o.
Bevezetés
Pécsett a Pécsi Tudományegyetem, a Nemzeti Közszolgálati Egyetem és a
Magyar Tudományos Akadémia szervezésében 2013. március 13-án
tudományos konferenciát rendeztek Entre coopération et antagonismes. Les
dimensions des relations franco-hongroise, de l’époque moderne à l’intégration
européenne címmel (Együttműködés és ellentétek. A francia-magyar
kapcsolatok az újkortól az európai integrációig). A konferencián
elhangzott előadások 2014-ben tanulmánykötetbe szerkesztve jelentek
meg francia nyelven. A recenzió a kötet legérdekesebb tanulmányait
mutatja be a jelen politikai-gazdasági kontextus tükrében.
A tanácskozás célja a francia-magyar diplomáciai, katonai, gazdasági
és kulturális kapcsolatok áttekintése volt a XVIII. századtól napjainkig
terjedő időszakban, a legújabb kutatási eredmények alapján. A kötetben a
tanulmányok a témák kronológiai sorrendjében követik egymást.
Magyarország és Franciaország viszonyát hagyományosan
másodrendű viszonylatnak szokás tekinteni a német-magyar
kapcsolatokkal összevetve. Kétségtelen, hogy Franciaország történelmileg
meghatározott európai identitása, amely az európai észak – déli
összekötőkapocs szerepben írható le, sem földrajzi, sem kulturális
értelemben nem érinti Magyarországot. A NATO-ban és az Európai
Unióban közös szövetségi rendszerhez tartozunk, azonban Párizs és
Budapest ma is alapvetően különböző külpolitikai orientációval
rendelkezik. A francia diplomácia EU-n kívüli érdeklődése és érdekei
elsősorban a hozzá közeli Mediterráneum felé irányulnak, míg
Magyarország ilyen irányú külpolitikai prioritásait a tőle keletre és délre
fekvő szomszédos területek jelentik. A két ország diplomáciatörténete
azonban azt bizonyítja, hogy bizonyos korszakokban (pl. a két világháború
között vagy De Gaulle, illetve Mitterrand idejében) Franciaország és
Kelet-Közép-Európa kapcsolatai – még ha a francia-orosz viszonylat
függvényében is – intenzívvé válhatnak.
Napjainkban is fennmaradt tehát a kérdés, hogy a francia-magyar
kapcsolatok tekintetében a történeti vagy a geopolitikai adottságok
235
hangsúlyosabbak, illetve módosíthatók-e, felülírhatók-e a diplomáciai
érintkezés tradicionális alapjai? A konferencia előadásai ezen kérdések
megválaszolásához kívánnak segítséget nyújtani.
Tanulmányok
A konferencia egyik szervezőjeként Bene Krisztián hadtörténeti
témakörben a francia-magyar együttműködés egy különleges példáját
elemzi legújabb kutatásai alapján (Les soldats de la Grande Armée et leur
souvenir à Pécs). A napóleoni háborúk egyik epizódjaként számon tartott
Raab-i, avagy győri csata következményeként kb. ezer sérült francia
katonát szállásoltak el Pécsett és a környező településeken 1809
augusztusától 1810 tavaszáig. A Baranya megyei és a nemzeti levéltári
források rendkívül érdekes képet adnak egyrészt a korabeli háborús
események mindennapjainak hátteréről, másrészt arról a diplomáciai
szokásjogról, amely a csatákban megsérült katonák ellátására vonatkozott.
A megfelelő és méltányos gyógyulási feltételeket a külföldi betegek
számára a pécsieknek akkor is biztosítania kellett, ha ez jelentős anyagi
terhet rótt a városra, illetve ha az ellátás járványveszéllyel járt a lakosságra
nézve. Mindenesetre a Baranyában kezelt francia katonák közül számosan
felgyógyulva Pécsen maradtak és ott alapítottak családot, kialakítva ezzel a
francia-magyar kapcsolatok helyi példáit.
Szász Géza tanulmánya (La Hongrie de l’ère de réformes dans la Revue de
Paris)a francia közvélemény számára megjelenő, a reformkori
Magyarországról alkotott képet mutatja be a Júliusi Monarchia
Franciaországában, a Revue de Paris politikai magazin hasábjain megjelent
írások alapján.
Szász hangsúlyozza, hogy a sajtó által kialakított kép – műfaji
sajátosságaiból és korlátaiból adódóan – szükségképpen torzít, és semmi
esetre sem tekinthető objektív reprezentációnak. Az 1829-es cikk csupán
futólag említi Magyarországot egy virtuális utazás célpontjaként, míg az
1840-es, illetve 1845-ös megjelenésű írások közös vonása, hogy
másodkézből származó, nagyobb részt osztrák eredetű információk
alapján készültek, amely nézőpont természetes módon tükröződik a
leírásokban. Magyarország, mint a bécsi udvar által irányított, mind
gazdasági, mind társadalmi értelemben elmaradott ország jelenik meg,
melynek modernizációját az osztrák kormány próbálja elősegíteni. A
második (1840-es) írás az osztrák-magyar gazdasági kapcsolatok
vonatkozásában használja a gyarmatosítás, illetve a kizsákmányolás
fogalmakat, melyek a magyar elit szótárának szerves részét képezték.
A tanulmány témájának relevanciája a mai magyar közbeszéd
tekintetében egyértelműen látható. A személyes tapasztalatok hiányában
másodkézből és egyetlen forrástól származó információkból építkező
újságírás Magyarországgal kapcsolatban még ma is gyakran jellemzi a
236
francia sajtó legkiemelkedőbb orgánumait is. Manapság a sajtó szerepe a
politikai diskurzus befolyásolásában és az értelmezési keretek
kialakításában megsokszorozódott a XIX. századhoz képest, épp emiatt
tűnik jelentős problémának a francia-magyar kapcsolatok tekintetében,
hogy Magyarország reprezentációja a francia médiában túlnyomóan
negatív.
Majoros István a francia-magyar kapcsolatok szempontjából
legkritikusabb történelmi időszakot, az első világháború és az azt
közvetlenül követő időszak francia külpolitikai törekvéseit tárgyalja (A la
recherche d’une alliance nouvelle, l’Europe centrale et orientale dans les projets français,
1916-22).Az elemzés levéltári forrásokra támaszkodva mutatja be
Franciaország nagyhatalmi diplomáciájának stratégiai irányvonalát. Ebből
egyértelműen kitűnik, hogy Párizs Kelet- és Közép-Európa politikája
egyforma intenzitással fókuszált a Németországhoz, illetve az
Oroszországhoz fűződő viszonyra, a kelet- és közép-európai térség kisebb
államairól alkotott víziók, tervek pedig a francia-német-orosz háromszög
függvényei voltak. A francia diplomáciai jelentésekből kitűnik, hogy Párizs
a békeszerződések aláírása előtt még nem tartotta kizártnak, hogy
Budapestet a német orientációt visszaszorítva a francia érdekszférába
vonja. Majoros rámutat, hogy az ismert okok – IV. Károly visszatérési
kísérlete illetve Edvard Beneš követelése – mellett a bolsevikok
hatalomátvétele és a francia-orosz szövetség megszűnése váltotta ki a
francia külpolitika szlavofil irányváltását Párizs Kelet-Európa
stratégiájában, melynek következménye a Románia, Csehszlovákia és
Jugoszlávia részvételével létrehozott cordon sanitaire volt.
Matthieu Boisdron tanulmánya (Les accords de Bled (1937–1938)már
ezen politikai szövetség, a Kisantant megszűnésének folyamatát mutatja
be. A 30-as évek második felére a növekvő német befolyás
megakadályozására Párizs és a Kisantant államai jelentős erőfeszítéseket
tettek abban az irányban, hogy Magyarországot kivonják a
tengelyhatalmak, különösen Németország érdekszférájából. A
Magyarország, illetve Románia, Csehszlovákia és Jugoszlávia között 1937-
ben meginduló tárgyalásokban Franciaország közvetítő szerepet játszott,
mivel a legnagyobb mértékben érdekeltnek mutatkozott abban, hogy egy
Magyarországgal immár kiegyensúlyozott kapcsolatot fenntartó, de
továbbra is francia érdekeket megjelenítő Kisantant akadályt képezzen
Németország térségbeli ambíciói számára. 1938 augusztusában Bled-ben
hosszas tárgyalásokat követően aláírtak egy egyezményt, melyben a felek
kölcsönös engedményeket tettek: Magyarország lemondott az erőszak
alkalmazásáról a trianoni békeszerződésben tőle elcsatolt területek
kapcsán, miközben de facto engedélyt kapott a békeszerződésben rá
vonatkozó katonai korlátozások feloldására, a magyar kisebbségek
helyzetének rendezése azonban függőben maradt. Az ellentétek rendezése
237
csak látszólagos volt. A diplomáciai források szerint ugyanis Ausztria
annektálását (1938. március) követően Franciaország nem látott már
lehetőséget arra, hogy Magyarországot kivonja a német befolyási övezet
jelentette kényszerpályáról, Budapest pedig már az egyezmény előtt
meghirdette fegyverkezési programját. Németországnak ellenben sikerült
a magyar – kisantant tárgyalási folyamatot kívülről befolyásolni oly
módon, hogy Csehszlovákia elszigetelésével a müncheni szerződést
készítse elő, amely megegyezés gyakorlatilag a Kisantant felbomlását, s a
francia közép-európai érdekszféra teljes felszámolását jelentette.
Érdemes megjegyezni a korszakkal kapcsolatban, hogy a kelet-közép-
európai államok mai viszonya összehasonlíthatatlanul
kiegyensúlyozottabb. Ebben nem elhanyagolható szerepe van az Európai
Unió integráló hatásának, amely már a csatlakozást megelőző és az azt
követő időszakban is az együttműködést ösztönözte az országok között
különösen az etnikai kisebbségeknek – az Unióban is kényesnek számító –
témájában. 2010-et követően azonban a magyar kormány a
szomszédságpolitika tekintetében szemléletváltást vezetett be, amellyel
kapcsolatban a nemzetpolitika kifejezés jelzi a hangsúlyeltolódást. Eddig a
szomszéd országokkal folytatott kapcsolatokban a kisebbségi kérdés
mintegy teherként jelent meg, 2010-től azonban a kormány a határon túli
kisebbségeket új gazdasági és demográfiai potenciálként értelmezi.1
Dávid Ferenc a francia-magyar államközi kapcsolatok egy speciális
szegmensével, a magyar titkosszolgálat működésével foglalkozik az 1940-
es években (Les services de renseignement militaires hongrois et la Franceau début des
années 1940). A második világháború alatt a két ország viszonyát az a tény
határozta meg, hogy Budapest és Párizs nem állt hadiállapotban egymással.
A magyar titkosszolgálatok ezért Franciaországot nem sorolták az első
számú célpontok közé, ugyanakkor a magyar hírszerzés intenzív
tevékenységet folytatott francia területen.
A katonai kapcsolatok, illetve a hírszerzés speciális működési
területévé vált a német táborokból elszökött francia hadifoglyok
magyarországi tartózkodása. Magyarország menedékjogot adott a
területére menekülő francia katonáknak, akik kivételes bánásmódban
részesültek a magyar állam részéről, a német hatóságok folyamatos
rosszallása ellenére is. A magyar vezetés a menekültnek nyilvánított francia
katonák jelenlétét a német befolyás kiegyensúlyozására kívánta
felhasználni. Budapest és a Vichy-kormány jó kapcsolatainak
köszönhetően azon franciák, akik hazájukba szerettek volna távozni, a
budapesti francia nagykövetségen hamis névre kiállított francia útlevélhez
juthattak. A keleti fronton bekövetkező háborús események hatására
1http://www.3szek.ro/load/cikk/66516/nemeth_zsolt:_osszhangot_nemzet-_es_
szomszedsagpolitika_kozott, 2015.07.19.
238
Magyarország a területén tartózkodó francia katonákra, mint egy esetleges
nyugati megszálló erő magjára tekintett. A magyar kormány képviseltette
magát mind a németek által megszállt területen, mind a Vichy-kormány
területén, de diplomatái által igyekezett a kapcsolatot teremteni és
fenntartani a de Gaulle által vezetett Szabad Franciaországgal, illetve az
Ellenállással is.
A háború alatti magyar-francia kapcsolatok tekintetében az 1944
márciusi német megszállás radikális változást hozott. A német hatóságok
az országban tartózkodó francia katonák menekült státuszát
megszüntették, ugyanakkor a magyar hatóságoknak sikerült elérniük, hogy
a többség hamis dokumentumokkal elkerülje a német letartóztatást. 1944
októberét követően, a Szálasi-kormány letartóztatta a francia katonákkal
együttműködő magyar titkosszolgálat vezetőjét, a szervezetet feloszlatta és
Nemzeti Számonkérés néven új hírszerzést állított fel.
Magyarország szerepe a második világháborúban, illetve a magyar
politikai és katonai vezetés felelőssége az események alakulásában jelenleg
is éles viták tárgyát képezi a közéletben, melyek szakmai és politikai síkon
egyaránt zajlanak. A leginkább vitatott terület Magyarországnak
Németországhoz, illetve a nyugati demokráciákhoz fűződő viszonya a
háború alatt. A tanulmány – tényadatokra hivatkozva – jelentős mértékben
árnyalja a magyar fél háborúban betöltött szerepéről alkotott sematikus
képeket: sem az „utolsó csatlós”, sem a németek szorításában
magatehetetlen Magyarország portréját nem támasztja alá. Ellenben
felhívja a figyelmet Budapestnek a legnehezebb körülmények között is
fenntartott nyugati kapcsolataira, különös tekintettel a francia viszonylatra.
Bernard Lachaise tanulmánya a közelmúlt egyik kiemelkedő francia
személyisége, François Mitterrand politikáján keresztül tárgyalja a francia-
magyar államközi kapcsolatokat, bizonyos kitekintéssel a rendszerváltás
előtti, szocialista időszakra is(François Mitterrand et la Hongrie, un nouveau
départ pour les relations franco-hongroises ?).
Mitterrand 1981 és 1995 között töltötte be a francia köztársasági
elnöki pozíciót, s e két hét éves elnöki mandátum különleges történelmi
időszakra esett. A hidegháború és a bipoláris világ felszámolása, a
Szovjetunió és a berlini fal megszűnése, a kelet-közép-európai
rendszerváltások, s nem utolsósorban, az európai integráció
elmélyülésének folyamata mind a francia külpolitika jelentős
hozzájárulásával zajlott le.
Lachaise kiemeli, hogy a 80-as években Mitterrand Franciaországa
nagyra értékelte a szocialista táboron belüli magyar külön út gazdasági-
társadalmi pragmatizmusát, nyitottságát a Nyugat irányában. A Quai
d’Orsay figyelmét nem kerülte el, hogy Budapest sikerének kulcsa a
hatalom és a lakosság között létrejött konszenzus, ami a szovjet blokk
államai között egyedülálló vívmánynak számított. Párizsból talán a
239
valóságosnál harmonikusabbnak látszott a magyar fejlődés, mert a francia
vezetést meglepetésként érte az 1989-es „csodák éve”. A volt szocialista
országok azon igényére, miszerint mielőbb szeretnének a nyugati
szövetségi rendszerek, a NATO és az európai integráció tagjaivá válni,
Párizs – a lassú átmenet híveként – visszafogottan reagált. Mitterrand
víziója az ún. Európai Konföderációról a gyakorlatban a kétsebességes
Európa megvalósulását jelentette volna egy – az akkori 12-ket tömörítő –
belső körrel és egy lazábban kapcsolódó, a volt szocialista blokk
országaiból álló külső körrel. Ami kifejezetten a magyar-francia viszonyt
illeti a rendszerváltást követően, Mitterrand komoly erőfeszítéseket tett az
irányban, hogy Párizs és Budapest kapcsolatai új alapra helyeződjenek,
illetve a szocialista érában kialakított jó viszony új lendületet kaphasson. A
francia diplomácia e kelet-európai politikai offenzívája ugyan nem hozott
áttörést, a francia-magyar gazdasági és kulturális kapcsolatok ellenben
gyors fejlődésnek indultak 1990 után, bár tény, hogy alapvető geopolitikai
adottságokat azóta sem sikerült felülírni, vagyis a francia gazdasági
szereplők jelenlétének aránya Magyarországon nem éri el a németekét.
Erre a gondolatmenetre reflektál Gazdag Ferenc tanulmánya, mely a
jelen politikai kontextusában mutatja be és értelmezi a francia-magyar
kapcsolatokat (2013 – Perspectives sur le paysage boulversé des relations franco-
hongroises). Gazdag a címmel is érzékelteti, hogy Párizs és Budapest
viszonyában egy konfliktusoktól nem mentes szakaszhoz érkeztünk.
Gazdag a tanulmányában a 2010-es magyarországi kormányváltást,
mint belpolitikai, külpolitikai és gazdaságdiplomáciai területen történő
irányváltást elemzi. A jobboldali kormány új orientációját a francia média
különösen negatív felhanggal kezelte. A Magyarországról a francia
közvélemény számára kialakított képhez jelentősen hozzájárult az a
gyakorlat, hogy bizonyos, demokratikus deficitként kezelt témákat a
francia sajtó folyamatosan napirenden tartott, mint pl. a szélsőjobb
térnyerése, a kormányzás autoriter jellege, a politikai ellenfelek elnyomása,
antiszemitizmus. Annak ellenére, hogy a különböző – köztük
mértékadónak számító – sajtóorgánumok több alkalommal téves, nem
ellenőrzött, csupán másodkézből származó információkból kiindulva
közöltek anyagokat, a helyreigazításoknak ritkán biztosítottak helyet.
Gazdag a 2010 óta alkalmazott protekcionista jellegű gazdaságpolitika
magyarázataként a rendszerváltás óta követett neoliberális irányvonal
hiányosságait és az országra nézve hátrányos következményeit mutatja be.
A washington-i konszenzus alapján végrehajtott gazdaságpolitika –
liberalizáció, dereguláció és privatizáció – Magyarországra rövid idő alatt
nagy mennyiségű működő tőkét vonzott, a külföldi tőkeerős cégek
megjelenése azonban a rövid távon érzékelhető hasznok mellett hosszú
távon nehezen kezelhető gazdasági-társadalmi károkat eredményezett:
teljes ágazatok, vállalatok gyors privatizációja a munkanélküliség
240
folyamatosan magas szintjét hozta létre, miközben a gazdaság legfőbb
szektoraiban a külföldi tőke aránya – a magyar gazdaság fejlődése
szempontjából – egészségtelenül magas szintet ért el. Ebben a
folyamatban a francia cégek is jelentős részt vállaltak: a legnagyobb francia
multinacionális cégek kivétel nélkül megjelentek a magyar piacon.
Több mint 20 évvel a rendszerváltás után azt kell megállapítanunk,
hogy a kelet-közép-európai országok, köztük Magyarország gazdasági
teljesítményének konvergenciája a nyugati magállamokhoz képest nem
következett be a szakértők által elvárt mértékben. Erre a helyzetre kívánt
reagálni a 2010-ben megalakult magyar kormány egy úgymond „patrióta”
gazdaságpolitikai iránnyal. Bizonyos szektorokban működő
multinacionális cégek kiszorítása a magyar piacról francia vállalatokat is
érintett, ami érthető módon konfliktusokat idézett elő a két ország
kapcsolatában.
Gazdag Ferenc a tanulmányban arra igyekszik rámutatni, hogy a
francia-magyar kapcsolatokban jelenleg tapasztalható feszültség okai
alapvetően gazdasági természetűek. Ezzel egyetértve a recenzió szerzője
szeretne némi elméleti kiegészítést tenni Magyarország diplomáciai
helyzetére vonatkozóan a Gazdag tanulmányban felsorakoztatott érvek
alátámasztására.
2014 májusától a korábbi Külügyminisztérium nevet a Külgazdasági és
Külügyminisztérium váltotta fel. A külgazdaság fogalmának megjelenítése a
hivatal nevében erőteljes hangsúlyváltást tükröz a gazdasági diplomácia
felé, e terület előtérbe helyezését irányozza elő. A magyar külpolitika
pragmatikus, elsősorban haszonelvű irányváltása olyan gyakorlat, amelyet
nálunk fejlettebb gazdasággal és hosszabb önálló diplomáciai tapasztalattal
rendelkező nyugati államok – például Franciaország – már évszázadok óta
működtetnek saját országuk jobb külkapcsolatai, nagyobb
érdekérvényesítő képessége érdekében.
A téma kapcsán felmerülő diplomáciaelméleti kérdésben, hogy
tudniillik egy ország külpolitikáját milyen mértékben szükséges vagy
érdemes érték alapon, illetve pragmatikus módon irányítani, az új magyar
külpolitikai vezetés egyértelműen a realista iskola képviselőjének
mutatkozik. 2 A KKM jelenlegi megítélése szerint a rendszerváltás óta
követett, a maga korában helyes, de bizonyos értelemben doktriner
jegyeket mutató külügyi vonalvezetés módosításra szorul. A kizárólag
értékelvű, a nyugati liberális demokrácia és piacgazdasági modell, illetve
egyaránt közös politikai és gazdasági érdekek mentén fenntartott külügyi
kapcsolatok mellé fel kell zárkóztatni olyan kapcsolatrendszereket,
melyeket kizárólag a kölcsönös gazdasági előnyök motiválnak, a
nemzetközi gazdaságban ugyanis a nagyobb növekedési potenciál a
2 Lásd bővebben: Kissinger, Henry (2008): Diplomácia. Panem Kiadó Kft., Budapest.
241
Nyugaton kívül található. Ezért a magyar külügyi kapcsolatok
diverzifikálása szükséges a nyugati világon kívüli területek irányában.3
A kormány külpolitikai irányváltását nem csupán pragmatikus
szempontok motiválják, hanem jól láthatóan egy, a nemzetközi
kapcsolatok és a geopolitika tudományának közismert, a globalizáció egyre
intenzívebbé válásával párhuzamosan előtérbe kerülő elméletén,
Wallersteinvilágrendszerekkoncepcióján alapszik.4
Immanuel Wallerstein az 1960-as évektől dolgozta ki a nemzetközi
gazdaságtan és kapcsolatok területén az ún. világrendszerek elméletet. A
világgazdaság alapvető problémájaként az egyenlőtlen fejlődés
jelenségének kialakulását jelölte meg. Alapvetései a következő állításokat
tartalmazzák:
- a modern tőkés gazdaság a kapitalista árutermelés folyamatos
expanziójára épül, amely szükségképpen feltételezi a nemzetgazdaság
feletti entitás – világgazdaság – kialakulását
- a tőkés világgazdaság lényege a munkamegosztás – egyrészt
univerzálisan a tőke / munka, vagyis tulajdon / tulajdonnélküli
vonatkozásában; másrészt földrajzi értelemben is munkamegosztás zajlik a
világ különböző területei között a javak előállítása és a külkereskedelem
kapcsán
- a csere azonban nem egyenértékű, hanem voltaképpen
kizsákmányoláson alapszik, mivel
- a modern tőkés világgazdaság létrejötte óta a profitráta süllyedő
tendenciája jellemző, ami
- szükségképpen regionálisan hierarchikus, egyenlőtlen fejlődéshez
vezet, ahol a régiók földrajzi / gazdasági leképeződéseként a centrum –
félperiféria – periféria – külső aréna viszonyrendszer alakul ki és működik
folyamatosan
- a világgazdaság attribútuma továbbá a ciklikus fejlődés (Kondratyev-
ciklusok), mely egyenlőtlen formában, váltóciklusokként jelenik meg a
centrum – periféria viszonylatban
- a technikai fejlődés központi szerepet játszik a profit süllyedő
tendenciájának megállításában
- a technikai innovációk nemzetköziesedése szükségképpen a modern
világgazdaság végső stádiumához vezet, melynek kétféle kimenetelét
tételezi: vagy egy homogén világtársadalom, vagy a barbárság kora jön el
Wallerstein szerint a globalizáció mai formája valójában nem jelent
radikálisan új minőséget a világgazdaságban, csupán arról van szó, hogy
3 http://2010-2014.kormany.hu/hu/kulugyminiszterium/globalis-ugyekert-felelos-
helyettes-allamtitkarsag/hirek/a-globalis-nyitas-politikaja, 2015.07.19.
4 Lásd bővebben: Wallerstein, Immanuel (2010): Bevezetés a világrendszer elméletbe.
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egy több évszázados ciklikus folyamat újabb - talán utolsó - szakasza
érkezett el, mely korszak legalapvetőbb jellegzetessége a fosszilis
energiahordozók, nyersanyagok kimerülése a Földön. Az elméletből
következően Wallerstein a nemzetközi gazdaságban az egyenlőtlenségek
mérséklését tartja a legfontosabb célkitűzésnek.
Ezen rendszer szerint Magyarország a világgazdaságban a félperiférián
helyezkedik el, történelmi időtávra visszatekintve is. Jelenleg az Európai
Unió részeként magában az integrációban is félperiférikus a helyzetünk. A
külügyi vezetés 2010-től magáévá tette ezt a helyzetelemzést, s így a
kormány számára a legfőbb prioritássá vált ennek az állapotnak a pozitív
irányba történő megváltoztatása, ezáltal pedig a félperiférikus helyzetből
adódó hátrányok kiküszöbölése.
Az új magyar külpolitikai doktrína korántsem jelenti azonban
Wallerstein elmélete minden elemének beépítését, fontos pontokon eltér
attól. A világrendszerként működő világgazdaság koncepciójában a
legmeghatározóbb entitások nem az államok/nemzetgazdaságok, hanem a
társadalmak különböző osztályai. Wallerstein szerint a nemzetközi
gazdaságban megjelenő kapcsolatok legmélyebb és legalapvetőbb szintje a
különböző társadalmi osztályok között fennálló érdekellentétek mentén
írható le. Ezzel ellentétben a magyar külpolitika az államot, mégpedig a
nemzetállamot tételezi a nemzetközi kapcsolatok legfőbb szereplőjeként, s
ennek megfelelően erőteljes nemzeti érdekérvényesítő – az uniós
versenyjogi keretek között egyensúlyozó protekcionista - politikát folytat,
adottságaihoz mérten államhatárain kívül is.
Összegzés
Franciaország és Magyarország több évszázadra visszatekintő kapcsolatai
tekintetében ismét olyan időszakhoz érkeztünk, amikor érdemes mérleget
vonni. A két ország mindenkori ambivalens viszonyát jól jellemzi a
konferencia címéül szolgáló mottó: együttműködés és ellentétek.
Figyelembe véve, hogy Párizs és Budapest immár több mint egy évtizede
közös szövetségek tagjai (NATO, EU), megállapítható, hogy történelmi
léptékben mérve a kapcsolatok hosszú távú alapja az együttműködés,
miközben középtávon – eltérő gazdasági perspektívák mentén –
érdekellentétek keltenek feszültséget a két állam között. Az európai
integrációban azonban olyan változások vannak napirenden – az eurózóna
esetleges további intézményes elkülönülésével és mélyebb integrációjával –
, melyek a tagországok egymáshoz való viszonyát jelentősen
átrendezhetik. 5 Ez az időszak fordulópontnak bizonyulhat a francia-
magyar kapcsolatok vonatkozásában is, hiszen ezen elgondolás szerint
5 http://www.theguardian.com/commentisfree/2015/jun/03/europe-france-germany-eu-
eurozone-future-integrate, 2015. 07. 13.
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Magyarország az Unió külső körébe tartozna, s még ha a Németországhoz
fűződő exkluzív partneri viszony nem is kerülne veszélybe, a
Franciaországgal fenntartott kapcsolatokat bizonyosan negatívan érintenék
az új európai viszonyok.
A kötet tanulmányai különböző történelmi időszakokban többféle
aspektusból világítanak rá a francia-magyar viszony jellegzetességeire: a
geopolitikailag meghatározott negatív mintákra (ellentétes szövetségi
rendszerekben való részvétel) éppúgy, mint azokra a mozzanatokra és
szférákra, melyek a kapcsolatok pozitív irányba mozdítását teszik lehetővé
(személyes és kulturális kapcsolatok, szimpátiák, pozitív országimázs
kialakítása). A téma legújabb kutatási eredményeinek bemutatása
jelentősen hozzájárulhat az aktuális francia-magyar helyzet értékeléséhez, a
megfelelő politikai döntések meghozatalához. Tekintettel arra, hogy a
tervek szerint az Európai Unió alapját Németország és Franciaország
együttműködése jelenti a jövőben is, Magyarország számára feltétlenül
célszerű lenne – a negatív történelmi mintákat felülírva –, hogy
diverzifikálja az Unión belüli szövetségi kapcsolatait, aminek keretében a
hagyományos német orientáció mellé felzárkózhatna a francia kapcsolat.
Felhasznált irodalom
KISSINGER, Henry (2008): Diplomácia. Panem Kiadó Kft., Budapest
WALLERSTEIN, Immanuel (2010): Bevezetés a világrendszer elméletbe.
L’Harmattan Kiadó, Budapest
Internetes források
http://www.3szek.ro/load/cikk/66516/nemeth_zsolt:_osszhangot_nemz
et-_es_szomszedsagpolitika_kozott, 2015.07.19.
http://2010-2014.kormany.hu/hu/kulugyminiszterium/globalis-ugyekert-
felelos-helyettes-allamtitkarsag/hirek/a-globalis-nyitas-politikaja,
2015.07.19.
http://www.theguardian.com/commentisfree/2015/jun/03/europe-
france-germany-eu-eurozone-future-integrate, 2015. 07. 13
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Rafael Ákos Szabó
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de l’esthétique et le positivisme français doublé du néokantianisme. Péter
Zóka effectue ses recherches sur les humanités étatiques françaises dans la
philosophie historique de Bernát Alexander, prenant dans l’ordre
l’importance de Montesquieu, de Taine et de Renan.
Le moine jésuite théologien Ferenc Szabó observe de près le rôle
d’intermédiaire de Valéria Dienes en relation avec l’univers de pensée de
Bergson, et le place par rapport aux manières de penser de Pierre
Theilhard de Chardin et d’Ottokár Prohászka. Suite à la présentation de la
relation professeur-élève entre Bergson et Dienes, c’est sur le lien très
étroit de cette dernière avec la religion catholique que l’auteur se focalise.
Les amitiés entre Bergson et Chardin, et entre Dienes et Prohászka se
rejoignent dans le manuscrit de la philosophe portant le titre
d’Eszméletcsere (littéralement : Échange de conscience), à travers un
dialogue fictif entre Bergson et Prohászka. Considérant ceci d’un point de
vue d’histoire de la philosophie, l’écrit suivant se joint étroitement au
précédent, au sein duquel Adrián Bene analyse la réception hongroise
d’Emile Boutroux, de grande importance au tournant du siècle mais de
nos jours quelque peu tombé dans l’oubli. Ce dernier, ayant eu pour élève
Bergson, à la renommée bien plus grande que Boutroux lui-même,
Durkheim et Blondel, fut le penseur prônant « [la mise au centre de] la
liberté et [de] l’intuition face au physicalisme », membre de l’Académie
Française à partir de 1912, et un an plus tard, celle Hongroise aussi. Sa
réception la plus intense date des années 1910 grâce d’abord au travail de
traduction du jeune Béla Fogarasi. Son importance est due à ce qu’il fut
une des grandes figures de la « nouvelle philosophie scientifique » aux
côtés de Poincaré, Milhaud entre autres. Outre cela, il a eu un rôle
important dans « l’analytique transcendantale, la pensée métaphysique
antipositiviste et le renforcement du néoidéalisme ». En Hongrie en
revanche il allait déjà être oublié quelques années plus tard, alors que « ses
contemporains le considéraient en tant que représentant de choix de
l’esprit français, tout autant en France que dans le monde, incluant les
régions linguistiques allemande et anglo-saxonne aussi. » Cela étant dit, à
partir des années 1920 jusqu’à aujourd’hui, peu se sont intéressés à lui,
bien que entre ceux-là nous trouvons les plus grands historiens de la
philosophie et théologiens comme par exemple József Halasy-Nagy,
Sándor Makkai et József Trikál.
Róbert Somos, directeur de l’Institut d’esthétique et de philosophie de
l’Université de Pécs présente les références françaises apparaissant dans la
philosophie d’Ákos Pauler. Celui-ci d’ailleurs possédait une réception de
son œuvre, lui-même a publié des travaux en français, et avait fait en 1922,
lors du congrès de pédagogie morale de Genève, une communication dans
cette langue, contribuant également au travail de la Commission
Internationale de Coopération, ancêtre de l’UNESCO, en tant que
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collaborateur de la Société hongroise d’Affaires Étrangères, au sein de
laquelle le français était langue de communication. Ceci dit, au centre de
l’étude ce sont les influences françaises – et en premier lieu de sa jeunesse
– qui figurent : Auguste Comte, Hippolyte Taine et Jean-Marie Guyau,
Henri Bergson. Bien que pour l’élaboration de sa version de l’idéalisme
logique, ce sont les philosophes allemands qui charpentèrent sa pensée,
son repérage théorique de connaissance par contre c’est son séjour
parisien de 1901 qui fut déterminant. Somos révèle les manuscrits non
publiés de Pauler nés à cette époque ainsi que l’influence de Jean-Marie
Guyau, au rôle pionnier, sur ceux-ci et ses écrits esthétiques plus tardifs,
de même que l’impact temporaire de la théorie de l’intuition de Bergson
sur sa métaphysique.
Tibor Szabó, professeur émérite de l’Université de Szeged fournit un
travail semblable sur József Halasy-Nagy. La source principale du
« personnalisme critique » de Halasy-Nagy est l’androcentrisme de la
philosophie française, vers lequel Pascal et Malebranche – certes, d’un
autre aspect que Descartes et ses disciples – convergent aussi. Ceci est vrai
concernant la période des Lumières également, à l’époque de laquelle c’est
D’Alembert qui exerça une influence sur lui, puis plus tard sur le
positivisme de Comte et Taine, et enfin sur la pensée de Bergson ou de
Boutroux. Ces impacts apparaissent généralement de manière directe dans
les analyses et ouvrages en français de Halasy-Nagy.
Szilárd Farkas place la réception hongroise de Kierkegaard au XXème
siècle dans un contexte international, en prenant principalement comme
base comparative l’historique d’influences française. L’étude décortique les
travaux médiateurs de Sándor Tavaszy, Béla Brandenstein, Sándor Koncz
et de bien d’autres également d’un point de vue d’intérêt pour
l’existentialisme.
Les articles qui closent l’ouvrage sont ceux respectivement d’Ildikó
Veres, de Katalin Thiel et de Katalin Virovecz. C’est d’abord la notion
auto-suffisante de Sartre, la conception du vide et de l’intégralité qu’on
confronte aux notions du vide de Károly Böhm et de József Révay – de
manière quelque peu injustifiée et anachronique – vu qu’il n’est question
d’aucun lien véridique. Katalin Thiel révèle les inspirations françaises de
Béla Hamvas, en mettant l’accent sur René Guénon. En dernier lieu, on
découvre les racines de la notion d’ « inversion morale » de Mihály Polányi
remontant jusqu’aux Lumières. Au sein de sa théorie philosophique
construite « sur le savoir personnel » et « sur le savoir tacite », c’est au
scepticisme radical, évolué à partir du rationalisme des Lumières, qu’il
s’oppose.
L’ouvrage dans son intégralité peut être qualifié sans prétention de
travail comblant un vide au sein du discours philosophique, sans pour
autant prétendre à l’exhaustivité, avec un espoir de motiver d’autres
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recherches à l’avenir, outre le fait qu’il a réussi à donner un survol
informatif et récapitulatif clair de ce réseau communiquant non
négligeable d’historique d’influences.
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Nos auteurs
Adrián Bene : chercheur en littérature, Université de Pécs.
Krisztián Bene : historien, maître-assistant, Université de Pécs.
Péter Bereczki : enseignant-cherhceur en littérature, Université de Pécs.
Nicolas Catin : chercheur indépendant en histoire.
Miklós Horváth : étudiant, Université de Pécs.
Zsolt Máté : étudiant, Université de Pécs.
Anna Merczel : étudiante, Université de Pécs.
Melinda Mikó : doctorante en relations internationales, Université de Pécs.
Linda Németh : doctorante en littérature, Université Eötvös Lóránd de
Budapest.
Károly Sándor Pallai : chercheur indépendant en littérature.
Katinka Papp : doctorante en littérature,Université de Pécs.
Rafael Ákos Szabó : étudiant, Université de Pécs.
József Krisztián Szalánczi : doctorant en histoire, Université de Pécs.
ISBN : 978-963-429-071-1
ISSN : 2498-7301
Éditeur :
Département d’Études Françaises et Francophones
Faculté des Lettres
Université de Pécs
Éditeur responsable : Tamás Bereczkei
Imprimé par B-Press Digitális Nyomda
Responsable : Tamás Borbély
Format : B/5
2016