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Les Fiches de la Corpo
Les Fiches de la
Corpo
Année 2017-2018
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Les Fiches de la Corpo
Chers étudiants, ça y est, l’année touche à sa fin. Mais pour bien profiter de l’été et éviter les
rattrapages, la case des partiels semble inévitable !
Depuis maintenant 83 ans la Corpo Assas accompagne l’étudiant dans tous les domaines de la vie
universitaire, et vous propose notamment des Fiches de cours. Ces condensés de cours guideront,
encadreront et rythmeront vos révisions des partiels. Ils ne sauraient évidemment se substituer aux
exigences universitaires de recherche personnelle.
Effectivement, ces fiches sont là pour vous orienter, ils sont faits par des étudiants et ne remplacent
pas une présence assidue en cours et en TD ainsi que l’apprentissage régulier et approfondi des
différentes matières.
Si jamais il vous venait des questions, n’hésitez pas à nous envoyez un message sur la page du
Canard ou à Lorena Rose ou Salomé Vairet !
Pour les L1 :
Il faut tout d’abord rappeler que toutes vos notes se compensent. Pour valider de la manière la plus
simple votre année, il vous faut valider vos blocs de matières fondamentales mais aussi vos blocs de
matières complémentaires. Cependant, le calcul peut s’avérer plus complexe...
Chaque fin de semestre est marquée par des examens qui constituent l’épine dorsale de la validation
de votre année. Bon nombre d’autres possibilités vous sont proposées pour engranger un maximum
de points et limiter ainsi l’impact de vos partiels. Chacun de vos chargés de TD va vous attribuer une
note sur 20 à l’issue du semestre. Vos TD de matières fondamentales comptent donc autant que
l’examen écrit, lui aussi noté sur 20. Cet examen s’effectue en 3h et nécessite un exercice de
rédaction. Sur un semestre, une matière fondamentale peut donc vous rapporter jusqu’à 40 points.
Seuls 20 points sont nécessaires à la validation de la matière. Pour valider votre bloc de
fondamentales, il vous faut donc obtenir 40 points en additionnant vos notes de TD et vos notes aux
partiels. Si toutefois vous n’obtenez pas ces 40 points, vous repasserez en septembre, lors de la session
de rattrapage, la ou les matières que vous n’auriez pas validée(s).
Attention : le passage par septembre annule votre note de TD obtenue dans la matière.
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Pour les L2 :
Le principe est similaire, à la différence qu’il y a plus de matières fondamentales et plus de matières
complémentaires.
Conclusion simple : travailler toutes les matières un minimum en mettant l’accent sur les TD et les
matières fondamentales (les plus gros coefficients) vous permettra de maximiser vos chances de
valider votre année du premier coup et ainsi éviter l’écueil des rattrapages de septembre.
En cas d’échec lors des sessions de janvier et de juin, une seconde chance vous est offerte en
septembre.
Attention, contrairement aux idées reçues, les rattrapages ne sont pas plus faciles, ils sont connus
pour être notés plus sévèrement. Toutes les matières des blocs non validés où vous n’avez pas eu la
moyenne sont à repasser. S’il s’agit d’une matière à TD, la note de TD est annulée (même si vous
avez été défaillant), de sorte que la note obtenue en septembre compte double (8/20 revient à 16/40).
Les points d'avance acquis lors de l’année (points au-dessus de la moyenne lors de la validation d'un
bloc) sont valables après les rattrapages et permettent donc la compensation finale comme décrite
précédemment.
A noter que le jury peut vous accorder quelques points pour l’obtention de votre année, notamment
dans le cas d’un étudiant sérieux en TD... A bon entendeur !
Pour les L1, le passage en deuxième année peut aussi se faire en conditionnel, pour cela il vous faut
valider les deux unités d’enseignement fondamental et une unité d’enseignement complémentaire
tout en sachant que l’autre unité complémentaire sera à repasser en L2.
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AVERTISSEMENT
Il est important de rappeler que les Professeurs et Maitres de conférence ne sauraient être tenus
responsables d’une erreur ou d’une omission au sein des fiches de cours proposées, puisque ces
dernières sont comme dit précédemment, réalisées, relues et mises en page par des étudiants
appartenant à la Corpo Paris II.
Le Professeur dont le cours est l’objet n’en est pas l’auteur donc même s’il autorise sa diffusion, il ne
cautionne en aucun cas son contenu. En conséquence de quoi, la Corpo Paris II ne certifie en aucun
cas la concordance des fiches avec le cours d’amphithéâtre.
Seul le cours dispensé à l’oral en amphithéâtre est utilisé comme référence pour les examens, sauf
précision donnée expressément par le Professeur. Il donc est impératif de ne manquer aucun cours
magistral afin d’obtenir les meilleures notes possibles aux examens. Les fiches présentées ici ne sont
qu’une aide et ne correspondent en aucun cas au cours complet.
REMERCIEMENTS
La Corpo Paris II souhaiterait remercier sincèrement l’intégralité des professeurs ayant permis et
autorisé la diffusion de ces fiches de cours et d’avoir ainsi offert aux étudiants une aide précieuse à
la réussite de leurs examens.
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Les Fiches de la Corpo
INTRODUCTION HISTORIQUE AU DROIT
LES ORIGINES .......................................................................................................... 7
L’Antiquité ...................................................................................................................................... 7
Le droit romain, origines & développement ................................................................................. 7
• L’ancien droit romain ............................................................................................................................. 7
• Le droit classique romain ....................................................................................................................... 8
• Le droit romain à l’époque post classique ........................................................................................... 10
L’émergence du droit canonique................................................................................................. 15
• Les règles disciplinaires des premières communautés chrétiennes ..................................................... 15
• L’émergence du droit canonique .......................................................................................................... 16
Le Haut Moyen-Âge ou Époque Franque (VIème - Vème siècles) .......................................... 17
La période mérovingienne .......................................................................................................... 17
• La diversité des sources du droit séculier ............................................................................................ 18
• Un élément fédérateur : le droit canonique .......................................................................................... 19
L’Époque carolingienne (VIIIème siècle - Xème siècle) ........................................................... 21
• la transformation du droit séculier ....................................................................................................... 21
• L’évolution du droit canonique ............................................................................................................ 22
LES ORIGINES
L’Antiquité
Le droit romain, origines & développement
• L’ancien droit romain
Période historique : VIIIème S - IIème S av JC.
La ville de Rome serait née en 753 av JC avec Romulus. Cette date marque la naissance légendaire de la
tradition romaine.
La ville est en réalité habitée par les étrusques depuis le début du VIIIème siècle av JC. Les étrusques ont
fondé une royauté à Rome.
Cette royauté s’achève en 509 pour être remplacée par la « République romaine », qui prendra fin en 27 av
JC.
La royauté est d’abord composée de fédérations de villages gouvernés par des clans politiques : les gentes,
qui ont chacun un chef à leur tête : le pater. Il est chargé de prendre des décisions judiciaires qui instaurent des
règles de droits : les decreta.
Les chefs se réunissent alors en un conseil : collège d’ancien qui se dote d’un roi. Ce roi a alors fonction de
juge et de prêtre pour l’ensemble de la cité. C’est ce collège qui formera plus tard le Sénat. Se forment alors
des règles juridiques élisent par le conseil : les mos majorum.
Les romains ne voient pas la coutume comme source de droit. Pour eux, la seule source de droit valable était
le jus.
Jus : prospérité que les Dieux peuvent accéder et formule douée d’efficacité immédiate.
Jusjurandum : le droit qu’il faut jurer, le serment. La procédure judiciaire romaine va reposer sur ce principe.
On fait alors une promesse aux Dieux en échange d’un bienfait et, si la promesse n’est pas tenue, une
malédiction s’abat sur la personne jurant le serment.
Lex => dérive du terme legere (: lire). Désigne une lecture à haute voix d’un texte juridique. La Lex est alors
une lecture publique du Jus. Le fait de lire les formules à haute voix leur donne leur validité. Le Jus
correspond au serment qui s’opère automatiquement mais peut être prononcé en privé. La Lex, prononcée
publiquement, fixe le Jus et le transforme en loi.
Une aristocratie, qui prétend descendre des patres, vient s’opposer à la royauté étrusque. Cette aristocratie,
en se renommant les patriciens, va alors, lors d’une révolution, chasser le roi Tarquin le Superbe en 509. Les
romains installent alors la Respublica (: la chose publique). C’est une oligarchie dirigée par une aristocratie.
Le pouvoir suprême, l’imperium, est confié à deux magistrats qui sont élus par le Sénat (composé des chefs
des patriciens). L’essentiel du droit continu de reposer sur le Jus, auquel s’ajoutent des décrets prononcés par
les magistrats. Les magistrats sont également chargés d’interpréter la loi en cas de litige.
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A/ Les sources fondatrices du jus sous la République
Rédigée au milieu du Vème siècle avant JC en deux étapes ; dix furent écrites en -450 et deux en -449. Résultat
d’un conflit entre les patriciens et les plébéiens.
-Patriciens : magistrature => ont le monopole des sanctions de droit.
-La plèbe : le peuple (pleb), qui forme des assemblées : les concilia plebis. Ces assemblées élisent des
représentants (les tribains) et prennent des résolutions (plebis scita).
A partie de 462 BC, la pleb demande des lois écrites. Les patriciens nomment alors une commission de dix
membres chargés de préparer des lois écrites.
Les lois sont alors gravées et exposées sur le forum pour que chacun puisse en prendre connaissance. La loi
des XII tables est un catalogue énumérant toutes les actions en justice dont dispose un citoyen romain pour
faire sanctionner ses droits.
Magistrats sont désormais obligés de juger les demandes de plaideurs qui mentionnent les actions énoncées
dans la loi. La loi des XII tables encadre la sanction de la quasi-totalité du Jus.
Papirus : aurait compilé un recueil d’anciennes lois des rois étrusques pour régler d’anciennes questions
religieuses. En réalité, ce Jus papirianum est un mythe. Ce sont cependant des règles très anciennes qui
remontent à l’époque des rois étrusques, concernant en effet des questions religieuses et culturelles. Ces règles
ne sont pas mentionnées par des actions spécifiques dans la loi des XII tables, qui a été complétée par la
promulgation de lois.
Lois données par les magistrats (et non pas votées). Octroyées lorsque la cité romaine obtient une nouvelle
province, elles servent alors à la gouverner. Ce sont des lois administratives et fiscales, soumises à aucun vote.
Les leges datae et rotae ne sont jamais rétroactives. Lois perpétuelles. Seul la promulgation d’une nouvelle
loi peut abroger la loi en vigueur. Viennent compléter le Jus, et non pas l’abolir. Concernent majoritairement
le droit public (administration & fiscalité).
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Période la plus brillante de la civilisation romaine. Cité domine la totalité de l’Europe occidentale.
L’immensité du territoire et l’importance des échanges commerciaux transforme l’oligarchie en un Empire.
Officiellement, on considère que ce passage s’opère en 27 avant JC avec l’avènement d’Octave, neveu de
César, qui devient Auguste.
Malgré ces transformations politiques, le droit romain reste fondé sur la loi des XII tables. Mais cette loi
va devenir insuffisante, création de nouvelles voies de droit.
Edits des magistrats : proclamation faites par les magistrats qui rentrent en fonction, appelé le prêteur.
Création d’un droit prétorial/ édictal.
La loi des XII tables énonce les actions seulement propres au citoyens romains. Or, avec élargissement de
l’Empire, de plus en plus d’étrangers vivent sur le territoire. Ils ont besoin de leurs propres moyens d’agir
en justice. Les magistrats délivrent alors de nouvelles actions en justice. Se créent alors trois nouvelles
fonctions :
le prêteur : chargé d’administrer la justice. Il y a un prêteur urbain pour la justice entre citoyens romains et
un prêteur pérégrin pour la justice entre les romains et les étrangers.
l’édile curule : siège sur les curules romaines. Il est chargé de la police de la cité et particulièrement de la
police des marchés.
le gouverneur de province : magistrat qui administre un territoire conquit par Rome. Entre en fonctions avec
un édit lors d’une déclaration publique. Il y présente son programme d’action. Il crée alors du droit : Jus
edictale ou Jus honorarium.
Le Jus civile est propre aux citoyens romains, c’est l’ancien Jus qui repose au départ sur la Loi des XII
tables et son catalogue d’actions. Il est ouvert aux non citoyens romains, surtout en matière commerciale.
Le Jus pretorium vient compléter l’ancien droit civil romain pour proposer des règles utiles aux
étrangers. C’est la principale nouvelle source de droit à cette époque.
Les nouveaux magistrats ne sont jamais liés aux promesses des édits de leurs prédécesseurs. Cependant, ils
ont l’habitude de reprendre les actions qui ont le mieux fonctionné car elles répondent à un besoin. =>
Se forment alors un fond d’action qui est toujours reprit par les magistrats. Arrivés au IIème siècle, les
magistrats ne prennent plus de nouvelles actions.
L’empereur Hadrien charge un juriste de codifier l’édit du prêteur qui est également mis en ordre : formation
de l’édit perpétuel.
Premiers interprètes du droit : prêtes appartenant au Collège des Pontifs. Possèdent le monopole de
l’interprétation du droit.
304 avant notre ère : scribe Appuis Claudius rédige et publie un répertoire des formules du Jus.
250’s: Tiberius Coruncanius commence à délivrer des consultations juridiques aux plaideurs.
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Développement d’une science juridiques à Rome. Les juris consulti/ prudentes sont les savants du droit, ce
sont eux qui délivrent les consultations. Rédigent des traités de droit à partir de la fin de la République :
commentaires de la loi des XII tables et de l’édit du prêteur.
La science du droit devient une discipline intellectuelle.
Pas d’école de droit à Rome avant le IIIème siècle. On se forme grâce aux consultations, payantes. Cela
devient alors devient pratique lucrative pour les savants. Disciples étudient la façon dont les praticiens
procèdent. Pratique d’abord concentré dans l’aristocratie.
Début de l’Empire : recrutement des juristes s’élargit. Juristes se mettent au service de l’Empire, deviennent
de hauts fonctionnaires, techniciens du droit.
Formation d’écoles de pensées qui s’opposent : les sabiniens et les proculiens.
Sabiniens : juristes plutôt conservateurs, défendent une interprétation rigoureuse de la règle de droit.
Proculiens : défendent une interprétation plus souple de la règle de droit, laissant plus de place à
l’innovation.
Les jurisconsultes rédigent des traités de droit dans lesquels ils développent des théories. Au IIème siècle,
Celce écrit : « jus es ars aequi et boni », « le droit est l’art du bon et du juste ». Les juristes romains, notamment
Ulpien, du début du IIIème siècle, disent que la justice consiste à « suum cuique tribuere », « rendre à chacun
son dû ». C’est l’idée d’une justice distributive. Selon Ulpien, la justice est la volonté constante et perpétuelle
de rendre à chacun son dû, et les préceptes du droit sont : vivre honnêtement ; ne pas léser autrui ; rendre à
chacun son dû.
Gaius rédige les Institutes selon un plan en trois étapes. Personae (les personnes) Res (les choses) Actiones
(les actions).
À la fin de la République, Auguste décide d’octroyer à certains juristes le jus publice respondendi. Les juristes
se voyant octroyer ce droit peuvent faire figurer, sur leurs consultations, la mention « ex autoritate principis »
: « par autorité du prince ».
Au milieu IIème siècle avec l’empereur Hadrien, le droit de répondre publiquement devient un « sceau
normatif ». Désormais, les juges sont obligés de considérer que les consultations revêtues de cette mention
ont valeur de droit applicable et sont comparables dans leur valeur à celle qu'avaient les lois sous la
République. La doctrine devient donc une source de Droit positif reconnue comme telle.
Cette évolution révèle deux aspects :
- L'empereur reconnaît l'importance juridique de la doctrine, des avis
émis par les jurisconsultes
- Ce pouvoir politique cherche à contrôler ces mêmes opinions. Il y a les juristes auxquels on confère le jus
publice et ceux auxquels on ne le confère pas.
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La reconnaissance de la coutume comme source de droit
A/ Les causes
1) L’extension de l’Empire et l’apparition d’un jus gentium
Cohabitation de citoyens romains et d’étrangers (les pérégrin). Ces nouveaux peuples pratiquent leur propre
droit mais vont lier des relations juridiques avec les citoyens romains.
Naissance de la fonction de prêteur Peregrin : personne chargée d’administrer les relations entre les différents
peuples.
Le prêteur Peregrin va alors sanctionner des règles de droit spécifiques : c’est le jus gentes (le droit des gens).
Caractéristiques du jus gentes :
Droit indépendant de toute religion, fondé sur la notion de bonne foi ; Droit non formaliste, ne contient pas
de formules à connaître ; Droit fondé sur des règles que l’on trouve plus ou moins dans toute société humaine.
Les règles sont fondées sur la nécessité des échanges juridiques.
2) L’Édit de Caracalla
Promulgué en 212 par l’Empereur de Caracalla, il représente l’aboutissement de la politique de Rome vis à vis
des peuples sur lesquels elle a étendu sa domination.
Confère la citoyenneté à tous les peuples conquit. Tous les pérégrins vivant sous le territoire se voient
attribuer la citoyenneté romaine. Tous les habitants de l’Empire sont désormais romains.
Limites de l’Édit : certains privilèges sont toujours accordés à certaines cités de l’Empire ;
Les déditices, qui sont des populations vivant dans une situation à mi-chemin entre l’esclavage et la liberté,
sont exclu de cet Édit et ne se voient pas donner la citoyenneté.
L’extension de l’Empire entraîne l’impossibilité d’une unification parfaite de la règle juridique due à des
situations locales particulières. Usages locaux ne peuvent pas toujours être remplacé par du droit romain.
Juristes romains sont obligés de reconnaître la coutume comme source de droit.
B/ Les manifestations
1) Le développement d’usage locaux et la formation d’un droit romain vulgaire
Les habitants des provinces conquises par Rome ont continué d’appliquer des usages qui leur étaient
propres.
Droit prétorien n’était pas forcement transposable dans les provinces de l’Empire. Les règles nouvelles ont
alors pris la valeur de règles abstraites, appliquées en parallèle d’un droit local plus formaliste. Ces règles
juridiques issues des pratiques des nouveaux habitant de l’Empire se sont mélangées au droit romain.
A partir du IVème siècle : droit des provinces commence à s’éloigner du droit romain pratiqué à Rome.
Apparaît alors un droit romain vulgaire, qui se traduit par une modification et une simplification des règles
romaines.
Les juristes romains viennent alors reconnaître à la coutume une valeur de source de droit potentielle. S’impose
alors le besoin de définir une coutume.
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La coutume a alors trois critères : L’ancienneté ; Le consentement du corps social et La rationalité.
Se pose alors la question de la valeur de la coutume face à la loi.
Quand la coutume est praeter legem elle vient compléter la loi;
Quand elle est contra legem, c’est à dire contraire à la loi, les juristes sont plus divisés quant à sa valeur.
L’apparition des abrégés s’explique par une révolution technique dans l’histoire du livre.
Livre prenait jusque-là la forme d’un rouleau fait de parchemin. Mais, à partir du IIème siècle, en Occident,
commence à se développer une nouvelle forme de livre : le Codex.
Le Codex prend la forme de feuilles pliées en deux et reliées. Il permet alors de fabriquer des livres plus petits
et maniables.
Les juristes se mettent alors à fabriquer de nouveaux types d’ouvrages, des ouvrages courts résumant les
meilleurs textes de l’époque classique : les abrégés.
Au IV ère siècle, est publié Les Sentences de Paul, ouvrage qui résume les pensées du juriste.
En Gaule, on fabrique les Épitomés de Gaius.
Les méthodes d’apprentissage du droit telles qu’elles étaient en place sous le Haut Empire vont être modifiées
au IIIème siècle.
Apparition de la première école de droit qui connaît un immense succès. De nouvelles écoles apparaissent
alors au IVème siècle à Constantinople et à Beyrouth. On y enseigne le droit selon le plan de Gaius.
L’Empire romain devient bureaucratique, l’administration recrute des juristes ce qui favorise le développement
des écoles et explique leur succès.
À cette époque, la méthode du Jus publice respondendi instaurée par Hadrien rencontre des limites, lorsque
les jurisconsultes avaient des opinions contradictoires.
Le pouvoir impérial règlemente alors l’allégation en justice de la jurisprudentia, en 426, lorsque l’empereur
Valentinien II d’Occident promulgue la loi des citations.
Décide que seulement cinq jurisconsultes pourront être directement allégué en justice: Gaius; Papinien; Paul;
Ulpien; Modestin.
Par ailleurs, la loi établie une hiérarchie entre ces juristes, car leurs opinions peuvent ne pas concorder.
Dans le cas d’une majorité, le juge statut à la majorité ;
Si les opinions sont partagées entre deux juristes et que le cinquième ne s’est pas prononcé, l’opinion de
Papinien prévoit, s’il s’est prononcé.
Si Papinien ne s’est pas prononcé, le juge n’est plus lié aux opinions des juristes.
La législation impériale a commencé à se développer sous le Haut Empire, mais va supplanter les autres
sources au IVème et Vème siècle. Elle s’explique par la transformation progressive politique de Rome.
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27 av JC: le petit neveu de César, Octave, reçoit le titre d’Auguste, ce qui signifie « celui qui est revêtu de
l’autoritas ». Il est alors nommé princeps, c’est le premier magistrat de la cité.
Mais, officiellement, Rome reste une République. Les premières législations impériales se font donc
indirectement, par l’intermédiaire du Sénat.
Ces sont des décisions prises par le Sénat apparues à la fin du II ème siècle av JC. Le Sénat est alors un
collège aristocratique qui réunit d’anciens magistrats. Il est chargé de conférer l’auctoritas, gère les finances
de Rome, décide de faire la guerre, fixe le statut des provinces conquises et représente la Haute Cour de justice.
À partir de l’avénement d’Auguste, les sénateurs sont nommés par l’empereur. Le Sénat va être utilisé, par les
empereurs, comme organe législatif au service de leur pouvoir.
L’empereur se rend devant le Sénat ou y envoie à sa place un émissaire qui lit pour lui un discours, l’oratio
principis (le discours du premier magistrat de la cité). Il demande ensuite au Sénat de prendre une décision sur
une question. Le Sénat rend alors un sénatus-consulte conforme à la volonté exprimée par l’empereur.
Ce système a atteint son apogée sous Hadrien (117-138). Lorsqu’ensuite les empereurs se présenteront comme
des monarques, ils légifèreront directement.
B/ L’empereur législateur
Jusqu’au règne d’Hadrien, l’empereur légifère surtout indirectement. Le pouvoir législatif impérial commence
vraiment à se développer sous Marc Aurèle (160-180).
À partir du IIIème siècle, les jurisconsultes romains vont assimiler les Constitutions émises par les
empereurs aux anciennes lois votées sous la République. Toute opinion émise par l’empereur a alors
vocation à être considérée comme norme juridique. L’empereur a alors les pleins pouvoirs en ce qui concerne
la promulgation de ses lois. Affichages publics dans les lieux où ces constitutions impériales sont émises.
Ce sont des lois générales applicables à l’ensemble de la population. Rares à la fin du IIIème siècle mais
nombreuses dans la période du Bas Empire. Les empereurs gouvernent surtout par édit au IVème siècle.
Un rescrit pragmatique est une réponse délivrée par l’empereur à une question qui lui est posée, en général
par un fonctionnaire, à l’occasion de litiges ou de situations administratives que le fonctionnaire n’arrive pas
à régler. Il demande alors à l’empereur quelle règle juridique il doit appliquer à sa situation. L’empereur ne
règle pas l’affaire mais donne seulement la solution de droit nécessaire.
Les rescrits sont rédigés par les juristes membres du conseil impérial. Bien qu’il soit d’abord utilisable à une
seule affaire, un rescrit devient mécaniquement applicable à toute autre affaire similaire.
Fort développement des rescrits à partir du IIème siècle.
IVème siècle : apparition des pragmatiques sanctions. Ce sont des rescrits à portée générale.
Ces pragmatiques sanctions sont rédigées lorsqu’une autorité particulière s’adresse à l’empereur pour lui
demander une règle de droit qui sera directement applicable à tout l’Empire.
3) Les décrets
Ce sont des décisions judiciaires rendues par les empereurs. À partir du Ier siècle de notre ère, les empereurs
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Les Fiches de la Corpo
acceptent de réformer des sentences formées par des juges que les parties considèrent inappropriées.
L’empereur s’affirme alors comme juge d’appel, système qui n’existait pas auparavant
4) Les mandats
Ce sont des instructions administratives que l’empereur adresse à l’un de ses fonctionnaires pour lui
ordonner d’agir dans une direction déterminée. Les mandats viennent poser des mesures normalement
temporaires, qui ne doivent être en vigueur que la durée de la mandature du fonctionnaire et seulement le temps
de la vie de l’empereur. Mais les empereurs peuvent reprendre les mandats de leur prédécesseur. Les mandats
deviennent alors des lois et participent à l’activité législative.
À la fin du IIIème siècle et au tout début du I ème siècle, deux juristes ont essayé de composer des collections
de législations impériales à l’usage de tous les juristes. Ces deux collections sont exclusivement des
compilations de rescrits. Le Code Grégorien est coupé en 291 - 291 par le juriste Grégorius. Le Code
Hémogénien est composé au début du IVème siècle par Hermogénius.
Ces codes sont aujourd’hui perdus, mais des fragments en sont conservés au sein d’autres codes.
429 : l’autorité impériale imagine une codification car la législation impériale a du mal à se faire connaître.
L’entreprise de codification est lancée par l’empereur Thédose II le 20 décembre 435. Il souhaite faire réunie
routes les constitutions importantes et les édits rendus par les empereurs depuis le règne de Constantin (312).
La codification veut classer les textes chronologiquement et de façon thématique. Elle veut également
supprimer les contradictions entre les textes ainsi que les prologues et les développements inutiles.
Le Code Théodosien est publié le 15 février 438 et entre en vigueur le 1er janvier 439. Il est divisé en seize
livres.
Le Corpus Juris Civilis est à la fois un manuel pour les étudiants et un recueil de constitutions impériales.
1) Le Code (529-534)
L’empereur Justinien était un grand empereur législateur. En 528, il a nommé une commission de dix membres
chargés de préparer une nouvelle codification. Le nouveau Code est alors promulgué le 7 avril 529. Mais
ce code devient vite obsolète, une nouvelle codification est alors lancée par Justinien entre 533 et 534. Le
nouveau code entre alors en application le 29 décembre 534. Il est divisé en douze titres : les constitutions
rangées par ordre chronologique. Chaque constitution est alors accompagnée d’une inscription de l’empereur
qui l’a promulguée et son destinataire, ainsi que d’une souscription comportant la date de la Constitution et
son lieu.
2) Le Digeste (533)
C’est une compilation de la jurisprudentia de l’époque classique. Une commission est nommée le 15
décembre 530 (avec à sa tête Tripolien et Dorothée) pour préparer le Digeste. Le but est de réunir le plus
d’ouvrages ayant obtenus le Jus publice repondendi ainsi que de corriger les oeuvres et de corriger ce qui
est obsolète. Les textes sont classés de façon à créer une véritable encyclopédie de doctrine. Le Digeste
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Les Fiches de la Corpo
comporte cinquante livres, chaque fragment de texte est précédé d’une inscription indiquant l’auteur, le titre
et son emplacement dans l’ouvrage original.
C’est un manuel à l’usage des étudiants en droit élaboré par Tribonien, Théophile et Dorothée. Il suit le plan
de Gaius : Livre I: Persoane; Livre II: Res; Livres III-IV: Actiones.
Le But des Institutes est de dresser un tableau complet du droit privé romain. Il devient le manuel officiel
des écoles.
VIème siècle : l’empereur d’Orient émet de nouvelles législations, tous les six mois, en publiant les novellae
constitutiones. Leur codification officielle n’a jamais été ordonnée par les empereurs mais les juristes en ont
fabriqué une compilation en 555.
L’epythomée de Julien regroupe 124 Novelles e les traduit du grec au latin.
Une deuxième compilation, au auteurs inconnus, est publiée au cours du siècle sous le nom d’Autheticum. Elle
classe les Novelles selon un ordre thématique.
La Bible
La Bible est composée d’un ensemble de livres écrits à des périodes et à des lieux différents. Pour les
chrétiens, elle est divisée entre l’ancien et le nouveau testament.
A/ L’Ancien Testament
Les textes composant l’Ancien Testament datent du VIème au Ier siècle av JC. La Bible a longtemps été
composée de récits transmis oralement par des conteurs, leur mise par écrit a été tardive. Ils ont été rédigés
pour la plupart, en hébreux mais certains sont en araméen. Ce sont des livres saint transmettant des règles
spirituelles et morales, mais la religion juive mêle des règles de disciplines à ces messages. Ses parties sont
de véritables codes juridiques. Ainsi, le Lévitique peut être considéré comme un code du droit du mariage.
Une traduction officielle de la Bible en Greg a été ordonnée au IIIème avant notre ère, pour les juifs
d’Alexandrie. C’est la Bible des « Septante ».
B/ Le Nouveau Testament
Le Nouveau Testament est un recueil de différents textes. Il comprend les quatre évangiles et les épitres
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de Paul.
Épitres : rédigés en 50 avant notre ère.
Évangiles : Marc : s’adresse à un public romain, rédigé vers 65; Matthieu: s’adresse à un public hébreux,
rédigé dans les années 70; Luc: s’adresse à un public grec, rédigé dans les années 70; Jean: rédigé dans les
années 100
À partir de la fin du IIème siècle, les conversions se multiplient dans la partie occidentale de l’Empire avec le
besoin d’élaborer des traductions latines du Nouveau Testament.
250 : l’évêque Cyprien dispose d’une traduction complète, en latin, de l’Ancien et du Nouveau testament.
C’est la Bible vielle latine.
IVème siècle : Jérôme, père de l’Église, entame une nouvelle traduction. Cette traduction est appelée la
Vulgate, c’est la Bible latine utilisée pendant tout le Moyen-Âge en Occident.
Le nouveau testament transmet surtout des règles spirituelles, mais les épitres de Paul comportent des règles
de disciplines avec la présence de directions morales.
Les chrétiens n’ont pas de ligne disciplinaire claire, ils en ont donc crées et c’est ainsi qu‘est né le Droit
canonique.
Ce sont des lettres rédigées par des individus qui n’étaient pas des apôtres mais qui s’intitulaient comme
tel. Ces sont les chefs des premiers communautés chrétiennes, des évêques, qui ont rédigées ces lettres
adressées à leur communauté. Ils sont élus par les communautés pour les gouverner et pour être leur guide
spirituel.
La plus ancienne épitre est celui de Clément de Rome, adressé aux Corinthiens.
Ce sont des compilations dont la plupart des auteurs sont restés inconnus. Elles transmettent des règles de
liturgie qui servent à cadrer le déroulement des cérémonies religieuses. Le rite religieux est invalide si ces
règles ne sont pas respectées, les règles de liturgies viennent donc également imposer des règles de droit.
S’ajoutent aussi aux collections des règles de discipline. Au IVème siècle, les règles de droit s’imposent face
aux règles liturgiques. C’est l’émergence d’un véritable droit canonique.
Le droit canonique est le droit qui contient les règles des Églises chrétiennes, il est né au IVème siècle avec
l’apparition de la législation canonique.
Un concile est une assemblée qui regroupent des dignitaires ecclésiastiques, avec les évêques au premier
rang. Ce ne sont pas des assemblées ordinaires, elles sont uniquement rassemblées en cas de crise,
lorsqu’il faut trancher des controverses théologiques sur les dogmes.
325: premier concile réuni à Nicée, fixe le credo, la profession de foi de l’Église chrétienne;
381: le second concile, à Constantinople vient affirmer le caractère divin du Saint Esprit;
431: troisième concile à Ephèse, impose le terme de théodocos pour désigner Marie, mère de Dieu;
451: quatrième concile réuni à Chalcédoine, affirme la nature divine et humaine du Christ.
Les conciles émettent également des règles relatives à l’organisation matérielle de l’Église. Cette législation
émise par les conciles est la première source du droit de l’Église chrétienne.
16
Les Fiches de la Corpo
B/ La législation des papes : les décrétales
Les décrétales sont des lettres émises par les papes dans lesquelles ils émettent une décision. Elles sont
des réponses envoyées par le pape à des dignitaires ecclésiastiques qui doivent trancher un procès ou
résoudre une situation administrative litigieuse et ne savent pas quelles règles appliquer. Ces personnes
écrivent alors au pape pour savoir quelle règle de droit il se doit d’appliquer.
Le pape se charge d’expliquer comment le conflit doit être réglé.
Les décrétales se développent alors pendant tout le Vème siècle, émettent des règles juridiques.
Les collections canoniques sont des recueils dans lesquels on regroupe la législation ecclésiastique.
Les collections conciliaires apparaissent dès le milieu du IVème siècle, avec la multiplication des conciles.
350: Fabrication de la première collection à Antioche, qui recueille et diffuse la législation du concile de Nicé.
Ces sont des œuvres privées. Les collections canoniques sont des textes qui évoluent en permanence. Elles
permettent de conserver la législation et de la diffuser.
Les premières collections de décrétales sont perdues mais nous savons qu’elles ont existé.
L’Église chrétienne qui apparaît dans l’Empire romain est obligée de tenir compte du droit romain car
ses fidèles sont des citoyens romains. Le droit romain est le droit qui sert à gérer les communautés. C’est le
droit utilisé pour gérer le patrimoine et les affaires des communautés chrétiennes. Le droit romain devient ainsi
une source de droit canonique.
312: Le christianisme est reconnu par les empereurs Constantin et Licinus comme religion autorisée.
380: L’édit de Thessalonique, par l’empereur Théodose Ier instaure le christianisme comme religion officielle
de l’Empire.
Dès 312, les empereurs ont donc légiféré en faveur de l’Église.
La législation prend donc l’habitude d’encadrer le culte chrétien. On retrouve une imbrication entre les sources
de droit canonique et de droit séculier jusqu’en à la chute de l’Empire d’Occident, en 476.
Cette chute de l’Empire est due aux invasions germaniques qui déstabilisent l’Empire politiquement. L’arrivée
de nouvelles populations qui s’installent plus ou moins pacifiquement contribue à renverser l’Empire.
Les gallo-romains vivent sous le droit romain, droit profondément différents des règles juridiques des
nouveaux peuples germaniques. Ces peuples pratiquent un droit coutumier, alors que le droit romain repose
sur des textes écrits. Chaque peuple ne veut pas s’adapter aux règles juridiques de l’autre.
B/ Le fonctionnement du système
Lors d’un litige, on applique au justiciable les règles juridiques du peuple auquel il appartient. Le juge
pose alors la question: sub que lege vivis? (: sous quelle loi vis tu?) Il applique alors le même droit si les deux
partis ont la même origine mais si ils n’appartiennent pas au même peuple, le juge applique la loi du défendeur.
Il existe également des règles communes, s’appliquant à l’ensemble des habitants du royaume.
Ce sont des lois promulguées à l’initiative des gouvernants des nouveaux royaumes qui se sont formés
sur les ruines de l’Empire romain.
Ce code fut rédigé à la demande du roi Wisigith Euric et destiné à la population de son royaume. Il a
pour but de mettre par écrit la situation des Wisigoths par rapport aux gallo-romains. Il a été diffusé sous le
nom de « Lois des Wisigoths ». Par la suite, mes rois wisigoths ont voulu mettre par écrit les usages propres
aux gallo-romains, cette rédaction fut ordonnée par le roi Alaric II.
Le Bréviaire d’Alaric a été promulgué en 506 et met par écrit les besoins des gallo-romains vivant dans le
royaume Wisigoth. Il compile de la législation impériale et de la jurisprudentia.
Recueil promulgué à Lyon le 29 mars 502. Il compile des règles juridiques propres aux burgondes mais
également une série de règles en matière de police et d’administration communes aussi bien aux
burgondes qu’aux gallo-romains. Il pose également un ensemble de normes applicables à l’ensemble des
habitants du royaume. La loi énonce aussi comment s’applique le système de la personnalité des lois :
juridiction collégiale, avec un juge gallo-romain et un juge burgonde.
Cette loi reprend une bonne partie du Code Théodosien, de ses interprétations, ainsi que de l’épitomé de Gaius
et des sentences de Paul. Mais elle comporte seulement des extraits résumés de ces textes. Ce n’est pas une loi
promulguée mais un manuel à l’usage des praticiens du droit.
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Les Fiches de la Corpo
C/ Le royaume des francs
1) La loi Salique
Elle a été rédigée par le peuple des francs saliens, sous le règne de Clovis. La loi Salique comporte 65 titres
et a pour titre général: Pactus legis Salicae (Pacte de la Loi Salique). Elle se présente comme une compilation
de règles juridiques propres aux francs et comporte une liste de tarifs de compensation financière.
Le royaume était composé de différents peuples en guerre perpétuelle les uns contre les autres. Les francs ont
alors mis au poins un système de rachat de la vengeance privée: le Wergeld. C’est un trait qui permet
d’indemniser la victime en exigeant de l’argent au coupable.
La loi Salique permet aux francs saliens d’avoir un recueil de leur usages qui peut être utilisé par les juges.
Le Bréviaire d’Alaric a été diffusé en 506, soit un an avant la défaite d’Alaric II contre Clovis. Il a donc été
très largement copié et diffusé dans le royaume des francs. Les juristes en ont fabriqué des abrégés et l’Église
l’a également beaucoup utilisé.
Le roi Clotère II a promulgué un édit organisant la justice dans son royaume, divisant les compétences entre
les juges ecclésiastiques et les juges séculiers.
Bien que les édits promulgués par les rois mérovingiens soient assez rares, cette législation a l’avantage d’être
applicable à tous les habitants du royaume. Se forme alors un facteur d’unité juridique, tous les habitants du
royaume mérovingiens sont soumis à la même législation.
Entre 498 et 701, 34 papes se sont succédés. Les pontificats sont courts, ce qui explique en partie cette crise
de la législation pontificale. Les papes sont avant tout les évêques de Rome mais, à cette époque, Rome est
partagée entre deux influences politiques opposées. D’un côté les byzantins cherchent à établir leur pouvoir
en Italie, de l’autre, des royautés germaniques essayent de peser sur les élections pontificales.
Les papes n’ont alors plus aucun pouvoir politique, ce qui explique la médiocrité de la législation pontificale
promulguée à cette période.
B/ Les exceptions
Vigil
Vigil a été élu grâce à Justinien, le pape est dont contrôlé par l’empereur de Byzance. Vigil a alors pu
légiférer grâce au soutien de Justinien. Justinien a déclaré que ses compilations étaient applicables en Italie et
y a alors envoyé des éléments du Corpus Juris Civilis.
2) Grégoire le Grand
Grégoire le Grand a été pape de 690 à 604. Il a été un grand pape législateur, il a consigné plus de 850 lettres
compilées dans un registre qui a été utilisé par les carolingiens pendant tout le Moyen-Âge.
Au VIIème siècle, la législation pontificale disparait, les papes n’émettent plus de decretas.
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Les Fiches de la Corpo
La régionalisation de la législation conciliaire
A/ Les conciles mérovingiens
En gaule mérovingienne, au minimum 45 conciles se sont tenus entre 511 et 696. Il existe des conciles
provinciaux, lorsqu’un archevêque réuni les évêques de sa province, des conciles interprovinciaux, qui
réunissent les évêques de plusieurs provinces, et des conciles regroupant toute la Gaule.
Le premier concile regroupant tout le royaume est alors convoqué par Clovis en 511. Ces conciles émettent
une forte législation concernant l’organisation administrative de l’Église.
589: les wisigoths s’installent en Espagne. Ils se convertissent également au christianisme, ce qui va entraîner
la réunion de nombreux conciles, similaires à ceux de la Gaule mérovingienne. Mais les rois mérovingiens
participent aux débats et orientent les décisions alors que les rois wisigoths interviennent sur les question de
dogme et de théologie.
La Dionysiana a été élaborée à Rome au début du VI ème siècle par Dyonisius Exigousius. Elle réunit, au
sein d’une collection canonique, les quatre conciles eucunenique (Nice, Constantinople, Nephes et de
Macédoine) ainsi que d’autres conciles orientaux et les décrétales des premiers papes.
2) L’Avellana : une collection recueillant des décrétales et des constitutions impériales rares
Cette collection provient du monastère de Fontane l’avellana où son unique manuscrit a été conservé. Elle
comporte des décrétales et des constitutions impériales que l’on ne trouve pas ailleurs. Cette collection a
été élaborée en 555 lorsque Justinien a imposé son autorité en Italie.
C’est une des nombreuses collections destinées à recueillir les canons des conciles tenus en Gaule dans le
courant du VIème siècle, mais elle se distingue par sa forme.
Elle a été élaborée en 600-601 dans la région de Lyon à l’initiative de l’archevêque de Lyon et contient une
compilation des législations des conciles mérovingiens. Elle représente surtout la première collection
canonique dite systématique : les textes ne sont plus compilés de façon chronologique mais ses façon
thématique.
2) L’Hispana
Elle a d’abord été élaborée en Espagne, à la fin du VIIème siècle. Elle compile les canons de 67 conciles et
105 décrétales de papes, classés chronologiquement. Elle est plus volumineuse et comporte une législation
plus variée que la Vetus Gallica.
Au VIIIème siècle, l’Hispana a été copiée au-delà de l’Espagne wisigothique, notamment à l’époque
carolingienne.
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Les Fiches de la Corpo
L’Époque carolingienne (VIIIème siècle - Xème siècle)
• la transformation du droit séculier
§1- Le maintien du principe des lois nationales
A/ Les remaniements de la loi Salique et la lex emendata
Les rois mérovingiens complètent la loi Salique avec des édits, copiés à la suite de la loi sous forme de
chapitre additionnels. Au début du IXème siècle, Charlemagne décide de procéder à une remise en ordre de
la loi Salique : la lex emendata. Le texte passe alors e 65 à 90 titres. La lex emendata devient alors la loi de
toute la partie ouest du royaume des franc.
Les francs de cette région ont mis par écrit leurs propres lois aux alentours des VIème et VIIème siècles. Mais
c’est dans les années 800 que Charlemagne ordonne la rédaction des lois des francs ripuaires. Charlemagne
souhaite réorganiser juridiquement son royaume en particulier en allant vers l’Est, sur les territoires qu’il a
conquis. Il faut alors rédiger des lois pour les nouveaux peuples conquis.
Charlemagne fait d’abord remettre en ordre les lois anciennes de ces peuples. Il fait ensuite rédiger des lois
pour les peuples qui n’en n’avaient pas. Ces lois sont rédigées en latin, devenue norme administrative sous
l’empire carolingien.
Le Bréviaire d’Alaric continu d’être utilisé, il est reconnu en 668 par Pépin le Bref. À partir de la deuxième
moitié du VIIIème siècle, on fabrique des épitomés du Bréviaire d’Alaric. Les textes sont résumés et adaptés
aux situations de l’époque, se crée alors une vulgarisation du droit romain.
Le Bréviaire d’Alaric est également très utilisé dans le milieu ecclésiastique. De plus, les rois carolingiens
ont utilisé le droit romain dans leur législation.
Les capitulaires sont des textes législatifs qui se présentent sous la forme de recueils de dispositions
organisés sous forme de suite de petits chapitres. Les rois carolingiens utilisent, dès 751, les capitulaires
pour légiférer.
Ce sont des lois promulguées par le roi compléter une loi nationale. Elles sont ajoutées aux lois sous forme
de chapitre additionnels.
Ce sont des textes législatifs autonomes, ils n’accompagnent aucune loi spécifique. Ces capitulaires
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Les Fiches de la Corpo
interviennent pour régler des problèmes d’administration, de fiscalité ou de police. Ils ont une application
territoriale.
Les Missi dominci sont des fonctionnaires crées par Charlemagne pour renforcer la centralisation
administrative de son Empire. Ils sont chargés de contrôler les régions administratives. On leur envoi alors
ces capitulaires pour que la législation soit appliquée dans leur circonspection.
Lorsqu’un capitulaire est publié, un exemplaire original en est conservé au palais. Il est également copié et
diffusé. Il est lu lors des réunions du tribunal du comté, qui réunissent tous les hommes libres de la
circonscription.
Cette collection fut élaborée en 827, sous le règne de Louis le Pieux. Anségise était un abbé de Fontenelle et
intendant du palais d’Aix-La-Chapelle. Il avait ainsi accès aux archives et a recopié un grand nombre de
capitulaires. Il a ainsi élaborée une énorme collection, divisée en quatre livres : Les ecclésiastiques de
Charlemagne; Les ecclésiastiques de Louis le Pieux; Les mondains de Charlemagne; Les mondains de
Louis le Pieux. 829: cette collection est reconnue comme source officielle des capitulaires. Des copies
officielles de cette collections sont ordonnées par Charles le Chauve.
Ces faux capitulaires s’inscrivent sans une entreprise plus vaste de fabrication de faux textes juridiques:
les faux isidoriens. Ils comportent des faux textes canoniques et furent élaborés entre 847 et 857. Il aurait été
rédigé par Benedictus Levita à la demande de l’évêque de Mayence. Mais en réalité, le recueil a été fabriqué
à l’abbaye de Corbie. Ils veulent compléter la collection d’Anségise en fabriquant de nouveaux textes, de
nouvelles lois. Le but est de fabriquer les lois dont on a besoin mais qui n’existent pas.
C’est à partir du pontificat de Zachary, de 741 à 752 que les papes recommencent à légiférer. Son successeur,
Etienne II, a accepté de secret Pépin le Bref. La dynastie carolingienne est alors soutenue par la papauté
et vice versa. La papauté retrouve alors sa légitimité politique.
22
Les Fiches de la Corpo
B/ Les grands papes législateurs
La législation pontificale reste modérée jusque dans les années 850, avec le pontificat de Benoît IV.
858 – 867 : pontificat de Nicolas Ier qui a inventé la notion de notoriété. L’Église vit sous le droit romain,
c’est donc le droit que les papes utilisent pour légiférer.
La convocation de conciles par les rois francs devient annuelle. Ils convoquent des plaids généraux, c’est à
dire des assemblées regroupant tous les vassaux. Ce sont des grands personnages de l’Empire qui doivent jurer
fidélité à l’empereur. Il existe une chambre des vassaux laïques et une chambre des vassaux ecclésiastiques.
Cette nouvelle législation apparaît dans le courant du IXème siècle, à une période où le pouvoir des évêques
se trouve renforcé. Ils se retrouvent en effet à la tête de territoire très vastes, qu’ils ont des difficultés à gérer.
Ils administrent en allant d’Église en Église en y réunissant un synode d’Église locale. Ils y fixent des
règlements publiés sous forme de petits chapitres : les capitules. Ces capitulent viennent fixer des règles de
discipline à l’échelle locale.
Les plus anciens capitules furent promulgués par Théodulfe d’Orléans, évêque de 798 à 818.
Ce sont des codes de discipline canonique à l’usage des diocèses, promulguées par les évêques dans le but
d’organiser leurs diocèses. Les évêques sont considérés comme les auxiliaires de l’administration royale, ils
transmettent donc dans leurs capitules des décisions prises par le roi, ou l’empereur.
Ces capitules comportent également des décisions prises lors des conciles auxquels les évêques ont assisté.
Ils forment ainsi une nouvelle source du droit canonique.
Cette littérature commence à se développer au VI ème siècle dans les îles celtiques. Elle est liée au nouveau
système de pénitence qui se met en place à cette époque. Au lieu de partir en pénitence, le pêcheur confesse
ses pêchés à son supérieur qui lui indique la pénitence correspondante. Ce système est développé par les moines
irlandais, qui rédigent alors les premiers pénitentiels, des listes destinées à aider les pasteurs a infliger des
pénitences. Elles comportent une liste de pêchés associés à une liste de pénitences.
Le système de la confession s’est propagé. Les livres se pénitence se développe alors dans l’ensemble de la
23
Les Fiches de la Corpo
société chrétienne dans toute l’Europe.
Mais ces livres sont réalisés sans aucun contrôle. On retrouve donc des contractions entre plusieurs listes.
Certes livres vont ainsi créer des scandales car il n’y a pas d’harmonisation entre les listes. De plus, certains
pénitenciers énoncent des crimes sexuels en les détaillant, ce qui crée encore plus de scandal.
Alors que des conciles essayent sans succès de contrôler cette littérature, elle perdure grâce au succès du
système de confession. Les pénitentiels deviennent alors source de droit canonique.
Dans les années 800, les clercs de l’entourage de Charlemagne ont fabriqué une collection systématique en
empruntant à la Dionysiana et à l’Hispana. C’est la Dacheziana. Ces nouveaux textes viennent combler les
lacunes du droit canonique. Ils se basent sur des textes du droit romain. On observe donc que l’Église est
soumise au droit romain pour ses affaires séculières.
Les Faux Isdisoriens sont des faux capitulaires de Benoît de Lévite, fabriqués au milieu du IXème siècle.
L’Empire carolingien est en crise est en crise suite à la mort de Louis le Pieux en 843. Il se retrouve divisé et
subit un affaiblissement politique. Une entreprise de falsification est lancée pour faire face à cette crise. Les
Fais Isidoriens veulent alors protéger les droits des Églises.
- Capitules d’Angilramme : collection de capitulaires qui aurait été envoyés par Hadrien I à l’évêque de Metz
en 790. Mais ces capitules ont en réalité été fabriqués à Corbie. Ces capitules instaurent les procédures à
respecte lorsque l’on traine un évêque en justice, afin de respecter un procès équitable. Ce texte est alors
fondateur, il instaure la présomption d’innocence et sera élargi comme base pour les règles de procédure
générale.
- Sont aussi confectionnées de fausses décrétales, qui seront incluses dans des collections canoniques.
Ces Faux Isidoriens ont connu un énorme succès jusqu’à la fin du XIème siècle et furent l’outil des
réformateurs grégoriens.
LA PÉRIODE MÉDIÉVALE
La révolution juridique des XIème - XIIIème siècles
La redécouverte des compilations de Justinien
• Les circonstances de cette découverte
Les causes de la redécouverte
A/ Le prestige dont joui longtemps le droit romain aux yeux des clercs
Le droit romain a un fort prestige du à sa technicité, supérieure aux autres droit séculiers. De plus, c’est le droit
d’un Empire chrétien. À partir du pontificat de Jean VIII, les papes utilisent le droit romain pour défendre
24
Les Fiches de la Corpo
les intérêts de l’Église dans la société séculière.
On commence alors à recopier des pans entiers du droit romain dans les collections canoniques. Dans le cadre
de la réforme grégorienne, le Digeste va être redécouvert, ce qui va relancer la circulation du Corpus Juris
Civilis.
B/ La réforme grégorienne
Cette réforme est un mouvement intellectuel et politique qui caractérise l’Église latin entre le milieu du
XIème siècle et le début du XIIème siècle.
Avec l’arrivée de la féodalité, les seigneurs féodaux cherchaient à s’emparer des biens des monastères. Pour
se protéger, les moines cherchent à se mettre sous patronage direct du pape mais, à l’époque, ce dernier avait
des pouvoirs assez faibles. Se développe alors une théorie selon laquelle le pape serait supérieur à tous les
évêques.
Les réformateurs grégoriens font alors élire l’un des leurs : Léon IX. Il porte la réforme grégorienne à Rome.
Les papes grégoriens ont besoin de justifications juridiques pour affirmer leur domination, les clercs à leur
service partent donc à la recherche de textes susceptibles d’affirmer leur pouvoir. C’est ainsi qu’ils
redécouvrent la législation de Justinien, dont le Digeste. Le droit romain sert alors à affirmer la puissance de
l’Église.
C/ La réapparition du Digeste
C’est le premier morceau du Digeste a avoir été remis en circulation, à la fin du XI ème siècle. Il comporte
les vingt-quatre premiers livres du Digeste, c’est son contenu le plus important. Il expose les sources de droit,
l’ensemble de la procédure et l’organisation des procès ainsi que le droit des contrats.
C’est la partie centrale du Digeste mais également celle entrée la dernière en circulation. Elle comporte
des règles différentes à celles en vigueur dans la société médiévale. L’Infortiat entre donc en circulation dans
les années 1130.
Cette partie entre en circulation dans les années 1120. Elle comporte un titre entier destiné à définir les
termes juridiques ainsi qu’un titre sur les anciennes règles de droit, qui comporte des règles sous forme
d’adages. Le Digeste neuf connaît un fort succès dans les écoles.
Les neuf premiers livres du Code contiennent les parties les plus importantes.
25
Les Fiches de la Corpo
Ils traitent le droit ecclésiastique, les sources du droit et la case totalité du droit privé. Le Codex entre alors en
circulation vers 1080.
3) Le Volumen
C’est un ensemble d’éléments du Corpus Juris Civilis qui se forme progressivement lors de la première
moitié du XIIème siècle. Il comporte alors : Les trois derniers livres du Code, ajoutés vers 1150; Les Institutes
et l’Authentique, une traduction latine des Novelles réalisée à la fin du XIème siècle.
Le Corpus Juris Civlis circule alors en cinq volumes : 1. Le Digeste vieux 2. L’Infortiat 3. Le Digeste neuf
4. Le Codex 5. Le Volumen.
En plus de cette réorganisation, le Corpus Juris Civils connaît des ajouts.
B/ Les ajouts faits aux compilations justiniennes par les juristes médiévaux
1) Les authenticae ajoutées au Code de Justienien
Elles auraient ajouté dès les origines de l’école de Bologne, par Irnerius, le père de cette école. Suite à la
promulgation du Code, Justinien a légiféré via les Novelles. Or, certaines d’entre elles sont venus modifier des
règles du Code.
Les juristes médicaux ont donc voulu faire des résumés des Novelles ayant modifié des constitutions du
Code. Ces résumés sont alors placés en marge des constitutions au sein du Code ce qui permet de le remettre
à jour.
Lorsque les Novelles sont traduites en latin, au milieu du XII ème siècle, elles sont classées en neuf collations.
Une dixième y est ajoutée dans les années 1220-1230: le Livre des fiefs. Il regroupe des règles relatives
au statut juridique des fiefs.
Ce livre est à l’origine un édit promulgué en 1037 par l’empereur allemand Conrad II le Salique et
voulant régler la manière dont les fiefs pouvaient être transmis de manière héréditaire.
Le livre est alors utilisé dans les écoles italiennes pour enseigner le droit féodal. Le Corpus Juris Civilis est
donc adapté, modifié pour correspondre à la situation actuelle et à l’enseignement scolaire de l’époque.
On connait son existence grâce aux écrits du moine anglais Raul le Noir. On sait qu’il est le premier a avoir
enseigné le droit romain à Bologne. Mais on ne connaît rien de plus sur lui.
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Les Fiches de la Corpo
2) Irnerius
Personnage né vers 1055 et mort vers 1125. Irenius a rempli des fonctions officielles, il fut notamment
conseiller de l’empereur Henri V. Il a été juge et a enseigné le droit et a également rédigé des gloses sur le
Digeste, le Code et les Institutes. Il est considéré comme le fondateur de l’école de Bologne. Il a formé les
Quatre docteurs, qui ont définitivement installé l’enseignement scolaire du droit à Bologne.
Au XIIème siècle, les villes provinciales entretiennent des relations commerciales importantes avec les cités
marchandes italiennes. Des hommes de lois italiens arrivent alors en Provence et deviennent des
conseillers auprès des grands hommes provinciaux ou de ecclésiastiques. Se développe alors un
enseignement du droit romain en Provence, des œuvres juridiques sont produites à l’usage des étudiants, on
fabrique des abrégés du Corpus Juris Civilis.
1125 ; publication d’une collection d’extraits du Digeste et du Code organisée de façon systématique :
Exceptiones Petri.
Une somme, c’est à dire un résumé commentaire, des Institutes a également été rédigée dans les années 1130
vers Valence.
Cette diffusion commence dans les années 1150, dans les lieux où existe un enseignement du droit
canonique.
À Auxerre, on fabrique un abrégé du droit romain à l’usage des canoniques : le Brackylogus suit alors le plan
des Institutes.
Dans les années 1170, l’italien Vacarius rédige un manuel à l’usage des étudiants anglais pauvres : Le livre
des pauvres. Il s’agit d’un résumé commentaire du Digeste et du Code.
L’enseignement du droit romain se développe également à Cologne, avec l’enseignement du droit canonique.
La glose est un système d’interprétation utilisé par tous les savants médiévaux.
Les savants partent d’un texte de base qu’ils lisent et commentent devant les étudiants pendant leurs cours. Ils
enrichissent les textes avec des commentaires placés entre les lignes ou dans la marge. C’est ainsi que se forme
la glose, des couches de glose s’accumulent alors sur les textes.
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Les Fiches de la Corpo
2) L’évolution du système : les apparats et la glose ordinaire d’Accurse
Plus on avance dans le temps, plus les gloses deviennent chargées de dialectique. Les maîtres imagent alors
d’utiliser les gloses de leurs prédécesseurs pour rédiger des gloses systématiques, regroupant l’ensemble des
gloses sur le Corpus Juris Civilis: ce sont les apparats de glose.
1190-1200 : apparition des premiers apparats de glose, rédigés par le juriste polonais Azon.
Le juriste Accurse va rédiger une glose sur tous les volumes du Corpus Juris Civilis. Cette glose va connaître
un énorme succès et prendre le nom de Magna Glossa. Dans la deuxième moitié du XIIème elle devient la
glose ordinaire du Corpus, elle est systématique copiée avec le texte d’origine.
C’est un genre littéraire qui consiste à partir d’un texte de base dont on extrait des fragments que l’on
recoud les uns aux autres. Cette méthode est d’abord utilisée par les juristes du Nord qui n’avaient pas assez
d’éléments du Corpus pour gloser.
C’est de ce système que va naître le modèle de la somme qui, à la fin du XIIème siècle finit par être utilisé par
les juristes de Bologne. On rédige des résumés commentaires de plus en plus volumineux, s’appuyant sur un
texte de base et en le comparant seulement à lui-même.
Lors d’une leçon, les maîtres soulèvent des problèmes issus de l’interprétation d’un texte, qui peuvent
entraîner des discussions approfondies avec les étudiants. S’organisent alors des séances de questions disputées
qui se déroulent tel un procès fictif.
Dès le début du XIème siècle, des intellectuels essaient de lancer des mouvements anticipant la réforme.
L’évêque Bruchard de Worms souhaite alors opérer une réforme dans son diocèse. Il compose, dans les années
1008-1012 une grosse collection canonique : le Decretum (:le Décret). Cette collection comprend 1783
chapitres, classés en titres thématiques et empruntant des textes des Faux Isidoriens, au droit romain et à la
Dyonisio Hadriana. Le Décret nourrit le projet de la réforme grégorienne en affirmant notamment la
primauté du pape sur les autres évêques.
Cette collection a eu un fort succès et a été copiée dans les pays germaniques et au Nord de la Gaule et a
également connu une diffusion en Italie.
La réforme commence à la frontière entre la France et l’Allemagne avant de descendre vers l’Italie. Elle est
accomplie lorsque, en 1049, les grégoriens font élire l’un d’eux, Léon IX, comme pape.
La collection Sinemuriensis est rédigée dans la région de Reims. Elle est organisée en bloc de sources. Elle
défend l’indépendance de l’Église, l’interdiction de la vente des biens et des fonctions ecclésiastiques, le
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Les Fiches de la Corpo
célibat des clercs et la primauté de l’évêque de Rome sur les autres.
Années 1195: Yves de Charte rédiges trois colletions.
• Le décret s’inspire de Bruchard de Worms.
• Panormie et Tripartie compilent les mêmes textes mais Panormie les regroupent de façon systématique et
Tripartie est organisé selon les types de sources.
Collection en soixante-quatorze titres promulgués sous Grégoire VII. C’est une collection assez courte
fabriquée à partir des Faux Isidoriens. Elle présente des idées réformatrices : primauté du pape, lutte contre la
Simonie et le Nicolaïsme.
1086 : l’évêque Anselme de Luc a fabriqué une importante collection promouvant la primauté du pape et
justifiants les pouvoirs de l’évêque de Rome. Il s’appuie sur le droit romain pour justifier ces pouvoirs.
Le décret de Gratien est la plus importante des collections canoniques. Il a été utilisé par l’Église latine
jusqu’à la promulgation du premier code de droit canonique en 1917. Son élaboration a duré 20 ans.
A/ La composition du décret
Il a été élaboré à Bologne dans la première moitié du XIIème siècle par un certain Magister Gratianus
travaillant avec une équipe. Ils avaient pour projet de rédiger un texte destiné à enseigner le droit canonique.
Plus de milles canons sont alors regroupés de manière systématique, accompagnés de commentaires pour les
expliquer. Mais cette version du décret est si vaste que son usage dépasse le seul enseignement. De nouveaux
canons y sont alors ajoutés, pour former une véritable collection canonique.
Le décret de Gratien constitue le bilan du droit canonique du premier millénaire.
La Concorde canons discordants : Concordi Discordantium canonum représente les plus anciens manuscrits
du décret et résume l’ambition des auteurs.
Ils voulaient réunir le plus grand nombre d’anciens canons et résoudre les éventuelles contradictions
existant entre eux. Ils rédigent alors des solutions sous formes de commentaires : c’est le dictat de Gratien.
Le plan du décret est en deux parties, d’abord les sources du droit puis des questions plus particulières. Au fil
du temps, plusieurs textes sont venus s’ajouter au décret : les paleae.
Le décret devient la base à partir de laquelle on enseigne de le droit canonique dans l’ensemble de
l’Europe.
À l’époque de la réforme grégorienne, de nombreux conciles organisés par les papes se sont tenus en Europe
occidentale. On retrouve un certain nombre de conciles provinciaux mais leur législation peut avoir une portée
plus large que celle de la province car ils ont été ordonnés par le pape.
1095: Le pape Urbain II se déplace à Clermont pour un concile concernant la première croisade.
29
Les Fiches de la Corpo
Mais le pape peut aussi envoyer quelqu’un pour le représenter au sein du concile.
La législation émise lors des conciles est donc placée sous l’autorité du pape, de façon directe ou
indirecte. Les conciles servent donc de chambres législatives au pape.
Les papes émettent de nombreuses décrétales entre la fin du XIIème siècle et le début du XIIIème siècle.
Grégoire VII en a émis au moins 590;
Alexandre III et Innocent II sont les plus grands papes législateurs, ils ont émis plusieurs milliers de décrets.
La réforme grégorienne a restauré le pouvoir des évêques au sein de leur diocèse. Ils instaurent des
tribunaux permanents qui ont beaucoup plus de succès que la justice séculière, inefficace.
2) L’importance qualitative
La plupart des décrétales correspondent à des rescrits, c’est à dire à des réponses que le pape adresse à unes
instances locales dans laquelle il formule la règle de droit que l’évêque doit appliquer à l’espèce qui lui est
soumise.
Le pape est accompagné de juristes, les décrétales ont donc une forte qualité technique.
Les papes commencent également à émettre une législation à portée générale. Il s’agit de décrétales
s’appliquant partout. Ces décrétales vont alors être assimilé à des lois.
La première codification se fait dans les années 1170, sous le pontificat d’Alexandre III. Les premières
collections classent le textes chronologiquement, ils vont ensuite être classés par thématiques.
1192: un juriste de Bologne, Bernard de Pavi élabore une collection organisée en cinq livres, c’est le
Breviarum Extravagantium. Livre I: Le pouvoir de juridiction; Livre II: La procédure; Livre III: Les
personnes ecclésiastiques; Livre IV: Le droit du mariage ; Livre V: Le droit pénal.
Ce plan va être reprit par d’autres collections de décrétales. Il est alors résumé avec la formule « Judes,
Judicium, Clerus, Connubia, Crimen »: le juge, le procès, le clerc, le mariage, le crime.
Les collections privées sont nombreuses au début du XIIème siècle, mais elles ne sont pas toutes exhaustives.
Le pape Grégoire IX aurait, en 1227, ordonné la fabrication d’une codification officielle. Il veut ainsi remédier
à la faible qualité des collections en circulation mais veut également s’imposer comme grand législateur, au
même titre que Justinien. Il promulgue alors le Liber Extra.
Raymond de Pennafort est un juriste espagnol, chargé par Grégoire IX de rechercher le plus grand nombre
possible de décrétales des papes l’ayant précédé. Il est également chargé de les modifier, afin de ne conserver
que la formulation de la règle de droit.
Raymond de Pennafort réunit alors surtout des décrétales de la fin du XIIème siècle et du début du XIIIème
siècle. Sa compilation est organisée selon de plan de Bernard de Pavi. Cette nouvelle collection est alors
approuvée par Grégoire IX et promulguée en 1234.
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Les Fiches de la Corpo
• L’apparition d’une étude scolaire du droit canonique
Les décrétistes
A/ L’école de Bologne
L’enseignement du droit commence à se développer à Bologne à partir du milieu du XII ème siècle.
Le premier maître est un certain Paucapalea. Il a composé, vers 1148, une somme sur le décret de Gratien afin
de l’enseigner. On rédige des sommes car on ne possède pas beaucoup de manuscrits du Décret. Plus
l’enseignement se développe, plus on peut commencer à rédiger des gloses sur le texte.
Vers 1180, Huguccio rédige un apparat de glose sur le Décret: l’apparat Ordinatorus. Il rédige également une
somme sur le décret. Tous deux furent largement diffusés.
B/ L’école franco-rhénane
À la fin des années 1160, on commence à enseigner le droit canonique à Paris, à Cologne et à Mayence. Cet
enseignement se développe dans des écoles cathédrales où est déjà enseigné la théologie. Etienne de Tournay
a publié une somme sur le Décret qui a lancé l’étude du droit canonique dans le Nord de Alpes. Le Décret est
également lu à Paris entre 1165 et 1169 lors de cours. Vers 1169, Bertrand, évêque de Metz enseigne le droit
canonique à Cologne.
C/ L’école anglo-normande
L’enseignement se développe également dans des écoles cathédrales. Le parisien, Richard du Petit Pas a rédigé
une grosse somme sur le décret qu’il est venu diffuser, cers 1180, dans la région de Licoln et de Rouen.
Les canonistes, qu’ils soient anglo-normands ou franco-rhénan utilisent tous le droit romain pour commenter
le Décret et utilisent également beaucoup le Jus novum.
À partir des années 1190, se développe un enseignement systématique des décrétales, à partir du plan de
Bernard de Pavi. Il naît à Bologne avant de se développer dans les reste de l’Europe. Cet enseignement vient
s’ajouter à l’étude du droit canonique.
Les cinq anciennes compilations sont systématiquement copiées, et deviennent alors des gloses ordinaires du
Décret de Gratien vers les XIIème et XIIIème siècles. Cette glose ordinaire est alors systématique copiée avec
les manuscrits.
On compose des gloses et des sommes à la fois sur le droit romain et sur le droit canonique. Mais, à
l’inverse du droit romain, on a commencé par rédiger des sommes sur le droit canonique car on avait peu de
manuscrits du Décret. Les canonistes rédigent également des traités spécialisés, comme des sommes sur le
mariage.
Les canonistes ont toujours eu recourt au droit romain. Le Décret de Gratien énonce que l’Église se doit
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Les Fiches de la Corpo
d’utiliser le droit romain du moment que ses dispositions ne s’opposent pas à celles des canons.
Les canonistes utilisent le droit romain pour interpréter le droit canonique, surtout à partir des années 1180
avec l’essor de la législation pontificale. Les papes utilisent le droit romain pour créer des règles de droit
canonique. Les canonistes ont recouru au droit romain à chaque fois qu’il n’existe pas de règle de droit
canonique.
Entre les années 1180 et 1220 on assiste à un phénomène massif de pénétration de règles romaines dans le
droit canonique. C’est de ce mouvement que va naître le jus commune. C’est le droit Romano-canonique.
Les canonistes ont inventé l’expression de l’utrumque jus: l’un et l’autre droit. Elle sous-entend que les droits
sont liés.
Les textes de droit romain sont figés et clos contrairement au droit canonique qui est en perpétuelle
évolution. Les romanistes expliquent un texte par ce même texte, le comparant seulement à lui-même. Ils ne
citent jamais les canonistes. Le droit romain peut donc se trouver en opposition au droit canonique.
À partir des années 1160, des canonistes commencent à préciser quels sont les canons différents du texte
romain qu’ils interprètent.
Vers les années 1190-1200 les romanistes intègrent dans leurs commentaires des éléments de droit
canonique.
On assiste à un renouveau des institutions urbaines au cours du XIIème siècle. Ce renouveau est lié à
l’essor que connaissent les villes à cette période. Elles connaissent de nombreux changement économique et
sociaux.
On assiste à un accroissement démographique du à une amélioration des conditions climatiques. Arrivent
également des invasions scandinaves. Des nouvelles villes apparaissent alors tandis que d’autres croissent. Ces
villes accueillent de nouvelles activités économiques et commerciales, qui s’adaptent mal au régime féodal.
Elles se dotent alors d’institutions nouvelles. Les villes fixent des chartes instaurant de nouvelles modalités de
gouvernement des villes.
Se forment alors de nouvelles règles juridiques, entre particuliers, propres à chaque ville et pouvant s’inscrire
dans les chartes.
Entre le VIème et le XIème siècle, le monde séculier est dominé par le système des lois personnelles. La notion
de coutume n’est pas connue.
Le système de personnalité des lois perd de sa valeur au XIIème siècle, période où est redécouvert le
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Les Fiches de la Corpo
Corpus Juris Civilis. Ces textes ont permis d’apporter une véritable définition de la coutume. Les
glossateurs développent alors l’expression de jus consuetudinarium : le droit coutumier (bien que pour les
romanistes, la coutume n’est pas source de droit).
Les glossateurs ont également développé une théorie expliquant l’émergence de la coutume. Le droit
coutumier est un droit non écrit qui naît de la répétition d’usages en un même lieu par un groupe de
personnes ; usages qui, à force d’être répétés, finissent par devenir obligatoires car ils sont acceptés par
tous et jugés rationnels.
Sous le système de personnalité des lois, les lois s’appliquent aux individus en fonction leur origine et non
de leur lieu de résidence. Ce système va entrer en décadence dès le IXème siècle. Avec l’arrivée de la
féodalité, ce système n’est plus du tout contrôlé, il va alors disparaître. Avant l’arrivée du droit coutumier
territorial, les individus prennent l’habitude de gérer leurs rapports juridiques en passant des conventions.
Lorsque les seigneuries banales deviennent de véritables entités juridiques organisés, des usages se
développent et peuvent finir par former des coutumes propres à la seigneurie.
À partir des années 1160, on commence à transcrire des coutumes locales propres aux villes, notamment an
matière de succession.
Un coutumier est un recueil privé qui présente de façon didactique les coutumes d’un lieu tel que pourrait
les présenter un manuel. Leurs auteurs utilisent le droit romain et le droit canonique pour les mettre en forme.
À la fin du XIIème siècle, est rédigé le coutumier de Normandie, influencé par le droit romain et canonique et
voulant mettre par écrit les coutumes de Normandie.
Les coutumes du midi sont mises par écrit de façon officielle à la demande d’autorités urbaines, de seigneurs
de villes, ou bien d’institutions publiques municipales qui gèrent les villes. Il ne s’agit de rédiger une sorte de
manuel mais de mettre par écrit, de façon officielle, les coutumes d’un lieu à la demande de l’autorité de ce
lieu. Les coutumiers forment ainsi des petits codes, rédigés par des hommes de loi ayant étudié le droit
romain et canoniques, qui influencent donc leur rédaction.
Au courant des XIVème et XVème siècle, la tendance de la rédaction des coutumes commence à se démoder,
car la coutume est surtout une règle juridique par essence orale, qui évolue beaucoup. Il y a donc un décalage
entre le texte et la pratique des coutumes.
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Les Fiches de la Corpo
A/ Le règne du privilège
1) Les causes de cette situation
Jusqu’au IVème siècle, les empereurs romains ont émis peu de constitutions à portées générales. L’essentiel
de la législation impériales des IIIème et IVème siècles est composée de privilèges.
Les capétiens suivent cette tendance et légifèrent donc surtout par privilèges. Les privilèges ne sont pas des
rescrits, il s’agit de faveurs qui sont octroyées à une personne, ou à une institution. Ils correspondent à
l’idée que l’on se fait du droit à l’époque. Il est vu comme un ensemble bien ordonné auquel en principe on ne
touche pas, sauf en extrême nécessité. Cette exception est représentée par les privilèges.
Les privilèges émis par les premiers capétiens sont des mesures octroyées à des personnes ou à des institutions
dans des circonstances exceptionnelles. Le roi intervient pour corriger une situation imparfaite. Il peut
également intervenir, à la demande des habitants d’un lieu, pour abolir de mauvaises coutumes.
Mais le pouvoir du roi ne s’exerce en réalité pas sur tout le territoire. Il n’a guère de pouvoir en dehors du
domaine royal. Il ne peut donc pas émettre des privilèges sur l’ensemble du territoire. La législation du roi
capétien a donc d’abord une faible portée.
Pour les intellectuels des XIème et XIIème siècles, le roi capétien est héritier du roi carolingien, il devrait donc
avoir les mêmes pouvoirs. Le roi capétien devrait donc avoir la possibilité de légiférer pour tout le
royaume des francs. Ils se basent sur le modèle de la législation émise par les carolingiens, car les capitulaires
promulgués par les carolingiens circulent toujours. Ils ont donc la vision d’un roi émettant une législation à
protée générale.
Le pape représente un modèle temporel pour les grégoriens. Il est au sommet de la pyramide des évêques et
peut ainsi légiférer. Ce pouvoir constitue un modèle pour le roi, qui cherche à développer son pouvoir législatif.
Vers 1077, le roi Philippe Ier cherche à entendre son autorité et son pouvoir législatif. Dans les privilèges
qu’il accord, il rappelle, dans le préambule, son autorité.
Louis VI, successeur de Philippe Ier, multiplie les mandements qui sont des actes royaux émettant des ordres.
Le droit de Justinien commence à être connu en France à partir des années 1130. Il se développe auprès
des élites, puis du roi de France lui-même. La terminologie du droit romain commence alors à s’insérer dans
la législation royale. Une utilisation du droit romain et canonique commence à se manifester dans le courant
du XIIème siècle.
Dès le XIIème siècle, les empereurs du St Empire se considèrent comme les successeurs des empereurs
romains et entendent exercer leur souveraineté dans toute l’Europe.
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Les Fiches de la Corpo
Les canonistes grégoriens ne sont pas favorables à cette idée. Pour eux, il n’y a qu’une seule fonction
supérieure à toutes, la fonction pontificale. Ils également énoncent que le roi a le même pouvoir législatif
qu’avait l’empereur romain.
Les glossateurs n’ont d’abord pas voulu admettre que le roi puisse légiférer comme l’empereur, car cela
représentait une reconstruction des textes romains.
Mais à partis des années 1180, ils doivent tenir compte de la réalité politique de l’époque. Les glossateurs
finissent par admettre que les rois peuvent légiférer à l’égal des empereurs romains.
Se construit alors la théorie de la souveraineté législative du roi de France.
Une ordonnance est un texte législatif émit par le roi de France, qui a une portée générale, c’est à dire qui
s’applique à tout le royaume. Les premières ordonnances apparaissent sous le règne de Louis VII.
Louis VII a surtout émis une législation à protée particulière. Mais il a également émis deux ordonnances à
portées générales.
- 1144: La première ordonnance concerne les juifs relaps. Ce sont des personnes qui se convertissent
à la religion chrétienne puis reviennent à leur religion d’origine. C’est un principe considéré comme un crime
par le droit canonique. Une seconde ordonnance précise que les juifs relaps pourront être expulsés du royaume
de France.
- 1155: Une ordonnance vient instituer une paix publique dans tout le royaume de France.
Philippe Auguste a principalement émis des actes à portée générale. À travers des ordonnances, il impose un
impôt générale destiné à financer ceux qui partent en croisade. Il interdit également le blasphème et ordonne
l’indivision des seigneuries.
Les universités apparaissent grâce à l’essor des villes d’Europe occidentales au XIIème et XIIIème siècles.
On assiste à un fort développement de l’enseignement. Les universités sont des corporations qui apparaissent
en réaction contre les pouvoirs féodaux ou contre ceux qui exercent le pouvoir dans ces villes. Les écoles sont
d’abord ecclésiastiques, placées sous la juridiction des évêques qui sont les maîtres. Les écoles prennent le
nom d’universitas, au pluriel universitates, désignant toute corporation.
2) La reconnaissance officielle
Les papes ont défendu les universités contre les évêques et contre le pouvoir laïque. Ils voulaient qu’elles
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Les Fiches de la Corpo
soient placées sous leur contrôle direct. Ils ont alors octroyé des privilèges aux universités pour les placer sous
leur juridiction. C’est surtout les papes Innocent III et Grégoire IX qui vont assurer une autonomie définitive
à l’université de Paris.
115: Robert de Courçon octroi à l’université de Paris ses premiers statuts officiels.
Les papes permettent donc aux universités de s’émanciper.
Paris: comporte quatre facultés. Celle des arts, (aujourd'hui des lettres), celle des décrets, appelée ainsi à partir
de 1219 (faculté de Droit) car on y enseigne seulement le Droit canonique, de théologie, et de médecine. Elles
ne sont pas sur un pied d’égalité. Il y a une faculté élémentaire, celle des arts, par laquelle tout le monde passe
d’abord avant d’accéder à une des trois facultés supérieures. Les élèves sont alors si nombreux dans la faculté
des arts que se développe un regroupement administratif en nations. Au cours du XIIIe siècle, le recteur de la
faculté des arts devient le chef de l’université, car elle est la plus nombreuse. Il gère les finances et préside les
assemblées générales.
Bologne: On distingue deux corporations, celle des étudiants et celle des maîtres. Les maîtres forment le
collège des docteurs. Strictement, l’université représente la corporation étudiante. Chaque faculté constitue
une université, une entité juridique autonome. On y regroupe également les élèves en nations.
Les universités intègrent l’enseignent supérieur et une partie de l’enseignement secondaire. On intègre la
faculté d’arts à 14 ans, ce cursus dure six ans. Au bout de deux ans, on peut obtenir un baccalauréat es-art, puis
un Doctorat es-art, que l’on appelle aussi maîtrise es-arts, le titre de magister artium. Cet enseignement porte
sur la logique et la dialectique, un enseignement philosophique. On entre ensuite en théologie, en Droit, ou en
médecine. Seuls ceux qui souhaitent enseigner obtiennent un diplôme.
Ces études peuvent durer entre quatre et six ans. Il existe un examen privé ou public.
L’examen privé est une épreuve qui dure une journée, au début de laquelle le candidat va entendre la messe
du Saint Esprit, après cela, il comparaît devant le collège des docteurs, les maîtres, qui lui donnent deux pas-
sages du Corpus de Justinien, du décret de Gratien, ou du Liber Extra. Il se retire chez lui et prépare pendant
toute la journée son épreuve. Le soir, il va comparaître devant les docteurs en présence de l’archidiacre de la
cathédrale de Bologne, présentant un commentaire des deux textes qu’on lui a confiés. Les docteurs vont
ensuite délibérer et voter pour savoir si il a réussi l’examen. Cet examen ne permet d’enseigner comme maître
ordinaire dans les grandes universités.
L’examen public se déroule à la cathédrale en présence du collège des docteurs et de l’archidiacre mais aussi
des étudiants, ce qui fait son caractère public. Il s’agit de lire devant eux une thèse sur un point de droit. Il
débat ensuite avec les docteurs. On peut lui décerner la lincentia docendi, proclamée par l’archidiacre au cours
d’une petite cérémonie solennelle où l’on fait asseoir le nouveau docteur sur une chaire, en lui confiant un
livre ouvert, un anneau d’or, et une toque, le béret des docteurs.
Les intellectuels médiévaux accordent une grande place au langage, ils veulent comprendre le lien entre
les mots et ce qui existe réellement. Le langage tient la première place dans l’enseignement, car on analyse
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Les Fiches de la Corpo
des textes. On s’appuie sur la grammaire et sur l’étymologie.
On apprend grâce à des débats mis en place par les maîtres. au XIIIe siècle, l’exercice consiste toujours à
soulever des questions que l’on va discuter pour tenter ensuite de les résoudre. Il s’agit d’utiliser la méthode
dialectique.
L’enseignement consiste à partir d’un texte, qui constitue une autorité. Il s’agit du Corpus Juris Civilis si
l’on enseigne le Droit romain, ou le Décret de Gratien et le Liber Extra si l’on enseigne le Droit canonique.
Les canonistes utilisent le Droit romain pour éclairer le Droit canonique. Ces textes sont qualifiés
d’auctoritates.
Le premier exercice est la lexio, une lecture du texte de base. Le maître lis plusieurs fois le texte aux étudiants.
Il dégage le sens littéral du texte en utilisant la grammaire et l’étymologie. Il cherche également à trouver le
sens profond du texte.
Le maitre soulève des questions qui vont être résolues pour certaines par le maître lui-même devant les
étudiants.
Passage progressif au milieu du XIIème siècle. Avec le développement de la dialectique, les gloses s’allongent.
Les maîtres qui préparent les cours n’ont alors plus de places dans les textes pour gloser. Ils rédigent
alors des commentaires sur le texte sur des feuilles séparées.
Le Droit romain commence à être diffusé dans le sud de la France dès les années 1130, et vers 1160 1170 il
est enseigné à Paris à côté du Droit canonique.
1219 : Le pape Honorius III interdit l’enseignement du droit romain à Paris, jugeant qu’il fait de l’ombre
au droit canonique.
L’enseignement du droit se transporte aussitôt à Orléans, où existent déjà des écoles dans lesquelles on
enseigne la grammaire et plus précisément l’art du dictamen, la manière de faire des lettres officielles. En
1235, le pape Grégoire IX, autorise cet enseignement. Pendant tout le XIIIe siècle, l’école d’Orléans ne cesse
de croître et au début du XIVe, en 1306, le pape Clément V reconnaît à Orléans le statut d’université, lui
octroyant des privilèges.
Dès les années 1220-1230, l’école attire de nombreux étudiants, les maîtres parisiens se mettent à enseigner à
Orléans. Ils développent une nouvelle méthode, enseignant tout de suite à partir de commentaires, ils ne
pratiquent plus la glose. À cette époque se développe la pensée d’Aristote. Cette pensée nourrit cette méthode
du commentaire, et avant cela la méthode dialectique, de sorte que l’école d’Orléans est à la pointe des
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Les Fiches de la Corpo
méthodes d’enseignement.
Au XIIème siècle, l’enseignement du droit romain est surtout implanté à Bologne, on le désigne sous le nom
de leges.
XIIIème siècle : des universités apparaissent dans les grandes villes italiennes.
À Bologne, se développe un enseignement spécialisé du notariat. On enseigne aussi le Droit statutaire, contenu
dans les statuts dont se dotent les villes italiennes, qui n’a jamais été enseigné en France.
Les écoles italiennes sont donc novatrices par leur sujet d’étude.
Ce terme définit la méthode du commentaire, arrivée en Italie au début du XIVème siècle par Cynus de
Pistoie. Il a rédigé un commentaire de textes de droit romain qu’il a diffusé en Italie.
Le juriste Balde est le plus grand juriste de la fin du Moyen-Âge. Il a commenté la quasi-totalité du Corpus
Juris Civilis et a également commenté le Liber extra. Son œuvre est utilisée jusqu’à la fin du XVIIIème siècle.
À partir de la seconde moitié du XIIIème siècle, les décrétales deviennent des constitutions à portée générale.
1243-1245 : Innocent IV fait élaborer des recueils officiels compilant les décrétales.
Pendant tout le XIIIème siècle, ne nombreux canonistes fabriquent des recueils privés.
1296: Boniface VIII décide de lancer une nouvelle grande codification officielle. Cette compilation va former
un complément au Liber Extra. Elle est promulguée en 1298 sous le nom de Liber Sextus: le Sexte. Il comprend
un grand nombre de constitutions à portée générale et les rédacteurs ont réécrit en partie une série de décrétales
qui n’étaient que des rescrits pour leur donner l’allure de constitutions à portée générale.
1314: le pape Clément V ordonne la compilation des constitution promulguées sous son autorité en recueil.
Cette compilation prend alors le nom de Clémentines. C’est la dernière collection officielle de décrétales au
Moyen-Âge.
Jean Chappuis élabore entre 1499 et 1500 pour le première fois un ensemble imprimé sous le nom de Corpus
Juris Canonici, comprenant: Décret de Gratien (1140); Liber Extra (1234); Sexte (1298); Clémentines
(1314/1317); Extravagantes de Jean XXII (vers 1325); Extravagantes communes (1499) .Cet ouvrage devient
l’ouvrage à partir duquel on enseigne le droit canonique dans les écoles et en 1582, le pape Grégoire XIII a
fini par reconnaître ce Corpus Juris Canonici, qui comprenait trois recueils officiels mais aussi trois recueils
privés, comme étant la collection juridique officielle de l’Eglise latine, jusqu’à la publication du premier code
de droit canonique 1917.
La législation la plus importante des papes et des conciles généraux a été progressivement intégrée dans
le Corpus Juris Canonici.
Mais une législation canonique locale existe toujours, les évêques émettent de la législation lors de conciles
provinciaux. À partir de 1215, les évêques, dans chaque diocèse, réunissent des synodes diocésains, pendant
lequel les évêques promulguent des statuts synodaux, c'est-à-dire une législation disciplinaire à l’usage du
diocèse.
Se fabrique une jurisprudence au sein des tribunaux ecclésiastiques. En théorie, les décisions de ces tribunaux
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Les Fiches de la Corpo
ne sont pas considérées officiellement par les juristes du Moyen-Âge comme des sources de droit. En pratique,
on fabrique des recueils de ces décisions, et les juges s’en inspirent.
À la fin du Moyen-Âge, on enseigne surtout le droit canonique à partir du droit niveau: les collections de
décrétales, privées ou officielles. Les maîtres utilisent la méthode du commentaire. Ces commentaires sont
imprégnés de discussion. Les canonistes connaissent très bien le Droit romain, en ont fait des études, ils le
citent abondamment dans leurs commentaires, ils l’utilisent et c’est un des premiers facteurs qui a conduit au
jus commune. Les deux droits se mélangent.
On enseigne surtout le droit canonique en France et en Italie. L’étude du droit romain se fait en parallèle de
celle du droit canonique. On doit étudier le droit romain à Orléans avant d’étudier le droit canonique à Paris.
Un maître canoniste important a été Guillaume Durand. Il a enseigné le droit canonique en Italie, été évêque,
et surtout membre du Tribunal de la Rote, et a écrit une grande encyclopédie de procédure intitulée le Speculum
Juris, Speculum Judiciale, le Miroir du Droit.
Tous les canonistes sont très bien formés au droit romain, de même que les romanistes connaissent le droit
canonique.
Jus commune: ensemble formé par un mélange des règles de droit canonique et de droit romain.
Dès le milieu du XIIIe siècle, certains juristes, lorsqu’ils parlent du droit romain, emploient l’expression de
jus commune. Lorsque les juristes désignent comme droit commun le droit romain il s’agit du droit romain
réinterprété par les juristes du Moyen-Âge. Le droit romain est considéré comme un droit commun, qui
s’applique à défaut de règles particulières.
A partir du début du XIVe siècle, lorsque l’on parle de Droit commun, on n’entend plus seulement le Droit
romain mais un ensemble comprenant à la fois les règles du Droit commun et celles du Droit canonique,
car tous deux ont vocation universelle, à s’appliquer partout. La façon dont sont enseignés ces deux droits
sont semblables, les méthodes, les raisonnements sont les mêmes. L’Eglise considère que le droit romain est
pour elle-même un droit supplétif, elle incorpore le droit romain à son système.
Le Jus commune ne naît pas de lois ou de coutumes, mais d’abord de l’interprétation que donnent les juristes
des règles contenues dans le Corpus Juris Civilis ou dans le Corpus Juris Canonici. C’est donc un droit
fabriqué par les professeurs de droit.
Le jus commune, dans son essence, est ce qu’on appelle aujourd'hui la doctrine, elle est la première source de
39
Les Fiches de la Corpo
Droit au Moyen-Âge. L’ordre juridique médiéval se présente ainsi : 1- doctrine 2- coutume 3- jurisprudence
4- loi.
Le droit de la famille est régi par le Jus commune, tout comme le droit des contrats ainsi que la procédure
civile.
Le droit patrimonial est régi par la coutume, par les coutumes locales, et quelques fois par les statuts urbains.
La loi, jusqu’à la fin du Moyen-Âge, n’intervient qu’en matière de droit public.
Les princes légifèrent pour organiser leur administration, leur justice et lever les impôts mais ne s’imposent
pas en matière de droit privé.
La plupart des grands romanistes de la seconde moitié du Moyen-Âge sont des italiens sujet de l’Empire,
affirmant que le droit romain est d’abord le droit de l’Empire.
Unum sit jus cum unum sit imperium est une maxime que répètent ces juristes qui signifie « Qu’il n’y ait qu’un
seul Droit comme il n’y a qu’un seul Empire ». Certains juristes considèrent alors que, partout où il y a
du droit romain, l’empereur du St Empire est souverain.
Cette thèse est très mal vue des canonistes car pour eux, le seul pouvoir suprême est celui du pape.
Pour défendre la suprématie politique du roi de France, il faut le mettre au même niveau que l’empereur
du Saint Empire.
1202: Le pape Innocent III reconnaît dans une décrétale, la décrétale per venerabilem, que le roi de France ne
se reconnaît aucun supérieur sur le plan temporel.
Le pape a une autorité supérieure, mais pas l’empereur. Le roi n’est pas soumis à la souveraineté de l’empereur,
même si le droit romain est largement utilisé en France. La royauté capétienne, à partir de la fin du XIIIème et
au début du XIVème adopte alors une sorte de pose par rapport au droit romain.
Les rois capétiens utilisent l’importance théorique du droit romain pour justifier leur souveraineté. Les
juristes français reconnaissent la force de droit commun qu’a le droit romain.
Les juristes ne reconnaissent le droit romain que du point de vue juridique, mais il s’impose également du
point de vue pratique, grâce à ses qualités.
Les praticiens du droit en France, dès la fin du XIIe siècle, ont d’abord adopté la terminologie romaine. La
diffusion du droit romain dans la pratique dans la second XIIe siècle est si importante qu’il est devenu le droit
commun au XIIIe siècle.
Le XIIIème siècle se caractérise également par l’expansion politique de l’autorité des rois capétiens. Les
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Les Fiches de la Corpo
méridionaux, lorsqu’ils passent sous l’autorité capétienne, s’affirment comme régis par le droit romain.
À partir du XIIIème siècle, des juristes du Midi affirme que les provinces de cette région ont pour coutume
générale le droit romain.
À l’inverse, des juristes au service du roi de France affirment que les pays du Nord sont des pays de coutume.
En réalité, il y a dans l’ensemble de la France des matières dans lesquelles on applique le droit romain et
canonique et d’autres dans lesquelles on applique le droit coutumier. La distinction reste théorique et politique
jusqu’à la fin du Moyen-Âge.
Jusqu’au milieu du XIIe siècle, le roi capétien porte le titre de roi car il est le successeur des carolingiens mais
dans les faits, il n’exerce pas un pouvoir supérieur aux autres princes. Les rois capétiens ont d’abord peu de
pouvoir politique.
Grâce à une politique d’achat de terres, les rois ont réussi à augmenter ce pouvoir politique.
Philippe de Beaumanoir, haut fonctionnaire au service de Philippe III le Hardi, va dire que le roi de France
est souverain, il est le premier à utiliser ce mot. C’est cette souveraineté qui donne au roi son pouvoir de
législation absolue.
2) Un roi législateur
Les juristes des rois capétiens estiment que le pouvoir législatif royal est similaire au pouvoir législatif
de l’empereur romain. Le roi est la lex animata : la loi vivante.
Mais il n’y a toujours pas d’unité territoriale et les princes continuent d’exercer un fort pouvoir. Le pouvoir
législatif du roi a alors des limites.
Philippe de Beaumanoir explique que le roi de France ne peut légiférer que pour le commun profit.
Mais le roi connaît certaines limites dans son pouvoir législatif. Les lois ne peuvent pas intervenir dans tous
les domaines, certaines relèvent du Droit divin, et le roi ne peut pas y toucher. Le roi, lorsqu’il légifère, ne doit
pas le faire seul, il doit s’entourer d’un Conseil, au départ composé de grands féodaux et de princes capétiens,
puis se remplira de juristes au fil du temps. Il ne décide pas n’importe quoi car il doit respecter les coutumes
et les privilèges des corps.
La France médiévale n’a pas d’unité juridique. Chaque province possède ses propres privilèges. Le roi ne
peut également pas intervenir sur les coutumes.
Le roi ne peut alors presque pas intervenir en droit privé, qui est régit par le Jus commune ou les coutumes
locales.
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Les Fiches de la Corpo
Le développement du droit coutumier territorial
A/ La situation des pays dits « de coutume » (Nord de l’Auvergne)
Les coutumes territoriales sont d’abord formées dans le cadre des seigneuries banales.
1) La géographie coutumière
Chaque seigneurie a ses propres coutumes. Mais on peut distinguer des coutumes communes à toute une
province ou à un ensemble de provinces. On distingue cinq grands groupes :
Les pays de l’Ouest: Normandie, Bretagne, Anjou Guyenne, qui sont très marqués par le droit féodal.
Les pays du Nord: pays picards, wallons. Leurs coutumes se caractérisent par des usages communautaires.
Les pays parisiens: Île-de-France et Orléans. Ces pays ont des coutumes marquées par la jurisprudence du
Parlement de Paris.
Les pays de l’Est: Champagne, Bourgogne, Lorraine. Ce sont des pays sous influence germanique.
Les pays du centre: Le Berry, le Bougonnais, l’Auvergne. Ce sont des pays influencés par le droit écrit
romain.
Lorsqu’il y a un procès et qu’une des parties allègue une coutume, l’autre partie peut admettre d’emblée
l’existence de cette règle mais le plus souvent, elle le refuse. Or, la coutume est une règle de droit par
essence orale et le juge n’a pas nécessairement connaissance de toutes les coutumes locales. Celui qui
allègue la coutume doit alors pouvoir la prouver.
Enquête de Turbe est un système utilisé dans une grande partie de l’Europe occidentale qui consiste à prendre
dans les lieux où est censé exister la coutume, dix personnes et leur demander si la coutume est bien appliquée
dans ce lieu. C’est une procédure orale qui est officialisée et généralisée en 1270 par une ordonnance de Saint
Louis.
Dans le Nord de la France et dans les pays germaniques, on utilise un autre système, celui des Weistumer,
des records, qui consiste pour les magistrats d’un lieu à faire ordonner périodiquement des enquêtes
systématiques où l’on interroge les gens sur les coutumes et concilier par écrit les coutumes que les gens
avouent pratiquer lors de ces enquêtes.
Dans les pays de coutume dans le Nord de la France, on a continué jusqu’à la fin du XV ème siècle à maintenir
cette tradition qui consiste pour certains hommes de loi à rédiger des coutumiers privés, c'est-à-dire des
manuels qui vont décrire les coutumes pratiquées dans tel ou tel lieu. Il n’y donc pas de rédaction officielle
des coutumes.
Jacques d’Alberges a rédigé, vers 1385-1390, le Grand coutumier de France, visant à regrouper les coutumes
d’Île-de-France. Il y présente les coutumes mais aussi leur interprétation.
Comme il n’y a pas de rédaction officielle, on ne peut pas alléguer les coutumes en justice.
Les pays de coutume ne sont en réalité pas entièrement régis pas des coutumes. Les droit romains une
canonique gardent une place dans ces pays. Les coutumes ne règlent que le droit du patrimoine. Elles n’ont
donc pas des usages si différents des pays de droit écrit.
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Les Fiches de la Corpo
B/ La situation des pays dits « de droit écrit » (Sud de l’Auvergne)
1) La réception des principes du droit romain
Dès la fin du XIIIe siècle, les pays du midi se sont considérés comme étant régis par le droit romain. Ils
revendiquent en réalité le Jus commune. Par ailleurs, on considère dans le midi que ce Droit romain constitue
la coutume locale.
En réalité, en droits des contrats et de la famille, le Jus commune s’applique automatiquement car il n’y a pas
de règles coutumières locales. Pour le droit patrimonial, il y a des coutumes qui sont différentes du Droit
romain.
Cette pratique apparaît au XIIIème siècle, des notaire, i lorsqu’ils dressent des actes juridiques pour les
particuliers, inscrivent dans l’acte que les parties déclarent renoncer à telle ou telle disposition du droit en
vigueur, du droit commun pour adopter une autre règle. Lorsque des particuliers veulent continuer à pratiquer
des coutumes qui n’étaient pas en Droit romain, les notaires inscrivent que les parties renoncent aux règles du
Droit romain.
Le notaire veut veiller à ce que les actes fait passer conformément à des coutumes ne puissent pas être
attaqués en justice.
3) L’écart entre les règles de fond du droit romain et certaines pratiques locales
Dès le milieu du XIIe siècle, dans le Sud de la France, les praticiens ont utilisé dans leurs actes aux particuliers,
des règles du Droit de Justinien. Mais, en réalité, ces praticiens souvent utilisent plus un vocabulaire romain,
une technique romaine, une manière de pensée, qu’une règle de fond.
La situation actuelle est différente ce quelle de l’époque de la rédaction des textes de droit romain. Les
pratiques ne sont pas les mêmes.
Au XVème siècle, est ordonné la mise par écrit officielle des coutumes.
Ordonnance prises par le roi Charles VII et 1454. Elle vient régir l’administration de la justice, son article
125 vient spécifiquement ordonner la mise par écrit de toutes les coutumes de France.
Il veut ainsi remédier à la difficulté de prouver des coutumes orales.
1461: Rédaction des coutumes de Touraine.
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Les Fiches de la Corpo
1458-1459: Rédaction des coutumes de Bourgogne.
Mais cette procédure a été un échec. Les coutumes sont trop nombreuses, c’était une procédure trop centralisée.
La procédure de rédaction lancée par Charles VII est allégée par Charles VIII. La mise par écrit des coutumes
se fait alors en cinq étapes : Le roi publie des lettres adressées au bailli ou au sénéchal du lieu, qui ordonne
la rédaction des coutumes de tel ou tel lieu. Les juges royaux du lieu en question, assisté par des avocats, des
greffiers (autres praticiens du droit), vont rédiger un avant-projet, le cahier provisoire.
Ce cahier provisoire va être examiné par des commissaires du roi, qui sont en fait choisis parmi les juges du
ressort. On envoie, lorsqu’il y a des problèmes, le cahier au Parlement de Paris ou au Parlement local, hautes
Cours d’appel. L’assemblée du baillage ou de la sénéchaussée, qui comprend des représentants des trois ordres,
le clergé, la noblesse et le Tiers-Etat, discute ce cahier et le vote article par article. Il faut la majorité dans les
trois ordres, ainsi que l’unanimité. Les articles qui ne sont pas votés sont renvoyés au Parlement qui doit
trancher, mais en pratique ne tranche jamais pour ne fâcher personne. Lors des discussions, les commissaires
du roi vont jouer un grand rôle car ce sont de brillants juristes, ils ont influencé cette mise par écrit.
Lorsque le cahier a été entièrement voté, un commissaire du roi lit publiquement les articles et les décrète lois
perpétuelles du lieu. Ensuite, on envoie cela aux greffes des différents tribunaux.
Entre 1506 et 1540, la plupart des coutumes de la moitié Nord du royaume de France sont ainsi rédigées.
1509: Coutume de Charte de d’Amiens. 1510: Coutume de Paris et d’Auvergne.
Les premières rédactions des coutumes s’avèrent insuffisante face à l’évolution du droit dans le courant
du XVIème siècle.
Les coutumes sont alors améliorées en faisant adopter des solutions du Droit romain ou de la jurisprudence du
Parlement de Paris, notamment grâce au magistrat Christophe de Thou.
Ces réformations ont quelques fois conduit à des réécritures très importantes du texte. La coutume de Paris,
rédigée en 1510, comprenait cent vingt articles. Dans sa réformation, elle en comprend trois cent soixante-
douze.
La rédaction des coutumes se poursuit au cours du XVIème siècle. La dernière a été rédigée à Hatton-Châtel,
en 1788.
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Les Fiches de la Corpo
La théorisation de la coutume par les juristes de l’Ancien Régime
Sous l’Ancien Régime, le roi légifère surtout par ordonnances royales. Cependant, le mot peut être employé
dans deux sens. Au pluriel, ce sont l’ensemble des lois émises par le roi de France. Au singulier, il s’agit au
sens étroit d’une loi du roi qui a une portée générale.
Tous les actes dont les juristes considèrent qu’ils relèvent de la puissance ordinaire du roi prennent la
forme de lettres patentes.
Ce sont des lettres ouvertes rédigées sur une parchemin et commençant toujours par la formule: « Louis, par
la grâce de Dieu, roi de France et/ou de Navarre, à tous ceux qui ces présentes lettres verront ». Ces lettres
patentes, après avoir été signées et scellées, sous soumises à un enregistrement par les Cours souveraines du
royaume de France, les suprêmes Cours d’appel, Parlements ou Conseils souverains.
Les petites lettres patentes sont revêtues des mêmes solennités que les grandes, mais portent sur des objets
très étroits. Il en existe également trois sortes :
Les lettres royaux : Interviennent sur une requête, un justiciable s’adresse alors au roi pour demander une
requête.
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Les Fiches de la Corpo
Les lettres de sceau plaqué : sont adressées aux officiers royaux et contiennent des instructions
administratives.
Les lettres de nomination et de privilèges : Permettent de nommer un individu à un office ou à une fonction
administrative. Elles permettent également d’anoblir quelqu’un.
Le Conseil du roi comprend les ministres. Il rend des arrêts dans des situations contentieuses. Il sert à la fois
de Cour d’appel et de cassation.
A partir d’Henri IV, du moment où l’absolutisme monarchique se renforce, le roi utilise son Conseil pour
légiférer, car il peut émettre des actes législatifs sans passer par les Cours suprêmes.
Ce sont des actes émis par le roi, seulement signés par lui et contresignés par les secrétaires d’État. Ces
actes relèvent de la stricte compétence du roi.
c) Les brevets
Ce sont des actes que le roi utilise pour nommer ses officiers à un grade ou à un poste. Ils sont utilisés dans
toute l’administration royale.
Elles sont scellées par le sceau personnel du roi : le sigillum secreti, sceau du secret. Elles servent à la
correspondance diplomatique et administrative personnelle du roi. Elles servent également lorsque le roi prend
une mesure administrative individuelle et qu’il ordonne un internement administratif.
Elle provient du roi, qui possède la totalité du pouvoir législatif. En pratique, le roi légifère grâce à son
Conseil, avec des ministres compétents. Le chancelier est le chef des écritures. Il détient le sceau.
Les États généraux peuvent également suggérer au roi de prendre des actes législatifs. Ce sont des assemblées
réunissant des députés des trois ordres.
2) La préparation et la promulgation
Les projets de lois sont généralement préparés par les membres du Conseil du roi qui entourent le projet d’une
série de vérifications préliminaires pour que le texte soit le plus adapté possible à son objet.
Si la future loi relève de la pleine puissance du roi, elle est ensuite directement expédiée par un secrétaire
d’Etat qui va se charger de l’exécution. Si elle relève de la puissance ordinaire du roi, il faut l’envoyer à la
chancellerie.
Le chancelier examine la loi, vérifie sa conformité à la législation du royaume. Il peut alors refuser de sceller
une loi. Une fois l’acte scellé, il est soumis à vérification et à enregistrement par les Cours souveraines.
3) La vérification et l’enregistrement
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Les Fiches de la Corpo
Elles doivent vérifier, plus encore que le chancelier, la conformité de l’acte royal au droit du royaume de
France.
Elles doivent d’enregistrer cet acte, de le publier dans son ressort pour qu’il devienne exécutoire.
Un particulier peut alors soulever une opposition à la loi. Le texte peut alors être modifié. Mais si le roi ordonne
à nouveau au parlement d’enregistrer et que celui-ci refuse, le roi, au nom de sa pleine souveraineté législative,
peut procéder lui-même à l’enregistrement, au cours d’une séance, le lit de justice. Les parlementaires, pour
bloquer les réformes royales, et notamment fiscales, ont refusé de procéder à l’enregistrement d’ordonnances
de réformes.
Les privilèges sont de leges privatae, des lois particulières qui ne s’appliquent qu’à un individu, un lieu
ou un petit groupe d’individus. C’était les actes principaux du Moyen-Âge mais ils vont être mis de côté par
la législation à portée générale, à partir du XVIème siècle.
Les privilèges deviennent alors des exceptions. Il peut créer une situation nouvelle, confirmer une situation
antérieure, affirmer un droit, exempter d’une obligation, être perpétuel, temporaire, c’est une figure juridique
à géométrie variable. Le plus souvent, les privilèges reposent sur une concession faite par le roi sous la forme
d’un acte législatif. A partir du XVe siècle, le privilège prend toujours la forme d’une lettre patente. Les
privilèges perpétuels sont octroyés par grandes lettres patentes et temporaires par petites lettres patentes.
Les privilèges servent à confirmer d’anciens droit ou encore à renflouer les caisses de l’État. Se créent
également des privilèges anoblissant ou de naturalisation, qui sont des privilèges individuels. La défense des
privilèges qu’une cause la Révolution française.
Le droit canonique, dans un certain nombre de matières, s’applique par définition à tous les chrétiens. Il régit
entièrement les domaines de la vie civile. Il régit notamment le droit du mariage et l’organisation de l’Église.
Sous l’Ancien Régime, les papes continuent à légiférer et les anciens actes ne sont plus intégrés à cette
législation. Les papes font émettre des bulles, c'est-à-dire des lois qui sont scellées par l’apposition d’une
capsule non pas de cire mais de plomb ou d’or. Ces bulles à partir du XVIe siècle et de l’imprimerie, sont
consignées dans des recueils, des bullaires, diffusées sous forme imprimée. Des conciles se réunissent toujours
indépendamment de cela. Ce sont les évêques qui dans leur diocèse ont re-promulgué les décisions du concile
de France sous la force de conciles synodaux.
Au nom du gallicanisme, les rois de France interviennent de plus en plus souvent pour promulguer des
ordonnances sur les questions ecclésiastiques. C’est ainsi que se forme un droit civil ecclésiastique. C’est une
législation émise par une autorité étatique en matière ecclésiastique. Le roi encadre donc l’Église gallicane.
1790: Constitution civile du clergé, apogée du gallicanisme. Le droit canonique se retrouve alors encadré par
l’État.
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Les Fiches de la Corpo
La seconde renaissance du droit romain
A/ L’humanisme juridique
C’est un mouvement intellectuel qui s’est développé en Europe au XVIème siècle. Il prône un certain
retour à l’Antiquité et une rationalité scientifique.
Certains juristes ont adhéré à l’humanisme, comme Guillaume de Budé. En 15008, il a rédigé un commentaire
historique et philosophique sur le Digeste, l’histoire et la philosophie étant les deux piliers de l’humanisme.
Se forment alors de nouvelles interprétations du Corpus Juris Civilis suivant la méthode humaniste.
Le droit romain a fini par être considéré dans la partie Sud du royaume de France comme une coutume
générale.
1609: Une ordonnance d’Henri IV confirme la valeur du droit écrit comme coutume générale des pays
méridionaux.
L’importance du droit romain fait disparaître les coutumes locales dans les pays méridionaux. Dans les pays
du centre ou du Nord, au-delà des matières qui traditionnellement réglées par le droit romain, comme le droit
des contrats, le droit romain est de plus en plus utilisé comme droit supplétif ou moyen d’interpréter la
coutume. En Italie et dans l’empire allemand, les juristes font reconnaître par les tribunaux le droit romain
comme droit commun, s’appliquant à défaut d’autre règle.
C’est ce que l’on a appelé le phénomène de réception officielle du Droit romain.
2) L’importance théorique du droit romain : les juristes élégants, l’Usus modernes et l’École du droit
naturel
Les juristes élégants sont des juristes protestants, pratiquant la méthode de Doneau, c’est à dire qu’ils
veulent tirer des principes généraux des textes romains. Ces juristes ont été surnommés élégants car ils
essayaient d’écrire dans un latin proche du latin classique plutôt que scolastique du Moyen-Âge. Ils combinent
l’humanisme et un certain souci de la pratique. Cette méthode prend le nom d’usus modernus pandectarum,:
usage moderne des pandectes.
Jean Domat est un juriste adepte de cette méthode. En 1696, il a écrit Les Lois civiles dans leur ordre naturel,
qui tente de présenter tout le droit réduit en principes.
Plusieurs grands juristes allemands et néerlandais, en partant de cette méthode, ont fondé l’Ecole du droit
naturel moderne, l’Ecole du droit de la nature et des gens. Ils avaient pour but de proposer des systèmes de
droits universels.
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Les Fiches de la Corpo
Les tendances à l’unification du droit du XVIème siècle au
XVIIIème siècle
• L’effort doctrinal tendant à l’unification du droit
L’émergence de l’idée d’un « droit commun coutumier »
A/ L’importance accordée à la coutume de Paris
La coutume de Paris est celle de la capitale du royaume de France, lieu où réside le pouvoir royal. C’est un
lieu politico-juridique stratégique.
Très tôt, elle a constitué un modèle, d’abord grâce à la jurisprudence du parlement de paris, qui rend des arrêts
utilisant des solutions tirées de la coutume de Paris.
Avec la colonisation, la coutume de Paris est imposée par l’autorité royale aux nouvelles colonies.
Cette prééminence nourrit l’idée que certaines coutumes peuvent s’appliquer partout, à des situations diverses.
Dès le XVIème siècle, de nombreux juristes défendent l’idée qu’il existe un droit commun coutumier,
empêchant la diversité des coutumes qui entraîne des conflits de loi.
Les Etats Généraux, en 1560 à Orléans, en 1576 à Blois, appellent à l’unification des coutumes. En 1596, pour
la préparer, un juriste, Pierre Guénoys, publie un essai de synthèse, Conférence des coutumes tant générales
que locales du royaume de France. Il tente alors de rapprocher les costument en mettant en avant leurs
ressemblances et différences.
Les savants rédigent des commentaires de coutume dans lesquels ils tentent d’accorder les discordances entre
les coutumes. Ils ont ainsi commenté les coutumes d’une province selon la méthode bartoliste.
1607: - Un commentateur de la coutume de Niverlets, Guy Coquille a publié Institution au droit français. Il
veut représenter l’ensemble du droit appliqué en France en suivant le plan des Institues.
Antoine Loysel, élève de Cujas, a publié un ouvrage intitulé Institutes coutumières collection d’adages censés
résoudre en maxime toutes les règles coutumières du royaume de France. Beaucoup d’adages viennent du droit
romano-canonique et sont traduits en français. Il propose des maximes expliquées qui forment au fond des
principes censés être directeurs du droit français.
C’est ainsi que naît la science du droit français. Le droit français s’autonomise alors.
Louis XIV crée alors, dans toutes les universités françaises, une chair de droit français. Le droit français est
alors enseigné mais ne tient qu’une place modeste à côte des droit romain et canonique.
L’ouvrage de Jean Domat va alors beaucoup être utilisé par les professeurs enseignant le droit français. Au
XVIIIème siècle, Robert Joseph Pothier rédiger une synthèse regroupant es règles en vigueur en France et les
comparant au droit romain.
François Ier prend cette ordonnance en août 1539 pour établir une série de règles relatives aux questions de
procédure.
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Les Fiches de la Corpo
Cette ordonnance établit notamment le français comme langue juridique officielle et obligatoire. Tous les
actes judiciaires doivent désormais être rédigés en Français. Elle est également à l’origine d’autres mesures,
comme la transcription des donations, telle que fixée par le Code civil de 1804. Elle est également à l’origine
d’un système administratif très important, toujours en vigueur, l’État civil. Elle a obligé tous les curés de
paroisse à tenir des registres de baptême et de sépulture.
Ordonnance prise par Henri II et marquant la première grande intervention du pouvoir législatif en matière
de droit privé. Elle intervient sur le Droit substantiel et a établi des règles relatives au mariage, qui était
jusque-là exclusivement régit par le droit canonique.
ll est obligatoire de se marier à son lieu de résidence, de faire publier des pans préalables au mariage, et surtout
une formalité que n’exigeait pas le droit canonique, il y a un système de consentement obligatoire des parents
au mariage.
Cette ordonnance a aussi ordonné aux curés de paroisse de tenir des registres de mariage. En 1667,
l’ordonnance de Colbert a décidé que ces registres feraient preuve exclusive de l’état des personnes.
Jean-Baptiste Colbert (1619-1683) a été le ministre le plus important du règne de Louis XIV, et un grand
administrateur. Pour lui, pouvoir monarchique devait renforcer la centralisation étatique. Il voulait unifier la
législation pour renforcer l’autorité du roi.
Plusieurs grandes ordonnances de codification ont alors été promulguées en 1665 et 1685.
Pour préparer cette législation, Colbert avait constitué un conseil de réforme composé de praticiens et
fonctionnaires dirigés par Pussort, né en 1615 et mort en 1697, l’oncle de Colbert. Le premier président du
parlement de Paris, plus haute Cour d’appel du royaume de France, Guillaume de Lamoignon s’était regroupé
avec d’autres magistrats pour préparer un code de procédure civile. Louis XIV, lorsqu’il a appris l’existence
de ce groupe, a demandé aux deux de fusionner, composant le conseil de réformation de la justice. Ce dernier
était officiellement nommé par le roi pour préparer une nouvelle législation.
Le premier résultat de ce conseil est la grande ordonnance civile, promulguée en avril 1667. Elle comprend
trente-cinq titres et unifie la procédure civile devant toutes les juridictions du royaume de France. Cette
ordonnance fut la source directe du Code de procédure civile de 1806.
Au XVIIème siècle, de nombreux juristes estiment qu’il faut codifier le droit. Louis XIV a alors émis des
ordonnances qui étaient considérées comme des codes.
L’ordonnance de 1667 est surnommée le « Code Louis ».
Au Danemark : en 1683, le roi Christian V a promulgué un code compilant l’ensemble du droit de son
royaume.
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Les Fiches de la Corpo
En Suède : promulgation, en 1734, d’un code de droit civil et de droit criminel.
Les codifications les plus abouties sont celles qui furent élaborées au milieu du XVIIIe dans l’électorat de
Bavière, par Maximilien III Joseph. Trois codes furent réalisés grâce à lui dans le royaume de Bavière. En
1751, a été promulgué un code de Droit pénal et de procédure criminelle. En 1753, un code de procédure civile.
En 1756 un Code civil.
Codification lancée par le roi Frédéric II. Sa préparation a été confiée à Samuel Von Cocceij qui a alors
pour mission d’établir une vaste codification de tout le droit applicable dans tous les États du royaume de
Prusse. Cette cotisation est préparée entre 1749 et 1751 et suit le plan de Gaius. Le projet de code prussien est
publié sous le nom de Code Frédéric.
Après un certain temps, le code a besoin d’être modifié. Frédéric II meurt en 1786, après avoir relancé la
codification. Son neveu, Frédéric Guillaume II, roi de Prusse entre 1786 et 1797, achève l’œuvre de son oncle,
grâce à deux grands juristes, Suarez et Carmer. Ils complètent le Code Frédéric, le modifient de façon
substantielle, et présentent un projet à Frédéric Guillaume II. Ce code est promulgué le 5 février 1794 sous
le nom d’Allgemeines Landrecht für die Preußischen Staaten: droit commun territorial pour toutes les
possessions prussiennes.
Ce code est très inspiré par la philosophie des Lumières et eut un retentissement considérable. Il fut traduit en
français dès 1801 par le comité de législation, et fut utilisé par les codificateurs napoléoniens qui préparaient
le Code civil, qui lui empruntèrent quelques dispositions.
Pendant tout le XVIIIe siècle, la doctrine française a préparé cette entreprise de codification.
L’œuvre de Domat donne l’exemple d’une synthèse entre le droit savant, les coutumes et la législation
royale.
Par ailleurs, dans des domaines comme la procédure civile, pénale, et le droit commercial, la codification avait
déjà été réalisée par les ordonnances de Louis XIV. Restent donc le droit civil et le droit pénal.
Les juristes, se plaignant des conflits de lois, appellent à la codification. Se pose les problèmes des coutumes,
qui ne sont pas toutes rédigées.
Dès le 24 août 1790, l’Assemblée constituante vote le principe d’une codification. Dès le départ, on a décidé
de codifier.
B/ L’œuvre de Napoléon
Pour Bonaparte, la codification est un moyen d’en finir avec la Révolution. Après le coup d’Etat du 18
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Les Fiches de la Corpo
brumaire an VIII, 9 novembre 1799, qui renverse le Directoire pour établir le Consulat, Bonaparte se trouve à
la tête d’un régime qui concentre entre ses mains un très fort pouvoir politique.
Le 12 août 1800, Napoléon nomme une commission de quatre juristes qui doivent représenter la pluralité
juridique française.
- Jean-Etienne Portalis est avocat à Aix-en-Provence est représentée les pays de Droit écrit (1746-1807).
- Jacques de Malleville (1741-1824) est avocat au Parlement de Bordeaux et représente les coutumes du Sud-
Ouest.
- Félix Bigot de Preameneu, avocat au Parle- ment de Bretagne (1746-1825), représente les coutumes de
l’Ouest.
- Tronchet (1723-1806), du Parlement de Paris, représente les coutumes du centre de la France.
En quatre mois, ils élaborent alors un projet qui va être voté par portion pour enfin être promulgué le 21 mars
1804. C’est la naissance du Code civil qui prend ce nom en 1807. Le Code civil suit le plan de Gaius. D’autres
codes sont également promulgués.
1806: Code de procédure civile 1807: Code de commerce 1808: Code d’instruction criminelle 1811: Code
pénal.
Ces codes reprennent d’anciens textes déjà en vigueur mais qui sont remises en forme. L’idée est de proposer
des règles desquelles les juges déduiront la décision en interprétant au minium, car l’on est imprégné de cette
idée répandue parmi les révolutionnaires que les juges ne doivent pas interpréter les lois, ils doivent les
appliquer.
Le XIXème siècle est marqué par une forte instabilité politique. Mais malgré les différentes Constitutions, le
Code civil ne bouge pas.
A/ L’école de l’exégèse
Pendant la plus grande partie du XIXème siècle, le Code civil n’a pas été modifié.
La réforme la plus importante est une loi du 8 mai 1816 prise par la restauration pour supprimer le divorce,
qui n’a été rétabli que le 27 juillet 1884 par la loi Naquet. Une loi de 1804 prévoit que le Droit civil doit être
enseigné dans l’ordre du Code, ce qui entraîne une analyse du texte de type exégétique. On présente le texte
en le commentant ligne par ligne. Les juristes considèrent durant tout le XIXe siècle que ni la jurisprudence ni
la coutume, ni la doctrine ne peuvent créer du Droit. On vit dans un système dans lequel le droit est entièrement
codifié, et hors de cette codification, point de Droit. Le juge n’interprète pas la loi, il l’applique.
La codification française a été largement diffusée dans le reste de l’Europe, notamment suite aux conquêtes
napoléonienne. Le Code civil se retrouve imposé à de nouveaux territoires. Il est alors traduit et parfois utilisé
comme modèle dans d’autres pays.
L’école historique est un courant né en Allemagne au début du XIXe siècle. Ce mouvement estime qu’on
ne peut pas envisager le droit comme de simples règles s’appliquant de façon automatique. Ce moment se
développe en France. Des juristes estiment qu’on peut améliorer et compléter la codification en tenant compte
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Les Fiches de la Corpo
de l’histoire. C’est à cette époque commence à se développer l’histoire du droit, une histoire critique du droit
où l’on chercher à ne pas seulement décrire le développement du Droit mais à en retrouver les sources réelles
et à comprendre le contexte de leur élaboration.
La Révolution voulait supprimer le pouvoir d’interprétation des juges. Mais l’article 4 du Code civil vient
offrir un certain pouvoir d’interprétation au juge, il est obligé de statuer. La Cour de cassation commence à
développer une jurisprudence originale s’éloignant du Code. Les juges se sont mis à invoquer des principes
extérieurs au Code, comme la morale, le Droit naturel, les « progrès de la civilisation » car nous sommes à la
période de la révolution industrielle. En interprétant le Code, on s’éloigne de sa lettre pour le compléter, le
corriger. Le droit, très tôt, a recommencé au XIXe siècle à dépasser les frontières de la loi qui a continué à se
développer en dehors de la codification.
C/ L’inflation législative
La France est transformée, à partir du milieu du XIXème siècle, par la révolution industrielle. On assiste à des
changements économiques mais aussi sociaux. Les règles du Code de 1804 ne sont plus adaptées à la société
actuelle. On promulgue alors de nouvelles lois, extérieures au Code. C’est la « décodification ».
Cette situation a conduit les juristes à la fin du XIXe siècle à appeler à une révision du Code.
Les juristes allemands se sont majoritairement rangés aux idées de Savigny, renonçant à l’idée de codification.
Il faut attendre 1870 et la réunification allemande pour que soit menée la codification civile. En attendant, le
droit romain reste le droit commun.
Le pandectisme est l’étude de la science du droit romain dans les universités allemandes.
Le germanisme est un courant qui s’inscrit dans un mouvement philosophique et littéraire beaucoup plus vaste
qui caractérise les pays allemands au début du XIXème siècle. On trouve à la tête de cette école les frères
Grimm. Ils sont des intellectuels qui essaient de défendre l’idée de l’unité des peuples germaniques à travers
des recherches sur la langue et l’histoire allemande.
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Les Fiches de la Corpo
La codification comme valeur d’unification
A/ La codification commerciale dans le Zollverein
Le Zollverein est une union douanière réalisée en 1834. La réalisation du Zollverein la plus remarquable est
la réalisation d’un code de commerce promulgué en 1861.
Très rapidement, la commission a voulu s’éloigner du Code français, qui établissait une réglementation
s’appliquant aux commerçants, reposait sur une conception subjective du droit commercial. Il le fut entre 1861
et 1866 dans tous les Etats sous le nom de Code de commerce général allemand. Ce code de commerce a joué
un rôle fondamental dans le processus d’unification du droit car ne comprend pas que les dispositions relatives
aux actes de commerce.
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