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HISTOSÉMINAIRE SFP
Michel Wassef
Introduction
Les lésions vasculaires, communément appelées « angiomes » sont de pathogénie variée.
Certaines sont des tumeurs, d’autres des malformations congénitales, d’autres enfin sont
des lésions réactionnelles. Leur incidence clinique et leur fréquence dans le recrutement
anatomopathologique sont aussi très variables. Certaines lésions, sont très fréquentes
(comme les hémangiomes infantiles) mais sont rarement biopsiées, parfois opérées.
D’autres lésions sont plus rares, voire exceptionnelles ou sont traitées dans des centres spé-
cialisés et ne sont donc que rarement rencontrées dans la pratique anatomopathologique
courante.
L’étude de ces lésions et l’analyse de la littérature sont rendues difficiles par la grande
confusion qui existe encore, en particulier dans la littérature anatomopathologique, quant
à leur classification nosologique et à leur nomenclature. Les progrès réalisés au cours des
dernières décennies dans la compréhension et le traitement de ces lésions proviennent,
d’une part, de la mise en place d’équipes multidisciplinaires, dont celles de John Mulliken à
Boston et celle de Jean-Jacques Merland à l’hôpital Lariboisière qui ont été les pionnières
et, d’autre part, de l’atelier (workshop) bisannuel mis sur pied par Mulliken et Young,
atelier qui est devenu la Société internationale pour l’étude des « anomalies vasculaires »
ou ISSVA.
Comme dans tous les domaines de la pathologie, la classification et la nomen-
clature des lésions vasculaires doivent tenter de refléter leur histogenèse, qui
détermine en grande partie leur histoire naturelle et leur traitement. La distinc-
tion fondamentale entre tumeurs vasculaires (et autres lésions prolifératives) et
malformations vasculaires a été proposée dès 1982 par Mulliken et Glowaki [1].
Elle sert de base au schéma de classification des lésions vasculaires adopté dès
0242-6498/$ — see front matter © 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.annpat.2011.05.013
Tumeurs et pseudotumeurs vasculaires. Introduction 411
beaucoup de nos diagnostics incompréhensibles ou inutili- admettre que la place nosologique de certaines lésions est
sables par les cliniciens. encore incertaine et que leur classement en lésion tumorale
Le but de cet histoséminaire est de présenter les lésions ou en lésion réactionnelle (pour l’hémangiome épithélioïde
vasculaires les plus courantes et certains de leurs diagnos- ou le granulome pyogénique par exemple) ou en lésion
tics différentiels, en les replaçant dans une classification tumorale ou malformative (pour l’hémangiome sinusoïdal
histogénétique et une nomenclature qui distingue bien les par exemple) ne repose pas sur des arguments scientifiques
tumeurs — et autres lésions prolifératives (Tableau 2) — des indiscutables. De nombreux progrès sont encore à accomplir
malformations vasculaires. Les malformations vasculaires dans ce domaine.
sont ensuite classées en fonction du type des vaisseaux qui
les composent en malformations capillaires, veineuses, lym-
phatiques et artérioveineuses (Tableau 3) [5,6]. Ce schéma Déclaration d’intérêts
simple est la base qui est utilisée dans la pratique quoti-
dienne des cliniciens et radiologues qui prennent en charge L’auteur déclare ne pas avoir de conflits d’intérêts en rela-
ces lésions. Il facilite la démarche diagnostique pour les tion avec cet article.
anatomopathologistes et son adoption permettrait de redon-
ner une pertinence clinique à nos diagnostics.
La réalité de la pathologie étant souvent plus
complexe que les schémas simples, cette classification
Références
doit être complétée. Certaines des ces malformations
[1] Mulliken J, Glowacki J. Hemangiomas and vascular mal-
dites « simples » peuvent être associées chez un même formations in infants and children: a classification based
patient (malformations dites combinées). De plus, des on endothelial characteristics. Plast Reconstr Surg 1982;69:
malformations vasculaires peuvent être associées à des 412—20.
anomalies non vasculaires (Tableau 3D) ou même à [2] Enjolras O, Mulliken JB. Vascular tumors and vascu-
des tumeurs (Tableau 3E). Ces dernières lésions asso- lar malformations (new issues). Adv Dermatol 1997;13:
cient le plus souvent un hémangiome infantile à des 375—423.
malformations des troncs vasculaires et à des lésions [3] Weiss SW, Goldblum JR. Enzinger and Weiss’s soft tissue tumors.
cérébrales et occulaires (syndrome PHACE) ou à des mal- 4th ed. Mosby: St Louis; 2001.
formations génito-urinaires (syndromes PELVIS et SACRAL). [4] Fletcher CDM, Unni KK, Mertens F, editors. Pathology and gene-
tics. Tumours of soft tissue and bone. Lyon: IARC Press; 2002.
D’autres associations tumeur/malformation sont plus rares,
[5] Wassef M, Vanwijck R, Clapuyt P, Boon L, Magalon G.
par exemple l’association hémangiome à cellules fusi- Tumeurs et malformations vasculaires, classification anato-
formes/malformation veineuse dans le syndrome de mopathologique et imagerie. Ann Chir Plast Esthet 2006;51:
Maffucci. Ces associations soulèvent des problèmes histo- 263—81.
génétiques intéressants, encore non résolus. [6] Enjolras O, Wassef M, Chapot R. Color atlas of vascular tumors
Si ce schéma de classification des tumeurs et malfor- and vascular malformations. Cambridge: Cambridge University
mations vasculaires est utile et puissant, il faut cependant Press; 2007.