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Archives de Philosophie 61, 1998, 489-518
L'ÂME ET LA MOELLE
Les conditions psychiques et physiologiques
de l'anthropologie dans le Timée de Platon
ABSTRACT : In Plato's Timaeus, the chapters that are dedicated to the compo-
sition and functions of the soul, both of the world and of living beings, sup-
port two hypotheses : 1) despite the exercise of its three distinct functions, the
soul conserves its unity, and 2) the soul animates a body, which in turn must
maintain with it a certain parentage or relationship. Platonic psychology in
no way proposes the existence of« parts » of the soul. Furthermore, it consi-
ders the constitutive principle of the body to be the marrow.
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490 J. -F. PRADEAU
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L ' AME ET LA MOELLE 491
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492 J. -F. PRADEAU
6. Car le démiurge a utilisé tous les éléments dont il disposait, en ne laissant hors du
monde aucune parcelle (33c7-8, voir aussi, sur le fait que rien n'existe de sensible à l'ex-
térieur du monde, 33b-34a).
7. Parfaitement plein, puisque Timée refuse l'existence du vide ; voyez notamment
58bl-2 et 79b 1.
8. Comme, pour la révolution du monde, « point n'était besoin de pieds, il [le dé-
miurge] l'a fait naître sans jambes ni pieds » (34a6-8).
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L ' AME ET LA MOELLE 493
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494 J.-F. PRADEAU
1 1. Le récit de Timée est donc interrompu par le chapitre de la nécessité (47e-69a, qui
exige que l'on considère l'état dans lequel se trouvaient toutes choses avant l'intervention
du démiurge) ; ce chapitre permet à la fois d'achever la cosmogonie et d'expliquer la spé-
cificité, psychique et corporelle, des êtres vivants. En 69c, l'incarnation reprend ainsi, mot
à mot, là où elle avait été interrompue, en 47e.
12. Une étiologie qui, à la réserve d'une précision lexicale, ne connaît aucune modifi-
cation du Phédon (96e sq.) au Timée (28a, 57c-d, et surtout, pour la distinction des « deux
espèces de causes, la nécessaire et la divine », 68e-69a) : dans les deux cas, la nécessité
des causes accessoires est également posée, comme leur soumission à une cause intelli-
gente, finale.
13. Ce qui était déjà suggéré dans le Phèdre (dans le mythe duquel toutes les réalités
sont animées : « Tout ce qui est âme a charge de tout ce qui est inanimé ; or, l'âme circule
à travers la totalité du ciel », 246b), mais qui ne l'était en revanche pas du tout dans le
Phédon, qui n'envisage pas l'hypothèse d'une âme du monde.
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L ' AME ET LA MOELLE 495
14. Car, de fait, le bon démiurge maintient éternellement en vie le corps du monde ;
voyez 32b-c.
15. Sur la question, voyez mon étude lexicale, « Etre quelque part, occuper une place.
Tórcoç et xcopa dans le Timée », Les Etudes philosophiques, 3, 1995, p. 275-299.
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496 J. -F. PRADEAU
16. Il n'y a sensation, explique Platon, qu'à partir du moment où les impressions sen-
sibles ont été transmises, par l'intermédiaire du mouvement des organes du corps, à l'es-
pèce intelligente de l'âme {Timée, 64a-c).
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L ' AME ET LA MOELLE 497
17. Pour la définition de la vie comme animation d'un corps, du vivant comme corps
auquel est lié ou enchaîné une âme, voir 34b, 41 d-e, et 87e6-7 (où le vivant est un com-
posé, un assemblage, cruva^Kpóxepoi, de corps et d'âme). On trouvait déjà dans le Phèdre
la même définition : « Ce qu'on appelle " vivant ", c'est cet ensemble (jéumpan ), une âme
et un corps fixé à elle » (246c5-6).
18. Ou du « corps-signe » ; voyez Cratyle, 400b-c ; Górgias, 493a-b. Les sources pos-
sibles, orphiques notamment, de la synonymie sont citées par M. Dixsaut dans son intro-
duction au Phédon, p. 185, n. 51 et 53. La prudence est toutefois de règle en la matière,
tant l'orphisme, du moins dans la version qu'en donnent les néo-platoniciens des Ve et
VIe siècles, semble en partie reconstruit et interprété à partir de Platon. Sur cette question,
voyez la postface de L. Brisson à Orphée. Poèmes magiques et cosmologiques, Belles
Lettres, 1993, p. 175-179.
19. Voir notamment, en sus du passage du Phédon cité à la suite, Phèdre, 246d-249d.
Dans les récits qui prennent l'âme pour objet, on trouve deux métaphores principales pour
désigner l'incarnation. Celle des semailles d'abord, dont on vient de voir qu'elles sont
l'œuvre du démiurge dans le Timée (et, dans le Phèdre, l'objet du décret d'Adrastée,
248c sq.), puis celle des liens solides, des chaînes du Timée et du Phédon, ou de l'attelage
du Phèdre (où l'on retrouve le vocabulaire de l'attache, 249c sq.). On peut donc distinguer
les semailles, qui qualifient le processus général de l'incarnation et qui sont, en amont,
l'œuvre du divin, de l'attache solide à un corps, qui qualifie plus précisément l'état de
l'âme quand elle se trouve dans un être vivant, c'est-à-dire attachée à un corps.
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498 J.-F. PRADEAU
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L ' AME ET LA MOELLE 499
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500 J.-F. PRADEAU
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L ' AME ET LA MOELLE 501
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502 J. -F. PRADEAU
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L ' AME ET LA MOELLE 503
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504 J. -F. PRADEAU
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L ' AME ET LA MOELLE 505
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506 J. -F. PRADEAU
38. Le trouble de l'âme au tout début de son incarnation donne une illustration de
l'échec de cette maîtrise, quand l'âme ne « contrôle plus » les mouvements qui l'ébranlent
et la déforment, et se trouve plongée dans l'erreur et la folie (43a-44b).
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L ' AME ET LA MOELLE 507
39. Le plan de ce chapitre du Timée est le suivant : 73b-76e, histologie ; 77c-81e, phy-
siologie ; 81e-92c, nosologie. C. Joubaud, dans Le corps humain dans la philosophie pla-
tonicienne (Vrin, 1991), donne de ces textes une lecture suivie (il ne s'agit toutefois que
d'une mise en ordre des informations du Timée, à laquelle manque l'indispensable exa-
men des sources de Platon, comme celui de la spécificité de certains organes ou proces-
sus).
40. F. M. Cornford, Plato's Cosmology, n. 1, p. 293 : « àpxf| ne signifie pas que la
moelle est le matériau ( stuff) fondamental de la composition des autres tissus, comme
Taylor le soutient » (pour une remarque analogue dans la traduction de L. Brisson, cf. n.
639, p. 269). L'argument de Taylor est pourtant fondé. Quand il insiste sur le fait que « la
substance fondamentale dont tout le reste du corps dérive est la moelle épinière, avec la-
quelle l'âme est liée plus qu'à toute autre chose », il ne fait après tout que répéter le Timée
( A commentary on Plato's Timaeus, Oxford, Clarendon Press, 1928, p. 518). Taylor
montre ainsi que Platon affirme d'une part que la moelle épinière et l'encéphale (l'èyKé-
(JwxXoç) sont de même nature et continus l'un à l'autre, et d'autre part que le cerveau est le
centre de tout l'organisme. Puis, que l'on peut considérer ce dernier comme l'origine (àp-
Xf|) des nerfs et le centre depuis lequel la sensation et le mouvement volontaire sont acti-
vés (p. 519-521). Ces remarques accordent à la moelle un statut privilégié qui est d'autant
plus remarquable, comme je vais m'efforcer de le montrer, qu'elle est conçue de façon
analogue à la réalité qui vient s'y attacher, l'âme.
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508 J. -F. PRADEAU
41. Le « premier rang » des triangles doit être distingué des triangles « configurés à
l'aide des formes et des nombres » décrits en 53b2 sq. Quatre des cinq polyèdres que
composent les triangles ont été attribués, par l'explication vraisemblable, aux quatre élé-
ments qui préexistaient à l'intervention du démiurge. Quand le dieu, en 73b-c, compose la
moelle, il utilise des triangles déjà soumis à la cause nécessaire ; des triangles qui ne sont
donc plus géométriquement parfaits (réguliers et polis), mais proportionnés, comme le
suggérait l'explication de la nature sensible des éléments, « dans la mesure où la nécessité
le permettait » (56c4-7).
42. 73e-76e ; la fabrication successive des tissus, chaque tissu venant protéger ou faci-
liter le mouvement de celui qui le précède, utilise les quatre éléments. C'est pourquoi les
tissus ont la moelle pour principe. L'objection faite par F. M. Cornford à A. É. Taylor re-
posait notamment sur le fait que la moelle ne pouvait être le principe du corps entier à par-
tir du moment où la chair n'était pas composée des quatre éléments (l'air en est absent).
L'argument ne porte guère. Comme le comprend Taylor, que la moelle soit un mélange
des quatre éléments, n'empêche pas qu'à ce mélange puisse être empruntés seulement cer-
tains ingrédients, ou qu'ils soient disposés ou arrangés (par coction ou augmentés d'un le-
vain par exemple) d'une façon spécifique.
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L ' AME ET LA MOELLE 509
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510 J. -F. PRADEAU
45. Dans le Ménon, quand Socrate énumère les différentes sortes de figures, il dis-
tingue le droit (eùOei) du rond (axpoyyuXxo), 75a5-6. En Timée, 54a2, 7tpofj.r)KT| désigne le
triangle (scalène) dont les parties ne sont pas entièrement homogènes.
46. Plato's Cosmology, n. 4, p. 295-296 (l'auteur souligne). L. Brisson, dans la cri-
tique qu'il fait de l'interprétation de F. M. Cornford (ce dernier poursuivait en assimilant
la pluralité vertébrale à la cause errante), est amené à dire qu'il n'existe pas « d'opposition
entre le crâne et la colonne vertébrale » (Le même et l'autre dans la structure ontologique
du Timée de Platon, n. 2, p. 421-422). Il existe pourtant bien une différence, de la sphère
cérébrale au cylindre vertébral, mais une différence qui ne doit pas conduire, comme le
fait F. M. Cornford, à opposer les deux parties de la moelle. Sur ce point, T. H. Martin
insiste avec raison sur le fait que la sphéricité est le point commun des deux parties de la
moelle, « ronde de toutes parts » pour le cerveau et « à la fois ronde et oblongue » pour la
moelle épinière (. Études sur Le Timée de Platon (1841), réimpression Vrin, 1981, note
CXLVII, p. 309-311).
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L ' AME ET LA MOELLE 51 1
47. Il s'agit là des animaux ; les plantes, on l'a vu, ne sont pas d
pèce immortelle de l'âme.
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512 J. -F. PRADEAU
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L ' AME ET LA MOELLE 513
51. Mais aussi 74c, qui décrit la sudation, ou 78e, la respiration. Le vieillisement est
défini selon le même rapport, quand les triangles élémentaires « du dehors » divisent les
triangles « intérieurs » au lieu d'être divisés normalement (81c-d).
52. Ici et en ce qui concerne le seul corps, il faut simplement remarquer que les proces-
sus d'échange périphériques déterminent davantage l'unité du corps que la spécificité des
processus accomplis par les organes. C'est l'enveloppe, la limite du corps, qui l'individua-
lise comme unité corporelle.
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514 J. -F. PRADEAU
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L ' AME ET LA MOELLE 515
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516 J.-F. PRADEAU
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L ' AME ET LA MOELLE 51 7
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518 J. -F. PRADEAU
58. C'est l'hypothèse de lecture globale que je soutiens dans Platon et la cité, PUF,
1997.
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