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CHAPITRE 7 – APPAREIL LOCOMOTEUR

Table des matières



ÉVALUATION DE L’APPAREIL LOCOMOTEUR .......................................... 7–1
Anamnèse et examen physique ....................................................... 7–1
Examen de l’appareil locomoteur ..................................................... 7–2
Diagnostic différentiel des symptômes
musculo-squelettiques dominants .................................................... 7–3
AFFECTIONS COURANTES DE L’APPAREIL LOCOMOTEUR .................... 7–5
Douleur cervicale ............................................................................ 7–5
Capsulite rétractile (épaule gelée), tendinite et bursite....................... 7–8
Syndrome de la coiffe des rotateurs ................................................. 7–9
Lésions acromio-claviculaires ........................................................ 7–11
Luxation gléno-humérale............................................................... 7–12
Épicondylite latérale (tennis elbow) ................................................ 7–13
Syndrome du canal carpien ........................................................... 7–14
Blessure du genou ........................................................................ 7–15
Entorse de la cheville.................................................................... 7–17
Lombalgies................................................................................... 7–19
Lumbago et sciatique .................................................................... 7–20
Goutte.......................................................................................... 7–22
Arthrose (arthropathie chronique dégénérative) .............................. 7–24
Polyarthrite rhumatoïde ................................................................. 7–26
URGENCES DE L’APPAREIL LOCOMOTEUR ........................................... 7–28
Arthrite septique ........................................................................... 7–28
Ostéomyélite ................................................................................ 7–29
Fractures des membres ................................................................ 7–30
Fracture de la clavicule ................................................................. 7–33

Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires Avril 2001


7–1

ÉVALUATION DE L’APPAREIL LOCOMOTEUR


ANAMNÈSE ET EXAMEN PHYSIQUE ÉVALUATION FONCTIONNELLE
Notez toute lacune dans les soins personnels :
GÉNÉRALITÉS hygiène, habillement, élimination, soins du corps,
Chaque symptôme doit être noté et examiné en mobilité, utilisation d’aides à la mobilité.
fonction des caractéristiques suivantes :
ANTÉCÉDENTS MÉDICAUX (APPAREIL
– Apparit ion (soudaine ou graduelle) LOCOMOTEUR)
– Évolution dans le temps
– Traumatismes antérieurs (p. ex. aux os, aux
– Situation actuelle (amélioration ou aggravation) articulations, aux ligaments)
– Localisation – Arthrite (polyarthrite rhumatoïde, arthrose)
– Irradiation – Diabète sucré (associé à un risque accru de
– Qualité syndrome du canal carpien)
– Fréquence et durée – Hypothyroïdie (associée à un risque accru de
– Sévérité syndrome du canal carpien)
– Facteurs déclenchants et aggravants – Immobilisation récente d’un membre
– Facteurs de soulagement – Médication (p. ex. corticostéroïdes)
– Symptômes associés – Allergies
– Répercussions sur les activités quotidiennes – Obésité
– Épisodes similaires diagnostiqués auparavant – Ostéoporose
– Traitements antérieurs – Cancer
– Efficacité des traitements antérieurs – Ménopause
SYMPTÔMES DOMINANTS – Déficit immunitaire (infection récente)

En plus des caractéristiques générales décrites plus haut, ANTÉCÉDENTS FAMILIAUX (APPAREIL
il faut explorer les symptômes spécifiques suivants. LOCOMOTEUR)
– Polyarthrite rhumatoïde
Os et articulations
– Diabète sucré
– Douleur, tuméfaction, rougeur, chaleur, raideur – Hypothyroïdie (associée à un risque accru de
– Moment de la journée où ces symptômes sont le syndrome du canal carpien)
plus incommodants – Ostéoporose
– Rapport des symptômes avec certains mouvements – Cancer (des os)
– Limitation des mouvements
– Déformations ANTÉCÉDENTS PERSONNELS ET SOCIAUX
– Signes extra-articulaires : urétrite, éruptions (APPAREIL LOCOMOTEUR)
pustuleuses, tophi, nodules – Absentéisme au travail ou à l’école (plusieurs
– Traumatisme : obtenez une description précise des jours)
circonstances dans lesquelles le traumatisme s’est – Risques professionnels (métier comp ortant des
produit (mécanisme de la blessure). mouvements articulaires répétés, p. ex. flexion des
Muscles genoux, extension)
– Activités sportives (en particulier les sports de
– Douleur contact)
– Faiblesse – Comportements à risque de blessures
– Atrophie (p. ex. motoneige, planche à roulettes, utilisation
– Blessures et traitements antérieurs de drogues injectables, abus d’alcool [notamment
Manifestations neurovasculaires conduite avec facultés affaiblies])
– Apport en calcium
– Paresthésie
– Tabagisme
– Parésie
– Habitudes en matière d’exercice
– Paralysie

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7–2 Appareil locomoteur

EXAMEN DE L’APPAREIL Palpation des articulations


LOCOMOTEUR Palpez chaque articulation (peau, muscles, os et
capsule articulaire) à la recherche des signes
Le but de l’examen de l’appareil locomoteur est suivants :
d’évaluer le fonctionnement et l’exécution des activités
de la vie quotidienne, et de noter les anomalies. Chez – Chaleur
la plupart des gens, un examen de dépistage suffit. – Tuméfaction
– Sensibilité
Bien que l’on aborde l’appareil locomoteur et le – Nodules, masses
système nerveux séparément dans ce guide (voir le
– Crépitation
chapitre 8, « Système nerveux central »), en clinique,
on les examine habituellement en même temps. – Instabilité ligamentaire
Amplitude des mouvements
GÉNÉRALITÉS
Demandez au client de vous démontrer l’amplitude
– État de santé apparent de ses mouvements (mobilisation active) pendant que
– Confort ou détresse apparente vous immobilisez la partie du corps située la plus
– Teint (rouge, pâle) près de l’articulation sollicitée. Si vous observez une
– État nutritionnel (obésité, maigreur) limitation, essayez de faire bouger vous-même
– Concordance entre l’âge apparent et l’âge déclaré délicatement l’articulation (mobilisation passive).

EXAMEN GÉNÉRAL DE L’APPAREIL Normalement, l’amplitude devrait être la même pour


LOCOMOTEUR les mouvements actifs et passifs.

Faites marcher le client dans la salle d’examen; Évaluation des muscles


observez sa démarche, sa posture et le recours à des – Vérifiez la force des principaux groupes
aides. Évaluez sa capacité d’effectuer les activités de musculaires (fléchisseurs et extenseurs) de chaque
la vie quotidienne (p. ex. s’asseoir, rester debout, articulation.
marcher, s’habiller).
– La force musculaire devrait être égale des deux
Examinez les art iculations dans l’ordre suivant, en côtés du corps et offrir une résistance complète à
comparant les deux côtés du corps. votre poussée en sens contraire.
– La force musculaire varie énormément d’une
– Articulation temporo-mandibulaire personne à l’autre.
– Rachis cervical
– Épaules Stabilité des ligaments autour des
articulations
– Coudes
– Poignets et mains – Déterminez la stabilité des ligaments latéraux de la
cheville.
– Hanches
– Genoux – Déterminez la stabilité des ligaments latéraux et
croisés des genoux.
– Chevilles et pieds
– Rachis lombaire État neurovasculaire
Inspection des articulations Inspectez les membres à la recherche des
caractéristiques suivantes :
– Symétrie de structure e t de fonction
– Observez l’alignement, la taille (masse musculaire, – Sensibilité
augmentation du volume osseux) et le contour de – Pouls
l’articulation. – Parésie
– Inspectez la peau et les tissus aux articulations : – Paralysie
couleur, tuméfaction, éruptions, masses ou
déformations. Cette partie de l’examen est particulièrement
importante lorsque le client a subi un traumatisme.
Le tableau 1 présente les symptômes associés aux
différents types de lésions musculo-squelettiques.

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Appareil locomoteur 7–3

Tableau 1 : Symptômes de lésions musculo-squelettiques


Symptôme Fracture Luxation Entorse (ligamentaire) Entorse (musculaire)
Douleur Aiguë Modérée-aiguë Légère-modérée Légère-modérée
Tuméfaction Modérée-prononcée Légère Légère-prononcée Légère-modérée
Contusions Légères-sévères Légères-sévères Légères-sévères Légères-sévères
Déformation Variable Prononcée Aucune Aucune
Fonction Perte de fonction Perte de fonction Limitée Limitée
Sensibilité Aiguë Modérée-aiguë Modérée Modérée
Crépitation Présentes Absentes Absentes Absentes

DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL DES


SYMPTÔMES MUSCULO-
SQUELETTIQUES DOMINANTS

CAUSES DE LA DOULEUR ARTICULAIRE Origine non inflammatoire

Origine inflammatoire – Arthrose


– Tendinite
– Ténosynovite – Lupus érythémateux disséminé
– Polyarthrite rhumatoïde – Arthropathie métabolique
– Polyarthrite virale (p. ex. hépatite B, virus Epstein - – Tumeurs
Barr)
– Anomalies mécaniques (p. ex. érosion du cartilage
– Arthrite septique (p. ex. Staphylococcus aureus, et des os)
streptocoques)
– Dyscrasie
– Maladie autoimmune (p. ex. pseudopolyarthrite
rhizomélique) – Anémie falciforme
– Rhumatisme articulaire aigu – Arthropathie neurogène
– Arthrite à complexe immun (p. ex. VIH) CAUSES DE LA DOULEUR CERVICALE
– Polyarthrite associée à des maladies générales
(p. ex. lupus érythémateux disséminé, maladie de Les causes de la douleur cervicale sont présentées au
Lyme, syphilis, endocardite bactérienne) tableau 2.

Tableau 2 : Causes de la douleur cervicale et des troubles du rachis cervical


Origine biomécanique Douleur projetée Origine rhumatologique Origine néoplasique
Entorse cervicale Syndrome du défilé thoracique Polyarthrite rhumatoïde Ostéoblastome
Hernie discale Tumeur de Pancoast Spondylite ankylosante Ostéochondrome
Spondylose Œsophagite Rhumatisme psoriasique Tumeur à cellules géantes
Myélopathie Angine Syndrome de Fiessinger- Hémangiome
Dissection vasculaire Leroy-Reiter Métastases
Origine infectieuse Myélopathie Myélome multiple
Origine neurologique Arthrite entéropathique
Ostéomyélite Chondrosarcome
Pseudopolyarthrite
Discite Plexite brachiale Chordome
rhizomélique
Méningite Pincement périphérique Gliome
Fibromyalgie
Zona Neuropathies Syringomyélie
Douleurs myoaponévrotiques
Maladie de Lyme Syndrome algodystrophique Neurofibrome
Hyperostose diffuse
idiopathique du squelette
Maladie microcristalline Origines diverses
Maladie de Paget
Sarcoïdose

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7–4 Appareil locomoteur

CAUSES DE LA DOULEUR À L’ÉPAULE CAUSES DE LOMBALGIES


Troubles intrinsèques Troubles mécaniques du rachis lombaire
– Arthrose gléno-humérale – Entorse sacro-lombaire
– Arthrose acromio -claviculaire – Discopathie dégénérative
– Arthrite septique – Syndrome des facettes articulaires
– Polyarthrite rhumatoïde – Spondylolisthésis
– Goutte – Hernie discale
– Coincement de la coiffe des rotateurs – Sténose du canal rachidien
– Rupture de la coiffe des rotateurs – Ostéoporose
– Tendinite du biceps – Fracture
– Rupture du tendon du biceps – Spondylolyse
– Tendinite calcifiante – Cyphose grave
– Capsulite rétractile – Scoliose grave
– Lésion traumatique des structures osseuses Maladies non mécaniques de la colonne
(p. ex. clavicule, articulation acromio-claviculaire,
articulation gléno-humérale) – Néoplasie (p. ex. myélome multiple, lymphome,
tumeur de la moelle épinière, carcinome
Troubles extrinsèques (douleur projetée) métastatique)
– Troubles du rachis cervical – Infection (p. ex. ostéomyélite, infection septique
– Neuropathie du plexus brachial du disque, abcès épidural)
– Douleurs myoaponévrotiques – Arthrite inflammatoire
– Syndrome du défilé thoracique – Spondylite ankylosante
– Irritation diaphragmatique – Spondylite psoriasique
– Maladie néoplasique – Maladie de Paget (tuberculose de la colonne
– Ischémie myocardique vertébrale)
Douleur projetée d’une maladie viscérale
La douleur de l’épaule peut provenir des structures
osseuses de l’articulation ou des muscles, ligaments – Prostatite
et tendons qui la soutiennent. La plupart des – Endométriose
problèmes d’épaules sont attribuables au surmenage – Infection génitale haute chronique
et à des traumatismes. – Calculs rénaux
– Pyélonéphrite
– Anévrisme de l’aorte
– Pancréatite
– Cholécystite
– Ulcère gastro-duodénal pénétrant

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Appareil locomoteur 7–5

AFFECTIONS COURANTES DE L’APPAREIL LOCOMOTEUR

DOULEUR CERVICALE La douleur neuropathique est en général décrite


comme une douleur vive, constante ou une sensation
de brûlure, et concorde habituellement avec le
DÉFINITION
territoire du segment nerveux affecté. Les
Dans le cadre des soins primaires, on doit souvent mouvements qui étirent le nerf ou les racines
traiter une douleur au cou aiguë et chronique. Cette nerveuses touchées augmentent la douleur. Celle-ci
douleur a de nombreuses causes, mais elle est le plus s’accompagne souvent de troubles sensori-moteurs
souvent causée par des troubles biomécaniques. comme l’hyperesthésie, la paresthésie, l’hypalgésie et
une diminution de la force musculaire. Une hernie
Quoique rares, les maladies touchant le rachis discale accompagnée de douleur radiculaire est un
cervical sont d’importantes causes de douleur; exemple de maladie neuropathique.
certains signes et symptômes permettent de mieux
identifier les états pathologiques graves. Un CAUSES
traitement non chirurgical permet d’améliorer l’état
de la plupart des clients en moins de 3 mois; environ Troubles biomécaniques
10 % des clients seulement ont besoin d’une
intervention chirurgicale. Les causes les plus fréquentes de douleur du cou sont
les troubles biomécaniques découlant d’un
TYPES surmenage, d’un traumatisme ou d’une déformation.
En général, ces troubles sont caractérisés en reliant
Douleurs myoaponévrotiques l’exacerbation ou l’atténuation des symptômes à
certaines activités physiques.
Les douleurs myoaponévrotiques sont le type le plus
courant de douleur aiguë et chronique du cou. Le La plupart des troubles biomécaniques de la colonne
trapèze supérieur et l’angulaire de l’omoplate sont les cervicale ont une histoire naturelle d’amélioration.
muscles les plus souvent intéressés par les douleurs Chez 50 % des patients, la douleur s’estompe après 2
myoaponévrotiques du cou, de la tête et du haut du dos. à 4 semaines; 80 % des clients ne présentent plus de
La douleur, souvent décrite comme sourde, constante ou symptômes après 2 ou 3 mois.
à type de brûlure, irradie depuis des points déclencheurs.
Parmi les causes des troubles biomécaniques figurent
Un point gâchette myoaponévrotique est un point hyper-
l’entorse cervicale, la hernie discale, la spondylose et
irritable au sein d’une bande tendue de muscle
la myélopathie.
squelettique ou d’une aponévrose musculaire qui est
sensible à la pression et présente un profil Problèmes biomécaniques du cou sans
caractéristique de douleur et de sensibilité projetées ainsi compression nerveuse
que des symptômes autonomes, comme des
picotements, des étourdissements et la chair de poule. Les clients qui éprouvent une douleur circonscrite à
Chaque muscle ayant des points gâchettes actifs la région cervicale, aux trapèzes et aux épaules
présente son propre profil caractéristique, prévisible et peuvent souffrir de nombreuses affections, dont les
reproductible, de douleur projetée et de symptômes plus fréquentes sont l’entorse cervicale et le coup de
autonomes. fouet cervical (whiplash) (tableau 3).
Douleur neuropathique
Les maladies et lésions du cou intéressent
habituellement les nerfs ou les racines nerveuses
situés le long de l’apophyse transverse ou de la
région paravertébrale de la moelle épinière. Elles
provoquent une douleur neuropathique ressentie dans
la région occipitale, le dos, l’oreille postérieure (y
compris le lobe) et le cou antérieur.
Des antécédents de traumatisme grave, de
cervicarthrite, de hernie discale ou de zona, et la
présence d’une douleur névralgique et de troubles
sensoriels caractéristiques doivent évoquer un
processus neuropathique.

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7–6 Appareil locomoteur

Problèmes biomécaniques du cou avec La localisation, la durée et la taille des lésions


comprssion médullaire influent sur la sévérité et la distribution des
symptômes. La compression est habituellement
Le principal type de problème biomécanique cervical
causée par une combinaison d’ostéophyte et de
avec compression médullaire est la myélopathie
discopathie dégénérative. Les symptômes, qui
cervicale. Cette affection est due à la compression de
touchent parfois tous les membres, peuvent inclure la
la moelle épin ière ou des racines nerveuses dans le
difficulté de marcher et l’incontinence urinaire ou
canal rachidien (tableau 4). Seulement le tiers des fécale.
clients touchés signalent une douleur dans le cou.
Bien que la myélopathie cervicale soit rare, une de Le tableau clinique le plus fréquent est la douleur au
ses formes, la spondylo-myélopathie, est la cause la bras et une dysfonction de la jambe. Les clients âgés
plus fréquente de dysfonction médullaire chez les décrivent parfois une raideur de la jambe, une
personnes âgées de plus de 55 ans. instabilité du pied et la peur de tomber. Au nombre
des signes courants figurent la faiblesse des
membres, la spasticité, les fasciculations,
l’hyperréflexivité tendineuse, le clonus et le signe de
Babinski dans les membres inférieurs

Tableau 3 : Relevé des antécédents et examen physique – troubles biomécaniques du cou sans compression nerveuse
Affection Symptomatologie Examen physique
Entorse Douleur dans la région moyenne ou inférieure de la Sensibilité locale des muscles paracervicaux,
cervicale nuque réduction de l'amplitude des mouvements, diminution
Douleur diffuse ou localisée des deux côtés de la de la lordose cervicale
colonne vertébrale Aucune anomalie observée à l'examen neurologique
ou à l'examen des épaules
Radiographie de la colonne normale ou indiquant une
diminution de lordose.
Coup de fouet Lésion des tissus mous due à une accélération- Douleur, contraction des muscles paracervicaux et
cervical décélération diminution de l'amplitude des mouvements
(whiplash)
Causes fréquentes : impact arrière lors d'un accident L'examen neurologique est souvent normal, mais la
d'automobile, chutes, accidents de plongée, autres radiographie peut mettre en évidence une diminution
blessures sportives de la lordose cervicale.
Les muscles paracervicaux sont étirés ou déchirés et Chez les clients gravement blessés, les lésions
les ganglions sympathiques sont parfois lésés, structurales identifiées à la radiographie commandent
provoquant un syndrome de Horner, des nausées, une stabilisation immédiate.
une raucité de la voix ou des étourdissements.
Les lésions des disques intervertébraux font suite à
des traumatismes graves.
Les premiers symptômes surviennent de 12 à
24 heures après le traumatisme.
Les clients ressentent une raideur et de la douleur au
mouvement; ils ont aussi parfois de la difficulté à
avaler ou à mastiquer.

Tableau 4 : Caractéristiques de la douleur radiculaire causée par la compression des racines nerveuses cervicales
Racine Siège de la douleur Siège de la perte Perte de la fonction Perte de réflexes
nerveuse sensorielle motrice
C5 Du cou à la face externe de Épaule Deltoïde Bicipital, stylo-radial
l'épaule et au bras
C6 De la face externe du bras Index et pouce Biceps Bicipital, stylo-radial
jusqu'au pouce et à l'index
C7 De la face externe du bras Index et majeur Triceps Tricipital
jusqu'au majeur
C8 De la face interne du bras Annulaire et auriculaire Muscles de la main Nulle
jusqu'à l'annulaire et à
l'auriculaire

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Appareil locomoteur 7–7

DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL DE LA Interventions pharmacologiques


DOULEUR CERVICALE
Les analgésiques anti-inflammatoires, comme les
Voir le tableau 2 de la section « Diagnostic anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), peuvent
différentiel des symptômes musculo-squelettiques atténuer la douleur et l’inflammation d’une atteinte
dominants » plus haut, dans le présent chapitre. localisée.

COMPLICATIONS ibuprofène (Motrin) (médicament de classe A),


200 mg, 1-2 comprimés PO tid-qid
– Atteinte nerveuse permanente accompagnée d’une
ou
compression radiculaire
– Douleur cervicale chronique naproxen (Naprosyn) (médicament de classe C),
250 mg PO bid-tid pendant 2 semaines ou plus au
– Absentéisme au travail
besoin
– Invalidité (de longue durée)
Ne pas utiliser en cas de contre-indication aux AINS
TESTS DIAGNOSTIQUES (comme des antécédents d’ulcère gastro-duodénal).
Discutez avec un médecin avant de commander un Utiliser plutôt :
test quelconque.
acétaminophène (Tylenol) (médicament de classe
TRAITEMENT A), 500 mg, 1-2 comprimés PO tid-qid au besoin

Objectifs Surveillance et suivi

– Atténuer les symptômes. – Prévoyez un suivi après 1-2 jours, après 7 jours,
– Rétablir ou maintenir l’amplitude des puis toutes les 2 semaines par la suite, pour évaluer
mouvements. la réponse au traitement.
– Prévenir les complications. – Amorcez les exercices d’amplitude dans les
mouvements exempts de douleur après 2-3 jours
Consultation (en cas de blessure mineure).
Consultez un médecin dans les plus brefs délais en – Conseillez au client de commencer les exercices
cas de blessure grave (p. ex. traumatisme important) d’étirement et de renforcement dès qu’il aura
ou s’il y a douleur neuropathique associée et retrouvé l’amplitude normale de ses mouvements.
modifications neurologiques. Pour toutes les autres Orientation vers d’autres ressources
blessures, administrez un traitement conservateur et médicales
assurez un suivi étroit.
La plupart des clients, notamment ceux qui souffrent
Interventions non pharmacologiques de radiculopathie cervicale, voient leur état
– Les clients ne présentant pas de maladie générale s’améliorer et peuvent reprendre leurs activités
doivent recevoir un traitement non chirurgical normales en moins de 2 mois. Ceux qui présentent
pendant 3 à 6 semaines. toujours des symptômes après 6 semaines de
– Dans certains cas, un massage avec glace pendant traitement non chirurgical doivent être adressés à un
12 à 14 minutes qid permet d’atténuer la douleur. médecin pour subir une évaluation.
– Dans d’autres cas, la chaleur peut diminuer la rigidité Il peut être utile de consulter un physiothérapeute par
musculaire et améliorer l’amplitude des mouvements. téléphone ou d’orienter le client vers cet intervenant
– On suggère d’utiliser un collet cervical et de limiter si cela peut se faire facilement.
les mouvements; l’immobilisation de courte durée
est utile, la nuit, si les mouvements risquent de
provoquer des douleurs durant le sommeil.
– Un bon traitement consiste à utiliser un collet
souple, qui soutient le cou sans l’étirer; son
utilisation doit cependant diminuer graduellement
à mesure que la douleur s’estompe.
Il faut limiter au minimum le recours au collet
cervical chez les clients souffrant d’une
hyperextension cervicale (coup du lapin), sauf dans
les cas de hernie discale, qui commandent une
immobilisation permanente pour limiter la douleur
radiculaire sur une plus longue période.

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7–8 Appareil locomoteur

CAPSULITE RÉTRACTILE (ÉPAULE Interventions non pharmacologiques


GELÉE), TENDINITE ET BURSITE Garder le membre blessé au repos
– Le client doit éviter les positions et les activités
DÉFINITION qui aggravent son état.
Capsulite rétractile : Raideur et douleur chroniques de – Le type et la durée du repos varient selon la
l’épaule survenant sans qu’il y ait lésion importante. sévérité des symptômes et le type de blessure ou de
trouble.
Tendinite et bursite : Inflammation d’un tendon ou – Dans le cas d’un membre supérieur : garder le bras
d’une bourse séreuse dans l’épaule. Le tendon sus - en écharpe pendant une brève période (2-3 jours)
épineux et le tendon long du biceps sont au cours de la phase aiguë, puis arrêter.
particulièrement vulnérables.
Appliquer de la glace ou des compresses
CAUSES froides pour atténuer la douleur et la
tuméfaction
Capsulite rétractile : Immobilisation prolongée soit
par suite du port prolongé d’une écharpe, soit par – Appliquer sur la région touchée pendant
12-14 minutes qid.
suite de la non-utilisation de l’articulation à cause
d’une douleur dans le bras. – Si les lésions aux tissus mous sont importantes,
appliquer toutes les 2 heures.
Tendinite et bursite : Surmenage, microtraumatismes – Utiliser la glace tant que l’œdème et la douleur
dus à des mouvements répétés. persistent.
– La chaleur est contre-indiquée dans les cas de
ANTÉCÉDENTS ET OBSERVATIONS lésions importantes des tissus mous.
Capsulite rétractile : Douleur de l’épaule et – Ne jamais utiliser de chaleur pendant les phases aiguë
limitation des mouvements dans une ou plusieurs ou subaiguë du rétablissement.
directions, la douleur se manifestant aux limites des – On peut utiliser la chaleur pour traiter la raideur
mouvements. Les autres manifestations sont chronique et la tuméfaction.
relativement bénignes.
Interventions pharmacologiques
Tendinite et bursite : Douleur non spécifique de
Analgésiques anti-inflammatoires pour atténuer la
l’épaule. Dans le cas de la tendinite sus-épineuse, la douleur et la tuméfaction :
douleur est exacerbée lors de l’abduction et la
rotation externe de l’épaule contre résistance. Dans le ibuprofène (Motrin) (médicament de classe A),
cas de la tendinite bicipitale, la douleur est exacerbée 200 mg, 1-2 comprimés PO tid-qid
par la flexion antérieure contre résistance. ou
naproxen (Naprosyne) (médicament de classe C),
TRAITEMENT 250 mg PO bid-tid pendant 2 semaines ou plus au
besoin
Objectifs
– Atténuer la douleur et l’inflammation. Ne pas uti liser en cas de contre-indication aux AINS
(comme des antécédents d’ulcère gastro-duodénal).
– Conserver la fonction de l’épaule.
Utiliser plutôt :
– Prévenir les complications.
acétaminophène (Tylenol) (médicament de classe
La plupart des affections des tissus mous de l’épaule
A), 500 mg, 1-2 comprimés PO tid-qid au besoin
peuvent être guéries par l’application de glace et le
repos pendant 5 à 7 jours (avec brève utilisation
d’une attelle pendant 2 à 3 jours).
La physiothérapie et la réadaptation sont extrêmement
importantes pour recouvrer et prévenir l’amplitude des
mouvements, la souplesse et la force nécessaires au
fonctionnement optimal de l’épaule.

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Appareil locomoteur 7–9

Surveillance et suivi SYNDROME DE LA COIFFE DES


– Prévoyez un suivi après 1-2 jours et après 14 jours. ROTATEURS
– Amorcez les exercices d’amplitude pour les
mouvements exempts de douleur après 2-3 jours DÉFINITION
(en cas de blessure mineure).
Douleur et diminution de fonction de l’épaule par suite
– Conseillez au client de commencer les exercices
d’une inflammation et d’un affaiblissement des muscles
d’étirement et de renforcement dès qu’il aura
de la coiffe des rotateurs. On distingue trois stades,
retrouvé l’amplitude normale de ses mouvements.
décrits plus bas.
– Progression des exercices : mobilisation passive,
mobilisation active assistée, exercices isométriques, Les muscles de la coiffe des rotateurs sont le sus-
étirement actif, exercices finals d’étirement et de épineux, le sous-épineux, le petit rond et le sous-
renforcement. scapulaire, qui enveloppent tous l’omoplate.
– Il est préférable de faire les exercices en plusieurs
petites séances, plutôt qu’en longues séances. CAUSES
– L’exercice doit être précédé d’une application de Stades 1 et 2 : Tendinite de la coiffe des rotateurs
chaleur humide pendant 10-15 minutes et suivi causée par un mouvement violent ou répétitif.
d’une application de glace pendant 12-14 minutes.
– Tout exercice qui provoque une douleur doit être Stade 3 : Déchirure traumatique complète du tendon
omis temporairement. sus-épineux.
– À mesure que s’amélioreront l’amplitude des
SYMPTOMATOLOGIE ET OBSERVATIONS
mouvements, la souplesse et la force, l’épaule
reprendra son fonctionnement normal. Stade 1 : Survient chez les sujets de 25 ans ou moins; la
Orientation vers d’autres ressources douleur se manifeste à la face antérieure de l’épaule et
médicales atteint un maximum lorsque le bras est élevé de 60 à
120°.
Adressez le client à un médecin si le traitement
conservateur n’apporte aucune amélioration après Stade 2 : Survient généralement chez les sujets de 25
4-6 semaines. à 40 ans qui ont connu de multiples épisodes
antérieurs; en plus de la douleur due à l’inflammation
Il est particulièrement important de diriger le client tendineuse de la coiffe des rotateurs, on note une
vers un physiothérapeute (si possible) dans les cas de certaine fibrose permanente, un épaississement ou
capsulite rétractile, car la meilleure façon de traiter une cicatrisation; la radiographie peut révéler la
cette affection est une physiothérapie prolongée et présence de dépôt calcaires dans la coiffe des
intensive. rotateurs.
Stade 3 : Survient habituellement chez les sujets de
plus de 40 ans; le client éprouve parfois un
craquement soudain (pop articulaire) dans l’épaule et
ressent une vive douleur; il observe ensuite un
affaiblissement grandissant de son épaule lorsqu’il
tente une abduction ou une rotation du bras vers
l’extérieur.

TRAITEMENT
Objectifs
– Atténuer la douleur et l’inflammation
– Conserver la fonction de l’épaule
– Prévenir les complications
Consultation
Consultez un médecin immédiatement pour toute
blessure de stade 3. Faites de même pour toute
blessure de stade 1 ou 2 qui demeure symptomatique
pendant plus de 4-6 semaines.

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7–10 Appareil locomoteur

Interventions non pharmacologiques Stade 3 : Analgésiques :

Garder le membre blessé au repos ibuprofène (Motrin) (médicament de classe A),


200 mg, 1-2 comprimés PO tid-qid
Le type et la durée du repos varient selon le type et la ou
gravité de la blessure.
naproxen (Naprosyn) (médicament de classe A),
– Stades 1 et 2 : Le client doit éviter les positions et 125 mg, 1-2 comprimés PO toutes les 6 heures au
les activités qui aggravent la douleur et garder le besoin
bras en écharpe pendant une brève période ou
(2-3 jours) au cours de la phase aiguë. o
acétaminophène avec codéine (Tylenol N 2)
– Stade 3 : Mettre le bras blessé en écharpe pour le (médicament de classe C), 1-2 comprimés toutes
confort du client. les 4 heures au besoin (maximum 15 comprimés)
Appliquer de la glace ou des compresses Surveillance et suivi
froides pour atténuer la douleur et la
tuméfaction Stades 1 et 2 : Les clients souffrant de ce type de
lésion doivent être suivis comme suit :
Appliquer de la glace ou des compresses froides
comme suit : – Prévoyez un suivi après 1-2 jours et après 10 jours.
– Appliquer sur la région touchée pendant – Amorcez les exercices d’amplitude dans les
12-14 minutes qid. mouvements exempts de douleur après 2-3 jours
(en cas de blessure mineure).
– Si les lésions aux tissus mous sont considérables,
appliquer toutes les 2 heures. – Conseillez au client de commencer les exercices
d’étirement et de renforcement dès qu’il aura
– Utiliser la glace tant que l’œdème et la douleur retrouvé l’amplitude normale de ses mouvements.
persistent.
– Progression des exercices : mobilisation passive,
– La chaleur est contre-indiquée dans les cas de mobilisation active assistée, exercices isométriques,
lésions importantes des tissus mous.
étirement actif, exercices finals d’étirement et de
– Ne jamais utiliser de chaleur pendant les phases aiguë renforcement.
ou subaiguë du rétablissement.
– Il est préférable de faire les exercices en plusieurs
– On peut utiliser la chaleur pour traiter la raideur petites séances, plutôt qu’en longues séances.
chronique et la tuméfaction.
– L’exercice doit être précédé d’une application de
Interventions pharmacologiques chaleur humide pendant 10-15 minutes et suivi
d’une application de glace pendant 12-14 minutes.
Stades 1 et 2 : Analgésiques anti-inflammatoires pour
atténuer la douleur et la tuméfaction : – Tout exercice qui provoque une douleur doit être
omis temporairement.
ibuprofène (Motrin) (médicament de classe A), – À mesure que s’amélioreront l’amplitude des
200 mg, 1-2 comprimés PO tid-qid mouvements, la souplesse et la force, l’épaule
ou reprendra son fonctionnement normal.
naproxen (Naprosyn) (médicament de classe A), Orientation vers d’autres ressources médicales
125 mg, 1-2 comprimés PO toutes les 6 heures au
besoin Consultez un physiothérapeute ou orientez le client
vers un physiothérapeute si possible.
Ne pas utiliser en cas de contre-indication aux AINS
(comme des antécédents d’ulcère gastro-duodénal). Stade 2 : Si les symptômes persistent après
Utiliser plutôt : 4-6 semaines de traitement conservateur, envisagez
d’orienter le client vers un orthopédiste pour une
acétaminophène (Tylenol) (médicament de classe
consultation chirurgicale.
A), 500 mg, 1-2 comprimés PO tid-qid au besoin
ou Stade 3 : Procédez à l’évacuation médicale d’urgence.
acétaminophène avec codéine (Tylenol N 2)
o Le traitement consiste habitue llement en une réparation
(médicament de classe C), 1-2 comprimés toutes chirurgicale, selon qu’il y a ou non perte de fonction
les 4 heures au besoin (maximum 15 comprimés) importante. La réparation est plus probable chez les
sujets jeunes que chez les sujets âgés. De nombreux
Stade 2 : En plus des médicaments déjà mentionnés, clients âgés éprouvent une perte progressive de fonction
on peut injecter des corticostéroïdes (médicaments de la coiffe des rotateurs à cause du vieillissement.
de classe B) dans la bourse sous -acromiale.

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Appareil locomoteur 7–11

LÉSIONS ACROMIO-CLAVICULAIRES TESTS DIAGNOSTIQUES


– Il est parfois conseillé de faire une radiographie
DÉFINITION pour déterminer l’ampleur de la lésion, notamment
chez les sujets jeunes présentant des symptômes
Stade 1 (entorse) : Déchirure partielle de la capsule sévères.
articulaire. Douleur légère sans déformation de – Stade 1 : Les clichés de l’articulation acromio-
l’articulation; luxation et instabilité ligamentaires claviculaire (avec et sans poids) donnent des
minimes.
résultats normaux.
Stade 2 ( subluxation) : Rupture complète des – Stade 2 : La radiographie en position forcée de
ligaments acromio-claviculaires. L’articulation l’articulation acromio-claviculaire (le client tenant
acromio-claviculaire est sensible localement et un poids de 4,5 kg (10 lb) dans chaque main révèle
douloureuse au mouvement. L’extrémité distale de la un écartement de l’articulation.
clavicule peut faire saillie légèrement vers le haut. – Stade 3 : Les radiographies obtenues lorsque le
client porte des poids révèlent un déplacement de
Stade 3 (luxation) : Rupture complète des ligaments la clavicule vers le haut et une luxation complète
acromio-claviculaires et coraco-claviculaires. de l’articulation.
Douleur intense, notamment à toute tentative
d’abduction; déformation « en marche d’escalier » TRAITEMENT
évidente à l’examen physique.
Consultation
CAUSES Consultez un médecin sans tarder pour toute blessure
Ces lésions résultent habituellement d’un coup direct de stade 2 et 3.
ou d’une chute sur le sommet de l’épaule.
Interventions non pharmacologiques
SYMPTOMATOLOGIE Garder le membre blessé au repos
– Parmi les antécédents figurent souvent une chute
Le type et la durée du repos varie selon la gravité de
sur le sommet de l’épaule, le bras généralement en la blessure.
adduction. Les forces importantes résultant de
chutes graves entraînent souvent des blessures de – Le client doit éviter les positions et les activités
stade 3. qui aggravent la douleur.
– Région lésée douloureuse – Stade 1 : Pendant la période aiguë, utiliser une
– Incapacité de bouger l’épaule écharpe pendant une courte période (5-7 jours),
puis cesser.
OBSERVATIONS – Stade 2 : La subluxation commande une période
– Douleur au repos ou provoquée par le mouvement d’immobilisation plus longue (7-14 jours).
– Augmentation de la douleur en fonction de la Appliquer de la glace ou des compresses
gravité de la blessure froides pour atténuer la douleur et la
– Sensibilité à la palpation de l’articulation acromio- tuméfaction
claviculaire
– Déformation possible en « marche d’escalier » de Pour toutes les lésions acromio-claviculaires, on peut
l’articulation acromio-claviculaire appliquer de la glace ou des compresses froides :
– Notez la position de la clavicule. – Appliquer sur la région touchée pendant
12-14 minutes qid.
Procédez à une évaluation neurovasculaire rigoureuse
des fonctions motrices et sensorielles du plexus – Si les lésions aux tissus mous sont considérables,
brachial, car il peut y avoir des lésions associées, appliquer toutes les 2 heures.
quoique cela soit rare. – Utiliser la glace tant que l’œdème et la douleur
persistent.
COMPLICATIONS – La chaleur est contre-indiquée dans les cas de
lésions importantes des tissus mous.
– Instabilité de l’épaule
– Perte de mobilité – Ne jamais utiliser de chaleur pendant les phases aiguë
ou subaiguë du rétablissement.
– On peut utiliser la chaleur pour traiter la raideur
chronique et la tuméfaction.

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7–12 Appareil locomoteur

Interventions pharmacologiques LUXATION GLÉNO-HUMÉRALE


Analgésiques anti-inflammatoires pour atténuer la
douleur et la tuméfaction : DÉFINITION
ibuprofène (Motrin) (médicament de classe A), Désinsertion de la tête de l’humérus hors de la cavité
200 mg, 1-2 comprimés PO tid-qid de l’articulation gléno-humérale.
ou
CAUSES
naproxen (Naprosyne) (médicament de classe A),
125 mg, 1-2 comprimés PO toutes les 6 heures au Traumatisme; le mécanisme habituel est l’abduction
besoin et la rotation externe forcées (95 % des luxations sont
Ne pas utiliser en cas de contre-indication aux AINS des luxations antérieures).
(comme des antécédents d’ulcère gastro-duodénal).
Utiliser plutôt : SYMPTOMATOLOGIE

acétaminophène (Tylenol) (médicament de classe – Douleur intense


A), 500 mg, 1-2 comprimés PO tid-qid au besoin – Le client se tient habituellement le bras serré
ou contre le corps.
o
acétaminophène avec codéine (Tylenol N 2) OBSERVATIONS
(médicament de classe C), 1-2 comprimés toutes
les 4 heures au besoin (maximum 15 comprimés)
– L’épaule est latéralement aplatie et antérieurement
proéminente.
Surveillance et suivi
– L’acromion est proéminent.
– Prévoyez un suivi après 1-2 jours et après 14 jours. – L’épaule semble « carrée ».
– Amorcez les exercices d’amplitude dans les Recherchez les lésions associées :
mouvements exempts de douleur après 2-3 jours
(en cas de blessure mineure). – Fracture proximale de l’humérus
– Conseillez au client de commencer les exercices – Avulsion de la coiffe des rotateurs
d’étire ment et de renforcement dès qu’il aura – Lésions des structures neurovasculaires adjacentes;
retrouvé l’amplitude normale de ses mouvements. les lésions du nerf axillaire sont très courantes et
– Progression des exercices : mobilisation passive, sont associées à une diminution de la contraction
mobilisation active assistée, exercices isométriques, active du deltoïde.
étirement actif, exercices finals d’étirement et de
renforcement. DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
– Il est préférable de faire les exercices en plusieurs – Lésion des tissus mous
petites séances, plutôt qu’en longues séances. – Fracture de la clavicule
– L’exercice doit être précédé d’une application de – Luxation acromio-claviculaire
chaleur humide pendant 10-15 minutes et suivi
d’une application glace pendant 12-14 minutes COMPLICATIONS
– Tout exercice qui provoque une douleur doit être – Atteinte neurovasculaire
omis temporairement.
TESTS DIAGNOSTIQUES
– À mesure que s’amélioreront l’amplitude des
mouvements, la souplesse et la force, l’épaule Une radiographie (si disponible) s’impose avant la
reprendra son fonctionnement normal. réduction; faire des clichés sur deux plans (face
Orientation vers d’autres ressources antéro-postérieure [AP] et latérale de l’omoplate)
médicales pour confirmer la luxation et éliminer la possibilité
d’une fracture si les circonstances de l’accident
Procédez à l’évacuation médicale d’urgence de tout l’évoquent.
client présentant des blessures de stade 3 étant donné
que la consultation d’un orthopédiste s’impose. TRAITEMENT
Objectifs
– Atténuer la douleur.
– Réduire la luxation.
– Prévenir les complications.

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Appareil locomoteur 7–13

Consultation DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL


Consultez un médecin. La luxation doit être réduite – Lésion du tendon par avulsion
sans tarder. – Bursite
– Ténosynovite septique
Interventions non pharmacologiques
– Arthrite
Immobilisez le bras du client dans une écharpe et un
bandage croisé. COMPLICATIONS
– Épisodes récurrents
Interventions pharmacologiques – Rupture du tendon
Les analgésiques s’imposent : TESTS DIAGNOSTIQUES
mépéridine (Demerol) (médicament de classe D),
75-100 mg IM
Aucun

Surveillance et suivi TRAITEMENT


Surveillez fréquemment la douleur et l’état Objectifs
neurovasculaire du client jusqu’au transfert.
– Atténuer la douleur.
Orientation vers d’autres ressources – Réduire l’inflammation.
médicales – Prévenir les complications.
Procédez à une évacuation médicale vers l’hôpital si Interventions non pharmacologiques
la réduction s’avère impossible sur place. Les
luxations et subluxations à répétition sont fréquentes Garder le membre au repos
et requièrent parfois une réparation chirurgicale. – Le client doit éviter les activités aggravantes.
L’aiguillage vers un orthopédiste s’impose. – Il faut placer une bande de contention sur le coude
(on trouve sur le marché des bandes spéciales pour
ÉPICONDYLITE LATÉRALE le « tennis elbow »).
(TENNIS ELBOW) – L’articulation doit être gardée au repos (à l’aide
d’une écharpe) pendant 2-3 jours.

DÉFINITION Appliquer de la glace ou des compresses


froides pour atténuer la douleur et la
Processus inflammatoire survenant à l’origine de tuméfaction
l’extenseur de l’épicondyle.
– Appliquer sur le coude touché pendant
12-14 minutes qid.
CAUSES
– Utiliser la glace tant que l’œdème et la douleur
– Survient généralement à la suite d’un surmenage persistent.
ou de mouvements répétés.
– La chaleur est contre-indiquée dans les cas de
– Populations à risque : athlètes et travailleurs lésions importantes des tissus mous.
manuels.
– Ne jamais utiliser de chaleur pendant les phases aiguë
SYMPTOMATOLOGIE ou subaiguë du rétablissement.
– On peut utiliser la chaleur pour traiter la raideur
– Douleur à l’épicondyle latéral chronique et la tuméfaction.
– Douleur projetée à la surface de l’extenseur de
l’avant-bras
– Douleur exacerbée par l’extension du poignet ou
des doigts contre résistance
OBSERVATIONS
– Tuméfaction (légère)
– Chaleur
– Rougeur (légère)
– Sensibilité sur la face latérale du coude

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7–14 Appareil locomoteur

Interventions pharmacologiques SYNDROME DU CANAL CARPIEN


Analgésiques anti-inflammatoires pour atténuer la
douleur et la tuméfaction : DÉFINITION
ibuprofène (Motrin) (médicament de classe A), Les symptômes résultent d’une dysfonction du nerf
200 mg, 1-2 comprimés PO tid-qid médian causée par sa compression dans le canal
ou carpien. Le syndrome touche en général la main
dominante, mais il peut aussi être bilatéral.
naproxen (Naprosyn) (médicament de classe A),
125 mg, 1-2 comprimés PO toutes les 6 heures au
besoin CAUSES

Ne pas utiliser en cas de contre-indication aux AINS – Surutilisation


(comme des antécédents d’ulcère gastro-duodénal). – Kyste ganglionnaire
Utiliser plutôt : – Traumatisme : fracture de Pouteau-Colles
– Facteurs prédisposants : grossesse, diabète sucré,
acétaminophène (Tylenol) (médicament de classe
A), 500 mg, 1-2 comprimés PO tid-qid au besoin
polyarthrite rhumatoïde, hypothyroïdie, lupus
érythémateux disséminé, hypocalcémie
ou
– Facteurs de risque : profession nécessitant une
o
acétaminophène avec codéine (Tylenol N 2) flexion et une extension répétées du poignet
(médicament de classe C), 1-2 comprimés toutes
les 4 heures au besoin (maximum 15 comprimés) SYMPTOMATOLOGIE
Surveillance et suivi Les symptômes touchent habituellement le pouce,
l’index et le majeur.
– Prévoyez un suivi après 1-2 jours et après 14 jours.
– Amorcez les exercices d’amplitude pour les – Sensation de fourmillement ou de picotement dans
mouvements exempts de douleur après 2-3 jours. les doigts
– Conseillez au client de commencer les exercices – Douleur à type de brûlure dans les doigts, en
d’étirement et de renforcement dès qu’il aura particulier la nuit
retrouvé l’amplitude normale de ses mouvements. – Atténuation des symptômes par l’agitation ou la
– Progression des exercices : mobilisation passive, friction de la main
mobilisation active assistée, exercices isométriques, – Douleur dans le bras
étirement actif, exercices finals d’étirement et de
renforcement. OBSERVATIONS
– Il est préférable de faire les exercices en plusieurs – Perte sensorielle dans le pouce, l’index et le majeur
petites séances, plutôt qu’en longues séances. – Signe de Tinel : sensation douloureuse induite
– L’exercice doit être précédé d’une application de dans les doigts par la percussion du nerf médian au
chaleur humide pendant 10-15 minutes et suivi niveau de la paume
d’une application de glace pendant 12-14 minutes – Signe de Phalen : le fait de garder les deux
Orientation vers d’autres ressources poignets en flexion palmaire provoque parfois les
médicales symptômes.
– Diminution de la force musculaire de la main à
Chez la plupart des clients, le problème se résorbe à l’exécution des tâches (p. ex. pour ouvrir un bocal)
l’aide d’un traitement conservateur. Consultez un – Atrophie musculaire dans l’éminence thénar (signe
médecin en cas d’échec du traitement. tardif)
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
– Spondylose cervicale
– Neuropathie périphérique
– Lésion du plexus brachial
COMPLICATIONS
En l’absence de traitement, lésion nerveuse
permanente

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Appareil locomoteur 7–15

TRAITEMENT BLESSURE DU GENOU


Objectifs
La plupart des blessures du genou comportent une
– Atténuer les symptômes. lésion des ligaments.
– Prévenir les complications.
LÉSIONS LIGAMENTAIRES
Consultation
En présence d’une faiblesse et d’une atrophie de Lésion du ligament latéral
l’éminence thénar à la première consultation, Entorse de stade 1 : Microrupture ligamentaire;
consultez un médecin. Sinon, administrez un augmentation < 5 mm (0,2 pouce) de l’écartement
traitement conservateur et exercez un suivi étroit. articulaire; pas d’instabilité.
Interventions non pharmacologiques Entorse de stade 2 : Macrorupture ligamentaire
– Le client doit éviter les activités aggravantes, partielle accompagnée d’une augmentation sensible
notamment les mouvements répétitifs. de l’écartement articulaire (avec point limite) et
d’une instabilité.
– Posez une attelle, le poignet en position neutre
d’extension. Entorse de stade 3 : Rupture ligamentaire complète
Interventions pharmacologiques sans point limite observable à l’examen.

Analgésiques anti-inflammatoires : Les lésions du ligament latéral sont habituellement


causées par un traumatisme direct à la face contra -
ibuprofène (Motrin) (médicament de classe A), latérale du genou ou par une force indirecte excessive
200 mg, 1-2 comprimés PO tid
exercée sur le genou en varus ou en valgus. Le client
ou éprouve parfois une douleur et une sensation de
naproxen (Naprosyn) (médicament de classe A), rupture au moment du traumatisme. Dans le cas
125 mg, 2 comprimés PO bid-tid d’une lésion du ligament latéral interne, on peut
observer une sensibilité le long du fémur distal
Surveillance et suivi s’étendant jusqu’à l’interligne articulaire.
– Prévoyez un suivi après 2 semaines pour vérifier la
réponse au traitement. Les lésions du ligament latéral interne sont parfois
– Si l’état du client s’améliore, continuez le suivi associées à des lésions méniscales.
aux 2 semaines jusqu’à la guérison ou jusqu’à la Les tests en valgus et en varus permettent d’évaluer
6e semaine. les ligaments latéraux. Le genou fléchi à 30°, on peut
Orientation vers d’autres ressources isoler les ligaments latéraux, ce qui permet
médicales d’apprécier la laxité accrue (dans les entorses de
stade 2 ou 3).
Diriger le client vers un médecin si le symptôme du
canal carpien ne s’améliore pas après 6 semaines. En Lésion du ligament croisé antéro-externe
présence d’une faiblesse ou d’une atrophie du thénar, – Antécédents de blessure par torsion accompagnée
une intervention chirurgicale est indiquée. d’un pop ou d’une sensation de rupture et d’un
épanchement subséquent
– Hémarthrose observée dans 75 % des cas
– Fréquemment associée à une lésion du ligament
latéral interne
Lésion du ligament croisé postérieur
– La plupart des lésions résultent d’un traumatisme
direct au tibia proximal, lorsque le genou fléchi est
rapidement décéléré, comme dans le syndrome du
tableau de bord.
– Utilisez la manœuvre du tiroir postérieur : genou
fléchi à 90°, on tente de déplacer le tibia sur le
fémur.

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7–16 Appareil locomoteur

Lésion méniscale Interventions pharmacologiques


– Les lésions du ménisque interne sont l’une des Analgésiques anti-inflammatoires :
causes les plus fréquentes de douleur articulaire au
genou; le ménisque interne est beaucoup plus ibuprofène (Motrin) (médicament de classe A),
vulnérable aux lésions que le ménisque externe. 200 mg, 1-2 comprimés PO tid
ou
– Plus du tiers des lésions méniscales sont associées
à une lésion du ligament croisé antéro-externe et à naproxen (Naprosyn) (médicament de classe A),
de possibles lésions du ligament latéral interne. 125 mg, 2 comprimés PO bid-tid
– Le client a ressenti une douleur au moment du Ne pas utiliser en cas de contre-indication aux AINS
traumatisme; la douleur persiste et nuit aux (comme des antécédents d’ulcère gastro-duodénal).
activités nécessitant de porter une charge. Utiliser plutôt :
– Le client signale souvent que son genou
« bloque », ce qui peut être attribuable à la douleur acétaminophène (Tylenol) (médicament de classe
A), 500 mg, 1-2 comprimés PO toutes les 4 heures
ou à une incapacité physique d’étendre le genou à
cause d’une lésion méniscale. au besoin
– Le signe le plus fréquent est une sensibilité à la Si la douleur est modérée ou intense, utiliser :
palpation le long de l’interligne articulaire. o
acétaminophène avec codéine (Tylenol N 2 ou
– Les tests cliniques aident à détecter une lésion du o
N 3) (médicament de classe C), 1-2 comprimés
ménisque (p. ex. test de McMurray et test d’Apley). PO toutes les 4 heures au besoin jusqu’à un
maximum de 15 comprimés, puis passer à
TRAITEMENT l’acétaminophène ordinaire.
Objectifs Surveillance et suivi
– Atténuer les symptômes
Prévoyez un suivi après 1-2 jours pour réévaluer la
– Rétablir ou conserver la fonction du genou blessure. Si la tuméfaction et la douleur ont diminué,
– Prévenir les complications vous pourrez peut-être examiner le genou de plus
La plupart des blessures au genou répondent bien au près.
traitement conservateur. Orientation vers d’autres ressources
Consultation médicales
En cas de doute au sujet du diagnostic, consultez un Lésion du ligament latéral
médecin sans tarder.
Les lésions de stade 3 du ligament latéral peuvent
Interventions non pharmacologiques être traitées sans intervention chirurgicale; il est
toutefois recommandé de diriger le client vers un
Le traitement conservateur des lésions de stade 1 et 2
orthopédiste, qui évaluera la nécessité d’une telle
du ligament latéral et des lésions mineures du intervention.
ménisque fait appel à des interventions non
pharmacologiques. Lésion du ligament croisé antéro-externe
– Le client doit demeurer au repos et porter une
Le traitement doit se faire sous la supervision d’un
attelle ou un bandage d’immobilisation pendant orthopédiste. Le traitement des lés ions aiguës dépend
7-14 jours
de leur gravité. En l’absence de lésions associées du
– Le client doit commencer à utiliser des béquilles, ménisque, du ligament latéral ou du ligament croisé
avec mise en charge du membre atteint selon ce antéro-externe, on doit immobiliser le genou du client
qu’il peut tolérer dès que l’ambulation ne lui cause pour assurer son confort; le client devra utiliser des
qu’une douleur mineure. béquilles.
– Le client doit appliquer de la glace pendant
12-14 minutes qid. Par contre, s’il y a lésion ligamentaire ou lésion
– Le client doit surélever son genou au cours des méniscale associées, il faut diriger le patient vers un
24-72 premières heures. orthopédiste sans tarder, car une chirurgie pourrait
s’imposer.
– Le client doit commencer des exercices
d’amplitude légers pour les mouvements exempts
de douleur dès que la douleur et la tuméfaction
diminuent assez pour le lui permettre. Commencer
par l’extension des quadriceps.

Avril 2001 Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires


Appareil locomoteur 7–17

Lésion du ligament croisé postérieur OBSERVATIONS


Les ruptures isolées doivent faire l’objet d’un – La mise en charge du membre touché est parfois
traitement conservateur; certaines lésions impossible.
commandent cependant parfois une réparation – Tuméfaction évidente (l’ampleur dépend de la
chirurgicale. gravité de l’entorse.)
– Présence d’ecchymoses dans les entorses
Lésion méniscale modérées et graves.
Si le genou demeure bloqué ou si les symptômes de – Sensibilité de la face antéro-latérale de
douleur, de déboîtement (sensation que le genou va l’articulation de la cheville
céder) et d’œdème persistent, il faut adresser le client – Sensibilité possible de la face postéro-latérale de
à un orthopédiste pour une intervention chirurgicale. l’articulation de la cheville
– Dans les cas d’entorses graves, la face antérieure de
la cheville est également sensible.
ENTORSE DE LA CHEVILLE
– Laxité possible du ligament externe
– Sensibilité des deux malléoles
DÉFINITION
– L’amplitude des mouvements (flexion dorsale,
Blessure par inversion ou par éversion entraînant une flexion plantaire, inversion) est parfois limitée à
rupture des ligaments qui supportent la cheville cause de la douleur.
(habituellement les ligaments latéraux).
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
– Entorse de stade 1 : Élongation ligamentaire;
l’articulation est stable. – Fracture
– Entorse de stade 2 : Plus grave; déchirure – Fracture par arrachement
ligamentaire partielle importante; l’articulation est – Rupture d’un tendon (p. ex. tendon d’Achille,
stable. péronier, postérieur du tibia)
– Entorse de stade 3 : Déchirure complète du ou des COMPLICATIONS
ligaments; l’articulation est instable.
– Hyperlaxité ligamentaire chronique et lésions
CAUSES récurrentes de la cheville
– Traumatisme – Atteintes neurovasculaires
– Laxité prédisposante des ligaments TESTS DIAGNOSTIQUES
SYMPTOMATOLOGIE Radiographie de la cheville (conformément aux
– Torsion soudaine du pied et de la cheville. « Ottawa Ankle Rules », plus loin) pour écarter toute
– Résulte le plus souvent de l’inversion forcée du pied éventualité d’une fracture.
et de la cheville, accompagnée d’une lésion du Ottawa Ankle Rules
ligament latéral externe.
– L’entorse de type éversion du ligament deltoïde est Faire une radiographie en présence d’une douleur
le deuxième type d’entorse le plus fréquent. près des malléoles et d’une incapacité de mise en
– La sévérité des symptômes varie selon l’étendue charge immédiatement au moment du traumatisme et
de la lésion et le stade de l’entorse. au moment de l’examen, ou s’il y a douleur à la
– Douleur aiguë palpation de l’os à l’extrémité postérieure des
malléoles.
– Tuméfaction
– Ecchymoses Faire une radiographie en présence d’une douleur au
– Incapacité de marcher (selon le stade de l’entorse) milieu du pied et d’une incapacité de mise en charge
immédiatement au moment du traumatisme et au
moment de l’examen, ou s’il y a douleur à la
palpation de l’os naviculaire ou à la base du
cinquième métatarsien.

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7–18 Appareil locomoteur

TRAITEMENT Exercices
Objectifs – Le client doit amorcer des exercices d’amplitude
légers pour la flexion dorsale dans les 24 heures.
– Atténuer la douleur et la tuméfaction.
– Encouragez le client à étirer le mollet s’il peut le
– Restaurer la force de la cheville. faire sans douleur.
– Prévenir toute autre lésion. – Demandez au client de dessiner les lettres de
Consultation l’alphabet avec sa cheville.

Consultez un médecin lorsqu’il y a instabilité La flexion plantaire, l’inversion et l’éversion doivent


articulaire au moment du premier examen. Consultez être évitées au tout début du rétablissement.
également un médecin s’il n’y a aucune amélioration Le client doit amorcer des exercices de renforcement
après 2 semaines de traitement conservateur.
musculaire dès qu’il a retrouvé l’amplitude de ses
Interventions non pharmacologiques mouvements. Montrez-lui les exercices suivants :
– Élévation des orteils et du talon sur une surface
Garder l’articulation au repos inclinée, maintien de la position finale pendant
Le type et la durée du repos varient selon la gravité 4-6 secondes (10-20 répétitions).
de la blessure. – Élévation des orteils et du talon sur une surface
plane, maintien de la position finale pendant.
– Pas de mise en charge (même partielle) à l’aide de 4-6 secondes (10-20 répétitions).
béquilles; activités de port de charge limitées.
– Marche sur le talon et les orteils
– Dans le cas d’une entorse de stade 1 ou 2, on
– Maintien en équilibre sur un pied
recommande d’augmenter graduellement la mise
en charge dès que la douleur a suffisamment Éducation du client
diminué et que l’articulation est assez stable pour
– Expliquez au client qu’il est important de garder la
le permettre; cela favorise la guérison et la
cheville au repos, d’y appliquer de glace et de la
proprioception.
surélever.
Appliquer de la glace ou des compresses – Montrez-lui comment utiliser les béquilles pour
froides pour atténuer la tuméfaction et la prévenir la mise en charge.
douleur – Montrez-lui comment mettre le bandage de
– Appliquer des compresses sur la face externe de la contention.
cheville pendant 12-14 minutes qid pendant – Expliquez-lui l’utilisation appropriée des
48 heures (ou plus longtemps si la tuméfaction médicaments (posologie, fréquence, effets
persiste). secondaires).
– Si l’entorse est grave, appliquer de la glace toutes – Donnez-lui des conseils sur les moyens d’éviter de
les 2 heures. se blesser de nouveau la cheville (p. ex. faire des
– Utiliser la glace tant que la tuméfaction et la exercices d’échauffement avant les activités
douleur persistent. physiques, comme les sports, porter des chaussures
– La chaleur est contre-indiquée dans le cas d’un montantes lacées pour marcher et courir).
traumatisme aigu de la cheville.
– Ne jamais utiliser de chaleur durant les phases
aiguë et subaiguë du rétablissement.
– On peut recourir à la chaleur pour atténuer la
tuméfaction chronique.
Compression et élévation pour atténuer la
tuméfaction et la douleur
– Le client doit porter un bandage de contention
pendant la journée et l’enlever la nuit.
– Le bandage ne doit pas être trop serré.
– Si possible, la cheville doit être surélevée au-
dessus du niveau de la hanche.

Avril 2001 Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires


Appareil locomoteur 7–19

Interventions pharmacologiques LOMBALGIES


Analgésiques anti-inflammatoires pour atténuer la
douleur et la tuméfaction : La lombalgie aiguë figure parmi les problèmes de
santé les plus fréquents. En effet, presque personne
ibuprofène (Motrin) (médicament de classe A), n’y échappe au cours de sa vie, à un degré ou à un
200 mg, 1-2 comprimés PO tid-qid au besoin autre. Il s’agit du quatrième motif de consultation
En cas de contre -indication à l’acide acétylsalicylique médicale le plus fréquent.
(AAS) ou aux AINS, utiliser : Diverses structures dorsales qui peuvent être source
acétaminophène (Tylenol) (médicament de classe de douleur : les ligaments, les os de la colonne
A), 500 mg, 1-2 comprimés PO toutes les 4 heures vertébrale, les facettes articulaires, les disques
au besoin intervertébraux, les racines nerveuses et les muscles.
La douleur est habituellement due à une sollicitation
Pour une douleur modérée ou intense, il faut parfois excessive de ces structures ou à leur dégénérescence,
recourir à des analgésiques plus puissants en plus des
mais elle peut aussi être attribuable à des troubles
anti-inflammatoires au cours des 24-48 premières inflammatoires, infectieux ou néoplasiques graves.
heures :
Les lombalgies peuvent également être provoquées
acétaminophène avec codéine (Tylenol N o 2 ou par des atteintes des organes situés immédiatement
o
N 3) (médicament de classe C), 1-2 comprimés
devant la colonne vertébrale : l’aorte, les reins, les
PO q4-6 h au besoin (maximum 15 comprimés)
intestins, le pancréas, l’estomac, la vésicule biliaire,
Surveillance et suivi la prostate, l’utérus et les ovaires.

Prévoyez un suivi en clinique après 48 heures et SIGNAUX D’ALERTE DE TROUBLES


encore une fois après 2 semaines ou plus tôt si la POTENTIELLEMENT GRAVES
douleur et la tuméfaction persistent.
Fracture possible
Orientation vers d’autres ressources
médicales – Traumatisme majeur
– Traumatisme mineur chez les clients âgés ou
Prévoyez une physiothérapie (si cela peut se faire atteints d’ostéoporose
facilement) si les symptômes persistent plus de
2-3 semaines. Possible syndrome de la queue de cheval
(Urgence chirurgicale)
Diriger tout client souffrant d’une entorse de stade 3 – Anesthésie en selle
vers un médecin. Envisagez une consultation avec un – Dysfonction de la vessie
orthopédiste pour les blessures de type éversion. – Dysfonction grave ou progressive des jambes
– Laxité du sphincter anal
– Affaiblissement moteur majeur des quadriceps
(extenseurs des genoux), des fléchisseurs
plantaires de la cheville, des éverseurs et des
dorsifléchisseurs (pied tombant)
Tumeur ou infection possible
– Client âgé de moins de 20 ans ou de plus de 50 ans
– Antécédents de cancer
– Symptômes constitutionnels (comme la fièvre, les
frissons et la perte de poids)
– Facteurs de risque d’infection médullaire, infection
bactérienne récente, utilisation de drogues
injectables ou immunosupression
– Douleur plus vive en décubitus dorsal ou douleur
intense la nuit

Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires Avril 2001


7–20 Appareil locomoteur

LUMBAGO ET SCIATIQUE OBSERVATIONS


– Douleur d’apparence modérée ou intense
DÉFINITION – Posture anormale (client penché d’un côté)
Élongation ou déchirure des muscles, des tendons, des – Difficulté à marcher (démarche ataxique)
ligaments ou de l’aponévrose lombaire par suite d’un – Le client est parfois incapable de se tenir droit en
traumatisme ou d’un stress mécanique chronique. Parfois position assise ou debout.
accompagnée d’une sciatique (douleur dans les fesses ou – Déformation possible de la colonne vertébrale
les jambes, ou les deux, le long du nerf sciatique, – Ecchymoses ou tuméfaction possible des tissus
attribuable à une irritation des racines nerveuses). mous
CAUSES – Spasmes possibles des muscles paradorsaux
– Sensibilité possible de l’espace intervertébral dans
– Contusions la région lombaire et le long des muscles
– Entorse ligamentaire paravertébraux
– Entorse musculaire – Limitation possible de l’amplitude des
– Tension musculaire liée à un stress mécanique mouvements (notamment la flexion antérieure)
– Arthrose de la colonne – Limitation possible de l’élévation du membre
– Hernie discal inférieur tendu à cause de la crispation des
Facteurs de risque muscles, de spasmes ou de l’irritation radiculaire
(sciatique)
– Vieillissement – Réflexes normaux dans le cas d’une lésion des
– Périodes prolongées en position debout ou assise tissus mous, mais parfois anormaux dans le cas
– Mauvaise posture d’une atteinte radiculaire
– Grossesse – Faiblesse possible lors de la marche sur les talons
– Obésité ou les orteils (dans les cas d’atteinte radiculaire)
– Mauvaises techniques de soulèvement de charges – Déficits sensoriels possibles (dans les cas
– Antécédents familiaux d’atteinte radiculaire)
– Ostéoporose – Épreuve de la compression poplitée parfois
– Traumatismes antérieurs positive (dans les cas d’atteintes radiculaires)
– Recherchez les signaux d’alerte de troubles
SYMPTOMATOLOGIE potentiellement graves (voir la rubrique « Signaux
Faites une anamnèse détaillée, avec description d’alerte de troubles potentiellement graves » dans
précise de la douleur et des événements qui ont la section « Lombalgies » plus haut).
entouré sa survenue (p. ex. activité pratiquée au DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
moment du traumatisme).
Voir la rubrique « Causes de lombalgies » dans la
– Douleur localisée dans la région lombaire basse
section « Diagnostic différentiel des symptômes
– Irradiation possible de la douleur dans la fesse ou musculo-squelettiques dominants » plus haut.
la jambe (p. ex. sciatique)
– Douleur constante parfois accompagnée de COMPLICATIONS
spasmes musculaires intenses et aigus
– Lombalgie chronique ou récurrente
– Douleur accrue en position assise
– Absentéisme au travail
– Douleur moindre en position couchée
– Dépendance à l’égard des analgésiques ou
– Douleur moindre au repos
consommation abusive d’analgésiques
– Douleur accrue par le mouvement
– Invalidité professionnelle
– Gêne dans l’exécution des activités de la vie
quotidienne TESTS DIAGNOSTIQUES
– Gêne dans l’exécution des activités professionnelles
En l’absence de tout signal d’alerte, aucune
– Profession nécessitant de se pencher ou de investigation spéciale ne s’impose pendant les
soulever de lourdes charges
4 premières semaines où le client éprouve des
– Antécédents récents ou non de traumatismes douleurs lombaires mécaniques aiguës résultant d’un
– Autres affections discales, osseuses ou articulaires lumbago.
préexistantes (p. ex. sténose du canal rachidien,
arthrose)

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Appareil locomoteur 7–21

TRAITEMENT À éviter
Lorsque vous traitez un client souffrant d’une lombalgie – Position debout pendant une période prolongée
aiguë non compliquée, recherchez les signaux d’alerte – Position assise pendant une période prolongée
lorsque vous procédez à l’anamnèse et à l’examen – Soulèvement de charges > 11 kg (25 lb)
physique. En l’absence de signaux d’alerte (même si la – Mouvements de levage et de torsion
sciatique est présente), administrez un traitement – Posture affaissée (dos rond)
conservateur et assurez un suivi étroit.
À encourager
Objectifs
– Support lombaire
– Atténuer la douleur. – Changements de position fréquents
– Prévenir l’aggravation de la blessure. – Alignement normal de la colonne en position
– Éduquer et rassurer le client. assise et debout
Consultation – Bonne techniques de levage

Consultez le médecin pour les lombalgies modérées Éducation du client


ou graves, en particulier si le client a plus de 50 ans, La nécessité d’une éducation varie selon les clients et
s’il présente des anomalies neurologiques ou si vous selon les étapes du traitement; le client manifestement
soupçonnez une cause organique sous-jacente. inquiet peut avoir besoin d’explications plus détaillées.
Interventions non pharmacologiques Les clients qui ne se rétablissent pas en quelques
– Si l’évaluation initiale ne met en évidence aucune semaines peuvent avoir besoin d’une éducation plus
affection grave, assurez le client que son problème poussée au sujet des troubles du dos et d’être assurés
n’est pas grave et qu’il devrait bientôt se rétablir qu’ils peuvent subir des tests spéciaux si leur
complètement. rétablissement est trop lent.
– Comme les clients souffrant d’une sciatique mettent – Expliquez au client l’utilisation appropriée des
parfois plus de temps à guérir que ceux qui présentent médicaments (posologie, fréquence, abus,
des symptômes lombaires non spécifiques, ils peuvent consommation excessive).
avoir besoin de plus de conseils et de réconfort. – Montrez au client les exercices de renforcement et
– Le repos au lit est utile lorsque la douleur et les de conditionnement du dos qu’il peut faire à la
spasmes gênent les mouvements; il ne doit maison.
cependant pas dépasser 3 jours, car il risquerait – Conseillez-lui de ne pas commencer ces exercices
alors d’aggraver la douleur et l’invalidité. tant que ses symptômes n’auront pas diminué.
– Le client doit diminuer toute activité physique
Interventions pharmacologiques
astreignante pendant 1-2 semaines; sinon, il peut
s’adonner à toute activité tolérée. Analgésiques anti-inflammatoires pour atténuer la
– Le client ne doit pas soulever de charges lourdes douleur :
(> 11 kg [25 lb ])
ibuprofène (Motrin) (médicament de classe A),
– Le client doit dormir sur un matelas ferme, avec un 200 mg, 1-2 comprimés PO tid-qid au besoin
oreiller sous les genoux lorsqu’il est allongé sur le dos,
ou
ou entre les jambes lorsqu’il est allongé sur le côté.
– Il peut appliquer de la glace pour réduire les naproxen (Naprosyn) (médicament de classe C),
250 mg, 1-2 comprimés PO bid
spasmes musculaires (12-14 minutes toutes les
2-4 heures pendant 24-48 heures). ou
– Il peut utiliser une bouillotte ou un coussin acétaminophène (Tylenol) (médicament de classe
chauffant pour atténuer la raideur musculaire (en A), 500 mg, 1-2 comprimés PO tid-qid au besoin
l’absence de douleur ou de spasme) après les
48 premières heures (pendant 20 minutes qid au Si la douleur est modérée ou intense ou si les agents
besoin). de première intention n’arrivent pas à atténuer la
douleur :
– Si le client fait de l’embonpoint, donnez-lui des
o
conseils en matière de nutrition et sur les façons de acétaminophène avec codéine (Tylenol N 2 ou
o
perdre du poids. N 3) (médicament de classe C), 1-2 comprimés
PO toutes les 4 heures au besoin (maximum
– Le client pourrait avoir besoin d’un billet pour son
15 comprimés) — peut être utilisé parallèlement
absence du travail; le congé accordé doit être bref; aux anti-inflammatoires
l’objectif est de garder le client actif.

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7–22 Appareil locomoteur

Surveillance et suivi SYMPTOMATOLOGIE


Prévoyez un suivi après 1 -2 jours, puis aux – Douleur soudaine dans une articulation
2 semaines jusqu’au rétablissement. – Le gros orteil est le siège de douleur le plus
fréquent au départ.
Orientation vers d’autres ressources – Le cou-de-pied, la cheville, le genou, le poignet et
médicales le coude sont parfois touchés.
– Adressez le client à un médecin si ses symptômes – Presque tous les accès sont monoarticulaires.
persistent après 4 semaines ou plus tôt s’ils – L’atteinte articulaire généralisée survient rarement,
s’aggravent malgré le traiteme nt conservateur. et est accompagnée de fièvre, de frissons et d’un
– Prévoyez une consultation chez un malaise général.
physiothérapeute (si cela peut se faire facilement). – La douleur, qui survient en général spontanément,
est intense, pulsatile et continue.
GOUTTE – La première crise commence la nuit ou tôt le matin.
– Elle est parfois précipitée par un traumatisme, un
DÉFINITION excès d’alcool, une infection récente, un stress
émotionnel ou la prise de certains médicaments
Affection inflammatoire des articulations (diurétiques, pénicilline, insuline).
périphériques liée à de fortes concentrations d’acide
– Les accès sont récurrents.
urique dans les articulations et les os, qui frappe
surtout les hommes de 30 à 60 ans. – Tendance familiale
– Frappe les hommes et les femmes postménopausées.
CAUSES OBSERVATIONS
– Goutte primitive : Fortes concentration d’acide
urique attribuables soit à une production accrue, Accès aigu
soit à une excrétion diminuée de l’acide urique – Température habituellement normale
– Goutte secondaire : Hyperuricémie attribuable à – Température parfois légèrement élevée lorsque
des affections primaires acquises, comme plusieurs articulations sont atteintes
l’hypertension, l’insuffisance rénale, l’anémie – Fréquence cardiaque parfois élevée
hémolytique, la glycogénose, le psoriasis, la – Le client semble sujet à une douleur intense.
sarcoïdose ou un déficit enzymatique.
– Il a du mal à marcher ou est incapable de
Facteurs de risque s’appuyer sur le membre affecté.
– Obésité – L’articulation métatarsophalangienne ou
– Saturnisme interphalangienne du gros orteil présente les
– Prise de médicaments (salicylates, diurétiques caractéristiques suivantes : rougeur et tuméfaction;
la peau est tendue et brillante; l’amplitude des
thiazidiques, corticostéroïdes, médicaments
cytotoxiques, diazépam, éthambutol, acide mouvements est réduite et les mouvements sont
douloureux; l’articulation est extrêmement
nicotinique)
sensible et est tiède ou chaude au toucher.
– Abus d’alcool (en particulier épisodes de
consommation excessive) Goutte chronique
– Autres facteurs de risque : antécédents familiaux, – Déformation articulaire possible
diabète sucré, hypertension, insuffisance rénale, – Présence possible de tophi (dépôts crayeux) dans
hypothyroïdie, hyper- ou hypo-parathyroïdie, le pavillon de l’oreille, la bourse séreuse
anémie pernicieuse olécranienne, sur le dos de la main, la surface
cubitale des avant-bras, le tendon d’Achille et les
articulations des mains et des pieds

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Appareil locomoteur 7–23

DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL Interventions non pharmacologiques


– Arthrite septique – Le client doit garder le lit pendant la phase aiguë;
– Pseudo-goutte pas de mise en charge.
– Bursite – Immobilisez l’articulation jusqu’à ce que les
– Cellulite symptômes hyperaigus soient maîtrisés.
– Ostéomyélite – Le client doit accroître sa consommation de
liquide pendant l’accès (8 verres par jour).
– Arthrose accompagnée d’inflammation aiguë
– Polyarthrite rhumatoïde – Le client ne doit pas boire de l’alcool.
– Oignon – Régime faible en graisses (pour réduire les purines
alimentaires, en cas d’apport excessif)
COMPLICATIONS – Une perte de poids aidera à long terme le client
– Accès récurrents obèse.
– Déformation articulaire et mobilité réduite Éducation du client
– Douleur chronique – Expliquez au client la nature chronique et
– Calculs rénaux l’évolution de la maladie.
– Néphropathie (parfois 10 ans après la survenue de – Expliquez-lui l’utilisation appropriée des
la goutte) médicaments (posologie, fréquence, effets
– Tophi (dépôts de cristaux d’acide urique dans les secondaires, adhésion au traitement entre les accès
tissus mous) pour prévenir d’autres crises).
– Conseillez-lui d’éviter les facteurs déclenchants
TESTS DIAGNOSTIQUES
connus.
– Mesurez l’acide urique sérique (élevée si – Expliquez-lui comment prévenir l’irritation
> 0,45 mmol/l [7,5 mg/dl]) (p. ex. chaussures bien ajustées, pas de
– Prélevez un échantillon de sang pour une déplacements pieds nus à la maison).
leucocytémie (élevée en phase aiguë). – Conseillez-lui de revenir à la clinique dès le
– Déterminez la vitesse de sédimentation globulaire premier signe de récidive.
(VSG) (élevée en phase aiguë). – Conseillez-lui de prendre des anti-inflammatoires
– Déterminez le taux d’excrétion urinaire d’acide dès les premiers signes d’une crise aiguë.
urique pour 24 heures (un taux > 900 mg évoque
Interventions pharmacologiques
une surproduction).
Pour la crise aiguë, atténuez la douleur et
TRAITEMENT l’inflammation avec des AINS :
Objectifs ibuprofène (Motrin) (médicament de classe A),
– Soulager les symp tômes. 200 mg, 2-3 comprimés PO tid-qid jusqu’à
disparition des symptômes aigus, puis diminution
– Prévenir les récidives. graduelle jusqu’à cessation complète du traitement
– Prévenir les complications. après 72 heures
Consultation ou

Consultez un médecin si le client est gravement naproxen (Naprosyn) (médicament de classe C),
250 mg PO bid pendant 7 jours
malade ou fébrile à la première consultation.
Consultez également s’il ne répond pas au traitement L’AAS (Aspirine) est contre-indiquée pour la goutte.
après 24-48 heures.
Lorsque la douleur est intense, il faut parfois recourir
à d’autres analgésiques jusqu’à ce que les anti-
inflammatoires commencent à faire effet :
o
acétaminophène avec codéine (Tylenol N 2 ou
o
N 3) (médicament de classe C), 1-2 comprimés
PO toutes les 4 heures au besoin (maximum
15 comprimés)

Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires Avril 2001


7–24 Appareil locomoteur

Surveillance et suivi SYMPTOMATOLOGIE


– Faites un suivi après 24 heures pour vérifier la – Antécédents familiaux
réponse au traitement. – Client habituellement âgé de plus de 50 ans
– Faites un autre suivi après 1 mois pour évaluer – Douleur articulaire (Les articulations les plus
l’état du client. atteintes sont les articulations interphalangiennes
– Dans le cas des clients souffrant de goutte distales (IPD), les articulations interphalangiennes
chronique, mesurez les taux d’acide urique chaque proximales (IPP), les articulations
année et évaluez l’observance de la prophylaxie. métacarpophalangiennes (MCP), les genoux, les
Orientation vers d’autres ressources hanches, la colonne cervicale et la colonne
lombaire.)
médicales
– Douleur constante
Consultez un médecin au sujet du traitement – Douleur souvent exacerbée par les changements
prophylactique des clients présentant des épisodes météorologiques
récurrents. – Douleur accrue à l’activité
Prophylaxie de la goutte – Douleur atténuée au repos
– Raideur articulaire localisée possible le matin ou
L’allopurinol (Zyloprim) (médicament de classe B) après une période d’inactivité
est le médicament de première intention (100 mg PO – Diminution rapide de la raideur avec le
par jour). mouvement (en moins de 30 minutes)
Indications de prophylaxie – Absence de raideur articulaire généralisée
– Crépitation (articulation bruyante) possible
– Présence de tophi
– Augmentation du volume articulaire possible,
– Taux de sécrétion urinaire d’acide urique pour
accompagnée d’une limitation de l’amplitude des
24 heures > 1000 mg mouvements
– Antécédents de calculs rénaux de tout type – Accès de douleur possibles après un exercice
– Insuffisance rénale inhabituel
– Néphropathie liée à l’acide urique
– Allergie aux uricosuriques OBSERVATIONS
L’étendue et le profil des observations varient.
ARTHROSE (ARTHROPATHIE
– Gêne possible de la mobilité si la colonne
CHRONIQUE DÉGÉNÉRATIVE) vertébrale, les hanches ou les genoux sont atteints
– Les articulations semblent parfois grossies et
DÉFINITION déformées.
Affection dégénérative du cartilage des articulations – L’amplitude des mouvements est limitée selon
mobiles. Inflammation synoviale variable, nouvelles l’ampleur de l’atteinte articulaire.
formations osseuses sur les surfaces articulaires – La force musculaire et la stabilité des articulations
(ostéophytes). (ligaments) sont parfois affectées.
– Formation d’ostéophytes (épaississements osseux)
CAUSES – Les articulations IPD présentent parfois des
– Inconnues ostéophytes sur leurs faces dorsale et marginale
(nodosité d’Heberden).
– Facteurs associés : vieillissement, traumatisme
articulaire antérieur, surmenage chronique des – Aucune rougeur ou tuméfaction manifeste à moins
articulations, altérations biomécaniques, obésité, qu’il y ait un épisode de synovite réactionnelle
secondaire.
troubles métaboliques (p. ex. maladie de Wilson),
infection antérieure d’une articulation, troubles – Sensibilité possible aux stades tardifs de la
endocriniens (p. ex. diabète sucré), maladie par maladie
dépôts de cristaux – On peut sentir ou entendre des crépitations lors du
mouvement de l’articulation.

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Appareil locomoteur 7–25

DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL Interventions pharmacologiques


– Autres formes d’arthrite et d’affections articulaires acétaminophène (Tylenol) (médicament de classe
– Bursite trochantérienne (chez les clients présentant A), 500 mg, 1-2 comprimés PO toutes les 4 heures
des troubles de la hanche) au besoin
– Troubles ligamenteux ou méniscaux, bursite
Si la douleur n’est pas suffisamment maîtrisée,
locale, arthrophytes (chez les patients présentant ajoutez des AINS à faible dose, sauf s’il y a contre-
des troubles du genou)
indication (p. ex. insuffisance cardiaque,
COMPLICATIONS hypertension, insuffisance rénale, ulcère gastro-
duodénal) :
– Douleur chronique
ibuprofène (Motrin) (médicament de classe A),
– Destruction articulaire progressive accompagnée
200 mg,
de douleur et d’une diminution croissante des 1-2 comprimés PO qid au besoin
fonctions
– Atteinte radiculaire rachidienne ou
naproxen (Naprosyn) (médicament de classe A),
TESTS DIAGNOSTIQUES 125 mg bid au besoin
Aucun
Surveillance et suivi
TRAITEMENT
Faites un suivi aux 6-12 mois. Les clients qui
Objectifs prennent des doses quotidiennes d’acétaminophène,
– Soulager ou atténuer les symptômes. d’AAS ou d’autres AINS doivent faire l’objet d’une
– Conserver la fonction articulaire. surveillance régulière : formule sanguine, taux de
– Prévenir les complications. créatinine, taux d’électrolytes, tests d’exploration
fonctionnelle hépatique et analyse de selles (à la
Le traitement dépend de la gravité de l’arthrose et de recherche de sang occulte).
la présence d’une inflammation réactionnelle
associée (synovite). Il doit être adapté à chaque Orientation vers d’autres ressources
client. médicales
Consultation Adressez le client à un médecin si le traitement
conservateur ne permet pas de maîtriser ses
Consultez un médecin si le client est âgé de plus de symptômes. Prenez des dispositions pour une
50 ans, si l’atteinte articulaire est atypique ou si vous physiothérapie (si cela peut se faire facilement).
soupçonnez une dysfonction nerveuse.

Interventions non pharmacologiques


– Stratégies de réduction du poids pour diminuer le
stress imposé aux articulations si le client est obèse
– Programme d’exercices quotidien (la marche est
idéale) pour conserver la fonction articulaire et
limiter l’invalidité
– Exercices d’amplitude et de renforcement
musculaire
– Application alternée de chaleur et de froid pour
atténuer la douleur articulaire
– Dissuadez le client de garder le lit ou de demeurer
inactif, car cela entraîne une perte de fonction
encore plus prononcée et accroît l’immobilité.
Éducation du client
– Expliquez au client le pronostic, le processus et
l’évolution prévue de la maladie.
– Expliquez-lui l’utilisation appropriée des
médicaments (posologie, fréquence, effets
secondaires).

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7–26 Appareil locomoteur

POLYARTHRITE RHUMATOÏDE OBSERVATIONS


Exacerbation aiguë
DÉFINITION
– Le client est assez souffrant.
Affection inflammatoire générale chronique – La température peut être élevée.
intéressant principalement les articulations – La fréquence cardiaque peut être élevée.
périphériques. Certaines manifestations extra- – Tuméfaction des articulations atteintes (atteinte
articulaires sont courantes, dont les nodules articulaire généralement bilatérale et symétrique)
rhumatoïdes, l’artérite, la neuropathie périphérique, – Rougeur possible des articulations atteintes
la kératoconjonctivite, la péricardite et la
– Chaleur et sensibilité des articulations atteintes
splénomégalie.
– Réduction de l’amplitude des mouvements
CAUSES Maladie évolutive chronique
– Essentiellement inconnues – Hypertrophie des articulations atteintes
– Trouble autoimmun – Les articulations se déforment : les articulations IPP
– Infection virale deviennent fusiformes; il y a parfois rétraction en
flexion (p. ex. déformation en col de cygne); déviation
Facteurs de risque
cubitale des articulations MCP; déviation des poignets.
– Survient habituellement chez les femmes de 30 à – Nodules rhumatoïdes sous -cutanés possibles
60 ans. – Perte de poids progressive possible
– Antécédents familiaux
– Ascendance autochtone DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
– Arthrose accompagnée d’inflammation
SYMPTOMATOLOGIE – Arthrite septique
– Maladie générale ou traumatisme récent possible – Pseudopolyarthrite rhizomélique
– L’apparition des symptômes est généralement – Lupus érythémateux disséminé
insidieuse. – Goutte
– Les mains, les poignets, les coudes, les épaules, les – Rhumatisme psoriasique
chevilles et les pieds sont les articulations les plus – Arthrite gonococcique
fréquemment atteintes; douleur, tuméfaction,
– Syndrome de Fiessinger-Leroy-Reiter (chez les
raideur, chaleur et rougeur des articulations.
hommes)
– La douleur et la raideur sont exacerbées par le
repos prolongé ou l’activité vigoureuse. – Maladie de Lyme
– Polymyosite
– Raideur articulaire présente pendant au moins 1 heure
au lever le matin pendant plus de 6 semaines – Affections intestinales inflammatoires
(p. ex. maladie de Crohn, rectocolite hémorragique)
– Fatigue, malaise général, anore xie et perte de poids
durant les phases d’exacerbation aiguë COMPLICATIONS
À mesure qu’évolue la maladie : – Douleur chronique
– la raideur matinale et au repos dure plus longtemps – Destruction articulaire progressive
(cette augmentation dans le temps est un signe – Perte de mobilité
fiable de la progression de la maladie); – Anémie de maladie chronique
– en évoluant, la maladie s’étend à beaucoup – Atteinte pulmonaire et rénale
d’autres articulations; – Dermatite
– destruction articulaire progressive, déformations. – Péricardite
TESTS DIAGNOSTIQUES
Avant de commencer à prendre des médicaments, les
clients n’ayant pas fait l’objet d’un diagnostic de
polyarthrite rhumatoïde doivent subir quelques tests de
laboratoire de base : formule sanguine, VSG, facteur
rhumatoïde, anticorps antinucléaires, taux de créatinine
et d’électrolytes, exploration de la fonction hépatique.
Des analyses d’urine s’imposent également avant le
début du traitement médicame nteux.

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Appareil locomoteur 7–27

TRAITEMENT Interventions pharmacologiques


Objectifs Analgésiques anti-inflammatoires :
– Soulager la douleur. AAS entéro-soluble (médicament de classe A),
– Réduire l’inflammation. 975-1950 mg PO qid (augmentez la dose en
commençant par la plus faible)
– Préserver la fonction articulaire.
– Prévenir l’invalidité à long terme. ou
ibuprofène (Motrin) (médicament de classe A),
Consultation 200 mg, 2-3 comprimés PO tid-qid
Consultez le médecin pour : ou
– les clients n’ayant jamais reçu de diagnostic de naproxen (Naprosyn) (médicament de classe C),
polyarthrite rhumatoïde; 250 mg, 1-2 comprimés PO bid
– les clients dont le traitement actuel ne permet pas
Surveillance et suivi
de maîtriser la maladie;
– les clients dont la maladie est évolutive; Épisode aigu
– les clients chez qui se développent des – Faites un suivi après 48-72 heures pour vérifier la
complications. réponse au traitement.
Interventions non pharmacologiques
Surveillance à long terme
Épisode aigu – Faites un suivi régulier (la fréquence dépend du
– Repos suffisant et alimentation appropriée stade de la maladie).
– Mise au repos des articulations atteintes – Déterminez le poids, l’appétit, le degré d’énergie
et le sentiment de bien-être du client.
– Attelle pour l’articulation atteinte durant la phase
aiguë au besoin – Surveillez les symptômes pour voir si la maladie
progresse.
– Application de glace au besoin pour atténuer la
douleur et la tuméfaction des articulations atteintes – Déterminez l’efficacité du traitement.
– Favorisez la mobilité des articulations au moyen
Mesures à long terme d’un programme d’exercices.
– Régime alimentaire équilibré – Décelez toute exacerbation aiguë.
– Programme d’exercice pour maintenir la mobilité Orientation vers d’autres ressources
articulaire et la force musculaire médicales
– Maintien du poids corporel idéal
Orientez sans tarder vers les ressources appropriées
Éducation du client les clients qui présentent une inflammation articulaire
– Expliquez au client le processus, l’évolution et le persistante (> 3 mois) et tous ceux qui souffrent
pronostic de la maladie. d’une maladie grave. Organisez une consultation en
physiothérapie (si cela peut se faire facilement).
– Expliquez-lui l’utilisation appropriée des
médicaments (dose, fréquence, effets secondaires,
adhésion au traitement).
– Recommandez-lui de prendre ses médicaments
avec les repas pour réduire les perturbations
gastro-intestinales.
– Soulignez l’importance de faire de l’exercice
chaque jour pour maintenir la fonction et la
mobilité des articulations.
– Évaluez le réseau de soutien familial et incitez les
membres de la famille à participer au programme
de traitement du client.
– Demandez au client de revenir à la clinique en cas
d’épisode aigu.

Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires Avril 2001


7–28 Appareil locomoteur

URGENCES DE L’APPAREIL LOCOMOTEUR

ARTHRITE SEPTIQUE OBSERVATIONS

Absence possible des symptômes classiques


DÉFINITION d’inflammation aiguë chez les personnes âgées, chez
Infection articulaire d’origine bactérienne celles qui souffrent de maladies chroniques
débilitantes ou chez les clients sous corticothérapie.
CAUSES – Température élevée
Au nombre des organismes pathogènes fréquents – Fréquence cardiaque élevée
figurent Neisseria gonorrheae, Staphylococcus – Le client a l’air malade et très souffrant.
aureus, Streptococcus pneumoniae, Mycobacterium – Rougeur articulaire (dans seulement 50 % des cas)
tuberculosis, les bacilles Gram négatifs et, parfois, – Tuméfaction articulaire (à cause de
Hemophilus. L’infection par des agents viraux ou l’épanchement)
fongiques est rare, mais peut survenir chez les clients – Limitation sévère de l’amplitude des mouvements
immunodéprimés. – Résistance active à la mobilisation de l’articulation
Facteurs de risque – Présence possible de lésions cutanées hémorragiques
– Chaleur de l’articulation (dans seulement 50 % des
– Traumatisme cas)
– Chirurgie articulaire récente – Sensibilité de l’articulation
– Prothèse articulaire – Hypertrophie et sensibilité des ganglions
– Propagation de l’ostéomyélite aux structures lymphatiques locaux
contiguës
– Extension d’une cellulite DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
– Dissémination hématogène de bactéries (dans – Synovite localisée due à un traumatisme
80 % à 90 % des cas) – Bursite
– Affection articulaire préexistante – Cellulite
(p. ex. polyarthrite rhumatoïde) – Rhumatisme articulaire aigu
– Consommation de drogues injectables – Polyarthrite rhumatoïde évolutive
– Utilisation antérieure d’antibiotiques, de – Goutte ou pseudo-goutte évolutive
corticostéroïdes ou d’immunosuppresseurs
– Syndrome de Fiessinger-Leroy-Reiter
– Maladie chronique grave (p. ex. diabète sucré,
– Rhumatisme psoriasique
maladie du foie, affection maligne)
– Maladie de Lyme
– Immunodéficience primaire (p. ex. VIH)
COMPLICATIONS
SYMPTOMATOLOGIE
– Septicémie
– Présence d’un des facteurs de risque énumérés
plus haut – Choc septique
– Fièvre et frissons – Ostéomyélite
– Apparition soudaine d’une douleur – Destruction articulaire
monoarticulaire aiguë – Perte du membre
– Chaleur TESTS DIAGNOSTIQUES
– Rougeur
Aucun
– Tuméfaction
– En règle générale, atteinte d’une grosse TRAITEMENT
articulation
– Le client est incapable de se porter sur le membre Objectifs
atteint ni de mobiliser l’articulation.
– Atténuer la douleur et la tuméfaction
– Présence possible d’une urétrite, d’une salpingite – Prévenir les complications
ou de lésions cutanées hémorragiques récentes
(évoquant une infection gonococcique) Consultation
Consultez un médecin immédiatement.

Avril 2001 Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires


Appareil locomoteur 7–29

Interventions non pharmacologiques SYMPTOMATOLOGIE


– Repos au lit – Présence d’un des facteurs de risque énumérés ci-
– Placez le membre dans une attelle, en utilisant des dessus
oreillers ou une planche dorsale, pour protéger la – Fièvre possible (légère ou modérée)
région atteinte. – Infection possible de l’épiderme et des tissus sous-
Traitement adjuvant cutanés
– Douleur localisée, accrue par la mise en charge ou
Entamez un traitement IV avec un soluté la mobilisation de l’articulation atteinte
physiologique pour garder la veine ouverte.
– Chaleur, rougeur et tuméfaction de la région
Interventions pharmacologiques atteinte
– Présence possible d’une fistule
Analgésiques ou antipyrétiques :
Ostéomyélite à diffusion hématogène
acétaminophène (Tylenol) (médicament de classe
A), 500 mg, 1-2 comprimés PO toutes les 4 heures
– Foyer initial de l’infection souvent non apparent
au besoin – Survient le plus souvent dans les vertèbres.
– Se manifeste par une douleur dorsale persistante
Envisagez d’amorcer une antibiothérapie IV après accompagnée ou non de fébricule.
consultation du médecin si le transfert vers l’hôpital
doit être reporté de plus d’une ou deux heures. Si – Peut également se manifester par une douleur
aucun médecin n’est disponible, administrez : aiguë accompagnée d’une forte fièvre, de spasmes
des muscles paravertébraux et par une rigidité des
pénicilline G sodique (Crystapen) (médicament de mouvements (apparence de pyélonéphrite).
classe A), 2 millions d’unités IV toutes les 4 heures
OBSERVATIONS
Surveillance et suivi
– Température parfois élevée
Vérifiez les signes vitaux fréquemment. – Fréquence cardiaque modérément élevée
Orientation vers d’autres ressources – Le client est assez souffrant.
médicales – Douleur plus marquée à la mise en charge
– Tuméfaction et rougeur cutanée de la région
Procédez à l’évacuation médicale dès que possible. atteinte
– Diminution de l’amplitude des mouvements
OSTÉOMYÉLITE lorsque l’articulation adjacente est atteinte.
– Fistule possible avec écoulement purulent
DÉFINITION – Région chaude et sensible au toucher

Infection osseuse DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL


– Arthrite infectieuse
CAUSES
– Polyarthrite rhumatoïde évolutive
Infection d’origine bactérienne (les agents – Cellulite
pathogènes les plus fréquents sont Staphylococcus
aureus et Streptococcus) COMPLICATIONS
– Ostéomyélite chronique
Facteurs de risque
– Douleur osseuse chronique
– Propagation d’une infection existante des tissus mous – Perte du membre atteint
– Traumatisme – Abcès sous -cutané
– Pénétration des micro-organismes directement
dans les os TESTS DIAGNOSTIQUES
– Dissémination hématogène d’une infection Aucun
préexistante
Les personnes souffrant de diabète, de maladies TRAITEMENT
vasculaires périphériques accompagnées
d’ulcérations cutanées chroniques, ou d’une infection Objectifs
cutanée chronique sont particulièrement sujettes à – Enrayer l’infection.
l’ostéomyélite. – Prévenir les complications.

Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires Avril 2001


7–30 Appareil locomoteur

Consultation FRACTURES DES MEMBRES


Consultez un médecin immédiatement.
DÉFINITION
Interventions non pharmacologiques
Rupture de continuité du tissu osseux.
– Repos au lit
– Surélévation et immobilisation de la région CAUSES
atteinte. – Traumatisme
Traitement adjuvant – Fracture pathologique consécutive à une maladie
préexistante (p. ex. ostéoporose)
Amorcez un traitement IV avec un soluté
physiologique pour garder la veine ouverte. Types de fractures

Intervention pharmacologiques – Fracture fermée (simple) : fracture qui ne


communique pas avec le milieu extérieur.
Antipyrétiques ou analgésiques : – Fracture ouverte (exposée) : fracture qui
communique avec le milieu extérieur (par une
acétaminophène (Tylenol) (médicament de classe
A), 500 mg, 1-2 comprimés PO toutes les 4 heures lacération de la peau).
au besoin – Fracture comminutive : fracture comportant trois
fragments ou plus.
Envisagez d’amorcer une antibiothérapie IV – Fracture-avulsion (par arrachement) : fracture
(antibiotiques prescrits par un médecin) si le transfert dans laquelle un fragment osseux est tiré hors de
vers l’hôpital est retardé ou s’il est impossible de sa position normale par la contraction musculaire
consulter un médecin rapidement : ou la résistance d’un ligament.
pénicilline G sodique (Crystapen) (médicament de – Fracture en bois vert : fracture angulée incomplète
classe A), 2 millions d’unités IV toutes les 4 heures d’un os long, observée le plus souvent chez les
et enfants.
cloxacilline (Orbénine) (médicament de classe A), – Fracture sans déplacement : fracture dans laquelle
500-1000 mg toutes les 6 heures les fragments osseux ont conservé leur position
anatomique.
Orientation vers d’autres ressources – Fracture déplacée : fracture dans laquelle les
médicales fragments osseux n’ont pas conservé leur position
Procédez à l’évacuation médicale sans tarder. Cette anatomique.
affection commande une antibiothérapie prolongée.
SYMPTOMATOLOGIE
– Déterminez les circonstances exactes dans
lesquelles la fracture s’est produite (mécanisme de
blessure)
– Douleur
– Tuméfaction
– Perte de fonction
– Engourdissement distal par rapport au siège de la
fracture (possible)

Avril 2001 Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires


Appareil locomoteur 7–31

FRACTURES COURANTES OBSERVATIONS


– Fracture de la clavicule : Voir la section – Présence possible de lacérations cutanées et d’os
« Fracture de la clavicule » plus loin dans le en saillie dans le cas des fractures ouvertes
présent chapitre. – Ecchymoses et tuméfaction
– Fracture de la tête de la tête radiale (coude) : – Diminution de l’amplitude des mouvements
Habituellement causée par une chute sur un bras – La région atteinte est parfois pâle si la circulation
en extension. Le client est réticent à tourner sa sanguine y est gênée.
main vers le bas (pronation) ou à fléchir le coude à – Le membre est frais, le pouls absent et la
plus de 90°.
sensibilité diminuée lorsque la circulation
– Fracture de l’extrémité inférieure du radius sanguine est interrompue dans la région atteinte.
(poignet) : Chez les adultes, la fracture de ce type – Vérifiez la température de la région atteinte et la
la plus courante est la fracture de Pouteau-Colles, présence des pouls distaux par rapport au siège de
qui est extra -articulaire et se produit à 2,5-3 cm (1 - la fracture.
1,2 pouce) en amont de la surface articulaire du
– Vérifiez (avec la tête et la pointe d’une épingle) la
radius distal. Cette fracture se produit lorsque la
sensibilité tactile distale par rapport au siège de la
main est en dorsiflexion; le fragment distal est
fracture.
angulé dorsalement et présente une déformation
« en dos de fourchette ». – La région atteinte est extrêmement sensible.
– Fracture du métacarpe : Également appelée – Lorsque les os sont déplacés, on sent parfois des
crépitations.
« fracture du boxeur », cette fracture intéresse le
col distal du cinquième métacarpien et résulte DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
généralement d’un coup donné avec le poing fermé
contre une surface (en général un mur ou un – Entorse grave
réfrigérateur). La douleur est localisée dans l’os – Contusion sévère
métacarpien lésé. – Luxation
– Fracture du doigt : Il y a trois types de fractures
COMPLICATIONS
du doigt : 1) Les fractures de la phalange distale
sont habituellement des lésions par écrasement du Au cours des premières heures
bout du doigt. (2) Les fractures des phalanges
moyenne et proximale doivent faire d’un examen à – Hémorragie
la recherche d’une angulation (radiographie) ou – Lésion des artères, des paquets vasculonerveux et
d’une rotation (examen clinique), et commandent des tissus mous avoisinants.
toutes deux une réduction. (3) Les petites Au cours des premières semaines
fractures -avulsions (< 25 %) de la base de la
– Infection de la plaie
phalange moyenne surviennent lors d’une
hyperextension. – Embolie graisseuse
– Fracture du bassin : Souvent associée à un – Syndrome de détresse respiratoire de l’adulte
traumatisme majeur, cette fracture provoque – Infection thoracique
souvent une importante hémorragie. Voir la – Coagulopathie intravasculaire disséminée
section « Fracture du bassin » du chapitre 14, – Exacerbation d’une maladie générale
« Urgences générales et traumatismes majeurs ». – Syndrome de loge possible dû au plâtre
– Fracture de la hanche : Ce type de fracture est
Au cours des mois ou des années suivantes
fréquent chez les personnes âgées et n’est pas
toujours très douloureux. – Déformation
– Fracture du fémur : Souvent associée à un – Arthrose des articulations adjacentes ou distantes
traumatisme majeur, cette fracture peut provoquer – Nécrose aseptique
une importante hémorragie. – Chondromalacie traumatique
– Fractures du tibia et du péroné – Syndrome algodystrophique
– Fracture de la cheville
TESTS DIAG NOSTIQUES
Radiographie si possible mais seulement si le résultat
peut avoir une incidence sur la décision de transférer
le client à l’hôpital.

Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires Avril 2001


7–32 Appareil locomoteur

TRAITEMENT Traitement adjuvant


La plupart des os fusionnent en 6-8 semaines; ce Si le client victime d’une fracture majeure
délai est parfois plus long pour les os des membres (p. ex. fémur, bassin, hanche) est hypotendu, traitez-
inférieurs et moins long chez les enfants. le pour un état de choc :
Objectifs – Administrez de l’oxygène à raison de 6-10 l/min;
maintenez le taux de saturation en oxygène
– Stabiliser la fracture. au-dessus de 97 % à 98 %.
– Atténuer la douleur. – Mettez en place deux tubulures IV de gros calibre
– Prévenir ou traiter les complications. et administrez un soluté physiologique ou du
Consultation lactate de Ringer.

Consultez le médecin pour toutes les fractures Pour le traitement d’un état de choc hypovolémique,
soupçonnées ou confirmées. voir la section « État de choc » du chapitre 14,
« Urgences générales et traumatismes majeurs ».
Interventions non pharmacologiques
Interventions pharmacologiques
Ne plâtrez pas les fractures.
Analgésiques :
Ne tentez pas de réduire une fracture déplacée.
mépéridine (Demerol) (médicament de classe D),
– Immobilisez et soutenez la région blessée à l’aide 50-100 mg IM q3-4 h au besoin
d’attelles, d’une attelle postérieure ou d’une ou
écharpe (pour les membres supérieurs).
acétaminophène avec 30 mg de codéine (Tylenol
– N’administrez rien par voie orale aux victimes o
N 3) (médicament de classe D), 1-2 comprimés
d’une fracture déplacée, car elles pourraient avoir PO toutes les 4 heures au besoin
besoin d’une intervention chirurgicale.
Surveillance et suivi
Éducation du client
– Surveillez les signes vitaux et recherchez les
– Expliquez au client l’utilisation appropriée des signes de tachycardie ou d’hypotension; un état de
médicaments (dose et fréquence).
choc peut survenir dans les cas de fractures
– Conseillez-lui de surélever le membre fracturé le majeures du bassin ou du fémur.
plus possible au cours des premiers jours pour – Surveillez l’état neurovasculaire de la région en
atténuer la tuméfaction. aval du siège de la fracture.
– Montrez-lui comment prendre soin de son plâtre et
comment le garder sec; dites-lui d’éviter d’y Orientation vers d’autres ressources
insérer des objets, car cela pourrait blesser la peau. médicales
– Conseillez-lui de revenir à la cliniq ue si la douleur Procédez à une évacuation médicale.
augmente, s’il ressent des picotements, si le
membre s’engourdit ou devient froid, ou si PRISE EN CHARGE DES FRACTURES DES
l’extrémité du membre change de couleur. MEMBRES SUPÉRIEURS
– Montrez-lui comment prendre soin du membre
blessé après l’enlèvement du plâtre : garder la peau Fracture de la tête radiale
propre et bien hydratée avec de l’huile ou de la Le traitement d’une fracture sans déplacement
gelée de pétrole pour prévenir l’assèchement, la consiste à mettre le bras en écharpe et à appliquer une
desquamation et l’infection. Le client doit faire des attelle postérieure sur le coude, pendant
exercices d’amplitude de mouvement pour 1-2 semaines; le client doit commencer des exercices
retrouver sa mobilité articulaire (prévenez-le que d’amplitude après une semaine. Il doit porter
ces exercices peuvent être douloureux et qu’il faut l’écharpe pendant une semaine de plus et subir une
parfois un certain temps avant de retrouver radiographie de contrôle pour vérifier qu’aucun
complètement sa mobilité). déplacement ne s’est produit à cause de la
mobilisation.

Les victimes de fractures déplacées de la tête radiale


doivent être dirigées vers un orthopédiste pour une
réparation chirurgicale.

Avril 2001 Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires


Appareil locomoteur 7–33

Fracture du radius FRACTURE DE LA CLAVICULE


Procédez à la réduction par traction et manipulation.
Une fois la fracture réduite, le client doit porter un DÉFINITION
plâtre court pendant 5-8 semaines. Dans le cas d’une
fracture sans dép lacement, plâtrez pour 6 semaines Les fractures de la clavicule sont courantes et
sans réduire. représentent environ 5 % des fractures traitées en
soins primaires. Il faut une force plus grande pour
Fracture des métacarpiens provoquer une fracture de la clavicule chez l’adulte
que chez l’enfant. La guérison est en outre plus lente
Les fractures sans déplacement de la base des chez l’adulte, et le risque de complications, plus
métacarpiens sont traitées par immobilisation dans un grand.
plâtre court. Les fractures déplacées doivent être
réduites par traction, avec pression locale sur Les clavicules sont les seules articulations qui
l’extrémité proximale en saillie de la fracture du rattachent la ceinture scapulaire au tronc. Elles
métacarpien. Une radiographie de contrôle après protègent d’importants vaisseaux sanguins, les
7 jours. S’il y a une instabilité après la réduction ou poumons et le plexus brachial, qui peuvent être lésés
s’il s’agit d’une fracture comminutive, le client doit par les extrémités pointues des fragments osseux.
être adressé à un orthopédiste pour une fixation
interne par réduction chirurgicale. Quatre-vingt pour cent des fractures de la clavicule
touchent le tiers moyen de l’os (classe A), 15 % le
Fracture de la phalange distale tiers distal ou externe (classe B) et 5 % le tiers
proximal ou interne (classe C).
Une attelle protectrice placée sur la phalange pendant
plusieurs semaines suffit habituellement. Les fractures de classe B se subdivisent en trois
types :
Fracture des phalanges moyennes et
proximale – Type 1 (sans déplacement) : ligaments de soutien
intacts; aucun déplacement important des
Les fractures extra -articulaires sans déplacement fragments osseux.
peuvent être traitées par une immobilisation de – Type 2 (fracture déplacée) : Rupture du ligament
1-2 semaines suivie par la pose d’une attelle coracoclaviculaire avec déplacement vers le haut
dynamique fixée au doigt adjacent. du segment proximal à cause du muscle
sternocléidomastoïdien.
Les grosses fractures intra-articulaires ou déplacées
sont habituellement instables et commandent les – Type 3 (surface articulaire) : fracture intéressant
soins d’un orthopédiste. l’articulation acromioclaviculaire.

Petite fracture-avulsion (< 25 %) de la base CAUSES


de la phalange moyenne – Chute sur l’épaule ou l’extrémité du bras en
extension
Ces fractures demandent une immobilisation de 2-
– Traumatisme direct dans la région de la clavicule
3 semaines avec flexion maximale de 15° à
l’articulation IPP; le doigt doit ensuite être relié au SYMPTOMATOLOGIE
doigt adjacent par un bandage pendant 3-6 semaines.
– Chute sur un bras en extension ou sur l’épaule, ou
traumatisme direct à la clavicule
– Douleur (modérée ou intense), notamment à la
mobilisation du bras

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7–34 Appareil locomoteur

OBSERVATIONS TRAITEMENT
– Sensibilité Objectifs
– Tuméfaction au siège de la fracture – Détecter et traiter les lésions associées qui pourraient
– Déformation être fatales.
– Ecchymoses, notamment lorsqu’un déplacement – Stabiliser le siège de la fracture.
prononcé provoque le soulèvement en tente de la – Soulager la douleur.
peau
– Déceler et traiter les complications.
– Hémorragie due à une fracture ouverte (rare)
Les fractures de la clavicule non compliquées
– Non-utilisation du bras du côté atteint
peuvent être prises en charge par un fournisseur de
Il faut faire un examen neurovasculaire et ausculter le soins primaires.
thorax (pour éliminer cliniquement l’éventualité d’un
pneumothorax). Interventions non pharmacologiques
– Utilisez la méthode de l’ABC (voies aériennes,
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL respiration, circulation) pour l’évaluation et la
– Luxation stabilisation.
– Fracture de l’épaule – Procédez à un examen secondaire rigoureux.
– Pneumothorax (suffocant et traumatique) causé par – Appliquez des compresses froides sur la blessure.
une côte fracturée – Immobilisez le bras au moyen d’une écharpe.
– Lésion de la coiffe des rotateurs Classe A (Fractures du tiers moyen)
– Lésion de l’articulation sternoclaviculaire
– Traitez en immobilisant le bras dans une écharpe
COMPLICATIONS (certains préfèrent l’anneau en 8, en particulier
pour les fractures déplacées).
– Compression possible du plexus brachial
attribuable à la formation d’un cal hypertrophique Classe B (Fractures du tiers distal)
pouvant causer une neuropathie périphérique – Les fractures de type 1 (sans déplacement) et de
– Fusion retardée ou absence de fusion (notamment type 3 (surface articulaire) du tiers distal sont
dans le cas de fractures du tiers distal) traitées par immobilisation du bras dans une
– Aspect inesthétique écharpe.
– Arthrite post-traumatique – Les fractures de type 2 (déplacées) doivent être
– Lésion intrathoracique (comme dans le cas d’une immobilisées dans une écharpe avec bandage
fracture de la première côte, il faut une grande croisé et commandent parfois une fixation
force pour provoquer une fracture du tiers chirurgicale orthopédique.
proximal de la clavicule et il est impératif Classe C (Fractures du tiers proximal)
d’éliminer l’éventualité de lésions sous-jacentes)
– Pneumothorax – Traitez les fractures sans déplacement par
– Lésion d’une artère ou d’une veine sous- immobilisation du bras dans une écharpe.
claviculaire – Les fractures déplacées nécessitent parfois
– Lésion de la veine jugulaire interne l’intervention d’un orthopédiste pour une
réduction chirurgicale.
– Lésion de l’artère axillaire
Si la fracture est ouverte, il faut administrer une
TESTS DIAGNOSTIQUES antibiothérapie prophylactique et un vaccin
– Radiographie courante de la clavicule (on peut antitétanique (au besoin), irriguer la plaie et appliquer
habituellement voir la fracture sur un cliché AP) un pansement stérile en attendant une consultation
– Radiographie thoracique lorsqu’on soupçonne un orthopédique d’urgence.
pneumothorax

Avril 2001 Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires


Appareil locomoteur 7–35

Éducation du client Surveillance et suivi


– Le client doit porter une écharpe ou un appareil – Réévaluez les blessures après 48 heures, puis faites
d’immobilisation de l’épaule. un suivi par semaine jusqu’à ce que l’épaule ait
– Sinon, il peut utiliser un anneau en huit (bandage retrouvé son entière mobilité.
claviculaire); montrez-lui comment le mettre en – Prévoyez un examen de contrôle en orthopédie si
place et l’ajuster correctement. La présence d’une nécessaire (cela dépendra du type de fracture
paresthésie ou d’œdème dans les mains ou les initiale et de la présence de complications).
doigts indique que la bande est trop serrée et doit Orientation vers d’autres ressources
être enlevée. Le but de ce bandage est d’atténuer la médicales
douleur en diminuant la mobilisation des
fragments fracturés et pas nécessairement de – Procédez à l’évacuation médicale d’urgence des
maintenir un alignement parfait; on peut le clients victimes de fractures ouvertes, vu la
combiner à une écharpe pour plus de confort. nécessité d’une consultation immédiate en
– Donnez au client des conseils sur la prévention des orthopédie.
blessures : port d’équipement protecteur approprié lors – Adressez d’urgence les clients ayant une fracture
de la pratique de certains sports, utilisation de la déplacée à un orthopédiste, car une réparation
ceinture de sécurité, counselling sur la consommation chirurgicale pourrait s’imposer.
de drogue et d’alcool (au besoin), physiothérapie
précoce (p. ex. exercices d’amplitude) si indiqué.
Interventions pharmacologiques
Soulagez la douleur au moyen d’AINS. Si elle
persiste, ajoutez un analgésique narcotique :
ibuprofène (Motrin) (médicament de classe A),
200 mg, 1-2 comprimés PO qid au besoin pendant
1-2 semaines
Si la douleur persiste toujours, ajoutez :
o
acétaminophène avec codéine (Tylenol N 2 ou
o
N 3) (médicament de classe C), 1-2 comprimés
PO toutes les 4 heures au besoin (maximum
15 comprimés)

Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires Avril 2001

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