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Médecine et maladies infectieuses 34 (2004) 283–285

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Revue générale

Vaccin varicelle
Varicella vaccine
P. Reinert *, I. Hau-Rainsard
Service de pédiatrie, centre hospitalier intercommunal de Créteil, 40, avenue de Verdun, 94010 Créteil, France
Reçu le 22 mars 2004 ; accepté le 26 avril 2004

Disponible sur internet le 12 août 2004

Résumé

Dès les années 1970, fut mis au point un vaccin à virus vivant atténué provenant de la souche OKA (isolé de vésicules de l’enfant OKA, âgé
de 3 ans atteint d’une varicelle bénigne). Obtenu par 11 passages à 34 °C sur cellules HELF, le vaccin se présente sous forme lyophilisée à virus
vivant atténué produit sur cellules diploïdes humaines MR C5, titrant entre 1500 à 5000 UFP (unités formant plage par millilitre). Ce virus
atténué, à la différence du virus sauvage, est thermosensible (39 °C). Le taux de séroconversion après administration d’une dose de vaccin chez
l’enfant en bonne santé, âgé de 12 mois à 12 ans, varie de 93 à 100 %. L’efficacité en terme de prévention de la varicelle chez l’enfant dans les
études contrôlées est d’au moins 85 % avec un recul de 2 à 4 ans. La prévention des formes graves atteint un taux d’au moins 95 %.
© 2004 Publié par Elsevier SAS.

Abstract

A live virus attenuated vaccine was developed from the OKA strain (isolated from vesicles in the OKA child, 3 years of age, presenting with
a benign varicella). The vaccine was completed after 11 propagation at 34 °C on HELF cells. The vaccine is a lyophilized preparation of a live
attenuated virus, obtained by propagation of the virus in MRC-5 human diploid cell culture, titering between 1500 and 5000 cfu (colony
forming unit per milliliter). This attenuated virus, contrary to the wild virus, is thermo-sensitive (39 °C). The rate of seroconversion after
administration of one vaccine dose in healthy children, from 12 months to 12 years of age, ranges from 93% to 100% (Table 1). In controlled
studies, the efficiency for the prevention of varicella in children reaches at least 85% with a 2–4 years follow-up. The prevention of severe
forms is at least 95%.
© 2004 Publié par Elsevier SAS.

Mots clés : Varicelle ; Vaccin ; Souche OKA

Keywords: Varicella; Vaccine; OKA strain

1. Généralités d’un an (USA), pour d’autres, il n’est justifié que chez l’en-
fant immunodéprimé ou certains sujets à risque, et pour
Dès les années 1970, fut mis au point un vaccin à virus d’autres encore, il n’a pas sa justification, la varicelle étant
vivant atténué provenant de la souche OKA (isolé de vésicu- considérée comme la plus bénigne des maladies infantiles.
les de l’enfant OKA, âgé de 3 ans atteint d’une varicelle
bénigne). Il est surprenant de constater que depuis plus de
35 ans, ce vaccin qui a fait la preuve de son efficacité de- 2. La souche OKA [1]
meure toujours aussi controversé dans ses indications. Pour
certains, il est recommandé chez tous les enfants dès l’âge Obtenu par 11 passages à 34 °C sur cellules HELF, le
vaccin se présente sous forme lyophilisée à virus vivant
* Auteur correspondant. atténué produit sur cellules diploïdes humaines MR C5,
Adresse e-mail : philippe.reinert@chicreteil.fr (P. Reinert). titrant entre 1500 à 5000 UFP (unités formant plage par
© 2004 Publié par Elsevier SAS.
doi:10.1016/j.medmal.2004.04.009
284 P. Reinert, I. Hau-Rainsard / Médecine et maladies infectieuses 34 (2004) 283–285

Tableau 1 Tableau 2
Immunogénicité Recommandations aux USA (1996) de la vaccination varicelle
Immunogenicity Recommendations for varicella vaccination in the USA (1996)
• Anticorps décelables (protecteurs ?) Enfants sains
≥ 0,6 gp Elisa unités De 12 à 18 mois
6 semaines après vaccination Rattrapage : 19 mois à 12 ans

• Taux de séroconversion Adolescents et adultes sains


o 12 mois à 12 ans 98 % (93 à 100 %) Personne non immunisée en relation avec des personnes à haut risque de
o Adolescents et adultes après 1 dose : 72 % complications
après 2 doses : 98 % (ex. : personnel de soins, famille d’immunodéprimés)
Personne non immunisée à haut risque
• Persistance des anticorps (à 6 ans) Femme non enceinte, mais en âge de l’être
o Enfants 99,50 % Parent de l’enfant contaminé
o adolescents et adultes 98,40 % Voyageurs internationaux

• Schéma vaccinal (USA) Vaccination après exposition


o 12 mois à 12 ans 1 dose Vaccination de toute personne non immunisée dans les 3 jours qui suivent
o après 12 ans 2 doses à 4–8 semaines d’intervalle une exposition

millilitre). Ce virus atténué, à la différence du virus sauvage,


est thermosensible (39 °C).
Le vaccin varicelle peut être associé au vaccin rougeole–
oreillons–rubéole, ainsi qu’avec les vaccins diphtérie, téta-
3. Immunogénicité [2] nos, coqueluche (acellulaire ou à germe entier). Aucune
étude pour l’instant n’a porté sur l’administration simultanée
Le taux de séroconversion après administration d’une du vaccin varicelle et des vaccins hexavalents.
dose de vaccin chez l’enfant en bonne santé, âgé de 12 mois
à 12 ans, varie de 93 à 100 % (Tableau 1).
Chez l’adolescent, à partir de 13 ans et l’adulte en bonne 5. Tolérance [5]
santé, les taux de séroconversion sont plus faibles, compris
entre 72 et 78 % respectivement quatre à huit semaines après Effectuée sur plus de 16 millions de doses distribuées
administration d’une dose de vaccin et d’au moins 99 % depuis 1995 aux États-Unis, la tolérance du vaccin varicelle
après administration d’une 2e dose. est considérée comme bonne : tout au plus note-t-on une
rougeur et une induration locale dans 15 à 20 %, une réaction
fébrile aux alentours de 38 °C dans 14 % des cas, enfin, une
4. Efficacité [3] éruption vésiculeuse est retrouvée chez 4 % des enfants.
Celle-ci apparaît entre le 7e et le 21e jour et se limite à moins
L’efficacité en terme de prévention de la varicelle chez
de dix vésicules. Certaines réactions vésiculeuses plus im-
l’enfant dans les études contrôlées est d’au moins 85 % avec
portantes sont survenues après vaccination. Elles ont été
un recul de deux à quatre ans. La prévention des formes
attribuées à une varicelle authentique après identification du
graves atteint un taux d’au moins 95 %.
virus.
Cependant, une étude plus récente publiée en 2002 [4],
rapporte une épidémie de varicelle chez des vaccinés dans
une collectivité où le taux de protection n’a été que de 44 %
contre l’ensemble des formes de la maladie et de 86 % contre
les formes modérées à sévères. La persistance des anticorps a
pu être observée sur des périodes d’au moins neuf ans : il
n’est pas impossible qu’une telle persistance soit liée à l’ex-
position au virus sauvage circulant des enfants antérieure-
ment vaccinés. Il faut signaler que d’autres études contradic-
toires ont rapporté que 30 % des sujets étaient séronégatifs
dix ans après la vaccination.
Le risque de transmission de la souche vaccinale après
vaccination a été rapporté de façon exceptionnelle. Quant à
l’efficacité du vaccin dans la prévention du zona, rien n’a été
démontré, des études sont actuellement en cours sur l’intérêt Tableau 3. Impact de la vaccination varicelle aux USA sur les hospitalisa-
éventuel d’une vaccination des adultes séropositifs. tions de 1995 à 2001
P. Reinert, I. Hau-Rainsard / Médecine et maladies infectieuses 34 (2004) 283–285 285

6. Stratégie vaccinale (Tableau 2) au personnel de santé [8] : en effet, la varicelle profession-


nelle concerne des adultes chez qui la fréquence des compli-
À la différence des autres vaccins, plusieurs stratégies cations est 27 fois plus importante que chez l’enfant ; il s’agit
vaccinales sont possibles suivant que l’on désire : éliminer la en majorité de femmes en âge de procréer et on sait tous les
maladie, faire disparaître les formes de l’adolescent, de risques de la varicelle chez la femme enceinte ; enfin, la
l’adulte et en particulier de la femme enceinte qui sont les varicelle étant très contagieuse, en incubation, peut être à
plus graves ou simplement protéger les sujets immunodépri- l’origine de transmissions nosocomiales aux conséquences
més. parfois sévères chez l’immunodéprimé ou nouveau-né.

6.1. Vaccination universelle de tous les nourrissons[3,6] 6.3. Vaccination après exposition[9]

Il s’agit bien sûr de la seule stratégie permettant de réduire La varicelle qui est hautement contagieuse fait qu’autour
l’incidence, la morbidité et les hospitalisations. D’après les d’un cas plus de 85 % des contacts font une varicelle. Les
études de coût–efficacité nord-américaines, cette stratégie taux de protection induits par la vaccination varient de 84 à
n’est rentable qu’à moyen terme. On peut lui opposer la 100 % si la vaccination est effectuée dans les trois jours
perception de bénignité de la maladie par l’ensemble de la suivants l’exposition. La vaccination rougeole obtient des
population et une grande partie du corps médical, par le résultats identiques.
risque d’induire une immunité protectrice de moindre durée
que la maladie et le danger de déplacer l’âge des épidémies 7. En conclusion
de varicelle vers l’adulte si la couverture vaccinale est insuf-
fisante (Tableau 3). L’expérience américaine a démontré que le vaccin OKA,
En pratique, cette stratégie sera beaucoup plus applicable à la condition d’obtenir une couverture vaccinale élevée
le jour où un vaccin combiné varicelle–rougeole–oreillons– entraînait une diminution remarquable de la morbidité et de
rubéole sera disponible et administrable à tous les enfants la mortalité à tous les âges.
vers 12–13 mois. Pour ce qui est de la France, en pratique, seul un vaccin
combinant rougeole–rubéole–oreillons et varicelle sera ca-
6.2. Immunisation sélective des adolescents et adultes sans pable d’obtenir un aussi bon résultat.
antécédents de varicelle[7]
Références
Toutes les études épidémiologiques confirment la relative
gravité de la varicelle après l’adolescence : risque d’hospita- [1] Geshon A, Takahashi M, Seward J. Varicella vaccine. Vaccines. Saun-
lisation multiplié par 4, mortalité multipliée par 23. ders, Plotkin Orenstein; 2004.
En période prépubertaire, certaines études ont montré [2] Berger RE, Diaz P. The immunogenicity of OKA varicella vaccine. J
qu’environ 10 % des sujets étaient séronégatifs et qu’il exis- Infect Dis 1990;162:1049–54.
[3] Vasquez M, Larussa PS, Gershon A. The effectiveness of varicella
tait une bonne corrélation entre les données de l’interroga- vaccine in clinical practice. N Engl J Med 2001;344:955–60.
toire des parents et la sérologie. Cette stratégie permet de [4] Galil K, Fair E. Younger age at vaccination may increaserish of
cibler les groupes de personnes les plus à risque et de formes varicella vaccine failure. J Infect Dis 2002;186:102–5.
sévères, concerne des populations faciles d’accès, en particu- [5] Meurice F, De Bouver JL, Vandevoorde D. Immunogenicity and
lier vers 11–13 ans, une seule injection étant nécessaire avant safety of a live attenuated varicella vaccine in healthy children. J
Infect Dis 1996;174:S324–9.
13 ans, enfin, permet la persistance des rappels naturels par le [6] Seward JF, Watson BM, Peterson CL. Varicella Disease after introduc-
virus sauvage du fait de la persistance d’épidémies chez les tion of varicella vaccine in USA. Jama 2002;287:606–11.
enfants de moins de 12 ans. On peut reprocher à cette straté- [7] Boëlle PY, Hanslik T. Varicella in non-immune persons: incidence,
gie les difficultés d’interrogatoire rigoureux, la persistance hospitalization and mortality rates. Epidemial Infect. 202; 129: 599-
d’épidémies de varicelle chez le jeune enfant, en particulier 606.
[8] Shehab Z, Brunnell P. Susceptihility of hospital personnel to varicella
le risque de forme grave chez l’enfant de moins d’un an, zoster virus. J Infect Dis 1984;150(5):786.
enfin, l’absence de données sur la durée de l’immunité vac- [9] Watson B, et al. Post-exposure effectiveness of Varicella vaccine.
cinale. Une troisième possibilité serait de réserver le vaccin Pediatrics 2000;105:84–8.

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