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ÉQUIPEMENT

Face à l’inflation des normes,


www.acteursdusport.fr

les collectivités veulent


responsabiliser les fédérations P. 20

INITIATIVES fédérales
Le mouvement sportif en marche vers
la coresponsabilité P. 24

n° 200 Juin-juillet 2018

DOSSIER P.9

Gouvernance du sport français :

« la révolution »
aura-t-elle lieu ?
© Crédit

Mensuel - Prix au numéro : 13 € - ISSN : 1962-5960

•ADS200.indb 1 22/06/2018 10:41


Collection
LES CLÉS DU MÉTIER

Diriger une piscine


De la conception à l'exploitation : guide à l'usage
des responsables d'équipements aquatiques publics
Sous la direction d’Armelle Merle, fondatrice AM Sport Conseil.

Rédigé par une équipe d'auteurs spécialistes de cette


filière, les objectifs de ce classeur sont d'apporter les
connaissances nécessaires au pilotage complexe des
piscines et centres aquatiques et de fournir des pistes
qui permettront au gestionnaire de construire ses
propres solutions. Régulièrement enrichi, ce classeur
a vocation à devenir un ouvrage de référence pour
tous les professionnels de la piscine.

Concevoir et gérer un équipement


aquatique public de A à Z

Maîtriser les contraintes réglementaires


et techniques de ce type d'installations

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Son règlement vous permettra de recevoir la mise à jour
suivante et de conserver votre accès en ligne. L’interruption
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Sommaire

COMITÉ DE RÉDACTION
Agents de l’État et autres organismes publics :
Jean-Pierre Bouchout, inspecteur général
de la jeunesse et des sports
Associations et groupements professionnels :
Stéphane Pottier, délégué général de l’ESMA
(European stadium manager association) •
Jacques Vergnes-Carles, président de Sports
et territoires • Nicolas Verdon, président du
groupement national profession sport et loisirs •
Jean-Philippe Acensi, délégué général de l’Agence 04 ÉDITO
ement
Gouvernance et financ
de l’éducation par le sport • Jacques Thouroude,
président de l’ANDES • Denis Cheminade,
Fedairsport
Avocats : Éric de Fenoyl • Pascal Cuche
sont intimement liés
Universitaires : Gérard Baslé, université d’Orsay •
Alain Loret, université de Rouen
Mouvement sportif : Georges Planchot, membre SÉMINAIRES
Concertation :
de l’exécutif du CNOSF • Bernard Amsalem, vice-
président du CNOSF, président de la FFA • Jean- 05 iers
Michel Sautreau, président de l’USEP
Programmistes et architectes : Michel Rochereau, 6 séminaires et 4 atel
ISC • Jean-Luc Briane, IPK • Jean-François Périnet,
architecte • Jean Chabanne, architecte
FEUILLE DE ROUTE
Juin
06 Les questions posées

n° 200 juillet
2018
09
DOSSIER
Gouvernance du sport
français :
06

Mensuel édité par Territorial, -t-elle lieu ?


SAS au capital de 1 259 907 euros « la révolution » aura
Siège social : Antony Parc 2, 10 place du Gal de
SPORTIVES
Gaulle, La Croix de Berny, BP 20156, 92186 Antony
Cedex. Bureaux : 58 cours Becquart-Castelbon,
POLITIQUES
ient
38500 Voiron
16 Les collectivités se vo
ns la
reconnaître un rôle da
Site internet : www.acteursdusport.fr
RCS Nanterre : 404 926 958

gouvernance du sport
N° SIRET : 404 926 958 00020 - Code APE : 5813Z
N° TVA intracommunautaire : FR 28 404 926 958
ISSN 1962-5960 - Dépôt légal à parution. Commission
paritaire 0116T78443 - RIB : CIC Crédit Industriel et 20
Commercial - Code Banque : 30066 - Code guichet : ÉQUIPEMENT
10949 - Compte n° 00020062001 - Clé RIB : 26 normes,
IBAN : FR76 3006 6109 4900 0200 6200 126
20 Face à l’inflation des
t
les collectivités veulen
Bank identification code (BIC) : CMCIFRPP - Principal
actionnaire : Info Services Holding
rations
Présidente et directrice de publication : Isabelle André responsabiliser les fédé
Directeur des rédactions : Guillaume Doyen
LES
RÉDACTION
Directeur de la rédaction : Laurent Thoviste INITIATIVES FÉDÉRA
en marche
Coordination éditoriale : Patrick Bayeux
(patrick-bayeux@orange.fr) 24 Le mouvement sportif
lité
Assistante de rédaction : Aurélie Niemaz
Tél. : 04 76 93 12 32
vers la coresponsabi 24
RÉALISATION
Rédacteur en chef technique : Laurent Brugièregarde MÉTIER
Première secrétaire de rédaction : Véronique Garcia
ident
Maquettiste : Stéphane Mimouni
Chef de fabrication : Hervé Charras 29 Jacques Vergnes, prés
DIFFUSION de Sports & territoires
Directeur de la diffusion : Guillaume de Corbière
Responsable de diffusion : Valérie Friedel
EMPLOI ET ANNONCES CLASSÉES (01 79 06...) REVUE DE PRESSE
es
Les associations sportiv
Directeur commercial : Clément Suplice (73.65)
Directeur des opérations : Christian Fehr (73.71) 30
Équipe commerciale (73.33) : Anne Vignier, Guillaume
Lebre • Directeurs de clientèle : Laurence Leroy (73.68), d’entreprise 30
udes
Mira Marchard (73.69)
Fax : 01 79 06 79 87 Astreintes : entre inquiét
PUBLICITÉ et vigilances
Directeur de clientèle : Gilles Dubois, 01 79 06 79 67 ou cer
06 67 15 78 67 Dix conseils pour se lan
ABONNEMENT
Tél. : 04 76 65 93 78, Fax : 04 76 05 01 63 dans le BIM
n
Email : abonnement@territorial.fr
Prix au numéro : 13 € - Abonnement administratif (1 an Un contrat de subventio
en
soit 10 nos + accès web) : 123 € - Abonnement personnel
(1 an soit 10 nos + accès web) : 79 € ou prélèvement
sous les feux d’une mise
mensuel : 6,60 € par mois (sur 12 mois) concurrence
IMPRESSION
Imprimerie du Pont-de-Claix, ZAE Les Bauches, 32
9 chemin de la Plaine, 38460 Claix
Origine du papier : Allemagne
t p. 28
Bulletin d’abonnemen
Ce papier provient de forêts gérées durablement
et ne contient pas de fibres recyclées.
Certification : PEFC
Impact sur l’eau (P tot) : 0,016 kg/tonne

Acteurs du sport | N° 200 | Juin-juillet 2018 3


•ADS200.indb 3 22/06/2018 10:41
Edito

Gouvernance et financement
sont intimement liés
évolution c’est le mot choisi par Laura Flessel, ministre des Sports, pour qua-

R lifier la nouvelle gouvernance du sport. Là où ses prédécesseurs ont échoué,


est-elle en train de réussir la transformation du modèle sportif français mis
en place dans les années 1960 ? Un peu tôt pour le dire car les décisions budgétaires
ne sont pas encore arrêtées mais reconnaissons-lui déjà le courage de s’être lancée,
certes à la demande de l’Élysée et du Premier ministre et avec l’insistance du mou-
vement sportif, dans cette démarche.

Pour ce faire, elle a choisi une démarche de large concertation sur laquelle nous reve-
nons dans ce numéro. Cette méthode a permis d’écarter trois modèles : la continuité,
DR

le transfert de l’organisation au Comité olympique (modèle italien), et le modèle


séparant, d’une part, le haut niveau qui relèverait de l’État et, d’autre part, le dévelop-
Patrick Bayeux, pement des pratiques qui relèverait des collectivités et du mouvement sportif. Un
coordonnateur éditorial troisième modèle qui aurait pu tenter ceux qui veulent faire des économies sur le
budget sport de l’État. Mais comment expliquer aux acteurs des territoires avec l’en-
gouement sans précédent soulevé par l’attribution des Jeux à Paris que seul l’État
gérerait le haut niveau.

Le modèle choisi, par consensus, repose sur la création d’une agence de finance-
ment et d’appui à la haute performance sportive et au développement des pratiques,
agence dans laquelle sont représentés les grands acteurs sans que l’un ne soit
prépondérant sur l’autre. Elle a vocation à financer la performance, d’une part, et
le développement, d’autre part, avec deux axes : les fédérations (et les clubs) et les
grandes politiques publiques comme le sport-santé, le sport d’entreprise, le sport
comme vecteur de remédiation sociale ou la lutte contre les discriminations dans
le sport… L’agence a également vocation à soutenir les projets initiés par les acteurs
sur les territoires.

Un financement insuffisant remettrait en cause cette gouvernance partagée et pose-


rait la question de la place de l’État dans l’organisation territoriale du sport. C’est pour-
quoi le mouvement sportif a notamment proposé un pacte de confiance pour réus-
sir les jeux (80 médailles, c’est l’objectif fixé par la ministre) et préparer l’héritage (plus
de 3 millions de pratiquants) en demandant un déplafonnement des trois taxes qui
financent actuellement le sport soit une enveloppe de près de 400 millions d’euros.

« Révolution » c’est le titre du livre du président de la République pendant la prési-


dentielle avec pour sous-titre « C’est notre combat pour la France ». Révolution « c’est
notre combat pour le sport ». Un combat qui ne peut s’envisager pour le peuple spor-
tif avec une diminution de moyens.

PS : À l’heure où nous écrivons ces lignes, le chantier gouvernance n’est pas terminé. Merci aux
membres du comité de pilotage de nous avoir permis de réaliser ce numéro spécial à l’occasion
du 200e titre d’Acteurs du sport.

4 Acteurs du sport | N° 200 | Juin-juillet 2018

•ADS200.indb 4 22/06/2018 10:41


Séminaires

Concertation :
6 séminaires et 24 ateliers
Voulue par la ministre des Sports, une large concertation a été
conduite dans le cadre du chantier « Gouvernance du sport ». Après
un séminaire de lancement fin janvier à l’Insep et avant un séminaire
de clôture prévu mi-juillet, se sont tenus quatre séminaires
thématiques avec vingt-quatre ateliers. La démarche a rassemblé
plus de 500 personnes. Une consultation en ligne et un travail
spécifique auprès des jeunes du service civique ont été construits
en parallèle.

SÉMINAIRE THÉMATIQUE 1 :
fédérations, clubs 3.0, pratiques sportives
et organisation sportive (CNOSF, le 5 mars)
- Le principe de la délégation, de l’agrément et les
conditions de contrôle de l’État-fédérations SÉMINAIRE THÉMATIQUE 2 :
- La gouvernance des fédérations et/ou des clubs, les sport, Europe et territoires
modèles juridiques possibles, et impact de l’élection
(CNOSF, le 3 avril)
par les clubs ou des licenciés, éthique et transpa-
rence, disponibilité des présidents de fédérations - Quelle cohérence entre les différents acteurs
- Marchandisation : quelle place pour les clubs et les publics du sport sur les territoires ?
fédérations, pour les collectivités, et pour le secteur - Performance, haut niveau et territoires
privé ? - Les Creps dans les territoires
- Comment aborder le numérique dans le sport ? - Les équipements sportifs : modalités de
- Numérique et développement du sport gestion et normes
- La gouvernance du sport professionnel - L’approche du sport français en Europe
- Sport et handicap : faut-il une gouvernance spéci- - Les relations entre collectivités et clubs
fique ? professionnels

SÉMINAIRE THÉMATIQUE 3 : SÉMINAIRE THÉMATIQUE 4 :


les moyens du développement attentes sociales et autres sujets
(Poitiers, le 1er juin) (Caen, le 26 juin)
- Formation aux métiers du sport : la répartition des - Articulation et rôle respectif des acteurs
compétences et les complémentarités entre l’État, au niveau régional
la branche professionnelle et les fédérations en - Mécénat
matière de formation, l’enjeu du respect de la régle- - Politiques éducatives
mentation européenne - Le sport en QPV
- L’emploi - Économie sociale et solidaire
- Les cadres techniques
- Le bénévolat
- Place des entreprises, mécénat
- Le financement du sport

Retrouvez en ligne les présentations et synthèses de chaque atelier sur www.sports.gouv.fr

Acteurs du sport | N° 200 | Juin-juillet 2018 5


•ADS200.indb 5 22/06/2018 10:41
Feuille de route

Les questions posées


Le chantier gouvernance du sport a vocation à redéfinir
le rôle et les missions des acteurs mais au-delà, de répondre
à différentes questions associées. Voici la feuille de route
et les questions posées lors du lancement de la démarche
le 23 novembre 2017 au Salon des maires.

l’heure où les Jeux olympiques et paralym- tologie sportive, aujourd’hui, le mouvement n’est pas achevé

À piques imposent le double objectif de briller par


les performances sportives et de réussite sociale,
mais aussi d’être exemplaire en matière d’éthique sportive,
en faveur d’une démocratie sportive pleine dont l’élection des
présidents de fédérations par les clubs, inscrite au programme
présidentiel, sécuriserait l’édifice. En outre, la modification de
l’enjeu d’une réflexion sur la gouvernance du sport consiste la gouvernance du sport est de nature à modifier son organi-
à coconstruire un modèle de gouvernance partagée à res- sation et son financement.
ponsabilités réparties entre l’État au niveau central et décon- Le mouvement sportif doit-il être autonome en matière de
centré, le mouvement sportif et ses athlètes, les collectivités discipline sportive (contrôle des instances fédérales, et conci-
locales, ainsi que les entreprises. Le but est aussi d’encoura- liation préalable à la saisine du juge administratif) ?
ger les initiatives et de libérer des énergies par le biais d’une Quelle articulation entre le CNOSF et le juge administratif ?
répartition cohérente des responsabilités entre les différents Faut-il transposer au mouvement sportif le système de
acteurs du sport. déontologie et anti-corruption prévu en matière de vie
publique (HATVP et AFA) ?
Développement des pratiques et du haut niveau Comment organiser l’élection des présidents par les clubs ?
Faut-il conserver le régime des compétences partagées ? Quelles missions pour le CNOSF dans la nouvelle gouver-
Faut-il et comment se doter d’une stratégie partagée ? nance ?
Faut-il mieux préciser dans la loi l’intérêt général lié au déve- Quelle organisation territoriale du CNOSF ? Une organisation
loppement de la pratique sportive ? calquée sur les collectivités territoriales ?
Faut-il maintenir le CNS ? Si oui, à quelles conditions ? Quel financement du CNOSF ?
Productions d’avis ?
Si non, comment s’organise la « démocratie sportive » ? Le CPSF
Comment associer les pratiquants ? Le Comité paralympique et sportif français (CPSF), fondé en
1992, s’est engagé dans le développement du sport de haut
L’État niveau et du sport pour tous, pour les personnes en situation
Dans son programme, le président de la République a indi- de handicap. C’est un domaine dans lequel notre pays doit
qué vouloir donner davantage d’autonomie aux fédéra- continuer à progresser.
tions sportives et au Comité national olympique et sportif Quel est le rôle du CPSF dans la coconstruction de la politique
français (CNOSF), aux acteurs locaux en recentrant l’action sportive pour les personnes handicapées ?
de l’État sur des missions essentielles de coordination, de Quelle articulation avec les professeurs de l’Éducation natio-
réglementation et d’évaluation éthique des compétitions nale ?
(lutte anti-dopage, transparence sur les flux financiers dans Comment valoriser les clubs ou initiatives offrant une mixité
le sport, etc.). des pratiques et des publics ?
Quel périmètre pour l’intervention de l’État ?
Quelle organisation au sein de l’État dans la perspective des Les fédérations, ligues et clubs
Jeux et après ? Le système actuel d’organisation du sport a été décidé en 1960
Quel devenir des cadres techniques ? à un moment où le mouvement sportif devait gagner en exper-
Quelle organisation territoriale ? tise sportive et en compétence de gestion. Les principes de
Comment organiser le haut niveau ? la délégation, de la tutelle de l’État sur les fédérations, et de la
Quelle évolution pour le CNDS ? mise à disposition des fédérations de cadres sportifs formés
par l’État et indépendants des fédérations ont été ensuite mis
Le CNOSF en place progressivement. Le système « tutélaire », qui de fait
Si le Comité national olympique et sportif français (CNOSF) a s’oppose pourtant juridiquement au principe de liberté asso-
progressivement renforcé son leadership en matière de déon- ciative, n’a jamais trouvé un équilibre parfaitement satisfai-

6 Acteurs du sport | N° 200 | Juin-juillet 2018

•ADS200.indb 6 22/06/2018 10:41


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sant pour les parties. Il s’est exprimé via le financement des sport. Cette évolution doit s’analyser dans un contexte où
fédérations, par l’obligation de flécher leurs actions sur des les collectivités se situent à la croisée des chemins entre le
axes décidés au préalable par le ministère qu’il s’agisse de soutien au sport fédéral, au sport professionnel, à l’organisa-
haut niveau ou de développement des pratiques sportives. Il tion de services sportifs en régie, à la réalisation d’aména-
s’est aussi traduit par la position inédite des cadres techniques gements pour des pratiques sportives libres dans l’espace
sportifs placés auprès des fédérations et toujours tiraillés entre public, tout en tenant compte du développement du sport
la volonté de l’État d’en faire le bras armé de politiques ministé- commercial.
rielles et celle des fédérations d’en faire leurs agents. Faut-il maintenir un régime de compétences partagées ?
Faut-il mieux se coordonner ?
Relation avec l’État Faut-il approfondir une gouvernance intégrée ? Si oui, quels
Faut-il maintenir le principe de la délégation ? Si maintien, quel niveaux d’intégration ? Quels domaines (haut niveau et déve-
contenu et modalités de la délégation ? Quel type de contrôle ? loppement ?). Si oui, quel rôle pour l’État ? pour le mouvement
Comment organiser un contrôle a posteriori ? sportif ?
Faut-il maintenir l’agrément ? Si oui, quel contenu du fait de la Quelles garanties que chacune des priorités de l’État, des
ressemblance des pratiques avec le sport commercial ? Quid collectivités et du mouvement sportif soient respectées ?
des fédérations affinitaires ? Quelles nouvelles missions pour les Creps ?
L’État doit-il continuer à former des cadres sportifs ? Quelle
plus-value par rapport aux cadres fédéraux ? Les autres sujets : formation, équipements et
Comment valoriser le club ? Doit-on aller vers un statut d’uti- aménagements sportifs, financement du sport
lité sociale vers un système de labellisation ? Faut-il circonscrire le rôle de la réglementation de l’État en
Comment valoriser la licence ? matière de formation ?
Quel niveau d’autonomie pour le sport professionnel ? Comment organiser la complémentarité entre les différentes
structures de formation ?
Moyens financiers et personnels Faut-il mettre en place une VAE expresse pour les bénévoles ?
Le nouveau statut des directeurs techniques nationaux (DTN) Quelles réponses donner aux demandes du sport profession-
les positionne-t-il mieux au sein des fédérations ? nel ?
Quels modes de contractualisation ? Faut-il continuer à verser des subventions aux clubs profes-
Quelle ligne hiérarchique pour les conseillers techniques du sionnels ?
sport ? L’articulation autorité fonctionnelle/autorité hiérar- Faut-il mettre en place des dispositifs de contrats de dévelop-
chique fonctionne-t-elle ? pement pluriannuels entre régions et fédérations ?
Quelle affectation optimale des cadres techniques ? Faut-il approfondir la solidarité sport pro-sport amateur ?
Les collectivités territoriales Le mouvement sportif fédéral sait-il tirer parti du mécénat ?
L’avènement continu des collectivités locales dans le
domaine du sport incite définitivement à mettre en place
une gouvernance rénovée et partagée entre les acteurs du Patrick Bayeux | patrick-bayeux@orange.fr

Acteurs du sport | N° 200 | Juin-juillet 2018 7


•ADS200.indb 7 22/06/2018 10:41
* Source : étude IPSOS Audience des collectivités locales - 2015

+ 43 %
la plus forte progression depuis 2013
sur les élus et les cadres dédiés au sport*

•ADS200.indb 8 22/06/2018 10:41


Dossier

Gouvernance du sport français :


« la révolution »
aura-t-elle lieu ?
Un niveau national, un autre régional, des structures collégiales
de concertation et de décision, « pour une ‘‘gouvernance partagée
à responsabilités réparties’’, le schéma de la nouvelle organisation
du sport français né d’une démarche de coconstruction entre l’État,
les collectivités territoriales, le mouvement sportif et le monde
économique veut transformer une organisation datée des années
1960. À mi-parcours, plusieurs éléments restent à approfondir dont
l’épineuse question du financement.

est un fait
f : 2018 restera comme l’année du chantier

C’ de rénovation
réno du modèle sportif français. Et 2019,
celle du nouveau départ, sorte d’année zéro, comme
s
le fut 1960. Nous sortions alors des Jeux olympiques de Rome,
marqués par une débâcle française : 5 médailles, loin très loin
de l’URSS et de ses 103 breloques. Piqué dans son orgueil, le pré-
sident, le Général ded Gaulle, somme son Haut-commissaire à la
Jeunesse et aux Sports
Sp de l’époque – Maurice Herzog – de jeter les
bases d’une forme d’étatisation du sport français. « L’objectif prin-
cipal est de doter le
l sport français d’une politique de soutien, de
planification, de dé
détection et de formation afin que s’accroisse le
prestige de la Fran
France dans le monde » (1), décrivent alors les deux
hommes dans leur leu plan d’action. Dans toute sa verticalité, l’orga-
nisation est alors ttrès simple avec la tutelle de l’État sur les fédé-
rations mais aussi sur les collectivités, les communes principa-
lement. Les financements
nanc sont publics et la pratique centrée sur
la compétition et l’éducation physique à travers le pilier scolaire.

Le monde a cha
changé
Mais depuis, « le m monde a changé », comme aime le rappeler
Denis Masseglia, président
p du Comité national olympique et
sportif français (C(CNOSF). « Mais le modèle sportif lui n’a pas
évolué… ». Il fait notamment
no référence à un système tutélaire
exercé par le ministère
min des Sports et qui s’exprime à travers le
financement des fédérations, avec l’obligation de flécher les
actions sur des ax axes décidés au préalable par le ministère. Et
que dire de la position
pos à la fois inédite et parfois délicate des
cadres techniques
technique sportifs placés auprès des fédérations ? Et •••
Acteurs du sport | N° 200 | Juin-juillet 2018 9
•ADS200.indb 9 22/06/2018 10:41
Dossier

la révolution » au ra-
« Témoignage
Laura Flessel,
ministre des Sports

••• de ce fait « tiraillés entre la volonté de l’État d’en faire le bras


armé de politiques ministérielles et celle des fédérations d’en
Nous devons penser
faire leurs agents » (2). mutualisation,

©Herve Hamon
Sans compter que ce modèle sportif n’apparaît plus en phase complémentarité,
avec une réalité marquée par la place grandissante d’acteurs coopération, efficience
qui avaient – dans les années 1960 – peu de voix au chapitre. À
l’image des collectivités territoriales, aujourd’hui propriétaires « Je n’imagine pas une politique efficace qui ne soit pas parte-
nariale. La gouvernance du sport n’a pas évolué depuis près
de huit équipements sportifs sur dix en France et qui inves-
de soixante ans. À cette époque, les collectivités n’avaient ni le
tissent de plus en plus dans ce domaine : en 2013, elles ont
pouvoir ni l’expertise qu’elles ont aujourd’hui. Les régions n’exis-
engagé 13,4 milliards d’euros, soit une augmentation de 76 % taient d’ailleurs pas. Aujourd’hui, les collectivités sont les prin-
par rapport à 2000 (7,6 milliards d’euros). Pour la ministre des cipaux financeurs du sport et les régions gèrent les Creps. Il y a
Sports, Laura Flessel, « le système est même à bout de souffle » soixante ans, le mouvement sportif n’était pas professionnalisé
(lire témoignage). En tout cas, pas suffisamment taillé pour comme aujourd’hui. Et l’imbrication du sport et de l’économie
atteindre deux objectifs majeurs : le cap de 80 médailles aux n’était pas la même. Quant à la présence des acteurs privés, elle
JO de Paris 2024, et augmenter le nombre de pratiquants et de était marginale. Bref, c’est comme si nous travaillions avec un
licenciés de 3 millions d’ici à la fin du mandat. fax à l’heure où l’on parle d’intelligence artificielle. Il est temps
de mettre fin à cet anachronisme. L’organisation du sport fran-
çais est à bout de souffle, tant sur la pratique que sur la haute
Gouvernance partagée
performance. Si nous voulons plus de médailles et plus de licen-
Dans ce contexte, les grands travaux de rénovation ont été lancés ciés, il nous faut nous moderniser. Ce qui signifie d’arrêter de
le 23 novembre 2017, lors du Salon des maires, à Paris. Ce jour-là, réfléchir en silo et d’agir en tuyau d’orgue. Nous devons penser
l’ancienne escrimeuse a installé un comité de pilotage composé mutualisation, complémentarité, coopération, efficience. Des
de quatre représentants de l’État, quatre du mouvement spor- premiers travaux, il s’est dégagé la volonté d’une gouvernance
tif et quatre issus des collectivités locales, les représentants du partagée. C’est une chance historique à saisir pour faire avan-
cer le sport français »
Les 4 scénarios
1. Continuité 2. Rupture 3. Décentralisation 4. Gouvernance partagée
Amélioration du modèle actuel, Transfert des compétences Compétences séparées ou Partage des compétences
des compétences qui restent et des financements au complémentaires. Le HN et la et des responsabilités
« enchevêtrées » mouvement sportif performance à l’État et au mouvement
sportif, le développement aux CT
Responsabilité Centralisée Déléguée Concentrée et décentralisée Partagée et répartie

Pouvoir État Mouvement sportif sur État et CT Pouvoir partagé


délégation
Instance de CNS CNOSF CSHN Structure collégiale
concertation nationale et régionale
Financement Financement sur le modèle Financement par une taxe Financement du HN par l’État, Financement taxe affectée
actuel : loi de finances + taxe affectée + financement CT financement du développement du (Buffet + paris sportifs ?)
Buffet sport par les CT + financement par les CT
+ moyens CT/Attention
privatisation FDJ

Haut niveau L’État définit et met en Le mouvement sportif gère L’État gère le HN en concertation ou en Les acteurs du sport
et haute œuvre la politique sportive, le HN partenariat avec le mouvement sportif définissent ensemble
performance contractualise avec les Les cadres techniques sont Les cadres techniques (1) restent à la stratégie du HN
fédérations transférés au mouvement l’État/(2) sont transférés au mouvement et de la HP qu’ils mettent en
Les cadres techniques restent sportif sportif œuvre de façon partenariale
à l’État
Développement Le développement est partagé Le mouvement sportif Les collectivités ont en charge le Le développement fait
des pratiques entre l’État, le mouvement prend en charge le développement de la pratique sportive l’objet d’une concertation
sportif avec le soutien des CT développement de la L’État n’intervient plus et d’une mise en œuvre
pratique sportive partagée
Source : P. Bayeux, L. Lefèvre, Copil du 2 février 2018.

10 Acteurs du sport | N° 200 | Juin-juillet 2018

•ADS200.indb 10 22/06/2018 10:41


a-t-elle lieu ?
monde économique ont intégré le comité de pilotage dans un Fin mai, ils ont partagé un même diagnostic : « la complexité
second temps. En l’occurrence, des représentants des associa- du modèle actuel, le manque de lisibilité des politiques
tions d’élus : AMF pour les maires, ADF pour les départements, sportives et des missions respectives des différents acteurs,
France Urbaine et ARF pour les régions. Les travaux sont pilo- les difficultés entre les acteurs pour gérer une compé-
tés par deux personnalités qualifiées (à titre bénévole et… hors tence partagée, un saupoudrage de moyens, une difficulté
de leurs fonctions) : Laurence Lefèvre, directrice des sports du à s’adapter à l’évolution de la demande sociale ». De ces
ministère des Sports, et Patrick Bayeux, docteur en sciences constats a ainsi émergé un scénario, le quatrième : celui
de gestion, consultant et également coordonnateur du comité d’une « gouvernance partagée à responsabilités réparties ».
de rédaction d’Acteurs du sport. De séminaires en ateliers, les Et un schéma général qui, s’il est validé par le gouverne-
parties prenantes ont étudié quatre scénarios. ment, promet une véritable « révolution », terme employé

Scénario retenu : la gouvernance partagée

Conseil d’orientation
Arrête les grandes orienta-
Structure tions de la structure et affecte
FCT taxe
nationale du les moyens au HN et au déve-
ACTEURS Buffet
Ministère des Sports Mouvement sportif sport PDCE loppement
STRUC- et % paris
TURES Ministère des
sportifs État - mouvement sportif,
Sports
4 niveaux CT, entreprises

Observe, réglemente, régule,


Représente, organise Performance 2024 Développement du sport
contrôle

Passeport sportif dématérialisé délivré dès l’entrée à l’école primaire : parcours sportif, suivi médical, diplômes et qualifications,
État majoritaire dans les votes Votes répartis
Garantit la cohérence du sys-
N AT I O N A L

tème, observe l’évolution socio- Définit la stratégie de développe-


économique du sport, négocie ment du HN, affecte Définit la stratégie
les politiques interministé- de développement
MISSIONS Représente l’olympisme les moyens pour la préparation
rielles et assure un plaidoyer de Paris 2024 de la pratique sportive (fédérale
Organise le mouvement sportif

encadrement, bénévolat… Reconnaissance de « la vie sportive » pour délivrance des diplômes (BEPC, BAC…)
des pratiques. territoriale)
Garant de la démocratisation
Attribue et contrôle la déléga-
et de la déontologie des fédé-
tion de pouvoir aux fédérations,
rations Définit les objectifs de perfor- Définit les objectifs et moyens
édicte les règles de sécurité,
Assure la conciliation des conflits mance sportive en lien avec du développement de la pratique
contrôle leur application, habi-
Garantit l’éthique au sein des les fédérations délégataires sportive fédérale et de la pratique
lite et certifie les formations,
fédérations olympiques territoriale, et des enjeux asso-
contrôle éducateurs et établis-
Conduit les évaluations ciés : santé, éducation, inclusion
sements, finance les Gesi et
Attribue les moyens aux fédéra- sociale, réduction des inégalités
conduit une politique de Ri en
tions territoriales
partenariat
Conduit les évaluations

Contractualisations fédérations, Contractualisation fédérations


MOYENS Budget propre, titres de partici- prise de participations labo/inno-
Budget propre, agents d’État et territoires
pation Personnel CNOSF vations, vacations

ACTEURS EPCI (compé-


Mouvement Départe-
STRUC- État Région tence sport IC Communes
sportif ments
TURES obligatoire)
Une organisation ad’hoc
Construc- (conf. financeurs ou GIP
Réglemen- Organisation, Construction, Construction,
Construction tion, finance- définit des stratégies
tation, développe- financement financement,
Financement ment et des actions partagées/
contrôle ment Animation gestion
Animation
T E R R I TO R I A L

contrats de développement
Équipements Équipements
pluriannuel HN pro, réduction
Équipements inégalité équipements, struc-
Équipements sportifs sportifs, d’IC
Compétitions, Compétitions sportifs tures, financés
sportifs Collèges sport profes-
encadrement, sportives Proximité par structures nationales
Lycées Sport de sionnel
MISSIONS établissement, Pratique Animation
Formation nature Soutien sport IC
formations sportive Soutien
Soutien Handicap Événement
Événement
Soutien sportif d’IC

Ministère des Sports-mouve-


Éducateurs ment sportif, région, départe-
MOYENS Cadre d’État Agents CT Agents CT Agents CT Agents CT
sportifs ments, EPCI, CFA, Profession
sport, entreprises
•••
••
Source : P. Bayeux, L. Lefèvre, Copil du 15 mai 2018.

Acteurs du sport | N° 200 | Juin-juillet 2018 11


•ADS200.indb 11 22/06/2018 10:41
Dossier

la révolution » au ra-
«
••• par la ministre des Sports. À son sommet, une nouvelle
structure dont le statut juridique reste à déterminer (grou-
pement d’intérêt public ?), au sein de laquelle l’État, le
mouvement sportif et les collectivités territoriales auront
chacun 30 % des sièges. Les 10 % restants revenant aux
représentants du monde économique.

Témoignage
Disparition de la structure CNDS
D’une manière générale, cette structure-chapeau « ne consti-
tuerait pas une couche d’administration supplémentaire »,
soulignent Laurence Lefèvre et Patrick Bayeux qui ont animé Denis Masseglia,
président du Comité national
le comité de pilotage. « Elle se substituerait notamment au olympique et sportif français (CNOSF)
Centre national pour le développement du sport (CNDS) et
au Conseil national des sports. »
Elle sera chargée d’affecter des crédits à deux grandes directions : L’État doit être présent
©cnosf/KMSP

- le haut niveau – appelé « Performance 2024 » qui définira au départ


notamment les objectifs de performance en lien avec les
fédérations délégataires olympiques et identifiera les modes
« Cette rénovation est une nécessité pour le sport français, et
d’accompagnement des athlètes. Autant de missions sur par voie de conséquence le mouvement sportif qui l’anime. C’est
lesquelles planche déjà Claude Onesta, l’ancien sélectionneur le challenge le plus important qu’il nous ait été donné depuis
de l’équipe de France de handball, depuis septembre 2017 ; des décennies. Un certain nombre d’orientations ont fait l’objet
- le développement des pratiques. Cette « branche » analysera d’un large consensus entre les différents acteurs et constitue-
ainsi les objectifs et moyens du développement de la pratique ront l’architecture du nouveau modèle sportif français. Il s’agit
sportive fédérale. Mais aussi ceux dédiés aux réseaux natio- de créer un modèle à gouvernance partagée et à responsabili-
naux non fédéraux, à travers également des enjeux associés tés réparties. Cela signifie qu’aucun acteur ne peut imposer son
tels que la santé, l’éducation, l’inclusion sociale et la réduction point de vue aux autres. Beaucoup de questions se posent ou
seront à poser. Tout ne trouvera pas solution de manière immé-
des inégalités territoriales.
diate mais probablement de façon progressive, avec des prio-
rités à établir en fonction des échéances. Le consensus trouvé
Cette structure définira également des enveloppes par autour du schéma me semble constitutif d’une volonté des
région qui cofinanceront les politiques sportives territo- quatre acteurs d’avancer, ensemble et unis.
riales proposées par les acteurs des territoires. La condi- Le nœud du problème se situera au niveau du financement. La
tion, pour toucher des financements nationaux étant que nature de la structure faîtière devra considérer les apports des
chaque région rédige un « projet sportif de territoire », arti- différents acteurs sous toutes leurs formes. Les collectivités
culé au minimum autour de quatre piliers : le haut niveau, territoriales engagent près de 13 milliards d’euros et c’est à un
le sport professionnel, les équipements structurants et l’iné- montant identique que l’on aboutit quand on évalue les apports
en industrie du mouvement sportif, ne serait-ce qu’à travers le
galité d’accès aux pratiques.
bénévolat estimé à 5 milliards. Nous sommes certes dans un
contexte économique tendu. Mais l’État doit comprendre qu’il
Qui s’occupera de quoi ? reçoit beaucoup plus du sport qu’il ne lui donne et que diminuer
Ce projet sera donc coconstruit au sein d’« instances collégiales son engagement reviendrait à un très mauvais calcul écono-
de concertation », installées dans les territoires. Elles associe- mique et sociétal. Il faut qu’il assure une garantie de financement
ront l’État, le mouvement sportif (CDOS, CROS), la région, le pour permettre aux autres acteurs de s’organiser différemment
département, les intercommunalités, les communes volon- d’aujourd’hui et ensemble d’être plus performants, assurer l’im-
taires le cas échéant et les acteurs économiques. Cette organi- pulsion sachant que ces moyens constituent vraiment un inves-
sation locale ou conférence des financeurs qui vise donc une tissement à court, moyen et long termes. Les quelques millions
investis au service de la politique sportive se traduiront au profit
forme de souplesse, constituera également un guichet unique
de l’État par davantage de TVA, de charges sur les emplois et
pour les acteurs locaux tels que les associations par exemple. autres économies sur la santé. L’erreur ne doit pas être de consi-
« Chacun définira sa stratégie en fonction de ses besoins et dérer le sport comme une charge, il faut l’analyser dans son
autres caractéristiques. Et non plus à partir d’appels à projets utilité sociale et pas seulement qu’avec ce qui brille ».
nationaux », décrit Patrick Bayeux. « Car tous les enjeux ne sont

12 Acteurs du sport | N° 200 | Juin-juillet 2018

•ADS200.indb 12 22/06/2018 10:41


a-t-elle lieu ?

pas les mêmes partout », complète Laurence Lefèvre. « L’idée


Témoignage
est vraiment de créer les conditions du développement sans Jean-Paul Omeyer,
le prescrire ». Il s’agit également d’en finir avec ce système selon président de la commission sport à
lequel « tous les acteurs interviennent sur tous les sujets. Et de l’Assemblée des régions de France (ARF)
déterminer précisément qui fait quoi, notamment au sein des
©stadler_region_Alsace

collectivités », reprend Patrick Bayeux. Un exemple ? Sur la


question des quartiers, il faut des équipements mais aussi des Le rôle des collectivités
animateurs. Alors qui s’occupera de quoi ? Pour le haut niveau, enfin reconnu
est-ce que tous les acteurs doivent continuer à intervenir ? C’est
aux acteurs d’en décider ». « À travers ce schéma de gouvernance, le rôle des collectivi-
tés est enfin reconnu. Celles-ci seront parties prenantes dans
Recherche de consensus les circuits de décision, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Il est
Un mode de faire radicalement différent de ce qui se pratique évident que les habitudes vont changer mais le monde a telle-
depuis soixante ans. « C’est le vrai défi », glisse-t-il. « Ces struc- ment évolué depuis les années 1960. Ne serait-ce qu’au niveau
de l’explosion du sport-loisir que mouvement sportif comme
tures, aux niveaux national et territorial, je les vois fonc-
collectivités n’ont pas su appréhender ni en saisir les enjeux.
tionner par consensus », complète la
Et aujourd’hui, l’on parle de sport-santé, de sport en entre-
directrice des sports. Si cela passe par prise, de parcours urbains et même d’e-sport. Il faut intégrer
des votes, ce sera un mauvais signal. ces nouvelles donnes. Et la structure nationale a vocation à
Cela sous-entend donc de travailler en être une instance de réflexion et de prospective. Mais elle ne
amont, pour rechercher ce consensus. pourra réussir sa mission qu’à la condition que l’on remette sur
Si cela passe Au niveau national, le comité d’orien- la table la question du financement du sport. Dans les réflexions
par des votes, tation dont la composition reste à défi- que nous conduisons, il s’agit de dire par exemple que les sports
ce sera un nir peut aussi être important pour élar- très médiatisés ne relèveraient plus de la sphère publique à
partir d’un certain budget (8 ou 10 millions d’euros ?), mais de
mauvais signal gir le focus.
la sphère économique. À condition toutefois que l’entreprise en
Si plusieurs aspects – financiers notam-
question s’y retrouve, ce qui sous-entend de revoir la fiscalité.
ment (lire témoignages) – restent à fina- Du coup, l’argent public serait recentré vers les missions liées à
liser sinon à définir, l’idée des acteurs est la représentation de la France à l’étranger (équipes olympiques,
donc d’installer la nouvelle gouvernance parcours de performances fédéraux…) et du développement des
début 2019. S’il aboutit, ce chantier aura pratiques. C’est une autre vision dans laquelle l’argent public ne
été mené tambour battant. « Ensuite, tout se mettra en forme de pourra plus à lui seul financer tout le sport ».
façon progressive », conclut (rassure ?) Denis Masseglia. •••
••
Acteurs du sport | N° 200 | Juin-juillet 2018 13
•ADS200.indb 13 22/06/2018 10:41
Dossier

Témoignage
••• Et le ministère des Sports ?
Comme l‘explique Laurence Lefèvre, directrice des sports, Dominique Carlac’h,
directrice du comité sport du Medef.
« le ministère est appelé à se rénover ». Et ce, autour de trois
aspects identifiés. Un, « tout ce qui concerne le « régalien »,

©Wikimedia Commons
avec la régulation, la sécurité des pratiques, les formations… ».
Le rôle des entreprises
Deux, « ce que j’appelle un métier de tutelle rénovée. Jusqu’ici,
la relation était bilatérale entre un évaluateur et un DTN ou
ne se résumera
entre une direction des sports et un président de fédération. pas à du financement
L’enjeu est de parvenir à une relation de délégant à déléga-
« Il est vrai qu’a priori, une organisation patronale n’est pas
taire qui sera plus aidante pour ce dernier et qui fera qu’il devra
forcément attendue sur ce terrain. Mais le Medef a été particu-
être plus précis sur la façon dont il contribue au développe- lièrement précurseur en la matière puisque nous avons lancé
ment du service public ». Et trois, « il s’agira de développer les les premières actions il y a dix ans dont la création d’un comité
relations avec les autres ministères : Travail, Éducation natio- sport. L’idée était de mettre en place une réflexion pour faire
nale, Transports, Santé, etc. C’est important pour que la direc- du sport un enjeu économique et faire de l’économie un enjeu
tion des sports en soit vraiment une. Et non plus une direction pour le mouvement sportif. Nous avons également signé une
des fédérations ». convention de partenariat avec le CNOSF en 2010. Cet engage-
ment en faveur du sport s’est aussi concrétisé à l’occasion de
la candidature de Paris 2024, dans laquelle l’on retrouve aussi
David Picot | david1picot@yahoo.fr les organisations syndicales. C’est donc fort logiquement que le
Medef a demandé à être associé à ce travail de refondation de la
(1) Revue française d’administration publique, l’administration du sport,
gouvernance ». « Le rôle des entreprises reste à définir précisé-
n° 97, janvier-mars 2001. ment dans ce chantier mais il ne se résumera pas au seul finan-
(2) Projet de gouvernance du sport français, 6 novembre 2017. cement. Ce sera un point de vigilance. En d’autres termes, le
fait que le monde économique participe, ne signifie pas qu’il va
se substituer aux acteurs. Il sera aussi question de soutien à la
pratique du sport en entreprises, à la reconversion des sportifs
de haut niveau. Mais surtout, étant donné le modèle d’organi-
sation qui a été arrêté, nous sommes convaincus que d’autres
missions ou axes de travail émergeront des instances de concer-
tation. Quant aux 10 % de représentativité, ils n’ont pas consti-
tué un enjeu, pour nous. La réforme doit se réaliser en douceur.
Si pour un équilibre entre les acteurs, les proportions doivent
être revues, tout cela s’effectuera de façon naturelle ».

Quel financement attendu ?


Aujourd’hui, le financement du sport en France repose
majoritairement sur les collectivités territoriales et sur
les ménages. La principale incertitude du financement
du sport est liée au budget du ministère d’une part, et au
financement de la structure nationale en remplacement
du CNDS d’autre part. Trois taxes financent aujourd’hui le
sport : une taxe de 1,8 % sur les paris sportifs ; une taxe
de 1,8 % sur les jeux et loteries exploités par la FDJ ; une
taxe de 5 % sur la cession par les organisateurs des droits
de retransmission télévisuelle. Toutefois, ces taxes sont
plafonnées par la loi de finances. Un simple déplafonnement
de ces taxes aboutirait à un montant de 385 millions
d’euros. Le président du CNOSF, dans un courrier adressé
au président de la République, a demandé que la future
structure qui se substituera au CNDS soit dotée d’un budget
de 400 millions d’euros.

14 Acteurs du sport | N° 200 | Juin-juillet 2018

•ADS200.indb 14 22/06/2018 10:41


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•ADS200.indb 15 22/06/2018 10:41
Politiques sportives

Les collectivités se voient


reconnaître un rôle dans
la gouvernance du sport
Les premiers contours de la réforme de la gouvernance
du sport font désormais des collectivités des parties prenantes
à égalité avec l’État et le mouvement sportif. Une satisfaction
pour leurs représentants même si ce nouveau rôle est loin
de traduire leur poids dans le financement du sport français.

e 15 mai dernier, le comité de pilotage sur la gouver- Plus de tête à tête

L nance du sport a acté la création d’une structure qui


« se substituerait au CNDS et à divers services et com-
missions de la direction des sports et de l’Insep. Cette nouvelle
Chez les élus, la première réaction a été de saluer la démarche
et la parité de représentation dans la future instance nationale
(30 % pour l’État, 30 % pour le mouvement sportif, 30 % pour les
structure, dont les deux grandes prérogatives seront l’accom- collectivités, les 10 % restants revenant aux entreprises). « Je
pagnement du haut niveau et le développement des pratiques suis extrêmement satisfait de voir que le nouveau schéma de
sportives », permettra de garantir la collégialité nécessaire à la gouvernance ne sera plus un tête à tête entre l’État et le mouve-
coconstruction d’une dynamique commune respectueuse ment sportif », déclare David Lazarus, coprésident du groupe
des politiques de chacun des acteurs du sport : État, mouve- de travail Sport à l’Association des maires de France (AMF).
ment sportif, collectivités territoriales et entreprises. En termes plus forts encore, Joël Bruneau, coprésident de la
commission Sport de France urbaine, exprime sa satisfaction
face à cette reconnaissance du rôle des collectivités dans le
sport : « ces premiers éléments correspondent à ce que nous
avons fait valoir avec les autres collectivités. J’avais d’emblée
appelé à sortir de cette fiction selon laquelle le sport serait
organisé par le ministère des Sports. » Même son de cloche
du côté des conseils départementaux. Bruno Belin, président
du département de la Vienne et représentant de l’ADF au sein
du comité de pilotage, estime lui aussi que « cette nouvelle
gouvernance va permettre enfin aux acteurs du sport en géné-
ral et aux collectivités en particulier de développer une cohé-
rence des interventions et une meilleure lisibilité des poli-
tiques sportives ».

Utiliser les moyens plus efficacement


Cette nouvelle gouvernance a, de l’avis général, l’avantage
de simplifier les schémas d’organisation actuels jugés lourds
et, partant, inefficaces. Il en est ainsi, par exemple, de l’ac-
tion des directions régionales de la jeunesse et des sports.
« Aujourd’hui, un certain nombre d’actions pilotées par ces
directions sont en réalité financées par nous. Pourquoi avoir
des administrations déconcentrées de l’État pour que ce soit
au final financé par les collectivités ? Autant acter le fait que les
collectivités jouent un vrai rôle et que le sport est une compé-
tence largement décentralisée dans les faits », estime Joël
Bruneau. Pour l’élu, acter la place des collectivités à travers la
nouvelle gouvernance du sport « pourrait se traduire par une
meilleure coordination des actions menées par les uns et les

16 Acteurs du sport | N° 200 | Juin-juillet 2018

•ADS200.indb 16 22/06/2018 10:41


autres ». Selon le président de la communauté urbaine Caen-la- faire valoir son point de vue, cela permettra que
Mer, « il faut utiliser les moyens plus efficacement, et une coor- la voix des collectivités soit entendue face aux
dination plus efficace pourrait être recherchée dans les poli- ligues. » Et Joël Bruneau de glisser un petit tacle aux ligues : « il
tiques de développement du sport à l’échelle d’une région ». est facile de prendre des règlements quand on est décideur et
Comment ? En cherchant la bonne articulation, d’une part non payeur… ».
entre les différentes collectivités, d’autre part entre ce que
doit faire l’État et ce que les collectivités font déjà. Mais l’im- Premiers financeurs
portant souligne Bruno Belin, « c’est que les projets sportifs Mais la « révolution » engendrée par la future structure de
soient construits à partir des territoires et pas sur la base d’in- gouvernance du sport a aussi ses limites. Les responsables
jonctions nationales ». des associations d’élus le répètent à l’envi : les collectivités
territoriales, à commencer par le groupe communal, sont
propriétaires de 80 % des équipements sportifs en France et
leur financement du sport est de même ampleur. Ainsi face
aux 222 millions d’euros consacrés l’an dernier par l’État au
“ J’avais d’emblée appelé soutien au haut niveau et au développement des pratiques,
communes et intercommunalités affichent 12 milliards d’eu-
à sortir de cette fiction ros d’aides sous forme de mise à disposition d’équipements et
selon laquelle le sport de soutien aux sportifs. Selon eux, la nouvelle gouvernance
serait organisé par du sport ne changera bien entendu rien à cette situation. Elle
le ministère des Sports. ” permet cependant d’en prendre acte officiellement en invitant
© France Urbaine

à la table les représentants des premiers financeurs du sport


Joël Bruneau, français que sont les collectivités.
coprésident de la commission
Sport de France urbaine.

Sortir du cas par cas “ La déclinaison territoriale


L’un des points sur lesquels les élus attendent le plus touche
aux relations entre collectivités et sport professionnel. En ce
de la structure de
qu’elle crée les conditions d’une réflexion et d’un dialogue gouvernance pourra
d’égal à égal entre représentants des collectivités, d’une part, et prendre la forme d’une
représentants des fédérations mais surtout des ligues profes- conférence régionale
e
© stadler_region_Alsac

sionnelles, d’autre part, la nouvelle gouvernance va dans le


bon sens. Pour David Lazarus, maire de Chambly, si au plan
des financeurs du sport.”
local une collectivité doit d’abord dialoguer avec ses clubs, au Jean-Paul Omeyer,
niveau national, il faut sortir du « cas par cas ». C’est pourquoi président de la commission Sport de Régions
de France
il estime qu’une instance nationale dans laquelle les collecti-
vités sont présentes est « une révolution ». « Cela met sur un
pied d’égalité Chambly et Paris pour dialoguer avec la Ligue de Déclinaison territoriale
football professionnel (LFP), se réjouit David Lazarus. Jusqu’à Deuxième étage de la fusée « gouvernance », l’instance régio-
présent, il n’y avait que Paris qui pouvait dire à la LFP : là, vous nale suscite pour l’heure moins de commentaires. Et pour
exagérez. Demain, quand l’AMF, par son représentant, pourra cause, ses contours restent à définir. Jean-Paul Omeyer,
président de la commission Sport de Régions de France, lance
quelques pistes : « la déclinaison territoriale de la structure de
gouvernance pourra prendre la forme d’une conférence des
financeurs, d’une conférence régionale du sport. Cela pourra
L’Andes veut faire du sport une compétence être de type différent mais l’ensemble des collectivités sera
obligatoire pour les communes autour de la table avec le mouvement sportif ». Quant à l’obli-

À l’occasion de son congrès annuel, les 24 et 25 mai dernier


à La Rochelle (Charente-Maritime), l’Association nationale
des élus en charge du sport (Andes), de la main de Marc
Sanchez son président, a remis à Laura Flessel, ministre des “ Cela met sur un pied
Sports, ses propositions dans le cadre de la refondation de d’égalité Chambly et
la gouvernance du sport. L’association d’élus propose ainsi
d’« inscrire législativement le sport comme compétence Paris pour dialoguer
« obligatoire » au sein des communes ». Sur le plan du avec la Ligue de football
financement, il s’agirait de « flécher une partie des droits TV
perçus par les clubs en direction des investissements » et professionnel (LFP). ”
© mairie chambly

encore de « favoriser l’accès à la gestion et à la propriété des


David Lazarus,
installations par les clubs professionnels qui le souhaitent ».
maire de Chambly, coprésident du groupe
Propositions à retrouver sur : https://bit.ly/2sP9kv1 de travail Sport à l’Association des maires
de France.

Acteurs du sport | N° 200 | Juin-juillet 2018 17


•ADS200.indb 17 22/06/2018 10:41
Politiques sportives

gation d’élaborer un projet sportif territorial pour prétendre sur d’autres secteurs, on est plus sur l’aide aux structures. Cela
aux aides de la future instance, en lieu et place des actuelles permet une libre administration de chaque collectivité. J’es-
subventions du CNDS, elle est saluée, et ce d’autant plus que père que cette faculté va être sauvegardée, sinon cela veut
le redécoupage des régions a créé des entités de tailles inha- dire que tout est décidé à Paris, que cela tombe sans qu’on ne
bituelles où le besoin de coordination est patent. « Si je prends puisse plus rien dire en dessous. Ce serait grave et cela bloque-
le Grand Est, j’ai en face de moi dix départements et dix poli- rait tout », prévient Jean-Paul Omeyer. Pour David Lazarus, « la
tiques différentes, sans compter les métropoles qui ne sont pas gouvernance c’est aussi la réflexion et la vision. Si on réduit
investies de la même manière. Se mettre autour d’une table les collectivités au dialogue et à la défense d’un pré carré, on
peut permettre de faire mieux », commente Jean-Paul Omeyer. se trompe. Ce n’est pas l’ambition portée collectivement ». Et
Bruno Belin de conclure, « l’important c’est de pouvoir dialo-
Libre administration guer et définir qui fait quoi, qui finance quoi. Et, de grâce, faites
Autre changement à attendre de la réforme : la répartition des confiance aux acteurs du territoire ».
compétences en matière sportive. Jean-Paul Omeyer s’inter-
roge : « soit on répartit l’architecture à l’horizontale soit plus Jean-Damien Lesay | jdamienlfr@yahoo.fr
verticalement, en disant par exemple que le haut niveau ce
sont les métropoles et les régions, le niveau intermédiaire,
c’est le bloc communal avec les départements, et que le
niveau local relève du bloc communal ». En d’autres termes, la
nouvelle gouvernance pourrait aboutir pour le sport, compé- “ L’important c’est que
tence partagée et souvent facultative, à définir plus stricte- les projets sportifs soient
ment les rôles selon les différentes strates de collectivités. Or, construits à partir des
en la matière, les élus ne souhaitent pas toucher à la souplesse
dont ils disposent actuellement. Pas plus qu’ils ne désirent que territoires et pas sur la base
la compétence soit appliquée partout de manière uniforme. d’injonctions nationales. ”

© la vienne 86
« Dans les régions, on est tous à peu près sur les mêmes Bruno Belin,
compétences mais on les applique de manière différente. Sur président du département de la Vienne et
le sport de haut niveau, beaucoup font de l’aide individuelle, représentant de l’ADF au comité de pilotage

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18 Acteurs du sport | N° 200 | Juin-juillet 2018

•ADS200.indb 18 22/06/2018 10:41


acteurs de la
JOURNÉE
D’ÉTUDE viescolaire JEUDI 11 OCTOBRE 2018 - PARIS

Handicap
INCLUSION DES ENFANTS HANDICAPÉS :
COMMENT RELEVER LE DÉFI
À l’heure du virage inclusif, priorité du gouvernement qui vise une plus forte intégration
des personnes handicapées dans la société, l’accueil des enfants représente un véritable défi pour
les communes. Quelles sont les conditions à réunir pour favoriser un accueil efficace ? Quelles sont
les aides disponibles et les coopérations qui ont fait leur preuve ?

• Quelles sont les ambitions visées par le virage inclusif


et comment se concrétisent-elles
• Comment l’offre médico-sociale se transforme
pour une plus forte ouverture vers l’extérieur
• Le point sur les besoins d’aménagement
organisationnels et matériels pour l’école
• Accueil en EAJE : quels besoins spécifiques
et quels financements disponibles
• Analyse des impacts sur l’organisation du
Projet éducatif territorial des communes
v - stock.adobe.com

• Retours d’expériences de collectivités,


d’EAJE et d’ALSH
ie
kuva ys_
d en ©

Journée animée par Jean-Marie PICHAVANT,


Responsable du Pôle Autonomie Santé,
GROUPE ENEIS
INSCRIVEZ-VOUS
DÈS MAINTENANT !
Avec le soutien de : Programme complet et inscription sur :
https://evenements.infopro-digital.com/gazette-des-communes/
journees-d-etudes-st-5 - Journée d’étude « Handicap »

Elvire ROULET
elvire.roulet@infopro-digital.com
01 77 92 93 36

•ADS200.indb 19 22/06/2018 10:41


Équipement
©jerome DELAHAYE - stock.adobe.com

Face à l’inflation des


normes, les collectivités
veulent responsabiliser
les fédérations
Les collectivités se plaignent souvent de l’inflation des normes
imposées par l’État ou les fédérations. Prescripteur n’est pas payeur
font-elles valoir. Une résolution déposée au Sénat en mars appelle
à la simplification de l’édifice normatif et à une meilleure prise
en compte des collectivités dans la gouvernance via le renforcement
des prérogatives de la Cerfres.

e 28 mars 2018, le Sénat a adopté une réso- Générales, réglementaires

L lution (1) (non contraignante) concernant la


simplification de « l’édifice normatif appli-
cable aux collectivités territoriales » en matière
ou d’homologation
La résolution avance en effet le chiffre exorbi-
tant de « 400 000 normes, réglementations et
d’équipement sportif. Présenté par trois sénateurs prescriptions applicables aux équipements spor-
(2), le texte insiste sur le coût du secteur sportif pour tifs, dont 33 000 normes Afnor ». Qui induirait un
les collectivités territoriales, « propriétaires à 80 % coût tout aussi frappant de « 6 milliards d’euros
des 250 000 équipements sportifs, selon le dernier pour les collectivités territoriales, selon l’Andes ».
recensement des équipements sportifs ». Surtout, Ces chiffres résultent de plusieurs confusions. « Il
il pointe les normes en tous genres qui régissent faut avant tout faire le distinguo entre les normes
ce secteur. générales, émanant de l’exécutif et du législateur,
•••
20 Acteurs du sport | N° 200 | Juin-juillet 2018

•ADS200.indb 20 22/06/2018 10:41


Interview
comme les règles relatives aux établissements rece-
vant du public (ERP) ou les normes d’accessibilité, Dominique
des normes réglementaires édictées par les fédéra- de Legge,
tions sportives délégataires, de leurs recommanda- sénateur d’Ille-et-Vilaine
et coauteur
tions non obligatoires mais commerciales, et enfin, de la résolution
des normes d’homologations, comme les normes de du Sénat sur les normes
l’Afnor », explique Rémi Reuss, responsable de projets

©Sénat
« collectivités territoriales, consommation et innova-
tion » d’Afnor normalisation.
Quelle est la genèse de cette résolution ?
400 normes seulement pour le sport Depuis plusieurs années, le président du Sénat
Ainsi, selon ce spécialiste, les 400 000 normes citées a initié une dynamique visant à réduire les
procèdent de l’addition de toutes les normes et régle- normes dans les différents secteurs touchant
mentations, tous secteurs confondus… Cette analyse aux collectivités territoriales. Nous avons bien
est d’ailleurs corroborée par le rapport 2016 de la avancé, et un travail du même ordre méri-
CNEM qui fait état dun coût brut à charge des collec- tait d’être mené dans le domaine du sport.
tivités territoriales proches de 6,9 milliards d’euros, Aujourd’hui, les élus font face à une forêt norma-
dont « 4,41 milliards d’euros résulteront du décret tive dès lors qu’ils rénovent un équipement
relatif aux obligations de travaux d’amélioration de la sportif. Normes de droit commun, normes
performance énergétique », très loin donc des règles sportives, règlements des fédérations, etc.
et normes sportives. Enfin, « il y a bien 33 000 normes Lorsqu’une équipe monte dans une nouvelle
Afnor au total, mais seulement 400 qui s’appliquent division, les nouvelles normes s’appliquent et
au sport », précise encore Rémi Reuss, qui estime que ont des impacts conséquents, sur la lumière,
les normes volontaires sont a contrario « susceptibles les vestiaires, les tribunes, l’accueil de la presse.
d’apporter des précisions, de la fluidité dans la gestion Cela génère des coûts importants que les
des dossiers des collectivités ». collectivités ont du mal à supporter. Certaines
de ces normes ne sont pas obligatoires mais
Les limites des fédérations « recommandées » pour l’homologation. Sur
L’article R.131-33 du code du sport encadre strictement ce type d’évènements sportifs, ce qui génère
les limites du pouvoir réglementaire des fédérations des recettes aux fédérations organisatrices,
sportives (3). En effet, elles ne peuvent, explique le texte, engendre des dépenses aux collectivités.
« réglementer que la partie purement sportive des équi-
pements et ne peuvent imposer de règles dictées par Vous appelez donc à davantage de concer-
des impératifs d’ordres commerciaux ». Contrairement tation entre les fédérations, mais aussi avec
donc à ce qui se vérifie dans les faits, une fédération les collectivités…
ne peut imposer tel ou tel type de tribune, de place, de En effet, il faut davantage tenir compte des
parties privatives pour accueillir des VIP, mais l’article collectivités, qui en fait payent à chaque
précise aussi les cas de diffusion télévisuelle, l’éclairage, nouveau changement, comme pour chaque
et même les salles de presse… Pourtant, ce sont souvent nouvelle norme Afnor. C’est un système parti-
ces points précis qui engendrent d’importants surcoûts culier où les professionnels se réunissent
pour les maîtres d’ouvrage. avec des représentants de fédérations,
prennent des décisions qui ensuite seront
Les vœux de la résolution applicables aux collectivités… Et en cas d’ac-
La résolution appelle donc à de nouvelles pratiques cident, les assurances mettent en cause la
des fédérations, plus proches des réalités du terrain collectivité si elle n’a pas appliqué une norme
(d’un point de vue financier), à un dialogue renforcé pourtant non obligatoire !
entre les régulateurs et les fédérations, et souhaite
surtout un renforcement des prérogatives de la Vous demandez entre autres à ce que les
Commission d’examen des règlements fédéraux fédérations sportives dialoguent sur l’utili-
relatifs aux équipements sportifs (Cerfres). Les avis sation commune d’un équipement ?
donnés par la Cerfres pourraient être opposables, Les collectivités manquent de moyens et
applicables par les fédérations si leurs décisions ont doivent adapter les équipements pour une
des conséquences directes sur les équipements pluri-utilisation. Il est aberrant que chaque
sportifs. De même, la Cerfres pourrait s’autosaisir d’un fédération ait par exemple trois typologies
point précis en dehors de demandes émanant des de chaises d’arbitre, ou des intensités d’éclai-
collectivités territoriales (lire interviews). Mais pour rage différentes pour des pratiques proches,
être effectives, l’ensemble de ces recommandations par exemple les arts martiaux. Les fédéra-
du Sénat devra forcément faire l’objet d’un projet de tions doivent être responsabilisées dans cette
loi : la balle est donc dans le camp du gouvernement démarche générale.
et des législateurs. •••
Acteurs du sport | N° 200 | Juin-juillet 2018 21
•ADS200.indb 21 22/06/2018 10:41
Équipement

Nouvelle gouvernance
••• En attendant, la structure nationale dans laquelle
seront représentés l’État, le mouvement sportif, les
collectivités territoriales et le monde économique
pourrait favoriser les échanges entre les acteurs et en
particulier entre le mouvement sportif et les collec-
tivités. Et les représentants des collectivités de citer
en contre-exemple le hockey sur glace qui a modifié
le calendrier de son championnat sans concertation
avec les collectivités propriétaires et exploitantes des
patinoires. « Pourtant, ce n’était pas compliqué de
prévenir les douze collectivités qui accueillent des
clubs de hockey », souligne un adjoint au sport. La
coresponsabilité est un long chemin.

Sylvie Roman | sylroman@yahoo.fr

©BOGDANOV - AdobeStock
(1) goo.gl/NiFYgw
(2) Dominique de Legge, Christian Manable et Michel Savin.
(3) goo.gl/Kb937i

Interview
David Lazarus,
maire de Chambly et président de la Cerfres

La résolution du Sénat veut mieux représenter le monde rural et les EPCI.


©mairie chambly

Y a-t-il aujourd’hui un manque ?


La Cerfres est un organisme unique qui fonctionne grâce à un dialogue constructif entre
l’État, le monde du sport et les collectivités territoriales. Il faut faire attention à ne pas intro-
duire de modification qui déséquilibrerait les représentations au sein de la Cerfres, il est
donc essentiel qu’elle soit présidée par un élu de collectivité. Concernant la représentation d’EPCI, je n’y vois pas
d’inconvénient. En revanche, le monde rural est déjà représenté, pas besoin de prendre de mesure spécifique en ce
domaine. En effet, l’Association des maires de France représente toutes les communes de France, donc le monde
rural. D’ailleurs, à titre personnel, je préside la Cerfres mais je suis aussi maire d’une commune de 10 000 habitants
au sein d’une intercommunalité où les communes ont moins de 3 500 habitants, dans un département rural…

Que pensez-vous des points sur le renforcement de compétences de la Cerfres ?


Je demande des évolutions assez simples. La possibilité de contrôler la bonne application des préconisations
que nous avons faites aux fédérations, un droit de suite en quelque sorte. Les avis que nous donnons devraient
être conditionnels et soumis à vérification, et contraignants, ce qui n’est pas le cas ! Nous souhaitons aussi un
« pouvoir de convocation » des fédérations et d’auto-saisine sur un problème, chose que nous ne pouvons pas
aujourd’hui. Enfin, nous demandons un pouvoir de sanctionner les fédérations, si besoin.

Soutenez-vous la préconisation sur la mise en place du principe « prescripteur-payeur » ?


Je ne valide pas cette prescription, sauf si elle émane du législateur. En effet, la première question est « qui va
payer ? ». Contrairement à la plupart des pays européens, nous avons très peu d’équipements dédiés à une
seule pratique, mais plutôt une majorité d’équipements partagés, tant pour les gymnases que pour les terrains
de sport. Un système de prescripteur-payeur est donc impossible à mettre en œuvre. Quelles seraient les fédé-
rations référentes, et à quel niveau de prise en charge et selon quelles répartitions ?

Que préconiseriez-vous alors ?


Le pragmatisme, la discussion, la coordination entre les différents règlements des fédérations ! Mais ce n’est pas
du ressort de notre organisme. Quand dans un même équipement on pratique plusieurs sports, il est paradoxal
d’exiger une certaine hauteur de plafond pour la pratique du handball, qui surenchérit le coût de construction
pour parfois quelques heures d’occupation par semaine.

22 Acteurs du sport | N° 200 | Juin-juillet 2018

•ADS200.indb 22 22/06/2018 10:41


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•ADS200.indb 23 22/06/2018 10:41


Initiatives fédérales

Le mouvement sportif
en marche vers
la coresponsabilité
Le mouvement sportif a globalement bien accueilli
les principes d’une nouvelle gouvernance. Mais passer
de partenaire à codécideur réclame des moyens mais aussi
un changement de posture. Les fédérations sont-elles prêtes ?
À quelles conditions ?

ice-président du CNOSF, Bernard Amsalem ne cache pas Tout est à faire

V son optimisme. « Nous avons acté d’un principe : faire


évoluer le système vers une plus grande coresponsabi-
lité : État, mouvement sportif, collectivités locales et entreprises.
L’accord étant établi sur la base du principe de responsabili-
tés partagées, chacun s’accorde à dire que tout dépendra de
la mise en œuvre et des structures mises en place. « Tout est
Ce n’était pas évident. Il faut maintenant aller rapidement vers à faire », souligne Roselyne Bienvenu, vice-présidente de la
une loi qui transformera ces principes en actes. Cette réforme va région des Pays de la Loire et ex-administratrice de la Fédé-
donner de la crédibilité et une autre image au sport en le position- ration française de basket-ball, ajoutant « cela donne un peu
nant d’utilité sociale. Sait-on que le département de la Seine-Saint- le vertige car on ne sait pas faire ». Soulignant aussitôt que
Denis détient le record de médaillés olympiques ? Cela témoigne c’est un des effets de la démarche adoptée et « se satisfaisant
de la capacité du sport à participer à la construction des individus du fait que tout n’ait pas été écrit d’avance, ce qu’on aurait pu
et à la promotion des valeurs républicaines ». craindre ». Agence, GIE, SEM, GIP… les pistes techniques et juri-
diques ne manquent pas. Bernard Amsalem exprime ses préfé-
Élargir le cercle rences. « Pourquoi ne pas s’inspirer des principes de l’écono-
Même analyse du côté de l’Usep. Pour sa présidente, Véronique mie sociale et solidaire, les ouvrir à une représentation des
Moreira, la coresponsabilité est « une voie de progrès » qui usagers ? ». Un travail qui doit être mené de pair avec la néces-
permettra « d’élargir le cercle des acteurs ». Autre sujet de satis- sité de « travailler à la définition d’un projet sportif partagé ».
faction, le fait que le haut niveau et le développement du sport
soient traités par la même structure « le haut niveau ne doit pas Sanctuariser et clarifier
être déconnecté du sport de masse ». Positif encore le fait de « ne Bien évidemment, les questions financières sont au cœur des
pas opposer les différents types de pratiques, pratiques en club, préoccupations. Pour Véronique Moreira, la nouvelle organi-
pratiques organisées hors club et pratiques auto-organisées », sation doit inviter les collectivités et les entreprises à « mettre
pointant la nécessité de trouver une articulation entre les diffé- plus dans le pot commun ». Ajoutant que « si on a besoin d’un
rentes formes de pratiques. Pour cela, il faudra « regarder les financement plus important, il doit être aussi mieux orga-
pratiques du point de vue des pratiquants, modeler le sport de nisé ». Même exigence pour Bernard Amsalem, « la nouvelle
demain par la demande ». Une analyse et une orientation qui structure doit aider à sanctuariser les ressources du CNDS
préfigurent de profondes réorganisations fédérales. et clarifier les relations entre budget de l’État et ressources
extrabudgétaires ». Dans ce domaine, un geste est attendu.
« Si on a des objectifs de médailles ambitieux pour 2024 et
la volonté d’augmenter le nombre de pratiquants, ce sont au
moins 400 millions qui sont attendus ». Objectif atteignable
« en déplafonnant le prélèvement sur la Française des jeux ».
Bernard Amsalem,
vice-président du CNOSF,
membre du Cese
Possible désorganisation
Interrogation aussi sur la nature des politiques à mettre en
place et sur la juxtaposition au sein de la future structure du
“ Nous avons acté d’un principe : haut niveau et du développement. Claude Fauquet (président
faire évoluer le système vers du Cros Hauts-de-France) pose des limites : « les exigences du
davantage de coresponsabilité ” haut niveau sont très spécifiques. Il doit être organisé pour
être efficace, se situer hors des luttes d’influence », se référant
en cela à une structure mise en place par les Anglais pour la

24 Acteurs du sport | N° 200 | Juin-juillet 2018

•ADS200.indb 24 22/06/2018 10:41


les fédérations « ont du mal à faire évoluer leurs
règlements ». Elle propose par exemple « d’atta-
cher la licence à la personne », ce qui permettrait par exemple
aux enfants dont les parents pratiquent la garde alternée de
pratiquer dans plusieurs clubs suivant l’endroit où ils sont.

Niveau de maturité
Si le mouvement sportif partage l’idée que « le système actuel
est à bout de souffle et qu’il faut en changer », l’espace de temps
dans lequel on sait que les choses vont changer et où on ignore
à quoi vont aboutir les futurs arbitrages se révèle paralysant
et anxiogène. Pour devenir un acteur à part entière des poli-
tiques sportives, il doit conduire en même temps une straté-
gie de changement et répondre à l’urgence du quotidien. Or,
selon un connaisseur, « le mouvement sportif n’a pas encore
le niveau de maturité souhaité ». Ce qui fait dire à Emmanuel
Rorteau, responsable du service des sports de la région Pays de
la Loire, qu’il faut aider le mouvement sportif à se structurer, se
former, à « non seulement être capable de définir des projets,
mais d’être aussi en capacité de les promouvoir en interne et
dans les territoires ».

Denis Cheminade | denischeminade@gmail.com


djama - stock.adobe.com

Les territoires en mode laboratoire


Pour Claude Fauquet, nouveau président du Cros Hauts de
France (et ancien DTN de la natation), la question c’est qui
préparation des Jeux de Londres, UK Sport. Éric Journaux, pilote et pour quelle efficacité ? « Le mouvement sportif est
directeur du Creps de Toulouse, aurait préféré que l’on parle habitué à avoir un fonctionnement pyramidal, il doit évoluer.
de « performance » plutôt que de « haut niveau », craignant que, La complémentarité, ça ne se revendique pas, cela s’organise.
dans l’urgence de Paris 2024, ce vocable réserve ces politiques Pour cela, le Cros vient d’adopter un projet où chacun doit
travailler à son niveau ».
aux médailles des seules fédérations olympiques. Il s’inquiète Les conférences régionales du sport préfiguraient
d’une possible désorganisation d’une filière qui alimente le l’organisation qui devrait se mettre en place. Roselyne
haut niveau et est une part importante des fonctions sociales Bienvenu est confiante. « Nous avons un savoir-faire
du sport. « Ces problèmes seront à régler en avançant et le à travers la conférence régionale du sport qui travaille
Creps peut, dans la future organisation, être une ressource maintenant depuis douze années ». Mais la nouvelle donne
oblige à évoluer « l’opérationnalisation sera sans doute
commune à l’ensemble des parties prenantes et constituer complexe. Nous devons nous mettre en mode laboratoire
un espace « neutre » où se développe le dialogue entre tous pour faire de la prospective, réfléchir au projet. Nous devons
les acteurs ». concevoir une nouvelle organisation pour l’ensemble, mais
aussi pour chacune des composantes. Intégrer les demandes
Évolution des méthodes de nos concitoyens qui font de l’espace public un terrain
de sport, réaliser l’assemblage des différentes stratégies
Sur le plan local, Roselyne Bienvenu rappelle que « les clubs des territoires et des disciplines ». Un travail déjà engagé
sont fragilisés par la baisse du CNDS et des financements et que à travers la mise en place d’une plateforme collaborative
la diversification dans les fonctions sociales du sport épuise les intercollectivité dont la mise en place a été expliquée et
dirigeants ». Le principe de coresponsabilité suppose des rela- acceptée par le mouvement sportif et l’État. Mais pour
tions entre égaux. Or, le sport n’est pas préparé à l’autonomie, Emmanuel Rorteau, il faut maintenant « aller plus loin
que l’échange d’information pour permettre l’articulation
encore moins à l’indépendance. Le pilotage des politiques des ambitions et des interventions au sein de l’espace
fédérales par la demande et à partir des territoires suppose régional dans le cadre d’un service public du sport ».
donc une profonde évolution des méthodes et des pratiques. Pour l’instant, dans les clubs et les comités, c’est plutôt
Constatant que dans sa région des Pays de la Loire quatre l’attentisme et l’inquiétude qui dominent.
clubs de basket-ball sont en pro, Roselyne Bienvenu s’inter- Comme l’exprime sous couvert de l’anonymat un responsable
départemental qui « manque d’information », « s’inquiète
roge : « est-il raisonnable dans la région des Pays de la Loire de des financements » et « a peur que le sport perde son âme
laisser les clubs décider seuls de leur accès au championnat dans cette réforme ».
professionnel et des financements qui vont avec ? ». Prenant
sa casquette d’ancienne responsable fédérale, elle estime que

Acteurs du sport | N° 200 | Juin-juillet 2018 25


•ADS200.indb 25 22/06/2018 10:41
Souvenir

0 a n s , 2 0 c o uve r t u r e
2

26 Acteurs du sport | N° 200 | Juin-juillet 2018

•ADS200.indb 26 22/06/2018 10:41


re s

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Acteurs du sport | N° 200 | Juin-juillet 2018 27
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Code APE : 5813Z

•ADS200.indb 28 22/06/2018 10:42


Métier

« Dès 2004, il apparaissait


nécessaire de faire
évoluer le modèle du sport »
La question centrale concerne ments différents, multiples basés sur de
la clarification des compétences ? vrais partenariats. Aujourd’hui, la réforme
La loi permet, certes, à chaque niveau engagée au niveau national prévoit cette
de collectivité d’intervenir sur le sport, intelligence collective d’abord par la créa-
mais sans aucune garantie sur la durée. tion d’une agence nationale du sport, puis
Les premières difficultés financières des par la constitution de structures régio-
collectivités ont incité Sports et Terri- nales et territoriales, chacune associant
toires à proposer une clarification légis- le mouvement sportif, l’État, les collecti-
DR

Jacques Vergnes, lative. Aujourd’hui, les effets sont là ; les vités et les entreprises. Nous nous mobili-
Président de Sports et territoires collectivités se recentrent par contraintes serons pour la réussite de ce projet, ambi-
budgétaires sur leurs compétences obli- tieux mais nécessaire.
Comment l’association Sports gatoires dont ne fait pas partie le sport.
et Territoires aborde-t-elle Seules des compétences obligatoires ou Propos recueillis par Laurent Thoviste
la question de la gouvernance ? chef de file pourront, à notre avis, mainte-
Notre ambition est bien sûr de contribuer à nir les collectivités à un niveau pertinent
la réussite de la nouvelle gouvernance du de financement pour une vraie politique
1993-1999 :
sport. Nous avons organisé treize forums sportive coordonnée.
Maurice Pujol, directeur des sports à
nationaux sur l’organisation du sport en Vichy puis directeur général adjoint
France, dont le premier, en 1993 à Mâcon, L’enjeu est d’imaginer au conseil général du Puy-de-Dôme.
traitait déjà du rôle des collectivités dix de nouveaux modes
ans après la décentralisation. Dès le forum de financement ? 1999-2006 :
Jean-Claude Cranga, directeur des
à Grenoble en 2004, il apparaissait néces- Dès 2010, notre réflexion a porté sur les
sports de la ville de Mâcon puis direc-
saire de faire évoluer le modèle du sport en actions à engager pour aller « vers une teur des sports de l’agglomération de
France. Nous avons émis plusieurs propo- nouvelle économie du sport ». La baisse Montpellier.
sitions mais la prise de conscience n’était des financements publics nous semble
pas encore suffisante. En effet, le modèle inéluctable. C’est pourquoi nous avions Depuis 2006 :
Jacques Vergnes, directeur des
français fonctionnait et malgré son déclin intitulé notre forum de 2013 à La Rochelle
sports de la ville et de l’Eurométro-
progressif lié à l’évolution de la société, les « Le sport et la crise ». Nous voulions provo- pole de Strasbourg puis directeur
acteurs n’étaient pas prêts à le réformer. Il quer un électrochoc pour faire évoluer la de la jeunesse, des sports et de la
aura fallu l’arrivé des Jeux olympiques et conception du financement du sport en citoyenneté au conseil régional
paralympiques en France en 2024 pour France. L’enjeu est d’identifier toutes les Provence-Alpes-Côte d’Azur.
engager une vraie réforme. innovations qui permettent des finance-

SAVE THE DATE NOUVELLE GOUVERNANCE DU SPORT


jeudi 11 octobre 2018 « Quelles contributions des réseaux de professionnels
du sport pour la réussite de la mise en œuvre
de la nouvelle gouvernance ? »

Nous suivre sur www.sportsetterritoires.fr


COMITÉ NATIONAL OLYMPIQUE SPORTIF FRANÇAIS

Acteurs du sport | N° 200 | Juin-juillet 2018 29


•ADS200.indb 29 22/06/2018 10:42
La Revue de presse Chers lecteurs, chaque mois, nous vous proposons un supplément
composé d’articles sélectionnés dans les autres titres du Groupe
dee Territorial Territorial. Notre objectif : vous être toujours plus utile, en vous
faisant découvrir la richesse de tous nos magazines.

Les associations sportives


d’entreprise
Seulement 18 % des entreprises proposent des activités
sportives pour leurs salariés. Les associations sportives
d’entreprise, qui relèvent de la loi de 1901, ont donc encore
de nouveaux espaces à conquérir !

e sport c’est bon pour la santé et

L pour l’économie ! Une étude réali-


sée en 2015 à l’initiative du Comité
national olympique et sportif français
(CNOSF) et du Médef sur l’impact de la
pratique du sport en entreprise révélait
que celle-ci produisait entre 5 et 7 % d’éco-
nomies de dépenses de santé et trois ans
d’espérance de vie en plus pour le salarié,

©auremar-AdobeStock
6 à 9 % d’amélioration de sa productivité
et une économie de 308 à 348 euros de EN SAVOIR PLUS
dépenses de santé pour la société. La Fédération française
du sport d’entreprise : www.ffse.fr
Freins
Pourtant, une étude plus récente (1) mondiaux du sport en entreprise – les Réglementation
montre que seulement 18 % des entre- prochains auront lieu à La Baule du 23 au Les associations sportives d’entreprise
prises proposent des activités sportives 27 mai 2018. Mais au-delà de cet aspect relèvent de la loi de 1901 et sont soumises
pour leurs salariés. Cette offre existe compétitif, ce sont les réflexions sur la aux mêmes règles que les associations
dans huit grandes entreprises (plus de qualité de vie au travail, la santé des sala- sportives classiques. Elles sont libres de
250 salariés) sur dix, mais dans moins riés, la motivation au travail ou le bien- s’affilier ou non à une fédération sportive.
de deux sur dix pour les moins de être dans le milieu professionnel qui Elles sont tenues de souscrire des garan-
cinquante salariés. Si le principal frein contribuent à favoriser aujourd’hui le ties d’assurance couvrant leur responsa-
est le manque de locaux adaptés (34 %), développement du sport en entreprise. bilité civile, celle de leurs préposés sala-
les entreprises expliquent, à une très riés ou bénévoles et des pratiquants (code
grosse majorité (70 %), qu’elles ne savent du sport, art. L.321-1 et L.321-2). Doivent être
pas vers qui se tourner pour formaliser affichées dans l’établissement où est prati-
Vers un label européen
une telle offre. quée l’activité une copie des diplômes,
Les fédérations européennes du titres ou cartes professionnelles des
sport d’entreprise (dont la FFSE) sont
Accompagnement personnes qui enseignent, animent ou
parties prenantes du programme
C’e st là que les fédérations sportives EmoCS (European Meetings of encadrent cette activité contre rémunéra-
peuvent jouer un rôle important en Company Sport) qui a pour but tion ; une copie des textes fixant les garan-
accompagnant les entreprises qui de promouvoir en 2018 et 2019 la ties d’hygiène et de sécurité et les normes
souhaitent introduire du sport dans pratique sportive en entreprise. techniques applicables à l’encadrement
C’est dans ce cadre qu’aura lieu à
leur environnement. C’est ainsi que le des activités physiques et sportives (art.
Paris en septembre prochain un
CNOSF a mis en place un « Guide péda- salon européen sur le thème, et à L.322-2) et une copie de l’attestation du
gogique du sport en entreprise » (2) ou Bruxelles en juin 2019 un séminaire contrat d’assurance de responsabilité
qu’existe la Fédération française du d’experts. Pour les promoteurs de civile de l’association.
sport d’entreprise (FFSE). Cette dernière ces différentes manifestations,
Michel Lulek
l’objectif est de mettre en place
regroupe quelque 2 000 clubs, comités
un label européen de la pratique (1) Étude « Sport en entreprise » (novembre 2017) :
d’entreprise ou entreprises, soit quelque sportive en entreprise. https://bit.ly/2pHQ7e9
42 000 licenciés et organise des Jeux (2) https://bit.ly/2tfFkLg

30
Article
c extrait de la revue Associations mode d’emploi n° 199

•ADS200.indb 30 22/06/2018 10:42


La Reevue de presse de Territorial

Astreintes : entre
inquiétudes et vigilances
Le 21 février dernier, la Cour de Justice de l’Union européenne a rendu
un arrêt susceptible, à terme, de remettre en cause ou de compliquer
l’utilisation des astreintes par les employeurs français.

u regard des enjeux, il paraît le décompte des repos de sécurité. Dans elle prend le risque de voir requalifier

A important de bien comprendre


le raisonnement juridique qu’elle
a suivi pour anticiper et se prémunir
les services techniques, les astreintes sont
utilisées notamment pour la gestion des
réseaux, voirie assainissement, transports
cette période d’astreinte en temps de
travail avec toutes les conséquences
induites en termes de décompte du
contre les risques de requalification que publics, propreté urbaine, mais également temps de travail, de rémunération, de
pourraient courir nos collectivités. Avant pour assurer la continuité du service dans versement d’éventuelles heures supplé-
toute chose, il est essentiel de bien définir les bâtiments publics. mentaires, ou de prise en compte des
les termes et de ne pas confondre travail Enfin, dans le cadre d’une permanence, repos de sécurité (1). Si la vigilance est de
effectif, permanences et astreintes. Pour l’agent est non seulement à la disposition mise, il convient toutefois de rester serein.
autant, la définition du travail n’est pas de la collectivité mais également sur site
rigoureusement équivalente dans le droit et non à domicile. Durant cette perma- Conséquences immédiates limitées
européen et dans le droit français. L’ar- nence, l’agent peut ne pas produire du L’arrêt de la Cour portait sur l’interpréta-
ticle 2 de la directive européenne 2003/88 travail effectif et la rémunération peut tion d’une question précise posée par un
du 4 novembre 2003 définit le temps de donc être différente de celle versée dans tribunal belge. L’arrêt va donc être utilisé
travail comme « la période durant laquelle le cadre d’un travail effectif. dans le cadre du contentieux soulevé
le travailleur est au travail ou à la disposi- en Belgique mais il n’a pas vocation à
tion de l’employeur et dans l’exercice de Remise en cause du régime venir immédiatement modifier les droits
son activité ou de ses fonctions ». des astreintes ? internes nationaux. En revanche, en cas de
En France, le régime juridique des L’arrêt de la Cour de Justice de l’Union contentieux en France, les tribunaux saisis
astreintes est fixé par l’article L.3121-9 du européenne (CJUE) porte sur une ques- d’une question identique devront naturel-
code du travail : « la période d’astreinte tion préjudicielle posée dans le cadre lement tenir compte de l’interprétation et
est une période durant laquelle le sala- de l’article 67 du traité de fonctionne- de la réponse apportée par la CJUE.
rié, sans être sur son lieu de travail, est à la ment de l’Union européenne. La CJUE Par ailleurs, autre élément positif, la Cour
disposition permanente et immédiate de rappelle tout d’abord que la qualification rappelle que la qualification de temps de
son employeur pour être en mesure d’in- de travailleur, au sens du droit européen travail de la période d’astreinte n’a pas de
tervenir pour accomplir un travail ou un telle qu’elle est inscrite dans la directive conséquence sur le niveau de rémuné-
service dans l’entreprise ». Dans le cadre du 4 novembre 2003, s’applique même ration. Chaque État reste libre de fixer un
d’une astreinte, l’agent n’est pas sur son pour des sapeurs-pompiers volontaires. niveau de rémunération différent pour le
lieu de travail mais il doit rester, à domicile Bien évidemment, pour des astreintes temps de travail effectif, pour les périodes
ou à proximité, joignable et mobilisable à réalisées par des agents publics, la quali- de permanence et pour les astreintes.
tout moment sur appel de la collectivité. fication de travailleurs est encore plus Pour autant, à plus long terme, il convient
En contrepartie de cette disponibilité, évidente. La CJUE s’est ensuite interro- de rester vigilant dans la mesure où une
l’agent est rémunéré dans le respect des gée sur la caractérisation juridique du décision prise en 2004 (2) par le Comité
textes réglementaires. Dans la filière tech- temps passé en astreinte : temps de européen des droits sociaux, organisme
nique, il convient de distinguer astreintes travail ou période de repos étant précisé dépendant du Conseil de l’Europe et
d’exploitation, astreintes de sécurité et bien évidemment que ces périodes sont chargé de veiller à la bonne application de
astreintes de décision qui concernent en exclusives l’une de l’autre. la charte sociale européenne avait relevé
général l’encadrement. Le montant de Dans son arrêt du 21 février dernier, la que le régime des astreintes tel qu’il était
l’indemnisation des astreintes de sécu- CJUE a considéré que si la collectivité pratiqué en France n’était pas conforme à
rité et d’exploitation est majoré de 50 % imposait à l’agent des restrictions très l’article 2 de ladite charte.
si les agents mobilisables sont prévenus significatives pour les activités person- Laurent Guyon, ingénieur en chef hors classe
moins de quinze jours avant. Bien évidem- nelles pouvant être réalisées au cours
(1) Un repos minimal de 11 heures consécutives est
ment, lorsque l’agent est amené à interve- d’une période d’astreinte, celle-ci devait obligatoire toutes les 24 heures de travail. De même, un
nir dans le cadre d’une astreinte, le temps être considérée comme du temps de repos compensateur de 24 heures doit être prévu
au cours d’une période de 7 jours de travail.
passé en intervention est bien du temps travail. Dès lors, si une collectivité impose (2) Décision rendue en le 12 octobre 2004 à la suite
de travail effectif qui doit être payé ou récu- des contraintes spécifiques et draco- d’une réclamation 16/2003 déposée en 2003 par deux
organisations syndicales françaises CFE/CGC.
péré mais également pris en compte dans niennes à ses agents placés en astreinte,

Article extrait de la revue Techni.Cités n°313 31


•ADS200.indb 31 22/06/2018 10:42
La Reevue de presse de Territorial

Dix conseils pour se lancer


dans le BIM
L’usage croissant du processus BIM concerne aussi bien la construction
neuve, les travaux sur l’existant que la gestion et l’entretien du patrimoine.
Dix conseils tirés de l’expérience des villes de Cannes, Montpellier,
Strasbourg, Bordeaux, Lille.

S’appuyer sur l’expérience


1 existante
Le BIM (Building Information Modeling)
ment. Près de 80 % des données BIM ne
sont pas visuels et sont renseignés par
différents métiers. Le passage au BIM
jamais s’arrêter d’enrichir et de modi-
fier la maquette. Une traçabilité doit
être assurée avec des jalons et des vali-
est une maquette numérique du bâtiment dans une entreprise ou une collectivité dations de la maquette aux différentes
structurée et constituée d’objets (menui- s’organise ainsi de manière transversale étapes du projet (APS, APD, etc.) », insiste
series, chaudière, logements, etc.) identi- en mobilisant plusieurs services. Les Magali Thisse, directrice générale délé-
fiés et enrichis. Pour se lancer, il est impor- directions métiers concernées par les guée de Berim, société d’ingénierie.
tant de bien définir par quoi commencer : enjeux du BIM sont la direction des bâti-
Privilégier un format
par la conception et les études, par le
suivi des travaux ou par l’exploitation ?
Le guide méthodologique de « Recomman-
ments ou du patrimoine bâti et la direc-
tion des systèmes d’information géogra-
phique. Par ailleurs, sont aussi impliqués
5 pérenne d’échanges
Pour garantir l’interopérabilité des
dations à la maîtrise d’ouvrage », édité par à des degrés divers les services informa- échanges entre logiciels différents, le
le PTNB et la MIQCP, apporte des conseils tique, finances pour les commandes, choix d’un format de fichier open BIM
utiles pour bien démarrer. Se lancer dans et communication. est indispensable, éventuellement
le BIM, c’est défricher un domaine dont la complété par un format natif de logiciel
Encadrer
maturité n’est pas encore éprouvée. Il est
indispensable de partager l’expérience
acquise avec des structures similaires.
4 par une charte
Le niveau de détails de la maquette est
commercial. Le standard d’échanges
des données de la maquette habituel-
lement utilisé est une norme ISO, l’IFC
précisé par le LoD (Level of Detail) et le (Industry Foundation Classes) qui
Démarrer
2 par un pilote
Le déploiement du BIM prenant
LoI (Level of Information). Le cahier des
charges de chaque projet vient définir le
niveau de détails de la maquette modé-
a été définie pour les bâtiments mais
aussi les ouvrages d’art. À noter qu’il
existe une méthode à destination des
plusieurs années, il convient d’être lisée à chaque étape et pour chaque maîtrises d’ouvrage pour recenser et
modeste dans les ambitions, en choi- intervenant et contient une charte préci- structurer un projet de construction dite
sissant l’objectif le plus pertinent et en sant la structuration des données BIM COBie (Construction Operation Building
se donnant le droit à l’expérimentation, souhaitée. « Attention avec le BIM, il faut Information) basée sur les IFC pour la
voire d’être simplement observateur être rigoureux sur les fondamentaux de maquette numérique et la norme Omni-
dans un premier temps. Le savoir-faire la gestion du projet. Le risque est de ne class pour la nomenclature.
de bureaux d’études AMO peut être
LaCozza - stock.adobe.com

apprécié pour accompagner le démar-


rage avec la mise en place de tests sur
des opérations pilotes en sachant que le
savoir-faire nécessaire est à la fois infor-
matique (BIM et maquette numérique)
et métiers (architecture et gestion de
patrimoine). De premières validations
de principe vont permettre de consoli-
der les différentes étapes de la chaîne,
allant de la conception à l’exploitation.

Mettre en place
3 la collaboration
Le processus BIM ne se réduit pas à la
description géométrique contenue dans
la maquette numérique 2D et 3D du bâti-

32 Article extrait de la revue Techni.Cités n°313

•ADS200.indb 32 22/06/2018 10:42


La Reevue de presse de Territorial

LaCozza - stock.adobe.com
S’équiper pour la 3D
6 temps réel
À moins d’avoir une équipe de maîtrise
à convertir et à vérifier les éléments de
la maquette fournis par les différents
acteurs du projet. La convention BIM
avec le logiciel de gestion financière (les
bordereaux de commande) et avec les
contrats de maintenance. Les données
d’œuvre en interne, la priorité n’est pas de spécifique à chaque projet vient contrac- doivent être structurées de manière
s’équiper en outil logiciel d’édition de la tualiser l’organisation du processus BIM. assez fine, dans un format qui ne soit pas
maquette numérique. Pour visualiser la propriétaire. Les données doivent être
Être prudent
maquette numérique, ajouter des anno-
tations, faire des mesures et des coupes,
des visualiseurs BIM suffisent dont
8 sur les gains réalisés
Le BIM demande d’être vigilant sur la
pérennes et fiables avec des liens actifs,
par exemple une nouvelle commande
de chaudière va remettre le statut de
certains sont gratuits comme eveBIM définition des besoins car les coûts l’équipement à neuf.
du CSTB. Du côté serveur d’échanges d’investissement dans la maquette
Intégrer le service
de données autour de la maquette, la
plateforme Kroqi du PTNB est à dispo-
sition des maîtrises d’ouvrage public.
peuvent être exponentiels. Néanmoins,
les gains sont réels. Les chantiers sont
sécurisés grâce à une meilleure détec-
10 géomatique
Un sous-ensemble du BIM est utile à
Néanmoins, du fait de la complexité des tion des conflits et des incohérences l’échelle de la ville et se trouve rensei-
modèles BIM utilisés dans les projets en amont. En gestion de patrimoine, gné dans le SIG3D de la collectivité.
de grande envergure, il faut prévoir les commandes peuvent être passées Il existe une complémentarité fruc-
des stations de travail suffisamment avec davantage de précision, les travaux tueuse entre les modélisations fines des
puissantes pour pouvoir manipuler en programmés avec une plus grande anti- bâtiments et la connaissance géoma-
temps réel la maquette 3D ainsi que des cipation et une maintenance prédic- tique simplifiée du territoire. L’équipe
espaces de stockage de données. tive mise en place. Néanmoins, il faut de pilotage du BIM doit être pluridis-
être prudent sur l’estimation du retour ciplinaire et intégrer le service SIG qui
Organiser autour
7 du coordinateur BIM
Au sein de la nouvelle organisation,
sur investissement car les gains sont
difficiles à quantifier et il faut veiller à
ce qu’ils soient répercutés par les entre-
possède une vision transversale des
données numériques du territoire,
essentielle à une bonne exploitation
chaque intervenant du projet nomme prises. du patrimoine. En dehors du bâtiment,
un coordinateur BIM qui est le référent le choix d’un format de fichier est moins
Anticiper l’évolution
pour l’entreprise pour gérer, échanger
et archiver les fichiers BIM créés par l’en-
treprise. La centralisation des différentes
9 de la gestion de patrimoine
Il peut s’avérer utile de démarrer un
évident entre CityGML qui répond
globalement mais de manière incom-
plète et les IFC qui ne couvrent que les
maquettes est de la responsabilité du dialogue avec son éditeur de logiciel ouvrages d’art.
BIM Manager de la maîtrise d’œuvre qui, de gestion de patrimoine, concernant
sur les projets conséquents, est asso- son adaptation à l’arrivée du BIM. À
cié à un BIM Manager AMO. Du fait des terme, l’outil de gestion technique de
enjeux d’interopérabilité, le BIM Mana- patrimoine doit être à même d’exploi-
ger consacre une partie de son temps ter une maquette numérique en lien

Article extrait de la revue Techni.Cités n°313 33


•ADS200.indb 33 22/06/2018 10:42
La Reevue de presse de Territorial

Un contrat de subvention sous


les feux d’une mise en concurrence
Un contentieux sur l’organisation du carnaval de Nantes a été l’opportunité
d’un débat sur la mise en concurrence des cocontractants des
conventions de subvention. S’estimant lésée par la subvention attribuée
à une association afin de préparer cette manifestation, une entreprise
a saisi la justice. Après avoir sous-entendu que le contrat était un marché
public, estimant qu’une procédure de passation devait être réalisée,
même si l’acte litigieux était une convention.

a commune de Nantes a-t-elle tiative du projet. La juridiction s’est inter- rante persévère en objectant toujours l’ab-

L déguisé un marché public en


contrat de subvention à l’occasion
de l’organisation du carnaval de la ville ?
rogée sur la satisfaction des besoins de la
commune par le biais de ce contrat. Elle
souligne qu’il ne peut être déduit d’une
sence de démarche d’ouverture. Cette fois-
ci, la mise à disposition par la commune
d’un local au profit de son cocontrac-
À défaut, cette convention, en tant que activité, présentant un caractère d’in- tant est dans sa ligne de mire. Elle assi-
telle, devait-elle faire l’objet d’une mise en térêt général, l’existence d’une contre- mile la convention à une autorisation
concurrence ? Ces problématiques sont partie directe. Il ressort du document comportant occupation du domaine
ressorties lors du litige opposant la col- contesté, d’une part, l’absence de four- public. Là encore, la CAA maintient sa
lectivité à la société Public Événements. niture de service par l’association à la réponse même si l’acte litigieux est un titre
En l’espèce, la cité des Ducs avait apporté commune et, d’autre part, aucun verse- d’occupation. À noter que l’ordonnance
sa contribution financière à l’association ment d’une somme n’est prévu en vue n° 2017-562 du 19 avril 2017 relative à la
Nemo afin qu’elle puisse préparer cet évé- de répondre aux besoins touristiques propriété des personnes publiques, impo-
nement pour les années 2013 à 2015. Les et économiques de la collectivité. Enfin, sant dorénavant une passation, n’était
éditions précédentes étaient mises en le cocontractant dispose d’une autono- pas en vigueur au moment de l’affaire.
œuvre par un autre organisme, qui a fait mie dans l’organisation ; le contrat se Néanmoins, cette obligation est écartée
l’objet depuis d’une liquidation judiciaire. contente de porter uniquement sur le par le texte lorsque l’occupation n’est pas
Une subvention de 254 000 euros a été suivi des activités subventionnées et de utilisée en vue d’une exploitation écono-
attribuée par le conseil municipal à l’asso- prévoir un contrôle financier. Ce projet mique. Dans une dernière tentative, la
ciation et, dans la foulée, une convention a étant initié, défini et mis en œuvre par requérante invoque la méconnaissance
été conclue entre les deux protagonistes. l’organisme de droit privé bénéficiaire, la de l’article 12 de la directive 2006/123 du
Cet accord a été contesté par l’entreprise convention litigieuse est donc un contrat 12 décembre 2006 : « lorsque le nombre
Public Événements qui a saisi le juge du de subventionnement conformément à d’autorisations disponibles pour une acti-
contrat. Déboutée en première instance, l’article 9-1 de loi du 12 avril 2000 (dispo- vité donnée est limité en raison de la rareté
elle a interjeté appel. Sans résultat. sition insérée, a posteriori à l’affaire, par la des ressources naturelles ou des capacités
loi n° 2014-856 du 31 juillet 2014). techniques utilisables, les États membres
Mise en œuvre du projet appliquent une procédure de sélection
La cour administrative d’appel (CAA) de Contrats de subvention entre les candidats potentiels […] ». Or, l’acte
Nantes, dans son arrêt du 22 décembre Pour autant, ces contrats de subvention litigieux n’a pas pour objet de soumettre
2017, s’est concentrée sur les moyens ne seraient-ils pas soumis à des mesures à autorisation une activité de service se
tendant à la requalification de l’acte liti- de publicité et de mise en concurrence ? trouvant dans une telle situation, certifie
gieux en marché public. Elle a fondé La réponse de la CAA est claire : aucune la juridiction du second degré. Par consé-
son raisonnement en partant de la défi- disposition législative ou réglementaire quent, la société Public Événements, bien
nition des marchés publics issue de l’ar- ne soumet la passation de ces conven- qu’étant un opérateur concurrentiel dans
ticle 1er de l’ancien code. Elle s’est attar- tions à une telle procédure. D’autant que le domaine de l’événementiel, ne peut être
dée à rechercher la personne à l’origine « l’association Nemo exerce son activité reconnue comme un candidat évincé car
de l’organisation du nouveau carnaval. dans un but non lucratif et que la conven- la procédure n’était pas soumise à la règle
Lors de l’instruction, les échanges entre tion n’a pas pour objet de confier à celle-ci de publicité ou de mise en concurrence.
la ville et le cocontractant et les propos une prestation de service individualisée La requête est déclarée irrecevable.
des élus ont été épluchés. Au final, la en vue d’une exploitation économique »,
personne publique ne serait pas à l’ini- renchérit la juridiction. La société requé- Mathieu Laugier

34 Article extrait de la revue Techni.Cités n°313

•ADS200.indb 34 22/06/2018 10:42


t le
Candidatez avan
8
21 septembre 201
se tiendra
mise des Trophées
La cérémonie de re ivités
aires et des collect
lors du Salon des m à Paris.
20 novembre 2018
locales (SMCL), le

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