You are on page 1of 875

I

Digitized by Google '


I

_ *
• I

LTJNIVERS

HISTOIRE ET DliSCUIl'TION
DE TOUS LES PEUPLES

ASIE MIIHEtJRE

Digitized by Google
' • •

TYPOGRAPHIE DE PIRMIN DIDOT PHftRES, PILS ET C«.


RI K JACDH, N" .'iO.

. ij ^ jd by Googl
ASIE MIJXEURE

GkOCiKAFiJlQtli;, UISTOIUQUK Kï A KCIl KOLOG IQIJ K

lES PROïiltkES
*
£1 m \im ll£ LA tUKR&Um&K 11 AME
m

> • *

DR u'ttmnvx

PARIS
FIRMIN DIDOT FRÈRES, FILS ET C«'. ItDITËURS
lMI'ltlVLrH<i l»F I. nSTITl T ht FHAMIF
Hl » I A( oit . jt',

M DCCC LXH
ASIE MINEURE,
DBBOBII1II0R

GÉOGRAPHIQUE, HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE,


PAn CHARIiRS TEXIER,

LIVRE PBiEMlER.
AVAirr-raovos. — tbayaux vbs TOTAttnms modiuiis.
OOIOBILS 8Um » AtU. —
L'OBttAlllSATlOir d'UIT VOTAftB BTOlftlIK.

OiAPlXRE PREMIER. vit même qui ne pouvaient dessiner que


la carabine d'une main et le crayon
Tnat» Mnéet se sont éeoolées de* de rentre, posittoo peu oommode iHwr
poilq«e Panteur de ce livre entreprit un peintre. De sérieux obstacles s*étaient
en son entier la presqu'île
d'explorer certainement présentés , qui avaient
de j'Asie Mineure. £n ce temps-là arrêté Tessor a'explorateurs entrepre-
eelle contrée punissait presque inabor- nants ; des attaques mdaiiMi iiaient
dable, «t tons les voyajseurs qui Ta.- été suivies de conflita dont rissue Alt
vaimt parcourue revenaient en faisant fatale. Lesdiflltrultés presque insurmoD»
des récits émouvants des dangers qu'il» tables que rencontraient les voyageurs
avâeat courus. Les uns, comme Tuur- n'étaient pas de nature à encourager
nefiMt, racontaient combien de fois ces aortes d'entreprises; des contrées
lis attaques des brigands les avaient for- désertes à traverseras guerre civile, les
cés de >e détourner de Itur route; les dissensions intestines entre les diverses
^treseutauiaient leur narration comme autorités, les privations des choses les
iTil se fût agi d*one expédition guer- plus néeessairet, tels étalent lea obsta-
rière. Le colonel Leake partait avec une cles contre lesquels il fallait lutter. Qui-
escorte very well annnted; d'autres conque voulait visitér l'Asie devait sur-
as dc^maient que sous la protection de tout cacher à un peuple défiant i'inten-
\mn dotAkhhoreUed gun (i). On en lioiid'observer le pays et d'en éludiw
les monuments: cardans une opération
(i' Fellow's Journal, p. igS. AruudcU, topogrnpliiqiieles populations étaient
Jnvn Cliurc/ifj, |i, 3, etc. toujours disposées a soupçonner l'idée
y'Umraiton. (Aaii Minbubb.) T. II. 1

Digitized by Google
9 X.*4)KIVEA&.

d'une invasion étrangère. Les voyageurs COIItBlI.8 AOX TOTAGBUBS.


étaient obligés d'emprunter Tliabit de
simples marclmnds pour traverser et •TJè premier principe qui doit guider
pays avec plus de sécurité, et pour ob- un voyageur dans ces contrées lointai-
tenir des notions qui étaient accueillies nes , c'est la coQÛance dans les popu-
avec avidité par les Bavants de l'Europe. lations qu'il visite. Noos pouvons dire
Blaia grâce à Ténergie du souveain< quMI n'y a pas d'exemple qu'un cava-
qui avait anéanti les janissaires, et qui lier arrivant franchement dans une tri-
voulait fermement modilier l'esprit de bu, et y demandant l'abri et les vivres,
aoD peuple, un heureux ehangement aucun secours lui ait été reftisé. L'hos*
s'était fait dans les relations des habi- pitalité, l'alfa et la diffo, comme on
tants de l'Asie Mineure avec les étran- dit en Afrique, sont toujours dans les
gers qui les visitaient, et, pendant plu- nui'ursdes Orientaux qui ne se sont pas
sieurs années, l'auteur a pu paroqurjr ,
gales au contact des villes. 11 est ce-
la eontiée, non-seulement sans ireu- pendant une condilioD importante, c*est
eontrer d'oppo*;itiiMi delà part des ati- de parler tant 5oit peu la langue du
torités ou des paysans, mais encore c'est pays et de pouvoirs'exprimer soi-même.
a l'aide de^ renseignements qu'il obte- C'est déjà diftVrcut quand on est à la
oait , et qui étaient toujours accompa- merci d*un drogman presque toujours
gnés des offres de service les plus ami- élevé dans la crainte des Turcs et de
caK'S, qu'il a pu pénétrer dans ces ré- la peste, et disposé néaninoios a vanter
gions presque désertes ou les vivres lui ses nombreux exploits contre les bri-
eussent manqué sansrie concours em- Îands. Comme
la plupart de ces auxi-
pressé qu'il trouvait dans ce pays. iaires, qui ont cependant leur de^rré
Cet état de choses, qui paraissait si d'utilité, ne connaissent que inédioere-
nouveau alors, fut bientôt annonce et inent la langue turque, ils sont exposes
Sublié en Europe. L'auteur s'empressa à causer au voyageur les plus grands
e le faiio oonnattrë, et appela de tons mécomptes , soit sur les routes qu'il
côtés les explorateurs d'un pnvs sur veut parcourir, soit sur les ressources
lequel l'histoire comme les sciences qu'il doit rencontrer.
avaient tant à apprendre. C'est à partir Il est donc de la plus grande impor*
de ce jour que les voyages de l'Asie de- tance pour ceux qm veulent entrepren-
vinrent si nombreux et si fructueux. Si dre un loniz vovape dans ces contrées
l'on se reporte a la connaissance que les d'apprendre sultisamment de langue
érudits comme les géographes avaient turque pour savoir au moins compter
alors de -IHkieBt, on comprendra les couramment; cela est nécessaire pour
immenses prostrés que les sciences et les distances comme pour les dépenses.
l'histoire ont faits dans cette voie. La connaissance des monnaies et des
L'Angleterre comme l'Allemagne et mesures est des plus faciles à acquérir.
la Russie oMapporté leur tribut au On ne oompte guère lesditcsnoes oue
fiinds cortimun des eonnais.sances de l'O par heures de marche, sahaf ; x\u rfip-
rient, et eef)en(laiit. ni;<liiré ce (jui a ete vnl au pas fait six kilomètres dans un
fait, on peut dire que cette étude n'est sahat; ceci résulte d'un calcul fait
encore qu'à l'état naissant Nous allons pendant plusieurs années. Un voyageur
résumer dans ce volnsne l'état des con- qui veut parcourir l'Asie, nous enten-
naissances historiques et iréoirrapbi- dou'; ici PA.sie depuis Smyrne jusqu'au
golfe Persique , car les mœurs sont à
ques qui résulte des études deja faites,
et nous signalerons les lacunes qui extf>
tiDt encore et les espérances que fait
peu près les mêmes dans tontes
contrées, doit avoir soin de se munir,
M
concevoir cette ardeur de connaître par l'intermédiaire de son ambassade,
qui est un des cachets saillants de la d'un ferman impérial vnlable pour les
jeuiiei>se d'aujourd'hui.' autorités des provinces qu'il veut visl»
ter. 1^ f^ivemenra dis grandes villea,
comme Sm)Tne, Rroussa,etc.,déliNTent,
à la demande des consuls, des 6oMyown//
ou passeports valables pour le rayon de

Digitized by Google
«

ASIR M NELRK. S
leur couver ne ment; m.iis ces papiers ne moleste pas parla demande de la
le
fout lotD d'avoir rinilueiice des fer- capitation ou sous quelque autre pré»
ans. Enfin pour «Itor d'un lieu à teite, que les vivres nécessaires lui
un autre.» il y a encore un papier de soient fournis,
-
qu'il taouve toujours
route appelé teskêré qni n'est bon «ue
. hospitalité, égards et protection , sui-
pour avoir des chevaux de {xjste. L in- vant les capitulations impériales. Tel
eoBTéiiient de ces deux dernières piè- est l'objet de mou présent ferman ; dès
CM, efcst qu'elles ne mettent pea le aa i^eeplion, oonfBrflMiknKia^ «aete-
voyageur à Fabri des vi vîtes douanières ment.
a tous l<»s lieux de péage, tandis que Écrit a la fin de la lune de iafer 1361
le porteur du ferman ny est jamais (20 juin 1836).
«pété, 1011 qu'il aiUe par lem ou par Traduit par le soussigné, saeréliire
wterprète du Aoi.
l^mis donnons ici le modèle d'un Signé: Anhxbal DAI9TAN.
ferman délivré «ous le regoe du sultan
Mii—omt à la dfMOMtede Vwaàmwê- Pour le personnel que le voyageur
dflvde Fraioe* veut emmener avee hu, le poraonnafie
le plus important est un eawass. MU
Traduction ffint Jerman adrf'.ssf n ton- Un cawass est une espèce de maréchal
Us, les autorités civiles et mititains des logis qui porte le ferman et qui se
éea pays âihtéÊtntrê CoMlmiiinopk eharge de procurer à la earatane, bona-
et Tanowê. mes et chevaux, tout ce dont elle a
besoin. Ce cawnss est nécessairement un
L'ambassadeur de France, près ma Su- Turc; mais il n'a pas besoin d'être réel-
Mfaae Porte, amiral baron Roussin, mo- lement tiié du c(>rp> des eswass. Il
dèle des grands de la nation chrétien- suffit qu'on lui fasse délivrer une com-
ne, a dernièrement dans
, la note qu'il a mission par les bureaux de la Porte.
pr^nié^ eiposé. <iue le gentilhomme Quand un voyageur est assez heureux
français àe rend de Constantinopie pour avohr trouve un bon cawass, il
à Tanona poor fUreun voyage deenno- peut partir tranquille; Il tvauvun Vom-
un certain nombre de domes-
sité, 3v»^r jours sa tente ou son koiwr bien ap-
tiques francs, et il a demande que ce provisionne les chevaux bien
. four-
frâtilbomme , partout sur sa route, nis d'orge et de loin et bonne réception
dtpaii Gontantbiople jusqu'à Tarions, partout. Maia il finit ae défier d'un ea-
aoit logé convenaolement ; qu'il n'é- w ass querelleur, qui croit se donner
prouve aucune difficulté ni pour lui- de l'importance en molestant le petit
mènae, ni pour ses etïets et ses mon- nombre de curieux et d'enfants qui
Iws, que les tivres nécessaires lui s*arrétentpour foir paaMr le ûO^^Um ;
loîeBt fournis, qu'on se garde bien de c'est le nom que Ica
Tares du peupla et
î<» molester en lui demandant la capi- des bazars donnent aux Européens.
talion, ou pour tout autre prétexte, que Apres le cawass vient le cuisinier. On
les règles de l'hospitalité soient obser- preud ordinairement un jeune Grec qui
vées enven loi, et qu'il jouisse dSine n'a besoin que de savoir fiHea le pifarar;
pl» ine et entière protection, conformé- il n'est pas même nécessaire qu'il sarhc
ment aux capitulations impériales. plumer des poules, cardans ce pays ou
Mon ordre est qu'il soit agi ainsi que se contente de les tremper un moineot
dasRis. Yous dooc quf êtes les autorités dans Teau bouillante, et d'un aeol geste
tnsdites , vous saurez que ce gentil- on enlève tout plumaa et peau, et
,

homme mérite liospitalite et respect, quelquefois la viande.


bans quelque débarque, eu
lieu qu'il L'interprète vient ensuite ; il se pré-
alant de Constantinople à Tarsous avec sente ordinairement eomme pariant
«a entain nombre de domestiques « mdlatlnetenient • tontes les langues
franet, vous aurez soin qu'il soit locé du pays. Il est presque toujours dans le
«^renaWemenr. qu'il n'e()rouve au- vrai. Son emploi consiste a préparer les
<:tiae difficulté ni pour lui-méoie, ni bagages et à les surveiller au moment
fair sas cflMv et ms Baonlwrcs, ^uNm des haltaa. U fiât lea iMaMf goiMria'

uiyitized by Google
4 L'UMIVimS»
sions dans les bazars, et accompagne CHAPITRE It
le voyageur dans les visites qu'il lait
aux aatorités. HTeiàsi.
L'or^aDisation de la caravane exige
beaucoup de soins. Autrefois le service Au nombre des provisions utiles, on
des postes d'Asie, qui était établi depuis doit compter une petite pharmacie coq-
Cyrus, fonettonnait anex régulièremant ; tenant les médicaments les plus usuels,
le fermaD donnait droitàéiceaem comme comme le sulfate de quinine, du lau-
ageut et au tarif du gouvernement. I.e danum, de l'ammoniaque, quelques
prix était une piastre, 0,25 cent, par prises de purgatifs , une trousse conte-
cheval et par heure de marche; mais nant ciseaux, lancettes, pierre infernale
aujourd'hui ce service est presque dé- et quelques bandes daus le cas d*un
sorganisé ; de plus les prix ont été con- accident. Il est utile d'emporter un
sidérablement augmentés il est mieux
; scariflcateur a vec des ventouses à pompe.
de taire uii traité avec un caravaneur Ce petit instrument, qui remplace avan-
annéniflD, mi kiUergi, qui se charité, tageusement lee san^MMB, peut leodre
moyennant un contrat passé de gré à de grands services. Dans presque toutes
gré, de fournir pendant tout le temps les eaux stagnantes de l'Asie Ton trouve
du voyage, et sur toute route, le nombre des sangsues; mais il faut avoir soin
da ehefanz requis. Il se eliarge en outra de les nire dégorger pendant quel-
de la nourriture et de tout le personnel ques jours avnnt de les employer ; sans
des palefreniers {surutgi), et s engage à cela leur morsure peut être venimeuse
remplacer tout cheval qui viendrait à et causer des abcès. Une boîte de cly-
manquer en route. Celui qui désirerait sopompe ne devra pas être oubliée, aind
une monture plua ûa» que les chevaux qu une pièce de diachvlon contre les
de caravane et avoir un cheval à lui
, clous et furoncles que excès de la cha-
1

ferait toujours bien de stipuler la nour- leur peut faire naître. Le moindre soin
riture de sou ebeval par le katergi; sans médical que l'on donne à ses gens est
cela il courrait risque d*étre ranoonné toujours du meilleur effet; ils en août
dans les villages où il s'nrrétemit. très-reeonnaissanta et servent avee plus
Le matériel du voyage se compose de zèle.
de deux paires de cantines, en bois ou Il est à peu près inutile d'appeler un
en cuir, d*une petite tente, d'un lit des médeeinsdu pays, tant leur ignorance
pliant avec quelques ta|Na« enfin d*une est grande; mais maintenant dans pres-
cuisine portative, une marmite, des que toutes les villes on trouve des méde-
assiettesde fer battu et deux petits ton- cins européens. Ce sont les barbiers du
neaux pour Teau. Les autres cantines pays qui se chargent de faire lea sai-
contiouient les livrée de vojraae, lee gnées; ils saignent ordinairement les
instruments, tels que boussole^ lu- malades soit du pied soit de la main, et
nettes, et les objets qui servent à la laissent le membre dans un bassin d'eau
spécialité des recherches que l'on veut chaude. Dans Tignorance où ils sont
nire. Ainsi anjouidliui, la plupart de de l'anatomie, ils se hasardent rarement
ceux qui voyagent pour étudier les mo- à faire une saignée du bras dans la
numents ne manqueront pas d'emporter crainte d'un accident. On fera bien du
un appareil photographique; mais si reste, avant d'entreprendre un long
Vùù veut un bagage plus portatif, il sufiBt voyage, de prendre une consultation
de se munir d'une caméra lucida, petit éeiite «te aon propre médecin qui don-
instrument qui offre les ressources les nera des conseils selon le tempérament.
plus étendues. 11 faut aussi emporter Mais en route il ne faut pas négliger
un grand parasol de paysagiste oui sert les petites indispositions que la fatigue
,

en même temps pour s'nbriter dans les aggrave promptîeaient , surtout les fiè-
courtflB haltes que l'on fait en route. vres et la dyssenlerie. Les insolations
doivent être soigneusement évitées, ea
ayaut soin de porter un chapeau à large
bord et de ne jamais stationner pour
daninaroaéeriieqa'àrabrid'unparâiol.

Digitized by Google
ASIE MINEURE. S
Le régime diététique est des plus toutes les populations champêtres. Les
simples :m conformer à la manière de mesures hygiéniques à prendre sont
vivre du pays. l/usa;zc du via, du ta- des plus simples; excepté quelques can-
bac, du café n'a rien de nuisible, deux tons marécageux comme Éphèsc et
dcMkt l'estoinac pourra s accouunoder quelques embouchures de fleuves, le
éa tate^e eoiis toatee lei formes troo- pays est d*une salubrité complète. Il
veroiit une ressource précieuse dans cet faut avoir soin de ne jamais dormir la
aiimenl. ï.cs fruits sont eénéraleinent nuit en plein air pour ne pas contrac-
boQS et tres^abondants en Asie ; mais il ter d'ophtalmies et de ne pas dormir
Iêêl nvoir les èboisir dans leur pro» en plein soleil. Les vêtements que l'on
we aatate. La raisins de Smyrne doit porter ne diffèrent en rien de ceux
1« poires d*ADgora , les melons do que I on porte eu Europe; ceux qui sont
Cassaba sontd*un usage salutaire quand habitués aux vêtements de flanelle ne
Si oc les preud pas par excès. Mais il devront pas les quitter à cause de la
tet i'abtenir autant que pOMble de chaleur; une ceinture de laine est un
toutes les solanées comme tomates nié- hon préservatif eontre les re^oidiase-
loneenes et des concombres crus, dont ments.
ie& iodigènes font un usage immodéré. i\ous devons* avant de terminer celle
tar toat dire en nn mot, le Toya- question d*bygiène , dire un mot d'un
gmr fera bien de ne pas s*écarter du fléau gui peu'iant bien longtemps a été
régime alimentaire qu*il suivait dans son un sujet d effroi pour les voyageurs eu-
pays. Ceux uui ont l'habitude du thé ropéens ; nou< voulons parler de la
peatent en rasre osase à toute heure peste, puiaqu il faut l'appeler par son
pour tieinoa habiloelle; elle remplace nom. Lorsque nous sommes arrivé en
a^iîn'3frpuscnn«»nt le vin , qui est rare et Orient, nous venions comme tous les
laeiliocre dans l'intérieur. autres dans la persuasion que la fuite
Les salaisons ne sont pas un aliment seule pourrait mettre à l'abri de ratteinte
sam; on aTn tronte pas a acheter dans de la contagion ; que le moindre attgu-
Vimérieur, et celles qu'on emporte ne chement, le plus petit contact suffisaient
tardent pâ^ à devenir ranees. pour friire contracter la peste, et c'est
Ceui qui up craignent pas d'augmen- dans ces idées partagées du reste par
,

tv kmr bagage poonont emporter nne partie de la population franque de


quelques boîtes de conserves et de lé- rOrient, que nous traversâmes plusieurs
eurnes secs ; mais il est surtout impor- épidémies, (".iir de 1833 a 1842 la peste
tant de se Dourvoir d'un sac de biscuits se manifesta dans les différentes régions
qifoa appelle à Soiyrne paxlmada pour de la Turquie d*Asie sous la forme de
la cas ou Ton ne trouverait pas de pain plus de trente épidémies dont quelques-
éua les haltes, et cela arrive fréquem- unes lurent très-meurtrières. T^s précau-
amt lorsqu'on entre dans les régions des tions que nous croyions devoir prendre
nanindes. En effet ces tribus ne cuisent en voyageant ne nous mettaient pas tou-
pas de pnin, mais préparent an mo- jours à rabri du contact, et nous finîmes
mtmt du repas des galettes appelées par reconnaître que les Haniiers que
Dita et qui ne sont autre chose que de peut présenter la peste ont toujours ele
la pâte non lefée, chauffée pendant fort exagérés. ISolre expérience person-
qaeJquaa minntes sur une plaque de nelle nesufDrait certainement pas pour
tôle. On est toujours certain de trouver donner un conseil à ce sujet; mais de-
en route à s'approvisionner de viande puis cette époque les médecins du Caire
de oaoutoo , d'œufs et de poules. Celui ont recueilli et publié des observations
prend ffnât mn
préparations de lai- qui peuvent rassurer ceux que leurs pé-
tage que font les nomades se trouve ré^inations conduiraient dans des con-
assure contre toute privation; car trées où la peste se manifeste. iNous re-
4ans toutes les tribus, comme dans les viendrons plus tard sur ce sujet, qui ne
Plages, le lait est abondant. Ou le peut être traité d'une manière incidente.
«aasamaiaéonx ou aigri; il prend alors La peste d'ailleurs ne se manifeste plus
le nom île youkourt^ et fait pour qu'a de rares intervalles et teod à dis*
Mm dire ia liaae do la aourriture de paraître de l'Orient.

Digitized by Google
LUinVEAS»
tl est eucorc un détail important à revenir ensuite au bord de la mer dans
traiter, c'est la qu«8tiond*arfi!Mit et eelle la Mysie, l'iColide et la Carie.
du harfîchich, mot turc que les voya- La géographie pure e\i lierait que
pfurs apnreunt'nt bien vite n connaître, nous .suivi^ions Tordre des bassins des
el qui u a pas d'analogue dans les au- neuves; mais cette méthode u 1 iiicou-
tres pays. Backchfch veut dire à la fois vénient de morceler Tbistoire des pro-
présent, pour boire, bonne main, et ne vinces et de jeter le lecteur dans une
sianific pas seulement rénmneralion sorte (le contusion. >'ous pensons qu'il
d*uu petit service» c'est une libéralité vaut mieux étudier chaque province
gratuite que Pon attend de Tétranger. séparément ; les populations qui les ont
Mats comme le présent se borne ordi- successivement occupées ont tomié des
nairement à quelque menue mormaie, groupes distincts qui seront mieux s li-
il n'est pas très-onéreux quaud on sis par cette méthode, et les caractères
peut le, donner sous cette forme ; voilà des monuments et des mœurs présen-
pourquoi il est très-important d'avoir teront un tableau plus complet.
avec >oi une certaine provision de pias- Kntre les œuvres d*art des Grecs de
tres el (ledemi-pia sires. rionie, les monumentstaillesdans le roc
Pour fonds que l'un doit emporter
les de la Lycie, et les grottes grossière-
avec soi, lesbanquiers de Smymeet de ment ébauchées de la Cappadoee, entre
Constantinople ont aujourd'hui beau- les villes de marbre
h.lties par les
coup plus <l«' relations qu'autrefois avec Grecs et les constructions gigantesques
les villes de i'iuterieur. il >era donc des Lclc^es et des Medes, la differeuce
possible de se procurer des traites sur ne vient pas seulement des races qui
Smjrrne, Angora, Césarée et Aiep. lesont élevés, elle tient aussi h la for-
Ainsi organisée, nous conduirons mation du sol où vécurent ces diffé-
notre caravane dans les régions les rentes populations ; le caractère de l'ar-
plus reculées de la péninsule et lui dé- chitecture change avec la nature des
velopperons toutes les beautés de la matériaui que Tou peut mettre en ceii-
nature et de Tart qu'elle renferme. vre. T. es premiers édifices en brique et
eu pi^e turent bâtis dans les plaines de
la Chaldée et de la Babylonie, et le dé-
CHAPlxa£ m. faut de bois de constriKtloa dot con-
duire les linbit.mts à inventer la voûte
DIVISION DE l'OUVAAGK. pour couvrir leurs monuments. Les
p

contrées montagneuses uu la roche est


Les géographes anciens ne parais* tendre et facile à travailler offrirent
sent pas avoir adopté de plan fixe dans aux populations troglodytes des repaires
les descriptions de l'Asie Mineure qui commodes, et les grands rochers cal-
sont parvenues jusqu'à nous. Strabon caires de la Perse et de la Médie furent
commence par la protioee eeniTBle de pris comme le livre impérissable où
la Cappadooe, et marche de Pest à les conquérants d'alors firent graver
l'ouest sans s'attacher à un ordre mé- leurs exploits.
tbodique. Seyiax fait le tour de la La line et précise architecture des
presqu'île deuuis le Pont jusqu'à la Grecs n'aurait jamais orné les villes
Ciliae ; nous le suivrons dans son pé- et les colonies anciennes si d*ioépui-
riple. Pline et Mêla suivent une mar- sables carrières de marliro n'eussent
che contraire. Les geouniplies modernes fourni d'abondants el «ic riches mat©'
ont adopté plus volontiers, dans la des- riaux aux artistes d Lurope ou d*A-
cription de la presqulle d*A8ie, Tordre sie.Si les vallées où coulent de grands
des provinces du septentrion au midi ; fleuves ont souvent servi de frontières
c'est en effet ordinairement par la Ki- aux États, elles ont rarement arrêté
tliyuie que presque tous les voyageurs l'essor des conquérants : la marche de
qui ont décrit le pays sont entrés dans rhistoire ne doit donc en tenir comité
rAsie Mineure ; nous adopterons la qne dans le cas oii elles ont réelle-
m^me marche. Nous étudierons la Bi- ment formé une barrière entre des
thynie et les provinces centrales pour race«s distinctes . comme fit le fleuve
ASIE MBI£UKE.
Brfyt dans la haM » attlifdié asiati- LesCataooiens;
qur. entre l<*s ra< •mopéiiiiHteika Les Carîens;
Les Lyciens.
Lt^ butlurieus anciens^ avaient dans Ces derniers se divisent en qiiatia
bM éeritft îniplioittin60t démontré branches qoi sont :

oue ee fleuve partagea la population l>esMyliens :

r.\sie en dt iix soudies bien dis- Les Stilymes;


mais cela ressort phitùt de la
tiacleb; Les Teriiiile:>
\

mmpmaiÊua des doeoments aa*ila LesLyeiena.


•oiisont laissés que d*un grand fût
seneralement reconnu et attesté par LB NOM D'aSOL
eux; oous avons cherché il y a long-
temps (1) à faire resaordr tout ce que n n*est pas surprenant qu'une eontrés
ce fait a^t de
pour l*étode
saillant qui fut morcelée par des populations
de h rontrée,
nous voyons que
et si différentes de langue et d'origine
depuis ce temps non-seulement aucune n'ait jamais été désignée sous un nom
controverse ne s'est élevée sur ce sujet unique. Le nom d'Asie ne fiit d'sbord
ds la eart des anteora qui l'ont traité; appuqué C|U*a la partie occidentale de
nuis il est regardé aujourd'hui comme la presqu'île, à celle que les Romains
acquis a Thistoire (2) ; ce sont ces deux appelaient province d' Asie. Quant a l'o-
soudvtt, l'une, appelée par les anciens rigiuc de ce uom, qui de nos jours s'ap-
Lsae^^jiisus mi Syrisus blanes« Imqs nuque au vaste continent oriental, noos
das faces sémltic^ues qui peuplèrent TA- lisons dans Hérodote (I) : « On croit
fie occidentnie jusqu'à la Phenicie, et néanmoins d'après ce que rapjwrtent
,

l'autre connue sous le nom générique les Grecs, que 1 Asie fut ainsi uommée
de Bryges et de Mysiens émigrés de do nom de la femme de Proniéthée.
h Imee, et <|ui sont psr eonséquent Cependant les Lydiens réclament pour
de race européenne, ou comme d'au- eux l'honneur d avoir donné le nom à
tres ont démontré de race indo-ger-
i l'Asie, et soutiennent qu'il vient non oas
aiàaïque. de la femnte de Prométhée mais d A- ,

Véak doue une divWoa nsturalis I, flisde Cotyset petit-fils de Manès, et

dont nous devrons tenir eomptS, H que la triltu Asiade qui existe à Sardes
r|ai peut si'établir de la manière sni- tire le sien tie la même origine. Néan-
>.

Vjuite: moins ce nom d'Asie que se disputaient


les peuples de la région occidentale s*est

iloces imtUhgermanigvet ou eunh bientôt répandu au delà de ces limites;


péennet :
car Hérodote n(Hi> apprend que les ré-
gions situées a i est de TLuphrate por-
Les Thraess; tèrent aussi le nom d*Asie : « Les As»
Les M^ens; syriens, dit-il, étaient maîtres de toute
Les I>»lè£rf's; l'Asie supérieure, depuis cinq cent
Les Bitliynieiis; vingt ans, lorsque les Médes commen-
Les Phrygiens ; cèrent les premiers à se soustraire à leur
Les PaiMiiagoniens ; dominatioii (S>. « On pourrait encore
Les Grées; citer un grana nombre de passages où
le nom d'Asie est appliqué a tout le
Jiaces aemUiquex : continent, témoiu ceux-ci : « Cyaxare,
filsde PhrMfle, soumit toute TAsie an-
Les Capp.idociens ; dessus de THalys (1, 103). f^s Scythes
I>ej» Ciliciens , demeurèrent maîtres de l'Asie pendant
Les Lycaonitfiis j vingt»huit ans ci| 106). Astyage ût passer
sous le joug des Perses les Mèdes, qui
(t) Am» Mimture, iSJg, iiIrodoctiM, avaiem dominé sur TAile au delà du

(a) t'oY. Vivien de Saiol-Marlio, iTifl. (i) Uérod., IV, 45.


'
t Jte, ^i ogr.^ «tc^ etc. (s) Uérud., I, 95.

Digitized by Google
8 L*UNIV£RS.
fleuve Halys pendant cent vingt-huit nom à la totalité de l'Asie actuelle;
ans, non compris le temps de Tinvasiou mais comme dans leurs connaissances
des Scythes (I, 130). Les Perses qui géographiques ils n'avaient aucune idée
frétaient soustraits à la puissanee des len précisa de ce que nous ap|ieioa«
Hèdes furent, depuis la défifite d*As* un continent, ils ont étendu le nom
tyage, les maîtres de l'Asie {ibid.). » d'Asie de proche en proche à mesure
Ces mots, haute et basse Asie, sont Îu'ils ont avancé dans l'intérieur. Les
employés par Hérodote (i) pour dési- .ydiens le connaissaient déjà, et il est
§ner les contréessituées à rsst etè Toucst probable qu'il leur était venudei peuples
e THalys. En parlant des campagnes de l'Asie moyenne; voilà pour le conti-
de Cyrus et d'Harpage dans le pays situé nent entier. Le nom d'Asie Mineure
entre Sardes et la Lycie, il s'exprime n'apparaît nulle part dans l'kistoire
ainsi : « Tandis qu*HarpaiB;e subjuguait ancienne ; sous Tempire romain cette
l'Asie inférieure Cyrus lui-même por-
,
contrée est désignée sous le nom de
tait la guerre dans l'Asie supérieure. » province d'Asie ; elle comprend les pays
La limite qui séparait ces deux contrées situés au nord, en deçà
c'est-à-dire
faria ihdifrérmites époques; elle fut fiiée du Taurus , mais d*ap-
elle n'avait pas
d'abord au fleuve Sangarius,' puis à pellatioD dtotinete. Strabon se contente
l'Halys (2). Il ressort de toutes ces ci- de la nommer La Chersonnèse (!) en
tations que si dans la très-haute anti- opposition avec tout le continent d'Asie.
quité la contrée appelée Asie avait porté Le nom d'Asie Mineure n'apparaît
un autro nom , cette tradition était corn* dans l'histoire que sous lesempereurs by-
Elélement effacée de la mémoire des zantins Oïl dis.iit alors la petite Asie {'2).

ommes, et (|ue dcja six ou sept cents Dans de celte province en


les divisions
ans avant notre ère ce nom était appli- thèmes ri-mpereur Constantin Por-
qué à tonte la partie oonnue du oontinent. phyrogénète lui fait prendre la déno-
Cela ressort des vers du poète Mimnerme mination de Thème Anatoliiiue, d'où
cité par Strabon (3). Cet auteur, parlant est venu le nom d'Anatolie et par cor -

de l'expédition des y£oiiens qui chas- ruption de Katolie, qui se trouve sur
sèrent les Lélèges du territoire d*É- plusieurs cartes. Ces deux derniers
phèse, s'exprime ainsi : « Apfès avoir noms commencent à tomber en désué-
quitté Pylos.... Nous arrivâmes par mer tufle. et sa dénomination d'Asie Mineure
eu Asie, objet de nos désirs or le poète est fieueraleroeut adoptée pour designer
Mimnerme passe pour avoir été contem- la dbersonnèse d'Asie. .

porain de Soloii ; il écrivait donc dans


le septième siècle avant notre ère. Pau- CHAPITAE IV.
sanias, racontant les circonstances du
départ des Ioniens sous la couduite de DIVISIONS DE L'ASIE MINEUHE A DIF-
Nilée, fils de Codms, mentionne les di- FÉBBNTBS ÉPOQUES.
verses tribus grecques qui l'accompa-
gnèrent ; — • ils se rendirent sur des Un pays qui a été peuplé et colonisé
vaisseaux en Asie » (4j. — Ces événe- par taut de tribus de races différentes
ments se passaientdans le onzième siècle abordant de tous les points de rhorizon,
avant notre ère; or si à cette époque TA- a dd nécessairement, dans lecoursdes
sieeOt porté un autre nom, l'auteur n'eût siècles, subir de nombreuses et impor-
as manqué de le dire, comme il le tantes modifications dans ses divisions
i it ponr les villes et les provinces. territoriales. Cependant il est un lait
Vouloir remonter plus haut dans les an- attesté par Homère, c'est aue, avant la
tiquités grecques serait se jeter dans guerre de Troie, les principales provinces
des conjectures II est possil>le que les étaient déjà constituées en corps d'état,
nouveaux colons n'aient pas étendu ce en d'autres ternies les grandes niigra-
tions thraoes venues d'Europe pour s'é-
(0 Hérod., liv. IV, 4S. tablir dans la pfesqulle avaient eu lisu.
(2) Hérodote, 1,7a; VI, 43*
(3) XIV, 634. (i) Slrab.. XIV, 664.
(4) Pausatiiw, L VII, rh. 2, (9) f^oy, Wnd Orote, Lr%cb.IL »

kju,^ jd by Google
AS1£ MINEUR]^ 9

S MW fooloas rechercher queltet fii- ( La Bithynie.


m»l les divisions de la contrée anté- La Pnphiagonie.
neurement à ces migrations, nous en ^- nord: Le Pout.
Au .

L'Honoriade.
KHnmes réduits à rassembler quelques
bits épmdans les aneieiis écrivains, L'Hellénopont.
qui nous apprennent, il est vrai, que da ^
Le Pont PoMmoBÎaqna.
Bord et de l'est de grandes invasions
Lss tnns deraièiea en furent détachéei.
mrent lieu à diverses époques antébol-
kmques', mais ces eipèdiliolit tempo* ^Les deux Mysies.
nifcs ne changèrent nen anx divisions l La Troade.
géographiques. L'invasion de Sésos- L'.€olide.
Al'ocoklent:
tris (I) fut aussi de peu de durée, et L'IoViie.
les Egyptiens, vainqueurs des tribus La Doride.
anatiqDes, n*ont lainé dans le pays au- La Carie.
eune trace de leur séjour, à Texception ^La Lycie.
du monument de Iiiyniphi, cité par La Pamphylie,
Hérodote. •
Au mm :
La Cilicie Trachée.
Le eoara de THalys, qui coupe la La Cilicie Champêtre.
|ns(pi*lte en deoi parties à peu prés / La Galalie.
rçales paraît avoir ete la base des deux \ La IMirvf^ie épictète.
grandes divisions primitives, soit pour Au centre ; < La sraûde Phrygie.
races, soit pour le territoire. La ré- j La Pisidie.
Bon située à Test du fleuve et qui dans I L*Isaurie.
b haute antiquité était désignée sous ( La Cappadoce.
le nom de Leucos-Syrie faisait partie A Veët: L'Arménie I".
de celte dernière contrée. La Cappadoce ( L'Arménie
2*.

teit déjà eonstituée en royaume , sans


iorta sous la suzeraineté dfes rois d'As- Les Romains, faisant abstraction des
syrie. Tout le territoire situé à l'ouest régions situées au delà du Taurus, don-
du âeuie était pour aiusi dire à la naient le nom d'Asie propre, gux pro-
BMrei dea trihus errantes, comme les prie vocatur Isia^ à toute la contrée
.

Mai^, les Lélèges et les habitants des tituéesunord de cette chaîne; elle com-
Ses qui venaient tour à tour se dispu- men<;ait au Golfe de Telmissus (1), et
têr quelques lambeaux de territoire. finissait à la presqu'ile des Thyniens à
Après la guerre de Troie Tinvasion des l'entrée du Bosphore (2). Agrippa divisa
peuples grecs suit un courant régu- eette Asie propre en deux parties ; il
lier, et les srandes et riches colonies donnait à la première pour limites à
ioniennes s'établissent sur la cote orien- l'orient !a Phrygie et la I-ycaonie, au
tale, tandis que la monarchie des Perses couchant la mer Égée, au nndi TÉ-
i^avanee au eouehant du fleuve fron- gypte (S)? au septentrion la Pa|>blago-
tièie, faisant d*abord la guerre aux rois nie ; il lui supposait quatre eent soixante-
aboriî?ènes de Lydie avant de se mesu- dix mille pas de long sur trois cent
rer avec les Grecs. C'est à partir de cette mille pas de large. Il fixait pour limites
époque du sixième au cmquième siècle à la seconde partie de PAsie propre i
avant notre ère que nous avons des do- Porient l'Arménie Mineure, à l'occident
mments suffisants pour établir unedivi- la Phrvgie,laLvcaonie la Pamphylie (4),
sion géosrrapliique de l'Asie Mineure au septentrion la province pontique, au
qui présente uu certain caractère de midi la mer de Pamphylie et faisait sa

Ces provinces sont classées de la mn- (i) Pline ,


V, ch. ^7.
niere suivante, d'après leur ordre de (a) Pline, V, ch. îa.
position du nord au sud, en deux gran- (3) PUm dit quelques liguei plus haut
éadivmoBs : ta Pontique, 1* Asiatique, ipi'dte otMnineiiçiit à Telmiuu.
qai formant vingt-quatre piovinoea. (4) Ici provinces du sud ne font pku
les

partie di- l'Asie propre; on est en droit dt


vb. loa. •uppoier une laule daiu le moi Égypte*
(t) HinA^ i>v. 11.
10 L UMV tRS.
longueur de cinq ci'ut soixante mille La CiRYRATiQiîK , chet-licu Cibyra,
pas, sur trois cent viogt-cinq mille ville de fhrygie; elle compte viugt-cinq
pas de largeur. L'Ionie et les prai- cités daus sou ressort.
ries asienoes que les Grecs regardaient La Symnadiqub, cbef-liea Synnada;
eomme le cœur du pays faisaient elle dans son ressort vingt et ua
a
partie de cette division ; c'est là aussi peuples divers doat six seulement sont
qu'étaieut situées les sept églises d'Asie uommés (1).
.mentiennées dans l*Êeritttre. Darius, L'APAHBBif iTB» cbéf-licu Apaméc de
maître de l'Asie, divisa la contrée en Phrygie ; elle compte dans son ressort
quatre satrapies auxcjueiles il imposa six villes qui sont nommées et neuf
un tribut. Hérodote (1) doune les dif- dont le nom est passé sous silence
férentes divisions de ces gouvernements ; comme n'ayant aucune célébrité.
nous les mentioiineroDS en parlant des HiLicàBNAssE, cbef-lieu Halicar-
provinces. nasse; les six villes ^ui sont sous sa
juridiction lui ont été attribuées par
CHAPITRE V. Alexandre le Grand.
Alabaiisa^ cité libre qui donne son
JURIDICTIONS nOMAliVES. nom au ressort dont elle 'est le chef-
lieu. Sous sa juridiction sont dix villes.
Dés l'origine de la puissance romaine
en Asie, la contrée tut divisée en dio- La Saedique, chef-lieu bardes; sa
juridiction s'étend par delà le mont
cèses ou gouvernements, dans lesquels il
Tmolus jusqu'au Méandre; elle com-
y avait un tribunal où Ton rendait la prend dix villes. Pline en nomme cinq et
justice. Strabon se plaint de la confu-
sion que ce mode de division apportait d'autres peu connues {ighoOUes).
dans la géograpbie , les provinces n'é-
La Lycaonib, annexée au district de
l'Asie propre. Klle a dans son ressort
tant plus renfermées dans leurs limites
cinq nations. De cette province, fut, de
respectives et variant selon les caprices
plus, distraite, une tréirarchie qui con-
des vainqueurs.
« Les pays qui suivent au midi (de
fine à la Galatie. Cette juridiction com-

la Catacécaumène) jusqu'au mont Tau-


mande quatorze villes dont la plus c.*-
lèbreest Iconium.
rus sont tellemeot confondus les uns
avec les autres, qu'il est bien difficile de Smybnk, tenant dans son ressori la
déterminer au juste ce qui appartient à plupart des villes d'.4k)lide,les Magné-
siens du Sipyle et les Macédoniens
la Phrygie , à la Lydie , a la Carie ou à
Bircaniens.
la Mysie. Ce qui n*a pas peu contribué
à celte confusion, c*est que les Romains,
Éphèse comprend dans s.i juridic-
dans la distribution de e^s pays, n'out tion neuf
populations diverses au
point eu égard à la ditference des na- nombre desquelles on comptait ceox
d'flypcepa, ville célèbre par son temple
tions; mais ils les ont divisés en Juridic-
tions dont chacune avait une ville
de Dinne persique.
principale où les juges s*a88emblaient Adhamyttiuh. avait dans son res-
sort toute la Troaae , et par conséquent
pour tenir les assises (2). »
étendait son gonvemement jusqu'au
mous emprunterons à Pline les dMIs
fleuve ICsepus.
sur les circonscriptions de ces dépar-
tements, sur lesquels l'auteur latin nous Pkhgame, < la ville la plus célèbre
fournit des documents précieux; néan- de daus son ressort
l'Asie. » Llle avait

moins il ne suit pas d'ordre méthodique douze peuples et d'autres cités de


dans sa nomendature, et il en compte maraue.
Telles sont les juridictions mention-
plusieurs sans nommer leur cbef-liea
d'arrondissement. nées par Pline. 11 ne reste qu'une
Nous en donnons un tableau selon le faible lacune pour arriver aux confins
classement qu'en fait Tauteur (3 ) de TAsie propre, c'est-à-dire au Bos-
phore; c'est la généralité de Bithvnie
(i) Liv. III, 8»,. dont il ne donne pas le chef-lieu ; mais
;

(a) Sirabou, XÏlI, 639.


(S) Fline, liv. T, pawiiD. (1) Plîue»V, «9.
^

Digitized by Google
IMM ett comblét put VUub le
CHAPITRE VL
tm
j«aii,4|in, comme gouverneur de cette
THàlIBS.
MMB, résidait à Niconiedie. ASIE DIVISÉB Ef(

On ^oit que dan» celle répartitioa


des gouternemeots lee non» des an- Le nom de thème, qui fat donné à
éem pem^leB et les limites des nn- divisions icrriioriales , vient du
oenues provinees sont tout à f:tit
lais-
mot ?jec qui signifie position. Le
sa de côte , comme si déjà l empire thème anatoli(|ue, qui plus lard donna
«ail voulu leaier
lîail uiw nw^w ««« ^ les
leuuer une fttsion entre son nom à toute
a luuic lo Analolii,
la contrée, *»----™-»
Afférentes races. Cet élat de division ^natolie, d'où l'on fil par abbréviation
son ma- ^atolSe, n'est cependant pas le
plus éloi-
ta juridictions avant ehaeiine
çislral particulier fui c-ej-endant
inodilie ^p^s l'orient; mais, comme le lail
Vespasien, qui sépara yijj;erver l'empereur Constantin
Constantli Por»
.o , de...
reiiue
sous le reijue
SOUS i-.;-» 1-
^jj^^rver
r..: .
partie de l'Asie pour eu faire le phyrogénète, qui a laissé un tn
, .
t,aité lies
oœ nom
MQvemement qu'on appela l'Asie pro- ii,^,„es de l'empire byzantm ,
ce
c

consulaire. Une loi de l'empereur


An- fj,^ ^i^nné à la
provincf égard à sa
province eu ega
position vis-a-vis de Byzance ; mais
ce
tooin établit eu principe que
celle

nodification fut ÉMte à la demande des ji^eme esl au couchant de la Mésopota-


peuples d'Asie, ad desiderin tsia-
n^ie et des provinces de l'est
namm, etcette époque on ajouta les
:i

îles à r Asi»' proconsulairc; la ville TUÈKK 1 AKATOLQIUE.


d Èpbeie lut déclarée premièie
wétro-
pskToeel ne parait pas avoir rien etaaogé
Le thème analolique est habité par
limites des juridictions, mais aug-
cinq peuples divers; il commence à
îïai la
aectait l'autorité du proconsul ^ sur appartenant a la
petite ville de Mérus Cl '

dacuu des déparlejueuls. Avant l'CBI' province de Thrvgie salutaire, ll'se pro-
piie d* Alexandre Sévère chaque pro- termine au
lon^^e ius(ju a Iconiuiu et se
"mceeul son préfet particulier; crpen-
Antonin pavs des Isaures vers le Taures; cette
•hiit d^^Duis Vespasien jusqu'à ou
contrée est aussi appelée Lycaonie,
ieprxtm^ul d'Asie paraît avoir eu uoe
se trouvent les montagnes froides (
le
inspection géoerale sur toutes les pro-
plus Taurus ) ; le versant nord de la Pam-
Tioees d*Asle et une juridiction
proconsu- phylie en lait aussi partie.
particnlîère sur la provinre
Dans La région intérieure du thème ana-
[jire et sur les îles de l Uellespont. partie
lolique comprend la Pisidie et la
U suite le vicaire du diocèse d*Asieoar- de la Phrvgie capatienne depuis Acroi-
osn cette inspection. Ces divisions delà
ne chan- num jusqu'à Amorium. La Carie et la
ÎSote administration politi(|ue
de Lvcie en forment les limites maritimes.
jèrent rien aux anciens chefs-lieux
Ce thème est donc compris dans les
laridieuon civile daus lesquels on con-
Mais sous limites suivantes. Il commence à Mé-
îiuua à rendre la justice.
rus, frontière du tiieme Obséquium,
s'é-
Constantin tout le territoire de l'empire
et TO- tend en longueur jusqu'aux montagnes
tut divise en quatre diocèses,
de risaurie. En largeur, il a vers sa
n^nt ti en forma j)ms qu'un seul.
Il
y
même gauche les frontières du thème des Bu-
eut plu^ieurs provinces dans un le eommencemeol^ de la
diocèse cellaires et
diocèse, tandis qu'auparavant le i'Isaurie et le
Cappadoce; a sa droite
était borné à une seule juridiction; en
commencement du thème cihyrrbceti*
d'autres termes, le mol diocèse est en
que; ce thème est gouverné par un
langue grecque synonyme de jundic- proennsnl qui a SOUS ses ordres un ma-
toin(l). , .
gistcr agmtnum, chef des milices et qui
La division de l'empire décrétée par plus tard reçut le nom de patrice.
uhvfanlin le Grand dura jusqu'au
Dans le principe, la répartition n elait
'

rvgtte de ConMauliu Porphyrogénete. pas faite ainsi; le département militaire

était divisé en préfectures, qui renfer-


(x)Stnboo, XII, 699.

(j) ro> . le Syuecdeme d*Hiérorlè$.


LOJNIVERS.
maient un nombre de tiwpes indé- Ifagnésie, Tralles,
terminé.
Hiérapolis , Go-
losaa? (I),Laodicée, Nyssa , Stratoni-
Les einq nations qui composaient le cée, Alabande, Alinda , Mvrina, Téoe.
thème aoatolique étaient les Phrygiens, Lébédus, Philadelphie (2)/
les Lycaoniens , les Isaures , les Pam-
phylieos et les Pisidiens. Ces peuples,
antérieurement à la conquête romaine, mHB lY 0B8BQ01UK.
formaient ou dei républiques ou des
monarchies ; les Romains les divisèrent Le nom d'Obsequium vient d'un mot
en provinces et en préfectures. Le pré- {jrec désignant, à la cour de Byzance,
fet duprétoire avait l'administration e secrétaire des commandements (3) :
roiUtaiie et le préfet urbain le ffouver- aussi le chef du thème Obiequium n*a
oemeot eifil. pas le titre de préteur, mais celui de
comte.
THàMB II ABMÉNIAQUB. L'étendue de ce thème est détermi-
née ainsi qu*il suit :
Le thème arméniaque est ainsi
Il commence augolfe Astacénus (de
nommé parce qu'il est voisin des fron- rs'icomédie) et au promontoire Dascy-
tières de l'Arménie. Strabon ni les nu- lium; il s'étend jusqu'à Trilonos aux
tres auteuis qui ont traité de la géogra- monts Signai ns, et rtie Proeonnése et ,

phie de la contrée ne font aucune men* se prolonge jusqu'à Ahvdos, Cv/iqueet


tion de ce nom, qui lui fut donné par Parium. Du golfe Astacénus il s'étend
l'empereur Héraclius. Il comprend jusqu'à l'Olympe mysien à la région
presque toute la Cappadoce. Cette der- des Da^otthéniens et Jusqu'à Pruse
nière province fut divisée en trois par- même ou habitent les Bithyniena.
ties : la Cataonre, qui commence à Méli- Au sud comprend une partie de
il

tène la Taurique, qui s't'tend jusqu'au


;
rOlympe jusqu'au Rhyndnrus où ha-
pied du Taurus, et le centre, ou est bitent les Mysiens sur le littoral, et à
Césarée, métropole. La grande Cappa- Cyziqueoù habitent les Phrygiens et les
doce commence à Césarée et s'étend Grecs. De ce côté il s'étend jusqu'à Do-
jusqu'au royaume du Pont; elle est bor- rylée et Cotyirum, patrie du célèbre
née au couchant par TUalys et à l'o- Esope. A l'ofieut il va jusqu'à la ville
rient par la Mélitène. de Mérus; au couchant ilfinftà Abydos.
La pelite Cappadoce embrassait une En largeur il s'étend du fleuve Rhyn-
partie de la Cilicie, qui renfermait qua- dacus jusqu'à la ville de Domntère. Les
tre villes. chefs de ce thème avaient dans leurs
Le thème arméniaque contient sept atdributions l'entretien tles voies et des
qui sont : Amasée, Ibora, Zali-
villes, édifices et des logements royaux.
chm Andnpa, , Aminsus, Neooéaarée, Les nations qui bn!)itaient ce thème
Sinope. étaient : les Bithyniens, les
Mysiens, les
Phrygiens, les Dardaniens * que l'on
TnillIBS m DB8 TRBâCIBNS. appelle aussi les TTOyens. Il contenait
les villes suivantes :

Ce Ihcme comprenait ce qu'on appe- IVicce (métropole), Cotyrrum, Dory-


^
lait primitivement la province d'Asie et lée, IMidaeum, Apamée, Myriée, Lamp-
3 ni était sous les ordres du proconsul saque, Parium, Cyzique, Abydoe.
*Asie.
Le nom de ce thème lui vient de ce (0 Célébra par aonégliM derAidiaii|e
qu'au temps d'Alyatte, roi de Lydie, des Michel.
colons de Mysie, qui est une coutrée de (a) Il est à remarquer que la pusitiou da

la Thrace d'Europe, vinrent s'établir toutes ces villes est aujourd'hui bien déter-
dans cette région. minée.
Il comprend vingt et nne villes, qui (3) Ordiois tuendi et honorii eama, pne-
sont : cunt.
Ephèse, Sm}^,
Sardes, Milet,
Priène, GolophoD,Tbyatire,Pergame,

L^y u^ud by Google


A8IB MIREDRE. 18

TH^HB V OPTIMATUM. Les nations sont Gslates ,


les les Bi
thsmiens , les Maryandiniens.
Od i$;nore par quelle raison ce thème
fut appelé Optimatum ; les troupes n'y XakMS Tll DS PAPflLAGOIlXB.
sont |H>int placées en c«iDtonuement et
1 ot «MinMiidé par uo fonetionnaire Les Paphiagoniens étalent regardés
fû porte le.titre de Domestique, et oui dans l'antiquité comme la nation la plus
Mt d'an ordre inférieur au préteur; les stupide, la plus impudente et la plus
peuples qui liabitent ce thème sont : détestable qu'on pût rencontrer. Homère
Les Bithyniftiif , Jes ThartiaUB, \m les <Bite pourtant sa nombre des peu*
ThyBMDs, qui Mot TOisini des Phry- pies qui vinrent au secours de Prtsm
gjens. et déjà à cette époque la Paphlnjionie
Les villes remarquables sont : était célèbre par la race de ses mules.
"Nicomédie, métropole, HtiéDopolis, Les Paphiagoniens passaient pour
Prœnetus, Astacux, Partbanopolîs. être de rac« égyptienne, conduits par
Le thème Optimatum est arrosé par Phinee, qui le premier habita la Paphla-
tefleuve Saugarius, sur lequel un pont gonie; il fut père de Paphlagon« qui
magoitique a été construit par l'empe- donna son nom au pays.
reor JustiDieo. Les Tilles principales sont : Amastra
Ce pont existe cnrore nous en par^
; Sinope et Teium (l).
leroDK en décrivant la Bithynie. La Paphiagonie est bornée à l'o-
rient par l'Halys et au couchant par
BàMB Tt DIS BUÇBLL4IBBS. le Billœus.

Ce thème n*a pas non


plus reçu son THBMB VIII CHALDIA.
Dom d'un lieu particulier ou de' quel-
que peuple oâonre, mais tout simple- Ce thème est ainsi nommé des aa-
ncsldn bijcellaires, qui sont des agents dens Perses venus de la Chaldée. La
infeneors chargés de In subsistnnce métropole est Trébizonde, ville grecque
des troupes (des vivres, pain, selon l ex- ainsi que l'atteste Xénophon. Dans
pression usitée aujourd'hui. ) On ap- Pintérieur sont compris <fes pays ap-
pelle bueeiius (l) un petit pain rond partenant à l'Arménie Mineure, comme
et plat; le gside pain s'appelle eella* le prouvent les noms seuls des contrées,
rius. La Ceitzène, les Syspérites et Gœza-
Les peuples qui occupent ce thème Dum, dont il est fait mention dans TÉ-
Mit les Mamnidioiens et les Galates. criinre au quatrième livre des Rois. Les
Hcommencea la de Modrena, con-
ville Assyriens ayant réduit en servitude
fronte rOptimatiim, remonte vers la les habitants de Samarie les transport
métropole d'Aocyre et s'étend jus- tèrent près du fleuve Gœzanum. Le pays
qii*Mix confins de la Cappadooe et aa fut appelé Chaldée par les Perses pour
ehiteau de Saniana ; tout ce territoire se rappeler leur cx)ntrée natale, d'ou Us
0t occupé pnr les Galates. ont été appelés Gbaldéens (2).
Galates, colonie des Francs, ar-
rivèrent en Asie du temps d'Aitale, roi THiiME XI DE SSBASTB.
de Pergame et de Nicomède, fils de
pmtès; ils occupèrent le pays jusqu'au liC thème de Sébaste commence à
royaume de Pont et jusqu'à la ville son nom de
la petite Arménie ; il prit
d'Heraclée et au fleuve Parthénius. Sébaste (César), qui honora du même
Dans les terres ils s'étendent jusqu*aii titre plusieun villes de l'Asie.
fleuve Halys. D'en est donné ni la numendatma
Il
Les de ce thème sont
villes : des villes ni celle des frontières.
Ancyre, métropole des Galates, Gau*
diopoli's, métropole desMaryandiniens, (i) Déjà nonuiiée dans l'aiilre ibème.
Héradés, Pruse (sur rHypios), Teium. (s) Les tbènct VL de If é^opotamie et X
Colonet ne font point piriio do la prco»
(i^iillcr, àoudicr. qu'Ile.

Digitized by Google
14

rtàxÈ m DB LTCÂiriKiB. tbékb xin db 'bsurdcib*

Lycandus ne conimenrn à être Le thème de Scleucie rst cette pnrtic


comptée au nombre des thèmes et des de risaurie bornée au couchant par Je
illcB que sont le règne de l'empereur mont Taurus , à Torient par les monta-
Léon; antérieurement la Tîlle était sans gnes de la Cilieieoù sont les fflles ma-
aucune population tant Lycanflus que
, ritimes.
Izamondns et toute la région frontière T.es villes principales sont :

de l'Arménie. Séleucie , Corycus, l'autre de Corycus


Cependant un Arménien de distinc- et la plaine qui produit le safran, les
tion, haut comme un colosse, pnidre villes de Soli, >4i)gée, Pompéiopolis
de Lœcastria, homme à la fiiriin longue Aphrodisias, Issus avec le golfe de
et ambidextre , appelé en langue armé- même nom, dans le voisinage duquel
nienne Azotus, Tint soit comme tninf- est la Tille de Tarse, patrie de Tapétre
làge, soitcomme ami, tonver l*iemp6- Paul.
reur Léon, et nvnnt re^u le comman- Séleucie n'eut d'abord ni le titre de
dement des troupes, sous le titre de thème, ni même celui de préfecture;
prafectus a^minis y s*en alla faire la c'étaitun simple château avec une ve-
guerre aux Bulgares. Mais il fiit battu dette pour surveiller les incursions des
et disparut ainsi que Théodose * le pio- Sarrasins qui possédaient Tarse; mais
tovestiaire de l'empereur. l'empereur Romanus, qui augmente?
L'Arménien avec lui un ami
avait les frontières de 1 empire, eu lit une
nommé Mélias, qui s'échappa sain et préfecture.
sauf du combat, et comme il était fait Cette ville reçut son nom de .son foo-
à la vie d'aventures, il rasscnihla uiir dntenr Scleiiciis Nica!ior. Ce district fut
lignée d'Arméniens, alla s emparer de aussi appelé Decapole , parce que, outre
Eycandus, rebfltit la citadelle et restaura Séleucie, il contenait dix villes, sa-
les mines de la ville. La contrée, réta- voir :

blie dans son ancien état, fut rendue Germanicopolis , Titiopolis, Domé-
aux Arméniens. Comme elle était fer- liopolis, Zénopolis, Néapolis, Clau-
tile et admirablement pourvue de bons diopolis, Irenopolis, Césarée, Lauza-
pâturages, elle fut classée parmi les dus, Dalisandus.
thèmes et devint une des belles prétures Dans cette dernière ville on conserve
par les soins et le courage de Melias. le bouclier du saint martyr Théodore,
Le nom de la ville est d'origine armé- suspendu à la vodte du temple.
nienne. On raconte que l'empereur
Justinien, parcourant les provinces de TH^MB Xnr DB CIBYBBHA.
l'Asie Mineure arriva à Lveaiidus. T>e
proœcus de la ville, magistrat muni- Le thème de Cibyrrha commence à
ci|)al, était si riche en bétail, qu'il offrit Sélende, sito^ sur la mer Orientale, et
à titre d*hommage à Justinien dix trou- finit au couchant dans les parages de
peaux de mille brebis variés de couleur Milt t, (le Jassns et du colfe deBarirylia.
et divisés de la sorte : Il s'étend chez les Audaniens ou est si-

Mille noires, mille blanches, mille tuée Mylasa, ville très-célèbre, la villede
grises, mille mélangées, mille rous- BargyUa, Myndus , Strobelus, Halicar-
ses, mille couleur de belette, mille iinsse, pntri'e d'Hérodote, où Ton voit
jaunâtres, mille marquées de noir, le tombeau de Mausole
mille rouges et uiilie dorées, qui rap- Eu marchant vers l'orient on trouve
pelaient, au dire oes Grecs, la célèbre le golfe Céramique et la ville du même
toison d'or. T/empereur .irccpta avec nom. A l'extrémité du rivage est U vilFe
joie, et flt inscrire sur la porte de Ly- de Cnide; en continii.Tnt verN l'orient
candus une inscription qui est une sorte on trouve le golfe Ofcdemus, le port
de jen de mots. de Laryma, situé en face de lUe d«
L'anteur grec ne doime pas les noms Symé. ï^a région maritime appartient
'
des villes pnncipéles du thème de Ly- aux Rhodiens, qui possèdeftt de"? arse-
candus. naux lùi traversant de Tauire côte, on

Digitized by Google
ASIE Ml
imare la de Telmiesai,
célèbre ville loi écbut en partage. Ce sont eee
€Oiiiite Patate et Xenthus, patrie da qni sont eneore mités parmi les Turcs,
peintre Protogène, puis cette ville de et les anciennes conscriptions territo-
I.ycie exhalant Podeur des parfums, riales sont a peu de chose près celles
c'est Myra, la ville du bieniieureux des pachalik d'aujourd' hui. Cliaque di-
frint Ifiëelu dMB le eotps Mese etbê- vision territoriale porte le .nom de
ler des parfîims comme Tindique 4e sandjak.
TM>m de la ville fl). De là on voit le Le sandjak de Hrou'^sa avnif r ru
ieuve Phoenix et la ville du même d'Othman le nom de Khodawenkiar.
oïD, pais Pbaieili, ville eélèbre et La division moderne de l'Asie Mineore
Attalia, fondée par Attale Philadelphe. mt donc «ijouid*hai damée ainsi qQ*il
Ensuite Sylapom nuis Perga, ville cé- suit :

lèbre, Sidf repaire des pirates et Seigé, La Bitbynie, sandjak de Khodawen-


colonie de Lacédémooe. kiar.
La montage et le cbftteao d*AiiemQ- La Mysie, Kara-si.
rinm, ensuite Antioche seconde, et La Lydie, Saruk Kban.
Gbyrrha, la ville dont le thème a pris ÎNKToiiie, Aï'tm.
son DO m
vulgaire et sans renommée. Carie, Menlesche.
On troofe enenite Sellnus, petite ville
ivee lin fleuve de même nom, puis le La Pamphylie, |
port vieux et Seleticie elle-même. Voilà
r'-'"^'^' I Hamid.
les villes qui sont soumises a Tadmi- Isaune, |

iriMratioD du prétenr de QhyrHia* Lycaonie, )


Caratnan.
Dans Pintérieur des terres, sur les Cappadoce, j
trootières du thème Thracien, le thème (Inppadoce, Iconiimi.
deCibyrrha commence a Milet, passe n Plirvîîie, Kermiau.
Slratonicée. Ce qu'on appelle Mogola, Pap'hlagonie, Kastamouni.
h ville de Pysie, il traverse la région Ua- Pont, Amaaia.
ffhîa et Tauropolis. Il 8*étend jusqu'à
Tlûs et OHnoauda, et travers»' Phileta, CUAPITHE VU.
Pod^lia , le lieu dit Anomatichos et ar-
tmk Saf^laasin pour flnir dans les ré* COUP D*flBII. 8DB LA FOBMB ûÈKt"
pom du Taurus où demeurent les RALB BB LA PBBBQU'IlB.
K-îures. Tt*lle est l'étendue du thème
de Cibyrrha dont les habitajits se sont Il sufût de jeter les yeux sur la carte

MNncnt montrée rebelles anx ordree des continents pour ^re frappé de la
des eBB pefçura. L'tle de Rhodes est si* particularité que présente la rarme de
toee au voisinage de ce thème qui, re- PAsie Mineure. Toutes les grandes
gardant en même temps le nord et le presquiles du globe, tous les grands
midi affecte la forme triangulaire d'un caps sont en effet tournés vers le pôle
A. n est pevplé par une oolonie do- and, le c^np de Bonne-Espénmee,
rienne venue nu Péloponnèse et Ifti 9é comme le cap Horn, ritnlie comme
pcctend de la race d'Hercule. la Grèce ou la presfju ile in iienne.
L'Asie Mineure seule se détache du con-
nnnsioif db l'asib sous la domi- tinent, en se dirigeant de Test à Touest.
HATlOff OTTOMLAKB. Ses côtes sont baignées par les eaux dé
trois mers qui différent entre elles au-
Apres la chute de I empire byzan- tant par leur étendue que par leur ca-
lia, lei priness ieltyoallides se parta- ractère physique ; enfin le relief de la
gènnt IcB dîfliIreBlei pnivineea et cha- presquMie la forme et la direction de
ean d'enx donqp eon nom à eelle qui ses montagnes, viennent pour ainsi dire
se grouper pour faire de cette partie
(i) Les saints dont le «orp^ exhale des de l'Asie une terre exceptionnelle.
kaih» parfumées éf aient appelé* Myroble- La presqu'île que non» connaissons
_,1 y a „„e \orte de jeu de OMUtor le
aujourd'hui sous le nom d'Asie Mi-
M
là*
de 11 ville de Mjra. neure ou d'Anatolie est cette partie du
16
grand oontioent asiatique renfermée fondaient pas bien compta de la eMtfbe
entre le 34*> 35' et le 55' degré de lon- qui ferme la côte de la Lycie, et pre-
gitude orientale. Les côtes de la partie naient leurs mesures en' suivant les
nord appartenant à Teinpire ottoman sinuosités de cette côte. La forme gé-
se prolongent jusqu'au degré. nérale de la presqu'île eat certainemeoC
En cap Aoemourtqui est
latitude, le la conséquence des nombraui aoolète*
la terre le plus sud, passe par le SG*^ ments des montagnes qui ont surgi â
degré, et au nord, le promontoire de différents âges géologiques ; mais Tac-
Sinope passe par le 42' degré 8 minu- tion des feux souterrains a eu aussi une
tes. Klie est baignée au nord pnr la part énorme dans la comtttation de ré-
Pont-Euxiii, le Bosphore et la Propon- gions entières.
tide; la mer l'jjee VKiiiîne ses côtes occi- Néanmoins, malgré l'effet des terri-
dentales; la icgiou du sud est limitée bles tremblements de terre dont nous
par cette partie de la Méditerranée oue voyons de nos jours l'action désas-
les anciens appelaient mer de Rbooas treuse, nous persistons malgré l'opi-
,

ou de Cilicie. nion de quelques géologues , basée du


Du
côté de Torient , les limites de reste sur une tradition de l'antiquité,
TAsie Mineure ont été très-?ariablea et nous persistons è croire an synchro-
sont moins faciles à déterminer. Stra- nisme des bassins des mers. Ainsi pour
bon et Apollodore inclinent h penser nous le Bosphore comme les Darda-
aue tout le territoire qui est a Torient nelles et le détroit de Gibraltar appar-
e la ligne tirée d'Amisus à I«U8, ou tiennent, comme lea éléments oonatitn»
de Samsoun à Seandéroon, doit être tifs, à la période géologique actuelle.
reuardé comme n*appartennnt p;is à la Nous pouvons même aflirmer, que si
presqu'île. Trébizonde et son territoire- depuis notre époque géologique, la
en seraient alors exclus. La distance- forme du Bosphore a été modifiée, ce
Îui sépare ees deux pointa, d'après canal a été plutôt rétréci qu'élargi , car
Iratosthène, a trois mille stades de tout le terrain qui avoisinc les îles
700 au degré, soit 5.i4 kilomètres, 865 Cyanées d'Kurope et celles d'Asie, est
met.; cette mesure est lom d'être exacte. formé par des terrains de tracbytes
Les géographes modernes ont étendu mii ae sont épanchés dans la mer. Lea
le territoire de TAsie Mineure à l'orient bassins des mers conserveraient selon
de THalys; c'est le cours de l'Euphratc nous depuis cette époque leurs limites
qui en forme la limite à Torient, jusrju'à respectives si leurs nvages n'étaient
la hauteur de Malatia el d'Eguine; en- soumis à une loi géologique appartenant
suite la frontière s*incline à Test pour à la troisième période ; nous voulona
venir rencontrer la mer Noire a Test parler de la loi des atterriasamenta.
de Trébizonde. L'erreur des anciens sur
la forme réelle de TAsie Mineure est ALLUVIONS DES FLEUVES.
d'ailleurs bien excusable; car il n'y a
guère que soixante ans que les obser- Si l'on examine la tradition conser-
vations deReauchamp el celles du com- vée par quelques historiens, on ne man-
mandant lieaufort ont donné à l'Asie quera pas d'exemples pour prouver l'ir-
Mineure sa véritable forme en l'étants* ruption on la retraite des eaux marines
sant d'un deizré. Dnnville avait bien sur certaines côtes; mais partout où
senti la difficulté, mais n'avait pu la ré- nous avons été à même de vérifier celte
soudre. Strabon compte 3,500 stades assertion, nous avons reconnu l'effet
de Chaloédoine è Sinope, soit 647 84, normal desalluvions. Pour mettre cette
tandis qu'en réalité il n'y en a aue 520. vérité en évidence, nous noua conten-
Il compte 5,000 stades àe Rhodes à Is- terons de prendre pour exemples quel-
sus, soit 554 ^- 8G5, tandis qu'il n'y a que ques ports fondés sur les bords de Ja
116 milles géographiques. 11 fait cepen- Méditerranée qui nous permettront
dantlaiemaïqnetna-esacteque Amisus d'établir avec certitode le mouvement
et Issus se troufent sur le même méri- de retrait, et en même temps les cauasa
dien. L'erreur des anciens géographes de la retraite des eaux de la mer.
provient sans doute de ce qu'ils ue se liCS ports de Cymé, de Milet, de
*

ASIE MfNKTJAE. 17

Pompeiopolis , sur la côte d'Asie, Hip- polis ; ce oort est aujourd'hui entière-
pûoe et Carthage sur la «sdte d'Afrique, ment eomné. Ici, les eaux douces ont
nous donnent des jalons pour mesurer une propriété incrustante qu'on remar-
b marche des alluvions sur ces côtes, que dans presque toutes les rivières de
et nous pouvons conslater d'autre part la côte. Ainsi, le port de Pompéiopolis
que les ports situés loin des embouchii- est rempli par une véritable roche, et
ns des fleufw ont continué d'être fré- les blocs de colonnes ou autres débris
quentés par les navires. qui sont épars dans cette masse, sont
I>»s hommes des premiers âges, les novéscommedans uneespèce déciment.
Bab)ioiiienSf les Egyptiens, les Assy- La rivière de Douden, que les anciens
lictts , qui avaient , plus que nous, con- appelaient Catarrhaetès , parce qu'elle
servé une impression profonde des se précipite dans la mer aune grande
temas diluviens* s*étant établis sur k's hauteur, jouit au plus haut degré de
bonis des (grands Ueuves de TAsie ou cette propriété incrustante. Tout le ter-
de r Afrique, avaient pris toutes les pré- ritoire de son parcours est converti en
eautions Imaginables jiour se mettre à véritable rocher qui eufrtobe les plantes,
Fabri des itiondntion'-. f ps travaux qu'ils les restes d'animaux, et les couvre d'une
cx*H;utèrent dans ce but étonnent notre couche calcaire.
imagination, et nous serions tentés de En continuant le périple vers Touest,
les ncarder comme faboleui, si, eliaque on arrive dans la province de Lycie qui
jour, les études laites sur ces cojitrées offre d'immenses et magnifiques ports
n'apportaient la preuve la plus évidente dans un étal parfait pour le mouillage
de la véracité des historiens de l'anti- des navires : le port de Marmarice, ce-

quité, et si Ton n'était souvent à même lui de Macri ; les ports de Myra , Phel*
de vmfier, sur le soi même, la réalité lus Antiphilo c'est qu'ici le Taurus do-
:

des travaux entrepris et menés i leur mino la côte presque verticalement et


fin. les eaux n'ont pu charrier de limon
Le golfe d'Alexandrette, qui était dans dans ces ports.
riHiliquité un port aussi salubre que Noosavons souvent entendu les msrins
commf>A^^ n'offre plus sur son rivai^e et les fîéocraphes se demander pourquoi
marais (H'stilentiels; reftVt na-
qui' lies la cote d'Asie et la côte du nord de
turel des vagues apportant uecessai- la Méditerranée étaient si riches eu ex-
rsoifnt sur cette cote tous les détritus cellents ports* tandis que dans tout son
que contiennent les eaux a suffi en quel- parcours la cote d'Afrique n'en offrait
quKS siècles pour opérer cette métamor- pas un seul disme de ce nom. Voci la
véritable raison le continent Africain
:

La
province voisine , que les anciens a été dans l'origine aussi éebaneré que
appetaient la Cilicie champêtre, est une le continent d'Asie; mais sous rinHuenoe
immense étendue de terrains d'allerris- des niterrissements et surtout car ,

sement qui sont couverts de la plus ceci est une cause majeure, sous l'in-
abondante végétation. Plusieurs rivières, fluence des vents du Kord qui régnent
le Sema, le Pjrramus, le Cjrdnus, ar^ sur cette côte pendant huit mois dé l'an-
ros«il cps contré.^s et coîitinupnt de nre le mouvement de la mer loin d'en-
,

l'accroître en étendue. Ce mouvement lever la moindre parcelle de sable, les


des terres est déjà apparent dans Tan- accumule saus cesse sur le rivage. Tout
liqaité Entre la ville d Adana et ta mer, ce qui existait de ports, golfes ou échan-
sont de vastes maremmes qui se sont cnires, a été peu à peu comblé, tandis
formées depuis cette épocpip î,a ville que la côte d'Asie, .ibritée par ses hautes
de Tarsous, qui était maritime dans montagnes est restée dans l'état où elle
fasiiqnité, ne reçoit plus maintenant filtCTMe.
de navires , et le fond de la mer s'est Si nous remontons vers le WOïd en
lellmunt exhaussé que les navires «ont sniivnnt la côte, nous trouvons un des
obliges de mouiller à Mersine, à deux exemples les plus curieux de la puis-
beueji de Tarsous. sance des atterrissements pour changer
A Toucst de Tarsous, il y avait un la surface d'un {)ays. Nous voulons parler
poit romain V dans la ville de Pompéio- de la villedeMilet, une dSB placée mari*

1* Uvraisom, ( Atii Miriobb. T. II. S

Digitizod by Gû*..wtL
Uoies ies plus cëlèbreâ de Tantiqiiité. comme la valléa a très-pen de pente,
Uiiet avait quatre ports dont un seul
, de voir Iw eaux prendre une direction
pouvait contenir une flotte entière; die en sens inverse du cours du fleuve et
tut fondée onze cents ans avant J.-G., former des nœuds qu'il est impossible
et tous Aletandre elle'jouissalt encore de déterminer eiactement parce quMIs
de son pouvoir maritime. Mais Milet sont toujours variables. La nature du
était située a l'embouchure du Méandre, terrain, qui est composé d'un sable argi-
et ce petit fleuve, dont le sinueux par- leux, se prête à ces jeux de la nature,
eonn est devenu proverbial, a suffi pour «t comme le sol de la vallée du Méandre
anéantir complètement cette mère de est presque entièrement couvert de prai-
quatre-vingts colonies. Il y a un fait re- ries, d'herbes Gnes, le cours de la ri-
marquable, qui paraît avoir été oublié : vière s]y dessine d'une manière, saisis-
e*est que les ifinuosités du Méandre sont sante qui a frappé tons oeux qui ont par-
essentielleinent variables. Dans l'espace couru ces rives. Une autre ville, Priene,
de deux ou trois ans, la direction des située dans le voisinage du fleuve, et
eaux change plusieurs fois, et, sans eniin liéraclée du Latmus, placée au
abandonner positivement la ligne géné- fond d'un golfe du même nom , partici-
rale de son parcours, le fleuve se prati- paient aux privilèges des villes mariti-
que à droite et à gauche d'innombrables mes. Le Méandre, en charriant des sa-
lacets qui finissent par former des lits bles a peu a peu comblé le port de
,

nouveaux. Priene , celui de Milet, et a fermé l'en-


Toutefois Strabon(l) mentionne un trée du golfe de lafnms, de manière à
usoge des Ioniens oui prouve que cette en former un lac qu'on appelle aujour-
observation avait (léjn été faite par les d'hui Oufn-Bnf] Milet est a plus de deux
riverains du fleuve. On raconte, dit-il lieues dans les terres, et une lie, l'ile de
qu'on intenlo des nroeès an Méandre Lade, assez éloignée Jadis du continent,
toutes les fins qa*ii change les limites a été englobée dans les atterrissemenls,
drs champs en rongeant Tes angles de et ne se retrouve plus aujourd'hui.
ses rives, et que s'il en est convaincu, La ville maritime d'^^plièse a eu le
on le condamne à des amendes qui sont même sort que Milet. Son port est au-
prises sur les péages. jourd'hui comblé par les allnvions do
I,e Méandre coule depuis
la ville de Caystre.
Yéni-Cheher jusqu'à la mer, dnns une TIn autre fleuve de l'Asie Mineure,
masse de terrain meuble dont la jpuis- rUermus, qui se jette dans le golfe de
•anee n*e8t pas eonnoe, mais qui dé> Smyme , joue à régard de cette ville le
passe de beaucoup la profondeur de son mr^rne rôle que le Méandre à l'égard de
lit. Dans les grandes crues quand le , Milet. Les masses énormes de limon
courant e^t devenu rapide les eaux ra-, âu'il charrie ont formé une large bande
vinent peu è peu le rivage, qui , presque e terrain sur laqtielle est assise la ville
partout, forme une falailO verticale. de Ménimen; mais, de plus, il forme
Dans les endroits où il y a un remous, à l'entrée du golfe de Smyrne un banc
la falaise ruinée peu a peu, s'écroule, et dont rétendue augmenté de jour en
le fleuve s'enfonce dans un coude qu'il jour, et , si des travaux de draguage ne
creuse incessamment. Ce mouvement sont pas exécutés dans un bref délai,
des ondes vn ensuite frapper la rive op- on peut prédire le moment assez rap-
posée qui est ravmeo de la même ma- proché où les vaisseaux ne pourront
nière , de sorte que les eaux se creusent plus aller mouiller à Smyrne. Bien plus,
un lit en zizitag qui a donné i ce cours on peut être assuré que dans un temps
d'eau un caractrre particulier. Mais donné le golfe de Smyrne devi^idra W
l'action des eau\ sur les rives étant in- lac, comme le golfe de Milet.
cessaute , les terres sont peu a peu en- En dehors du golfe de Smyrne, vers
lit du fleuve, les coudes
trainées dans le le nord, était une antre ville célèbre , la

se comblent pour se reformer sur de de Cymé, avec un port maritime et


ville
noaveaux dessins, et il n'est pas rare, un port de commerce. Les allnvions
du Caïque ont tellement changé l'aspect
(i) XII, 58o. de cette côte ,
que l'on cherche en vain

Digitized by Google
ASIE MmeiiRE. 1»
rnden rivage ; les jetées de Tancien CHAprraK viii.
lort se voient è ivrès iTiioe lieue dam
in terres , au milieu de marécages qui
portent dans le pays le nom Touzfa
PËBIPLK as L'ASIE IIINEURB. —
fTi/éii, la Salme-aux-Oies. On eoni-
CÔTB SBPTBIITBIOIIALB.
prend dans quelle perplexité se sont
troorés les géographes qiii voulaient re- Apràs cet exposé des causes qui ont
trouver les vestiges dn monde ancien produit la forme actuelle de la pres-
avant que ces observations eussent été qu'île, nous suivrons le contour des
faites. Les
fleuves de la Troade qui , côtes et nous verrons jusqu'à quel point
Mt ehanf^ leurs eours et mUé leors ees considérations géiiérales sont justi-
eaux, mettaient nos devanciers dans on fiées.
embarras inextricable. Trébizonde, située à l'origine de la
Otte action évidente de^ alluvions, courbure que forme la partie extrême
ont formé de vastes territoires sur de la mer Noift par 87* SO' environ de
C' côtes d'Afrique et dont le delta du longitude, offre le premier point de la
ITil «t le plus célèbre exemple, a lieu côte qui ait l'apparence d un mouillase;
également sur la côte nord de l'Asie qut'l(|ues rochers volcaniques, traces
Miaeure. L.es veuts du nord et du nord- d'une coulée de laves qui s'est épanchée
ouest étant eaux qui récent le plus dans la mer, ont serfi de base à un
itedièranient dans ces régions, tous les môle qui y fut fait dans le sixième siè-
sables charriés par les rivières si pptiies cle, mais qui est aujourd'hui détruit.
qu elles soient sont rejetés sur la côte Les navires suut mouillés aux parages
et ont eonverti les moindres eriqucs de Platana, où ils sont abrités du vent
en p.Uufages. Si Ton jette les yeux sur de l'ouest et du nord-ouest; mais le
la côte opposée, la presqu'île de Crimée seul véritable port de Trébizonde est
offre les mai'nifiques ports de Sébas- la côte même où les habitants ont l'ha-
topol, Balakiava et plusieurs autres bitude de tirer les barques exactement
Mwnagfa. Sur la cote d'Asie, il n'y comme du temps de Xénophon.
a^oe la presqu'île de Sinope, qui, abri- A partir de ce point la côte s'inflé-
tant la cote aes vents du large, a pré- chit au nord en formant une dentelure
servé le port deà ensablements. Dans peu accusée. Les terres sont élevées et
h Propootide , Fesemple n*est pas abruptes, s'ouvrent pour donner pas-
moins frappant; sur toute la côte de sage à des vallées verdoyantes. Peu à
Thrace, il n'y a aucun port, taudis que peu les côtes s*aplanissent et l'on ar-
sur la côte opposée on voit encore le rive aux alluvions du Yechil Irmak.
port 4e Cyzique qui pourrait s'ouvrir Toute la plaine qui forme le bassin
poor abriter une flotte. Suivons un Iniirienr des fleuves est basas et msré-
moment la même loi sur tout le liltoral cageuse. Cette pointe sablonneu.<:e et
sud delà Méditerranée; nous trouvons le delta des Kizil Irmak forment les
partout des mouillages forains, excepté deux pointes extrêmes de la baie de
dans la baie d'Oran ; tandis que sur la Sanisoun , sur le golfe d'Amiaus, à la-
côtpnord, nous comptons la Spezzia, quelle les anciens donnaient une éten-
Gènes, Villefranche Toulon, Mar- , due exagérée. C'est la partie la plus
seille et d'autres encore jusqu'à Gibral- saillante au nord et la plus accideulee
tar. Ceci n*cst certainement pas l'effet de toute la eôte; on autre golfe plus
du basard. large et non moins profond suit im-
côte occidentale de l'Asie Mineure, médiatement celui d'Amisus; c'est la
étant fortement accentuée, présente en baie de Sinope dont la pointe ouest
BMime temps Tim et l'atitie des deux très*iaillsfltB eit Ibraiée nsr nne pres-
phéioaiènes , c*est • à • dire des golfes qu'île rocheuse Bouz tépé bouroun qui
larges profonds comme ceux de
er engendre l'excellent mouillage de Si-
Smvrne, Jassus et d'Haiicamasse, et
<je nope , le seul port de toute la côte.
ta mèmt temps des golfes comblés A partir de Sinope jusqu'au mouillage
CMIID0 ceux de I^tmos et de Ofmé, d'ÉregIt, la cdte s'infléehit au sud en
déorivant un arc de cercle» Le oap
3

Digitized by Google
Kérembé autrefois Carambis est le point grands lacs africains ne peut agir avec
le plus sailhmi de cette courbeensuite
; autant de puissance sur la cote. Aussi
vient Amassera, située à la pointe d'une voyous-nous de grands golfes, le golfe
sinuosité du rivage, et entin Bender de Nicome'die, celui de Cius ou de Mou-
Erégli, randeiuie Héradée, av«e une dania entrer profondémentdans les terres
presqu'île peu saillante. et rester, comme aux époques des pre-
La côte forme ensuite une courbure miers âges vierges de tous les détritus
,

en sens contraire, c'est-à-dire dont la que charrient les eaux marines. Les îles
coDcaviié est toramée mi nord. On ne nombreuses, la grande tie de marbre
saurait donner le nom de golfe à cet de Marmara donnent de la variété à
espace de mer, ouvert à tous les ou- cette mer, tandis que les forêts om-
ragans du nord; ici il n'y a aucun breuses de la cote reflètent leur verdure
moQillage; les atlerrissemeDis de la dans ces ondes toujours pures.
Sakkarin et de THypius, deux fleuves L'aspect des côtes des Dardanelles
importnnts pour la contrée, ont comblé ne présente aucune particularité digne
toute cette baie qui autrefois était pro- d'être notée. courant violent du
fonde, et converti en pâturages des ter- Bosphore a perdu de sa puissance en
vains autrefois inondés. A partir de ce traversant la mer de Marmara et les
point, la côte commence à s'exhausser eauT de la mer Noire s'épanchent avec
et devient de plus en plus rocheuse, une sorte de tranquillité dans l'ilelies-
jusqu'à l'entrée du Bosphore . où l'on pont. La côte asiatique des Dardanelles
raoontre les ties Cjranésa irEaroiM, est basse et peu aoeidentée; les châ*
et celles d*As e; ce sont plusieurs grou- teaux d'Asie, le cap Sigée qui signale
pes d'ilots très abruptes , leurs flancs l'eutrée du détroit sont des terres basses
étant toujours assaillis par les vagues. et sans mouvement. Cet aspect est aussi
Ils sont de nature voleanigae , comme eelui de la Troade. La ebafne de rida
les deux cdtes qui les atoisinent leur
; qui s'élève loin de la côte laisse entre
eoroposition est très-variée ; on y distin- elle et la mer
ce vaste territoire qu'on
au milieu de rognons de trachytes, appelle plaine de Troie, terraui où
la
Se I couches de cendres volcaniques Ton rencontre des bsncs de coquilles
avec du pyroxène et des fragments de marines pétrifiées et dont les espèces
ebalcédome altérée. sont li's mêmes (jue celles qui vivent
Tel est le rivage nord de la presqu'île, encore dans ces mers. Les eaux tombant
semblable, comme nous l'avons dit, pour de rida ont, bien avant que les hom-
runifonnité des lignst, à ceux des auties mes soient venus babiter ces résions
continents qui piesententleur fironlau formé cette plaine qui devait Are si
nord. célèbre.
Le Bosphore, cet admirable et singu- L'Ile de Ténédos en face de la Troade
lier eanal des deux mers, dont la for- arrête l'effet des vents du large et
mation a toujours été pour les popula- permet aux navires de mouiller avec
tions rivemiiies le sujet d'un si grand sOn té stir celte côte dont le nom est
étonnement qu'on en est venu à sup- devenu a son tour historique sous le
poser des phoiomèoes impossibles pour nom de baie de Bézica. Le petit port an*
expliquer son existence , le Bosphore, tique d'Alexandrie Troas, avec un nidln
qui est à lui seul un port magnifique de ensablé était le seul mouillage que
six lieuesde long, balaye constamment les anciens eussent sur cette côte, qui à
de ses ondes mugissantes les côtes partir de ce point devient roide et in-
d'Europe et d*Asie, et ne laisse aucune hospitalière pour les navires. Le eon*
alluvion se former sur ses rives. Son tineut forme ici un groupe montagneux
courant de droite entre dans le port de nommé le cap Baba; c'est l'ancien pro-
la Corne-d'ûr et eulève les sables que montoire d'Assos formant la corne sep-
ehaiTient constamment le Cyndaris et le tentrionale du goifé d*Adramytte: ici
Barbyzes, et empêche tout ensablement. la côte s^infléchit tout à coup à I est;
Ifi letableau des cotes d'Asie chnnîie elle est abrupte et sons la moindre
d'aspect; la mer de Marmara dont haie; ce n'est qu'en approchant du
rétendue surpasse à peine celle des fond du golfe que les terres s*abaissent

kju,^ jd by Google
ASIE MINEURE. Il

<A doDQent passage à quelques ruis* aue par des tempêtes locales peu re>
iMUx. Toul ce groupe de montagnes outables pour les navires.
csi BBiiirawwnt voleaiiimie; ee sont lei Noua n'avooa aueune donnée pour
en s*épancbaDt dans la mer qui établir jusqu'à quel point la physiono-
ont formé eMAe eôte. mie de la cote nord au golfe de Smyrne
a pu changer depuis l'antiquité mais
*,

les alluvions de PHermus sont d abon*


CUAPITRE IX.
dantes qu'elles modiGent presque à vue
d'oeil les lignes de la côte en formant un
CÔTE OGQOEMTALE. delta qui s'aranoe incessamment vers
la côte opposée. Cette grande plaine où
L'autre eDme <iii ^olfe d*Adramytte l'Hermus traîne ses ondes tranquilles
m loiu de ressemblt r à la précédente. a dû à une période reculée être une an-
L u groupe d'Iles que les Grecs appellent nexe du golfe de Smyrne; et il fut un
Moseo Nisi (les iles aux Veaux) découpent temps où le groupe accidenté de Pho-
Ifli abords du continent comme noe den* kia se présemt somme une tie; maia
triure au milieu de laquelle les barques celte forme des terres a dil précéder
comme les pros navires trouvent un de beaucoup tous les âges historiques.
abri. Eu coutiouaot le périple au sud, La côte sud du golfe est iuissi accentuée
le Halle de Teliaiiderii, autnlbis de que eelle du nord est plane. Le cap
Pit^ne. r.lattikos KolpoM^ suooède à Mêlas est conmNMé de roches volcani-
c^lui d'Adramylte; c'était l'ancien port 3ue8 et de laves noires ; plus loin ce sont
de Pergame et ici la c6te n'a pas changé es tracbytes rougeâtres qu^ ont valu
de pbjrioDomie depuis l'antiquité. Il son nom a la ville d'Erythra , la villa
a*en est pas de môme des parages qui Rouge. En avançant dans la golfe on
toÎTent toul ce qui fut autrefois le
: aperçoit deux pitons junjeaux d'une
9>Ue de Cymé toutes les terres sur les- forme régulière aue les Turcs appellent
qucUcs 8*élef aient les villes de Myr- Iki kardach (les aeux Frères) et qui sont
riiioa TléoDtichos etd'ii^ ont tellement bien connus des navigateurs français
changé de physionomie qu'il est im- sous le nom des Mamelles. Un certain
rssible à l'observateur de suivre sur nombre de petites ties, et notamment
terrain aucune description ancienne la grande et la petite OurLc, longent
de ecs parages, les alluvions ont tout cette cAte du golfe et contribuent a en
ri3o.lifit». fiûre un des plus beaux et des plus im-
Les petites baies de Phokia, ainsi portants mouillages de l'Asie Mineure.
appelées aujourd'hui de l'ancienne et A la hauteur des Mamelles, la presqu'île
dà la nouvelle Phooée, sont les derniers qui forme la edte sud subit un étran-
wîllageg que présentent cette côte Slement qui la réduit aux proportions
jusqu*aa golfe de Smyrne. L'effet des 'un isthme. La côte occidentale fait
alluvioDs oe s'est pas fait sentir jusque- face à l'Ile de Chio et au milieu des dé*
là et la mer a conservé sa profondeur. coupures saus nombre forme la baie de
D^i groupes montagneui signalent Tcheimé. Au sud de l'isthme les navires
rentrée du golfe de Smyrne; celui du trouvent encore la baie de Sighadjik, qui
nord est appeléKizil bournou àcause de était rauciei» pori de Téos. Quelle ri-
la couleur rouge de^ terre:». L'autre Ra- chesse de bons uiouillages et comme
ie boamoa (le cap Noir), ainsi nommé on eomiirand bien que tes nations ac-
de sa couleur noire qui avait déjà frappé tives et intelligentes venues de l'Occi-
les aiieieDS. Aussi avait-il reni le nom dent s'établir dans ces parages ont dû
de cap Mêlas. L*eotrée du golfe de rapidement s'élever à une prospérité
Smftm est dirigée fers le nordKwesl; commerciale inouïe. Les villes de Claroa,
die en abritée des vents et de la mer du Coloplioo, Lebedus brillaient sur cette
lacgspar In grande lie de Métélin; la côte dans des situations heureuses et
lisne des côtes suit d'ailleurs un con- bien choisies. Éphèse seule , fondée à
tour sinueux qui s'inDédiit d'abord a l'embouchure du Caystre eut dès set
,

rot, eotuila ao nord-esl,* de sorte que premiers temps à luttercoutre renvahis*


kêmn du ^lf« M
panvant être agtiéai sèment des allwvions; dss lagunes se
lorniaient, cjUi ont engendré le.s étangs CUAPiiaE X.
fiélinusiens; les rois Attales taisaieut en
Vtin leter Abb m6kê pour donner de la Oéra MBIIDIONAU*
rnp'.ditéaux eaui des fleuves; les sables
gagnaient toujours et en m^me temps, Au fond du golfe de Symé s'élovt^
par un phénomène encore inexpliqué* une haute montagne dont les acroteres
u mer gagnait d'antres parties du ri« descendent dans la mer par des pentes
vage ; de sorte qu*on volt aQ{ourd*hin le rapides ; c*est le mont PncBiiii avee la
léngulier spectacle d'un pont situé rn presqu'île du m^me nom, connue au-
pleine mer la ou fut dans le moyeu âge jourd'hui sous le nom peu poétique de
reinbouchure du Caystre. Barba Nicolo , que porte aussi une pe«
fions avons parlé plus haut des at- tite tle voisine. Le groupe montagoeut
lerrissemenl^ nu Méandre; cVstà cette du mont Phoenix engendre une baie
latitude que Unit l'action des grandes prutoiide et singulière, qui s'appelle au-
aliuviuns. Le cap Arbora, peu acceu- jourd'hui baie de iMennerid|é et en
tuét indique rentrée du golfe de Jasius, français de Marmariee^ Cette baie, d'une
dans le<juel nous finîmes par rencon* forme presque circulaire, a son entrée
Irer. après t.mt de vaines recherches tournée vers le sud. Un tlot, qui a été
de nos prédécesseurs , le golfe de fiar- naturellement rejoint au continent par
gy lia^ que Ton eroyait comblé. A
la non^ une bande de sanle, défend l'entrée des
v»He de celte découverte» l*amir«nté an- lames du lain»; et à gauebe de Ttlot
glaise envoya le navire lieacon pour une passe assez profonde pour que les
faire le re evcmenl de ce port si sin- plus gros navires puissent la franchir
gulièrement perdu. Ou explique du donne entrée dans
reste comment le i^lfe de Bargylia est
re.sté lon;;iemps ignoré des rares na-
plus sdr de la céte. Il est vrai
avantage est balancé par un immense
^
le port, qui est le
cet

vigateurs qui remontent le golle de inconvénient ; un seul navire mouillé a


Jassus ou Uasi»ein >\alé si. Car ces l'entrée peut bloquer le port , et dans
parafes sont à peu près déserts et ne oss demièns annesa la flotte ottomane,
boot fréquentés que par quelque s bar- qui avait eu l'imprudence de se retirer à
ques du pays ; l'entrée du eolfe de Bar- Marmarice fut bloquée par un vaisseau
gylia, qui lui-même e;»t une anuexe de de Mehemet-Ali qui ganlait la passe.
celui de lassus , est masquée par une Après Marmariee s'ouvre le vaste et
gmnde tle ; de sorte qu*elle ttW pM magnifique golfe de Macri, (|ui fut une
aperçue du large. C'est en nous diri- possession des chevaliers de H Modes.
geant par terre d'Halicamosse vers Un grand nombre d'iles en défendent
Jassus que nous retrouvâmes ce rentrée contre les vents et la mer. Une
golfe. Ile longue , qu'on appelle encore aujour»
Le cap Krio, célèbre dans l'anti-
si d'hui !'île des (Chevaliers, le sé[)arepour
quité sous le nom
de Triopium pro- ainsi dire en deux bassins; celui qui
moutorium, forme la corne méridio- est le plus avance dans les terres est
nale des terres du golfe de Gos qui l'ancien Glauens Sinus sur le bord du-
Erend son nom deHIe voisine. De nom- quel était la ville de Telmiasus. Ici .

reuses baies s'ouvrent d»* part et d'au- nous retrouvons le phénomène ter-
tre, parnu lesquelles U laut compter restre des aliuvious sous un aspect nou-
la bliedeBoudroumou d'Halicamatae. veau, e'est-àHtire que non-seulement
Les terres du cap Krio sont tellement la vallée qui s'étend à plusieurs ki-
échancrées que tout autour de l'isthme lomètres dans les terres a été entière-
dorique les navires trouvent des abris ;
ment comblée par les alluvions; mais
il en est de même du golfe de Svmé. les monuments antiques connue les
Aussi les aodeos Cariens étaient«i1s de tombeaux et les magasins qui étaient
ti ird s nnvigateuit et des pirates redou-
i jadis au bord de la mer, sont aujour-
tables. d'hui baignés par les flots et enfoncés
à une certaine profondeur. Ce mouve*
ment ne peut lira dû à un eiliauise»
ment des eaui de laner; car il se re-

Digitized by Google
ASIE M^£ÙR£. as

trouverait marqué sur toute la côte , il parages de Tile Kakava rancieone Do*
&ut donc Tattribuer à un abaissement lichiste. Cette Ile longue et roeheuse
local du terrain Nous remarquerons plus est séracée du continent par un canal
à l'est le même pliéiiomène, Unulis (ju'au qui n a pas un kilomètre de large; le
port de Watiis près d Antiphellus les continent lui-même est découpe en
monuments antiques occu|ieut encore une dentelure profonde qui engendre
INTcs du rivage leur position primi- plusieurs petits ports, notamment le
tite. port Tristomo, dont le nom antique est
Toute la càte depuis Macri jusqu'à inconnu. Le canal de Ivakava offre le
nie de Kasteliorizo tonne une suite plui» beau mouillage du monde puur
non interrompue de saillies et de r^ une fond est de roche
flotte entiiore ; le
traites motivées par les coutreforts ou et partout on atteint le fond par douxe
acroleres du Taurus qui descendent ou quinze brasses. Les nombreuses
Jusque dans la mer. 11 tant uuter dans constructions antiques s'élè veut tant sur
ee nombre la saillie appelée Yèdi bou- Itle que sur le rivage et offrent, l^en
roun par lee Turcs, UepUt Ravi par les plus accusé, le singulier phénomène que
Gr*»cs ou en français les SeptCaps. On nous avons déjà signalé à Macri, c'est-à-
arrive ensuite a la grande vallée du dire que les habitations comme les toni'
XantbuSf à Tenibouchure de laquel.e beaux sont envahis par les eaux. Tout
était la TÛle et le port de Patare. Toute le reste du littoral environnant n*ayant
la physionomie de ce territoire a lelie- pas oliangé de niveau, il faut en conclure
inent chance que l'on a peine a recou- a un abaissement de plusieurs mètres du
uaiire les dei»Griptious des anciens, Les massif de Tile de Kakava et du fond du
atterrissemento ont eomblé le port de détroit qui sépare Tllede la terre ferme.
Patare* et les eaux du Xanthus forment Les découpures du rivage engen-
méplate qui^agne toujours sur la mer. drent encore une autre baie profonde
Asii milles environ à Test, la baie deKa- à l'est de l'île de, Kakava; c'est la baie
laouki, le Phoenieus portus des HomaiaSt Andraki, non loin de laquelle est la ville
offie encore aux navires un mouillage de livra. Toute la plaine de iMyra est
BUSii «ain que tranquille; c'est comme form^ par les alluvioos d'une rivière
un hasâiu d'eau limpide au milieu d'une appelée Demeri.
nature vierge et austère. Une fois que La baie de f hinéca reçoit les eaux
le bâtiment est mouillé à Kalamaki, on de plnsieuis rivières, dont la plus consi*
perd de vueTenUrée, et les marins com- dérable est le Allaghir icliaï, qui ont
parent ce mouillage à une cuvette. formé un vaste dépôt alluvionnaire dont
Malheureusement Teau douce y mau- 1 âge ne parait pas tres-ancieu ; car dans

qMet il est d*autant moins fréquenté toute eelte plaine on ne trouve aueune
que ses rives ne sont que des monta- trace de ville antique. La ville de Limyn,
Knes abruptes et sont complètement in- qui est la plus voisine, est assise sur
Uabiiées. Un groupe de petites lies, les collines qui appartiennent aux peu-
Ici llet Tolo et Okendra,sont comme tes inférieures du Taurus.
la léte d'un petit archipel dont Tile de Le cap Cbélidonia, qui forme la
"Kasteliorizo est le centre. Cette der- pointe sua«est de la Lycie, est aussi la
nière est placée juste dans le méridien terre l;i plus avancée vers le sud en-;

du port Sevédo où fut la ville d'Auti- suite la côte tourne brusquement dans
pbdlus; le port Sévédo eieellent mouil- la direetion du nord. Elle est partout
lage est divise en deux parties par une de nature rocheuse, ne reçoit aucun
I.ii.une de terre ro< heuse; l'autre petite cours d'eau important et se prolonge
crit^ud porte le uom de port Vathy (pro- ainsi dans une longueur de quarante
foad ) ; elle n'est bonne que pour les millet . et forme la branche oeeidentaifli-
ksr4|iiea; on mouille au fond du port dttgolmd*Adalia« Une iuGnité depetitee
Sévedo par sept ou huit brasses. criques découpent cette côte, où flooi».-
La baie Uassar, qui suit celle de Sé- saient plusieurs villes anciennes.
védu, est ouverte aux vents du sud- La situation d'AdaUa marque le fond
euastet n*est intéresiaiite à aucun point du golfe de même nom formé parlaeélo
de vue. Il n'en est pas de même des* de la Parophylie. Toute cette terre.

Digitized by Google
24 LUNIVERS.
dans k)D||ueur de plus de quntre-
la côte reprend son aspect varié tantôt
vingls kilomètres, est formée parles al- rocheux, tantôt agreste; c'est la (iilicie
luvions de trois rivières donl les noms Trachée des Grecs. Les géographes
aDcieos sont le Catarrhactès, le Cestrus comptent toute cette plage comme fai-
et TEurymédon. Ici le travail des al- sant partie du golfe d Adalia. Jusqu'au
luvions se manifeste avec une puissance cap Anémour il n'y a pas un seul mouil-
dont le reste de id cote u offre pas lage sur tout le long de la côte; car ce-
d*eiemple. A part quelques collines de lui d'Alaya est ouvert au sud-ouest.
roche tendre et qui elles-mêmes sont Les bâtiments des indigènes, qui con-
composées d'une espèce de travertin, naissent bien ces parages, ont l'habi-
c'est-à-dire de formation d'eau douce, tude de mouiller eu pleme côte et tout
tout le territoire eomiiris entre AdaKa près du rivage ; ils se considèrent ainsi
et Sidé est formé de terrains de trans- comme à l'abri des vents du sud, qui
port. Les villes .inciennes qui peuplaient cependant donnent en plein dans le
cette contrée sont assises sur les con- âolfe; mais par suite de la proximité
treforts inférieurs du Taurus. Non- es montagnes qui forment comme un
seulement la côte gagne en étendue sur vaste écran, la côte, selon rexpressioo
la mer
qui la baigne, mais dons les pa- des marins, refuse le vent, et les plus
rages d' Adalla elle ga}2;ne aussi eu hau- fortes bourrasques du sud causent ra-
teur par la vertu incrustante des eaux rement des sinistres aux bàiimeuts
du Catarrhae^. Nous avons une preuve mouillés en pleine e6te. Nous avons
palpable des importantes mudifications même vu des bâtiments de guerre de la
que cette cote a subies par les témoi- marine égyptienne rester en station à
gnages des auteurs aucieus qui men- l'aucre a l'abri de ce mouillage précaire.
tionnent un grand lae, le lac Capria, au En jetant un coup d^œil sur la carte,
centre de la Pamphylie, et que nous u*a* on voit que la cdtesud de TAtie Mineure
vous plus retrouvé. Ceux qui comme est pour ainsi dire composée de deux
nous ont visite le pays dans ces dernières golfes, celui d'Adalia et celui de Tar-
années n'ont pu que constater la dis* sous, séparés par un large promontoire
parition de ce lae, qui a oertainement dont le cap Anemour forme la' pointe
été comblé par les alterrissemcuts. la plus avancée. Toute la partie est de
L'embouchure des fleuves s cst aussi ce promontoire est de nature rocheuse
sensiblemeut modifiée. Ces rivières de et forme par conséquent, par sa ren-
Pamphylie étaient pour la marine des contre avec les eaux de la mer, un cer-
(»recs comme autant d« ports où les tain nombre de petites criques, parmi
Hottes trouvaient uu .jbri, Aujourd'liui lesquelles le Lessan el Kalpé, petit cap
des barres formées par les sables n'en prot^é par uu ilot, l'Ilot l'ro\ençal
permettent Toccès mi*à de faibles bar- peut mériter le titre de véritable purt ;
ques, et encore dans la saison des hautes mais c*est le dernier de la côte ; car de-
eaux. puis ce point jusqu'au golfe d'Alexan-
On voit par le nombre inûni de drette nous retrouvons les plages allu-
mouillages, oe criques et dflots dont la vionnaires formées par les nombreux
G^te de l'ancienne Lycie est hérissée cours d'eau du Taurus, parmi lesquels
combien cette contrée était fn vnrnble à le Cydnus à Tarsous, le Sarus à Ada-
la piraterie. Des grottes nalurelle> creu- na, et le Pyramus à Ayas jouent le
. sées dans les rochers, une montagne principal rôle. Dans le premier siècle
Ipresque infranchissable qui descend de notre ère un témoignage non équi*
jusqu'à la côte étaient des retraites sûres voqiie d'un autour conlem[)orain atteste
pour le brigandage. La vue de ce pays que la ville de Tarsous était située près
explique commeut la puissance romiiuiu d un lac qui servait eu même temps de
a étéforcée de compter avec les pirates port et drarsenal (1). Aujourd'hui on
et quelquefois de capituler avec eux ne trouve plus vestige de ce lac.
avant d'en purger les mers. Le delta formé par les fleuves Sa-
Le fleuve Mêlas qui marquait la fron- rus et Pyramus change de jour en jour
tièiteorientale de la Pampliylie est aussi
la limite do pays de plaines. Au delà la (i) Stiab., Xiy,67e.

Digitized by Googlc
ASIE MINEURE. 16
1.1 plix'sionomie de la côte. Ce pliëno- obstruée par les soi les. Le vent de
ii en?' rlnit tellement appréciable du nier, qu'on appelle dans ce pays im-
Il mps inèiiie des Grecs qu'on prévoyait bat , pousse dans le golfe une' partie
dfiâ le jour où la mtrde Chypre serait des sables diarriés par les fleuves et
corollf c , Pt on prêtait h l'oracle la pré- contribue à son envasement. Aujour-
diction suivante: Un temps viendra où d'hui le mouillage d'Alexandrette est
la postérité verra le vaste et rapide le seul qui soit praticable pour les gros
PyramiB itteindre l*ne sacrée de Chypre navires.
à fbree de reculer la côte de la terre Les caps Karatasch, à Touest, et
ferme (I). On sait que les anciens Kanzir, à l'est, limitent les riva<;es du
etai«it fort prodigues de faits sem- golfed'Alexandrette ou de Scanderoun ;
blables , soit pour réunir, soit pour sé- il s avauce dans les terres dans une pro-

parer lés fies et les contiDents; mais fondeur d'environ 0^40', soit quinze
il n'eu est pos moins vrai que toute lieues selon la direction nord-est. La
celte contrée g.iïne à vue d'oeil sur la ville de Scanderoun est située sur la
ner, et les barres formées h l'embou- côte orientale» au sud d'une petite anse;
cbnra des fleuves engendrent ces étangs le mouillage est abrité des vents du
qui sont comblés à leur tour. large par les terres environnant es. Cest
Le Pyrarnus, .iprès avoir rlinrrié des au cap Kanzir que se termine le périple
monceaux Ue sable qui ont obstrué de l'Asie .Mineure; tout le reste du lit-
soo embouchure , a pris son cours plus toral appartient à la Syrie.
à Test et s'est creusé on nouveau lit qui Ce rapide coup d'œil jeté sur les
s'ou^Te près du cap Karatasch. Sur côtes de la presqu'île montre jusqu'à
toute cette côtelés navires ne sauraient quel point le profil de son littoral a été
trouver un mouillage, tant elle est hé- modifié non-seulement par les grands
tissée de bas-fonds sablonneux. phénomènes géologiques qui ont pré-
Wons devons dire aussi que le long cédé l'arrivée des premiers habitants,
de celte c<5te, et notamment au mouil- niais encore par l'efTet du travail des
lage de Mersyn, près de Tarsous, ce alluYîons. Depuis les époques histo-
qui a contribué le plosà gâter le mooil- riques, plusieurs lacs, des golfes, ont
Wffe,rV>t riiabitu<leséculairedesmarins été comblés par les terres amoncelées
qui viennentsur lest p iur faire des char- et sont devenus des terres habitables.
gemenU sur cette côte et qui jettent Un calcul a été fait duquel il resuite
for lest dans la mer. En effet, des que l'Asie Mineure, depuis l'époque de
sonda «r^ opérés par un marin firan- Strabon, s'e^t augmentée d*une surface
çais ont ramerif^ des pierres travaillées, égale à la moitié d'un département de
des briaues et une quantité de pro- la France. Il sera donc toujours im-
Mts bmrogènes qui prouvent que le portant pour ceux qui voudront s'oc-
fond sur cette côte n'est rien moins que cuper de questions de géographie an-
naturel. L^ancien lit du Pyramusest en cienne de tenir compte de ces modi-
,

communication avec un vaste étang fications.


BMrio de peu de profondeur j la nou-
Telle embouchure a déjà formé un CHAPITRE XL
delta considérnble, et les vents roodi-
fient à leur gré les sinuosités du rivage
JIONT TAUBU8.
en rassemblant tantôt le sable en col-
ines et co folaises, tantôt en formant Montagnes de la Lyciè,
des burres à fleur d*eau ou sous-ma-
nTn»s. La nouvelle embouehure du Py- Nous avons déjà exposé un des ca-
rarnus se trouve maintenant à l'ouest ractères qui distinguent la presqu'île
énap Karatasch, et par conséquent d'Asie des autres contrées de l'Europe ;
danc le golfe même d'Alexandrette. mais il en est un plus frappant encore,
f j baie d' \yas, qui fut autrefois un c'est le haut relief de ses terres qui
Moeiient mouillage, est maintenant surgissent du sein des mers romme une
oyramide tronquée dont le sommet
(i) Sirab.» Xn, U5. torme les plateaux intérienn. Cet htu-

Digitizea by
L*UN1V£RS.
tes terres ne Jamais à moins
s^afaaissent Iliabitant, qui, s*en rapportant seule*
de six ou huit cents mètres au-dessus ment au témoignage de ses yeux , voit de
des inerSf et forment, pour ainsi dire, grandes montagnes dans ce qui nVst en
le uiveau moyen de T Asie occidentale ; realité que les contreforts des terres éle*
eif l'Arménie et la Perse restent, dans vées du centre. Mais toutes ces monta-
leurs régions , à six cents mètres au* gnes secondaires ont en un nom qui se
dessus de la mer. rattache à des événements historiques ;
Il y a peu d'années que Tinvention leurs ondulations ont formé les limites
du baromètre portatif a permis aux de provinces et do royaumes ; elles sont
observateurs de mesurer avec une exac- done pour Tétude de hi presuu'ile aussi
titude suffisante l'altitude des contrées importantes à connaître sous le point de
qu'ils parcouraient, et les récits des vue historique que sous celui de la
premiers voya>;eurs furent accueillis géographie.
avec la plus grande incrédulité. Nous Du peu de mots que noua avoni dit
ne 6aurions croire, disait un rédacteur de la distribution des eaux sur cette
du Journal cies Sarnnfs, que la ville partie du continent on ne doit rien coor
d'Ërzéroum suit aussi élevée que le col dure de défavorable à la coutrée.
du petit Saint-Bernard. C'est pourtant L*ûioomparable beauté du diniat, la
ce qui a lieu, et les vérifications réité- richesse de la végétation feront toujours
rées des mêmes altitudes, si elles ne de ce pays une terre privilégiée où le
concordent pas à quelques mètres près travail intelligent de l'homme recevrait
offrent cependant un moyen de con- au centuple la récompense de sei
trôle suffisant pourqu*on puisse dès au- soins.
jourd'hui tracer le profil de toute celle Du côté du sud le plateau central de
partie du continent asiatique. On pour- l'Asie Mineure est soutenu par une
rait dire, non sans quelque apparence
de raison , que l*Asie mineure n
une contrée sillonnée par des chaînes
pas W ârande cbaiue qui suit les uuuulatioas

la
e la eéte et qui se prolonge dans tootn
longueur de la presqu'île. Cette
de montagnes mais qu'elle est à elle
, chaîne, appelée par les anciens Taurus, 1

seule une montaraie dont les chaînes du mot syrien Tor (montagne) est
ne sont que les dentelures. En effet, une de celles qui ont été le nueux étii- 1

ues de la mer, les côtes se présentent dîées par les géographes anciens; ili
comme une suite à peine interrompue en faisaient la base de tout le système
de montagnes rocheuses et abruptes; géographique de l'Asie.
vues du coté de la terre les sourcilleux
, Le uiout Taurus est comparé par
sommets ne sont plus que des collines, Ératosthène à un baudrier qui cou-
don! l'ascension est des plus faciles. fierait le continent en deux parties,
Cette manière d'envisager la contrée 'une septentrionale, l'autre méridionale.
n'est pas nouvelle; car le géographe Ces deux parties sont, reialivemeut aux
ÉratoKtbène estime la largeur de la Grecs, en deçà et au delà du Taurus , et
chaîne du Taunis égale à celle de toute la chaîne elle-même était regardée
la presqu'île (1). Les anciens avaient déjà comme la plus considérable de la terre
remarqué que la conséquence de cette habitée. Elle était considérée comme
eonfurmation n'était pas des plus heu- prenant naissance aux colounes d'Her-
reuses pour en (aire une région homo* cule, passant le détroit de Sicile , lon-
gène. Les eaux y sont trop dispersées, geant les exlrémit?'>s méridionales du
les rivières maigres et torrentueuses, Péloponnèse et de l'Altique, et s éten-
les terres en pentes trop rapides; de là dant jusqu'à Rhodes et au golfe dMssus.
ces immenses alluvions dont nous avons Du golfe d'Issus elle remonte vers le
tracé un tableau dans le chapitre pré- nord, va joindre la grande chaîne de 1

cédent. riinaiis dans l'Inde, et se prolonge jus- ,

Cette forme du relief des terres que qu'à la mer des Indes dans une lon-
révèle Tétode harométrique du conti- gueur de quarante-cinq mille stadea \

nent d*Asie échappe en grande partie à soit 88S myriamètres. Mais dans tout
ce parcours il change tant de fois de ^

(x) Slraboo, liv. XI, 490. nom qu'on a peine à reconnaître lu

Digitized by Google
ASIE MIMEURË. 99
mêm chaîne. Pline (1) ne lui en tions anciennes qui ont beaucoup plus
éoQue [*as inoins de vingt difterents, de précision. 1^ nom même du Taurus
p^rim i.6quelâ les plus cooous sooti'I- est aujourd'hui complètement oublié, et
Hf, le Paropamisus, le Fariadrèt, ebaque groupe porte uo nom partieu-
li Caucase. Strabon le divise en einq lier.
groupes parn)i lesquels il compte le
«oot Zagrosi de Perse. Ammieu Mar- CBAGUB.
ealiB et Paul Orose lui donnent cinq
Wêêêê qm diffèrent de ceux des aulMs
géoiErraphes. Ptolémée ne lui pu donne
pas moiQS de vingt-deux daus Teteudue A l'ouest de la vallée du Xanthus s'é-
de son parcours et Pomponius Mêla lève le massif gigantesque dei Akdagh,
dH sagemenl qoe les Graes afaieM . la Cragoa, qui domine toute la hyàê
rhilritude d'appeler es» montagnee les et dont la hauteur atteint 8,000 mètres.
flionts Cérauniens. Son sommet est presque toujours cou-
DqNlis que la f^éopraphie de ces con- vert de neige et ses rameaux s'étendent
tiéss est mieux étudiée ou a reconnu
, dans une direction diagonale selon le
^ot eette longue suite de montagnes nord-ouest et le sud-esL Au nord il
D^appartenait pas à la même chaîne ;
fait sa jonction avec le mont Cadmus
mais pour les anciens c'était toujours au moyen d'un plateau qui n'a pas
ItTaurus, c'est-a dire le pays monta- moins de (>00 mètres au-dessus du ni-
peux par eseeUettee, et sooi ee rap- veau de la mer. Il se relie, à Touest,
port ils étaient dans le mi. avec le mont Massicytus qui domine la
Pour le continent qui nous occupe, le baie de Telniissus ou de Macri et ses ,

Btooi Taurus prend naissance dans la aerotères méridionaux forment les caps
ywi Uwm de Lyele aa sud-ouest de TA- de Phinéea et de Ghéiidonitf.
lic^ c'est-à-dire dans le troupe de Cragus Pour bien èlasser ee groupe lyeien
dotmne la baie de Telinissus, et qui, d'après l'ancienne péojrnphie nous ,

de AM jours, porte le nom de Akdagh éprouvons une certaine liilUculte pré- ,

(la montagne Blanche ). Le mont Mas- cisément à cause des documents variés
mifÊm si*éiève à Tooest de eette monta* que nous ont laissés les géographes.
ne et fait partie intégrante du groupe. Ainsi Strabon (1), Pline (2) Senèque (3) .

Des vallées presque inextricables secroi- n'hésitent pas à placer le moni Chi-
MDt en tous sens dans ces hautes ré- mère dans le Cragus même et dans le
gieas; la plus longue et la mieux dessi- mont Solyme, qui en est proche.
née est celle du fleuve Xanthus que les D'après la description de Stralion, il
habitants aj)|)ellent Rodja tchaï, In maî- faudrait donner le nom de Cragus à
Iretse rivière. On sait combien, dans tout le massit qui est à Test du fleuve
SIS régions , les nomenclatures géogra- Xanthus, et toutes les autres monta-
phi(|ucs données par les habitants sont gnes qu*il nomme ne seraient que des
arbitraires et incertaines ; les montagnes différentes réj^ions du groupe principal.
rhaiicr>nl de nom presque dans chaque Toute la région qui est .i l'ouest du
diÂtrici; les fleuves dix fois dans leur Solfe de xMacri appartenait aux Ulio-
pareoiirs. Ce sont presque toujours des iens; c'est la région appelée Pensa et
MOOI inations prises de la couleur des qoe Seyitt appelie le paifs des ilAo-
roches ou des eaux : la montagne blan- aiens.
die , rouge , jaune ; aucun souvenir des La ville et le mont Dxdala appar-
Bona hiaconques n^est resté dans le tenaient aux RbodiensU); mais la mon*
pays ; et il n*est pas rare que les habi- tagne faisait partie de la Lycie, c*e8t-è*
tants d*un même village niaient plu- dire qu'elle est regardée comme appar»
sieurs nomspour désigner la même tenant au Taurus.
montagne. Aussi serait-ii a désirer que
les géographes européens eonservaa-
(i) Slrabuu,XlV, 665.
Mot autant que possible les dénomioa- (a) Pline, V,»7.
(3) Sciicque , ep. 79.
(0 V, S7. (4) Slnd)., XiV, 664.

Digitized by Google
« Après le monl Dsdala vient l'An- nom. On l'appelle aujourd'hui Taktalu
ti-Cragus, montagne eoupée à pic, puis (montagne des planches), parce qu'il y
lemont Cragus avec ses huit cimes et a une scierie pour débiter les bois.
une ville de même nom. C'est dans ces La région nord, dont les cimes s'éche-
montagnes que la fable place la Ciii* lonnent parallèlement à la mer, est le
mère, et Ton voit i peu de distance une mont Climax, qui descend jusqu'au ri-
vallée nommée Chimxra et dont Tou- vage. Lorsque du port d'Adaha on est
verture commence dès le rivage de la témoin du coucher du soleil derrière
mer (1). »» Cette description embrasse ces montagnes le spectacle est des plus
,

donc toute la larçeur de la Lvcie puis- majestueux. Chaque plan de montagne,


que nous sommes arrivés a la côte chaque aommet se oesatoe dans la va-
orientale. Strabon nomme en effet les fteur bleue , et l'on peut à loisir compter
îles chélidoniennes qui terminent cette es échelons du mont Climax qui se ,

côte ; ce qui ne Tempéche pas de mettre présente comme un escalier gigao»


dans la même région le mont Olympus tesque pour atteindre Jes hauteurs de
ou Pboenicos, et tout à fait au même la Lycie. Voilà selon nous le groupe qui
endroit le mont Solymn (2), près de doit porter les noms de Cra^us et d'An-
Phasélis, dont la pusiiion est bien con- ti-Cragus. Ce dernier était ainsi nommé-
nue, et toujours dans la même région le parce qu il se présentait d'abord aux
moDt Climax (échelle), qu'Alexandre navigateurs qui venaient de l'ouest
frnnchitave('difliculté,etdanscenombre Si nous reprenons les définitions des
nous devons encore trouver place pour auteurs grecs et latins, nous trouverons
le mont Massicy tus (3;, avec une ville qu'elles sont toutes d accord pour at-
du ménM nom. Pour faire concorder tribuer le Cragus k la Lycie et non
cette topographie avee Tétat du pays il la chaîne qui court plus rers Test.
est cinirque nous devons restreindre les Étienne de Byzance le désigne comme
différents groupes et les faire rentrer montagne de Lvcie qui prit son nom
Tun dans l'autre. Aussi TAnti Cragus d'un fils de Trémilus et de la nymphe
montagne qui 8*élève à Test du
est la Prasidice. il s*y trouvait des grottes
golfe de iMacri, et qui projette sept consacrées aux dieux champêtres. Sie[)h.
promontoires dans la mer; on donne }\yz. V. Cragus). Ovide (l)nomn»e ensem-
aujourd'hui à ce massif le nom turc ble le Cragus, les villes de Xanthus et
de Yedi booroun. Ce groupe est li- de Lymira, qui en étaient voisines.
mité à Test par la vallée du Xan- Pline '2) ne mentionne le Crapiis que
thus, Kodja Uîhaï. Le massif suivant roniiiic un promontoire mais il le met
;

qui est limité à Test par la courte et dans la Lycie près du n)onl IMassycitus.
abrupte vallée de Pbinéca, est le mont Une seule autorité a pu porter quel-
MassicytDS, aujourd'hui Ak dagh. Il ques géographes à sup|X)ser que le nom
comprend un certain nombre de som- de Cragus était donné à qiiohjuo chaîne
mets notamment le Sousousfiagh (mon- de la Cilicie ; c'est la mention faite par
tagne sans eau); ensuite vient lu So- Ptolémée de la d'Antiochia ad
ville
lyma mons appelé tantôt Almaludagh Cragum qui appartenait à la Cilicie ; ce
du nom de la ville voisine, tantôt iSl- qui e.st confirmé parles médailles. Mais
lynizda^îh (montagne solitaire). Strabon donne explication de cette
1

Le versant oriental du mont Solyma difficulté (3) en mentionnant sur la côte


donne naissance à la vallée d*Alaghir de Cilicie un écueil qui avait aussi le
tchaï , qui forme la limite entre la côte nom de Cragus. « Puis Cragus, rocher
orientale et le dernier groupe: enfin la (Petra) voisin delà nier, escarpé de tous
bande moutagiieuse comprise entre côtes. M On voit que ce n'est pas le nom
cette vallée et la mer est divisée en deux d*une montagne. Selon Boclijart le nom
par cap Avova. La région sud est
le de Cragus serait, comme celui de Tau-
le mont Olympus avec la ville du môme ros, d'origine sémitique, et viendraitdu

(0 StralK)n,X.lV, p. 665. (i) J/cVam., IX, 645.


(a) Ibid.. 666. ù) V. 2^.
(5)Flin., 0) Sinb., XIT, 669.

Digitized by Google
ASi£ MIIŒURE 99

BK>t Crac, qui en langiM qrriaqoe li- forme des montagnes et des vallées.
goifip une roche. Ce sont ces roches orisées et entraînées
Tout le massif lycien est composé de dans les bas fonds par la fonte des
ttàm^ se npporlmt à rice du eal* neiges qui ont formé par la suite des
tà» alpin, c*Mt-iNlire de formatioii siècles ces grandes ooliines de brèches
et de conglomérats qui composent pres-
Ij base des montagnes qui entourent que toute la ceinture de la Lycie. Nous
le golte de Telmissus est une brèche avons déjà dit quelques mots de ce
cÉeiin tendre dins laquelle on a pu mouvement insensible des ritages ma*
fnlefflent creuser les monuments dont nifesté par l'exliaussement ou l'enfon-
nous parlerons dans la suite. Ce genre cement des monuments antiques on ;

de conglomérat forme des montagnes le reconnaît dans presque tout le pour-


«lièifs dans tout le pourtour de la tour de la Lyde. Le port de Gaunas
Lvcif La masse des montagnes , même
. est aujourd'hui convertien un lac d'eau
des plus élevées est d'une formation douce qui s'épanche dans la mer, et
crttacee; c'est un calcaire blanc com- les antiques constructions de la ville
peie foorent marneux et dont l'âge •ont à trois kilomètres du rivage; leur
est déterminé par la présence de fossiles nifeauaetuel indique un exhaussement
de cftte époque ; maiscénéralement ces successif du sol. Déjà dans l'antiquité
fossiles sont tres-rares sur In côte de le territoire de Caunus passait pour
Lyeie; on rencontre seulement une for- malsain. Strabon parle du teint hâve
Slioo asseï poissante de nummulites et maladif de ses habitants et rappelle
« MportTristomo, à file de Kakava. le mot d'un plaisant qui disait on
:

Le ealcaire qui compose la plus ne saurait appeler malsain un endroit


grande partie des montagnes de la Lycie où les morts mêmes marchent (i).
ot Uaoe de lait, sonore, très-&eue i L'ensemble du massif lyeien parait être
IniJI u et a tous les caractères d'une eontempoiaîn de la formation crétacée,
iMbe métamorphique; c'est une question qui se reconnaît dans toutes les îles de
fK les geolosues auront à décider. Il rarcliipel et sur la côte du Pélopon-
sn raaarquable en ce qu'il présente nèse. Il y a donc peu d'espoir d'y trou-
dans sa eontsitiire des sortes d'excava- ver des dépôts métalliques, et, en effet,
l»ooi qui ont souvent la forme de Ioiiîîs jamais il n'en a été fait ment on dans
tabès; d'autres fois de géodes remplies la contrée. Plus au nord daus la pro-
de taille rouge. vince de Cibyratis les habitants étaient
La fiilée
du XinHiut , toute d*allu* rsBommés par leur babileté à tratail*
^'m présente sur ses flancs quelques
, 1er le fer ; mais il ne paraît pas que
l>^cs de grès vert, et surtout des ces mines aient jamais été très-consi-
dépôts douce ; la vallée de Myra
d'eau dérables ; elles sont aujourd'hui com-
Ullte mime époque séologique, et plètement ignorées ou épuisées.
ses monuments sont taillés dans
une
f^ lie blanche compacte et d'un travail
TAUmUS DB PAMPHYLIB BT DB CI-
t'est l'abondance des roches LICIB.
crioiitt qui a porté le peuple de la
Lvcie à pratiquer un art oans lequel il Toute la cdte orientale de la Lycie,
a eicellé a l'égal des Perses, l'art de qui se termine au cap Chélidonia par
tiiller les monuments dans le roc. cinq petites îles (|u'on appelait les îles
Toutes ces montagnes sont encore Chelidonieunes ;des hyroudelles) forme,
ioanrbui eonvertes d'épaisses fo- eomroe nous l'avons dit, une eréte mon-
et rien ne saurait peindre la beauté tagneuse qui se dirige au nord. Elle
de cfs vallées inextricables au fond des- auitte le nord de la mer et remonte
î^elies roulent les eaux des torrents; ans les terres en laissant sur la cdte
Hi la natuie tendre de leur forma- la grande plaine d'Adalia.
tioo et surtout les lits de marne qui Ga massif montagneux dans lequel se
sont lulprcalt'S dans les bancs pins so-
trouvaient plusieurs villes aoeienDCS te
jjd« lont des causes incessantes d e-
Mements qui changent peu a peu la (i) SU«bon, XIV, 65i.

Digitized by Google
so L'UNIVKRS
nomme Sousoas dagh ; on lui donnait du Taurus qui la limite au nord prend
autrefois le nom de Sagniassus. I/épais- eneftet un aspect plus sauvage et plus
seur de ce massif est d'euviron quarante alpestre que dans la région de l'ouest.
kilomètres; il forme le contrefort méri- Sa largeur est aussi plus considérable ;
dional du lac d'Kgdir el s'ouvre pour il constitue presque en entier le sol de

laisser passer les eaux de la rivière Dou- la province de Pisidie; mais pour l'a-
den ; une des passes se trouve au sud nalyse géographique sommaire que
d'AglMoun (Sagaisssus); e*6it randanne nous finsons, nous sommes eontraiot
pa89ede Termessus qu'Alexandre a en- de nous en rapporter uniquement ^tix
levée nvee peine. Le caractère de ces noms anciens ; car les noms modernes
montagnes se présente de la même ma- ne sont que confusion.
nière dans tout le paremm de la eôte. Dès que le Taurus a donné passage
Du côté du sud, ce sont de hautes cimes au fleure Mêlas, il se rapproche de la
qui s'élèvent de quinze cents à deux mer et constitue pendant ime lonjerueur
mille mètres au-dessus de la mer. Vues de près de cent cinquante kilomètres
du côté du nord, ce ne sont plus que le rivage même de la mer, dans laquelle
des collines, tant le plateau intérieur il rient plonger en erandea ftlaiMa
coriservedabanteur, de buitèneufeents abruptes. Il est impossible de joùir d*un
mètres. spectacle plus grandiose et plus saisis-
sant lorsqu'on navigue en rao^éant les
CHAPITRE XII. terrsada la DKde. Le point culminent
MONTAGNES DE LA PAMPBYLIB de cette Cbatue est la montagne que
Ton nomme aujourd'hui Gœukdagli (la
BT DB LA GILIGIB.
montagne céleste ) (1) et représente à
A la plaine d'Adalin commence la ré- n'en pas douter le mont Aodriclus
gion de Pamphylie , qui est bofd^ au (onw jMrktoi) la seule monta^oe
nord par la ebatne du Taoros, dans que nomme Strabon dans ces parages.
lequel s'ouvre un autre passante qui don- Le Gœukdagh est de nature calcaire
nait accès dans la Pisidie ; tout ce mas- comme tout le reste de la chaîne. Des
sif porte aujourd'hui le nom de Des- les premiers Jours de décembre, ses
poîras da^li. 11 s'étend jusqu'aux laes sommets se couvrent déneige.
d'Kî;dir et de Beychéri. Des pics nom- fictive Selinus nous donne un re-
breux et d'une élévation considérable père pourdéterminer le rocher duCragus
dominent le parcours de la chaîne et place à l'ouest du cap Anemour. Nous
formetil on dédale de tallées <|nl oons* avons déjà fait observer (2) que ce nom
tltuaienl la province sauvage de Pisi- de Cragus était tout h fait local et n'ap-
die les eaux de ce.s montagnes se dé-
; partenait pas à une chaîne c'est donc ;

versent dans la Méditerranée par trois mtroduire une grave erreur en géogra-
ri* ières principales qui sont le Cesirus, phie que d'appliquer le nom de GragvS'à
Acsou , l'Eurymédon, le Keaprisou et cette partie du Taurus; il n'y a rien d'é-
le Mêlas Manafgatsou. tonnant du reste de retrouver le ni^nnp
Apres la Despoïrasdagh, la montagne nom appliqué à deux localités ditte-
prend le nom de Baoulo et se rap- rentes; il y a en Asie une auantilé <de
proche de la odte ters son extrémité fleuves Lycns, plusieurs Mélns et non
orientale; une autre chaîne, celle du moins d'Olympe. \je rocher d'Anemu-
BouzbouroundnfïlK court parallèlcnient rium, qu'on appelle encore aujourd'hui
à la première.Au nord, Jusqu'aux plai- Anemour, est le point le plus saillant
nes de KoDleh, sont plusieurs massila, de la côte tant en hauteur qu'en lati-
et notamment le Karadagh, près de tude c'est le point où le continent ae
;

Karaman, qui appartiennent au Tau- rapproche le plus de Chypre (3).


rus topographiquement , mais qui eu Le fleuve Caiycadnus, qu'on appelle
diffèrent eooime formation ; ear sont œ
des montagnes volcaniques. Cest au (i) Gttuk tmit dire littéralement bleu cé-
fleuve Mêlas ou Manafgat que les an- leste.
ciens faisaient commencer la Cilicie (a) Voy. plushanf, p. ^8, col. 9.
Trachée c'est-à-dire rocheuse. Lachahie (3>Slrab., XIV, 669.

Digitizod by Gû*..wtL
ASIE UUNEUaB II

i4Qwd*hDi Sélefké tefaai , «si eoeore Aprèi avoir amladé ce défilé, on


repère pour reconnaître quelques arrive sur un plateau d'où partent en
détailsde la région montagneuse; c'est diverses directions des vallées qui con-
à Test de cette rivière que se trouvait duisent au nord, à Test et à l'ouest. De
limbe nommée Pœcile avec tmenNite notre temps c*étalt Samonr-bey, dévoué
des échelles taillée dans le roc pour à Méhémet-Ali, qui occupait ce Yaëla,
alIfTde la côie à Séleucie. Ici Stra- c'est-à-direque le pacha d'Égypte était
boa emploie eoeore le mot peira pour de maître de l'Asie Mineure. D'é-
fait
dtufBDer ce rocher, comme il l*a fiit paisses forêts d*cisenees d'arbres verts
Bour le rocher Cragus de Cilide. Pour et des cèdres couvrent ces montagnes,
le mont Andriclus qui selnn nous forme et la nature des roches prouve qu'elles
b frontière septentionale de la Glicie, appartiennent à une formation bien an-
le jçéographe grec emploie le mot oros térieure à celle du Taurus; le sommet
qai s'appuque aox chaînes aussi bien offre de nombreux fossilei qui ne se
qu'aux montacnes isolées. Il y n dans rencontrent que dans les couches infé-
Strabon une sorte de fonfusiou dans la rieures du terrain secondaire; le pied
oomeoclaiure des montagnes de cette de ces montagnes est* couvert par des
cdie. AfMrès avoir Irit porcoarir à son formationa pk» réeantai, et nous y
IrTteur foutes les côtes et les montaçies avons recueuli une espèce d*huttre, la
delà Cilicie, il Aux extrémités
«njoute « plus grande espèce connue et qui n*a
,

du Taurus est le mont Olympus... pas encore reçu de nom des géologues ;
d*oà Ton
voit toute la Lycie, la Pam- elle a plus de einquante centimètres de
phylie et la Pisidie, et qui servit de re- longueur (1). Le versant oriental de
traite au pirate Zineticns(l ». Il est clair
) ces montagnes donne passage au fleuve
que c'est la même montaj^ne qu'il a Sarus, qui coule au milieu des forêts
mentionnée en Lycie (2) ; il était hors de cèdres. Ici les habitants divisent les
de propos d*en parler ici. montagnes en deux groupes, l'un appelé
11 nous reste à placer unp cliaîne ci- Runik Pliyrat (le ^rand Pliyrat) et
licienBe appartenant au Taurus et dont l'autre Kutehuk F^hyrat. Ces deux mon-
5/raboo n a pas parié, c'est le mont Im> tagnes sont calcaires et séparent le bas-
Itrus, que Pline indique au nord de sin du San» de celui du Pyramus.
Séleucie (3) ; ce serait alors Tancienne Ici rAntivTkliros remonte au nord pour
dénomination de toute cette partie du former un des contreforts de la vallée
Taurus qui confine à la Cilicie cham» où coule 1 Euphrate, qu'on appelle aussi
pilK jusqu'à la chaîne qu*on appelait Phyrat tehaî. Ces montagnes ont été
Anti-Taurus, et qui commence au delà longtemps au pouvoir des prinees chré-
du fleuve Pyramus. tiens, et les ruines de nombreux châ-
Cesi daiis ia région orientale de teaux du moyen fige, attestent que ces
rimbarus ou du Taurus de Cilicie passages étaient vigoureusement dé-
que ae trouvent les célèbres portes nndus. Id la largeur do Taurus, selon
alidenn^ npp«^lép.s atijourd'hui Kulek Pline (2), est de douze mille pas. Pen»
Bofhaz (le délilc du moucheron ). On ne dant qu'il traverse le Taurus, l'Eu-
saurait se faire une idée de la contu- i)lirate perdait son nom pour prendre
fliou de montai^es qui existent en cet e nom d*Ommas. Après avoir franchi
«Bdroit, tantôt des précisées qu'il faut les rapidos de la montagne, il reprend
tourner en longeant des corniches de son nom d'Euphrate (3^ T/Anti-Tau-
rochers glissants, tantôt des pentes si rus ou grand Phyrat a abandonné la
nfiâeê q^on ne saurait les franchir à direction de Pouest à Pest pour pren?
cheval si le chemin n*eût été rendu dre celle du nord. Ici nous retrouvons
praticable en couvrant le rocher avec dans sacontexture les m^mes boulever-
des troncs d'arbres qui forment une sements, on pourrait dire les mêmes
c^>èee d'escaJier.

(1) Pluiienrs échantillei» loot dépoiéi


(i) SirA^ XTV, 67s. dans tes galeries du Jardio dci plsnlas.
(i) UV, 666. (a) I.iv. V, ch. 94.
(J)Uf. r,cb, a7- (3) Pline, M.
LTJNIVEBS.
abmlioiit que dans la branche paral- MORT AMAllOa BT MONT ftHOflUt
lèle à la mer; mais la formation des bbilah dagb.
montagnes est des plus variées et très-
difDcile à définir ce n'est plus le cal-
: La chanie de montagnes qui borne
caire alpin dont Tâge est bien connu à Test le golfe d'Alexaudrette se com-
été géologues, c'est un mélange de poae du mont Rhosus et du mont
schistes, (f argiles de diverses époques Amanus, connu aujourd'hui sous le nom
et de roches qui iip sont pas encore de Beïlan dagh. Cette (•h;)îne court
étudiées; mais nulle oart ou ne voit ap- dans la direction du sud au nord ; elle
parafera le granit ni lea roehera à baâe forme avec le Taurus un angle aigu
de feldspath; les terrains volcaniques dans lequel s*enfonoe le golfe d Alesan-
y sont très-peu étendus; ce sont les drette.
schistes irises et des roches d*ua noir Le mont Rhosus occupe la partie
de jais qui an prjBmIer aspect ont méridionale de la chaîne. La hauteur ne
Tapparence de houille ; mais hélas on dépasse pas dix-huit cents mètres. Il se
est Dieu vile df^lroinpé. L'Anli-Taurus termine au sud par un fîrnnd promon-
après avoir forme comme une barrière toire qui est marque sur les cartes sous
le nom de Raz el kanzyr ( le cap du
aue TEuphrate franchit en écumant
epuis la latitude de Malatia jusqu'à Cochon ) ; entre TAmanus et le Rhosus,
celle de Bir ou de Biradjik, l'Anti-Tau- il y a une dépression qui donne accès
rus file sur la rive droite du fleuve dans l'intérieur; la ville de BeïKin e>l
Kur aller montagnes de
regagner les située à l'entrée de ce delile qui était
,

Lrménie. Atora de notre


il n*est plus connu sous le nom du passage de TA-
domaine. Nous pouvons donr résumer manns.
ainsi les diverses branches de cette La chaîne du Rhosus s'étend jusqu' i

longue chaîne. la latitude de la \ille de Skanderuuu la ;

se trouve un autre passage qu'on ap-


CHaIrB du TAOEDS. pelle aujourd'hui Beli Boghaz.
Ce mot ll'li, se trouve assez
fréqiieaunent dans les nums de lieux
!«' Cron^ Craguê, comprenmU :
dau-s CCS régions signilie beau, joli i il
,

Anti-Cragus, Yedi Booroun dagh, est tretjueinmeot employé dans la eon*


Massicytus, Ak dagh, ersation pour dire tr es-bien.
Solyma Bey dagh
, Poursuivre l'opininn des tiéogrnplies
Climax-Chimxra , Tactalu dagh. anciens qui ont duniic des muntagnes
d*Asie une description plus méthodique,
3* Croupe Tawve ptmphffUeH : nous devons rattacher au système du
Pas deTermessns, Taurus une grande partie dii plateau et
Sousous daghf des moulagncs de la (';i[)[)a(luce, c"esl-a-
Sa^ialassus dire les monts Kara dagli ()ui s'clevent
Agiasouu dagh, Baoulo. le long du revers septentrional du
Taurus, dans les reliions delà ville de
Z* Groupe Andriclus de la CUicie Karaman el les niunla^ues de la IMsidie
Trachée. et quelques-unes de celles de la Carie,
notamment le mont Cadmus qu'on ap-
Kara dagh
pelle aujourd'hui Baba dagh.
Despoïras dagh.
Il en serait de même du plus grand
4* Croupe Imbnrm de CUicie cham- et du plus célèbre volcan de l'Asie Mi-
pêtre. rival de TArarat ; en un mot
neure , du
du mont Argée qui domine la ville de
Ala dagh Césaréc de Cappadoce; mais en don-
Kulek boghaz. nant une description abstraite de ces
5' Groupe AtUi- Taurus. montagnes et surtout avec les noms
modernes qui, comme nous Tavons déjà
Buyuk Phvrat, dit,sont si variables, nous ne présente-
Kutcliuk Phyrat. rions au lecteur que des idées confuses

Digitized by Google
ASIE MmEUaE. 33

oa insaisissables , il est préférable de I/Hermus» qui descend des plateaux


donner la description de ces groupes de la Phrygie, apporte à la mer de
isolés avec celle des provinces dont Smyrne le tribut des eaux des monta-
ils font ptrtie. Now noiif bornerooi, gnes du nord.
d.ins ri>t aperçu orograpiiique « à donner Pour suivre selon leur position la
une idée des grandes chaînes dont la description de ces fnontagnes, nous
position et la dénomination sont bien continuerons de remonter du sud au
adoriws et eonstatées, et qui fervent i nord depuis les versants du Taums.
déterminer les limites des provinces. La Lycie, dont le groupe montagneux
Le mont Taurus, à ce point de vue, doit est si remarquable , forme comme le
fixer d'abord l'attention de tous ceux coin sud-ouest de la presqu'île. Nous
qui veulent se rendre compte de la géo- avons dit, d'après l'autorité des anciens
graphie de la presqo*tle d'Asie, puis- géographes, que tout oe qui était à l'oc-
qu'il sert de base à cette grande divi- cident de ce groupe n'appartenait pas
sioini'Asie au del.i du Taurus et d'Asie au Taurus. Cette division pouvait être
en deçà du iaurus qui a ete admise considérée comme arbitraire; car les
dans tout le eoun de rantiquité. ramifications de cette grànde ébahie se
se prolongent vers le nord eV forment
caiAPiTa£ xui. plusieurs bassins lacustres. Mais la
division politique de la presqu'île de-
CHAÎNES DE L'INTÉBIEUB. mandait ce partage pour conserver les
régions distineteff cTAsie en deçà du
n
est iropoftant de faire remarquer Taurus et d'Asie au delà du Taurus (1).
eombten les anciens ont cherché à
mettre de méthode dans la déûnition MONT PHQENIX.
éea nHHita$;nes qui sillonnent la près-
(^uHe de l'Asie Mineure; et mal|;ré La contrée qui s'étend à
l'ouest du
\ extrême difficulté de classer ces golfe de .Macri appartenait à la Carie;
chaînes qui se coupent en divers sens, mais comme elle avait été longtemps
ili ont iài&i la physionomie de la con- la propriété des Rhodiens, elle conser-
ftée Mssi bien que ponrraieDt le ftire vait le nom de Peraea et finissait au
les géographes modernes ; il fout àiiie mont Phœnix. L'étude de cette der-
la part des difficultés qui se présen- nière montagne exigerait de plus longs
taienteo foule par faute d'instruments dévéloppements que ceux que nous
de précision, la boussole et le baro- pouvons y consacrer dans ce tableau
èlie. On recounatt dans le tableau sommaire. Elle domine un des plus re-
eco^raphique de l'Asie Mineure trois marauables golfes de la côte, le golfe
irrandes chaînes principales et qui sont de >iarmarice ou Phiscus (2). Aujour-
a peu près parallèles entre elles dans d'hui elle est sans nom local. Au som-
Il direetioa de l'est à Toaest, aa sud le met on reconnaît encore les vestiges
Tnrus qui est le contrefort sud du pla- du célèbre fort dont les défenseurs ont
tpîiu central, au nord le mont Ida et résisté jusqu'à la mort aux attaques
au centre le mont Tmolus. Deux chaînes d'Alexaudre.
, Mes-
le Sipylus et le La variété des marbres prédenx dont
jis, ont moins d'importance, mais se composent différentes parties de
viennent toutes deux s'amortir au pla- cette montagne lui a valu le nom
teau central de laPhr^pie et en for- qu'elle porte aujourd'hui. Le fort Phœ-
it comme les contrêiorts occiden- nix est situé siu" un mamelon, à 1,200
mètres environ au-dessus de la mer, et
Cette formation, qui au premier est dominé par un pic beaucoup plus
abord ferait concevoir l'existence de élevé. Le golfe, dont la forme est un
longues vallées transversales, est inter- triangle amort aux angles forme comme
rompue par des ramifications qui s'é- le centre de nombreuses fallées qol
tendent en diverses directions et ne
laissent passage qu'à deux grands cours (i) Sirah., XIV, 65i.
d'fsu. Je Méandre et le Caystre. (a) Sinb., m,
VUvratnm, (Asie Mirbuab )t , II. t

Digitized by Google
84 L*IQiI?BRS«

viennent en rayonnant se réunir près- iks pays très-accidentes où se trou-


Îue en on point central du golfo. aieot let Tilles de Stmoaieée, Mylasa,
Jne presqu*1ie rocheuse de calcaire Jassus, Halicamasse et Cnide. Toute
blanc sert d'assiette à la petite ville de cette contrée est d'une richesse in-
Maniiarice. On pourrait dire que ce sou- croyable en carrières de marbre blanc et
lèvement est d'une date presque his- veiné. La montagne .sur laquelle est
torique; car au sommet des roches, à bitie Jassus est d'un marbre de mé-
plus de dix mètres au-dessus de la mer, diocre qualité, avei' des bancs schisteux
on trouve le rocher percé par les pho- qui se débitent en tablettes. .Mais les
lades, el nous avons encore trouvé des murs de ia ville sont du plus beau
eoquillesen place. Ce fait doit se ratta- marbre blanc, tiré des environs; Ne
cher au mouvement extraordinaire que temple d* Apollon est ég^ement de
nous signalons sur toute la côte de marbre blanc. Nous parlerons de la ri-
Lycie, iiiouveni* nt d'ascension d'une chesse des monuments de Cnide. Toutes
part el d'abaisseuit ut de l'autre, qui mé- ces carrières sont loin d'être connues;
rite une sérieuse attention de la part d'autres générations y puiseront des
des géologues et qui doit ouvrir des matériaux pour les mofiuments de l'a-
points de vue nouveaux sur la physique venir. Strabon n'oublie pas de mention-
du globe. ner ces carrières (I) : « Mylasa esl située
Cette presqu'île rocheuse est entourée dans une plaine trè8*ftrtile ; die est do*
f)ar
une grande plaine d*alluvion sur minée par une montsgno où il y a une
aquelie j^'elevent trois îlots de roche. carrière de fort bem marbre blanc. »

Il est clair qu'à une certaine époque Les niontagnes qui dominent Hali-
toute cette plaine Taisait partie du camasse s'abaissent dans ia mer eu
solfe et que les alluvions apportées par formant plusieun caps, parmi lesquels il
deux petites rivières ont oonsblé la partie hnt remarquer je cap Triopxum où
haute. était située Cnide. Ici la roche est com-
Une autre singularité à signaler, c'est posée d'un poudiugue calcaire dans un
rentrée du golfe même, qui est barrée ciment sablonneux rougeâtre, qui n'est
par une grande tle , et a cauche les propra à aucun emploi.
montagnes viennent se profiler de ma- On pourrait considérer ce pays mon-
nière a cacher complètement l'entrée tagneux comme un des contreforts sep-
du c.iual. A droite, c'est-à-dire à l'est, il tentrionaux du Taurus qui se rattache
semble qu'il y a une passe ouverte dans au mont Cadmus, le Baba dagh d'au-
laquelle le navire n'a qu'à se lancer; jourd'hui, qui s'élève à 1,850 mètres au-
mais c'est là qu'est le danger pour ceux dessus du niveau de l:i mer. Cette mon-
qui ignorent ces lieux ; car une barre tagne, composée de calcaire, tantôt
de sable ferme tout à Ceiit ce passage. compacte, tantôt marneux, pourrait ap-
11 faut donc pour entrer dans la baie de partenir aux terraiosde Tâ^ de laeraie
Mnrrnarice louvoyer entri la grnnflc et du calcaire compnct© qui compose le
Ile et rîlot (1) et toujours ranger la cote Taurus et la plupart des îles de I archi-
ouest. La constitution géologique de ces pel. Ses ramilicatious s'étendent vers le
montagnes paratt d'une époque anté- sud, oà nous avons frmcbi on ool au sud
rieure a celle du mont Taurus. On y delà villede Denizly quiest à 1277 0.
reconnaît des innrhres saccliaroïdes de de hauteur alxsolue.
différentes couleurs, des serpentines en Le versant nord du Baba dagh donne
couches assez puissantes 0t deiioebes naissance au Lycus et nous transporte
ealcaires avee des pénétrations d'autres dans les plaines du Méandre. Mais
roches siliceuses dont nous De aanrions nous avons encore à étudier deux chaînes
déterminer l'âge. qui forment le liane méridional de cette
Le revers septentrional du mont vallée, le mont Latinus et le mont
Pbœnix se rattache aux montagnes de Grius (3).
la Carie, ne constituent pas de
tjiii

ehatoes trés-élevées, mais qui ferment (i) XIV, 658.


(a) SCrtb,^ JIW, 636,
i^i) Voir lu cai te.

Digitized by Google
ASIE MIKEURE.
inait du
autrefois la rive occidentale
golfe de ou
AlUet. Cest te mont Grtus
Il etetae du Litnus eoimnence à Ghazokleadagh, dont les sommets ma-
m ëèll^her dmuement du Baba dagh melonnés sont couverts d^me épaisse

(Père des montagnes) et so diiue forêt.La chaîne du Grius est aussi coiu-
ffrs l'ou. st en donnant, par diverses posée de schistes micacés et de gneiss,
deprtssioiis qui paraissent tout à fait qui la plaeent dans le cadre de la for-
te vallées d*ér08lon, passage à plu- mation primitive. Celte chôme s étend
fleurs petits affluents du Méandre, jusqu'à Mendelia (Kuroinus) (I). l.lle
Dotamni^-nt la Tchina et l'Arpas linit par s élargir vers le sud et forme

idiai. ioute la composition de cette entre Kuromus et Mylasa au rempart


noBtagoe Mt
d^un scbisie micacé qui dans lequel sont des carrières de marbre
ms annonee des terrains très-auciens cristallin.
ctde première formation. La montagne Le Me:uiclre, qui fornie la limite entre ,

de \rpas, qui son nom de l'an-


tire l'Iouie et la Carie, coule de Test, a l'ouest
cienue ville de Harpasa, forme un des devant la chaîne du Latmus. Le versant
m
wnHe ent» principaux de la montafpie, septentrional de la vallée est forme par
qui continue de filer vers Tniiest en pré- une chaîne lonfîue et continue que les
sentant des sommets peu accidenlcs ; anciens appelaient le mont Mtssogis
enbn elle se termine par le massif de (iWwo^^ÎA ); or pour une oreille grecqtje
Bcdi pannakdagh ( les Cinq*DoigtS ), ce nom peut signifier le milieu de la
qui est Tancien et le célèbre Latmus, terre, comme s'il divisait la région en
4oot la mer baillait jadis la Toute
hase. deux parties égales,
eette montaiioe est granitique ou for-
mée de roches à base de feldspath; mokt HSSSOeiS.
ifcst donc une des plus andennes for-
roalions de la contrée, contemporaine Le mont Messoiiis, que Ton nomme
in mont Tinolus, et qui vit autour aujourd'hui Kestenous dagh (la mouta-
dTette surgir toutes les montagnes que gne des Châtaigniers), s'étend dans une
MMs avons visitées, AujnvnThui, longueur de pins de vingt myriamètres,
comme nous Tavons déjà dit, Is pic du depuis le plateau de la Phrv^ie où était
ont Latmus se baigne dans un lîic située Célœnae, aujourd'hui Dinaire,
marécai^eux qu'on appelle Oufa-Bafi , jusqu'à la mer, où il vjeut s'amortir en
dont les eaux jadis marines , adou- l'ormaut le groupe du Mj^cale. Du cété
des par lee pluies, ne sont plus <fne du sud, le mont Messogis se présente
.

nsmâtres. Un curieux, c'est


fait nssez gous un aspect verdoyant et fertile. Les
que ce lac contient des mulets et nu- sommets sont arrondis et plusieurs val-
très poissons de mer qui furent enfer- lées s'ouvrent pour donner cours a de
més loranoe le Méandre eut boaebé petites rivières qui viennent se jeter
rentrée an golfis et qui s*y sont per- dans le Méandre. La formation du
pétuës. Messogis diffère complètement de la
Le mont Latmus est entouré d'une chaîne du Latmus, qui lui fait face au
ceinture de forets qui sont célèbres 8ud. La majeure partie du groupe de
^ÊffM la fable.On y montrait dans une Kestenous est composée de cailloux
grotte voisine d'un ruisseau le tombeau roulés et de terrains d'alluvion charriés
d'F.ndvmlon. Le somtnet de la mon- sans doute par le Méandre à une époque
tagne," complètement dépouille de ver- très-reculee. Ces terrains sont d'une
dure, se cornposede eloq pilons grani- fertilité sans égale et étaient dans l'an-
tlifiies qui lui ont valu son nom de mon- tiquité peuplé» de villes nombreuses.
X-'znf des Ciiiq-Doicts C'estunedés plus Le Messoiiis du côté de l'est offre une
élevées de la chaîne mais si onen juge
; l assez, faible élévation, parce que la val-
par la fonte rapide des neiges au prin- lée du Méandre s'élève insensiblement
temps, son altitude ne doit pss dépssser jusqu'au plateau de la Phrygie.
quinze cents mètres.
De l'autre côté du lac court une
chaine d'un ordre secondaire et qui for- (i) Sirabou, XiV, 635.
cupent les pentes est Tralles, aujour- le Lethaeus, qui coulait à Magnésie, et
d'hui Aîdiu qui est à l'entrée d'une val- TEudou, qui coulait à Tralles.
lée profonde, coupant la montagne daDt Une branche occidentale du mont
1:1 direction du nord au sud. Eusuite Messogis se détache dans la direction
vient la région fertile qu'on ap[)elle le du nord et donne naissance à la chaîne
marché aux Ggues , ft'osly bazar. C'est du mont Factyas, qui contient les cbalnes
cette province qui fournit Mt figues con- secondaires, le mont Priou et le moût
'
nues sous le nom de figues de Smyrne. La Thorax (1).
beauté du pays a bien sa contre-partie mont Pactyas est la chaîne que
dans les affreux tremblements de terre l'on franchit pour aller de Smyrne à
^ui ont ravagé la contrée à différentes Ëphèse c'est sur le versant nord de cette
;

époques. Pourtant dans ces régions on montagne que l'on trouve les raines de
n'observe aucune trace de terrains vol- Métropolis.
caniques. Le mont Messogis vient s'a-
mortir à la côte en formant une mon- MONT PAXON.
tagne élefée et arrondie; ^est le mont
Myeà\e,n célèbre dans Tantiquité. On La chaîne du mont Prion court pa»
l'appelle aujourd'hui Samsoun dagh; rallèlement au mont P.ictyas et forme
cVst aussi le nom du reste de la chaine la côte méridionale de l'ancien golfe
qui descend jusqu'au Méandre. d'Éphèse, aujourd'hui comblé. Les cré-
iBS dénudées et rocheuses de cette
MONT MTCALB. montagne qui se détachent sur le ciel en
Profondes dentelures qui lui donnent
Le mont Mycale se présente du côté apparence d'une scie, npîtuv en grec.
de la mer comme un edne régulier à Paosanlas (3) lui doraie le nom de moot
sommet tronqué. Ses ramifications des- Pion^ ainsi nommé, dit-il, à cause de la
cendent du coté du nord et forment le fertilité de son sol, du mot grec ntcuv,
mouillage de Scala Mova et les ondu- gras, ifertile. Mais tous ceux qui ont vu
lations montagneuses qui entourent le cette montagne conviendront que la
détroit de Samoa. Strabon (1) décrit eo dénomination de Strabon lui est bien
ces termes le mont Mycale « Après l'em
: plus applicable, car ses sommets se pré-
boucbure du Méandre vient le rivage sentent aux yeux comme une falaise dé-
au-dessus duquel sont la ville de Frièue chirée. Nous devons ajouter cependant
et le mont Mycale. Celle montagne, qui que Pline donne également le nom de
est couverte ae bois et abondante engi* Pion à la montagne sur laquelle Êphèse
bier,s'incline versl'île deSamos,ei forme était b^\tie," aftoUiturmonfe Pione{Z).n
au delà du cap Trogilium un détroit Le revers méridional du mont Prion,
d'environ sept stades (1,308 mètres). » composé de nombreuses vallées bien
Cette distance est trop petite; mais le arroaées, va se rattacher au mont Tho-
restedela description peut encore s'appli- rax, qui domine la vallée du fleuve Lo-
quer au mont Sainsoui). Le mont IVles- thaeus où était située Magnésie du
sogis, selon le géographe Théopompe (2), Méandre. Le mont Thorax se présente
fSmd depuis Gmsnae jusqu'à Mycale; du edté du sud comme un o6ne arrondi
en sorte' mie cettemontaçne, celle qui à son sommet. Ses flancs renferment de
avoisine CelsensBet Apamee, est habitée belles carrières de marbre qui ont servi
par les Phrygiens , une autre partie par a bâtir la ville de Magnéi»ie et plusieurs
des Mysi et des Lydiens, le reste par monuments d'£phèse. La position des
des Gariens et des Ioniens. monts Pactyas et Thorax est fliée par
Le revers nord est p'us abrupte et Strabon (4) de la manière suivante. Le <

plus accidente queversant siul. Il


le premier lieu que l'on rencontre en
est sillonne par des vallées plus pro- sortant d'Épbèse est Magnésie sur le
fondes, qui donnent naissance à de pe*
tites rinores antrefois cflèbres, comme (i)Sintb.,XlV, 633.
W 7. ch. V.
XIV, 6îr,. (3) Uv. V, rli. aij.
SUab., XUI, 6*9. (4) XIV, <i46.
ASIE MIIfEIJRE. 91

Méandre; on l'appelie ainsi parce qu'elle table; mais c'est de ses flancs nord que
ctt ntuée près de ce flea?e ; mais elle est sort le Pactole, qui déjà du temps des
encore plu*; près du I^thacus ^ qui vient Romains avait perdu de son antique re-
du moDt Pactyas des Épliésiens. Ma- nommée. Nous nous étendroTi?; dins la
gnésie est sitiîée dans une plauie au partie historique sur .les recherches que
pied du mont Thorax, où fut crucifié le nous avons raltes sur la régime de ce
(pruMiMirieii Dsphytas. •> fleu ve. Un
petit lac, situé presque au som-
Le revers septentrional de la mon* met de montaojne, en lorme la source
la
tafine n'offre pas un caractère aussi et rochers de gneiss et de mica-
les
tranché', il s'abaisse rapidement vers la schiste fournissent eucore aujourd'hui
grmio vallée transventle où eoole le à ses ondes les parcelles de mica qui
Cejstre. donnent au sable cet aspect brillant.
Le mont Tmolus est à nos yeux le
CHAPITRE XIV. premier noyau , l'ossature de toute la
{iresqu'ile ; c'est cette chaîne qui, d'après
MORT TM0LU8. a théorie géologique aujourd'hui géné-
ralement admise, .f dil surgir la première
uiont Tmolus est la chaîne qui du sein de la terre, alors que le j^éant
forme le revers septentrional de la val- du Taurus était encore englouti dans les
lée 4u Gaystte. il se rattache, à Te- abîmes terrestres. Le Tmolus est en ef-
rient, au mont Messogis par des ondu- fet composé de granit et de roches pri-
lations, qui se prolongent jiisqu'nu mont mordiales; c'est une rareté en Asie Mi-
Cadinus; de sorte que cette montagne neure que nous ne retrouverons guères
forma eomme le noeud oà se réunissent qu*à rida et è TOlympe. L'aspect de la
plasieurt chaînes ; c'est peut-être à cause montagne offre tout le cachet, séduisant
de cela que les Turcs lui ont donné le pour le peintre, des contours accidentés
nom de Baba dagh (le Père des monta- que présentent les rochers granitiques^
Peut-être dans quelques-unes de ses ra-
Le mont Tmolus était célèbre dans mifications pourraitK>n signaler quelques
/'anfi fuilépar ses excellents vignobles, lambenux caleaires; mais nous n'en
dont ne reste plus aujourd'hui que de
il avons p;is rencontré. Dans les régions de
fà\b\es traces dans les villes de Baïudir la ville de Tapoë, Tancienne llypoepa,
Cl lia Tapôe (1). Strabon le dépeint le granit passe tout à fait au schiste
comme étant couvert de forêts (9) dont micacé. Le versant nord commande la
il ne reste plus que le souvenir. On plaine de Sardes, où roule le fleuve Her-
vuU encore sur les flancs de ses val- mus. Tous les contreforts de ce côté
lées lias miai de forêts de éhénes qui sont composésd'agglomératsde cailloux
ont été incendiées et dont les troncs roulés, ae fragments de gneiss et de
rh.irhonnés re^-tent comme les tristes té- sable; c'est à un de ces contreforts
moins du passé. I.e mont Tmolus est qu'appartient massif sur lequel s'é-
le
appelé aujourd'hui Bouz dagh (monta- levait la citadelle de Sardes. Le Tmo-
gne da la Neige), parce que c*68t sur ses lus ou Bouz jlagh commence à se dé«
sommets que la ville de Smyrne et le^ firimer en s'approchant de In mer et
villages environnants viennent s'appro- aisse entre loi et le mont Pagus une
vtsiooDer de neige. Il s'eteod de l'est à large vallée qui conduit dans la vallée
Ton^ dans unelongueur de cent vingt duCaystre. Aunordje long de la chatne,
kilomètres environ. Aussi la phrase s'étend la vallée de Bournaliat, à l'entrée
les traducteurs français prêtent à de laquelle est située la villi' de Smyrne.
bon (3) : n Le mont r.iiolus est Nous devons mentionner aussi un pays
assez ramassé », ne nous parait pas montagneux qui forme la barrière nord
ciacte. Le Tmolus du côté dui sud ne de la vallée de Bournabat. Cette chaîne,
donne nalasanoa à aucune rivière do- dont l'altitude atteint à peine la hau-
teur de quinze cents mètres, appartient
(t) Pline, liv. Y, ck 29. en entier au système crétacé ; c'est dans
fa) XIII, 639. las rochers qui dominent la vflle de
0) xni, «»9« Bournabat que les touristes vont visiter
S8 LUNIYERS.
des exeavationg appelées , sans aucune tièrement oompoié de traHiytea et de
espèce d'aulorité, les Grottes d*Homère. roches de nature volcanique , et a cela
Olte tradition a pour base un pass.iiie de particulier que c'est une formai ion
de Pausauias (1} qui a été faussement isolée au milieu des montagnes caU ni-
appliqué à cette loealilé. « Les Smyr* res. Les Turcs l'appellent Kizil dagli {\j
né^ns ont dans leur pays le fleofe Mê- montagne Rouge). Au sud sont les mon-
les dont les eaux sont excellentes: près tajînesde Téos, de Claros et de (>>lo-
de sa source est une grotte ou Honière, phon en calcaire gris qui approche du
dit-ou, COU) posait ses poèmes. Les marbre, et au uord la vallée de Bour-
grottes que l'on nontre aujourd'hui ne nabat.
sont pas à la source du fleuve, ce sont des
excavations peu profondes dans la ro-
che calcaire, et qui u'oot rieu de reiiiar-
CHAPITRE XV.
3uable. Le versant oriental de ce rameau
u Tmolus est couvert d*une fofétasses MONT MIMAS.
touffue dans laquelle est le célèbre ro-
cher où sè trouve ^rrave le portrait de Le groupe qui forme la rive méri-
Sésostris. La jolie ville de ÎSyniphi , cé- dionale du golfe de Smyrne est re-
lèbre par ses plants de oerisiers, est si- marquable par deux montagnes coni-
tuée au pied de cette montagne. Ces ques, égales de forint- et de dimension
différentes chaînes nous ont conduit que les navigateurs français appellent
jusqu'au bord de la mer au golfe de les deux Mamelles et les Turcs Iki Kar-
Smyme. Nousavonsàexaminerlesgroa- daoh (lei Deux Frères), Au pied de
pes montagneux qui Tentourent et qui ces montagnes sont situées les sources
ont servi d'asile aux premières colonies chaudes mentionnées par Strabon '!)
ioniennes qui vinrent s établir en Asie. et par Pausanias ('i). Les Clazomé-
<•

L'étude de ces montagnes offrirait niens, dit-il, ont une source chaude oà
un puissant intérêt au géologue, attendu ils rendent une espèce de eulte à Aga-
quê-sous un cadre restreint il pourrait memnon. »

trouver des formations de tous les j\îzes, Les ruines de Clazomènes sont en
depuis les granits jusqu'aux roclies vul- effet situées dans le voisinage. Pausa-
eaniques du terrain tertiaire. La forme nias donne le nom de Maerta au pro-
de ces montagnes se |)résente sous des montoire voisin de Téos ce serait alors ;

traits grandioses et saisissants, qui se la pointe du port de Sighad}ik.


gravent facilement dans la mémoire du Pline (3) attribue au mont Mimas
navigateur. toute Pétendué de cette presqu'île et
Nous suivrons pour notre étude la lui donne deux cent dnquante mille pas
ligne de In chaîne au Tmolus. La mon- d'étendtie. Il ne mentionne pa< ^I i- 1

tagne qui domine In ville de Smyrne est melles, qui sont cependant fort remar-
le mont Pagus près duquel Aliexandre quables.
est censé avoir eU une vision O). Pli- A
Touest de ees montagnes il y a
ne (3) lui donne le nom. de Martusie. entre les golfes de Sfenyrne et de Téos
Dans cette même contrée on trouve le ofi de Sighadjik un ahaissenu-nt de
mont Martusie adossé à Smyrne (a ttuyn terrain qui avait donné à Alexandre
Smyrna), et dont les racines vont join- le Grand la velléité de faire couper
dre celles du mont Olympe. Tout cela Tisthme, dont la longueur est de sept
n'est pas très-exact; car entre les mon- milles romains (4). Il voulait ainsi faire
tagnes de Smyrne et roiyinpt». il y a de une île de la presqu'île d'Krythrce et du
grandes vall6es sans compter celle du (nont Mimas. Mais ce projet n'a pas
Mêlés dont Tauteur vient de parler dans même en de commencement; do inoiiis
le même chapitre. Le mont Pagus on Il n*en reste aucune trace. U s'est eoo-
Martusie est presque conique; il est en-
(i) XIV, r);5.
Ci) Liv. VII, ch. V. (a) L. VII, ch. 4.
(i) Paus.y acb. S. (3) Liv. V, ch. ag.
(3) Liv. y, eb. «g. (4) Pliae^ lir. T, ch. aç.

Uiyiiized by Google
ASIE MIIVEUEE. 9i
tenté de faire réunir aa conlioent Vile CHAPITAË XVL
ie Gazomenes.
Os projetsde eooper les isthmes MOMlf SIPYLDS ET SES BKBBAHGHB-
furent souvent entrepris dans Tanti- MBNTS.
quilé. mais jamais n'uboutire t. Héro-
dote au sujet (ie& Cuidieus une
raconte Sur la rive droite du golfe de Smyrn^
i aosez plaisants. Le massif rar
Birte et non loin de Tembouchure du Mélès
s'élève une montagne conique dont
lipel est bâti In ville de Guide est réuni
ncootinent par un isthme delà lar- les rniuiliealions forment le groupe du
prarde cinq stades (740™). LesCiiidiiMis Maiiiser da^ih (monta4;ne de .Mj;,mu'-
quiiTaient voulu le couper, rencouUaut sie).Cest le mont Sipylus, uu des plus
uiefeaie d'obstades, envoyèrent eon- célèbres de la Phrv^ie. Cette mon-
soher Poracle de Delphes, qui leur ré- tagne se présente plutôt sous la forme
|)H>ndit inçrëmienieiit Ne vous donnez
: •< d'un massif que d'une chaîne; elle
pa» laot de peine. Si Jupiter avait voulu doit son origine à de trés-auciens vol-
qae mire lOTUoiie fût ooe Ile, il n'au- sans dont les éruptions ont eouvert la
pas eu besoin de vous pour cela. » Les
rait contrée à des époques antérieures aux
Ceidiens se le tinrent pour dit (1). temps historiques, et doivent être ran-
Darius voulut couper risthine du gés dans l'ordre des volcans anciens,
moDt Athos, ^eroQ l'isthme deCoi uiliie ; i.es ruches qui les composent sont des
tous ces projets sont toujours restés trachytes rouges et bleus; mais à une
ifiacherés. époque plus récente des laves se sont
Cest aux montagnes des Mamelles faitjour surles flancs de cette montagne,
et à la hauteur des îles d'Ourlak que et ont donné naissance à des coulées
i^srii^ la fematioii calcaire. Le grand qui sont en tout semblables à celles des
ctp qui forme la corne méridionale du volcans de l'Auvergne. Le groupe du
pelfe de Smyrne s'appelle aujourd'hui Sipylus s'étend .1l'est jusqu'à la ville de
ILara t-^^urnou. Célait autrefois le cap Magnésie et est séparé par une dépres-
Utlùi , i un et l*autre nom signiiie le cap sion assez forte des montagnes calcaires
ifur siBsi nommé
de la roche volca- de Kournabat et de Nymphi ; au nord
90e noire dont il est composé, et sa base est baignée par les eaux de l'Uer-
doDt on fait des meules de moulin. nuis que h's Turcs ap|)ellent Sarahat
C'est cette montagne que les Grecs ap- ou Kediz tchaï et qui va se jeter dans
pdsient Mioms. Tout le reste du pro- le golfe de Smyrne, à Touest de la mon-
BNiloire où sont les ruines d^Ërythrae tagne. Au nord-est, le Sipylus se rattache
ffX composé de trachytes rouvres c'est ; par des ondulations presque msensibles
je pense, en dépit dès autres étvmolo- au Mourad dagh le mont Dindyinène,
o» de ce nom, ce qui a motivé le nom une des montagnes importantes de la
«TÊrythrae, la ville Rouge. Au sud du Phrygie centrale.
ont Mimas et du golfe d'Érythran L importance du mont Sipylus étant
sont les collines qui dominent ïchesme, beaucoup plus grande sous le rapport
composées de tuf volcanique blanc. iiistorique qu'au point de vue géogra-
Tontes ces contemrs des edtes qui s'har- phique, nous compléterons l'étude de
monisent avec le bleu intense du ciel cette montagne lorsque nous nous oc-
donnent à la cote d'Ionie un aspect cuperons des villes situées sur son ter-
particulier qui se grave dans le souvenir ritoire.
tfe tons ceux qui ont visité ces parages. Le reste de la côte nord du golfe eît
Les îles Arginusses , aujourd'hui Spat- formé d'aUuvions qui s'étendent jus-
madores, appartiennent aussi aux ter- qu'aux rochers de Phokin, l'anciemie
rains plutoniens, tandis que l'île voi- Phocée placée n r»'ntr«'»' ùu golfe.
sine de Chio rentre dans la grande fa- Depuis la plaine de l'ilermus jusqu'à
mille des ties de rarchipei qui sont, Pergame et sur la côte jusqu'au golfe
r oins deux 00 trois tlots, dn système
d*Adramytte le pays est composé de
CTélacè. plaines peu accidentées dans lesquelles
coule le ileuve Caïque et l'un de ses af-
f
) Hérodote, 1, 174. fluents, le Selinus.

Digitized by Google
40

Id le tanndn eommence à présenter CHAPITRB XVII.


un aspect nouveau la rc^zion purement
;

calcaire a cesse et
roches schis-
les
MORT ISA.
teuses avec des filons de quartz com-
mencent à surgir, msis souvent entre-
de dire laquelle des
Il serait difficile
coupés par des épanchements traehyti-
deux montages de rida ou de l'O-
ues. chaque moiilafine, chaque oolfine
lympe pa<>sait dans l'opinion des an-
e cette régioo porte un nom inndfrue, ciens pour avoir la plus grande célé-
mais qui ne se rattache en rien aux sou- brité ; mais il eu est peu qui aient été
venirs historiques. Le groupe méridional
le sujet de commentaires plus variés et
est toujours le IManiser dagh, et le massif plus nombreux. [> voisinage de la
entier est le Kodja dagh, h maîtresse
(
Troade, toutes les traditions mvtliolo-
montagne). Plus on avance vers le nord, logiques dont le luont Ida fut le "théâtre
lus le terrain primitif se développe. Au- donnent un intérêt particulier a Tetude
8essus de la ville de Pergame on entre
de cette montagne. Nous n'avons au-
eu plein dans le système pranitiqiie ou
jourd'hui à notre disposition quedesfra^*
de micaschiste qui constitue feuseuible ments tronqués de Dcmétrius de Scepis
da mont Ida. Les dififtients torrents qui {|ue Strabon nous a conservés ; mais ces
descendent de ces montagnes témoi- ragments sont précieux pour nous gui-
gnent que les sommets sont de ni^me der dans la connaissance deeette chaîne
nature que la base; car tous les cailloux dont rplude est des plus compliquées.
roulés qu'on ramasse dans leurs lits
Nous pouvons faire au sujet du mont
sont de syénite, de gneiss et de micas-
Ida la même observation que nous
chiste. M. Tchihatcheff, qui a bien ob-
avons faite au suiet du Taurus; ^ent
servé ces parages, cite une localité cu-
que ce nom était donné dans Tantlquité
rieuse dans le Madara dagh, au nord non pas à une seule chaîne, mais à un
de Pergame; c'est un chaos de blocs de système mouta^eux qui coupait toute
syénite accumulés comme par suite
la Troade depuis le golfe d'Adramytte
d'un treuiblement de terre et dans les-
jtisqu'à i'Heilesponr, et la séparait pour
quels ou observe la roche d'»puis l'état ainsi dire du reste de la Mvsie. C'est
Bpin et compacte jusqu'à celui de la plus
sous ce point de vue qu'il faut accepter
complètedésaaregation. Là, un petit vil- la définition de Strabon; car ou éprou-
las^e du nom deTchamoglou s'est installé
verait quelque déception si l'on voulait
au milieu de ce désordre de la nature.
suivre une seule et unique chaîne dans
Les maisons sont en partie établies, tout le parcours qu'il lui assigne.
soiLs les blocs suspendus , et forment des
Aussi les anciens et surtout Uoniere
habitations moitié cavernes moitié mai-
ont-ils l'habitude de nommer le mont
sous. Chaque fissure, chnqiie crevasse a
Ida au pluriel.
pour ainsi dire éle utilisée pour y établir
une demeure, et quelques murailles de Classcfnqiie siib ipsA
pierres sèches couvertes de branchages AntandroetPhrygiie inolimur montibus iJ.'e.
ont complété l'habitation. (yif^tJEn,, iib. UI, v. 5.)
Cette montagne du Madara dach,
qui selon toute apparence est restée Les différents passages des anciens au-
dans tout le coure de l'antiquité sans teurs qui ont fait mention de cette
autres habitants que quelques LéJèges chaîne offrent trop d'intérêt pour ne pas
"l'roiïloflites (I), est peu visitée df nos être recueillis ifi ; ils nous serviront
tours, et l'on doit savoir gré à M, fchi- comme point de comparaison avec l'é-
iiatchef de ravoir si bien décrite, au tat moderne, tel que l'on peut rob-
prix de beaucoup de fatigues (S). server aujourd'hui.
Nous commencerons par les extraits
de Strabon, qui a puisé dans les écrits
(i) Él. By/. V. Gargara.
de Démétriusde Scep.sis, et qui s'attache
(») ^ùt Mineur , I. p. 4S0.
plus particulièrement aux aétails topo-
^phiques.
La meilleure idée lopographique de

Digitized by Google
ASIE AUJMËUKE 41

(¥ qu'onnppolle véritablement la Troade plaine, à la même distance aue r///tfij»


dû-ièire prise de la position de Tlda. recens, située entre ceS extrémités, tan-
Celle haute inoalague se dirige vers le dis que l'ancienne Ilium était placée
CQMliint et la mer oeeidentale, eu se au lien où commencent ces bras. Ce
Rpliiat atMsi un peu vers le nord et demi*eerde renferme la plaine simo-
Ti^rç la (*ôX(r septentrionale nui est celle sienne, que traverse le Simoïs et la
àela Propont iae, depuis le détroit d'A- plaine scamandrienne, où coule le Sca-
bfdos jus^iu'a l'/Ebepus et à la Cyzi- mandre. Ces deux plaines sont séparées
fcae. l'une de Tautre par un long col qui,s*é-
LMda a plusieurs extrémités qui s'a- tendant en ligne droite depuisTllium
TarK^nt en forme de pieds nui lui actuelle, adossée à ce même col, jusqu'à
(ioQDeiil la ûgure d'uu scolopeuare ; les la Cébrénie, forme avecles deux bras
ém demièm sont du cdté du septen- ci-dessos décrits la figure de la let*
trion les hauteurs près de Zéléia et
, , tree (i>.
du côlé (lu midi le cap Lectiirn. I,ps Le mont Ida a été qnalifié^ par Ho-
premières se terminent dans les terres mère de monl.itine abondanlp en sour-
on peu au-dessus de la Cyzicène, à la- ces à cause de la quantité de lleuves
apetle Zéléia même appartient aujour- qui en sortent.
d'hui ; mais le cap l.ertum s'avance Une dépendante du mont Ida
collin(^
jusqu a cette partie de la mer I^lgéo qu'on et nonitiiée ('otylus, est à environ 120
traverse pour aller de Ténedos a Les- sLailes au-dessus de bcepsisj de cette
bes. n parle (Homère) id fort à propos eoDinB sortent leScamandre, le Grani-
4b Leetom en le considérant comme que et Tii^sepus (1).
ene portion de l'Ida et comme le pre- Ëtlenne de Ryzance cite en ces ter-
mier lieu où l'on arrive de la mer pour mes le mont et la ville de (jar^^ara :

se rendre à cette moutigne. « CTest, dit-il, une ville de Troade située


Ce poêle distini^e fort bien aussi de sur le sommet du mont Ida ; on rappelle
8« extrémités le sommet de la mon- aussi Palacgargara. » Strabon l'attribue
tagne 50US le nom Gargarum ; car en- aux .-Kolieivs. Le mont Gargara était ha-
core aujourd'hui montre sur les
l'on bité par les Lélèges. Gargara était,dit-il,
Mrties levées de cette montagne un fondée par les habitants d'Assos. Selon
lictt nommé Gargarum et dont Gar- Éphore, cite par Macrobe, ees deux vil-
gara, ville actuelle des iEoliens, tire les étaient Gargara fut
très-vni«;inps, et
son nom. ainsi nommée
de Gar<îare. fils de Ju-
En doublant le cap Leetum , on de Larisse de Thessalie.
piter, qui vint
troore un vaste golfe formé par Tlda Le grammairien Diotime, natif d'Adra-
ai se retire du T.rctum pour avancer mylte, y tint une école; c'est de lui
dans l'intérieur des terres et par Canjc , qu'Aratus dit en deux vers « Je pleure :

autre cap opposé au Lectum ; quelques- sur Diotiine qui s'asseoit sur les rochers
us rappellent golfe de llda; d*autTes pour enseigner l'alphabet aux enfiints de
loi donnent le nom de golfe d*Adra- Gargara (9). » On donnait aussi ée nom
mylte (I). Deux montagnes s'élèvent à un promontoire mais nous croyons
;

au-dessus de la Proponttde, l'Olympe de qu'il faut Tidentifif r avec le cap Lectum,


M^e et rida. Au-dessous de' la pre- car il n'y en a pas deux dans ces pa-
mière est la P.ithynie, et en:re Tldaet rages.
lamert'st la Troâde '2). Ètienne do Byzance nous nppretuL
Selon Deinetruis de Seepss. ('es par- de plus, d'après Lycophron que le som- ,

ties du mont Ida vuisines de la Céuré- met chauve et dénudé de l'Ida portait
aïe se détaelientdeiix brasqui 8*avaneent le nom de Pfialacras. Ce mot, dit-il,
^er> la mer, l'un dans la direction de désigne le sommet de Tlda, ne produi-
Rhœtiun), l'autre dans celle de Sigeum, sant aucune plante à cause de la neiiieet
et forment comme un demi-cercle dont de la glace, mais qui est tout a fait dé-
les extrémités se terminent dans la pouillé. Toutes les montagnes privées

(i) XIII, 583. (I)XIII. r,^:.


(«)U. 574. (s)XIII,6oa.

Digitized by Google
41 L'UNIVERS*
de végétation portent le nom de Pha- sur la côte dans une longueur de dix on
lacrae. Selon Diodorede Sicile, la mon- douze kilomètres. C'est sur le penchant
tagne de rida son nom d'Ida, tille
tire de ces pitons qr.*e«>t située l'ancienne
de Melissée, roi de Crète ; c'e£t la plus ville d'Assos. Toute la montagne est for-
haute de eellea qui dominent l'Heiles-- mée de trachjrtes rouges très-durs et
pont; on y remarque, au milieu, un an- qui ont presque Papparence du por-
tre où Ton dit que les trois déesses fu- phyre. Cestde ces carrières inépuisables
rent jugées par Paris. —
On prétend que les Grecs ont tiré les matériaux des
aussi uue ce fut dans l'Ida que les dac- monumeuts d'Assos; la solidité de cette
tyles ioéens étaient établis, et que, ins- roche est à tonte épreuve; mais le ton,
truits par la mère des dieux, ils furent d'un violet foncé, est triste à la vue, et
les premiers à travailler le fer; enOn on sa dureté, jointe à sa naturf cristalline,
observe dans cette, montaeae un plié- empêche de donner à la pierre aucun
nomène qui tui est propre, td Dioaore poli. On remarque autour de fai ville de
décrit un phénomène d*optique causé très-grands amas de scories de fer ; d*oà
par le lever du soleil, et qui de nos jours viennent ces scories? ce n'est certaine-
peut encore être observé dans ces splen- ment pas la pauvre population du vil-
dides matinées caniculaires, quand les lage de Beyram qui a Jamais exploité
brumes de la montagne se dorent des des mines. Il est plus probable que ce
rayons du soleil naissant (1). Pomponius sont les vestiges des exploitations anti-
IMela rapporte les« mêmes pliéuomènes ques commencées par les Lélèges et
eu les exagérant (2). continuées par les Grecs. Les scories
Nous pouvons maintenant parcou- sont très-riches mfer, et forment des
rir eette longue duilne recherchant à rognons agglomérés épars sur le sol.
identifier les noms modernes avec les T. a formation volcanique s'nppuie
noms anciens. L'extrémité de la chaîne n Test et au nord sur le terrain grani-
de rida vient s'amortir dans la mer tique. Derrière ce premier étage de la
au cap Baba, qui est i'anden promon- montagne s*é)ève la belle chahie du
toriiim Lectum. On peut mouiller Gargara, jadis séjour des dieux, appelée
sous les terres du cap , abrité par une aujourd'hui Kaz dagh (la in(mtagne de
jetée qui s'avance d'une vingtaine de l'Oie). I^s Turcs sont trèb-portés a dé-
mètres dans la mer; elle est formée poétiser les noms.
de grosses pierres accumulées sans Le Gargara se ntlache à une autre
beaucoup d'art et ne peut défendre les chaîne orientale dont les sommets for-
navires contre les vcnls de l'ouest. ment un demi-cercle, et la courbure de
I>e petit Baba se présente à
village de cette chaîne est tournée vers l'ouest,
mi-côte; on y remarque un pauvre ca- c'est-à-dire vers la plaine de Troie. Les
ravansérail et une petite mosquée, et contreforts de cè grand cirque de mon-
un petit fort est bAli sur une pointe tagnes s'abaissent insensiblement vers
qui s'avance dans la mer. Les monta- la plaine, et tout ce relief topographique
gnes qui forment le cap Baba sont dé- rappelle assez bien la forme que nous
nudées à leur sommet et se présen- avons représentée plus haut. Les ma-
tent sous des contours très-accentués ;
gnifiques forêts de chênes qtii couvrent
la roche nue de couleur jaunAtre ^ort fe flanc de ces montagnes et qui don-
de terre en forme de pic ; la partie nent naissance a ces minces ruisseaux
moyenne est couverte de quelques jadis si renommés font de ces vallées
broussailles. Cec^ip forme la corne sep- un séjour plein de charmes pour le
tentrionale du golfe d'Adramytte. Toute voyageur qui attache quelque prix aux
la côte court dans une direction est et souvenirs de l'antiquité.
ouest. La seconde dishie que nous avons
Les terrains calcaires que l'on ob» mentionnée, et qui se rattache au Gar-
serve nu cap Baba font bientôt place gara , était le mont Cotylus, qui encla-
aux lorrains volcaniques qui s'étendent vait la plaine de (^éhrenie: c'est dgns
ces vallées qu'étaient situées les villes
(ODlodore^Xyn 7. de Seamandrieet de Scepsis et les mi-
(9)LtT. I,C. 18. nes d'argent qui étaient exploitées dans

Digitized by Google
ASIE MHfEURE. 41
hknte antiquité. La
nature géologi- Au nombre des lacs que renfermait la
fm êê tmin ae ^oppot» mrtlement région de TOlympe, les anciens ciicut
i Tauta$ m âm nanm d'argent dans souvent le lac Dascylitis, qui était aux
m parages, parce que les roches sont de environs de Cyzique (1). Rien n*a pu
la nature du gneiss, du quartz et des nous mettre sur les traces de ce lac, qui
iàaschistes, qui souvent servent de passait cependant pour un des plus im-
gagM au minerai d'aigent. portants de la eontrée, et aucun des
Le massif qui compose la chaîne de voyageurs qui ont consacré quelques
ndane vient pas s'abaisser dans la plaine pi^esà la description de la Bithyniene
Kkm une ligne de circonvaliation, mais il parait s'être souvenu de son' nom;
fH eatonéd'iBiieercie de montagnes in» nous devons en eonclure ou qu*il s*est
féheures qui circonscrivent la plaine de desseclu*, OU que ce nom S*est con-
Troie, et au nombre desquelles se trouve fondu dans celui d'un des autres lacs
la célèbreéminence du Per^arnii Au sud . d'ApolIonias ou de Milétopolis. Cepen-
elles ^rapprochent de la mer, el le pays dant Strabon (2) les nomme tous les
dqi uii les luines d* AlesandriaTroas jus» trois simultanément. G*cet une ques-
qu'au cap Baba va toujofm en é'élevant tion curieuse de géographiOt quLn*est
au-dessus de la mer. pas encore résolue.
AoQord, au contraire, le massif mon* Un si grand nombre de villes an-
imennédiaiie laisse entre lui ciennes peuplaient les valUes et les pla-
fft h mer toote la plaine de la Troade, teaux formai par eei montagnes , que
le cap Sisée ou
Janissaire , et se courbe leur nomenclature trouvera mieux sa
seloû la ligne des Dardanelles. Tous ces place dans les chapitres consacrés à ces
en>upes secondaires sont généralement villes. rSous mentionnerons encore le
de emire marneux et par conséquent Katerlidagh (montagne des Mulets), qui
i^ine constitution beaucoup plus récente est un des ncrotères de l'Olympe projeté
qutc la tirande chaîne de l'Ida. vers le nord et forme le cap de Bouz
Le m^f granitique reparaît sur la bouroun dans la mer de Marmara.
ete de rHclTespont dans la presqu*tle Id finit le système de rida et oom-
de <M|pe où il forme le mont Din- mence celui de l'Olympe Mvsien; mats
dl^vièae, aojourd*hui Kapou dagh ( la nous devons le laisser pour le moment,
nttmtaf^ de la Porte.) Cette montagne afm de suivre dans toute son étendue
est conique ; elle se rattache au continent le rempart montagneux qui soutient
par la presquile de Clique qui est les plateaux du centre à partir du golfe
bosse et sablonnease ; mais aotiemis elle de Nieomédie.
formait une île (!). La constitution de ces montagnes est
Son flanc occidental se prolonge en des plus variées et n'appartient plus
cap qui forme la presanlle o'Ar- à une nature, homogène eomme la
tÉU (9), atee on tlot dn même nom et plupoort de celles que nous avons dé-
qm est de nature calcaire, marbre gri- crites.
sâtre; c'est une amorce de la grande Nicomédie et ses alentours offrent
Ilede Procconèse ou de Marmara qui seuls un tableau varié des terrains de
teoie SUD nom à tonte cette mer qu on aédiment de plusieurs âi^es géologiques
vpeÛt autrefois Propontide. CVst la parmi lesquels le crrès rouge paraît
Imite que les anciens assignaient à la former un noyau considérabU', puis-
diainf de Tlda; elle se rattache au. qu'on le retrouve u plusieurs stations
KKit de roivmpe de Mysie par des tant snr le bord du Sanaarius que dans
moifieatioos de médiocre hauteur qui les villes de Géivéh et d'Akseraï.
doODpnt p assoie n plusieurs fleuves et Toute la chaîne, d'une cléviition mé-
formeut uii certain nombre de bassins diocre, qui forme un des eûtes du bassin
ideustres d'une certaine importance qui du lac de Sabandja, court à one distanee
teoMl à in proi^nee de BitliTiiie est moyenne de qmûe ItiloRiàtres de la
i^MtJî liant et ai fertUe. côte. £Ue s'onvre pour donner passage

(i)Strab., Xil, 575. • (0 Strabon, XII, S-jS,

(»)Id.,XJl, 576.

Digitized by Gopgle
44
au fleuve Saugarius aujourd'hui Sak- chait à la hauteur de Trébisond6 aVM
karia Pun des plus longs de l'Asie Mi- les monts Thechès. Ce que nous pour-
neure et dont le volume d'eau parnît rons en dire trouvera mieux sa pince
avoir singulièrement diminué si Ton , dans la description des provinces qu'ils
8*en rapporte aux deseriptions des his- traversent.
toriens (i).
Les ondulations de terrain qui se CHAtNBS DU GBRTBI.
maDifestent entre ces montagnes et la
mer sont bien définies par les Tores, qui Si l'on voulait établir une théorie des
ne leur donnent pas le nom de dagh, montagnes du centre comme les ancient
montagne, mais celui de tépé, butte. géographes l'ont fait du mont Taunis ,
Toute la côte sud du Bosphore de Thrace on pourrait dire que l'Olvmpe de Mysie
est généralement basse et peu ondulée; joue au nord le même rôle que le mont
il n*y a que la montagne du Géant Craans de Lyeie an sud; e'est-è-dire
(t»Mnple de Jupiter Urius), qui s'élè\ o en qu'il forme comme la souche de toutes
face du golfe de Buyukdéré et qui les cliaînes qui sillonnent la partie oeo-
présente une niasse assez importante; trale de la presqu'île.
mais II faut penser que sa base baigne A Touest il se rattache au mont Ida
dans les eaux de la mer. Son revers par une suite de soulèvements continus.
méridional est déjà beaucoup moins Il .«e diriiie au sud par le Touinandji
abrupte; sa hauteur absolue n'atteint dagh jusqu'au centre de la Phrvgie, et a
pas cinq cents mètres. Ainsi les plai- l'ouest il se rattache à l'Elma dagh, qui
nes de l'intérieur, situées immédiate- n*est que la oootinuation des monts
ment au sud de cette montaane dé- , A la dagh. Il une particularité bien
est
pas^^ent de quatre ou cinq fois en hau- plus commune en Asie que tinns les
teur le sommet même de la montague, régions d'Europe, c'est que les cours
pirisque leur hauteur moyenne est de des différents fleuves ne suivent que ra-
800 a IfOOO mètres. rameot la pente des montagnes , mais
Kara hournou est le cap qui indique viennent au contraire les couper à angle
l'entrée du Bosphore. De la jusqu'à Teni- droit et s'ouvrent un passage la ou l'on
bouehure du Sangarius le pays est plat, ne croirait pas qu'une rivière dUt passer.
se relève aux enviions de Cliilé; m is Pline dépeint d'une inanièn très-animée
l'aspect des montagnes est des plus la lutte de rKupliratr avec le mont
uniiormes; elles se composent de som- Taurus (1) lorsque la lleuve rencontre
mets arrondis et couverts de verdure, le géant des muutagnes d'Asie. Mais ce
s'abaissant pour donner passage aux fleuve n*est pas le seul qui semble pren-
fleuves et se relevant ensuite mais sans dre à l{\chene se détourner de son cours •

changer de physionomie. On peut dire pour aller chercher des issues impos-
mie les plateaux inférieurs viennent ici sibles. L'Ualys, après avoir longe les
ramortir par échelons bien déterminés montagnes de la Cappadoce, tourne
sans former ces grands profils monta- brusquement au nord et va se jeter sur
gneux que l'on remarque dans le sud les montagnes du royaume du Pont
et dans l'ouest. Ajoutez à cela que ces qu il iraiicbit dans les déiilcs de Son-
montagnes de la Paphiagonie et du gourlou.
royaunîe de Pont n'offrent que peu de Le Uliyndaeus, qui se rend dans la
souvenirs historiques; leur étude détail- mer de Marmara, l'Hermus prenant sa
lée n'aurait pour le lecteur qu'un in- source dans la même région, et (jui suit
térêt tout a fait abstrait, une nomencla- un cours tout à fait oppose , présentent
ture de noms turcs qui ne se rattache h le même caractère , et cependant ces
aucun nom antique ; c'est tout le profit défilés étroits qu'ils franchissent ne sont
qu'en pourrait tirer le lecteur. Nous pas des vallées d'érosion creusées par
nous bornerons à faire observer que toute les eaux, ce sont comme des fentes
cette chaîne portait autrefois le nom do ouvertes dans les chaînes et 4}ui sont
monts Otgmis, et qu'elle se ratta- contemporaines de la formation. La

(i) Praoope, De JEdif,, 1. V, c 3. (i) Pline, liv. V,cb. »4.


ASIE MINEURE.
plupart des de la côte sud
petits fleuves mais toutes les montagnes qui viennent
ae oomposeût d'une manière analogue. s'appuyer sur ses Uancs appartiennent
Ob peut dire qu'il n'y a uue le Méandre au système calcaire et à l'argile. Aussi
et le Caystre qui oonlent réiPinlière- te eontiée située entre BrouMa et Ku-
nienl dans leurs vallées respectives en tayah se présenle-t-elle sous des traits
longeant tranquillement les nionta^ines uniformes et monotones,l.a ville uième
«jui dirigent leurs cours. Aiusi le pas- de Kutayah est dominée par une mon-
sage d*an lleim do contiiMiit à la mer tagne crayeuse. Toute la plaine envi»
ii*cit-ipas te moiat du monde Tindica- ronnante est dépourvue de végétation.
tion d'une vallée supérieure. I! suffit I.e Mourad dagh offre un tahleau tout
de jeter les yeux sur la carte d'Asie pour différetit. Ses pics, hardiment découpés,
voir combien cours des rivières est
le se dessineot sur l'horizon. De vastes
tourmenté et par conséquent combien forêts et des vallées profondes offrent
du terrain est difncile à peindre
le relief aux nombreuses populations nomades
d'une manière intelligible. La chaîne des retraites d'été appelées yaé/a au.ssi
ou plutôt le massif de l'Olympe mysien fraicliesquesalubres. Le Mourad dagh.
f'âeve rapidement à peu de distanee vu dea hauleura de Kédiz, grand
de la mer de Maraiara, et c'est du côté yaéla qui est situé à 1,100 mètres au-
du nord qu'il présente le plus imposant dessus de la mer, se dessine comme une
aspect. L'histoire de roivmpe est tel- chaîne courant de l'est a l'ouest. Mais
lement liée à eelle de la ville de Bruussa du côté du sud ses contreforts des-
qae ee aetalt rompre l*aDlté da tableau cendent en suivant le cours de THer*
que de les sépnrer l'une de l'autre. mus presque jusque dans les parages
Nous nous contenterons ici de grouper de Koula De nombreuses villes de la
les chaînes qui. se rattachent au massif Phrygie Épictete se cachent dans les
de rOHrrope et qui eontribuentà former replis du terrain, et sont aujourd'hui
le relief de U contrée. Toute la région de pauvres villages. Au delà du Mourad
méndionnle de l'Olympe règne à une et vers le sud ouest court le Gouroan
hauteur de mille à onze cents mètres (la^'h dont les sommets restent cou-
,

âunj&ssus du nive^iu de la mer, etquoique verts de neige une partie de l'été. Mais
les omialatioQs des montâmes qui la toutes ces montagnes, dont les noms an-
sillonnent ne paraissent (|ued(> peu d'im- ciens sont ignorés, ne présentent, au
portance , elles ne laissent pas que d'a- point de vue historique, qu'un médiocre
voir une altitude absolue considérable. mterét, et dans état incertain de la
l

Li ehaliM qui te détaehe de TOlympe nomenclature turque il est difficile


du côté du md a*élend jusqu*à Kutayah d*en donner une description satisfai-
n s'abaisse vers celte ville en formant sante , puisqu'elles changent de nom
divers plateaux. Celui de l'est est arrosé presque à chaque vdlage, comme les
par le Poursak ou Thymbrius, qui va se cours d'eau qui les arrosent. Ainsi
Ktardana teSansarius. Le plateau de l'Hermus s'appelle à sa source Kodiz
rooest^au centre duquel est située la ville tchaï; plus loin vers la plaine deSardei
d'.Aizani, est arrosé par le Rhyndacus, c'est le Sarabat.
qui ne rend directement à la mer, en Une autre chaîne un peu mieux ca-
traversant le lie d'ApoUooias. Ce pla« ractérisée , partant du mont Olympe
teau d'Aîzani, appelé aujourd'hui Tctiaf- sépare la Rythinie de la Phrj'gie f.pic-
d«*r hiissar (le Château de seigle) est tète. C'est l'Ak dagh dont les ramihca-
comme le point de partage des eaux tions s'étendent jusqu'à Angora : cette
euire la Propontide et la mer Ionienne. chaîne appartient presque tout entière
A tMa-peu de distanee d*Aisani, un à la formation granitique. Elle est ar-
autre fleuve l'Hennus prend sa lOiiioe rosée par le fleuve Sangarius, et s'abaisse
et coule vers le sud. vers le sud oour former le vaste plateau
Une ^ande chaîne courant est et de la ville ae Sevri hissar. Mais le re-
eeeat deane paHi|e i oe eoura d*eau. vers sud est bordé par une chaîne se-
nie porte aujourd^ul le nom
de Mou- condaire offrant des soulèvements de
rad dagh. C'est le mont Dindymène. syénite très-remarquables. (/(St au
Le manif de rCHfmpe est gninitique ; pied d'une de ces montagnes qu'est il-

Digitized by Google
43 L*U1IIVBB&
tuée la ville de Pessiaunte, et par OM* contiennent plusieurs iacs, notamment
séquent la est le mont SAn-
montagne le grand lae Salé et plnsieufs autres laes»
dymène par Strabon , mais différent
cité appuyés aux versants septentrionaux da
de la chaîne que nous venons de nom- Taurus. Puis viennent les terrains vol-
mer. C'est la dernière moatag^e histo- caniques d'Urgub appartenant à la for-
rique de ces régions. mation plutoniênne dont le mont Argée
Au sud s'étendent les terrains leei" est le point saillant.
dentés de la Phrygie,qui sont presque Du c^té de l'ouest une autre région,
tous le produit de feux souterrains. appelée laCataeécaumèneou pays brûlé,
Le système calcaire se montre de est aussi le produit des feux souter-
DOQveatt h Test et s*éteod jusqu'à la rsins. La description de ces contrées
phdne de Kart hissar; c'est dans ces sera mieux plaew à e6té de celle des
montagnes que se trouvent les célèbres villes qu'elles renferment. On se fait
carrières de marbre de Synnada et ies mieux une idée des traits généraux du
grands épanchements trachytigues qui pays.
ont valu son nom à Kara htssar ( le On voit par le tableau très-suecinet
Château ISoir). que nous avons fait du relief de la
I/Ak dagh, changeant de nom, se presqu'île, qu'on peut la considérer
prolonge toujours à Test, il donne pas- comme un vaste plateau soutenu au
sage an fleuve Halys et va se rattaelier nord et au sud par des contreforts
aux montagnes d'Amasie. montagneux qui ne sont autres que le
Au sud de cette chaîne qui se dé-
,
Taurus et le mont Olgassus. Dans sa
compose en plusieurs ramifications pa- partie ouest, les chaînes de montagnes
rallèles qui traversent la province de viennent s'amortir au bord de la mer;
Haimanan, commenee la légion des pla- efest ee qui forme ces ^lles si non*
teaux, qui, rarement interrompus par breux et si profonds qui sont presque
des ondulations de terrain, s'étendent tous parallèles entre eux.
jusqu au deU de Césarée. Ces plateaux

^ oJ by Google
LIVRE 11.

LA BITHYNIB.

CHAFITRE FREBIIER. trouvait hors de la Bitfayole an*


cienne (1).

msms coi4>Ns de l\ btthynib.


Etienne de Byzance tait descendre
cette peuplade des fiébrydens de Bé-
LIMITU PB LA COIiTBS£.
bryce ou de Bébrycée, sans indiquer '

qu'elle ait aucune communauté d'ori-


La grâude et fertile contrée qui est ^'inc avec les Bébryciens d'Kspagne (2).
ntiiée sur les bords de la mer Foire, du Ce qui paraît certain , c'est que la na-
Boepliore et de la Propontide , et que tion des Bithyniens ne descend pas de
les Grecs et les Romnins ont appelée celle des Bébryces, car celle-ci fut ex-
Bithynie, était, dans Poriiiine, occupée terminée par la guerre ,'3). Si les Bé-
fil le peuple des Bébryces (1), et por- bryces ne sont pas cités par Homère
le nom de Bébryde
tait Lorsque les dans le recensement , c'est que , selon
Ansonautes remontèrent dans la Pro- la remarque d'Apollodore, ils sont
pontide les Bébr^'ces étaient gouvernés
,
compris sous le nom des Phrygiens
Dar le roi Amycus , (ils de Neptune et avec les Dolious. Et quoique Strahnn
de la nymphe Éithynis (3). Mais ce nom dise positivement que les Bébryces sont
paraît apocryphe , car les autres au- originaires de Tbraee (4) , il est certain
teurs anciens se taisent sur ce point; qu'ils sont venus s*établir en Asie long-
PUae et Strabon déclareut formelfe- temps avant la guerre de Troie.
DKBt que la Bithynie reçut ce nom Tous ces faits epars dans les histo-
après rnvasioii des Thraoês, nommés riens concourent à nous prouver que les
Bithyniens et Tbyniens. peuples qui occupaient P^ie Mmenre
Tout ce qui est relatif à l'histoire dans les aemiers siècles avant notre ère,
primitive de cette contrée est tellement étaient tous étrangers à la contrée.
obscur, que les historiens anciens eux- Nous verrons^ en étudiant les autres
imcs sont loin d'évce d'accord sur le provinces et en èherebant à débrouiller
petit nombre de foits qui nous sont
le chaos de tribus et de peuplades qui
{)arTenus. D'après un scoliaste dWpol- se sont succédé depuis le quatorzième
onius de Rhodes , les Bebrvces n'occu- siècle av. J.-C , que la majorité des
aaieut pas tout le pays qui fut depuis peuples qui ont occupé la partie de la
Bithynie , mais ils s'étendaient au presqu'île située à l'occident de THa* •

eoocbant fort an delà de ses limites. [\'s , était oriuinaire d'Europe. C'est la
ilmycus était roi des Bébryces dans la Thrace qui a fourni le plus fort con-
Bithynie, et possédait principalement tinrent de population à la partie sep-
lepays vers les côtes (4). » Cbaron pré- tentrionale de TAsie BUneore. Lee
tend que Ton donnait anciennement le Dryopes, qui se mêlèrent avec les Bé-
nom ae Bébrycie au pays des Lampsa- bryces, avaient émigré avec les Atbé-
oecâ. Le territoire de Lampsaque se
(i) Les Bébrvces et les Dryopes occupaicDt
(i) Semos, GmmmbC. mit l'Énéide, les enviroDf cTAbydoi. SlraboD, liv. XJH,
iîv. V, p. 373. p. 586 ; Hérodote , liv. I, cb.CUTL
^a) Proxima liehr'icii pandimlttr liautUt {1) Vcrlto Heêpûxcov.
, liitt. Dl*
rtgiù, Vakr. FUccus, liv. IV, p. 99. (3) Éralosthenes cité par Pline
(3) Apoltod. Bibl., Uv. I, eh. TIU, $ v>. tnr., liv.Y, ch. XXX;
ÀpoUonius de Rbod.,
(4) SdiolîasU Parisensia âd Apollon. Rho- Argon., liv. Il, ch. Il, p. 1:8. Schsefer.
<)i<>nv>m. Arfoo.» liv. Ily cb. II,
f,
xx8. (4) Sirabon, liv. Xlil, p. SSti^ Uérod^
Uv. I, cb. GXLYI.

Digitized by Google
48 L*UMIV£RS.
niens et les lonîei»; eeni-ei se fixèrent brement , ne (Siit mention ni des Bithj-

dans la région occidentale de TAsie niens, ni des Thyniens, dont la puia*


Mineure, cl Us Drvopes vinrent dans la sance s'est accrue dans la contrée au
Bébrycie et s'établirent sur les rives de point d'absorber tous les autres peu-
la Fropontide. Quant aux limites des ples. H^Mote affirme que les Bithy*
terrîtoîres occupés par ces différentes niens sont Tbraccs d^ori^ine; qu*ila
peuplades, il serait superflu de vouloir sont venus des bords du fleuve Stry-
les déterminer d'une manière positive, mon , qu'ils ont été chassés de leur pays
car Strabon remarquait qu'elles ont par les Teucriens et les Mysiens, et que
subi tant de variatioiis, et que la Bithy- ces derniers envoyèrent eux-mêmes une
nie a été occupée par des peuples si dif- colonie en Asie (I).
férents que les géographes déjà renon-
, Cette invasion des peuples de la fa-
çaient a i'éclairc isseuieut de cette ques- mille tiirace dure pendant plusieurs
ÛOD Si difficile. siècles. Les Phrygiens paraissent avoir
AfVès la mort d*Amycus , roi des Bé* été les premiers', puisqu'ils ont pénétré
bryces, tué par Pollux (!), les Argo- plus avant dans l'intérieur du pavs.
nautes hûtircnt un temple en Thonneur C'est en transportant le nom de la mère
du dieu qui leur avait donné la vie- patrie dans la nouvelle contrée qu'ils
toire (2). De leur côté , les Bébryoes venaient occuper, que les différentes
('lc\èrent à la mémoire d'Amycus un familles de colons ont jeté une grande
temple qui n'était éloigné que de cinq confusion dans la fiéographie de cts
stades du ^iympheou de CÛalcédoine. contrées. On trouve des Phrygiens, des
Un laorier o*une grandeur extraordi- Mysiens, des Bithyniens , dà Thyniens
naire avait crû prés de ce temple. Il et des Thraces en Europe et en Asie.
avait la vertu de rendre invincibles au Le scoliaste d'Apolloiuus de Bhodes
jeu du ceste ceux qui avaient niâcbé dit :Il faut observer qu'il y a deux Bi-

de ses feuilles (3). thynies : l'une, en £urope , aux envi-


La race d*Amycus régna encore rons de Saimydessus, c*estun lieu de la
quelque temps sur les Bébryces. Étienne TliiMce; l'autre en Asie, jus(iu';iu Bos-
de ByzaiR-e mentionne Mucaporis phore (2). La majeure partie des Bithy-
comme roi de Billiyme et INIaudron^qui niens est originaire de la Thrace, mais
régnait à Lampsaque, lorsque les Pho- s*est accrue par rémigration de Grecs
céens s'en emparèrent (4). C'est vers du continent qui f^onl venus s'établir
celte époque que les Cimmériens péné- dans cette contrée. Paus.-mlas va plus
trèrent dans la Bebr}cie et s'en rendi- loin ; il regarde tous les Bithyniens
rent maîtres. Une partie des Bébryces comme origmaires du continent de la
fut exterminée ; mais les Cimmériens ne Grèce. Les Bithyniens, dit-il , sont ori-
purent former d'établissement durable, ginaires de l'Arcadieet de Mantinée (3).
et furent n leur tour chassés par les Néanmoins, Strahon avait dit, avant
Thract'S bilbyniens (5). lut :La plupart des auteurs s'accor-
Quoiqu'il soit très-difficile de fixer dent à ri'u inli r les Bithyniens comme
positivement l'époque où h s tribus eu- originaires de h Mysie. Ils ont reçu
ropéennes qui occupaient la Tbrace et leur nom des liilhyniens et des Thy-
la Macédoine se sont transportées dans niens , deux peuples de la hrace quii

TAsie Mineure, il paraît certain que ce vinrent s'établir parmi eux. Les preuves
fut avant la guerre de Troie. Ces tribus, aU*on en donne par rapport au peuple
qui ont émigré à ditïérentcs époques, es Bithyniens c'est qu'il existe de nos
,

claieni les Phrygiens, les Mysiens et jours dans la Thrace une peuplade
les Tliyniens. Homère, dans son dénom- nommée Bithvniens, et par rapport aux
Thyniens , c est que la côte près d*A-
(i)Théo< iiie, Idyl. XXII. poûonie et de Saimydessus porte le nom
(a) Mcfpli., Hisl. ml. liv. VII, »h. L. do Tiiynias. Un passage d'Hérodote,
(3) Pliae, ii^r. XVI, ch. XLlVi Dyou.,
(0 Hérod.Jiv. Vn,ch. IXXV.
'
p. ao.
Cbmn. Hellenica , d, i J. MiUlcr.
(4) (a) II, vers 177.
(5) Arr. apud Eiut., p. 58, iu Diouyiiiim. (3) PauMuiat, lit. TlII,cb. IX.

Digitized by Google
ASIE MinCDEË. 4$

fÊt nous avons cite plus haut, atteste plade. Les Milésieos ayant bâti Héra-
M néoMi faits. dée, soumirent les Blariandyaiens
Ce fut seulement sous les rois de anciens habitants de cette contrée , et
Bithyiîie que In contrée eut des limites les vendirent comme esclaves, mais
bien' déterminées. Leurs possessions sans les envoyer hors du pays (l). Ainsi,
étaieotconaprises entre le Sangarius à dit Enslathe , leur eondition ressemblait
rorient, et le Rhyndacus au couchaut. beauooop à eeUe des Ilotes. Etienne de
Ana>nr»ement les Bithyniens possé-
, Byzance nomme aussi, d*après Théo-
daient lepays depuis le Bosphore jus- pompe, les Ladei^si et les Tranipsi
qu'au fleuve Rhebas. Le pays iiiouta- comme faisant partie des peuples de la
fsam gai suit était habité mV les Thy* Bithynie ; mais il ne dit pfls en quelles
iras jusqu'à la rivière ae Calès, de régions ils étaient établis (2).
nanière que les Bithvniens et les Thy* 2® Les Caucones. Celte peuplade oc-
siens étaient liiiiitrouhes (1). cupait une enclave du pays des Marian-
Do e6lé du snd, il est Imoeoup plos dyniens vers les bords de la mer, jus-
difficile de déterminer les limites de la qu'au fleuve Parthénius, qui preud sa
Bilhynip, m^me sous les rois. Leurs source dans la Paphlagonle même. Il y
conquêtes se sont étendues jusque dans a, dit Eustathe, un peuple en Arcadie
riûtérieur de la Phry^ie , et ils possé- nommé Caucones , qui , se croyant ori-
dèrent la Plirygie Hellespoutique oa ginaire de la Paphlagonle, prêta du se*
^îctète (2). Le royaume de Bithynie cours aux Troyens. C'est dans cette par-
se composait donc des peuples sui- tie de la Bithynie qu'existe encore une
vants: Seuplade noinmée Cauconiate, voisine
f* Les Mariandynisns; la langue et es Mariandyniens (S). Ils sont cités par
ks osages de ce peuple ne diffèrent pas Homère dans le dénombrement. Vers
de reux des Bithyniens. Il est probable la mer, dit il . sont craritonnés les Ca-
quecestun peuple thrace (3). Les Ma- riens et les Feoniens, célèbres tireurs
ria ndyniens possédaient la partie la d^arc , les Leiéges , les Caucones et les
plus orientala delà Bithynie, et don- nobles Pélasftes (4).
naient leur nom au golfe où tombe le Ces Caucones étaient des tribus er-
Sanffarius (4). Étienne de Byznnce rantes ,
répandues en Grèce et en Asie.
nomme Mof tavôuv{a /^(i>pa lepays qu'ils Eustathe nous a conservé une note très-
pense *avee Eustathe (S)
Ittbitaiait. 11 eurieuse et fort positive à ce suiet. Il
foe ee peuple prenait son nom d*un mentionne les Caucones du Pélopon*
nomme d'.Eolie, nommé Mariandynus. nèsc. On sait, dit-il, que les Caucones
Mais StraboD , sur l'autorité de Théo- sont un peuple nomade , et qu'il y avait
pompe (6), dit que ce Mariandynus non-senlement des Caucones en Arcs-
«ait maître d'une partie de la Paphia- die , mais aussi dans la Paphiagonie.
ponie. envahit ce canton sur les Bébry- Ils étaient voisins des Mariandyniens et

c«*«. et lui douna son nom après la con- habitaient 1 côte jusqu'au fleuve Par-
1

quête, lorsque les Argonautes eurent thénius (S). Il n'est pas étonnant de
ariné la llébr]rcie, ils ^arrêtèrent chez trouver dans ces contrées des peuples
les Mariandyniens , sur lesquels régnait nomades, caries Scythes qui, sous la
Lycus, qui les reçut favorablement, conduite de Madics, s'étaient emparés
parce quM était Grec d'origine et de la de l'Asie, en poursuivant les Cunmé*
laee de Pélops (7). Xénophou nous ap- riens chassés d'Europe (6) , et qui , après
piCMl quelle fat la 0n de cette peu- la défaite des Mèdes, la réduisirent
tout entière sous leur domination (7),

(i) EutUthe, ad Uion. (i) Xénoph., Exp, Crr., Mw. TI.


(»} Strabon , Iit, XII , p. 543. (a) Tliéop., Phagm., hb. VIII, p. sSo, éd.
(l) Stnbou, XII, p. Sia.
liv. Mùller. El. Bjfz. v. Ladepti.
(4) PiiDc, HUi, mat,, Inr. Vl, di. L (3) Etttitthe, ad Hom., /IrW., 363.
'>) Apiid Dionyt., liv, V, p. aSS. Eiistalhe, ad Hom., ///W., 36a.
(\)
(6/ Théop., p. 3ra, éd. Mùller. (5) Kiislalhe, (y.^ -s., liv. 111, v. 360.
i'/i EiUiolb. d'Apoilod., liv. I, ch. Vllf, (6) lléVudole, tiv. I. ch. CllI.
(7) Héradole, Kv. I, ch. CTI.
4* liprolieii. ( Ain Miino u. ) T. II. 4

Digitized by Google
L'UNIVERS.
liureot, chassés à leur tour par les !Slè- xNous croyons que ces documents sur i

(!('S , Inisser quelques tribus vagabondes les anciens peuples nui ont ocjcupe la
au milieu des moutagnes de la Paphia- tiithyuie sont les seuls qu'on doive re- j

^onie et du PoDt,e'e8t-à-dire des monts garder comme positife. Strabon lui*


l'aryadres et Orminius(l). Cette suppo- même a éprouve tant de ditlQculté à i

Mlion est contirrnée par Strabon.» Quant bien faire connaître leur origine, qu'il '

aux Caucones, dit-il , qui , selon quel- termine sa description en disant ; Telle
ques auteurs , oecapaiept la edte à Test était donc la dtspositiOD de ces lieux et
ucs Mariandyniens jusqu'au fleuve Par- de ces peuples. Elle ne ressemblait
thcnius , et qui possédaient la ville de guère à celle que Ton voit aujourd'hui.
Tieium, les.uns leur donnent une ori- Il faut chercher cette différence dans
gine Scythe, les autres les regardent les diverses révolutions qui ont tantôt
comme une peuplade sortie de la Ma- séparé, tantôt confondu les peuples,
cédoine, d'autres encore comme des suivant la volonté des maîtres, qui n'ont
Pélasges. On prétend aussi qu ils avaient pas toujours été les mêmes; car, après
leer demeure dans le pavs qui s'étcod la prise de Troie, ces pays passèrent
depuis Héraelée et les Mariandynieos sucoessivement sous la doininatioa d«s
jusqu'aux Leucosyrleus que nous nom- Phrygiens, des Mysiens, des Lydiens,
mons Cappadociens. On trouve le peu- des Eoliens, des Ioniens , des Perses et
ple des Caucones aux environs 4^ des Macédoniens , et en dernier lieu
Tieium , qui s'étendent jusqu'au fleuve des Romains , sous lesquels la plupart
Parthénius et celui des uénètes de l'au- de ces peuples ont podu jusqu'à leur
tre côté, à qui appartient l:i ville de langage et leur nom.
Cytorus. Encore de nos jours, ou voit Peu de temps après l'établissement
aux environs de ce ûeuve uue peuplade des Bithyniens dans cette contrée , ils
qui porte le nom de Caueonides. » furent soumis par Crésus (IL la det- A
3* Les Tbynieos qui occupaient la tructioD de Tempire de Lydie , ils pas-
presqu'île formée par le Pont-Kuxin le , sèrent sous la domination de la Perse
Bosphore et le golfe de Nicomédie. Ces et leur territoire forma une satrapie
Thyniens, comme nous l'avons vu, connue sous le nom de Dascylium ou
étaient Tli races et sortaient des États d*Hellespon tique.
du roi Phynée. Des colonii s grecques étaimt déjà
4" Les Bébryoes dont nous avons venues s'établir sur les côtes de la Pro-
parlé. puutiiio el avaieut repeuple un pays
6» Les Mjslens occupaient le depuis lonstemps ravagé par la guerre.
mont Olympe et qui sont venus de la !\Tais cet état de prospénté ne Hit pas
Thrace vers la même époque que les <l(ï longue durée; les n^publiques de
Phrygiens. Ces tribus , qui se sont élea- B} zauce et de.Chalcédoipe Ur^ui plu-
dues vers la Troade, oot donné leur sieurs invasions dans la Bithynie,
nom à cette province. Quant à ceux saccagèrent différentes villes de cette
qui s'étaient établis près du lac A^oa- province et en massacrèrt-nt les habi"
nius et dans l'Olympe, quoique celle taiits 2). Les Bithyniens eurent aussi à
montagne ait conservé de tout temps le suullru du passade de l'armée de Xé-
nom d*Oiympe Mysien, pour la distin- nopbon. Une reucontre eut lieu près de
guer des autres du même nom , ils se Calpé; ils ftirent vaincus , et Tarmée det
sont confondus avec ies Bithyniens {,2). dix piille arriva ( .lirysopolis (3).
:i

Ces défaites successives n'affaiblirent


(l) Plolémée ,
Geoj;., V. cependant pas le courage des Bithjr-
(«) Apullodora Duus apprend que du niens, qui u iiu rent constamment de
temps d'At'iyni«i, roi de» Itébrycei , la My- s'affranchir de la domination des f»er-
siu cuit gouveruée |)arLycus, ÛIa de Uàacy- ses, et mal^^e les embarras continuels
lui, qui fut secouru ptr Uereule coBlr« que le satrapie Pharuabaze leur suscita
Amycuf. Duu cette guerre, UercuU- tua
Myi;don, frère d'Amycu» et roi d'une por- '
.
••'

tiou de la Bébrycie , qui reçut ào lui le nom (i) Hérodote, liv. I, ch. GXX.T1U.
de Mygdooie. (Bibl. A|»oil.^ Uv. H, ch. (j Dioduif, liv. I ch. LX.XXII.
,

(J) Xénoph., H'ut,t Uv. iU, ch. H,


ASIE ttÎNEURK. SI
m dehors ,Bithynien Dédakès , eu
le mée, général d'Autigone envoyé au .

s'empmiit dTAsIacas, fonda une sorte secours des Grecs, eoMibinées avee
de fjouverncment monarchique C'est ce celles de Clmlcrdoine. Mais les discus-
prince que Ton peut regarder comme le sions qui éclataient entre les généraux
fondateur du royaume de Bithynie, d'Alexandre les forcèrent bientôt à veiU
quoique Menmon (1) ne le désigne id 1er à lenrs propret fhtévéts (1), et k»
et ses demndants qoe par le titre d*é* nouvelles républiques se trouvèrent ex-
parques. posées à la vengeance des rois de Bi-
Cet état de choses dura jusqu'au mo- thynie. Chaicédoine, qui avait voulu
meot où Alexandre aoéaiitit la puis* continuer seule la guerre, vit son ar-
saœe des Perses en Asie Hinenre. Cest mée taillée eo pièces , et toute la ville
alors quela Rithynie devint un royaume sur le point d'être pillée ; mais la répu-
sur Irqiiel les liistoriens anciens nous blique de Byzance, qui avait toujours
ont laissé quelques renseignements. tenu secrètement pour les Grecs, se
porta médiatriee entre les Bltbyniens et
CHAPITRB II. les habitants de Dialcédoine.
Le règne de Zipœtès ne fut qu'une
suite de guerres heureuses. En vain les
'
BOIS I>£ BITHYNIB.
lieutenants d*Alexandre , convoitant se^
Étienoe de Byzance nous donne le rielies provinces, lui cherchaient des
tableau chronologique du rej^ne des huit ennemis dans l'Asie et danslaThrace (2).
rois <jui ont gouverné la Kylhynie de- Les princes d'Héraclée se souvenaient
puis sa constitution en royaume jusqu'à encore des succès des rois de Bithynie
m fédnetion en provinee rmmrtne. et s'étaient liés avec Lysimaque oontre
BoCjras, de Dédalsès, se troara'
fils Zipœtès , qui résolut de mamier drioli
ot8ttr« de la Bithynie 5 la mort de son Contre Héraclée. pour soumettre à ja-
père : il défendit Astacus contre les mais une ville avec laquelle il ne pou-
OLtrepltes de Denys , tyran d'Héraclée, vait vivre en paix. Cette partie de la
qni vim Passiéger avec une armée nom* Bithynie, située au delà du Sangarius,
brruse. Son Gis Bias, qui hérita de son qui avait été occupée par les Mari.mdy
pouvoir et de ses États, eut à soutenir niens, était un pays presque désert et ,

de uombreuses guerres avec ses voisins les peuples qui l'habitaient , obéissant à.
poor mahitenir ses droits ( à 8S8 nnstinet nomade, vivaient" dans deà
a? J -C ). Tl résista avec avantage li buttés construites à la h5te , etn'àvaleot
Caraiius (2), lieutenant d'Alexandre, aucune ville. Ces habitudes se conser*
oui oommandait eo Pfarygie et qui avait vent encore parmi les peuples du pla-
Mmé le projet de rendre la liberté aux teau septentrional de l'Asie 1Mhieoré\
f91es grecques tombées au ponvoir des au delà de l'Halys. Mais les Bithvniens,
Bithyniens. originaires d'Europe, et habitues à des
La mort d'Alexandre délivra pour demeures fixes, sentaient le besoin de
toujours Bias de cet adversaire dange- créer des villes dans tous les lieux de
fsm; c^cst alors ^u*!! prit le titre de leur dortiioation. Pendaift oette eam««
roi que sa postérité conserva pendant nagnISj qui traîna en longueur, Zipœtèa
trws siècles. Son flis et successenif fonda la ville de Ziprelinm nu delà du ,

aes m
Zipœtès dut aussi affermir |)ar les ar-
poafoir sur des provinces dont
b possession lui était contestée. Les
Sangarius, près du mont Lyperus. Elle
n'est mentionnée que par Alémnoà et
Éticnhe de Bvzançe (S). Lè silence déS
'

républiques grecques jalouses de voir


, historiens d un t^nips postérieur donne
un royaume naissant qui menaçait in- lieu de penser qu'elle changea de nom
cessamment leur liberté, se liguèrent ou qu'elle ne subsista pas longtemps.
entre elles pour faire la guerre à Zipce-
lès, qui, dans le commencement, fail- (i) Çoôf. Dlod. 4e Sicile.
lit être aeeabié par les £»roes de Ptolé- (a) Memnon , ap. Phot,, ch XKf.
(3) Couf. Til. Uv., liv, iXXVIIi , ch.

(t) Apud Phot., y. 7aa.


^) Diedorcy p. 493*

4.
52
mCOMBOB I*'. côtes de laTroa !e dans le but d'y for-
mer un établissement (1).
Zipœtès mourut «près un règne de il mieux les appeler comme
valait
quarante-sept ans, en laissant son fils des amis que d'attendre qu'ils vinssent,
Nicomède 1*^^ possesseur de ses États. les armes à la main, reclanier un pays
Ce prince signala son avènement au pour s'établir. Lorsque nous nous oc-
trdne par un crime trop commun dans cuperons de rinvasion des Gaulois en
les annales de POrient. 11 fit massacrer Galatie, noos examinerons en détail lec
ses frères dans la crainte que leur am-
. circonstianres qui ont précédé leur arri-
bition n'amenât le démembrement d'un vée. Nicomède signa avec eux un traité
royaume encore mal affenni. Le plus qui nous a été couservé par Pbotius (2).
jeune d'entre eux , Zibéas ou Zipœtès Les Intérêts de Bjrzanee sont ménsigés
fut assez heureux [)our éclunpper à la dans ce traité, ainsi que ceux des autres
mort. Ketiré dans la partie orientale de villes alliées de Nicomède. Les Gaulois
la fiitliynie, il rassembla des partisans, devaient se déclarer ennemis de tous
et marelia contre son frère. ceux qui entreraient , les armes à la
Nicomède s'était ainsi suscité le dan- main^ dans les diverses terres dépen-
ger qu'il redoutait le plus. Kffrayé dantes de celte république.
des progrès que faisait son ennemi , il
demanda ralliance des habitants d*Hé- IiBS GAULOIS PASSENT £N ASIE.
raclée. anciens ennemis de la Bithynie,
mais depuis longtemps fatigués de la L'arrivée des Gaulois en Asie cîian-
tîucrre. (lhalcédoine avait cte tt llement gea la face des affaires. Bien qu Anlio-
maltraitée qu'elle vit avec^oie une pro- chus. Grec de nation, eût toutes les
position qui ^att propre a amener la sympathies des républiques de la Bithy-
cessation des troubles dont elle avait nie , elles restèrent fidèles à Nicomède.
tant souffert. Byzam e suivit la fortune lirniclée fournit même des vaisseaux
de Chalcédûine. Mais, d'un autre côté, pour défendre les eûtes. Les Gaulois
Antiochus, roi de Syrie, qui songeait marchèrent contre l'armée d'Antioehus
depuis longtemps a réduire sous sa do- et la forcèrent de repasser le Taurus.
mination les provinces de l'Asie Mi- Nicomède, pour récompenser la valeur
neure situées en deçà du Taurus, était de ses nouveaux alliés, leur céda quel-
venu uflrir des secours à Zipœtès. Cest ques terres au delà du Sauganus (3).
alors que Nicomède, pour faire face à Cest là que nous les retrouverons plus
un ennemi si puissant, eut Pidée d'ap- tard , imposant des lois à toute TAsie
peler à son secours des alliés dont la centrale.
renommée avait déjà traversé l'Helles- Délivré de tous ses ennemis, en
Cint, et qui seuls pouvaient contre-ba- bonne harmonie avec ses voisins, Nico-
ncer la puissance d*Antiochus On mède put donner ses soins aux intérêts
it paraître sur les bords de la Propon- de son royaume. Astacus la principale ,

tide les plus hardis compagnons de ville de Bithynie, avait si longtemps


Brennus, qui avaient laissé au loin der* souffert des ravages de la guerre, qu'elle
rière eux la Grèce et la Macédoine, et était presque démantelée. H songea à
qui c<impai«'nt aux portes de Byzance fonder une capitale et choisit pour l'é-
,

comme des alliés menaçants. Il est pro- tablir la position la plus heureuse de
bable que le traité que Nicomède avait toute la cote de Bithynie. Nicomède s'é-
signé avec les Byzantins ne fut pas sans tait allié à une princesse phrygienne
influence sur la détermination du roi, nommée Kosingis (4), dont il e'ut trois
et que les Byzantins furent heureux en , enfants. A la mort de Kosingis. il
lui prêtant secours, de se débarrasser épousa une femme nommée Étazéta,
d*iine amitié onéreuse. En ouvrant les qui traita les enfants du premier litavee
portas de TAsie à une poignée d'hom-
mes qui arrivaient pour fonder un em- '0 Slrah., liv. \U, rh. IV.
pire, Nicomède fil preuve d'une poli- (a) Mcmnoii, a|)uJ Pholiuin,p. 720.
tique sage. Déjà les émissaires des Gau-
lois avaient .âit une deseente sur les (4) IfaaiDOD, apiid Pbot.. p. 7«4*

Digitized by Google
ASIE MII^EURE. 5S
MAdorvté, que Ziëlns, Tahié, fut PftOtlAS lOl.
eMftaiot de 8e retirer près du roi d' Ar-
sène. La fin du règoe de Nicomède L^autre'fils de Fiioomède, Pnisias,
ibt eoDStamment heuraue. Les tenta- régnait sur la partie oceidentale du
tmi^s rois de Syrie, pour lui susci- rnvatime; mais , constamment nfcii[)é
ifr éf$ ennemis , n'eurent aucun suc- dans les ^^iierres civiles, il ne contiMua
m\ mourut après un règne de treote-
il pas entreprises de son père INico-
les
cinq an , eo déshéritant ses enfants du mède, et les travaux commencés pour
pnnierlit, au profit de Prusias, fils fonder et embellir les villes restèrent
M de sa seconde Cemine. suspendus.

ZIÉLAS BOI. PBUSIAS i*'.

Mais Ziéhs , en apprennnî h mort de A la mort de Ziélas , son fils r*rusins,


smpère, vint à d'un certain
la téte qui est généralement regard»' coni ne le
KMBbre de partisans revendiquer se^ premier roi de ce nom, parvint à réunir
Msala eouronne. 11 trouva un appui a son royaume les provinces que gou-
attendu dans la nntion des Gaulois vernait sou oncle FVusins. Ce fut le su-
tmo^nges (1 qui se souvf ii.ut de l'ai- jet de la première j^ut rre suscitée entre
fiance qu'elle avait contractée avec son les rois de Bitlivnieet ceux de IVr^ame.
pèn.ei qui en même temps accueillait hes deux partis trouvaient ficilement
2vec joie l'oocasion de faire la guerre. des alliés parmi les princes grecs et les
Araot d'élre arrivé aux frontières de la petites ré|>ublique<; , qui espéraient les
Bitbvnie, il avait deja rassemble une uns et les autres quelques agrandisse-
armée nombreuse; niais ceux d'IIéra- ments comme fruit de la victoire. At-
c!r>e et de Tium avaient pris le parti de telé s*étant ligué avec la république de
la rein»-. Ziéias , du reste, s'en vengea Byznnce, Prusias, pour mieux lui résis-
en i-iriuni contre eux les Gaulois, qui ter, lit alliance avec Philippe, roi de
ravagèrent li territoire d'iléraciée. Si Macédoi.ie. Ce prince avait déjà eu plu-
nous detoos nous en rapporter à Étienue sieurs occasions de porter la guerre en
de B^yanee (2), et eroire que Ziélas a Asie, et saisissait avec empressement
fnnâe la ville de Zéla dans le royaume de nouveaux motifs de «'immiscer plus
<ie Font, il faudrait supposer qu'il a avant dans les querelles des rois de cette
donné son nom aux lieux où il s'était contrée. Sous les plus frivoles prétextes,
retiré pendant son exil , sans s*arréter il attaquait les villes de la côte , choi-
à h difficulté que présenteraient d'au- sissant le moment où Umrs mIIIcs étaient
tres^auteurs qui placent celte ville in- ensa^fs dans des entreprises lointaines.
^inetement dans le Pont^ dans l'Ar- Une des places les plus importantes de
nvénie ou dans la Cappadoce, ear les la Propontide, dont l'origine remontait
frontière'i de cette province ont si sou- à une hante anliquilé, puisqu'elle était
trot varié, que la Nille de Zéla peut regardée co'ume fondée par un Argo-
avoir été comprise tantôt dans l'uue, naute (1) qui lui avait laisse son nom,
tantét dans Tautre de ces protInoes. Les la ville de Cius (2) , ayant fait alliance
dtesensions deZiélas et de sa belle -mère avec les vfltoliens, s'attira ainsi la co-
fnrpnî pour résultat le part.i;îe de la lère de Philippe qui l'nttnqua la p' il.
, ,

Bîtù} oie,et unaccommodetnciit eut lieu et en lit vendre les habitants, après a- l

asus les auspices de la république d' lié- voir ruinée de fond en comble (3). lA
iiçiée. Ziélas s'établit dans la partie
orif'ntale de In province. C'est peut-^lre
(i) Hérodote, liv. Y, rbap. CXXIl.
i cette époque que remonte la division
(>) Suivant ApolloJoic { Bililiolli., lih. II ,
en première et deuxième Bithynie, qui Ciiii fui fondée par l'Argouauif
la >il|p (le
ae rot pas cependant très-usitée. Polvpliôrnr qui, à sou retour de Colcliiilr,
,
I

f
ileso» Il lit à ItTiv avec llnctili'. Se lrou\iittt
(i) Memn , apod Fbol.. p. 7>4* abaiiJoniic sur la rôtc, il foiida la ville dtt
Cius, ri s'en (it roi.
(3)Pol)l>e, 709.

Digitized by Google
'S4 VUK
ville àt Hf^, fontf^ p«r Myrins, avait tenté <ie rassanhier ; la guerre fut
chef das Golophoniens , fut éf^aiement décrétée, et Prusias employa, mais en
saccagée par Philippe. Les Rhodiens vain, son influence auprès "des envoyés
alliés de ces deux villes, se liguèrent de Rome pour détourner la répubîiqtip
avec Attale l*"", et déclarèrent la jaierre d'un pareil projet. (170 av. J.-C.) Pour
Sku roi de Macédoine. Prusias, qui avait rendre son intervention plus utile à son
épousé Ap.iniée fille de ce prince, reçut
, beau -frère, Prusias attaqua Eumène,
en présent le territoire des villes c/>n- et porta la guerre dans les États du roi
quises ; il rebâtit Cius, et lui donna son de Pergame, qui fut aiusi contraint de
nom. La ville fut appelée Prusîade, et rester en Asie. Mais eee événementi
pour la distinguer de la ville du même servaient mieux la politique de Rome
nom, située au pied de l'Olympe, on que n'aurait pu faire une cuerre directe.
rappela Pruse sur mej-. La ville de Les Romaius attendaient que les rois
Myriée prit le nom d*Ajpamée , reine de d'Asie se fussent sufGsamment affaiblis
fiiihynie et femme de Prusias. Ce fut, les uns par les autres, pour les attaquer
Étienne de Byzance (l) , Nico-
suivaïJt ensuite ouvertement.
mède Épiphnne qui donna à la ville de liCS armées de Prusias remportèrent
Myriée le nom de sa mère A pâmée. sur celles d'Ëumène de nombreux avan-
lorsque les Bomains, déclarèrent la tages ; elles dorent ees suecèa moins è
^erre à Philippe, Prusias ne soutint rhahileté de leurs i^éraux qu'aux con-
pas son allié et laissa le roi de Pertrame
, seils d'Annibal, qui, errant et proscrit,
passer en Grèce pour porter du secours s'était retiré à la cour de Prusias, père
aux Romains. Profitant des dissensions de Cynxgus. Le général carthaginois
suscitées entre des États qui pouvaient combattit lui-même la flotte d' Eu-
voir d'un œil jaloux l'agrandissement de mène (l) et mit ses vaisseaux en fuite.
laBithynie, Prusias résolut d'étendre Des services aussi éclatants ne purent
ses frontières du côté de l'Orient. Il cependant détourner Prusias de la plus
enlreprit ieii^ d'Héraelée, Tune des lâche trahison. Eumèoe a*était plaint
principales places de la Paphlagonie, aux Romains de la conduite ae ce
et qui fut annexée au royaume de Pont prince; déjà In république était l'arbitre
rir Mithridate. Blessé pendant le siège, suprême auquel se soumettaient les
renonça aux conquêtes , et finit tran- monarques a* Asie, quand la voie des
qaillement sa vie , après un règne de armes n'était pas assez prompte.
quarante ans, laissant la courouie (3) Quintius FInminius, envové du sé-
à un fils qui portait son nom. nat, arriva en Bithynie avec la mission
avouée de rétablir la concorde entre
PBOSIAS f1. les deux rois. En apprenant que l'im-
placable ennemi des Romains vivait en
Ce Prusias, surnommé Cynagus, le Bithynie comme l'hôte et l'ami de Pru-
chasseur, monta sur le trône de Bith^mie sias Flaminius ne dissimula pas qUe le
,

vers 192 avant J.-C. L'alliance ^ui avait peuple romain ne oonsentirait jamais à
existé entre son père et les pnnces de recevoir pour allié un ami d'AnoilNiL
Macédoine subsistait toujours, malfjré C'est alors qtie le roi de Bithynie ne
la conduite équivoque de Prusins on \ ers rougit pas de solliciter la protection de
Philippe. Le roi de Bithynie tpousa Rome, en promettant de livrer son
une des anars de Persée , et prit une hôte; mais celui-ci , averti à temps du
part active aux intrigues que ce prince complot tramé conlro lui avait préparé ,

entretenait avec tous les ennemis des du [)oison ,


qu'il prit ;iu moment où les
Ronjains en Orient. Eumène, allié de gariles du roi venaient arrêter. Il fut I

la république , et jaloux de la puissance enterré à Libyssa, village qui était au


des rois de Bithynie , se plaignit aux bord de la mer (3).
RooMina de la perfidiie de Peraée, qui
(i) Plutarqiif , Vie d'Aunibal.
(i) Verbo MupXûou (a) n Fuit et Ltbysta oppidum , iibi oiinc
(a) Tit. liv., IXXn, eb. 34; XXXTO, HiiMiibalis tantna tumnlut... • Plinii Nulu-
di. 3o. nd. Hblov., lib. cep. XXXII.
iiSIR MINEURE.
Pmtiat* obligé de rendra à fiuiiiène atteindre Nicoroède, qui laissa ceppn*
kê proTînces conquises, entraprit le dant son trône à un fils du même nom.
Toyoep de Rome, pour
tâcher de se Ce prince, sous le nom Nicoinède III,
concilier, par sa présence, les intérêts soutint d'abord une guerre contre sou
du sénat. Mais l*attitBde suppliante frère Socrate, protégé par Mithrldate)
quil prit eo abordant le Capitole, la ce motif seul lui valut Talliance des
bassesse de sets supplications lui furent , Roniains, qui le rétablirent plusieurs
plus défavorables auprès des Uers répu- fois sur son trône. Depuis ce moment
blicains que la conduite hardie au'il la Bitbynie fut acquise aux Romains,
avait tenue en attaquant leurs alliés. et, quelques années plus tard, Plieo>
ReoToyé nvec mépris il revint en Bi-
, mède, en mourant, 1rs institua ses hé-
tbynie pour vencer sur les rois de ritiers. Cependant, ils n'entrèrent pas
Pergame, et déclara de nouveau la sans combattre eu possession de leur
guerre à Attale II, successeur d'En* héritage , et Blitbridiite mit une nom-
mené ; il le vainquit , et s'empara de sa breuse armée en eampame pour dé*
capitale mais les Romains le forcèrent
; fendre la Bithvnie, qui Tut soumise,
de nouveau à restituer cette ville à son malgré ses efforts, par Silanus, Lu-
souverain léfiitiine. Des soulèvements cullus et Cotta. Ce dernier avait établi
SM ienui en Bitbjrnie foieèrent Prusiae son quartier général i Cbalcédoine,
h s>nfuir à Nicoinédie ; son fils Nico- pendant que Lucullus assiégeait A pâmée
niède vint Tatt^quer, à la téte des ré- et Pruse cerné dans la ville par îVIithri-
:

voltés , dans sou dernier refuge. Apres date, qui avait armé une flotte nom-
ramir fait sttsssiner, il fut prodÎMné breuse , il fut secouru à temps par son
loi, etfeoDt le surnom de Pliilopelor* eollèfiiie (1).
l.p? premferes années de son rèsne se La dynastie des rois de Bitbynie doit
passèrent dans une paix profonde. donc éue établie de la mauière sui-
vante :

mCOMàDB II.
•Tint J.-C.
Bias régna de S78 è S9«
L'alliance de ces monarques avec les
,

Zipœtès, — 328 à 281


rois grecs t et leurs relations continuel- iMcomède l*"", — 281 ;i 246
Iss aiee kis priness esiatiques les nias
Prusias (Zelas) — 24(> a 332
ifBMBBién |Mir leur faste , donnent lieu Prusias 1*, — S33 à 192
de croire que la cour des rois de Bilhy- Prusias II , — 193 à 149
Die n'était pas moins brillante que celle
des Atinlc et des Séleuddes. Mais la
Nicomède II, — 149 à 92
Moomède IIU 93 à 76
Bitbjnie a été trop souvent envahie et
sseesigiée ,
pour qu*on puisse espérer d'y
retrouver quelque monument impor- LA BITHYRIB BÉDUITB BN PROVINCE
tant qui date de 1 époque où elle n'était OMAIIIB.
pes floamise à la dominetloo étran^fere.
Dès pays, converti en pro-
lors, cp

IflCOMiDB iiu vince romaine tuml»e sous le gouver-


,

nement des proconsuls et des piiteurs


UaUiaiiee qne eontraeta liieomède et rentre dans Fadministration générale
avi»c Mitbridate lui haine des
attira la de l'empire. Décrétée province du peuple
Romains, mais ne IVrnpèfha pas de romain (2), la Bitliynie fut gouvernée
conquérir la Cappadoce el la Paphla- par des proconsuls' tirés au sort. Plu-
fODie, qu'il partagea avec son allié. Les sieurs empereurs la visitèrent, et sou-
Romains appelés pour arbitres dans un vent son territoire devint le champ de
,

différend qui s'éleva cnlre eux, s'em- bataille où les prétendants è l'empire
narereut de la Cappadoce pour venger tirent valoir leurs droits.
le roi Ariaratbe assassiné par Mithri-
date (1). Le même sort ne tarda pas à (i) 71 av. J.-C.
(•) PUne, lY, 9$ Y, so; YX, S; Ylt«
6 et 10.

Digitizod by Gû*..wtL
LUNIVERS.
BMPBBBUBS BYZANTINS. en mettant le siège devant les villes
qu'ils occupaient. Im soldats de Pro-
De tous les combats qu'excitèrent les cope, qui étaient
à Nicée, purent
-ferres civiles, il n'en est pas de plus néanmoins une sortie et vinrent
faire ,

important que celui qui décida du sort inquiéter armée de Yalens qui en-
i

ds remptrs entre Licinios et GonstantiD. tourait Chaioédoine. La fuite seule mit


La flotte du premier avait été battue l'empereur à l'abri de leurs poursuites;
devant les murs de Byznnrp; presque il se sauva par le lac de Soplion
tous ses vaisseaux et ciuq nulle sold.its qu'Ammien Marcellin (1) nomme lac
avaient péri. Il passa secrètement à de Sunon. 11 est clair que l'auteur latin
Chalcédoine, et eut bientôt réuni autour ne veut pas parler du lac Ascanius :
de lui une armée de cinquante mille car tout le territoire de ?îicée était
hommes; mais Constantin, sans lui occupé par les ennemis, tandis que Ni-
donner le temps d'assembler des forces comedie tenait pour l'empereur. Cet
plus considérables, traYena le Bosphore événement, qui augmenta le nombre
et engagea la bataille , qui se donna sur des partisans de Procope, lui donna les
les linntpurs de (IhrvFopoIis aujour-
,
moyens de poursuivre le siège de Cy-
d'hui Scutari; tout le champ de bataille ziqiie, mais ne lui ouvrit pas pour cela
est occupé aujourd'hui par le vaste ci- le diemin de l'empire. Attaquée par
metière des musulmans, qui s'étend de- Valens dans la plaine de Naeolia, en
puis la ville Jusqu'au pied du mont Phry^ie. son année fut vaincue, et le
Boulgourlou. péneral Ini-nir'me, arn'-ti' dans sa fuite,
Pendant les règnes suivants, l'em- eut la tète tranchée par ordre de Tem-
pire, balaneé entre des victoires et des pereur, dont la vengeance ne s'arrêta
revers, soutint presque constamment pas là, car plusieurs des villes qui avaient
des guerres lointaines, et la Rithynie, pris le parti do Procope eurent leurs
ainsi que les provinces limitrophes, murailles rasées. Aussi, lorsque les
jouirent d'une sorte de tranquillité , que Perses , sous la conduite de Chosroès
des soulèvements partiels ne parvinrent firent une invasion en Bithynie, il leur
pas à troubler. Julien à peine monté
, fut facile de s'emparer dos villes ainsi
sur le trône, se fit ploire de réparer les démantelées. Aux irruptions des Perses
édiûcesdes principales villes qui avaicut succédèrent celles des (lutlis et des
été endommagées par des tremblenients Scythes, qui n'avaient pas pour usage
de terre. Partant ac Nicomédie, il tra- de faire une guerre en règle , mais dont
versa l'Asie pour aller faire In guerre le seul but était de fies/end re sur In
aux Perses. Son successeur, Juvien, côte pour piller les habitants et brûler
couronné dans Ancyre, ne vit pas même ce quils ne pouvaient emporter.
comme empereur les murailles de Malgré la persécution qu'elle avait
CoDStantinople. Valentinicn , l'un de éprouvée soiis les rèijnes des empereurs
ses tribuns, avait été appelé d'Aneyreeii Deceet Diocletien,la reliiiion chrétienne
Bithynieparun parti puissant qui, d'ac- se répandit avec rapidité en r»itliynie;
cord' avec Tarmee, Telut empereur dans du moment qu'elle trouva une' pro-
la ville de Nicée A peine investi de cette tection près du trône, les fidèles cou-
diiînité, il se rendit à Nicomédio, et vrirent de monastères et (ré^'H-^e-; les
associa son frère Vulens à l'empire. Le environs des villes et les penchants des
grand concours de partisans qui s'é- montagnes. Toutes les vallées de VO-
taient réunis autour oe& nouveaux em- îympe virent arriver des anarhorèles
pereurs ne put cependant étouffer les 3ui formaient des disciples fervents et
prétentions de Procope, allié à la famille évoués.
impériale. Malgré la présence de l'em-
pereur, il s'empara de Nicée et de Cluil- DOMIlfATlOll MUSULMANE.
cédoine. î>a mort de Valenlinien, sur-
venue sur ces entrefaites, lit passer Les autres parties de l'Asie INIineure
l'empire sans partage entre les mains étaient depuis longtemps tombées entre
de Valons, dont le premier aoin fut de
poursuivre pvee vigueur les rebelles, (i) Lib.XXyi«e.a.

Digitizoa Ly Gt.Ji.(
ASIE MllNKURE. 57
les mains de la race musulmane, qui leur était dévolu à eux et à leurs des-
liait formedes royaumes rt des prin- cendants. C'est là l'origine de la puis-
dpiotéi indépendantes; mais la vigt- sance des dérébeys (i), dont le gouver-
iaim des empereurs byzantins nv.iit nement, tout h fait féodal , fut pendant
éloi£M jusque-là des frontières de la plusieurs siècles d'un si prand seeotirs
Bitbynie les hordes des énnrs et des a la [)uissniice des sultans. (Ji!e'qui'>-
ealifes. Harouu-al-Uacbyd, qui s'était UDS de ces liefs, donnés pour un certain
enpiré d*Aiifçora , et dont Tavant-ganie nombre d'années, rentraient, h re.xtiuc-
^Dit\enue presque à Héraclée, s'était re- tion du titre, sous le pouvoir de la
parsuite d'un trnité signé avec l'em-
tire, Porte. I.es guerres p.irticulieres (juc sa
pereur (1). L«es Seidjoukides f d'ailleurs livrèrent ces beys, les vexations de
OMtoniBiCfit en gnerre avee d*aatres toute espèce dont ils accablèrent non-
prinees musulmans,
étaient mollement seulement les chrétiens, mais encore
attaque la Biîhynie, lorsque Toghrul, le les différentes tribus musulmanes qui
dùd de la dynastie d'Osman, voulant venaient camper dans leurs districts,
nnsieonquérirun empire pour les siens, eontrilmèrent à anéantir les derniers
urcha droit vers Touest, et vint mourir éléments de civilisation et de commerce
sur les bords du Sanijarius, en montrant dans cette rontrée. l'n des grands
i son tils Orkhnn les hauteurs de principes de la politi(fue du sultan
iiruu:»èa. Ala-Eddiu, sultan seldjoukide, Mahmoud était de réunir ious un prin-
lu avait donné en apanage toutes les cipe unique et absolu le gouvernement
terres qu'il pourrait conquérir au delà de Tempire. î.a puissance drsdt rcbeys
du Sanisarius. La prisse de Broussa, fut attaquée, et ceux qui étaient dans
doot les Osmanlis firent leur capitale le voisinage de Con^tantinople furent
en Asie, amena la chute du pouvoir obligés de se soumettre. Au|ourd*hui
de^ einperevra en Bitbynie. Des guerres la Bithynie est gouvernée par des pa-
infruetueoses , im pouvoir précaire, ne chas, qui reçoivent tous les ans l'm-
peuvent être considères comme la vestiture a Tepoque du Beyram. Ou
narqee d'une domination. Plus tard n*eutend plus parler de ces soulèvements
lersqoe les armées des croisés vinrent hardis qui mettaient en feu des pro-
occuper ces contrées, les Osmanlis, vinces entières, et maintenant Turcs et
quoique vaincus , ne furent jamais coni- chrétiens, courbés sous K même niveau,
piéCement cbassés, et la prise de Cous- jouissent, de la part des autorités, sinon
tantinople, en eooroonant les efforts de la même bienveillance, du moins
de deux siècles, cimenta pour jamais la d'une tranquillité relative.
domination musulmane.
Lors^iue le sultan Orkhan détermina CBAPiTAL m.
les lifDhcs de la province nouvellement
conquise, il donna les noms de ses raoïmERBa ne la BiTHTifiB.
lieutenants aux principaux districts
dont ils s'étaient empares. Aiu^^i , le pays Le royaume de fiithynie, formé du
des Tb^iens fut appelé Khodja-lb , et démembrement de plusieurs peuples,
la partie occidentale de la province eut naturellement des frontières \aria-
recul le nom de Kbodawenkiar; les bles; né.innioins du côté de l'ouest,
,

fiets que l'émir s'était réservés autour lei» limites turent constamment fixées
de roiviiioe furent appelés Sultan* par le Uliyndacus. Du côté de i e^t, il
OCoî. B^aîs le sultan ne (^rdait pas pour fut longte'inps borné par le cours du
h\ «;hu! If^ terres conquises, et les plus Snngarius (2); mais après l'adjonction
braies de ses émirs recevaient des por- du pays des Mariandyniens il s'é- ,

tions de territoire qui devaient au tendit Jusqu a Ileraelee, et même jus-


trésor pnblle, outra une redevanoe en qu'au Parthénius, c'est-à-dire , jusqu'à
geot, un certain nombre d'hommes la limite extrême du territoire de Cau-
raés; le /gouvernement de ces districts ooies. Cette Tbrace qni est en Asie,

(t) De Hammer, tii*ioire de Cempirt ot- (i) Dérébey, bey des vallétt.
4MMi, looie I, (a) Sifdioa, Kv. XII, p. 54r,
L'Ur^lVERS
dit Xénophon, commence à Teinbou- terminées par la chaîne de TOh nipe,
chure du Pont-Euxin et s'étend Jusqu'à qui est presque parallèle à la c^te de
Uéraclée. Elle est à droite de ceux qui i'Euxin , et nui étend ses ramifications
naviguent ven le Pont ; de Byzance à daus la Paphlagonie jusqu'au Pont et au
Héraelée il j t une iournée dé uavisa- fleuveHalys.
tien pour une trirème dans les plus
longsjours (I). HOnOUADB.
Les frontières déterminées par Stra»
bon loot un pea différentes. « La Bi- Vers le cinquième siècle , Xheodose U
tbynie est bornée à Torient par les Pa- détacha de la Bitbynie nne vaste portion
phlagoniens et les Mariandyniens , et dont il forma un gouveruemeot parti-
par quelques-uns des Épictètes; au culier qui fut appelé Honoriade , du
septentrioa par le Pont-Euxin, depuis nom de son oncle Uonorius. Ueraclée
Pembouebure du Sangarius jusqu'au reçut le titre de métropîde et d^nt le
Bospliore qui sépare Byzance de Chal- lieu de résidenoe du gouverneur (1).
cédoinc; à l'occident, par la Propon-
tide, et au midi, par la Mys^ie et la PAUAGES DU fiOSPHOBE.
Pbrygie surnommée Êpietète , laquelle
est aussi appelée Plurygie Hellespo^ La partie de la Bithynie qui est bai-
tique (2). » piiée par la mer a été de tout temps la
Sous la Romaius, les
douiiaaliuii des mieux connue et la plus peuplée. Le»
limites de la Bithynie furent un pea vastes ports que forment les sinuosités
changées. Toute la côte, dit Straoon de la cote attiraient, avant la fondation
(la partie droite du Pont-Euxin), était de Byza!u*<' le commerce de la Grèoo
,

soumise a Mithridate, depuis la Coichide et les colonies de l'Europe.


jusqu'à Héraelée. Mais le territoire si- Depuis l'embouchure du Hhyndacus
tué au delà de cette ville jusqu'à l'em- dans la Propontide jusqu'à rembovdiUM
bouchure du Pont-K'.ixin et jusqu'à du fleuve cius, la côte est peu élevée.
Chalcédoine, était reste sous la dépen- Toute cette plaine est riche en oliviers
dance du roi de Bithynie. Après la cLute et eu pâturages. 1^ fleuve Cius, qui
des rois de oe pays, les Romains con- sort do lac Ascanius, vient se jeter dans
servèrent les mêmes limites, de sorte un golfe profond qui prenait son nom
qu*Héraclée appartenait au Pont; mais de la ville la plus importante construite
le pays qui est au delà de cette ville sur ses bords. Au reste, on n'est pas d'ac-
appartenait à la Bithynie (8). La dé- cord sur cette dénomination ; Toinponius
termination de Ptolémée est diffé- Mêla s'exprime ainsi : « 11 v a eu delà
rente. La Bithynie. dit il, est bornée, de Dascylium deux golfes cle moyenne
au midi, par l'Asie propre, comme le grandeur; l'un, qui n'a point de nom,
montre la ligne tirée depuis le fleuve baigne la ville de Cius (2).»
Rhyndacus jusqu'à la frontière ; ;i l'o-
rient, par la Galatie et la Paphlagonie , CAP posmitfH.
d'après la ligne tirée depuis la limite
mentionnée jusqu'à Cytorus , ville du Le promontoire de Cius, qui fut ap-
Pont. pelé aussi le cap Posidiom (3), est formé
Néanmoins tous les auteurs mo-
, par un prolongement du mont Argan-
dernes qui ont traité de la Bithynie ihonius, sur le penchant duquel était
ancienne se sont accordes avec Éticnne Mtie la ville de Cius. Ce cap est sans
de Byzance et Arrien (4), ponr en fixer doute le Nepiuni fanum de Pomponius
les limites au Parthénius du côté de Mêla. Il est couvert de forets c est en :

l'orient Au sud , les frontières sont dé- en ce lieu que la fable place i'aventuie
d'Hylas enlevé par les nymphes.
(i) Xéoopk, JS«r/». Cyri^Mn, \, cb. lU,
D. X. (i) Jean Malala, C/tronog^., liv. XfV,
(î) Slrabon XJI, 563. p. 6g, 6, éd. Oxon.
(3) Slral)oii, liv. XII, p. 54i. (a) Mêla, liv. f, ch. XIX.
(4) Pèrip.f liv. I, p. i4, i5. (3) Plolomée, Iït. Y, ch. I.

kju,^ jd by Google
ASIE MI lÉURE. M
En remoDtaiil fers le nord, «t après Depuis Chalcédoine jusqu'à Tembou-
atoir doublé !• «ap PoiidiMfi , on «itre chwre da Pool*Einiii, la partie de la
hBiDédiatemeot dans un autre golfe qui côte d*A8ie qui est baignée par les eaux
s'éîeQd h l'ouest dont la partie
de Test . du Bosphore se prolonge du nord au
wd est forrpée par le mont Argantho* sud sans former de golfes profonds;
MIS, et la côte nord par la partie sud les bâtiments peuvent oepandant mouil-
ler à Scutari , dont le port était autrefois
très-fréquenté , mais qui a été comblé
«cm I»'ASTAC68 ou OB «IC0M£DII. pendant les f^uerres civiles. Pierre Gilles
en vit détruire les derniers vestiges,
Ce i^lfe , prenant son nom d«6 tilles lorsque la fille du sultan Soliman fit
les plus importantes construites sur ses bdtir une mosquée sur la côte d'Asie.
bnrds , est appelé tantôt Olbi^nus de la On voit encore dans In mer quelques
fiile d'Olbia (1), tantôt Aslaceous delà pierres qui ont appartenu à I ducièn
fUle d'Aitacus (J). môle, dont la construction avait pour
Plut tard , la ville de Nioomédie ayant iNit d'arrêter las efforts do courant.
remplacé la ville d'Olbia, ce golfe prit
le nom de polfe de Mcomédie, qu'il a POET CAI.PB.
conservé jusou'a nos jours. La côte ^ud
ét la p S w qr
tIe des Tbynieiis sa pro- Ta eôte baignée parlea eaux du Pont-
loa|i|;e du nord-ouest au sud-est , depuis Euxin n*offre aucun abri aux navires de-
le rop dp Chalcédoine jusqu'à la partie puis l'entrée du Bosphore Jusqu'au port
b plus etrpite du gulfe. A ee point, les Calpé, situé près de la rivière de ce
ttfres se rapprochent, forment aoe nom. Etienne de Byzance nous apptaud
larta 4e démit, qui, arrêtant l'impé- qu'il y avait également une vule de
taosité des values fait du golfe de Ni-
. Calpé; Xénoplion (I) nous a fait une
caoïédie un vaste et tranquille port. description de ce port il est ouvert
:

à l'abri d'un rocher escarpé qui s*a-


rOAT HBBJIIIS. vanee dans la mer, et qui a vingt aunea
de haut à l'endroit le plus bas; et au-
l e cap de Chalcédoine, nommé aussi dessus un espace d'environ quatre cents
Ueraçus, est bordé d'une quantité de pieds de large capable de loger dix mille
mdwia. Aa dedans de ce promontoire, Iiommet. Ao-dessou» est le port, vsta
la mer forme un golfe, qui, à le voir, Toccideot, avec une source qui ne tarit
semble être partout d'nne égale profon- jamais et qui coule le lon^ de la mer.
drâr. Cependant il n'y a au'autant Le cap qui forme le port Calpé s'a>
iVau qu*il en faut pour eoitfiir le lar- baisse du côté de Test , et la cote est
nlD (S). Justinien 6t réparer ce port plate et sans accident. Le fleuve San-
Hérsus (4). H fit faire un nouveau port garius qui se jette dans la mer un peii
,

dans le nu'me endroit; comme l'ancien £lusà l'e^l, servait aussi de port pour les
était exposé à la violence des veuts et arques. Mais, en realité, après le port
des tempêtes, il y remédia en faisant deCalpé,ll n*y avait que esluid*Héraciéa
jeter ouantité de caisses dans la mer, qui oftrît un abri certain aux navires.
et il éleva par ce moyen deux môles Tels sont les principaux traits de la
jusqu'à la surface de l'eau, au-dessus géographie et de l'histoire d'un pays
d^quels il posa des roches pour résister qui, à dltférentes époques, a appelé
à nmipétiiosité des vagues. Ainsi, il 1 attention des peuples les plus civilisés

fendit ce port extrêmement sûr mémo de l'Europe et la convoitise des hordes


pédant l'hiver et durant les plus- fu- incultes ae l'Asie. !>(• celte monarchie
neuses tempêtes. bithyuienne qui fut 1 des plus il>
alliée
lustres rois grecs, et dont la république
Mébi, îd.ibid.
(i)
romaine, à Tépoque de sa puissance,
Slml>on,liv. X.TI,p. 5fiJ. envia Thérita^e, il ne reste pas un
(»)
Demosth. dr lilihyuie Hv. lY. «pud
l î) ,
mouument qui puisse faire juger quels
Mephanum Byzani, verùô 'UpaCa.
(4) Procope, DtJSdilSeUs,IÀf, f*'di.XI. (i) CyrL, Uv. TI, di.

Digitized by Google
60 vm
principes aTaient dirigé les artistes de fut déclaré fils de Neptune, fonda une vil le
ce pays. 11 n*est pas probable que le à laquelle il donna son nom , et le goi le
style de rarebiteetiira phrygieune , dont lui-même prit le nom de la ville. Les
on retrouve quelques exemples, ait été Mégariens arrivèrent en Asie vers le
pratiqué longtemps par les Bithyniens , conimencementde la dix-septième olvnn-
qui, voisins des côtes de la mer, et en piade, c'est à-dire sept cent douie ans
relations eonstantes atec les eolonies avant J.-C. Memnoo (f) ramNnrte le
ffreeques , dorent enivre dans leais arts passage suivant : « Astacusmthsèitée
rinipro<;slon que donnait ani peuples par une colonie de Mécariens au com-
d'Asie génie hellénique.
le njeiicement de la dix-septième olym-
Tous les mouumrats de Tantiquité piade; ils donnèrent à la ville le uoin
que Ton rencontre en Bitbynie sont de d'Astaeus pour obéir à Toraele, en mé-
1 époque romaine. Presque tout rc que moire d'un certain Astacus, Tun des
les princes byzantins nvaient bâti a\pc Spartes habitant de Thèbes, » Si en effet
une rapidité (|ui témoignait plutôt du la ville d'Astaeus fut détruite par Lysi-
désir oe jouir vite de faire des maque , elle ne dura qne pendant une
choses durables, a été anéanti par période de quatre cents ans, et les
suite des guerres, des tremblements de habitants furent transportés à Nico-
terre et des renouvellements qu'a mo- médie par le fondateur de cette nouvelle
tivés une domination nouvelle. Les ville (2). prospérité de la colonie nais-
débris épars de ces temps reculés, de- sante ne taraa pas à porter ombrage aux
venus plus rares de jour en jour, ac juiè- chefs indigènes, qui attaquèrent et sou-
rent encore plus de prix nux yeux de mirent les nouveaux colons. Dédal-
riusionen qui les conserve avec respect, sès, le chef de la dvnastie bithynienoe,
comme les derniers témoins d^une briU incorpora dans ses États les deux villes
lante époque. Les contrées moins favo- grecques, et Astacus tomba sons les
risées de la nature, dont les sites sau- coups de Lysimaque fondant la guerre
vages, hérissés de rochers, ont été que ce priuce livra à Zipœtès. Cet évé-
dédaignés par les populations modernes, nement doit être placé entre 998 et 834
nous offriront une plus ample moisson av. J.-C, cette dernière date étant celle
d'anti(juités; mais nous avons cru de- de la mort de r.ysiinaque. T.e suecest-
voir recueillir scrupuleusement les mo- seur de Zipœtes, JNicomede ^ ^ appela
numents byzantins de Bilhynie, qui dans la nouvelle capitale qu'il venait
ne brillent pas par la perfection du de fonder les débris de la population
style, mais qui se rattachent par des d'Astaeus; ce qui n'emp^ehn pas cette
liens précieux à notre histoire nationale. ville ne se relever en partie de ses ruines,
tout en laissant à iSicomédie la supré-
CllAPlTUEIV. matie qu'elle avait conquise.
Pausanias (3), en décrivant les objets
d'art conservés dans l'enceinte ri O-
NIGOMÉDIB MÏÎTBOPOLB.
ASTACfIS. OLBIA. Ivmpie, mentionne une statue d ivoire
de Vlicomède 1*% roi de Bitbynie « qui
Lorsque les premiers colons grecs
a donné son nom à la plus grande ville
arrivèrent sur les côtes d'Asie « ils choi* de ce royaume, car M
comédie s'appelait
sirent les sites les plus favorables pour anciennement Astacus «.
développement du commerce C'est du moins lopiniou de Strahon;
le et de
ragriculture. Les Mégariens remontè- mais il n*en est pas moins vrai que
rent la Propontide et s'étaUirent au longtemps après cette époque Astacus
fond d'un vaste golfe situé à rentrée du est mentionnée par plusieurs auteurs

Bosphore de ïbraoe. connue existant sur le rivage du golfe


Astaoène concurremment avec Nica-
ASTACUS. médie; ce fait est facile à expliquer en

Tous ces lieux étaient alors sans nom ; (i) MemnoQ apiid Pholium, cb. XXI.
le chef de la colonie, nommé Astacus, (ils (a) Sirahon, XH, 563.
d'Olbia, qui en sa qualité de navigateur (3) Liv. V, ch. la.

Digitized by Gopgle
ASIE MINEUHE.
àtaal qu'Astacus s'est relevée de ses de Mcomédie qu une seule et même
TBîDes après la mort de L\«iinaque. ille. Ptolémée (i) fait aussi une dis-
Du temps de Constantin Forphyro- tinction entre Astacus et Olbia. Nous
génètf. Astiiciis est nienlionnéft parmi devons en conclure que, maljçré les
la tilles encore existantes: 1° Mco- assertions contraires des historiens ro-
médie métropole...; 4*^ Astacus.Pompo- mains , il y eut dans le golfe Astacène
Dhis MétSt après avoir décrit le golfe de trois villes qui chacune à son tour ac-
Qos, poursuit en ces termes: « L'autre quirent une certaine renommée et dont
golf?,qu'on appelle Olbinnus, porte sur les populations vinrent se fondre dans
îoa promontoire un temple de Neptune, celle de Mcomedie qui resta seule en
ft 4ans son cnfoooemeDt Astacus , fon- possession de donner son nom au vaste
déeparles Még;arieDS. • Ce promontoire golfe dont elle occupe l'extrémité.
«tie cap Posidiom, aujourd'hui Bouz Le cap Posidiuin formait la pointe
bourouD (le cap de la Glace), ainsi appelé sud du golfe Astacene; le cap Acriias
Bon pas parce quM
y fait plus froid formaitla pointe nord : e*est là quQ
que dans le voisinage, mais parce que commence le Bosphore. Ce dp s'appelle
c'est en ce lieu qu'on einbnrfumif pour aujourd'hui Fnnar BniLililchisi (le fanal
CoDstantinopIe les provisions de iieiiic re- du Jardin); il y a un petit phare pour
cueilliesdans rolympe ; cVst donc dans signaler l'entrée du golfe.
feToirinage de ce cap qu'il feutehercher
remplacement eDcore inconnu de l'an- KICOMiDIB.
dfone Astacus, et sur celle côte nucune
localité ne parait avoir niieu.\ convenu Le titre de fondateur d'une ville
I rametle d*une ville antique que le était tellement recherché que le pre-
file de Kara Bloursal. mier soin d'un prince vainqueur ou
puissant était de supprimer le nom des
OLfilA. villes déjà existantes et de le remplacer
par le sien propre. Le même sort est
TSat avtre ville du nom d'OIbia Ait arrivé à ISicomédie, fondée par le Thrace
Hnkmm fondée par les IMégariens; Zipa tps, père de ^'icomède. Ce der-
ina son nom
el.> de la mère de leur nier prince, avant de f.iire une se-
Hiri, et le ^olfe fut indifféremment dé- conde dédicace de la nouvelle ca|)i>
signe f>ar les Grecs sous les noms de taie de son royaume, offrit un sacriOce
jçoife d'Olbin ou d'AstniMis. L'examen favorables, et
fiour se rendre les dieux
attentif de ces cotes ne saurait conduire es prêtres lui annoncèrent, d'après les
irfcpDDaitre le site de lu ville car ce -,

Rrésa^es des victimes, que la ville dont


tolfe attira, pendant tout le cours de allait jeter les fondements serait une
Pempirc byzantin une population nom-
, des plus grandes et des plus florissantes
breuse, et un nombre considérable de de TAsie, et que la durée en serait
villes, de forteresses et de châteaux cou- éternelle (2). Une statue
d'ivoire, repré-
niieiu tes rivapes. sentant Mcomède, fut élevée sur la place
Seyiai ne foit aucune mention d*As- principale; e*est cette même statue que
laças et ne parle que de la ville d'OIbia Trajan transporta à Home (3).
d du golfe Olbianus. On peut inférer Suivant l'usa-ze presque général dans
in documents épars qui nous restent l'antiquité , de placer les villes sur des
sur ces deux cités qu'Astacus , fondée hauteurs, Nicomédie fut bâtie sur une
parles Mé^ariens, vil bientôt sa popu- (les collines qui entourent le golfe.
lation s'aupmenter par l'arrivée de co- On voit encore dans la artie la plus l

loDs athéniens qui se fondirent dans élevée une suite de murailles ilanquées
b population bithynienne en- allant de tours, qui paraissent avoir appartenu
s'établir à Nicomédie. à l'ancienne cité, et qui plus tard ser*
Ammien Marcellin (1) est du nombre virent d*acropole à la ville bithynienne,
des bistorieos qui ne font d'Astacus et
(f) I.iv. y, ch. I.

(i) Uv. XX II et Tiebel. PolKo in Bist, (a) Libaniui, t« U.


Paoïaoiai, T, eb. il

Digitizea by
63 LTOIVERS.
lorsqu'elle fut arrivée au plus haut degré Près des égouts et dans le terram qui
de prospérité. Une grande portion de est occupé aujourd'hui par l'arsenal, on
ces murailles s'élève à plus de deux voit les débrisd'un môle oui, semblable à
métras ao'dessiis du sol. Les tours, céltai de Pouzzoles, était formé d*arcades
demi-circulaires, soot construites en comme un pont. Cette invention des
pierres de petit appareil , qui indiquent Romains avait pour but de laisser ua
évidemment un ouvrage romaiii ; mais passage aux courants sous-marins qui »
les soubassements sont formés d'é- entraînant avec eux du sable et du li-
normes blocs de pierre calcaire , restes mon auraient bientôt comblé les ports
,

de la construction primitive. Ces mu exposés à leur action. Ce môle était hùii


railles descendent dans l'intérieur de de briques et couronne de larges assises
la ville moderne. On les reconnaît fa- de pierre. Les piles des arches sufû-
cilement au milieu des malsons ; Mieo- salent pour rompre Timpétuosité des
médie étant fondée sur une colline de vagues. Les débris de cette construction
de grès, elles ne peuvent se confondre sont encore baignés par les eaux de la
avec les roches naturelles. mer; mais la portion la plus considé-
En descendant du côté ouest de la rable se trouve au milieu d'un terrain
colline principale, les niurailles se per- (foi n*existait pas du temps de l'an-
dent bientôt au milieu des jardins et cienne ISicomédie. En effet, le golfe
des proupes de maisons. Cependant, de d'Astacus est soumis aux mêmes lois
diiîtaiice en distance, on remarque des que tous les autres golfes qui commu-
murs de soutènement construits en niquent avec des plaines. Des atterris-
rands blocs , qui formaient sans doute se mcnts considérables ont été formés
e magnifiques terrasses sur lésquell^ par les eaux des torrents, qui ont charrié
étaient situées les habitations. Le der- les terres sur lesquelles sont bâtis
nier mur de ce genre est au pied de la maintenant les arsenaux de 'la ville
colline de l'ouest. 11 était à cette époque turque.
situé au bord de la tuer ; il est bâti de Non loin du môle, et sur la der-
brigues, et soutenu, de trois mètres eu nière terrasse, se trouve une construc-
trois piètres , par de grands contre-forts tion dont la destination n'est pas facile
de pierra, entre lesquels s'ouvraient à expliquer. C'est une plate-forme dont
les égouts, qui étaient aussi au bord de l'élévation varie de cinq à deux mètres,
la mer. Ces égouts sont encore en par- sur la pente du terrain. LUe est bâtie
fait état de conservation , et annoncent en grands blocs de pierre , appareillés
les débris d*une opulente et vaste cité. avee le plus grand soin, et forme un
Ce sont de grands canaux dans lesquels carré de vingt et un mètres cinquante
un homme peut marcher debout. Ils centimètres de côté sur trois desquels
,

pénètrent horizontalement dans l'inté- sontjilaces des avant-corps carrés. On


rieur des terres. On conçoit, pour la ne voit aucuue trace de porte ni d*es-
*
ville de Nicomédie, la nécessité d*avoir calier autour de ce massii qui est assta
eu des égouts nombreux et bien entre- bien conservé. Le couronnement est
tenus. Située sur la pente d'une colline formé de grosses pierres portant une
rapide, sur un terrain très-ondulé , elle moulure et percées d'un trou earré,
eût été exposée aux ravages des eaux comme si elles avaient dû supporter
pluviales, comme on leremarque au- une Sa situation dominant la
grille.
jourd'hui dans la ville moderne. baieçonviendrait beaucoup a un temple;
Par la seule observation de ses mu- mais ce terre-pleiu parait avoir été
railles et des rares débris de Tancienue primitivement inaccessible de toosedtds.
ville, on peut rapporter les ruines de Ni- Etait-ce le piédestal de quelque colosse
comédie à trois époques différentes, l'é- ou de quelque trophée, c'eÀ qu'il W
poque delà Billiynie indépendante, l'é- est impossible de décider.
poque romaine et l'époque byzantine. Ni- La ville de JNicoiuédie fut richement
comédie ne resta i>as longtemps au haut dotée par les foiade Bithynie (I). Mieo*
de la colline; ses habitants se portèrent
naturellement vers la mer où les appe- (i) Anniiit îi M.irccllin lui doiiiip \v litn-
laient le commerce et la navi^Uon, d« oière des viiltui de Bilhyuic (liv. X\ 11,

L/iyiii^cG by Google
ASIE MiPiËURË.
mèèt rorsa de monuments somptueux qui avait reçu des embellissements oott-
et Téclat de sa cour attira dans ses États sidérables, et l'on voit dans ses lettres
aMi-seulemcDt les princes ses voisins, à l'empereur auelle était sa sollicitude
nais aéteisH le plus illustre des Ro- pour le bien-être de la province qu'il
MiBi, qui dot regretter plus d'une fois administrait Parmi les projets de tra-
letrr»pIongséjour()u'il lit chez Mcomède. vaux publics que le préteur de Bithynie^
Les empereurs romains iiiaîtres de , soumettait à Trajan, il en est un qui est
Il Bitbynie, traitèrent les habitants exposé en détail dans une de ses lettres
alBlAt en alliés qu'en peuples conquis. & rempereur (1 ). Pline songeait h ioindia
Inb fOQtes somptueuses furent ou- à la mer pariin canal le lac de Sabandji^
Tpftes dans toutes les directions des , é loi pilé de Nicomédie d'une distance
ports furent creuses , des canaux même d'environ trente kilomètres; d'autre
entrepris pour mettre les provinces p3 rt ce lac aurait pu être joint au fleuve
en rapport direct avec les villes mari- Sangarius,et la navigation aurait pu se
times. L'exploitation des forets qui faire directement entre la mer Noire et
Cuuvraient la Bithynie fut un des points le golfe de Nicomédie sans avoir à passer
qui attirèrent le plus Tattention des le Bosphore. Le chemin était abrégé de
wpéMocs. Le luie des construetions tout le circuit de la presqutle des-Thy*
commençait à se répandre dans Home, nieos. Ce projet avait reçu de la part
et TFurope ne suffisait plus à fournir d'un roi de Bithynie un commencement
ks matériaux précieux dont les patri- d'exécution; mais il parait, malgré l'ap-
éem embellissaient leurs riches nllas. probation que Trajao envole à nine (3),
LUe de Proconnèse offrait une mine qu*aucun travail ne fut exécuté.
époisalile de marbre biniir: mais la Pendant que Pline visitait quelques
pasnon des roches précieuses et rares villes de son gouvernement, un violent
augmentait à mesure qu'elle se trouvait incendie éclata à ISicomédie et détruisit
stfâCûte. Lm
arsenaux de Nieomédie, non-seulement plusieurs maisons par-
nêna en matières premières, fournis- ticulières, mais encore deux édinces
saient des navires qui transportaient publics, le temple d'isis et la Gérousie
^squ'en marbres de prix , les
Italie les ou palais du sénat A cette occasion
jaspes eolorés et les métaux qui ser- Pline proposé à Tkigan d'établir une
raient pour ta décoration. Nicomédie communauté de surveillants pour pré*
profitait,pour ses constructions, du venir les incendies; mais l'empereur,
roisinage de tant de carrières magni- auquel les conférences des chrétiens
fiques le mont Dîndymène de Cvzique
: étaient déjà suspectes, refuse l'autori-
loi fournissait des granits, la vallée du sation, en faisant remarquer combiea
Sangarius des jaspes, les terrains voi- celle province a déjà été troublée par
ra. nques de Lyoissa des inalen.iux plus des sociétés de ce genre (3). En effet,
gru&siers, mais non moins sulideb. 1^ à peine les premiers chrétiens eu-
fkin ealcaire employée dans les con- rent-ifs prêché la doctrine du Christ
itructions était tirée des montagnes oui dans ces contrées, que de nombreux
sont en face , de l'autre côté du gulle, adeptes se réunirent à eux. Pline, qui
car le sol de la ville et les environs ne résidait à ISicomédie, usa avec modé-
Mt composés que de grès. ration do pouvoir que lui donnall rem-
Plioe, nommé préteur de Bithynie pereur pour poursuivre ks aeotateoKB
tous le règne de Trajan parle avec les
, dt' la nouvelle doctrine.
plus ganm éloges de Mcomedie COi Il mentionne dans ses lettres les
bains, les aoueducs, les forums et les
cà. XUl), «t Piiae l'appelle la ville illustre
temples qu*elle renfermait. C*est i cette
(H». « Ara»). époque que ISicomédie fut ravagée par
(t)Lorsque la Bilhynie fut réduite eu le terrible incendie qui détruisit ses

frorince romaioe, Micouicdte devini le siège monuments publics. Soit païf flatterie,
des souTerneun, doat quelques-una lui pro-
cvèrem 4« grands avaaiafe». PUm Tenia (x) Pline le Jeune, liv. lat.h,
fuse place publique et y construifit w (1) Ihid., /rt. U.
a|Méac Letim t6, 40, 4a^ So, (3) Plin. liv. X» XUl, lÀÀU.
soit par reconnaissance un
, c'était Dioelétien , qui sonmit àSk iérieii<(e«

ae Asie Mineure d élever des temples


1 métropole; mais l'activité qu'il dé-
empereurs. Kico- ploya pour augmenter et embellir celte
Swi
médie obéit au mouvement général Tille, m
changea bientôt en vexations
;
mais le sénat pour donner plus de
, que sa cupidité rendait encore plus in-
prix a une pareille faveur, ne Tac- tolërables. Lactances'est plu à recueillir
extrême réserve, tous les actes odieux reprochés à Dio-
ïîïï
Autsi i^^"*^!îî^!iHÎ
mon (Ofiiit il remarquer comme clétien à cause de son ^oùi désordonné
°" ^^^^'^^ Soater, pour des constructions faites sans but
""f
natif/i^"![f
de INicomédie et favori de Corn- et Fans projet arrête; car chaque jour
mode, permission qu'il obtint pour
la il donnait lordre de démolir des édi>
sa ville natale deftire élever un temple lices construits ou à peine achevés pour
a empereur, et de fonder des jeux et
I
les remplacer par d'autres. Le godt des
des combats en son honneur. Sur un jeux du cirque s'était répandu au point
morceau de frise richement orné, on que pas une ville ne voulait cire privée
m encore ooelques lettres qui semblent de cette jouissance. Diocleiien lit bâtir
«re du mot Anroifiiviis. Il serait
la fln on hippodrome somptueux qui n'existe
possil>le (jue ce fdtun débris du plus de nos jours, parce que de tout
temple
de Commode. Ce prince a reçu, en ef- temps cette ville avant été florissante
jet, dans plusieurs capitales de l'empire les matériaux de marbre des monu-
ies honneurs divins. ments furent taillés à nouveau pour
Dans qui s'engagea entre
la lutte êtreemployés dans d'autres édioccs.
Septime-Severe et Niger, la ville prit Un hôtel des monnaies, uij arsenal.
F^*"''
premier. Elle resta tou- des fabriques d'armes, des palais pour
jours Ç^JJJ
fidèle a rempereur, et parmi les sa femme et pour sa lille, furent élevés
monuments de son règne on trouve par ses ordres, et les liabltants, ap-
une portion d'inscription qui doit avoir pelés par corvée, travaillaient à leucs
appartenu a une statue élevée en l'hon- frais 5 ces cousfruclions gigantesques
Beur de ce prince par ordre de son fils qui ne s'élevaient qu'aux dépens des
Çaracalla; elle est gravée sur un plé- habitations de la ville. Tous ces édi-
destai dont la partie inférieure manque; Aces, construits à la hâte, ne résistèrent
mais on peut la restituer d'après une pns à l'effort des siècles. Il est même
inscription identique qui existe dans les probable que, pour la plupart, ils ne
mines de Synnada. Ces monumentssout rurenl pas achevés. Diocleiiêu, en
postérieurs à la prise de Ctésiphon par quittant la résidence de Nicomédie,
coupa court à une fortune aussi im-
A la hoiiiie Fortune . I.i \in,. (h(,nore) P^^^V*"" V' ^^'Cation
reinpei eiir César Maix Aurele Auloqjn Au- 305 de J.-C., dans la grande
^

piste, piettX,iélM9fe,h ri* année de sa P'"»"» "^*e


è TeSt de Nloomcdie. Il
liiiiMnc.» irihuiiiiieniie, conitti, tous l'em- nio"tn immédiatement en litière, et se
|HM« iir César .Sepiime.Sévère, pieux, Pcrllna.x, retira a Salone pour v finir SCS jours.
anguMe, vainqueur de r.Arabie, de l'Adia- Ce fut à JSicomcdie, en 303, que
beuo, det Pan hftt, irès-puimiiit et naître commença la persécution contre les
de la lerre et de la mer.
Chrétiens. Galfriiis vint trouver rem-
Cette inscription est de Tan 202 de P"^*"'* dans cette ville, et obtint, par
notre ère. l'année du premier consulat ^!''' ''islances , que les moyens les plus
de Çaracalla» et la onzième depuis que '"'^^^"''eux seraient mis en usage pour
son père l*avait associé
à Tempire. 'o^^^'' ^^^^f* ^ abandonner leur foi.
Fîéliogabale (218) parlant d'Antioche V^^''^ cathédrale fut le premier édi-
pour se rendre à Rome s'arrêta à Ni- 'I".' supporta la fureur du peuple :
comédie, où il passa l'hiver qui suivit °" enfum^ les portes, on livra au
aon élection. pillage tous les meubles et les livres
Nicomédie fut le séjour favori de ^^ontenaît , et peu s'en fallut qu*il
,,v
,i/i«c.4mM». c^^^ M
fût incendié ; la crainte de voir le tVii
propager au delà de Tenceime de

Digitizoa Ly G(.j(..wtL
ASIE Mlli£Ua£. •6

r4iilet taeré imt imltQmpéoherl'ciiH composèrent des poèmes pour ehanter


pmtar d'exécuter son dessein. L*évéflae les oerniers jours de Nicomédie.
smt Anthyme eut la t^te tranchée. On Libanius, dans sa iSlonodie, écrite
trouve dans une enlise grecque de la vers Tan 3ô4 CUt chante ainsi la ruine
l^iie mie inscription que nous rap- de Nieomédie : • f^icomédie , naguère
porterom quand
nous examinerons encore une ville, mais aujourd hui
cette province
dans laquelle est
, et rentrée dans In poussière, doit être
mentionné un évêque du niénie nom Sleurèe par moi en silence. Tant d'edi-
administrait le diocèse de S(»mail* ces publics et privés qui faisaient l'or*
Si nemeot de la ville croulèrent les uns
s.
Engagée dans la guerre entre les Bo- sur les autres! depuis la citadelle jus-
miinset les Perses, iSicomedie souffrit qu'aux jardins, tout s'abîma; les pré-
maux inouïs lorsque les derniers toires et les tribunaux, la multitude de
«iaifBi assi^^r ChaleedoiDc (l). Quel- temples, la masse des thermes, le magni-
ques années plus tard les Goths , arrn , fique palais, et le théâtre, qui sufiisait
^ant par le cnnal du Rnsphore, s'em- pour illustrer la ville.
parereul de Chalcedoine [J)^ ei celte « Le soleil était a peine arrivé à son
<*onquète inattendue leur fournit des midi. A ce moment les dieux gardiens de
armes et des provisions de toute es- 1.1 avaient abandonné les temples,
ville
pèce De là ils morelient sur Nicomé- et la sombrait comme un navire
ville
d»e. el , cruidés par un transfuiie ils , sans pilote; les murs tombaient sur les

parviennent a se rendre maîtres de la murs, les colonnes sur les colonnes, les
Dbee.Tottt ce que cette ville renfermait toits »ur les toits, tes fondements m^me
derkiwases tomba en leur pouvoir; les étaient détruits; le théâtre sVcroula
nïonuments publies furent livrés aux le premier avec fracas. Alors l'iiiceiidie
flammes, et (;e que le teu ne détruisit commence; ks toitures propagent les
Ms fat rasé quelque temps après, flammes ; leGrquelui>mên>e, plus solide
Wnmie Ves barbares se trouvèrent obli* que les murs de Babylone, est détruit;
gés de le siège de Cyzique. les animaux affamés errent à l'aventure;
Cependant tous ces désastres étaient les portiques, les nmsées , le temple des
fdcdeoieot réparés; car, malgré les Grâces et des Nymphes et le grand bain
csprvniont exagérées des historiens, qui portait le nom de Tempereur (3)
il est probable qift les villes dont ils tous ces édifices disparaissent et le ,

mentionn^'iit destruction n'étaient


la peuple au milieu d'> ces desastres erre
paseomplétemeot ruinées; mais lorsque comme des ianiumes. »
tel phéBomènes naturels se joignirent à La relat ion d* Ammien Maroellin, dans
Imt dlnvasions et de revers , Ni comédie sa description du tremblement de terre
fit sa fin approcher, et tout le luxe de qu'éprouva Nieomédie, nous fait l'on-
ses édifices disparut en un seul jour, naitre un grand nombre d'édifices qui
aaeaoïi par un terrible tremblement de seraient ignorés sans lui. • Dansoes jours
terre. En
examinant la nature de la dé èbolatioo, dit*ll. d*horribles tremble»
eoittrée,on est d'autant plus étonné menis de terre ont ravapé la ÎNlacédoine,
de voir qu'elle ait souffert de si vio- l'Asie et le Pont, et par leurs secousses
lenlps secousses, que rien, dans ses repétées ont ané^inii un grand nombre
environs, ne décèle une grande force de %ille8 et de montagnes. Et au milieu
ées feux souterrains, à peine si Ton de tant d'affreuses calamités, nous de-
'oiiprès de la mer quelques affleure- vons rapjieler In ruine de Nieomédie,
ments de terrains volcaniiiues. Ce fut métropole de la Biiliyuie, dont je vais
dns le quatrième siècle que la ville eut donner un vrai et succinct récit :
à souffrir les plus rudes atteintes; tous « Le 34 août à la poùite du jour,
,

les écrivains du temps ont parlé de d'épais nuages s'étnnt rassemblés, cou-
cette catastrophe dans les termes les vrirent la surface du ciel, et la lumière
plus lamentables; Libanius ei Ephrem
(i) LilNimi Ifonodit de NleQnedii, in
(i) Wicéphore Callisto. VU. opiT. ed. Mor»*U., Il, 1675.
(t) Aamien Marceilin, liv. XXtf , ch. IX. (s) San» doute \m ibcnnet
y Livraison, (Asia MiNBuai.) T. II. &
LtimVËRS.
du soleil disparut au point qu^on ne
, Ce ne fut guère que sous le règne de
distinguait pas les objets les plus voi- Justinien, vers le milieu du sixième
sins; puis, comme si un dieu eût lamcé siècle que Nicomédie vu renaître uue
,

lu foudre et excite les vents des quatre partie de sa prospérité passée (1). Pro*
«'Oint du monde, on entendit le bruit cope s'étend avec complaisance inr iei
effrayant des tempêtes et le fracas des nombreux monuments dont l'empereur
flots débordés ; à cela se joignirent des dota cette ville c'étaient encore des
:

tourbillons et des torrents de vapeurs bains, des aqueducs et des églises;


enflammées, avec d*aifrenx tremble* mais aucun de ees édifices n'a subsiste
ments de terre qui renversèrent de fond jusqu'à nous , et nous devons ebercber
en comble et la ville et les faubourgs. au milieu des jardins de la ville turque
La plupart des maisons qui se trouvè- les débris d'une cité qui fut si puis-
rent sur le penchani des collines tom- sante.
bèrent lei unes sur tes autres, el les Sous le rapport de Fantiquité, on
pchos portèrent de tous côtés le bruit ne saurait espérer faire de grandes dé>
•le cet horrible désastre. Les sommets couvertes dans une ville qui a supporté
des montagnes renvoyaient les cris de si déplorables catastrophes. Il ne
plamtifs de ceux qui eliereliaient leurs reste plus rien de ces temples de ces ,

épouses leurs enflints et leurs proches;


, portiques si nombreux. A Torieut de
rnliii longtemps avant la troisième
,
la ville,vers le quartier appelé Zei-
heure du jour, les ténèbres étant dis- toun, MahaUé-si,
et dans le lieu
sipées et l'air devenu plus serein , on nommé /mbaher,a\} milieu des terrains
découvrit toute rétendue de ees ra- du cimetière juif, se trouvent les ruines
vages. d'une grande citerne qui fournissait de
« Quelques malheureux accnblé^ par , l'e lu à l'ancienne ville. Elle est rom-

fes décombres, périrent ecm^es; d'au- posée de trente-six piliers port.«nt dea
tres, enseVelis jusqu*aux épaules, expi* arcMes stn'montées de voflies en pen-
rèrent faute r u rs ; c«ux-ci se trou-
( l < i
dentifi. Toute la construction est de
vèrent suspendus a de hautes poutres briqties les impostes seules sont d'une
:

sur lesquelles ils étaient tombés; on espèce de gres volcanique. La surface


vit alors confondus les cadavres d*un de cette citerne est de deux cent cin-
grand nombre d'habitants que le même quante mètres carrés; elle contenail
coup avait détruits; quelques-uns mou- quinze cents mètres cul)es d'eau. Pline
rurent de crainte et de disette d.ms avait trouvé une source considérable
leurs maisons ruinées. Ce fut aiusi que qu'il propos-ait à l'empereur d'utiliser
termina misérablement ses jours Aris- Sour rusage des habitants, en la oon-
tenète, oui avait ^cherché 19 place de ulsant à la ville au moyeb d'un ou-
vicnire du diocèse créé par ("onstanre vrage vodté (arcuato opère) ^ et il
pour honorer la pieté Je sa femme Ëu- tenait particulièrement à maintenir le
sébie On aurait pu sauver une niveau de ta sofirce, afin que les quar*
grande partie des temples, des mai* tiers élevés. pussent en profiter égale-
sons et des habitants, si ardeur des l ment, ir proposait, pour cela, de res-
llainines. qui se répandirent aussitôt, taurer un a([uediic qui avait coiîté aux
n'eût pas, pendant cinquante jours et habitants trois millions trois ceul viugt-
Cinquante nuits, aebevé de ruiner neuf mille sesterces (644,99S francs)
tout (1). • et qui étaitrestéimparfait(2 .Oq ne voit
C'est n cette époque que tout ce qui plus de traces de ce monument mais la ;

restait de l'art ancien dans la ville fut Sosition de cette citerne, à mi-cote,
entièrement détruit. On pourrait dire oime lieu de penser qu*elle a reçu les
que Nioomédie renferme encore Ici eaux de la source aujourd hui perdue.
preuves de ce tremblement de terre; L'intérieur était revelu d'un «mluit
car ses rues et ses cimetières sont jon- compose de trois couches différente^ ;

chés de colonnes, de débris d'arcbi- la première, appliquée immédiaitmeut


inn/iA et' de fragments informes.
(1) Pracopv, De JEéif,, liv. T.
" XTU, cap. VIL
(i; ikiiuii. Maradl., lib.

Digitizod by Gû*..wtL
ASl^ MINEURE. 67
su ies briques , était uo blocage coni' occupait. Elle est toujours une des filles
paaé de chaux et de cknent ; la deuxième» les plus importantas de FAsie Mineure ;
un métaoïse de cl)i)rboD pilé et de chaux; sa population peut étra éfaluée à 30.000
et la troisième était un stuc fort dur, âmefi, répartiaa de la manière suivante :
formé de pierres pilées, de chaux et Turcs. . , . , . 2,400 familles^

drfaaile. Grecs ....... i id.


Cest de ce lieu, qui domine une vallée Arméniena. • ^ . .
1 i<L
profonde. qu*oD jouit du plus beau coup Juifs 600 id.
j

a*oeil de l ville et du golle. Les nuiia-


i Mais on sait comhieji il est diflicile
lels qui a^ élèvent au milieu des mas^s d'obtenir des ren^^eiguements exacts sur
de wdore , et les nombreux jardins de la population, réelle dea * villes muai^^
Kieoroédie, lui donnent cet a>peet de nMnei;earlout le monde, les gouver-
frtU-beur et de ricbeise parliCttUer «MX neurs eomme les hululants ont intérêt
.

vâles de Bit h vn le. à en diiisiinuler lecbiMre- Quelque conr.


Après avoir suivi la fortune de la ca- fiance que Toniiospire aux rayas i .ilu
pitale de Tempire d'Orient, Micomédie eroiront toujouis utile de diimauffr Mi
tomba entre les mains des Ttircs en l'an noutbre de leurs corelijjonnaires. parce
TÎ7 de Thégire, ou IS'if) de notre ère, que le karatch ou capttation étant etaitli
après les efforts inutiles que lit Ka- par tète, et recueili^.pf^: ies tcliuri^adji
Mottmès, Mre
de Marie Paléelûiçue, ou prhnatsdeflbaquenetiion,«n parrient
penr défendre cette place. Après la ainsi, eu divisant Timp^t sur un plus ,

C'se de
Gonstantinople par les Latins, grand nombre de tètes, à en alléger le
princes Gomnèoes vinrent résider a poids, et les gouverneurs devant re-
IGcoinédie. mettre au trésor le montant, des impôts
Prcaqae Uialce ks éelises furent con- établissurun nombredeimedbabitants,
verties enmosquées par le sultaoOrkhau. sont enclins à donner un chitre nioindre
îie nti oms. Nicoinédie conserva tou- Pour qu'il reste une partie itotabi^ de
jours l-^lise grectiue les privilèges
i impôt perçu,dans leurs caisses. '-<

M JlnporlMoe d'un siège épi.«eopal ) et Le principal eommeroa dt Nieo-


• .

dans ies iKraodes tttes de TÊglise de médie st le tniis et le sel. On a utilisé


<

Con$taDtiao|»le 7 Kévéque de Nicoinédie les vastes marais qui sout au f iid du


marciie a cdté de celui de Nicee, iinmé* Kolfe, pour établir des salines qui sont
dieieaient après le petriarehe. On enn- d'un grand orodutt, La fiibricatien dis
wtnt daMl'éfdiie de Mtébmédie plu* uk est entre les maii0.jias particuliers ;
ënjrs reliques, ptirmi lesquelles on legouvernement se réserve la dîme du
icin trqiie lebras de saint H.isile ren- sel lubriqiié Le commerce de lH)is est
ferme dans une châsse d argent, qui a li|^, a la ciKirge de vendj*e au gouver-
Il Éji ie d*on bras et qui est rîelienieBt nement les écbantilions de .eboixi qui
eniée de rubis et de perles. f>*uvent être iitilesà la marine. IMaiscetle
T.a moderne Niromédie est appelée iherlé est clièremenl aclvetee par le»
par les Turrs Isnikmid, par suite de cliarges qu^pesent sur les.liabjtaut^; cm*
eme eorroptioDde langage qui % eiiéré Ita Rayas comma les Tumni quiis'oecn*
las noms des aneirnnei dlés. Iftilkmid pènt du eom merce des bois, doweal fouih
n*est qu^une portion deccn nwli gieci : nrren corvées les ouvriers nécessaires au^
service de la marine. gouveruenneiU
Le grand vizir Koupniii a fait établir alloue une jourikée de cinq piasUDs pouf
àHieoniédie des anrnaui maritiroes qui leaoutriera daees clianlià'î&; mais^tte
em lonjctemps fourni les galères et les somme est rarement payée intégrale-
caravelles les plus estniK »*- dedonslau- ment, et nul n'oserait la réclamer du
tioople. Tous les armements importants gouverneur. Les Arméniens se livrent
as MtèCoiHlnitiooph}, milsea eooa» iralontiars à la tabrinatioii du maioquiii ,
tndt aoeora i Hiaoroédie quelques bft* qui a*eiporte i Gonstantinople^
limants de çnierre. Cette ville doit à son La ville moderne de Nicomédie est
heureuse position, à son voisinage des composée de vingt-trois quartiers dont ,

forêts, et a l'activité, de ses lieiiitafits.i dixrneatsont.habités par les Turcs, trois


il nTavoir pa déebu du rang qu'elle par Isa cbréiins et un par laa jidft.
ÙS LUNIVERS.
La plus ancienne mosquée était au- cadence du style turc primitif date
trefois une grecque qui fut con-
église du règne du sultan Osmau, qui envoya
sacrée par sultan Orklian au culte de
le en Italie des artistes pour étudier les
rislain. Le plus grand temple musulman monuments de TOccident : c*étirft l'é-
a été liâli par Penew pacha, icrond vizir poque où réeoie du Bernin était à son
du sultnn Soliman le Grand, t (jui resta < apogée.
peudaul sept ans à ^icomédle comme A leur retour, ils introduisirent dans
gouverneur. Cette mosquée est près du les eonstruetions les modèles d'un art
port à rentrée de Tarsenal Sinam, qui : italien déjà dégénéré, et eneofeabétanll
en fut rareliltecte, imita dans de mom- en passant dans des mains qui ne le
dres proportions la mosquée que le comprenaient pas. Le faible reflet de
snitan faisait lifltir à la même épor|ue à Tartdes Arabes fut totalement éclipsé,
Constantiiiople, «Iquî porte le nom de et fart des Tures tomba au de|^ oà
Soliman. Le m^ine arrhilecte construisit nous le voyons aujourd'hui.
des bains et on caravanséraï. Os mo-
numents, en rapport avec le commerce CONSTITUTION DU SOL AUX ENVIBONS
et la population do la ville, n*offrent DB flIGOHÉDIB.
cependant rien de reinarqu.ible comme
oeuvre d'art. Il n'y a plus de traces du f-es collines sur lesquelles est b.ltie
magnifique palai« que le sultan Mou- la ville de Nicomédie sont un embran-
rad IV lit bfltbr à Micomédie, et qui était chement de la ehatne qui forme la eéte
entouré de Jiinliiis S|>lendides. Les nord du golfe et dont le mont Maltépé
palais que les premiers sultans Plient est le point culminant; au nord elles se
consiruire en Asie Mineure, celui de ratt.K-iient au mont Soplion ou de Sa-
Bmussa et relui de MagnésieduSI vlus, bandja.
ne sont plus que des amas de décombres. Le terrain ealeairebleu qui eonstitoe
L*ar5ieiial impérial d'où sortirent jadis le sol dé Scutan cesse bientôt pour faire
les vaillantes galères qui tinrent en placp à des roche* a base de quartz, et
échec les marines de Gènes et de Ve- le grès rouge Unit par dominer. Cette
nise, aujourd'hui désert et rainé, ne nature de roehe s'étend jusqu'au bacslQ
Eput plus servir à la
construction des du Sangarius. Dans Tintérieur de la
Âtimenîsd^un fort tonnasre; car les al- ville, il se présente sous la forme de
terrissements formés oeu à peu au foud straiilications bien distinctes mclinées
du golfe, ont oomtléM darse et rendu de tO degrés à Test, les eouehes ont
le mouillage impnileable pour les grands environ deux mètres d'épaisseur. Elles
vaisseaux. sont séparées par des lits de cailloux de
Si les ruines de Nicomédie , exami- quartz et de jaspe qui dans la partie su-
nées en détail, ne sont plus pour périeure de la colline ont à peine la
ranilquaire qu*un souvenir vagiie et grosseur d'un pois, et en descendant les
eonfos d'une civilisation effacée; si l'ar- couches intercalaires et Ie.5 cailloux aug-
tiste ne trouve rien qu'un sentiment mentent d'épaisseur, de sorte qu'à la
pitturesijue dans les constructions éle- hase de la colline elles forment avec la
vées par les Osmsniis, la nature s'y roehemémeun poudingue à gros noyaux;
montre toujours vivaee, grande et ma- Mentdt le grès rougs disparatt et le ter-
jestueuse; les collines omlwagées de té- rain est entièrement composé de eail«
rébinthes , les vigoureux et noirs cyprès loux.
qui entourent les demeures des morts La base du terrain des deux autres
les jardins verdoyants qui embellissent eollines est également de grès rouge;
chaque maison donnent à la ville nn
, mais dans la partie supérieure il est
aspec t Réitérai de richesse et de gaieté stratifié par un calcaire marneux à cas-
?ui s'évanouit quand on entre dans sures conchoïdes d'une désagrégation
intérieur. Ijes nombreux cimetières facile. Ces eouehes sont rseouvertes par
placés près des mosquées renferment une véritable marne, qui s'étend indéfi-
quelques monuments qui datent de Té- niment versl'est. Nous avons donc ici
ûoquf où l'art des Turcs puisait ses du terrain de gres rouge qui
l'origine
luspirations daus l*éeole aiWM. Là dé- fSme une partie du aol de la provinoe.

Digitized by Google
ASIE MINEURE.
CHAPfl&Ë V. ordinairement de quinze jours; ou pro-
Cte de la saison des cerises; Tusage de
PÛIPU DO OOLFB DB IIICOMÉDIB. es fhilt aide, dit*on, singulièrement Tae-
tion des eaux.
Pour entreprendre le périple du golfe I^es coupoles qui couvrent le bain
de >iooinédie , il faut retourner à cette sont, dit-on, celles qui furent construites
vilJe etsuivre la cdte nord. Il est bien |»ar Timpératrice Hélène, ^on loin de
âBportant pour les voyageurs qui s'oc- à sont quelques ruines qui apparte»
cupent de recherches d'anliquilé de ne naient sans doutp à Phosprce et au pa-
nm.tis traverser un ancien cimetière lais il'lleltMie et de (Constantin ("). ("est
Mos eiLainmer avec soin les pierres tu- à son retour de Jérusalem qiriie>eiie
ulrirri « Ctr on peut presque toujours Ht construire ces édilices sur Teiiipla-
y nCMÎilir des inscriptions; les stèles cemeut de Tancienne Drépanon, et
€l le* colonnes votives étant d'un Constantin, pour honorer sa mère,
transport facile, les habitants les em- éleva le bourg au rang d'' ville, et lui
pWeiit voloiitién pour déooier let donna le nom de Héténopolis; lui-
tombes. même, aux derniers temps de sa vie,
L.1 route de caravnne entre Nico- 8*y rendit quelquefois et mourut dans
medie et Ck)nstdntinople suit la cote Si villa d Ancyron, peliie place voisine
nord du golfe. Apres cinq heures de de Nicomédie.
MChe, on arrive à Yarimdjé, et on C'est ti Uélénopolis que se relira
eoodte au khan de Hérékp. On (lislinpue l'armée des croisés commandée par
sur Ij route les ruines d'un châtenu by- Pierre l'Ermite et Gauthier sms Avoir,
xantia qui domine la montagne voisine lorsqu'elle abandonna Nicée uour se
d oeseendent iusqu*è la mer. Hé- mettre en communication avec la cdte,
rékt parait occuper la place de Pancieone et pour renforcer l'année dans le but
Ancyron, petite ville df-s environs de d'.iti.iquer ISicée. Açrès le malheureux
Siieôiiifedie , où Constantin avait une combat contre les barrazins, ces der-
«ibdoèîlest mort; ce qui explique niers élevèrent une pyramide avec les
pourquoi les uns placent le lieu de sa ossements des Francs tombés sur le
mort à Nicoinédiejes autres à Ancyron. champ de bataille; ils ét lient au nombre
Eoeflet cette place pouvait éire regardée de vingt-cinq mille, si l'on en croit Alexis
eomme un faubourc de la capitale. Toute Comnène.
eme edie était jadis occupée par des Entre Yalovatch et Herwk eonle un
filas des patriciens de Byzance. petitruisseau dont les eaux forment
Bouz bouroun forme le point de sé- mille détours; on l'appelle aujourd'hui
paraiiou entre le golfe de Miœmédie et Airk ghelchid; c'est lancien (leuve
màm do Qus ou do Moudania. Pour se Draeo, auquel ses détours sans nombre
reodre à Nieée en droite ligne, on peut avaient valu cette dénomination. Il prei.d
daiorodre au village de Samanli, et de sa source dans les inoniajînes qui sé-
% se diriger par la rive sud du lac en parent le lac de >icéedela mer (2). Ce
passant perKurla. petit neuve formait la limite entre rem-
Un peu plus à Touest est le village <>ire des B)'zantins et celui des Sel ijou-
de Yalovatch qui marque la position u"de«, quand Alexis Ooiniiène, memré
de Drépanon appelé ensuite Héléno- du cote de l'ouest par le duc de Nor-
dis. il fdut chercher de ce coté les mandie, et du cAté de Test par Soliman,
Bs diauds où la princesse Hélène fut obli^ de conclure la paix il aban- ;

aurait fait fairede grand(*s constructions. donna a ce dernier toutes les terres
Ce* bams étaient fréquentes par les qu'il avait conquises depuis Nicée jus-
iudMiantsdel ancienne Bvzauce, comme qu'au fleuve Draco, et il ne resta plus
asijfooni'liui par eeui de Coostantinople, au prince grec que Tétroit territoire
qai !• s préfèrent à ceux de Broussa à compris entre le lleuve et la mer. Le
eause de la proximité de la capitale. village de Uersek est bâti sur un pro-
Leur situation dans une vallée om-
kevse eo £ût un lieu des plus agréa- (i) Procop«, D9 Mdif.^ Y, s.
Uss dans la saison d'été. La cure est («) Praeojpe, D9 Mdif,^ loe. du.

Digitized by Google
70 LUNIVERS.
montoire r|in <^ trouve directement en Constantinople; on prend les enux de
face de celui de Dil ; de sorte qu'en ce Taoucbandil avant d'aller terminer sa
point le golfe de ^icomédie est telle- cure à Yalovatch. Pendant trois jours
ment resserré que sn largeur n'a pas mi s'abstient de tout mets salé et de
plus de six kilomètres. Ce village tient toute espèce de vl nde; le quatrième
son nom du crand \isir Hers»^k Ahmed jour on commence prendre le matin
;i

pacha, qui en 1467 lit bâtir une mosquée une grande tasse d'eau et Ton se tient
ët un caraviinséràT. Non de Hersek
loin ehaudem«nt. Cela dure trois jours ; les
est le village de K'ara Muursal dont le trois jours suivants on boit de Teau trois
nom rappelle la première victoire du fois par jour et l'on ne mange que du
sultap Osman. Moursol, un des compa- poulet au riz non salé. Quand on s*est
gnoÀ's' d^armes de Agliidjé Rodja, ayant purjçé dit oo qulnse fois, on prend de
pris le nom de Ka'ra Moursal (le Noir), la limonade ou de b
soope acidulée
sVmpiri de la phrtie méridionale du avec un citron qui procure des éva-
goife de ISiconiédie, qui lui fut donnée cu lions. Pendant
i temps de la cure,
le
en flèf à condition qu'il entretiendrait lenazir ou directeur des eaux y fait sa
des barqjues armées pour veiller à la résidence pour maintenir Tordre public,
conservation de sa conqnéîe (1326). Un Souvent au lieu de faire succéder à
château (ju'il fit construire dans la cetle première cure l'usage des bains
partie sud du golfe porte encore son de Yalovatch, on le remplace par des
nom et est devenu le centre d*un vil- bains de sable, et alors on eontlniie le
îage; c'est en c* endroit que fut sar«s
t reyime de volailles et de riz. La plupart
doute fondée Astacus « en face de ÎVi- des buveurs d'eau sont installes sous
comédie ». A quelques iieues de cet eu- des tentes autour de la source; d'autres
droit as trouvent les bains diaods de demeurent dane le village. Cette épo(iue
Talovatch , l'ancienne Drépanon , qui de la saison des eaux rassemble à Taou-
prit ensuite le nom df Hélénopolis. cbandil une foule de marchands, de
Comme nous avons dit puis haut. baladins, de cajédji qui préparent le
L,e village que Ton rencontre n sui- i sorbet :c*est un tab eau des plus animés,
vant'la cdte porte le nom d'Rré^fli, qui Les femmes turques se dispensent de
par.fît occuper la place de Kii!)olf»n. la règle qui leur défend de paraître;
Celle mcme ville est mentionnée par voil hors du logis.

Ptoicmée soiisie uumd'Kribsca, Giaour En continuant de côtoyer le golfe,


Erégli, village situé sur ia montagne vol- on arrive après une heure et demie de
sine, est occupé par les famillesgrecqiies marche à une hingue de terre sablon-
chassées dn boni de la mer. neuse que l'on appelle Dil , c'est-à-dire
Tous ces rivages étaient couverts de langue. La pointe de Dil est placée
ridies villas byzantines; aussi trouve- exactement en ftoe de eeltede Hereeki
t-on À chaque pas des vestiges d*an- e'est ce qui forme l'étranglement du
Hennés murailles; mais il n*eiiste au- golfede^lconlér)ieeten fait un excellent
cun édiGce complet. mouillage en empêchant la mer du large
dV entrer. Cette terre est si basse et
T.o„rnAwn»L
TAOUCB4ifDiL. P^""^^' P'" tenir au eontinent que les
habitants du pays racontent qu elle a
été faite par un derviche qui voulait
La Langue de Lièvre. Un gros village traverser le golfe et n'avait pas de quoi
du même nom sVtève sur le dos de payer son passage; les batelière du
la cdPine ; c'est sans contredit le pins voisinage , craignant d voir l'entrée du
considérable et le pFus pittores(jne de ^olfe comblée, s'empressèrent de lui of-
toute la côte. Il est cé cbre par des frir leurs barques; et comme dans ces
sources minérales qui coulent à trois sortes de réiits îl y a toufoure mie
kilomètres du village, et qui sont preuve à Tappui , ôn montre dans te
le but de nombreux pèlerinages pen- voisinage le toml>eau fl'nn der\iche
dant toute la belle saison, mais surtout qui s'appelait Dil Baba ( le père de la
dans le mois d'avril. A cette époque les langue ). Il ya è Dil un petit khan et une
malades de tonte elaase arment de tbntaine qui furent coiistniita en tess

Digitized by Google
A$|E MU lEURE.
par Mustapha Bostandji, chef des jardi- dans les terres (l), pierre Gi>ie> doune
Dim du sultan Mourad III. au village moderne le nom 4o Daeibyssa.
On arrive après une heure de marche Tonales itiner;ïirev«5 mentionnent cette
noiuHié Mahallé ni Mime (le ville comme litii d'étape; ce t|ui prouve
tm tîllajze
quartier i\es aliuéesj qui n'otfre neu Ue qu'elle existait encore sous reinpire hy-
TeiDarqunble. zantin. LUtinéraired* Antonio plpoe Li-
,

Gvéfnié, dont le nom n*c0t autre byssa entre Clialeédoine et filioemêdieda


qu'une altération deLybissn,est située à cette manière:
six kilomèireï» de Taouchandil ; c'est en
AmoKiii»
ce lieu que mourut Annibal. 11 v a, dit
Piuurque 'J), en Bithyuieun village sur Chalcedonia.
le rivaiEe de ta mer, que Ceux du ap- Pantiebium. ... M. P. XV.
pf'Ilent lA'tnssn duquel on dit qu'il se Libyssain M. P. XXIV.
!ro 1 1 % dit uâ oracle tout commua en cette Nioomediam ... M. P. XXIL
sorte :
Tables de Peutioaar.
Iffre L^l>U«e engloulira le corps
Oc Aeoibal , quand l'àne «n wtn heNL Calcedonia.
Liuissa XXXVII.
Annibal, retiré à Lyblssa, avait fait Micotiiédia .... XXllI.
creuser des souterrains autour de sa
naisoii pour prendre la fiiite d.rna le Itinéraire de Bordeaux.
cas où il serai! potirsui\i. Mais sa re-
Chalcedonib.
traite ayant été cernée par des gardes,
Masfieie. . . , ; . M. P. VII.
S HS dèt-iUa à mourir pour ne pas Pandicia M. P. MI.
tooiber entre les mains des Romains.
Pontîmuis M. P. XIll.
Ptutarque rapporte qu'il s'empoisonna
etj buvant du sang de taureau. Celte
Libyssa M. P. IX.
Ibi fKisitui est rex Annibalianus qui
cToyartce. géoéialeroent répandue iians
fuit Afroium.
faaiîQuité, n'est basée sur aueua fait
Brunga M. P. XII.
léel : le sang de taureau n'est pas plus
malfarsjat que celui de tout autre animal. Micoinédia .... M. P. Xlil.

Jl taut donc s'en tenir à l'autre version


rapportée également par Plutarque que Le Port de Guébizé était autrefois
défendu par un château fort de cons-
la fgfaiéfal earthafttnois mourut en
truction byz^intiue dont il ne reste
InivaDt un poison qu'il portait toujours
arec lui. Le monument ou plutôt la âue Quelques vestiges. Sous le règne
colline qu on regarde comme le tom- e Soliman le Grand , une mosquée fut
construite à Giiehizé parTchoban Mus-
kaao d"Aimibal est un tumulus qui est
tapha pachii ; cetti' place était an nombre
aafourdlioi couvert de gazon et qui
n? présente au dehors aucune trace des conquêtes du sultan Orkhan.
de construction ; c'est uu emplacement En quittant Guébiié pour suivre la
fferse pour \m Itaturs' .fiusenrs de foute de Constantinople, on commence
fMiilles. à entrer dans l'intérieur du pays mais ;

Pline parle de Libyssa comme d'une on ne perd jamais la mer de vue. Uat
ridjé, petit village, est situé sur le ri-
rîlte qui n'existait plus de son temps (2).
• On y voyait la ville de Libyssa, dont vage; c'était du temps des Byzantins
i B9 reste plus que la tonobéau d*An* un cliAteriu fort qui fut pris pur .Maho-
Bîbal. « met Il en 1423. H y a aussi a naridje
Etienne de Byzance (3) ne la cite comme à Taouchaiîdil une source mi-
nérale qui est fréquentée par les Grecs
fis moins comme une ville maritime:
M eeia a'explique, attendu qu'elle était
ilia-voîaiiiafwlaaier.PtolénMela place
comme la première l'est par les Turcs.
Peiidik, ancienne Pantichium est si-
l

tuée â six kilomètres de Guébizé et à


égale distance de Kartal; e*est la |wa«
(r '; Annibai, in fine; AmyoC
(«) Li». V, 3«.
{3} V. I%SIÉ. '(i)liv. Tych. K.

Digitized by Google
79 L*DmVERS.
inière étape après Constantinople. Ici le selon Pline, éloignée de soixante-deux
rivage est très- accidenté et se decuupe mille cinq cent pas de iSicoroédie (l).
en une in6nité de promontoires. On ar- Les fondateurs de Bjrzance ayant été
rive enGn au pied d'une monUmne d*où consulter l'oracle pour lui demander
la vue s*étend sur loutc la ciipilale; en quel lieu ils devaient fonder une
c'est le iMaltépé, c'est-à-dire la colline ville : Allez, leur répondit-il , établissez-
êa trteor. On ftconto que bien des re- vous devant la ville des aveugles. Cette
efaerehes inutiles ont été faites a n satyre contre les habitants de Cbal-
base pour retrouver des trésors ima- cédoine fut répétée par Mégabyze (2),
ginaires; c Vst le point culminant d'une général perse. Ces gens-là, dit-il,
petite chaîne de collines qui va aboutir étaient dune aveugles pour avoir été
a la mer. Maltépé est à seize kilomè- choisir un territoire si ingrat lorsqu*ils
tres tle Scutnri et à douze de Cliaicé- avaient devant eux une contrée si nia-
doine; lien pnrnît marquer l'empla- griifKiue. Hyzanrp en effet fut toudée
cement de i't'lcKauun \ mais ce n'est dtx-sept ans après Cbalcédoine.
(]u'une conjecture, car il ne reste aucun Sous le rdgae de Darius Cbalcédoine
indice sufiDisant pour s*a88urer de cette fut soumise au pouvoir des Perses.
position. PharnabasesVmpara de la ville, et après
avoir réduit tous lesjeunes gens a état 1

CHAPITRË Vi. d*eunuques, il l< s envoya a Darius.


Polyen raconte la manière dont les
CBALCBDOINB. Perses s'emparèrent <ie la ville (3). Us
creusèrent un souterrain de quinze
L'ancienne Cbalcédoine est située stades qui avait son entrée sur le flauc
entre Soutariet Kadi-Keui,dans la plaine d*ttne colline et qui pénétrait sous les
qu'on appelle Doghandjilar meidani murailles jusqu'à la filace du marché.
(la place des F;iuconniers). ('/est aujour- T^nenuit que les assiégés étaient dans
d'hui le champ de manœuvres des la plus grande quiétude, Jes Perses en-
troupes cantonnées â Srutari. Au fond trèrent par le soùterrain et la ville fut
d'une petite baie formée par la pointe prise.
de Kadi-Keui se Irouve le jardin de Pendant la jjuerre entre les rois Pru-
Haïder Pacha avec une fontaine om- sias et Philippe, les Ilhodiens, d'abord
bragée par un magnifique platane. allies des /ttolieos ensuite de Phi-
Dans Tantiquité cette fontaine portait lippe, s*emparèrent de Lysimacbie, ville
le nom de source d'Hermaj^oras. de Troade, ensuite de Cius et enfin de
Kadi Keui, c est-a-dire le village du Cbalcédoine.
juge, s'élève sur remplacement de lau" Dans la guerre contre Mitliridate,
cienne Cbalcédoine dont les ruines cette dernièra ville fut prise par le pré*
m^me ont disparu, et qui ne vit plus que teur Aurélius Cotta, 7G ans avant J.-C.
dans le*: souvenirs historiques. Lorsque ÎSiithridate devml de nouveau
Cbalcédoine fut fondée Tan 67â maître de la Bithyuie, il marcha contre
avant J.-C. par Archi.is, qui conduisait Cbalcédoine; Cotta se retira dans la
une colonie ae Mégariens. ICIle prit son place, et laina Nudus, le commandant
nom du fleuve Chalcedon. qui arrose la de la flotte, occuper la plaine devant la
plaine voisine, et qui lui-même tenait ville. Chasse de cette position, ce der-

son num soit d'un iils de baiurne, soit nier voulait se retirer vers les portes ;
du flis du dev:n Cbalcas. Les autres mais dans le tumulte de la retraite, il

traditions découlent probablement de perdit beaucoup de monde (4).


Toracle local, qui avait une grande cé- Iji garde des portes fil descendre
lébrité. 11 était placé dans le temple d' A- du haut des murailles un panier dans
polloo et n*avait pas moins d'autorité
que Toracle de Deipbes. (i) Pliue, I. V,c. KXXU.
Cette ville reçut aussi les noms de (a) Hérod., IV, il^.
Procérastis et de Colpusa, sans doute a (3) Polyaniu, Strafag., VU, XI, S, ap.
cause de sa position dev.mt la Corne d'or, Haromer.
(]ui est le ^ol/e de Bvzance. Elle était. (4) Appieti, un, Mitkr,

kju,^ jd by Google
ASIE MINEURE. 78

W(|Qel furent hissés ?iudiis et quel- nèse et en partie ruinée; mais Pinvasiou
qurs officiers ; le reste fut mis en dé- des Scythes dans le courant du troi-
route. tMittiridate, qui ueDerdait au- sième siècle, sous le r^ne de l'em-
m» «msîon , vint le ttoêm jour se pereur Gallien , porta le comble à ses
placer avec sa flotte devaot l'entrée du malheurs ; la ville fut entièrement rasée.
p<wt. brisales chaînes qui le fermnient, ('onslantinople venait à peine d'être
tmUa quatre vaisseaux euoemis, amarra fondée. Quand les Goths ûrenl une ir-
I» lote, au nombre de soixante , à la ruption dont les ravages furent réparés
«le dâ siens, tandis oueCotta et Nu* par Cornélius Avitus.
dus qui se trouvaient aans In ville ne Dans la vin^t et imième année de son
^ou^uient opposer aurune résistance; rèsne, le '28 juin 320, jour de la Saint-
iaos cette action, Mitbridale ue perdit Pierrc, Constantin lit détruire les tem-
fw peu de nK>nde. ples de Cbalcédoine , ou les convertit
Pi*»rTe Gilles emprunte h Denys de en églises. L'orac'.e d'Apollon fut en-
Ih^ancp un qui montre a quelles
rc.*it glouti sous les décombres, el le temple
fourU'ries avaient recours les devins de de Vénus fut trausturme en église de
Cbaleèdoine pour attirer la foule à leurs Sainte-Euphémie. Cette église était si-
préfcsdiies révélations. tuée dans le faubourg du Chêne (Drys ).
Un faux devin, nommé Alexandre, (Tétait le plus brillant quartier de
s étant associé à Byzance u\ec un cliro- Cbalcédoine ; c'est là que Rutin, le mi*
fio^pbe diffamé nommé Coceonas, nistre favori d*Arcadius, possesseur de
remaniué que les trésors pieu*
tvairat ridiesses immenses, avait fait construire
valentdans les temples dr Dt^lplies, une spludide villa , qui englobait telle-
(Jaros, Delos. et que l'art de la divi- ment les construetioDs environnantes
nation donnait de grands profits; ils que tout le quartier était appelé Uuli-
estRprirent de fonder eux auisi un nopolis ; elle s^élevait sur la colline oui
orade. Coeconas préférait Cbalcédoine avait favorisé la prise de la ville par les
rntnme un lieu fréquenté par les mar- Perses. Ses colonnes de marbre pré-
d^ands. AWaiidre penchait pour une cieux se miraient dans les eaux du Bos-
viUe ét i'jptilagonie nommée Abooi phore. L'or et les mosaïques ornaieotde
Teiefcos 'ies murs d*AboD), et son avis somptueux appartements, et Rufin, <|Uoi*
remporta Us partirent donc pour Chal- que non bnptisé, avait fait bâtir une église
eédorne. et iin.iginèreut de faire dé- sous l'invocation des apôtres Pierre et
terrer près liu temple d'Apollon des Paul. Tout ce luxe et ces démonstrations
tables de bronze portant une inscrip* religieuses plaisaient a Théodose, dé>
tion dunt le sens était que bientôt Ks-
: fenseurardenlde la foi orthodoxe. L'em-
fOb[ f avec son pere Apolloi» arriverait pire d'Orient était infecté d'arianisme
«tels le royaume de Pont, ets'etatitirait depuis Valens; les ariens triomphaient;
eui» la vllfe d' A boni Teiehos. La fraude le détordre élsit dansTÉgliie; chaque
fat jssez bien conc> rtée pour que le église avait sa règle, et les evèques se
tniit «le cet événement s»* répandît lançaient mutuellement des anathèmes.
ripideiiieiH dans la Bitbynie et arri««ît Le polythéisme protitait de ces dissen-
jusqu'à Is ville, qui 8*empressa de ftire sions, et les sacriflces païens se multi-
lêtir un tpinple à Apollon. Coeeonas pliaient. Rufin, n*ét int encore que néo-
ffsta à Chairéidoine. distribuant les Gra- phyte, s*était déclaré avec vigueur pour
des avec succès On pense, ajoute le clergé orthodoxe ; mais il ne pouvait
Pterre Gilles « qui rapporte ce fait d'à- rester plus longtemps sans entrer dans
fm Lucien, que les tables de bronze le giron de TEffliae, et le Jour où le
trrmvéf^ dans les fondations des murs monastère et le temple quM avait filil
Cbalcédoine, quand V.il«>ns les fit bâtir furent achevés, la dédicace en fut
<iemoUr, remontent à cette époque. faite avec une splendeur inusitée, et
Qlfs eonteuateot quelques vershexa- Rulin reçut le baptême le 24 septembie
ilm annonçant à Byance des évé- S94. î^s evéqiies lurent mandes des di-
loneots smistres. vers diocèses de l'Asie; un concile de
Cbalcédoi/ip fut assiégée par Alci- dix-neuf prébits procédaâ la dédicace et
bààe peûdoiit la guerre du Pélopon* au baptême. Les anadioretes de ia Tué*
74 ^vm
baîdeet de TÉsypte avaient eieapoelés ; ment en £soe. L'ensemble des cons-
ils étaient arrivés ttius la conduiia 4a truetions sé conipoiait de régKae et 4e
leurs abbéaooomtade peaux de chèvres, deux vastes flion&>tères avec des por-
d'autres presque nus, les cheveux et la tiques et des promenoirs. C'est la qu*ea
bnrt>e en desordre ; ils rappelaient les l'année 46 1 se tint le condle coutro
Bosci ou anachorètes broutans, qui vi* Thére^ie d'Kutycnès et qui prit son
valent dons les mont;igues de Césarée. nom de la ville où il eut lieu. Hiéro-
La cuve baptismale était entoiiréç d'un des classe Chalcé oine parmi les \ill«i
rideau de pourpre, et HuPin y descendit de la Ponlica priitia^ et Un assigne le
soutenu par Aminonius, le célèbre soli- premier raog paru'i les évécliés de la
taire du Pont. province.
Trois foison lui plonsea la téte dans Dans la seconde année du règne de
Teau b 'piismale, et au sortir des fonts, Justinien, en 56 », le 21 mars, le général
Ainmonius lui donna l'act^olade. De ri- sarrasin Aimuuzar s'empara d'un fau-
ehea eulogies (les présents baptismciix) bourx Clialordoine, et le réduiait en
furent envoyées aux principaux habi- erndres. C'est de ce moment qn*UM
tants fie (lhalcédoine. Otie cérénionie .croyance dans Chalcédoine que
s'établit
fut illustrée par rhomélie de Grégoire le vingt unième jour du mois était
et
de iNysse, plus que par la pompe théâ- un jour malheureux. On se rappelait
trale qui raccompagnait. Ce fut pour de sinistres événements arrivée a nette
ainsi dire le dernier éclat ^e la spleotr même date
deur de Chalcédoine (I). L'invasion des Perses suivit à peu
Sur le promontoire Herœon s'élevait près la même marche que celle des Sar-
m somptueox palafs qui appartenait rasins ; ils se présentèn'nt devant Chal-
cédoine, la cinquième année du régne
à Théodose ; ce fieu était célèhre chez
les Byzantins. Cesl de là que Théodose d'Heraclius, en 715, et rumnte ils ne
écrivit aux chefs des ariens de Constimti- pouvaient pas s'en rendre maîtres im-
nople, qu'ils eussent à rentrer dans la médiatement « ils laissèrent un corps
communion de Nicée ou à abandonner d'observation, et lannee d'après ils
les églises dont ils étaient en posses- l'emportèrent (I). KnOn la ville étant
sion. Une assemblée de ces sectaires tombée entre les mains de.s Turcs peu
ayant eu lieu, les ariens se soumirent de temps avant la prise de Constant!-
à' la sentence de Théodose et quit- nople, ils détruisirent les derniers ves-
tèrent les édifices qu'ils possédiiient tiges de ses riches monuments pour
dans la ville, pour s'installer dans ceux bAtir dans leur nouvelle capitale des
du faubourg. D'après cette maxime musquées et des bains. Aujourd'hui on
qn*il8 avaient ado|»tée : Si vous êtes per> cberdie en vain remplacement de aet
séortés dans une ville, retirez-vous dans murs et de ses édifices ; nrals la fon-
une autre. taine d'Hermagoras continue de ra-
'
L'éidise de Sainte-£uphémie, décrite fraîchir le sol ; et le petit Ueuve Chaloé-
par Évagrius (2), fondée comme noos don, sous le nom peu poétique db
avons dit par Constantin, était distante Radi-Keui-Souiou, porte toujours ses
de deux stades ( 3fi« m. ) du Bosphore, eaux à la mer aprte avoir arrosé quel-
sur le penchant d'une colline dépendant ques jardins.
d'un faubourg de Chalcédoiue. Oa Pierre Gilles vit détruire les derniers
Mit voulu qmr ies Hdi^ qui se ren- vestiges du palais de Ruiln, qui fut plat
daient à regfrse pussent en même tard occupe par Bélisaire. I-es pierrea
temps jouir du spectacle de la nature, de taille étaient transportées à Cons-
du murmure des Ilots et de la verdure tantinople pour construire la mosuuee
de ta campagne. Son plos bel orne- de Sotiman le Grand. Cette destUiéa
ment, ajoute Téerivain, était Tadmi- des pierres de ChalcédobM inspire au
rable tableau que présentait la vue de savant écrivain de Hammer une triste
Coostaniinople <jui s'élevait directe monodie dans le genre de celles de Liba-
nius &ur Mieomraie! « Ab si ces pierres
(t) Anéd. thimyt/rag., i86e.
(«) Gilliitf, De n't Thrae,, ttb. m.
. ,(s)~l^ophant» easCel^ de éiesKes»

kju,^ jd by Google
ASIQ Ml mif^ 75,

papraient parler, s'écrie-t-il, elles nous breuses ooi|t|nwtkMi8 iiL ornèrent les
'
rediraient les hymnes chantes dans les abords. ' *
'

Uies oocturne:» de Vénus, les psaumes Lorsque les habitants du moderne


mi idtDtifeQt dans réffttse de Sainte- village de KadI Keui font quelques
Euphémie; auiourd^hui, au lieu des ex- fouilles pour planter des arbres ou
hortations des Pères de Tt^glise, elles élever quelque muraille, il est rare
a*eaieodfnt plus gue la voix du molliib Qu'ils ne tombent pas sur d'antiques
fluilnir eriecinq fois par jour: // n'esi fondations. Tous les fragments qu*on a
rauire Dieu qtte Dieu, et Mahomet eU mis a découvert datent des temps bf**
son prophète.... Ju<()u'à ce qu'un Irem- zantins; il y a longtemps que le dernier
bleineijt fle ou une révolution
terre vestige de la ville grecque a disparu.
inaitrndue leur donne une autre desU- Les médailles qu'on exhume à de rares
BilMNl ! » intervnllessont aussi du lias empin»; tt*
Lps anciens écrivnins attestent aue est même diffidie de s*en proeorer.
les habitants de Chalcédoine ne se dis-
tiaguèreut jamais dans les lettres; mais.
Us s'adonnaient avec ardeur à la pêche
des tbons et des pélan)ide5, et étaient Il y aurait aux environs de Chalcé-
derenus très-adroits dans l'.irt de fa- doine une curiosité archéologique et
briquer et de teudre les lilets. Les pois- naturelle à rechercher : cVstla fontaine
sons du genre scombre sont en effet Zaréta, citée par pi* sieurs écrivains
tifMoinlireui dans le Bosphore; à anciens et qui nourrij>sait de peUt:> cro-
certaines saisons ils remontent le cou-
codiles.
rant pour aller frayer dans la mer
Étienne de Byzance la mentionne en,
Noire , et redescendent ensuite pour ces termes (I) « Il y a une fontaine au-
:

ESgner la Méditerranée et continuer dessus delà merde Chalcédoine nourris-


Icar pérrgri nation autour du gldbe. La'
sant depetits{!rocodlles,»etStr8bon(3),
fitte de Chalcédoine avait deux ports • on trouve dansia Bithynie la ville de
forinès par deux promontoires ; l'un,
Chalcédoine..., le bourg de Chrysopolis
aooiQié Acritas, portait à son extré- et le temple chaletdonien ; au dessus de
lîlé on temple de* "N'énus IMarine; reslieuxetuonlotu delà mer la fontaine
Tautre, qui s appelle aujourd'hui Fa-
Azarétia, qui nourrit de petits croco-
oar bonroun , est regardé par Pierre
diles. * D'autres écrivains, notamment
Gilles comme l'ancien Ilœreum pro- Siace (3) et Antigonus de Caryste (4),
WÊcmtorium, Le grand port lîit défendu parlent aussi de ces animaux ; le premier
par un mÔfe, ouvrage du questeur et
les appelle des léiards byzantins ( By»
proicspathaire Rutrope, qui lui donna
zanitacot lacer tos]. C'était sans doute
son nom. L'autre port plus au nord une espèce de salamandre et non pas
s*aaviait snr le Bosphore, Justinien y de lézards (5), car ces animaux ne vi-
it laire quelques ouvrages et notam- vent pas dans l'ean.
ment des casemates pour les barques Le faubourg de Drys à Chalcédoine
que Ton tirait a sec sur le rivage. Cet avait pris l'accroissement d'une ville ;
osage est encore suivi a Cuustanti- aussi est il désigne par les écrivains du
Bopïe, et cet sortes de remises sont ap- temps comme une ville et un port de
pelées KaikHané, maisons de bateaux.
mer (0). Cédrénus n*en parle que comme
JuMinien fit construire un palais non
d'un faubourg qu'on nommait de son
loin du promontoire Hœreon, nous temps Rufiniana. Du temps de N. Ca-
avoos dit que Théodose en possédait liste, il gardait encore le nom de Jiuiio.
éËft on au même lieu. On y voyait aussi
une église de S<iint Jean ; et comme le
(t) Zaraïa.
ritage rtait rouvert de plantes marines,
(3) XII. 563.
00 appelaitcelte plaide CaJamotum. Pro- (3) Li¥. 4.
csuçiè nous apprend que par les ordres
(4) HiâUtr, tiiraf'.f cap. 164.
de Justinien un môle, supporté par des (5; Ffjr, SIraboa, Indnaiiou fringiîie,
arrades. fut coustruit dans le but de tom. 4, p. 79.
rendre le grand port plus sûr. De nom- (6) Socral., Jiist. teeUs., L TI, ch. i4.
76 LUNIVERS.
Le faubourg de Drys ou du Cb6ne avait navires uui traversaient le Bosphore en
pris son nom d'un chêne gigantesque venant du Pont-Ëuxin. Une flotte dv
qui eo faisait roroemenLOo disait alors trente voiles sous deux commandauts
le faubourg da Ruphin. veillait à la sdretédu port, tlne partie
de ce port fut comblée, lorsque la ville
CHAPITRE VU. de Chalcédoine fut détruite, et l'autre
partie, sous les empereurs byzantins,
CHBYSOPOLU. — SCUTABl. — ilSKV' pour empêcher les barbares d*y trouver
DAB. un retu^, 1^ derniers Testii^ de ee
port disparurent au commenrement du
A dix stades environ de Chalcédoine seizième sierle lorsque la (iile du sultao
et dans le territoire appelé Ciiaicedo- Soliman lit bâtir la mosquée qui porte
Dia (1) fie trouvait l'arsenal det Chalcé- aon nom. Quelle que fut aoni impor-
dooiens, qu*on appelait Chrysopolis, et tance commerciale du temps des Greea«
dont remplacement est occupé par la Chrysofiolis ne subit aucun accroisse-
ville moderne de Scutari, nommée Us- ment pendant le règne des rois de Bi>
kudar par les Tores. La ville 8*élève sur thynie. Strabon ne la mentionne que
uoepeote douce au pied du mont BouU comme un dépendant de Chal-
village
gourlou, du haut duquel on jouit du cédoine. Son nom acquit quelque célé-
plus niaiiniGque panorama qu'il soit brité, parce que c'est dans le voisinage
possible d imaginer ; en aucun lieu de de Chrysopolis que Licinms fut vaincu
la edie la vue du Bosphore et de Gons- par Consianfin en Tan S34, et la dix-
tautinople ne se développe d*uoe ma* neuvième annre de son rèfiDe. Licinius,
nière aussi splendide. prisonnier, fut conduit à Thessalonique,
L'antique Uirysopotis était, sous où il eut la téCe tranchée. Le noai de
l'empire des Perses, le lieu où se ver- Seutarl, qu*on ne trouve pas daos les
saient les tributs levés sur les peuples auteurs anciens, vient sans doute de ee
de la presqu'He ; cVst de là que lui vint que celte ville renfermait un corj S des
le nom de la ville d'Or. Etienne de scutariiy porte-boucliers, e^^^'^t^^ primi
Byzance, qui rapporte les traditions des Mcuiarii , créé avec les sagWarii par
Grecs, nous les montre fidèles b leur ha- Tempereur Valena. Ils précédaient le
bitude de faire dériver tous les noms des corps des seconds srutaires et se trou-
villes et des peuples de quelque héros vaient sous les ordres du maître des mi-
de leur race: selon cet auteur Chry- lices pour l'Orient (1). Selon M.deUam-
sès, fils de Ctiryseis et d*Agamemoon, mer, le nom uskudar est perse et cor-
fuyant la persécutioD d*i£giste et deCly- respond au mot de astandar, que Xéne-
temnestrc. se retira en Asie, et mou- phon emploie pour désigner lescourrieia
rut en ce lieu, où il eut sa sépulture. En impériaux, les aogari des Perses.
commémoration de ce fait, la ville fut
appelée Chrysopolis. Quoique le voisi- LES C0UBB1BBS BN OBIBNT DANS
nage de Byzanre ait toujours été un l'antiquitA bt db vos iovns.
obstacle à raccmissementdp cette ville,
comme elle se trouve être le point de Les Perses avaient établi à Chryso-
TAsie plus avanré du edté oe TEu*
le polis une statidb de fourriers qui por-
rope. elle fut toujours un lieu de tran- taient les ordres dans tout Tempire. et
sit assez fro lupnlp f^es Dix inille, après c^tte institution fut soii:neusement con-
avoir quitte Tr^bizoude, s'arrêtèrent servée par Tempire romam. Auguste
pendant sept joi.rs à Chrysopolis pouf imita les Perses en établissant une oor>
y vendre leur butm (2). Athéniens hn poration de reredarii ou courriers qui
s'étaiit emparés <le Chrysopolis, IVn- avaient des stations tous les cinquante
touièrent d une muraille, et en lirent nulles. Là on trouvait non-seulementdes
une place où se versait i*ar^ent prove- chevaux de rechange, niais encore des
nant dea dtmes perçues aur toua les voitures à deux et à quatre roues qui
pouvaient porter jusqu'à mille livres.
(f) Xèoopbon, Ânai^ 6, 36.
(ft) Xcooph., L 6. (i) Notice Je l'Enipirc, p. S9.

Digitized by Google
ASIË BUNEURE. 77

Le nombre des animaux, chevaux ou mu* nie (f). Cette institution des ançari ou
lecs, qui devaient être attelés était fixé des poster publiques commençait a dégé>
jiaf des rèxlements (1); les voitures à nérersous Tempire byzantin, 'les auber*
dmt roues ne pouvaient porter que cin({ gistes, par ftiveurouà prix d'argent, ob-
eenli; le cheval de poste ne portait tenaient la faculté de servir les cour-
qu'un excédant de trpnle livres; Tété riers, et Ils louaient leurs chevaux à tout
on attelait huit mules vl l'hiver dix; les venant. Le mauvais entretien des routes
voitures à deux roues étaient attelées de rendait inutile remploi des chariots;
vois Mies. Valentinien défendit de se le désordre se mettait dans Tadminis-
mettre pins de trois personnes dans ces tration quand les Turcs se sont rendus
dernière voitures (2). Outre ces trans- maîtres du pays. En leur qualité de peu-
ports « il y avait des chevaux de course pies cavaliers et nomades, leurs priiices
aMrlés vertdi qui franchissaieot ra- n*ont pas laissé tomber en désuétude
pidement de grandes distances (S). La une institution dans laquelle le cheval
selle et la bride ne devaient pas excéder joue le principal rôle. Aux manxioneê
le poids de soixante livres sous peine romaines succédèrent les mensil-hané,
d'amende. Chaque station devait être que le sultan Soliman organisa d'une
narine de vingt chevaux et jamais elle manière régulière. Les diploma délivrés
DP df^vaii être vide. I^s patriciens afO- par le préfet du prétoire furent rempla-
cli3ient uti grand luxe dans l'équipage cés par des bouyourdi délivrés par le
leurs moutures ; les mors et souvent pacha, et les agents seuls du gouverne-
ks brides étaient dor^ ; enQa un vété- ment avaleni le droit de se servir des
rÎMlfe payé par la commune diait at- chevaux. Mais dans cette institution des
taché à rétablissement. transports, le commerce n'était pas ou-
Chaque année le nombre des chevaux blié; les routes, mal entretenues, il est
était renouvelé par quart, et c*éiait la vrai, autant par incurie que comme
province qui avait la eliarge de les rem- question de défense, ne pouvaletu plus
^aeer.Parlemoven de ces courriHrs, les servir aux voitures, et la fhedn des L t-
nouvelles se répandaient avec la plus tins, dont les Turcs ont fait le mot
^nde célérité ; des esclaves se tenaient araba, la voiture, Gnit par devenir en
eoûstamment prêts pour sdler les ehe- Asie un objet de curiosité. Mais en re-
vaux ; des greniers bien approvisionnés vanche ils ont mfs un i:rand soin à fon-
servaient non-senlement aux chevaux de der des établissements magniliques sous
(xi^te, mais encore aux cavaliers qui le nom de caravanséraï, c'est-à-dire pa-
voyageaient par détachement. Les em- lais des caravanes. Ces établiiieinents
pereurs eux-mêmes disaient usage de contiennent au reande-chatisiéede vastes
mov»*ri de transport. Titii'; tomba écuries, des magasins pour les marchan-
uuiade dans une maison de poste. dises et au premier étage des chambres
Les particuliers pouvaient faire usage pour les voyageurs. Il y a ordinaire-
ém postes impériales moyennant une ment une dotation attachée à l'établis-
pfrm lésion du prapfectns prxtoriOf qui sement pour défrayer le personnel, et les
deJivrdit des diplômes. Pline, préteur de caravanes sont reçues moyennant une
Bitbynie, parait avoir été tres-difticile très-mimine redevance. îles caravau-
fmr délivrer ces permis de poste, et il séraîs sont classés parmi les fondattons
écrit à Traian qu*il n*en donne <pie dans pieuses, comme les fontaines et les hospi-
le cas d'absolue nécessité. T. ut-même, ces, et la création d'un tel édilice dispense
laaM|u*U parcourait sa province, ne voya- un musulman du voyage de la Mecque.
pait p0a cheval mais dans des voitures ; Aux angari dss Persans. aux eermfo-
c'est ainsi qu'il so rendit d'Èphèse a r/ldes Romains a succédéchez les Turcs
Pereamp. Mais ce voyage lefatifîua beau- une corporation qui tenait de près a
coup, et il s€ rembarqua à Pitane, le port celle «les jani.s.saires et qui cependant
de Pergame pour se rendre en Bithy- existe encore, c'est le corps des fatars,
qui sont considérés comme courriers do
(t)I«S, Cod. Th. cabinet poar porter lesordresde la Porto.
(a) L. 17, 3o, Cod. Tlipod.
(1} FtMBp.y De BtUo Pers., lib. %, • (i) Pline, liv. X,UtL XViU.

Diyiiized by Google
78
^on-seulel11eDt ils ont le droit de pren- statiolis étaient sur les sommets fsanm,
dre daitf diaqoe mensil hané tes che- i£gylos. Marnas, Kyrizos, Mokilss (1)
vaux qui leur sont nécessaires; mais et la dernière sur le sommet du mont
dans les villages ou môme sur les roules Auxent (Boulgourlou), où était le monas-
nui cavalier n'oserait refuser de troquer tère des Accemites (qui ne dorment pas).
son cheval contre celui d*un Tatar en Ce dernier point correspondait directe-
mission, quitte à retrouver sa monture ment avec le palais. Il est fait mention
dans la maison poste prochaine. Les de cette télégraphie dans l'histoire by-
tatars sont reconnaissabies à leur cos- zantine au sujet de remuereur Mi-
tume particulitT ; ils portent un grand chel III en 84S, Ce.prince, abandonnant
bénicne, sorte de robe' rouge aTee le fes, les soins de rempire,se livrait avec en»-
et tout l'attirail de campagne ne les portement aux jeux du cirque Vn cour-
quitte jamais; nous voulons parler des rier du palais vint au moment des cour-
armes de toute sorte et des accessoires ses lui annoncer que les Sarrasins ve-
âe la piper. naient d^envahir une des provinces do
l'empire. Il fil écarter cet importun et
TÉliGEAmS CHEZ LBS BYZAlfXUlS, ordonna d'éteindre les feux qui dans les
tem[)S d alarme avertissaient tous 1rs
indépendemment de cette transmîs- pays situés entre Gonstafitinople et Tai^
rion terrestre des ordres impériaux, les sus (2).
souverains de Byznnce avaient établi Le promontoire de Seutari forme la
une ligne de télégraphie aérienne véritable limite entre le Bosplioreet la
nocturne entre Tarsus et la ville de Propoiit'tde; c'est à cette place que,^ se-
Seutari. première station était placée lon la tradition des Grecs, la vaehe lo
sur le mont Roulj;ourlou Ce système de aurait traversé la mer; aussi le cap de
sicnaux oi)rresponflait avec Conslanti- Seutari était-il appelé Damalis ou le cap
uople, soit à la tour des vedettes (1) de la Vache. Si 1 ou veut chercher une ,
soit à la tour du centenler voisine du source historique à ce nom de Damalis,
palais. î/invention de ces signaux re- il faut franchir plusieurs siècles et ar-
monte aux plus anciens temps histori- river à l'époque d'Alexandre. Philippe
ques. La prise de Troie fut annoncée à de Macédoine assiégeait By^uce , qui
ht par des signaux nocturnes qui défendu par Charès, général athé-
était
ae répétèrent de proche en proche sur nien. Sa femme Damalis étant morte
les sommets de toutes les montagnes (2). pendant lesiéfïe, les Byzantins, pour
Les Gaulois connaissaient le même reconnaître les services que leur avait
moyen de correspondance; mais l'or- rendus Charès, élevèrent un tombi au à
ganisation régulière des signaux télé- Damalis sur le cap de Seutari et di<aa>
graphiques ne date oue du neuvième sèrent une colonne portant la flguraeaa-
siècle de notre ère. Ils furent perfec- blémalique d'une vache (3).
tionnés sous le règne de Théophile par Seutari est du petit nombre des villes
Léen le Philosophe, évéque de Thessa- d'Asie qui n^ont pas vu leur prospérité
loniqae. La nécessité de connaître les déchoir avec la domination musul-
mouvements des Sarrasin- avait fait or- mane. Faubourg de Constantinople
ganiser ce service ; les feux étaient dis- comme elle l'était de Chalcédoiue, c'est
posés de manière à former des chiffires toujours le lieu de casernement des
qui correspondaient à des phrases; huit principales troupes réunies autour de
stations étaient établies entre Tarsus et la capitale, et de m a |:ni tiques casernes,
la capitale.La première à Kula dans qui s'nu<;menteut tous les jours, peuvent
Je voisinage de Tarsus (sans doute recevoir des corps d'artillerie et de ca-
Rulek-Boipias )(S), une seeonde sur les valerie. (

hauteurs du mont Argée (4). Les autres Autant par esprit de. religion qaa

( I ) Cohortes vigili«Hi.
(a) Eschyle, dgtmmmm^ v.sS«,fttS. (i) Anjomtlliui inconDti».
(3) Vo\er page 3i. (a) Gibbon, règne de Michel.
(4) Cuutiuiiiilor Theuphaim, IV, § Ç3) Codio 4'*près Deiiys de Byfaaee ( !>•-
Hmmmt, Ioc^ dl.

Digitized by Gopgle
ASIE MlNEniiB. 7»
pour plaire aux troupes
cantonnées a à n'en sont pas moins regar-
la vie civile,
amtn, la plupart des flahaos ont con- dé comme des fondations pteoses.FHWS
toM à embellir Soutari de plusieurs routons parler des bains et descaravan*
monuments remarquables ; les fontaines serais, ('es derniers édifices sont dignes
T sont décorées avec goût et de nom- d'une ville qui est la première place de
brraies mosqaées rompent, par la forme transit entre TAsie et l'Europe, ils sont
éié^ante de leurs coupoles et la rnulti- nombreux et largement instattés. On
pficite de leurs minarets, l'uniformité est toujours certam d'y rencontrer des
des ligues du paysaj^e. Moins voisine de carnvaneurs arméniens pour des voyages
Coo»t«intiDople , Scutari passerait pour de long cours; ils sont aussi disposes à
WÊt tillB rcniar^imblè. partir pour la Perse et TAfganistan que
pour les environs de Smvrne ; mais
M06QUAB Jïtl^mLTAn SOUMAN. pour tout ce qui concerne l*équipement
do voyage, c'est à Constantinople seule-
La airitan Sollmaii; fils dè SéNM, fil ment qu on peut se les prororer.
bâtir eo 1S47, en Thonneur de sa lllle La ville de Scutari est entourée d'un
MihrniD sulTnne, une mosquée qui est imriiense champ des morts planté de cy-
restée la plus belle de la ville. Elle est près séculaires, qui font de ce lieu un
riioéa ao boni de lu mer ; les liojnbmitfs dèsrités'les plus renrarquables des en-
«Ddpoles de son avant-eouf (haram) virons de la capitale. Il u*y a pas en
sont couvertes de plomb et lOUteJlOfiS Asie d'autres jardins publics que les ci-
par des colonnes de marbre. metières. Ce sont des lieux de prome-
La mosquée bâtie par la mère du sul- nade aussi bien que de recueillement. I41
tta Ifabofnet III est située dans la par* mort n*est pas envisagée par les musul-
tk fnd de In ville; elle fut bân'e on mans sous le m^me point de vue que pnr
el est imitée d'une ëjilise gr« rque leschrétiens, etl idéed'uneautrevie leur

de CoDStautinople qu'on appelle Kilicé- cause plutôt uu seutiment de quiétude


IKaoïl-fll. La grande eoapofe est eotou - què de tristesse. La terre d*ABie étant
rte de six autres demi-coupoles dispo- la patrie commune de tous les Osman-
s<*esen pofvfîone et quatre autres sYlè- lis, les principaux habitants de Cons-
f&u dans les quatre angles. Cet édiiii e tantinople attachent uu certain prix à
«tailadiiir«iieéiiiiiieflea noD loin du ndée d^^llei' repdier où reposent lenn
wclié aax chevaux (at bazari) et do- abeétres, et font transporter leur dé-
mine presquè toute la ville. pouille mortelle à Scutari. Ceuendant
Différenies sultan» s et princesses ont le urand cimetière n'est pas décoré de
suif le même exemple et ont orné la
i monuments somptueux, de chapelles
vMie de Seutarl d'édifices religieux, de sépulbrales bU 7H«r6éA, comme on en
tekkès ou couvents de derviches et voit un srand nombre à Constantinople.
dtiospices pour les pauvres. Tous ces Autrefois la dignité du mort était indi-
ioonuiiienis ont été bâtis aune époque quée sur sa tombe par la forme du tur-
ai rareMmture lurqve abandonnait ban qtii eooroiiniiif la pleire tomtrlaire;
Péeale arabe, dont elle avait été un re- aujourd'hui c*ést le simple fez qui In-
I
flet orisinal, i>oor se jeter dans l'archi- dique la sépulture des grands comme
tcciure bâtarde qui n'est ni musulmane des marchands. Les tombeaux des fem-
I

irf ehidtioniie. La mosqnéiB de 9éKm 111 mes sont mwêi d*dtte ^p\ë itoserip*
;

en est m eiemple déplorable. Quoique


bJtieen marbre et dét-orée avec un cer-
tion au milieu de laquelle est sculpté
un cyprès la léte penchée c'est le sym-
;

tim luxe, ou ne trouve ni dans sou eo- bole de râme qui s'est envolée au ciel.
aeaibie ni dans les détails de ses. nmer Une fois le mort déposé dans h tnmbe,
Ma rien qui rap^télle plutôt Porieilt to famille vient quMpiefois rendre vl^
qatTocriderit ; c'est on style qui n'a pas
I

'

site a la sépulture; mais le tombeau


i aiÂne pour lui rorijdnaliié de la bar- reste sans gardien sous la protection
'
Me. Les princes musulmans qui ont de la piété publique* sans que jamais on
dolé la ville de Seotarî de tant «la mo- songe à sa réparation ou a son entre-
aaneota religieux n'ont pas oublié d'v tien. Aussi quoique le cimetière de Scu-
jiMidre eeujtqtti* bien «h» «
rapportant tari date de l'éubliisement des Turoi

Digitized by Google
80 L'UNIVERS.
à Constaotinople, on y découvre à L'ancienne tour était un ouvrage de l'em-
peine un seul tombeau qui remonte au pereur Manuel ; c'est eu ce point qu'était
delà d'un siècle. Les nombreuses ins- attachée la grande chaîne qui temiait
criptions peuvent cependant offrir quel* rentrée du Bosphore et dont l'autre ex*
que intérêt à rorientaliste; il y trouvera trémité était reliée au continent d'Eu-
toujours le sentiment religieux exprimé rope. L'ancienne tour, dont il reste
sans emphase , et quelquefois des ex- quelques dessins, était un bâtiment mas*
traits des poètes persans ou arabei les Mf, oooronnédc créneaux etconvert psr
plus aimes des musulmans. un toit pyramidal. Une Jetéo sons-ma-
Le mont Boulgourlou est l'ancien rine reliait cet écueil au continent d'A-
Damairysi les environs étaient couverts sie. L'édifice byz.antin que P. Gilles a
de jardina et de maisons de plaisance. TU et décrit a été démoli au commen-
L*Anonyme de Constantînople, dans sa cement de ce siècle, et remplacé par un
nomi nclature des palais et des monas- f)avillnn dans le goût moderne et dont
tères construits au nohi du Bosphore ( ), I a coupole est surmontée d'un fanai.
cite le palais de Br^as, ainsi nommé, Il est entouré de quelques corps de
dit il, paroe que le dernier des empe- garde où atationne un poste. Déjà da
reurs byzantins, fuyant sa capitale pour temps de P. Gilles on croyait que l'in-
se retirer a Jérusalem, pourra dans son térieur de ce petit fort était .iliineaté
palais, (le Bryas entendre les cris de dé- par une source d'eau vive; mais il est
sespoir des liabitants. constant qu^il n*y a qu'une citerne qui
Il fut construit par les empereurs Ti- reçoit les eaux pluviales. Les Turcs ra-
bère et Maurice, qui biltirent aussi le content au sujet du nom de l'édillce,
lais de Damatrys, où se trouvait le la Tour de la 1-ille, une histoire roma-
isdcConsiantIn Va
veugic, filsd*lrène. nesque d*une princesse qui y fîit déte-
Le port d'Kutrope, ainsi nommé dn nue; c'est sans doute ce conte qui a
protospaihaire de l'empereur Constan- motivé de la part des Européens le nom
tin, gui le fit construire, était voisin de de 'l ()iir (le I.éandre^ quoiqu'elle n'ait

ces lieux. rien de commun avec l'événement poé-


Les princes b^ntins avaient pris les tique dont Se&tos fut le théâtre.
mœurs des Orientaux avec lesquels
ils étaient en communication constante, CHAPITRE VUL
et le goût des jardins appelés Paradu
ehei lee Perses, a^éiait inirodoitcliei les us f LIS DUS PBIIICBS. DAiifoinaf.
Grecs; ils étaient établis de préférence
sur In côte d'Asie; le palais de Damatrys Iles des Princes forment un pe-
Les
titaii entouré d'un vaste parc rempli de tit archipel peu eloijine de la cdte de
fdbier, oà les empereurs et les princes Bithynie et à l'entrée du golfe de Wiee»
leurs fils allaient se livrer à rexerciccde roédie ; les Grecs les appelaient Daimo-
la chasse. Tous ces palais ont disparu ; nisi (les lies des Génies). H est assez
mais les fontaines qui les arrosaient cir- avec les noms mo-
difficile d'identifier
culent encore au milieu des jardins des dernes les nombreuses Iles qui sont men-
Ttees. tionnées par Pliiie(l) sur toute la sur-
face de la Propontide ; nous ne pouvons
LA. TOUA OB LÉANDBE. reconnaître que l'île Pro< onnese ou de
Marmara, rilede Besbicusou Calolimoo,
A quelques encablures du rivage, et le groupe des Hrs des Princes. Us
dernières sont mentionnées sous Iw
dans le voisinage de Scutari, s*élève unt
tour de construction moderne que les ,
noms suivants Élée, lesdeux Rhodusse,
:

Turcs appellent Kiz Koule-si (la Tour de Érébinthe , Méjjalé, Chalcite et Pityode.
la Fille), et qui est connue des Européens Le caractère de chacune de ces iw»
de
anus ie nom dn Tour de Léandre. fille leur position respective, permettent
est liâtie sur un éeoeil ii flevr d'eau. se reconnaître danf cette aèchenonifo*
clature.
(i) AnonyuH, Pars III, liv. III, p. Sg,
ap IWuMliiri (s) PUnSbUv. ch. XXXn.

L^y u^ud by Google


ASI£ MlNEimE. 81

Gomme ces tlee sont nommées, d'a- Les des Prineea • fîirani ainsi
Iles •
fri^ iMir positioii à Tégard de Chalcé- nommées par les Byzantins* parce que
doiof, Élée s*identifie avec Proté ou la durant toute la période de cet empire
première. Étienne de Byzance (I) cite elles furent couvertes d'églises et de mo-
ce passage d'Artémidoré. • En partant nastères qui servirent de lieux de re-
do cap Aeritas , aprèa avoir naTigué traite foreée on volontaira i un grand
cot ëii alàdes (8), on arrive au cap nombre de princes détrônés on chassés
Hvn> Il y a dans ce voisinage l'île Pi- de la cour.
xunie, uni' autre tle nommée Chalcitis,
oÉlèbre par ses mines de cuivre, et une FaoT^
autre Ile nominée Prota; d« là à la ville
de ("hnicitis il y a quarante stades ( sept L'empereur Romain Diogène, qui fot
kilomètres et demi). Les deux Rhodusse prisonnier de Alp-Arsian, recouvra sa
ml aujourd'hui Kliobito et Anti- liberté moyennant trois cent soixante
Rkobito, très-voiaiDea Tone de Tautra; mille pifees d*or, pour venir expirer
Chaicitis n^a pas changé de nom ; c*e&t comme prisonnier religieux dans un
ftîe de Chalki. Pityode est Pita; Eré- monastère de l'Ile de Proté, qu'il avait
bintbe est alors Antigone ; car l'île de fondé (1). Cent trente ans auparavant
Megalé, la pliisfcrande de toutes, est eer- Temperenr Romain I*' avait éprouvé
tMaement l'Ile du Prime, qui a donné un sort semblable. Renfermé par ses
son nom n toflt le iironpe. La distance fils dans un rooDastèrOt il y finit ses
dûnn<^e p;ir Artémidore sert à fixer les jours.
positioub du ca^ Aeritas, qu'il faut Le plus ancien clottre de Hle de
plaeer dans le voisinage de Sditari. » Proté rat bflti dans la première année
Les noms turcs diffèrent complète- du neuvième siècle c'était une prison
;

ment de ceux donnés par les Grecs ; les d'Ktat aussi bien qu'une maison reli-
dittkullésque nous avons signalées gieuse, et chaque révolution accomplie
yenrla Boaiendatore des fleuves et des dans Constantinople fournissait un
montagnes se retrouvent encore dans contingent au personnel des moines du
eellts des rilles. H en est plusieurs qui, couvent. Les successeurs de Nicépliore
uiéuie aujourd'iiui, portent plusieurs furent rasés et renfermés dans le cou-
MO», les uns turcs, les antres grecs, et vent de cette tle; il arrivait quelquefois
d'antres donnés par les marins étran* que œuK des reclus qui n'avaient pas eu
pers. L'archipel des Princes est connu les yeux crevés ou arrachés trouvaient
des Turf'i sous le nom de Kizil Adalar moyen, a l'occasion de quelaue révolu-
lies houges). C'est aussi le nom de tion de palais, de jeter de coté la haire
nie PrinJiipo, la plus grande du groupe. pour reprendre la cuirasse.
Elles doivent donc être classées d'apfis
la nomendature suivante (3) : NTIOOIIB.

PMTâ. Proté.
Sam Mf nifii stion.
KinaliadaSi. Du temps des empereurs byzantins
Prinfsipn. ada
Antigone avait reçu le nom de Panor-
VccjiLE. Kizil si.
mus; on y avait bâti un chflteau formi-
FataryTOW. Antigcne. fipgbaili ada aL dable dont l'anonyme de Constantino-
ple (2) fait une description romanesque
CsALom. Chofki. Hdbell ada si
de laquelle il ressort que Choaroës as-
L*llr Rri.a«r.

ftancisel'*. sîésrea celle place avant d'attaqurr Chal-


Rhobito. TaooeliaoadaiL
L'Ile tir» L*«vrrf. cédoine. Outre ses hautes murailles, le
laoa c ttE II*, yinii Rkobiio. Sadef ada si. château était protégé par un buste de
femme i deux tétas qui était placé dans
la tour du noid aundesans dfe la porte
't^ T. Chalrilis.
ys, Vingt kilomètres. (i) Voyez Hammer, Corn tan tinopoiis und
(3) Le premier nom est en romain, le st- der Bospfêoros, \>. 36i. Branet de Pmlc,
md en grec anoderoe, le utiisiéow en La (irècCf p. aog.
(a) Anonyme de C. P.» Uv. Y, p. S3

6* UmtiMon. (Asm Uinburb.) T. II. 6


82 L'UNIVERS
d'entrée. Le feu avant été mis au châ- In Vierge et le troisième dédié à la sainte
teau, et toute la place réduite en cen- Trinité, où Ton est conduit par une allée
dres, la tour seule stibsistait encore de cyprès séculaires.
grâce à la Yerln de la statne bicéphale
qui écartait les flammes de quinze au- PBIHKIPO.
nes des murailles. Chosrops emporta
cette statue eu Perse, où elle fut 1 objet Il y a toute apparence que Pile ap-
d'un eulte. |)elée aujourd'hui Prinkipo doit être
Les ruines du cbâteau de Panormus identifiée avec celle que Phue appelle
existent encore au bord de la mer près Méi^nlé ; c'est la plus consi(!érn[)le do
du port ; on les n[)pelle Bourglinz; les groupe. Les Turcs lui donnent le nom
ruines de citernes el de murailles que de Kizil ada si, c'est-à-dire l'ile Rouge,
l'on décoom an Boromet de la eolline à cause de la couleur de aea mcota- ]

appartiennent au monastère, prison d'É- giies. Cbaiki et Prinkipo sont placées


tat dont il est souvent
mention.
fait vis a-vis l'une de l'autre et ne sont sé-
Cest la que Mettiodius, avant d'être parées que par un étroit canal. Son
étevé au patriarcat de Gonttantinople, étendue ne dépasse pas cinq kilomè-
souffrit UD long et cruel supplice. fiLen- tres ; elle est allongée dans la directHm '

fermé dans un cachot obscur avec deux nord-est sud -ouest et traversée par une
,

brigands, l'un d'eux vint à mourir, et hgne de petites collines.


on laissa le cadavre infect avec le prt- La nature du sol est calcaire et
aoonlef. Ce supplice dura sept ans, a la auartâeuae; elle renferme des traoes ée
suite desquels Méthodius fut tiré de sa fer oxydé. A In pointe nord est situé
prison par Michel, tils de ïbéopbiie» et le grand village qui porte le même
nommé patriarche. nom que l'ile ; il renlerme trois monas-
tèras; l'un bâti dans la plaine et deux
GHAftCmS. autres sur une colline. Le village est
entouré de vergers, d'oliviers, et de ri-
Chalcitis prit son nom des anciennes ches cultures ; les bois de cyprès et d'ar-
mines de cuivre qu'on y exploitait ; on bres fhntiecs donnent a ce petit coin de
reconnall encore quelques traces des an- rtle un aspect de fraîcheur bien rare
eiens lrdvnu\d:ins les environs du port. aux environs de la capitale. Du côte du
Elle est couverte d'une magnilique végé* nord on trouve au contraire une con-
tation, abondamment arrosée, et s'élève trée sauvage et aride qui contraste avec
comme on ednede verdure au milieu du la fertilité des jardins du village. Il ne
groupe d'Iles dont elle £iit pnaque le reste en fait de ruines des anciennes
centre constructions byzantines qtie quelques
Elle parait avoir été dès les plus anciens Sans de murailles ayant appartenu à
temps unséiour de paix et de tranquil- es monastères.
lité , étrangère à toutes les catastrophes A
la pointe sud de l'tle se trouve le
{)olitiquefi qui reteutissnient dans les monastère de Saint-Georges. Du hautde
les voisines. Le cuivre de ses loioes la colline voisine on Jouit du magnifique
était des plus estimés et était surtout panorama de toute l'Ile. Deux belles
employé pour fabriquer tes statues des sources ombragées par des platanes cou-
dieux. C'est de l'airain de Chalcitis lent non loin du chemin ; c est le lieu de
qu'av.iit ete faite la statue d'Apollon à rendez-vous des habitants de Conslaii-
Sicyone. L'ile produisait outre le cuivre tinople, princiualemeut des Grecs qui :

du lapis lazuli et du borax ou cbryso- s'y rendent le dimanche en ctfk. i

colle. Arislote lui-même mentionne ces Une si heureuse situation fut appré- |

lies comme dignes de remarque. L'île ciée par les princes hyzantins qui éle-
j

entière affecte la forme triangulaire; vèrent à Tenvi des villas et des monas- |

vuedu cdté du nid, elle se présentesous tères dans les vallées de 111c. Jasàiiic& i

la forme d'un cône unique ; mais vue y fît bâtir un palais dont les ruinss sont
en travers on y découvre trois sommets peut-être celles que Ton observe près I

(couronnes tous trois par des monas- du couvent de Saint-Pîicolas et c'est ,


;

tèreii celui de Saint-Georges, celui de sans doute du règue de cet empereur

Digitized by GooqIc
ASIE MINEURE 8S

a pris le nom de Tite du de Satyrus fut construit par le pathar-


LMégalé
X ^1). CeUe lie fut, comme les au- ciie Ignatius.
im,le tbéfltre dé ces revers de fev^ La petite tle d*<Oiieia est voisine de
tm si eomMnt m moment de la Platée. Sou nom, quisigiiilie, rude âpre,
cltDt»' de Byzance, et i! semblnit que est bien d^accord avec son .ispeet désolé.
lespnoces et les impératrices ue tissent Les mitres îlots, ne soutquedts rociiers
Utîr des moi^3tères que dans la nré- où séjournent pendant la belle saiaoïi
vyoode leur ehale. L'impératrice Irène, qaelqMB ûunillesde péeheurit
doDt le rèiine jeta un si vif éclat ter- ,

mina «PS jours dans un monastère de CHAPITEL IX.


^niikipo, et riiiiperatrice Zoé, forcée de
pNnirele voiK len- ^ moment PABAGB8 Oa LA MBB MOUIB. LB MOV»
fermée dans cette île par Michel Cala- «BARV.
fjle. Mai*, rlle en sortit bientôt pour
rmoiitersur le trône. L'usurpateur fut La montagne située sur la côte d'Asie
^vé deit vne et renfermé à son tomr immédiatement en fiice do goifé de
dus le monastère de Sergius. Baynkdéréest eonnue de tous les navî-
Aujourd'hui ce petit rtrchiiit'l a p«'rdu gtteurs qui traversent le Bospbore. Les
iM^le soD importance strate^iique au Turcs lui donnent le nom de Yorus
ent de vue de Tattaque et de la dé-» da|;h; on l'appelle aussi quelt^uefois
Mde la capitale; mais à Tépoque Je8ehadagh(lamontagnede Josue). Lea
bnaniine il vit plus d'une fois 1rs flot- indigènes prétendent que c'est là que
rf< df> hT^t'S et des Turcs se glisser au fut enterre le prophète des Hébreux. Au
mibfu du déblaie des îles pour foudre haut de la montagne on trouve une en^
«rOoastmtinople. ceinte earrée, entourée d*un- mar il»
l.lWde Platée est tout à fait nue et pierrM sèches. Ce lieu correspond, au
àfî^W-, rt\e servit de lieu d'exil a Mi- sitr appelé le lit d'Hercule. Un mara-
chel Kbaogabé, qui, au commeucemeut bout avec quelques arbustes auxquels,
ét mnèm eièele, fiit reoferané dans sont suspendus des' «bififode marquent;
m iMHHiàre et forcé de prendre la le degré de superstition <|ue les iedi*»
fonîon» arec son lils. Il y vécut encore gènes ont au sujet de certaines pierres:
treote^eukans sous le nom d'Athanase, ou de certains arbres; ccft»* (rroyanre»
S»dan âls, dans la fleur de l'âge, fu- dei musulmans r^andue sur toute la
net pmis de Isnr fifiKté; le premier, terre de Fislem mérite quelques dévelop-
F.winlius, mourut peu de temps après, (>ein< ntsque nous donnerons en parlant
rt fut enterre du cote uauche de l'église, ûes lieox de pèlerinages' 4%lébres.
et le tombeau du père fut placé à droite.. . >i ' I •

Uneottd tis, Ignaiim, erriva à la di- LB TBMPLB DB lirPmB> TOnSk


imiié de petriarche et devint le fonda-
^*H]r da monastère de Satyrus, qui fut Ce temple fut bâti par Phryxns 11 était .

^usur le moQtMaltépe; c'est là qu'il du Bosphore, dans la par-


situr à l'eutrée
mrm sépaltare. tie laplus étroite du canal, au point où
Aeioq kilomètres de Pandik, sur la la ehatne de roiympoMysieB vient ren-
mme de Chalcédoiiie et ri donz** kilo- contrer le rivage ; cet endroitfut dès les
twtrwî de Scutari, se trouve le port de temps les plnsrei'iilcs léu.irdé l'omuu' le
titiài dans le voisinage duquel a élevait plus important pour la deleuse de la côte
tepaliis de Brjns le «onaetère Sa- A d*Asie; et dans les' dernieIrB siè cles i9
Irn»; ils se trouvaient entr»- U- i)ort et devint la possessiOtt des Génois qnl y bi«
lémonl Maltépé qui en est peu éloigné. tirent un cbritenu aujourd'biri en mines,
Od V voit en effet quelques ruines qui mais qui porte encore le uom de Djiné-
•at pu appartenir à nn palais. Le palaii vise kalé si (le château génois). Ce lieu
de Biyas lut construit par les empe- est générateant désigné par leSaiMeuva
«s ifamiee et Tibèee ; le monaatèra anciens SOUS le nom de lliéron ou de
temple de Jupiter. Jason, à son retour
'i* Hamnter. ConstaiitinojJoUs und du Colchide, y consacra un autel aux
(le la

â^ifiuroSf I. il, 376. douze dieux: les navigateurs du Pont*»

Digitized by Google
64 LUr<IV£RS.
Ettxin étaient dans Tusage iVy consa- iter; les Grecs étaient supérieurs aiiX
crer des »»ftran(Jes. I>a po.- session de ce arbares ; n»ais ils s'enfuirent à l'arrivée
territoire fut longtemps un objet de con- des Gotbs et livrèrent Chalcédoine qui
iwtatioii entre les Byzantins et les ha* fut mise an pillage.
bitants de Chalcédoioe. Prusias finit par |)remière apparition des Russes
s'tMi rendre maître et s'y fortifla ; mais dans le Bosphore eut lieu en 866; ils s'a-
il fut contraint de le rendre aux Byzan- vancèrent jusqu'au Uiéron. ils revio-
tins afee tons les obiets qu*U avait en- rsnt une seeonde foto en 949, dans In
levés dn temple, les bois, les tuiles» et vingt-troisième année du règne de rem-
les caissons. pereur Romanus , brûlèrent Sténia , la
D'après la tradition conservée par flotte grecque, et s'emparèrent de Hié-
Biodore de Sicile, les Argonautes re- ron ; enfin ils arrivèrent jusqu'à Byxanoe.
venant de Coichos, étant arrivés à Les Génois, maîtres de Galata, s'em*
Pembouchure du Bosphore, y sacrifiè- parèrent du Hiéron, et y construisirent
rent auxdouze dieux. Le temple pa- le château dont on voit encore aujour-
rait avoir alors été consacré à Jupiter d'hui les ruines. L'écusson de la répu-
et à Neptune; car Tun et Tautre dieu blique de Génea subsiste su-dessus de la
étaient honorés dans l'Hiéron du Bos- porte d'entrée.
phore (1). Pausanias, vainqueurde Mar- Au delà de ce chftteau jusqu'à l'em-
donius à Platée, consacra une coupe bouchure de la mer Noire, il y avait
d'airain à Neptune Sauveur, et fit éle- plusieurs antres phweaqni ne sont plus
ver une statue à ce dieu avec le con< connues que de nom ; mais que P. OU*
cours des habitants de Chalcédoine. les,d'après Denys de Bvzance, place
Cicerou fait mention d'une statue de dans l'ordre suivant Chels, c est-à-dire
:

Jupiter Uriusqui existait égalementdaos sont situées entre le fa-


les échelles qui
w lieu sacré. •num Jovis et Panticbium ; aujourd'lrai
Pierre château
(iilles décrit ainsi le ce lieu est complètement sauvnpe et
fort tel qu'il existait desou temps; les désert, les montagnes couvertes de ver-
Grecs lui donnent encore le nom de dure descendent jusque dans la mer.
Hiéron. C'est un petit fort défendu aussi Pantteblum, différent de celui qui
bien par la nature que par Tart, placé était sur le golfe d*Astacu8, est ainsi
sur la pointe la plus avancée du pro- nommé des fortifications qui Tentou-
montoire qui est formé de plusieurs raient. Le cap Coracium, aujqurd'hui le
éminenees, séparées par des vallées bol» fort Poims, est entouré de roehers ari-
aées. U restait encore à cette époque des où les corbeaux ont l'habitude de
quelques débris des anciens édifices venir nicher; c'est à cause de ce fait
composes de grandes pierres de. taille que les Grecs lui ont donné le nom de
les Turcs enlevaient pour les porter cap des Corbeaux.
Sue
Coastentinople. Après ce eap vient la tour de Médée
Ce rempart de Byzance ne put arrê- qui se présente sous In forme d'un ro-
ter les invasions dés barbares. En 248 cher arrondi et dans le voisinage sont
de J.-C. les Uérules firent une descente les Cyanées d'Asie qui sont loiu de pré-
an moyen d'une flotte de cinq eenia senter l'aspect singulier des Cyanées
barques, et vinrent assié^'^r c:hrysopo- d l urope. Strahon estime à vingt stedes
lis; mais après uu combat naval ils fu- la distance entre ces deux écueils.
rent obligés de battre en retraite jus- Vient ensuite le promontoire Ancy-
qu'au Hiéron. Veisia mélme éjjoque, en rsum oà Jsaon prit une anere de pierre
368, les Goihs firent une invasion en Bi- qu'il abandonna plus tard. On arriva
thynieet ravagèrent le pays jusqu'à Nico- enfin au fleuve Rhebas dont l'embou-
médie ; ils s'emparèrent du fort de Hié- churo est située à quatre-vingt-dix sta-
ron où ils déposèrent leur butin. Une des du Hiérou ; ce cours d*eau forme la
garnison de Chalcédoine gardait les limite de la presqu'île des Thyniens, et
abofda du eliâteau etdu temple de Ju- marque, selon les Byzantins l'entrée,

du Bosphore. Il porte encore le nom de


( I ) p. Gilles, BMfK Thraà€9, Uv. 111, Riva i un petit fort ou kavak est bUi a
cb. V. l'amboiKhiira pour surveiller les odtaa.

L-i^jiu^ucl by Goog
ASIE MIN£URE.
CHAPITRE X. que eonfinner son opinion. Quelques
restes d'antiquité prouvent qu en effet
OBOllADR. DUS.C PROS OLYMFUM- ce village est situé sur une station an-
PBOSK SUB L HVPIUS. tique, bn continuant vers Test, on ar-
rive au bord d*une petite rivière nom-
Dus le prÎDcipe, le cours du Sauga- mée Milan sou, qui n'est antre que le
rios formait la frontière orientale de la fleuve Hypius, dont le cours n'a pas une
BitiiyDie; mais le roi Prusias, s'étaut grande étendue, il se jette dans la mer
etDpâréde la côted'Héraclée, aimexa tout à cent quatre-vingts stades de Tembou-
ce territoire à aes États et en porta la churedu Sangarius. On ne peut douter
frontière jusqu'à cette dernière ville (1). quMl ne soii identique avec, la rivière
Voila la même page du
pourquoi dans nommée Milan tch;iï par les Turcs.
geuiU'aphe grec ou trouve deux limites Dans l'antiquité l'embouchure de TUy-
d|ttn«Dt«t assignées à ee royaume. pitis offrait un
asoea bon mouillage atix
!Vous a?0DS dit que la province d*Uo- navires, et flotte de Mithridate
la
y
Aoriade fut détachée de la Bithynie [)ar trouva un refuge momentané pendant
l'empereur Tbéodose qui voulut créer uue violente tempête.
•a Boumu dëpanement de Tempire en La rivière prend sa source dans les
fhoaneur de son oncle Hooorius. Toute BDontagnes voisines de Boli, qui sont ap-
cette contrée fut dans l'origine détachée pelées indistinctement mont Liperns et
de la Paphiagooie, et cette derrière mont liypius (I). Klle traverse un petit
province réunie au royaume de Pont lac, et après avoir contourné une colline
n'eut plus même d^administration par- boisée, vase jeterà la mer après un coure
ti ulière. La province de l'Honoriade de trentre kilomètres environ. Tout ce
esi portée d tris le synecdèine de Hiéro- territoire fut conquis sur les Maryandi-
des connue contenant six villes Prusias, : niens par les bebryces, qui h'avancèrent
Héradée, Tiiim, Claudiopolis, Hadria- jusqu'au fleuve Hypius, et Ton bâtit en
aopélis d
Cratia. Les trois premières ce lieu une ville qui fuit nommée Hy-
SUT \a côte, les trois autres dans l'inté- pia (i>).

rieur des teries. Les noms d'iieraclée La dynastie des Prusias regardait
(Reradea Pootlea) et de Tiom sont trop eomme iioe gloire d*atiaeber à la fb»»
intimement liésà l'histoire du royaoBie dation d*une ville un nom qui devait
de Pont pour en être détachés; nous rester à jamais célèbre Aprèsdeux vil-
D0Q8 occu|)eroos de l'histoire de ces les de Pruse fondées l'une au pied de
TiOes quand nous étudierons cet ancien rOlympe et l'autre au bord de la mer,
foyaane. Prusias IV voulut eréer une ville de son
DtDSTCHÉ. nom dans la province qu'il avait récem-
ment conquise et fut le fondateur de
Après avoir, franclii le Sauj^anus Pruse sur i'iiypius, épithete qui lui fut
m arrive au village de Tehandak où donnée pour 'la distinguer «ms autres
trt)<t\e tine maison de poste. On villes do même nom. Comme les histo-
rnconlre ça et la quelques vestijjes riens ne font plus aucune rnentiou delà
<i auiiquiié qui prouvent qu on
se tient ville d'Uypia^ il est a croire que le nom
tM^oort sar la grande Toie romaine de Pruse (îit donné à cette ville d'Hy*
fui conduisait dans Test; on traverse pin et (ju'on créa Prusa ad IJypium.
cofuite une plaine découverte et assez Cette ville est connue par ses médailles;
bien cultivée, et Ton arrive au village elle est mentionnée par Plolémée, et un
4DaMcbé, dont le nom rappelle celui de ses évèiues, nommé Uesjrchius de
éùfÊsm Pros Olyropam, petite ville Pruse sur r Hypius, faisait partiedu eOD*
P^us connue par les cartes itinéraires ci le de Mcée.
que par rhistoire. Otter. dans ses voya- Les ruines (le Pruse sur l'IIypiusont
ges, est le premier qui ait ideutilie la été retrouvéessur reinplaccmeut même
ville aotiqae avec le petit village, et les de la petite ville de Eski bagh, que les
«fcKrvatioos frites depuis lors n*ont fait
(i) Pliue, V, ch. 3î.
(i; Straboa, XII, 54S. Scbui. Apoll., l. il, V. 797.

uiyitized by Google
L*UNIV£RS.
habitants pioooncent Uskubi. Kski sbté à la fnrear des Iconoelasiii (Ij.
ita^\\ signifie nncieii jnrdin,
rappelant Les habiMnts de tons ces districts
sans doute un de ces crands parcs de paraissent mener une vie assez heuieii<'
plaisance nommés paraois, dans lesquels Le pays est extrêinenieut fertile, ci de
les princes d'Orieot M
livraîentauxpM» belles fofélB, qui appartiennent toujours
sirs de la chasse. an pays boisé de 1 Olympe Ma merdes
I.a ville turque s'élève au milieu des arbres), couronnent les montagnes L>\-
jardins sur le penchant d'une colline ploitation des bois est une source lo-
qui était couronnée par l'acropole de cessante de tnvail, et de nombreuses
Pruse ; c'est encore la ésidiMicedf- Tagha.
:
immunités sont aecordées aux paysans
.es iiiuraillrs de l'ancienne ville, en- bilcIuTons en compensation des cliar-
core conservées, se prolongent en par- ges (jue leur impose le gouvernement.
tie mr la colliné et en partie dans la ]^ bétail est nombreux; mais dans ces
plaine. Elles sont tfa «ttrerees époques pays trop humides, le mouton ne près*
et Pou observe même quebjues parties pérc pas aussi bien que dans la rrgion
qui sont laites avec des débris de mo- des hauts plat^nux. La nature sylvestre
traiaeilts antiques. Une des portes attire est peu difterente de celle de l'Italie,
surtout rattentîon ; «Ile est composée mais inBnimenc plus belle et plus abon-
d*éiiormes pierres, et l'architrave qui dante que celle des eÔtes de Provenee.
la couronne est d une seule pièce et n'a Le goiil de la marine n'est pas ties-ré-
pas moins de quatre mètres de long; pandu dans les villages d'alentour, et
oiais les fortes dimensions des pienres les T^ires paraissent plus disposés à n
ne suffisent pas pouf donner le eachet livrer aux travaux des champs.
àv la haute antiquité; cette porte ne pa-
rait pas antérieure aux murailles ro« <;UAPiiKl:^ XI.
malnes.
A Texcention du théâtre, dont la ca- irniteAiBK DB litooMinii av lac
réa ou salle, creusée dans le flanc de DB SàBÂKDiA (SOFBOV).
la colline, est assez bien conservée. Il ne
reste que des débris des autres monu- La route de Isicomédie à Sabandja le
ments; les gradins du théâtre sont eu* dirige veis l*esi« On côtoie d'abord les
eore en partie à leur place; le prosce- salines, qui peuvent avoir deux kilomè-
nium est détruit et l'on ne peut res- tres de long sur huit de large. Ici les
tituer que par conjecture. Les buissons collines cessent de suivre les contouit
qui couvrent le sol, les baules herbes de la baie pour se diriger vers la nord,
qui envahissent les monuments anti- et forment ainsi une large vallée qui a
ques sont un obstacle à des recherches environ huit kilomètres d'étendue et
superficielles; mais il est certain que dont la culture est ncbe et variée. Après
des fouilles entreprises en cet endroit six IdloroèHes de marche, on traverse
qui li*a jamais été exploité comme car- sur un pont la petite rivière Kérès, fjui

rière donnerait lieu à des découvertes va se jeter dans le golfe. Pendant les
intéressantes. 11 ne taut pas oublier que vingt-quatre iùlomètres que Ton piif-
moiuune yille a eu dMmportanee dans oourt de Nicomédie à Sabandja on ne
les temps modernes, plus on doit es- quitte pas cette vallée, on marche tou-
pérer dry foire des déeoufertes d'anti^ jours sur le terrain d'alluvion qui ren-
quités. ferme peu de cailloux; il est arrose par
M. fioré,daus sa correspondance, fait un certain nombre de ruisseaux J"'
mention d'une ancienne statue de la oendent des montagnes du nord; de la
Vlerj^ qu'il aurait découverte dans un sa grande fertilité. Tout porte à croire
jardin. Il est à croire qu'il aura con-

fondu quelque statue antique avec la


que dans la haute antiquité, le f^f^
des eaux de ces régions était tout à W
représentation de la Vierge; car non- LeSangBrius,dont le cours
diflfifirent.
seulement ce n'est pas dans l'usage de moyen est dePest a rouest, devait suivre
et
l'Église d'Orient d'avoir des figures de la ligne des montagnes de Sabandja
ronde bosse, mais on peut dire que bien
peu de bas-reliefs chrétiens ont ré- (i) E. Borë, Correspond.^ t^-»o<»»

Digitized by Google
AS1K M NEURB. A7

mîr déboucher dans le jïolfe de ^i- cienue Sophon (I ). Le lac de Sophon a


coinéiieen traversant la dépression du reçu dans le Bas-Empire différentes dé*
Ik de Saband ja , comme le Rhyndacus nominations; Ammien Marcellin l'ap*
traverse le lac Apollonias (I). Les allu- pelle le lae de Sunon, Snnonensis la-
mions ayant exhaussé le terrain entre le cus (2); Anne (>)nn>eue lui donne le
lac et le golfe« le Oeuve fut forcé de nom de Baana (3). 11 est séparé de la
prtiMire te lUreetHm quil suit aujour- ville par des jardins asses étendus. Sa
d'btii. et le Sangarius dlla se jeter dans longueur est d'environ dix kilomètres,
h mer Noire, en laissant des marécages et sa largeur n'en a pas plus de six. Du
qui marquent sou ancien lit côté de Sabaudia, c'est-à-dire de la
A droite de la route de Nieomédie à grande vallée, c^est une plage saUon-
SabaDdjaJaehatuedecollines s'élève in- neu.se mais du côté du nord et du sud,
;

couvre de tnillis (\u\


senî^iblf-ment et se le lac est en< ai>sé &a\\< fnie chaîne de
plus loindeviennent une véritable torèt niontai:nî-s hoiscfs descendent jus-
appartenant à celte reciou de l'Olynipc qu'au i)ord de l'eau. circonférence
que les indisènes appellent Agai^ di» au lac est estimée par Otter à quinze
«irf(b Merdes arbres). milles, soit vingt >ept kilomètres et demi.
On arrive après six heures de marche Tchiiintchetï estime son pourtour à
à Sabaodja, située dans la partie sud du trente-six kilomètres ; Les eaux sont
be, mais non |^
sur la riveimmédiate, douces et potables.
dont elle est séparée par des Jardins «t Il est une loi f^érale sur les lacs,
de,> cultures. c'est que leurs eaux sont douces toutes
Sabandja n'est qu'une ville de transit; les fois qu'ils sont en communication
elle doit son existence aux nombreuses avec la mer ; du moment qu^ils sont sans
caravanes qui la traversent en venant communication , ils deviennent de pe-
de Test ou du sud de la presqu'île. On tites mers intérieures : leurs eaux sont

y compte de cinq à six cents maisons, saumàtres ou .salées.


une mosquée de cbetive apparence, et La pensée d'utiliser les eaux de ce
te khans pour les voyageurs. Aucun lac pour créer un canal de navigation
aonument de Pancienne ville ne sub- entre ce pays et le golfe de Nieomédie
siste pl(i< on trouve cà et là dans les
, a souvent été agitée dans l'antiquité
rues de^ fragments d'architecture qui etexaminée de nos Jours. M. de Uani*
SMt presque tons de l*époque du Bas- mer (4) a fait, au point de vue histo**
riqoe, une étude approfondie de la
question; mais le p'ojet proposé par
LB LAC DB soraon. Pline le .leune à ïrajan ne paraît pas
avoir reçu un commencement d'exécu-
tion, du moins il n*en existe aucune
A défaut d'autres renseignements,
trace 5).
la présence du
lac suffirait pour per-
P<iur se rendre au pont du Sangarius,
Mitn d'identifier Sabandja avec Tan*
qu'on appelle dans le pays Becb-Kou-
prou (les Cinq ponts) , on oommenee
(i) Sollle Ti xiois .\npabi' riciilif; srin , a côtoyer le lac; inais bientôt les collines
iuk gAïue £iiu«uikui)£ vom Nicuaiedia
dit;
abruptes venant jus(iue dans les eaux,
Mf ortwiHt son faNttnich>>See nur aus on est obligé de marcher pendant plus
njg'tdiweniaiteBi Land von Sand iind
d*une heure dans le lac même sur un
KiMelchuli bestiiide so wâre es nicht iin-
,
fond de sablé; dans quelque.s endroits
•arKiieinlich, da& der Saugariu» eiust dui t
les chevaux ont de eau jusqu'aux
«me Awladong zum Meere hatle,... uod
l

i^n BeUe
iiordwaris rrst eimn» jùngern
sangles. Les collines .sont composées du
/Jurchbnicbe verdankle. Cari. RiUer : Efd- roches quartzeus^ avec du sable rou<
Ittode, x8 j»art. 3* >ol., pag. 676.
Ifous ne pouvons développer plut longu»> (f) Cédrénus, II, p. 6«8, Hist. miUe.
Mflt un demanderait iiti ménioire
sujet qiii (a) Ammieii Man2elHn,Uv.XXYI,ch.Ttii.
^éeial; nous recommandoos ceUe question (3) X, a8a.
«n luyageurs géologues qui visiteront celle U) Uublick auf einer Reisc nacb Broiissa.
pwiaoe; (S) PUm, ieil., liv. X, lelt. 4.

Digitized by Google
88 UUNIVERS.
geâtre qui contient du Les
fer hydraté. Justinien a commencé d'y faire un
eaux du lac en minant constamment la pont, et il s'applique avec une telle ar-
base des collines ont causé des éboule- deur à cet ouvrage, que je ne doute pas
nents qui ont taillé presque à pic le ter- qu'il ne Tsebève en peu de temps ( I). »
rain de la rive; cependant de distance en L'ouvrage fut en effet terminé dans
distance s'ouvrent de petites vallées dont la trente-quatrième année du règne de
la verdure contraste agréablement avec Justinien, c'est-à dire en 661 de J.'C*
ee fiable aride. D*aprà8 Paul Diacre, on détourna le San*
BientSt OQ abandonne les bords du ganus de son lit pour exécuter la fon«
lac pour entrer dans des terrains ma- dation des piles.
récageux mais cultivés; ce n'est qu'au Coustaiitm Porphyrogénète rappelle
bout d'une heure que Ton reneontre la en c«s termes la construction de ce mo-
petite rivière qui sort du lae deSabaodja nument. « Le thème Optimatum esttra-
etquon appelle Kilis sou; elle passe sous versé par le fleuve Sangarius, dont les
un pont romain d'une seule arch* et , rives sont jointes par un pont divine
tourne ensuite vers le sud. A peu de d'être vu. Il fut bâti par reuipereur
distance de là, on une colline
franehit Justinien, qui ne sera jamais assez glori-
de gfès rouf^e, et Ton arrive au pont, fié. Sur une des pierres du pont est
monument d'une rare magnificence et placée Tinscription suivante :
qui mérite tous les éloges qu'en ont fait
les contemporains. Toi atuM , OMUM
rorgocineuse Hetpcrie,
les peuples médiques et toutrs les lion^rs
barbares, Saugarins, dout le cours intpe-
CHAPITAE XII.
tuenx ett roniiu par ces voéies, tu coules
maintenant 6MiAved*uii travail souverain, ja<
PONT DS JUSTINIEN SUB LB SANOA- dis ic-belle aux navires, jadis indompté,
BrU8. mauiienanl lu gis sous les entraves d une
pierre infiexible
L'empereur Juslinien, pour faciliter
les communications d'un bout à l'autre Cette inscription n'existe plus, mats le
de l'empire , songea partieuUèrement, monument est presque intact 11 est
dans leatravaui qu*il entreprit, à éta- composé de huit arches et a quatre cent
blir de grandes routes et a restaurer vingt-neuf mètres de longueur. L'ou-
celles qui existaient deja. La plus im- verture des grandes arches est de vingt-
Sortaute était celle qui conduisait de trois mètres, et lalongueur des piles de
licomédie aux confins de la Syrie en six mètres cinquante centimètres. Il est
traversant la Phrygie et la Cnppadoce. bâti en grands blocs de pierre calcaire;
Cette route était coupée n peu de dis- les arches sont à plein ceiiUre et s'éle-
tance de Sopliun par le fleuve Saoga- veut toutes à la même hauteur, de sorte,
riiis; e*e8t li que Tempereur entreprit que le tablier du ftomt est par^itement
de construire le pont monumental qui horizontal. Au
niveau du pont sont
existe encore. Il fut sans doute cx)m- ménagées sur chaque pile des héxèdres
mencé vers l'an ôô3, lorsque Justinien exactement comme au Pout-JN'euf à
lit la paix avec les Perses. Il n*était pas Paris.
eneore achevé lorsque Procope écrivait A l'extrémité du côté do lac est une
son livre Des Le Sangarius,
Édifices. « grande porte en forme d'arc de triom-
dit l'historien de Justinien , ce fleuve phe renfermant tin escalier en hélice
dont le cours est si rapide , dout la pro- pour monter au sommet.
fondeur est un abhne et dont la largeur A Tautre extrémité est une grande
ne peutitre comparée qu'à l'étendue de niche de la même dimension iiue Tare;
rOcéan n'avait jamais souffert de pont.
, c'était un lieu de repos pour les voya*
Ceux qui étaient assez hardis pour le geurs.
traverser attachaient ensemble plu- Eu ce point la route se bifurque ; une
sieurs bateaux et passaient dessus ; mais brancbe se dirige vers le nord pour en-
cela ne se faisait pas sans danger, car
le fleuve, rompant les cordages, disper- (i) Proco|ie, De jEdif., liv. V, ch. lU.
sait les bateaux et noyait les hommes. (a) V.. Porphyrogeuèle, De Titem,, V,

Digitized by Google
ASIE MINEURE.
tm dans l,i Paphlasonie; l'autre em- Sanparius. Ce villai;e est situé sur la
branvutinenl tournait vers le sud pour rive gauche du Heuve^ oui en cet en-
«ooduire ta Phrygie. droit a une largueur d^environ cent
Uoe chose curieuse, cVst que le fleuve mètres et se divise ensuite en deux
,

San'i^irius , si rii(!pment tr.iift' d;ms branches qui forment ce qu'on ap[)elle


rta54!riptioii de Juslinien* n'a pas cou- l'ile. Peudaut Tête, ces deux branches

Motià se soumettre à réteniel esclavage sont presque à sec ; ce qui explique le


dont il était menacé ; peu à peu son nom de Xérobates que les anciens don*
cours s'est porté à \'^'>\, ot aujourd'hui naient (Hiflqurfois San^iarius [i].
il ne passe plus sous ce pont «ju'uu uiince Les deux branches du Meuve sont
ruisseau marécageux le grand courant
: réunies par un double pont que Ton
tffst transporté à Test; ceci tendrait à nomme Usun-kouprou , et la roule se
aifmver qu'en efft t le pont de Justinien continue vers l'est jusqu'à ce qu'on ren-
M établi sur un lit Inctice qui s'est peu contre un autre petit Ueuve nommé
à peu trouve encombre par le limon du Milan sou, l'ancien Uypius.
flaire.
Ces mouvements des rivières de TA- CHAPITRE XIU.
fie ne sont pas sans exemple; on peut
CD citer plusieurs gui se sout ouvert ITIMÉBAIRE D£ SABA^OJ A A GEÏVËil C2;,
la iKMiv^les embouchum de|mis les L'ANGIENNB TOTTQBOM , BT A KICEB.
toBps bisioriqoes.
Lorsqoe Tempire byzantin se vit me- Ku sortant de Sabandja, on suit la
tac? par tous les peuples de Tlslam grande route de caravane qui traverse
les Perses, les IMongols et les Tartares, obliquement l*Asie, et Ton fait quelques
OBI, des régions de Test, se ruaient sur kilomètres dans la direction de l'est. Le
Conslantinople , le conrs du SnnL'nrius terrain que l'on parcourt est très-acci-
devint une d" défense bien plus
liL'iit* dente. Il est presque entièrement com-
imporUnle (|u'auparavant. Aussi les posé d'argile plastique entremêlée de
Coffloèocs earent-Hs soin de faire cens* marnes verdâtre8contournées,talquea>
traire sor ses rives des châteaux pour ses, (jui paraissent servir de lit a l'argile.
suneiWer les ennemis. Les abords du La nature des cailloux roules par les
pont furent laissés dans Tabandou; torrents indique que ces terrains ne s e-
Ks marécages eommencèrent à se for- tendent pas rort foin ; car les ruisseaux
Birr et le fleuve peu à peu changea la charient de nombreux fragments de
direction de son lit. qUiirlz et de serpentine.
Les culées du pont sont assises de Apres neuf kilomètres de marche, on
part et d'autre sur des collines de grès se retrouve sor le terrain de gres rouge
rou:;e dont l'inclinaison concorde. Du de la même formation que les collines
fôlé du lac elles forment im éperon fjui du pont de Sabandja, et sans doute le
r«>erre le défile p ir où les eaux s'é- mcuie que Ton retrouve a iSicomedic.
diappent pour aller au Sangarius. Après avoir franchi cette colline, la ua«
Attenant à la culée orientale du pont, turedu terrain et du pays change su-
tanmarque une construction, encore bitement ; on descend dans une vallée
hieD conservée, ()ui si* coinpov?' {l'un profonde enclavée dans des montagnes
«taiu nombre de salles voiltees; tout presuue a pic, composées d'uu poudiu-
tft bâti eo pierres de snrand appareil Rue dans lequel il entre des cailloux de
miune le reste de rédioce. Il y a lieu quartz et de jaspe, et d'une roche blanche
annexe comme une sta-
àf T(":-)r(\pT celtff analogue à la baryte sulfatée. Le ciment
liou (Je ou une de ces maisons
veredarii, naturel qui unit ces différentes natures
ée poste qui jalonnaient cette grande de roche n*offre aucune solidité , de
isie jusqu'aux contins de la CilTcie. sorte qu'elle se désagrège fadtement,
Apres avoir traverse le pont, on re- et ses parties constituantes vont se ré«
joint la route qui se dirige au nord-est, pendre dans le lit des torrents.
et l'on arrive au petit village de Ada>

tniri (te Bazar de nie), ainsi nommé (i) PliOiuA,, dê FbmiSf I. II, p. a4.
talloc formé par deux hrancbes do (a) ProïKMMtt Gbciveh.

Digitized by Google
90 Ulm
Le ooura du fleuve qui arrose cette d*antiquité pour être certain qu^elle oc*
villée, grossi par le^ eaux et la fonte cupe la situation d'une ville antique ; il
des neiges, vient chaque année ronger V a sur la grande place plusieurs dé-
peu à peu la base des falaises , qui s'é- bris de sarcopbases, et un autel orné
crouieot en élargissant la vallée. Il n^est de palmettes sur lequel on Ut eu gnuids
pas difficile de trouver au milieu des caractères le nom AjUAAETS; un autre
cailloux qui encombrent le lit des ruis- fragment de cippe en marbre porte sur
seaux des fragments de jaspe rubaué sa partie supérieure la trace de deux
rouge et vert d'une grande beauté; les pieds qui appartenaient à une statue de
garties polies par les erai laiBsent voir grandeur naturelle.
m plus brillantes couleurs. En jetant les yeux sur les itinéraires
En continuant la route, on se trouve anciens, on reconnaît une ville de Tôt-
sur une formation schisteuse qui en- tœum, située sur la route de Constanli-
gendre des rocs pointus et des formes nople à Autioche, eutre Orieus Medio
très-tourmemées; on arrive ensuite à et Dablls» à vingt-huit milles de la pre-
une vallée transversale qui est un des mière et à égale distance de Tautre
affluents du Saugarius ; c'est une ri- Tottœum se trouve également sur la
vière rapide, dont les eaux sont jau- route de Mcée à Ancyre, et dans la
nâtres et charrient beaucoup de sable du Saugarius elle' est marquée à
vallée
elle coule au milieu d'une foraatioD quarante milles de Nicée, distance qui

de poudingue trMur, qui détend pres- convient parfaitement à Gcïveli (I);


que jusqu à Nicée. Dablaî est à vingt-huit milles, etDadas-
La ville de Geïveh est située sur la taua, où mourut l'empereur Jovieo (2),
rive droite du Sangarius ; on traverse le à quaraute-cinq milles. I«a tablede Pm-
fleuve sur un pont musulman de six tinger est aussi d'accord avec ces dis-
arches, ouvrage du sultan Bayazid. La tances. Dadastana est marquée par Am-
vallée a environ quatre kilomètres de mien IVlarcellin comme étant sur la

large. Geïveh est dans la plaine, et du frontière de la Bithynie et de la Ca-


cdté du sud la vue est Bornée par la latie. 11 y a sept heures de marcheoii
ligne des montagnes du Toumandji vingt-hm't kilomètres entre Sabandja et
dagh, qui fait partie de la chaîne de TO- Geïveli.
lympe. De nombreuses cultures de mû- Ak serai, la Maison blanche (douze
rier et des jardins bien arrosés cou- kilomètres de Geïveh), petite ville Mjs
vrent les environs. Les melons et les importance, est située sur la rive gauche
fruits de Gèiveh sont célèbres dans la du Sangarius, que Ton traverse sur un
coTiîrép mnis la difficulté de transport
; bac en venant de Geïveh les fragment!
;

OUI existe dans toute la Turquie d'Asie d'architrave et de colonnes que l'on peut
force de les consommer presque sur trouver dans Ak serai, proviennent de
place; on en porte eepenoant Jusqu'à Lefké, randenne Leucœ, qui en est dis-
Broussa. Geîven était autrefois une ville tante de huit kilomètres mais elle n est
;

assez considérable; elle avait au delà de pas sur la route directe de I^icée.
trois cents maisons; elle fut totalement j

ruinée par une inondation du Sangarius LBUCiB.


qui la rasa presque entièrement sous le
règne de Mourad IV ( 1640 ); jamais La ville de Leucîc est située sur une ,

elle ne s'est relevée de cet échec. Les petite rivière appelée Leflié sou
maisons construites depuis cette époque colouel Leake et d'autres géographes ,

paraissent avoir été Uties en prévision ont démontré être la même que le fleuve
d'une autre inondation; elles sont pour Gallus, qui, selon Strahon, prenait sa
la plupart élevées sur de crrnnds piliers de source dans la Phrvgie nellesponti- ,

bois et bâties en terre battue. que (3) et allait se jeter dans ^^J^]
Il y a plusieurs caravanséraïs et une gariusà trois cents stades deNicomédie; |

'
ehétive mosquée; autrefois elle avait i

Slusieurs écoles et des mosquées, qui oit (i) Itiitét, jént.fp. i4x.
isparu. Marc, KXVydlf >
I

(a) Âiiirnien I.
,

On trou\ e à Geïveh asscs de vestiges i^) SUaben, JLIU &43. |

Digitized by Google
ASIE MDrEURB. •I

nous pensons cependant qu'il est dif- nombreux disséminés sur les collines
férait du fleuve Gallus cité par Pline (1), vertes animent le paysage, dont le fond
étqaé les GalTcs, prêtres de Cybèle^ se compose des sommets nspiendisBants
3* aient pris leur nom ; ce dernier fleuve de rOlympe. Tant desilence et desoli*
doit couler aux eoTîrons de Pessi- tude ont succède aux marches guer-
ouote. rières des nations. Cet amas rouge de
Le Oalhis qu*on appelle Lefké son briques , c*est Nicée où se sont tottus
prend sa source dans le venant orien- avec adtamemenl presque tous les
tale de rOlympe on l'appelle Bedrè
; anciens possesseurs du sol , les Ro-
tchai, il coule vers est, rassemblant tous
1 mains comme les Byzantins, les mu-
les cours d*eau secondaires ei notam- sulmans et les croisés, et maintenant
locnt eèliii goi s'éch. ppe du laed'Ai- à peine rhabltsnt de ces lieux sait-Il le
ueb i^heul (le Lac du Miroir), voisin nom de cette ville qui fut si chèrement
petite ville du m^me nom dont le
'le 1.1 disputée. En descendant dans la vallée
Mie rp|)Oud à celui d'Angelocomé des du !ric. on arrive, après une heure de mar-
ByzanUus ; entin il va se jeter dans le che, à un ancien camp retranché eu rui-
Sânprias à Test de Lefké. Dans leur nes. Cest une enceinte carrée flanquée
babitude de confondre ensemble tous de tours; Tendroit paraît abandonné.Les
lesciMir; d'eau, les Turcs, donnetit aussi habitants donnent à cet endroit le nom
j cette rivière 'e nom de Sakkaria ( de Kara eddin (la Religion noire) (Test
SaDgarius),ce qui a pendant longtemps uu des anciens camps construits par
apporté beaucoup ae confusion dans les croisés pendsnt qu'ils assiégeaient
riijdroffraphie de cette province. Nicée.
Aioeh eheul est une ville de trois mille
bibitaots dont la principale industrie CliAPiTRE XIV.
eonsiite dans Pexploitation des forêts,
ibcoltirfnt aussi de la soie, qui se vend incÉi.
50'F !p titre de soie de Broussa. Sa si-
tuation sur la grande route de Constan- Nicée, l'ancienne capitale de la Bi-
tÏDople a K.uta^ ail la rend assez iloris- thynie, célèbre a tant île titres dans les
saate. annales des chrétiens, aujourd'hui dou-
De GeTveh à Nicée en ligne direct» blement dtohue du rang qu'elle occn*
ooeonirte quarantp-huitkilomètres, on pait comme place de giîerre et comme
UUssfLefkc au sud. La première poste métropole, n'offre plus dans sou en-
«t à Ah serai, douze liilonietres, la ceinte que les débris épars de la cité by-
vaOée du Sangarius qui s*étend à nerte zantine ; mais rimportanoe et la eonser>
de vue est peuplée de nombreux villages vation parfaite de son système de dé-
composés cbacun de quinze on vingt fense en font un des lieux les plus in-
maisons. On fait une courte lialte à téressants a étudier, pour rintelligence
Mécridje, huit kilomètres. A partir dece de la poliorcétique ancienue, et des
point on abandonne le bassin du San- sièges nombreux que cette ville a sou»
:3nus pour entrer dans celui du lac As- tenus contre Ics Arshes, les Grecs et
•muis ou de Nicée. Kn sortant de Mé- les Latins.
cndjé, on franchit un col élevé; le ter* Comuie point stratégique,ISicée com-
nin de rouge que Ton n*a pas mande la grande vallée dans laquelle
i|Qitté jnsqu*à Ak serai (Ai place à une est situé le lac Ascanius, Ton des plus
niture de roches schisteuses etde mica- grands de l'Asie Mineure, et défend le
S'^hi'ite.
col qui sépare le bassin du Sangarius
Arrivé au haut de la montagne , un du bassin de la Propontide. Aussi les
ipteadivle spectacle se dcronlc aux re* premiers peuples oui , venant de la
mardis. Le laede Nicée étend à Thorizon Thrace, se sont établis dans la Bithyuie,
J3 mppo arirentéc: de loin en loin, des ont dtl nécessairement choisir de préfé-
t?rniipes d'arbres indi(|uant des villages rence un poiut si important et si facile
uiitbragent le tableau, et les troupeaux à défendre. Séparé au nord du golfe
de Nkoiiiédie par la chaîne du mont
fOLîv.V, ch. S. Arganthonitu, et défendu an sud par

Digitized by Google
93 L'UNIVERS.
les contre-forts inférieursde l'Olympe, puisqu'elle la portait encore vers Tan
le bassin du lac a eié de tout temps cé- 120 de J.-C. A cette époque, elle était
lèbre par sa fertilité; mats les anciens le lieu de résidence des proconsuls;
avaleot déjà remarqué que la pureté de sous Néron, Caius Pétroiiius (I); sous
Tair ne répondait pas a la beauté du Hadrien, Sévère, qui depuis fut em-
pays, et que les habitants alors, comme pereur; sous Trajau, Servilius Cal-
aujourd'hui, achetaient par des maladies vus, y exercèrent cette dignité. ConstaU'
épidènimies les avantages du etiroat (I ). tin, en témoignage du respect pour le
Suivant Etienne de Ryzance Ci), elle fut premier roucile général qui s*y était as-
dnns Torigine colonisée par les Bottœi semblé (2), affranchit Nicée delajuri
qui lui donnèrent le nom d'Ancora diction de Nicomedie. Mais l'empereur
(
'AYxtûprj ). Mais on a peu de docu- Valeus, qui persécuta les chrétiens de
ments suir celte ville du temps de la eette contrée, lui enlofa le titre de mé«
BithyDle indépendante ; il n*est pas même tropole pour le rendre définitivement à
bien certain qu'elle ait existe à celte Nicomédie. C'est sans doute alors qu'elle
époque; car, selon Strabon, son origine dut l'effacer de ses monuments, comme
«t moins aucieoue. Elle a été fondée nous l'avons vu dans les inscriptions ci-
par Autigooe, fils de Philippe, qui la tées plus haut.
nomma .tutigonia; ce qui ferait re- Les tremblements de terre qui rava-
monter son origine a Pan 3 1 6 avant J.-C. gèrent cette partie de l'Asie, à différentes
époque où Aotigone deviut maître de époQues, n'épargnèrent pas la ville de
toute cette partie de TAsie, après la Micee. L'empereur Hadrien , vers 1 30 de
mort d*Eumène. Après la diute d'An- J.-C. (3), rebfttitles murailles, et fit cons-
tigone, la ville tomba entre les mains de truire les deux portes de marbre blanc
Lysimnque, qui l'appela Psicée, dunom qui existent encore au nord et à l'est.
de sa femme, ûlle d'Autipater. Sous le règne de Valérieu, en 259,
Voilà à peu près tout ce que nous sa- les Scythes, qui avaient fait invasion f>n
vons de PorigineVie la Nieée grecque, Bithvnie, prirent et pillèrent Nicée; de
dont riiistoire avait été écrite par Mé- là, ils se dirigèrent vers Cy/i(]ue, mais
nécrates, cité par Plutarque dans la vie furent arrêtés parle fleuve Rhyndacus,
de Thésée. Quoique Strabon donne à subitement gros&i par les pluies; ils brû-
?ficée le titrede oiélropole, Nieomédie lèrent Nicomédie et Nicwe, qu'ils s'é-
lui contesta toujours ce pîrtvilége, et taient d'abord contentés de ravager. Le
rantipnthie rpii exîstnit entre ces deux séjour de ces barbares en Bithynie ne
villes se manifesta dans plusieurs occa- fut pas de longue durée, et les villes
sions; ainsi, dans la lutte entre ^iger qui avaient souffert de leurs invasions
et Sévère, Nioomédie s'étant déclarée se relevèrent bientét de leurs ruines. On
ftour ce dernier, Nieée, par haine pour employa dans la construction des murs
es Nicome{liens, embrassa le parti de les débris des édifices que les Scythes
&on adversaire^ et les deux villes pri- avaient reuversés \ les plus beaux frag-
rent les armes pour soutenir les cbeft ments d*aniiiteeture, les stèles et lea
qu'elles avaient choi.«is (8). Les rois de Elédestaux qui contenaient les actes pu-
Jiitliynie li ibitèrent constnmmeiit cette lics de la ville et qui mentionnaient les
deriiu re viile, dans laquelle se trouvait services rendus par les citoyens, furent
leur palais. Dans les médailles frappées employés péle-méle avec les matériaux
SOUS les empereurs, Nicée n*est point bruts. Les eolonnes des temples, oou-
désignée comme métrofiole ; cependant cbées comme des pièces de bois, servi-
plusieurs inscriptions tracées sur les rent à affermir les fondations des tours
portes semblent attester qu'elle prenait ébranlées parles machines. Peu à peu,
ce titre sur ses monuments publics. tout ce qui restait de l'ancienne Nicée
Il paraîtrait que Nicét conserva cette disparut de son enceinte et fut remplacé
qualification pendant plus d'un siècle, par des édifices bfttis à la bflta, qui ne

(i) strabon, iiv. XII, p. 565. (i) Tacite, lib. XVI, i8.
(a) Voce Nicsa. 1%) Dioo Chrysostoiue , Oral. XXX VIU.
(3) GC Hiradim, ttv. m, cb, a. (3)Bmèbe| ChronhoM,

Digitized by Google
ASIE MINKITRË.
Mjpdaient. ni par leurgoi^t ni par la Il n'existe plus rien des thermes de
soFidiîéde leur construction, les monu- Justinien, et les grands bains bâtis par
iD«nts élevés à la belle époque de Tart. les sultans , abandonnés à la dévasta-
rempereor Claude 11, treute ans tion et à rincurie, ne sont plus que des
ploitard, éle\a lesdfeux portes qui exis- ruines ajoutées à celles qui jonchent le
t'!:t aujourdMuli an sud dp la ville sol de Nicée.
ftj l'ouest du côté du lac les inscrip- ; La célébrité que Nicée s'était ac-
tioQsquoQ lit encore sur lesarchitraves auisepar les deux conciles qui se tinrent
taiittribueiit la reconstruction des mu* ans son enceinte , la plaça toujours
railles. au premier rant; des métropoles ecclé-
I.'ppoqu*» brillante de la ville de Ni- siastiques. Favorisée de toutes les ma-
Cfé est ct'lle où la religion chrétienne, nières par les empereurs grecs, elle
protégée par Tempereur, prit son essor devint le principal objet des attaques
û lortit vidorieiue des perséeatioos du des conquérants arabn, qui, arrifés
paj^nnisme que lÎBf chrétiens dissidents eomme chefs de tribus errantes dans le
tentaient de renouveler. Le premier sud de l'Asie Mineure, avaient en peu
concile œcuménique, dans Icfjtjel trois de temps fondé un État dont la puis-
cent dix-huit évéques déterminèrent les sance devint redoutable an vieil einpire
actesde la foi catholique , fixèrent le de Byzance. Sous les premiers califes,
temps de Pâques, posèrent les bases de les Arabes s'avancèrent en vainqueurs
la discipline ecclésiastique, et con- jusqu'à Héraclée de Bithynie. et ne se
damnèrent rhérésie d'Anus ; ce cé- retirèrent qu'après avoir signe avec les
lèbre concile se tint, non pas dans empereurs byzantins des traités qui
Qoe é^ise, mais dans le palais im* accordaient aux musulmans de grands
périal. avant aces. Mais la paix ne fut pas de
Sous le règne de Vnlens, 1» ville longue durée, et leurs armes victorieu-
soufini encore des atteintes d'un ses vinrent se briser contre les rem-
tf wHtoBcut de terre qui endommagea parts de Tïlcée, qui, malgré les écheéa
tfs édifices publics; ils furent re- réitérés qu'elle avait éprouvés, était en-
construits par la libéralité de l'empe- core la place forte la plus redoutable
reur rij. de toute la contrée. I.es empereurs
règne de Justioien, la ville
Sous le I.eon le Philosophe et Constantin Por-
reçut d<s embélHssemeDts considéra* phyrogénète, son fils, qu'il afait eu de
Us, et les temples détruits furent Zoé, sa troisième femme, élevèrent les
remplacés par des églises et des mo- murailles de marbre avec les tours qui
sasteres Procope nutis apprend que se voient au nord-est de la ville, et
cet empereur lunda plusieurs établis- constatèrent par une inscription leur
Koeats religieux pour les hommes et fictoire sur les Arabes, vers 91 S.
poor lés femmes. 11 restaura le palais Ces succès éloif^nèrent pour quelque
fii avait été presque entièrement dé- temps les entreprises des Arabes mais ;

truit, et rétablit un aqueduc mis hors vers le milieu du onzième siècle (1074),
d*u$age par la vétusté; c'est probable- Soliman le Seldjoukide, sultan d'ico-
ment celai qui apporte encore aujoor* nium, cènquit Nieée, qui lui fut cédée
d'hui ses eaux dans la ville par In porte en toute propriété par l'empereur grec,
de Kefké. Nous saxons, par le niùne Niréphore Botoniates; il v établit sa
lateur, que Justinieu lit construire des résidence. Les deux fils àe Soliman,
thèmes près de rbdtellerie. des cour- a^étant,à la mort de leur père, éefaap*
riers (3). L'importance de cet établis- pés de la prison où ils étaient retenus,
semeot ressortait du ^rnnd nombre de se rendirent à Ni'*ée, où ils furent re-
routes qui, de tous les points de Tem- çus avec tous les honneurs dus ;iu sang
pire, venaient converger vers cette ville. des sultans, et le gouverneur de la ville
la remit entre leurs mains, eomme un
(i) Chrotiieon PtuekmU^ page 557, éd. de bien qui leur appartenait par droit de
Koooe. naissance. Kilidj-Arslan l'aîné
, da
(3) ytredarhnm Divtnorh,^, Procope, deux frères, voulant augmenter la po-
4e ^ftdts. pulation de la ville et iui rendre son

Digitized by Google
94 ^UNIVERS
ancienne importnncp, fitrassembler les riches dél)ris de monuments anciens
l'enjtnes et les eiilaiits des -iiomnies qui épars sur le sol, pour que cet art, créé
étaient en garnison dans ISicée, et leur dans le but de suppléer à la disette
ordonna de renir habiter la ville (l). de matériaux destina à Tomemcnt,
C'était un usage qui se perpétuait de> pût subsister dans cette contrée. La
puis les anciens conquérants, de trans- fabrique de Nicée fournit également
porter par une simple ordonnance les de ses produits à Constant inople , et
populations d'un district dans un autre. un poète persan était attaché a Téta-
Lei sultans dépeuplèrent ainsi Héli* blisaement pour composeï les inserip-
tène, <|ui, sous Justinien, était une des timis repnduitBS sur les émaux (l).
plus grandes villes de la seconde Ar- Nous arrivons maintenant à l'épomie
ménie, et en transportèrent les habi- où l'histoire de Nicée efface celle aes
tants à Constantinû|)le. Cest depuis autres villes de l'Asie, par le rôle impor-
ce temps <]ue la nation arméDienneest tant qu'elle joue dans les annales do
devenue si nombreuse dans ostte capi- cbristianisnu>.
tale. T/arrivée des croisés en Bithynie, en
Nicte se ressentit bientôt du fioùt siunalee par la malheureuse
I0U.5, lut
pour le.s arts qui distinguait les princes expédition de Pierre l'Ermite et de
seldjoukides, et aile commença à voir Gauthier sans Avoir. A
son départ de
fleurir dans ses murs une ère nouvelle Constantinople^ Tarmée s*embarquasur
de civilisation arabe. Rivaux des ca- des vaisseaux qu- lui avait fournis
lifes de Bagdad et de Cordoue , ces l'empereur grec, et se dirigea vers Ni-
Êrinces rassemblaient a leur cour tous comedie , où elle séjourna peu de
S hommes distingués dans les arts et temps. Elle alla ensuite dresser son
dau.<; sciences. L'élan qu'ils don*
les camp aux environs de Kemlik, Tao-
nèrent à l'art de construire ouvrit bien- cienne Cius, appelée Civitot par les his-
tôt une phase nouvelle et une route in- toriens des croisades, et que les Grecs
connue oîi se jetèrent les artistes orien- appellent aujourd'hui Gàio. C'est de ce
taux. Ils avaient appelé de 1* Arabie et pomt que rarmée, parcourant les bords
de la Perse les astronomes et les poètes. du lac. exerça ses déprédations sur le
Ce fut aussi à cette ontré(^ (|u'ils de-
< territoire de ISicée. Les soldats enle-
mandèrent des artistes pour élever les vaient le gros et le menu bétail appar-
élégants édifices ornés d'émaux dtmt tenant à des Grecs serviteurs des Turcs.
Fantique empire de la Chine avait ré- Le pays était gouverné alors par So-
pandu peu 0 peu le goilt dans TAsie liman le JeunCf sumonMoné Kilky-Ars*
occident.! le. Ils marchaient, emprun- lan (1).
tant toujours aux peuples chez lesquels Le succès des Latins encouragea les
ils s'établissaient quelque chose de Teutons à tenter une entreprise sem-
leurs arta et de leurs usages, mais cou* blable ; s'étant rassemblés au nombre de
servant comme par instinct le type trois mille hommes d'infanterie, ils
d'ornenK'ntation créé par les Arabes et prirent la route de Nieée, et vinrent at-
fonde uniquement sur les règles de la taquer une ville située au pied d'une
géométrie. montagne, à quatre milles environ de
L*art d*émailler la fiilence, si utile Nicée^ Guillaume de Tyr ne nomme
pour orner des monuments construits point cette place , mais il atteste que c'é-
Sans les plaines de la Cappadoce, où tait un point fortifié et capable de ré-
le marbre et la pierre a l>àtir sont très- sister à une attaque; eu effet, il fallut
rares^ fik transporté à Nioée. Cette fii- toute l'impétuosité des Teutons pour
brique donna quelques produits qui vaincre les efiforts des habitants, qui
furent employés à la décoration des furent presque tous massacrés. Soli-
monuments, ^icee et Hroiissn en ont man ap[)renant le succès des chré-
,

conservé des traces ; mais la Bitliyuie tiens , rassemble quinze luille hommes,
était liDp riche en matériaux de toute et revient à Kioee pour chasser les
eapèce, en marbies blaneset vainés, en
(i) Moiimdgra n'Ol)>;<ion, t. III.

(i) AkxiMir, lib. Vl« cap. U. (a) Guiilauiae de l^yr, Uv. 1, p. 66,

Digitizeu by LiOOgl
ASIE MINEURE. 95

TMf do Ibrt qsHIs oeettpûeDt (l). droite de Test à Touest, tandis que du
iîi prodiges de couraKe de ceux-ci ne coté d» nord la c^te est bien plus si-
peoTent éloigner les Turcs, qui finis- nueuse et les moutagues plus e^icar-
scfii par meure le feu à la porte du pées.
diiteio et par entrer dans la place. La nouvelle de la défaite des Teu-
LtflMfdit aotMindu coup de main tons arriva cependant au camp de Civi-
foot pitié deux cents
massacré sans ; tot, et plongea les pèlerins dans la
jeuDesgens sont conservés pour Ves- consterniiiiou ; mais bientôt le déses-
daya^, et tout le reste périt par le poir lit place à la soif de la vengeance,
et une oinititude sans ordre vint as-
^tulà route dnreete de liicée à Ghio saillir la tente de Gautliit^r-snns-Avoir,
m oe trouve aucune trace du château qui résista longtemps , mais Unit par se
motionné dans Guillaume de Tyr; mettre à la téte des sieus , et marcha
nais* en remontant a quatre milles a avec deux cent cinquante mille bom-
rot tel la grande TaUee qui conduit fliea sur Nicée pour surprendra Soli-
aa Sinprius , on reoonnattprès du vil- man. Le sultan, averti par ses espions,
lageKara cddin un vaste camp retranché sort de la ville et se r^clie dans les dé-
oa cassaba de forme carrée que nous
, ,
des montagnes formant les contre-
filés
aïOQâ décrit plus haut. Il y a lieu de fortsdu mont Olympe. Surpris par lès
cnîn qoe lea Tentons, dans leurs ex- Turcs, les croisés sont massacrés, et un
corsioos, avaient tourné la ville do Ni- petit nombre de pèlerins parvint seul à
cfe et étitel venus B*empaier de cette
, s'échapper, et se retira dans une forte-
foàùaa (3). > resse ruinée qui se trouvait près de Ci-
TooteR km communications entre les vitot Cest dans cette malheureuse af-
Miiéti de Test et la ville de :Sicée se faire que périt Gauthier-sans-Avoir, qui
sont ton jours faites par la rivesud du lac. tomba percé de sept flèches.
A retle époque , la grande voi«' romaine, Deux ans après rexpédition de (iau-
RikUurM par ^éron, qui conduisait de tiùer, la grande armée des croises,
IGeée i Apamée, devait dtie Men plus composée do sept cent mille hommes,
pritioble que de nos jours; d'ailleurs, vint , sous la conduite de Godefroi de
nirond du lac suit une ligne presque Bouillon Tancrède et de Bohemond,
, (le

de Nicée. Sohman Kilidj-


faire le sie^e
Arslau, sulUn d'iconium , Tun des plus
(i) Albert d'Aix, liv. I. p. 16.
célèbres princes seld|eulûdes , étendait
[ij Les historieo<t de» crui<4de$ n'ont pas
mm titix de doetmeots pour que fou pmM alors son pouvoir sur la majeure par-
d^nniner d*ime aiaiiière positive la posî- tie (le l'Asie Mineure. Au moment où
t! Jii rh.^f Pin app«-lé Exoroj^orctirn par le
Il
il avait été informé de la marche des
Buine Robert , Exorogorgnm piir Guibert de croisés , il s'était rendu efaes Isa princes
Ragent, et Xeii^ordon per Aam
Oonnèfit. ses voisins, et leur avait persuadé que
La (iistaDce de quatre journées de Nirumé- sa cause était celle de tout l'islamisme.
à» D'rst pus une donnée suffisante puisque , Il en avait o))tena des renforts considé-
Mot igaoroQj» quel chemin suivaient les rables (1) et des secours en argent et en
oiiiéi, et qu*ib peuvent avoir employé matériel» Mais , avec une grande intel-
ffn\Tf jours s'iU ont passé par Sa1>anclja et ligence de la stratégie , il avait compris
Ak-Strraî pour gagner la grande vallée de que son action serait beaucoup plus
Hicée. Cette roule e^t plus longue , mais il etUi ace s'il sf tenait hors de la ville,
l'f a pwde rnootagnei franchir. Guillaume
au de sVnfermer dans les murail-
lieu
ieTvr, en rapportant la défaite des Teutons
«iios ce cbàtrau, n'en donne point le noui;
les. En
conséquence, il se retira dans
les défilés de POlympe avec une troupe
mu û dit qu'il était situé au pied d'une mon- d'environ cinquante mille soldats sur
ttCM à quatre niOes environ de Nicee. Il
pirait que ce passage a échappé à M. de
lesquels il comptait pour attaquer à dos
Hainmrr quand il a discute la position les clurétiens. 11 mit d'ailleurs tous ses
^lUorogorgum , qu'il plaee è Ak-Son, ville soins à prémunir Nicée contre un long
utoée sur k eraant »ord-etf de l'Olympe siège, 'rames les fortifieatîons élevées
H séparée du bassin de Nirée par unecbaiMb
àt loootafQes d'uu accès diUicUe. (c) Guillaume de T)r, 11, p. ia8.

Digitized by Google
L*UmV£R8.
par les empereurs grecs avaient été mond de Saint-Gilles, et est repoussé
mises en bon état, et la triple ligne de après des prodiues de valeur. Les chr6>
cirronvallation qui défendait son en- tiens, non moins barbares que leurs
ceinte fit l'admiration des croisés, et, ennemis coupèrent les léles des morts,
,

loin de les intimider, redoubla leur et les jetereut dans la ville à l'aide de
courage. Un laiige fossé communiquant leurs machines.
avec le lae était toujours rempli d'eau La ville était investie de trois côtés,
et le revers du côté de la place était et les chrétiens veillaient jour et nuit à
défendu par un agger llanqué de tours, ce qu'aucun convoi de vivres ou de
lonnant un chemin couvert de seize munitions ne pdt être introduit dans
mètres de large en avant du rempart, Nicée. Mais à Touest les murs étaient
lequel avait dix mètres de hauteur sur baignés par les eaux du lac Ascanius
une épaisseur de quatre mètres. De dis- qui offraient une communication facile
tance en distance, des tours de dix-neuf avec le dehors. Les chrétiens, n'ayant
mètres de hauteur et de dix mètres de à leur disposition ni barques ni bateaux,
diamètre protégeaient la muraille et le m
se trouvaient dans Ti possibilité de ré-
chemin de ronde qui dreulaît tout au duire la ville par la famine. Soliman
tour de la ville. lui-m^Mue prenait souvent la voie du lac
La forme de la ville est irrégulière, pour aller voir sa femme et son tils
son grand axe se dirige du nord au quMI laissait dans la place pour mieux
sud ; toute la partie sud est défendue encourager les assiégés à résister aux
par le lac, sur lequel il n'y avait pas croiséf?.
d'embarcations. î-a porte du ISord con- Plusieurs semaines s'étaient écoulées
duisait vers le moût Arganthonius, sans que les croisés eussent tenté un
dont les collines sont boisées et cou- assaut; chaque joiur on inventait des
vertes de Jardins. La porte de Test machines pour renverser les murailles.
s'ouvre sur la grande vallée qui forme Parmi les princes les uns dirigeaient les
le prolongement du bassin du lac, et la balistes, les autres fabriquaient des bé-
porte du sud communique avec la route liers de 1er pour t)attre en brèche les
<|ui conduit à Brousse par la montagne. remparts, mais îe géjiie des Sarrasins
Toutes ces portes étaient défendues par ne le cédait pas à celui des Francs. Les
un double ran^ de tours et par des che- portes avaient été fermées avec soin
mins tortueux que formaient les res- par des herses de fer glissant dans des
sauts de Tanger, et qui forçaient Tas^ rainures, et les murailles garnies de
saillant de passer imtnrdiatement sous machines de toutes sortes écrasaient les
les traits de la place. Telle était la ville assiégeants sous des quartiers de roche,
que les chrétiens vinrent assicper au ou enlevaient avec des crochets de fer
nombre de six ceut mille fantiissms et les combattants qui s'approchaient trop
cent mille cavaliers cuirassés. Le due près des murailles , et les laissaient re-
Godefroi se chargea d*attaquer Test de tomber morts ou mutilés. Les têtes
la ville, c'est-à-dire, la porte de Lefké des vaincus servaient de part et d'autre
et les remparts qui la défendaient. de projectdes et chaque fois que les
,

Bohémond et Tancrède occupèrent la àSarrasins eftVcluaient une sortie , les


position du nord L*ouest de la ville fut têtesde ceux qui succombaient étaient
Oloqué avec difficulté par Hugues le coupées et portées à l'empereur de
Graud et l'évêque Adhérnar. 1^ valeu- Constantinople, comme un sanglant
reux comte de Toulouse ^ arrivé depuis trophée. Kn récompense, Alexis euvopit
peu, défendit la positioii du sud; ce aux Croisés des vivres et des chariots
nil ee corps d*arniee i|ui eut à soutenir chargés d*armes,de munitions et d*ba-
le premier engacjement avec les Sarra- billements.
sius. Soliman, qui était en embuscade Les chefs de l'armée , fermement
dans les déûlés situes au sud du lac résolus à s'emparer de ^icée, pour ne
(il occupait probablement le territoire pas laisser entre les mains de leurs en*
de Yenicheher ) , Toulant dégager les nen:is une place aussi importante, se
abords de Nicée occupés par les chré- décidèrent à pousser le siège avec vi-
tiens, s'élance sur la troupe de Ray- gueur. Deux seigneurs croisés, Henri

Digitizeu by LiOOgle
ASIE MIÎ^KURE. Vf
de Haché comte Herman firent
et le , la ville était constamment ravitaillée
construire une machine appelée le Re- par les navires, jugèrent qu'elle ne tom-
nard, faite en bois de cbéne, et recou- berait jamais entre leurs mains, s'ils ne
f«to dt claies d'esier et de eoir. Gel parvoaaieat à fermer eetle voie. £a
appareil, aui pouvait contenir vingt conséquence, ils s*adressèrent à Tem-
hommes devait être approché des niu-
, rcur pour qu'il leur fût donné des
niiies pour en saper les fondements; rques, qui furent transportées sur
«Niii, pendant qu'on le traînait , tous des traîneaux tirés par des chevaux et
lit bon rafbittèrant et écrasèrent les par des hommes, du port de Civitot
hommes qui s'y étaient renfermés. jusqu'au lac de Nicée, dans une longueur
Quoique les murailles ne fussent bâties de sept milles; les bâtiments étaient
fue de briques , les machines des Francs assez grands pour contenir jusqu'à cent
raient si imparfaites, qu ils purent à combattants. Cette entreprise fut ache-
pnoe entamer le ciment qui les reliait vée dans l'espaee d'une nuit.
Cependant, à force d'attaques réitérées, mentionne plusieurs faits
L'histoire
parvinrent à pratiquer quelques fentes
ils de ce genre. Au siège de Tarente,le8
(bos les murs. L.a résistance désespérée Komaius , maîtres dé la citadelle , in-
te Teret arrêtait Télan des ehmens, vestis de toas odtés par Tarmée d'Aa-
dès qu'une inimine était entamée^ nibal , avalent cependant la mer libre,
lien relkltissnit une autre derrière. Ils et reçurent de ISIéta ponte assez de ren-
combattaient du haut de leurs remparts forts pour détruire les ouvrages avancés
arec ud zèle infatigable , et lançaient des Carthaginois. AnnilMl, pour inter-
r Wi dirélieos de la poix , de Thuile ^ cepter toute eommunioation entre b
te tocebes enflammées, et toutes les dtadeJle et la mer, fit fabriquer des
nntiè res propres à incendier lesmaebioea machines pour traîner les galères, qui
te assise a nts. furent transportées à travers la ville,
En maot
les efforts de courage dé- du port Jusqu'à la pleine mer (1). Dans
im
ee aiége mémorable, ea la guerre contre Hitbridate, Lneullus
CBBptaDt If nomlna des assiégeants, étant venu pour délivrer Cyzique , blo-
<Ï0! émit s'élever au moins à quatre quée par l'armée de ce prince, fil prendre
ceotmiJie hommes effectifs, il y a lieu sur le lac Dascylitis une grande barque
des'étoooer qu'une place comme iVicée au'il fit traîner sur un chariot jusque
B'at pas été aiile?ee : ear située en ans la mer, et a^ant embarqué des
pbise, elle n'est défendue que par des soldats, il l'introduisit dans la ville (2).
ouvrae**s d'art, sans que la disposition Plus tard, au siège de Constantiuople
te lieux vienne ajouter à la difiicultë uar Mahomet il, les Ottomans, vou-
étrattaque. Elle a été néanmoins rfe- lant i*empafer du port , dont l'entrée
pdés par les historiens des croisades était fermée par des chaînes, firent
wmme la place la plus forte de toute passer sur des chariots des barques
lAnatolip. Robert le moine regarde la armées en guerre , depuis le point du
KiiditioQ de ISicee comme une preuve Bosphore appelé auiourd'hui Château
MotaeCion divine : « Car, dit-il d'Europe (3), jusqu^à la partie sup^
Mlle forée humaine n'aarait pu rem- rieure de la Corne d'Or. Mais de
porter sans le secours de Dieu et il , toutes ces entreprises , celle des croisés
cuit bien juste que celte ville, qui avait fut la plus difficile, puisqu'en une nuit
^ anctionner tous les dogmes de É- l les barques parcoururent sept milles de
frcatholique, fdt enlevée aux ennemis chemin par terre. Ha suivirent proba-
notre sainte foi et réconciliée au blement la vallée d'éeoulement du lac
Sdgneur. et qu'elle rentrât dans le sein au pied des collines, où coulait la ri-
A noire sainte mere Kclise comme un vière appelée par les anciens ileuve As-
<ieM8membres. • Maliieureusement, canius.
{aoix ne brilla pas longtemps sur les
ttesdeNicée, car peu d années après, (i) TSte-Ltve, II, chap. ni.
«le retomba entre les mains des Ott»- (a) PliiUrcli., in Fjictttlo.
i&aos.
( {) Koiimili-Hi«ar. Umboms', HttU émOê-
Cependant les chrétiens, voyant que tomatUy tom. 11.

V Livraison, (Asie Mineure.) T. 11. f

Digitized by Google
98 L*U19IVfiRS.

Cette flnfHne Atait lous te» ordres dm "pour fuir par Je lae; mais elle fat SN
capitaine BnttiilBftss, 4110 1« IdHoffint rétée avec .son fils-, et liviés aux prisées
des croisades appellent Tafin , et qoi croises. C'est alors que les musulmans
était particulièrement attaché à la per- envoyèrent des députés à Godefroi pour
sonne de Tempereur. Lorsque les mu- traiter de la reddiuou de la place ; H^-
sulmans virent les murafllai du edté dm tmnites qui avait reçu des Instnioifoni
,

lae oeméespar les barqoes ées chr^eos, secrètes de l'empereur ALexis« péoèlie
leur courage commença à les abandon- dans la ville, et décide les Ottomans à
ner. Du côté des chrétiens, nu contraire, rendre de préférence la ville à Tempe'
l'attaque fut poussée plus vigoureuse- reur. Cette proposition fut acceptée,
ment; le edié du midi, c'est-à dtre de et les prineea croisés virent sans envie
la porte de Yéni chclier, où commao* une trahison qui les privait du fruit de
dait le comte de Toulouse, était remar- leur victoire. Mais, sous le rapport po-
quable par une tour d'une grande élé- lit ifjue, ils avaient atteint leur but :

vation ; près de là se trouvait le palais i'ar, devant s'enfoncer dans l'iotérieur,

des saHm, qu'Ame Oomnène nomme 41s étaient sûrs de n^ pas laisser sur
svltanikon, et où demeuraient la femme leurs derrières un ennemi redoutable^
f t In sopur de Soliman. Ce palais était Kn IIOG, la ville de Nicet fut remise
sans doute le même que celui qui fut par l'empereur Alexis aux princes seld-
construit par les empereurs grecs et joukides. A la mort du jeune Alexis,
restauré par Justînfen. Tous les efforts 'Andronic Comnène, peu de temps après
des croisés se tournèrent vers ce point, son avènement à l'empire, en 1 183 , se
et les machines les plus puissantes fu- présenta devant les villes de Pnise et de
rent approchées pour battre en brèche ISicee, qui lui refusaient i'obeissance;
et renverser la tour. Ils parvinrent, à Nicée ayant été réduite, fut saccagée
raide d*un bélier très-solide, traîné à par les troupes impériales, qui y con^
force de bras à faire dans la muraille
, mirent des cruautés inouïes (1); mais
une ouverture assez ^zrande pour que elle revint aux Comnènes, au ij)oment
deux hommes pussent y passer. La nuit de la prise de Constantinople par les
ayant mis un terme aux tiaraux du Latins, et Tempereur Théodore Laaea-
siège, les ebrétient s^aperçment avec ris, qui s'y fit couronner en 1 SOS, 'yétt^
découragement que les Turcs avaient blil le siéfze de / empire de ISicée,
{)ro{ite de leur repos pour réparer tous A la chute de l'empire des Seldjou-
es dommages de la veille. IJn des as- kides, les Osmaolis s'emparèrent rapî*
saillants. Lombard de naittanoe, nro> dément de lenrs anciennes prorinees.
pose enfin de construire niM maeniiie Orkhan eut d'abord à se rendre mattsa
au moyen de laquelle la muraille sera des places de Broussa et de Nicée
sapée sans danger pour les assaillants. dont son pere avait préparé la conquête*
Les chefs des croisés lui fournissent A cette époque, Andronic le Jeune ré-
rar^^ et les matériaiix néeessalRS, gnait à Gonstantinople (ISM). La priée
et bientôt les Turcs voient une tour de de Micée n'offrit pas à l'armée ottomane
bois, dont la hauteur ^ale celle des moiîis de difticultés qu'à celle des croi-
remparts s'avancer lentement , et venir
, ses, t'i la marche du sié^je fut exacte-
s'appliquer contre la muraille, sans que meuila même. Orkhan s'empara des pc^
les combattants qu'elle contient soient tits forts constniits dans les plaiMs
exposés aux traits de la ville. I.n mu- vironnantes , et bloqua la place asses
raille v^i minée; les pierres de la base étroitement pour que les habitants,
sont remplacées par des pièces de bois pressés par la famine, songeassent à lui
et bientôt le feu, consumant ces sup- 4MJvrir leurs portes. Il s'empara du fort
ports , amène la ehnte du rempart , qui de KarateMn, veisin de Mieéev ea qui
s*écroule en entraînant la tour, objet acheva d'intercepter toute communica*
d*une atlaquH si bien corubince. Cet tion avec le dehors. Enfin, les habi-
éveiienient acheva de démoraliser les^ lanis. épuisés par des assauts multipliés
assiégés, d'autant plus que )m femme et par un blocus de plusieurs aimées,
de Soliman , voyant sa retraite Bttnacée •

par la chute de la tour, fit uae tentative <i) Art de férifiar \m dalea, p. 4ei«

Digitized by Google
ASiB MumiuiK.
tniter«Dt de leur redditioa, doDt les nieu fit construire la grande église de
flMditioiis ta m
ut acceptées par le aal* 8siiilci^pbie;àCbnslantinople,eD Ott,
toutes les grandes églises reçurent la
tm, La gamiHNi pouraît sortir avec ses
images, et se retirer h ('onstantinople, forme d'une basilique. On peut citer, à
près dp l'empereur, et les habitants oui l'appui de cette opmion, le monastère
raieraient à Nicée, en acceptaot la loi de Saint-Jean-Stuoius, oui subsiste en-
AmÎBqueur, coBsenrsIeiit la Kberlé core dans cette ville, et réglise^e Beth«
depniiquer leurreligioii^Gaaeoaditioaa léem bâtie paf l'impératrice Hélène
,

acceptées, les habitants se porlrrent en mèr»' de Constantin, deux monuments


foule au-devant du sultan, qui fit son dont la date est certaine. Ces églises
atrée triomphale par la porte de Yéoi sont formées par deux rangs de colon-
chtlup. nM intérieures, supportant une toilm
la première pensée d*Orkhan fut 4*é< en charpente. An fond de l'église est
!fvtrdes mosqtif^es e\ d'établir des éco- rhémi(^ycte {-zh P»iix»), où était placé
kî Ffli^iVuses. appar-
E^lusiefirs «'frli^t's l'autel. Cette forme' urimitive a été imi-
taiant aux Grecs turent converties en tée de la iMsiiique oee aacieris, oà te
osqoées; ott «emarque encore aurfour- tanaieiht levassemUées (iKxX7}awt(). Plu-
M les ruines de n^lie appeléé
\2hia-Sopbi3, qui était, comme la mé-
sieurs de ces églises de premier style
n'étaient que d'anciens temples, dont
tropole de Conslantinople, consacrée à Tinteneur avait été élargi en entourant
h sagesse du Verbe incarné. Toutes les d'one muraille la «sIoÉiwie du péri*
pcutBRS et les mosaî^es feiM^ésentant aiyle. Ce ne fut qu'à naoilBtion du chel^
des sojets religieux, toui les versets des d*œn vre d' Anthémius que les architectes
livT« saints inscrits sur les murailles d'une époque postérieure à Justinien
fttrail détruits et recouverts de chaux, construisirent des églises à coupole.
(t OD leur substitua des sentences du L'église de Sainte-Sopnie est un mcNni»
Conn, dont il' tvHie enooie aûjoar*
'
mêAt ffnp peu Cbnnu et trop peu étu-
de nombreux vestiges ; mais de- dié, car c'est de sa création que date
puis plus d'un siècle, depuis la dé* une ère nouvelle pour l'architecture by-
cb«û(t complète de la ^ille de Nicée, zantine. L'église d'Agbia-Sophia à Mi-
Mto mosquée même est abandonnée; eée était oouterte par un éùm
ènpè»-
beoo^ i(*estécroulée , et tout le dentif sur uil f^an carré. Ce caraetère
qusrtifr environnant n*est pl^s qa*iiâ seul indique qu'elle est p!us réceîJte
«us de décombres. que la seconde moitié du sixième siècle.
INous pensons donc que église oui exis-
I

iSUSX DB SAintB SOPHIE. tait à répoque du premier eondie devait


être, comme toutes tes autres, en forme
lei voyageurs ont souvent cherché de basilique. Il nous reste trop peu d'é-
^ tricei de l'église illustré^ par le léments poiir baser inie opinion sur l'é-
fMi concile œcuménkiue qui déter-
^ les actes de la foi catholique , et
If^ bases de la discipline ecclêsias-
tendue ei la posiiiou de cette église^
mais il ne faut pas la ehereher parnii
celles qui subslsti^nt encore. Il n^est pas
^ue. Paul Luc.is avait cru reconnaître certain d'ailleurs, que le premier con-
ytejg lise dans les ruines du tht-atre cile général, qui s'a.ssembla le i9 Juin
J*Ib que Ton -observe encore dans 83â, se soit tenu dans une église; 1 em-
e pvtie svd-ouest de la vrlle.' Cette pereur Constantin, qui le présida en
"î^ininn n'a \m9 besoin d'être discutée*
f»ersonnè. n^était pas encore baptisé. Se-
il d^-
Hammer croit que l'église d'A- on V/Hsfofre des conciles le saint
Ifca-Sophia est la même que celle ou synode se tint dans le palais impérial.
• tflitce premier Mais pour
^ qoi
^torc byzantine
ont snitri les
eottcDe,
phases de l'archi-
depuis Constantin
L'empereur, pour honorer les évêques,
prit sa place au milieu d'eux sur ut)
Ce palais devait être
siège d'or fort bas.
jtt*<j"'à chute de flonstantinople, il
la le même
qu'occtipaiehrles prêteurs r6-
W lacile de déterminer les limites chro-
mains et les empereurs grecs, et qui
"piques dm jUfffeçnta styles d'ar-
'^'(0 Ténel,pi«a mS.
7,

Digitized by Google
100 L'UJNIVEHS
était au fcntr« de fa fille. Mail les ca- tellement malsain pendint Pété, goe
raelères de église d*Afdùa-Sopbia ae
I le métropolitain est autorisée habiteff
rapportent parfaitement à ceux des mo- la ville ae Ghio. Les habitants n*oot
numents du huitième siècle, et, par d'autre industrie qu'un ])eu de jardi-
conséquent, il ne serait pas iuipossihle nage et la récolte de la soie. Quelques
que le aeeond eondle, qui ae tint en 787, familles grecques fabriquent des tissus
s*y fût rassemblé. qui se eoofondent dans le oomroeroe
Orkhan fit élever à Nicée le premier avee ceux de Brousn.
imaret ( hospice pour les pauvres) qae
les Ottomans aient construit dans cette CHATITKL XV.
partie de TAaie; mais les sultans seld-
joukides avaient déjà créé, dans la par- LIS MOBS.
tieorientale de l'Asie Mineure, d»- ces
t'ondation» pieuses où Ton distribuait Tant de maîtres divers, tant de sièges
ÊM pauvres et aux vieux soldats dos vi- et de catastrophes , ont apporté trop
vres et des secours. Ces monuments de changements dans la forme de Ten*
recevaient toujours de la piété du fon- ceinte de Nicée, pour qu'on puisse es-
dateur, ou des donations particnlières, pérer d'y rien rencontrer qui date de la
un revenu en immeubles destiué a l'en- iSicée de Lysimaque, ni même de celle
tietieD de rétablisaeoMiit Ces biens, d'Hadrien. Da temps de Strtbon, la
désignés sous le nom de pokou/^ con- ville avait seise stadas on deux mille
sistaient en terres conquises sur les neuf cent quarante-quatre mètres de
chrétiens , en bazars et en bains, dont circuit; le pied de ses murailles était
la location reveuail a la mosquée de la- baigne par les eaux du lac, qui la dé-
quelle les imarets dépendaient gMra* fondaient du côté de Touest. Le géo-
lement. graphe grec remarque, en outre, que
Un des soins du sultan Orkhan après ses quatre portes pouvaient être aper-
la conquête de Nicee fut d'organiser çues d'une pierre située au milieu du
radministration, et de déterminer les gynmase. Ce gymuase avait été com-
limites ou sandjaks nouvellement con- mencé un peu avant Tarrivéa de PUne
quis. Nicée fut déclarée capitale du en Bithynie, pour remplacer Tancien
sandjak de Kodjà-Illi ; mais, sous Ma- édifice que le feu avait détruit. On le
homet II, le chel-lieu fut transporte à reéonstruisait sur un plan beaucoup
Nieomédie, et cefutle signal de ranéano f»ius vaste, mais Pline blâme beaucoup
tissement de Nicée. 'architecte. Il trouve que rédllioe est
Aujourd'hui la ville de Nicée est gou- irrégulier, et que les parties en sont
vernée par un niutzellim ressortissant mal ordonnées, et, d'après l'avis d'un
au pachaUk de Broussa. architecte, il pense que les murs ue
La viliemoderoet appelée par lesTures pourront aoutmir la charge qu'on leur
Isnik , corruption des mots grecs th destine, quoiquils aient vingt-deux
Netxafav , occupe la partie centrale de la pieds de large, dimension prodigieuse
cité byzantine. Eu entrant par la porte pour un monument de c^^tte espèce (I).
de Lefké, on parcourt uu grand espace Le peu de solidité des édifices oe Nicée
planté en janlins, avant «rarriver a la tenait particulièrement à la mauvaise
ville moderne, dont les maisons bâties ualité du terrain, qui, composé
d*argile offrent Paspect le plus miséra- 'atterrissements, n a pas la solidité
ble ; la rue principale, formant le ba- nécessaire pour soutenir de lourdes
zar, est la seule dont Taspect soit un masses.
peu vivant. La population grecque ne Au piemier eonp d*ceil, on asnit
dépasse pas douze a quinze oeots flmes, tenté de croire que les murailles n'ont
et habite un quartier séparé, voisin de pas changé de forme, car les portes se
Téglise actuelle, dont le métropolitain trouvent encore aujourd'hui aux extré-
tient sous sa juridiction tout le pays mités de deux axes qui se coupent à
environnant, depuis Ak*séraT, à l est, anglat droits. Mais, ainsi que nous l'a*
jusqu'à Ghio, à Pouesl. ei jiistju'a Yéni
chehvr, au sud. Mais Tair de liioée est (t)nia., MfùL,Ub. Xtlattra XLTUI.

Digitized by Googlc
ASIE MDreviiK.. 101

loiË observe, remparts sont beau-


les mètres de largeur, et l'intérieur des
cotf plus jDodernes, et reoferment de murailles est un béton compose de gros
aMMi déinit de rnoomnents an* aable et de eaflloux. Généralement,
dan; le système de défense^ nn des rappareil des murailles est en assisea
^os complets et des mieux conservés réglées; mais, soit caprice des ouvriers,
!oal« les villes de l'Asie Mineure, soit pour donner plus de solidité à
est eacore presque entier ; il se com- certaines tours, on en remarque quel-
fm irnut eDoeinle fortiflée, flanquée ques-unes dont les assises sont ajustées
éi toun demi-circulaires, c'était le obliquement pour former une espèce
miîntum ou remp.Trt des I,a!ins. Kn d'épi ou d'ajustement bizarre. Dans
avant du mœuiutn et a une distance de plusieurs endroits , la muraille est ap-
ttiie mètres s'élève une deuxième en- pareillée avec trois assises de moellons
carie^lement flanquée de tours, dis- et deux assises de briques alternant. Il
fmu m
éeiiii|uier devant celles du n'existe point d'inscription qui nous
MTiHart, et qui défendaient les abords apprenne à quel règne remonte la cons-
do tooe. C'était Vaqqer des t'ortitica- truction des murailles , mais le sys-
tmsaaeienoes qui dans le principe
, tème général de défense est tellement
('ail tout simplement composé des semblable à celui de Constantinople,
î^^rres du fosse rejelées du côté de la qu'on doit penser que ces deux villes
^>t!e Plus lard, 1 agger fut une fortifi- ont ele fortifiées à la même epo(|UP,
uùoo coDstruite , défendue par des c'est-à-dire, dans le courant du qua-
•wi fn eorrespondaient aux inler- trième siècle.
nlBési tooii du mœnium. Enfin, le Du cdté de l'orient, les murs suivent
kÊéffaUtim. dont la largeur est au- une liene droite dirigée du nord au
,

jaRlIrui indéterminée par suite des sud , depuis l'angle sud jusqu'à la
Aoslemeois, complétait la défense de porte orincipale, qu'on appelle encore
h lie. Des canaux communiquant
a^U lac servaient
aujourd'hui porte m
heSké ou de Leucs.
à inonder le fossé Cette muraille est défendue par vingt et
dans les d'attaque. Les tours et les
cas une tours.
muraiiJes àe Tagger sont moins élevées La tour de l'angle sud-est est fendue
ttOa du niœnium, afin que les dans toute sa hauteur ; elle ne porte
placées sur le sommet des néanmoins à rextérieur aucune trace
tMrs du mœnium puissent agir aossi de l'effet des machines. A la hauli ur
P*|ts de l'enceinte des mu-
que possible du rempart elle contient une grande
Us tours de Nicée, engagées chambre voûtée et éclairée sur la ville.
b rempart de la largeur d'un dia- On peut facilement cheminer sur le
Ktre, oot une saillie égale à oe même parapet dans toute la longeur des
diimètrp, c'est-à-dire qu'elles sont murnilles. Le chemin de ronde est
loroces un cercle tancent aux mu-
par pavé de grandes dalles de marl)re, ex-
et relié par deux plans perpen- traites des monuments anciens. Ou re-
•lÙM. Ces taon ne sont cependant marque surtout un grand nombre de
tantes éaaleaou semblables, car on piédestaux de I*,t9 de hauteur sur
M »ot quelques-unes qtii n'ont de 0,80 de Inri^e, et qui portent tous dos
**^^i«que les deux tiers d'uu diamètre, bases de coloriiie att» rinnt au même
^syes qui sont carrées mais ces ; bloc, et, de part el d'autre, des arrache-
^'f^èns sont d^une époque plus ré> ments de marches. Il est évident que
Klies ne sont pas également es- tous ces piédestaux ont appartenu à un
Ktî; y en a qui n*ont que dix mè-
il m^me monument, qui devait ^Ire cons-
^ft d'iûiervalle
d axe en axe, d'autres truit dans la forme d'une ba«iilique. On
*|jwqu'à vingt-cinq mètres. compte soixaute-quatre piedestiiux d'é
Uconstruction générale des mu- gale dimension , qui proviennent évi-
**«est en briques, qui ont de trente demment du m^me lieu. Les autres
a furante centimètres de longueur sur blocs sont des morceaux d'architrave,
largeur de vingt-cinq a trente. Le des stèles sépulcrales ei d'autres débris
qui les relie est tres-épais ; le lit sculptés. Sur ce chemin de ronde était
* Miuir a de dan à trais eapti- placé le parapet avec les créneaux. Une

Digitized by Google
des tours dv cette ouniiUe etil surtout re- On atriTêâ la piate-forme supérieure
marquable ; la grande chambre a va il été de la tour par un eseali^ pratique
muree il y a plusifurs siècles, et n'a été dans l'intérieur de la muraille. Celte
ouverte que \er.s Tannée 1831. EUe ot- plate-forme est défendue par des <*re-
t'rait dan.s louLe leur iute;^rilclcj> di&posit ueaux. qui subsistent encore. Au dehors,
lions intérieures et la décoration. Dans les tours de Nicée sont oompléteroent
la partie inférieure de la tour est une ro- iioies , sans ressaut ni mâchicoulis. La
tonde voûtée, qui servait sans doute de ligne qui joint la porte de Leucjr à In
magasin pour les uiachint^ On arrive porte du Nord ou de Ck)nslanliuople
sur le rempart , par un escalier ex- (Stamboul-Kapou-Sou) suit uou ligne
térieur, dm une SAlle des gardes do sinueuse, dont la direction géoérala
ptain-pied aver le ctieaiin de ronde, et est nord-est et sud*ouest. 11 y a dix-
également circulaire et voûtée Elle est neuf tours dans cette partie, et une po-
éclairée par deux fenêtres lurl étroites terne de marbre donne accès dans Tiri-
ou barbacanes, oui coaiinuniquent avec térieur de la ville. Vers la poiate nord
deux oeliules ménagées dans Tlntérieuv on remarque une longue portioa lit
des murs (1) Chacune de ces cellules a muraille dans une longueur de deux
deux niches avec un banc pour les ve- cent quatre-vingt-quatorze mètres, toute
dettes. Ce qui donne à cette tour un bfitie eu marbre blanc. Elle est défen-
intérêt tout particulier, ce sont les due par trois tours earréca également
peintures qui décorant la salle des gar* en marbre , et ornées d*une oomiehe à
des; elles sont exécutées à l'encaustique denlicules La muraille porte onze as-
<ur le suic qui recouvre les bricjues. sises de 0™,.S0 de hauteur, et la tour
Ces Dciulures represeote^tt des prêtres vingt assises. La hauteur de la corniche
ou M aaiutB, dont la této est ornée
d*un nimbe d*or» et qui portent des
est de 0'',ô6, et supporte un rang de
créneaux. L'appareil de cette construc-
costumes en usage dans l'ancienne li- tion est fait avec soin . aussi quelques
turgie. Quelques-uns avaient leurs voyageurs ont-ils regardé celte portion
uoms écrits» selon Tusage byzantin, en des murs coaune un reste de la Nicee de
colonne vertieile. Une grande figure I^Fsimaque ; mais du cdié de la ville œt
de saint George, monté sur un cheval appareil est infiniment moins soigné ;
gris, était trop endommagée pour qu'il on voit une inscription dont les carac-
soit possible de la retracer; le cheval tères taillés en relief à la manière des
portait âu.\ jambes des anueaux ornes inscriptions arabes, attestent uue épo-
de iiierrerics. La voOte de la salle est que de décadenoe; elle est tracée en csiaq
peinte en bleu avec des étoiles en rougi. lignes sur une table de marbre de 1",80
Ces peintures portent tous les carac- de longueur, et placée à sept ou huit
tères l'art du douzième siècle; mais
de mètres au-dessus du sol. un jardin
on que les peintres byzantins ont
sait nouvellement planté et entouré de murs
plus que tous les autres cherché à con- attenant aux remparts intcreepte la cir-
server uo type déterminé dans leurs culation sur le chemin de ronde iolè-
figures religieuses, et que même à rieur. Il faut entrer daos le janUo pour
notre époque les tableaux des Crées voir l'inscription.
sont copiés sur ceux du moyen âge. U
Tri est le tropliée de mort des rnninnîl et
serait ooiic difficile de dira positive-
des Sarrasins couverts de hoote;
ment à quelle époque remontent ces
Id nos empereurs fidèltis au Clirist, Lcon
peintures. A peine cette tour fut-elle
et Constantin,
ouverte, que les Grecs s'y transpor- Oui réparé la ville, «1, à etase dtt nsuvaie
tèrent CD fimlu, eteonnirent les mu» état de l'ouvrage,
railles d'inscriptions qui détruisaient Ont élevé <wpuis les fondements U lour
ces curieuses peintures ; il est à rain- /
des CentenMie,
dre que d'ici à (quelques années elles ne Qu'ils ont «rhevée dans j'empare de sept
devit^nnent tout a fait méconnaissables. an*. Paoèus, liis du paUrice Fiavius Kuro»
petite , a (présidé).
{t)Vofn Anie Mmem% t. I**, pla»>
Ot la parte de C aiumiuaptoà tOÊm
fl

Digiii/eu by LiOOgle
étUc^ U ligne àeB miirailles se dirigs Au nord. 42
as sud-ouest; ily a seize tours , dont A l'est 68
9iieJqtH>â-UDes carrées. La porte de
sont Au sud « . 74
CoDsUDtioople se trouve doue au soixh A roueet 64
an tee^tpèee de grand tiiangle. De* Total. . . 238 tours.
puis It porte du Lac jusqu'à celle de

Yeai cheher, au sud , les murailles sui- Quanta disposition indiquée par
la
ffiot une série d'augies rentrants et Strabou , bien que les quatre portes se
snlbiiti qui donent grande forceme trouvent encore placées vers les quatre
a la défense. (Test le eftté.le plus fort ptints canNnam , ou ne iaurai< retnm*
de la place. Vers la porte de Yenî ver ni la forme carrée , ni la mesure du
fhelifr, elles enveloppent, en fnrnuint périmètre qu'il a indiquée; en effei,
ine saillie rectangulaire, une enceinte Strabon donnant seize stades au péri*
wmétmàmÊ, Gttto.weeinie rappellé mètre, on trouve « en mesurant le
pifâmiicnt le CMtniro oU'Mnp été pounour des nranilleB (i) :
«oidats qu'on observe dans les murailles

de Rome. Les fouilles que Ton fait dans


De la porte du Sud ou de Yeni
la ckimps qui occupent une partie de
chelier à celle de Lefké. . . lUi m.
]>e la porte de TEst ou de
nuérieur de Nicée mettent somreiit à
découvert les fondations de ^versédi*
Lefké à celle du nord. . . 1U9
fife<. l es débris qu'on trouvé en ce lieu,
De la porte du ISord ou de
uniquement composés de briques de Stamboul à du Lac.
celle 1119 .

différentes sortes , indigueul que les


,
De la porte du Lae à celle de
coQ&tnietioiis qui roccuoalent étaient
Yeni cheher 1064
fîtes dan on bai é*f0mé plmdt que Total pour le pourtour de la
ville. 4437
lyepois laporte du Lac jusqu'à l'an-
I^Mntf^ de la ville y la muraille est Las seise ttades de Stiabm équiva*
wiAk pir ingt-trois tours , et ou* 1ml à deux mille neuf cent cinqumta*
wtf par deux poternes. La tour de neuf mètres. Ainsi In circonférence ao-
,

TaDgie sud-ouest est carrée, et forme tuelle df la ville, qui est presque de
iw saillie considérable tant en dedans ,
viugl-quatre stades, est de moitié plus
'aa dehors des murs. A la hauteur du grande que «elle indiquée par Strabon^
f de ronde , me gMndé 6*aBt-ù dire oue pour arriver a la me*
CMifiia il y a
Ambre vortiée, dont les murs sont sure de Strauon , il faudrait prendre le
l»W}«e entièrement construits avec «les carré formé par les lignes qui join-
fra^^Qts antiques. Une tour voisine, draient les quatres portes deux à deux;
te 1i eonatmetim ii*a rim de senar* ce qui donne un eatré de trois mille
fiuble porte sur une taUelta
, de mar^ deux cents métrés de pourtour, ou dix»
kttlterii^tion aoifaikte : sept stades et demi. Mais , en examinant
les portes, nous verrons qu'elles ont
Tour de Micliel été construites après Tépoque où Strabon
lepaaditti» éerivait, et noua devuns en conduiu
cnipwMBr en Jçma iÇhriifj que la ville a été augmentée sous les
empeceurs Hadrien^ Claude II et Um.
Depins la porte de Yeni clieber jus-
({u'à l'angle sud-est de la ville , la mu- CHAPITRE XVI.
nille soit me HgM qui eit a peu prèf
uns la diieetlo» du
nord-est. Elle ett uâ PMtna.
défendue par quinze tours dont la con^
truction ne diffère en rien de celles dg Les quatre portes principales de la
r«t I ville de £1 icée subsistant eneara dans un
On compte aujourd'hui aux immilM état dacoMirvatian suffisant poua qu'on.
du Mœnium ceat huit tours et à
'(^i^

'>?ger cent trente, mi «oBt diapaiéof (i) Voyez Desc» tAÙÊ Mùmr», plta-
ehv y et VI. i

Digitized by Google
104 L*DinVERS
puisse juger de leur ancienne disposi- mais chaque membre se pourtoume
tion. Mais, lorsqu'on a construit les pour venir former sur le CMoiteau du
iniiraillei actiMiles, on a ero detoir no- pied-droit une espèce d'arahmsrf». Lo
foieer les portes «ntiqiMB |iar des ou- eouronnement des portes latérales est
vrages qui , au premier coup d'œil , en orné de denticules; l'entablement est
altèrent les proportions. Deux tours d*ordre dorique et la
, frise porte une
massives ont été ajoutées à droite et à inscription ; il u a pas été possible de
gauche de ebacnoe de ces portes, et détermiBor les dimensions de Pattique ;
sur Tattiqoe éb aasrim on a construit il y a même lieu de croire qu*il a été

une salle communiquant avec le che- démoli. Dans la frise et dans Parchi-
min de ronde supérieur, et servant de trave qui regarde l'extérieur delà ville
corps de garde aux vedettes. Toutes ces on voù une longue inscription oui est
annexes écaotde briques , se distiiigiieiit assss fruste, et dont les earaetères do
parbitenent de la construction ro- bronso étaient incrustés dans le marbre.
maine, qui est de marbre. porte de On ne peut donc lire aujourd'hui que
Lefké et celle de Stamboul sont tout à d'après la trace des crampons et d'après
fait semblables. Nous nous contente- les entailles très-peu profondes qui
rons dTen cuminer une en détail. avaient été fidlm pour maintenir les on-
En entrant dans la ville du côté de raetèrss»
Torieut, on franchit d'abord une porte *
de peu d'apparence, flanquée de deux A la maiioa ûnpérûle et & reoiperBur
César Hadrien b très-illustre métropole de
tours, et pres de laauelle sont encas-
Nicéc a olevé cps niiiraill«'v .*niis la surveil-
,

trés quelques bas-reliefs mutilés; c'é-


lance et la direction de Ca^ius Cbreslus.
tait la porte de TAgger. On passe ensuite
dans une petite cour qui se trouve à Et sur rarebitrave :

droite et u gauclie sur le prolongement


du ebemin mtert , dont la eommuni- A l'empereur César, fils du divin Hadrien,
eatkm est interceptée par deux fortes petit-fiU du divin Trajan, à TiUis ^liiis Ha-
arieQ, auguste « l'aouee...^ de sa puisMnce
murailles. TTn arc de triomphe en mar-
bre engagé entre deux tours, et écrasé
,
tribunitieune, la ville a élevé celle eo wMm
conséqucuce des foods douaéi par le trésor
par uue massive construction de bri-
des empereurs.
ques, sépare cette cour d'une seconde
porte de construction byzantine qui Ce monument, élevé par Tempereur
donne accès dans la ville. A droite et à Hadrien, remonte probablement à l'an-
gauche de celle porte, du côté de la née 120 de J.-C. Il est remarquable en
ville, étaient deux tours massives en ce que, contrairement au caractère im-
briqoeset ennierres , dont rapporeil est primés à l'arobitoeturo de cette époque,
formé de différents dessins (1). La tour sa structure est excessivement simple.
de gauche communique avec un château Les moulures sont d'un bon style, et se
d'eau dé[>cndant probablement de l'a-
, ressentent de la finesse du ciséau grec.
qutduc construit par l'empereur Justi- L.es deux niches placées à droite et à
nien. L'arc de triomphe se compose gauche du grand aro ne font pas un
d'une i^nde arcade de 4°>,2S d'ouver- bon effet, parce qu'elles écrasent les
ture; a droite et à gauche étaient <ieux proportions des petites portes. Du rôle
petites portes carrées qui donnaient droit, rarchivolte et la partie spiierique
passage aux piétons. Au-dessus de ces de la niche sont d'un seul bloc de mar-
portes sont deux niches coostmîtes sur bre.
un plan circulaire , et dont la partie su- L'inscription placée sur la porte de
périeure est cintrée. L'entablement de Stamboul était également de bronze
l'arc de triomphe est soutenu par deux mais ou n'avait pas eu soin d'entailler
Eilastres doriaues de peu d'importance, le marbre pourinscruster les caractères;
.'archivolte du grand are ne rient pas il s ensuit qu'elle est devenue i peu près

poser d'aplomb sur les supports (9), illisible.


La partie supérieure de l'arcade est
(i) Voyex ulaiiche 4u. ouverte pour donner passade à la herse,
^i servait, en tomoant, a fermer une

Digitized by Google
ASIË MINEURE. iOê

\Êt^ à deux Tentaux , eu madriers de de fftS. Les murailles de Tagger for-


I

fWne el camie de fer ce système de ; ment en ce lieu des angles rentrants et


(toe était fort usité daos les fortifiea- saillants qui défendent d'abord l'entrée
tim romaioes. Oo eo voit des traces du diemin couvert, car il faut passer entre
iriffioiw en Preoeect en Italie. deux toars très-rapprochées de l'agoer
pour arriver à la première porte, la-
raiU D£ COMSTAHTUIOPLE. quelle ne se trouve pas dans l'axe de la
grande porte de la ville, mais s'ouvre
A h porte da Ford, indépendam- perpendieitlairenieiit sont les traita de
ment de la double clôture qui exiate à la tour de TOuest. Ce passage franchi,
Test, on voit encore les traces d'une en- on devait encore traverser une porte
reijite de dix neuf mètres de long sur fermée par une forte herse, et on se
fiB^t mètres de large , et qui commu- trouvait dans une espèce de cour carrée,
dftt tfee la fille par trois portes qui semblable à celle de la porte de Stam*
sont à moitié nrinéea. Lea pilasina sont boni ; cette cour communiquait par trois
anvbre. portes avec la ville.
Les murailles de T.igger avaient dans
iVuowr Génr Mira-Aurèie GlMide,
Tintérieur de grandes casemates, mais
pifjx. hfnreijn, aut^uste,
qui sont trop ruinées pour qu*on paisse
Gnod pontife, ta seconde année de sa
en lever le plan. Ces ouvraRes étaient
fimn tribonitieiiiie, eonsul, père de h
de briques comme les grandes tours du

Prycoavui (a fait élever) mur* de la rempart, et l'intérieur était eu béton.


trcHtiusire Nicée, tous la direction de Yel- Les fondations des grandes tours sont
iv Mmiims, ti^illotlre légat consolaira avee des Uoes de marbre enlevés
fiiites
H prcprrtear de l'empereur, et de Salliut aux anciens monuments, et avec des
AaiMiM» k trè»-iUuftre logiale. colonnes couchées horizontalement
comme des morceaux de bois daus un
Hmn-AQieliiia Oaudîiis, qui est chantier. L'arebiteeture de la porte ne
^ féoeralement connu sous le nom
tiCbode II , fut appelé à l'empire l'an
présente rien de remarquable ; mais da
côté de la ville, des deux pilastres qui
JW <fe J.'C. Il devint consul l'année fermaient la cour carrée, il y en a en-
iiiiate,et mourut l'an 270. Cette ios- core un qui existe dans toute sa bau-
«Vtioai donc été placée Tannéa de sa leur, et qui porte dans sa partie soné>
non rieure un morceau d'architrave sur le-
quel on lit un fragment d'inscription.
POITB J>B YSlfl CHBHSB. Plusieurs pierres eparses sur le soi por-
tent également des fragmenta dHnscrip-
Ad sud de la ville , Il existe une troi- tions que des voyageurs ont oopiées i
roe porte souvent réparée par les Ot- différentes époques , et qu'on a recon-
Joans, car c'est celle qui a souffert nues au bout d'un siècle seulement ap*
KS plus nombreux assauts. C'est par là partenir à l'inscription du pilastre.
P lei mnsnlniatts intivdnisifent lee
La très-prande, et Ircs-iiohU-
Irès-iiliislre
l'wpa dPAlexis, plutôt que de rendre ,

fi Tïlle aux croises , ville de Nicée a élevé les murailles et les a


et par là encore
pie sultan Orkhan entra en trionjplia- consacrées i Tenipereiir César Mare- Aarèle,
Claude, pieui, baorem, aiigiMle,la aecofide
j^éa ng Nicée. Il parait que quelques
année de sa puinMnre tribmiitipnnp, proron-
**Dn ataienl Ikit comprendre aux in-
5ul, père de et au sacré sénat et
la patrie,
Neurs qui ont eonstmit les remparts petiple roAiaîtiton» la direction de rilliislre
,
<^îee point
devait ^tre principalement Yelliiis légat consulaire et propré-
Macrinus,
*l>u2*jux attaques des ennemis, car teur dv l'empereur, et de Salliits Antooimiiy
Jfcrtifié d'une manière toute parti- le très-illuslie logisle.
jBcie. Deox énomea tome, se ratta-
un avant-corps quadrangulaire,
"iant 3
Quoique cette inscription soit de la
»Bi construites obliquement en avant même année que celle de la porte du
rempart. Ces tours ont I0",03 de Lac, elle semble devoir être postérieure
et sont séparées par un espace de qaelqaee mois, puisque Vcmpeceur
Claude n\ est pai» iioroiné qualité de grande partie, et cepei^dant inaebev^,
fpssul. Ce sont les mêmes ni9f(istrats a" déjà absorbé,
' ' '
^ dit, plus de
ma-t' on
^
'

qui out présidé à l'érection de ces deux dix inillions de seî,terces (I,937,S00
portes, qui n'avaient rien de renianjua- Irancs); t t je crains que cette dépense
l
(l$ sousle rapport de, 'arçhitectu re. ,
ne soit inutile. De grandes fentes ^
•ont manifestées par suite des affaisse-
IKTteUUB 'ili LA VILU. ments, soil a cause du terrain qui est
humide et mou, soit a cause de la mau-
En entrant dans rintt:rieur de la vilie, vaise qualité de la pierre, qui est mince
on est frappé de Taspect de tristesse ^ et sans eonsistanoe. Il y a lieu de déli»
de désolation répandu sur ces lieux, bérer si on Tabandonnera , ou mêta$
L'espace compris entre la porte de s'il faut le dciruire, car les appuis et les

Yeui cheher et le bour^ moderne d'is- coustrucUons dont ou l'étaye de temps


nik est occupé par des jardins, do inl- en taouia me paraisscBt peu solides et
lieu desquels s'élèvent <;à et là quelques fiid eo&eux. Des partiewieie ont pro«
masures appartenant à d'anciennes cons- mis nombre d'utiles accessoires, des
tructtons turques. £n se dirigeant un basiliques autour du théâtre et des ga-
peu ffn on aperçoit quelqusi
le sud, leries dans la partie supérieure (por-
arcadês élevées sur un tertre entouré de tUnts supr- caveam)\ mais eertn*
broussailles. Ce *;ont les ruines d'un vaux sont ajournés depuis qu'on a sus-
théâtre antique (jui estpendu la construction du théâtre.
aujourd'hui <•

presque entierenuut enfoui sous terre. L'empereur répond à Pline « Cest à :

Il est du petit nombre des théâtres àb vous qui êtes sur les lieux d'examiner
l'Asie qui ne sont pas adossés à une et de régler ce qu'il convient de faire
niontaf^ne; aussi. \^cnven que fornient relativement auUicàtrede Nicée Le
les gradms^ n'étant soutenue que par théâtre achevé, n'oubliez pas de ré»
des vodt«,irest-eHe affaissée en imo- damer des particuliers les aceessoi-
sieurs endroits. La courbure du théâtre res qu'ils ont promis. » Ce n'est pas se
regarde le nord; la scène a soixante- jeter dans des conjectures îres-hasar-
dix-neuf mètres de diamètre ; mais il ne dees que de regarder les ruines qui
reste plus Hen de eetle partie de Tédh- etistent eoeame celles du tbéfttce biH
fice. Les vomitoires, dont la voAte sup* par les soins de Pline. L'appareil étant
portait les gradins, sont bî\tis en gros en pierre de taille, il est à croire que
blocs de pierre calcaire , uuis sans ci- l'ancienne construction a été démo-
roent, et paraissent vementer à une lie pour faire place à eeUe que sons
époque assês reculée. Dans ce qui reste voyons.
de la construction générale de cet édi-
fice, on n'observe rien qui ne rentre MOHUHBNTS MUSULMANS.
dans les dispositions connues. Aussi,
dans un pavs oik les théâtree antiqnse Le sultan Orkhcn , pour répandre el
sont si nombreux el si bien conservés, affermir les principes de l'islamisme,
celyi-ci mériterait-il peu d'attention, avait tait construire dans la ville plu-
s'il ne rappelait des souvenirs histori- sieurs édilices religieux, que nous
ques , car 11 est probable que le théflti« contentes de
dont nous voyons les ruines est le même parce qu'ils sont minés et ne présen-
que celui qui fut commencé par les ha- tent que peu d'intérêt sous le rapport
bilaots de Nicée pendant que Fliue de l'art Pour imiter l'exemple du sul-
était. préteur de Bitbynie . et qu*il de- tan, plusieiirs de ses lieutenants éln*
meiMle rautorisation de JDiperer ou d'à» Mirent aussi des fondations pieuses, et
olîever. Il que si ce n'est pas
est certain créèrent des wakoufs pour leur entre-
le même l'emplacement, du
edilice. tien. Cliacun croyait fai re un e action
moins, n'a pas changé. Pline s'exprime agréable à Dieu en censacrsDt unepatl
feneestermesdanssa lettre à Trajan(l) : du butin, soit au culte de l'islam, soit
• Le tfaéfltfe de Nftoée» bâti en tlè»* nu soulagement des pauvres. Ainsi
outre les médrécés ( écoles religieuses ),
(ï) c. Piiiiii Efist., iib. X, XLViii. • OÙ lesjeones gens étaient instraittgn^

Digitized by Google
t^HMIIIoamoveunant mie taible re- cades latérales sont formées par des
barrières de marbre , deœupees a jour
dîvancT U V avait des cuisines publi-
bl/^^ ( imireis ) et des
bain&ïntre- avec une déUcate«e extrême. Au^cawf
tenr^iW Mi a-un fondateur, qui, de la porte, on l.t cette 'nsmption^
^t dont les rarncteres sont graves en re-

^
Iigieu\
ouverts aux pauvres à certains
et à certaines fieures. Ce zèle re-
ne se raleulit pas sous les suc-
lief, selon I usage des mu>ulinans

j^,^,, dément et miséricor-


:

cfsseurs d Orkhan la vule de Broossa


ftit richement dotée de
blics par
;

monuments pu-
sultan Mourad. Nioee ne
le
^^ ^^^^ ^^^^^^ ^ eié bàii et conMcré
tMrli de mm- le règne da
fMè
j pcjort^Cheiih-Eddin Mourad i'% fils
fut pas oubliée parles lieutenants de.
ce prince, et le plus gracieux monument
farehiteetnre arabe, qui existe encore
d'Ourkhan.... Khayr-Eddin, fib d'Ali Al-
<^dcrè, que Dieu f«sM mîMrimrdb à
dm%, dam «epi «eut ^Mii»^in|t.
M
ï Nicée» le temple appelé
vulgairement L(Niang9.«a.piitt ubUim. .

la Mosquée verte ( Yechil-Djamy)


est
^

une des fondations de Rha> r-Eddin par. Surporte du portique OB IK eeit»


la
cfaa, graofl vizir de Mourad P'. antre inieriplMB « tracée sur une seule
Binistre, célèbre dans Thisloire olto- ligne : , , ^

mane par la prise de Salonique, dont « Cettemosquée asile des oulémas,


,

il s'empara après un siège, sanglant, a été bâtie par le vizir Khayr-Eddio-


Uissa dans l'histoire une brillaiite répu- Paeha, l'an 776 (U7a-1878). • La 4il-
tatiou de sagesseetde bravoure. 11 mou- férence de ces deax dates indique sans
rut a Yeni cheher, en Europe» en 1386, doute l'époque de la fondation et l'é-
pu de temps après la prise de Salo-, poquede la consécration. Quant au mot
mjue. imaret employé dan^ la première, il est
L'obligation sont tous les musul-
oii usité chez les' Arabes pour désigner in-
nansde fnire au moinsune fois dans distinctement toute fondation pieuse,
leur vie le pèlerinage de la Mecque peut ches les Turcs, il désigne un hospice
élte rachetée par des aumônes propor- où les pauvres reçoivent chaque jour
tionnées au rang et à la fortune des «ne distribution de vivres,
crmnls. C'est pour payer leur dette Dans Tintérieur d'un des gros murs
de pèlerinage «jue les sultans ont élevé est pratiqué un escalier qui conduit au
dans Constaotinople ces mosquées qui minaret. Au fond du sanctuaiiesetnwvo
fbotromenientde la ville. grand vi- oicbe vers laquelle tout musnlmaa
lir Khayr-Eddin, constamment engagé doit se tourner en faisant sa prière, et
dans des guerres qui tie lui laissèrent qui indique la direcliou de la ^l^'^qW
pas le loisir d'accomplir ce pieux de- c'est ce qu'on appelle le Mirhab. Près
voir, fonda b niosquée de Nicée, eon- de là , i la Mie
de l'assistant, se
formément à cette sentence du Coran : trouve une chaire, dont la torme est la
• Celui ijui élève une mosquée en l'hon- m^me dans toutes les mosquées musul-
neur du Seigneur notre maître , Dieu mânes , et qui consiste en un escalier
im élève une maison dans le Paradis. » très- rapide, conduisant à une espèce de
nous décrivons a cela de où se place mollah pour
Vtfilloe que pavillon , le

i^BMrquable qu'il doit être regardé, les instructions religieuses; cette chaire
non comme une œuvre des artistes turcs, ppiie ie ûoro de Uiruiber*
n>ait comme le dernier vestige des actl
4ia SeIdjouUdfls dans roccident de TA- ifiuss mcQOU-
'^L^èdifi'ir' est quadraugulaire; il a . Malffé tous les efforts des musuN
36 mètres de long sur 12 "',74 de inans,> ne parvmrent pas a anéantir
chreUenne dans la ville de
teu^ iSTavant du temple, U existe la religion
grecque s y es perpe-
>'icée. I.a nation
SS^rrhe en marbre bl:mc composé,
tuee fidèle a son culte , et entretient de
nr b façade , de trois arcades ogivales,
pcrt^ par deux colonnes de granit ses offrandes l'Unique église que les
ron«^et en relourdedeux arcadesquf vainqueurs ombrageux leurrent lai.s^^ce.

Sm^J!Sr^^ Les deui «Si EUeV «tuée dans la parUe meridio-.

Digitized by Google
lot LUN1VERS
nale du quartier grec, et, malgré les du lac, on se trouve sur raneienne voie
nombreuses réparations qu'elle a subies, qui traversait toute l'Asie, et allait des
il est facile de voir que sa construction côtes de la Propontide aux confins de
remonte au delà du douzième siècle. la Syrie. Cette route francJiissait le
La nef est couverte par une coupole qui Sanearius sur te grand pont de Sa-
était ornée de mosaïques « aujourd'tiui bandja; elle passait par Pessinunte, et
en partie détruites ; mais rbémicvle du de là s'inclinait au sud pour aller gagner
fond conserve encore toute sa décora- la Pisidie, en traversant la Cappadoce.
tion primitive. Dans la demi-coupole C'est encore In voie la plus fréquentée
qui le emonne, on voit une figure de
Sar les caravanes qui viennent de Bag-
la Vieige portant l'enfanl Jésus ; de part ad et de la Syrie ; mais depuis long-
et d'autre sont des anges revêtus d'un temps on ne songe plus à l entretenir
riche costume orné de pierreries et de ou à lj réparer. L'état de dégradation
perles, et oui portent uu étendard. où se trouvent les routes de l'empire ot-
Le premier vestibule ou narthexeoD' toman est une des marques les plus
serve aussi quelques tableaux en mo- évidentes de l'incurie et de Timpié-
saïque. Au-dessus de la porte principale, voyance de l'administration des pro-
on remarque une figure de la Vierge vinces qui se trouvent forcées de con-
,

les mains étendues , et vêtue d'un man- sommer surplace leurs produits, et ne
teau bleu. Cette mosaïque est à fond peuvent tirer qu'à grands frais les den-
d*or, et dans le champ dfu tableau on lit rées du dehors. C'est surtout en voyant
me mots : le soin que mettaient les anciens à ou-
vrir des communications faciles et di-
Seigoear, seconr» Ion Mrnteiir Nicépliore,
rectes entre tous les points de l'empire
, prépoM au
paii ioe vestitire, et grand élè-
riaitpie.
2ne Ton peut juger du contraste entre
» deux époques et de la déchéance où
On sait que charge de resfiarius ,
la ce pnys tombé. Dès les premiers
est
(jui correspond à celle de chambelkin, temps de la conquête, les Romains ou-

était une des hautes fonctions de la cour vrirent une voie de communication entre
de Byzance. La charge d*étériarque,qui les villes d'Apamée et de Cius. places
8*exprime en latin par comitum dux, maritimes assez importantes et rinlé-
appartenait aussi à un des grands offi- rieur du pays. Elle fut réparée par
ciers du palais. Le nom de Nicéphore, Kéron,qui lit trancher un rocher dont
inscrit .«^ur la principale porte de Téglise, leprolongement interceptait la route.
est probablement celui du fondateur; Ce rocherest connu des habitants sous
mais on a négligé d*inierire la date de le nom de Sari-Kaïa (la pierre jaune) ;
la construction. c'est un calcaire jurassique , jaunâtre à
On remarque dans l'éslise de Nicée la surface, mais gris à l'intérieur. Il se
un sarcophage très-précieux en pierre présente en plusieurs mamelons , et ap-
spéculaire, et dont la face antérieure partient è Vvsiï des contreforts des mon-
est décorée d'ornements dans le goiU tagnes qui encaissent le lac.
byzantin, d'une bonne exécution. Ce La base des collines est composée de
monument ne porte pas d'inscription. grès rouges, mais dans la partie su-
On peut supposer, d'après le caractère périeure on retrouve le calcaire juras*
de la sculpture, qu'il remonte au qua- sique avec ces roches abruptes qui smr-
trième siècle. En mettant des rierî;ps gissent du sol en formant des pilons
allumes dans l'intérieur, la pierre laisse aux flancs déchirés. Cette formation se
passer une lumière douce et uniforme, continue pendant trois heures de route,
et les ornements se déeoudent en noûr jusqu'à un vallon environné de rochers
sur le fond qui est plus edaifé. Cette (^ui s'avancent jusque dans le lac. C'est
pierre se tirait de Galatie. la que les travaux ont été les plus consi-
dérables.
VOIE BOMAIMB. Une inscription bilingue, tracée en
grands caractères , atteste que ces tra-
Eu sortant jpar la porte de Yeni vaux sont dus à l'empereur Kéron, qui
cbeber, et en smvaot la rive méridionile les fit faire la quatnème année de sa

Digitized by Google
ASIE MIHEUEE. 109

> tribmiltkiiii», ipar miéqiient •t 4* 85 de longueur en m Inllé dam


l aade J.-C.6ftmi69.Voici Mtte iM- un seul bloc de pierre calcaire. Sa
forme est celle d'un aedicule ; la fa-
çade se compose d'un fronton soutenu
CUiide , GU du difîs Gbude, petit
Keroo aai angles par deux pilastres d^ordre
tti Germaokits Gcwr, arnère petit-fils
de dorique, la corniche fit ornée de denti-
étli\>erv César Auguste, arrière- pelil-ûls du cules'. Dans l'intérieur sont taillées, a
ditio César Auguste , César Auç;uft(e Gernui- droite et à deux banquettes
gauche,
ucut, grand pontife , la quatrième aonée de pour déposer les corps. La forme et la
tapoisum c tribunilienne, empereur pùor dimension de ee mausolée ont déjà at-
UdruxicDU' fois, consul pour la troisième
tiré Tattcntion de quelques observa-
è fait réparer la route de Nicée à
teurs. Pococke a cru reconnaître sur
loi»,

AfMce,dêtnûie par le temps, par les mîm


l'une de ses faces une inscription hé-
de Catoi Jaiiui Aquila, prororateur impé-
braïque dont il n*3r ^ pas do testiges;
nà,
ear on ne peut prendre pour tels quel*
ques traits informes dus au caprice des
CHAPITRE XVII .
passants. T.cs alternatives des saisons
ont déjà contribué a la ruine de ce ino-
U rvaàlIIDB DK CASSIOS ASGLBPIO- numeot ; des fissures se sont ouvertes et
DOTOS. Tont fendu dans toute sa hautsur.
Il est certain que cette masse de
L« environs de Nicée, aujourd'hui pierre, qui présente un volume de près
presque déserts, étaieut certainement, de dix-huit mètres cubes, a été trans-
éuH les premiers siècles de notre ère, portée à cet endroit ; ear le sol sur
CMverts de nombreux viUages et da Mquel elle repose (>st de toute autre na-
MisoQs de cainpngne ; tout cein a dis* ture ; c'est un banc de schiste.
paru, ruiné par les sièges et les guerres La route de Bech tasch quille les
On ne reconnaît aucun vestige collines pour se diriger au milieu des
- - ^^vpvH».
ieliMCTopola. Il eiiste cependant au cultures de vignes et de mûriers; la vé>
BMift à quatre kilomètres de la ville, gétatfon est magnifique dans cette ré-
uo monument qui date du règne de. Tra- gion oomma dans tOOS les environs de
.fw. mérite ^
>iû et qui
, d'être
,V,». vu ; c'est la pvra-
V.
r.'
- Nicée.
aidede Cassius, connue dans le pays sous Bientôt on retrouve Ict montagnes,
Il SBQ de Bech taseb (les Cino pierres). mais arides et pelées. Un grand sounaa-
Où troofe foeilemeot a Nioéa des guides sament sur lequel on arrive par un es-
fà connaissent ce monument. calier de quatorze marches est entière-
La route suit d'abord les rives du Ijc ment taillé dans le roc; c'était sans
et &e rapproche des collines qui borneut doute l'emplacement de quelque petit
rhoriien du eôté du nord-est. Elles temple ou d*un autel de carrefour.
sout de formation jurassique, entre- En cet endroit la montagne est com-
coupées par les lits de schiste la roche ; posée de roches de inarbre blanc, mais
est uu calcaire gris blanc compacte et d'une quahté médiocre; il est imprégné
es peu erisulliu ; elle se présente en de paruenles cuivreuses qui forment
Mes non stratifiées, s^étevant en fa* des taises verdfltres. On arrive bientôt
presque verticales, (^est la ni^me
laises dans une grande plaine au milieu de
formation que l'on rencontre déjà à Ak laquelle est la pyramide, ou plutôt i'o-
Kraî et qui parait se prolonger sur belisque de Cassius. Ce monument est

tMte la ««^ .w.» do lac.
eote nord .w^. oonstmit «d ealeaire gris de la eontréc.
On a employé cette roche qui est II sa compose d*Hn soubassement carré,
presque aussi belle et plus dure que le couronné par une cornifhe, sur lequel
marbre dans presque tous les inonu- s'élève Tobélisque, de forme triangulaire;
neuls anciens de la ville. ce qui n'est pus d'un goût très-pur. La
A nac demi-heure de distance hors base porteune mouluredans lest^leatti*
te mars, sur les flanos de la colline, uue.L'obélisqueétaitcomposé de six blocs
» trouve un sarcophage antique de de pierre ; mais le couronnement est
grande dimension ; il a 2*^ 60 de large tomoé; il ne reste plus que cinq assises.

Digiti^oo by GoOglc
Vaàà pomniuoi les Turdi appelleiit m MB. La ehalne du sud, qui est oomois
BoniiBient Bech tasch la première ceinture d'un des plateaux
côté qui regarde le couchant est
Le de roivmpe, est couverte d'une végé-
parallèle à la face du piédestal , au- tation al)ondante et alpestre qui donne à
dessus de la plinthe de robélisque, on oetts région un aspect des plus liants.
Ut la eourtohiBeriptioii euivaiite : Leiae Aieenius, d*a|>rès les anciens géo>
graphes, appartenait à la Mysie et fîit
C.Ca^iu&,liU d'ÂsdépioUotU!», a vécu qua* ainsinommé de la région Ascania dont
Ire-vingMroif am. il faisait partie. Le t)Ourg d'Ascanie
était bAti sur les bords du lac dont Isi
Asclépiodote de Bithynie était eaux s*épanchaient dans la mer en for*
intime du poète \alprius Soranus qui mant le fleuve Ascnnius La contrée
vivait du ternes de Cicéron et de César. était aussi appelée Dulioiiide (1). La si-
Lorsque oe poète fiit mis en aeciisalioo« tuation et la raison d'être de ce lac soot
Asclépiodote lui ténaoignâ toujours le parfoltement indiquées par la natuie
même attachement; ses biens furent même du pays. La grande vallée cou-
confisqués et lui-même envoyé eu exil ; rant est et ouest et qui se termine à
Soranus fut condamné à uiort (I). Si Test par les montagnes de Ak serai (3),
l'on ejont» à la date de ces faits les deux chaînes parallèles au nord et as
<^uatre-vin^-trois ans de la vie de Cas- sud, et enfin à Touest une barrière de
sius,onarrive à la tin du premier siècle, collines peu élevées qui donne passagB
c*est-à-dire au temps où Pline était pré- au trop plein des eaux du lac.
teur de Bithynie. On est -donc à peu Toutes les eaux pluviales ne pour-
fffés certain de la date de. ce memir raient cependant sunire à l'entretien, i
ment. féraporation et à l'épanchement ds
cette nappe d*eau ; il faut de plus sup-
ciiAPiïR£ xvai, poser des sources souterraines qui en-
" • « . , » « •
tretiennent son niveau.
BOUTB DB mCÎB ClUS, «BIOt.VAn Ton examine bien la rive nerd, oa
LA BIVE SUD DU LAC. IiB JUIC ABOA.* vehra f)ue de ce côté les eaux tenosat
MIU6. PYXaOFOLlS à se retirer. Ce n'est que la conséquence
• s
des atterrissements formés par les
Nioée ae trouve en commanication eintes du mont Katerii. Les eau.v du
avec la mer par deoa routes, la pre- e sent trèMHMMiÉtres. ArislotesUri-
mière que nous avons indiquée plus bue cette particularité au nitre qu*ellii
haut (2) par Helénopolis et la vallée du tiennent en dissolution et non pas au
fleuve Draco, la seconde par ISiTive uie- sel marin (3). Les eaux du lac nourris-
ridionale du lac et le port de Gko ; c'est sent plusieurs espèces de poissons qoi
cette route que «MIS allons suîm. : nfrsont pas eneore étudiés; il y en a qoi
ont phis de soixante centimètres de lon-
LB JUAi2 ASGAIflUB.- •
gueur et qui ressemblent au sterlet:
mais il est très-difficile de s'en pro-
Lsa nraraHlea de Nicée-di» eété de curer; à peine peut-on trouver on bs*
Touest plongent dans les eaux mémefe teottsur le lae de llieée. Toute la partie
du lac, qui s'étend dans une direction d'histoire naturelle du lac, coquilles
moyenne de l'est a l'ouest, et dont le mollusques et poissons, est encore a
grand axe a environ viu^t-deux kilomè- étudier.
tMB de lonsueor.) tandis, que le petit exe Peu de plantes aquatiaoes woiswrt
nord et sud n^en e pas plus dedix. Il est sur sa bords , qui sont néanmoins fre-
encaissé entre deux chaînes de monta- âuentés par de nombreuses troupes
Î^nes; celle du nord^ qui n'est autre que 'oiseaux, parmi lesquels on remarque
e mont Arganthonius, aujourd'hui Ka>
tnrli dagh, offre des Ugnesisasi unifar» (i^ Slrabon.XlV, 68 x j XII, 564. HC^èw,
ËLf b. Ma, a. 79».
(
i) Tarît., ÂnnaL, XVï; ch. SJ. (a) Voy. pl. haut.

(3) Affittotok d$ Mira^., cb. 54.

Digitized by Googlc
ASIE m IfiURE. 111*

iesberons, lescigognes et les pélicans deb eaux stagnaiileB. IMiMtlinM'IlNig


sppeles par let Tints Sttka Ktmek parcours à peine traverse-t-oû'qnetques
TOiseau porteord*eau). Un grand nom- ruisseaux qui portent au Inc un maigre
bre d'echassiers, Tavocette, la spatule tribut. Bientôt cependant on rencontre
pffnnpnl leurs ébats sur la plage, sans un cours d'eau qui va se jeter dans l'an-
s'effrayer de la présence de l'homme eien fleuve Ateanius, qui sana eesup»
fiksiltee jouir en paix de cette na- pléroent courrait risque d'être à sëonne
tmsaovsge. La végétation des collines partie de l'année; en effet, d'après les
n'fst pas moins intéressante que la renseignements fournis pnr les bubi-
faune; les arbres des pays méridionaux, tants, le fleuve qui son du lac, autre-
larbousier, le myrte, le laurier, attfl- ment dit la rivière de décharge, ne
peat des propoittons ineonnucs dam coule qu*à certaines époques, environ
nos contrées. L*agnas castus, arbuste six mois de l'nnnéc, quand les pluies
jadis consacré à Junon , commence a ont exhausse la surface du lac. Cela se
faire son apparition ; il couvre des ré- conçoit vu ia rareté des ufûueots qui sont
fions entières dans le sud ctdaMVouest sur la rive siid.
de h pronoee. Sa
petite fleur bleue et On Ta vu rester à sec pendant plus
(Tune odeur de poivre sert à purifier d'une année. Voilà pourquoi il n'y a pas
l'atmosphère ; les anciens lui donnaient de moulins sur .ses bords quoique son
k nom d'ngnus castus, parce (qu'ils cours soit assez nipide.
cisraicot que ses petit» fruits,pns en Ces deux eoora d*eau peuvent être
infôsioo, eatreieoBteot la éhastatié. Lee facilement identifiés avec leurs an-
brancbei servaient poor fouetter tes en- ciennes dénominations. La rivière du lac
fants. est sans aucun doute le lleuve Asca-
de temps a autre de
On traverse Dius et l'autre serait le fleuve Cius, ce
mies plantatiotie de mûriers et (To* qui donnerait ralaan à PIfne (1) qui
vnm; ylus loin c'est un vallon planté fait des fleuves Cius et Atcanina deui
en feote fûlaie de chîitaiizniers et de eoura d'eau diliftrent&r"
pbtanes-, les sentiers serpentent sous les
irbm. ' P\TH0P0L1S,
Mn Ici tllla|[^ ne perainent pas;
iis »Mit situés loin de la route et à rni- C'est dans cette région d'Ascanie
fôle; c'est tout le contraire de l'Eu- qu'il faut placer la ville de Pythopolis,
rope où les habitations se rappro- fondre par Thésée; mafe il est difficile
oent le plus possible des voies fré- d'en déterminer la position à moins
^Hneci. qitfon ne la mMte mit TemplacèmeM
Le he paraît encaissé dans un bassin même de IVicée qui tt'eiiistait pas en-
i^pondinsue dont les couches, peu in- core. Si Ton s'en rapporte à Plular-
clinées, plongent sous les eaux. Avec que (2), qui emprunte ce fait à Méné-
eiosd'attenUou on pourrait se croire crate, historien de ?iicée, Pythopolisau-
sor la trace de quelque voie romaine; luH été fondée par Thésée dans le tnl'^
T'était en effet la ligne qu'elle suivait. sinage do lac Ascanius daUs les circons-
Les montacnes s'avancent peu à peu tances suivantes Soloïs, amideThésée,
:

juqu'au bord du lac ; c'est la que des s'et;int jeté dans la rivière voisine par
man furent exéctités par ordre de suite d'un désespoir amoureux, Thâée
nayerenr Néron pour ouvrir uii pas- désespéré donnaatr fleuve le nom de Sd-
la roche est dure et compacte lofa; e*est le fleuve Ascanius. De plus,
tomme dans les montagnes de l'est. pour obéir aux conseils de la Pythie, il
Après vingt kilomètres de route, la fondaen cet endroit une ville cju'il nom-
Mie qui encaisse le Hie s>n éloigne ; ma Pvlhopolis. D'après ce récit il feiu^
in eaux ont moins de profondeur et drait Chercher cette ville dans te 'ivial'
^mmencent laisser croître des joncs et
i\
nage du lac. Pline (S) ta met an noiuteu
«i'autres plant<*s aquatiques. Le terrain

uQi et marécageux ; mais comme le


<'!>t
(1) Liv. V, ch. 3a.
>o( eit eompnaé. diin lable fin, la route (a) PKitarqiie» ét TMêSê,
otCMore pratîeaUe aaéma au aiiOieu *»
(3)y,3«.

Digitized by Google
119 LUKIVERS.
des villes détruites. « Les de Py-
villes Cependant le nom de Cius subsista
thopoiis, Partiiénopoiis, et Coryphante toujours, et l'on peut dire que c'est celui
unt péri. » Od doit en conclure que cette qui a prévalu ; car le nom moderne de ia
ville et celle que
les historiens byzan- ville oue les Grecs appellent Ghio n*est
tins nomment Pythia sont deux places que raltération de ancien nom Kioe.
l

tout à fait différentes. Nous pnrlerons Les croisés, qui avaient fait de ce port
de cette dernière au sujet des bains de leur principal point de débarquement
Broussa. en Asie, lui donnaient le nom de Civiiot,
Étienne deByzaiioe, qui mentionDe et pour compléter la multitude de noms
les deux places (1) , Tlierma et Pytho- que cette petite ville a reçus depuis l'an-
polis, en fait deux villes différentes, tiquité, les Turcs l'appellent Guemlek,
puisqu'il place cette (iernière dans la My- ce qui veut dire cliemise, parce que c'est
sie. Ce canton appartint en effet primi- de cette ville que viennent par transit les
tivement à la Mysie. chemises de soie que l'on fabrique i
Broussa.
CHAPITRE XIX. La position de la mo lerne Cius est
des plus heureuses ; le beau golfe de
Cl us, GMIO. Moudania développe ses Ilots bleus
devant les maisons bâties en amphi-
La de Ghio, rancleniie
petite ville théâtre, et derrière la ville s'élève le
Cius, est située au bord de la mer sur mont Arganthonius, célèbre dans l'anti-
le revers oriental d'une colline dépen- uité par la fable du jeune Hylns, favori
dant du mont Katerli; elle n'occupe 'Hercule, qui, au moment uu ia ilotie
« qu'une très-petite partie dhs la ville an- dce Amnautes mouillée dam le
était
tique; Taucien port est aujourd'hui port, descendit à terre pour puiser de
comblé et converti en jardins ; mais le l'eau et fut enlevé par les nymphes.

f)ort moderne offre un excellent mouil- Nous avons rapporte la tradition con-
ageet contient un arsenal où l'ou cons- servée par Apollodore qui attribue à
truit de grands navires. Polyphème la fondation de Cius; celle
Cius est une des plus anciennes villes de Slrabon est différente; c'est l'Argo-
de la contrée, puisqu'elle passe pour naute Cius , autre compagnon de Jason,
avoir été fondée par Cius, l'un des Ar- oui, revenant de la Colchide, s'arrêta
gonautes à son retour de Colchide (2). dans ce port et fonda la ville à laquelle
Cette ville, placée à rentrée d'un golfe il a donné aon nom (t). Les Grecs ai-
bien abrité, en communication avec le maient beaucoup cette fable d'Hylas (2),
lac Ascanius par la rivière du même et le souvenir de cet événement se per-
nom , devint uientôt un lieu d'entrepôt t)étua parmi les habitants de Cius, ouï
considérable , attira dans son sein de nstituèrent une Ifte nocturne appelée
nombreux colons grecs. C'est pour cette Oribasie, pendant laquelle on courait
raison qu'elle fut aussi regardée comme par la montagne en portant des flam-
une colonie des INIilésiens. On connaît beaux et en appelant Hylas.
peu de chose de Thistoire ancienne de Le nom d'Uylas fut donné à la source
Cins qui paraît n'avoir jamais été qu'une et au ruisseau près duquel on suppose
place de commerce. Philippe, fils de Dé- qoeleJeuneAigooaute avait disparu. Ce
métrins, après avoir détruit Cius et Myr- cours d'eau, qui est qualifie lleuvc par
lén, ville voisine, les donna toutes deux à la plupart des géographes anciens, est
Prusias, ûls de Zelas oui rebâtit la ville encore ignoré aujourd'hui (3).
et loi donna le nom oe Pmse. Pour la Le mont Arganthonius qui domine la
distinguer de celle qui existait au pied ville fut ainsi appelé d'Arganthonis,
de l'Olympe, on l'appela Pruse sur mer femme de Rhésus (4) ; c'est une niontâ>
Prusa ad mare. habitants de Pru- gne, boisée et découpée par de longues
siade vécurent en paix avec les Romains
et en reçurent quelques privilèges. (i) Strab., XH, loc. cit.
(a) Virg., Ed., 6.
(i) Et. V,M., V. TherflM,F:ylhopolit. (3) Pline, V, 3î. Strab., loe.eil«
(s) Sirab., XII, 5(>). (4) £t. Bys., ArgmaltOÊUÊ»

Digitized by Google
ASIE MUiEUaE. tu
«altet tfiÊ&Êké le ÏOBjg 4% la Pkk
fà •OOn M «810 A BlOUitA.
i^intiik. La rivière de Ghio forme uoe

hgat de séparation bien Ir.mchée entre La route de Ghio à Broussa se dirige


les deux natures de roches qui consti- droit vers le sud ; du moment qu'on a
tuent œs montagnes ; celle qui domine passé la rivière, ou commence à monter
k fille de GhIo offre de nombreux gl» et Ton nequitte plus le pays monta»
KiDfQts de serpentine et de marbre gneux. route est belle et très-prati-
cipolio dout ou faisait des colonnes. cable, parce quVlle est fréquentée par
Les restes d*anii({uité les plus re- les chars qui portent des bois de l'O-
marquables dans rancienne Cuis sont lympe à Tarsenal de Ghio. Le transport
kt murailles, qui datent oertainement se fait au moyen d^attelages de qna*
de la fondation de la première ville; torze à seize bœufs; lorsqu'on emploie
elles l'etendent depuis l'jcropole où , les buffles on n'en met que six. Ces
e^t aujourd liut la de*i eure de VanUa
,
animaux sont en Asie beaucoup plus
ju<qir.i h ba<s«» %llle; leur construction grands et plus forts qu'en Itdie ; leurs
en blr>cs assemblés à joints irrëguliers cornes sont un objet de commerce eon-
dans le s'yle pélas;;ique est des plus sidérabie à 0)Mstantinople.
rtmarqu.ibles. Les duneusious de clin- Sur toute cette partie de la route, la
que pierre ne dépassent pas un mètre nature est tout a lait a l'état sauvage.
cmé; la fiice de la pierre est à bossai^e On franchit des collines rocheuses cou*
«la joints sont régulièrement aplanis vertes de végétation. A. dix kilomètres
m nsenu. environ de la ville, on descend dans un
Od observer que cet appa-
doit fair«* vallon qui était autrefois coupé par une
reil pas une condition de très-
seul n'est énorme muraille d'appareil pelasgii|ue ;
baie antiquité , car II a été pratiqué le milieu a été démoli pour faire passer
w les Romains ; mais de leur temps la route; cette muraille se prolonge à
liolerieur du mur était rempli en blo- droite et à gauche jusqu'au sommet de
eaee uni avec du mortier; t.uidis rjne chaîne colline; elle e>t bAiie eu pier-
daosU haute antiquité il ny a jamais res de grande dunension assemblées a
deiMrtieremployé dans la eonstruetion joints irréguliers, et porte tout le cachet
des murailles. Pour nous conformer à d'une haute autîquilè. Placée ainsi loin
l'eipresMon reçue, nous appellerons pé- de toute ville, ou ne peut (jue supposer
^sttiijues les constructions à joints irré- qu'elle a été élevée pour séparer deux
isbnquenous aurons a décrire, mais peuplades, peuC-élre le> Doliones et les
tm attacher à cette expression une Mysi. Ces murs frontières, /inex ou cio-
a itre idée que celle de ta forme des iùrx, sont assez dans les habitudes de
pierres et non pas d'antiquité ces temps, et la muraille qui existe en
Les monuments romains sont presque cet endroit ne parait pas avoir eu
Hm détruits. Cest ce qui a
lieu dans d*autre destination. Il serait intéressant
tMtes les villes qui ont conservé leur de savoir où sont les points d*attaehe;
POjMjlation. Mais les fouillos faites pour peut être en suivant son parcours se-
h (.mstriirtion des in.iisnns mettent rait-on conduit à quelque découverte.
souvent à découvert des fra>(mi nts d'ar- Après avoir franchi un second col, on
dMeeturt. On a retrouvé dans un desa nd dans la vallée du Nlloufer, que
jardio en dehors de la ville moderne Ton passe sur un pont de bois. Les
lemplaeement d'un temple dont U s souunets de l'Olympe se développent à
lonues entières mais couchées sur le la vue dans toute leur m;ijesté; le p iy-
toi MjiU en marbre cinoliu ; elles ont sage de Broussa, vu du côté du nord,
I^M de longueur; les enapiteaux corin- est des plus magnifiques qu'on poisse
Hmqs sont en marbre blanc. Malheu* imaginer.
fe«se«nent les habitants s'empressent
d'utiliser dans leurs constructions tous
hs fraj^nts d'architecture qu'ils ren-
ROUTE DE MOUDANIA A BROlfSSA*
APAMEA MYRLEA.
Mifent Voilà pourquoi les iuscriptioas
loatiifraà (Sm.
Myrlea était située au fond du golfe
da mémê nom et à peu de distance à
•* iÀmUson. (Ana Mikbojul) II. •

Digitized by Google
114 tniNIVERS.
de dus; (^Àaït une Colonie de
l'ouest sous celui de Seguino comme eelai ds
Colo|ihon qui prospéra pendant quel- Moudania sous celui de Montagnac.
ques iiiuiées comme indépendante.
ville On trouve à Moud;inia une maison
Mais elle fut prise et détruite par Phi- de poste assez mal administrée, ou ou 1

lippe, roi de Macédoine, fils de Dénié- peut prendre des ehevaux poor se rendre
trius, père de Persée, et qui donna son a Broussa; la route n*e>t que de vingt
terrnoire à Prusias, roi de Bitliynie, son kilomètres. On commence à monter
Éendre. Cepriucelartjtablitetiuidouu^ 9U milieu des jardins qui bordent ta
I n(Nn,d*A iiaméet sa tome. edte ; le pays n*est pas tMs-aeeidenté, et
Myrléa prit sou oom de Myrlus« chef quoique la terre paraisse propre à toûfe
de ta colonie des Colophonîens ; enfin sorte de culture, le pays est a peu pr^s
Étieaue de By2ance.(l} dit que c'était désert et la terre en friche. £q desi-en-
Je nom d*une' aniaz()nf l^.n^iin d*A- 'dant la dernière eolline, on wenté tu
^mt^e fut le seul qiu subsista pendant bord de la rivière Ifiloufer, qai sépare
Ja p< iode romaine.
I la plaine de Broussa des terres
Les haiiitaoïs conservèrent le droit Apameens.
d*admiui$tjrer leur$, affaires (*i);d<ins La rivière Niloufer, qo! tUverse ta
qvelques eireDnstitnces seulement ils I|B plaine de Broussa , prend sa source s^
reineltaienS entre}. içmiains 4u .procoA- le versant est de POlympe et entoure
sul. comme d'une ceinture tout le pied de la
La viUe de Moudania , qui Qccupe
.
montagne, recevant tous les cours d'eau
remplaeement de l'ancienne Aparoee, qui en descendent, et notamment tè
est située au bord de Ja mer. Ses mai- uceuk déré, qui est le plus considéra-
sons hlancliês s'élèvent sur le peiu'liant ble(l).Le cours de celte rivière est très-
d une coliiue et sont entourées de jar^ encaissé et souvent daQf;erçux; elle va
dina d*olivifnet de vignes. On ne t^QUT^ se jeter dans le Rliyndacus, a hait kfto-
aucun vestige d*antiquité , et Tancien metret au-dessus de son embouchure en
port pst roinplélemt nt détruit. Mouda- lougeant au sud le lac Apollonias. Nous
nia est le principal point de débarque- ne connaissons le nom de cette rivière
m -lit des navires qui font le transit qu*à partir du quatorzième âècle, et
entre Broussa et Constantinople; il est nousensommesféduitsauxoonjectures
préféré à celui de Chio parce que la sur son nom aiu icn. Cependant les
route ((•i conduit à Broussa ejtt pLi^s géoi^raphes modernes sont assez d'ac-
praticable. *
cord pour Tidentitier avec le fleuve
Les principales ressources de Mou- Odryssès, d'après ce passage de Sira-
dania consistent eu huile, blés et fruits; bon (2) tiré d'IIccatée. « Après la ville
il n'y a aucune industrie. d'Alazia est le fleuve O lrysses. Il vient
Les bâtiments mouillent pour ajnsi de roccident, du tac Duscylitis, traverse
dire en pleine «ôte; le. golfe,. q;ui fqt la plaine de Mygdohie et. va se Jet^
aueoessivenient appelé de Cius , de iSlyr- dans le Bhyndai-us. •
Icn, portail dans le moyen .^;ie le nom De tout 'ce passage le Niloufer ne
de golfe de Polimeur; il est dit liai e de remplit réellement, qu'une seule con-
savoir pourquoi, car aucune ville de ce dition, 6*eit de se Jeter dans le Rtaya-
om n'a jamais existé. dae«s. « Il vient de.roeeldent » est
T^n peu à l'ouest de Moudania, sur . *
se trouve le village de Siki (des
(r)U WleNilo»fer,f..mme(low^^
la côte , ^
0.r„.«
figues), ains» nommé à cause des nom- ^.^ «.''•^l*' f^"*»»*'^'^

Whiscs plantai oi s de
tourent. C était jadis
^^^
une
W
I eI^

petite ville
j„ ^,„.„ j'
^ ..^^^ j^^^.
^«,o^iJ,,.|^rtAd»f.iMÎë.M b—S.
avec une église grecque dediee a saint .
f,„ j^,„„^ j
j.r

Michel. Près du rivage est une belle de


k.i soinviiir «
manaRf les c«cu|uiKnottt
,

source qui arrose quelques jardins. Sur d Osinau donnèrent k oom de m»mkr (Né-
les cartes anciehnes ce noAi est déilgiiré nupinr) m
peUi qai 4fwem I» pfoioc
de Broutât» et ion BOBi byianlM e^ mie
*' ignoré.
(0 V. M>Tlu:a.
(a; Pline, /.^/(., Uv. XLVf.' '
* " (a) Slr.b., XU, 5ft«.
i jr Çmh" , w

Oigitized by Googl(
ASIE MINEURE. 115

m npres.«îonvague qui n'est que ré- de cette ville à cinq cent cinquante ans
iitm; mais surtout il ue sort pas du environ avant nmère. Ce ioeument a
iKDisevIitis Duisquil descend de TO- été conteafè'noDrlBDl raison par tous les
haipe. Cependant comme aucun cours écrivains modernes qni ont traité celle
Cba Dotabie ne vient dans ces parages question. Il est ainsi conçu. « I,a ville
leîflerdansie Hhyndarus, louten con- de Prusa, située au-dessous de l'Olympe
passade de Strabon conotM
sideraat le "en Mysie, aut* frontières de oelte contrée
rueiaet.OD s'est accordé pour donner ^dela Phrygie a été ftadée par Pru-
Doni d'Odrysscs va Niloufer d*aii- sias, qui lit la ^nerrp contre Crcsus.
joQrd hui. C'est une ville bien gouvernée f^lienne >-

ïious traiterons cette question plus (le Bvzance attribue la fondation de


» détail eu parlant du lac Da^cylitls. Prusa'à un r6i *du Même nom qui fut
contemporain de Cyrus , ce qui ne di-
CHAPITRE XX. minuerait en rien l'antiquité de la ville
de Pruse.
B&OLSSA. PBUSA. AD OLYMPUM. Pline lui assigne une autre origine,
^hm cet écrivain, elle flif fondée par
hmt BOMAttiE. Nooft ne saurions Annibal, lorsque, vaincu et fugitif, ea
iWOTer dans les anciens vestiges de Fa général se retira à la cour de Prusias.
lie de Broussa aucun monument qui l,a fondation de Prusa ne remonterait,
0016 permette de
^iuppieer aux lacunes selon cette tradition, qu'à deux cent
que présente rbîstoire de la eoptfale de 'cinquante ans environ avant ilotra ère»
iiBith]rme.Prérisement pareeque cette Nous pouvons avoir une Idée de Vaii*
*iil€ arriva,pendant la période du cienne capitale de la Bitlivnie en voyant
moytn 3ge, à un haut degré de splen- l'enceinte du château de Broussa, qui
deur et développement, les édinces
de occui:e évidemment l'emplacement de
«H fOttvaitfiit siiDbister^a cette époque l'ancienne ville
Nueai daîifiu pour .faire place à dçs On choisissait alors peur établir une
wDslruclions nouvelles Pour l'histoire ville un lieu élevé et d'un •
facile dé-
de ij/Hicnne ville, nous en sommes fense; s'il dominé de loin par
était
dûfii- leduiu a nous en rapporter aux quelque hauteur, on s'en in(]uiétait peu,
NailiMu mcntioQS qu^ep. ront deux qu les projectiles d'alors n'ayant quune
trois écrivains romains. portée irès-limitée L'antique Prusa
L'assielte de celte ville sur le pen- était de forme rarrée et abondamment
diao(<lu niontOlvmpe, dominant une pourvue dVau.v excellentes, tlle ne jouit
<9te plaine et côtnmandant d'impqr* ,pas longteinp<i Vie son autonomie car ,

Miuli^ aoiTHne ceiies du Uhyy- lorsque Lucullus eut battu Mithridate à


éoseidu Macestus devait lui donner
, Cyzique , Prusa fut assiés» et prise par
«M importance qui n'a été comprisp Triarius. Klle devmt pos^ession ro-
qi'au inoinent ou les tribus tifr^ues maine , et dans rorganisation des pro-
iMt «mues attaquer. l'empire byzi^i^. ^nces,'elle' Ait soumise à la Juridiction
période ronaine, faDcienoe
PeQd.int la de Nicôfiiédie. L'influence de Prusa sur
PfUMjoiia toujours un rôle secondaire; les affaires de Biiliynie était si peu im-
f^Mlledf (iyzique était alors le poipl portante que Tilc Live n'eu fait pas
lukiiuire le plus Aiiip<Y(AUt d^e la cou- même mention dans la campagne de
^l^aëliiis Iftbntre les Gaulois. Sous le
Us mis de Bithynie du nom de rl^he'de 'l'nijah, Prusa jouissait encore
fTiisias fondèrent da is différentes ré- d'une apparence de droits muniripaux;
ions de leurs Étals trois villes, aux- elle était en possession «l'un sénat dont
•iuelits ib duQiierent leur nom. Prusa, les décisions, si l'un en juge par la letlre

ttnmtaié ad olympum^ fut, selon de Pline le leone à Trajan (1), étaient


s riboo
(1), fondée par un roi du nom subordonnéés à celles du gouverneor
<1' Prusias, qui fut contemporain de romain.
tJCHis; ce qui ferait remonter ^'origine Pendant le régne de cet empereur,

XII , 564. (0 X. ss.

Digitized by Google
116 L'UNIVERS
Pnisa parntt avoir atteint le plus haut sion , h condition toutefois que le ter-
degré <ie prospérité, gr/ice à la bonne rain n'ait pas reçu la cunsécral.oa re*
odutinUtration du gouverneur de la ligieuse à lai|uelle il était destiné.
Province, qui n'était autre que Pline le Il résulte de cette correspondance
Jeune. Il étnit asNisté dans rexécution qu'il n'est nullement question des eaus
fi
-
SCS grands projets par Nymphydius thermales , dont les sources sortent de
iUiiu:> le priniipilaire (1), son ami et son terre assez loin de la ville 11 faut arriver
aneien compagnon (Tarmca. Tous les à répoque byzantine pour en trottverla
soins du gouverneur, après avoir ré^Ié première mctttioii dana les écrivaini an-
les affaires d'administration et de 11' ciens.
nance, avaient pour but de faire cons- Il ressort des lettres de Pline, que la
truire des élifiees somptueux et d*utilité ville de Prusa était décorée de tous les
publique. Nous avons au sujet d'un bain monuments qu*on retrouve habituelle-
con>truit à Prusa une suite de lettres ment dans les ruines des villes romaines
lutere^ntes de Pline à Trajau, qui peu- d'Asie, un gymnase, des Uiermes , un '

vent dooner une idée des préeautiont agora, et des portiques publics. Par !

irises par le gouvernement au sujet de une autre lettre (i) nous apprenons que
'

i
a ronsiruetiou des édifices municipaux. la ville possédait une bibliuthèq' e '

« Les Prusieos, écrit PlineàTraj.m, renfermant la statue de Trajan, pljcée !

ont un bain vieux et en mauvais état. probablement au milieu d'un portique.


Ils voudraieut le rétablir* si vous le per- A partir de cette époque, il existe une |

mettez. Je crois, nprès examen, «|U*il est In eu ne de six cents ans dans i'histoira
nécessiiire d'en wnslruire un nouveau , de iiroussa.
et il me semble que vous pouvez leur
accorder leur demande. Les fonds • FVTUIA.
pour le construire se coniposernn» d'a-
,

bord ;(les .sommes qu.* j'ai obligé les


particuliers à restituer, et puis de l'ar- Si les eaux thermales paraissent avoir
été négligées par les Honiains, elles at-
|(ent qu'ils avaient coutume d'employer
tirèrent l'attention des souverains de
a rhuile du bain, et qu'ils ont résolu
de consacrera la construction. C'est ce Bvziuice, et une petite ville du nom de
Î|ue, d'ailleurs, sembleut demander, et
Pythie fut fondée dana leur voisinaaa
immédiat. Cest au village de Tcbélur
. a beauté de la ville, et la splendeur de

votre rèune.Trajanactorda la permission guéh qu'il faudrait placer l'ancienne


de rebâtir le bain, pourvu que cet ou- Pythia. Étienne de Byzaoce en fait
vrage n'imposât aucune charge nouvelle mention en perlant des eaux ehandn
de l*Asie en même tempe que de Do-
aux liabitanis. Dans une autre lettre (9)
Pline annonce à l'empereur qu'il a choisi
rylée (2). « Il y a également un The ma
pour rel)i\tir l'ancien bain l'einplace- en Bitliyuie qu on ap) elle aussi Pyliiia ;
oieut d'une mai on qui a^ait été léguée ce M>nt les bains royaux de Prate. »
à Tempert ur Clau le dans le but de Prueope mentionne en ces termes la
ville de Pythia sans dire quelle était
construire à cet empereur un temple
sa position à l'égard de PruNa « Dans
eiixin iino de porinp^cs Ce monument
:

n'.iyjiiit p.is tté ven té, Pline écrit à


i
un endroit de la Bithynie aui s*appelle
Tnijuii : • Si vous «laigiitz, seigneur, ou Pythia, il y a des sources d eau chaiide
dT.nl plusieurs personnes et principale-
donner la maison ou la faire vendre
aux Prusiens, s en seront reconnais-
i
ment les liahii.ii.ts de (^unstantiiiuple
tirent uu notable soulagement dansleurs
sants. Je me propose de construire le
bain sut le même terraiu , et de l'eu- maladies. Jnstinien a laissé en cet endroit
des marques d*une m.ignincenc«? to<^
tourer de portiques et d>xèdres ou de
royale en y faisant bdtir un superbe pa-
sièges. Cet ouvrage sera par sa magni-
,

lais et uu bain pour l'usage du public;


ficence, digne de In splendeur de votre
régne. «Trajan accorde eoUu la permit»* de plos il y a nit oonduice pariin ca*

(0 «©. (i) X, 85.


(a'V.Tbma.

Digitized by Google
ASIE MUIEimS. 117

ml (ks etux fraîches afin de tempérer la ^ire, lesprinces de la dpastie seld-


ehaktfdn antres. » jookide avaient envahi plusieurs pro*
Do t^nps de Constaotin Porphyro- vinces de l'empire grec. Taj-hrul bey,
péofte Prthia avnii pris le nom de So- pelit-lils de Seidjouk, contracta une al-
teropohs du Sauveur).
la ville liance avec le calife successeur de iM;di-
Z<mare, c*est là (|ue Constan-
SeloQ moud le Cbaznévide, et mourut en
tin «t tombé malade : il ae fit trans- laia«ant le pouvoir è son neveu *Alp
porter diaa sa ville d*Aiieyron, où il Arsian, qui, le premier, étendit au delà
de l'Kuphrate la renommée des tribus
I>»s sou verni ns romme les pntririens turcomanes.
^ Byzaocf continuèrent dans la &uile LVmpereur Romain Diogène régnait
defrequeoter les eaux tliermales« et ces à Byzance, lorsque les Turcs se rué-
^(n^lft étaient pour eux roccasion de rent pour la première fois sur les villes
df!)icvprtfMii le luxe de leurs é(}uipa^es. de l'Asie IMinenre. Césarep fut prise et
Theodora, t'emiiH» de Jtis-
Ij:î)[>f>r.itri('<' pillée, et Tavant-L'arde des futurs pos-
tiQi^a, allâ, en i*annee â25, prendre les sesseurs du Bospbnre s'a%ança jusqu'ju
east daudes de Pnise avec une suite mont Olympe. Seifed Dewiet, prince
il qiatre mille serviteurs. de In dynastie d*- liamadan, assiégea
Broussnen 924, par capitul.irion,
la prit

laOUSSA BYZANTINE. et la lit dén)aiiteler. mais non pas raser


entièrement ; car plusieurs tours et une
Mai< les années s'écoulaient. .\u luxe grande partie des murailles fiorieot le
« a l'irul K'ive des Byzantins devait caractère d'une époque antérieure.
bifntôi succéder le bruil des armes, les Une beiireuse expédition, entreprise
une nation dédaignée et
de guerre; pendant le règne d Alexis Comneneen
presque ignorée de 8i*8 maîtres sup^rbea fOur, amena de nouveau lea musul-
3uit vu naiire un homme qui devait mans sous les murs de Brousse «qui
changer la l'jce de l'Asie romaine. fut prise et pillée; mais les musulmans
Maliomel, v,-jini|iieur des empereurs se retirèrent de nouveau.
fcyantios eo Arabie et sur TEuphrate, Lorsque les Ixitins se lurent emparés
avariiéoglé a tant de tribus insoumises de Constantiiiople , les princes hyzan*
l"*
de leur force. Chaaue ville prise tins, pour repous.ser ces nouveaux en-
''f3if
occasion du
pour ses guerriers I nemis, n'bésitérent pas à faire -dliance
P3rta:c d'un hulin considérable.
Il n'en avec les princes musulmans Théodore
wllait pas d.ivantage pour appeler au- Lascaris, des|)ote de Uomanie, s'etant
tMrdu ocuveau prophète toutes ces liéavec le sultan d*Icomum, s'empara
peuplades dis-éminées dans les steppes de Broussa, qui fut en vain assiégée par
«1^ l'As-e Aux Arabes (]ui
nnlerieiire. les Latins.
rosriioene et la iMësopo.
ataieutravajïe Le cb.lteau, qui passait alors pour
^ni nccédèrent les tribus turques, une place imprenable résista à toutes
"Mt le nom était à peine connu des les attatiues, et la place resta entre les
Bwntins (rest alors que commença mains aes Grecs jusqu'à la paix en
'e iuelde trois siècles qui devnit finir 1214.
par I
anéantissement de l'empire de By- La mollesse que les h;ibitaiit.s avaient
montrée dans leur défense contre les
musulmans excita la colère de IVm-
CUAPITRËXXI. pereur Andronic. Il punit les principaux
habitants en livrant leurs biens an pil-
IRTASIOIf MUSULMANE. lage, et lit périr ou exiler un grand nom-

bre d*eotre eux. Cest par ces moyens


l>ans la d'événements qui s'ac-
série violents qu'il se maintint a BfAUSsa Jus-
««plirenl pendant la période du qu'à ce qu'il eût reconquis son empire
wifBic au quinzième siècle, nous
ne sur les Laiins.
'ntniionnerons que ceux qui se ratta-
Pious sommes arrivés aux derniers
^ne»i directement h rhistoire de jours de la Prosa byzantine. Les musul-
Dès le tffoisièmaaièela de rhé- mans vainqueurs voot régner en mat*

Digitizeu by LiOOgle

df la (.-outrée,
1res sur la plus belle ville autre inQoaatèrp auq^. il, donna ion

et en faire base de leurs attaques


la nom.
contre des Byzantins.
la capitale Orkhan, une fois maître du trânf,

Vera Tan 1800, Ertbogrul laissa le songea à poursuivre ses conquêtes; r*est
gouvernement entre les mains de son la campagne contre
alors qu'il entreprit
nfs Osman, qui ne perdit pas de vue les Nicée et Nicomedie. Son zèle relif;ieu]i
gravides destinées de sa race. A peine s'accroissant en proportion de ses vic-
eut-il mis ses troupes en état d^entre- toires, il ordonna la construetiOD
prendre de nouvelles expéditions, qu*il plusieurs mosquées, et appela daos son
reprit avec \ii;ueur le siège de la ville nouvel État des artistes persans qulia-
( 1307 ). Deux de ses généraux, Ak Ti- troduisirent n Brouss.j la fabrication des
mour^ qui était le propre neveu du sul- faïences émaillées. A la mort du sultan,
tan, et Balabao, reçurent Tordre d*é- son corps fut déposé dans iachapellefih
lever deui forts dans la plaine pour In» nèbre où reposait son père ; la voûte, dé-
tercepter les communications de In place corée de laines d'arg' iit, était d«^si:iiél
;»v^c la mer. Ak Timour établit le sien sous le nom de Guinu^chli Koubl é.
du côté des bains, ce^t-à-dire vers Mourad l"", successeur d Orklidu, fut
l*ouest; Balahan occupa les bords de te déclaré f^ultan en 1S60. Ilsemonuaaiifli
rivière Fiiloufer, qui coule dans la plaine. zélé que ait prédéceneun i élever à»
Pendant prés de dix années, les garni- monuments publics.
rions de ces torts se bornèrent à inter- Le palais qu'il fit construire sur la

cepter tout connnerce entre la ville et colline qui domine la plaine de Broustt
la mer, jusqu'à ce qu*eDfin Osman, dé- est aujourd'hui complètement niai.
tenant vieux , résolut de diriger toutes Mais au milieu des décombre» ou pcat
tes forces contre Brousse. encore reconnaître les dispositions pr»»
Il s'empara en 13 7 delà ville d'É-
1 iiiieres.Les habitations n'étaient Ml
drenos, la démantela, et alla placer soq groupées en un seul corps de Mt»*
eamp à Bounar baehi, en resserrant la ments ; e*éuît une suite de kiosks plus
ligne du blocus. ou moins étendus disséminés dans des
Le commandant de la ville se pré- jardins, palais du sultan Selim a
f>arait à une vieonretise resistiince Andruuiple est disposé de la même ma-
orsque remi»ereur AnUroiiic lui envoya nière, et lorsqu'on visite le palainbi
Tordre de capituler. Il obtint un sauf* sehah de Perse à Téhéran et a Ispahaa,
conduit pour les iiabitants, qui se ren- on ne |)eut sVmpécher d'établir une
dirent à Gliio, une autre Prusa, qui de- comparaison avec l'ensemble du palais
vait aussi devenir la proie des musul- de Darius a Persépolis, et de conclure
mans. que, chez les mooarnues d*OrieBt, Il
Osman, le fondateur de la dynastie coutume d*avoir des habitatioos clair-
des Osmanlis, ne jouit pas longtemps semées dans des jardins est restée la
du fruit de sa victoire; il mourut en np- m^me depuis l'antiquité De somp-
prenant l'entrée de son fils Orkhan tueux jardins arroses d'eaux couraut^s
dans les murs de Brussa en 1826. Le dont il ne reste plus que les rigoles 0»-
corps du premier sultan fut déposé séehres, entouraient les élé<:ai>tes na-
dans la cbapelle de Tancien château de bitations du palais de Mour.id I/'s In*-
Broussa, qui fut convertie au culte de toriens ottomans nous ont l^^'^^^-
l'islam. Il avait reçu du sultan A la Ed- plus brillantes desrriptions de celle rtj
dvn Tinvesliture ae la principauté de sidence, que les successeurs de Mwif**
Karadja hisaar, et mourut sultan des se sont plu à embellir et à augmenter.
Ottomans. En 1380 eurent lieu dans ce p^'a"^
A l'ouest des thermes de Kaplidja, les noces de Bavazid lldirim, fils a«
on voit encore le monastère et lé tom- Mourad avec la tille du prince de Ktf*
beau de santon Abd-ul-Mousa qui mian. Les ambassadeurs de tout k>
avait accompagné Orkan dans toutes princes de Afdin, Mentesche, Casta-
ses pxpf^ditions. Lalaschin, un des meil- mouni, Karaman apportèrent a la jeune
leurs jienéraux du sultan, et qui servit mariée de riches présents en chilleset
sous Mourad fonda en |.3S0 un en chevaux. Édrenos bey,rénéaat ^reft

Digitized by Google
cyfîrit «ni esclaves greca (tes deux sexes, du sultan Mourad, Djem, frpre du siil-
les plus Ix'aux de sa nation. Dix d'entre tan Bay.'zid, sederlara cnninie un com-
'

eui portoieot de^assiettesid'or remplies, pétiteurau troue des Usuiaulis. Bay.izid


éiMMlii dits vaie» de ptrfuius, des ai- «tait es Kurope, et le priocie DJem,
pm
f
m dVir d'u» travail pr«ci«jux. La aidié de quelques ariisans, put taeilé-^
l

IfBi e mariée apportait en dot les clefs ment s*einpnrer de Broussa. Le sultan
dfs vilJfv li'KrzmubauK T^uuchaoU, Si*, ne daigna pas uiarcher eu p^^rsonne
mui^l ku\ayab. contre squ liere rebelle. Lue laibie ar-'
fis de Mourad, étant mouté sur mée attaqua les troupes de Djem dans
Jftrloaas 1SII9, Ot catnurer la ville de les plaines du Yéni nhelier et les mit
Broufsa de nouvelles fortilicniions; en déroute. Pendant t*e temps les ja-
mais la suite de son règne tut loin d'être nissaires se livraient au pillage de
d'accord avec ses brillants débutai. Broussa. Djeiu^ pour^pivi^par Baja/jd,
Afm laimiilte d* Angora, Broussa fut alla demander asile au 'prince d*lco-
MÎfabie, en 1409, paf les troupes de nium ; mais, ne se trouvant pas as&ezen
Timoor; les écoles et les mosquées sûreté dans cette \ill ', il s r lira près >

liffeot saccagées et lorsque les gcné-


, du grand maître de Hho l' s. La suite
ma. eurent partagé les tre^rs qu'ils des aventures du pnm Dieui est
Miiwt'tBaMéft dMs la «lUe» ils la H- étrànisère aux événements de i Aie; Il
vcrestaiix flammes. A la prise de la mourut à r*^ples en U9â. Une iim-
tillf les trésors de Bayazid furent dis- bassade ottomane fut envoyée à Naples
liibufs aux soldats ; It^ objets précieux pour demander les restes mortels du
iueot iniiombrables; les suidais niesu- prince Djeni ; ils furent apportés à
iMat au beisaeau les perlea et lea BfouiiM. et déposés dans un tombeau si-
pierm précieuses. tué dans j*enceinte des souverains. Ce
Apres la m<M't de Bayazid, IMoliam- monument existe encore intact, el donne
UMd, fils de ce sultaa» qui régna dans une idée Wu luxe hiz<ii re des monu-
ISMlescos le nomde iMalioinet i"', nients funèbres de celte époque. L'autre
qim Is fille é& ToeBt,.et vint prandre sêiHil ture, voisine de relie de Djeim cal,
WMaioa de Broussa en I404i ]sa< dit-on, celle d'Isa bey, son frère, qui
Hj^sn de ses frères et son compéti- ne fut pas plus lieureui dans sa révolte
'
Pf le présenta devant Brouss», et contre Bayaiid.
Ma babitanta de lui ouvrir ika
i; mais le plus grand Mimbre se CHAPITRE XXU.
retira dans le cbâteau et se défendit
HK- lant de fermeté, qu'Isa bey, n^ BBOUaSA JIUSUUCANm. ..

jKiiJv.inti emporter de vive force, se re»

tira iiprès avoir fait brûler la ville, qui L^enaemble de la ville de Broussa se
^»t à peine d^étre rebâtie. . . compoae de la ville proprement dite du
Broussa (ut encore expcf^ée aux at- château et des faiiboui gs; le tout forme
bques duKaraman, sultan d'Iconium, une suite de constructions ayant en
foi la prit et la pilla en 1413. 11 ûi dé- longueur quatre kilomètres environ et
fenw Ht os de Bayand et les flt brÂ- en largeur un kilomètre, placée sur un
br^bllquvment pour se venger de c% des p^ncbants de TOlympe, dont le§
fil» prince avait fait couper la tête sommets encadrent un riche et miies-
••a père. Ce siège désastreux fut le tueux paysage. Les faubourgs s'étendent
éairicri|ue fi^oussa eut a souffrir; mais à droite et.à saucbe, et le cbâteau, so-
bi incwdiea qm
y édatèient à plu* Udement àsbia aur une roclie, élevée,
époqoea , et notamment le grand d^ine la ville , et forme une enceinte
'l'Kanre oui ravagea les >ingt ciuq ré- crénélée flanquée de tours mavsi^es.
^lOQsdeia ville en 1490, ainsi qu'un Trois portes donnent ac( ès dans In
yedie non moins onsidérablb qui
( ville, oetie du nord, pppelee iab.ik Ca-
«B 1804, et qui u*épargna ni Icf nouai ( la Porte det assiettes) , celle de
^^lées, ni les tombeaux des aultana, rest, Yer Capou Porte de terre),
si (la
<>nt fte aussi funestes a Broussa que et celle de I ouest Kaplidja CapOtt si
sièges consécutif. A Ip mort (la i'orte des liains).

Digitized by Google
190
Deux autres portes, appelées
petite.^ les nombreuses et intarissables sources
Tune Sindao Capdu (la Porte de la
si thermales qui ont une si grande célé-
priiOfi), et Tauire Sou Capou si (la brité dans tout l'Orient. Deux magai-
Porte de Teau), conduisent du clhiteati fiques mosquées forment le centre de
sur les penchauts de l'Olympe; mais ne chacun de ces faubourgs et paraissent
sont fréqueutéesque par ûii petit nombre avoir motive leur création; celle de
d'habitants de la campaL'ne qui appor- Test a été bâtie par le aultan Bayasid,
tent des provisions. L'ancienne ville, et celle (le I ouest par le sultan Mourad.
oui est encore entourée de murs, est Kntourées Tune et l'autre par des bos-
iablie sur uti rociier a pic du côté du quets de cyprès et de ulatanes, elles
nord. Lei portes sont battes de briques restent encore aujourd*nui comme le
et retltiies dedailes de marbre. Pooocke lieu de pèlerinage et de promenade le
cite une inscription qui mentionne plus fréquenté par les habitants. Dans
i'emuereur Théodore I^ascaris comme d'autres quartiers, et surtout dans celui
uu des constructeurs de ces murailles. des eaux chaudepy,de nombieuses plan-
Bu cdté de l'ouest , le 80uba.<isement tations, disposées d'une manière pit-
des murs eslnnti [uc; il est cons'ruiten tor sque, forment d'auréables prome-
grands blocs de travertin posés en pa- nades qui contribuent a taire de broussa
rement et en boutis e. Le chemin qui une ville délicieuse entre toutes celles
conduit de cette (M>rte à la vallée yoI* de la contrée. On distingue surtout la
sine est taillé au ciseau dans le roc et promenade du Tchamlidja dont les sa-
paraît remonter a une haute antiquité. pins séculaires offrent une ombre im-
La côtedu sud, cVst-à*diredansla partie pénétrable; la nature seule fait lesl'r.iis
qui fait fooe à la montainie, la ville est des embellissements de ces lieux clwm*
défendue par une fortiflcation complète, fiétres; il fa-.it cependant en excepter
la muraille l'Agger et un larjie fossé. e kiosk d*Abdoul-Mumtn, qui s élève
Les tours sont espacées d'environ vin^jt a l'euiree d'une des gorges de Olympe, 1

mètres ; elles sont carrées et construites lin café, placéprèsd'ùn ruisseau, réunit,
en travertin et en blocs de marbre pfo* les jours de féte, une foule nombreuse;
venant en grande psrtie de monu- mais là, comme partout ailleurs, chaque
ments détruits. On remarque quelques classe, chaque religiou, a sa place
fragments de sculpture d*un bon style. choisie. Les Grecs ne se méleiit pas aoE
Au delà des murailles sont les ci- Turcs, les Arméniens aux Grres. La pipe
metières, planté*; fl<' hauts et mngni- et le eherbet .sont les délices que l'on
liques cyprès. Les tosses sont Oi'cupés vient chercher dans ce payradis, que
maintenant par des plantations de mU- parfois les lazzis d un bouiton turc ren-
riers. Celte enceinte paraît occuper l'as- dent plus bruyant i\iie de coutume.
siette de l'ancienne Pruse, qui, au dire Les voyageurs devront aussi faire
des auteurs contemporains, était une une excursion à la suurce appelée Aîn-
ville dn peu d'importance. Cette p^irtie Assa située à une denn-heure de la
,

de la ville est habitée uniquement par les ville sur le peiichaut de l'Olympe ; c'est
Turcs; les n;iO;tants chrétiens , armé- un hois de vieux châtaigniers dont les
n ien s e t j u s résid e n l d a u s 1 es fa u 1)0 u rus
i I fruits sont célèbres par leur gros.seur;
Du côte du sud il existe trois portes, une source abondante et limpide coule
mais toutes du moyen Age. Près de celle sous les ombragea au milieu des ro-
du milieu, il existe une ancienne prison, chers de granit. Ce lieu est aimé des
remarquable par un puits carré, larue et mu^dmans parce que le vieux derviche
profond, dans lequel on renfermait au- Kmir sultan venait souvent s'y asseoir
• trefois les prisonniers. Le rorher suV ei méditer. Il avait l' habitude de rester
lequel la ville est bâtie est un tuf cal- longtemps appuyé sur son bâton de
caire dépo«é par les nombreuses sources, derviche. C'est en souvenir de ce fait
et oui forme un %éritable travertin. Le que la source a pris le lutm de aîq-
faubourg de Émir sultan est situé sur Assa(la Source du bâton). L'autre forêt
la route de Nicée ; celui de Tcbékir- de cbâtaiSMit, non moins célèbre à
ffuéh est traversé par la route de Mou- Broussa, p irtc le nom deSobran. Là il
dania; c'est de ce côté que surgis^teot n'y a ni kiosque ni iégcode; mais uns

Digitized by Google
ASIE M^EURE. fSl

tdmirablft nature, dans toutr <:r» siuivnge mrtropolitain de leur culte qui e.sl sfi-
majesté, dédommage nniplemeDt celui bordouné au patriarche de Constinti-
qui a ttuté celte excursion. oople. Le sort de l'Église chrétienne a
Lps habitants jouissent avec calme Broussa est d¥% plus misérables. Pméf
mais avec on plaisir extrême de toutes de tous les moiioments religieux qui
les beautés que la nature a répnnducs avaient été rnnstnnts par leurs ancê-
autour de la ville. Il n'est pas un des tres, les chrétiens ue jouissent aujour-
versants de TOlympe qui ti*Qffre aux d'hui que de pauvres églises qui au
yeux quelqaa point de vue enchanteur. ddhors se distinguent à peine des mai-
Touîesles essencps de la plaine et de la sons particulières.
montagne, Içs cèdres et les cyprès, le 1^ quartier lurc occupe la partie cen-
cligne et le platane, le chiitaigner et trale de la ville; c'est là que sont situés
le béire sTy nultiplient arec une abon- les earatansemls , le besestein et les
dbnri' et une sève incroyables. Il est rare bazars.
de voir des forets présenter réunis tant Tout le versant inférieiir de l'Olympe
d arbres d uue venue, et chaque
»i belle est couvert d'épaisses plantations de
pM que Ton fait lieu à une sur-
donne mdriers qui servent à la nourriture des
prise nouvelle à la vue d'arbres eigan- vers à sole;c*est surtout le mârier mul-
te<qups qui portent plusieurs siècles ticaule qui est préféré. Les habitants
tur leurs cimes altières. Le pied de ces regardeut sa feuille comme plus nour-
fcréit est entouré d*one lanre ceinture rissante et ils signalent cet avantage
deverdure plus sombre et plus épaisse; particulier, c*est que pour la nourriture
ce n'est pins la nature seule, c'est des vers, on n'arr.iclie pas l.i feuille, (jui
ragricullure et l'industrie qui veillent à arrive toujours un peu flétrie dans la
la production de ces arbres exotiques. magnanerie; mais on coupe les ieunes
tiges qui atteignent quelquefois la lon-
CHAPITRE XXm. gueur de deux ou trois nipfrrc La
feuille arrive alors fraîche et inlaclc ,
BT4T MODEBJIE. —
IIVOUSTfilE. ~ avec toute sa sève et tout son parfum ;

COIfMBBCB. elle nourrit mieux le Ter, et lors(|u*il est


firêt à monter, il trouve dans la tige qui
maisons de Hroussa sont bihies iii a servi de nourriture un appui tout
dans le genre de celles de Constantin prêt pour y établir sou travail.
nople, e*cst-à-dhre que le bois domine On ne compte pas moins desept espèces
dansla constniction. rez-de-chaussée de mûriers dont un botaniste seul pourrait
sontordinairement brUis en moellon elen faire la distinction; toutes ces vnnctés
bnque ; mais les façades sont extrême- Êrospèrent également aux environs de
Mt simples. L*iiitérieor se compose iroussa. Les mûriers couvrent de leur
d'sa vesnlMile donnant accès à un es- ombre les bords des ruisseaux, et lor-
cnT'-^r onlinairement de marbre; c'est ment les haies du chemin. Ils semblent
au premier ciaize que sont les apparte- avoir retrouvé là leur climat natal;
ments d'habitation ; ils donnent tous sui* aussi, par la beauté et l'abondance de
an vestibule ouvert appelé kayat, sorte ses soies, Broussa est*elle devenue une
de salon d'été où sî' tif nt la fan'iille pen- ville rennmmép dans le monde entier.
dant les beoiix jours. Au milieu est urt Les soieries qu'elle fabri(|ue se répan-
bassin d'eau vive, la ville étant en pente dent dans tout l'empire turc, mais sont
Wfsleiinrd. Quelle que soit la direction peu connues en Europe. Les velours de
dins laquelle s'ouvre la grande fenêtre soie forment aussi une branche Impor^
du vesiibule. ip<; maisons de Broussa tante d'indn«5trie qiip la concurrença
jouissent toutes d'une vue magnifique, d'Europe finira bientôt par anéantir.
soit des frorges sauvages de la mon* L'industrie des soles, qui a rendu
tstne, soit oes vastes horiions de la Broussa si célèbre, n'occupe aucune
plaine. grande manufacture; les ouvriers,
Le quartier des chrétiens occupe la comme ceux de Lyon, travaillent en
légionde Test. Les Arménieos et les chambre. I..es fabricants leur donnent
CHéessonl plaréi aoos b jorldiction d'un un poids donné de soie, qurilfe doivent

Digitized by Google
randre ouvrée, avec la ditïereuce que il va cinquante ans, on remarquait tim.

eomporte le tissage. On fabrique aussi hausse considérable dans le prix des.


Qoe élofffe de soie que nous oonnaissons soies; aujourdïiui, malgré la concur-
sous te nom de brocard ; eVst un ma- reuce des soies de L^on et de celles de
gnifique tissu orné de ileurs d'or. Les Chine, les prix se maintiennent. On es-
Turcs rappellent du selyinieh parce time à cent mille pièces le montant de
qu'il fut inventé du temps du sultan l'exportation de la soie ouvrée. .

Sélim 11 ne w vend guère que pour l'u- 11 y a aussi k Brousse quelques &>
sage des harem de Constant! nople. On briques d'étoffes de coton, et AOtam*
sait au*il n'y a pas de nation au monde ment de serviettes et de peignoirs pour
qui fasse plus ae dépenses pour le luxe le bain. Les serviettes sont d'un tis^u
oe leurs femmes. de peluche extrêmement commode pour
Ces étoffes de soie blanche, altemali* sécher la peau; les foutha ou serviettes
ement rayées de bandes opaques et bleues dont ou s'entoure le corps sont
claires et qui sont assez répandues à composées de larges bandes ne soie
Paris mniateuaut, sont aussi de la fa- rouge et jaune sur un tissu de coton.
brique deBroussa. Elles servent pour L*usage des bains est si général eu
firîre les chemises des femmes, et des Orient nue ces .deux seuls arlicles sont
gandoura ou chemises pour la sortie du l'objet aun commerce considérable.
bain. Les coussins pour les soUs sont
aussi l'objet d'une industrie cojisidé* CHAPlïRt XXIV.
nble; (m peqlen avoir «ne idéeeam*
géant que dans tout Tempire miisttj- LBS BAUX.
man le sofa est le seul meuble en usnge;
r/est la chaise, la table et le lit des Orien- Un des caractères les plus saisissants
taux. de la ville, celui qui trappe d'abord le
Les soieries de Broussa sont peu eon- nouvel arrivant, c'est la variété et Ta-
nues en France, où elles ont été long* bondance extrême des eaux qui sur-
temps prohibées; elles jouissent de cet gissent de toutes parts, eaux froides,
avantage qu'elles peuventseiavercomme eaux tièdes, enux placées de l'Olympe,
des foulards. Le dessin est assez uni- eaux bouillantes des sources minérales.
forme; il eoDsisle «d grandes handes de Les possesseurs byzantins comme leun
diverses couleurs entremêlées de petites- successeurs les musulmans se sont pin
fjuirlandes de (leurs. La rayure est le à les aménager de In manière la plus
ond du dessm le plus goûté eu Orient; a^^éal)le pour ru>age des habitants.
c'est ce qu'on appelle pour les étoffes Les fontames ne se comptent pas et
TchiboukleuCen ratons); on n*aime pas chaque maison a dans son vestibule un
les jeux de fond comme nos fabricants bassin avec un jet d*eau courante et
ont rhabitude d'en faire; dès longtemps limpide pour l'usage de In famille. Ce
cette observation a été faite à la cham- n'est pas seulement pour les iisaizes do-
bre de commerce de Lyon, qui s'éton- mesti({ues que les eaux de l'Olvoipe
nait du peu de débit des étoffes de fournissent aux habitants le crisfeil de
Lyon en Orient. Depuis que les fabri- leurs ondes, les ruisseaux descendant
cants ont adopté les dessins orientaux de la montagne sont divisés en mille ca-
t)Our leurs cotonnades comme pour naux divers dans les jardins de la ville
eurs soieries , le débit en est olus con* et contribuent à leur donner cet aspect
sidéraUe. Pour les ebâles de rlnde, le verdoyant et riche qui frappe d*abord
dessin rayé est aussi très-goûté ; on ap- les regards. Malheureusement, de nos
'
pelle ces chûles Fermaîcb; les châles Fer- jours, l'entretien de ces canaux laisse
maïch sont très-connus à Paris ; on les a désirer, et les eaux se répandent sur
confond pour le nom avec les ebâles de les routes et dans les parties déclives du
Cachemire. sol et forment souvent des lagunes ma-
La soie brute fiit de tout temps l*ob- récageuses.
jetd'un grand commerce d'exportation. On compte à Broussa trois cours
On estime à plus de trois mille quintaux d'eau principaux; c'est plus que des
métriques la quotité de la récolte. Déjà, ruisseaux , ce ne sont pas des rivières,

Digiiizeu by LiOOgle
1

ASIft M »£IJR£.
Ijt iiiuBriwp 6 appelto BoMr baelil {li roiymM^Miel^eoule vers Ira ville par uné
tlie d« la source), le secoiul Ghœuk déré large vallée, la seule de la meotas^ne qui
( h Tstlée oéltste), •! lo niiaieui 4e Akt$ ait son ouverture vers le nord-est. Il
chashlan. forme de iioiiibreus^'s et abondantes
Bounar bachî est situé daos le voi- cascades (jui, au luumenl de ia foute des
iiM«e imroédiat de la vieille ville. Lei neiges, présienteot un spectacle pitto*
«MI ment de terre «veeeiees 4*aboa« nueet imposant. Un pontd*une seulç
dance pour former un ruisseau rapide e, et surmonté d'une piilerie eou-
qui coule dans un bassin entouré de verte comme eerlaiiis ponts de laSuisse,
platanes et de hêtres- C'est ie lieu de est jeté sur la vallée, el joint le quartier
tmàÊM^cm plus fréquenté peadam
le aniéniiBaiifnartifKtafe. (Voy. pl. 41 .)
b belle saisoo ; pluaieurs échoppes de
eafé étalent à Tentour leurs divaos de
nattées et leurs escabeaux bariolés, où
CHAmaE XXV.
kiabitanu viennent s*asseoir pour sa- LE&
wm
les
la pipe el le aarguileh ; les bonf-
fbns de toute sorte, les jongleurs de Toutes les
hJLVii. TUfiBMAJ.BS.

eaux thermales auxquelles


toutes les nations font «le ce lieu le firoussa doit sa renonimee surgissent
ibfâtre de leurs tours, et à certains jours, d'un des c^nlretorls inférieurs de l'O-
le soir, la promenade sMIlumine, et aui lympe dans la région oceideotale de la
féyaoiânMea du matin succède les re^ vUle. Le terrain dans lequel elles pren-
présentations théâtrales, c'est-<i-dire des nent naissance est composé de calcaire
marionnettes dont le langage plus que de schiste et de j^res tertiaire. Rien a la
libre n effraye cependaol pas la grave surface uanuonce Qu'a aucune
du sol
toeiélé qui lee éeoute. époque des phéoomènes volcaniques se
Lee eaux du Bounar bachi étaioit, saient manifestée dans cette région;
du temps de la splendeur de Broussa« niais aujourd'hui l'otisait que la chaleur
fooduites p^r des canaux souterrains interne du globe est la seule cause de
dua le palais du sultan Mourad, et la, la haute température de certaines eaux,
icadan à la lumière, ellee cireulaieol et les sonrees qui sont conduites entre
dnis des canaux de marbre au milieu de les couclies géologiques à une certaine
jardins enchanteurs dont il ne reila profondeur dans le aeîn de la terre en
plus q<ie le souvenir. sortent infailliblement à une tempéra-
Un grand pilier de maçonnerie, situé ture élevée sans que pour cela la con-
wm km du palais » en regardé par lea fiée OÙ ellea apparaissent ait jamais
bibitaola eomme le premier Sou-Térazi présanté un
earactère volcanique. Si
qui ait été eoostruit en Turquie. Cette quelques sources thermales d'Auvergne
méthode de conduire les eaux a été, se- et d'autres contrées ne sont pas dans ce
lon leur opinion , transportée d'Égypte dernier cas, on peut en citer une inlinité
eÉ lei Arabes 4a pratiquent de teiiips d*aolre8 qui surgissent de terrains
iannéaMiriaL Les eaux sont conduites crayeux ou calcaires dont la formation
par des tojanx de poterie jusquVn haut n'est nullement due aux terrains volcani-
de ces piliers , qui soot creux , et elle ques. Ou compte à Broussa sept sources
reprend alors une nouvelle impulsion pnoeipaies, quatre dans la plaine au
pour arriver à son but (1). Malgré ré> pied ét roiympe, et trois sur le dernier
tat d'atxandon et de ruine où se trouvent eotttreforC oe la montagne. Les quatre
aujourd'hui la plupart des éditices pu- premières sont Eski Kaplidja (l'ancien
:

blics , le système d'hydraulique est le bain chaud), Yeni Kaplidja (le nouveau
acol qui paraisse laténaser la ville el le bain chaud}, Keukurdli (le bain sulfu-
seul qui soit encore bleu entretenu. reux), et ednt de Kara Mustafo qui porto
I>€ ruisseau de Ghœuk déré prend le nom de aoo fondateur.
sa aouree dans les hautes régions de Les thennes sont divisés en trois par-
ties; la première, qui sert de salie d'en-

(i) Ce système d'hydraulique a été décrit trée dans laquelle oli quitte ses véts-
m éèuil j>ar le ^eral Andriossy {CoW' mems el l'on se prépare au bain , s*ap-
priln Djamigan; la tteooiide, qui est la

Digitized by Google
194 LTiniVERS.
Salle tiède où Ton stationne avant d'en- issue aux eaux chaudes; d'autres robi-
trer dans Pétuve pour ne pas être fa- nets sont placés dans les murailles au-
tigué par la trop grande ehaleor; eofin tour de la salle pour Tosage des bai-
le liain proprement dit, où se trouve la gneurs.
source prlTicipale, (jui répand la chaleur Tout l'intérieur de Tcdifice est décor ;

dans tout l'édilice. Autour de cette salie de plaques de marbre de diverses cou-
sont disposés dn eabioets ou eellules leurs. Les niehce sont surmontéea de
dans lesquelles on peut prendre son bain coupoles sculptées dans le goût oriental.
en particulier; mais la généralité des Le bain de Rski Kaplinja, le plus an-
•baigneurs se tient dans la grande salie. cien de tous, e&t cerU'iiuement celui qui
La «alla d*entréa forme un grand carré est mentionné par Ëtienne de Bysanee
eoufert par une voûte en pendentif, comme un des bains royaux de la By-
éclairée par de nombreuses fenêtres Au thynie. Les eaux sortent de terre a la
milieu une fontaine de marbre composée température de 80 degrés; elles sont re-
da plttsieurB couues répand une nappe nommées parleurs venus curatives. Le
d*eau fratcbe à 1 osage des baigneun. grand dôme ist un ouvrage du sultan
C'est un des charmes oe ces établisse- Kiourad I*', qui embellit la ville de
Rienls de trouver Tune à côté de l'autre Broussa de tant de inoouiiienta magni-
et avec la même abondance l'eau chaude fiques.
et Teau froide sortant prcaque des Sous 1.1 grande salle sont desaouler-
mêmes tuyaux, elles notiveaux arrivés, rains voûtés par le>quelç les eaux sont
qui ne se rendent pas bien compte de distribuées dans les diftérenies parties
la nature des eaux thermales, s'étonnent de 1 edilice.
d'un phénomène dont reiplication ett Elles arrireni dans la grande salle par
si simple. des canaux qui les déversent dans des
Dau!» l'avant-saile le baigneur ne man- coquilles de marbre et de la circulent
8ue pas de trouver, comme en tous les pour l'usage des baigneurs Dans cha-
siixderéunionenOrient, leeafédjï, (]ui cun des angisa de la salle sont det cel-
lui présente a son arrivée sa pipe et le lules destinées aux baigneurs dedlatino*
café, et a sa sortie le miroir incrusté de tion.
nacre dans lequel le tchilebi, Télegant Le bain de Yéni Kaplidja ou le nou-
Tkurc, donne un dernier coup d*œil è sa feau bain est le plus riche et le pHn re-
toilette. Cest snr le miroir que le bai- marquable de tous; il e^t situé sur la
gneur dépose la inode«to rétribution que t>ente inférieure de la montagne entre
touchent les baigneurs; car tes bams a ville et l'ancien bain. Les salles sont
sont dotés d'une fondation pour qoe le eouvertes par des eoupolea reeouTenes
public en puisse jouir gratuitement. de plomb. Toutes les wûîb& intérieures
Tout autour de la salle sont disposées sont revêtues de faïences et de plaques
des estrades garnies de rideaux et de de marbre percées de polygone qui fais-
coussins sur lesquels s^installeot les bai* aent tomber dans l'intérieur une lu-
gneurs ; etilest curieux de voir le calme, mière douée et uniforme. Une inscrip-
le silence et le recueillement gui ré- tion tracée sur une plaque émaillée ap-
gnent dans cette enceinteoù les baigneurs prend que ce bain a été construit par le
se réunissent souvent par centaines. grand vizir de Soliman le Grand, qui
La salle tiède est aussi de forme oar éprouva le bienfait de eea caus. 11 se-
rée; elle est chauffée par des tuyaux rait oiseux de rapporter tous les contea
souterrains qui portent au dehors les qui se débitent au sujet des cures opé-
eaux de la source principale. Au milieu rées dans les thermes de Broussa ; mais
est une estrade de marbre sur laquelle nous ne pouvons noua empêober de
s'asseoit le baigneur avant d'entrer mentionner un fait curieux dont nous
dans l'étuve. La troisième salle, dans la* fdmes témoin. Le bain de Yéni Kap-
quelle sont les sources chaudes, est cou- lidja possédait, au dire des Turcs, ia
ferte par une eoapole éelairée par un pierre à renfoneer les douleurs; e*éiait
grand nombre de polygonsa fermés par un bloe de trente centimètres environ
des verres convexes. Un robin^ de de diamètre en pierre de serpentine, et
bronze, placé en fsce de l'entrée, donne ayant a peu près la forme ovale d'une

Digitized by Google
ASIË MINEURE.
demi- pastèque. II était plat en dessous de toute la population agglomérée au*
et tx)mbé eo dessus. Sur la partie coo- tour des bains; c'est là qu'il paraît con-
fexe était un trou avec uu re&te de scel- venable de placer l'ancienne Pythia. Ce
iMKnt de plomb. Pour ceux qui oot vu qui prouve que dans les temps bysan*
4et poids antiques dans les collections, tins cette petite ville avait une certaine
nul doute que cette pierre n'ait servi à importance, c'est que le sultan Mourad
cet uiài^e. Les Turcs étaieot persuadés y ût bâtir une mosquée impériale, ce
fat cette pierre placée sur une partie que lei aultaiu ne font que dans les lieux
Jo eorpi affeetée d'une douleur (|uel- où ils ont résidé.
conque, avait la vertu de la dissiper ;
aus^i chaque baigneur entrant dans le CHAPHRK XXVI.
bain avait-il soin de s^inscrire, pour
aÎBsi dire« afin de jouir du bienfait de Lia MOSQOéES SB BBOuaai.
la pierre merveilleuse ; il n'y aurait là
qn une croyance en un remède chimé- Ton s'en rapportait au dire des
Si
rique, comme nous eo voyons journelle- babitanis, la ville de Broussa compterait
MDt en Kurope; mais les habitants au delà de trois cents mosquées; mais
avaient soin d'ajouter, qu'un jour, cette dans ce nombre ils comprennent les
pierre ayant été dérobée par une main netiips chapelles ou mesjid . les sébil-
inconnue, elle était revenue d'elle-même kiian, où résident des derviclies. U n'y
se réiotégrer dans le bain. a pas en rfolité plus de doute grandes
On dit que le milieu de la grande mosquées qui aient un caractère monu»
s-il!e était autrefois décoré de flgiires de mental; elles sont toutes l'ouvrage des
Uons en marbre qui répandaient Peau sultans de Broussa, et depuis la prise
fm dcf eoDdttitsplaoésdanaleur ||iieule; de Constantioople, aueua nouvel édl*>
mIb cette imitation de la fontaine des flee religieux n*a été construit.
lions de rAJ-Uambra est aujourd'hui
détruite. •
CABÀCTÏiBE Dh LA. MOSQUEE TUBQUl.
* Ls biln de Keurkurdii est d'une élia>
Isor iMense (90*> centisr.) et ses eaux Il y a longtemps qu'on l'a dit; les Os»

sont essentiellement cnargées de sul- manlis n'ont pas d'architecture particu-


hUth alcalins. Il est surtout fréquenté lière à leur nation ; tribus de la tente, ils
pour la f(uérison des maladies de peau. sont restés étrangers à l'art de bâtir, et
\â% autres bains sont situés à ini-iùle leurs édifices publics sont Tonnage d*é"
dans le petit village de Tchékirgué, dont trangers, d'architectes arabes ou per-
les eaux atteignent iusqu'à centi- sans d'abord, et d'architectes grecs en-
grades. Ils sont divisa en cellules des- suite. Aucun genre d'édilice ne peut
tsoéen aux malades qui veulent se soi* mieux que les monuments du cultedon-
gner loin du tumulte des grands bains. ner la preuve de ce fait.
Des baignoires de marbre sans aucun Mahomet, qui dans son livre a réglé
ornement sont placées dans chaque ca- les plus intimes détails de la vie pu-
binet ou kiosaue, qui avec un petit jardin blique ou privée, é^, pour les monu-
enoiposent ensemble de l'établisse-
1 ments reliîiieux , rien prescrit que la
ment, dont un médecin du pays est le condition de se Inurner vers la Mecque
directeur. Les eaux sont ainsi disper- eu faisant sa prière, et l'ablution avant
êè^M dans le village, OÙ un grand nom- de la commencer. Tout lieu qui offrira
bre de maisons jouissent du privilège de dans txm voisinage et qui per-
l'eau
d'avoir des bains particuliers qui sont mettra de se tourner vers la Mecque
à la disposition des malades moyennant pourra donc être uu heu convenable
une tvn-mod i
(
j u e redevance. pour la prière. Le minaret, qui se pré-
Il n'y a autour des grands bains qui sente comme le tjrpe le plus connu
wini dans la plaine auctm vesti^ie d'an- de l'édifice religieux musulman, n'est
aenoe ville. Mais le village de Tchékir- pas de prescription rigoureuse, et Ti-
gué, situé aur la hauteur voisine , est man peut remplir son emploi mime sur
aboodammeitl pourvu de sources chau* la place puMiaoe. Seulement, comme lea
dci» et fiftmie pour ainsi dire le ceatie dirétiens avaient pour usage d'appeler

Digitized by Gopgle
aux offices au moyen d^instriiménts de truites dans reropire Ottoman Ament
boit ou de bronze, il voulut que la voix imitées de l'église de Sainte-Sophie, ou
humaine fût seule employée pour con- plutôt prirent le type de l'Église grecque
voquer ses croyants. de l'époque de Justinien c'est-à-dire
,

Les premiers lieux de prière chez les une salle quadrangulaire décorée ou non
Anbei furent amiiiement des enceintes de colonnes à l'intérieur, mais toujours
carrées sur un côté desquelles était une couverte par une voûte ou pendentif
pierre debout qui indiquait de quel cûté éclairée par de nombreuses fenéires. Le
il fallait se tourner pour faire une prière harem précède la mosquée, et les nom-
alable. Lorsque les Arabes, devenus breuses fontaines coulent aux alentours
maîtres des villes, voulurent construire de l'édiGce pour l'usai des croyants.
des Dj.imi (lieu d'assemblée), ils firent Cette loi de l'arcbitertiire musulmane
de vastes portiques entourés de pilas- est générale et absol ue, et on ne peut
tres ou de colonnes; au milieu était une citer aucune mosquée postérieure a la
oour qu*oo appela narem , e*est-à-dire prise de Coiistantmople qui soit hMk
lieu fermé. La niche qui indiquait la en portiques; et rceiproituement toute
directioo de la Mecque fut appelée mosquée dont le dôme est éclairé par
niihrab Ils imitaient ainsi les portiques des fenétres.est certainement bâtie après
des temples de TÉ^pte et les agora, qui t4ô3.
étaient noinlireux dans -les villes ro- Le minaret, cette haute tour qui sl'é-
maines ou byzantines. Limâm ou pla- lève. devant la mosquée et qui donne
tdt le muezzin montait sur la terrasse aux villes d'Orient un caehet si original,
et convoquaiyt le peuple aux .heures de n'a rien dans sa construction ni dans sa
J|i prière. forme qui permette d'établir sur l'édi-
un grand nombre de mosqudea arabes fice auauel il appartient aucune donnée
et turques, bâties sur ce plan, subsistent chronologique.
encore dans le monde musulman. Les Les plus anciens minarets, ceux du
mosquées du Caire, celles d'Adana, de Caire, ont la forme des tours carrées di-
Xarsous, la. grande mosquée d'Alger, minuant d'étage eu étage; ceux du Ma-
^ellede Tlemoen en sont des exemples. roc et de VM^rw sont aussi des tours
Toutes sont antérieures à la prise de carrées sans aucun ornement. 11 faut
Coustantmople. Plus tard, les Arabes aller vers rOrienl pour rencontrer les
a^ant converti en édifices religieux quel- premiers minaret:i eu forme de colonne
ques églises byzantines, oi^ construisit ronde et élancée comme ceux qui ac-
4es mosquées sur le modèle de ces compagnent les mosquées de Constan-
dglises, c*e8t-à-dire que la grande salle tiuople. dette forme paraît avoir été im-
de prière fut couverte d'une coupole et portée cliez les Turcs par les architectes
le harem forma une cour en avant de persans qui eux-mêmes Tavaient imitée
l*édiAee. Dans les mosquées de cette des minarets de Tlnde. C'est, dicent Ici
époque, qui commence avec Tempiredcs Thaleb, Mahmoud le Gbaznévide qui
Seljoukiaes le pendentif n'est pas en*
, est l'inventeur de celte forme de mina-
core bien accuse. La coupole est basse ret. Les Monjzols et le prinee Djihan
et n'est pas éclairée par des fenêtres, et schah, qui bàtit a Tabnz celte magni-
lai ornements sont encore de stvle arabe. fique mosquée émaillée, Font transnoi^
On peut citer comme exemples de ce t^ en Perse, où elle est d'un ^odt gciié»
genre d'edilice quelques mosquées d'I- ral. hn effet rien n'est plus élégant que
conium, la mosquée du sultan Mourad ces colonnes surmontées d'un léger
et celledu suiian Bayazid à Broussa. kiosque, qui coupent les ligues horizon-
Chose eurienscla ville tie Constantinople tales des villes musulmanes. Cette forma
aa contient pas un seu) modéu de ce de minaret a si bien été adoptée par les
genre. Mais lorsque la capitale de l'em- Turcs qu'ils n'en ont jamais bâti que
pire byzantin tomba entre les mains sur ce modèle ; quelques minarets des
des Osuiaulis, Mahomet II, comme l'on mosquées de Tarsous et d'Adana sont
sait, convertit au oulte de rislam la ca- des imitations de ceux du Caue.
thédrale de Sainte-Sophie. Dès ce jour Telle est la règle générale qui peut
toutes les mosquées qui furent cons- permettre à Tobcpirvateur de classer au

Digitized by Google
ASIE miheum. IST

prtmier coup d*œil ua monument reli- lève à hauteur d'appui un bassin de


gieux étÊ mutulmaiii. Nous pourrions marbre alimenté par une fontaine per-
entrer dans d^autres déCaibm la forma pétoelle, et des poissons privés nagent
dé Parc et la décoration mais serait , œ avec sécurité dans cette eau limpide.
franger au sujet de ce Ijvre. Pour empéciier les oiseaux d'entrer dans
>'ous devous cependant faire ceXXfi le temnie, Th^ pétre est couvert uar une
flMBarqQe pour ceux qui Rattachent & grille de bronze. Les moraillitt on pour-
feioile des moDuAaéots orientaux « c*est tour sont percées, à hsuteur d'imposte,
que l'arc aiiiu desYurcs, n'est pas une de fenêtres qui correspondent à chaque
o^ive comme rjous l'en tendons, c'est-à- travée ; elles sont également fermées par
"

dire formée par deu^ arcà de cercle, mais des grillages. '

Rest un arc plein ccioire dont la partie La forme générale le TémUée est,
«gué est formée par deux tangentes. comme on le voit, d'une grande sim-
Il est une dernière observation a faire plicité etdénote un art tout primitif.
nir rarchitecture des Turcs, c*est q^u'ils Iji niche appelée mihrab est tournée
aot rejeté oompléteinent Tare en ter à du côté du sud -sud-est, puisque c'est
dfefal, e «bt-à'dire k èeotre surhaussé '
dans cette direetion qué se trouve la
.fai fut pratiqué par les Byzantins et Mecque.
adopté par les Arabes, parce que cette T,es mollahs parlent avec admiration
forme d arc mao'|ue de solidité. Tous de la décoration première de l'intérieur
ceux qui ont étudié les monuments de de ce temole; tous les piliers étaient,
riSpagoe et du Maroc savent oouijbien ''fiisent-lls, aorésjusqu'à l'imposte, et sur
flrtii Srme d*ar« généraleoient em- cette dorure serpentaient des arabes-
flsféa. ques entrelaçant les sura (chapitres) les
'
plus renommés du Koran. chaire à
OOIdÛO
• .
DJAMI,'
«
' '
prêcher. qu« l'on appelle ftdnnher, était
l'oeuvre o'uù sculpteur arabe très-M*
^^g^de mosquée, Oul^u Djami, est nommé. Aujourd'hui ce luxe a disparu;
ar^,sur plateau central de la ville;
le un l)adij;pon blanc recouvre tous les pi-
eUe domine tous les quartiers environ- lastres et des chiffres formés de lettres
asa^y Ct farine comme le centre de pers- mystérieuses, qui représentent les di-
HctÎTe 4n tableau pittoresque que pré- verses vertus d Allah, sont les seuls or-
sente l'ancienne capitale des Osmaulis. nements qui peuvent distraire l'oeil du
jLes mosquées sont ordinairement de- dévot musulman.
i^aées nar le nom de leur fondateur ; Deux grands minarets s'élèvent à
mm cttle-eî ayant été construite par droite et à gaucliede la porte princinale;
)|Bis sultans n*a reçu que Tappellalion ils ont la forme de colonnes eannuées;
rague de Oulon Djaini. le chapiteau est remplace par une ba-
fondée par le sultan Mou-
Elle fut lustrade a laquelle on arrive par un es-
radjl^^ coptiimee p^r fiayazid, ûls de calier intérieur. On voit encore sur la
MsuiM^ et terminée par Mohammed I*', lialustrade du minaret de droite le sjr-
MtM 4le ce dernier prince» ce qui ne phon qui, partant du penchant de TO-
les a pas empêchés de bâtir en leur lympe, amenait les eaux jusqu'à cette
propre nom troi!> mosquées qui subsis- plate-forme pour l'épancher ensuite en
tent encore. Oulou Ûjami l,bripe un gerbes dans l'intérieur du temple.
large quadrflàlèpe d'environ êent mètrea OntM la porte principale, la mosquée
de eô^, divi«6, à l'intérieur en vingt- a deui anires portas, celle qui est des-
cinq compartihîents, formés par autant tinée au sultan quand il vient faire sa
de piliers. Chacun de ces comparti- prière, et celle qui porte le nom de
ments est couvert par une coupole , à Mel^iufih Capou si ( la porte du tri-
Teiception de celui du milieu, qui reste . InimiI >^
à cieé ouvert pour donner de Pair et de
b lumière a tout l'intérieur. C'est ce qui 4| .« • «

représente, dans les anciens édifices de


«genre, i h^pètre ou harem. mi-
iiB de cette petite cour intérieure i^é-

Digitized by Google
CHAPITRE XXVIl santine. La façade a im eeitain rapport
avec celle du vieux palais à Venise.
MOtQUÉB DU SULTAN Bà.YAZlD, Au rez-de-chaussée cinq arcades ogi-
vales donnent accès a un longportiaue
La mocquée du sultan lldirim Baya- ou narthex. Des barrières de man>re
lid est située dnns le faubourg oriental sculptées à tour ferment les quatre ar-
au milieu d'un bosquet i\e cyprès et de cades latérales.
platanes ; elle est rt^marquaLle par la Le premier étaçe, .qui s'ouvre égale-
niasse de sa structure autant que par la ment sur un porti ]ue est au^si éclairé
simplicité de sa forme. Centrée est pré* par cinq grands arcs en ogive divisés
cédée d*uD vestibule couvert par une par des fenêtres géminées dont les arcs
toiture de charpente On entre ensuite sont supportés par une colonne unique.
dans une avaot-salle peu éclairée, à Le chapiteau e^tdans le godi byz.-intin;
droite et à gauche de laquelle sunt des les ornements des frises sont sculptés
cellules pour tes lampes et les différents en feuilles de viizne et de lierre qui
ustensilM de la mosquée. Il n> a qu*un rappellent tout à fait K- ciseau grec.
seul minaret d'une forme extrêmement L'intérieur de la mosquée présente
simple. une disposition uutq te en Orient. On
Celte mosquée se contruisait en arrive dans la nef par un vestibule olw-
même temps que la lorande mosquée cur; de sorte que Ton est frappé de la
impériale ; aussi les travaux furent-ils lumière qui règne dans l'intérieur. Le
souvent interrompus. Sur ces entrefaites, centre de la net est couronné par une
le sultan lui-même tomba entre les coupole surbaissée. Le vestibule d'en-
mains de Timour à la bataille d'An* trée donne par un double escalier aecèa
Sra,et Tédifioe religieux resta inaehevé. au premier étage, où sont disposées des
pendant grande nef couverte par
la cellules pour les desservants et les étu-
une coupole deux salles conti(;uës
et diants de la mosquée. Le même édifice
ont été entièrement terminées et sont sert ainsi de. temple et d'école.

consacrées an culte. Le plan de cette Le plein oeintre est employé con-


mosquée est tracé dans le style de tran- curremment avec Togive dans rintérieur
sition dont nous avons parlé, c'est-à- du monument; tout enfin y dénote on
dire que la coupole repose sur le plan rudiment de l'art byzantin.
carré de la net et n'est pas éclairée par Les historiens du temps, et notam-
des fenêtres. ment Kbatib Tchelébi, rapportent en
Près de la mosquée on a élevé le effet que le sultan Muurad employait
tombeau du sultan Bavazid. Ce monu- des ouvriers et des artistes chrétiens à
ment rappelle aussi in simplicité des la construction des nombreux monu-
premières cunstructions des Osinanlis ; ments qu'il fit élever dans sa nouvelle
il contient deux grands et deux petits capitale.
sarcophages; Pun d'eux renferme le
corps du sultan dont la destinée se ter* LJL MOSQU££ ns MOHAMMSD I*'.
mina d'une manière si lamentable.
Au pointdcToe de la perfection du tra-
MOSQUEE DE MOURAU l'*'
vail et du soin avec lequel tous les onift-
A TCUEKiAGUE. meiits sont sculptés, celte mosquée est
sans contredit la plus lemanjuahle de
Outre mosquée qui porte son nom,
la la ville et peut être citée comme un des
le sultan Mourad
fit encore bfltir dans le monuments les plus parfaits de Tart
faubourg de TcliéUirt:iié une njosquée osmaoli: mais on doit ajouter que c*est
appelée "Ghazi Unkiar Djami si (mos- une imitation des édifices de l'Inde nwh
quée du conquérant). Cet édifice diffère sulmane.
tellement par ses dispositions générales Le liarein ou l'avant-cour qui devait
et surtout par le caractère de sa façade précéder Tédifice n'a pas été achevée;
des autres monutnents des Osmanlis, elle est remplacée par un perron en
qu'on est tenté au premier abord de le marbre blanc qui conduit directement i
prendre pour une ancienne e^ise by> l'entrée.

Digitized by Google
ASIE MIREimE
LMumbni les plus variés, refouillés généralement désignée, par les htbi-
«fve UM dâieatesie sans égale, ornent tants, sotis le nom de Yechil Djaml
kt iwrailles extérieures. La porte est ( la mosquée verte ), à cause de la cou-
entourée d'une longue inscription in('lee leur verte des faïences qui l.i décorent.
d*entrelaes et de feuillages qui contient Jadis ie minaret et la coupole brillaient
le iinmiersura du Korao. Trois années aussi des couleurs de Ténieraude ; mais
entières ont été employées à la sculp- le temps et le manque d'entretien ont
ture de cette porte chaque lettre est
; effacé peu à peu cptie brillante pnrure,
en liaut relief et la plupart des carac- et là, comme dans tous les edilices mu-
tèret et des rinceans «ont entièrenieiit sulmans, la décadence et la ruine sem-
détachés du fond. blent présager à TOrient de noufellee
Une inscription qui fait partie des destinées.
ornements de cette frise rappelle en ces
termes nom du fondateur : Soltan
le CHAPITRE XXVUl.
Mohammed r^ (ils dusultaoBayaiidl*',
ils du sultan Mourad P^ TtniBBAUX us SULTANS.
L'intérieur du monument se coronose
d'une double nef couronnée par oeux Dans le quartier de l'ouest, près de la
coupoles. Les murs sont revêtus de mosquée du sultan Mourad, se trouve
faïences émaiilées qui donnent beau- l'enceinte consacrée à la sépulture des
coup dVclat et de richesse à cet en- premiers sultans osmaulis. Ce sont des
semble dont les lignes sont cependant chapelles sépulcrales construites sur un
fort simples. L'anMublement d'une plan carré , octogone ou hexagone et
mosquée ne comporte que la chaire de généralement couvertes de coupoles.
rimaiii à la.pielle «n arrive par un es- KUes sont au nombre de huit, et renfer-
lier de douze inarches ; c'est le minnber, ment les dépouilles mortelles du sultan
)• tribune du muexzin ou malifil» aorte Mourad, Mehemet Mouradi Sounni
d'estrade supportée par des colonnettes ; Mourad 1"(I389). C'est un monument
le mihrab ou niche centrale est en mar- fort simple dont la coupole, est soute-
bre rouge entourée d'une frise sculptée. nue par quatre colonnes byzantines.
Oana ehaqua moaquée turque, on re- Les mollons ehargésde la garae du tom-
marque à droite et à gauche du mihrab beau montrent encore avec or;zneil sou
deux énormes chanoeliers de bronze casque de bataille, entouréd'une mous-
supportant des cierges d'une grosseur seline en forme de turban, et dont le
et d'une hauteur exeeptionoenes. Le poids est tel que bien peu d*hommes
grtud flOÎD des imams est de conserver pourraient le conserver longtemps sur
ces cierses (tout en les allumant le la téle. seul signe extérieur qui in-
vendredi j depuis l'époque de la fonda- dique une grande bière
la sépulture est
ifoodelaniofi|uée;auaBl dès qoMla sont de marbre ouverte et remplie de terre,
brâlés jusqu'au tiers inférieur, on refond aux quatre coins de Isquelle sont placés
la cire qui reste avec d'autre cire pour quatre cierges de cire d'une hauteur
en fabriauer un nouveau cierge avant que remarquable et entretenus religieuse-
le précédent n*ait été entièrement con- ment.
sumé ; €*<8t ainsi que se perpétue I» Le sultan Mourad Gt aussi construire
flambeau qui ftit allumé parle premier un médrécé ou école avec une fondation
fondateur. pour entretenir un certain nombre de
Du sommet de la coupole pen- docteurs.
dent des chaînes de bronze qui sou- La même enceinte renferme aussi les
tlCMient des lustres de diftérentes for- cendres de Djem sultan, plus connu
mes et des œufs d'autruche rap{>ortés sous le nom de /^izim, les peintures de
par des pèlerins de la Mecque. Le lu- cette chapelle et les étendards qui déco-
minaire est des plus simples ; il consiste rent la sépulture du fils de Bayazid,
en po/lets de verre dans lesquels Pimam sont soigneusement conservés. L*autre
«titretient une mèche avec un neu sépulture, renfermée dans le m^me
d'huile. tombeau, est celle du sultan Moussa,
La mosquée de Mohaunned l*' esl qnidiipitta le trdue à son frère.
'à^ Uvraiton, 'Atis MiMSuaE }t H. 9

Dlgitized by Google
lio

Les antres chapelles sépulcrales sont CiUPIZR£ XXIX.


consacrées à Aïnisrha et i\ Gourlou,
deux GUes de Bayazid , et au suitao Mous- L'OLYMP £ DË UVSIE.
tâfa.
Dans lefond de Venceinte sont let Pour l'étranger qui arrive par mer
tomtjcaux du derviche Kaïgourlou d'une , sur les côtes de la Bithynie, le mont
princesse Mariani, fille d'un sultau et de Olympe présente le plus imposant spec-
deux filles de Moussa. Le sultau Maho- tacle. Couv ert de neige une grande par-
met II et ses successeurs sont enterrés tie de Tannée , entouré d'une ceinture
i GoDstsotliiople. de forêts sombres et séculaires, cette
montagne apparaît comme un colosse
TOVBIAir l>*08MA1f.
qui écrase le pays d'alentour ; aussi le^
Le tombeau d'Osman, appelé par les anciens n'en ont-ils jamais parlé qu'a-
Tares Daoïid HonaflHr (le monastère vee une 8orted*ediiiimtion respectueuse.
do David \ est une ancienne église Il est généralement désigné, par éeri-
grecque dédiée à saint Élie. L'édifice vains grecs et romains, sous le nom
est circulaire comme tous les monu- d'Olympe de Mysie. Du côté du nord,
ments consacres a saint Élie. La nef cen- c'est-à-dire de la mer, il se présente

trale est furmentée 4*otte eoapole aou* comme une montagne à doume som-
tenue par quatre colonneo de marbre met. Sa hauteur, qui parait considéra-
gris. Tin narthex formant galerie pré- ble, ne dépasse pas en réalité 2,235 mè-
cède la nef; toute la décoration inté- tres d'altitude absolue. Le plateau de la
rieuse consiste en revêtements de mar- ville est à 305 mètres au-dessus de la
bre gris séparés par des filets dentieii* mer. Le eommetde l'Olympe n*est qu'à
lés Uemplacementde l'autel est éelaifé 1,930 mètres au-dessus de la ville.
par trois fenêtres divisées chacune par Sur le revers sud, les acrotères de la
des meneaux de marbre gris formant monlapne torment de nombreux pla-
des petites colonnes dont les chapiteaux teaux doul l'altitude atteint jusqu'à
portent deseroix. 80a mètres; on conçoit qu'elle perde
On entre par une porte latérale ; car beaucoup de son aspect imposant, d'au-
le narthex de réélise a été converti en tant plus que ses ramifications se ratta-
salle sépulcrale renfermant les tom- chent, à l'ouest, à la chaîne de Tlda et,
beaux de princes et princesses aujour- à Test, au Katerli dagh, qui est le mont
d'haï ineonnns. Le ffrand incendie qui Ari^tbonius.
a détruit une partie de la ville, en 1804, Si l'on ne jugeait la constitution géo*
a ennsidérablement endommagé ce mo- logique de l'Olympe que par les nom-
nument. La coupole s'est écroulée et a breuses sources chaudes qui sortent de
été réparée depuis; mais aucune des ses contreforts inférieurs, on croirait
inscriptions qui faisaient connaître ces que nature Tolcanique domioe dans
la
tombeaux n'a été conservée. Il y a une sa formation il n'en est rien, et la masse
;

chapelle attenante au monastère gui de la montagne est priucipalement for-


renferme aussi les tombeaux de plu- mée de granit, de gneiss et d'autres
sieurs personnages. Elle a 8, 30 de lar- roehes à oase de feldspath. Sur cette
geur et est divisée en huit parties par masse primordiale s'appuient dee for-
huit niches circulaires qui sont sépa- mations géologiaues plus récentes; ainsi
rées par une couple de coloonettes ados- dans les vallées (Je l'ouest, on remarque
sées a la niuraille. de grands gisements de marbre blanc,
C'est dans ce tombeau qu*étaient dé- et un géologue a ebserré ce singulier
posés les symboles d'investiture du pbénomiène au sommet de la mon tau ue ;
premier sultan des Osmnrilis qui lui il a reconnu le granit recouvrant la for-

avaient été envoyés par A la-Kddin, sul- mation calcaire de marbre blanc, (je
tan d'icouium ; ils consistaient en un qui au premier coup d'œii lui narut une
tambour et un chapelet, tous deux de amNnane géologique, lui fut uentdt ei-
dimension peu ordmaires. Ces reliques pHqué par un esamen des terrains e»*
turques ont été consumées dans rineen* vironnants. Il reconnut qu'à une époqne
die de 1S04. trèfi-ancieuie, ces terrains avaient été

Digitized by Google
ASI^ iUNEURE. 181

huànmfiéÊpn quelque conimotioii son-, pourrez imaginer de quelle fertilité doi-


terraine etque le granit qui recouvrait vent ^tre les vallées, et comment les
la formation calcaire n'était autre chose forêts peuvent s'y multiplier avec une
qn^uoe niasse énorme déplacée par ce luxuriante majesté.
tuemblemeut de terre. Les vallées orien- Aussi on peut dire que peu de forêts
tales de la montagne sont en partie f>euvent être comparées à celles de TO-
granitiques et en partie composées de ympe pour la richesse des essences et
trapps, dont les formations acquièrenit la belle venue des arbres. Le chêne et
me grande étendue. Du cdté de fouest le hêtre y acquièrent des proportions
on reconnaît, surtout aux abords des inusitées ; le châtaignier y réussit moins
eaux cliaudes, des grès rouges tertiaires bien quoiqu'il se multiplie avec abon-
doot quelques-uns offrent des teintes dance. Mais le hêtre offre à chaque pas
mtcetoêléâ de veines plus pâles et qui , au voyageur qui veut s'aventurer dans
pourraient être eniployés dans les cons- ces solitudes presque impraticables des
tructions, s'ils étaient susceptibles d'ac- sujets d'une merveilleuse beauté. Ce
quérir un certain poli. En somme cette fait est très-remarquable au point de vue
masse énorme ne présente que très- de la persévérance des espèces végétales
peu de ressources comme carrière de dans les régions qui leur sont propices.
pierres à bdlir. Les pierres employées En effet il y a deux mille ans déjà que
dans la construction aes mosquées sont c'était une observation antique ou pré-
:

apportées du bord de la mer ; le sol u'of- tendait que les Mysiens qui étaient ve-
freqB*«B travertin de Qualité médiocre, nus s^établir en Bithynîe, alors terre
oui est employé pour les remplissaf||es phrygienne, avaient donné à la contrée
des murs, et il est peu d'édifices publics le nom de Mysie, parce qu'en leur lan-
pour lesuueis on n'ait emprunté le se- gue mysos signiliait un hêtre.
floundê la brique, comme ofGrant plus Parcourèns maintenant la montagne ;

de durée et sans doute plus d'économie visitons ses vallées, ses pâturages et ses .
*
%

que toutes le» pierres que produit le sauvagés habitants.


pays. Broussa étant située sur le penchant
Le marbre même qui a servi a la cons- même de l'Olympe , on ne peut sortir
truction de plusieurs mosquées n*est pas de la ville du cdté dil sud sans se trou-
tiré des vallées de l'Olympe; il est ap- ver immédiatement dans une des val-
porte de l'île de Marmara, carrière iné- lées, qui remonte presque jusnu'au som-
puisable qui a servi déjà a bâtir plusieurs met. Cependant il n'y a qu une seule
vttice et qui servira encore pendant plu- route fréquentée pour arriver au som*
sieurs siècles. metdela montagne, c'est celle de Gœuk-
La forme générale de l'Olympia se déré (le vallon céleste), qui coupe la
présente topographiquement comme un ville en deux parties du coté de l'est.
céae à base elliptique couronné par un Après être sorti de ce edté, à peine
double sommet. a-t-on fait une demi-heure de marche,
Du côté du sud, les contreforts s'a- qu'on se trouve au milieu d'un majes-
planissent pour former de vastes pla- tueux amphithéâtre de rochers caché
teaux où se réuniœent les eaux de tous par l'ombre épaisse d'arbres séculaires,
•es versants, pour former deux fleuves f>armi lesquels on distingue le noyer,
et plusieurs lacs. De ce côté, les acro- e chiîtai;;ner, le hêtre, et le chêne. Le
leres de la montagne sont beaucoup chemin serpente le long d'un ravin pro-
plus prononcés i la nature avait besoin fond et dangereux ; c'est la dépression
4e ioateiiir cette Immense masse grani- supérieure du Gœuk-déré, la vallée la
tique: ce sont autant de petites chaînes f)lus célèbre de l'Olympe celle dont
,

qui descendent du sonnnet dans la 'aspect est plus grandiose, surtout


le
plaine et forment dans leur intervalle au moment de la fonte des neiges lors-
ëse vtNéec arrosées par des cours d^eau 3 ne les torrents roulent avec les blocs
perpétuels , dont la source est dans les e granit les troncs des arbres déra-
neiges de l'Olympe. Couvrez ce sol cinés.En continuant à monter environ
vierge de l'humus des v^étaux accumu- une heure , ou arrive à un plateau ou-
Uê pendant des milliers iqe «èctes, vous vert de trob côtés , et dominé au sud

Digitized by Gopgle
ÎÈÏ L*UNlVERâ.
par uue immense muraille de rochers, nos tentes d'Europe ; les autres présen-
be oé point on peut d*an coup d*ceil tent respect des huttes des lodîm;
compter les vallé^ dePOlympe ; a droite elles sont rondes et couvertes pnr un
le Gœuk-déré ; à gauche, d:insunepro- toit bombé comme une coupole. Ces
fondt^ur incalculable, les contreforts qui dernières sont couvertes de peaux de
scteudent Jusqu'au mont Argantho- chèvres ou de vaches; elles sont par-
nius, et au loin la mer, qui forme flio- faitement closes, mais d'un transport
riiOD du tableau. difflcile. La muraille est faite d'un treil-
lis de roseaux qui se replie sur lui-
CUAPiTKE XXX. même et se roule ; la calotte est d'un
grand embarras pour les changements
IBS nOMADBS DB L'OLYMM. de yaëla ; elle s^emporte tout d'uue pièce.
La première station que l'on fait sur
CVsi sur ce plateau que commencent le plateau de l'Olympe a lieu chez le
des Turcomaus ap-
les habitatious d'été kehaya ou chef dès Turcomans ; il est
pelées yaéla. Le yaëla Joue un grand là au centre de ses administrés, qui oc-
rôle dans la vie aea nomades d'Asie.; cupent les différents versans de b mon-
chaque tribu a sa demeure d'été déter- tapne. ('linque yncla se compose d'une
inince, et aucune autre ne viendrait l'en vingtaine de familles, qui ont leurs
déposséder. Ce sont des pâturages placés troupeaux «n commun. Le chef de tous
sur les versants des montagnes, dans ces nomades, qui porte le titre de Yurok
des endroits frais et liien arrosés. Cha- Ariia-si çragha des nomades), fait sa ré-
cun s'y bâtit une hutte, ou y dresse une sidence à Muhalitch, où il vit entouré de
tente. I/hiver on descend dans les ré* ses rustiq ues courtisans.
gions chaudes, ou guermesir. Chacuu Ces nomades habitent la région
eultive un petit ooin de terre et fait moyenne de la montagne depuis les fo-
paître ses troupeaux. Nous avons vu rêts de hêtres jusqu*à la région des sa-
dans diverses régions de l'Asie un bien pins. Ils s'élèvent rarement au-dessiw
grand nombre de ces tribus turcomanes, de ce niveau quoique la montagne soit
et nous pouvons affirmer que partout couverte d'un gazon fin comme le ve-
nous avons trouvé l'aisance et le con- lours ; ces pâturages ne paraissent paa
tentement. Aussi quelle sérénité sur convenir à leurs troupeaux. C^tte popu-
ces visages, quel accueil synipatiquc est lation, qui anime le paysaj-e pittoresque
fait a l'étranger qui arrive. Ils ne con- et sauvage de l'Olympe , ne laisse pas
naissent d*atttre autorité que celle de Î|ue de causer des dégâts notables que
leur Ak-sakaI (barbe blanche) ou an- 'mcurie du gouvernement de Brouan
cien; ils payent très-peu de cliose au ne songe pas a empêcher. L'exploitation
gouvernemeul, et l'on peut dire que pas des bois se fait sans aucune méthode,
un d'entre eux ne changerait sa tente et pour abattre un arbre les bûcherons
pour la plus belle habitation de la ville. en détruisent plus de dix. Quant aux
Ces tribus turcomanes sonttrte respec- nomades, comme ils jouissent du droit
tées des Turcs des villes, parce qu'elles d'usage, de pacage, d'abattage sans
sortent de la noble souche de la tribu aucune restriction , on les voit couper à
du moutou noir, dout faisaient partie les plaisir les plus beaux troncs pour en
princes seidjoukides* tandis uue les tirer un profit minime; de plus cette
TuresOsmanlis sont de la tribu du mou- habitude, invétérée chez la plupart des
ton blanc, qui fut longtemps feudataire montatînards non-seulement de la Tur-
des Seidjoukides. quie mais du monde entier, d'incendier
Les y ouroukb, c est a-dire Turcomans les jeunes plants pour récolter du gazon
nomades, se construisent au yaâa des Tannée suivante, feit qu^ine partie
cabanes de bois et de branchages. Cest notable des forêts de l'Olympe a subi
ce que les Ali^ériens appellent des jîour- l'épreuve du feu, et alors les arbres qui
bis; ils ont aussi deux sortes de tentes, ont été sauvés végètent rabougris et
les unes eu laine noire, faites de poil de chétils. Les troncs carbonisés, au con-
chèvre ou de laine de mouton ; œlle-d traire, résisient i tout agent naturel de
se plante au moyen de piqueta comme destraetknit et l'on ptieourt de

Digiii/eu by LiOOgle
ASIE mUEUEE. Itt
opte» «wmU de «h pleox noin et en liberté; etr on peut Mtonent arri-
iftiarbonnés qui ont un aspect logulnre. ver i cheval jusqu'à cette hauteur. Des
L'exploitation régulière des hois se broussailles de pin et de genévrier (jue
fait dtt- préférence sur les pentes orien- les guides ont appoitées servent à allu-
taiesde roivmpe, qui sont moins abrup- mer le feu où se prépare le repas cham-
kt« et où les transports sont rdative- pêtre qui doit précéder Fascension. Il
eat plus faciles ; mais qudle iadustrie ne faut pas plus d'une heure pour arri-
primitive ! Des chars dont les roors sont ver au sommet, et si l'on a été favorisé
des ais mal joints, et a peine arrondis, par un ciel serein, la majesté du spec-
crieot sur des essieux de bois auxquels tacle qui se déroule aux regards suffit
tMBt un tiofKMi d*iiDe longueur déroeso- pour nire oublier les fatigues de la jour-
lée. Dix à doua paires de boeuft ttieot née. Une grande pariu de la carte de
avec lenteur une bille de lustre qui de- l'Asie Mineure se deNeioppe sous les
mande cinq ou six jours pour être des- yeux du spectateur; la vue s'étend au
o»idue dans le pays plat. Les fondiiè- sud jusi|u aux vallées supérieures du
MB formées ptr les roues et les pieds Rbyndacus, à Touest jusqu'à la Troade,
des animaux arrêtent joUmeltement la et au nord Tazurde fa mer découpe la
marrlie du convoi. côte en mille golfes profonds dont les
Ces l>ois sont généralement transpor- échancrures sont rendues encore plus
tés jusqu'à Micomédie, où on les embar- sensibles par la perspective. Les îles de
que pour CoDStantiiiople. Cependant, Marmara « de Besbicos se dessinent
sur la pente occidentale, il s'est fait comme des points dorés sur le bleu de
ooe grande exploitation mais les forêts
; la mer, et a l'horizon du tableau on
de ce côté sont fort apauvnes. Le seul aperçoit à l'aide d'une lunette les dômes
souvenir de ces travaux subsiste dans le et les minarets de Constant! nople.
loa d^un village qui s*appelle Odunli Ceux qui ne voudraient pas organiser
keai,c*est-à-dire le village du bois ; c'é- une caravane spéciale pour faire Tas-
tait TenUrq^t des bois coupés dans les cension de la montagne pourraient se
forêts. joindre aux convois qui partent presque
La région des prairies qui succède à toutes les nuits de la ville pour aller
ede des sapint o*a rien qni la dis- chercher la jieige au sommet. La neige
des sommets alpins des autres
Ihigue est coupée en grands blocs dont deux
moolacnes. Une quantile de ruisseaux, font la charge d'un nmlet, et le convoi
aiiQieutés par la fonte des neiges, tra- redescend en ville vers oeuf heures du
ent leurs méandres sur le gazon ténu. matin.
Les habitants appellent ees ruisseaux Le sommet de l'Olympe se divise,
Kerk bounar (les (juarnnte sources), Déjjà comme nous l'avons dit, en deux pilons
à cvtte hauteur la neige reste dans les qui forment un plateau de plusieurs
aoi ractuosites peudant la plus grande hectares d'étendue.
pvtio de réié. Sur celui de Test, on voit les ruines
Les rocliers verticaux qui semblent d*un édrticc en pierres sèches qui paraît
supporter le sommet de la montagne af- avoir été une chapelle ou un monastère;
fectent les formes les plus bizarres. Ce mais rien dans sa consirnction ne |>er-
sont de liautes falaises de granit qui se niet de lui assigner une époque déter-
éessiDent en onin erénelës, en eolonnes minée.
priroaliqaetqiii Diésentent la silhouette Du temps des empereurs byzantins,
de murs éeroulei et de cliâteans en les vallées de l'Olympe devinrent le re-
ruine. fuge d'une foule d'anachorètes qui
Ici commencel'ascension du dernier fuyaient le tumulte de la capitale. Là,
melon de la montagne ; partout la comme au mont Athos, les cellules ae«
Beige remplit les crevasses; mais le clie* compagnées de chapelles se multi-
Diu ne présente aucun (î;murr. (l'est or- plièrent à l'infini. L'empereur Constan-
dinairetiient au pied du dernier pic que tui Porpbyrogénete lit un pèlerinage a
les guides lurcomaus fout arrêter les l'Olympe , et y répandit d'abondantes
io>'ageurs qui tentent fascentlon de la largesses. On citait parmi les plus célè-
oottifae. On laime les eheTani pittre bres iQOiiBStéres l'abbaye (le HedtoOt

Digitizeu by LiOOgle
184 tUniYERS.
foDdéesous Constâhtîn Copronvme par quer que les babitantsde r01ympe,qoi
rnbhé snint >'ioéphore sous Tinvoca- vinrent demander du secours à Crésus
tion do saint Ser;j;e et sous la règle des contre les ravages du sanglier, ét.tient
Acœmites (qui ne dorment point ^. Ce des pasteurs comme ceux que nous
monastère devint le refàge de plnsieon Toyons aujourd'hui. Si l'on s'en tient
prélats orthodoxes durant les persécu- au récit de Strabon (1), les brigmds
tions des iconoclastes. de l'Olympe n'étaient pas gens de peu;
Moins heureux que leurs frères du ils avaient des châteaux forts situés au

mont Athos, les moines de 1*01} mjpe milieu d'épaisses forêts, et les Romains
fiirent chasséi ou exterminés par les enrent plus d'une fois à compter avec
Turcs, ^i s'emparèrent de Broussa. eux, témoin ce Cléon qui,deson villace
Néanmoins la montagne conserva le natal, Gordiu Corné, faisait une ville
souvenir de .'-es anachorètes et encore sous le nom de Juliopolis en l'honneur
aujourd'hui le lier Olympe est connu de son ami Jules César. 11 possédait
des Turcs sous le modeste nom de dans l'Olympe un château nommé Cal-
Chécliich dagli(la montagne du ^loine). lydium et son pouvoir était assez étendu
Lorsque l'islamisme se fut établi dans la pour faire pencher la victoire du côté
contrée, les dévols musulmans reprirent du parti qu il embrassait. Il quitta fort
les traditions des cénobites chrétiens et à propos le parti d'Antoine pour se
fondèrentdans la montagne des santons mettre dans celui d'Auguste qui Tea
qui attirèrent de nombreux visiteurs. récompensa en lui donnant !a ?rande
Le sultan Orkhan b.Atitan lieu appelé prêtrise de Comann, et l'investiture du
Gœuk binar un couvent pour le der- gouvernement de la province de Mo-
iche appelé Kéîkli Baba (le père du rena dépendant de l'Olympe et de ta
cerf). Cette retraite, enooretrès^tréquen- Mysie Abrettene.
tée par les pèlerins, s*élôve à Test de la Dans niicune des vallées de la moD-
ville. ta^ne on ne trouve de vesli'^es de haute
Plusieurs sultans ne dédaignèrent antiquité ; les seules ruines que l'onotH
pas d'aller en personne y faire un pèle< serve sont des temps byzantins. Les
rinage et la tradition eite de préten- sangliers descendant du sanglier my-
dues prédictions faites par de ( clèbres .sien errent en pai\ au milieu des forêts
derviches qui se seraient aC4*on][)Iies où trouvent une nourriture al)on-
ils

de point en point. Là comme dans bien dante dans les châtaignes, les faines et
d'autres lieux de l'Asie les religionsadop- les glands qui jonchent le soK eteonuM
tent les endroits célèbres des religions les musulmans n'ont garde de les Cou-
ennemies. Le christianisme rernpinra cher ni nièine de les chasser, ils mè-
par des églises les temples des païens, nent dans ces lieux la vie la plus pai-
et l'islamisme planta sou croissant sur sible. Ou ne cite aucun animal féroce
les ruines chrétiennes. Partout le culte faisant soB séjour dans l'Olympe; quel-
nouveau cherche à remplacer le culte ques chats sauvages, loup cerrier
le
aboli. L'antiquité n'eut pas moins de fort rare et un petit léopard que les
respect pour la reine des montacues Turcs appellent Caplan, sont les seuls
d'Asie; cependant le mont Ida était animaux destructeurs dont il soit fait
f^lus spécialement désigné pour y placer
mention ; aussi le gibier abonde^til dans
e séjour des dieux. les vallées.
L'Olympe pass.iit alors pour être ha- Le bétail de l'Olympe comme celai
bité par des tribus féroces et des ani- de bien d'autres ();i\s montagneux offt*
maux redoutables. C'est dans les vallées un aspect peu satislaisant. Nous voulons
du sud aue le sanglier mysien, célèbre parler des bœuft, car les montons s'y
dans rfalstoire de Lydie, avait son re- reproduisent avec une grande abon-
paire; c'est là que s'accomplit In tra- dance et leur chair est d'une excellente
gédie de la mon U'Atys, fils de (irésus, qualité La laine est line et sert à fabri-
tué par AUraste, neveu du roi Midas. quer ces lapis célèbres en Furope sous
Le récit d*Hérodote (1) semUe indi- te nom de tapis de Smyme, quoiqu'on

(i)L. XU (i) sinb., xn, 575.

Digitizeu by LiOOgle
ASIE MINEUR 135

tfp fÉfcffique pas QB iMri m tt/tibb <SRAPITIIE XXXI.


Im plupart des voyageurs célèbres
mil visitèrent Broussa dans les deux l'île de BESBicus ( Caloliouio).
deroiers siècles ont effectué l'ascension
Le fleuve Rh^ndacus qui traverse le
de roiyiiipe. Voici la relation qu'en
lac Apollonias torme la limite occiden-
frit Tsomefort ; nous la reproduisons id tale (le la Bithyuie; tout le pays situé
prce que, comme botaniste éminent,
sur la rive gauche appartenait aux ha-
il fait connaître en peu de mots la
bicaiits de Gyziqve et antérieuienient
ilarede la montagne (1).
aux Doliones.
« Kous
laissâmes tout ce jour-là le
A quatorze milles (1) du rivage et
snnt Olfinpe à notre gauche. G*est une daus le méridien de l'cmbuucliure du
berrible chaine de montagnes sur le
fleuve sVlève un tlot qui porte aujour-
sommet desquelles il ne paraissait en-
d'hui le noiit de Calolimuo (3); c*est
core que de la vieille neige et en fort
rancienoe ile de Besbicus. Pline (3) lui
grande quantité. £n
approchant du
donne dix-huit milles de circuit;
OMmt Olympe, on ne voit que des chines,
Étienoe de Byzance Tindique comme
àts pins, du thym de Crète, du cyste à
étant Toisiiiede Cyzique; il rapporte
laudanum et une autre belle espèce de
cette fable touchant son origine. « Les
CTSte à larges feuilles. L'aune, l'ièble,
géants, dit-il, arrachant de gros blocs
lé cornouiller mâle et femelle, la digitale
du rivage, les jetaient dans la mer et
à rient ferruginée, le pissenbt, la chi-
tâchaient ainsi de fermer Tembouchure
corée, le petit houx, la ronce sont corn-
dtt Rhyodacoa ; mais Prosenrinev erai-
roaos aux environs du mont Olympe.
gnnnt pour llle de Qrziqiiei anennit ees
La montée de cette montagne est assez
rochers et en fit une île qui fut ensuite
douce ; maîsapfèstrobbeoresde marehe
nommée Besbicos par un des Pélasi^es
àdisvaU nous ne trouvâmes que des 8a«
qui l'habitèrent; Hercule y detrui^t le
pins et de la neige; de sorte que nous
reste de ees géants. »SekMi Apollonius,
tûmes obligés de nous arrêter près d'un
on voyait en ce lieu le tombeau du
peut lac dans un lieu fort élevé pour
géant .€gœon (4). Pline croyait qu'an*
ailer de là au sommet de la montagne
ciennement Besbicus n'était pas une
est une des plus grandes de PAsie ;
ile ; mais elle tenait au continent et en
leoiblable aux Aipes et aux Pyrénées, il
fut détaeliée par un tremMeoMnt de
faudrait que les neiges fussent tondues terre.
et marclier encore pendant toute une
Cet îlot pnrlaçjeait avec les îles des
jaanée. Les hêtres, les charmes, les Princes le privilège de servir de lieu de
lusiblsa, les noisetiers n'y sont pas
délassement aux seigneurs de Byzance.
rares. Les sapins ne diffèrent pas des
fiesbtous, dit Paebfmdre (5), célèbre
nôtres. »
par sa fécondité et la beauté de ses
Cest prèi du mont Olympe que les
campagnes, fut exposée aux ravages des
Ganlois forent dé&its par Manlius,
Turcs qui arrivaient avec trente vais-
ions prétexte qa*lk avaient suivi le
seaux et dévastèrent le pays. Les habi-
parti <f y\nliochus, voulut se venger sur
tants forent massacrés a Texception
eux des maux que leurs pères avaient
d'un petit nombre qui se jeta dans la
bjAA eu Italie. Les Grecs ont autrefois s'embaninèrent
forteresse; d'autres
dsané à TOlympe le nom de montagne avec leurs familles et ûrent nautrage
riss Galoyers parce que plusieurs soli-
devant l'île de Skyros (Syra).
taires s'y étaient retires. Cette montagne territoire de
Besfaieos faisait partie du
dlait célèbre au huitième siècle par di-
Kété(6); elle fut conquise en 1S06 par
monasteres ou la disciplme se
dans nn état florissant.
( i6 kilom.
i)
(a)Le bon port*
fs) r«f. d» Uwaul, t Ut p. tH. (3) Liv. V, ch. XXXII.
(4) A poil., Àrg„ I, 1x64.
(5) Liv. VI, 17.
(6) KttToitte de PafihjiMre, L II, Uv. V,
ch. 9f, p. aS?*

Digitized by Google
116 LUNfVEaS.
Kara Ali, d^AigouIdap. Osman donnn
fils aujourd'hui; on ignore d où ils ont été
en marinjze au vninqueur une fille grec- îirés il}; peutclre en cherchant bien
que qui faisait partie du butin de Ca- Jrouyerait on que Maiiînine est la cor-
lolimno. ruption de Vagnihs, viilagequi est situé
On mouille dans la petite baie de à la pointe sud de lîle.
Calolimno par dix brasses de fond; les
rivages de l'île sont en effet ires-accores
et plongent rapidement sous les eaux.
CHAPITRR XXXn.
La féfftm nord m
formée par
montagne escarpée qui se relie à celle
um LA VILLB DE DASCYLIUM ET LE LAC
du sud par une crête très-étroite. La DASCYLITIS.
majeure partie des terrains est formée
d'argile sableuse dans laquelle sont in- Il y a dans la détermination positive
tercalés des couches de grès fHable. du lac et de la ville de Dascylium on
Le villape du rn(^inp nom que l'île est
curieftx problème de géographie et
assissur la corne nord d'une baie peu d'histoire à résoudre. Les écrivains de
étendue ; il a un aspect de propreté et Tantiquité n'ont laissé qu'un cabos dans
d*aitaiiee peu ordinairps dam les villes les documents qu'ils ont recueillis sur
d'Orient ; les maisons sont blanchies à ces lieux; Texamen du pays n*a encore
In cliaiix et bfities en pierre; rîlot ne mis aucun observateur moderne sur la
produit d'autre bois que quelques oli* trace de la vérité. On ne peut cependant
viers. douter que la ville de Dascylium n'ait
Le lorrain de l'tfe sa compose de existé puisqu'elle était le cheMieu d'une
couches de calcaire argileux verdAtre grande satrapie sous l'empire de Da-
inclinées de 37" a irv et counint de rius. Quant au l,?c, il est mentionné tant
Test à l'ouest; relie roche au soin met de fois par les historiens de l'époque
des iiioniagues est fortement colorée eu romaine qu'on ne peut douter de son
rose. Le calcairo est recouvert par une existence. A-t-il disparu ou faut-il le
couche de grès d*uoe décomposition confondre avec le lac d' Apollonias, c*est
facile. la question a résoudre. Dans l'état des

. Unecrête aiguë traverse île dans l


connaissances géographiques de la con-
toute sa longueur et forme deux pentes trée, il n'y a que deux lacs, celui «TA-
de falaises élevées daes à Térosion de boullonia et celui de Manyas. Si le lac
la mer; elles plot nt rapidement sous Dascylitis a disparu, on doit trouver nu
les eaux ; aussi ne irouve-t-on de rnniiil- moins sa place; nous allons résumer
lage (|u'eo deux points a Test \nvs de
:
les renseignements que les anciens
Cabiimnoetan sud-ouest urès du bourg nous ont laissés tur la ville et le lae de
de Vagnitis abandonné aiifDurd*bvi. On Dascylium (S).
trouve dix .braseeaà une encablure de La satrapie de ce nom comprenait la
terre. Mysie et la Bithynie. Ou temps de Cv-

L'Ile a vingt-huit iuiometresde Ion- rus, M itrobate, satrape de Dascylium, fut


nwor sur environ quatre kilomètres de mis a mort par ordre d'Orelès, gouver*
large; elle renferme une population de neur de Sardes, pour lui avoir fait des
deux mille âmes tous Grecs. reproches de l'etdèvement de Poly-
L'examen des teirains de cetle île, crate (3). Plus tard, après la soumission
comparée avec ceux du contineut, prouve de rionie, Dascylium était gouvernée
Î|o*il n'y a ancnne concordance et nu'il par OBbarès, fils de Mégabise, fttilm
aut la considérer comme étant dans du bon molcontrelesChalcédoniens (4).
l'état où nous la voyons depuis la pé- Hérodote lui donne le titre d'éparqoe.
riode céolosiclue actuelle. C'est entre les mains d Œbarès que les
Dans la iname qu'avaient les naviga- liabitants de Cyzique vinrent faire leur
teurs de donner aux lieux décrient des
noms de leur invention, ils avaient ap* (i) Vuf. Btudraml en 170S.
pelé Besbicus l'Ile de Maignine, située, (a) Voy, pbis liant p. 5o.
disaient ils, dans le golfe de Pulimeur. ( {) Hérod.. liv. III, ch. iM-itft.
Aucun de ces deux noms n'est connu (4) \oyvt page 71.

Digiii/eu by GoOgle
ASIEr MIHEURC. ItT

avant Virrivée de la flotte du lac Artynia (l). Or comme ce fleuve


Pbéoictens, qui iTemiMfèfant de travene le lac d*AlioalloDia, on serait
m iea
Tilles de la Chersonnèse (l),à teatéde coneliiit, en suivant fidèlement
Pexerplion de celle deCardie (2). Celte les textes, que le hc. d'A[)ol!onias
dernifre \ille était voisine de Dnscylium ( Aboullorrin ) n'est autre chose que le
et reiebre par ses eaux chaudes qui lac Dascylilis.
élMnt auati douées que du lail (S). Or Cependant un passage de Strabon (2),
tasanias donne à cette dernière ville citantenméme temps trois grands laes
letitredexiu|x»), c'est-à-dire de bourp,do de la Bitliynie et de la Mysie, nomme le
village; ce qui prouve qu'elle était bien lac Dascylitis le lac Apollonias et le
déchue de son temps. De sou coté, lac Miletopolis. «Au-dessus du lac Das-
tlifuie de Byzance (4) mentionne la c^rlitis il y a deiu autres lacs consi-
ville de Bryllis « dans le territoire de dérables : on nomme Tan Apolkuiatis,
laquelle était la petite ville de Oascy- l'autre Miletopolis.
Iiuin > ; il est, de plus, disposé à idenii- » Près du lac Dascylitis est la ville de
ier Bryllis avec fa ville ae Cius. Tout Dascylium; près du Miletopolis celle
en peut mettveaiir la Tole de Templa- de Miletopolis et près de rApolloniatis
Cfment de Dascylium. Cette ville était est la ville d*ApoUonia sur le Rhyn*
sur la rive droite «lu Hhyndacus et, dacus

portait l'ioseriptic .. ^ — t — -i-"- —


- — -«^v
tiitquestion que de In ville, i! n'y mirait de Cyzique, que les Cyzicé-
il ajoute
nen de surprenant qu'elle ait eie ruinée niens possédaient une partie du lac
«

detood eu comble et qu'elle eUt disparu Dascylitis, dont le reste appartient aux
èt la isrfiwe du sol ; mais le lac dont il habitants de Byzance, une portion du
«tdsooveiK4}iieBlion dans les auteurs pays des Doliones jusqu'aux lacs
w pfTit avoir eu le même sort sans (dopolis et J/jollonia fis <>.\\n\- a donc
laisser de traces. pas moyen de supposer que l'un des

œd« JVotis rassemblons ici les


auteurs anciens qui tral*
se lac ; peut-être une explora-
principaux deux lacs eût jamais eu deux noms;
de plus, le lac Dascylitis
étendu pou r avoir été partagé entre deux
était assas

lion plus assidue de la province pourra- peuples différents,


t elle conduire à débrouiller l'obscurité Maintenant, si nous reprenons le pas>
qui l'environne. sage d'Héeatee que nous avons cité
Strabon en parlant des Aphnéens dit : plus haut (4), le fleuve Odryssès,(iue Ton
• Ils sont nommés Aphnéens, nom qui regarde comme le Niloufer actuel, vien-
Tifnt du lac Aphnitis, car c'est ainsi drait du lac Dasryliiis; or ce petit
qo'on appelle le lac Dascylitis (6) ». Si fleuve, comme nous l'avons dit, ne sort
tous prenons le texte d*Ktienue de By- d*aucun lae. Le passage d*Héeatée, qui
zanee (6). nous y lisons « Aphneion, : rappellele culte particulier renduàApo!-
de Phrygie'près de Cyzique et de
ville Ion par les habitants de cette pnrtie de
Miletopolis. Le lac aux environs d*^ (a- In eontrée, serait en faveur de l'opinion

xiqoe s'appelle Aphniiis; il portait au- de ceux qui veulent assimiler les deujr
pvatMt le nom <rArtynia. « lacs sans la difficulté que présente le
Ptina ajoute encore à la confusion, texte de Strabon. Un passage de Plu-
snifant lui le Rbyndacus sort tarque, dans la vie de Lticullus 'o), n'est
pas propre à éclaircir la question. « Il
>' ^/'^SeZ près de la Ville de CyziquC
fi) Hémdole, comme SiraJ.o,., vov. plu.
haul page S.ne ponuait As.e MmeureI
UU ISC qm S appelle DaSCylitlS, Ct QUI CSl
^ MNM* le iMMD de CiMrMMinète.
(r) Hérodote, lîv. VI, ch. 33, (0 I iv. V. ri.. XXXH.
(1) Païuanias. Iiv. IV, ch. 3&. (a) Liv. XII, p. S^S,
(i) Verho Hryllium. (3) Srraboii, XII, 57«.
(4) Voy. page I r4,
(5) Si^ de Gjxique, ri9 IêûhU^

Digitized by Google
L*imiVEB&
navigable à d*i»8es grandi btleaux. Ln- de rOlympe, à environ quinze kilo*
cullus Gt tirer à terre un des plus mètres de la mer. Sa forme est trian-
pands, et le ût traîner sur un chariot gulaire et son pourtour estimé de
*

jusgu'à la mer et y ût embarquer des trente-sept à quarante kilomètres. La


Boloats, etc. » Ce lae ne conlkmuniqiiaH edt» «MKest aoeuse une ligne assez
donc pas avec la mer. Un autre (unaga végulièra, c'est celle qui regarde la
prouve que tous ces événements se pas- montagne, et le terrain est formé des
saient sur la rive jiauchedu Rhyndacus, alluvions charriées par les eaux. La
c'est-à-dire en Mvsie. Un corps de cote nord, au contraire, est fortement
troupes de Mitbrioate, gui était sorti déeoupée et remarquable par une pres-
pour faire des vivres (1)^ fut surpris par qu'île rocheuse devant laquelle est assise
Lucullus et taillé en pièce. LueuUus<' la ville d'Abouilonia, l'ancienne Apol-
les atteignit près de la rivière du lonias.
Rh^^udacus et en Ut un tel carnage que La partie occidentale du lac re^it
les femmes même de la HIe drApol- mie rivière' qui n*est autre que le fleave
looia sortirent et allèrent dépouiller ceux
ai revenaient chargés de vivres. Les
Rhyndacus et qui en sortpow aller M
jeter dans la Propontide.
a
eux villes et les deux lacssontdonc par- Le lac e^t en outre alimenté par les
faitement distincts. fontes des neiges de TOlympe qui au
La ville de Dasejrlium t cependant printemps immdent tout le territoire
subsisté sous Tempire bvzantin; elle a*alentour. 11 est à remarauer que le
était épiscopnle sous TarpMev^qjie d'A- courant qui entre dans le lac en sort
pamée; voilà tout ce qu'on en sait. Ce presque avec le même volume d'eau, ce
qui a été écrit sur ce sujet daus les qui semble indiquer que le fond du lac
temps modernes n*e8t mi*un tissu d*er^ n*est pas aUmenté par des sources abcQ-
reurs. Selon Baudrand (2), cette ville dan tes.
existe encore sons le nom deDiaschilo; Une ex ploraifon hydrographique du
« elle est assez bien entretenue par les fleuve et du lac fut faite en avril 1835
Turcs et située sur un cap du même par la goélette de TÉtat Iq Mésange
nom entre Pruse à Totient et C3rzique à oui vint mouiller au port de Calolimno
Poccident Knfin une note de M. Gos- dans la petite île voisine. Une fbis le
selin, 1 un des traducteurs de Strabon, bâtiment en sûreté, le commandant fit
ajoute à la confusion (3). « Dascylitis armer un grand canot, et en compagnie
dit-il est une langue à l'embouchure
, de quelques officiers, nous nous apprê-
du Nénufar (le Niloufer); elle eon* tâmes à remonter le fleuve dont le
serve le nom de Diaskillo. » Cette note cours à cette époque était à pe« près
a été copiée par tous ceux qui dans ces inconnu.
derniers temps se sont occupés de la Le fleuve débouche dans la mer par
géographie de cette province ; mais il une belle vallée qui forme qm solution
n'y a aucun endroit moderne du nom de oontiDuité dans la chaîne dé mon*
de Diaskillo et remplacement de la
, tagncs de la INÎysie : cette vallée a
ville et son lac sont encore à re- cinq cents mètres environ de large;
trouver. les bâtiments d'un fort tonnage peu-
TCDl rementer à environ dii kilo-
CHAPITRE XXXIII. mètres dansTîntérieur et stationnent à
un village qu'on appelle Iskélé ( l'É-
LÀ VILLE ET LE L4C D*AP0LL0Nr4S chelle ) ; c'est là qu'est établi le bureau
(ABOUtLOIfU). ^
LB BUYNDÀCUS. de péage. Des balises placées de dis-
tanoe en distance indiquent les banes
Le lac dTApoUonias est situé entre la mebUes dans lesquels les bâtiments
Fropontide et les pentes septentrionales pourraient s'engajjer. Après avoir re-
monté environ six kilomètres, on laisse
(i) Cf. Slrab., XII, 763. sur la rive droite ( orientale ) l'embou*
(a) Ed. i6Sa. chure du niloufer qui n'a pas plus de
(S) Stnboo, liadiietîwi ffançuM» t. « quarante mètres de laree. Le fleuve se
p. i»5. resserre bientôt entre deux chaînes de

Diyiiized by Google
AStKBUNEUlUS
montagnes et son cours devient plus fourrure et line grande veste de peau»
rapide. Nos matelots mirent pied à de longues bottes leur montant jus-
terre pour haler la barque, et nous ar- qu'aux genoux. Ces hommes nous ap-
rivâmes le soif m(*nie au vilinqe d*Ts- prirent qtiVn effet ils étaient Russes.
kelé. Il est situé à la base d une mon- Établis depuis plus décent ans en Asie,
tagne (le marbre gris ; cette roche pa- Us avaient formé une petite eolonie
raît constiluer la chaîne (]ui court de Îii vivait en bonne intellîgence avec les
l'embouchure du fleuve jusqu'à Cy- urcs et jouissant de mielques im-
ziqae. Notre intention était d'entrer munités, notamment de pratiquer
dans le tac d'Apollonias en remontant sans contrainte leur religion, fis sont
le Rhyodactts; nous naviguions tou- adonnés à la pêche , et se rendaient à
jours poussés par une forte brise du l'embouchure du fleuve pour pt'cher
nord, et loin de trouver aucun con- l'esturgeon dont ils fabriquent le ca-
,

fluent, le fleuve nous paraissait s'é- viar. Ce genre de poisson est en effet
largir tonjoars; enfm nous aperçûmes, très*abondant dans ces parages, à tel
sur une hrmtpur, la ville de Muhalitch. point qu'on n*utilise que les œufs et
Nou«; avions navifj:ué plus de trente ki- que la chair est délaissée. Ces Russes
lomètres sans savoir sur quelle nappe habitent un village (ju'on appelle Kosak
dTean noas étions; le courant qui se keol, et qui est situé près du lac de
confondait avec ce prétendu lac, était ^lanyas. Ils possèdent quelques ba-
souvent enihnrrassé par des lianes et teaux longs qu ils placent sur un train
des troncs d'arbres; nous n'aperce- de quatre roues, mettent dedans leurs
vions la traee d*ancna être humain ; enfants et leurs ustensiles de nêehe, et
lonqn^enfin nous pûmes mettre pied a vont ainsi, selon la saison, pécher dans
terre et envoyer aux renseignements les différents lacs et cours d'eau de la
vers que!(iuf's indigènes que nous appr- contrée. Ils ignorent à. quelle occasion
cûmes. Nous apprîmes que nous avions ils sont venus dans ce pays; les Turcs

depuis longtemps dépassé le cours du disent qtfils se recrutent de déser*


Rhyndacus et que nous naviguions sur teurs et de matelots russes oui vien-
le Sou sûuglierlé [la rivière des hufles) nent à Constantinople.Sont-ceo'anciens
qui vient de SimauJ. prisonniers amenés dans ces parag'es
Il n*est pas rare de voir cette vaste parIes'nlres^eeei est plus probable.
inondation se reproduire au printemps Le lac d'Apollonias fut aussi appelé
au moment tli' la fonte d»'s nri;ips rie lac Artynia ; mais il finit par prendre
L'Olympe, et les habitants la regardent le nom de la ville principale, construite
comme le si^ine d'une année â*abon* sur ses bords et qui devmt célèbre par
dance. L'inondation couvrait tout le 'le culte que Ton rendait à Apollon.
terrain de la plaine de Mulialitch et Le Rhyndacus portait aussi le nom
confondait 'es rives du lac avec celles de Lycus, que Grecs donnaient à
les
du Sou sougherlé, de sorte que la petite tous les fleuves sujets aux déborde-
ville de Loupad se trouvait presque ments.
cernée par les eaux. L'année précédente nous avions ex-
Après un court séjour à Muhalitch, ploré le cours supérieur du Rhyn-
nous redescendîmes le fleuve sous la dacus, dont nous donnerons ici une
conduite d'un homme du oays, et nous courte description pour n'avoir plus à
aUloies mouiller sous les murs de nous oc4;uper du régime de ce fleuve.
Lonpad. Le Rhyndacus prend sa source dans
Le lendemain, après avoir reconnu le voisinaee de la ville d'Aizani (1)^
lepunt qui ludique rentrée du lac, nous aujourd'hui nommée Tèhafiier hisser
allâmes mouiller dans les environs d*A- (le château du seigle). Ce territoire
kNkllonia. faisait partie de la Phrygie Épictète. Il
Notre guide nous avait quittés à sort d'une montagne calcaire apparte-
reiobouchure du hhyndacus pour re- nant au groupe du mont Dindyinène à
lohidra va eonvol de paysans qui pa« une hauteur de i,08S mètres au-dessus
nisnient étrangers au pays ; ils avaient
h costume des Russes, un bouuet de . (()Stiab., XII, 576.

Digitized by Gopgle
140 vm
de la mer, tra?ersela plaine d'Aizaoi Cet événement se paHiit MNii la lêiM
dans la direction du sud au nord et de Claude le Gothique (1).
après uoe course de vingt kilomètres, Dans toute rétendue de son parcours,
contourne un col peu élevé près de depuis sa source jusqw'à sa sortie du
Sofon keui, qui sépare la plaine de lac , le fleuve ne reçoit aucun âfDuent
Tchafdèr de celle de TaouchanU (la ui porte un nom historique; mais,
ville des lièvres), petite ville assez po- ans son cours inférieur, il rec^oit de
puleuse adossée au revers méridional Touest une rivière considérable qui
du Toumandji dagh, un des contre- s'appelait Megistus ou Macestus, et au-
forts sud-est de TOlympe. La plaine de jourd'hui Sou aougberlé. Nous n^avons
Taouehanli est bien cultivée et ren- pas parlé du nom moderne du Rbjmda-
ferme plusieurs villages. Eu traversant eus on peut à peine dire qu'il en a un,
;

cette plaine le fleuve prend sou cours c'est-à-dire qu'il en cliant^p à chaque
vers 1 ouest et le nord-ouest, pour village. Dans les hauts plateaux on l'ap-
contourner le massif de TOlympe, dé- f»eUe rivière de Thafdère; plus kno e*cst
bouche dans la plaine aux environs du a rivière de Taouehanli ; enfin au petit
village de Kirmasli, et va se jeter bourg d'Kdrenos le Rhyndacus prend le
dans le lac Apollonias vers l'angU; sud- nom d'Ëdreiios tchaï jusqu'au iac Apol-
ouest. Pendant la saison des hautes lonias.
eaux où nous nous troufions, il oe Ce n*est pas tout. A
sa sortie du lac,
nous fut pas possible de reconnaître les habitants le confondent avec le Ma-
dans le lac aucune espèce de courant ; cestus et l'appellent, jusqu*à la mer.
mais Tinondation étant causée par la Sou sougher li (la rivière des buflles
fonte des neiges, le volume du fleuve ou des bœufs d'eau). 11 faudrait dire lit-
n*en était pas augmenté dans son cours téralement sou segher li, segher, boeuf,
supérieur. sou seghfi'y bœuf d'eau, sou segher li
L'accumulation des neiges dons ces tchaï, la rivière des bœufs d'enu ; voilà
régions et les rudes hivers de la Bith)- pourquoi la géographie des Turcs est
nie se représentent assez fréquemment; un cahos.
aussi les orangers et les plantes des Celui qui n*a pas quelques notions
contrées niériaionales ne croissent-ils de la langue ne saurait s'y reconnaître;
pas dans cette province. Plutarque (1) il y a cependant un avantage, c'est que

rapporte que pendant le siège de C^zi- tous les noms de ville, de montagne ou
que Luculius ayant fait une sortie pour de fleuve ont une signification prise de
se mettre à la poursuite des soldats de leur caractère saillant et cela se Aie
Mithridate <«trouva les neiges si abon- très-bien dans la mémoire.
dantes, le froid si Apre et le temps si
rude que plusieurs des soldats, ne pou- LB UACfiSTUS SOU SOUGIiEBLB
vant le supporter, uHmrurent par le TCHAÏ.
chemin ».
Nous n*avons, cependant, aucune « £,e Rhyndacus prend sa source dans
preuve historique d'un froid continu de l'Ai/.anilide, après s'èlrc grossi de^ eaux
dix degrés centigrades qui eût iufailli- de plusieurs fleuves de Mysie Abret-
la

blement gelé le lac d'Apollonias; de tène, entre autres de celles du Macestus,


mémoire d*homme la surâiee du lac ii*a 3ui vient d*Ancyra de TAbasitide, se
été entièrement pelée. échorge dans la Propontide près de
Mais l'inondation dont nous filmes l'île de Besbicus (2). » Ce court passage

témoin , et qui au dire des habitants se de Strabon, d'une exactitude parfaite,


Tenouvelle fréquemment, fut terrible nous a aidé à retroufer les souron du
en Tannée 268. Les Goths, qui faisaient Rhyndacus et nous permettra de suivre
le siège de Cyzique, furent surpris par sans difficulté le cours du Macestus, qui
un débordement des lacs et des fleuves; porta aussi le nom de Megistus (3), sans
une partie de Tarmèe fut engloutie et le
reste fot obligé de battre en retraite. (i) Zonare, XII, i37.
(a) Strah., XII. S^fi.
(t) r<> «t0 LueuHtu^ (3) Ptiiie,liv. V, ch. 3t,

Digitized by Googlc
141

àmitt parce qu^il était le cours d eau le quai en solide maçonnerie qui s'élève de
piM eoMUéraMe de la Mysie Abfetiène. Îilus d'un mètre ao-dsssns de Teeii; la
Le Macettus prend sa source dans le orme de lllot est un rectangle tmaiiié
larde SimauK près du village du même par un Ivémicycle. Les restes qu'on re-
Dom et dans le voisinage duquel M. Ha- marque dans son enceinte se composent
nriltoo a déterminé la position d*Ancyre de colonnes et de pans de murailles qui
ie Phry^ ; ce qui eonslale Teiaetitîide ont sans doule appartenu au temple
de Strabon, le lac est alimenté par des d* Apollon ou peut-être de Diane ; ITIot
sources alKjndantes. Au nord du village s'appelle aujourd'hui Kiz Ada si (l'îlot
de Kilisse keui se trouve une gorge de la fille ou de la vierge). Est-ce un
Mie par laquelle Teau du lae 8*é- souvenir de la divinité grecaue ?
,
éappe avee impétuosité et forme une On die nn gmnd BomlMeM médaUlsB
*
oscade au milieu des rochers. Ce ruis- de cette ville, tant autonomes qu'impé-
leau est la source du Macestus. Dans riales; le revers porte quelquefois la
iMitecette région, il porte le nom de figure du fleuve Rbyndacus couché et
SbmbI labiA, arme les plaineaTeleani* appuyé svr «ne orne; cTeet le mibole
•Ha eè aoBl aitnéB de nombreux fil- a^poUonia ad Hhfndacumy epitbète
ages. En passant près de la petite ville donnée à cette ville pour la distinguer
k Sou soueherlé , il en prend le nom, des autres du même nom. D'autres
conserve jusqu'à Mubalitehi enfin médailles portent au revers la figure
SUeelte ville à la mer, après la iooetion d*Apollon près duquel est un trépied.
ândeui rivières, le fleuve prend les noms Le temple d*Apollon dont nous avons
k Muhaiitch tchaï et de Sou soujîherlé. parlé est représenté sur une médaille
Tout le territoire arrosé par le Maces- deCaracalla; il est à quatre colonnes,
appartenant à la Mysie Abrettène et
ta& ce qui s'accorderait assez bien avec la
àlaPhryçe Épiclèle, iknn les déerirons nature iIbs mines que Ton observe dans
queettte dcnièfe pro* lUe.
Il faut que les habitants de la ville

moderne se soient attachés à détruire


AVOLLONIAS. les inscriptions ; car les anciens Apol-
loniates mettaient le plus grand aoin
La petite tle sur laquelle la ville est à confier au marbre les faits nota-
bâtie est située dans la partie nord est bles de leur cité. Dans plusieurs villes
(la lac elle a environ cinq kilomètres de
; d'Asie et notamment à Éphèse on ob-
cnoBÊérenee. On v arrive au moyen serve des inscriptions votives dédiées
pont de bois ên mauvais élat. La par les habitants d*Apollonie sur le
Tï'f^. fjuoiquc
séparée du continent, était Rhyndacus ; et Arundell cite une ins-
defeDdup par une forte muraille flan- cription de cette ville copiée à Dinairc
quée de tours dont quelques spécimens Taucieune Coiossâî, votée par les Apol-
MMent tneore en place ; niais toutes ces loniates.
•Mstmctions se datent pas de la pé- A Le peuple des Apolloniates sur le
riode hellénique; on peut reconnaître « Rhyndacus honore TibériusClaudîus,

certaines parties construites avec des « lils de Tibérius Cyréna Mithridate,


oiitienaux antiques et qui datent de la o grand prêtre d'Asie, leur protecteur
période bftantioe. Il ne reste dans Fin- « et leur bienfaiteur| et en reconnais-
t^rieur de cette bourgade , qui a SMn- « sance de ses services lui ont élevé
|»l»cé l'ancienne Apollonias, aucun « une statue par les soins d'Apollo-
monument digne d'être observé; ce fut « nius, le plus distingué de leurs con-
•Il iieu de refuge « citoyens (1). »
, pendant le temps
de nsfaaioB musofanane, pour les Du temps des empereurs romains,
!
malheureuses popnlations ehfétiennea tout ce territoire appartenait à Cyzi-
I ebas.sées de Pruse ou d^Auamée. aue (2). A l'époque byzantine, la ville
Au nombre des petites îles qui émait* était épiscopale sous la métropole de
surface du lac , il en est une qui
itat la

/
^ertedes traees éfidentes de eonstrue- (i) Anmdell, SettH ehureh$$»
liMB halléniqMs ; elle en entottiée d*un («) Strab., XII» 575.

Digitized by Google
IVicomédie; ee prifilége a mainteitant leva cette place, qui ne lot jarnii
passé à Ghio. il n\v a à Apollonie prise par les Byzantins.
au'une panne église à peu près aba&- Il ne paraît pas que daus l'antiquité

onuée. romaine il y ait jamais eu eu ce lieu


3uelaue ville impoitante; les voyageuri
CHAPITRE XXXIV. u fiernier siècle (1) eMcnl un assez
grand nombre de ruines entre cett^ ville
I.0UPAD1CJM. — LOUPAD. et Muhalitch; elles ont dû appartenira
Miletopûlis, qui était dans le voisma^e.
L» route d*ApolloÉiai à Loupadiam Aujourd'hui la populalÎMMi presque t»*
suit la côtenord du lac à travers une teleroent abandonné Loupad à mm
contrée déserte et marécagpuse. Les oi- de la mat aria qui devient de plus en
seaux aquatiques abondent dans ces plus redoutable. On n'y trouve plus
parages qui sout fréquentés à de rares pour que uuelques iaiiiiiie&
luibïtents
iDtemNet pir ém pmran admadei. greequaatt un monatim abandemérOi
Le seul édifice que Ton rencontre sur vit avec sa.ûunille un pauvre pafuuq^
cette route est un vieux khan aban- fait le serfioe religieux des efarétesdi
donné appelé Kirsiz khan , le cara- Loupad .|
vanseraî des voleurs ; c^est une construc*
tkMida iDO]F«Déget fMriBnn oufnigi APm» iimiiiot aahs la yàuM
tare. BU mBYVDACm»
On franchit le Rhyndacus sur un
pont de bois en très-mauvais état pour . Le cours du Rhyndacus^ à travers les
arriver à la petite place de Loupad déiléi de l'Olympe, offre des aima-
bétie mh rire nuebe da fleore, et
juste à son point de sortie du lac.
dves de défiles et de plainea qui rca-
fermaient quelques villes importantes et
Lou[)adiiim fut bâtie par Alexis qui aujourd'hui sout peuplés de nom-
Comnène pour défendre les al>ords de breux villages. Tous ces districts ootété
Broussa contre les Sarrasins. Cest à répoque byzanUm le théâtre du
plntdt une forteresse qu*on« rilte ; die luttes entre ici Sirtasb» et les Grecs.
reçut cependant un continpjent de po- Aussi les passages des vallées étaient-
pulation qui a pu s'élever n deux mille ils défendus par de nombreux châ-
âmes dans le temps de sa plus grande teaux dout ou voit encore les ruiœs,
prospérité. Loupadium est bâtie en mais dont lie mam
ne prateot lue
forme de rectangle, eelon Tuiage restitués que par conjecture, ear 1m
Byzantins la muraille est de briques
;
inscriptionB monumentales de fliiti
parmi lesquelles on a môlé une foule époque sont extrêmement rares.
de fragments antiques et de débris de Eu remontant 4e Rhyndacus à partir
tB^mmê, De dii mètres en dix mètres dê aon entiée dans te lac ApollM.
la muraille est flanquée de tours rondes on arrrvut aprèa douze heures de ma^
et poligonales. Nicétas Clioniates, qui che, au petit bourg d'Édrénos qui con-
écrivait dans le treizième siècle, appelle serve encore les vestiges de l'ancien
cette ville Loupadium (1) ; elle est éga- nom de la ville dont il occupe la place.
lement eltée par Anne Gomnène (2). Hadriani, rilte fondée par rempereor
Loupad défendait l'entrée do lac Apol- Hadrien, était eo effet située sur le
lonias aux barques des Sarrasins et bord du Rhyndacus; c'était la place la
conmiandait en m^me temps le cours {)lus considérable de la province. Pour
du Macestus de sorte que comme point
;
a distinguer d'une autre ville duméaiS
Stratégique, sa construction est assez cm, située dans le Mtre de te pie-
bien entendue. Loupad tomba entre les fince, on l'appelait Hadriani près de
mains des Turcs en 1330. Orklian, s'é- roiympe. Du temps de Tempire bv-
tant ligné nvec l'émir Toursoun pour zauiiu elle devint épiscopale et était
aller attaquer le prince de Karasi, en- comprise dans la province de l'Helles*
pont. L'emplaeeaMnt d'Badfianlitat dé»
(i) Nie. Cboo., p. i86.
{%) Ado. Comn., p. f 77t (t) iMS, t. ^ r7f.

Digitized by Google
iMifM' pour anailief du sol Isa ftag*
iÉÉÉiam et le« ruina de cette Tille ments qui t^f trouvent et qui noisellt
aotiqm oat été déerites po» II. H«> à leurs cultures, et ils ont accumulé
aàm. près des murailles existantes une quan-
ÎM route de Broussa à Édrénos tité de comidies et de colonnes bri-
imtm te iraliée 4b Abjndaen de* sées d'os bdle «éemion.
pu» le point où il entre dans le lae Le grand édifiée dont les ruines sont
Apoilonias. On arriveaprès \ingt-quatre encore consenées paratt avoir été un
kilomètres de marche à la petite ville gymnase les murs de fondation peuvent
;

ét Kamasli, dans le voisinage de la- encore êtreuarCaitement distingués.


fMlle^tflèfe VD cMInu b^fentin. Kif* C'était uû carré d'enma
édifiée
rii mMtie sur les deui rives du soixante-six mètres de lange ; sur qoa*
flniTe et contient environ huit cents rante-huit de profondeur; mais à Pex-
mat^DS dont la majeure partie est ha- ceptiou du côté sud-ouest, les murs ne
kilee par des Turcs. Les roches qui en- s^élèvent pas à plus de trois ou quatre
fiwiiBBt te fille sont de nature vol- pieds an-dessua dn sol : les nraraHIas
eaniqne, entrecoupées par les marnes de Touest ont environ vingt mètres do
okatres. A huit ou dix milles de Kir- hauteur et peuvent être aperçues d'une
nadi, on passe une rivière qui va Ise très-grande distance; elles sont maL'nifi-
Cer dans ie Rhyndacus et qui formait quement construites en grandes assises
Barite de laMysie Abmièae. On fuit #e marbre ; l'épalssenr du nmr est d'en-
encore vingt-qnatre kilomètres de Kir- viron un mètre et toute la construction
BBSli jusqu'à Kesterlek, petit village est appareillée sans ciment; ce qui
defiaraote ou ci uc^uante maisons. Peu montre avec quel soin l'édifice a été
iitHS|i8 après avoir quitté ce village, construit.
«snsiarque nn château byzantin dont Les fondations des pièces de l'in-
\k morailles sont bâties de briques et térieur sont seules visibles, et il estdiffl*
k [\mes] cette construction paraît elle de connaître leur disposition.
^u^duméme âge que le château de Près thi gymnase sont les vestiges de
deux autres édifices qui, si l'on en iuge
laiMto se prolonn ensuite à tra- par les colonnes brisées qui sont dans
wsooe contrée boiséie et presque dé- le voisinage, parnisscnt avoir été des
*erte; on passe plusieurs petits cours temples, l'un d'ordre dorique, l'autre
tfeau qui vont se jeter dans le Rhyn- iouique. De belles volutes et des frag-
et Pon arrive , après huit heures ments de corniche sont là gisant k
^marcbe ou qaarante-nuit kilomètres, terre. Trois eokmnes de petite dimen-
MTillage d'tdréuo?, situé dans le TOisi- sion et encore en phce indiquent sans
BJe<*dcs ruines d'iladriani. doute l'emplacement d'un portique; et
Le bord de la rivière est défendu par les murailles voisines sont remplies de
« wàm cbitean Imsantin ; nais les fragments de toute sorte. Les inserip-
raines d*fladnaiil ssttt à denx railles tlons sont rares à HadriattI; mais on
|i« loin. en découvre quelques-unes au village
L'édifice qui frappe d'abord les re- de Beyik; elles paraissent avoir Sé
prit» est une ancienne porte de ville transportées de la ville.
^osBposée d0 trois areadw; mais on ne La ville d'Hadriani est le Hett de
trouve aucune trace de murailles ; Tar- naissance de l'orateur Aristide, qui dans
^iiecturede cette porte est d'un style ses écrits a laissé quelques passages
«sez médiocre. Un
peu plus loin sont relatifs à son pays natal. On comp-
n raines d'un éditice considérable qui, tait cent soixante stades (1) entre Ua-
Mse toni leg débris d*arehiteetore qni driani et Pœmanlnus et deoi jours de
rnitourent , indiquent parfôitement marche entre Cyaique et la pfémièrs de
remplacement d'une ancienne ville, et ces deux villes.
b concordance des noms ne permet pas Au-dessus du village d'Édrénos le
•douter que ce ne soient les ruines fleuve se trouve de plus en plus res*
Uadnani.
Us habitants oitt lait MeUdés tën- (t) TSagt-Mof kileaièini et dcdL

Digitized by Googlc
I

144

serré par les déGlés que forme le Tou- pendant deux heures et demie, nom
mandji dagli; mais ou rencontre de arrivâmes à Yéni cheher. La ville est
distance en distance quelques villages petite, mais jolie; tous les vendredis il
bfltia ior les pentes. Knfin Ton arrive à 8*y tilNit un grand baser ; on y vead
un ruisseau qui va se jeter dans le presque de tout ; mais le principal oom-
Rl»yndacus en venant de l'est et qu'on merce est celui Mes chevaux que les
appelle Touuiaudji sou; c'est la li- Tartares y an)ènent (1). » Yéni cheher
mite entre la Phrygie et la Bithynie. était le centre des opérations de Soh-
man aUaquait N ieée. Bilédzik,
lorsqu'il
autre village à Test de Yéni cheher, est
YBNI CHSHEB, SUGHUD ET QUELQUES
regardé comme l'ancienne Belecoina;
YILU8 DB L'IUTÉKIBOI. on n'y remarque aucune ruine luteres-
saute.
Les veruntsestel sud de l'Olympe, A la jonction de la rivière Poursak
quelque moins peuplés que le versant et du Sangarius se trouve la ville de
nord, renferment cepemiaut quelques Sughud qui a joué un grand rôle daus
,

villes qui mentent d'être mentionnées. rhistoire ottomane, puisque c'est le


La région est forme un bassin parti- premier fief que posséda le cbcf dei
enller au centre duquel est un petit tribus turques lorsqu'elles arrivèiât
lac qui porte le nom de Yéni cheher en Asie Mineure. Auparavant elles n'a-
comme la ville bâtie sur sa rive ; il est vaient été que des hordes à la solde des
alimente par quelques sources et uar sultans dlconiuin. Ala Eddin fit pré-
leseauxde la montagne. Son canal d'é- sent de ce territoire à Ertoghrut qui ,

ooulement se rend dans la rivière d*Ak fit de ce lieu le centre de ses opéra-

sou qui va au Sangnrius en se joignant tions contre Broussa. Le site de Sug-


au Déré tcliai qui ureiid aussi le nom hud, dont le nom turc signifie Vosier^
de Bédré tcbai; cest la rivière de correspond, selon Uammer, à celui
Lefké. La ville de Yéni cbeher (iiour de Tbebazion, ville b} zaDtine de peu
velle ville) est regardée comme il< fon- dMmportanee; mais aujourdMiui on n*y
dation musulmane; elle était autrefois observe aucune ruine antique. Elle est
le lieu de cantonnement d'une orta de célèbre parmi les Turcs, comme le lieu
janissaires; on sait que cette milice de sépulture du sultan Lriu^hrul, dont
fut créée à Brousse et composée de le tombeau s'élève aux environs de la
jeunes chrétiens convertis a Tisla- ville au! elle-même est située à l'ea-
misnie. Si l'on compare son état actuel trée d une vallée et entourée de nom*
avec le tableau qu'en fait un ancien breuses plantations de mûriers.
voyageur, on doit convenir qu*elle est Le tombeau du sultan est une cha-
Inen déchue aujourd*i)ui, car le lac pelle sépulcrale dans le^enrede celles
n'est plus qu'un marais et les maisons qui furent depuis construites à Broussa,
tombent en ruine. et que les Turcs appellent Turbe. Ce
Paul Lucas décrit en ces termes la geure de sépulture, qui n'est ni roniaiu
route qu*ii lit pour se rendre à Yéni ni chrétien, a été importé dans rAcie
dieher. « Nous partîmes de Nicée le Mineure par les Seldjoukides qui eux-
25 nu matin; nous eûmes le lac à main mêmes en avaient pris le modèle chez
droite et nous le cotoyîimes pendant les Mongols. Le tombeau du cliali

uue bonne heure et demie ; ensuite uous Koda Benda à Sultanieli, en Perse, en
commençâmes à monter de fort hantes est un des plus beaux exemples. Dsm
montagnes; le chemin nous en parut la plaine de Césarée et aux environs
des plus rudes et nous dura près de d'Iconium on observe un certain nom-
deux heures; au plus haut sonmiet bre de ces tombeaux du tenips des Seld-
nous uous reposâmes environ uue joukides et qui sont comme le type des
heure duis un villase appelé Derbent Turbés des Turcs. Le tombeau o'Erto-
( le défilé ) qui n*est habité que par des ghrul s'élève au milieu d'une plnnt>
Grecs ; enfin nous descendîmes par une non de cyprès et de platanes et oUis
pente fort douce dans une plame des
plus agréables, et après y avoir marché (x) Luça«, t. p. ;a.

Digitizeu by LiOOgle
ASIË MINEURE. 14S

ya Uiilwu i
ttq
ii wnia ém wépàHmm L^pereUr Komain lliogène r^nait
ée rOrient à Byzance lorsque les Turkomnns se
Unautre Uef fut donné à Krto^lirul ruèrent pour l.i première fois sur les
par le prince des Seldjoukides après villes de l'Asie Mineure, ils passèrent
WÊtt fETUMie ?ieldin tsauportée eontnr TEaphrate et s'empsrèrent de la ville
les Grecs. Ala Eddio fit présent à Erlo- de Césarée, capitale de la Cappadoce;
ghrui pour lui et ses descendants de l'église de Saint-Basile fut mise au pil-
tout le territoire situé au confluent du lage. Le trésor renfermait les offrandes,
Ponnak ctde b8aUMrit(l»8iiiftanus) ; aeeumulées pendant plustears siècles,
il voulait ainsi fertlfiar ses firantièras de des princes dis de Constantin et des in-
Fouest contre son plus c;rand ennemi, nomurables fidèles venus de toutes les
Tempereur de Byzance. Ce territoire fut contrées de l'empire pour honorer les
appelé Sultan œuoi (le front du sultan), reliques du saint; c'était le but de l'ex-
et cette possession s'étendait jusqu'au pédition des tribus turkomanes : toutes
pied de TOlympe et dans le Toumaodji ces richesses tombèrent entre leurs
da^îli, qui est un de ses embranchements. mains. Les portes enrichies de perles
La nature du
terrain, qui, entre ^ii- du reliuuaire furent enlevées c'est tou-
:

eée et Lefté, est de grès et de calcaire, jours enez les peuplesorientaui lesym-
change complètement dans les parages Dole de la conquête.
de Sultan auni. On commence à ren- L'empereur byzantin s'avança jus-
contrer les roches volcaniques qui an- qu'au centre de la Phrygie pour repous-
ODcent le pays brûlé de la Gstaeecau* ser a» delà dn fleuve ces hordes qui
menaçaient d*envahir ses États. Les
Grecs, qui menaient avec eux comme
CHAPiiKE XXXV. auxiliaires plusieurs corps de troupes
étrangères, remportèrent des avantages
LIS TUlCt S'iTABUttlRT BR AtlB. marqués; ils reconquirent plusieurs
places fortes déjà occupées par les ïur-
Boghra Khan, chef des tribus de la komans. L'armée, qui comptait plus de
grande Bucliarie, fil alliance avec les cent mille hommes, n'avait à combattre
tribos turfcmnaiMS , et leur permit de que des tribus qui connaissaient à peine
s'établir sur son territoire. Leur ( hef, la discipline, mais chez lesquelles le
du nom de Seidjouk,s'appliaua pendant courage indomptable tenait lieu de toute
une période de trente années a intro- tactique. La victoire fOt sans doute res-
duire TorganisatioB Militaire parmi ces tée du cêté des Byzantins, si les corps
psoples qui étaient primitivement pas- auxiliaires n'eussent commencé à faire
teurs. Ils s'engagèrent sous les ordres défection. Alp Arsian accounit lui-même
de plusieurs princes de l'Asie centrale, au secours de ses tribus menacées , et
il centriNièrent à de WNnbiiniei ei« se précipita I la tête de quarante mille
pédilions jusqu'à ce qu'ils se sentissent caralien sur l'armée byzantine, qui
assez forts pour tenter par eux-mêmes éprouva une défaite complète. L'empe-
la conquête des régions de Toccident reur Romain Diogène lut fait prison-
dédiirées par des dissensions intestines. nier, et racheta sa liberté par une ran-
Gstespntde conquêtes fut soigneuse^ çon de cent mille pièces d'or et la pro-
Mot entretenu par les dynasties seld- messe d'un tribut de cent souante mille
jonkîdes, i^ui pendant un siècle acqui- livres d'or.
lent successivement les contrées du Fars, C'est ainsi que les Turcs apparurent
deDimae et d'Alep et y répandirent la en Asie Mineure en conquérants avides,
lei^non de Mahomet. portant partout le carnage et In destruc-
Toghrul-bey, petit-fils de Seidjouk, tion et ne songeant au peuple qui habi-
contracta une double union avec le ca- tait ces riches contrées que pour le ré-
Hlb soeeesasor de Mabmond le Ghai- duire en eeclavage.
évide, et mourat en laissant le pooroir Al^ Arsian mourut en laissant le pou-
h son neveu. Alp Arsian, qui le premier voir a son fils Melek Schah. Ce prince
étendit au delà deTEuphrute la renom- abandonna à son cousio Suleimao, ar-
mée des tribus turkomanes. rière-peti^filsde Seidjouk, la dominatioii

iO^ lÀvraUon. (Aais MiNBuai ) t. ii. 10

Digitized by Google
ÎM L'U»
de lent lespays ntaés iiidelàd*Aatlo* mneun, réduites sons la daminatian
che, c'est-à-dire le pays de Roiim ou ottomane, perdirent leur nom. Byzance
l'Asie Mineure. C'est de ce moment que n'avait plus de possession au delà des
s'établit une séparation entre les Seld- versants de l'Olympe, et tout le reste de
joidtideB de tase et eetn de 1* Asie Mi- la presqu*tle était diftoé en entant 4e
neare. La noe des premiers s'éteignit en gonvememants qu'il v avait eu d'émira
la personne de Saodjar, petit-fils de Alp pour attaqner Ala Kddin. La Bithynie
Arsian. restait encore aux empereurs de Byzanœ
Les (ils de Suleiman» Daoudet Kilid- aveu une partie de la Troade.
jiArsian, fondèwnt è leonium le siège La Mysie détint l'apanage et prit le
d'ine aottveraineté indépendante, qui nom du prince. Karasi, Seron-Uan eut
consenra pendant deux siècles la supré- la Mœonie, l'émir Aïdin prit possession
matie sur tous les autres petite £tata des rives du Méandre, et la ville de
nmsulniaus. Tralles perdit son aucien nom pour
Rilidiî Arsian mieva aux prineaa voi» prendre celui de aon nouieau maître.
•iulaGappadoceetlaRaramanle (1 171), La C^rie échut à Mentesehe. La Lyeîe
et reconquit Nicée sur les croisés, qui et la Pamphylie furent réunies sous la
8*en étaient emparés depuis dix ans. domination de Tekké. La Pisidie et l* i

Le successeur de ce prince, Azeddin Ki- saurie échurent à lemir Hamid, qui


lidji Anlnn, reconquit les profviaeM ipd dmma aon nom à eea deux protineee.
avaient été enlevées à son ftére^ maia La Garamanie reçut le nom de Ka-
bientôt après, partagea son empire en- raman, qui avait fondé un État indépen-
tre ses nombreux enfants , et par cette dant dont le chef-lieu, placé à Laranda,
mesure prépara le triomphe des armées fut dans la suite transféré à Konieh
chrétiennes qni, soua la conduite de Taneienne capitale dei SekHoukides.
Frédéric Barberousse, traversaient l'A- La Phrygie septentrionale perdit son
sie ^lineure. Le prince croiflé s'empara nom pour prendre celui d'une ville du
d'Iconium et de Tarsous. second ordre qui s'appelait Forum Cera-
Les villes grecques de Phrvgie et de morum , et devint la profince de Ker-
Cilicie, attaquées pisr les musulmans, ré^ mian.
clamèrent les secours des croisés , mais Lea provinces limitrophes de la mer
ne pouvant s'ncrorder avec ces auxi- Noire, l'ancienne Paphiagonie et le
liaires, preterèrent se soumettre aux ropume de Pont restèrent sous la do-
musulmans; c'est ainsi que la place d*A- mination de Gazi Tchélébi , dernier prince
dalia fut incorporée à l^plve seidjou- de la raoeaeidjonkîde. •

kide d'Iconium; cependant cette ville Pendant que les princes ottomans se
ne resta pas longtemps entre les mains disputaient les débris de l'empire des
des musulmans; elle fut prise par les Seldjoukides l'organisation de toutes
,

Fïranes de Cbtpre qui la gardèrent jna» lea trilmi turques en corps de peuple
qn*en 121 4. Âttiquée parlesultan Kéï- prenait de Jour en jour plus de puis-
Kaous, !a ville fut définitivement réimie sance, et au commencement du trei-
au domaine des princes d'Iconium. zième siècle , l'empire ottoman hit dé-
La puissance seidjoukide touchait à finitivement fondé.
sa fin; lee beys tnrkomana dn nom de ErtoyriiruI, dief dee triboa turques
Karaman, Kermian, et Menteielie avait obtenu du sultan seidjonkkin
s'étaient emparés des provinces qui por- Al.'tKddin un territoire étendu aux en-
tent encore leur nom aujourdMiui. Au virons d'Angora. A peine en possession
nord les armées mongoles démembraient, de cette contrée, fe^rtogbrul entreprit
par leurs conquétà, cet empire chan- contre lea Grecs habitant les previooea
celant, et lea tribus tnrkomanes éten» voiaines pluaieora «péditleBS bflo-
daient leurs puissances sur toutes les reuses. Il reconnaissait alors In supré-
provinces dédaignées par les Mongoles. matie des sultans d'Iconium, t ces pre-
»

La mort d'Ala Eddin III, vaincu et tué miers combats furent ulutôt livrés è
par le sultan mongole Gtman, mit fin titre d'auxiliaires dea foitans pour dé-
à rempîredleontQm en lt07. fendre leurs frontières. Les Turcs a*»-
Les anelennaa provinces de TAaie fançaient rapidement feraroiMat,e*«st>

Digitized by Google
ASIE UniBDRE 147

h4ÊÊê ^en la eapîtale de l'empire by- et rendu impossible, cette lutte entre
utfiB. TiMrt te iMTflotre conquis par deox raoes rtrafe^ renaissait avec plus
Mgbnil amenvirons de Broiissa, les d'aeliarnement et allait se résoudre
pteines de Yéni cheher. d' Aineh gheul et cette fois en faveur des tribus asiati-
deSogliud lui furent données fn fief par (jues; la question posée à la guerre de
le suiun. Ce fut le berceau de la puis- Troie dure encore et les générations
iniiutlonMiie. Eitoghnil uê pow» pM présanlBa na is lurront pas flair.
âm km aet moquetes , et mooiiit en
BÎSfanr îp pouvoir à son fils Osman.
\ c^lte e})oq(ie l'empire byzantin
CHAPITRE XXXVl.
liait perdu la plus grande partie de BOLl ET SES ENVIRONS. — CLAtTDIO-
riUfe MiiMre; H MMédait meore les POLIB. —
MODBBUA. — CBATIA.
frovinces occidentales et quelques viUei
i»lé<"? (\f la côte sud. L'empire seld- Indépnndamment de la voie militaire
)Mtki<ie étendait dans tout le centre qui passait au pont de Sabandja et qui
k FAsie Jusqu'^ TKuphrate, et une desservait les régions du littoral, la
pntie def pro^inees de la mer Noire partie orianlale de la Bytfainie était tua-
Maient sous \o pniivoir île Ghazi Tché- versée par une autre voie romaineiqui
Âi, un des derniers rejetons de la race franchissait le San^arius à Leucs,
deSeldjouk. Lefké et se dirigeait vers la Phrvgie
Pendant nn demkièele la puissance Epictcte. Tout le territoire compris
fErtoghruI ne fit que s*afferm1r sans entre oes dam
routes airoit nna Canne
fét ndre ni diminuer; les ch^teanx et pre^e triangulaire ^tooi la tiUe da
l*^ p^'tites places des environs de l'O- Dadastana forniait le sommet ver> le
i}mpe et des rives de la Propontide fu- sud. Cette dernière ville était située,
ient prises et reprises ptosieurs fois par selon Zouare, a une journée de chemin
1"^ Byzantins et p;ir les Turcs. d'Ancyre, at d'après AnuBisB Maasal*
fi\s aîné (I KnloghruI, le jeune Os- sur
lin (1) était la firontiésadete Bitli|<-
u;an. préludait dans ces expéditions aux nie et de la Galatie. âon nom modama
grandes entreprises qu'il lui était donné est inconnu.
iteomplir. Oamlinttsnt tantôt ponr- Dadastana n'a d'autre, célébrité dans
Mendreles possessions de son suzerain l*Msto1ra <]ue d'avoir, élé témoin da>la
Ah Kddin, tantôt pour étendre les con- mort subite de l^empereur Jovlan, qui
quêtes de son
pere. on le voy;nt tou- fut enseveli en toute hâte et transporté
de ses troupes et au
jours a la tête plus à Constantinople pour être déposé dans
fort da danger. Les Sehefk et les San- la tombeau des Augustes, pendant que
ton> qui accompagnaient l'armée pro- Valentinien marehait sur Nioée pour sa
dainaient déjà sa «;randeur future an- faire élire empereur (2). *
loecée p^ir les songes et les prophéties. Le territoire situé à l'e.vt du Sanga-
Ala Eddin confirma la puissance d'Os-
n en loi envoyant les insignes dn
pouvoir suprême [1M9).
rius appartenait primitivement aux'
Graeones (8). Cette province est arrosée
par deux petits fleuves, l'Hypfus près
F'Tidrint qu'nvaiPHt lieu tous ces évé- duquel était la ville de Pruse, et le
aemeniî», dont riufluence devait être si BHIœus, le Billis âv Pline (4) qui porte
ftlafeanx destinées delà chrétienté, TEu* aujourd'hui le nom de Filias tchai. Ce
is^, firtiguée de luttés sans issttp, rss* flenire, après avoir fertiltié la territoire
tÊtt in.'Utentiv»' aux deruicr<*<; an-joisse*? (h- (diisieurs villes antiques. Soit deii
^e Pempire byzantin; bien plus, on frontières de la Bithynie et va se jeter
ojait des États chrétiens faire alliance dansla mer Noire près dcTinrn. Il [irend
avec les musulmans contre tes prHieM sa source dans la ch^dne de inuiila^es
grées. Cette lutte de l'Asie contre l'Ru- qui, de TOiympe mysien, se dirige Iran
rope qne l'instinct nation il des Grecs
i*aK soulevée et résolue en taveur de XXV, •
(i) Liv. ch. X. .

rOecideot, deux mille ans auparavant, (a) £q février 364.


se conflit que la valeur et pififondsb (S) Voye» page 49*
falitiqae^rAleiMidre avait mnMsité (4)Iiv.T,afc.&SZn.

Digitized by Google
14S L'DiiiVEaâ.

rctt, et forme les groupes dont les Tout es pays est couvert de Mil
noms modernes sont : El nalu dagh et épaisses. Le petit village de Khan dagh
Karmalu dagh. Cette chaîne secondaire est situé au milieu des jardins et on
correspond au mont Orminius de Pto- arbres forestiers; la route qui conduit à
léniée (1). Le dans son eoors
Billoeus, Dutcbé (1) passe au milieu de la torét
supérieur, se compose de dsnz branehes et laisse de cdté un aqueduc qui portait
principales; Tune, qui prend sa source sans doute l'eau à cette ville. De Sa-
a l'est de la ville de Boli. est appelée bandja a Khan dagh on compte vingt-
Boli sou jusqu'à son emoranchemeot quatre iiilomètres et de cette dernière
atee le cours oriental, appelé Soghanli a Dutcbé vin^hoit. Boli est sîtnéeà
sou (la rivière des oignons). Cette der* vingt-quatre liilomètres de Dutehé ; la
nière branche prend sa source dans les route est des plus pittoresques, entre-
montagnes de la Galatie. coupée de monticules et de ravins-, tout
ce pays est couvert d'une abondante vé-
MODBBNA, MDODBLtI. gétation , mais est très-peu peuplé.

L*ancienne voie militaire ftanehissait BOLI.


la montagne dans le voisinage de la
ville de Tourbali , sur le versant occi- Boli a remplacé l'ancienne ville dl
dental du Tchourounlou da^h (2), à peu Bithynium qui fut depuis appelée Clau^
de distance de la petite ville de Mu- diopolis ; c'est la dernière syllabe de ce
durlu, qui occupe Pempiacementde l'an- nom qui a formé celui de Boli. Straboo
cienne M odrenae. Cette ville, qui faisait fait mention de Bithynium et dit qu'elle

lie du thème de& Bucellaires était est située au-dessus de Tlum; ce na-
Sirispopale; elle est ordinairement men- seignemeot n*est pus inutile, les dsoi
villes étant situées sur la même rivière.
nnée sur les cartes et dans les dic-
tionnaires géographiques (3) avec le Paii.sanlas nous apprend que les habi-

surnom de Comopolis Comopolis sive


:
tants de Bithyuium étaient des coloos
Modrenmi cette erreur provient d'un d'AreadIe et Mantinéens d*origiM, «t
ancien contresens dn traducteur des lorsqu*Hadrien eut divinisé son favori
thèmes, qui a pris Comopolis pour un Antinous, natif de Bithynium, les habi-
nom de ville, tandis qoec est tout sim- tants de Mantinée s'empressèrent de
plement l'union de deux mots grecs (4) lui élever un temple comme à 1*ud de
qui signifient ville4>ourg. petite ville (5) ; leurs compatriotas, et instituèrent en ion
c'est précisément I épitbète que honneur des jeux qui se célébraient
M. Tcfalbatcheff (6) donne à la ville de tous les cinq ans (2). Nombre de statues
Muduriu, qui a pris la place de l'an- étaient élevées eu n)émoire du jeune
cienne Modrenae. On voit que depuis Bithynien ; il n'est pas surprenant qu'il
C Porphyrogénète, cette villen*a ni aug- s*en trouve aujourd'hui aans presque
tous les musées de l'Europe. Sous les
lenté ni diminué. Toutes ces régions
ont bien peu attiré, jusqu'à ce jour, les empereurs le nom de Bithynium fui
voyageurs archéologues, attendu que les remplacé par celui de Claudiopolis, et
anciennes villes ne présentent que des cette ville continua d*étre placée au
raines éparses; mais il y aurait encore nombre des plus Qorissantes de la pro-
de bien curieuses recherches à ftire sur vince. Elle reçut d'Hadrien des privi-
l'étendue et l'assiette de ces m^mes vil- lèges nou moins grands que Mantinée;
les, dont le nom seul est aujourd'hui et plus tard Xbéodose en lit la capitale
ooosigué dans la géographie comparée. de la province d*Honoriade. Mais un
de ces terribles tremblements de terre
»
?[ui ravagèrent si souvent la contrée fut
(l) liv. t, M.
atal à Bithynium ; elle fut presque en-
(a) Tchihatcben, As:0 Ifimewtf p. 167.
tièrement détruite et uu grand nombis
(3) Lapie, y4sie Mineure anâêHItêf l83S.
Lainartiiuère, V, Comopolis. de ses balntants pardirem la via.
U) KA|M|, bourg, nôXiç, vUlt.
(5) Contt. Porpli ap Bandtffip L
.
p. lO. (r) Voy. chapit. X.
(jS) jitieMÊinêuntnt, ÔL (ft> Fauaiuas, liv. ¥111, ch. O.

Digitized by Googlc
ASIE MUffEITAE. 140

eommeree avaela Fsrse, qui jadis pas-


de ^lone , dont le chef-lieu était une sait par rintérieur, prend maintenant la
pefitf ville appelée Salonia par Élienne voie de mer par Tréuizonde, depuis l'é»
de Byzaooe (1). Ce pays était célèbre tablissement des bateaux à vapeur.
|wr Mt amlleals pAturages, qui noitr- Non loin de la ville il y a un petit lac
rimient quantité de ^ros bétail; il et deux sources qui jouissent de vertus
f)rodui$ait une espèce de fromage que toutes différentes. L'une a la propriété
'ou expédiait jusqu'il Rome. Pline (2) incrustante au plus haut degré; 1 autre
nous fait coonaître les qualités qui le au contraire dissout les pierres de telle
4istioguaieiit;ilieconservait longtemps sorte qu'on ne peut la conserver que
et acquérait un goût salé qui se passait dans des auges ae bois. Ce dernier uit
quana ou le faisait tremper dans du vi- aurait besoin d'être vérifié.
naigre avec du thym. Il reprenait alors •

le goût quMI avait étant frais. CBATIA, eniBéDBH.


Aujourd'hui on ne prépare en ces
contrées d'autre fromage qu'une espèce De Boli à Ghérédeh on compte
de caille appelé misitra, qui se conserve vingt-cinq à trente kilomètres ; la route
dans la saamnre. Vwge
du fromage est magnifique et passe au milieu des
sec est presque inconnu des popula- forêts et des vallées. Ghérédeh, qui a
tions. conservé quelques rudiments de son
rolMS de Bithynium ne sout ancien nom, est Tancienne Cratia, qui
pas précisément snr remplacement de ifappela ensuite Fia viopolis, sans doute
la ville moderne de Boli, mais dans un comme une distinction accordée par
lieu distant de trois ou qtiatre kilomè- l'empereur ^!onstantin Ptolémée (I)
tres vers l'e&l, qui porte le nom de tlski lui conserve les deux uoms, la plupart
bissar. Il n'y a aucun monument an- des médaillea é^lement. Sous les em-
tique debout ; mais on y a découvert un pereurs byzantins elle était épiscopale
certain nombre d'inscriptions et dm et comptait parmi les principales villes
fragments d'architecture. de la province ; elle était soumise à la
La ville moderne de Boli est située juridiction du patriarche de Constanti-
ait milieu de cette plaine qui est tou- nople. Êpiphane, évéque de Cratia« as-
jours riche et fertile, entourée de mon- sistn au concile d'Épbèsf. Cette an-
tagnes du côté du nord et de l'est. Elle nexion au diocèse de Constanlinople
ne contient aucun monument remar- quand Cratia était bien plus voisine de
quable: quatre on cinq mosquées à mi- Nicomédie, qui était aussi le siège d'an
naret et quelques caravanseraï. Mais on patriarche, prouve que ces répartitiona
cite ses sources chaudes comme jouis- étaient tout à fait arbitraires.
sant de propriétés curatives. Ëlles sout La division de TAsie en patriarcata
situées au sud de la ville et portent le ne Alt d*abord soumise è aucune au-
nom de lllidja. torité politique. Les évéques qui gou-
Boli renferme une population d'envi- vernaient les chrétiens répandus dans
rod vingt- cinq mille âmes répaudue l'empire s'en tinreut longtemps aux cir-
dans des quaioefs entamés de Jardins; conscriptions déterminées par les pre-
elle n'a jamais été une place de guerre miers apétres. Mais le concile de Nicée,
ni une ceusaba ; il n'y a pas de château, en approuvant la discipline ecclésias-
a ses murailles, s'il y en a eu, sont oom- tique de révéque d'Aleiiandrie, cons-
pléianieBt détruites. Gomme
ville de titua d'une manière régulière les patriar-
transit entre Gonatantinople et Angora, cats de l'Asie. Ces prélats , qui , sous le
Boli fait un assez grand trafic au mo- nom de patriarches, gouvernaient l'E-
ment de la récolte des laines et de la glise d'Orient, étaient supérieurs aux
graine jaune pour teinture (3), les cara- métropolitains qui résidaient daus cha-
vanes se succèdent sans interruption. Le que ville importante, el un patriarebe
avait la plupart du temps plusieurs mé-
(Ti V. Salouia. tropolitains sous ses ordres. La limite des
{%) Uv. V, ch. XUL'
(1) mhuMW tiodorliia, (t) LIT. T, «b. I**.

Digitized by Google
160 L*UNIVERfi.
provinct^>, oncore moins telle des dio- Cette partie orientale de la Bithyuie
cèses politiques, n'avait rien de commun ne le cède a l'autre ni en fertilité ni en
avec celle des patriarcats, et cette di- beauté du territoire; les forêts n'eu sont
fûion du pays resta koogCempa ren- pas le se«l ornement; les srbres fruitiers,
fermée dans les limites du pouvoir ec- les innombrables vergers qui entourent
clésiastique Mais l'empereur Andronic les villes et les \illages produisent une
Paléoloiiue, ayant donne une déclaration heureuse di\ersitc Tous les fruits de
pour régler le rang des métropoles sou- l'Kurope v réussissent a merveille, et
onises aupatriareat de Coostantinople quelques nuits des climats plus chauds,
^btit entre les vilUs une sorte de nié- comme le pistachier, sont cultivés
rarehie qui subsista jusqu'à la ruine dans les jardins tn;iis tous les arbres
.

coiiipîeie «lu pouvoir chrétien eu Orient, de ce ^eiire, (]ui bordent les chemins
l.es écrivains ecclésiastiques ont soi- et les collines, peuvent trom^run œil
gneusement conservé les noms des évé- peu attentif; cW le faux pbtacbier,
ques, des métropolitains et des pa« qui se multiplie à riofini dans pres-
Iriarches qui ont réd l'Éjîlise sous que toutes les régions de TAsie Mi-
l'empire de Byzance ; et les documents neure.
Su'ils nous ont transmis ^ur \tts villes La hauteur moyenne de tous ces
*Aaie sont d*ttn grand secours pour la plateaux, qui varient entrecinq cents et
géographie de cette époque.. mille mètres au-dessus de la mer, n'est
I,a déclaration de l'eiripereiir An- pas favorable à la végétation de l'o-
dronic est conservée daiis ouvrage de
1 ranger ni du citronnier. L'olivier ne s'y
Codiu , «t nous auEons occasion d'y re- montre qua un état peu prospère;
Qourir quand noas déerirons las an- . mais la pécha, la poire, l'abricot et la
ciennes villes. cerise prouvent par leur IwWe venue
Les neuf premières métropoles d'Asie qu'ils sentent l'air de leur pays natal.
étaient : Les frontières de l'ancienne Bithynie
passaient entre le Biliœus et le Par-
Césarée Ancyre,
thenius. Si Ton continuait sa route
tphese Cyzique,
vers l'est, on irriverait a la ville des
Nicomédie, Sardes,
^iicée, Ghaloédoine.
Hammamlu ( des bains ), située sur ce
dernier fleuve, ^ous étudierons ia partie
Héraclée
orientale de rBoaariade ouand nous
La moderne ville de Ghérédeh offre parcourrons le royaume de ronL
le tableau d'une assez grande activité
industrielle et «'Ofiimerciale. Le grand SYMSCDBMB DB HIBBOCLËS.
nombre de troupeaux de chèvres qui
sont-nourri^ dans la province lui four- La section du synecdème de Hiéro*
nissent la matière prômière du maro- dès, comprenant la Bithynie Pontique,
quin, qui s'exporte en quantité notable ; sous le gouvernement d'un consulaire,
la mégisserie des peaux de mouton est couiient seize villes, classées de la ma-
aussi assez active. La ville est entourée nière suivante :
de jaidins et se trouve toujours com- 1. Cbalcédome, 9. Pru^e,
prisedaas ce territoire boi é ijui serait si 9. Niconédie, 10. Gnaarée,
magnifique si Pou v perçait des routes. 3. Praenetos, It- ApolloniaSt
Une rivière du nom de Oulou sou, et 4. HelenOfioUs, 13. Dascyliou,
la branche orientale du fleuve
aui est 5. Nicée, 18. Neocaesarée,
ittews, arrose le territoire de Ghé- 6. Basiiinopolis, â4. Uadriani,
rédeh; il y a en outre deux petits lacs; 7. dus, 16. Regetataoa,
Touzia Gheul;
l'un est salé et s'appelle 1#. Regadim».
8. Apainéa,
l'autre f)orte le nom
de Kara Gheul.
Les ruiuet» que Ton observe atix en- Sur ce nombre il v en a six doftt
virons consistent flutdt en fragments Templaoement reste à détemiiner Prse- :

épars qu'en monuments ; c'est le sort netus, qui était située sur le golfe de
des antiquités dans les pays qui n'ont Nicomedie, non loin du cap l'(*sidiiim
pas été complètement abandonnés. et à vingt-huit milles de Nicée. Cette

Digitized by Google
- ASIE MXM£liaE._ (5t

Tille sooTent mentionnée par les


est manière conjecturale; Kegodoviae n'est
écn\ains byzantins. Étienne de Bvzanee cité que par Hiéroclès et reste tout à fait
la r^arde comme une colonie phé- . incunnue quant a la ville de Regetataeos,
;

oicieDiie. Elle fut renvertiée phf "un ' Àbilk n'héMtons pas à Pidentifier avee la
tremblement de terre et il n'en est plus Tota'um de l'étinéraire d'Antonin,
question depuis cette catastrophe (I). Ce préfixe Rege, qui dans Hiéroclès
Basilmopolis , qui était sur le versant précède les noms d'uu graud nombre
méridional de I Olympe et qui occupait de villes eommeRegesalaroara (l), Re-
peut-étie Temiilaeemeiitde BUedjik ou gemnezus, Regemauricium, R^tro*
Beleconie. chada (i>), Re^edoara (3), etc., est un
Ca&sarett et Neocaesarée sont deux annexe qui ne s'explique par aucun
nimoaDS boDorjfiquea donoés à un si mot grec et dont les anteurs aotérieurs
0rnid Dombie de villes qtt*on ne sau- aux byzantins u*ont point eonnaissance.
rait en retrouver la trace quanti elles Il faut le regarder comme tme altéra-

ne sont pas autrement distinguées par tion du mot Regio que b s copistes
les auteurs. grecs out coofoudu avec le nom de la
Noos awDt appelé Tattention des fîi- ville.
tors observateurs sur le site de Dascy-
lium qyi a toi^ours été déterminé d*iiùe (1) Pamphyiie.
(a) GaUtie.
(t)GedicDiM« 457. (3)CappuloM.

Digitized by Cjt.A./^tL
LIVRE lli

MYSIE.

* CUAPITAb PREMIER. d*où maîtresse


elle était sortie. Elle était
de Bithynie; la région Ascanie et
la
ABBIITBI DBS HYSIBIIS Blf ASIB. — tout le versant de roiympe étaient cû
LIMITI8 DB LA PBOTIIICB. sa possession , et le détroit entre By-
zanee et Chalcédoine était alors appelé
La province qui du temps des Ro- le Bosphore Mvsien (1).
mains portait encore le nom de Mysie, A 1 ouest, la Mysie s*étendait jus-
n*était qu*ane faible parcelle da vaste qu'au fleuve Caîcus ; elle occu|teit la
territoire acquis dans l'origine par les Teuthranie et rElaïlide, deux régions
tribus mysiennes venues des bords du qui en furent ensuite détachées. Mais
fleuve Strymon pour s^établir dans ia les invasions des Bithynieos et des
Cbersonnoe d*Asie* Nous pouvons avoir Bhry^ens forcèrent dans la suite les
une idée de Tépoque où ces migrations preimers oeeupants à leur céder des
eurent lieu parce passaged'llérodote(l), terres, et sous les rois de Bithynie la
rappelant , u propos de Pexpédilion de Mysie en était réduite au territoire borné
Xerxès, les grandes invasions qui eurent par le Rhyndacus à l'est et le fleuve
lieu antérienrament , celles des Cimmé- i&epos à rouest. En lamur elle était
riens; «Iles des Scythes, et Tentre- comprise entra la mer et les Tersaots da
prise accomplie avant In fondation de roiyiupe.
Troie (2) par les "M \ siens confédérés La souche principale des Mysiens est
avec lis Teucriens , qui passèrent eu restée en Europe, et sous l'empire ro-
Europe en franchissant le Bosphore, main elle formait sous le nom de Moesi
allèrent soumettre tous les Thraoes, une grande nation qui s*étendait jus*
descendirent jusqu'à la mer Ionienne , qu au Danube.
et s'avancèrent au midi jusqu'au fleuve La confraternité des Mysiens avec les
Pénée. peuples d'Asie n'est pas moins étendue;
Ainsi voilà une population partie de ils sont alliés avec leurs puissants voi*
la Tbraee pour s^établir en Asie, et qui sins les Lydiens, et plus au sud avee
a eu le temps de devenir assez puissante la nation demi- barbare des Cariens.
pour revenir sur ses pas et soumettre Hérodote ne met pas ce fait en doute (2).
fa contrée d où elle était sortie, et tous « Les Cariens et les Mysiens ont une
œs événements se passaient longtemps ori|rine commune avèc les Lydiens; car
avant la guerre de Troie. Lydus et Mysus étaient frères de Carès ;
Les Thraces, qui rtnient passés en tous ces peuples parlaient la même
Asie, qui furent appelés Bithyniens (3), langue. » Strabon coulirme le fait re-
et qui de leur propre aveu devaient s'ap- cueilli par Hérodote en rappelant que
peler Strymoniens parce qu'ils venaient le temple de Jupiter Carien près de My-
des bords du fleuve Strymon , avaient lasa était commun aux trois peuples,
été chassés de leurs demeures par les à cause du lien de fraternité qui les
Teucriens et les Mysieus. Cette der- unissait; cependant jamais les Cariens
nière nation était donc devenue assez n'ont passé pour un peuple thraee. lia
puissante pour ftiire la loi à la Thraoe, avaient plus de rapport avec les Lélèges
et les Pelasges; ces deux derniers peu-

(t) Hérad., Kv. TU, c. XX. ples s'étaient aussi établis dans le pays
fa) npè Twv Tptoîxwv.
(3) Hérodole, liv. VII, LXW. — f'oy. (i) SlraboD, XU, 566.
|ihitntiif,|i, So, («) Uv.I,c. GLXXL

Digitized by Google
ASIE MINEURE. m
des Teucriens nr les peiidMmts de fondant aucune ville et aucun esntra de
rida et du Gargare, et s'ils oe sont plus population.
Doinmés dans les traditions plus ré- Nous avions sous les yeux un tableau
centes , c'est qu'ils se sont confondus de ce genre de vie nomade des peuples
avec les populations plus nombreuses. du Nord , lorsque nous rencontrâmes
Voilà tout ce qu'on peut recueillir de cette tribu russe établie aux bords du
probable sur les Mysiens primitifs. Il Rhyndacus (1). Cette existence se com-
D'est pas certain qu'ils aient bâti des prend dans une contrée abondante en
villw, au molna n'en eat-il pas Ait pâturages , couverte de forfits, fournis-
mention durant toute la période où ils sant av^ abondance le gibier et le pois-
sont les seuls maîtres du pays. Autant son. Il faut qu'en définitive cette contrée
ks Pélasges et les Lélèges étaient cons- soit bien propice à la vie nomade pour
tnieteors batdis et aetifs, autant les (fu'efle
j reparaisse après dix siècles
Mysiens paraissaient-ils peu disposés à de dommatioB grecque ou romaine. Si
s'enfermer dans l'enceinte des mitrailles. les Turcs demeurent dans des villes, c'est
Leur costume sauvage consistait en un qu'il les ont trouvées toutes faites; mais
bonnet de peau de renard et en une tu- toutes leurs aspirations sont pour le
nique recouverte d'une espèce de surcot, çrand air et la vie de latente. Avec quelle
appelé zeïra, les jambes garnies de bottes loie les voit--on aux approches de la
de peau de dainr, une courte sagaie celle saison abandonner les villes pour
et une lance à la main , pour arme dé- aller s'installer au bord des fleuves sous
fensive, un petit bouclier, tel est le ta- la verdure des arbres et vivre là au mi*
bleau qu'en fait Hérodote (I). On y lieu de leurs chevaux et de leurs mou-
reconnaît plutôt le type du guerrier tons, tantôt sous des tentes de peaux,
nomade que celui d'un cultivateur et tantôt sous des huttes construites à la
d'un eolon aédentaire. bâte, mais gu*ib préfèrent aux babi-
Le Mysien s'est mélangé avec les tations des villes. Le yacla, la demeure
races hal>iiant avant lui la (.hersonnèse fraîche, est le temps heureux de la vie
d'Asie. Le peuple lydien, confondu du Turc. L'étranger qui arrive dans une
aotts le nom de Méooes ou Mœones avee villependant cette saison croit entrer
les Mysiens, finit par acquérir la supré- dans une nécropole; toutes les maisons,
matie sur cette race inculte, et par la tous les bazars sont fermés; à peine
soumettre a sa domination. Sous le trouve-t-on un seul individu auquel
rê|pe d*Alvatte, père de Crésus, la est confié la garde de la ville. Cela n*a
puissance lydienne s'étendait sur la pas lieu sur le littoral où le commerce
Mysip, et du temps de Gygès, les rois relient la pojulation; mais plusieurs
de Lydie régnaient sur le territoire de villes de l'intérieur et surtout le plus
Troie. Si nous devons assigner une date grand nombre des villages ont conservé
à la première invasion mysienne eu cette liabîtude. 11 n'y a pestant de chan-
Asie Mineure, nous avons pour base la gement qu'on le croit entre la haute
colonie conduite par Teucer, oui vint antiquité et les temps actuelstle l'Asie;
dans la Troade vers le cora-
s'établir la civilisation grecque y a porté l'éclair
meoeenient du ^oinsiènie sièele avant de son génie, ses arts et sa poésie, la
notre ère, et qui fît alliance avec les fiuissanoe romaine .sous sa main de
>Ksiens pour aller subjuguer la er y a maintenu une sorte de gouver-
Thrace. nement à la surface; mais l'Asiatique
Antérienrenient à eette époque , cette de pur sang dédaifi;nait toutes ces splen-
partie de la presqu'île soumise de nom deurs et n*a8pirait qu*à vivre en con-
aux rois d'Assyrie, était de fait ouverte tact nvpc în nature sauvage et superbe,
aux incursions de tous les peuples voi- sans autre souci qu'une iudéuendance
sins et notamment des Scythes , qui la de fait qu'il a consertée sous le despo-
parcouraient avec leurs ft d'hik s et leurs tisme de Bssbeys ou de ses sultana.
troupeaux , exerçant leurs déprédations
sur les peuplades sans défense , mais ne

(i) Ub. y II, cap. LXXV.

Digitized by Google
CHAPITiUt U. lympe, les trouj^s d'Orkhau s'emparè-
rent de neafprîncipautés appartensni
TQtPOGiAFB» ARCiBNRB. aux sulUins dlconîum. L*taii fils de
Karasi, nommé Aldjan-bey, régnait en
M
Pour étudier la Mysie telle que les Ro- Mysie; l'aulns nommé Tourtoam , m
mains la trouvèrent coustiiuée, uous sui- lu^'uaavec Orkhan, à condition que celui-
vrons les indfcations du géographe grec ; cflui donnerait le canton d* Adramytte ;
nous ne considéreroos comme Mysie pio- celte con veution fut eonelue. C*est aiiui
pi einent dite que le pays compris que la Mysie tomlia SOUS le joug otiD-
entre
les deux Oeuves Rhyiidacus et .«Esepus man.
;

la eontrée qui suit a l'est conservera le Les îles de la Propontide qui appar-
nom de Troade; la Mysie Pergamdoe tiennent à eêtte provfnce ne Urdereot
et I Kliitide formeront le royaume de pas à subir le même sort, et les Byzantins
Pergaiiie. Le territoire conquis par les se trouvèrent coroplétedient expulsés de
colonies œoliennes, qui fut aussi déVi- ces p.ir.ifjes.
chédela Mysie, conservera le nom d /Eo- Si l'on (ait exception de Cyzique, la
Iide. Dans l.i haute antiquité tout ce province de Mysie ne posséda sur le
territoire était soumis aux monarques continent aucune ville remarquable , st
iroyciis ;
car Homère fait commennT dans les temps modernes les habitants
la Troade au lleuve /Ijiepus, et la pro- ne se distinguent par aucune industrie
longe jusqu'au Oiîcus (1); celte région particulière. La vigne, comme au temps
s appelait aussi la grande Mysie des Romains, est toujours la culture
(3), et
subsist dans cet état jusqu^à Tarrivée
1 privilégiée parmi les habitants. L'olivier
des .Lolieus eji Asie (3). ne réussit (jue médiocrement sur les
L iColide s'étant forniée d'un démem- côtes, et sa culture est à peu près nulle
brement de la Mysie, cette dernière dans riniérieur; les pâturages nombreux
Erovmce se trouva resserrée dans les variés sont la plus grande r«S80ui«s
ornes que lui donne Strabon. des tribus ; c'est là que commence à se
Al'j'chute de la monarchie lydienne, développer cette belle race de moutons
IM Perses s emparèrent de la xMysie, et à large queue, indigène en Asie, et qui
Danus la lit entrer dans ta troisième feurnit avec une extrême abondance la
satrapie, qui comprenait les Hellespon- laine, la gndsseet la chair. Cette queue
tiens, les Phrygiens, les Thraces d'Asie, est comme un ap[)endice de la peau
du
les Paphlagouiens, les Maryandiniens dos; elle se compose (fune masse de
graisse qui pèse plusieurs kilos. Elle
f^iîfî^^ .^'J'^?^^'^^'^'^*^"^^^^-
lents, pans la division de la Mysie sous employée en concurrence avec le
les rois asiatiques, la Mysie beurre pour préparer les alimente. On
hellespon-
tique échut à Antiochus et fut annexée a soin de la battre dans l'eau courante,
a leramre de Syrie; après les guerres et d'en ôter les filaments charnus;
eUe
aitre les rois de Bithynie et ceux de prend tout à fait l'aspect du beurre.
Pcrgaïue, les Romains firent remettre
à ces derniers princes toute la région
occidentale; enfin sous l'empire elle fit
MOHTAOlliBS n fLBDTBS.
pj^tie de l'Asie proconsulaire. Du temps Toutes les chaînes de montagnes aui
dHéraclius, elle fit partie du théine Op- traversent cette province vont se rat-
timatum et fut soumjse au métropofi- tacher an groupe principal de rida
tam de Cyzique.
A la chute de 1 empire seWjotikide ,
(Kaz dagh)rqui*donne naissance
nombreux cours d'eau de la Mysie Les
m
Bithyme, attac^ua fleuves ^sépus et Granique descendent
2ïu w.: '«Jsîâï^Iii^i?
Çince de Karasi, Turcoman
ZSl^
qui régnait en Mysie. Partant de
l'O-
, du mont Cot vins qui appartient au svs-
tème de l'Ida, et qui «S sSé à cent
vingt stades au-dessusdeScepsis.
L'Ae-
i'\ u 'T^?' P"^ ^^^^ ^^^^ PS*" conséquent, le
^ pre-
M ;7; "^"^^ rencontre a Ponest
''on

uJ i
u '
V, JT^i^"^^'
cb. XXX.
^^'^•i^
fiv.
w
1, rt. - PUne, T'^'"
de la presqu^ile de Cyzique. Il est sou
^ent dté par Strabon lonqu'il s'agit de

Digitized by Google
iétermioer
ou de
les limites des Ktats de la
Homère
U .OEAIflQIIB, DéMOTlCO, KOD^A
Troa.le In Mysie. est le TCHàL
Dreoùer qui indique r^Ësepus comme
WMitîèr» ae cette dernière province (1). Le Granique arrosait ta plaine d*A-
De nos jours le moulCoôrllus est con- drastée, ainsi nommée d'une petite ville
fondu par les indigènes avec rcnsenibie qui, selon la tradition (1), avait été bfilie
de le nom moderne du fleuve
l'Inn : par Adraste ûls de Mérops, qui lui donna
.f:seiu> e>t Kaz dagh sou; la situa- son nom et fit élever un temple à Némé-

tionde ses sources est trés-bien déter- sis. Elle était située entre Priapus et
minée par Strabon, ainsi que la iungiieur Parium, et était voisine de la nier ^'2 .

de son parcours. Uémeinus <Je Sccp- Le nom moderne du fleuve Grani(jue


remarque fort exacte que
sis ,3; fait la est, comme celui de presque toutes les
les fleuves Granique et iEsepus sont autres rivières du pays, très-difficile à
produits par plusieurs sources, et preu- déterminer; il s'est appelé longtemps
nei»l l«?ur cours vers le nord. Démolico leliaï, du nom de la principale
l.a brauebe occidentale du fleuve ville de la contrée. Ce nom parait ou-
£se|>us sort d*une montagne graniti- blié aujourd'hui et oe fleuve s'appelle
que a [ipelée At Kaïa si (la Roche du che- Kodja tchaî, la maîtresse rivière (S),
val Plusieurs sources pareilles se réu-
. c'est-à-dire le bras principal du lleuve.
uisseut pour fortuec un cours d'eau Le Granique se compose de trois
i'yn voluuM ansi varisUa; pendant la affluents qui ont été observés par
« il est presque complétemeiit
saison d*été, H. Tcbibiteheff. La branche principale
à sec. H faut qne son régime ait bien [)rpnd sa source dan.s cette partie de
diauji^ depui:» Vanliquité , car auiour- 'Ida uu'on appelle Agby da^h, et qui
dlitti Homière, ne pourrait plus dire : doit nécessairement faire partie du mont
« LesTroyens aubneejis. qui.buvaient Cotvius et n'être pas éloigné de l'At
les eaux prnfontfes de l'jEsepus.... [^) >
Knfa si dagh. Cette branche coule direc-
La branche orientale du fleuve prend tement du sud au nord après avoir tra-
naissance dans la mputagae de Adjeul versé la plaine de Tcban, qui n'est autre
Dirai) dagb, et près du village de Teba- que la plaine Adrastée.
ouch Keui. Il passait aux environs de La seconde branche, qui s'appelle Elt-
la vill' de Scepsis. Son parcours est es- chi tchaï (la rivière de l'anibassadeur). se
time a cinq ceuts stades, ce qui équivaut I'eltedans le Khodia tchaï, envirou six
è quatre-vingt-douse kilomètres ou tilomètres au non! de la petite ville de
vin^l trois lieues de France; c'est la Biga. Le pays est entrecoupé de plaines
même longueur de parcours, détermi- et de montagnes trachytiques, au milieu
née par M. Tchibalcnetf (4); cet accord desquelles les eaux se sont tracé un
CBtre les deux géographes ait remar* litsinueux.
quable (S). Le beau pont antique di trois arches,
Les écrivains byzantins ont laissé très- mentionné par plusieurs voyageurs, était
peu de documents touchant cette cour sur la route ae Démotioo a Gunedgé
née. Le flem Tnenus venant du ment et sur le cours de TEItehi tchaï, non pas
Ibis, mentionné par AnneGomnèûe(6), sur la branche principale du fleuve.
ne peut être que l\tsepus sortant du brànche orientale qui porte le nom
1

mont Ida , et qui fyrend sa source vers de Kirk agatch tchaï ( la rivière des qua-
le nord. rante arbres), va se jeter dans le Kodja
tebaî, quntre kilomètres environ avant
(i) Ap Stnbon, XII, 566. son embouchure dans la mer.
{%) Strabon, Xlil, Ooa. Le travail des alluvious s'est fait à
(3) Iluid. II, V. 8a4, Sï7. Temboudiure du Granique comme à
(4) J*û Mineure p. an. f eskii de pluaîeins auties flanves dont
l5) Cf. Strak, Xn, S^S. 58 1; XIU 6m.
(6) AniM Coiaiieue, 2LIV, 439.
(1) Strab., XJn, 5SS.
(2) Pliilarque, yie de Liiciilliu.
(3) Le Xanlliu^ t^ Lvcie s appeJie auMÏ
Kodji tcliai»ipfj.pei<l4.... . ,

Digitized by Google
1*6
le cours manque de rapidité. Plioe aussi au commerce d à la producHon
constate quMI s'est opéré ud changement de la soie.
notable dans la direction du fleuve (1). La ville se compose de quinze cents
« Le Granique, s'écartaot aujourd'hui de maisons, ce qui peut former une popu-
son ancien cours , va se jeter dans la lation de neuf mille flmes; il y a plu-
Propontlde.» sieurs mosquées à minarets et des ea*
De tous les récits qui nous sont restés ravansernTs avec un bcMStein pour la
de la première victoire d'Alexandre au vente des soies.
passage du Granique, il n'en est pas un On ne trouve à Muhalitch aucun ves-
qui nous mette à mime dê délmiiief tige d'antiquité ; mais d*après son voiii-
remplacement de cet événement mémo- nage du lac de Manyas et sa distanei
rable; les rives du fleuve sont tantôt du fleuve, on ne peut douter qu'elle oc-
plates, tantôt escarpées; les historiens cupe sinon l'emplacement immédiat, du
ne font aucune nieniiou des trois bran- moins le territoire de l'ancienne Mile-
dies qui eoneourent à former le Kodja topolis, dont aueun vestige n*apparilt
tcbaï. Ce point de géographie historiqae ailleursdans le canton ; on sait aussi que
leste donc indéterminé. tous les débris d'architecture ancienne
L.1 ville de Biga est un peu plus con- qui sont employés dans les murs de Lou-
sidérable que Uémotico; elle était autre- Sadium ont été apportes des environs
fois le centre d*un grand commerce de e Muhalitch; c'est sur ces seules don-
transit; mais aujourd'hui elle est dans nées que l'on peut identifier les deas
un état complet de décadence et de places.
ruine. L'élève du bétail et la culture des Une des preuves de l'état florissant de
céréales et de quelques champs d'o* Muhalitch sous les règnes des anciens
ium sont la seule occupation des ha* sultans nous est donnée par le grand
itants, qui n*exereent aucune industrie nombre de travaux publics qui ont été

particulière. faits pour le bien-être de la ville. Ce


Biga est citéepar Anne Comnène sous genre de conduite d'eau particulier a
le nom de Pigas (les sources) ; c'est dans rOrient et qu*on appelle Sou térazi, y
la plaine de Biga qu*eut lieu une terrible rivalise presque avee celles de Coostsn*
bataille, dans laquelle une année tar- tinople. Les environs sont couverts de
tare fut taillée en pièces par les troupes vignobles et d'arbres fruitiers, et les ci-
d'Ala Ëddin ; le nombre des morts fut metières entourés de hauts cyprès qui
si considérable, que le finrouehc vain* contribuent avec les ninarela a dooasr
ueur fit faire des tentes avec les peaux aux villes d'Orient leur cachet original*
.'S ennemis tués (3). Les rjiaisons , comme celles de Com-
tantiuople, sont généralement peintes
en ocre rouge ; cette couleur est réservée
CHAPITRE Ui. aïB musulmans; les Grecs et les Armé"*

LA GYZICBMB. — MILET0P0LI8. — niens sont autorisés i pdndre leurs insi>


sons en ocre jaune ou en brun.
KOHAUTCB. Il y a quelques années le gouverne-

ment turc voulut faire de Muhalitch


La ville de Muhalitch est située sur une sorte de chef-lieu de division mili*
une hauteur voisine de la rivière Sou taire, en y réunissant plusieurs corps du
Sougherle ; elle se distingue par un air Nizam Djedid (les troupes régulières) et
d'aisance qui est la conséquence de Tac- le Réditi-Mansoure ( la garde nationale);
tivité industrielle et commerciale de des casernes et un parc (Tartillerie étaieat
ses habitants; il est vrai de dire que sur le point d'être installé sous l'auto-
la majorité appartient aux communions rité d'un mouchir ( général de division).
chrétiennes des Grecs et des Arméniens; Toutes ces inovations marchent onlinai-
mais cet exemple n'est pas sans io- remeut tres-leutement ; la création des
fluencc sur la natioi turque, qui éè livre mouchirais ou divisions militaires ps*
nttélre restée «n cours d'eséeution.
(0 Pline, I. V,ch. XXX.
{%) UimuMr, Mkt. ùUom,, L 1*'.

Digitizeu by LiOOgle
AS1& MOiEUEE.
VtOTTI TAimil. Tasebkapou (la porte de pierre) ; on lui
tAe HAltTAS.
donne aussi le nom de Deroir kapou (la
Le lacde Miletopolis,qui portait aussi porte de fer). Ce nom est extrêmement
Je Dom d'Aplinitis, appartenait au çays répandu dans les p^yjt mnanlmana. On
4es Aphnéens; UesttitBédiiitniiléneiir le retronveen Algérie comme dau le
des terre» et à plus de douze kilomètres Xran» on dans les Balkani.
de la mer. Nous avons vu qu'il ne peut
être assimilé avec le lac de Dascylium. POBIIANIRUS, MANYAS.
Il reçoit l« «m d'une petite rivière
feoMt de la vallée de Kara déré et qui Le village de Manyas occupe le site
eut être assimilée avec l'ancien Tar- d'une ancienne ville (|ui paraît, d'après
lius. En effet cette rivière ne pouvait se les judicieuses observations de M. Ha-
rendre à la mer puisque tooa les coon miltoQ, être l'ancienne Pœmaninus.
#eav qui se jettent dans la Propontide Cette dernière ville eit en effot portée
sont connus et identifiés avec leurs sur la carte de Peutinger sous le nom
noms antiques. On pourrait peut-être altéré de Phemenio, lequel a été converti
considérer le Tarsius comme une an« en Manyas d'après l'habitude qu'ont
cienoe branelie du Granique. Son eoan les Turcs de tronquer les noms anciens.
était extrêmement tortueux. Strabon re- La situation 8*accorde également avec
marque en effet qu'on le passait jusqu'à les itinéraires qui placent Pœmaninus
vingt fois sur la même route; il le com- sur la route directe entre Cyzique et
pare an fleave Draeo qui arreee le ter* Pergame; ce qui convient à cette lo-
ritoirede Nicée (I). Toute cette partie calité.
de la Mvsie n'offre pas un aspect aussi L'acropole de la ville nntiqiie est si-
riche que la eontree voisine. Mais les tuée sur «ine colline qui se rattache par
grandes plaines eouvcrtea de ganm sont un col fortitié aux collines voisines , une
partiealièraiMnt fréquentées par des forte muraille dont la construction ne
tribus nomades qui nourrissent de gran- peut êire antérieure à l'époque byzan-
des quantités de bestiaux. Les collines tine défend les approches du côté du
sont généralement boisées, et ailes ce* sud; les murs sont composés d'une
•ences n*oot pas la mervellleiise beauté quantité de débris antiques de piédes*
des forêts de TOlympe, leur exploitation taux et d'architraves. On voit oes co-
n'en est pas moins fructueuse, et la ma- lonnes placées horizontalement comme
rine turque y recherche les bois courbes dans les murs de Micée. Cette disposi-
qoe iMTodaisent différentes variétés de tion en effet très>remarqnable , snflit
ebénes et surtout le chêne à Valonée (2), pour mériter à cette place le titre de
qui est répandu dans les vallées ou bien défendue que lui donnent
ville très
mont Ida. , lesByzantins.
La petite ville de Sod Sougherlé, qm Le pays environnant s*appelait comme
dfmne son nom à la branche occidentale la ville Pœmaninum (l) ; elle est nu n-
du Macestus, est tombée aujourd'hui à tionnée comme ville de garnison. Le
l'état de simple villaee. On peut encore y culte d'Esculape, qui dans toutes ces ré-
admirer les mines de deux belles eoD»* gions était pratiqué simultanément avec
tniëtions seldjoukides; eeaontdea ca- celui d'Apollon (9), était surtout en
ravanseraïs dans le geure de ceux qui honneur à Pœmaninus. L'orateur Aris-
jalonnaient les routes du temps des tide mentionne le temple d'Fsculape
princes d'Iconium. comme un des édifices remarquables de
LarouteqnieoiidiiitdeSouSoaglierlé la ville. devint éôiscopale;
Pœmaninus
à Mandragore passe par un défilé autre- son évéque est nommé dans le sixième
fois défendu par un ancien château concile de Constantinople soua le nom
byzantin. La route est tellement étroite de Pœmanetinus.
que deux eavalieit peuvent à peine j Toutes les notices géographiqustclM
p«Mr de front, ee piMie Mt appelé
Sirâbon, XIII 587. Voj. p. 69. (i) Et Byz., PwiuuiMum.
(i) ,

(») Quercus «filops. (•) Yof . Kv. n» A. Sa,

uiyiiizud by Google
m LUMIVERS.
catalogue des donné par Pline
villes (i) en Afrique, forment-elles des dépôts
eîtent la ville de Pœinaninus. Sous les considérables de concrétions calcaires.
premiers sultans, ce territoire faisait Les indigènes n'en font point usa^e pour
partie des domakiMdv wiDflt de Karan« boisson ; ils se contentent de se tremper
et MâByas paraît imir sous son gta- dans m bain 'rustique au'on a bflti ioin
vcrnement joui d'une certnine impor- de In source, car la chaleur de ces eaux
tance. Une mosquée et un ancien cou- est res- voisine de l'eau bouillante et elles
i

vent de derviches existent encore dans sortent de terre avec une extrême aboo-
un état d'abandon; ees deux édifiées ont danœ et en formant plusieurs jets au-
étécoostniits avec les matériaux de iBO- dessus du sol. Les dépôts calcaires
ninnents phis anciens. Les débris de mu- augmentent en hauteur et en étenduOi
railles et (luelques fragments d'inscrip- à mesure que les eaux s'élèvent le pont
;

tions sont les seuls vestiges de l'ancienne naturel comme celui de Saint-.\ll) re et
celui de Hierapolis n'a pas manqué de
se former par-deasus le cours d'eau
LVS 80UBCI8 CHAUDES. produit d'une autre source encore plus
al)ondante. La formation de ces phéno-
La petite ville de Singherli est voi- mènes naturels est fadJe à comprendre ;

rine de sources thermales remarquables à mesure que les concrétions. calcaires


et par leur volume et par leur chaleur s'sraaeeuitaubord de l'eau, le courant
exceptionnelle; elles se trouvent à la la- emporte toutes celles qu'il peut attein-
titude du lac iManyas et sur la route dre, tandis que les concrétions supé-
d'Kdreaos a C)ziquê. On ne saurait dou- rieuies s'avancent lusensibiemeiit pour
ter que ce ne soient les mènes sources atlefaidre Feutre live. •

mentionnées parTorateur Aristide (3). Les monta^nes d*où sortent ces sour-
Lorsque le pays est couvert de neice, ces bouillantes sont de formation vol-
la vapeur d'eau s'élève en colonne bkiii- ennii|ue. miis d'une époque voisine des

che, et le sol d'alentour tranche par sa trachytes , c est-a-dire de première pé-


eoyleyr noire sfccles terrains environ* riode. Getle pelileiMènMiévale, après
nants. avoir circulé snlsnr de ses nombreuess
Les Turcs appellent ces sources Illidja ; collines, prend son cours vers l'ouest et
c'est un nom qu ils donnent assez com- va se jeter dans le fleuve ifisepus.
munément aux eaux thermales. Un petit
bain creusé dans le sol et une salle de CHAPITil£ IV.
construction rustique composent tout
l'établissement. Les eaux sont amenées VtUL DB BBOGOHlfiSI.
d'une distance de pr^ d'un kilomètre
par un canal de dérivation qui circule Les observations des géologues mo-
le long des flancs de la vallée et qui est dernes ont suffisamoMot prouvé que
assez considérable pour Aire tourner cette tradition qui attribue l'ouverture
plusieurs moulins. du Bosphore et des Dardanelles a l'ac-
Les sources sortent de terre en plu- tion des eaux de la mer Koire est entiè>
sieurs points et forment une atmos- rement dénuée de fondement; nous
phère de vapeurs qui aide bellement à afvons parcouru dans toute leur nendue
les trouver. Les eaux, douces au toucher ces deux célèbres détroits, et nous avons
et légèrement saléejj et piquantes, ren- reconnu que l'apparition des roches
ferment des principes de magnésie et volcaniques à l'embouchure de la mer
surtout un excès d*acide carbonique Noire a plutôt contribué à rétrécir ren*
Î|ui s'évapore au contact de l'air et trée du Bosphore. La oonstitution des
aisse à nU les parties enicnires qu'il îles de la Propontide que nous venons
tenait en dissolution. Aussi les sources d'observer, et celle de la presau'île de
d'Ilii^ja, comme celles de Broussa, de Cyzique, dont nous parlerons bieutdt,
Hierapolis et de Uammam Meskoutim démontrant que ces terrains tant con-
temporains des premières révolutions dU
(i) Liv. V, ch. 35. globe; enfin, dans les roches tertiaires
(a) Aristide Smt, ifrat^t iV, p. 96^ et crayeuses qui constituent les bords

Digitized by Google
ém détroit ém
tadaiNllw, on va» M elotofe éurUm elllola qoi entouraient
eoiinatt aucune trace de rupture appa* la grande Proconnèse (1). « Les îles
Itote qui permette de supposer que ces devant Cyzique sont d'abord Elaplion-
Mmins ont jamais été réunis. Cétait nesus, nommée aussi N^niriset Procon-
«Miorte de mantocbez les andeiw de nèae, d*oà se tire le marbre de Cyzique,
supposer des catastrophes de ce geMfft ensuite les îles Ophiusa (des Serpents),
pour expliquer la présence des îles dans Acantlius Phœbe, Scopele, Porphy-
,

les environs des continents, et par con- rioues, Halone, avec un château, Dél-
•équeot la formation des détroits : phaele, Polydore; Aitaenon avee une
la même cause est assignée aux dé- ville; » cette dernière n'appartient pas
troits de Gibraltar et de Messine, et, à l'archipel de Marmara , mais est voi^
connne nous Tavons vu plus tiaut (1), sine de la presmitle de Cyzique.
è te foriiiatioB dalltotda BMUeac. Les Il est Imposanle dt pouvoir ldonil66^
obserrations do général Aadréossi (2) toutes ces îles, dont qoelquef-onea ne
sont parfaitement d'accord avec l'état sont que des rochers nus, avec les
etHel des connaissances géol^ques; noms donnés par l'auteur latin. Trois
•nue poot expliquer le fdetléoDiodovt îles seulement sont aujourd'hui habitées.
de Sicuoqoe par cet amour du merrefl» La grande île de Marmara, nie de Rab-
leu\ qui dominait toqjovrs dans les tra- bi, et la troisième, qu'on appuie Paeba
ditions des anciens. liman, le port du Pacha.
l/Helletpont, anjourd'boi détroit des Pour expliquer le passage de Strabon,'
Dardanalka, a àû son nom è ta.iBo il laot aupposer que l'ancienne Proeoo*
d'Ailiamas; llellé. qui se rendait en nèse est l'île de Rabbi et la nouvelle,
,

Colchide avec son frère Phryxus, périt la grande île de Marmara, qui s'appelnit
daus l«« flots. La loi^eur de l'Uelies- d'abord Elaphouuèse.* Dans oelle-ci. on
Mat mt de doose lieues marines, ol trouve uoe ville et une vaste carrière
0000 ao partie l.i pltis étroite il n'a pas qui fournit du marbre blanc fort estimé,
pltisdeqnatorze cents mètres. Toute la car les plus beaux monuments de ce
côte d'Asie qui est baignée par ses eau\
Says, surtout ceux de Cyzique^ntfoits
appartient à lo petite Mysie, et a reçu e eonmrl»re. i< Il eo eal eo effet trano*
des Grecs le nom de prorince de l'HeU porté sur tous les points de la c6te oà
lespont. Des villes noiiibrenses et riches existaient dos villes grecques. Les Milé-
petiplaient ses rivages, et l'entreprise siens qui avaieut établi une colonie dans
de Xenèa, qui le trarena sur un pool eette tie (3) étaient aana doote en poa-
de bateaux, est à jamais eélébro daoa lea session deeeaOKpioitations fructueusea.
fastes de l'antiquité. ?^ous savons par Vitruve (3) que le pa-
1/lle de Proconuèse, la plus grande lais de Mausole à Balicâmasse était
de la Propontide, eet située os nm^aat construit eu briques etrevétn de dallesde
de la presqo'tle de Cysiqno ft daoa le marbre de Proconnèse. Les débris do
méridien du fleuve vîCsepus; eonnu d'î»- tombeau de ce prince qui ont été décou-
bortl sous le nom d'Elaphoonesus, Tile verts récemment et (jui sont aujour-
des Cerfs, die fut colonisée par les Pbé- d'hui déposes au musée britannique,
oieiffiDS ; lea Grecs, qui vinrent ensuite sont en marbre blanc qui nous paraît
s'y établir, distinguèrent deux îles du identique avec celui de Marmara. Les
même nom laticuMme et In nouvelle
. frisées représentant des combats (farna-
Proconuese. La plus grande de ces îles zones qui sont restées longtemps encas-
eal eelle qu'on appeUe aujowrd'hoi Mar- dans les mors du chflteau de Boa*
trées
mara, et la plus petite porte le nom de droum sont aussi du même marbre.
Rnhhi ; la nouvelle Proconnese était si- C'est par erreur que les écrivains (jui
KiMiee comme ayant un bon port se sont occupés de litliologie ancienne
Piioo aoeomente de dooMr la ooomii* ont signalé le oaaÂie de Procoooèaa

(t) Voj. diap. XXXI.


(a) CoutUuttÎH^c tt UBaspkorê, lOIro* (ï) Liv. V, cl»ap. 5a.
èsction.
(}} Sejlia.ff P*riplé, p. SI.
(a) Slrabou,
(3) Uv. U, cb. m
XiU, S87.

Digitized by Google
160 LUWVRRS.
comme étant btanc reinédenoir (1) ce : enfants , sans qu'il soit permis d'isiS*
marbre est d'une blancheur éclatante quer la prescription en leur faveur.
qui le dispute aux marbres aihéDieos. Indépendamment des granits, quisoot
Do temps d*Hérodole, il exittait défè très-abondants sur ces rivages , tes fim
dus lUe une ville du nom de Procon- de la Propontideet de THeUcspont four-
nèse, qui fut In patrie du poëte Aris- nissaient un grand nombre de marbres
téas, auteur des Arimaspées. Klle fut de qualité supérieure , et dont Pexploi-
brûlée par une flotte phénicienne oui tation pourrait être facilement reprise
aginait sous les ordrss de Darius. Plot de nos JOUIS.
tard, cette llefiit conquise parles habi* Dans lecounnt d*avril 18SS, nous
tants de Cyzique, qui forcèrent la po- fîmes une exploration de cette île avec la
pulation de venir demeurer dans leur goélette de l'État la Mésange. A celte
ville, et enlevèrent une statue de la époque les cartes étaient si incomplètes
mère des dieu qui était à Prooon* que le eonunandaat hésitait à s'appro-
nèseÇS). On a peu de détails sur i*orga- cher de rtle pendant la nuit le jour ;

nisation intérieure de Ttle du temps des venu nous mouillâmes au port de Gali-
Romains il est probable qu'elle fut la
: mi, au S.-O. de Ttle, après avoir opéré
résidence d'un procurateur impérial plusieurs sondages.
chai]|é de sumifier TexploitatioD des L'aipeet de celte Ile est des pins ise-
carrières, car les marbres en œuvre ages. Ijw montagnes s'entrecoupent
devaient payer au lise un dixième de leur sans ordre, et ne forment, pour ainsi
valeur, aaprès la loi Julia; il est pos- dire, qu'un seul mont à plusieurs som-
sible que de cette loi ait été un
Teffet mets; les bois sont rares, et le sol, gri-
momeut suspendu, csr UeéiOR (S) écri- sâtre et sans verdure, offre le nlus triste
vait à son ami « Je pense que je ne
: tableau. Cette tie sera cepenaant à ja-
« vous dois rien pour les colonnes, car mais célèbre pour avoir fourni des ma*
« il me semble avoir entendu dire que tériaux à toutes les villes delà Propontide
« cette loi a été abolie. * Sous Tempire, et de l'Hellespont depuis lès temps kl
le goût des ouvrages de marbre se plus reculés.
nandit tellement, que les écrivains se Le caleaire marbre cristallin, 'l'on

tai5;aient une sorte de point d'honneur blanc éclatant, constitue la majeure


de déplorer les excès de ce luxe , qui partie de Tile. Le granit gris ne se moa-
menaçait de ruiner les familles (4). Plu- tre que dans la montagne qui dondae
sisM kûs flirent promulguées à ee su- le port de Galimi. Les coociies de mar-
jet, tant pour régler le sort des ou- bre sont bien accusées, plongeant à Î4"
vriers (5) que pour établir les droits du N. sous un angle de 37<^. Le cap le plus
trésor. Mais la plus dure de toutes ces M.-O. est une dépendance de la petite
oonditions était celle qui assujettissait chaîne granitique sur laquelle s'appuie
les ouvriers carriers à rester éternelle- toute la formation calcaire de VWt.
ment attachés à la carrière (6). Une loi Cependant le système général d'incli-
de l'empereur Théodose disait : Les ou- naison des couches n'est pas uniforme.
vriers carriers, hommes et femmes, qui Dans quelques endroits on voit une épais»
abandonneront le pays qui les a vus seuroe huit CQ dix mètres sans aoenM
naître , et auront émigré sous quelque trace de lit ou de fissure; et sur la côte
prétexte que ce soit, seront reconduits orientale, où sont établies les carrières
dans leurs foyers , ensemble avec leurs modernes , les couches de marbre ioot
généralement horizontales.
Galimi est un village d*«iie dnquan*
(i^ Blasius CariopbylliJt, De JUarm. aatiq,
taine de maisons. Les cdtes cnfiroiniD*
Gmi, Délie pietie anilehe,
*
(i) Pausanias, II, 46.
les sont très-accores. Nous moulllôm»
AdAliîcum. lib. XîIT, e piu , Vf. par quinze brasses à deux encablures
(3)
de terre. Une encablure plus au large,
(4) Ovid. D« art. amandi, lib. II, laS;
Plin*, Hist., lib. XXVI, ch. TI. on sonda i vingt-hult brasses sens trso*
(5) Cod. Justin., lib. VI; Cod.« de Métal- ver de fond.
lariia. lib. If. t. Tf. Nous prîmes des mulets à Galimi
(6) Loc cil. avec quaifc guides pour faire le tour

Digitized by Google
ASIË MmËUK£. 161

de nie. IVous gravîmes montagne;


ia uadrangulaires; mais ceci ne paraît
dons la direction N.-O. elle forme une tre qu'un accident de ia roche.
croupe £.-0. entièrement granitique
rfepais son sommet josqo'à sa base;
mais arrivés à 250 mètres environ do
CUAPimE V.
hauteur, nous commen^mes à aper-
cevoir les couches intèneures du cal*
LBS CABBliBBS SB MABBIB.
eaire marbre, qui présentent la tranche.
A ce point il existe une fontaine qui sort Après plus d'une heure de marche,
à Tmiersection du marbre et du granit. nous pûmes jouir, en arrivant au som-
Ayant franchi le sommet nousdes-
, met, de l'aspect de la plus grande partie
eoiatroes dans une vallée qa*on appelle de l*ile. Aussi loin que la vue peut s'é-
Kodnn ova-si (la vallée du Goudron), tendre , on voit le terrain couvert de
parce qu*on avait établi des fabriques monticules composés uninuement de
au milieu d'une forêt qui existait alors. recoupes de marbre. Plus ue mille car-
AnjounThui eette forêt est presque en- rières parlieUes ont été ouvertes à dif-
tièrement détruite. férentes époques. On saurait difGcile-
Sur le flanc de cette vallce , on trouve menl dire quelles sont celles qui datent
un lambeau de terrain de transport du temps des Grecs et des Romains,
cailloux calcaires dans du sable jau- car le même système d'exploitation a
nâtre. Il repose sur le calcaire (pnossier été suivi , et il est encore en usage au«
e\cavé par des grottes peu profondes. jourd'hui.
Je n'y ni point aperçu de coquilles. Ce n'est pas l'aspect imposant des
Celte ruche ue se montre que aans la carrières de Sj^nnada , dont les Uaucs
vaUée deKodrao. A la naissance du val- sont taillésà pic dans une hauteur de
lon, il sort une fontaine qui forme une plus de cent mètres, comme un mur
petite rivière dont les eaux, même dans d'une seule pièce et la montagne di-
,

cette saison, vont jusqu'à ia mer; des visée en vastes salles, où l'écho se joue
platanes naini eoonent ass bords. Une de mille façons. Ici chaque carriènre ne
moltltode de plantes et d*arbustes en paraît pas avoir fourni plus de vingt à
fleur donnent quelaue agrément à cette trente mètres cubes, après quoi elle et til
vaJiee, dans laquelle, cependant , il n'y aiiaudouuée; et cependant, depuis les
a pas d'habitation. temps les plus reculés» cette tie est en
Snr le sommet d^one montagne coni- exploitation. Nous fîmes une lieue au
que qui domine la vallée on aperçoit
, milieu des pierres tranchantes et des an-
un château turt. Aucun des guides n'avait ciennes carrières tantôt le marbre n
;

jamais pensé à monter jusque-là. Nous été tiré des flancs de la colline, tantôt
étant assuré, au moyen de la longue- ce sont de isrands trous a fleur de terre,
vue que ce n'était (}u'une construction
, d'où la pierre a été extraite.
du moyen âge, nous renonçâmes a cette La côte de l île est peu accidentée.
course. A embouchure de la rivière
1 Une langue de roches et quelques îlotâ
nous trouvâmes des fours à chaux qui plus au large forment une espèce de
s'alimentent des recoupes des anciennes port àla pointe N.-E.; mais du liaut de
carrières. C'est en ce lieu qu'on com- 1m montagne où nous étions, les eaux
mence a apercevoir les premières ex- nous paraissaient trop profondes pour
ploitations antiques. Le marbre est 3u*on pût y mouiller. Mous redesoen-
tranché par bancs de cinq à si x mètres de îmes sur la côte E. de Hle, dans un
longueur, sur un mètre de liautr iir. On village appelé Palalia , sans «loute à
voit des espèces d'emmarchcments qui cause d'uu antique editice qui est encore
tout les dernières traces de Texploita* déhout. Je suis porté à croue que ce
tioQ antique. Nous gravtmes dans la village est sur remplacement de la nou-
flirectioTi S.-K. uno autn^ montagne velle Proconnèse, résidence habituelle
irès-haule et trcs-escarpee toute cou-
, du procureur impérial. monument
verte de blocs de marbre éboulés. On antique de Palalia se compose de deux
aperçoit cà et là d^autres blocs de cal- épaisses murailles construites en moel-
caire spaUiique, qui se easse en prismes lons de marbre, avec pUuieon ntng» do
11* iÀvraitaii. (Asu Mmuut.) T. 11. W

Digitized by Google
16a L'UISIVERS.

briquet) intercalées (I). Une seule fe- marbre fut appelé par les anciens Mar- :

ni?lre, dont le cintre est en briques, mor Thasîinn. Pline [V, dit que le mor-
existe encore. On n'y voit aucun ornemeut bre de Thasos était d'une couleur nioius
sculpté. 11 est difûcile dédire si e'est un bleuâtre que celui de Le&bos; les sar-
palais ou une forteresse. De grands ra- cophages que j'ai observés en grand
deaux nttachés sur la pla^e «servent h nombre dans l'île de Tliasos sont d*llB
enihnrquer les marbres que Ton porle marbre statuaire blanc , d'excellente
a Coustaulinople. qualité, moins pailleté que celui de Mar-
En continuant la route vers le sud, mara , et ressemblant à celui que Itt
on arrive aux carrières que Ton exploite antiquaires sont convenus d'appder
actuellement elles sont entourées de
: grechftto, expression qui n'offre au-
collines de recoupes, ini milieu desquel- cun sens la pate de la roche est assez
:

les sont établies quel(^ues cabanes de compacte. U est certain que ce marbre
forcerons, qui font et reparent les outils était en srande estime chez les Romains,
des ouvriers. Ces carrières sont situées puisqu*iî est souvent cité par les au-
à NO mètres environ au-dessus du ni- teurs [1). Pausanias '3; assure (]ii*il
veau de la mer ; oa a établi une grande n'avait pas moins de prix aux yeux des
Lieutc avec des débris de marbre. Les Athéniens qui en lirenl faire deux statues
blocs sont portés jusque-là sur des rou- en rhonneur de remperear Hadrien,
leaux, après quoi on les abandonne à dans le temple de Jupi-
et les placèrent
leur propre poids. On y exploite en ce ter Olympien.
nionunt des blocs peu considérables, î.e înarbre de Lesbos, marmor Us-
des dalles et des pierres de tombeaux hium, était d'une couleur plus uloiuba^
pour CoDStantinople. I^e marbre est que celui de Thasos. Les carrières doi-
d'un blanc éclatant, saccbnroïde. à cas- vent être cberchées dans la partie sud
sure frnnche sonore. On détacbe au
( t dcTile, vers appelé pur( (flirter;
le lieu
ciseau le blix' lie la nionlatine, après c'est la trouvent les gisemeuU
que se

auoi on reuicve de bou lii par le moyen calcaires tout le reste de Tile est vol-
:

e coins de fer. canique. Pbilostrate (4) observe que la


Les tlots qui entourent Tlle de Mar- couleur de ce marbre est la plus obs-
mara appartiennent tous au même sys- cure (le tous les marbres blancs; Iw
tème (le terrain de transition, calcaire- ane;t ns en iireut un grand usage pour
marbre, reuosant a nu sur le granit; la coustruclion des tombeaux, et les
mais les cotes sont beaucoup plus dé- statuaires l'employèrent avec sneeès,
coupées, et offrent d*ass«z bons mouil- car on cite comme étant de ce marbre
lages aux barques; celui (lue l'on ap- la statue de Julia Pia et la Vénus du
pelle Pacha-liujaa appartient à Tile Capitole.
Elaplionnesus. Ce nn;;» paraît usurpé,
car niot est trop découvert et en menae CHAPITRE VL
temps trop exigu pour avoir pu nourrir
des cerfs; peut-être y trouvait-on des ITINÉBAIJUB J>E MUHAUTCH A C\-
chèvres sauvages et des mouflons, ou ZIQUB.
de e«.s moutons sauvages semblables à
eeux que Ton voit dans plusieurs îles de Quoique le cabotage de la mer de
TArebipel, coniine Antimilo, Mcaria Marmara soit aujourd'hui réduit à très-
et Upsi. Dans tous les cas, je reiianie peu de ebose, il st toujours possible de
t

celle quesliou des deux Procomieiie louer une barque pontée pour alkr vi-
siter les ruines de Cyzique ; ou peut
re-
oomnie étant encore inexpliquée. Les
anciens exploitaient encore des marlnreB lâcher dans les différentes Ues de
U
dans d*aulres îles du voisinage.
L'île de Thasos fournis.sait i.n mar- surtoiil admiré celles (pii fiiivnt dccouverl^f»
bre statuaire dont les canieres lurent par les Phéniciens. - (Hcrodote,iiv. Vi, ^rl
découvertes par les Phéniciens (2), et le (i) l'iiuc, liv. VI, ch. VL
(ft) Senec., E/riU. LXVUI.
(i) Voyez la planche 43. ( { Liv. I", ch. i8.
(a) «J'ai vu moi-même ces carrières, et J'ai (4} Vies âopliiftlesi lib. IL

Digitized by Coogle^
168

Propontide, ei uWor mouiller ;i Artaki, J)récipite par une gorge rocheuse dans
petite ville située surlacôlesud oueâtde e lac Manyas. Ce cours d'eau prend
rlfe de Cyzique. Quand on veut s'jrren* sans doute naissance dans les collines
dre par terre, il faut .remonter jusqu'à ?[ui bordent la mer de Marmara qui ,

Muhalitî li et delà faire route \er.slegud ont face à iVxtrémité orientale de la


1^ petite ville de Aïdindjik e.sl eloi- presqu'île de Cyzique.
guée ae huit heures de marche de Mu- Des qu'on a quitté Deblé keui, la
Mlildi ; on commenoe à descendre la route prend mie dureetion plus nord. On
Mocestus jusqu'à sa jonctiou avec; le continue de monter croduellenient sur
Rlivudarus; la route se dirige d'abord un terrain rouvert de gazoti, dont la
oueil- nord-ouest a travers une riclie pente est au sud. De liantes collines
plaine couverte de plantations de mû- 8*élèventdu côté du nord et du nord-
riers ; on traverse e^^uite sur un bac ouest, au-dessus desquelles on aperçoit
une pelilf riMerc assez profonde mais b's niootniines de Cv/.i(jue Bientôt la
peu rapide, appeiee Kara dtrc sou qui nature des roches change; on a aljau»
sort du lac Manyas, éloigné d'environ donné le terrain volcanique, et Ton ar-
quatre heures de marche. Le petit vil- rive sur le terrain de marbre cristallin
lage de Kara-Keui est situé sur I rive
t
qui compose les collines de droite, mais
droite de la rivière; le coup d leii de 2ui est recouvert par plusieurs bancs
cette plaine estcbampétre et pittoresque 'argile difersenient colorée.
et offre le tableau d'une riche vég^tion. On arrive enfin , après boit heures
La viijiîe sauvaiie est suspendue en de marche, dai.s U s jardins et les ver-
iestuu.''. aux brandies des arbres et ie sol gers d'Aïdinjik ei l'on t ittie dans une
est couvert des fleurs les plus variées. vallée bien cultivée qui descend douce-
La route continue dans cette direc- ment vers la mer dans la direction du
tion iiis;u"àee (ju'on rencontre une li:-iu' nord-iiord-otiest.
de colimes, aurcs avoir franchi quelqiit s Aidiiijèk est située sur le.s collines de
eoura d'eau aesceudant des montagnes l est et (îonlient environ cinq cents
boisées qui sont dans réloi^nement. maisons presaue toutes turques. C'était
On tr.ivcrse ensuite une vallée étroite autrefois le chef-lieu d'nn district ap-
qui s'eteud au loin à droite, et l'on .ir- partenant a un des einirs eonipaunons
rive au villaiie appelé Doughau hissar, de Toursoun. Celte petite ville avait a
(le château du Aucon). Une tour cous- cette époque une certaine importance.
truite sur une éminence sVleve au mi- On y voit encore six mosquées et des
lieu 'u \illag' lùi continuant dans la
. bains ublics. Dans presque 'ous ces
;

même direction, ou traverse une autre édiiices ou a employé comme matériaux


ligne de monticules qui forment la cdte bruts des fragments d'architecture
orientale du lac Manyas. tirés des ruines de Cyzique. Auiour-
Vn cimetière turc, qui se trouve sur d'inii U s tr.'ins Mctions romnierciafes et
la droite, contient quelques fûts de surtout ie trafic avec Tinterieur ayant
colonnes brisées. La route passe sous pris une autre direction, cette petite
un arc surbaissé, construit en pierre, et ville est tombée dans un état d'abandon
Ton observe q\ieîques n*st(S d une et de pauvreté.
chaussée qui indique le nas^.iLie d une Un village rippele Krmeni keni est .

ancienne route. collines jusiju'à situé tout a fait sur la côte, et daus ie
Acba bounar sont généralement dénu- voisinage de Tisthme se trouve le vil-
dées et stériles. Le vlllaye d'Aclia lage (le Panormo. Mais ces deiw en-
bounar contient une vingtaine de mai- droits n'offrent aucune ressource et les
sons, et autour de la funtuine ou re- étrangers sont obligo d aller demeurer
marque un amas de marbres brisés et dans Ta petite ville d* Artaki, située sur
quelques belles comiebes. Six kilo- la côte oci identale de l'île de Cv/.ique.
mètres plus loin, au pied d'une :iutre La route (r vïdinjik Artaki lonjîe
;i

Ugae de collines se trouve le villag<: de les bords de lamer. Toute cette région
Bebl*^ keui, dans le voisinage duquel on est couverte de vignobles et de grands
traverseun ruisseau r^ui coule du nord arUres fruitiers. Ou traverse ensuite
au milieu d*u:i teiTaiu accidenté et !>c rislhme sablonneux quijoiut r>/iquc
11.

Digitized by Google
164

au continent, et en remontant vers le pu y jeter un pont, et plus tard It s re-


nord on entre dans le territoire de mous des deux jîolfes ont amoncelé des
riie. Tous les versants des montagnes algues et des j^aieis qui ont fini par
sont cultivés en vignobles et prodoi- combler ce détroit, et par le ebaDccr
sent le vin d*Artaki , qui s'exporte à en un isthme quia aujourd'hui un mille
Constnntinople. La fertilité de ce terri- et demi de larjîe.
toire est due a la nature jjranitique du Strabon (1] paraît insister sinculicre-
sol qui renferme une notable quantité ment sur cette particularité que la mon-
de nldsimth déeonipoié. La vijpe est tagne qui forme le centre de nie n'a
soignée avec beaucoup d'intelligence; qu*un sommet. Vne du côté de la ville,
elle est taillée chaque année contraire- elle se présente en effet romme un
ment aux usa^es de prescjue tous les cône létrcrrmenl «iplati sur ses flanc^;;
Ëays méridionaux, qui laissent peudre mais, dans son travers, ce cône se divise
I vigne en festons le long des arbres en plusieurs groupes, dont Tun domine
et chaque taille du eep est couverte par la ville d'ArtaKi. Le sommet de la mon-
une petite coueiie de bitume tiède qui tagne est couvert de bois ou plutôt de
,

empêche l'evaporation des sucs de la broussailles, parmi lesquelles se re-


plante; mais la qualité du vin ne ré- marque l'arbousier^ le térébinthe, le

,
pond pas à celle du raisin, les habi- ehéne, le laurier et Tolivier sauvage.
'
tants n'usant que de procédés impar- Nous avons vainement parcouru les
faits, les tonneaux sont presque inconnus vallons supérieurs et questionné tous
,

et la récolte est vendue Tannée même les bergers que nous avons rencontres ;
de la production. nous n'avons obtenu aucun indice de
ruines qui auraient pu exister dans les
A&TACB. GY21QUE. lieux élevés de la montaRne, où les an-
ciens plaçaient le temple de la Mère des
de Cyziqne appartient au petit
L'tfe
dieux. Partout nous avons retrouvé le
arcliipel qui occupe le milieu sud ae la
granit comme base du sol; te marbre
mer de iNIarniara. Toutes et s iles ont
calcaire gris n'apparaît <|ue dans les
été formées dans la même période géo-
contre-forts du côté du village d'Artakî,
logique. Le soulèvement du granit a
et compose presque entièrement les
fait surgir le marbre blanc, et eu
deux rochers, dont Tun porte spéciale-
quelques endroits le calcaire schisteux
Boent le nom de Ttle d*Artaki.
;

c'esl-a-diro que ce soulèvement appar-


Indépendamment des deux grands
tient a i'epoque de transition. Le granit
ports f()rmés par le golfo d'Artaki et
et le calcaire se retrouvent dans les
celui de Panormo, à l'est et à l'ouest
montagnes de la cÔte, et paraissent
du nouvel isthme, Tilc de Cyzique eu
se rattacher aux contre-forts inférieurs
a deux autres, l'un appelé Tantiodta,
du mont Ida. Les versants septentrio- ou plutôt Rhodia (tà Pu>3tà) (les Gre-
naux de cette montagne sont de gneiss
nades), où peuvent se réfugier les pe-
et de micaschiste; les volcans n'appa-
tits bAtiments pendant les orages si ,
raissent que sur son revers sud. Mais
fréquents sur la Propontide. Nous y
ces crêtes sont la limite du terrain pri-
mordial, car toute la côte de TLlei-
avons mouillé avec w
Mésange pen-
dant les coups de vent de l'équinoxe
lespont, ainsi que les terrains de la
de 183r>. I.e fond est de bonne tenue;
plame de Troie jusqu*au promontoire
mais les cartes marines étaient alors
Lectum (Baba), appartiennent au sys-
fort inexactes ; on ne pouvait trouver ce
tème tertiaire très-récent ; il en est de
port qu'à l'aide d'un bon pilote. L'autre
même des atterrisenients considérables
port, situé à l'est de la presqu'île, por-
qui ont cbansé la forme des côtes , et
tait anciennement le nom de Pamormo,
qui peuvent «le rangés parmi les ter-
rains contemporains. Ije détroit qui sé-
qui lui ^t commun avec un grand
parait <iu contineut Tîle de Cyzique a
nombre d'autres ports en Asie et en Eu-
rope. Aujourd'hui les bâtiments n'y
d'abord été assez considérable; mais
moaillent plus. Le nouveau villi^
peu à peu les terres charriées des mon*
tagnes de part et d'autre ont rétréci cet
espace , de manière que les Grecs ont

Digitized by Googlc
ASIE MINEURE 165

porte 11' nom de Erniéi)i keui; on y s'enrichir des débris qu'on en tirer.ii?.
trouve quelques aotiquités. Dans une vigne qui domine la petite
Artaii, TaneienDe Artace, est voi- ville moderne, on peut observer un
sine de Cyzique , et en éînit fomme l'a- beau mur en blocs irréguliers et bâti
vanl-port; oette ville remonte à une tout en marbre blanc ; ce vestige peut
très-erande aoliquité ; elle est raeotion- être considéré comme un des plus
Bée MI fois ptr Hérodote (1) , et no- beanx restes de raneienne Artace,
timinent dans la guerre des Perses. peut-être antérieur à l'hivasion des
Lts Phéniciens, dit-il, après avoir mis Phéniciens. Il paraît dès lors constaté
le feu dans tous les lieux aui avaient que cette ville était biendans 1 ile
élé abandonnét par leurs habitaiits, se même de Cyzique, mais non pas dans
portèrent sur Proeonnèse et Artaoe, et l'ilot commandait la rade, et qui
qui
bnjlèrent ces deux villes (2). La mon- seulement capable de con*
d'ailleurs est
tagne qui domine le port et Tîlot voisin tenirun château.
portaient aussi le nom d*Artace (3). Dans un autre îlot, qui n'est à vrai
CéHii. dit-il, une colonie des Milé- dire qu'un rocher, il y a une source
siens: elle était distante d'un stade de vénérée' des Grecs, qui lui nttrihuent
(Azique (4). Cette distance est trop différentes vertus; on l'appelle .4ijasma

courte nous comptons sur notre carte


:
( Fontaine sainte ). Il est question dans
la
du fioHe 9«S76 mètres jasqu*à la pointe quelaue auteur ancien d'une fontaine de
de Cyzique appelée Bal Kiz. rtle de Cyzique, qui avait une certaine
La ville d'Artace était sur un cn\) s'a- célébrité (t); peut-être est-ce l'origine
van^nt vers le sud-ouest, et Tilut du de la renommée que celle-ci a conservé
méoM nom n*en est séparé que par ui] jusqu'à nos jours parmi les Grecs su-
étroit canal. Pline (5) mentionne en perstitieux.
nit^me temps cette ville et ce port, I>e golfe d'Artaki est aujourd'hui
mais comme n'existant plus de son complètement abandonné de nos na-
n
tempt. est possible qu'à une certaine vires, qui ne trouvent plus aucune
période, Ja *prospérite de Cyzique ait sorte de chargement à faire dans cette
absorlK* complètement ces petits postes, contrée déserte.
qui avaient dû souffrir horriblement En suivant les sinuosités de la cote
pendant la guerre de Mithridate. Ce- on traverse plusieurs petits cours d'eau
pendant sons les empereuft bysantins qui descendent de la montagne sur le
et même avant cette époque Artnco, penchant de laquelle est bâtie Cyzique,
acquit une certaine importance « et et que les Grecs appelaient Arcton-
pouvait présenter quelques monuments Oros (la Montagne aux Ours), peut-être
de marm. Les fortineations qui tout avec autant de vérité que le rocher Ekh
dans nie, et qui ont été décrites par phonnesus.
Pococke et Lucas comme des restes
magnifiques d'ouvrages grecs, ne sont CHAPITRE VIL
que des tours byzantines, si ce n^t
génoises, faites avec de riches débris BOniVS DB CYZIQm.
d'architecture provenant sans doute de
Cyzique. On y voit des colonnes can- Les ruines de Cyzique sont aujour-
Bfléei à la grecque , des Moes de cor* d'hui tout à fait inhabitées ; au delà des
flkhsB encore intactes, employées murailles et sur la hauteur, il exista
comme matériaux bruts. Tes tours un village d'une douzaine de maisons,
sont a bossages, et ont bien résisté; appelé liammamli, qui possède eu com-
sais les courtines sont en démolition munal la totalité de renceinte de la
conpléte, et plusd'iui musée pourrait ville. On peut suivre le pourtour des
murailles depuis la gr inde tour octo-
(il I iv. IV, ch. XIV. gone, située à l'angle sud-ouest, jusqu'à
(aj Liv. VI, ch. XXXIIL l'extrémité orientale, qui est très-voisine
(3) Strabon, Xll. 676.
(i) Slrph. Bvz. V. Artacc. (0 PoQ» Copinidinu. Pline, liv. XXXI,
(5; Liv. V, cû. XXXII. ch. II.

uiyiiized by Google
*

i6fî viim
1 istlimr. l!no son'.-c limpiilr pt ut^ s'étendaient jusqu'au (louve Iv epu":
très- bonne eau sort ue deiiâuu& uu mur i'iieportait alors le uoui de I)oiionis.
antiqur ; un platane Tombrage de ses Lorsque les Argonautes j abordè-
rameaux vigoureux : c'est iVudroit rent (I ;, Cvzieus en était roi ; il pi ^sé-
les indi^^rnes nppellent Bal-Kiz- <iail la contre*' située entre les fleuves
Seraï (le Palais de la l'ille du Miel Ce ; /Esepus et lihyndacus jusqu'au pays
nom de Bal-Kiz est tort répandu eu des Dascylieus. Ce prince avait douné
Asie ; il paraît qae les légendes musul- son nom a Ttle et à la ville; il était 0t
ninm s appellent ainsi la reine de Saba. de Cyzicus, venu de Thessalie (1), et
On le r- trouve Aspendus.à SagalasSUS
,1 avait épousé J'Jiète, lill^ d'F.uphorus,
et dans d'autres lieux encore. roi de Thrace. Cyzicus fut tue par Ja-
On reconnaît, près de la tour de Bal- sou. Une autre tradition fait de Cy*
Kiz, les vestiges d'une porte ; toutes zique une colonie de Milésiens ; elle est
les murailles sont faites en grands citée avec Artace au nombre des villes
b'.oes de grnnit posés alternativement fondées par les habitants de Milet (V ;
ùe front et vn pirpaing, et ornés de mais comme les auteurs ancienssontd'ac-
bossages; les parpaings ne traversent cord pour admettre aue les premiers ha-
pas toute la muraille. L'intervalle des bitants fureotdes Péiasges, on doit croire
deux parements est compose ifun blo* que les Dolionsappartenaientàeetteraet
eage, de recoupes de uranit, de sable ma- Les Argonautes construisirent sur le
rin, de ebaux et déciment; la hauteur mont Dindyme un t»'mple a la gronde
des assises est de 0'"52, el la longueur niere Idaïque, qu'où adorait a Cyzique
des blocs varie entre I "30 et l'^SS. On ne comme à Pessinunte. Le Sevtbe Aaa-
tro uve aucune partie des murailles com* charsis arriva àCyziqueau moment oà
pIctPHieiit cons'TVfV: mais on pi'Ut les l'on célébrait les mystères et fit vœu, ,

sjjivre dans tout leur développement, s'il retournait heureusement dans sa


et la pliipart des soubassements sont patrie , d'elablir une veillée religieuse
intacts. Les tours sont carrées; elles en l'honneur de la déesse Gybèle. Pro-
sont placées à fies esp.ice? inégaux, qui serpin ' el: Jupiter avaient aussi des
varient de 30"' a 50'^' ellps ont 10"' de
: autels a Cyzicp!*' d'nr>rès une tradition
:

front, et le mur 4"' d'épaisseur. Il est fabuleuse, ce dernier dieu passait pour
hors de doute que cette même nmraille avoir donné en dot a l'épouse de Piuton
a dâ défendre Cyziifue des attaques de la ville de Cyzique.
l'armée de Mithridate, et qu'elle fut Les Phéniciens , qui avaient ratagé
tt moin ries efforts désespérés du roi de ces côtes, ne se portèrent à aucune hos-
Pont pour s'emparer de la clef de la tilité coulre Cyziqne parce que, avant ,

rropoulide. C'est le seul monument do leur arrivée, les Cyzicéniens avaient


l'Asie encore existant (]ui ait pesé d'une traité des conditions de leur soumission
manière puis-^ante et directe sur les avec OKbnrès fils de Mégabaze, satrape
,

destinées de ce nol)le ennemi des Uo- de Dascyhum (4).


ijiains; et, connue telles, ces vénérables Dans les révolutions qui suivirent la
ruines produisent sur le spectateur une bataillede Myeale et les désastres des
impression profonde. L'istbme, qui Athéniens en Sicile, C\'zique partagea
rappelle un grand ouvrng»' d' \le\ in(lre. la bonne et la mauvaise fortune des
a disparu sous les irri Liius récents. Ces villes de l'ilellespont tantôt tributaire ,

vastes remises, où 1 ou renfermait les d'Athènes, tanti>t soumise aux Lacé-


galères ( l9e6aoucot), toutes les constroo- démoniens ou aux Perses. Après la
tions maritimes qui pouvaient date de 1 victoire du Granique, Alexandre s'em-
la ville grecque n ont pas laisse de
. para de r.yzique et joignit l'île , à la
vestiges; il faut nous en tenir à la des- terre ferme par deux ponts (5).
criptiou (les monumeut£ romains, ou
plutdt chercher à les retrouver dans les (i) Appullodore, liv. II.
débris informes qu'ils présentent au- Y; rh. xxzrt.
(a) Pline, liv.
jourd'hui au\ veux attristés. (I Strahon, XIV, f>35,
l

J.e territoire de (lyzKjiie fnf dans (4) Hérodote, liv. VI, rh. xxxiT.
l'origine habité par les Dolions, qui (5) Pline, lit. V, rh. %\xii.

Digitized by Google
ASFË .MINEUAK.
ht convernenieiit de cette ville était taient à partir de l'époque de leur en-
pour les ancieDs un objet de constante trée en charge ces ma^ish-ats étaient
;

admiration : le luxp de ses édifices, la les î'rytan*'s, dont


le collège était de
rifhfsse de ses ports la plaçaient au six c^ nts membres
élus tour de rôle
r.

pr^mi. r rang des métropoles de l'Asie. dans toutes les tribus qui, dans le cours
Cvzique, ilie noble par sa citadelle, de Tannée, arrivaient sueeessiTement à
ses amraines , son port et ses tours de la Prytanie. On sait , d'après une ins*
mari>re, fait honneur à la crtte d'A- eription, que cinquante Prytanes étnient
sie 'I). Son
ndministraîion ressemblait en fonctions dans un mois. Km sort.uit
a ^Ue des Khudiens et des Marseil- de ce collège, les Prvtaues passaient
laif; le soin de ses principaox bAti- dans celui des Gallics, magistrature
ments était remis entre les mains de qui est particulière à la ville de Cyzique.
tpMs architectes qui avaient l'intpn- Les Ccillies étnient aussi au nombre de
dance des armes , des machines et des six c«'nts. r,li.'i(}ue cullr^e était pré-
greniers. Après la mort d'Alexandre , sidé par un ar« lnuUe qui prenait le titre
die tooitMi sous le ponvoir des rois de d*Épi8tate, et quelquefois de Bonlarque,
togame ; mais elle oonserra ses pri- ainsi nue le témoigne une inscription.
îléges et son pouvernement , et les Les Pnylarques. présidents de tribus;
marbres nombreux qui sont parvenus l'Asiarque , charLié de présider aux
jusqu'à nous nous lont conuaitre en jeux comumns de l'Asie; le Gramraa*
Mil tontes les magistratures qui teus ou chancelier, étaient des charges
conpoeaieDt son administration. Le ue Ton retr .ivt> dans les monuments
gouvernement était entre les mains du e la plupart des villes nsiatiqiies.
leoat et du peuple;
pour suivre leset Mais ici les souvenirs d'Athènes sont
coutumes d'Atlienes, première mètro- plus nombreux que dans aucune autre
Boledes Cj^céniens, le pt u pie s'était colonie. Tel était le système d*adminis>
«visé en six tribus, dont quatre por- tration au moment ou éclata la guerre
tneot les noms d-^s trihii-? athéniennes, de Mithrid.ite.
ksGeleonles, les 0;n<)pes,les Argadcs, Ce prmce attachait une importance
les Hopietes , les .-Lgicores et les iJores; extrême à se rendre maître d'une ville
dies parvenaient suceessirement, dans et d*un port qui commandaient THel-
des temps résiés, au gouvernement et à lespont et tout le pays mysien. 11 arriva
la Prvtanie '2). à 1 improviste devant In'ville avec une
Dans le principe, les habitants de armée de cent cinquante mille fantas-
Cjziqae supputèrent le temps d'après sins et une nombreuse cavalerie, et
Taonée ionienne, divisée en mois lu- occupa d'abord la montagne Adrastée,
n,iïri s u;i peu plus tard ils prirent
; située en face de la ville, là oii est
l'année macédonienne et finirent par , situé le temple d'Adrastée (1). Ce mo-
adopter l'année si)i;iire des Romains. nument est également mentionné par
On remarque dans leurs mois plusieurs Strabon (2), et d-apr^ ses paroles on
noms identiques avee les noms des pourrait croire qu'il était, sinon dans la
mois athéniens. On pense que l'année ville même, du moins dans le faubourg.
df? Grecs asintiques commenenit à l'é- 11 est probable que Mithridate oc-Mpn
Îuinoxe d'automne. L'année civile de les collines qui s'étendent parallèlement
i^zique était composée de mois io- à la côte sur le continent.
Diens, athéniens et macédoniens, et Les Grecs avaient déjà perdu trois
(fe f]uelque8 autres qui lui étaient par- mille hommes et dix ^alêre^ dans une
ticuliers. rmcontre avoient eue deva?it
qu'ils
Indépendamment des corps du sé- Chalcédoine (3). MiLhridate , voulant
oat et du peuple , la ville de Cyzique profiter de aa victoire, divisa son armée
avait plusieurs magistrats dont les noms en dix camps, et bloqua la ville par
étaient coinmuns avec plusieurs autres terre et par mer. C'est alors que Lucul-
ailles de l'Asie. Les fastes se comp-
(i) Plutarclj. iD Lucullo.
fi) f1<mis, ni, 5. la) XUI, a58.
[i) Csylusy marbres de CyiSfue^ t. II, «4x• 0) Voy. page 73.

Digitized by Google
m L'UHIIVBRS.
lus transporta des barques dulac Das* Cependant Cyzique eut a passer
cylitis dans la Propontide, et parvint quelques moments terribles sous le
à faire entrer quelques soldats dans la règne de Tibère. Ayant négligé le ser-
ville pour soutenir le courage des as- vice du temple d'Auguste, et condamné
siégés. Mithridate avait fait construire aux ceps quelques citoyens romains,
des balistes et des tours mobiles pour elle fut dépouillée de ses' priviléf^es (1);
attaquer les remparts. Les péripéties mais sous le règne suivant» ils lui furent
de ce sié^e ont une ressemblance frap- restitués; elle fut nommée Néocore
pante avec celui que soutint JSicée dix lladrienne Olympienne, et les grands
siècles plus tard. jeux de l'Asie furent célébrés daus sou
Une violente tempête tétant élevée enceinte. Le titre de Néoeore n'appa-
détruisit tons les apprêts de Tassaut, et raît pas sur les monuments de pysujus
notamment une tour de cent coudées avant le règne d'Hadrien : une inscrip-
de hauteur, qui était l'ouvrafie d'un tion de 1 hyatire fait mention d'un Ari-
Thessalieu nommé iSiconides :néan- guotus, uéocore de la très-illustre
moins ces perles ne décidèrent pas Mi- métropole de Cyzique. Le second néo*
thridate è lever le siège. On ehereha à corat lui fut décerné par l'empereur
pratiquer des mines dans Tune des-
, INIarc-Aurèle Antonin Caracalla ; el'e
(juelles Mithridate lui-niémc faillit pé- prit alors le titre de Philosébaste. La
rir. La prévoyance de Lucullus parait ville était dotée d'un prytauée, d'un
à toutes les éventualités : son armée gymnase, d'un théâtre « de plusieurs
était bien approvisionnée , tandis que la temples, parmi lesquels s*élevait le
famine exerçait ses ravages dans celle temple bâti en l'honneur de l'empereur
de Mithridate. Phisieurs tentatives Hadrien et qui passait pour un des
,

malheureuses (înireut par épuiser sa plus vastes temples de l'Asie ; les


patience, et Lucullus le força de lever lonnes avaient quatre aunes de circuit
le siège et de se retirer dans le royaume et cinquante de nauteur (3) ; il pnrtdit
de i^ont. pour inscription Au dieu Hadrien et
:
;

La conséquence de ces événements est mentionné sur les marbres sous le


fut une alliance durable et sincère entre nom de Nabç Tîjç 'Xolaç. Xipbilin le dé-
les Romains et les habitants de Cy- crit comme le plus beau de tons les
zique. Tous les monuments qui sont temples ses colonnes étaient d'un seul
;

parvenus jusqu'cà nous attestent que bloc (le marbre. On ne sait pas précisé-
pas une ville de l'Asie ne reçut de la ment comment Unit cet édifice : W
part des empereurs des marques plus uns prétendent qu*il fiit renversé par un
constantes «ramitié et de protection. tremblement de terre sous le règm'
Elle conserva sa liberté et son autono- d'Antonin Pie; suivant Maîala,
mie, et reçut dans le continent une tremblement de terre arriva sous le
adjonction importante de territoire, règne d'Hadrien, avant la conslractton
non-seulement une partie de ce lac du temple. Le rhéteur Aristide ep
proai-
Oasc^litis dont il est si souvent fait parle comme d'un monument
ue
mention dans l'histoire de cette ville par sa hauteur, servait
{^ieux, qui,
mais encore une portion considérable phare aux pilotes qui voulnientabordej
de la Troade et du pays mvsieu , jus- a C)zique. Ceci prouve que, l'an
qu'au lac de Mllétopolis (Manyas) et de J..C., le monument existait encore.
Apolloniatis (1). Dans ce passage de
men-
Il est probable que les colonnes
Strabon, le lac Dascylitis est nommé tionnées par les historiens ont été trans-
encore une lois avec les deux atitres portées a Constantinn[)le pour servir*
lacs de la Bithynie. Ou il faut supposer l'edilicationde la mosquée du suitsn
que le premier a disparu, ou qu il y a Soliman en 1515.
,

quelque grave erreur chez les géogra- Parmi les monuments qui soniencor^*
an
phes anciens touchant ces lacs. Nous conservés, on distingue un vaste
très-rare en
avons déjà traité cette question plus phithéâtre, monument
haut.
(i) tftdl., ^iraa/.,liv. IV. ch. 3».
(i)Stnboii,XII, 576. (a^ DioD Casrittt, rie dTBndmn,

Digitized by Googlc
ASIE MINEURE. 18»
Asie, 0 : Ips peuples se piquaient d'ai- ruines il eut un
, son;;c à la suite du-
mer Us jeux plus littéraires, li n'existe quel il se décida à entreprendre une
<jue deux amplùtliéûtres en Asie, l'un campagne en Europe.
è Cyiique , et Taulre à Pergame. Marc-
Anioine faisaiieiercer dans la premim CHAPITRE VIII.
de ces villes une troupe de gladiateurs
qu'il se flattait d'offrir en spectacle à ËXAI AGIU£L J)ES BUIIIBS.
Rome aux jeux de ia victoire. Après la
fidoire d*Oeli?e, ces gladiateurs res- La grande tour de Bal-Kix paraît
tèrent attaoliés au parti d'Antoine ; ils avoircommandé la téte d'un des ponts
ic retirèrent en Syrie, où ils périrent q^ui étaient jetés sur l'étroit canal de
toi» (1). Diverses inscriptions men- Cyzique; on remarque un grnnd mur
tioonent d^ troupes de gladiateurs qui qui se rattache à la tour, et qui se di-
eonbattaient dans les jeux de Cy- rige à angle droit vers Test. Il ne paraît
zique (3). Nous savons que de sembla- fias que les murailles se soient étendues
bles fêles furent célébrées la dédicace :i
e lon<^ de l'isthme; on n'en trouv»' du
du temple d'Auguste h Ancvre. moins aucune trace. La ville étant as-
Nous voyons bientôt ces usages dis* sise partie sur le penchaut de la mon-
panitre par riutroduedon du christia- tagne, qui forme trois mamelons, partie
ainae. Constantin, en arrivant à By* dans la plaine, c*est là qu'on retrouve
zanee, fait enlever de Cyzique la statue le plus j;rand nombre d édifices. Une
delà Mère des dieux, et la fait trans- rivière, qui prend sa source dans un
porter dans le Forum de Constantiiio- des acrotères du Dindyraou , forme à
ple, pour étra livrée à la risée des Touest une vallée assez profonde, sur
Booreaux chrétiens. Des éditsde Tliéo- laquelle est placé l'amphithéâtre, qui
do«<» »i de Justinien ordonnaient la s'appuie sur les deux mamelons infé-
dtrnioUUon des temples du pnu'anisme. rieurs. 11 n'est guère possible que dans
Sous le règne de Gallien , les ilérules l'antiquité ce ruisseau ait eu un autre
pHMraot Cyzique ; plus tard, les Scy- cours; par conséquent, il passait sous
th-'s et les' Gotfas
y exercèrent leurs l'arène de rnnipliithéritre , ce qui me
ravatres. porte a penser (ju'elle était construite
Apres la division des grandes pro- en bois. Les découvertes nouvelles jus-
naees, faite par Dioclétien , Cyzique tifientchaque jour cette opinion, et l'on
lot oiétropole de la prorinee d*lielles- finhra par reconnaître que les artees
P'^nt, qui romprennit trente-trois villes. ont tontes été construites de la sorte.
Les empereurs de Constanlinople y Les vomiloires sont an nombre de
établirent un hôtel et une fabrique de trente-deux ; la plupart de ceux du rez-
MNOiaies. Mais en 948 elle fut près* de-chaussée sont encore conservés ; ils
que entièremeot détruite par un trem- sont construits en bloes de granit à
blement de terre. Cepend.nit elK» con- bossage ; mais cet onvrnîie est très-peu
serva encore un certain nombre d'ha- soigné , et annoncerait pluir)t l'époque
bitants. de Galiien que celle des Aotonins. Tous
Le fils du sultan Orkban, gouverneur les massifsdes voôtes sont faits en blo*
de la province de Karasi, Tancienne cage; les Impostes sont à peine indi-
Mvsie, fut saisi d'admiration a l'aspect quées pnr des pierres en encorbelle-
(les ruines de ('A-zique. Les colonnes ment; en un mot, cet édiOce est indigne
brisées, lesmarbres euars sur le gazon de la renommée de Cyzique. Il n'y avait
kn rappelèrent les débris du palais de pas de portique extérieur; les vomi-
la reine de Saba, Bal-Kiz (3), élevé par toires conduisaient directement aux
Salomon, et les restes d'Istakar et de précinctions. S'il reste encore quelques
Tadmor. S'étant endormi dans ces vestiges de ce monument, comme des
murailles, on doit Tattribuer unique-
(t) mon Gusiac, Itb. U, p. 44?. ment à la nature des matériaux, qui
(î) Caylus, .-Intiqiniês, lonie II, a 19. n'étaient prts propres à être utilisés, soit
(3) Hammer, Uutoire de tempire oitO' pour les constructions modernes, soit
M, lom. I. pour fabriquer des boulets.

Digitized by Google
170 L'UIVIVERS.

En descenJnnt K- v ilion d raniji !!- ,1,'aU'ri s souierr ines. Ce monument a


théntre, on aperçoit l)ientàl. au milieu passe parmi les écrivains du temps
d'un massif inextricable de lauriers et de pour une des merveilles de l'architec-
térébiDthes, remplacement du tbéfttre, ture romaine, il est bien difficile de ju-
ce monument paraît être de la même ger aujourd'hui de l'ensemble des cons-
époque que TampliitlH fitro doux on
: tructions; mais, d'après les débris épars
trois iirnains de marl)ro sont nicnre en de corniches et de chapiteaux ou peut ,

place mais le proscenium


, a presque eu- être assuré que la tinesse de la sculp-
tièreinent disparu ; il était Dflti en blo- ture ne répondait pas à la majesté de
cage, avec des revêtements de marbre ; Tensemble; ce temple était dédié à
gOD diamètre était de cent mètres les ; l'emperenr Hadrien, qui avait accordé
innrsqui soutenaient la cavea étaient pa- aux habitants de Cyzique ditlérentes
rallèles au proscenium. Comme il était immunités, mais ce qui fut le plus
appuyé sur le penchant d'une colline, fatal aux ruines de Cyzique ce fot le
il noyait pas été nécessaire de cons- voisinage de Constantinople, qui con-
truire des murs de soutènement pour vertit l'ancienne colonie des Milé-
appuyer les gradins. siens en une carrière d'où l'on tirait
OÙ ne peut juger de la richesse de tout faits les colounes et les entable-
rarchitectnre de cet édifice par les ments; cet enlèvement méthodique n'a
ruines toutes rustiques qui sunsistent cessé que lorsqu'il n'est plus resté dans
encore, les colonnes et les monidres l'enceinte de la ville un seul dcbri*. de
débris de marbre ont été enlevés çpur marbre. Les voyageurs du dernier
être employés dans des constructions siècle ont encoredéâit comme subsis-
modernes; mais d'après une inscription tant de leur temps plusieurs édifieM
qui a échappe à cette destruction mé- dont il ne reste plus de trace.
fliodique, le theUr" de Cyzique ne le Au nombre des curiosités qiip ren-
cédait pas tu maguiCcencê à ceux des fermait Ta ville de Cvzique. Pluie cite
autres villes de TAsie, et selon Tusage récbodeia Porte Tracnia, qu'il compare
pievque général dans les ville- L'recqnes aux plus remarquables écîios connus de
|( s S' j;';)! iirt s dé. 'T.iîives •l:iient dues son temps il cite aussi la pierre tnyantft
;

à la nmnilicence des magistrats ou de qui retournait d'elle-même a sa place


quelque citoyen opulent ; l'inscription toutes les t'ois qu'on la dérangeait; elle
suivante en est la preuve : avait été laissée par les Argonautes,
et pour la conserver les i»abiLants
La ville honore Gvzicus, le cou&trucleur, de (.y/ique avaient été obligés de la
•oat lit archontes collipiai de Jalius SeJen-
sceller avec du plomb.
rufi, fils du graud prêtre, qui ont présidé &
Il est curieux de voir cette croyance
l'excrulion et à rétal)li.ss«'meiit des statues et
fabuleuse, rapportée par Pline (1), se
des ornements du ihcâu-e m)u& l'arcbontal de
JidiiisSdeocus et d'Aoïclius Pacidiaous» fils renouveler de nos jours au sujet d'une
pierre antique conservée dans les bains
d'AipilhooMnia.
de Hroussa (2) : on pourrait presque y
D'après la disposition du théâtre^ cet voir une continuation de la mémo lé-
édifice devait se rattacher à un grand gende (8).
ensemble comprenant TAgora, un por- Comme place de guerre et comme
tique et un temple avec son eneeinte. ville de commerce Cyzique continua

Le temple était liàii en blocage revêtu de jouir, sous les derniers empu-eurs,
de dalles de marbre, les colonnes étaient de tous les avantages de sa position.
de marbre blanc veiné de violet, les fiits Elle devint épiaoopale ot fut déclarée
des colonnes de Tenceinte étaient en métropole de la province d'Hellespont
marbre rouge. Il est probable que nous (Hiéroclès, Synecdétnf ) \ enfin une
retrouvons dans ces tristes restes le dernière catastrophe dont elle ue s'est
forum et le temple mentionnes par To-
rateur Aristide, qui a laissé de ces mo- (i) Pline, Ut. XXXVI, ch. r5.
numents une magniGque description. (ti) Voy. pag. M.
Le temple, dit-il. occupait un espace (3) Sur mnnrruvTes d'AnitéttàG|Bqua»
l>>s

inimense et s'élevait sur de vastes vov Hérodote, liv. IV, i4.

Digitized by Google
ASIE M] mSKL. 171

pas relevée, un tremblera^iit de icrre Toutes les entraves mises à Tagricul-


plusterrilile que les autres, qui eutliea tnre sont pour un État une mauvaise
au milieu du dixième siècle, la rMuisit mesure; l'intérêt du gouverncinent
rn l'i iat OÙ uous la voyons aujour- turc serait , au contraire", d'apiicler du
d hui. dehors des cultivateurs pour suppléer à
Au point de vue de riiistoîre de fart la population qui manque; mais, avant
et de Tarchitecture, Cyzique ne remplit tout, il faudrait abolir cette loi qui in-
pas îes f spérnnces tjue faisnit naître sa terdit à Tét ranger le droit de posséder
rtnoiiiniee. li a existedans ses ruines au- des biens fouds en Turquie.
cune trace de monuments antérieurs à
la conquête romaine, et les monuments CHAPITRE IX.
lomains eux-mênies attirent peu Tattoii-
tion (iaiis un pays si hclie eu ruines de AlilMES DE CYZIQUE D' APRÈS D'AN-
tous les âges. CIENNES DESCBIPTIONS (t).
La population actuelle de la pres-
qu'île de Cyzique est composée du 1 urcs .Au milieu des ruines s'élève un ma-
et dt» Grecs I. s premiers habitent les gnifique platane qui onibraize une fon-
villages liusbeniiucs dans Tintmeurj taine lyinnide qui estpeut-ctre ta foutaiue
mais la population grecque , plus active de Toubll fons Cupidinis, mentionnée
et plus commerçante, occupe exclusi- par Pline, qui avait pour vertu de
vrm»'nt les villes et villaszes de la eôte. guérir les tourtiieuls d-- l'arnonr (2).
Artaki , de dix-huit cents à
petite ville Cette fontaine est voi^iue de deux tours
deux mille âmes , peut être considérée massives entre les murailles et un ter-
comme la capitale de ce district. T.e rain maréHM^) u\ qui formait autrefois
mutzellim y réside il a pour f oiite izarde
; le port occidental. A deux eents mètres
quelques cawas. Les habitants sont vers le nord-ouest et dans un fourré
presque tous propriétaires de biens ru- d'arbustes se trouvent quelques passages
ranx, et la culture de la vigne y est souterrains en partie obstrués ; mais avec
poussée à une perfection rare. A la fin le secours d'un flambeau ils peuvent
de l'hiver, lorsque les >artnents sont être par( ourus dans une lonsueur d'une
coupes , ou a soin d'entourer, avec un trentaine de mètres en ligue droite; ils
piDceau, le pied de la vigne d*un cercle communiquent les uns avec les autres,
de bitume chaud , pour empêcher les et semblent être les substructions d*un
insectes d'y monter. II paraît que jamais grand cdilice, peut-^lre des greniers
les propriétaires u'unl eu a souHrir des publics ou des magasins pour lesquels
ravaf$es de la >yrale et des autres en- Cyzique était célèbre avant comme
nemis de la vigne. Le vin d*Artaki est après la domination romaine. La cons«
blanc et |p«^er. Pendant le séjour de la truetion est presque toute hellénique;
flotte russe a Conslantino[)le , un in- mais en certains endroits les murs sont
dustriel eut ridée de fabriquer, avec en blocage de pierre. Au sommet d'une
Us raisins d'Artaki , du vin de Cham- des voûtes il y a une ouverture carrée
pagne, dont le débit eut assez de suc- fermée dans une seule pierre qui forme
ce^ pour enrichir l'inventeur. Cette in- une espèce de clef. Tout cela fait partie
dustrie , qui aurait pu devenir profitable de la construction primitive. D'un autre
à la population, a été abandonnée côté, on observe un passage étroit qui
qimd l'anleur s'est retiré. Les Grecs monte dans l'intérieur de la muraille;
n*osent pas se livrer à des spéculations c'était sans doute l'entrée du souter-
^ui pourraient les faire passer pour rain, i'eut-ctre faut-il voir dans ces ruines
nebes. les substructions du temple décrit par
La fabrication du vin n'est pas fa- Aristides (3), qui mentionne les souter-
cultative dans les Ltats du sultan; rains du temple comme aussi dignes
il faut préalablement obtenir de Tau- d'admiration que le reste.
torîté une permission spéciale qu*on
ripî elleBérat, et qui détermine la quan- (1) Scstiiii, Toi n( k< , Hamîlton^ete.
tité d'oques (i^^s 3â0) qu'il est permis (2) Pline, I. io, ch. i6.
de fabriquer. (3) Ariftlid., 4 oral. C)Z

Digitized by Google
179 LimiVERS.
Cet oFuteur vivait sous le règne d'Ha- de l'arène. D'après le caractère des
drien j il a laissé uq dijîcours composé constructions supérieures aussi bien
uni^iiement en l*boDDear de la ville de que de la direction des eaux, on peut
Cyzique, et ses expressions peuveot naturellement conclure que cet édifiée
donner la plus linute idée de la richesse a été dans certaines circonstances con-
et de la prospérité cle cette ville. verti en naumachie. Les fondations de i

H Sou étendue, dit-il, pouvait suffire ramphahéûtre sont faites avec des ma-
non seulement pour une ville mais en- tériaux presque bruts ; mais fl mtejsur
core pour une nation. Les rivières— les murailles plusieurs traces qui indi-
les lacs les étanîrs qui couvrent son
, quent qu'elles étaient revêtues de pla>
territoire sont si nombreux que si l'on ques de marbre. i

voulait s'établir sur leur rivage, ou n au- Le village de liammamli (des- bains)
rait pas moins de villes sur les bords est situé dans Tangle supérieur de Tan* i

des laes que sur le rivage de la mer et ciennc ville; la plupart des maisons
dans Tinlérieur des terres. » sont construites avec des blocs de marbre
Le forum était consacré à tous les et des fdts de colonnes arrachés auxédi-
dieux, et au milieu s elevait un temple lices antiques.
qui parait avoir été un des plus magoi- En descendant du oôté de Test, oo
liques édifices de Fantiquité. L*orateur suit pendant quelque temps la ligne
continue ainsi « Ce temple s'élève au-
: des murailles; mais il est diflieile d'<'n 1

dessus des bâtiments d'alentour, et il reconnaître le pourtour exact. Kntin,


n'est besoin ni de phares ni de signaux par une route tortueuse et ditlicile, od
pour guider les navires qui entrent dans arrive aux ruines du théâtre, presque
nos ports. Ce monument, qui absorbe entièrement couvertes par des arbustes
toute l'attention montre en même temps
, et des broussailles qui forment des
la richesse de la ville et le noble esprit masses de verdure Cet édifice, selon
de ses habitants. On peut dire quechaque toute apparence de construction grec-
pierre dont il est bâti est égale à un que , est dans un tel état de destruction
temple et que le tempUt lui-même avec que remplacement du proscenium la .

son péribole est éf;al une ville.;i forme dp In cnvea et quelques substruc-
« Les constructions qui sont au-dessous tions intormes sont seuls visibles; il
du sol sont aussi dignes d'être admirées ne reste pas un seul bloc de marbre sa
3ue le reste; il y a des souterrains avec place. On reconnaît çà et là de longues
es îialeries qui circulent tout autour murailles et des fondations diverses;
(le TeJi ru e et qui font partie de ce bel mais tout cela est tellement caché par
ensemble. » les broussailles qu il est impossible de
Pline (]) fait mention d*un temple déterminer leur forme primitive.
de Cyzique dont les joints des pierres Le terrain, composé d'alluvions, qui
étaient tous ornés d'ime couronne d*or, au confinent est bas et maréca-
jointl'île
et un mince filet d'or cachait la jonction geux ; lacune couverte de roseaux
la i

des blues de marbre. Un tremblement qui s'étend a Test occupe probable-


de terre a renversé tous ces édifices dont ment remplacement du principal port
il reste â peine aujourd'hui quelques de Cyzique, séparé du bord de la mer
vesti;;es. par une lijine de collines de sable ac-
L'amphithéâtre est situé au nord de cumulées par les efforts combines des
cessubslructions, à cheval sur une vallée vents et des vagues. A son extréfllMé
boisée au nord de la plaine où sont les nord il y a un long fossé dirigé de Test

principales ruines de la ville. Un cer- à l'ouest et rempli d'eau, et un mur


tain nombre des piliers et des contre- de construction très-solide fortifié aT*C
forts a cédé sous l'action du temps; mais des tours sur sa face uord. ,

il y en a encore sept ou huit debout à La communication avec la


Touest de la vallée. La forme elliptique interceptée par des sables accumulés;
il est a croire que c'était là T'Mitrée
des
de Tédifice est encore bien dessinée. |

Un petit cours d'eau coule dans l'axe ealères qui devaient être conduites daus
le port mlerieur. Immédiatement a«
^t) Liv. XXXTI, ch. i5. nord de ce port, il y a une masse m \

Digitized by Google
ASi£ MINEURE. 17S

ruines qui sont probablement les es- dépouillées et si elles sont moins visitées
lin es d'édifices publics. par les voyageurs arclipologues que
Ou reconnaît les traces d'un auueduc celles du littoral est et sud de la près-
entre les eollines infôrlenres et rextré* qa*tle.
mité sud de Tisthme et de In ville ; le
petit ruisseau qui coule dans la vallée CEAP1XR£ X.
de ram|)hiUieâtre était insuftisant pour
les besoins de la population. Les col- Odns DB L*HIU.ISPOIIT.
Jines granitiques sont de nature à
fournir peu de sources, et les habitants Non loin île l'embouchure de YA^jsé-
ont été contraints d'aller ciiercher celles pus, il y aune colline au sommet de la-
qui sortent des terrains calcaires , la quelle s'élevait le tombeau de Mem-
légation ne pouvant être entretenue non, et dans le voisinage était le bourg
que par d'abondantes irrigations. de Memnon.Les faits relatifs à re héros
Lorsque Pocoke visita les ruines de étaient déjà controversés par les écri-
Cyzique, il reconnut encore remplace- vains de 1 époque romaine ; les uns le
ment de l'Agora; c*étaitune place de font venir d'Égypte, les autres de Perse.
cent pas de large et de quatre cents pas Pausanias (1) semble vouloir accorder
de long. On y voyait les ruines d'un les deux opinions en disant qu'en effet
grand ediûce avec un portique d'ordre Memnon était de race éthiopienne^ mais
corinthien et plusieurs galènes souter- qu'il vint au secours de Troie en par-
raines. Toutes ces constructions sont au- tant de Suse après avoir soumis toutes
jourd'hui dépouillées de leurs marbres. les nations qui étaient sur sa route.
Cette destruction méthodique qui a Hérodote fuit évidemment allusion à
étonné presque tous ceux qui ont ees événements lorsqn^li dit à propos
sité les Dnines des villes de l'Hellespont do monument de Nymphi (S) : « Il y en
est due à une ancienne habitude du a qui considèrent ces monuments
gouvernement turc, qui approvisionnait comme des portraits de Memnon,
avec des boulets de marbre les châteaux mais se trompent étrangement. •
ils
des Dardanelles. Les batteries des châ- Memnon, qualifie de fils de l'Aurore,
teaux d'Europe et d'Asie sont armées d'é- n'était autre qu'un prince assyrien qui
normes pièces de canon dans lesquelles vint au secours de Troie et ne put ar-
un homme peut entrer. On les appelle river que vers la On du siège.
ffaI-yemez{qQt ne mange pas de miel); Les oiseaux de Memnon qui, selon
les bal-yemez étaient chargés avec des la fable, venaient tous les ans donner
boulets de marbre de plus de soixante- des soins au tombeau de .Metnnon et
dix-cenlimetres de diamètre; les pièces i'urroser avec leurs ailes après le^i avoir
d'un moindre calibre étaient également trempées dans les eaux de l'^Ssépus
approvisionnées de boulets de marbre. Us oiseaux de Memnon continuent de
Pour suffire à une pareille coosomma- voler le long des rivages de l'Helles-
tion, des ateliers étaient établis dans pont. A une certaine époaue de l'an-
les mines de presque toutes les villes née, des troupes d*ane espéee d'alcyon
anciennes de la côte ; on voit encore à f>arcourent avec la rapidité de la flèche
Ale>andria Troas des boulets qui ont 'Hellespont et le Bosphore. Jamais on
été abandonnes comme défectueux, au ne les a vus se poser ni sur terre, ni
milleo desmassesderecoupes demarbre. sur les eaux ; les marins et les habitants
Peut-être 8*étonnera-t-on que ces ate- du rivage appellent «s oiseaux Us ému
liers n'aient pas été éta])lis dans l'île de en peine.
Marmara, qui aurait pu fournir du La ville de Priapus était située à
marbre à tous les canons du Bosphore ; quinze milles environ de la presqu'île
mais les Turcs préféraient utiliser de de Cyzique et à l'ouest de l'emboucnuro
vieilles rtàfifs inutiles et ménager leurs dudetive Granique; elle fut fondée par
carrières pour les constructions de la les Milesieus ou selon d'autres témoi-
capitale.
Il ne faut pas s*étonncr après cela si ns) IÀ9, X, ch. 3i.
IM villes de l'HeUcspont sont tout à lait fft) liv. U, 106.

Digitized by Google
174 Wmi
gnages par les habitants de Cyziqoe. dateur sonveot décerné dans les ins*
Pria pus f-tait renommée comme sta- criptions à des proconsuls ou à d'autres
tion niivale (I,^ ; elle se rendit a Alexan- niauis'rats. On admirait à Pariuin un
dre après la bataille du Graoïque (12;. autel d'uue forme singulière, dont cba-
Un fiUage do nom de Karaboga ooeupe rcôté était long d une stade ; il était
le site de rancieniie ville ; mais on n*y genre appelé Bomos, c'est à-dire
rencontre aucun vestige d'antiquité. Le en l'irnie pyramidale. Cétait l'ouvrage
cap Karaboga abriu le port conirt' K's (l'îi rmocrtMin. qui avait décoré cr nio-
vents du iiorci, el la prt 3 .ju'iie le deteud iiu:ijentavt'c maguiliceuce. .\ujourd'l)ui
du côté de Test. Le dieu des jardins, Il n'en parait pas de vestiges; mais
Priape, dont le culte fut transporté peut • êtr des recherches attentives
'

d'Onn^rr, ville voisine de ('oriiUhc, nn'îtraient-eiles à nicnie de reconnaître


donna son nom la \il|p asi.iliqiif».
;i IVinpIaceint ni d»- (•(•monufijcnt unique.
Si la ville de Piiapus a'a pas subsisté Leà ruines de Parium se reconuais-
jusqu'à nos jours, nous pouvons du sent encore an lieu nommé Kamarès ( les
moins nous faire une idée Je la ferUlité Voûtes); les murs étaient construits
de son territoire et ri*; la ricl»**s>r de ses en blocs de nmrV'rc sans mortier, l'n
tanip luru's ..r toute Li eôle (iepuisCy-
: < grand nom re d'edilices enfouis, des
zique jusqu'à Lanipsa(jue est cultivée restes d'aqueducs et de citernes témoi-
en vignobles qui pourraient donner un gnent qu'elle jouit d'une certaine im-
vin excellent ; mais les Grecs et les portance jusqu'à la chute de Tempire.
Israélites, qui ont conservé le privilège
delà fabrication, tniploienî es procé- GUAPiiac; XI.
dés tellemeul iniparlaits qu'il u'oi pas
possible d^en obtenir de bons produits; LAMPSAttUB. ABYDOS.
ce sont les vignes de Priapus qui avaient
été données en usufruit a ïbemistocle T.nmpsaque coramaudtiit l'entrée de
pour l'usage de sa niaisou (3). La l'Iiellespont ; elle était puur\ue u un
première cause de la décadence de Pria- bon port et renuiuiiiee par la ferliUie
pus doit être attribuée à la prospérité de son territoire. La fondation de
dcPariuin, (}ui fut colonisée par lesliabi- Lampsaque remonte aux temps fabu-
lalit^(l^ Milet. d KrylhrtC t de Faros(4}.
f
leu.\ antérieurs aux premières migra-
Pline (6; pense que la ville de Parium tions européennes ; son premier nom
est la même cpieoeUe au*Homère nomme était Pitysessa. I^s deux frères Pho-
Adrastée. Strabon place cette ville sur bus et Blepsus, nés à Pbocéc et descen-
le promontoire <jui sépare Priapus et dants de Co lrus, pendant leur séjour à
Parium. Li)rs(jne les rois de Perpaine Parium rendirent service au roi Man-
,

obtiorent du peuple romaiu cette partie dron, qui remuait a Pityxssa. Ce prince
de la Mysie , en dédommagement des engagea les deux frères à envoyer dans
conquêtes que les rois de Bithynie ses États une colonie grecque qui vint ,

avaient faites sur eux, ils prirent soin en effet s'établir sous la conduite de
de fortifier le port, qui était plus vaste Phobus. Men.ices d'une trahison de la
Sue celui de Priapu», et les babilanls part de.^ Bebrjccs, ils lureut sauves par
e cette dernière ville furent trans- Lampsacé, fille du roi« et eo recon-
férés à Parium. Deux iuscriptions re- naissance de cet événement, ils don-
cueillies par Spon doiinenî à c tte ville nèrent a la ville de Pityacssa, dont ils
le titre de colonie roinaiiic ^6t. L'em- s'étaient rendus maîtres, le nom de
pereur Marc-Aureie y Ul de ^rauds Lampsaque (1). La population de cetle
travaux ; ce qui lui valut le titre de fon- ville s'était augmentée des ruines de
PœsuSt située entre Lamp>aque et Pa-
(i) Thuryd., VIII, 107 ; Slnib., XIU, 587. rium. î,e culte du dieu Priape y était
(a) Arrirn, Erp. y^Us.^ ip l3. aus^i reii.iii iu (ju'a Priapus même; et,
(3) Sirab., ioc cit. eu etïet, toutes ces villes jouissaient de
(4) Suvboo, un,
S88. Taboodauce des fruits de la tene. Les
(5 l.n. V, rh. 3a.
{fi)
Spott, yojagêij 1, p. (i) PluUàrdi.y (U Firt. mii/., (8.

Digiiizeo by LiOOgle
ASIE MINEURE 17S

coteaux étaient couverts de vignobles velles et les navires des Vénitiens ou


et cette culture s'est perpétuée jusqu'à des Génois. Mais sous le règne d'Ach-
nos jours. Le soulèvement des Ioniens met II, en iGôn, le détroit des Darda*
attira sur Lanipsaque la vengeance nelles fut témoin de la plus i^rande
des Perses ; conquise par Crésus , elle défaite qu'ait soufferte ia Hotte otto-
parvint à conserver bous ses descen- mane depuis la bataille de Lépante.
dants une sorte d'autonomie. Après la Le grand amiral Kénaan- Pacha, à la
bataille de Mycale , elle devint trilm- d'une flotte de soixante-dix-neuf
téte
taire d'Athènes, et malgré les tenta- voulut s'opposer à l'entrée de
voiles,
tives de ses habitants pour recouvrer la flotte vénitienne; le commencement
leur indépendance, elle resta en cet du combat fut en faveur des Turcs;
état jusqu'au moment où Alexandre les vaisseaux ottomans brûlèrent deux
vint attaquer l'empire des Perses. Sou des plus fortes galères vénitiennes;
hcr..*. use situation lui permit de con- l'amiral Moncénigo ne tarda pas à ré-
server un rang distingué parmi les villes tablir l'avantage du cdté des chrétiens :
d*Asie jusqu'au déclin de l'empire. toute la flotte turque fut détruite;
Le territoire situé entre Parium et plus de cinquante bâtiments furent
Lampsaque était possède par plusieurs brUlés ou pris, et Moncénigo amena
petites villes dont le sort fat toujours triomphalement à Venise un nombre
soumis aux événements qui mar- considérable de prisonniers turcs. La
quèrent les dernières années de l'indé- Hotte vénitienne, quittant les Darda-
pendance de Grèce ancienne ; elles
la nelles, s'empara des îles de Téuédos,
se gouvernaient par leurs propres lois; de Lemnos et de Samothrace. La nou-
mais cet état prospère était souvent velle de cette défaite apportée à Cons-
troublé par les attaques du dehors ou tantinople par quelcpies navires (jui
par des séditions intestines qui niet- avaient échappe au désastre y répandit
taient le pouvoir entre les mains de la consternation.
quelque tyran improvisé. Cest l'his- Cependant le gouvernement turc ne
toire (le toutes les villes de ces parages, son L'en pas à faire augmenter les for-
de Lampsaque comme d'Ahydos ou tihcations des Dardanelles; ce grand
d'Assos. ouvrage ne fut entrepris qu'en
Presque toujours ces maîtres d'un sous le grand visir Kœupruli. Il est
jour finisîîaient par tomber dans (|uel- vrai que la sultane Validé, mère de
que pirge tendu [lar les partis ennemis, Mahomet IV, avait déjà songea ces nou-
et*la ville retrouvait son indépendance. veaux moyens de défense ; mais elle
Cest ainsi qu'Herméias, ^fran d'Assos, n'avait pu réussir à se procurer les
Êvagon, tyran de Lampsaque, termi- fonds nécessaires. Les réclamations des
nèrent leur carrière, villages environnants, qui redoutaient
La uiort d'Alexandre, protecteur de le voisinage des garnisons lurent le
liampsaque, livra cette ville aux atta- prétexte que l'on mit en avant pour ne
ques d'Antiochus ; elle finit par ob- rien changer à l'ancien état de choses.
tenir l'alliance des Romains et suivit Mais les derniers événements avaient
le suri des villes de TUellespout quand tardivement ouvert les yeux du grand
elles furent réunies à l'empire ro- visir, qui' donna Tordre à la flotte
main. d'hiverner aux Dardanelles. Des ou-
Priidant toute la période du moyen vriers furent mis en réquisition et tra-
âge, cette contrée resta dans l'oubli ; les vaillèrent sous les ordres de l'architecte
événements militaires étaient eoucen- Mustafa-Aga et sous l'inspection de
tiés autour de Constantinople. Mais à Frenk Ahmed Pacha commandant des
mesure que la marine des États chré- Dardanelles. Les dçux ch.'iteaux furent
tiens prenait de l'extension, les Turcs, élevés sur le plan d'unquadrila-
maîtres de l'Hellespont, comprirent la tère régulier de trois cents archines
nécessité de fortifier le détroit. ( 460 mètres ) carrés, et reçurent les
T>s châteaux d'Europe et d'Asie noms de Kilidol Bahr(laclef delà mer)
fut' i:t armés d'une virtiilerie formi- et de Seddot Bahr (la dijîue de la mer).
dai)le qui arrêtait iu passage ks cara- Koum Kalc, le château du «Sable , et>t

Digitized by Google
IV6

un ouvrapp (ie IMahoinel II. Presqiu* Ger;;itli.» fui prise et détruite par At-
tous CCS travaux furent exécutes par tale, roi de Per^ame, qui construisit
des corvées imposées aux riverains ; les aux sources du Caïque une autre ville
plus mauvais traitemeots forçaient les du même nom pour y établir les anciens
habitants à aller travailler aux tran- Geri^ithiens.
chées; le sultan vint souvent les visiter; L'ancienne ville des Teucriens étxiit
euGn les redevances de plusieurs émirs située dans l'intérieur des terres et sur
qui teoaient leurs fleft oes anciens sul- les pentes duiiiont Ida (i);cela ré-
tans furent modifiées et ils se trou- sulte du récit d'Hérodote : lorsque
vèrent chargés de fournir les garnisons Xerxès marchait de Pergame sur Al)y-
de ces nouveaux châteaux. dos, il avait à sa gauche les villes de
On a cberdié en vain dans la mo- Rfacetée et de Dardania et à sa droite
derne Lampsaki quelque monument les Teucriens Gergithiens.
qui attcst.1t son ancienne magniHcence. Percote, mentionnée plusieurs fois
Dans le commencement du dernier siè- par Homère, était située sur le (leuve
cle, ou y vo;^ait cependant encore quel- Practius et à trois cents stades de Pa-
ques antiquités, et ^Vl)(ler a observé rium ; elle était voisine de la mer, et
des ruines qui n'existent plus de nos paraît avoir subsisté jusqu'aux der-
jours ; il trouva plusieurs colonnes nières années de l'empire romain. On
de marbre et des inscriptions uui ideutilie l'ancienne Percote avec la pe-
dataient du temps des Antonins. tite ville turque de Bergan Ralé si.
sage do faire des boulets de marbre, La ville d'Arisbé était au sud de
qui s'est perpétué pendant trois siècles Percote ; elle appartenait aux INlilv lé-
chez les Turcs « a cte plus pernicieux niens (2) ; mais il est à croire qu elle
iKHir les villes de la Propontide que tous doit sa fondation aux anciens Danla-
les ravages qu^elles avaient subis anté- niens; car elle était déjà florissante au
rieurement. Aujourd'hui depuis Mou- , temps de la guerre de Troie. Deux vers
dauia, Taucienne Apauue jusques y ,
de l'Iliade reunissent les noms de ces
compris Alexaudria Troas, il n existe villes autrefois célèbres. « Les guer-
pas un bloc de marbre ancien. Cepen- riers qui cultivaient les champs de
dant les Turcs avaient sous la main Percote et du Practius. qui habitaient
nie de Marmara et ses inépuisables Sestos Abydos et la noble Arisbé sui-
carrières; on ne comprend pas qu'ils vent (3} Asius, le tils d''Uyrtac^. »
aient préféré établir avec beaucoup Cette ville, dont l'emplacement est au-
de peine des ateliers partiels dans vingt jourd'hui inconnu, subsista jusqu'à la
localités différentes. lin (le l'empire romain; elle est men-
Kn suivant sur la côte la nomencla- tionnée par Pline, qui la place sur la
ture des villes donnée par Strabon, côte (4). « En dehors du golfe s*étend
nous devons rencontrer au nord de la eôte de Rhœtée où sont les villes de
Lampsaque h* port et la ville de Fœ- Rhœtee, Dardanie et d'Arisbé. »
sus, déjà citée dans ITliade (i). Ces deux Abydos, la plus célèbre de toutes les
villes étant Tune et Tautre colonies villes de ces parages, ne subsiste plus ;
de Milet finirent par réunir leurs po- mais on est autorisé, d'après les détails
pulations et Pff'sus disparut. Colona}, toj OLrraphiques donnés par divers au-
petite ville située dans Tintérieur des teurs, a placer cette ville près de Boghaz
terres, était aussi colonie ionienne. hissar sur le cap qui s avance dans le
Le territoire situé au sud de Lamp- détroit.
saque appartenait à la ville de Ger- La position d'Abydos relativement à
githa, fondation des aneiens Teu- Sestos est bien déterminée pnr et; pas-
crieus i*2). IClie 1 1 lit bien furtilice et sage de Str aboo (5) : » La uibtauce qui
racropole construite sur oneéminenee
dominait la ville au milieu de laquelle (0 Hérodote, liv. VII, 43.

s'élevait le temple d*ApoUon Gergitbieii. (a) F.t. Kyz. V. Ariibè.


(3; 835.
//.. II.

(I) //., V, Gi2. (4) Min.', liv. V, ch. 3».


(5>6lrab., liv.XIU*59i.
(s) Hérodote, Uv. T» tM*

Digitized by Google
àsib MnnORB. ÏIT
épare ces deux villes d'un port à Tau- certainement quelques-uns qui n'ont
Ire Mt d'enfin» tnote stades (.5,530 pas une destioation fiuièbre.
mèt. ), le zeugma ( passage) est du côté L'armée perse mit sept jours et sept
de la Propontide (au nord) par rapport nuits à franchir le détroit; ce tableau de
à Abydos et du côté opposé (au sud)
, l'invasion des Perses en Europe, con-
per rapport à Sestos. Pratde eette def- aerfé par Hérodote, Calt passer sous noa
niére, il y a un lieu nommé ^pobathra yeux toutes les populations de l'Asie oc-
où était attachée l'une des eitramités du cidentale avec leurs noms, leur costume
pOQt. et les détails les plus précis sur leur
Si l*ott s'en rapporte à l*opiDion de origine; c'est sans eontradit un dM
StraboD, Abydos a été fondée par tes Mi- plus brillants passages et un des plus
lésiens, du consentement de Gygès, roi mstructifs que nous ait tranioiia ce
de l^ydie, qui était maître de tout le père de l'I^istoire (1).
pays ; mats on ne doit entendre par là Abydos eut grandement à souflfHr
qu'une reconstruction de la fille, puis- de l^fantage de sa position dans le
qu'elle existait déjà du temps cfe la voisinage de l'Europe; Darius, de
guerre de Troie. Abydos était à égale re.tour de son expéaition contre les
distance entre Ilion et l^mpsaque, éloi- Scythes, Ht brûler celte ville en même
fXiépAe cent soixante-dix stades, environ temps que quelques autres filles de
3 kiloin., de l'une OU de Tautre de eei
1 l'Hetlespont, de crainte que ces peuples
deux villes. ne fissent à leur tour une expédition en
Lorsque Xerxès oassa d'Asie en Asie et ue protitassent des avantaees
Cnrope» il ehoisit ÀbjFdof eonme le que ces villes auraient pu leur offrir
lieu le plus rapproché du continent comme l>ase d'opérations (2).
européen. Cette distance n'étant que Peut-être faut-il accueillir avec ré-
de sept stades, le point de jonction fut serve ce fait mentionné par Strabon
déslgaé dans la suite MNia le noai de at qu'Hérodote passe soua silenee.
Heptastadium et le panage soua eeluî L*ioaendie d'Abyaos aurait dû avoir
de Zeuîima. Heu au retour de Darius dans la Cher-
Xerxts, voulant contempler l'en- sonnèse d'Asie ; or, au moment de la
aemble de loo armée, Ht élever par révolte des Ioniens, Dercylildaa do
les babitants d*Abydos un tertre sur Sparte, avec un feible contingent d*in*
lequel on plaça un trône de mnrbre. fanterie, fut envoyé dans la province
Du haut ae cette émioence, le roi de d'Uellespont pour engager les Abvdé-
Perse assista à un combat naval dans nieus à f^ire défection (3) ; mais if fut
lequel les Phénideos de Sidon rem- devancé par Daurisès, lieutenant de
portèrent la victoire (t). Darius, qui, avec une promptitude peu
N'ous devons faire remarquer ici l'u- habituelle aux Perses, se rendit maître
sage répandu chez les princes et les rois des villes de Dardanie, Abydos, Per*
de i'Onent de faireéleverdea tertres nour eote , Lampsaque et de Poesus ; cha-
indiquer le centre de leurs caiTi[)S,raire cune de ces filles fiit prisa en un
{)lanter Ifurs étendards et comme dans jour (4).
a circonstance présente, pour passer la La possession d* Abydos, constam-
terne de leurs troupes. Ces émineoees, ment disputée pendant lea guerres entre '
qui sont asseï communes en Assyrie et les PiTses et les Grecs, échut tantdt aux
eu Perse, sont connues des habitants Athéniens tantôt aux Lacédémoniens ;
sous le nom de trône (Tact ) ; les Turcs mais cette ville résista avec énergie aux
les nomment tépé. Noos Isa appelons forces de Philippe, flisde I>émétrin8,qui
twBulus d'après la dénonUiiation ro- ravagea les côtes de la Propontide et in-
maine. Le fait que nous signalons ici cendia la plupartdesvillesqui refusèrent
prouve que tous les tumulus que Ton de se soumettre. Les plus terribles me-
obaarfe en Asie n'ont pas été des tom-
beaux et parmi ceux qui sont répandus Hfrod., Tn,do.
(0 I.
dans la plaise de Troie «il a'en trouve (a) Strabon, XIII, Sgr.'
(3) Thucidide, liv. VIII.
(ï) Hécodole, l. Vil, 44. (4) Hérodote, 1. Y» xiy.
12* Livraiton, (AaiB BilNBuai.) T. 11. It

Digitized by Google
OBces ne purent décider les Imbllnittt dillingair ^es peupiadei ¥Mnee
pa»
d*Abydos a ouvrir leurs portes à Ten* qÉèlqiie earaetère a^éeial, mais nul ue
nemi déclaré des colonies grecffiies, pl peut compter combien de périodes dti
ils préférèrent périr jusqu'au dernieiç siècles se sont écoulées avaBt que ce
plutôt que de se rendre. ' '
moment soit arrivé. De tous les signée
Les femmes et les enfimis forent projirea à feire veMOMlItre la parenté
massacrés chacun dans un genre de dea divema fMmllea hmnalnes, rétvde
mort différent, « vario mortis génère des Innjîncs est^ qui offre let
celui
oi'ciderunt dit Tite-Live (I). Cette mo} eus de contrôle plus rationnel, et
le

conduite ne prouverait pas, comme le celui qui dans ces derniers temps parait
dit Êtienne aé Bysance, que les habi- avoir acquis ehei les hommes d'oboer»
tants d*A.bydM étaient des gens efliS« vation le plus grand degr4do probabi-
minés et de mœurs dissolues (2). lité pour reconstituer les rapports de

Tant de catastrophes n'empêchèrent fiarenté entre les peuples qui ne sont


pas Abvdos de subsister jusqu'au iés par aucune iraditiou historique.
temps des empereurs byzanthif ; elle Ainsi la langue grecque étant recon»
élaitépiseopale dès le cinquième siède. nue comme appartenant à la famille
Hernieiîis, son é\ {'que, souscrivit au con- des langues indo germaniques ou arien-
cile de Chaicedoine et à la lettre sy- nes, on s'est cru autorisé à regarder les
nodale de la province de Cyzique à Kuples qui en font usage comme une
Tempereur Léon. Etepuis ce moment anche de cette grande nation qui, i
les destinées de cette ville restent a peu une époque inconnue, habitait les pla-
près ignorées elle ne participa en rien
;
teaux de la haute Asie, et d'où sortirent
9UX grands événements qui signalèrent les Indiens, les Perses , les Grecs, les
le commencement du douzième siècle ; peuples itotiques, les Allemands , et let
il est probable qu*elle a*étetgnit nbs» ,Celtes.
curénienl sous les gouvernements des Cette souche arienne ne s'est pas tout
émirs, qui ravagèrent les côtes de la à coup séparée en différentes tribus;
Propoutide et formèrent des princi- mais, prenant, comme les branches d'un
pautés éphémères qui se fontflfiMtdan^ nfine tme, un dévaloppemeiil idio-
reinpire dee sultans (S). svncrasiqoe, Chaque peapndoenaedéta-
CTiant du centre son courant vers les
prit

CHAPITRË XII. contrées propres à favoriser son


les plus
develonpement et son établissement en
TBOA.DB. ~ ELEMENTS DBS P0FUL4- corps de nation.
Ce n*est pas sans raison qu*on a
.

TimiS PB1MITITB8.
pensé que les Celles, qui se sont le plus
Pour ceux qui cherchent à porter avancés vers l'ouest, sont les premiers
quelque lumière dans la confusion des qui ont quitté les hauts plateaux asiati-
origines des nations I hisloire n'offre
ques potur se diriger vers TEurope. Les
,
Celles, les Germains et les Slaves for-
que des éléments qu'il s'agit de mettre
ensuite en œuvre par
ment en effet le fond de la population
la comparaison
rnîsonnée des différentes populations
du nord de Tli^urope et parlent une
qui ont contribué à faire entrer une langue de mime souche (1).
Il y eut un second courant de popu-
contrée dans le cycle historique. Cela
lation qui dans des temps moins anciens
ne peut avoir lieu que lorsque ces tà-
prit sa direction vers les côtes de la
milles humaines ont pris une physio-
Méditerranée, tandis aue les Médç-
nomie particulière, qu'elles ont su se
penai et li ùaàOê hmiinc, roBktiit

(i) Tile-Livc, liv. XXX, ch, 17. royes •

autti Polylie, Hhtor., liv. XV. (1) Toy. Curtius Onesiêchê GvmektWf
(«)8lep.By2., V. Ahydi. tome Let GauMt en Àsie^ par Texier,
(3) f^or. aussi sur .4h\<1os Toornefnrt, Revue des Deus Mondes, août 1 841. Cari.
Leti. XI ; Lucas, Troisième Foyage, tome I*', KWXeryRrdkumde, lone IX, 18* partie ( Hic
p. i5;Cb«rl«9 deSaini'Paut, Orog^i Sacrée, G^UUer mKteinasien, dans lequel cet article
^, '
cMtnMloitetdéi^p)of9é.^. ....
I».

Digitized byGoogle
ASIE M^^tt RE. 179

étrangers aux influences de TOccideot; hér(ys gré(*sr, et le cenlM «élastique de


5*eDfo[ çownl dans les régions d« TAsie Dodone peut être considoié eonuM le
«ntra'.e. berceau de la Hellade (!)•

T^deux principales branches de cette Pelasges il« sont pas un peuple


raof, qui sont rennes a^élsblir sur tes nomade et chasseur; c'est* ooo nation
eôtesde la Méditerranée et qui, pu égard à qui se livre à l'agriculture et construit
la proximité de leurs établi ssement.«5, se les premières dentures lixes pour les
5catde nouveau confondues à l'origine hommes et des lieui de refuge pour la
les temps historiques, les Hellèiies et cnmmonaMé. I.<ea sammets des hnmi^
Itt Italiques, si Ton enjaye par la con- taimes sont les lieux sacrés réservée
f"rrr:tr* «le leurs lingues et par l'intime pour le séjour de la divinité que les
r qu'elles ont entre elles, se sont si hommes n'abordent qu'avec une reli»
bteQ mêlés que nous pouvons con- les gieuse terreur. Cette tradition se per»
WBtftT comme fbrmatit une même raee nétue ehet -lia Gvao»; les sammeia de
qui a toujours conservé le sentiment rida, rot^pe, erifli «ombreuses mon^
iostinctjfde son origine asintique et par tagnes qni portent le nom de Dviidimène
conséquent son droit naturel à l'oc- sont consacrés aux divinités que les
eupaiioa totale ou partielle des terres Grecs aussi bien que les P^ilasgesont ho-
isFAsie. norées ceMMé dlmsinaiiniianxe Lca Ala
S les Grecs D*a?a!ent conservé au- des FélaBgea*^annt établis'en Attlque
eone tradition au sujet de leur pre- en m^me temps qu'ils occupaient les
mier établissement dans la contrée à ia- c6tes de la Chersonnèse d'Asie ; rien ne
fudle ils ont donné leur nom, il ne leur s'oppose donc à ee que'l'on ennaidèm
lotait noD plus aoeone notion de leur les Pélss^M et lié Gl«es oanmia«i.asnl
l^ear dans on autre pays ; bien plus, et unique peuple comme une même
,

î!s se regardaient comme autochtones, famille sous deux noms différents;


tout en admettant que leurs prédeceb- mais le côté saillant du caractère des
arars anient commencé par défHeber Pélasges, oetW acMIé qni lea poasM à
les forêts, détruit les bétes féroees tt former des étiWiMewwPta dans ta»
desséché îenrs marais. Ces prédécesseurs les lieuxoù leur race peut se développer,
ifs les appelaient Péiasges ; c'étaient les finit par s'effacer sous l'influence pure-
premiers habitants de la Grèce \ il n'y ment hellénique, et lorsque l'histoife
atalt aocun Heu d* eonthieat oo des commenee àteeueUllr quelquemditibil,
flei où le nom des Pélasges M
fttc pro- les éerivsfas gfwsudtraMMfnTnn jan
noncé comme celui du premier peuple de rtiots pour nous peindre cette race
venu dans ces parages ; or les Hellènes puissante, ils ne nous laissent pour tout
se trouvaient liés à leurs prédécesseurs renseignement que ce mot : « Mous les
aotant pnrledrs'erojraoces mie par lenrs appelons Félasges parce quilaaont er-
moars. I?il n^est pas pbssibie de démon- rants comme tes Pélargues (2)
trer cette parenté à l'aide de Hornments Cest cependant cette race d'origine
historiques, toutes les traditions con- arienne qu'il faut regarder comme
duisent cependant à regarder les Grras les ancêtres des Grecsi Partout où
comme nue branche de cette race qui loi Pélasget se* sent établis en Asie
s'étendit à foccident dans l'Italie et la comme en Europe nous voyons la race
Sicile et à Torienl sur toutes les côtes et grecque s'asseoir et prospenr; leurs
dans les lies de la Chersonnèse d'Asie. Cd migrations commencent pour ainsi dire
que les Grecs disaient deë Masses a» lie avant ror^ine des aaéiéles et •?nat que
fellemeat anx oriftines de leur propre les peuples se soient fermés en nations
nr'p qu'on peut eon'^idérer l'une et l'autre distinctes. Les terres d'Asie étaient
nation comme une seule famille et non livrées au premier occupant ; aussi dès les
pas comme deux races distinctes. En premiers temps les Pélasges vont-ils oc-
effet il nVaaame traditton péfcsgigue, cuper la Tbrkee, les ffivafM de la Pto»
sMvna dlvintlé péh^kpie ^^e l'on
paisse mettre en opposition avec les fi) Strabon, liv. V.
traditions lu*lléniques. î.e Jupiter, 1^* Cigognet. Straboa, 1. p. Ml et

£eus pélasgique est invoqué par les liv. IX, S3^.

Digitized by Googlc
m
KDtiHe et les c^tes de TAsie Mineure. sous la du Zeus pélasgiqol^
protection
; t*atla6iMiità la terre par la libon* die avait fondé de Dardanla.
la fille
rage et Pélève des troupeaui , cons- LVpoque de l'arrivée de Dardanus
truisent des villes et deviennent les sur les côtes d'Asie est trop reculée
aocéires de cette race d*où sortirent les pour qu'il soit possible de la déterminer
trois branches de la famille hellénique. d'une maoière tant soit peu prol>able.
Les Pélasges, OMOme leurs ancêtres Homère (i) estime qu'il s'était écoulé
arieua, rendaient un eulte à une divinité cinq générations entre Dardanus et
incorporelle sans templeet sans statues ; Priam, et Platon marquait l'arrivée des
ils rappelaient Zeus et la regardaient Dardaniens dans la seconde période
comme habitant les sommela des mon- après le déluge (3), lorsque la race hu«
tagnea. Quand ils voulaient la représenter maine commençait à peupler les som*
en rapport avec les hommes, elle recevait mets élevés des montagnes, faisant
le nom de Dypatros ou Jupiter, et le Ju- ses demeures dans les cavernes des ro-
piter péiasgique inspirant une sainte ter- chers et dans les antres creusés par les
reur était noooié dans les forêts et fai- Cyclopes. Dardanie fut bfltie « lors-
sait sa denneura dana un chêne sacré. Ce qu'liion atecson peuple immense n'était
premier vestige du culte des nations pas encore , et qu'on habitait au pied
ariennes se répand aussi bien dans les de l'Ida arrosé de sources (3) ».
forêts de la Germanie aue dans celles
de laGrèce; Icebêna nas druides est CHAPITEE Xni.
de même souche que celui de Dodone.
Le mont Ida et les hauts sommets des jPHiHiciBiri.
montagnes de Crète deviennent des
la
centres religieux autour desquels se Une partie de ces Dardaniens s'était
réunissant les peuplades diaaéminées; établie dans le haut pays, l'autre habi-
mais leurs relations avec les autres races tait la cête, qui, bien que privée de ports,
qui apparaissaient sur ces rivages leur offrait encore des retraites suffisantes
apprirent à rendre sensible l'image de aux faibles barques qui venaient aborder
leur difinité, et ils ne tardèrent pas i dans ces parages. Elles appartenaient à
adopter celles des peuples sémitiques un peuple navigateur et eommerçant
établis sur les côtes méridionales de qui de temps à autre venait apporter
l'Asie et dans Tîle de Crète. Là il y avait sur ces côtes les produits de son indus-
une population kenanite ou syrienne trie; ce peuple innommé était connu
oui adorait la reine da ciel soua Icnooi des autres nations sous une désignation
d*Aslarté et le Jupiter Pélaigiqiwsoiis fsgue et arbitraire.
le nom de Baal; cette race syrienne Les Assyriens les connaissaient sous le
n'était jamais parvenue à chasser ni à nom de Aharri, c'est-à-dire « gens du
s'incorporer complètement la popula- pays de derrière (4), eu égard à leur posi -

tion non sénitimie de la Crête; ce tion i Tocddent oe TAssyrie et compre-


mélange forma la souche des popu- nant les pays de Tyr et de Sidon.LesAJiar*
lationsnon helléniques qui s'établirent rites étaient partis de l'Asie Irans-Eu-
dans les relions sud-ouest de l'Asie, Ehratienneet s'étnicnt avancés par l'A ra-
et dont les Cariens forment le type le ie jusqu'à la mer Rouge où ils résidèrent
pins saillant. pendant plusienrs générations (6). Les
Avec la famille pélasgique on remar- Phénidens^dit Hécoaote,sont ceux qui au-
quait sur ces côtes les tribus actives trefois habitaient vers la mer Rouge ; ils
qui, sous le nom de Gergéihieus et de sont venus de là s'établir sur les rivages
Gébrenniens , exploitaient les mines et maritimes de Ij'^yi^ *
les forêts de rida, et vénéraient la grande
mère Idéenne. Les Dactyles étaient leurs
maîtres dans cet art qui passait pour (i) y/., V, a3o.
surhumain ; entre ces populations , on (a) Ap Str«b., Hv. XIII, Sq».
distinguait la belle race des Dardanicns» XX, 9i5.
Î|ui racontait avec orgueil comment, sous (4) J. Menant et Oppert, tlUC, «UOiSif»
a conduite de son cbef Doidaniis, et (5) Hcradote, VU^Sg.

Digitized by Google
ASIE MINEURE. 181

pelée le paysdes dattes. Chez les peuples ils s'établirent dans


Cilide, et, tan-
la
de ouest, ces niarchaods navigateurs,
i tôt comme pirates, tantôt comme tra-
oui apportaient sur les marchés les fruits fiquants, Ils s*emparérent de plusieurs
du dattier et surlout le vin de palme ports de la Lyeie. Il en résulta dans
r^r lités dans leur pays , étaient gé- cette contrée une population mélangée
nera.ement appelés • les hommes du de deux races qui , sous le nom de .So-
pa\s des dattes ». —
Les Pélasges et les iymes, apparaît aux premiers âges de
Miioes, qui connaissaient le palmier la poésie t pique.
iMtt le nom de Phœnix , ont donné le Sans s*étonner de voir les lies et les
nom de Phéniciens à ce peuple qui ven- c/?tps occupées par une race blaii !ip,
dait des dattes, et qui venait du pays des les Phéniciens lièrent avec ces incon-
dattiers. Cette dénomination est de venue nus des relations commerciales , et en
teénte et est testée en usage chez les échange de eette amttié, ils obtenaient
Beœios et ches les modernes, elle est la faculté d'établir sur les côtes des pé»
pnrement grecque, et n'a rien de sémiti- chéries du coquillage qui fournit la
quf. (^eiques liistoriens modernes assi- pourpre. On peut faire remonter l'ori-
milent le uomdes Phéniciens à celui de gine de ce commerce aux temps les plus
Pbilistins, et tooi jusgu*à les confondre reculés.
avec les Péleiges, en âisaut dériver Tua Hérodote eommenee son histoire
et Tautre nom du sanscrit f 'alaksha par un vivant tableau des onuiues
(hommes; blancs (i). Le langage d'Argos (1), où. les navires etra!i::ers
comme les mœurs des Phémcieus prou- apportaient les produits des mauutac-
fort d*ane manière évidente qnMIs tures phéniciennes, assyriennes, et de la
étaient de race sémitiaue; ils avaient basse Égypte ; les marenaodises étaient
Mé les cléments de leur civilisation exposées sur la place pendant cinq ou
dans le pays de Babel et d'Assur et lors- six jours c'était la semaine du marché,
;

qu'ils atieigiiireut les rivaues de la Médi- Î|ui était clos le septième jour selon
lertanée, î» étaient déjà loitiéi aux pre- es habitudes des peuples sémitiques.
miers éléments de la navigation, connais- Mais aux relations pacihque^ se mêlaient
sant, d'après l< s Clialdéens, la position de souvent des faits de piraterie qui exci-
lefojle polaire, ils avaient parcouru eu taient des troubles passaj^ers. I.es
fous ^iis cette mer sur laquelle ils ne Phéniciens n'avaient pas tarde à com-
Reeotfatent pas de rivaux; mais en prendre que le bénéfice le plus clair
abordant dans les lies et sur les côtes, qu'ils pouvaient rapporter des marchéSt
ils trouvaient là une population agglo- de l'Orient, les marchandises de re-
mérée avec laquelle ils établissaient des tour, comme on aujourd'hui, con-
dit
relations commerciales. sistait dans le traûc des esclaves, des
Bcsscfrés dans leur pays entre la mer jeunes gens et des leunes filles amenées
it la côte, les Phéniciens n'avaient du pays des races blanches. Aussi, au
trouvé d'autre développement de ter- commerce licite de celle nature ils
moire que dans les contrées d'outre ajoutaient quelquefois la nise et la vio-
mer; ils avaient bàti Bvblos, Sidon et lence. I^es marchandises exposées sur
Tjr ; e*^ieiit leurs dépots de marcban- le tillac des barques attiraient à bord les
èaes et le aége de leurs ftbriques; mais curieuses filles des Iles, et le bateau fai-
des rivages de la Phénicie on apercevait sant force de rames s'éloignait de la cote.
les sommets des montagnes de Chypre, Cependant rarri\ee des marchands de
et dans la lielle saison le trajet était fa- dattes était pour les j>e'jples de la Cher-
cie avec leurs ban|aes légères qu'ils sonnèse le signal d*on grand mouve-
appelaient leurs chevaux (1). Chypre, ment commercial ils livraient le pro-
;

où ils avaient porté leurs dieux et leur duit de leur sol , U s métaux exploités
commerce, devint comme le centre de dans les mines de rid.i par les mysté-
leurs expéditions vers les pays de Touest ;
rieux Dactyles, les fers du Gargare,
l'airain detautalis, les noix de teinture,

(t) Cf. Mmmmm, Grmdùiêkê Jllêrthtt^ la valonuée dont abondent les forêts de
Wer, tome I**", p. 4-
{%) Uippi» &Uib<w. (i)Uérod.,liv. I,ch. |.

Digitized by Google
Vlda^ le rhamnus dont la graine donne rcinière invuMun est antérieure a celle
la teinture jaune. En oompensation, Ses Dardaniens, puisque ces derniers
Ips marchands phéniciens échaugeaient n'arrivèrent dans la Chersonnèse que
les produits manufacturés de l'Écypte deux cents ans environ avant la fonda-
et de la Phénicie les vétemeots de tion de Troie. Les Tcucriens sont lesan*
ÎNNirpre qui ont eootervé le nom dft citres des Pceoniens, tribu nombrtrase ré-
<k couleur phénicienne *, les casques à pandue sur une grande partie des deux
aigrettes qui plaisotent tant aux Darda- continents ils ont occupé les bords du
;

nieus, les boucliers et les cuétnides ou- Pont-Kuxin et les côtes de la Cherson-
vrages des Cerieos et des Cabales ; on nèse d'Asie, rillyrie, la Macédoine, uù on
leur cùhcédaitenoutre le droit de pêche les désignait sous le nom de Macédo-
suif la c(5tp,et par suite le droit de fonder niens Pœcuîietis ; ils furent au noni!)re
aes factoreries, qui devinrent des villes des allies de Priam, mais ne furent pas
bliénicicDues. C'est ainsi qu ils fondèrent soumis à son empire; ils appartenaient
Proneetus dans le golfe Astacène, con- à cette grande nation thrace ou pélasge
voitant déjà les heureuses situations de qui fournit à l'Asie mineure toute sa po-
Proconnèse et de Cyzique, qu'ils rava- pulation non-sémitique. Aussi peut-on
ëèreut plus tard quand la guerre fut dé- regarder les Teucneus et les Dardaniens
larée totre les Perses et les Grecs. eommeappartenantà cettribosdes bords
Avec le goût dy luxe et des vêtements du Danube qui, venues séparément s*éta*
de pourpre, lès Phéniciens Iranspor blir en Asie, se sont retrouvées et réu-
taient sur ces rivages le culte de leurs nies plus tard. Les Teucrieus ont précédé
dieux, i; Hercule phénicien est fwrent les Dardaniens en Asie, et lorsqtie ces
de rilercule (jrec, et le culte d*Apollon derniers arrivèrent, il se forma une at*
Lycien. institué d'abord à Palare, est liance intime des deux races gui retour-
pratiqué sur les côtes de la Propontide nèrent en Europe pour y faire les ex-
avec le concours des populations des péditions dont Hérodote nous a cou-
deux races. âervé le souvenir.
L'exploitation des forets de l'Ida et
de rOI\n)pe attirait toujours un con- CHAPITRE XIV.
cours nouveau de navigateurs; ils trou-
vaient dans les forêts de la Qiersonnèse cAinnis. <— LÈitems — LTCttirB.
des éléments qui leur manquaient dans
toutes les autres colonies pour l'entre- T,es Cariens, peuple mélangé , étaient
tien de leur marine. Tout en trafiquant navigateurs et pirates comme les Phéni-
avec les peuples non-sémitiques, non* ciens ; ils se rattachaient par emc aux fo-
seulement il ne 8*opérait aucune fil* miiles sémitiques de la Crète et par leur
sion entre les deux races, mais des ini- parentéavec les Pélasges et les I^lésies ;
mitiés s'accumulaient quidevaienl dans ils tenaient aux races établies dans
les âges suivauts se manifester par des l'ouest, les Mysiens et les Lydiens. De
hostilités ouvertes. Partout, pendant la ce mélange était résulté une langue bar*
guerre des Perses, on voit les Phéni- hare, qui n'était pas comprise des Grecs,
ciens les plus actifs auxiliaires des en- et (jui s'était répandue dans la presqu île
nemisdes races grecques, et leur manne de Lycie. Chez les Grecs des âges sui-
innombrable est mise au service de Da- vants, les Cariens passaient pour au-
rius pour ravager les villes des côtes (1), tochtones. Ils pratiquaient le culte de
jusqu'à c<î f{ii'enfin les victoires d'A- Jupiter, (jui était celui des Pélasges, et le
lexandre délivrent les colonies grecques culte d'Apollon, auquel ils se disaient
de la tyrannie des villes phéniciennes. redevables de leur esistenee en oorpi
race des Teucrieas, établie en Asie de peuple et même de leur langue. Lee
par leur chef éponyme Teucer, est con- Grecs de l'occident confondaient les
fondue par Virgile avec celle des Tro} eus, Cariens avec une race qui se montre
mais n'est pas mentionnée par Homère. dans le monde hellénlqne eootempo-
Ilséuient originaires de Thrace, et lemr taine dea Masisa; oeaeatles Léléges,
qui comme ces derniers colonisent tes
(i) Hfrmloi.., liv. VI. 3*. vallées de l'Ida et lea pentes du Gar>

Digitized by Google
ASiK k NEURK. i«l
m

^arp se retrouvent sur les rivages lie


et conditions de colons temporaires, et ce
la Qrie et de la Doride, où les restes de n'est <|u*apres avoir formé un i!oy.îu de
leur» coustrucUous colossales font Té- population qu un chef se présentait pour
toooenieor des écrivains de Vàge ro- Ma réonir en société politique.
main. Les 'Léléges jouent un rôle iin* Quand les écrivains (zrecs nous dl«
portant dans le monde héroïque; ils ap* sent que telle ville fut fondée, ils ex-
paraissent à Troie comme tu Lycie ils priment seulement ntic la communauté
occupent le pays où devait se construire qui existait deja trouvée asse2
s est
Milet et l&phèw et soDt unis de pareoté nombreuse et assex pour se don*
forte
avec les moùarques troyens. Priam ner un chef et des La métropola
lois.
prend pour épouse une femme Iclége, participait à ces créniioits d'outre-mcr
et sur le continent de la Grèce ce nom en créant avec la nouvelle colonie des
n'est pas moins répandu ; mais à l'en- relationscommerciales qui faisaient
entre des Pélesees, qui out marché de pour ses marchands un comptoir de
Touest à Test, les Lelé^ sont censés plus. La plupart de ces établissements
partir de la Carie et de la Crète, et se ré- se formaient sur les côtes ou a peu de
pandirent dans le nord et dans l'ouest. distance de la mer; rmterieur du pays^
Les Grecs, qui rapportent toute origine placé sous le pouvoir plutôt nominal
à leur propre natioo, Ics personiGent que réel des rois d'Assyrie et parcouru
dins le héros Leiex, premier roi t\e La- par des tribus de race sémitique n'of- ,

m]einrme, qui régna dans le dix-luii- frnit aux colons isoles (ju'un séjour plein
tk'oe siècle avant notre ère. Ces peuples de dangers; mais rétablissement de la
lurent par se fondre dam la eolonisa- monaiehie phrygienne, qui précède de
tion ionienne qoi vers le même temps plusieurs siècles les temps historiques
commence à se répandre surlesofttSS créa une bnrrière entre les sémites et
de la Chersonnèse d'Asie les races occidentales; les premiers ac-
De cette puissante race pélaseique ceptere-ut le fleuve lialys comme limites
qû eeorrit.tioutes les côtes de rÂsie de leur territoire. Dès ce jour rinimitié
meure de la Thrace et delà presqu'île entre les deux races fut jurée de part
hellénique sortirent presque tous les ne l*ODt pat
et d'autre, et trente siècles
peuples non-sémitiques de la Cherson- vue s'affaiblir.
nèse d*Asie. C'est de cette période qui Les Phrygiens appartenaient à la race
précède encore de plusieurs siècles les thraciqoe et avaient apporté en Asie
temps histori<|ues que date Tintroduction les éléments de civilisation des Pélasges.
dans la famille grecque des dieux de Le peu de mots que Ton connaît de
rurient sémite mêles aux traditions lé- leur langue suftit pour faire reconnaître
gendaires qu'ils allaient recueillir sur qu'elle appartient à la souche arienne;
toutes les cotes où les Phéniciens étaient fajrs caractères sont les mêmes que les
établis. De la période carienne et lé- caractères Grecs les plus anciens, et ils
lége date l'introduction du culte de avaient l'habitude d'écrire successive-
Poséidon et du grand centre religieux ment de gauche à droite et de droite à
des Branchydes. Cest de cette époque gauche , méthode appelée Boustrophé»
de transition entre la civilisation don, que les plus anciens Grecs prati-
pélasgique on léiéj^e et Tétat helléni- quaient à Toriîîine de l'écriture et qui
que que datent les premières no- a toujours été ignorée des peuples sé-
tions de géographie, presque toutes ba- mitiques; cela suffirait pour faire éta-
lées Btir des traditions légendaires. La blir la parenté entre les deux races. La
plupart des fleuTcs et des montagnes monarchie phrygienne devint avant la
reçoivent leurs noms de quelque divi- fondation de Troie une des plus puis-
nité typique ou d'un caractère saillant santes de l'Asie occidentale, et deja à
reoouau de tous. Les premières mi- l'origine de l'histoire grecque la IMiry-
fralions des peuples hellènes sur les gie avait des traditions qui attestaient
e^tfs d*ABie n ont pas eu pour résultat une gnnde individualité passée. Elle
ifnirMHliat la fondation de villes et de avait eu ses rois indigènes; son culte,
centres de population. Pendant bien qui était conforme à celui des autres
tourte m
j.s ils se' sont ^biis dans les nations pela^vguiues, était < i ganisé d'une

Digitized by Google
m
mtnière piiimite ; c*éUdtdeoettefouciie Les Lydens Crélois a^étaient ëtendu
aue devait sortir h nation troyeune des bouches du Xanthus jusque dans
estinée à subir le preiTiier choc'arnié l'intérieur du pays, et le culte d'A-
de roccident. Les Troyeus, eu effet , se pollon, qu'ils avaient établi, se répand
regardaient comme Phrygiens. Lorsque rapidement sur la côte d'Asie, est trans-
dans VHéeube d'Euripide Agameninon porté en Grèce, et la légende du jeune
parle de ses ennpinis vaincus et de leur Ion, fils d'A[)ollon, auquel la pithys
ville détruite, il les désigne sous le nom présage une race illustre sur les terres
de Phrygiens. • Si nous savions que les d'Asie , cette tradition montre l'intune
iMmn des Phrygiens sont tombées sous parenté qu'il y avait entre les priou*
nos coups, ce omit étrange nous eOt tifs Hellènes et ces races envahissantes
remplis de frayeur. Misérables Phry- des Lyciens et des Crétois « au temps
giennes! ô. monstres! quelle retraite les marqué par la destinée, leurs enfants
dérobe à ma fureur ? s'écrie Pclynies- peupleront les îles des Cyclades et ks
tor aveuglé par les Tiroyennes. » Il y a côtes voisines, de villes riches et flo*
pour le peuple troyen une double pa- itentes qui feront la puissance de
renté avec les Phrygiens et les Darda- mon peuple Ils s'étendront au loin sur |

niens. La famille de ïros forme une les deux cuulineuts opposés de l'Ku- :

nouvelle branche par les frères Ilus et rope et de l'Asie et celui-ci prendra le I

Assaracus. Capys, le fils d'Assaraeus, nom de l'Ionie en mémoire du fils d'A-


porte un nom pbrygicn ainsi que Dymas, pollon «. C'est ainsi que Minerve rè* j

un des gendres de Priam. C'est par cette vêle au jeune Ion les destinées futures
alliance des peuples déjà établis dans de sa race; Ion lui-même est le lils du
la Chersonnèse d'Asie que la puissance dieu de la Lycie (I). Dans la ville de
des Dardaniens se développe, et le Patare s'élevait le premier grand tem-
royaume de Troie s'étend sur les con- ple et l'oracle d'Apollon Lycien qui
trées où les Phrygiens, les Pélasges, reçut dans la ville même d'Âtbèoes la
les Assyriens, les Phéuicieus et les Uel- culte le plus suivi.
]énes s'étaient tour a tour établis. Si Ton Ainsi se formait en TiVcie comme ca
compte les peuples alliés ou tribut.iires Troade une puissante alliance de peu-
de Troie, on voit que le pouvoir d'il ion ples de races diverses, qui, excitées 1rs !

s'étend sur toute la côte occidentale. unes par les autres, voyaient s'éveiller I

Ije peuple lycien , dont Porigine re* en elles le génie de la civilisation et de


monte aux temps primitifs de la Grèce, la religion; mais l'esprit historiqos
était aussi uni aux Troyens par une n'était pas encore né ; les oracles des
étroite parenté. Aussi les noms de dieux et les mythes religieux^ absor-
villes et les dieux de la Lycie se re- baient toute autre tradition.
trouvent en Troade comme si ces deux ^Le culte rendu au lils de Latone
£tats n*en eussent formé qu'un seul. avait fait naître chei la peuple ly- j

Les Phéniciens, maîtres du Taurus cien un respect de la femme qui n'exis-


comme de la Cilicie et les peuples sé- tait pas chez les autres races pélas-
mitiques venus de Syrie, s'étaient ré- giques. De jeunes prêtresses attachées
pandus dans la presqu'île de Lycie, et aux autels d'Apollou paraissaient
avaient formé fa population des So- comme les organes de la volonté du
lymes. dieu, et la race des matrones était si
D'un autre côté, les tribus crétoises honorée que c'est à leur nom que s'at-
appelées Termiles ou Tramiles ho- tachaient les titres de famille. Apres
noraieut Sarpédon comme leur héros, Part de la guerre , le génie des Lyeieas
s*avançaient de la mer jusque dans la développé dans la science
s'est surtout
haut pays, fondaient leurs places fortes, des et la Grèce elle-
constructions,
*
et. retr'anclues derrière leurs solides inéme demande aux eatants de I^*
murailles, donnaient un puissant essor
i Pesprit guerrier qu'elles avaient puisé de Crète appelés jadis TermilMi
orif^inaires
chesMsCiétois (l).
K'reet eamite leur Boai de hjciu, ila
dt
tbénieo Paiidioo.
(i) Uértidote, liv. V|l, 9a* iMhymn, (() Euripide, ion à la fin.

Digitized by Copglâ
ASIE MOUEDHE. m
oon des pour élever les mono-
artistes l'Asie un empire florissant oui se con-
nies phis sacrés Les villes de Lycie . fondit avec le royaume de Priam.
formaient autant d'États confédérés, et Cet empire c'est la Phrypie, dont les
rVst dans le développement de cette traditions religieuses et historiques se
ieitûce politique que se manifeste le perdaient dans les obscurités du passé;
mieux Pesprit au peuple lyeieo. aussi les historiens grecs regaraaient*
La conformité des noms lyeiens ils les Phrygiens comme la plusan«
qœ Ton rencontre à cliaque pas dans ciennc nation de l'Asie. L'Iliade, le pre-
le territoire de la Troade et dans les mier livre qui réunisse les traditions
recils de la ipprande épopée troyenue recueillies dans l'esprit etau point de vue
vitM eneore foomir la dernière preuve hellénique, nous montre Dardanus,
de la pareoté intime qui existe entre le chef des Dardaniens, comme un fils
les Troyens et les Lvciens. Les doux de Jupiter, c'est-à-dire de la famille
pys s.o'nt liés par nue romiiiiine ori- des Pelasses- d'autres traditions my-
^ ; ils honorent les mêmes dieux
esnoM Zeos Triopas et Apollon, les
thiques le luisaient passer pour origi-
naire de Samothrace fl). La tradition
mêmes héros comme Panda rus et Bel- troyenne le représentait comme fonda*
lerophon : ils ont les mêmes fleuves, les teur de Dnrdauie, dans les hautes ré-
mêmes noms de montagnes ;une partie uions de l'Ida ; cette contrée devient le
de la Troade uortsrit le nom de Lycie, berceau de la race troyenne. Tros donne
Mis èu Dom de ses habîtaots; de nièfiie son nom aux Troyens. Il est père d*i-
m hfàtm dans leur propre pays por- lus qui fonda Ilion aux rivas du Sca-
taient le nom
de Troyens. Cela ne peut manrlre.
(hhT de dispersion de la nation
la I>aomédon, fils d'Uus, bâtit la cita-
trovenne, mais avait déjà lieu du temps delle du Pergama avec le secours d*A-
dsis splendeur du royaume de Priam. pollon et de Neptune, dieux lvciens,
Cette parenté date des temps anté- qui fut détruite une première lois par
historiques ; elle s'unit avec celle des Hercule, dieu phénicien.
Cretois par la famille de Sarpédon, ce Priam, fils de Laornédon, réunit dans
frère de Minos qui le premier alla son alliance tous les peuples de Tocci-
colomser la Lycie avec les Crétois et dent de PAsie jusqu'à la Lycie, les
marcha au secours de Troie. Vaincu Phrygiens et les Mysiens, Lesbos et
et tue par Patrocle, son corps est en- l'H^'llespont. Il est éfialement l'allié des
levé du champ de bataille par les soins monarques d'Assyrie puisque T Assyrien
dTApolloo lui-même, qui le fnt re- Memoon vient au secours d*IUon et
porter en Lyde, oà il reçoit sa sépaU meurt avant d'avoir pu effectuer son
tore. retour.
Il résulte donc de cette concordance Il ressort de ers quel-
traditions
des faits qu'à l'époque primitive de ques faits lorsqu'on
très-intclli)4ibles
rétabKsseoieDt des EuropMs sur cette les compare aux récits qui avaient
taire d^Aiiie, les Pélasçes d*abord, puis cours dans la haute antiquité asia-
les Phéniciens formèrent nn noyau tique. Le nom d'ilion paraît n'avoir
de population qui s'aui^inenta des I)ar- qu'une signification toute locale, tan-
daniens venus de Mysie et des Crétois dis que le nom de Troie représente la
vens des tics, et forma avee le con* capitale ou plutdt le berceau de la race
cours de la Phrygie ce peuple troven des Troyens, dca Oardaniens et des
qui le premier ouvre le cycle des raits autres branches, comme celles des Teu-
Historiques. crieus et des Lvciens, qui n'ont formé
La création du royaume de Priam ?u'un même peuple. Les Lyeiens de
réonit en ooe seule nation les tribus ^andarus ne font qu*on corps de nation
déjà puissantes qui s'étaient établies avec les Troyens d'ilion.
sur les cdtes ; mais il ressort du récit Assaracus, père de Capys (2) et grand-
même d'Homère et de toutes les tra- père d'Aochyse, porte un nom assy«
ditions qui STaient cours dans la haute
iMiqirite, qu*avant la fornwtion de ce (z) PiiisanlM, VIT» ch. 8,
lejraunie il avait esisié ao centra de (s) i/., XX, «H.

Digitized by Google
m î/UNtVEUSL
rien «t lé nom de
Capys a un etraetère ftu*on voit w
dominer dana Vhiatotre
phrygien; Hécabe, la fille de Dymas, es noms nouveanz des Achéens^ dm
rst née en Phrygie aux rives du San- /Eoliens, des Ioniens et de^ Doriens,
garius, et le nom même d'Hector parmi lesquels les Achéens^ au temps
pnratt n*étre qu*une traduelfon du nom d*Homère, étaient les dommateurs et
phrygien de Darius. C*est du moins les cbe6 aussi bien dans la Hellade
l'opinion d'Hesvchius : « Darius, chez que dans le Péloponnèse. Tant quMs
leii Perses, signifie homme prudenti.cbea peuvent se développer sur leur terri-
les Phrygiens
il signitie Hector. » toire européen, ils restent eu relations
Toutela Phrygie, le pays des Lé* paciflques avec Im Asiatiques; mais
léges, laTeuthranie V Solide et la Ly*
, l'heure de l'e/pansion étnnt venue« Père
cie ne formaient qu'une seule con- des colonies asiatiques commence. Les
fédération dans laquelle les Cariens i£oliens sont les premiers qui aient
étaient cnclavéi. On conçoit que tes imprimé ce mouvement; ila sont les
premiers colons grecs n*avaient d*aiLtre rilus anciens entre ceux qui ont occupé
choix que de se soutnettre aux lois des es côtes d'Asie ; ils se sont établis
Troyeos ou de combattre cette puis- dans les contrées uiéines où florisaait le
aaooe, devenait formidable. Aui royaume de Priam et sont partis sous
atUés asiatiques de Iiiam il faut en* la conduite de chefs qui se regardaient
eore joindre ses alliés d'Kurope et sur- comme les descendants de Ménélaset
tout la Thrace, qui à cette époque re- d'Agamemnon.
gorgeait de population. Déjà tes pre- On a déjà remarqué que cette grande
miers Brygès. sous la conduite de Mi- épopée troyenoe résumait l'histoire de
das, avaient franchi le détroit, et d'au- ces établissements des Grecs sur le^
tres tribus étaient toujours prêtes à en- ruines de l'empire de Prram, et que la
treprendre des expéditions à la solde de chute d'Uioa doit être considérée bien
ceux c|ui pourraient les nourrir; les moins comme un fait local que comme
Teucriens étaient de ce nombre. Il le résumé d'une grande traniiimi bis-
faut aussi compter les anciennes al- torique.
liances des Mioyeas avec Lemnos, ceux La ruine de Troie arriva avant ré-
des Thébains Cadmiess avec la Sa* tablissement' des colonies ioniennes;
mothrace, et par-dessus tout ralliance cependant il y avait bien longtemps
de Persée, fils de Danaë, prince d*Argos que les Ioniens étaient en relation de
et de Corinthe, avec la Lycie, pour commerce et de politique avec les Plié-
eomprendre les intérêts variés et con- nidensetles Egyptiens; mais ils n'a-
traires qui agitaient ces populations. vaient sur les cotes d'Asie que deséta-
Aussi profondément qu'on peut pé- blissemènts précaires. Le développement
nétrer dans les origines de rhisloire que prit la race grecque donna nais-
du peuple grec, on acquiert la convic- sance aux profondes inimitiés qui exis-
tion que la différence entre les temps tèrent de tout temps entre les Grecs et
pélasgiques et helléniques résulte de les Asiatiques; les premiers de pacifi-
ce fait les premiers sont dominés
: ques Pelasges sont devenus les belli-
par les influences extérieures et ne sa- queux Hellènes et les envahisseurs de
vent pas rérister à rabsorption ; lors- rAsie Hinenre. Le souvenir de la guerre
que la nation grecque commence à de Troie entretient chez eux cet esprit
se constituer, Tespnt d'individualité de conquête, et le récit des hauts faits
et d'autonomie devient tellement do- de leurs ancêtres ravive d'&ge en âge
mintot que Ici Grecs se plaisent à le sentiment de lenr vaiear penonoeUe
croire que le monde entier sort de et de leur autonomie.
leur race et n'existe, pour ainsi dire, Quoi de plus grandiose que ce ta-
que par leur bon plaisir; c'est alors bleau de la chute de Troie, qui aux
au*its cherchent à secouer toute in- traditions les plus vivaces réunit les
nonce étrangère et tout pouvoir qui beauté tragiques les plus émouvantes.
n'émane pas d'eux-mêmes; ce qui ne Puissance, gloire et richesse se réunis-
peut se faire sans des luttes iui-essantes saient dans cette race dardanieune dont
et de sanglants combats. C'est alors l'origine remontait à Jupiter. Quel spec-

Digitized by Google
ASIE MINEURE.
tarie (l une royauté patriarcale que ce L'emplacement de la citadelle troyennè
Friani. avec ses nombreux enfants, ses étant une fois bien déterminé,, le cours
trésorsreinpUveUeiiimQeâiaépuisables des fleuves, les coUiues célèbres, et
qui teitaient TMitiede tous les peuples, enfin le camp des Grecs se sont Joints
M ptfs de lui la féconde (nere liécube, comme uu corollaire à cette premièM
Teiit^int beni des plaines de la l^hry^ie, découverte, dont la gloire revient au
dont i'èpaux daii$ sa jeunesiie avait savant Leclievalier: et ses travaux ont
combattu les Anavones, et parmi ses fait ressortir ce feit bien curieux et
•i fiH>ff le iiobU et valeureux Hector; aujourd'hui généralement admis , que
chéri (!'Ap<3llon entre tous les héros, les ccrivoins grecs et romains ont com-
T<Hils es4 evauoui. etchaugé en désert mis de irraves erreurs sur la topogra-
qiiaiid*les diam .ont détourné leurs re- phie homérique. On doit en conclure
{^ards de cet empire Oonssaot; lorsque que, lorsque la tille 'fst ruinée, lea
es Acheens. conduits par les Atrides peuplades œoliennes perdirent compté*
«t lesGrecs par Achille, ont posé leurs teinent la tradition de ces événements.
^i^A^ 1»
pèeds sur ia .terre d'iliour Les noms des fleuves furent con-
fimdas, et la place ntéme d*lljon lasia
Ce^PITRS XV. ignorée.
Lorsque les vaisseaux des Grecs ar-
TlOAltS. — TOJPOGRAPfllK ANCISNM^ rivèreot sur les côtes de Troie, ils
vinrent motdller dans un golfe de
rileNespont situé entre deux caps.
Lorsqu'à renaissance des lettres
la Les eaux réunies du Simoïs et du Sca-
lea savants de l'Europe voulurent re- mandre venaient se jeter à la mer en
trouver sur les rivages de TAste le cet endroit, et fournissaient aux Grecs
w.. filita de Viikide^ il t'cau douce qui leur était nécessaire.
kur restait un jalon pour les guider Les vaisseaux furent tirés à terre, ran-
dans ces recherches. Lile de Ténédos gés sur une double ligne; Achille
avait conservé soo nom, et la plame de commandait une des extrémités, et
Troie se développait sur le continent AJax avait le oommandenNMitda Pautra.
A..;«,.,.^'k..: i. ««if« ..i..—
voisin jux regards du voyageur ar Aujourd'hui le golfe n'existe plus;
chéologup Les ruines imposantes d'A mais le travail des atterrissements
lexandria Troas, quî. au seizième siècle, que nous avons démontré être plus
étrieatCMOVa nssax conservées qu*au- actif sur les c6tesd*Asie qoe sur su*
jounniui;,attfiBàiant d'abord Tattentiou cune partie du (*ontinent européen, a
des navigateurs les capitaines cénois
;
suffi pour combler ce golfe, et la petite
et vénitiens avaient donné le nom de ville turque qui s'est élevée sur ces
palais de Priera à Tédiflce qui doini- terrains récents a élé appelée Koum*
OMt la vaste étendue des ruines. L'in- Ralé (le Château du Sable), comme
certitude sur la position réelle de la pour peri)étuer le souvenir de ce fait
ville de Troie subsista jusqu'à ce qu'un géologique. Aucun des voyageurs qui
voyageur français edt déterminé d'une ont examiné le la côte n'eu a contesté la
manièva posMiva ranpiacamènt da possibilité, et le colonel LealM, dans
Pergama et des autre» monuments son Essai sur la plaine de Troie ^ a éta-
dont le souvenir se rattache à l'épopée bli, par une esquisse topograpbique,
homcrioue. Les sources du bcamandre la surface des atterrissemeots qui ont
lisrant «égaiemeat tecoonuea «t les d^ pu sa former depuis trente sièdea.
ouvertes de Lechevatier forment la Les deux caps qui formaient les
base du travail le plus complet qui ait extrémités du golfe ont été appelés par
été fait sur les ruines de Troie. On peut les Grecs cap Sigée et cap Rhœtéa
^tre assMfé aujourd'hui que tout coiu- ( *Po(Trtov ), des den tilles qui ftimt

fneuiaire di s textes ancienat toute re- fondées plus tard dans leur voisinage.
chcrch»' géographique ne pourront Ce lieu est désigné par les auteurs
apporter aucune modification notable grecs sous le nom de ?iaustatlumis (I).
lux couclu^ious des travaux au-
lérieurs. (i) Sfrriion , TOI , 595. «' •
188 L'UNIVERS.
Lèche valier a reconnu çue la distance pour un des plus anciens monumatls
entre ces deux caps était de £ix mille épigraphiquesde la langue grecque. Au-
mètres ou trente-deux stades, mesure jourd'hui tousces débris sont dispersés,
conforme au texte de Pline> mais qui et il est difficile de reconnaître même
fltt double dans Strabon. Cest une l'emplacement du temple.
erreur du géographe. Déjà lea atter- La ville d* Achilleum était située dau
rissemenls étaient sensibles du temps le voisinage de Sigée, et non loin sans
d'Hérodote, car il les conipare à ceux doute du lieu où tut enterré le liâm
du Delta d'£g} pte. « La ma)eure partie qui lui donna son nom.
du Delta est une conquête que lea Le tombeau d'Achille, ou nlutét li
Égyptieoa ont faite sur les eaux. L'es- tertre que d*un commun accord les an-
pace entre les monln^ines qui domi- ciens ont regardé comme tel, s'élève
nent Mempiiis parait avoir été un sur le cap Sigée, à Tendroit indiqué
golfe de la mer, à peu près comme a
j

par Homère, et le tombeau d*Ajax est


puTétre le pays qui existe entre Ilium, placé à la pointe opposée sur le cip
Teuthrania, Éphèwetleaeampagueada Rhœtée. Si l'opinion de quelques anti-
Méandre (1). » quaires tend à ranger ces deux mona-
A la pointe sud de Tembouchure de ments dans la classe des conslructioas
rnellespont, dans la mer Égée, s*élève soliennes , il n*en est pas moins mi
un cap qui fut dans Pantiquité occupé qu*ils occupent la place dea tombwm
par la ville de Sigée , cité aeolienne et que dans les anciennes traditions ils
londée après la mine de Troie par Ar- sont toujours considérés comme cou-
clueanax de Mitylene. Les nouveaux vrant les cendres des héros de V Iliade {l ).
colons prirent les pierres de Tandenne L*embouchure du Simols, qui fenae
Troie pour construire leur ville, et aujourd'hui une lagune marécageux
allèrent chercher leur marbre dans l'île séparait autrefois le golfe en deux par-
de Prnronnèse, qui était déjà peuj)lée ties. Dix stades environ avant d'ar-
et puissante. Peu de temps après leur river a la nieri ce petit fleuve recevait
étaMiaaemeDt, 1m M^tilénieus forent les eaux du Seamandre, dont les aifl^
diasaés par lea Athéniens conduits par ces étaient voisfaiea dea peitea de la

Phrynon. Les Sigéens étaient com- ville.


mandés par Pittacus, l'un des sept Les traits bien accentués de celte
sages de la Grèce. Les deux peuples topographie n*ont pas suffi pour con-
terminèrent la guerre en prenant pour server intacta lea aouvenirs dea Ueoi.
arbitre Périandre de Corintbe (3). Les Le cours du Seamandre a étédétooné,
Athéniens s'étant de nouveau emparés et ses eaux vont aujourd'hui, par un
de Sigée, Pisistrate en donna le gou- canal creusé de main d'homme, se
. vernenientà sou fils Hégésistrate. Oeite jeter dans la mer Ëgée. Son nom fiit
par un temple de Mi«
ville était célèbre transporté au Simcîs. Il en résulta une
nerve qui subsista longtemps, quoi- confusion ineitricable dans lea tradi-
qu'elle eût été abandonnée de ses ha- tions et dana la topographie de csttt
bitants In promont^rio quondam Si-
: contrée.
geum oppidum (3). Il est à croire que Cependant, en remontant le cours dn
cette deatruction doit ae rapporter au plus grand de cas fleuves, on reconnaît
tempa de Lysimaque, qui voulut donner rexactitude de la peintiira du poète et
à la nouvelle llium une population nom- Terreur des écrivains romains qui ont
breuse. copié Démétrius de Scepsis. Les marais
Les voyageurs Chandler et Revett qui existent encore dans la plaine, et qui
trouvèrent encore à Sigée de nombreux Bont formés par lea eaux du Mendéié •
débris du temple, et copièrent Tina- les hauts rochers de trachyte dont il
cription du pUaatre (4)« qui passe baigne la base, les vallées profondes et
ascendantes qui conduisent jusqu'à ses
( i) Hérodote, liv.H, cbap. lo, sources, tout révéla à la sagacité des
(a) Sirabon, liv. XU, 699.
chan. 3o. (i) Foyez Lechevaller, lomc II; Cboi-
(3) Pline, liv.

(4) Oiiihiill, /«fcr^tiMM mtthtm.

Digitized by Google
ASi£ BlIlfEURE. 1M
voraeeurs Chaadîer et Lechevalier que courent à prouver que ee sont bien les
M petit fleuve ne pouvait pas être le sources du Scamandre décrites par
Seaioandre, maigre la conformité de Homère , et près desquelles se réunis-
•QO Bom moderne Mendéré avec le saient les daines trovennea.
eélèkra fleuve tioyes. Le Scamandre sejetaitdsns leSimoia
à peu de distance de la ville d'Ilium
CUAPllAË XVI. Recens et dans l'antiquité cette place
,

n'était éloignée de la mer que de aouxe


KAtHB DE TB01B. ILIOM BBCBII8. atadea ; on reeonsatt coeore aujourd'lmi
le point de Jonction dea deux fleuves à
Avant d'entrer dans la plainede Troie, un affaissement de terrain assez sen-
ou son cours forme de nombreuses sible ; bien plus, des voyageurs attestent
smuosités , le Si mois se trouve resserré que dians la saison pluvieuse le nouveau
cMre deoz eoNines escarpée» . Sur le eanal déwene une partie de ses eanx
versaot ouest de l'une d'elles est bâti dana Taneian lit du Seamaodie. Quel-
le village de Bounar-Bachi. Ce défilé ques auteurs se sont appuyés sur un
eooimunique à uoe autre plaine dans passage de Pline, qui cite le vieux Sca-
laquelle soutde nombreux villages, qui, mandre (Palae-Scamander), pour sup-
MOD les géographce de la TToade, oc- poser que ee canal était antérieur à
eapent presque tous des positionB an- répoqw romaine , et font remonter à la
tiques. Au delà de cette plaine sont les sép.iration des deux affluents la trans«
eonlre-forts inférieurs de ri<la et le position de noms qui a trompé les écri-
ownt Cotylus, dont les noires torétsde vains (Je l'antiquité. Hérodote lui-même
fias oamageot lea aooresa du Simofs. aemUe avoir oonfondu les deux fleuvea
En rennontant lecours da véritable en parlant du passage de Xerxès et de
Scamandre , on ne tarde pas à arriver son armée dans la plaine de Troie. La
au sources du fleuve, situées au pied plupart des critiques conviennent que
de b colline de Bouuar-Bacbi, dans un tout ce qui est relatif à ce passage se
bouquet de bola de tamarit, de fi|itttiers et rapporte à la ville d'Ilium àeeeoa, et
de saules. Les eaux sortent d*une niasse non pas à l'ancienne Troie , qui était
âe poudingue calcaire, et forment un ruinée et déserte (I).
bassin dont les bords sont entourés de A partir des sources du Scamandre,
fragments de granit et de marbre. Ces la colline sur la<iuelle est bâti le village
C8BX sont chaudes en hiTer, et eihalent de Bounar-Baelii a^élève par une pente
une épaisse fumée. 11 ne peut exister rapide jusqu'h une hauteur de plus de
aucune incertitude sur Tidentité de ces cent mètres au-dessus du cours du Si-
sources avec celles décrites par llomére ; moïs. Les rochers sont à pic du cdté
*
eues déterminent parfaitement l'empla- de la vallée, et ftirment une défense na-
I
«ment dllion, etles observations faites turelle. Voilà roflsplaeement d'ilion,
!
sur la colline de Rounar-Bachi n'ont reconnu d'un commun accord par tous
I

fûiiquc confirmer l'exactitude du poète. les critiques. Il n'est aucune partie de


Les eaux, sortant du roclier par une ce terrain accidenté qui ne réponde
BMdtitvde de fllels^ ont été retenues parfaitement à tootea lea descriptions
dans leur pareom par an mur élevé de d'Homère. Cette découverte de La-
IrcMs pieds. II est revj^tu d'un enduit chevalier, la plus importante sans con-
très-dur, mais qui n'a pas le caractère tredit de toutes celles que les voya-
;
d'une haute antiquité (il a toute l'ap- geurs européens aient pu faire sur le
pareaeedn mortier deRoraçan, employé eontinent florAaie lUiime, a été com-
par les fonteniera turcs ). En longeant ee plétée quelques années plus tard ; on B
canal, les eaux se réunissent en un bas- retrouve sur le Pergama des vestiges
sin. La position de ces sources, leur importants de murailles et d'escaliers.
température au-dessus de 16 degrés, le Plusieurs assises de murailles subsistent
nusfceao qu'ellea forment et qui allait sa «iieore, et aontappavsilléaa dana le style
joiiNlne au grand cours d'eau de la qua leaOïemBppeiaientiisudiwrfgBioB^
plaine, avant qu'il eût été détourné dans
an canal, toutes ces cireonatanoea oon- (i) Hérodote, Uv.yil,4S«

Digitized by Google
M-è«dlre dmUlÊ Ifw éMiènl hMlwm- Tknnm, oolfioê tÊHbn dans riliade.
taux et les joints obliques. Le même ap- Leelievalier opine pour transporter pkM
Sareil a été employé dans les ruines de an nord la colline et le tombeau; mais
ipylus, qui appartiennent à la même puisiiu'on est obligé d'admettre .à
période archaïque ' l'époque troyenne, un golfe près du cap
La eomitissance du bassin desseur- Sigée, en auivant aon hjrpothèse, le
ces permet de déterminer la situation tombeau et la colline auraient été tout
de la colline Érinpos et des parties basses à fait sur le rivage de la mer.
de la ville , qui se trouvait assise sur La ville dUlium Receus, qui a bérile
vnedéelivifé refcardanile Bord-ooMt. de la gloire et des privilèges de l'ancienne
En suivant le contour du rocher du Troie , fut bâtie a trente stades de cette
côté de l'est et du sud-est, il existe en- dernière , et un peu au-dessus du con-
core environ cent mètres de fondations fluent des deux fleuves, par les Astypa-
dè murs ayant trtls oo quatre aisisei lasens, qui s'étaient d*abord retiréa près
de hauteur, et quelques-unes de trenle du capRbcetée, et avaient bâti un bourg
ou quarante centimètres Plus loin, sur qu'ils nommèrent Polium. Cependant
une sorte d'eperon formé par le rodier, la nouvelle llion n'acquit pas une grande
-
une ram pe pratiquée la Toche dei- importaoee. Les habitants avaient soin
eend en serpeiitant jusqu'au bord du de propager la croyauoe qu'elle occupait
fleuve. Cette partie du système de dé- remplacement de Tannenne Troie. Ces
feose, qui n'a point encore disparu, prétentions s'affermirent avec le temps,
est tout à fait conforme à ce qu'on et dans la suite nul ne songea à les
observé dans les fortifications des plus leur contcaler; bien plus, lee rais de
anciennes villes. Indépendamment des Lydie les couvraient de leur protection;
portes principales, on retrouve les traces et lorsque Alexandre arriva eu Asie, il se
des poternes, qui permettaient d'intro- rendit dans le bourg d'ilium, qui n'était
dnlre dans la ville ou d*eB fttre sertir alors composé que de quelques msissas
des denrées ou des émissaires. entourantun temple de Minerve. Il offrit
La pretriière découverte de ces ves- un sacrifice à la déesse, et voulut élever
tiges du Pergama est due à M. Amb. cette petite place au rang d'une ville Cl).
Firmln*Didot, qui viritail les ruines de U institua des fltea en Phonneur 4e
Trois eu îM ( i). 11 remarqua deux as- Minerve; mais la mort le surprit avant
sisesde grosses pierres posées les unes que ses autres projets fussent mis à
sur les autres à la manière des cons- exécution. Cependant Ly&imaque vou-
trueiions appelées cyclocéeones ou pe- lut accomplir les.volontés d*A.iexaodre :
iasgiques; en creusant le sol II ipei^ il entoura la ville d*un mur dequarante

une troisième assise. Ces vestiges se stades , et augmenta la population en


trouvent à l'extrémité du Pergama vers appelant dansson enceinte les habitants
la partie qui fait face à l'ouest. Un peu des bourgs voisins. Tous les princes
baa H reneontra une muraille à ras grecs et les généraus roasains qui met-
Slue
e terre au sud-ouest de la nita<lelle, et tent le pied dans In Troade veulent signi-
non lohi de là se voient plusieurs pierres 1er leur arrivée pjr un pèlerinage a ce
taillées qui indiquent positivement un temple, qui avait usurpé la renominée
ancien eanUer. du temple troyen (9). G*eat lA que furoil
En suivant le eoiirs du Scamandre on TOens par les Romains les députés des
arrive, après deux heures de marche, villes d'Élée. de Dardanieet deRhœtée.
au village de Udjeli-Keui, situé sur une Une amitié sincère s'établit entre les
eolline, et de là on aperçoit im des plus Romatas et les IHaiis. Les plus grands
grands tumulusdo m lAaine, désigné privilèges leur (usant nsoordés ; maîa
par \es Turcs sous te nom de Udjek- aucun de ces avantages ne put donner
Tepé. C'est là que M. de Choiseul place à cette ville les éléments d'une prospérité
le tombeau d'Ilus, M
par conséquent le durable. Elle commença de nouveau à

(l) Noits (Tun -voyage /ait t/ans le Ltwtmt (i) Stnihon. ^ITT, 593.
<"/ 1816 «liti^; Paris, Firmio Didot,ia-S% i») liiclivi -
XXXVI, cb. 4)$
ji. lai, il» M - .••» ». .M' i\ - XXX VII^ du •
,

DIgItized by Google
ASIE WilfBUU.
decboir; SM murailles s'écroulèreo^» comme les murs de Lysimaque, mais
et elle fut dédaignée par les Gaoloii. eomme on eommencement d'exécution
du projet de Constantin Quoiiiirelle
Milipé Ift création d uoe autre vtU« (1).

itîae et rivale , elle n'en subsista pas n'ait pas été appelée à prendre le rang
mouis jusqu'à la chute de l*empire. de seconde capitale du monde romain,
Demetrius deScepsis, qui la visita, eu elle n en conserva pas moins une certaine
parie eommed^uo endroit peu prospère* importance sous les empereurs byzan?
Gepeadant les murailles furent relevéee, tins, et fut érigée en évéché de la [iro-
et la citadelle mise en état de défense à vince d'Hellespont, avec Abydos, Troa«
i*époque de la guerre civile entre Sylla ( Alexandria),
Dardanum et Assos.
etCiona. Fimt^ria rgssi^gea, la prit, et Quoique la ville de Scamandria ne soit
les babkUDts tarant erueihiiieDt usités. pas nommée dans , elle reçut
cette liste
anni un métropolitain. D'après la po-
Firayîtedes vicissitudeidalaguerrib
sition qui pnr les péogra.
lui est assignée
iU trouvèrent daus Sylla un protecteur
télé, qui adoucit leurs malheurs et effaça phes, on reconnaît les ruines d ilium
kitrafies dusiége (i). LucuU us, après près du village de Tc^bialt, au lien ap«
Mir ééiivié Cyzique, vinl aiiMi rendre pelé par les Turcs Eski Kalafatli. Elle
Tisite aux 1 liens; enfin le plus célèbre était éloi{;née de cent soixante-dix sta-
des Eomaius viut payer son tribut aux des d' Abydos et ^.ÛQW
du port des
seiiveiiirs de la triste Ilion, en comblant Achéeus.
iaveurs c«ux uui se diraient ses en- Ën descendantvertlecap Lectum, on
tels. I^iè les ïiiens avaient reçu un arrivait à la ville de Chrysa dans la- ,

iccroisseinent d« territoire à roccasion quelle était le temple d'Apollon Smin-


du traité de pBix entre le roi Antioclius Uîien. La statue était l'ouvrage de Sco-
et les HomaiDS. Les villes de Rbœtée pas, le dieu étant représenté le pied
et de GexscUia leur avaieut été con* posé sur iin rat. Strabon {%) raconte que
iS» Céssr Iss exeroplp de totir les Teucricns* partis de rtle de Crète,
les feft charges des travaux publics, s'établirent dans ce pays d'après l'avis
et leur crmserva rauionoinie- Ces fa- de l'oracle. O
sont eux qui ont donné
veurs excitèrent dans Rome une inquié- à la montagne voisine le nom d'Ida qui
tude générale « et le bruit se répandit est celui dSine montagne de Crète.
4pwle dictateur voulait transporter eo Le temple d'Apollon Smiothien était

Asie le si^e de Tempire (2). Sous le d'ordre dorique ; les ruines de ce monu-
règne de Tibère, Uium concourut avec ment furent découvertes, il y a quelques
plusieurs autres villes de TAsie pour aon^s, non loin du village de Baba.
avoir rtionneiir d*élefer vn temple à de tlirysa était bAtie sur une
ville
TMr«. Dtt teiDfM dè Tnjan^ elle jouis- éminence à peu de distance de la mer.
sait encore d'une certaine célébrité, et Sous Tibère, ce territoire appartenait
plus tard Constantin songea sérieuse- aux habitants d' Alexandria Troas, qui
ment à y transporter le siège de Tempire. avaient élevé dans leur ville un autel
« Arriiié dm «i lieuiitaé entre TMI à l'Apollon de Chrysa, car fai trouvé
Ctrancienne Ilion, qui lui parut propre l'inscription tuiffsite. daos les raines
à ses desseins, il jeta les fondements de d'AlejbBodrie : .
.

cette ville, et éleva jusqu'à une certaine


A la bonne foritine !

hauteur cette partie des murailles aue A. Claadiui Macrinus a élevé


Plitoroiiiiis
pramit enèore apereetoir avjmifd'hui de ses urupre» deaiera rai aubelf Ta dMii d
ma qui navigoent vers rHellespont; à ApalkHi SaatodneD» A Bwelni s pwwi» SI
anis bi4^nt6t changea d'avis et se ren-
il ans: lf««pailis».
dît à Bvzance dont la position le frappa
d'admiration (3). Les restes de muraules (f) Sozéitiène, II, rh. 5.
fÊt ron obasrve sus alentaars ont été (9) Liv., Xili, p. 604.
iffetdéf par quelques foyagearst mo
liv. XIII, $94.
(«) biiéloiie, f'ie d« Cw*r.

Digitized by Google
CHA^ITIIS XVII. mon des Grecs était proche du camp ;
ceux d'Achille, de Patrocle et d'Anti-
TOPOGBÀPRiK A^cIeM^E db la loque étaient sur le haut rivage de l'Uel-
TROADE. lespont ; celui d'Ajax était dans la plaine
de Troie. Le Throsmos, qui était sans
Le tliéâtre de l'Iliade, pomnuinpment doute aussi quelqueancien tombeau, était
appelé la plaine de Troie, se conipose du j)rès des ruisseaux ; la vallée de Thymbra,
territoire compris entre le cap Si,L!;ée ou où les alliés des Troyens étaient campés
Jéoitier et le promontoire de Lectos, pendant qu'Hector teoak conseil sur le
aujourd'hui cap R:iba; eu largeur il s'é- tombeau d'ilus, ne pouvait pas être fort
tend jusqu'aux versants inférieurs du éloignée de ce tombeau et était par con-
mont ld.i. séquent située entre tes ruisseaux et la
Nous allons résumer M les ohsenra- ville. La
colline appelée Gallicoloné s'é-
lions de tous les voyageurs qui depuis ten en ftee de la ville
tait sw
ks bords
un siècle ont étudie cette plaine célèbre ; du mois.
Si
les seuls documents nouveaux que l'on La plaine dans laquelle on voyait tous
pourrait espérer ne peu?ent être que le ces objets reman|uables ^élevait ptr
résultat de fouilles méthodiques entre- degrés depuis le rivape de la mer jus-
prises, soit sur remplacement même qu'à la ville, et elle était arrosée par le
de la ville, soit les nombreux tu>
dans Simois et le Scamaudre ; le prenuer de
mulus qui couvrent eette plaine. Mais ces deux fleuves était un torrent impé-
pour ce qui touche à la topograpliie tueux ; les rivesde Tautre étaient claires
d'Ilion et de ses alentours, le sujet nous et limpides comme du cristal. Ces deux
parait aussi clairement interprété qu'il lleuves embrassaient la plainedans toute
est possible de Pespérer (1). •on étendue et réunissaient lemrs eaui
F.ntre les deux caps Sigée et Rhœtée vers la partie inférieure. Le chemin qui
s'étendait une plnpe unie où débar- conduisait des portes Scées ou des portes
quèrent les Grecs a leur arrivée sur les du couchaut au rivage de la mer pas-
mases de THellespoot; c'est là quils sait près de TErinéos, des sources do
établirent leur camp en eommaniettion Scamaudre et du tombeau d*llus; il fal-
avec la mer. lait nécessairement traverser le Sca-
La ville au sud>est du
de Troie était maudre pour de lu ville au camp
aller
cap Sigée et construite surune émineoeo des Grecs et pour en revenir (i).
entourée de rochers. Elle ii*étalt atta-
quable que du côté de l'Erinéos ou de CHAPITRE XVUl.
la colline des figuiers sauvages. Près de
cette colline on voyait les jardins de ITlHâBÂUm DB L4 PLAIHB DB
Priain et les sources du Scamaudre dont TBOn.
Tune était chaude et fumante et dont
l'autre était froide en été. Pergama Pour
faire l'exploration complète de

était un lieu élevé dans la ville et qui do- la plaine de Troie, il convient d'orga-
minait sur la plaine. Le tombeau d'Hee- niser son excursion dans la ville des
tor, couvert de pierres, devait se trouver
Dardanelles, résidence des consuls; on
dan3 l'enceinte ou dans les environs de peut y trouver facilementdes guides et
la ville ; celui de Myrina était en face et des cnevaox.
tout près des murailles; celui d'/Csietès Cette ville, que l'on assimile à l'an-
était à quelque dlst mce de la ville, et cienne Dardania n complètement
,

assez à portée du camp des Grecs pour perdu son ancien nom chez les indi-
que de sou sommet on pût en distin- gènes; les Turcs rappellent Tchanak
guer les mouvements. Le tombeau d*I- Kalési (le château des assiettes), à
îus se trouvait sur b
route qui condui- cause d'une fabrique de poteries assez
sait du camp à la ville ; le tombeau com-
renommée dont les produits s'expor-
tent dans presque toutes les Iles. Ils
(t) Voj. Lfcbcvelicr, Voyage JeUfifûdtm te distinguent fu
la ferme et par le
Clioiscul Gouffier, yoyagc pittoresque de im
Griee, Leake, Gto^r^cJ Jsia Hinor, etc. (i) Ucbevalier, Foy, d* la Troadt^X, U, M.

Digitized by Google
ASIE MINEURE. 19t

vernis ; it y a des modèlat qui ne man- bois, après avoir vi<(ité le site de
et
quent pas d*élégance. l'ancienne Troie, on va faire halte à
Halîi Klly, premier village où Ton Bevrhamitch, résidence d'un muU
Ùàt halte, est éloigné d'environ trente- zellim.
sept kiloinètres des Dardanelles. Il Cette petite ville est située sur une
est situé au milifu d*une plaine cou- colline qui domine une vaste plaine
verte de débris d'antiquités ; mais au- bien cultivée au milieu de laquelle ser-
mn édifice D*est debout 1^ distanee
. pente le Seamandre.
entre Mal 1 Klly et Knaï est de qiia- En remontant le cotirs du fleuve,
rante-trois kiloinetres; on passe par le on arrive au village de Livadjik, situé
village de Giaour Keui, et ion arrive à sur les pentes de l'Ida. Les sources
Tchihinc. du Seamandre sont a une distance
Tchiblac, gros bnuru éloigné d'en- d'environ dix kilomètres de ce village:
viron treize Kilomcires de ce dernier l'eau surgit avec iinpctuosite il'uue ou-
village, est sur la rive droite du Sca- verture carrée que présente le ro-
Diandre ; il passe généralement pour cher, et forme une cascade au milieu drt
être situé for remplacement d'ilium blocs éboulés. D'autres sources, qui
Recens. sortent de terre dans le voisinage,
Au milieu d'un terrain boisé sont viennent encore aujj^inenter le volume
dispersés de nombreux vestiges de des eaux. Cette partie du mont Ida
monutin Tits des colonnes et des ruines n'offre pas les beautés sévères de l'O-
de leniple;». lympe df Mysie , mais elle m»'nle ce-
Les murailles, dont on suit faci- pendant d'être visitée. De ces pla-
lement le pourtour, sont regardées tcaui élevés on aperçoit d*un seul
comme de<; ouvrages de Constantin. coup d'oeil toute la contrée et les îles
Dans le cimetière turc se rencontrent voisines ; il n'est p.is d'autre lieu d'où
de nombreux fragments d'architecture, l'on puisse si bien rendre compte
mais aueene inscription. Le tumulos de cette topographie de la plaine de
qui s'élève dans le voisinajip du bourg Troie.
est regardé comme le tombeau d'Iius. La formation volcanique dominante
De Tchiblac on se rend à Enaï, grand sur toute la cote sud de la Troade
village de deox eents maisons on Ton commence h se montrer snr les pentes
trouve des bains, on earavanseiaf, et de l'Ida, et se nroIon2;e presque ffans la
une mcwqiiée. plaine. Au villaj^e de Arabler Keui et
Enaï occupe la position de l'an- de Sarmousaktclii Keuori, on remar-
cienne Neandria, colonie oolienne que des ^liers de basalte de formes
dont le territoire renfermait i<i plaine très-rés(ulières ; les indigènes emploient
de Samonium. Cette ville était située ces colonnes naturelles poiu* faire des
entre Tllamaxitus et la nouvelle llion, pierres tnmulaires.
ce qui s'accorde bien avec la position d'R- Le mont Gargare, qui s*étendansud»
naî. Au sud de ce vilinize et sur la rive est de la cli.iîne de l'Ida, renfermait
gauche du ÎSlendéré se trouvetit les dans ses nombreuses vallées quelques
ruines d uo cli:}teau que les indigènes villes anciennes qui ne sont pas encore
appellent Tchigri ; il occupe remplace- bien déterminées.
meni de la ville de Cenchreœ, où Ton Cette partie de la montagne s'appe-
croit qu'Homère séjourna pour étudier lait ré,'ion cébremenne ; la viile de
la topographie de la Troade. Ln fur- Cébrène était la capitale. {.elleuve Sea-
terme Cenéhre» fut destinée par les mandre formait la limhe entre ce terri-
empereurs byzantins à renfermer les toire et celui de Scepsis.
{prisonniers d État ; elle fut prise par Sur un des contreforts du mont
'émir Toursoun et reunie aux do- Garoare, appelé Kourcliounlou tépé
mainei de Ci compagnon d'OrUian. ( colline de plomb ), on retrouve ut
On voit encoreIci ruines de ce châ- mines d*ane granés ville qui est do-
teau. minée par un ancien hiéron, lien
Pour se rendre à Bounar-Bachi on sacré, formé par une enceinte rectan-
passe le Seamandre sur un pont de gulaire, composés de groises pierrss
13' UvraiêOH, (Asu Mineuse.) T. II. It

Digitized by Google
194 L*DW1VERS.
ass.'nible^s sansciment et saos le se- hautepartiêderida(l).. Gftrènen'était
coufi» du ii>eau. Un cercle de pierres
donc pas en plaine; voilà pourquoi l'on
brutes rappelle les mooaroeats drui- peut supposer que les rumes de cette
diques de l'ancienne Gaule, et des
ville peuvent se trouver dans le Kour-
dn'ix s séculaires qui ombrngent ces vé-
chounlou tépé.
nérables restes de l'antique religion font
penser à la sTmilititode du culte qui
unissait tous ces peuples primitifs. CHAPiTEË XIX.
Cette enceinte était sans doute consa-
crée a la grande- mere idéenue vé-
AtaXAXWU TBOIS. BSKl iiTAU-
nérée dans ces régions. Les vestiges de BOOL (3).
la ville, située à
mi-côte dutépé, diitent
presque tous de réjxique roniniiie; on Les successeurs d'Alexandre vou-
lurent à Fenvi répondre à l'entliousiasine
y remarque d'anciens baïus et plusieurs
de leur prince, et imiter sa généroailé
salles couvertes de stucs assez bien con-
a l'égard des descendants des Trovens.
servées. Des fragments dTarehitecture
et une foule de débris de poteries, de
Anligone, à l'exemple de Lvsima'que,
tuiles et de terres cuites couvrent le sol.
fonda une ville dans la Troade, au iKjrd
de la mer Egée, et Tappela Anligo-
Cette ville est-elle Tantique Cebrene?
nia (3); mais, au partage de l'empire
Aucune inscription r/est eneore venue
en donner la certitude. d'Alexandre, Lysimaque lui donna le
iXous savons par Xrnophon que
nom d'Aleiandna, et elle reçut ie sur-
celte (Haee était très-bien fortiOée, et
nom de,Troas, p0nr la distinguer dee
autres villes qui portiient le nom d'A-
qtl'elle' résista a l'attaque de Dercil-
lexandrie. Selon r^sa^;e des anciens fon-
lydas, général lacédemonien. T'nr pe-
tite rivière, nommée Cébrénia, allait se
d^teursdes ailles, on peuu^ U uouvelte
jeter dans le Scaraandre. C'est sans colouieavecleshaoitaBts4eIléai«j^(4X
de (jebrene (f)}, Sigée C(j) et «utra< villes
doute le Kaz dagh tchal qui coule au
de la plaine de Troie. Lvsimaque
pied de ce mampinn. y
transporta les habitants de Ténédos
On peut eu.vuite redescendre le
qui demandèrent ce ciiangemaot comme
mont Ida par Chetme et se rendre à
une faveur (7). Dans la guerre d'Antio-
Adran)>tte ; cetteexcursioD eiige un peu
cbus, elle se distingua par sa fidélité
plus de quatre jours.
aux Romains, qui lui accordèrent toua
Les limites de la Cebrénie sont assez
les privilèges dont jouissaient les
difficiles à déterminer d'après les an- villes
d Italie, et elle devint
une des plus flo-
ciens géographes; car les uns la bornent
cissaotes colonies de l'Asie
Mineure (8;.
au ScaiiMudre, les autres Téteodent
"Ln villes de la Troade se cunveriireut
jusqu'à la Dardanie. Si on s'en rap- I
de bonne heure au chrjatjanisma, sous
porte à Pline (1), la ville d Alexaudria
rinllueiice directe de la parole de saint
Troas aurait fait partie de la Cébrénie. Paul, qui visita presque toutes les places
Il est preférahie rie s'en tenir ,i la cir-
importantes de la Mysie. Celle ville est
conscnpuou donnée par .Sirahou (2; La désignée dans l'Écriture sous le nom
.

Cébrénie commençait au-dessous de la de


Troas (ii). Saint Paul, étant venu à
Dardanie et s'étendait jusqu'à la Scepsie,
Troas en l'an 52 de Tere vulgaire, eut
c'est-,i-dire jusqu'au mont Cotylus
($), une vision pendant la uuit
dont elle est sepnrée par le fleuve Sca- un Uomme ;

mandre. Les Cebreuiens furent en


lui apparut, et le supplia ds venir ae-
^erre perpétuelle avec les Soepsiens
(i) Stral>on, KIII, 607.
jusqu'à ce qu'Antigone les étabitt les
(ay 1/aucienue Coa»iautinople»
uns et les autres Alexandrie de Troade.
:i

(3) Pline, Uv.T,di. Sa.


Pala^cepsis était située au-dessus de
(4) Enaï.
Gébrèoe près de Poliehoa « ten lapins
(5) Kourcbouulou tépé.
(•) JMitnr.
(I Plin.-, [ v. V, rh lo. hj) PSaMoias. liv. X, ch. 14.
(2) Stiali,».. j,v. XIII,
p. (9) SiraiM»!, liv. XIII, p. 5o3.
^3) Voytu page. (Si)Jct,Ap., XX. 5,6.

Digitized by Google
ASIE MINEURE.
tzourir la ehrétteiiBil« Maeédoine. Saint les voyageurs. Il est fflebenx de voir un
Paul sVmbarqua donc à Troas, et passa si beau monument enseveli sous les
dans cpttp province. li avait demeuré buissons, quand on pourrait à peu de
sept jours à Alexandrie, et y avait si- frais eu Cave l'ornement 4'uue place pu-
Snaié sa présence nar la résurrection bllqne.
'Eutyebus. A.8oa depait, it avait laissé Les carrières d'où ont ^té tirées les
cbez un nommé Carpe quelques liatiits colonnes d'Alexandrie sont situées à
et quelques livres qu'il pria TimoUiée liuit kilomètres de cette ville et dans le
de Mii apporter à Rome en l*an 65. La voisinage du village de Gaïkli. Au mi^
mort de saint P.iul arriva en 66 (I). lieu d*une vallée sauvage on reconnatt
Il est peu de villes anciennes qui aient encore les traces des anciennes exploi-
été aui»si souvent visitées par des vuva* tations, et l'on voit gisant sur le sol sept
Êeurs earopéens et c'est peur ainsi cure colonnes de la méuie dimension que
I première sur laqaetleae soit exercée celles que nous avons signalées dans le
la sagacité des antiquaires. Pierre Helou voisiu.iiie du port; le diamètre a la l)a>e
la visita dans .le seizième siecie. et Piè- est de '"(iâ
I laio^vRIU«ur du fdt est de
tre délia VaUe le suivit de près. Ces dix mètres. .

deux eélèbres voyageurs ob.«ervèrent une Pendant pins de vingt années^ les
Grande quantité de en|(»nties hrisees et marbriers turcs ont été installé dann
de revêtements de marbre qui ont dis- ces ruines, pour fabriquer des boulets
paru. Ou remarquant alor^i, prés du de i|i4rbre : aussi. ue resle-t-il plus uu
port , le mur d'un portique aujourd'Iiiiî ieni mnoBcau ^e eetle> nwtiere. i .

entièrement ruijj<^. <• Un peu plus bas, .Spon et \V heler ont oliservé un canal
on voyait une gronde et épaisse iiiu- lona, étroit et proloud, par lequel les
raille sur la cote ; elle était sans doute barquesetaient conduites jusipfa la ville.
ornée de pli»ienrs colonnes de marbre Aujourd1iui.il n'y a plus <i ;i|)[iarencc
qui sont à présent tontes bri.sees sur la de cet ouvra^îe. Us y observèrent un
terre, et dont les pieds, qui relent au- théfitre, d%Sk loudemènts de temples et
tour, font juger que le circuit du port de paUis,.|^( uu>p«t^ tt^mpic rond avec
était d'environ quinze cents pas (3). • une.comiclic^denurbrn-.ett dedane. Ils
Un peu au delà du port , Ie5 voyageurs recueillirent quelque«rtini»eriptions ro-
virent divers tombeaux de marbre, avec maines. I^s monuments de IVpoque
la tète d'Apollon sur uuelques-ims , et grecque, et surtout des successeurs d A-
sor les antns des boudiers. le}kaDdre,eomeni;aiem àdevenir rares.
Le sultan ottoman Mahomet IV Le 25 fèvriej- 1836, je vins pour la
(1693) lit enlever d'Ab-xaiidric une troisième fois mouiller sur la côte de
Êrdude quantité de colonnes pour uruer Troie, pour observer en détail les ruiues
I cour intérienre de la mosquée de d*Ak)maria Tfosfti. et..tetttir de lever
Validé sultane, sa mère. On y remarque un plan général de la<^ille»'
les marbres les plus préeieux, entre I^a goélette la Mésange mouilla dans
autres ce jaspe varié qui est appelé iiar le voi$)uag^'.dt).r«nGMm porA; niais cette
les lapidaires brèche universelle d^Ê* station^. «filNMiée â'^lmis ïm
fwom du
grpte. Ces deux colonnes, d'un prix ines- large, i^^iitîi,^ qiie.de peu- de
timable, sont placées n droite et à duijée.,.-. Il

gauche de l'entrée de la inosquée. Il est


probable que é'est à' cette- époque qu'on OHAPITRK XX.
a traîné près du port les deux grandes
coiouues de graml de dix mètres d»* fiU
L'une est parfaitemeul lutaciei mais
raatre est brisée eo trpis morfcauii 11 •t ••••

semble que la rupture d*une des deux Nous nous hâtâmes de deepNtndm à
colonnes a motivé l'abandon de l'autre; terre et nous pûmes nous assurer que
,

cette dernière atùre les regards de lousi le» diiiicultes qu'ont rencontrées les
autres voyageurs pour lever le plan d«
la^.ville ne sont point exagérées. Une
(t) SfM el Whaler» f^oyagwê. forêt de chênes ooeupe toute l'éteodue

DIgitized by Google
106 L'UNIVERS,
des ruines ; des arbres vigoureux crois- quelconques ; de sorte qu'il a suffi de
sent dur» les ioteratioes des pierres, et raciiondela végétation pour renverser
des buissons inextricables couvrait touta les plus épaisses murailles.
rérendue du sol. Le monument qui attire le plus les
Lf port, vers lequel je me dirigeai regards s'élève au-dessus des rumes de
d';ibord, était compose de deux bassins, la ville, et présente de loin l'aspect
Tiin pour les bfltiments, Tautre pour le d*ttne ansade immense; mais, en appro-
radoub. Les dispositioDS deeet ébblb- chant, un reoonnattque ee n*cst qu'une
seincni mnritinH' m'ont pnru avoir été petite partie d'un édifice considérable,
{)rises avec un certain art, coinmp dans sur la destination duquel les autiquaires
a plupart des ports romains. Deux sont partagés : les uns le regardent
m6les, dont les vestiges existent encore, comme- des thermes, les autres comme
sVtendaient vers le larf^e; ils étaient un gymnase. Il me semble que 1m uns
couverts de portiques , et l'on voit en- et les autres peuvent facilement être mis
core les demi-colonnes destinées à amar- d'accord ; car un gymnase renferme né-
rer les navires. Ces môles sont en blo- esssairement un oDodyterium^ un hyp<h
cage; les revêtements ont sans douto cauHum^ des salles chaudes et tièdss,
disparu. Au fond de ce premier bassin enfin tout ce qui constitue un bain (I).
est une larize ouverture qui conduirait Les eaux jouaient uu ^irand rôle dans les
d ms la darse; mais les broussailles exercices de la jeunesse romaine, et
épaisses qui Tentourent ne permettent auelle que fût sa destination, cet édiûee
pas de reconnaître les traces oes remises evait reeevoir une dérivation de Pa-
d*'S galères, des magasins et des autres queduc.
dispositions usitées dans les ports an* L'entrée principale paraît avoir été
ciens. tournée du côté de l'est, c'est-a-dire vers
Pour entrer dans la ville, nous sui- la terre. Une vaste lealerie occupe toute
vfme.s la li^ue des murailles, qui sont la longueur du bâtiment ; elle est d*un
construites n prands blocs de calcaire
« c^té v'arnie de pilastres, devant les-
coquillier avec des lilnc.ices de béton quels j'ai supposé des colonnes, pour
dans De distance en dis-
l'intérieur. réjsulaiiser l'ordonnance. Cette salle
tance, y avait des tours rarr^ de
il était voiltée en berceau; elle eommn-
mèiite construction; mais elles sont ni(|ue, à droite et à gauche, à deux
presque toutes ruinées jusqu*au niveau autres galeries en équerre l'une était
:

du M)l. au sud, et l'autre au nord. Les exer-


Le terrain dela ville s'élève en forme cices du corps pouvaient avoir lieu daos
d*amphifliéfitre,et vers le milieu de ces trois salles.
Tpnreinle OU rcmar(jue une ligne trans- Les ruines qui sont au centre appar-
vers.de de mnrs ijui fornie terrasse, et tiennent a quatre salles intérieures, qui
qui est e;;alcment défendue pardes tours étaient décorées de colonnes et de cor-
carrées. Sous nous dirise/lmes vers une niches de nuirbre. Une arcade de lO* i
fouille nouvellcuient faite par les indt- de largeur conduisait dans une salle
ftènes; elle avait mis a découvert trois carrée qui était couverte par une voOte
fdts de coloimes cannelées r|tii sont en- en pendentif.
core en place. Ils sont de pierre, et pa- Du coté de la mer, il v avait aussi
missem avoir appartenu à des colonuet une entrée :c*est ftgaudie deœtte entrée
d'ordre dorique Rrec. que s'élève la grande arcade qui domine
Les substructiotis du thc.ltre existent toutes ces ruines; elle a 5'",40 di' large.
encore. (>t cdilice clait appuyé sur le La grande ligne des arcades de l'aque-
versant de la colhne; mais i! ne nous duc vient joindre cet édifice à sou angle
offrit aucune particularité difpie dHn- nord«est. La salle du nord est ainsi fer»
téréi. Toutes constructions particu-
les niée par un portique d*arcades à jour qui
lières sont faites en moellon calcaire de n'a pas son parallèle de l'autre côté;
moyenne dimension; Iw revêtements et mais la on ne trouve qu'une masse de
stucs de toute espèce ont complètement décombres qui ne permet pas de recon-
disparu. liCs appareils des éaificet pu-
blics étiient faits sans mortier ni liens (i) ViUTiv», tiv. T, cb. tt dttXjilM.

Digitized by Google
I

ASl£ MUœURE. 197

nallre la diipotiUoo primitive (1). Les dans la terre, etrevêtu de maçonnerie


Tttrftdt^goeut ce pai;iissous le nom de grossière; la cabane est couverte de
Bal-Kiz-Seraî. J'ai deja eu occa.MOu de feuillage. Près de la est un autre bain
dire mou avis sur ce mot en parlaoldes uu peu mieux établi, dans lequel nous
niioes de C> zique. Toutes les ruines oui n*entrâmes pas, parce qu*il était occupé
porteot ce nom sont attribuées par les par des femmes* La serpentine , qui
md^énes à B:il-Kiz, reine de Saba. constitue toutes ces collines, passe .«^ous
Userait intéressant de recouiMÎlre la le calcaire tertiaire de la plaine de Troie,
prix d'eau de Tauueduc qui vieut du et va s'appuyer sur les cuutre-forts gra>
pisd de rida , en trenchitsaot une dis- nitiquesdenda. Itsort plusieurs sourctis
taarede plusieurs milles. Les habitants de ces rochers; mais deux seulement
en durent la construction à la généro- sont utilisées. En descendant la vallée,
sile d'Herode Atticus, gouverneur des on voit quelques ruines antiques d'une
iilles libre:» d'Asie, qui , ayaut reçu de construction grossière, qui paraissent
Tetopereur Hadrien une somme de trois avoir appartenu à d*ancienè nains. Le
iUiOBs de drachmes pour amener les Simoîs coule derrière ces collines, après
dans la ville, fit laire cet ouvrage avoir traversé la plaine où est située la
avec une telle magniGcence, que la dé- petite ville d'Énaï. La ville de Scanian-

ri«e se trouva monter à plus du double; dria, qui a été episcopaie sous la métro*
foolut eontribuer per ses propres pôle de Nicomédie, était située dans cette
trrsofs aa surplus de la dépense. Les plaine. Son évéque Anthemius résidait a
fcritains de cette époque ont eu à siiïna- A ssos, où lia bâti une église qui subsiste
1er des actes semblal)les de la pnrt de encore.
ce Ttdit citoyen non - seulement eu
, Lu descendant vers le sud, on ren-
Asie, mais à Athènes même. On attri- contre on ruisseau qui va se jeter dhreo*
buait roriiîiQe de sa fortune à la déoou- tsment dans la mer, après avoir arrosé
verte qu*U avait faite d'un trésor dans la plaine qui est au nord d'Assos, t ()ui <

sa maison, et dont l'empereur INerva porte le nom de plaine de Baïraniilch.


loî arait abaudonué la jouissance en- Le ruisseau est appelé par les Turcs
tière. La plupart des monuments d'A- Touzia-Tchaî (rivière salée). Les géo-
lexaodria Troas paraissent dater de la graphes modernes sont d'accord pour
même époque; on y voit peu de mines placer à l'emlMMichure de celte rivière,
byzantines, et nuU vestiges d églises; non loin du cap Baba ( Lectiim ), les sa-
cependant elle est portée au nombre lines Tragasées {Tra^a^œm xalime) (i),
dsévéeliés dans le Syneodème. exploitées par les habitants de la Troade.
A trois milles au sua<est des ruines, il Le sel s'y formait nalurellement pen-
va une source thermale qui jouit d'une dant les vents étêsiens. Sur le cap
atàfZ grande célébrité dans le pays. même, on voyait un autel de> douze
Bons fraocbimes plusieurs collines qui dieux. Le commerce du sel était libre
soalloatet couvertes de débris et occu* pour les habitants de la Troa le (3);
pé#s par une végei.iiion vigoureiue; et mais Lysimaque Payant frappé d'un
aprèsune heure de niarehe, nous arri- impôt, le sel eessa <le se former. Ce
^ifoa sur le penchant d'une vallée au changement avant étonne Lysimaque,
fond àt laquelle coule nn ruisseau dont il abolit rimpât, et le sel commença à

'esrivw sont incrustées de dépôts salins. se former de nouveao. On peut expli-


sources thermales sortent d'un ro-
Iv«-s quer ce fait sans admettre un prodiae :

ftior de serpentine; leur température les habitants de la côte auront SU y


est de S4 ciegrés 1/10; elles sont fer- pourvoir adroitement.
raffiocoies, et contieniieot une quantité
notable de sulfate de magnésie. Les (i)Strabon,XIII,6o5. Sieph. hfM^T^m'
Turcs font usase de ces eaux en l)ains Yioai-TpaYOtaâio;.
tX m boisson ; elles sont très-purgatives. (a) Bàwt, liv. XILXJ, cb. 7.
Le bain consiste en un trou creusé

(OGf. QiaBdItr, rtjmgie m Jsiê, i. 1,

Digitized by Google
m
CUAPITRR XXI. pas du même avis; ear aeloo
nfcm les Carient sbnt atttoebthones.
m
opi-

LE OOL» J)>ADnÀMnTUJU. Ce serait vainetn^nl qu'on voudrait


tirer de tous ces reciis une conelus:on
Le oromoutoire de Lectos et la crête oui ne fût pas démeutie par d'autres
de llda qoj Vieitt v AlNMitir forment la nita.TJn mot de SfrabmiMie mUsor la
HmSte Naturelle eitttire 1a Troade pro- voie de reeheielies à IMre en Carie, qui
prement dite et les prdvinces du sud ont été couronnées, je crois, d'un
qui ont été soumises aux Troyens du p^ein succès aussi, dans la desmp-
.

temps de leur puissance, it^ais qui, de- tion de cette province, aurai-je a re-
puis laelmte oe l'eùr'caipitalè, antété veMr sur lei étabHssemeats qoe tat
considérées èoMime l^corpol^esà r^Eo-' Lél^ea ont formés en Asie, et dont tes
lide. vestiges auraient subsisté jusqu'^â nos
Avant des colonies f^rec-
l'arrivée jours.
ques, ce pays apparteDait aux Léleges, Tout bcHiqueux et barbares que les
peuple sur lequel les éeVivaIns ancien^ anciens Léléges aient apparu aux pre»
DOua ont laissé assez de documenta miers colons grecs, il n'en rcamot t psi
pour exciter vivement la curiosité; mais moins de leurs traditions que ces peu-
mallieurensement ces notious sont si ples ont construit des villes et de^ châ-
incomplètes, qu'on peut à peine suivre teaux redoutables, et que ces construc-
ces peuplades 'guerrière^ dam leurs tions remontaient à la pins baote anti*
nombreuse^ migratîohs. Pausanias ^1) ^uité.
nous apprend qu'un prince du nom Le canton qu'ils habitaient à l'épo-
de Lelex ré;;na sur la Laconie h une que de la guerre de Troie était situé
époque très-reculee; il est considéré sur les versants de Tlda. Leur ville
comme enfant de là Terre, autrement principale, nommée Pédasos, s'életalt
dit autochthaDe. Cest lui dui donna sur les bords du fleuve Satnioeis, qui
son nom nux peuplades léléges, qui paraît être le m^me que le Touzla-
apparaissent à ditïcrentes époques de I chaï (1). Elle était déserte au temps
rhistoire, tantdt en Thrace, tantôt en de Strabon, et son emplacement même
Troade, et sur leS autres iwints de la était ignoré. On sait cependant qu'dUe
côte (PAsie. Hésiode ,"eite par Stra- était riaiis les hautes régions de l'Ida.
bon attribue à Loerus la sloire
(2), « Il habitait la ville élevée de Pédasus,
d'avoir reuui en une peuplade les Le- sur les rives du beau Satnioeis (2). » Eq
léges, « que la sagesse infinie de Ju- suivant littéralement la géographie d'Ho-
piter tira du sein de la' ferre pour en' mère , on doit placer les Léléges Knm^
de Deuralion ». Ces tri-
taire les sujets diatement après le cap Lectos.
bus errantes sont assimilées par Strabon On donne aussi au golfe d'Adramyt-
aux Caucones, dont l'origine remonte tium le nom de golfe a Ida, parce que
également aux premiers temps de l'his- II eolUne ^ul remonte du cap Lectos
toire asiatique. vers le mont Ida se trouve au •dessus
Aristote (Z) avait écrit sur les mi- du commencement de ce tiolfe, où. sui-
grations de ces peuples, sur leurs mé- vant Homère, habitaienl d'abord les
langes avec les Ca riens ; il est d'accord Léléges. Cette topographie est très-
avec Pausanias pour admettre qu'ils exacte. Les Cillciens auraient été pins
ont habité pendant quelque temps le reculés vers riniérieur du golfe, s'ils
continent de la Grèce européenne; ce- ont en effet habité in ville d'.\ntan-
penfiant Strabon, précisément dan.<; le (Iros, place d'une certaine importance,
même passage, uous fait connaître que située sur la côte, et dont l'origme est
dans I antiquité certains auteurs ont incertaine (3). fille aurait été fondée
regardé les Léléges comme le même par les Pélasges ou par les iEoliens.
peuple que les Cariens. Hérodote a*eft Elle a éié, smvant d'aotrea bisloriens,

(t) Liv. X, ch. I. (i) Strab., Xni, p. 6o5.


(s)Uv« m&3a». (ft) /M.,liv. XIY, vma»-445,
(3) Slrabon, «M supra^ (3) Hérocfolr. K«. VU,. 4«.

Digitized by Google
m"
bccnpée pendant cent ans par les Cim- divisent en plusieurs groupes de mon-
mêriens, d'où elle prit le nom de tagnes, dnnr les caractères son' parfai-
Cimnit'ns 1). CeUe ville a été un siège tement tranches. Le plus eélel)re et
e^iÂcopal, tt Zosiine, 6011 evéque, sous- le plus important est le mont Gargare,
criftt au eoneile de CoDStaDtioople , situé immédiatement stf^lessus
,
de
aaot Axapit et Méoas. Pline (3) uous Lectos. Ifous avons vu les lerraiRS vol*
apprend qu'elle fui priniitivement ap- cnniqups comineneer aux sources '

pelt*- Édoius. .4ntan(lrnSy Edonis priUM chaudes de la Tronde raelion des


;

coca/a^ deinde ( immerU, feux souterrains a soulevé toute la c^e


Le port AsDaneus était dans le voi- du golfe. Partout ce sont des scories
qu'on apportait les bols
aln igfi ; c'est 1^ et &% dépôts de laves très-aboudanis.
df fn montagne pour la construction recouvront les terrains ignés plus an-
des navires (3). Les mines d'AnljU- ciens, les trachvtes et les porphyres.
dros se trouvent dans l'angle nord-est Ces études appellent encore 1 attention
fin golfe; on y a découvert plusieurs du géologue : il est Intéressant de dé»
mscriplioQs (4). Toute la ctfte n r Ui l terminer quel est le centre de OSB
jçolfe d'Adrnnu presque en li^ne
lté est épancheinenfs qui s'étendent depuis
droite ; à iteinc avons-nous trouve un ce cap jus(|u'nu contre de l'Asie Mi-
iMMÙAlaf^e pour ia Mélange i il n'y a neure, et dont on retrouve des traces
é*appaMMs 4*aaoicn port ni d^ar* dans tout le nbrd de ftle de Klétéfiii.
seoal pour y placer Aspaneus; rien La minéralouie dr cette contrée fut
Tï*îndi'jue Astyra bois et temple fie
, dans ranlifpiité r(d)jet de recherches
Diane. Bien plus, Adrainyttium, qui, impt-rlantes et variées Sans parler des
MknSlrabon, est pldcé tout près de ce mines d'or d Astyra, dont le gisement
In : iû(n9êon V tUVç *A8p«|<4tti«v, afse était déjà perdu' du temps des Ro-
Tin port et un
arsenal, est bien loin mains, on trouvait dans les environs
dans les Tons ces terrains ont
terres. d'Assos une pierre qui était |)articu-
càaoï^e d'aspect, sans doute par suite lièremeut employée pour faire les cer-
te atteiris&ements du fond du golfe ; de con-
cueils, et qui avait la propi iété
laaiBtfMut les navires mouillent en sumer d*où on loi donna le
les chairs,
pleine côte, et l'Adramylte moderne est nom de pierre sarcophage. Il était bien
• située à plus d'une iwuè dans t'iutérieur. naturel de penser que parmi les tom-
Après avoir parcouru toute la Ion* beaux autiques, qui sont nombreux
Ipieor du golfe pour bien reconnaître aux environs de 1* ville, faurais va*,
n topographie générale, ia Métange trouvé un échantillon de cette pierre.
tint mouiller dans une petite crique Or tous les tombeaux d'Assos sont en
appelée SivriJji Liman. I^i côte est pierre volcanique, et particulièrement
t£iitaienl accore, que le capitaine fut en trachyte. U existe, en effet, cer-
obligé 4*enToyer aina amarre à terre; taines laves imprégnées de substances
i ifcst pas probable que le port d*A8- salines, qui pourraient avoir une action
SOS, dont ii est souvent fait mention, sur corps qu elles renf' mieraient.
les
ait ete situe en ce lieu. Nous étions à J'ai observé a Milo des laves conte-
Touest de montagne d'Assos, et je
la nant une notable quantité d'alun (sul-
tew dis i i
tefvs avee les officiels, late d'alumine) ; mais la vertu de 09
rroMfiodreà cette ville, quidominait sel est précisément de conserver les
petit port à pbis de trois cents chairs plutôt que de les anéantir. Les
«eétres. sels vitrioli(]ues et nr.*-énicaux ont la
Lesveriauts méridionaux de l'Ida se même propriété ; je ne puis reconnaître
dans les tracbytes des tombeaux d'As*
(c)Cr.PlDl^ll<r.T,eb.ft. sos la pierre sarcophage, et j'avoue qui
sur ce sujet mes recherches n'ont eu
CO JM. Il, ch. 96.
'3) IPlifile, JBh^ m, 5. âtralMii, UI» ancun résultat satisfaisant, car l'obser-
606. vation me conduit a un résultat diamé-
H)raf, GbDÎflnd» f'ojt^e U Grècê, tralement opposé, savoir, la conserva-
toiDen, p. 79. Boôckh. Cotjmt iiucnpti0^ tion des corps dans des pierres vnlcani*
(|ues imprégnées d*alun.

Digitized by Google
300 L'UI^IYEHS.
J\ii observé, sur le plaieta de la ci- couverts de verdure. De temps à autre
tadelie d'Assos, de grandes quantités j'.'ipprnisdes fondrières dont les parois
de scories ferrucineusps dont j'ai rap- sont soutenues par des blocs de basalte
porté de nombreux ecliautillons. Il est verticaux, qui teudenta la forme pri»>
clair qu'à une époque inoonoue il a été matique.
t établi co ce lieu des fournaaui de J'arrivai bientôt à un grand chemin
forsc J*afais d'abord pensé que ces pavé, qui n'est autre chose qu'unp des
nomades connus sous la dénoinioa* nombreuses voies antiques qtn exis-
tion gcuériaue de Tchinjzaneb , Zin* tent encore à Assos. Les lon^^ues et
Î[ari, ou bonémiens, et qui parcourent belles murailles de la ville sed^eoe-
'Asie en faisant le métier de for- vrent à nos re|;ards ; il nous semble
gerons, avaient pu s'établir en ce lieu voir des ouvrages commeneé.s plutôt |

et exploiter quelques minerais de fer que des ruines, tant la netteté des li«
trouvé^sdans les environs; mais le pas- gnes est parfaite. En arrivant au sanv
aage de Strabon éveilla nioii attention, met, il ftut bien répéter, avec tous Ici
et je cherchai à en donner une explica- voyageurs qui ont escaladé cette mOB*
tion satisfaisante. Voici le passage de tagne, le vers de Stratonicua :
la traduction francise (I).
« Aux environs d*Andira on trouve SîtuTeusivancerleinoaieotdeU inortfCip |

change en [Mje de iMMler à Amm (i).


une espèce de pierre qui se
fer par Taction du feu. Ce fer, mis en
fusiou avec une certaine terre, produit
Strabon dit aue ie |)ort est formé par

ie zinc; du mélange de ce dernier


un grand mdlè; mais qu'elles qu'aieat
été nos redierches le long de la côte,
avec du cuivre résulte ce métal (in*on
nous no pOmes reconnaître même IVni-
appelle oricbaleum. • Les lois de la
sont nullement observées placement du port; partout la protoo-
chimie ne
dans ce passage. J'aurais voulu ren- deur de Teau est telle, qu'on MfuA
jeter Tanare ; il fiiut s*amarrer au li-
contrer dans les environs quelques gi-
aementa de calamine ou seulement de age.
1er pyn'teux; mais le terrain volca*
nique de fusion et d*épanchement se LUAPIXKE XXil.
montre partout, au t>ord de la mer et
sur le versant de Tlda. On rencontre ASSOS.
la serpentine avant d'arriver aux mica>
lehisteit, qui forment les régions su- Afsos passe pour avoir été fondée
périeures. par les habitants de iMélliymnc. Éphore
montagne d'Assos, plateau dé- place cette ville daus le voisinage de
taché de la chaîne principale, est for> Gargara. Elle reçut une colonie «a-
mée par différentes natures de laves, lienue et possédTa une grande partie
.

qui lui donnent un aspect sombre et de la contrée environnante; on connaît


sévère. Les dentelures des ruines qui la peu di' chose sur Thistoire primitive
couronnent se dessinent sur l'azur du de celte ville. Lorsque la Mysie fat

ciel ; il est peu de tableaux qui puis- soumise aux rois de Lydie 9)v Si
sent donner une idée plus grandiose Ayôor? Muj{a, elle devnU la place la
de ces villes jcoliennes, dont la fon- plus forte et la plus importante de la
dation touche a l'époque héroïque. Troade. Lorsque la province fut tom-
Le chemin que l'on suit pour arriver bée sous le pouvoir des Perses, ces
au sommet du plateau est tracé au mi- princes désignèrent le territoire d*Assoi
lieu des blocs de trachyte éboulés et pour la fourniture de Ifur ble; leur
m était apporté de Svrie, et l'eau de
rKulée. Strabon (2) nous a conserve
(i) Slrabon, livre XIÎI, page 6io. *'E<TTt
rbistoire curieuse, maia noft saM
>i$oç itept là *'Av5cipo. ô; xaiojievoç

vcvOclc èico«téCM <^tiA*pv»9^* 4 (f ) Fteodie d'un vtn de f/M.» Kv. fU


143.
f9) Xill, 6io.
ASIB MINEURE. sot

fMBple, d« Teuouque Uermias, qui pale, sou évéque Maximus assista


et
oer^ peodant quelque temps le pou* en 4SI au concile d*£|>lièse. Les cens*
voir suprême dans Assos. 11 était at« trustions militaires qui ont remplacé
taché à la maison d'un banquier. Oaos sur Pacropolis les anciennes tours xo-
uu Yoyase qiril fit à Athènes, il suivit liennes attestent que dans le moyen
ks leçoos d'Aristote et de Platon. A âge cette place ne cessa pas d'être un
M retour, il s'aiiofia à son maître,
qui venait de s^emparer par force d*As-
poste important. Du plateau de la cita-
delle un domine, en effet, tout le golfe
sos et d*Atarnée, el lui succéda dans la d'Adramytie, le canal de Métclin, et la
possession de ces lieux. Il Ut venir vue s'étend en mer presque Jusqu'à
près de lui Aristote et Xénocrate, et Chio. Aiicun navire ne peut aj'prucher
eut pour eux les plus grands égards; de la côte sans qu*il soit sifpialé du
ildonna même en mariage, à Aristote, haut de la montagne; malh"ureuse-
uae fille de son frère; mais Memnon ment, ronime je l'ai dit, les mouillages
k Rtiodieu , général au service des sont tre:>-périileux.
FeneSt feignit de Tamitié pour Ber- Aujourd'hui, la village qui a succédé
nât, et rattira diei lui. Dès qu'il fut à cette importante cité porte le nom
maître de sa personne, il l'envoya au de Beyrhain keui. (Test sans doute le
roi de Perse, qui le fit mourir. Qiiel- nom de quelque ernir qui nura répné
'
ques années plus tard, leunuque Plii- sur cette petite partie de la Troade.
telère devint de la même manièsre Tous les noms turcs des provinces
roattre de la ville de Pergame. Plus ont été pris des émirs, compagnons
habile qu'Uermias, dont sans doute d'Orkhan, qui ont établi îeiirs fiefs sur
l'exemple lui avait proflté, il sut con- les débris de l'empire de Byzance.
server son pouvoir, et devint chef de
Ijmastie, en laissant sa couronne à £u- CHAPITRE XXIU,
iDèDe, son neveu. Si Flermias fût mort
sur \e\rône, son neveu Aristote avait de LB8 MUAS.
grandes chanoes pour lui succéder et
poor devenir, lin aussi, chef d*une J*ai souvent eu occasion de regretter,
ouisoa royale; mais le philosophe et en décrivant les ruines des villes, que
son ami Xénocratp (juittèrent prudem- les ouvrages des premiers habitants
ment Assos et l'A tarjiee, el les Persesy aient été défigurés ou remplacés par
reatrereut en vainqueurs. des constructions inesqoines des temps
Assos auivît la destinée de toutes postérieurs. La ville d' Assos n*offre
les villes de ces parages : du gouverne- pas re désnvnntafçe el l'on peut étu-
,

ment de ÎAsimaqtie , elle passa sous dier d;ins ses murnilles le plus bel
celui des rois de Pergame, el les Ro- exemple de construction hellénique
mains en prirent possession à la mort que les siècles nous aient conservé. La
#Altale m. Cette ville a produit quel- perfection de cet ouvrage est telle
ques hommes célèbres dans les let- comme art et comme génie militaire
tres ; Strabon nous a conservé leurs ancien , que les Romains n'ont rien
noms. A cdté de la statue d' Aristote, trouvé ù y ajouter ou à en retran-
on montrait dans le temple d*Olympie cher.
Ki statue de Sodamas, citoyen d' Assos,
Tous les murs sont construits en
le premier des 4^oliens, dit Pausa- grands blocs de tracbyte, sans mortier
Bias (I), qui ait été couronné aux jeux ni ciment (1).
olympiques.
(i) Je parle souvent du Irachyte dans la
Assos reçut la visite de saint Paul Je dois dire aux per-
deM:ripttuii des vdlet.
si de saint Luc , lorsque ces apôtres
lonnet élrangèrei À la g^tlogic que le Ira-
vinrent prêcher dans la Troade. ('ne rli) lf est une roche seinbUh v .tu |)or|)liyre;
^Ii5ie de*; premiers siècles altesle (jue le dureté, et ni* s'en
file fu a l'asjieci el la
chrisUauisme s'y établit de bonue distingue que par des caractères iiiiuéralo*
henn. Assos devint une ville épiaeo- giques peu a|i|»ar«iti. Il n'y a pu tooglttnpt
\m Mokiguetoal séparé ks iracbyliael
(s) Liv.VI,cli. 4. les porphyres.

Digitized by Google
m vvn
En commençant le des mu-
tour ai pas retrouvé de traces. On remonte
railles par fangle nord, on observe vers le nord , jusqu*à une porte encore
d'abord uu petit bastion carré d'une assez bien conservée , mais qui n*8vait
coDStruction différente des mon. Il est ni le luxe ni rîmpcnrtanee de la pre-
bâti, partie à joints irréguliers (cyclo- mière. Cette porte est aussi placée an
péens), partie en assises ret'uiiVrf-s. fond d'un angle rentrant ; ce qui
mais en gros blocs à l)0ssai;es; ii a l»ronve (jkie vAiki disposition a été
6"", GO de large sur tl'^jo de \on^. pri.se par système, et en effot eela inex-
La tour qui en est voisine est demi- pliqué.
circulaire son diamètre intérieur est
; Les tnurailles du nord-est ont eora-
de 7"\*J0. et le mur est ep.ns do l'",5 l. pleteineiit disparu; je peiisr qu'elles
L'appareil de ces murailles est uuic^ue auront été employées dans la conslruo-
dans l*antiquité. Elles sont composées tion des toors du moyen âge qui eoii>
de deux parements rehés par des par- ronnent la citadelle.
paings; mais riiitervalle entre les Vu mur. d'une épaisseur moindre
deux parements est creux L'entrée de que les remparts extérieurs, joint le
la tour e>t une arcade en plein cintre, pied de Pacropolis et Tansle rentrant
qui parait un ouvrage tout à fait de Toucst du cété de la grande porte.
romain. Cest la seule qui soit demi- Il avait sans doute pour but de diviser
circulaire; toutes les autres sont car- la ville en deux quartiers distincts
rées. Cétait UQ usage chez les Perses, qui
Le piton de l*aeropote forme en eelieo se retrouve encore dans les villea per-
une eroujpe autour de la()uelle on a fidt sanes modernes. Il y a oertaines par-
tourner It's murailles. Toutes les tours ties de la ville où les remparts forment
sont construites dans le m('mf' sys- terrasse. Ils sont alors percés de dis-
tème ; un fortiu domine angle nord-
1 tance en distance de canaux de l",30
eet de la ville ; ensaite les murailles de hauteur eldeCH^iSO de largeur, pour
reviennent ren le sud ju8qu*à la po* donner issue aux eaux. Toutes les pierres
terne. sont à bossaL'es et appareillées avee le
Le grand chemin qui est iracé le plus ^;raii«l soin.
long de ce mur est le seul qui soit La longueur totale du périmètre de
sur un plan horizontal : aussi a-t-il de 9,108 mètres.
la ville est
été choisi pour y placer les tom- Les mesures .sont prises à partir de
beaux De nombreux sarcophages, Tancle nord-oue^t de la ville, à la brè-
tous du si)ie ^ec, c'est-à-dire avec uo che qui se voit dans le rempart.
eottverele àomilettes, sonteneore en
place. Ils ont tous été ouverts; mais CHAPITRE XXIV.
les couvarolei rompus sont restés sur
place. LES FOUTES.
Les murailles forment en ce lieu un
angle rentrant très-prononcé, au fond Le système dedéfense des portes de
duquel est une petite poterne. La grande villes a peu varié chez les anciens.
porte de la ville est à rexlrémité de la Tantôt les portes étaient au fondd*une
voie des tonai>eaux. Je la décrirai plus enceinte carrée ou circulaire , dont les
bas. cornes étaient défendues: tantôt la
A partir de ce point, le terrain com- muraille se trouvait de front avee la
mence h descendre rapidement; mais porte, et les tours faisaient saillie sur
partout les murs sont construits avec la Vifzne des murs; c'est ainsi que sont

le même soin, et sont presque j>artout disposées les portes d'Assos. La porte
ooBservés, excepté dans la partie liaaie principale est au nord'Ouest de la ville;
de la ville , où l'aelion ineessanle des elle se compose, en plan, de deux toun
eaux de la montagne les a emportés. r.irrées formant une saillie écnle ) leur
Un autre fortin, diagonalement oppose cpai.sseur, entre lesquelles s'ouvre la baie
au premier, mais plus étendu, défend de la porte. Une petite enceinte, doutle
1a pointe sud de la vlUe. Jlgnore a*il morne 8*élève que de quelqueemèlnB,
existait des portes dé ee oAté: je n'en existe meore au côté de la ville. On

Digitized by Google
ASi£ à NEUEE. 20S
remarque dans la baie <|ue le diam- qu'on poor ré-
les avait ainsi disposées
hmnle n*a pas de feuillure ; de sorte sister aux efforts du bélier, qui ne por-
que la porte venait tout simpleineot taient ainsi que sur un seul parement
iattre contre le parement (i). du mur.
En élévation, la partie du mur en A côté de la grande porte on voit ,

sailiie est couronnée, en dehors de la une poterne d'une conservation par-


villf». pnr un arc en ogive, dont les faite. La voussure de la baie est ^îte
pir-rres sont ippareillées en encorbelle- en encorbellement, et une pierre de
raeiit, c est-a-dire par assises horizon- de 3*" de tonç couronne la petite porte.
talcf formant saillie les unes sur les On voit très-bien les trous de scellement
autrvs. 1^1 baie de la porte est carrée, et des gonds du vantaiU
couronnée par une architrave com- T-a troisième porte est située tout à
posée de deux pierres. Aux aneles des fait a l'est de la ville; le couronne-
pilastres sont deux coussioets sculptés ment en ruiné; elle ne présente pas
est
eo eal-de-lampe. d'autres caractères que ceux que j'ai
Du cdté de la place, la baie de la décrits. On remarquera que les tours,
porte est couronnée par une arcide en dont la fnce est à bossnires, sont en ap-
plein cintre, niais dont r.ipparejl est le p.ireil lis^c et sans reieuds sur les par-
même que celui de l'ogive, c^est-à-dire ties latérales.
CD assises horizontales. (Test, sans
contredit, le cachet d'une haute anti- l'acbopous. letshpui.
quité, et on doit penser qu'à cette épo-
que Pappareil en voussoirs tendant L*acropolis occupe tout le sommet
so centre était encore inconnu aux d'un rocher élevé et inaccessible qui do-
Grecs. mine l'enceinte de la ville. 11 est corn-
La forme ogivale, qui a été si peu f)osé
de grands prismes hasnlliques dont
employée par Hnmains* se retrouve
les es parois sont vertic.iles. On y arrive <iu
en Asie , du huitième au cinquième côté du sud par un sentier tracé au mi-
siècle sfant Jésus-Christ, tant dans ces lieu des roches ; du côté du nord il forme
eoDstraetioiis que dans celle du tom- un véritable précipice qui défendait la
b^nu du Tantale et dans les tom- ville contre toute surprise.
beaiux lyciens. On estime que les co- Au centre de l'aeropolis s'elevnit un
lonies aéoliennes sont venues s'établir temple d'ordre dorique grec qui, par sou
dans la Troade peu de temps après la caractère archaïque, se distingue de tous
Ruerre de Troie. Plusieurs autres mi* les temples de même style connus, et
eratinns eurent lieu de la Grèce en dont les ruines subsistent encore en
Asie ; mais lorsque les Perses vinrent Italie, en Sicile ou en Grèce; ses colonnes
conquérir ce pays, les i£oliens étaient courtes et massives n'ont pas sept dia-
fort répandus, et leur gouvernement mètres de hauteur.
avait déjà subi plusieurs révolutions. La hauteur de la colonne étant de
Quelques bas reliefs d'Assos, que nous 4°*70, l'entrecolonnement est de 2™45;
aurons l'occasion «l'examiner, ont un les entrecolonnements d'angle sont de
caractère plus égyptien que grec. 2'"20 ; les colonnes très-galbées sont or-
CTest tout oe qu'on peut dire sur la nétÊ de dix eanneluies; le chapiteau,
date de ces monuments, car les fonda- dont on peut voir un spécimen au mu-
teurs ont été assez avares d'inscrip- sée du Louvre, est tr^-évasé.
lioos, sans doute à cause de la nature Le temple d'Assos était hexastyle et
lebelk de la pierre. Supposer que ces avait treise eolonnfls sur le edté; il ré-
niuratiles ne remontent pas au delà du suite de cette disposition que la cella
cinquième siècle avant Jésus-Christ, était fort étroite. La couverture était
r'est leur assigner la hmite la plus rap- en tuiles a rebord dont on a retrouvé
prochée qu'il suit possible. quelques fragments dans les fouilles.
Poor expliquer la singularité de Ce qui distingusit ce tem pie entre tous
eoMtruction des nraiiiUes, J*ai pensé les antres temples grecs, c'est que l'ar-
chitrave, qui estordinairement lisse dans
(i) Tojrcx la pUnche les editices 4e ce genre était décoréQ

Digitized by Google
904 LUNIVEHS.
d'uue suite de bas- reliefs qui se sont re- temple dans son état primitif; car on
troitféf pnH|iie intacts dans les ruines ; trouve parmi les décombres pitisieun
ils ont été en srande partie transportés pièces apparteuant au fronton.
au musée do Louvre à Paris. Ces bas- Le temple est b.1ti avec la pierre vol»
reliefs, formant une longue bande , re- canique qui forme le solde la ville; on
présentent différents sujets du plus au- ne trouve nulle part un seul fragment
eien style etdont quelques-uns sont très- de marbre, et tous les édifices qui sub-
fjciies à expliquer; les deux extrémités sistent encore portent le cachet de la
de la façade étaient ornées de deux cou- plus haute antiquité.
Eles de taureaux dans l'attitude du corn- A une époque inconnue, mais qui
ât. Au milieu de rarchitrave était un paraît voisine des temps byzantins, il
groupe de sphinx eoudiés et opposés a été élevé dans Tacropole d'Assos une
face a face. forteresse composée de plusieurs tours
L'un des bas-reliefs représente la massives qui subsistent encore et pour
lutte de Ménélas et de Prolee sur les lesquellesou a pris la plus graude partie
rivages de TÉgypte. Ce sujet tout troyen des matériaux du temple. Le petit vil*
rappelé les anciens rapports entre les lage de Bevrliam s'est construit à Tabri
rois d'Égypte et ceux de la Troadf. Hé- de ces fortfOcations ; il se compose d'une
rodote a conservé le souvenir de cette vingtaine de familles turques.
aventure de Méoélas « Le successeur de Éu dehors de l'acropole et sur la pre-
Phéron^ .fils de SésMris, fut un citoyen mière terrasse de la ville s*éiève un vaste
de Memphis dont le nom dans la langue théâtre dont les sièges sont encore en
des Grecs est Protée (1). Hélène, fuyant place mais le proscenium est en grande
;

de Sparte avec Pâns, se rendit à Troie, partie écroulé. Non loin de là est un petit
lorsque les vents contraires la portèrent temple, et les ruines d'autres ediiices
en Égypte, où elle vécut près de Pro- complètement écroulés jonchent le sol.
tée. » Bfénélas vint lui-même à la rour U est probable f|u*en écartant ces dé*
de ce prince pour redemander llelene. combres on ferait des découverte inté-
On reconnaît Ménélas à son carquois et ressaiires. Les inscriptions sont rares
à son casque. Protée tente en vain de se à Assos ; ia pierre volcanique se prête
dérober à la poursuite de Ménélas; les peu à l'épigraphie; on a retrouve un
nymphes de la mer semblent fîiir le fragment qui prouve que dans la ville
lieu du combat (2). d' Assos il existait un temple d'Aususte
Le sujet d'un autre bas-relief repré- semblable à celui d'Ancyre; cette ins-
sente les noces de Piritboîis; les convives, cription incomplète est ainsi conçue :
couchés et appuyés sur des coussins, re-
çoivent dans des coupes le vin qui leur A César Auguste et au p<»uple (romain). L»*

est verse par des esclaves; tout ces bas- préire du Dieu César Auguste et lui même
desmidant des rn\» de la patrie, et le prttfft
reliefs un sentiment
sont traités avec Jupiter qui préside à ia eOBOOMe, et le STB'
tout primitif. On.peut les comparer aux uasiarque Quiotus...
plus andennes peintui-es retrouvées
dans les tombeaux de l'Étrurie. Cette La petite église byxantmequi existe
conformité n'a rien d'anormal; car il est encore dans l'acropolis n'a rien de re-
aujourd'bui un fait généralement ad» marquable que l'inscription de la dédi-
mis que les Étrusques sont originaires cace. Klle a été élevée par Aotbimus,
d'Asie. Le récit d'Hérodote, dont on évéque de Scamandria; ce qui prouve
avait contesté le témoijina^e est au
, que cette ville existait encore entre Is
jourd'luii regardé comme Irès veridique. huitième et le neuvième sicde.
La frise du temple est décorée de tri-
gly plies, et les métopes sculptées repré- CHAPITRE XXV.
sentent des centaures, des harpies et im
Siiiiplier. ADSAMYITIOM.
Kieu ne manque pour restituer ce
Adramyttium, qui a donné son nom
(i) Hérodote, liv. II, ch. 99. au golfe voisin, est au petit nombre
(s) ^Bjts Ici plMch u
tS» f 6 «l 4S. des villes qui deiNDS la plus haute and-

Digitlzed by Googl
ASIE MIMEUAE.
qaiié oot coDttrfé et tour nom et une geaneedeaPenea; ils Anent tous massa-
populitinn nombreuse. crés par Arsace, lieutenant de Tissa-
La moderne Aclr;imylte compte en- pherne (1). Les rois de Pergnme héri-
core aujourd'liui plus de huit mtlle ha* tèrent du territoire d'Adramyttium qui
limte ; elle eit le chef-lieu d*ua nnd* leur fut eoneMé par lea Romains apréa
'fk el ùix on commerce conudérable la défaite d'Antiochus. Adramyttium,
âvecles autres villes et les îles voisines. de gré ou de force, s'attacha au parti
Son territoire, largement arrosé par des de Mithriilale, et pour ol>éir à l'ordre
sources et de nombreux cours d'eau, qu'il avait donné, dans un accès de dé-
produit de Thalle, do blé, des figues, mence, d*égorger tous les citoyens ro-
de la soie, dei laines et du tahae. Lea mains, son lieutenant Diodore fit as-
firnilles grecques et turques y sont sassiner tout le sénat des Adramyttiens,
dans des proportions à peu près égales. et pour éviter la vengeance des Rom;iins
La ville est située en plaine; elle n'a finit par se laisser mourir de faim dans

Et de murailles ; les maisons sont


s en bois selon In mode de Cons-
la ville d*Amasie. Les Adramvttiens,
accusés d*avoir trempé dans ce crime,
tantinople et de Smyme et sont pres- envoyèrent à Rome Xénorlès, un de
que toutes situées au milieu de jardins leurs plus célèbres orateurs , pour plaider
où la vigne se mêle aux autres arbres leur cause devant le sénat (3).
fruitien. Des oliviers d*une hauteur pro- Quoique la ville d* Adramyttium n^aît
dipeuse bordent le chemin qui conduit jamais été citée comme place de guerre,
de la ville à la mer et donnent à tout elle avait néanmoins , du temps des Ro-
Ispays TasDcct le plus champêtre. Adra- mains, un nurt et un arsenal dont il ne

ytle n*onre aneun de monn-


vestige reste plus de vestige. Il est à croire qu*à
ment ancien ni moderne, les mosquées celte epoqueelle était beau coup plus voi-
sv liisiiriiîiient à peine nutres ha-
(les sine de l.i mer qu'elle ne l'est aujour-
bilations ; en un mot de tous les sou- d'hui; les torrents et les allnvions ont
imn des temps passés Adramytte a*a formé une partie du territoire qui la
•OBiiné que son nom; pasaa dans
elle sépare de la côte. Une petite rivière ap-
asobieurité profonde toute la période pelée Ak-aou charrie une quantité de
du moyen âge, et n*éprouva qu'un léger Tnnon qui se dépose sur le rivage. Si en
contre-coup des éveneuients sinistres effet Adramyttium occupe l'emplace-
qui désolèrent cette côte au moment de ment de l'ancienne Pédasus , cette ri-
la révolution grecque. vière représente le Satnoeia souvent
La fondation de la ville d*Adramyt« mentionné par Homère (3).
tium renionle à une antiquité très- Dans le fond du golfe et non loin
reculée, et selon la tradiiiou conservée d'Adramyttium nous devons mention-
par Pline (i), elle aérait anlérieure à ner la ville d*Ast^ra avec un temple de
celle de Troie, si en effet on doit Ti- Diane Astyrène situé dans un bois sacré
dentiOer avec Tancienne Pedasus, ville et propriété des habitants d'Antanrlros.
des I^fléges. Lorsque tout ce terri- Ce lieu est aujourd'hui inconnu; on
toire fut soumis aux rois de Lydie, {courraiten retrouver remplacemoni ^ul•
on fière de Crésui, nommé Adnmys a cdie nord du golfe. Près d*Astyra
rembelUt de monuments et lui donna il y avait un lac nommé Sapr.i plein
son nom. Ce^t ninsi qu'elle passa pour de gouffres et dont les eaux se de'ehar-
avoir été fondée par les Lydiens. Adra- geaient dans un endroit du rivage bordé
mytte reçut une colonie d'Athènes et de rochers; toutes ces indications per-
resta dana rallianoe des villes de la mettraient de retrouver le site d^AA-
Propootide, dont elle suivit presque tvra (4).
toujours la fortune. Les Athéniens y Le promontoire de Pyrrha opposé à
transportèrent les habitants de Delos Lectum formait la corné sud du golfe
lorsque cette Ile fat soumise i la puri-
liealioo. Mais la révolte d*Athène8 (t) Psiisanias, T, «7.
attira sur les nouveaux venus la ven* (1) Sirah.. XIII, p. 614.
(3) //.. \\I .
«r,.

(I) PttMb y, 3t. (4}Siral>., 1. XUl. 61^-614.

Digitized by Googlc
20« L'UNIVERS.
d; Adramyttium éloigné de cent
;
il était
vingt stades ou vingt-deux kilomètres
de ce dernier cap et se distinguait par
^
tout ce pays fut te théâtM des uremi^ri*
«xpéditiOM d'iUhiS

an temple de Yënos. Le cap Canae ou CHAPITRE XXVI.


iE^, qui donna son nom à la mer
figée, fonnnit la limite du golfe Elaî- mCAlOmite. -màsn,
lique. Canae était une petite ville des
Locriensi elle était située au pied d'une le détroit
entre Lesbos elle
montagne enrourée ao midi et an cou- continent il y a mi petit archipel qui

cliant par la mer (i). offre unexcellent mouillage; on l'appe-


La cote du golfe Klaïtique était con- lait dans Tantiquité Hécatonnèse qui
nue sous le nom de Acte (rivaiîc) des "ite rprété de deux manières par
Mityléniens, la plupart des villes de toifrint anciens. Il tenait son oom
cette région ayant été fondées par les <i*Apollon Hécatéos, on ee nom simi-
hahitnnts de cette île. flait fout simplement les cent
fies. H dt
Pline mentionne plusieurs autres ri- ^^nnu des marins modernes sous le oon
yières qui des hauteurs du Gargara
se <*«Mosco i>iisi (les îles aux veaux). Atar
jettent dans le golfe d'Adramytte no- née, dont l'emplacement est aujourd'hui
lamment les rifieres Astron, Carmalus, inconnu donnait son nom é un teni>
,

Ervannus,ptc.; mais il est impossible, à étendu dont la fertilité était pro.


défaut d'autres renspiirnements, d'en ^^rbiale. Cette ville a conservé quelque
déterminer la position exacte. Il en est céjébritéjparce qu'elle fut le lieu de ré-
de même do fleuve Evenus qui four- "*"0^«AriHoiependant que son onde
de Teau aux habitants d'Adra-
nissait Hermfas gouvernait le pays. Elle fin
mytlium (2), et sur les bords duquel «"suite donnée aux liabiia'nts de Chio
était située l'antique ville de Lyrnessus, P*^""" '^^ récompenser de leur trahison
détruite pendant le siège de Troie; ce envers Pactyas, qui fut livre par eui
dernier fleuve venait du sud , puisqu'il
coulait près de Tanci»une Pitane.
^mains de Cyrus. Il est vrai que
^^^^ '^i suite ces insulaires curent hor-
Le territoire d'Adramyitium était '^"'* action; l'orge et le blé de
'"f"'"
habité par les Ciliciens, sujets d'Kétion, i'Atarnée étaient proscrits des cérémo-
père d Andromaque, qui possédait la 5'^ religieuses; tout ce qui naissait
ville de Thébé, au pied du mont Plancus, territoire était maudit (1 ). Ce»
et qui fut ruinée par Achille, «
Eétion P^^^ant cette mnirdiction n'arrêta pai
qui habita Tliébé dans la verte Hvpo- Hy^ti^P» tyran de Milet, qui, étants Les-
placée et gouverna les Ciliciens » continent pour faire
(3); Jîf' P^^^
telle était la nuissauce de la poésie ho- ^IWBS et enlever les moissons de
roériqne sur l*esprit des peuples grecs, ' Atamée; mais ce pays
était occupé par
tpip le nom de ces deux villes Harpagus, général perse, qui livra un
resta ton-
jours attache au territoire qu'elles ont combat dans lequel Kvstiée fut pris et
occupé, et ces contrées ne furent jamais "^^^^ Sardes (2).
"J'^j?
désignées que sous le nom des olaines <|ui fut témoin de la défaite de
de Thébé et de Lymessus. sbrabon ^l^^i'^l^ était située au sud d*Atamée
croyait que de son temps il existait en- rivedroitedu Caïque. Ici s'ouvre
core quelaues vestiaes de ces deux grande vallée coiirnnt de l'est è
villes; il place la oremiere a soixante ^^^^ qui sépare la Mysie de r.>F.olide.
Stades au nord et fa seconde à quatre- ^owlwlwwHes placéesau nord du fleuve
vingts stades an midi d'Adramyt- ^PP3*'<i^nent à la première de ees pn>-
tlum. ' vmces; mais sous le rèsnrt des rois de
Selon Strabon, les deux villes de ^•'"S^'n® ces frontières furent confoo-
Clu'ysa et de Cilla étaient situées dans ^n^i nous conserverons l'ancienne el-
le voisinage immédiat d'Adramyttium ; P^^ion géographique.
Un peu au nord de remlmiehait
(i) Slnb., Xin, 6i5.

(3) lU ^ 4x5. (m) Hérodote, liv. Vf, di. U.

Digitized by Google
ASIE MI [£UaE. 107

(Tu Caïque
et abrité per Tarcbipel de dèrent pas à voir leurs entreprises pros-
>fascn-%isi et par PÎIe de Lesbos s'ouvre pérer, et la population de Kidonia dé-
le golfe deTclianderli qui est le premier passait vingt-cinq mille habitants. Les
mouillage que Tou reocontre eu allaot primabdeTavillc, parmi lesquels il faut
vers le sud. On y reconnaît Templaee* citerau premier rang Jean CÉconoraos«
ment de rancienoe Pitaoe à des carac- fondèrent des écoles et dt-s pt.ihlisse-
tères non équivoques, mais qui tiennent mcnt.s publics, autour desqucLs .se g ou-
Sait la jeunesse des lies el du
plutôt à la topographie qu'a des restes coutiueitt
«Tantiquité. e la Grèce; aussi dès les premiers
Pit.int, ville solienne,avaitdeux ports, symjjtdmes du soulèvement de la na-
elle étJit située surune langue de terre tion grecque, les Cvdoniates prirent-ils
devant laquelle s'élèvent quelques tlg^ les armes pour s'opposer a l'action des
volcaniques. Le fleuve Rvenus, qui va se Turcs. Cernés dsos leur ville par des
jeter dans le golfe d'Élée, coule à quel- forces supérieures, ils furent presque
que distance. L'aqueduc qui portait les tous massacrés en juin 1821, et la ville
eaux à Adramyttium prenait naissance de Kidonia tut livrée aux Uaniiiies.
dans le voiainaKe. Il ne parait pas que Aujourd'hui elle n'est plus att*aii
dans l'antiquité les deux ports de Pi- amas de décombres habité par quelques
tane aient reçu le moindre svstenu' de familles de marina qui échappèrent au
défeuse, car ou les retrouve daus l'état massacre.
'
de pore nature. Les tbts qui les pro- t '.

t^KCitt sont composés d*une roche grise tamCHAAHIB, QAÎQOIU


et compacte. On fabriquait à Pitane des
brigues qui avaient laJnroDrUté de sur- La ^ande vallée arrosée par le fleuve
aager sur Peau (1). Cétut tans doute Calque faisait partie de la région de
qodque terre à base de ponce que four- Teuthranie, qui reçut son nom de Teu-
nissaient le^ terrains volcaniques. On thrns, fils de Teiepfie, qui re^ua sur les
tirait de TUe de Rhodes des briques Cilideus. La ville de Teuthrania, aujour*
d'une nature semblable qui furent em- d*hui inoonoue, était à soixante - dix
ployées dans la construction de la cou- stades (environ 13 kilom.) des villes de
polé de Sainte- Sophie (2). Pitane etde Pcrgame. Trois Heuves arro-
La petite ville de Tcbanderli, qui a sent la plaiue de Teulbrauie. Le Caïque,
remplaeé rancienne Pitane, fut à son Îni se jette dans la mer aui enviions
tour renversée de fond en comble eu u porld'IUée, à trente stades environ
représailles des atrocités que les Turcs du sud de la ville de Pitaue, prend
avaient commises à Kidonia; les Psa- sa source daii^ le luont Temuus, uu des
riotes vinrent avec des corsaires débar* embranehemenU sud de rida et piès
qoer dans le port massacrèrent les Turcs
,
du village de Bakir. Le Caïque porte au-
in incendièrent les habitations, jourd'hui plusieurs noms a sa source
:

Oss mouvements étaient le prélude c'est le Balir tchaï (rivière de cuivre) ;


de la révolution qui devait détacher la on l'appelle ensuite Ak aouO'eau blaucbe)
Grèce du joug des Ottomans. Lesbos et et après avoir re<^u les eaux du fleuve
Chio, qui ont payé de leur sang ces pre- Sélinus qui vient du mont Piudasus et
mières tentatives d'affranchissement, passe à Pergame, on l'appelle Bergamo
attendent encore Fbeure de leur déli- tcbaî. n reçoit encore les eaux de deux
vrance. petites rivières, le Mysius venant des
Kidonia, dont le nom turc est Aïvali montagnes au nord de Pergame et le
(la ville des Cmnsî.s), fut fondée dans Cetius qui prit son nom des Ceiiens,
nie voisine, mais à une époque inconnue. 8D)Bts de Télèphe (1). Une partie du.
Les habitants, presque tous Grecs, se bassin inférieur du Caïque portail le nom
transportèrent sur le continent et hd- de plaine Apia, célèbre autrefois par sa
tirent une ville du même nom. Adoones fertilité. La route de Pitane (Tchan-

à la marine et au commerce, ils ne tar- derli) à Pergame suit les bords du


Cdijae; elle est bornée an nofdpiriuie
(i) Strab., XIII, 6t4.
(i) Strtboo. Xlll, 6x5.

Digitized by Google
LUNIVCRS.
chaîne trachjrtique qui forme les der- semblance frappante. Nous croyons doue
niers échelons du niOQt Gargare; la dis- sans forcer en rien les traditions hit>
tmee entra Tchand«rli et Pttrgame eit de toriques que ees deui tumulus doivent
vinf^t kilom. La montagne du chAtenu être considérés comme les tombeaux
domine toute la vallée et s'a perçoit d'une d'Augé et d'Andromaque. (Test une
distance de plus de vingt kiloiîietres. tout autre question de savoir si en rea-

lité ces deux héroïnes ont reçu leur

CHAPITRE XXVa sépulture en ee lieu; nous voulons seo*


lement dire que ces deux lertrps sont
PfiBOAMB. ceux que du temps de l*.iusanias oo
cousidérait comme leurs tumbeaux.
A rentrée de la ville de Pergame Si Ton s*en rapporte i la citatioa de
s'élèvent deux monticules couverts de Pausanias, Pergame a été fondée par
verdure et qu'au premier coup d'œil on le héros, fils d'Andromaque, nomnip
reconnaît pour être deux tumulus éle- Pergamus, et la veuve d'ileclor retrouva
vés de main d*lioninie. lia aont en font dans ce nom un «ouveuir de la citadelle
semblables à ceux de la plaine de Troie; troyenne. Nous pouvons croire eepea-
ils n'offrent à l'extérieur aucune trace dant que ce nom de Pergame a une
de construction. L'un d'eux porte le racine étrangère In langue prerqiie.
i\

nom de Maltépé; il a environ soixante Perg ou Berg, qui simiilie montagne.


mètres de haut et eentouarante mètres Il se retrouve aussi dans le nom de
dedianètra; rautreesta^une dimension Pen^, ville de Pamphylie qui est située
un peu moindre. Os monuments, qui exactement de la même manière que k
dateiii de l'âge héroïque, nous parais- Pergama de Troie et la ville de Per-
,

sent avoir été clairement désignés par gaine. Bien longtemps avant (^ue le site
Pausanias et se rattaehei' an nom et à la de Perga fût retrouvé, un critique avsit
fondation de Pergame. soupçonné que cette ville devait ooes-
Après la mort d'Hermione, Pyrrhus per un lieu élevé, et cette mnjecMre
épousa Andromaque, dont il eut trois s'est vériliee (I). Les premle^^ Medestle
fils (I). Après la mort de Pyrrhus, ses l'existence de Pergame se perdent daas
fils se séparèrent. « Pergamus, accompo* les ténèbres de rantiquité; la prêmias
gné de sa mère Andromaque, alla cher- mention, qui remonte aux temps biSUK
cher fortune en Asie, et s'etant arrêté riques, se trouve consignée dans le récit
dans la Teuthraoie, où régnait Arius, de Xeiiophou (2;. Ce gênerai trouva
il ma ce prinee dans un eombat singu- chez les frères Gorgion et Gongyleane
lier, se mit à sa place et donna son nom généreuse hospiulité, et partit de Per-
à la ville. On voit encore, car Andro- game pour faire une excursion chexlsi
maque l'avait accompagne, leurs tom- Perses, maîtres de la contrée.
beaux dans la ville. » Le même auteur (2)
frit misBi mentioB du tombeau d'Aofié, CHAPTTRB X'XVlll.
mère de Télèphe, qui se voyait à Per-
game. La descriptior) qu'en fait l'auteur ORIGINE DU ROYAUME DE PEBOAMB-
grec est aussi explicite que possible — PHILKTÎÎHE. — EUMIÎNE.
et se rapporte parfaitement an tn- Li position formidable du château de
mului qui s'élève à l'entrée de la ville. Pergame avait éie remarquée par Ly>i-
« Et encore aujourd'hui le tombeau
maque, qui le clioisit pour y dépoisr
d'Augé se voit a Pert?ame, qui est »in- ses estimés 9,000 talents on
trésors,
dessus du Caïque; c'est une butte de 47. 000, 001) de francs; il en ronli.i la
tenre (x.û)f^« t^(^ enloarée d'nn souhas- garde a Pliiletère de Hum en Haplila*
aement de pierra. » Ce sont presque les gonie (3). Ce personnage, qui d'un poste
mêm»-s paroles qu'Hérodote emploie
pour décrire le tombeau d'Alyatte et en Voy. trsd. d«
(i) Pline, »'J. de I770,
effet les deux roonumeuts ont une res- PoinMiiel, hv. V, ch. 3a,
(«) An«b.. VII. 8. 4.
(i) pMsanîai, Kv. I, ehap. lo. (9) StraboD, XIII, 6fS, dit qui! naquit a
(%) PSoMiiias, liv. TIll, ch. 4. lyàni en Cippadow.

Digiti^oo by Googl(
ASIE MliNEURK. 209

subalterne devait bientôt s'élever à la d'une grande partie de P^olide (i;.


souveraioe puissance, était iiis d'une Plus heureux q^u'Herraias le maître
^fiftff*— €t couitiuM nommée Boa. d'Assos, Philétère légua leg^uvernement
Il iTait éprouvé dans son enfance un de Pergame à son neveu iLumène, et ce
accident à la suite duquel il était resté prince, qui brillait par des qualités so-
eunuque ; cependant, guidé et prot^é lides, sut défendre vigoureusement
pur Dodme, officier de Tarmée d*Anti- rbéritage qu'il venait d'acquérir. An-
ligone. il commença à prendre part tiochus exigeait toujours l'exécution do
aux affaires publiques. Docime étant traité signé par Philétère; les deux
passé au service de Lysimaque emmena princes finirent par se déclarer la guerre,
avec lui Philétère, qui captiva Lysimaque et les enfirons de Sardes Airent eneora
par ton esprit d*ordre et d'éeonomie le champ de bataille où se décida la
et ce priocp le choisit pour son tréso- sort du lutur royaume de Pergame. An-
rier et lui donna le commandement du tiochus fut vaincu et mourut peu de
château de Pergame, où était renfermé temps après sa défaite. Eumene régna
le prédeiix dép6t. Pendant quelque viogt-deux ans et mourut Tan 241 a?ant
temps prinre (irer n'eut (}u*à se louer
le notre ère.
de la son intendant; mais
Udélité de
ce dernier, menacé d une disgrâce pro- ATTALE l*^
chaine par suite des intrigues d*Arti-
noe, femme de Lysimaque, n'imagina Attale 1"*, cousin et successeur d'Fu-
d'autre aioven de se sauver que de se mène, était fils d'Attale et d'Aiitio-
rendre indépendant. Tout dessein de ce cliide, filled'Achœus. C'est lui qui tut
genre trouvait infailliblement un appui le premier proclamé roi, après une
parmi les princes grecs rivaux ou ja- grande victoire qu'il remporta sur les
loux les uns des autres. Séleucusappuvn Galates (2). Aucun prince n'était venu
les projets ambitieux du ministre de a sou secours; les Gaulois, dont le nom
Lyiunaqoe, et ce prince ayant péri dans seul était un épouvantail pour les peu*
une bataille qu'il livrait a Seleucus aux pies de l'Asie, marchaient sur Pergame,
environs de Sardes, Philétère se vit en et l'armée d'Attale était glacée de ter-
possession du rang suprême, sans avoir reur; c'est alors que k prince s'avisa
en à combattre ses ennemis autrement d*un stratagème oui a été regardé de
que par le moyen d'intrigue habile- nos jours comme In première tentative
ment ourdies, et qui lui periuirent de d'un art qui ne devait se produire que
jouir pendant vingt ausd'un pouvoir peu bien des siècles plus tard; il écrivit à
contesté. Le traité passé avec Séleucus l'envers sur le creux de sa main le mot
pour lui restituer les trésors de Lysi- Nika (victoire) et Timprimant sur le
maque n'avait pas été observé, et' les foie d'une victime (jue l'on immolait,
deux allies étaient devenus des ennemis il moutra aux soldats étonnés le viscère

ÎRéconciliables ; mais le aort fiit encore portant lisiblement le nom de la vic-


ftvorable à Philétère; car après sept toire. Les soldats, convaincus de la pro-
mois d'hostilités Séleurus mourut vic- tection des dieux, reprirent courage; un
time de la trahison de Ptolémée Cérau- combat acharué eut lieu, et les Gaulois
nos. lurent mis en fuite. Gette victoire, rem*
mattre de Pereame était trop po- portée sur un peupla qoe l'on avait re*
litique pour laisser de nouvelles inimi- gardé jusqu'alors comme invincible, ex-
tiés se développer autour de lui; il lit cita dans toute l'Asie un enthousiasme
vademander le corps de Séleucus et indicibie; des tableaux représentant
ai^ loi aïoir rendu les honneurs fu- cette bataille furent exécutés et déposés
nèbres, il le renvoya à Antiochus, lils et dans les temples, Ton à Pergsnie, Tavtre
successeur de ce prince. A partir de ce à Athènes (S).
HHMneBt PUMttee put jouir tranquille*
ment du gouvernement de l'État qu*ll (c) Strabon, Xltt, e«3.
avait constitué; il contracta des alliances ('i)Strab., XIII. 614.
avec les princes voisins et put réunir (3) Poly«o., SUab^ BtUMaiw, ttv. Y»
aotts son pouvoir le gouvernement ch. 9.

14* Ucraium, (AtiB Minruab.

L.iyni^ed by Google
310 L*imiV£RS.
La puissance d' Attale, accrue par cette BDMBNE II.
victoire, le mit à même de se mesurer
de nouveau avec les rois de Svrie, ses Kum^ne 11, fih d*Attale et d*Apollo-
ennemis oaturels. Séleucus (!!éraunus nis de Cyzique, succéda à son père, et
marciin contre le roi de Pergame mais ;
demeura l'allié des Romains dans la
ce dernier sut adroitement se détaire guerre contre Antiochus et contre Per-
de œ nouvel ennemi. Sâeaeus mourut sée. A chaque vieioire it recevait dn
assassine dans les défilés du Taurus peuple romain un accroissement de ter-
pf (i;ms |p rnrMjie temps
Pisidiensles ritoire: il reçut de plus d'Antiorluis la
soulevés firent une irruption en Syrie somme de quatre cents talents tant pour
et iorcèreut Achxus, qui marchait cou* ce qui lui était dû que pour le blé qu'il
Ire Pergame, de revenir sur* ses pas. avait fourni aux rois de Syrie. Ma»
Dans ces conjonctures la plupart des tant de prospérité finit par faire nattiv
villes de r.4Colide et de la Mysie firent le soupçon de la part de ceux marnes
leur soumission ; les habitants de Téos qui avaient comblé de faveurs le roi de
et de Colophon envoyèrent les clefsde Pergame ^ il fut accusé de favoriser eo
leurs villes ; Cymé, Smyrne et Pboeée secret l'ennemi des Romains, et comme
forent annexées au nouvel État, et le an n'avait aucune preuve certaine, on
prince Attale fut proclamé roi. Il fit al- envoya Tib. Graccnus en Asie comme
liance avec la république de Byzance commissaire pour examiner la conduite
et sut également acquérir Tamitié des de ce prince. Aucune charge ne s'eiaut
Rhodiens. Cette ligue des deux répu* étevée eontre lui , sur le témoignaKo h"
biiques avec le nouveau roi avait pour vorable que le commissaire Gracclius
but de s'opposer à la tyrannie des princes adressa au sénat, les Romains reudirent
tarées, qui s'emparaient de toutes les a tumeue leur ancienne amitié.
«dtes et imposaient des charges intolé* Les mauvaises dispositions delà ré*
rables au commerce maritime. T^es rois pvbH<|ue avaient motivé un décret dn
de Bithynie avaient pris part dnns ce sénat en vertu duquel toutes les statues
conflit et remportèrent d abord quel-
, de ce roi seraient enlevées de la place
ques avantages sur le roi de Pergame; qu'elles occupaient dans les lieux pu-
mais eomme oe dernier avait fait alliance blietj Attale^ frère du rof« fit «a voyage
avec les Romains oontre PhlUppe de à Rome, et obtintlarévncaiinnèBdéeret.
Macédoine (f), il se trouva en mesure Sous le règne de ce prince une ambas-
de résister à tant d'ennemis, et put se sade (lu peuple romain débarqua au
faire restituer les provinces qui lui port d'Klee, et se rendit a Pergame dans
avaient été enlevée». la bot d'obt»ir la permission de trana-
Philippe, qui faisait la ^erre en bar- Sorter i Rome la statue de la mère dea
bare plutôt qu'eri prince civilisé, dirigea ieux, qui se trouvait à Pessinunte.
un corps d'arnjee contre Pergame. Tous La ville de Pergame dut à Eumène
ses efforts dans l'attaque de c^tte ville un accroissement considérable; il ré-
ayant été inutiles, il- tourna sa nfse para les ravages dei dernières guerres,
contre les dieux: il ne se contentait pas et eonstmisit des monuments mag^-
de brtller les temples, il brisait les sta- fiques, qui existaient encore du temps de
tues, renversait les autels et arrachait Strabon ; il fit planter et décorer le ISi-
jusqu'aux pierres des fondements. Les céphorium bâti par Attale. Polybe (1)
^toliens ajant Ibit la paix avee Phi- et Strabon (3) se eontentent de men-
lippe, ce pnnc€ retourna en Macédoine, tionner ce lieu comme un ensemble de
et le roi Attale accomplit en paix un temples, de statues et de portiques sans
règne de quarante-quatre ans. Il réunit dire quelle était sa destination. Une ins-
Ms ses lois tout le territoire qui s'étend cription que MUS avons retrouvée sur
jusqu'à Adramyttium et jeta les pre- le penchant de Taeropole de Pergame
miers fondements de la bibliothèque de nous fait connaître que le Nicéphorium
Pergame. était un temple consacré a Minerve Po-

(i)Toy««lwi'Voiftdell]!lliiiiM% p.5x^ (i) Liv. \\\, cil. I»^.


«
(«) Uv. Xllt; 6«4.
i<

Digitized by Google
ASIE MnSËDkK. 311

Met .Nicéphore , auquel était attaché miniaturiste, aui mettait les titres, les
n collège de prétrasies (1)1 Nous pou- ornements et les arabesques; le corps
Tcb jvéïuiner que cette inscriptioa se des copistes turcs, appartenant à la classe
trouTait sur remplacement même de des oulémas, s'est opposé lonjîtemps à
IVoceinte sacrée qui par conséquent dé- la propagation des livres imprimés.
pendait de TAoropolis. Cest une erreur de croire que le (>}ran
finëne fut réellemenl le fondateur contienne rien qui soit contr^re à Va*
éi cette bibliothèque de deux cent mille doption de Timprimerie.
voïames dont la perte est depuis tant il est siniïnlier que les Roiiiains» qui

(k ^ecles regrettée de tous ceux qui ai- ont conuu l'emploi des cylipdres, des
nt lu lettres (2 ). A6n de donner aux sceaux, et des tessères {gravées, puaient
copistes les moyens les plus faciles pour jamais eu Tidée de 1^ reproduction mé-
Wproduire les oeuvres littéraires, il créa canique de ÎVrnture; lè manque de pa-
fabriques de peaux prep;ireps |)our pier les arrêtés dans cette, voie plus
.1
'

novoir l'écriture, et qui depuis ce que tout^ autre cause. '


,

tnpi-lèoot^tiiiaervé le àe le fille mm ,

û cnie iodustrie a piîs naitsaBce, Per- ATTALB II.


miens' chartMj dont nous avons fnit
lif mot parchemin. Le
papvrus. dont on Kuinene mourut après un rejoue dt-
iiaufait usage jusque*la, était cher et quarante-neu^ anst laissant la régence
im fiMeatien difBeUe. Les prinoee a son frère ët le trône a son jeune fils,
grecs, maîtres de l*É|9ple, qui produi- qui régna sous le nom d'Attale 111. Il
sajtwjle cette plante, mettaient desobs- était lilsdeStratonice, lille d Anarathe,
Lad^ SUIS nombre a la sortie d'un pro- roi de Cappado(te. Attale II, Philadel-
duit doiiUa cousommation allait lOM" phe, frère d'Kumèoe, exerça eu réalité le
W^^paÊiÊMt\ lefabriestioiidupw- pouvoir suprême, mais peu s'en ftilut
cheiritQ aR|nit en peu de temps an qu'il ne fut chasSé du trône par Pnisias,
Hoppeiwntconsidérable et aujour- roi de Bithynie. Ce prince s'était em-
ville de Pergame se dis-
d'huietMvre la paré de P£rgame et avait renouvelé les
tmw par rhaUîleté de ses inaroqui- scènes de destruction qui avaient eu
Mi. Ls bonis du Selinin sent eou- du temps de Philippe. Mais les &o>
1^ fabriques de tanneries ut de
de mains forcèrent Vrusias à faire la paix
ni^jisseries,et cette modeste industrie, avec le roi de Pergame et à réparer tous
qui dans le principe fut si utile aux let- les domma^ ^'il avait iait aputt'rir .à
liB, pourrait plus qu'aucune autre, ré-
la ville. ,
.1 I

àmt dM titres de aoblesse, eu éiçard . Attale, pourse'prenger de cet ennemi


^ fantiquité de son origine et à un implacable, suscita contre Ud SOU pBOpre
'^err^ 'f> non interroB^Ni pendent plus fils Nieomède, qui le tua.
<i«*iiii!t siècles. Attale deviut alors assez puissant
Oftfoyait encore il y a quelques as* pour rétablir sur son trône (1) Ana-
•KiàGoiiaientinople le bexar des co- rathe* son beau- père, roideCappadoœ.
P'stK,qui pouvait donner une idée de Il fut maître de la WirvRie et de la
"ttle tadusirie dans l'antiquité et faire Painphylie, et bâtit les villes d'Attalia
CMiprendre comment un livre en re- et de Philadelpt^ie, auxquelles il donna
^ poerait êtve reprodtutsvee meMh son double nom d'Attale Philadelphe.
P'iité relative assez grande. Les eopisHi Dans sa fieiUesse U i^ligea les affaires
'>irnn étaient si bien habitués au publiques, s*en rapportant à son favori
^faclere et au format de ce livre que Philopcemen. Il finit par mourir empoi-
pttuoe ligne, pas un mot ne dépassait sonné par son neveu Attale PbiWmétor.
^ page.
U livre écrit brut passait entre les
. -ATVAt» tfl.
da latineur, de là entre celles du
'Le régne de ce .]u*une
pi inr»* ir. vt

î Vov. Description ele C Aur MitUUjr^ suitBde cruautés et d'extravagances ; U


11, p. a»o. ». »
,

(i) Sinbea, XUI, p.

14.

Digitized
913 L'UNIVERS.
secours et la protection des
avec le Attale I" 241 - 198
lît
Romains quelques guerres lieureuses à Eumène II 198 —
Attale II Philadelpbe. 167 — 137
137 — lu3
ses enneiuis, les Bitliyniens, et vainquit
iSicomède, qui ne fit plus aucune teD* Attale lit Philométor.
tative contre le royaume de Pcr- Aristonic prétendant. t3S — 139
ganie.
L*aneien royaume dePergame,rédidt
Altale II passa la fin de son rèi»ne
en province de Pempire romain, tonna
dans une retraite souvent troublée par
le déparlement qui ftit particulièrement
le remords, et avant de mourir fit un
désigne sous le nom de province d'A-
testament signé par tous les rois de TA*
sie, et l'administration du pays fut su-
sie,en vertu duquel il instituait le peuple
bordonnée aux lois de la métropole. Oti
romain son légntaire universel Popw
laissa cependant subsister cette appa«
lus rumanus bonorum meorum hiereê
rence de libertés municipales dont ces
esta, A
oe moment le royaume de Per-
an< iennes villes étaient si jalouses, et
game, qui avait commencé par le terri-
toire d'une ville, comprenait toutes les
sous le nom de communautés des villes
d*Asie (lj elles conservèrent certains
provinces centrales de l'Asie jusqu'au
privilégies. Les cérémonies religieustt
mont Taurus,
et les jeux publics furent présides par
Cependant la puissante république
un magistrat qui portait le litre d'A-
D*entra pas sans combat en possession
siarque, et les personnages les plus puis-
de 5ori liéritaîîe: Aristonic, fils naturel
armes sants briguèrent cet emploi. Des temples
du dernier des Attales, prit les
furent élevés en l^honneurde cette om- «

pour reconquérir le trône de son père.


munauté; on les appelait les temples de
Deux consuls entrèrent successivement
l'Asie (2) et la plupart des villes ne lar-
en campagne contre lui, et pendant trois
dèrent pas à suivre cet exemple; car ds
annéi'S la guerre se prolongea sans re-
étaient dédiés en même temps à l*em«
lâdie; plusieurs villes se déclarèrent
pereur régnant. Les jeux publies étant
en faveur du prétendant. Ce dernier
presque toujours donnés à l'occasitin
se vit bientôt à la tête d*une armée qui
de panégyries étaient présidés par 1 A-
remporta d abord de grands avantages.
siaruue et le temple était placé sous h
Tliv.'ifireet \pollonis furent prises, et le
juridictioa du grand prêtre. Une ins-
(langer parut assez grand aux Roniains
cription mentionne Diadochus comme
pour qu'ils jugeassent nécessaire de don-
grand pontife des temples de l'Asie a
ner le commandement de l'armée à un
per^oniiaizeeoiiMilriire. Publius (Irassus,
Pergame (3). Les villes de Sardes,
Smyrne, Cyzique eurent aussi te tnm»
qui entra le premier en cnmpnmie, fut
pies de Ta sie, et les jeux publîca pre-
tué à Leucœ, place d'armes d A risionic
naient le nom de
jeux d'Asie.
située aux environs de Smyrne; il eut
Dans concours (|ui eut lieu entre
le
pour successeur M. Perperna, qui mit
onze villes d'Asie qui briguaient l'hon-
fin n la guerre, mais qui mourut an mo-
neur d*élever un temple à Tibère, les
ment où il terminait la seconde cam-
prétentions de Pergame furent écartées
pagne. Aristonic, vaincu et prisonnier,
parce qu'elle devait être satisfaite d'a-
fut traîné à Rome où il trouva la mort
voir dé|à dans ses murs un temple
pour prix de l'audace qu'il avait eue de
d'Auguste et de Rome; des jeux sacres
disputer cette rtche proie à l'avarice des
avaient été institués en Thomiettr de
allies de son père (t). Tous les trésors
Tempereur. Dious Augustin sibiatque
des rois furent emportés à Rome, et un
urhi /{omœ temptmn (inncf P^rgamum
proconsul vint prendre possession du
sisd non prohibai/ y disait Tibère au
territoire au nom du peuple romain.
sénat (4) . Le gouvernement de Pergame
a (ivnastie des rois de Periiame
l

donnée par Slrabou est comprisse dans


i période suivante: Av. J.-C.
l
(1) Kotvov 'Atfta;.

Pliilétère l'eunuque. 283 — 263 {1) NmIvîîc *A(ri«K*


^ 241
. .

(3) Wtieler, t. ap. CifiuS Jiu


Kumène premier roi. SfiS
tiq., t. II.

(i).StraboQ, XiV, 646. (4) Tacit, AnnaL, I. IX., di. 3;.

Digitized by Google
ASIE HIMKURE. 213

aful aussi élevé un temple en rboD« qu'aux temps chrétiens ; elle eut cepen-
neiir de Tempereur Clau<J<". dant un effet réel, ce fut de crét r a P-r-
Parmi tant «ledivÏDités auxquelles les game une école de médecins dont
habitants de Perganie reud.iifut hoiii- Claude Galien est l'expression la plus
Baffe ia plus vénérée était sans eoDtre- célèbre. Leur principale étude consistait
£t Esculapp, précisément parce qu*elle à recueillir toutes les observations con-
ftait plus souvent en rapport avec les signées dans les archives du temple et
mortels. Son culte avait été apporté en à les réunir en corps de doctrine.
Asie par Archias, Gis d*Aristechrous, Per^ame fut une des premières villes
et mm temple avait droit d^asile. lia d*ou partit la lumière de FÊvangile pour
mande célébrité de ce temple était due s'eiendre s r toute l'Asie. C'est ainsi
aux cures merveilleuses qui s'acconi- qu'il faut entendre le titre d'une des
plisiaieut sous les auspices d'Esculape ; sept églises d'Asie oui lui est donné dans
Is oDalades étaient admis à oonclier ta PApocaiypse. Elle oevint ensuite le sié^e
uit sous las portiques, et ils appre- d'un éfccbé qui fut suffragant de
naient en songe l'usane des remèdes qui Smyrne, mais qui plus tard prit le titre
devaient les guérir. Ou retnanjunit daus de métropole. Dans division des pro- l i

reaceïDle un treuied orné de trois sta- vinces faite par Constantin Porphvro-
tascnor, celle aRseulape, de Coronis génète, Pergame fit nartie du thème
etëe Télespliore. Ofjseguium. Cette ville échappa pour
Le temple était situé hors la ville, toujours aux Grecs en 130G, lorsque
dans le quartier de l'ouest et près du les Seidjoukides firent une irrup'iou
théâtre (1). L'eniplaceuient de ce der- dans l'ouest de l'Asie. L'éiiur de Ka-
mt édifice étant connu « il serait pos- rasi devint mattre de la province , et
siUe de retrouver relui du temple. Pru- lui donna le nom
de Karnsi lli. Qud-
sas II, roi de Bithvnie, forcé d'aban- ?[ues années plus tard, en irîon. Karasi
dooner le siège de Per^ame, dépouilla ut as.sies5e dans Pergame par le sultan
le lerople de ses plus riches ornements. des Turcs, Orkhan. La ville fut prise, et
L*anle dTEieulapa était célèbre dans Karasi (ut assassiné; c'est ainsi que les
toute TAsie et ouvert à toutes les infor- Osnianlis s'établirent à Pergame. Le fils
tunes; mais dans les temps de trouble d'Orkhan. nommé Soliman, aimait les
il De fut pas toujours respecte plusieurs
; lettres et les arts; admirait ces ruines il

citofens romains s*y réfugièrent pen> merveilleuses qui embellissaient sa


daot l<i persécution ordonnée par Mi- nouvelle conquête; il avait épousé une

thndjle et furent néanmouls massacrés belle Grecque , fille de Jean Valatzès;


au pied des autels. Caius Fimbria , mais le sultan mourut d'une chute de
proconsul, abandonne de ses troupes et cheval en 1360, et les monuments an-
^opui dans Sylla un ennemi irréeon- ciens continuèrent à être livrés à la
obable, se réfugia à Pen^me, et, déses- destruction (I). Orkhan, en mourant,
pérant d'échapper à Sylla, entra dans le donna le î:ouvprnement de Pertrame à
temple d'Ji^cuIape et se perça de son Suleiman-Paclia ; depuis ce temps, elle
fait partie du sandjak dt Khoilawen-
Las empereurs romains firent de Per- kiar.
rne la capitale et la plus belle ville
leur nouvelle province d'Asie; elle CHAPITRE XXIX.
reçut en outre le titre de Néocore (sar-
dienoe des temples), qui est inscrit sur IMEBIEUfi DE LA VILLE, LES MUBS,
m grand nonnbre de médailles impé* L*ACBOPOLE.
riales. La célébrité du temple d'Kscu-
lape ne souffrit aucun préjudice du T. a d*'s<'riplion de Str.iboii sufiit pour

nouveau gouvernement, et des eii)pe- apprendre que, sous les rois grecs, la
revrt vinrent en personmrdemander la vdle de Perâame ne sortait pas de l'en-
santé au fited*Apollon. Cette confiance ceinte qui devint plus tard Vacropolis.
dans la puissance du dieu subsista ius-
I 1
) H.iiiMiu i , llistoirr des OlIom^Hi,
fc) AiUtid., Oral, jocr., III. tutu. [. l/[>rlicvnli(T, Troade^ loin. U.

Digitized by Google
Défendue au uoni ^ar u:i roc-hi r in- de souleuemeot d'une admirable cons-
franchissable, il droite et a gauche par truction L'un d'eux est légèrement en
deux ruisseaux turrentueux, elle u'etait talus; chuaue assise est en retraite sur
aeeessible que du e&té du midi. Des l'assise inférieure. Le mur tourné ati
chemins pavés de larges bIo(;s de lave sud-ouest est à bossages; il formait L*
conduisaient aux Propylées, et le tem- soubassement du grand temple On voit
ple de Miuerve Poliâde ^s'elevait ma- encoredes vodtes qui vieuuentsappuyer
Je^eosement au-d«i8us à$ remparts sur la face princ ipale, et qui empé*
qui ne furent jamais pris d*assaut. èbaieot tout aflaissement.
Presque tous les murs qui entourent grand temple s'élevnit au milieu
d*uu double circuit le Siominet de la cita- d'une area magnifique, et dominait ma-
delle daie&t des rpis grecs, et sont ^e la jestueusement toute la vallée du Caï q ue ;
plutbelleépoquederart. La matière n'est comme le Parthénon et le temple d* Assos,
pas ëpap^née, et l'appareil est exécuté signal.'iit au loin la situation de la ville.
.ivec uue magniûceuee toute royale. Les colonnes cannelées avaient 1"',43
En commençant Tascension de l'a- de diamètre; elles étaient corintiiieBnes
eropole, le premier édifiée qui frappe et de marbre blanc. Le voyageur an-
les regards est une sorte de palais dont glais Dallaway. qui visitait Pergame
les muraillet» sont dépouillées d'orne- y a soixante ans, trouva ce temple as-
il

ments; elles sont construites en petits ia bien conservé pour pouvoir en don-
moellons; on voit encore une enceinte ner les dimensions, et nous sommes
percée de fenêtres, et deux niches qui d'acoortj sur la seule partie que j'aie été
se correspondent. Cet édïQce était en- à même demesurer (2).
touré des portiques I eotoanes d'ordre Tout ce que J'ai pu retTOUver ii*afoit
dorique grec; mais les décombres sont que confirmer les conclusions de ce
tellement aeeumulés, (ju'il est difficile bon observateur. Kn descendant du côté
de reconnaître 1^ première disposition. du sud-ouest, 00 voit plusieurs murs
A partir dt mft endn^, le ebemin de de soutènement que Ton ne peut se las-
Tacropoie subsiste encore en entier; il ser d'admirer. Tant d*art et de luxe
est pavé en grandes dalles de lave et , employés dans des travaux de simple
de part et d'autre on aperçoit les sou- terrassement doivent donner la pms
bassements des édiOees qui le déco- hauts Idée des monuments qui déco-
raient. On suit ce chemin, dans une raient Pergame. Mais tous les murs de
longueur de 600 mètres, jusqu'à la porte l'acropolis ne datent pas de la même
du château; construction du moyen époque ; les Komaius y out ajouté des
ilge, dont les muraHles et les tours ouvrages qui sont remarquables par
sont uniquement composées de colonnes l'alliance de la pierre et du marbre,
de différents diamètres, presque toutes dans des bâtiments purement militaires.
de marbre. Quelques-unes sont à can- Du cote de l'ouest, les murs des tours
nelures demi-cylindriques, comme les et les portes sont Mtis en pierresde pe-
pratiquaient les Romains; d'autres sont tit appareil , alternant avec de grandes

cannelées à la grecque; d'autres enfin assises régulières, de marbre blanc.


ne sont que des cylindres à pans cou- I/identité de construction avec l'edilice
pés, tant les cannelures sont peu ëvi- que j'appelle la basiliiiue, et dont je
dées. À cdté de rentrée est un four à
chaux, gouffire où ont été s'engloutir (a) The whole ie'iglh of ihe Oli was
les derniers débris des temples et des thirty-four Tmi, of tbe complète grouiid plau
fiMiy-nîne, and of ihe Forlico tveolj, tb*
palais qui omaient Taeropolis; car le
soi de Pergame est volcanique, et la
Pillars of whirh were four feet m diamt* irr.
Itis, howeTW, «orthy
of rcniirk, that ibe
pierre à chaux rare aux environs
lori of tiM colamM are Miilptured wiih
Le chAteau de Lysimaque CD occu- wrralhs oflaurel, and tlir Frizes ha\e ilecp
pait le point eolminant. Toutes les fon- mode uf
CnlooD* of iIm stne, wiih «agl«*, a
dations enstent encore, et dans cer- dcevratioodMraderuingauiny cdifim crto-
taines parties on toit encore des murs ted in tbe days of Trajaa, wno, it is ihers-
forr a fair lappositioD, ww honoôred by thîs
ftlilire.

Digitized by Gc)
ASIË MiMURE. 214

parierai bientôt , me prouve que tous pour plupart caches a tous les yeux,
la
ces ouvrages sont de ia niéme époque. et qui cependant sont exécutés avec le
Les citernes sont arassi de construction même som que les plus beaux édifices ;
romaine; elles sont vastes et bien con- les quais de Pergame méritent sous ce
s^'nees. Dans tout le quartier qui et.ut rapport une meutioii spéciale, et les
appuyé à la pente de Ja moutagne, du ponts qui les relient, d'un caractère
c6te du sud-ooest, on trouve de grandes moins pur et moins sévère, offrent
vnijt->î, b:Uies en pierres de taille, qui sans contredit plus de grandiose et d*0'
ont (vrlaiueinent servi à établir les nî- ripinalité.
veiieuients des rues, et des ponts soli- Le Selinus traverse la ville dans un
deoMit construits joignaient les deux lit fort encaissé; et comme il est sujet
mes du Sefinus. Mais, du eàté du sud à des débordements considérables , on
OQ ne trouve point de trares de mu- a exhaussé les quais pour contenir les
nAies; il est même assez ditlicile de eaux. Tous ces ouvrages sont faits en
dire comment le théâtre et 1 ainphi- Srandes pierres de taille a bossage , et,
IkéHre avaient été reliés à Tancienne e distance en distance, des égouts s'ou-
ville, line église byzantine dTaneieû vrent pour donner tssne aux eaux de la
strie, e'est-ii-dire antérieure nu règne ville.
Justiiiien . s'élève sur la rive droite Le parcours du Selmns dans ia ville
(lu Selmus. Elle a été convertie en mos- de Pergame est de 807 mètres. On le
fiée par les Turcs, mais conserve ton* traverse sur cinq ponts, tous de eons*
jours son nom de Sainte^phlt (Ala trudion romaine. Le pont qui est eu
Sophia' Klle se compose d'une nef à amont de la ville a été repare a ditïé-
tlrtix coupoles, divisée par un grand rentes époques ; sa construction parait
«c, le tout en pierres ile taille bien ap- postérieure à celle des autres.
pwBiliécs; niaB il n> a aucun orne» Le pont appelé pont du MOBslonli
Mt ni aoeane sculpture qui puisse (de l'abreuvoir) estnn ootraffs romain
wider sur l'époque de foudalion de
1 1 sur des fondations îirecques. Il se com-
W, édifice. Sur la rivn t;.iuclie du Scli- pose de «leux arches tort inepnies, l'une
DDs, et dans l'alignement du pont ap- de 9'",i0, et l'autre de 12'",h0de dia-
pelé Mùagknik kouprou sott, sont les mètre. La rive gauche do Sattaw étant
rumes dVin grand palais bysantin , ou beaucoup plui élevée que la droite,
QUI du moins ne remonte pas au delà tous les ponts vont racheter ces deux
du mrnp* de G iHien. Tont un cùU' de niveaux. Le pont de Mousiouk était
ii rue est occupe par ia la(^ade , qui est décoré a son extrémité sud de deux co-
Varéée de fenêtras, et décorée de pHas» loiraes de marbre , dont Tune est eacoie
tTFs de marbre incrusta dans la ma- couchée près du quai.
fOQnerie. Un
portique y attenail, et les A côté de ce pont est un ouvrage des
coloDoes sont encore couchées çà et là plus remarquables; c'est un véritable
^ bng de la rue. Quelques colonnes tunnel de 196 mètres de longueur,
élaieot engagées dans la muraille ; on construit sur la rivière. Quel était le
îoit par les arrachements des chapi- but de cet ouvrage? Sans nul doute
tausL qu'elles étaient d'ordre corm- c'était pour former !e terre-plein d'un
tlnra. Plusieurs revêtements des fené- quartier de la ville. Deux voûtes paral-
tics, les corniches et on petit entable- lèles, ayant Tune 12™, 10 et l'autre
aMDt dorique sont encore en place. Un 12»,43 de diamètre, oalt été oDastmites
Grer, qui a quelque notion des anciens sur la rivière. Klles existent encore dans
édifices delà ville, regmle ce palais leur entier, et un vaste édifice anlii|ue
comme ayant appartenu a l'agora. occupe une partie du terre-plein qu'elle^
forment; cet emplacement eat couvert
tt 8KUNDS. LES ^ONTS. par des maisons très-serrées. Ce quar-
tier s'a p()eile Yerdéwé né Coeukdê
n n'est rien qui puisse mieux prou- (ni sur terre ni dans le eien; les murs
ver combien com-
les anciens étaient de soutènement de ces voûtes sont cons-
plets dans laon constructions que ces , tniHs en gianés bloea de niehyte, ap-
eovfagn d'utilité publique qui étaient pareilléit avec «mni et posés nitemati-

Digitized by Google
S16 L'UNIVERS.
vement de front et en boutisse. Les fond, à droite et à gauche duquel sont
parpaings de l'assise supérieure, qui deux cages d'escalier qui cooduisaieut
forme imposte, sont composés de deux dans les parties supérieures du bâti»
pierres, et ressortent en corbeaux ou meot. Les nicbcs latérales sont répé-
consoles. Les voûtes sont en blocage, tées au premier étage par des fenêtres
reliées de sept mètres en sept mètres exactement de même forme; et des
|wr des ara de pierre de taille. La voûte arrachements de marbre, qui se voient
qui se trouve sur la rive droite du Sell- encore, indiquent que devant ces ni-
nus a été percée dans son centre, et la ches il existait, à droite et à gauche,
lumière, pénétrant au milieu des capil- un portique de huit colonnes , dont
laires et des scolopendres, produit uo renlableiuent formait tribune au pre-
tableau d'un agréable effet. mier étage. Deux peliLs massifs de ma-
onneric, qui se trouvent au-devant de
CHAPiTRK XXX. entrée, et un arrachement vertical qui
paraît dans le mur latéral, prouvent que
LA BASILIQUE. ce portique se pourtournait devant
rentrée.
A rextrémité sud du tunoel eons* Daus la partie du mur latéral plus
tniit sur Selinua a'élève un vaste
le voisine de riiémicvcle, on voit des ar*
monument qui attire les regards de tout rarhemt^filsde marbre, au premier étajre
voyageur entrant dans la ville. De connue au rez-de-chaussee ; la restitu-
liautes murailles de brique avec des tion de cet intérieur est donc des plus
assises de marbre intercalées, des fdts feciles. Cétaient deux étages de porti-
de colonnes de différents marbres cou- ques l'un au-dessus de Tautre. Celui
chés dans le voisinage, tout imiiqne qui occupait la partie antérieure ( voi-
un des monuments les plus importants sine de la porte) était éclairé au pre-
de l'ancienne Pergame. D*après une mier^ Tautre ne Tétait pas.
tradition que le docteur Spon trouva Au milieu de Thémicyle était un
établie parmi les Grecs, cet édifice était massif sur lequel était placé une tri-
l'ancienne église de Saint-Jean, qu'ils ap- bune. En dehors du mur latéral on
pellent Aghios Tbeologos, et qui l'ut rui- voit aussi quelques arrachements qui
née par les Turcs. Tous les écrivains qui paraissent provenir d'un portique es-
ont parlé de Pergame ont accepté sans térieur, et plusieurs colonnes de
contrôle la tradition grecque, et pas un marbre cipolin sont encore couchées
n'a eu l'idée de tracer sur le papier le aux environs Les feu«Ures du premier
plan de TédiGce. pour voir si, en effet, il étage sont décorées d'assises de mar-
a été primitivement construit pour en bre; mais tout ce qui est sculpture,
faire une église. ornements frises ou architecture « a
Cet édifice se compose d'un grand complètement disparu. On ne peut
rectangle de 56" de long sur 26"' de juiier (If Tcpoque de la construction
large hors œuvre. Une porte de 7'",ô.> que par les matériaux et l'appareil, qui
donne accès dans rintérieur;à droiteet aont aussi Imms que possible.
à gauche de rentrée, il y a une nidie de Sans pousser plus loin la description
3"*,38 de large de cet édifice, il est évident qu'il n'a
La nef, dont la longueur totale est pas été construit pour eu faire une
de 42 mètres jusqu'à la naissance de église. On n'y trouve point les disposi-
l*bémieycie, est divisés en deux parties trona usitées chez les premiers ciné*
dans sa longueur. La première partie tiens , quand ils élevaient une église.
est décorée, à droite et à gauche, de Si l'on compare, au contraire, ce plan
cinq niches carrées, semblables à avec la description de la basilique par
celles du mur de face. A lô mètres de Vitruve, on y trouve une convenance
distance de rbémicycle, on voit sur le parfaite de toutes les parties.
termiu la trace d*un soubassement, et largeur de la basilique, dit-il (I),
le mur n*est pas orné de niches. Vient doit être au moins de la troisièiM
ensuite rbémicycle, de 10'", 52 de dia-
mètre, et complètement ouvert dans le (i) Vitrave, liv. V,clMp. L

Digitized by Googlc
ASIE MIUBURE. tl7
partie de sa longueur, ou de la moitié deux petits temples circulaires dédiés
îoji au |)i(ts. i^ous avoQS ici 42°* <le aux divinités protectrit^s du commerce,
loassur 21 ",40 de hrgfi. Le fond de OU deux temples d*Eseulape et d'Hygie.
bnef est occupé par un massif quisup- Le culte de ce dieu était très-répandu
[I rf ii! W clialcidique; les deux étages à Persame; mais il faut reconnaître
deouiuiines, IVsciilier qui dessert les qu'aucune indication ne peut appuyer
tnbuaes, tout est d'accord avec les exi- ces conjectures. Ce qui est évident,
jeoeedeVitnive. e*est que i* Pédifioe appelé église d*A-
Mai< la description que nous venons ghios Theolopos faisait partie d'un en-
(le donner u\st pas complète , et la semble qui est parfaiiement déterminé
j^raodenef n'était qu'une partie d'un dans le plan : les deux rotondes eu
tootque Ton retrouve avec un peu d*at- sont incontestablement des annestes;
mtioo. Sur la plate-forme qui est de 2** toutes les dispositions esigées par

rfuque oôté du chevet de la bnsiii jiip Viiruve pour les basiliques romaines
s'eleve un édifice circulaire, vivant sont parfaitementobserveesdans le plan
ll",72 de diamètre, et des murailles de celui-a ; 3" il est possible que les
Im épaisseur de 3*,50 environ. chrétiens et les musulmans Talent, s
Ces dau salles sont également bien une certaine époque , converti en un
foqservées: elles sont faites identique- temple de leur religion; mais sa cons-
ment sur le même pirm. Au fond de truction sinon antérieure aux temps
,

b rotonde est une


quadrangu-
retraite chrétiens, est faite du moins pour une
iaire de même dimension que la porte destination toute romaine.
(Tentrée, et deux autres portes de 3" ,60

de lanjeur sont percées sur l'axe per- CHAPITRË XXX.


(«uliculaire a à'entree. Une coupole
«maçonnerie couronne cette salle ,<
L'AMPHITHiàTBB.
fMt II hauteur totale est de iS^^l
iuv]u'à la naissance des voûtes. II ne Dans partie ouest et en dehors
la
prU pas que dans l'intérieur il y ait de la actuelle, il existe une ruine
ville
jdiuiiseu de plafond pour diviser la étendue que les habitants appellent
alfe CI deux éta<;e8. Les portes prin- Gun-ghel*me9s (le jour n'y vient point),
sont terminées en voûte qu'on à cause des galeries souterraines, dans
tppfWfansp de poîiier^ et des blocs de lesquelles on peut encore pénétrer. Ce
Rjrbre. encastrés dansle pourtour ex- monument , qui est souvent déc;rit
tmeur, semblent accuser uuc décora- comme un cirque, est un amphithéâtre
tion mi
a disparu. (1) dont les dispositions méritent d*étre étu-
A naissance des voûtes , en de-
la diées.
hn. une Iii:ne de modillons, et
fiait Il est établi sur un ravin profond,
hniliie qui apparaît au-dessous est dans lequel coule un ruisseau qui
tore de marbre orné d'entrelacs. La forme un des affluents du Selinus ; et
rotoDde de gauche , la plus voisine du toutes les dispositions que Ton ob-
lïuve, communique avec une salle serve encore dans Pédihce prouvent
souterraine, par le moyen d'un escalier que, dans certaines circonstances, les
belice. Cette salle est soutenue par eaux du ruisseau étaient arrêtées,
te piliers carrés ; était-ce une prison et que rarène de Tamphithéâtre était
Moue eiteroe? subitement convertie en un vaste
On pourrait hasarder des conjectures bassin.
uns nombre sur la destmation de ces Dans toute l'Asie Mineure on ne
deux rotondes; mais leurs plans sont trouve que deux ruines d'amphithéâtre.
Idknieoten dehors des édifices connus, Tune à Cyzique, etTautreà Pergame.
Tï'il impossible d*en trouver une Il n*en existe pas une seule dans le
s^uIptout a lait satisfaisante. T es G rocs Péloponèse, et Athènes se refusa tou-
•J*Pergaine appellent ces edilices 01 jours a élever un semblable édilice. Si
BQXOI, lai autels; ce sont peut-^tre l'on met eu parallèle les ruines de théâ-
tres qui se retrouvent dans chaque ville
(0 Toyft li pltoeiitt 3o. ancienne, on sera convalnca que les

Digitized by Google
319 L U M V lias.
Romain;; uiit trouve purtotit une repul- ou ( Il ^-uppliaut réclamer des ^e<•ou^^
sion extrême pour ces sortes de diver- du peuple romain, étaient toujours con-
tisseroents. Le^ stades, assez aonibreux . vies a ce spectacle ; et l'on vit un roi
'

eo Asie, suffisaient pour les spectacles d'Arménie , Tiridate , descendre lui-


3tti nigent de l'agilité, de Tadresse et même dans l'arène, et tuer de tanmin,
u courage. Mais ce (ju'on iiura de la en présence de Meron, deux taonaiB
peine a coniprendre c'est (jue
, ces furieux (1).
mêmes peuples « qui repoussaient les U est aujourd'hui démontré que tom
jeui de ramphithéâtre, ne se faisaient les amphithéâtres de pierre sont pos*
pas scrupule de former des gladiateurs térieurs au règne des Césars, et oa
pour aller les vendre aux Romains. On pourrait aller même plus loin, et dire
appelait ces troupes t\i milles
: de com- que le plus grand nombre de ces ediûcei
battants. Marc-Antoine en lit exercer a été construit dans une période assez
avant de les envoyer à Rome, où il limitée, et que Ton pourrait lenlenner
voulait les (aire combattre aux jeux de en trois siècles.
la victoire r.ç,hi tow; irtvfxiouç iy^uxq. Lesystème d'appareil est le seul
Une inscription de l'île de Cos tait men- moyen déjuger l'époque de la construc-
tion de la troupe de f;ladiateurs qui tion d*un édifiée sur lequel II n^existe
avait paru aux spectacles, sous Tar* aucun autre reosei^îiiement; et dans
chontat de Lucius Paconianus. An- toutes les provinces de l'empire romain,
térieurement à rétablissement de la les amphithéâtres offrent ntreeux une i

puissance romaine eo Asie, existai t-U plus grande re^emblauce qu'aucun


des eonfréries de gladiateurs qui ftii- autre genre d*édiiiee.
Baient leurs exercices aux funérailles En comparant un grand ttombe
ou aux pané}iyries , ou bien les Ro- d'amphithéâtres, notamment ceux de
mains out-ils transporte en Asie ces ISîmes et de Frejus, de Cimiez (Cerne-
jeux qui faisaient partie de toutes leii uelium), l'amphithéâtre Castrense de
grandes cérémonies (I)? On ne peut Rome, et eelui de Rusîcada en Afrique,
répondreàoes questions que par des con* on verra que les dispositions générales
jectures; mais tous les documents four- sont partout les iiK^mes, et In construc-
nis par les historiens tendent a prouver tion n'indique pas une diiference d'un
que les premiers amphithéâtres de siècle entre eux.
pierre sont des ouvrages tout romains, L'amphithéâtre de Pergame peut
et dont rorigiiiene remonte pas beau- être rangé dans la même catégorie; et
coup au delà du rè^ne du Titus. Au- quoiqu'il soit en grande partie dé-
guste avait eu le projet de faire cons- truit, il en reste suffisamment pour
truire un ampbitbâltre en pierre (2) ; qu'on en retrouve toutes les disposi-
mais œ projet ne Ait jamais exécuté. tions.
Pïous savons, au conlrniro. que plu- S'il est une chose qui prouve com-
sieurs amphithéâtres de bois s'écrou- bien les combats de gladiateurs étaient
lèrent ou furent incendiés, et causèrent peu goûtés en Asie , c'est la petite di-
de nombreuses catastrophes. mension de cet amphithéâtre, dont Pa-
La construction des uiéâtres, au con- rène a les mêmes proportions que celle
traire, remonte presque aux temps hé- de Cimiez, petite ville ignorée de la Li-
roïques. Du moment que les comhnts gune. Plusieurs auteurs, et notamment
d'aUilètes furent organises, la construc- Tacite (2), disent néanmoins que les
tion d*un édiûce pour jouir de ce spec- Romains ont pris des Étrusques les
tacle fut la conséquence de celle des combats de gladiateurs, il ne reste en
théâtres; il n'est pas étonnant qu'aucun Asie aucun monument écrit ou figuré
auteur n'ait pensé à signaler cette in- qui prouve <)ue ces jeux aient été en
novation. Les rois d'Asie, allant en amis Udage avant l'invasion romaine.
L'amphithéâtre de Persame est dans
(i) f^oy. lloacr. de la dédinee du tem- une position qui mérite d*étre étudiée,
ple <r Auguste i Aooyre, Jsu Kwreaira',
l.i". (i^ DioQ Cassiu».
'9) Âftnmies, liv. XIV, ch. ao.

Digitized by Google
A81Ë MINEURE
itmîcc coucourt a prouver que
qu'il quera daus le plau que le^ ^a i
i
du. .>

ksspeetaeles aquatiuues faisaieut né* grand axe ne sont pas saroblables. Ce


ecnairemeut partie aies divertiaemeata qui prouva que osa gsleries ont donné
que on offrait au peuple avec les chas-
I de tout temps issue au ruisseau. cVst
ses et les luttes (i*boinuies et d'aoi- qu'il existait è droiie ei a gauclie de
cliacuoe d'elles des couloirs qui con-
Le grand axe de rarène a seulement duisaient dans Taréne. 11 n'est pas pos-
61 mètres de loofçuenr, et le petit axa sible que eette arène, eonvertie en nau-
37 mètres. L'épaisseur des conslruc- machie, ait présenté assez de surf.ice
tions est partout de 43 mètres de large, pour y donner des joi'ites ; on devait se
ce qui douue 136 mètres et 128 pour contenter d'y taire coiubaitre des ani-
les axas extérieon. La difléreaoe n*é- maux amphibies, des crocodiles, des
tact que de 8 mètres, le monumeut hippopotames, que d*habiles nageurs
devait paraître circulaire et le ^rand ; allaient attaquer an milieu des »mu\.
nombre de gradins , qui , deduclioa Quel(|uefois des troupes de uyuiplies,
iiaite des précioctions , devaient s*é- jouaut de la conque marine, venaient
lever au moins à trente, diminuait eu- varier les exereices nautiques.
eore pour Toeil le^dimensionsde rarcue.
Les constructions du portique d'en-
ceinte sont extrêmement massives, et
les galeries se trouvant bon de propor- On conservait dans la grande salle
tion avee les épaisseurs des pilasM. d'un bain turc un vase de marbre de
La galerie du grand axe offre au con- grande dimension dont les sculptures
traire un développement inaccoutumé, avaient de tout temps attire Talteution
tant dans sa longueur que dans sa lar- des voyageurs. Spon est un des premiers
eeur. Cet axeest oriente, à peudeebose qui aient signalé ce monument. Nous le
près, nord et sud ; la galerie du nord retrouvâmes en 1837 et vers cette épo-
C qui est à droite) se trouve pour
celle que le sultan Mahmoud fit hommase
ainsi dire suspendue sur Tabime. Un ra- de ce vase au gouvernement français ;
vin tres-eiicaissé, et dont les rives sont à il est aujourd'hui conservé dans une des

pic, se prolonge dans toute la dirae* galeriesdu Louvre. Ce vase eatde forma
tion de Tate,^ il est indubitable que ce ovoïde sans base ni col il est entouré
;

laiTKe fosse était couvert par un plan- d'un bandeau sur lequel sont sculptés
cher de bois, car il n'existe aucun arra- douze cavaliers courant au galop. Des
chement de maçonnerie. cannelures et des entrelam complètent
En pénétrant avec beaucoup de diffi- la décoration, qui ne manqua pas de
culté sous le sol de cette galerie, on ar- grâce. Les opinions se sont partagées
rive à une porte qui donne dans le sur la destination autant que sur la
vide. Il fallait encore la un système d'es- forme première de ce monument. On
calieisou de plans inclinés en bois. Il voit sur certaines médailles de Pergame
est probable que les gradins étaient de un vase d'une forme presque sphérique
mém** matière. contenant des palmes destinées aux
largeur des arcades est égale à vainqueurs des jeux. On a pensé que
celle des piliers, ce qui dounait à Tédi- tel avait été l'usage du vase de Pergame.
Gce un aspect assez lourd. Toute la D'autres ont imaginé que la monument
Emière précinction était en contre- était incomplet et qu'il avait autrefois
du sol extérieur ; les galeries com- une base, un col et cles anses; en un mot
muniquaient (le (ien\ en deux à cette que c'était un véritable cratère monu-
précinction. Lei> autres arcade:» don- mental comme les anciens avaient Tha-
naient accès aux esealiers t|iii condui- bitude d'en dédier dans les temples ou
saient dans la partie supérieure. Il
y d'en offrir an présent comme symbole
•ivait dans le pourtour de rcdifice d'une alliance contractée. Les Lacédé-
quarante arcades, plus celles qui cuni- uioniens, ayant accepté l'alliance pro-
muniquaient aux axes; mais les ar- posée par Cresus, firent faire un cratère
cades du petit axe n'étaient aucune- d'airain orné jusque sur les bords de
ment distinguées des autres. On remar- figures sculptées, et voulurent en faire

Digitized by Google
ne LUNIVKIIS.
présenté Crésiis(l). Ces vases étaient ludépeudaiument des vases de forme
dtisttnéi à mfller Teau au vin daos les ovoïde gravés sur les médailles, on peut
sacrifices et les festins ; leur dimeosioii eiter un monument de même forme
est à peu près invariable; ilsoutia oon» conservé dans le musée de Munich et
teonnce de six amphores. qui fut découvert dans l'île de Rhodes;
Le vase de Pergame fut découvert en il est décoré d un bandeau sur lequel
1850 par nn descendant du prince de sont représentés des dauphins et des né>
Karasi, nommé Kara Osman Oftiou, qui réïdes ; c'est un ouvrage ^rec. Cet exem-
vivnit exilé dnns un fief des environs de pie peut donner raison a ceux qni pen-
Pergame. Deux autres vases de marbre sent que le vase de Pergame est com-
furent découverts en même temps, et plet.
comme Us étaient d*une dimension peu Le pays situé au sud du Caîqne et
commune et faits d'un seul blonde mar- au sud-ouest de Pergame a été re-
bre, Kara Osman en fit présent nu sultan, gardé par quelques géographes anciens
qui les plaça dans ia mosquée de Sainte* comme faisant partie de la Mysie jus-
Sophie ou on les voit encore aujour-
, qu'à Thyatire, qui, selonStrabon, « était
d'hui. Le cratère de marbre étant cou- considérée, par quelques-uns, comme la
vert de figures ne put être affecté à tin dernière ville de la Mysie; mais la vallée
«•

usage religieux et fut placé dausiebain, du Caïque, formant une limite péoiira-
où il resta Jusqu'en 1837. pbique naturelle, les villes situées au sud
du fleuve seront mieux placées dans
(i) Hérodote, liv. I, ch. 70; iM., lir. I, TifColide et la Lydie.
cb. 5i.

Digitized by Google
I

LIVRE IV.

ifiOLlDE — LYDIE.
tu A PITRE PHLiVilEA. ayant succédé à celui des princes troyei's
dans toute la contrée qui avait été ra-
iItaBLISSEMENT des ^LIBIfS 8UB vagée par les Grecs , il est à croire que
hk C^E D'ASIE. les nouvelles colonies s'établirent avec
le consentement des monarques ly-
T.os /Koliens à leur arrivée eu Asie diens, ou que du moins leurs comptoirs
pof^sédaieiit les tmw
qui entourent le furent tolérés par oes princes, qui n'a-
L'Dift' jii«;(ju"à !a montagne sur laquelle vaient pas la marine en grande estime.
Siuvrne est assise ; et à celte épo(|ue le Quelques familles aioliennes avaient re-
golfe était appelé golfe de THermus. » monté l'Heilespont et s'étaient arrêtées
Ce passage de la vie d*Uonière (1) par dans le territoire de Cyzique ; les Phé-
Hérodote ilétermine clairement les li- niciens occupaient déjà plusieurs comp-
mites sud du territoire de l\4^olide il ; toirs sur ces côtes. D'autres familles
s'étendnit au-delà du fleuve Herinus s'étaient Usées à Ténédos et dans la
et ooni prenait !a montagne du Sipyle. grande Hccalonnèse (I). Mais ce fut
Au nord T.-F.olide bornée par la
était surtout l'île de Lesbos qui devint le
Teuttiranie ; limitrophe de la
elle était siège de la puissance a^olienne. Elle
Lydie du côté de Tout ce pays
Test. étendait sa protection sur les différents
était occupé par les Pélasges, maîtres au centres de population épars sur la edte
pavi depuis le tnont Mycale jusqu'au d'Asie sans avoir rien a redouter des
golfe d*Adraiiiyttium. Cê peuple avait peuplades barbares et inhabiles à la
aussi occupé lesilesde Lesbus et de Chio. navigation, les frères et 1^ Lél^es, qui
Depuis ta chute de Trote toute cette occupaient aussi cet rivages. Mais à la
contrée é'ait exposée à des guerres con- faveur d'une communauté d'origine (2),
tinuelles. Les iîls de Tantale, chassés les nouveaux colons obtinrent de la
de Sipyle. avaient passé en Grèce et nation pélasge quelaues districts situés
avalent appris aux populations du Pé- entre le Calque et f&rmus; ces dar-
loponnèse qu'il existait non loin de niers possédaient des châteaux et des
leurs côtes un pays accessible aux tri- villes fortifiés, notamment Larissa; mais
bus aventurière^ Les compagnoDS ils avaient été fort affaiblis çar la
d*Aganieninon n'étaient pas tous re- guerre de Troie (8) Les Grecs parvinrent
.

tournés en Grèce après la ruine de a les dominer, et les incorporèrent


Troie, après avoir erré sur ces côtes dans leurs nouveaux centres de popu-
incouuues, ils avaient fondé plusieurs lation. Les écrivains grecs remarauent
Tilles; Moesthée et les Athéniens qui que le peuple pélasge 6nit par oispa*
Pavaient suivi sur la côte d'Asie avaient raître à l'époque où les /Loliens et
fondé la ville d'Rléo Les /Eoliens, les Ioniens vinrent s'établir en Asie.
chasses de leur pays par les Thessa- Nous devons en conclure qu'il s'opéra
licfls venus de Thesprotle (3), n'arri- «ne fnston entre les peuples de même
vaient donc pas dans un fàijs tout à race. Les Léléges, nti contraire, furent
fait étransor. Leur première migration repoussés vers le sud, et s'établirent sur
remoute a soixante ans après la jsuerre les frontières de la Carie, où on les re-
de Troie ; elle est contemporaine du re- trouve dans les siècles suivants.
tour des Héradides dans le Pélopon-
nèse. Le pouvoir des rois de Lydie (1) HérodolP, liv. I, ch. i5f.
(a) Héro(lolf,VllJ, 176. Slraboo, XUI,
(i) Hérodote, ^i/a Uomen, 6o3.
(tt) Hérodote, Vif, 176. (S)8lralMiHXni,$»9.

Digitized by Google
L'UiVlV£RS.
premiers MuAwta qui s*aven-
Lcfl eox le commerce était libre, et aneno
turèrent sur les côtes étaient conduite droit ne grevait les navires à rentrée
par Penthile, fils d'Oreste, roi d'Argos. ou à la sortie du port Ce premier essai
Ils s'établirent daus Tile de Lesbos, et de libre échange, lente il y a plusdedeux
cette lie fut considérée comme la ca- mille ans, n'était pas du goût des autres
pitale des villes seoliennes (I). Les villes grecques. Aussi les Gyméent,
autres Grecs arrivèrent quelques années loin de trouver des imitateurs, étaient-
plus tard sous la conduite de Gras , pe- ils taxés de bêtise et d'ignorance par
tit-ûls de PenUiile (2) et s'établirent leurs voisins, et on inventait sur leur
sur cette partie du continent située compte cent histoires absurdes. Ln
entre rionîe et la Mysie, à laquelle iU Grecs railleurs allaient jusqu'à dbs
donnèrent le nom d*'y£olide. qu*ils ne connaissaient pas un âne, et
Dans le dénonibrement des villes a'o- que la voix de cet ntiimnl retentissant
liennes donné par Hérodoteil eu
y (3), pour la première fois avait fait tuir les
a une au nord du
seule, Pitane, qui est habitants de Cymé (1). Cet état de li-
Caïque, c>j»t-à-dire en dehors du terri- berté du commerce maritime n*endan
toire de ri*x)lide; les douze villes pas moins pendant trois cents nns 1/5
aeoliennes sont: Cymé, Larisse, ISéon- fr;iis nécessités par les guerres le iireot i

tycbos, Temuos, Cella, ISotium, Ai^^i- saus doute modifier. '

rœssa, Pitane, É^dse^ Myrina et Gry*


nium. Une seule ville, Smyme, fiit dé-
U sol de l'iColide était d'nne
lité eitréme; les auteurs anciens vaa*
tachée de la ligne aeolienne pour ^tre tent aussi le sol de la plaiue Apia ou
jointe à rionic ; aussi ces deux pays de Pergame; mais le climat était moins
j

turent-ils en hostilité jusqu'au mo- saiu que celui de i'Ionie, sans doute a
ment où les Perses firent une irrup> cause des nombreux maiéca«s gui se
tion dans Iss États de Crésus. Alors les formaient déjà et quionléléTobjetéM
peuples Jurées se réunirent; les ^tioliens remarques des historiens (2).
etles Ioniens envoyèrent a Sardes des La soumission volontaire des .€ith
députes puuruflrir a Cyrus de se recon- liens à l'empire des Perses épargoa i
naître ses siyets ani mimes eonditiotts leur contrée les désastres que soufiri-
que les Lydiens (4). rent à la même époque plusieurs villa
T,e pajrs occupé par la confédération des côtes.
aM)lienne était en realité renferme Ils furent compris dans la première
entre TUermus et le Caïque, et com- satrapie dite bellesponiiue et contri-
prenait certain nombre de petites villes buaient pour leur part aux quatre cent^
nsoes de la population de Cymé. Stra- talents que payaient les sept peupin
bon en porte le nombre jusqu'à trente; reunis sous ce gouvernement. A la
mais de)a de sou temps elles étaient chute de la monarchie perse, les y£o-
Cour la plupart réduites à Tétat de vil- liens furent soumis à Antiochus, cl
ige. après la chute de ce prince, ils forent
Les côtes de l'/Kolide, qui présentent annexés aux possessions d'Kumène et
aujourd'hui une ligue de plages maré- suivirent en tout point le sort du
cageuses, étaient, alors pourvues de royaume de Perganie.
ports eieellents; aussi le commerce
maritime sV était-il développé avec une CHAPITRE 11.
grande activité. Le plus ^ùr revenu
des villes aeoliennes consistait dans VILJL&S I>£ L'ifiOLlOB. — ÉUS*
les droits perçus a l'entrée et a la sortie
des navires. Les habitants de Cymé sui- La viUe d^Élée était située à douii
vaicotdeB règleoMUti eontnires; chei stades au sud de rembouchore du Caj- ,

que une mauvaise condi- I

; cVi.iit déjà

h) Strabon, Xm, «i6^ FknMiiiM, 1. V, lion tupographiijiie. Ln effet tous les

rh. IV. portâ de mer places a remboudiursdtf


{vi) jpAimnias, Iît. IIT, ch. st.

'H) Hérodote, Hv, I,rh. 149. ( () SiralM>u, XJII, 9m%,


(',) }lêixMlole, liv. I, rJi. t\s.

Digitized by Google
ASIE MLNbURE. 223
risières sontsujets à l'ensnblpment. m ronJe envoyé dans le Ponl ei It Bi-
fois,

tlee était le port et l'arsenal de Per- ihjuie; Euphraiu* Mdrcrilus Epulon ( h»-
game ^ lorsque nous visitâmes ces côtes, Dore)l6 bienfaiteur ei le constructeur di- lu
Mur SDcieii état était tellement change ^'l^*
que nous eûmes de la iteine à péné- r., , . .

trer ou milieu des marais jusqu'aux


conviction ou étaient les
lagunes qui formaient autrefois le port. «• «»«» »Wf »• P»-
Lm alln^oos du Calqae se sont afas-
'"""'^ J'''"''''^^' "'.'^''^^ riMcrir.>
cées de plusieurs milles dans la mer. ^"î" ^
T^^'"'
' ^'^^ monument
Une barre .le snble encombn^ l'entrée Waplnqueque nous ait otlert la Sa-

du fleuve. Toute celle cote est absolu- ""ï *"î„? .

roentdéserte^sansdoute àcauscderair
Le« W^ens croyiiêM que 1 air du
pestile-tiel qui émane de ces marais. ^'9'^ impropre a la
P^^f
st d.îlicilp dp se peindre l'aspect de des mulets ;
ils envoyaient
îl.
Fll"^'*^"
ruioe et de desolalioM que présente «aw «» ««^
cette eôte de l'iColide; pas uo bâU- If^r ^'^s fme
féconder par âes knes {i),
^î^*"^^"^ autre raison, on attribuait ce
ment ne vient mouiller dans ces pa-
lait a une malédiction particulière; car,
jgg^g
la remarque d'Hérodote, Il nV
Jugeaul impossible d'aborder par
mer, nous no^s rendîmes à Pitaoe etïà f ^'^
<«Hf aPI*wnto m
nous prîmes des chevaux pour ahorder ^«'"P^rature m dans aucune autre ar-
du côte de la terre. consUnce locale.

Une terme turque où nous ne trou- ..h^^ ^^^^ le village le pluavoinn


vâmes que deux ou trois habitants, qui ^
f.^^abondamment
î,
pourvu de
fontaines ninis les mon-
néiiie n'y passent pas la nuit est la ,
;

seule construction dHa luoderne Klee ; environnaijlessout arides et p«l


detforêisde joues et de souchets servent P«"Plees; les tobitants se proeurept de
d'abri à une multitude d oiseaux aqua- |
-ternes.
^"^^ ™ ^ «*•

tiques des races les plus variées.


fallait pourtant fixer le nom mo- ^ lieue au sud de kitché keni
Il

deroe de cette ville, qui vit si souvent


Jes vaisseaux romains apporter d'in-
®" P..^^ ^ ?
appelée

^"''T
Kondoura
^^"^
oombnbles légions, qui fut témoin de «l"«°«^ ""^^^^ P'*?'^
la richesse deTAtmles. t de I,. lutte de-
tainement sa souroB dans la contrée
sesperee de Mithridate. C'est .i hlee que volcanique de la LydiOl flBf let «aillOUX
Scipion, reste malade au moment ou il ^«
^"""^ vol. Mmque; "J"
il nourrit une crande
antlvproDaitUgiierre contre Antiochus,
rerutde ce roiTIrprésent l.i.n eh.r. la quant'|e lortu^ aquaUques. Ce
liberté de son jeune Uls (lui avait été
fût prisonnier en naviguint dans les
^urs deau ne peut «tre
Xauthus a 1 embouchure duqud
Vf^J^ était
située 1 ancienne Mv rma.
nen d*£ubée.
Tout souvenir de ces temps s'est ..^^a topographie des villes de l'yfio-

évanoui. Elee s'appelle aujourd'hui j'de est exactementdetermiiiee par Sdra-


Io</i/flAa5/fi*(lasalineauxoies).(2uel- (2); on peut la léiamer dans le ta-
^f» suivant :
quet pignons de murs sont les seuls
vesti;î» s visibles de l'ancienne ville.
"»^"
^ Pitaue, emboochuK
^
Nous découvrîmes cependant au milieu (luCaïaue.. 30 6,520
dei> jonc* un bloc de marbre grisâtre y\^\^^ IJ 4,208
anr Je^ noua lûmes cette uiaerip- Grvniûiû.' .
'
JO 6,520
Myrina 40 8,360
Le lénat et le peuple ont lieMtrè Titus Q»né 40 8,360
Ju'i.H Qtiadratus, ronsul , prtiron^ul ^W' Neontvchos 9» 6,W0
Crète Kl de Cjrene, envoie d« l'eiu|ier«ur l^nsse 70 t3,880
éàm h pfgw aec de Gip|MMloee, «nvoyé de
iVmprteurel lieuieuant général de Lycic «t (i) Hérojlot**. ii». Ï9f io,
de Panpbjflte, rnvové ru Asie pour la («) XIIl. ('>t4-(>aa.

Digitized by Google
M4 L'UN
La ville de Grynium fut d'abord jours restée au pouvoir des Perdes.
fondée daos une Ile qui s*est trouvée La maritime de Mvrina u\ait
ville
par te suite réunie au continent. Elle un port et un arsenal dont les venigim
était eéièlMre par un temple d'Apollon ont disparu sous lesalluvions. Selon P.
bâti en marbre blanc et qui jouissait du Mêla cette ville a été fondée par My-
privilège d'avoir uu orarle, comme la rinus, un des premiers chefs de colons
plupart des sanctuaires de ce dieu. Le arrivèrent sur cette côte. Straboa,
Sji
temple d*Apolioii Grynéen était cé- . us attaché *aux traditions homéri-
lèbre dans tout le monde grec; il est ques (I), prétend qu*elle fut fondée
cité par Virgile en deux passages dif- par l'Aniazoïic Myrina qui est enterrée
,

férents (1). La ville de Grynium apparte- dans la plaine de Troie. Elle prit le
nait aux babitauts de iMyrina, et du surnom de Sebastopo is (2), sans doute
tempe de Pline, elle était déjà déserte. f»arce quelle fut reconstruite par la
Xénophon nous apprend que le roi de ibéralité de Tibère (8) après le grand
Perse Artaxerxès fit présent de ces tremblement de terre qui ravapea
deux villes à Gongyle Eréthrien qui douze villes d'Asie et principalt-fnewl
avait été banni de son pays pour avoir celles de T^lide. 11 a ete remarqué
fiivorisé les intérêts du roi de Perse (2); qu'aucune médaille ne mentionne ce
ce même Gongyle était déjà maître de surnom.
Pergame. !Von loin de "Nîyrina se trouvait un
Grynium fut prise par Parménion, et autre mouiHaj^e appelé Portus Archi-
depuis ce temps échappa à te domioa- vorum près duquel était un autel de
,

tioo des Perses. douze dieux


Les ruines de cette ville ont complè- table de Peutinger marque doute
tement disparu de la surface du sol; milles pour la distatice entre ces deirx
mais il y a quelques années les Grecs villes, soit 17 ktl. 74». Ce qui s'ac4»rde
de Méoimen, qui construisaient une avec les distances données par Strabon.
édise, entreprirent des fouilles sur rem-
placement du temple et parvinrent à CHAPITRE m.
extraire de grand»: blocs de rnarbre
blanc qui furent employés dans la cons- CYMÉ.
tnietion nouvelle.
L*em placement de Grynium est au- Deux chefs aeoliens, Ctévas et Ma-
jourd'hui un terrain vaiîueet sans nom ; laûs, étaient partis en même temps que
il est situe sur la roule directe de Per- Penthile pour aller s'établir sur ie^i
game à Smyrue ; les distances sont don- côtes d'Asie. Ils fondèrent Cymé, qui
nées par le tableau précédent. devint la plus célèbre et la principale
Si l'on doit s'en rapporter à une note ville de la confédération, et pour se
insérée dans la traduction française de rappeler leur ancienne patrie, ils don-
Strabon (3) , les ruines de ce temple nèrent à la nouvelle ville le surnom de
étaient encore visibles au commence- Phriconis, du mont Phrîcium en Lo-
ment du dernier siècle. Une inscription cride (4). Suivant Strabon et Mêla, le
copiée sur la porte est ainsi conçue. nom de Cvmé lui fut donné par une
« A Apollon Fatidique, Philsetère fils Amazone (5\ A cette époque, la tradi-
d'Attale. » Ceci concorderait avec les tionmythique des Amazones était dans
faits consignés dans Hérodote que les toute son expansion, et un grand nom*
anciens temples de TAsie furent brûlés bre des villes de ces cdtes, Smyme,
par Xerxcs; on ru» peut donc y rencon- l*".plièsc, .Myrina , sont censées avoir
trer à peu d'exceptions près que dps mo- rertj leur nom de quelques-unes de ces
numents religieux postérieurs a Alexan- iiéioïnes. Cymé fut fondée vingt ans
dre. Si ie temple d^Assos fait exception,
i*est que cette ville est presque tou- (1) XIII, M,
(7) Plint-, V, 3a.
(i) \ irg.. Ed., VI, :a. IV, Îi5. (3) T«cit., Annal,, 11,4;.
(a) Xéiiophoii, HeU.f III, 1,4. (4) Simb., XIII, (Itu.
(3) T. rV, p^. 936. (5) Mëa, 1, 18.

Digitized by Google
ASIE MINEURE.
après que iSoliens Tarent établis à
IflS trape de Lydie Artapherne marcha
Lesbos, etSmyriM fut bâtie dix- huit sur TiColide et sonroit toutes les
ans plus tard. Lf. coinmeree que fai- villes (1 j. Celte campagne était surtout
saient les peuples pélasges avec les entreprise contre Hystjee, qui avec ses
Phéniciens protita aux nouveaux colons, Lesbiens faisait des descentes sur les
qui étendirent leurs poçsenions au delà côtes de VJEolvit pour se procurer des
des limites de PiEolide. Ils allèrent vivres. Cymé resta soumise aux Perses
exploiter les mines de fer du mont Ida jusqu'à la chute de Darius, et c'est dans
et' fondèrent Cébrène (l*). Les Cy- son port que se retira le reste de la
méent étaient priDcipalement adonnés Ootte de Xerxès après la bataille de
au commerce et se rangèrent volon- Salamine (2). Pendant toute la période
tairement sous rautorité des rois de qui suivit les sanglantes batailles contre
Perse. Ils trouvaient dans cette nouvelle les Perses, jusqu'au moment où la ré-
position de grands avantages à se foire sistance de Mithridate et le soulève-
les courtiers du commerce intérieur ment d*Aristonic suscitèrent de nou-
de TAsie avec les contrées de TOo- velles guerres, « les Cyméens restèrent
cident. tranquilles (3j. » Ce mot de l'historien
Cette soumission h la Perse ne les Épbore, rapporté parStrabon comme
empêchait pas de conserver une cer- une raUierie, montre la grande diffé-
taine indépendance dunl les Cyméens rence qui existait entre le caractère des
donnèrent la preuve dans une circons- i^oliens et celui de leurs voisins les io-
tance importante. Le Lydien Pactyas, niens.
poursuivi par le satrape Mazarès, Successivement soumise aux rois de
après la ]»rise de Sardes, vint cher- Syrie et à ceux de Pergame, Cymé
ciitr un refuge à Cyiné Mazarès fit
: passa sous la domination romaine avec
demander le fugitif; mais après avoir ce dernier royaume ; mais elle conserva
consulté Toraclc des Brancnydes, les toujours une apparence de liberté. Le
habilans refusèrent de livrer leur liùle, tremblement de terre qui ravagea
ei lui facilitèrent les moyens de passer l'/Kolide, sous le règne de Tibère, se
à Mitvlène et de là à Cbio; c'est dans lit égalemenl sentir à Cymé; elle fut

cette Ile 4|oe Pactyas fut livré aux Per- restaurée par la libéralité de Tempe-
ses, après avoir été arraché de l'asile reur. Apres la division des provinces
qu il avait cherché dans le temple de faite par Dioclelieu elle fut comprise
,

iMinerve Poliade. dans la province d'Asie sous la métro-


* Sous le règne de Darius Cymé fut pole d'Ephèse (4). Quelques inscrip-
complètement incorporée à la satrapie tions, tirées des ruines de Cvmé, attes-
hellespontique gouvernée tyranni-
et tent qu'elle était organisée administrati-
quement par des Pendant les
satrapes. vemeut coumie la plupart des villes
troubles fomentés par Aristagoras, fils d*Asie; elle avait les conseils du sénat
d'Héraclide, tyran de Milet, les Cy- et du peuple , et les magistratures se-
méens, saiii-fails de Tindépendance dont condaires. Les temples, le gymnase, les
lis jouissaient, se contentèrent de dé- portiques sont mentionnes dans cfis
poser Aristagoras et de renvoyer en inseriptions. Au cinquième siècle elle
exil. arait le titre de ville épiseopale. Uaxi-
Les prirent une part indi-
/Koliens musj son évêque, assista au concile
recte a la révolte d' Aristagoras, et les d'Épnèse. Le voisinage de Phocée et
vaisseaox lesbiens, au nombre de surtout de Phocée-la-Nenve, bâtie par
soixante-dix, se trouvaient en ligne de les Génois , fut aussi fatal à la ville de
bataille (levant l'île de Ladé. Ils pou- Cymé que les alluvions comblaient
(pii
vaient faire pencher la victoire du vôié peu à peu sou poi l. Le commerce de
des Grecs; mais au premier engage- transit, qui pendant plusieurs siècles s'é»
ment ils prirent la fuite et rentrèrent à
Lesl)os. Cette velléité d'indépendance (i) Hérodote, VI. i4-3o.
fut remarquée par les Perses, et le sa- (a) HéroJnle, Vfll, i3o.
(3) Stitfbon, Xlli, 6a3.
(i) Hérodote, r;c«rifMii^,ao. (4) HiéfoelèsWciieliBg, p. 66s.

ii^iÀvraÊnm, (Aim Mihbiiu.) . n. IS

Digitized by Google
LmiVERS.
tait fait par cette voie, a?ait pris une LABISSÀ. — TBM1I08. I

nouvelle direction. Cependant on sait I

que Cymé jouissait encore au commen- Plusieurs Tilles de l'^olide situées


cement du (fuinziètne siècle d'une cer- dans l'intérieur des terres n'ont pas
taine prospérité ; elle était tombée entre laissé de vestiges appréciables ; nous
les mains de Djounéïd, émir rebelle, qui devons seulement chercher à déter- '

s'était emparé de la plus grande partie miner leur emplacement. La plus cé-
de r .^^oiide, et qui faisait la guerre à lèbre de ces villes, Larissa, fondée par
Mahomet I"". Le sultan vint assiéger les Pélasges. était à 70 stades à l'est de
Cynie en 1413, s'empara d'assaut de la Cyme. Les /Eoiieos s'en emparèrent aus-
forteresse, qui fat démantelée; la gar- sitôt après leur débarquement, et can-
nison fut égorgée, mais le vanMiiiear tonnèrent dans le pays nouvellement
laissa In libeité aux habitants, qui se conquis les Pelasf;es qui avaient sur-
répandirent dans les villes voisines. Le vécu la prise de I>arissa. Cette der-
il

conunandaut était un Albanais, qui se nière ville re<^ut comme Cymé et pour
retira prés de Djounéîd ponr eontinoer la même raison le surnom de Pbri-
la guerre. Mahomet V
le poursuivit, conis.
s'empara de Menimenetde Nympliaeum, Lariss prise, les Pélasges n'étaient
i
|

et annexa tontes i'e> villes aux posses- pas encore soumis, et les .fx>liens cons-
truisirent à mi chemin de Cyme \z
|

sions ottomanes. Depuis cette époaue \

la ville de C3rmé est demeurée complète- ville de Neont^chos destinée à mettre


,

ment oubliée. La population, chassée par la cdte à Pabn des incursions des Pé-
le a'r que répandent les ma-
mauvais lasges. Os deux places étaient bien for-
raisenvironnants s'est éloignée peu à
, tifiées, et en observant avec (juehjue at-
peu, et ce qui restau debout de Tan- tention le pays tel qu'il est aujourd'hui, i

oienne vUle a fini par tomber en ruine. on peut retrouver remplacement de i

On cite parmi les hommes célèbres qui Larissa dans les moutagnes au nord de
naquirent a Cymé le père du poëte llé- Guzel hissar. On ne doit pas y décou-
siodeet Méinnopus. pere deCntheis, qui vrir de ruines romaines, cor sous le
fût la mered'ilumere. Hérodote ra(jporte règne de Tibère cette ville était dé-
le nom du grand poète est tiré de serte. I

S|ue
a langue des Cyméens , ches lesquels Ces deuxvilles étaient situées sur |

le mot I/om^rns signifiait nveugle(î) 1.1route qui mène de Cymé à Sniyrne;


L'historien Kphore, disciple d'isocrate, c'est celle qui fut suivie par Homère i

était aussi natif de Cymé. dans sou voyage à Cymé (i). Aujour-
Tout le territoire de cette ville et d'hui on ne suit plus eette route ; on .

les contours de Tancien golfe de Cymé continue au bord de mer par GunI '

la
ont été tellement modifiés par les nl- hissar et Menimen.
luvions, (ju il est impossible aujourd'hui Après avoir franchi le Kondoura
de se rendre compte ni de la disposi- Tcliaï, on aperçoit dans réloignemeot
tion du port ni de la position de la ville. de Guzel hissar, bâti au som-
le village
On ne peut avoir cependant aucune in- met d'une colline roeheuse. Tout ce
eerîit- (it sur son emjdacenient, attendu terrain est bien nrrnsé; nussi est-il
que les terrains qui avoisment une fréquenté par les tribus nomades. Une
pointe de terre près du village de Na- de ses fontaines est située près d'une
mourt ont fourni plusieurs inscriptions enceinte consacrée à la prière des mu-
et des décrets .es habitants de Cymé. sulmans; on y trouve plusieurs frag-
11 est probnMi' (jne le voisinage de la ments d'architecture en marbre binnr
mer a facilite l'enk vement des ruines. et quelques débris d'inscriptions ; uue l

Les habitants du pays sont encore dans d'elles rappelle la consécration d'un
Fusage de considérer les anciennes autel pa r a prêtresse Anthis ; de grands
I I

villes comme des carrières ouvertes blocs de pierre équarris sont les indices
pour leurs constructions. de constructions plus importantes éle
vées en cet endroit. U convient d'y re-
(i) Hérodote, fie tfOomire^ ao.
(x) Hinidoia» ibid.

L k)u,^ jd by Google
ASIE MINEURE.
conositre la place de la ville d'yEgac CHAPITRE IV.
(Ai^st) qui était dans la partie inonta-
gneasede 1* /Solide , située sur laM 8IPTLU8 TAirrAUS.
iMitde Cyiné à Smyrne.
Teœnos, la dernière des villes de la Si nous avons fixé le fleuve Hermus
ron^eratioQ xolienue, était située, comme limite méridionale de VAio-
dapRS la table de Peutinger, à treote- lide pour uous conformer à la géogra-
tRMi nulles de Cymé, ^est-à-dire à phie romaine, nous savons cependant
48*^807. Cette distance nous mène- par Hérodote que Tancien territoire
nitaudel.i de Ménimen; il est à croire s'étendait jusqu'à Smyrne. et que cette
qu'elle est exagérée. I.e villaac de dernière ville fit même partie de la con-
Gmel bissar, près duquel on trouve dit- fédération. Nous devons donc regarder
tocnti vestiges d'aotiquité , et qui est le fersant du mont Sipylus comme
plaeé sur une colline escarpée , ré* compris dans l'aneienrip Folide, d'au-
|N»d bien à Tidée qu'on doit se faire tant plus que les ruines qu'on y ren-

delà ville de Temnos. Strabon nous contre appartiennent toutes à l'époque


doQAe à ce sujt't une indication topo- archaïque et sont même antériewes à
Çrapbique qu*oa peut regarder eomme l'arrivée des ^EoUens.
iéoÉre pour remplacement de Tem- La partie du mont Si|)ylus lont uous
001 et d'.'Egae. « Ces deux villes, dit- nous occupons est bornée au nord et
ii (1), sont situées sur In hauteur qui à Touest par ie cours de r Hermus, à
éMifle le territoire de Cvnie. celui des rest par la rivière de Kan sou, qui
IMeus et eehtl des Sm) ruéens, et le passe è Nymphio et va se Jeter dans le
loi| de laquelle coule PHermus. • Il est fleuve, et au sud par In mer et par la
doM impossible de songer à mettre grande vallée de Bournahat qui est le ,

Temnos sur remplacement de Meni- prolongement du golfe de Smyrne. Sur


meOf puisque cette dernière ville est le versant sud de cette montagne, dans
tir h gauche du fleuve. LMndl*
life la partie qui domine le fond du golfe,
*>atiori Pausanias n'est pas moins
de s'élèvent d'antiques murailles qui ont
positive; part de Smyrne en décri-
il
appartenu à une importante; elles
ville

nui la côte et ajoute « Quand on a :


ofitrent le caractère ie plus archaïque,
passé l'Hermus, on voit une statue de et rien dans eea raines ne présente la
usai à Temnos (9). » Les Teomites, moindre trace de la civilisation hellé-
C^Mt ainsi que les nomme Etienne de nique. On y reconnaît nu contraire tout
Brrance, avaient certains droits sans le style de cet art asiatique dont on re-
de péime sur le fleuve Hermus,
doute trouve les vestiges dans les plus an-
cvScst figuré sur leurs médailles avec clennea villes de la Cappadoce et de la
essMls TDMNEITQN EPM02. l'Her- Phrygie. Des tombeaux en forme de
rnusdes Temnites. Il faut bien distin- tumnius sont irrejjulièrement placés
^(!r cette ville de la montagne du sur les pentes de la montagne, dont le
foéme nom qui se trouve dans la Teu- sommet est couronné par une aciu-
Annie et dans laauelle le Caïque prend pôle et sillonné par les andens rem-
Il mnee. Cette chaîne prend naissance parts.
aox versants nord du mont Sipvlus et Parmi tumulus que Ton observe
les
forme la limite orientale de ancien I
encore, en est un qui a depuis long-
il

rojauine de Pergame. Au nord le mont temps attiré Pattintion des antiquaires.


Teanos se rattachait à TOlympe My- Une tradition qui a fini par i^aceré-
diter le signale comme le tombeau de
Tantale, cité par Pausanias, et l'examen
(i) î iv HI, f>ai. des lieux aussi bien que la comparaison
(a> PaiMiaia», hv. Y, ch. i3« dm textes n*ont fait que confirmer celte
opinion.
Strnbon (1) est le premier auteur qui
parie des tremblements de terre de Si-

(t) Lhr. I, p. 5t.


LtnflVERS.
pylas et du lac qui rar^t à sa place. soit que Ton plaça cclii vUlc à Meoiam
« Et Sypilus fut eDgIouli sous le reu'ne où à Guzel hisaar, comme je Pai |ro>
(le Tantale, et les marais ont formé des posé plus haut.
lacs. » Il revieut sur ce sujet une se- L'emplacement du Hiéron est on ne
conde ne faut pas
fois (1), et dit qu'il peut mieux determiué, « sur le som-
regarder comiiMODe fable ee qu*OD ra- met de la montagne ; » enfin le liai
oonte da inaot Sipylus et de son bou- dit « le trône de Pélops » se reeoaaiH 1

leversement. Pline (2) fait allusion aux dans une localité voisine.
mêmes événements en ces termes : Pausanias {D revieut encore sur le
« Ont été englouties les villes de Daph- sujet de la sépulture de Tautale, tils de
DOS «C d'Heraiésia, et Sipylus, qui s'ap- Jupiter, en visitant les tombeaux d*A^
pelait autrefois Tantalis^ capitalede Ja gos. « J*oaca8tarer, dit-il, que ce tom-
Mœonie. C'est là que se trouve aujour- beau n'est pas celui de Tantale, (11$ de
d'hui l'elang Salé. » Il est a remar- Jupiter; car j'ai vu son tonibenu au ,

3uer que Pline vient de décrire le golfe mont Sipvius, et c'est uu niuouuieitl |

e Smyroe et Claxomène; ces neux remarquable ( Otic dfÇtov ). » C*est pm-


n*en étaient doue pas éloignés, et c*est que la ménoc ex[»ression dont se .sert
de là qu'il reprend la suite de sa des- Hérodote en parlant du tombeau d A-
criptiou « Kn revenaut de douze
: iyatte, qui était aussi un tumulus.
|

milles en arrière... » Le tremblement de terre de Sipylus


Dana un autrepaange (3), il ra* et le lac qui s'eat formé sur remplace- I

vient sur ces phénomènes géologiques : ment de la ville sont des faits trop
« La terre en s'affaissant a englouti la néralement attestés, pour qu'il soit pas-

haute montagne lie Cibotus avec la ville sible de les révoqueren doute. Pliuei2)

de Curis, Sipylus dans la .Magnésie, et dit que l'étang {stagnum^ bieadif'


antérieurement, daoa le même endroit, férent de tacu» ) avait été nommé Salé.
la célèbre ville qu*on appelait Tanta- Pausanias après avoir développe a
,

lis » !.e territoirt' de Magnésie s'cteO' théorie des tremblements de terre (S ,

dait en effet Jusqu'au Sipyie (4). ajoute Idée, ville Mtuee sur le niout
.

Pausanias donne plus de détalla sur Sipylus, lut abîmée de la sorte; Teia
la topographie de Sipylus, et ces dé- qui' sortit de la montagne engloutit la 1

tails >ont tout à coiitormcs a celle


f";iit ville, et forma un lac (X{)jlvi]) que Tm
de la ville ruinée qui domine le golfe nomme Saloë.
de Smyrne [à). « 11 y a plusieurs 11 est une autre observation à fain
fireuves du séjour de Tantale et de Pé- sur le texte de ce passage. Pour défi*
ops dans notre pays; on voit le port gner le lac Saloë, Pausanias se sert da
(
>a|xT5v) de l antaU-, qui reçu le nom
.« mot Ai'jAvrj, c'est le marais dont parle
de ce roi, et son tonil>eau, qui est re- Strabon; c'est aussi le lac Sale de
marquable. On voit aussi le trône de Pline. Ke uoit-on pas eu conclure que
Pélopa dana le mont Sipylus; sur le dana on paasaee précédemment cité
sommet d*une montagne est le temple Pausanias a voulu parier d'autre chose
(Up6v ) consacré à mere des dieux,
la
aue du sfagni/m Sale. Gédovn a
tra-

Plastene. Kn passant le (leuve Hennus, uit le port de Tantale. En effet, dans


on voit à Teaiuos une statue de Ye- tous les lexiques, le mot Xt^xijv sijguSê
nua... » ete. un port; c'est le mot XifAvr) qui ftot
La description de Pausanias est des dire un étang, un lac. On ne conce-
plus conformes, non-seulement a la to- vrait pas pourquoi Pausanias se serait
pographie des lieux, mais encore à la servi de deux mots qui ont un sens si
carte générale ; car de ce point, en sui- différent, pour, désigner la niém*
ant la carie, on va droit aur Temnoi, chose. D'ailleurs rétang s'appelle aM*
gnum Saie ou Saint', mais non pas
tiagnum TantaU, hn disant Ai^ù^v Tzv
(i) Liv. XII, p. 579.
(q) T iv. V, ch. ig..

(3) Liv. II, ch. 4t. ^z) Liv. II, ch. aa.
(4) Slrabon, XII, p. 571. (a) Liv. y, ch. 19.
IS) liv. T, cb. i9. (3) FUMBiat» Uv. TU» ch. 94.

Digitized by Google
ASIE M HEURE. 2â9

'.ùm, Pausanias a donc voulu, en environ des dernières maisons de


effet, parler d'uu port de nier l'ins- : Smyrne. Le tombeau principal se voit
pecUori ^uie de la carte sutiit oour eu de tousles uoiuts des quaia, sur le ma-
«ooniiiere. Le port de Tantale était meloD inférieur de Sipylus; le plus
pbcf entre les deux caps qui s'avancent haut mamelon porte Taeropôle.
au sud. .N'est-il pas évideut, pour tous Nous débarquâmes au nord du golfe,
ceu\ qui ont la moindre notion de la relevant au sud la pointe du Moulin
langue grecque, que U' auteur, (marquée sur toutes les cartes j. Je
M d^nt TavT^ov Xi{Aiiv, et A((xvi) 2a. commençai ù monter sur des collines en
À^, a voulu parler de deux choses dif- pente douce, voyant déjà à fleur de
iérenles? Je crois donc, d'après l'ins- terre des traces de murailles. (>etle pre-
peftion des lieux, comme d'après le mière colline s'avance dans hi plaine
laie (le Fausaoias, qu'il faut traduire : deBouruabat, et formait un cap a\jut
liporlde Tantale, La position de Tan- que les atterrissements eussent comblé
taiissur la rive nord du golfe de Smyrne le golfe Près de cette colline, au sud,
fipliquerait naturellement pourquoi sVleve dans la plaine une petite mon-
Pline, duns sou chapitre 29, soii- tagiie oblongue, jadis un îlol, (pii fer-
vettt cite, après avoir nieutiunue Cia- mait le port du côte de Tesl. Tous ces
aoièBe et les villes de la rive sud terrains sont encore marécageux, mais
l>as>e immédiateoient à ladeseriptionde se dessèchent chaque année davan-
fuialis. tage. En nous dirigeant au nord, nous
perdons bientôt les traces des mu-
UJAiniRE V. railles au milieu des rochers. Nous fai-
sons un demi-mille toujours en mon-
TOPOGRAPHIE DB SIPYLUS. tant, et nous arrivons sur un plateau
on nous trouvousles deux premiers tu-
Vococke est le ^riumer voyageur qui mulus.
ait parlé des rumes de cette ville et Le tumulus n» 1 est à fleur de terre,
dasbMDbeaiix qui l'avoisioent. Chandier entouré d'une assise circulaire de pierrcf
les mentionne d'après lui, mais ne leur brutes de 0",80 de longueur sur 0",60
a pas rf>|iui»' le nom de Tnntalis. Le de hauteur (|uelques-unes sout en
;

(oaïkjude Tantale par M. de


est cité sailliedans Tinlerieur, et forment bou-
Saiate-Croix (l), qui rapporte ce fait tîsse en dehors. Le diamètre est de
^après Athénée : « Les tumulus ont été 18 mètres, il a été fouillé a une époque
transportés en Grèi c par les Phrygiens reculée; au centre, une dépression de
ffiii accompagné Pelops (2). »
nv.jjent terrain indique la place de la chambre.
^l-ii eioQiiaiitde trouver taut de tom- Le lumulus u'' 2, 1^ dt^gres a l'est
i«aux de ce genre dans la ville de Pé- du piécédent. Une usise a fleur da
lops? Un trait de plus distingue ces tu- terre en pierres brutes à joints régu-
'iiulus de ceux des Grecs c'est que les : liers Dans l'Intérieur, un amas de pe-
^r«rcs brillaient les corps; les Phry- tites pierres ; dépression au centre; dia-
)>ieas, suivaiii ia luode epgy tienne, les mètre, 9".
ttctiaient dans des sarcophages. Le tumulus n* 3, à 1 10 mètres â l'est
Vers la fiu de novembre 1834», Ta- du précédent. II est sur le rocher nu.
roiral Mjssieu de Clerval, commandant L'intérieur, rempli de terre, s'élève à
la station mil à ma disposition vingt
, 3 mètres environ. Une assise en
^âklgiâ du vaisseau le SuJ/ren, avec pierres brutes. 11 est relie au suivant
^ instruments et tous les apparaux
neressaires pour faire des fouilles com-
par un
17".
mur «n pierm sèches. Diamètie,
Heles. et pour lever la carte de Tan- Le tumulus n« 4, semblable an pfé-
cieuQe ville, distante de trois kilomètres cédent; diamètre, 17"'.
iNous cheminons avec peine, au mi-
(i) Uém, de tAettd. du inter,, t. II, lieu des roebers éboulés, pour arriver
à un phiteau supérieur ; nous y voyons
()) Albéoce, Deipnos., |ib. XIY» p. 6ftS. trois tumulus de différents diamètres.
Tumulus n° 6, assis sur le rocher.

Digitized by Google
3S0 L'UNIVERS.
.l'ai fait (lL'l)la\er l'iuterieur jusau'à la front; preuve irrécusable que l'of/pn-
roche, daus laquelle un sarcophage a reil isodomon était employé dans I
"

été taillé. Diaiilètre, 21 mètres. haute antiquité, en même temps que


Tamulos 6. Deui assises en loÎDts Tappareil en Joints irréguliers. Îa
réguliers, parfaitement appareillées; il chambre est à petites pierrM. Diamètre
reste des tr3ces de la porte et du cou- du tumuius, 13°',40.
loir qui conduisait a la chambre celle- . Tumuius n" 12, voisin du premier,
ci était voûtée en ogive, et faite de d'uue coustruction analogue. Au milieu
petites pierres longues posées à sec. de la chambre est un sarcophage creusé
Diamètre , 16 mètres. dans le roc Diamètre, 11 mètne.
Tumuius n* 7. Il est entouré d*un
double revêtement qui, d'un côté, a CHAPITRE VL
sept assises régulières. Ce revêtement
parait complet. Nous trouvons au pied TOMBBAU DB TAIITALB (1).
des morceaux d'une doucine peu évidee,
qui servait au couronnement du sou- Enfin, à deux milles et demi du point |

basseiuent {npr^r.Tloi) sur lequel repose de débarauement et à moitié de la hau-


le tnmulus ( -ch y&yLOi ). pointe était teur de la montagne , nous arrifoos
couronnée par une pierre en fomn* de sur un plateau couvert de débris de
pomme de pin (ou par nii phallus, constructions : ce sont des amas de
selon quelques antiquaires ). Le dia- pierres formant différentes lisjnes qui
mètre est de I8°',80. ont sans doute appartenu aux murailles \

Tumuius n* S. Il est d*une construc- et à quelques autres édiflcsc Use


j

tion différente n*a pas de soubas-


; il émincnce qui domine ce plateau porte !

sement c'est un monceau tout com- deux tombeaux ; ce sont les plus conâ*
pose de petites pierres arrondies et je- dérables du lieu. Le plus grand et le I

tées seulement les uues sur les autres. mieux conservé est connu sous le nom
Le contre est creux, parce qu'il a été de tombeau de Tantale; ce tumuius
fouillé. La porte de fa chambre sub- forme un cercle parfait; il a 83"', 60 de
siste encore ; elle est d'une seule pierre. diamètre, et par conséquent lOS^^ss?
Diamètre , 32 mètres. de circonférence : c'est donc un monu-
Tumuius n<> 9. 11 a une enceinte so* ment important, o&x dçavTj; tasb^ ; il est
lide à double revêtement (j*appelle construit tout en pierres sèches de
ainsi deux murs circulaires appliqués moyenne dimension. Au centre est une
l'un sur l'autre et pareinentés, sans chambre rectangulaire de 3*" ,55 de long
liaison entre eux ). La chambre a 5 mè- sur 2»*, 17 de large, et 3°>,85 de hauteur
tres de iongueur sur 9 mètres de large ; sous la vodte. Cette chambre est vodtée 1

le tertre a 3",60 de haut. Diamètre ex- en ogive, dans le genre de la porte I

térieur, 28 mètres di.imètre du revé*


; d'Assos; les assises des c6tés sont ho-
tement intérieur, 2l™,60. rizontales ; les murs en retour ne sont
Tumuius 10. Soubassement de pas reliés avec ceux des grands côtés ;
trois assises.Diamètre, • mètres. Nous Il n'y a pas de def à la vrate; la pierre
suivons un chemin taillé dans le roc; supérieure soutient tout Tapparfll. Gs
il traversait toute la nécropole; dans tombeau diffère des autres en ce qu'il
quelques endroits il est soutenu par n'y a pas de couloir pour entrer dans
un nerré ; il nous cx)uduit a un autre la' chambre; elle était parfaitement
tomoeau. dose. Cette chambre est ao centre d*QB
Tumuius n« 11. Trois assises, d'ap- ouvrage en pierres sèches de 3'n,50 de
pareil pélas^iqup, du côté de la porte; rayon. Huit murs, formant un octo-
cinq assises du côte du levant. Les gone, relient cette partie circulaire
pierres soot a léger bossage , les joints avec un autre mur plus exceutrique;
faits avec soin ; le couloir qui conduit leur longueur est de 3",70. Le mur
à la ch.imbre a cinq mètres de lon- circulaire est composé de deux pare-
gueur; les revêtements du couloir sont ments de pierres sèehesavee remplis-
en appareil régulier, composé de cinq
pierres, deux en boutisse, et deux de (i) Voyei la planche i3.

k)u,^ jd by Google
de i'^JO. Seize
800 épaissear est serait la l'etaug Saloe, bien diminué,
rayonnant du centre à la dr-
I, il par les attarrissements
est vrai,
«nferraee, relieni ee seeond mur cir- mais il en a tant d'autres plus grands
eulùre à un troisième, dont répais> qui ont complètement disparu.
seur totale est de S^.TO, et qui forme Nous gravissons, pour arriver a T \ cro
le rrfètement du monument. Pour pôle, des rochers volcaniques verticaux
plus de solidité, oe mur est composé et aigus. Nous avons toujours marché
ét énx parties, l'une intérieure, de au nord-ouest. Cette enceinte, bâtie
l",iO d'épaisseur, pareineiitéc des deux de pierres sèches de petit volume s'ap- ,

fôles, l'autre de 2 .30, composée puie au sud sur une crête de rochers
de pierres d'uu plus tort écliautillon, a pic; elle a 6 mètres de hauteur. A
èiot le paremeot extérieur forme le 100 mètres de là, touiours en mpntant,
fosbasieinent de Tédifice. Cette cham- on arrive aux propylées de la citadelle;
Ir* e^t orientée nord et sud; toutes c'est la partie la mieux conservée de
b autre? s<»ut orientées est et ouest. l'édifice. La porte a rte entièrement
11 eâtiinpossible d'in)aginer une cons- dégagée par les matelots; elle a l'",3Û
tnietioo mieux entendue pour résiater dans la partie inférieure; elle est in-
ï Tadion des siècles. Le dehors du clinée en pylône. Les quatre assises
fifciê ^it en grande partie conservé qui restent ont L"",35 de h.iuteur. L'ar-
9fuA fai commencé mes opérations. chitrave, d'une seule pierre, a 2"',20 de
7ii été obligé de le démolir, ainsi que long ; l'épaisseur du rempart est de
Il majeure partie du soubassement, 3 mètres; il est composé oe deux pa*
bien saisir ce système ingénieux rements de r".30 «i'épaisseur chacun.
rrconstruction.
Tous les murs dont Après avoir passe In porte, on arrive
j'ii pariesont noyés dans uu remplis- dans un couloir obliLjue, au fond du-
ttfe en petites pierres, toutes à mu quel étoit sans doute un escalier pour
près de la même dimension et parlai- monter sur l'esplanade ; mais de grosses
temenl réunies , quoiqu'elles n'aient pierres éboulées empêchent de voir cet
iucun ciment. Ayant la direction de endroit. Ce couloir était couvert par un
bpeateet le dianàètre, il m'a été facile plafond de pierre. Dans une partie obs-
« àfftnâatf la hauteur, et fai trouvé cure, on aperçoit un puits, sans doute
'^'"tSO pour la tiauteur totale. Ce mo* le puits de quelque oracle.
ounml sépulcral est certniiiement un L'esplanade de l'AcropoIis est un ro-
plus considérables de tous cegx de cher uni de HO mètres en tous sens;
Mineure; il ne le cède qu'a celui c'est le point culminant de la montague.
filptte, qu*Hérodote eomparait aux On trouve dans les fouilles un grand
lyramides. nombre de fragments de tuiles a re-
A partir de ce tombeau jusqu'à la bord« mais aucun oiivra<ïe d'art.
m^r, OD suit une longue muraille qui
On voit encore en place un soubas-
'
proloDge en serpentant par tous les sement rectangulaire de 80 mètres de
<inom des roehers. Elle est composée eôté, composé d'une assise de pierres
'^^ lieux parements en grosses pierres bien appareillées et taillées à bossage
s»'c, avec un
,t
remplissage en qui a di) former le soubassement d'un
Petitespierres; elle n'a que 1"',I6 d'é- temple. Ces assises sont régulièrement
Passeur : c*était peut-être l'eneeinte de orientées; tout porte à penser qaTelles
L'Acropolis est au cou-
nécropole. ont fait partie du temple de Cybèle, de
rbant, sur
un rocher presque à pic, la mère Plastène. De l'autre côté de
*^ui forme à peu près le tiers dTe la l'AcropoIis, le rocher a été taillé en talus
>rt«ur totale de la moutagne. rapide , et un large fossé a été creuse
Au milieu d'une petite plaine qui pour défendre les abords du lieu saeré.
^mioe le tombeau da Tantale se Il serait difticile de réunir en un
lîuuvpun inr qui a environ 100 mè- même lieu tant d'éléments divers : un
^
lie diamètre, et qui paraît alimenté

<l«» sources
sortant de divers en-
lac, un tombeau
sommet d'une montagne, éléments
, une citadelle sur le
qui
^
"^^06
du rocher; tout le reste de la ooneordent trop bien avec les textes
est d'une aridité extrême. Ce grecs pour ^e
oes lieux ne soient pas

Digitized by Googlc
L'UNIVERS.
les mêmesqui ont té décrits par les
« Mœouit ns en Asie, n'oublie pas dédire
auteurs cités plus haut. qu'ila puisé ces traditions chez les éfri-
Pausanias les a vus; ce n'est pas par vains nationaux Xanthus de Lydie, et
,
|

OUI dire qu'il en pnrip, et il est impos- Ménécrate d'Klee, dont le témoi;:uaî:e
sible de trouver plus d'accord entre la est d'un grand poids; il s'ensuit que
description et la céalité. la souche de la nation lydienne est ori*
Indépendamment des ruines que nous ^naire d'Eumpe.
venons d'observer, il existe encore des Ces migrations eurent lieu lonctemp?
traces de murailles toutes bâties sans avant la guerre de Troie, et d'après la
ciment et qui paraissent avoir appar- marche ordinaire de ces migrations, on
tenu à des édifiées publics et à des mû* doit penser que les Maoniens ont pré-
sons d'habitation. Dans toutes ces en> cédé les Mysiens dans leur installation
ceintes les angles sont arrondis et les sur le continent d'Asie. A défaut d^*
murs semblent disposes de manière à rensei^nemenls plus précis sur l'arrivée
pouvoir être couverts en pierres et des Mîeoniens, les cnrouologistes pla-
former des voOtes eomme dans les an- cent cette migration dans la pieonère
ciens monuments phéniciens de Malte. moitié du seizième siècle avant notre
Dans toute renceinle de celte nn- ère. Déjà les Pelasges et les Lélèses oc-
cienne cite on ne trouve pas un seul cupaient certaines parties de la côte
fragment qui ait pu appartenir au se- occidentale, et les régions du sud étaient
cond âge deTantiquité grecque; c'est habitées (wr des femîlles de race phéot-
encore une preuve que cette ville est denne qui étaient venues dans rintérieor
restée inhabitée depuis la catastrophe par les ports de la Lycie.
qui Ta ruinée. Les Cariens, sujets de Minos, étaient
maîtres du sud-ouest de la presquile.
CHAPITRE VII. n se fit une fusion de ces diverses po*
pulations, qui, n'ayant pas d'intérêts op-

LYDIE. —
M KONti:. MIGBATIOXS — posés, vécurent en bonne intellicence;
DKS LYI)1E>S HN ASIK. TBIBUS — unis par une communauté de religion,
ils finirent par se regarder comme de
même race. Les Cariens étaient cepea-
Lorsque les tribus thraces passèrent dant venus de la(Irète, mais cette mi-
le détroitpour aller s'établir dans la gration était si ancienne que du temps
'Chersonuese d'Asie, ces hordes, alors d'Hérodote lis se regardaient connu»
sans nom se distinguèrent entre elles par autoehthones.
quelque caractère saillant tiré, soit de Au nombre des tribus qui s'allièrent
leur langage (I), Miii de leur campement avec les .Mœoniens il faut compter les
pnmitit (2), soit enlin du nom de leurs Cabales, qui ont occupé la région nord
chefs (3). Ceux des Thraces qui furent de la Lycie, à laquelle ils ont laissé Is
dans la «uite appelés Lydiens arri- nom de Cabalie Ces Cabalès étaient
vèrent en Asie avec les Mysi, et comme oriL'inaires d'Afrique; Hérodote (I) les
ils étaient sous la conduite d'un chef décrit ainsi « Les Cnhalès demeurent
:

du nom de Maeou, on les appela Mœo- vers le pays des Auschises : ils s éten-
niens. Ils parlaient la même langue que dent sur les edtes de la mer vers Tmb*
les !\Iysi ; laissant «s derniers s'établir chires, ville du territoire de Barka.
sur la côte, les Maconiens pénétrèrent Les Mxoniens s'unirent avec ces peu-
plus avant dans l'intérieur du pays, et plades, qui furent appelées Cahalès-
s'installèrent dans un canton fertile eutre Mœoniens, ou Lazonieus ; on les retrouve
les fleuves Hermos et Méandre. Ce ean* sous ce nom dans le dénombrement de
ton prit le nom des nouveaux habitants rarmée de Xersès(f). Ces faits, qui ue
et fut appelé Mneonie. sont contestés par aucun des écrivains
Strabon, qui expose la marche des anciens , servent à faire (X)mpreAdre l'al-
liance intime qui existait entre les pea*
(i) StraliOD, XIV, 669.
(a) Id.,\II, 572. (t) Hérodote» tV, 191.
(3) Hérodote, ¥11, 74. (a) Hérodote» TU, 77.

Digitizeu by LiOOgl
ASIE MIlfEmE.
Carie et ceux de la Lydie, t*t
plf$ 6f la fut appelé ensuite Coloc, existait au
uifluence cette allidoce eut sur temps de la guerre de Troie il ne peut :

mt des villes ionieiines lonque


i done avoir reçu son nom de Gyçès, le
Tmçue de I.ydie échut à le nioe oes premier roi Meminade, qui vivait à la
Î
llfnnD3rles. in d(i huitième siècle avant notre ère.
Du temps d'IicroUote la Cabalie était Aux lils des Pviemcne s'était joint un
hàbiitx par ces iMéontens (iaijaies qui , antre chef de Méoniens, Ijjliitiun, lils
•tilirtiliKusieiit, par quelque difTérenee d*()trvnthe, né « dans la ville opulente
dellBfHge, des Lydiens et des Carieos, d*Hyâa, au pied du Tinolus, couvert de
desquels ils étaient limitrophes (! ). neii,'e(l); ( cette épithète homérique est

Slrabon, qui menlionne aussi le prtit conservée par les rurcs au mont Tmo-
dtttnc: de Catiahe, ideutilie ces iiabi- lus, qu'ils appellent Buuz-dagh,la mon-
ttÊÊÊ evee les Solymes d'Homère (2) : tagne de la glace). Il avait vu le jour près
€m assez dire les considère du Gygée, aux boidsda poissonneux
lac
«•rome de race phénicienne. liO lanî;ue Hyllus et de l'Iïermns impétueux.
A>Dt usaient les Meoniens tst s-aiis au- La Méonie était done bornée au sud
am doute d'origine thraciuue ; on lui par le mont Tniolus; elle s'eieudait à
tesait eiissi le nom de leogue my- rest jusqu'aux montagnes de la Cata-
Mone; elle était parlée par les Ly- cécaumène au nord jusqu*au Caystre,
,

difDS 3i ; les (lihyratrs Cabalicns p.ir- et à l'ouest elle était bornée par les pos-
iiieiit la langue lydienne (4) ils taisaient
: sessions des Pélasizes, où s'établirent les
MSii usage de la langue grecque et de yEohens et les Ioniens. A répo pie de
«Ue des Solymes (qiu élait sens doute Tinvasion des Cimmérieiis, la Méonie
d'origine sémitique). « Les Méoniens portait aussi le nom d'Asie (2), qui selon
• possédaient aussi la ville d»» Termessus, quelques écrivains aurait été donné par
• habitée, dit-on, par les descendants les Grecs a tout le continent.
« itCK Lydiens qui vinrent occuper Ca* I>a Méonie s'étendait au sud jusqu^au
• bilii(6).. Caystre, « dans la prairie asienne près
U occidentale de la région
partie des bords du Csystre; au nord elle
qui fut la suite appelée Lydie
dans était baignée par le fleuve Coiiamus. l a
etaïuituee dans le voisinage de la cote. ville de Meouia, capitale du pays, elait,
4 cette <;poque les colooies ioDiennes selon Pline (3), près de ce fleuve,
D*àaifDt|MS arrivées, les Pélasges et les puisque les Masonii étaient voisins des
Irtéyj y possédaient quelques villes. THpoiUanU dont la position esteonnue.
On ne saurait cependant assigner de li-
Ntes positives a cette province; les CUAPlTKt VllL
fûtorfens anciens se taisent sur ce su-
jctOii peat cependant être certain que DYNASTIBS LYDIBHHBB.
te B001 des Lydiens était inconnu du

toeps de la guerre do Troie, car lio- Méon passe pour être fils de Jupiter
ère ne fait jaiuais nienlion de ce peu- et de Tellus, c est-a-dire que sou ori-
nais compte les Méoniens au
ple t gine est inconnue; il institua en Méo-
Qonbra des alliés de Priam. « Les fils nie le cul t4! de Cybèle qui fut commun
de P\ lérnrne, Anliplius et >Ieslhlès, qui aux Lydiens et aux Plirvgiens.
reçurt iil le jour f»rps du lac (iygée, gui- Méon on M.uies (4) fut le pere de
d(Qt les Méoniens, ucs au pied du i iiio- CoUs etl aieuld Atys, roi desMeonieua,
[<]€)• • CcUe région est celle qui plus et nit chef de la dynastie des Atyades,
Mfonn lecŒttr de la Lydie, et on voit ?|ui régna pendant trois sièeles; Atys était
<ra|irè8 ce paasage que le lac Gygée, qui rèrede Lydus, qui donna son nom anx
Lydiens. « Sardes fut la résidence de ce^t
[i] Hérodote, III, tjo ; VII, 73.
(3) SlralMO, XIII, 63o, (i)Hom., #/W.,XX,385.
'^j Slrabon, Xlf, 57a. (s) Démélriut de Seepiii. —
StnboB, XII*
(i Slral>oD, XII, •il. 697-
(5; SttdboD. XllI, <. iu. (3) Pliue, liv. V, iy.
(6) Homère, JUad., II, 804. (4) lléradolt^liv. l*', 94.

Digitizeu by LiOOgle
L*tJNIVEIIS.

rois lydiens qu'Homère appelle iMéonès, les ruines se voient encore au norci est
et auxquels ceux qui sont venus après de la Pbrygie; Adramys, un des iils d'A*
lai donnent le nom
de Maonès; • les Ivatte, père de Crésos, fonda la ville
uns pensent que ces Méonès et les Ly- dr Adramyttium. Pylémène, le denier
Hions sont la même nation d'autres en
-, souverain de cette dynastie, régna vers
font deux peuples différents la pre-
: l'an 12U0 avant notre ère; il est contem-
mière opinion me paraît la meilleure( () » porain de la guerre de Troie et est cité
Un antre fils d*Am,nomniéGir» soumit par Homère dans IUlade
et gouverna les Léléges et les Cariens : Hérodote est le seul historien de la
c'est ainsi qu'on explique ce mot d'Hé- Lydie qui soit arrivé jusqu'à nous ; Xan-
rodote , à cause de l'affinité qui existe
« tlius et Ménecrale ne nous sont connus
entre les Lydiens et les Carieus (2) ». que par des fragments épars daus les
Gomme chaque règne qui finissait don* écrivains moins anciens, et nous ponvoui
nuit an dieu nouveau à ces peuples, les considérer comme véfidiqiiaSt tant
nous voyons Car, le fils (TAtvs, adoré qu'ils ne sont pas en désaccord avec la
sous le nom du dieu (^arus et a>sociéau marche naturelle des événements histo-
culte du dieu Men, dans la ville de Ca- riques; mais souvent la fable se mêle aux
roura,sotts le nom de Men Carus (S). La récits du père de rbistoire, et nous m
villedeCaroura était située sur les fron- sommes réduits à enregistrer les liitB
tières de la Carie et de la Lydie, et fut qu'il mentionne sans pouvoir discerner
célèbre sous les Komains par son école la plupart du temps ce qui est caehé
de médecine. sous le voile de la mythologie.
Sous le règne d'Atys une grande ft* Les relations d*Hercalê avec la Lydie
mine, qui dura plusieursaniiées, affligea sont au nombre des événements qu'il
la I.ydie, et ime partie de la nation se nous est impossible de contrôler, mais
décida à s'expatrier. On tira au sort par qui certainement se rapportent à des re-
ordre du roi, et ceux ^ui furent destinés lations antérieures entre les Lvdiens et
à quitter le pays partirent sons la con- les peuples de l'Asie centrale, les Assy-
duite deTyrrhénus, troisième fils d'A- riens, et sans doute aussi les Phây>
tvs (4); ils allèrent aborder sur les côtes ciens.
d'Italie, et prirent le nom de Tyrrhé- Sous le règne de Jardanus, un des
niens : c*est l'origine de la nation étrus- princes atvades. Hercule fut amené cap-
que. Cette parenté entre les Lydiens et' tif en Ly d ie et vendu à la reine Omphale,
les Italiques Ait revendiquée devant le par ordre de l'oracle. Ce héros rapporta
sénat, lorsque les villes d Asie sollicitè- de sou expédition contre les Amazones
rent l'bonoeur d'élever un temple à Ti- une hache à deux tranchants qu'il avait
bère (5). Ce (Ut est aussi attesté par Ti- jMraquise sur Hippoly the , et la légua à
mée. Les Lydiens, dit-il , ayant passé ses descendants, qui la coaservèreat
d'Asie en Europe s'établirent dans l'É- comme un signe de puissance. Ce sym-
trurie. On ne doit donc pas ^ire sur- bole passa après la mort de (^udàule
pris de retrouver dans l'un et l'autre entre les mains des Mermnades, Cariens
pays une certaine analogie dans les mo» d*origiDe, et on le retrouve sculpté sur
numents des arts ; les tumulus de Cor- les monuments de la Carie, et surtout
net© sont des imitations de ceux de la sur le temple de Jupiter, Labrandéus,
plaine de Sardes, et les sculptures du comme le signe de la fraternité qui unis-
temple d'Assos représentent des sujets sait les Cariens et les Lydiens.
qui se trouvent reproduits dans les pein- Hercule eut d*ape esclave de Jarda*
tures des monuments de l*Étrurie. nus un fils nommé Alcée, dont lesdeseeiH
Le roi Manès eut un fils, nommé Ac- dants régnèrent sous les l.ydiens, par or-
mon, qui bfltit la ville d'Acmooia» dont dre de l'oracle , et furent la souche de la
dynastie des Héraclides* qui rj^oa sur la
(i) SlnboD, XIII, 6a5. I^ydie pendant vinij^t-deux générations,
(«) Hérodote, Kv. I, X7S. dans Tespace de cinq cent cinq ans.
(3) Straboii, XTI, 58o. Agron, fils de Minus, pHit-fils de Békis,
(4) Héroiiole, ibid.
(5; Taciie, Annales, IV, 55. (1) Homère, //iW., X.X, 3i5.

Digitized by Googlc
ASIE MINEURE. 335

arriprp-petit-flls d'Alcée, fut le premier se trouvait en vigueur sur les rives de


Le dernier tutCan-
roi des Heraclides. TEophrate, chez les Babyloniens (1).
daule, qui régna de 735 jusqu*à 7<M
avant notre ère.
CBAPIT&E IX.
Tmolus, époux d'Omphale. ayant été BTSNDUB. —
FBONTliBBS DV BOVAmiB
— —

tué par un taureau, fut enterré dans la DE LYDIE. moutagnss.


montagne voisine, à laquelle il donna ri.Buvfis.
son nom. Celui de Sipvius autre prinee
bëraclide fut donné à la montagne qui Au temps de leur plus grande puis-
domine le golfe de Smyrne. sance, les rois de Lydie ont possédé
Ce D'est pas sans raison que les écri- toute l'Asie en deçà du fleuve Halys.
vains modernes qui se sont oeeupés de Le royaume de Phrygie était anéanti
lliistoire de Lydie ont témoigné leur et tous ces peuples, autrefois divisés,
étonneinent de voir les noms des rois obéissaient au pouvoir de Crésus il faut :

assyriens lielus et Ninus à la téte de en excepter cependant les Lyciens et


la dynastie terois de cet empire. Bé- leiOMeMBis.
rodote étant le seul historien qui en IHons ne devons considérer ici le
fasse mention, nous en somnies réduits royaume de Lydie qu'à son point de
à supposer que dans ces temps recules vue géographique, et ne tenir compte
la Lydie et T Assyrie formaient deux que du territoire qu'il a occupé, soit à
parties d'un vaste empire, qui s*étendait son origine, soit même comme province
depuis les rives du Tigre jusqu*aux li- romaine. Pline est l'auteur (jui déter-
mites occidentales de TAsie Mineure. muie le plus clairement les limites de
Quelques fragments épars dans les la Lydie sous Tempire romain. Il tient
historiens postérieurs à Hérodote, pui- compte du territoire de l'Ionie, qui aoua
sés dans des livres perdus pour nous les rois lydiens étiit complètement in*
nous montrent les Lydiens en relation corporé leur empire.
.i

avec lespeuples sémitiques et fondant La Lydie est au-dessus de l'Ionie elle :

des villes dans la Syrie, la Palesiine,pré* est arrosée par le Méandre; ses bornes
cisément dans un temps où la puissance à l'est sont, la Phrygie au nord, la ;

assyrienne était dans tout son dévelop- Mysie ; au sud, la Carie. On l'ap-
pement. . pelait jadis Méonie : elle est traversée
Quelques écrivains, se basant sur les par le mont Tmolus on Timolus, cou-
Ir ulitions orientales, de préférence à vert de vignobles, qui donne naisy^nnce
celles des Grecs, ont supposé que les au Pactocle. (2). Le mont Messogis, pa-
Lydiens, enfants de Lud, sont suriis de rallèle au Tmolus, fait aussi partie de la
la Mésopotamie pour venir s'établir Lydie : il forme le revers nord de la
dans la presqu*Ile ; c'est dans leurs rap- vallée du Méandre. » Du côté de Test,
ports avec les Égyptiens qu'ils auraient nous savons avec certitude que la pro-
puise i'idee d'honorer les grands hom- vince s'étendait jusqu'au fleuve Lycus,
mes en élevant des monuments compa- Î[ui coulait à rouest de Colosse et
rables aux pyramides : cette opinion ne ormait les limites communes de la
saurait ^ire soutenue du moment que I>vdie, de la Phrygie et de la Carie (3).
les Grecs sont d'accord pour regarder Il faut peut-être y comprend re les villes
la langue lydienne comme étant d*ori* de Nysa, de Tniileset de Magnésie sur
gine européenne ; mais on ne saurait Méandre; maia les auteurs ne sont pas
nier que dans leurs rapports avec les d'accord sur ce point. La Lydie est tra-
peuples sémitiques les Lydiens n'aient versée de l'est à l'ouest par le cours
subi une influence orientale , qui pour de l'Hermus qui reçoit le fleuve Hyl-
,

la dépravation des mœnrs les assimile lus, appelé aussi Phrygius. La pro-
aux Ba!>yIoniens. Chez eux les jeunes vince de laquelle sort l'Hermus et qui, à
filles eUiient autorisées à faire le métier cause de sa nature volcanique, reçut le
de courtisanes pour se procurer une
dot, et leeontinuaienf jusqu'à ce qu'elles (f)Hérod., 1,93.
trouvassent à se marier :cet usage si {1) Pline. V, 39.
étranges aupenplesde race européenne (3) Hérodote, VII, 3(.

Digitized by Google
LUNIVBRS.
DOin de Cataoécaumène, est cou&iderée CUAPITRË X.
comme ayant fait partie de la Pbry*
gie Épiclete. Slrubun (l) exprime son MOirailBMTS.
embarras pour s'expliquer à vx\ sujet :

• Vient ensuite le pays connu sous le Malgré la renommée de puissaoce et


nom de Catacécaumene, soit qu'il au- de richesse qui s'est attachée au souvenir
partienne à la Mysie, soit qu'il dépenae des rois de Lydie, cette province n*otfre
de la Méonie, car ces deux opinious ont pas à l'étude de l'archéologie des mooo*
leitri partisans. » Toute la Lydie était ments aussi nombreux et aussi remarqua-
traversée de Test l'ouc^i par une bles que la province voisine, rinnie.On
grande route qui conduisait de la côte ne saurait aujuurd'liui citer un seul mo-
jusqu'à Suse ; elle élalt divisée en sUh nument qui fût évidemment Touvrage
tiona, à cbaeone desquelles on trouvait d'un prince lydien : il faut cependaot
des maisons royales et des lieux de re- en t'xrepter les tombeaux de la plains»
posa l'us^aue des voyageurs ces établis-
; de Saraes; mais, jusqu'à ce que ces mo-
sements existent eucore dans toute l'Asie numents aient étc soumis à une inves-
et la Perse, sous le nom de earavan- tigation spéciale, ils se présentent à om
seraï (palaisdcscaravaDes) les voyageurs
: yeux comme des tertres naturels.
y sont re<^us pratuitement. Ln route pas- La destruction des monuments de la
sait continuellement par des lieux ha- Lydii' s'explique facilement par les
bités; on comptait pour traverser la Lydie guerres acharnées et incessantes qui
et la Phry gie jusqu'aux rives du fleuve ravagèrent oe pays. Cesten effet sur ee
Halys vingt stations, qui comprenaient plateau central oue se sont décidées la
quatre-vingt-quatre parasan^es et demi plupart des crandes batailles d'où dépen-
de trente stades chacun, ce qui fait deux dait le son de ces contrées. La bataille
mille cinq cent trente-cinq stades; mais de Thymbrée, comme celles d'ipsos et
on n'est pas d'accord sur la mesure du de Magnésie, et, dans le moyen âge, celle
stade employé, les uns l'estiment à oent de Dorylée entre les croisâ et les Mu
quaranl»'-sept mètres soixnnte-dix-huil, sulmans.
Le stade olympique étant de cent quatre- La constitution du pays, composé
vingt-quatre mètres quatre-vingt quinze de larges vallées et de montagnes gra-
cent. nitiques, n*offrit Jamais aux Lydiens la
Le territoire de la Lydie est d'une éléments de ces constructions îîinantps-
extrême fertilité, et la réputation de la ques ou de ces ouvrages tailles dans le
contrée se soutient encore malgré Tetat roc par lesquels se distinguèrent d'au-
de décadence OU est tombée l'agriculture. tres peuples. La brique était râémeot
Les vallées du Méandre produisent principal employédans lesoonstroctioni.
presque toutes les fipiuesqui sous le nom Hérodote, qui ne manque pas d'obsrn'er
de figues de Smyrne paraissent sur tous lejsmonumeutsdesartsdanslespaysqu il

les marchés du monde, et si les vignes décrit, dit a propos de ce royaume (1):
du Tmolus ne fourniswnt plus les vins « La Lydie n'ofnre pas, comme certaim
qui faisaient les déliées du roi Pha- autres pays, des merveilles qui méritent
nacus l'Ji, les raisins sers de Lydie place dans l'histoire, sinon les paillettes
sont aussi un objet d'exportation con- détachées du Tmolus par le Pactole.
sidérable. Le coton des plaines de Kirk ii semble que le génie artiste des Lydieos

Agateh, les huiles d*oljve et de sésame s*e8t plutôt porté sur l'exécutioo du
sont aussi des objets de commerce qui, objets fabriqués en matières précieuses.
joints aux articles de drofiuerie et de Les étoffes et les bijoux, les trônes et
teinture, faisaient de la ville de Smyrne les cratères d'or étaient le luxe qu'ils
une des places de commerce les plus attichaient le plus volontiers ; mais poer
importantes de rorient. c<»iteoir ces somptueux mobilîerB le
palais de Crésus était bâti de briques
(i) Sirabon. XIII, 638. recouvertes de dalles de marbre, et les
(a) Vii^., Géor^., Il, 97. maisons des habitants de Sardes étaient

(1) Heiodule, 1, ^3.

Digitized by Google
AS1£ MINEURE. U7
eoirvertes de chaume. Il faut cependant de Gélœns fournissaient des flûtes
fendre jnstiro à ce peuple, qui eut une mélodieuses, et Orphée lui-même ne
influence marquée sur les progrès que dédaigna pas de chanter sur le mode
les Grecs firent dans les arts : c'est ènez lydien. Mttsyas, Amphion, Mélampide
les Lydiens que les artistes grecs trou- sont les compositeurs les plus oélèores
vèrent à étudier et à pratiquer leur art. dont l'antiquité nous ait conservé les
La disposition naturelle des premiers noms. musique IvdieoDe charma les
pour Part de la musique fut tellement peuples d'Ionie pendant toute la période
appréciée par les Grecs, que la mntique nellénii]ue.
Ivdietuip fut introduite iion-seiilemeut Les intérêts et les goâts des Lydiens
dans ien représentations scéuiques, mais les portaient principalement à tourner
accompagnait aussi les cérémonies re- leurs vues du cdté de PAsIe centrale.
lieuses. Us n'atlaeliiient aucun prix aux affaires
Hérodote, qui se plait souvent à don- maritimes; ce n'était cependant pas l'in-
ner une tournure dramatique à ses en- telligencedu commerce qui leur man-
seignements historiques , nous montre quait si on leur doit Tinvention des
les Lydiens inventant les Jeux dans le monntfea d*or et d'argent et l'ouver-
lint de se soustraire aux ennuis d'une ture des premiers bazars (1), institution
famine qui dura pendant dix-huit ans : commerciale qui fleurit encore en Asie
de nos jours on aurait peut-être pensé après trois mille ans, et que l'Europe ne
à cultiver la terre avec plus de soin. s'est jamais assimilée que par exception.
Ils inventent les dés, les osselets, et la Les premiers navif^aleurs hellènes
paume (I). Les Romdius paraissent qui abordèrent sur les côies d'Asie
avoir ratifié le mot d'Hérodote, puisque ne trouvèrent que des tribus éparses,
à ces divertissements ils donnèrent le an milieu desquelles ils s'établirent
nom de I>udi Lydi ). Le vt'tement des
f
sans peine; c'est ainsi (ju'ils avaient
Ljfdieos, qui se rapprodiait des modes occupé la plupart des îles de la Méditer-
orientales, n'était pas du goût des Grecs, ranée. Tant qu'ils ne portèrent point
qui ont toujours regarde les peuples de ombrage aux États constitués qui
la Lydie comme efféminés ils eurent : existaient dans l'intérieur de la pres-
cependant à compter avec eux lorsque qu'île, ils purent développer sans con-
les Mermnades pensèrent à envahir trainte leur commerce et étendre leurs
IloDÎe; mais ^es princes avaient dans possessions territoriales. Mais cet état
leurs armées les contingents des Cariens, de liberté ne pouvait durer longtemps.
qui de leur c^té passaient pour le peu- Les peuples d'Asie finirent par recon*
ple le plus guerrier de la Péninsule, lis naître que tout le proUt du commerce
eombattaicjil principalement à cheval, maritime était entre les mains des
armés de lances très-longues, et excel- étrangers. Cet état dechoses ne tarda pas
laient dans la cavalerie (2). Mais à la à donner naissance à un antagonisme
suite d'une révolte contre Cyrus il fut qui dura pendant plusieurs générations
enjoint aux jeunes i^ns de cesser de et qui finit par une guerredans laquelle
porter des armes, de se revêtir de longs l'Furope et l'Orient engagèrent toutes
manteaux et de chausser des cothurnes. leurs forces.
Chez les Lydiens le costume royal con- Les Lydiens, cernés de tous côtés par
sistaitdans le diadème , le scep'tre et le desoontraes montagneu.ses, n'avaient pas
manteau de pourpre (3) c'est ainsi que : senti encore le besoin de s'étendre vers
les Grecs ont représenté Crésus sur son la mer; leurs plus grands iiitcrêls les
1 ûcbcr. portaient vers 1 Orient, el le commerce
La musique et la danse remplacèrent des caravanes les mettait en relation
alors l'exercicedcs armes, et l'éducation avec les pays d'Assyrie di' Habylooe
,

de la jeunesse fut plus speciiilemeut et de l'Inde. La navigation deTEuphrate


portée vers l'étude des arts. Les roseaux et les rapports maritimes avec les pays
limitropnes du golfe Persique étaient
( I If»M Olloî<', 1, entre Isa mains des indigènes ; mais tout
(a) Il.iJ., ç,l, i5i
(i) Dion. Haiic. 111, 195. (i) Uérod., I, 94.

Digiù^uu uy Google
18S
leeommeroe d'exportation de POecideiit oùlea Gnos ne savaient eneore £d»riqiNr
ae faisait par Tuiterniédiaire d*étran- que de erossiers ouvrages de bronze.
gers, les Phéniciens et les Hellènes, qui Dans Te huitième siècle avant notre
en retiraient un profit eonsidérable. ère, Gygès envoyait à Delphes six cra>
Les Lydiens avaient laissé ces derniers tères d'or, du poids de trente talents.
peuples fonder des comptoirs sur la côte D'autres ofifrandes en argent furent en-
d'Asie leur avaient laissé acquérir de
, voyées par le mt?me prince, et les Del-
Timportanne; les colons de race hel- phiens les appelaient les Gygéades, du
lénique s'étaient reunis en confédéra- nom de celui qui les avait consacrées.
tion; ils avaient ouvert des relations avec Les artistes grecs initiés à la fabrication
les Etats voisins ; ils visitaient les mar- des objets en métal savaient donner à
chés, achetaient les produits et s'instal- leurs produits un caractère plus délicat:
laient au milieu des indigènes pour mais c'est, a n'en pas douter, dans leurs
transporter les marchandises sur les rapports avec la nation Ivdienue qu'ils
narenés de la cdte. puisènnent les premiers éléments d'un
L'ancien peuple phrygien avait été art dans lequel ils ont excellé.
repoussé par Tinvasion sémitique qui On est même en droit de supposer
venait du sud -est en Asie Mineure et que les Grecs ont emprunté auelque>-
aui s'établissait sous lautorité des rois uues de leurs lois a l'empire ae Lydie.
'Assyrie; il fut aoomis à Ninuset dans Hérodote constate que les Lydiens
la suite aux rois de Lydie. étaient gouvernés par des lois qui dif-
Les Lydiens, malgré leur origine eu- féraient peu di' celles des Grecs ; il n'est
ropéenne étaient plus étrangers aux
, pas prol)able que le grand empire de
Grecs des côtes que les Phrygiens ; mais Lydie , qui ûorissait daus un temps uu ia
chef eux la culture des arts était bien Grèce était eneore plonsée dans la bar-
plus avancée quechezce dernier peuple: barie, ait emprunte des lois à nnenatioD
aussi les Grecs encore ignorants et m- connaissait à peine.
fu'il
cultes puisaient chez les peuples d'O-
rient le germe de leur civilisation. CHAPITRE XL
Les lydiens, qui avaient reçu de lè
nature des dispositions remarquables CHUTE DBS ROIS HÉRACL1DES DE
pour la poésie lyrique enseignaient
, LYDIE. AVSJfBMSNZ DBS MBBM-
aux Grecs ces mélodies populaires qui HADBS. •
furent l'origine de l'élégie grecque, et le
mode mélodieux de la musique ly- Pendant les premières années de la
dienne fut transporté à Delphes et dttis dynastie des Héraclides la puissance as-
Je reste de la Grèce. syrienne n'avait fait que s'accroître et ,

L'influence de la civilisation lydienne sous les descendanst de ?iinus et de


sur celle des Grecs se Ht sentir dès le Bélua la Lydie était sinon tributaire, du
temps des liéraclides, qui riaient de- moins une alliée fidèle de cet empire.
puis Apron, fils de Ninus, petit-fils de L'influence des Assyriens sur les royau-
Belus. Les Orientaux étaient déjà, comme mes de rowident, de l'Asie Mineure
ils le sont encore, irès-experts dans Tart s'était manifestée au moment de la prise
de fabriouer les étoffes, de tisser la de Troie , puisqu'ils avaient envoyé le
laine et de travailler les métaux la fa-; rince Memnorv eu secours du roi
brique des armes de luxe, les broderies
f
tiam. Les rois de Lydie, autant pour
àraiguille étaient dès les temps les plus se mettre en garde contre les Assyriens
reculés l'occupation
principale des que pour veiller à leur sûreté person-
hommes et des femmes d'Orient; mais nelle , appelaient à leur service les
la découverte de mines de métaux pré- Grecs, qui oommençaient à devenir nom-
cieux donna à l'industrie des Lydiens breux sur les côtes d'Asie , et ces der-
une impulsion inconnue avant eux. niers savaient protiter de leur position
Les trépieds et les cratères d*or et de dans le royaume pour gagner une in-
bronze sortis des atelîorsde la Lydie al- fluence qui mettait entre lea mains de
laient faire les ornemenlsdes templesles leurs chefs tous les ressorts du gouver-
plus renommés delà Grèee^à une époque nement. Les Cariens étaient puissants

Digitized by G'
ASIK MliNEURK. 239

à la conr de Oindaule, et Gygès, fils de étaitcommunaux Éoliensetaux Ioniens,


Dfluusylus, Carien d'origine, commandait complétait', comme centre religieux, le
ki treape» les pins asuerries. panionium de Hycale, et réunissait sous
récits d Héroaote nous montrent
Les ses portiques les alliés des Ioniens,
lachute de Candauie, motivée par une comme le centre religieux de Labranda,
vengeance de sa femme, la reine Nysida. portant à son frontispice la double ha-
1IÉ& rhiftoneii être fidèle aux che d'Hereule, réunissait les waféàétéi
féOMsai de SCO rédt; il veut aue dans lydiens, carieos et mysiens.
les principaux événements de histoire
I L'antagonisme entre les Ioniens et les
lue figure de femme soit toujours là Carieos ne venait pas seulement du sou-
pour dominer les événements. Si la venir des cruautés que les Ioniens
diote de dndaule n'eût pas déjà été avaient exercées en urie, en assassi-
arrêtée dans les conseils des gardes ca- nant les hommes pour enlever leurs
riennes, la révolte de X>îysida cooire l*é- veuves. Il y avait encore une rivuiite
traoge idée dn vol Candaole n'aurait dintérét qui avait pris naissanoesor ka
pas eu pour résultat de changer ta dy- bords du Nil, où les deux peuples avaient
nastie des rois de Lydie, et le chef des formé des établissements sous la pro-
milices sans autre appui que celui de tection des rois d'Égvple. Pendant tout
la reine ne serait pas monté sur le le temps que les peu^es de Carie furent
trône. Ce qui irrita « les Lydiens mécon- exclus de la participation aux affaires
tents » (1), ce fut surtout l'attitude des publiques, ils s'appliquaient à la fabri-
Carieos et le secours que le nouveau roi cation et au métier des armes ; leurs
attendait de sa nation. Avec Gygès les OMToenalrei allatent servir ehes les prin-
Carieits avaient le pied sur les marches «es étrangers; leurs négociants faisaient
du trône de Lydie , et ta double hache, connaissance avec les rivages inconnus,
svmbole de la puissance des Ueracli- et comprenaient tout ce que les entre-
des, fat aussi l'emblème adopté en Carie. prises maritimes pouvaieiit assurer de
La puissance lydienne s'étendit aloit jouissance à un Etat; aussi dès qu* un
jusqu'à la côte occupée par les Grecs. soldat carien fut devenu roi de Lydie,
Mais la baioe des Citriens contre les toutesces pensées se formulèrent autour
Ioniens subsistait toujours, et dès que du nooTcau roi , et les villes ioniennes
les princes d*origine c-arienne forent comprirent aussitôt que leur liberté et
montés sur le trône de Lydie^ la pensée leur existence m^me se trouvaient me-
de soumettre l'ionie devmt le point de nacées par la nouvelle politique des
mire de tonte la politique lydienne. Mermnades.
Du côté du nord, le pouvoir de ces rois En effet toutes les aspirations des
sVtpndait jusqu'à la Propontide; plu- rois de Lydie les portaient à créer une
sieurs villes avaient ete fondées par des nouvelle puissance maritime carienne
Drtnees lydiens, et portaient leur nom. et lydienne, et à incorporer par la
Le souvenir d'une origine commune conquête les villes florissantes OM Io-
avec les Mysiens avnit facilité l'union de niens dans les limites de leur royaume.
ces provinces; une communauté reli- C'est ainsi que la chute de Câudauie
gleose rssserrait encore ces liens ; on fut pour les Grecs d'Asie le si|[nal d'une
fOjrait donc d'un côté la ligue des trois guerre prochaine, qui devait ruiner
peuples, les Mysiens, les Lydiens et les pour loujL'temps leur commerce et leur
Gariens contre les peuples ^recs de {)uissance, et finalement les réduire sous
h côte; ees derniers possédaient, il e joug des rois de Lydie. Ces princes
•st frai« plusieurs places fortes, des villes étaient maîtres de toute la Mysie jus-
roarititnes dont la prospérité faisait en- 2u'au Rhyndacus. I^ riche prmcipauté
vie a leurs ennemis, ils avaient pour e DascyUum les mettait en communi-
aoQtieo Athènes, dont Talliance pouvait cation avee la Propontide et TUelles-
leor être dTun grand secours en cas pont, mais du côté de Touest le teni-
d*uoe guerre déclarée ; et sur le conli- tnire ionien les séparait de la mer, les
Bent d'Asie, le temple de Didyme, qui Grecs étaient maîtres de l'embouchure
des fleuves de la Lydie. Smyme com-
(i) llérodete,I«*,Xni. mandait roermos, Éphèse le Gaystre,

Digitlzed by Google
240

Milet le Méandre, et les troupeaux des tance héroïque. La chute de cette


des MUésiens allaient paître sur le ter- place portait un ecMip mortel i la ligee
ritoire des C.ariens. D'niitrp part les ionienne, et la contrée tout entière fut
moyens de defeii.se des Ioniens étaient tombée nu pouvoir des rois de Lydie
en partie parolyses par ia jalousie qui s'ils n'eussent été obligés eux-mêmes
di?isait les principales villes. Éphéie et de veiller à la sûreté de leurs propres
Milet suspendaieut toute action eom- provinces en résistant à l'infanoii des
mune ; les éléments divers de popula- Gimmériens.
tion dont se composaient ces villes for-
maient des partis hostiles, qui pen- CHAPITRE XII.
ehaient les uns pour la soumission,
les autres pour la résistance. Dans de IRTASlOll DBa GIMIliUBllS.
pareilles circonstances il était impos-
sible de songer à former une armée , les Déjà ces hordes nomades parties
petites villes contenaient des habitants des bords de la mer Caspienne avaient
de races diverses, Pélasjzes, L^lëges et entrepris des expéditions sur les cèles
Cariens qui ne f. isnient pas cause com* de In mer ^oire. Elles s*étaient emparées
mune avec les (irecs. de Sinope et avaient f;iit une irriiption
La race carienne dominait dans les en Lydie. Leurs troupes arrivait-ni à
villes situées à rembouchure du Méandre rim|>roviste au milieu des eam pannes,
Milet, Priène et IMyus. Les Lvdiens livraient tout au pillaf^e, et se retiraient
étaient mêlésaux Grecs dans les villes de au milieu des camps retranchés (]u')Is
la côte depuis Kphese jusqu'à Phocée. avaient établis au mo\en de leurs cha-
Chio et Érythrae formaient un autre riots; une autre troupede nomades, les
groupe, dont les cito> eus se reconnais- Trères, accompagnait les Qmmériens:
saient au dialecte, toutes ces popula- les premiers ont laissé dans la mémoire
tions étaient loin de vivre en parfait ac- des écrivains anciens une réputation
cord et les hostilités s'étaient souvent
, de férocité incomp;irablemeni plus
manifestées par de sanglantes guer- grande que les Cimmériensi ils ont 1rs-
res civiles, soit au suiet de l'électioD vers<> laLydie , et ont ravagé de fond eo
de mnpistrats, soit par des tent;ilives de comble la ville de Magnésie sur le Méan*
tyrannie que voulaient imposer les par- dre (1); leur apparition en Asie causait
tis puissants. Les alliances que les chez les populations une profonde ter-
Grecs avaient contractées avee leurs na* reur, et à peine osaft-on leur résister.
tionaux du continent, n'avaient au- I>es Cimmâiens s'emparèrent delà ville
cune valeur dans cette occurrence, et de Sardes; mais inc:ip;il»les de se rendre
riouie resserrée dans .ses troites li-
« maîtres de lacitadclk-, ils.ibandonnèrent
mites sur le bord de la mer ne devait leur conquête- Quelques voix cependant
compter que sur le courage de ses sTélevaient pour conseiller la résistance;
vaillants colons. Les villes doriennes, Callinus à Éphèse composa des hymnes
resserrées pnr les Cnriens, ne pou- pour réveiller le courage des citovens.
vaient donner aucun sub.side; c'est dans Au même moment les (limménens fai-
des circonstances aussi défavorables saient irruption dans la ville; mais, par la
pour la liberté des Ioniens oue Gygès protection de la déesse, le temple fot
entra en campagne, il marcha contre préservé. Les Orientaux donnaient le
Smyme, la ville la plus détestée des Ca- nom de Sakai aux tribus scnhes qui
riens: mais le courage de ses habitants habitaient les montagnes (Koh) df la
sut faire face à un aussi pressant danger, Grimée, et ces hordes étaient connues
et les Lydiens furent repoussés. CdIo- sous le nom de Kâh-Sakai, Scythes des
phon fut plus maltraitée, la ville tomba mont a fines, d'où les peuples moscovites
an pouvoir de l'ennemi, et les habitants ont fait le nom de Kosaques.
ne couservérent que la citadelle. Les Cimmériens arrives en Asie sous
L'expédition contre Milet n'était qu'à le réffne d'Ardys y séjournèrent pen-
son début lorsque Gygés mourut. Arays dant Tes douze années du règne de Sa-
son successeur (c^lo' continua la guerre
et s'empara de Prieoe , apiès tme résis- Cs) StraiMQ, XVI, 647.

Digili/eu by LiOOgle
ASIE MUIEURB. 941

dyatte , furent expulses par Alyatte,


ils combat ;guerre se prolongea pendant
la

pere de Crésus, vers Taouée 606 avant cinq années, et Huit par un événement
neln ère. Sadyatte, filt (TArdys, monta qui a en un grand relemiaaenienl dans
sar le trône en 691^ il régna douze an^ riiialniie, et qui a causé bien dea aeueia
nées. Pendant toute cette période l'his- aux savants. et aux astronomes. Au com-
toire mentionne aucun fait remnr-
ne mencement de la sixième année , au
qoable, c'est assez dire qu il conserva moment où les deux armées étaient
Mi oaquétes fidta par tes prédéees- an |»lna fort de la mêlée, une éclipse de
•MR, la Phrygîe jusqu*au fleuve Halys soleil vint changer en nuit la lumière
élaîtatt pouvoir des l ydiens, et déjà on du jour, les Mèdes frappés de terreur,
poavait écrire Halys amnis qui Ly»
: suspendirent le combat. C'était un usage
ëam terminât (1). chez ces peuples de ne combattre qu'en
Lonque Alyatto fils, de Sadyatte, SIein jour; enrayés, par ce qu'ils regar-
noBla ior le trône , la ligue ionienne aient comme un prodige, les Mèdes
ètiil pour ainsi dire rompue; Milel res- songèrent à conclure la paix ; les princes
tait seule, mais sa puissauce était telle de Mésopotamie furent chargés de la
que les Lydieus, mhabiie^» ù la mer, ne négociation, et Alyatte en garantie du
peavaient s* en rendre mattrea. Fidèlea traité donna sa fille Arienia en mariage
«Bvocs de ses prédéeesaeurs , Alyatte à Cyaxare (1).
reeommença la j;uerre contre les Inmens, L'éclipsé de soleil qui donna lieu à
sVmpara dè Smyroe, et entreprit la con- la paix entre les deux neuples a été le
(]uéte de Milet. sujet des observations ae plusieurs sa-
Pendant onze annéea consécutives vants qui ne sont paa tombée d*aoconl.
Milet sut résiater aux attaquée dearoia de Il doit en reaaortir une date précise, qui
Lrdie; enGn un secours inattendu arri- fixerait astronomiquement le règne
vait aux Grecs, et forçait les Lydiens de d'Alyatte et celui des princes qui ont
laire la paix avec eux. concouru au combat ; elle avait ete pré-
L'appaiiticm des Mèdea en -deçà du dite par Thalès de Milet Pline place
fleuve Halys mettait en danger Texis- cette éciipee dans la quatrième année
tenri même de l'empire de Lydie. Les de la quarante-iîuitièmeolympiade, soit,
Mèdes étaient maîtres de toute la haute selon Curlius (2), le 28 mai 585 avant
Asie, ^inive était tombée en leur pou- notre ère : alors Thalès aurait été daus
veir. En «06 Qr^xare , (ils de Phraorte sa dnquante-qnatrième année; maia
ctpetit-fils de D^ocès,
avait fait alliance comme Cyaxare est mort en 695, il fau-
avec Nabonassar, roi de B:il>\!nne, et drait supposer que le roi des Mèdes
le» princes d'Ecbatane se regardaient était alors Astyage et non pas C.vnxare,
oxunie les successeurs des rois d'Assy- et que le roi île Babyloue étiUt I^iabu-
rie; U Cappadoce était derenue asaaie codonosor. Les chronologiates moder-
de la Médie et, sons prétexte de réclamer nés hésitent entre le 8 février 6S5 et
quelques scythes transfuges, Cyaxare 603 avant notre ère, mais alors se pré-
mit déclaré la guerre à Alyatte. Mais sentent d'autres difficultés, qui nont
le royaume de Lydie, qui s'étendait de pas encore été résolues (3).
4elaMvsie an Taurus, pouvait opposer Alyatte avait épousé deux femmes.
an JMedes dea peuples aguerris : ces Tune de race carienne, Tautre de race
derniers avaient pour alliés les peuples ionienne il eut plusieurs enfants. Cré-
:

dePlranet de la Mésopotamie. Le prince sus, hlsde la carienne, avaitétc élevédans


4a Qlîcie Syennesis, le roi de Babyloue les honneurs du commandement, il avait
labynete étaient au nombre dea alliée, été nommé gouverneur de la Mysie ; ce
tous d*accord pour abaisser la imiaaanos fut lui qu'AJyatte désigna pour son
lydienne. Alyatte avait son armée com- héritier. Alyatte avait eo de aa femme
posée des Mysiens et des troupes éo-
liennes, et surtout de ces audacieux Ca-
(x) Hérodote, ihld.
riaa, dont la vie était un perpétuel (a) Curtiiis, griccbiiche Geschicbte , t. I,

p. 473.
'\) iritre d«- Dariot i Alexandre, ap. (3) roy. Hérodote, trad. de Miot, 1. 1;
Q. Cart., liv. IV, II. p. iga, 193.

16' iioroiao». (Aau Mihbuu.) t. ii. 10

Digitized by Googlc
141
fonienne un autre fils, nonunéPantaléon ; ne fut pas oublié dans cette profusion
à peine arrivé sur \t trône, Crésus le fit d'offrandes le temples de Delphes et
;

nu tire mort avec ses partisans ainsi


il :
d'autres oracles fameux avaient dans
.se perpétuait dans la famille royale ces libéralités une part proportionnelle
celte iiaiue des deux races qui fut la à la superstition du nouveau roi. Or-
perte des Grees .de TAsIe. gueilleux et craintif, comme les despo-
Alyatte mourut après un règne de tes d'Orient, Crésus étourdissait les
cinquante - sept ans. Il laissnit un oracles de ses questions réitérées ; à peine
royaume florissant, dont la richesse sur- avait-il exerce quelque vengeance qu'il
passait cette de tous les peuples voisins. en demandait niauNion à toutes les di*
Le peuple lui été va un tombeau et chaque vinités , même a celles dont il savait à
classe de la population y concourut : à peine le nom
cette faiblesse de caractère
:

cette œuvre les courtisanes lydiennes devait conduire à sa perte. Los villes
le

y apportèrent la plus {grande pari. Le Precques avaient vu d'un œil tranquiiie


tombeau d' Alyatte fut élevé en forme de avènement du prince lydien ; l'or de
tumutus; ce monuméot existe encore ; ses mines 8*éeoutaît lentement, maif
nous t'examinerons en étudiant ta plaine sûrement, entre les mains des Grrr?;,
de Sardes. maîtres de tout le commerce de ces
régions. £pbèse étant arrivée au plus
CHAPITaE xitr. bautdegréae prospérité. I*a11ianee royale
de Mêlas attirait sur elle la fiiveur du
>to« ht CB&UÏ. monarque. Pandanis , son nevpu ^tail .

l'homme le plus influent dans les con-


Crésus succéda à sou père Alyatte^ ce seils de la ville mais cette ville était
:

prineeavât laissé cinq enfants : Ariénts, toujours libre, elle traitait d'égal à égal
sa première fillo, mariée à Cyaxare; ta avec Crésus. Sa soumission pacifique
seconde était mariée à un des pre- étant devenue impossible Crésus pour
,

miers citoyens d'Épliese, nommé Mêlas. soumettre les fiers tphésiens n'eut plus
Un de ses ûls, Adramys, fondateur dç de ressource que dans la guerre.
ti Tille d*Adramytt!um, et dont il q*est L'expéditionooiitrelesGreesd'Eplièse
plus fait mention dnnsîhisbire et enfin
; fut la première entreprise de Crépus;
deux fils, issusdedeux femmes d'Alyaltp ; mali;ré les partisans qu'il avait dans
le premier, Pantaléon, élait fils de la ville , il fut obligé de Tassiéger, et deja
femme ionienne; déjà du vivant de son les murailles cédaieiit sous Teffort du
père à avait réont autour de lut un bélier, lorsque Pandams ent la pensée
parti qui le portait vers le trône : Crésus, de mettre la ville sous la protection de
fils de la femme carienne, fut désigné Diane en reliant par une longue corde
,

{)ar Alyatte pour lui succéder Porté par le teuiple avec la partie de la >ille
e parti carien, iirenversa tuciieinentson contre laquelle Tattaque était dirigée :

compétiteur, et le premier acte du nou- eette distance était de ae^t stades. La


veau roi fut d'anéantir le parti ionien* et ville n*en fut pas moins pnse et Crésus
de confisquer les biens des principaux se contenta d*emporter un large tribut,
conspirateurs. Pour effacer ^i^)pre^sion mais laissa les Kphésiens se gouverner
fâclieuse ^ue cette vengeance avait pro- par leurs lois. Toutes les autres villes
duite, U envoya de. riches présents aans ioniennes tombèrent suooessivement au
les principaux centres religifnx, et réta- pouvoir de Crésus; mais, loin de leur
blit plusieurs colonnes du temple d*É- faire sentir un joug pesant, le prince

Shèse, qui avait soutïert du temps des lydien s'efforçait d'éteindre les ancien-
cythes. Il con^a^ra taureau^ d or, nes haines entre le^ différents peuples.
monuments dont nous pouvoir avoirune Les artistes erec^ étaient appem a sa
idée en voyant tes taureaux de Persepo- ôouret travaillaient les métaux précieux,
lis el de Nmive. I,a beauté et la richesse que les mines du Tmolus et d'Astyra
de ces offrandes donnent la plus haute lui fournissaient avec abondance; ce
idée des progrès des arts dans cet empire court moment du règne de Crésus fut
de Lydie. la plus brillante période de VAé» Mi-
I^e templè ionkii dei Bcandg^ei'
' neure; les villes grecques ^içotaonn»*

.11 T

Digitized by Google
ASIE U WEURE. M
Mt, le eotnnieroe vm rimériflor t*él«i* anr le trédé à la •oiM^d'taiie rMutioa
dait jusqu'aux confins de la Babylonie et soutenue par les tBOppes grecques. Ces
de la Perse; toutes les richesses naturel- trois Ktats compr<'naifmt déjà que l'em-
les du pays étaient mises en valeur, et les pire ^e Perse prenait uo42 attitude me-
Grecs profitaient de tout ce omoows naçante à leur égard : une ligua ofifensive
de dreonstances pour faire leur éduca- et défenaim pouvait senis les sauver,
tion de peuple intelligent; les arts de 1.1 î^s Perses n'étaient pas seulement
musique et de la poésie puisaient a la les ennemis jpoiitques de ces trois
source asiatique des inspirations nou- royaumes, et Cyrus ne s'annonçait pas
velles et sur MB rivci du Marsyaa on asBlsient comme nn eanquérant, maia
disait toujours CestioiqiMleroi MidaB
: comme un réformateur religieux. Lss
a inveuté l'elegie. Perses ne recoimaissaiefit qu'un dieu
Crésus par sa politique autaut aue par unique et invisible; ils sacriUaient à Ju-
Mi piétaMB hamlemeDt distribua atait pHer sur les aowBet» élevés des num-
su mettre fin à Tantipathie qui existait tagnes ( I ) comme ûdsaieitt les Pélasges,
entre les Grecs et les nations de Test mais n'élevaient ni temples ni statues;
qu'iU appelaient barbares. Lacédémone ils avaient autant d'borreui que de
••Hélé seiisiMe •• pvésoitfoit par le mépris pour le OBltet.aiitkriponior»
roi de Tor nécessaire pour élever la phique des nations de l'ouest, cÛa das-
statue d'Apollon : aussi la proposition truction des idoles était pour eux un
d'allianoe uite à cette republique fiit- acte méritoire voilà pourquoi dans la
:

elle •emillie avee iyoi|ikhie. aaite de«eile gneereoe la Perseeontre


Crésus , maître de r Asie d'une mer à PAsie grasipie Xerxès déploya sa la^a
l'autre jusqu'aux rives de l'Halys, avait autant contre les temples des Grecs qna
fondé un rovaume plus vaste et plus f;lo- contre les libertés des villes.
rieux que celui de PriUD. Les villes d'Io- L'alliance de ces trois peuples aidée
nie, actives, éléfuites et iiiéiisiriiiises« deoelles des LseédémOBiena anrait peut-,
formaient comme sa couronne maritime ; être suffi pour arrêter le torrent de.*»
mais cette loi fatale qui veut que rien ne peuples de l'Iran, si Crésus dans son
reste stable dans les institutions humai- orgueil n edt commis une faute irrépa-
nes pooMsit Crésus, de|Niis qu'il pos- rable melMe>par la réponse ambiguë de
sédait une marine, à convoiter les pays l'oracle.
d'outre-mer. Chypre, qui avaitéchappe a Nous arrivons ici au dénouement de .

la puissance assyrienne, était alors au cette histoire de Lydie, qui, malgré les
Bouvoiries Pbémelens : eiilltt,eQtiie PHd* Immboi ^v'oNe^wêaente, ooaaonre en*
lys et l'Fuphrate il y avait un vaste pays, core le tableàu réuni de tout ce qui
qu'on appelle la Capparloce, etaui était peut faire la gloire d'un peuple, rishesae,
sous la suzeraineté de la Perse : le roi de puissance et poésie.
Lydie songeait è eonqnérir l>nie et GiésoB, peniiadéfB*ilimit bonmar*
Pautre contMe et Ton criait dans Sardes : ehé de IwMO persev marcha contre Cj»
• A Mazaca avec Crésus. • ms avec son armée lydienne et ses con-
Les
oracles uiterrogés s'étaient bien tingents de Grecs d'Asie. 'Parvenu aux
gardés de faire une réjxnise négative à tbm de l'Hal^, il traverse eefleove avee
«ne question aeeompegttée de si rtchea son armée soit sur des ponts, comme le
présents. Crésus conçut le projet d'en- croit Hérodote, soit en divisant le fleuve
vahir la Perse, et en trouva facilement en plusieurs canaux faciles è passer à
le prétexte dans le dt-sir de délivrer gué. La marche qu'il suivait en partant
son parent, Astyage, relenn eaptif par de Sardes était le nord^; il arriva an
Orrus. bord du fleuve en lonpe^înt les ibonta-
Crésus songea d'ahord h se créer des
'
guesqui furent plus tord les limites sud
•niés ; il pouvait compter sur le secours de la Galatie dans la région où l'Halys
des' Babyloniens avec lesqaela son ferme un grand coude poor «ooler de
père A Ivaitle était déjù en bons rapports Pouest au nord, et l'armée gagna la vallée
d'amTtié; il avait aussi recherche l'al- da fleuve d'aval en anrani; o^esl aioai
ljanced'Amasis,roid'ÉRypte, qui comme
la dernier das Hemmadea étaU ommIé (i) HMolfy tttnu • ' ^ '^i

ii.

Digitized by Google
944 L'UNIVEilS.

au'il faut entendre les mots d'Héro- comme dit Hérodote, et non pas daiu
ote (1). Thtièt imagina de détourner ies ekampt de la Ptérie, ear cette lé-
sur !a droite de l*armée le fleuve qui gion montagneuse n*offire pas de ptaiBS
coulait à sa gauche. L'Halys franchi, où puisse se développer une armée.
Tannée lydienne se trouva dans la ré- Le combat futsanglant, mais sans ré-
gion appelée Ptérie, pays montagneux suitat, et les deux armées se retirèratt
qui 8*etend jusqu*à Smope. On reeon- chacune dans ses cantoBneoMnti.
uaît sans peine le district situé entre la Crésus rentré à Sardes liceods M
ville moderne de Youzgatt et les rives troupes, et songea à réclamer le secours
du fleuve, et dans lequel le village de. de ses alliés pour la campagne pro-
Boghaz keui, le village du défilé, lorme chaine ; mais, par une mardie rapide,
le point enlmiiiant. Gréias a*y établit, Gyms Ot entrer son armée en Lydie, et
ravagea les terres des Syriens ( Cappa- la capitale même était menacée avant
dociens), et s'empara de la capitale des que les Lydiens fiissent raiiembléi
Ptériens, dont il Gt les habitants esclaves. sous ies armes.
Hérodote ne dit pas le nom de cette ca- Crésus, obligé de résister avec les
pitale, mais Énenne de Bjzanee la seules trouiMS disponibles, et doat li
nomme Ptérium, ville des Mèdes (2), cavalerie formait la majeure ptttii,
c'est bien la capitale de la Ptérie. Cré- marçha contre les Perses ; les deux ar-
8US prit de ménie toutes les villes de mées se rencontrèrent dans la vaste
l'intérieur et de la frontière, et finit par plaine de TUermus, non loin d'une pe-
tranaporter en entier la nation syrieniie. tite ville appelée Thvmbrée : et paal-
Voila donc la ville de Ptérium située étre la cavalerie lydiemia eut-cdle dis-
fur la rive droite de TUaivs, dans un persé Vhrmèt de Cyrus , sans un strala-
pays montagneux, ruinée, dépeuplée et péme qui est reste célèbre.
complètement abandonnée. Depuis cette il a rpagus, générai inède, sachant coiir
époque auoun historien ancien ne fait bien la vue et Todeur des chameaui isi-
8 lus mention de Ptérium; néanmoins, pire d*efiM aux chevaux, fit placeras
ans la table de Peutinger on trouve une premier rang de l'arméB perse , une
ville du nom de Ptérami, située entre troupe de chameaux montée par des ca-
I>iéocésarée (Miksar) etTavium(Mefes valiers. L'effet de cette tactique ue M
keui), précisément à la plaoe qu'oecu- fitpas attendre; les cbevaux de la ca*
pit Ptérium ; Hiéroelès mentionoe cette Valérie lydieone, effrayés à Taipectdei
aséme ville sous le nom de Pteamaris, chameaux , se ruèrent en désordre 1«
il est permis d'y voir le nom corrompu uns sur les autres , et prirent la fuite
de Ptérium. On doit ajouter que si les l'armée lydienne malgré des prodiges de
ruines de cette ville eiisteot eneoie, U courage tut obligée de battre en re&rsHi,
ne doit s^jr trouver aucun monument et se retira dans les murs de Sardes.
postérieur à cette époque reculée , mais L'armée victorieuse investit la ville,

que tous au contraire doivent porter le qui fut prise après quatorze jours de
cachet de l'art oriental. P^ous avons re- siège, et Cresustomba prisonnier eotit
trouvé cas ruines dans le territoire du lesmains du vainqueur.
villagede Boghaz keui, et nous les dé- Cest ainsi que 8*écroula l'empire de
crirons qunnd nous serons arrivés dans Lydie, après une seule bataille perdue;
la Cappado<« (3). les peuples divers qui le composaient
Cynis après avoir rassemblé son ar- ne fiirent aucune tentative pour s'oppo-
mée eovo^ des émissaires dans Tlonie, ser à la domination perse ; loin de la*
pour essayer de la détacher de Tobéis- lesÉoliens et les Ioniens, à la première
sance de Crésus ; mais les Ioniens se re- nouvelle des victoires de Cyrus, s'em-
fusèrent ses propositions
il les deux
: pressèrent d'envoyer à Sardes des dépu-
armées en vinrent aux mains aux en- tés, pour offrir aiî roi de se reeonnaltrs
virons de Ptérium ( iv tu lenp^ x*^)« ses sujets, aux mêmes conditions que
leur avait accordées Crésus ; mais le roi
(i) Hérodofe, liv. I". -5. de Perse refusa , et les villes se prépa-
{%\ Steph. lijt , voyez Piérion. rèrent à la Ruerre pour défendre leur
(3) Fof, Ptérium et Boghaz keui. propre liberté.

Digiiizeu by LiOOgle
ASIE MIIfEURË 245

CllAPlTAE XIV. Roger, gsndn de remperenr de By-


zance.
FIN DE L*ElfPIBB DE LYDIE. En ISIO elle tomba en partage au
prince seldjookide Sarou-Khan, qui lui
La chute de Sardes fut un événement donna son nom; la région sud appar-
terrible pour le peuple grec. Sous la do- tint à l'émir Aïdin c est la province
:

mination pacifique du dernier roi de qu'on appelle encore auiourd'bui Aïdin


Lydie , il g*était fait une fusion eotre Guzel Hissar, le beau château d'Aîdin.
les différentes races; les Imines de peu- Sous le rèçne de Mahomet ^^ le re-
ple a peuple s'étaient assoupies. Les belle Djounéid s'était emparé de toute
Grecs étaient au milieu des Lydieus, la Lydie, et avait établi à Pergame le
comme leurs compatriotes, et les atriien siège de son gouvernement. Mahomet,
loyaux de Sardes étaient ouverts aux qui avait été retenu en Europe par d'au-
artistes grecs, dont les œuvres déco- tres expéditions, fit sommer 1 émir re-
raient les temples et les palais du belle oe rendre les places qu'il avait
royaume. La oomioation des Perses prises. Sur son refus, le sultan entra
renversait cet état florissant; un grand lui-même en campagne; après s'être em-
nombre de famille&, et surtout celles des paré de Cymé, il marcna sur ÎNyni-
artistes, étaient forcées de s'expatrier, f)h£um, commandépar l'Albanais Adu-
et raotraieDt en Europe, où elfes por> as, gendre de l'émir; cette petite ville
talent le goût et les connaissances fut prise après une courte résistance,
qu'elles possédaient dans le^ différents et Mahomet se présenta devant Srayme*
arts. L'émigration se répandit en Grèce, que Djounéid avait fait fortifier.
dans les fies, en Italie , et jusque dans Le grand maître de Rhodes, qui pos-
les Gaules. sédait le château des chevaliers, vint se
La Lydie devint une satrapie ou dé- présenter au sultan pour concourir à la
partement du vaste empire de Perse, prise de la ville. En effet, après dix
«t désormais nous n*avons plus à enre- jours de siège, Smyrne lui fiit remise.
gistrer que rhistoire de son territoire. Mahomet fit raser les tours et les murs,
Dans la division de Tempire faite par et la tour môme que le grand maître
Darius, la Lydie et la Mvsie furent com- avait fait bâtir à l'entrée du port fut
prises dans la seeonoe satrapie, et rasée en une nuit. Le sultan motivait
{>ayaient au trésor royal cinq cents ta* cet acte d'hostilité , sur ce fait que las
ents. Sardes fut le lieu de résidence chevaliers favorisaient la fuite des es-
du satrape, qui était plutôt uu lieute- claves des Musulmans. Mais il assigna
nant du roi qn*un simple gouverneur. aux cbevatlers un autre territoire (tans
Alexandre, maître de Sardes, laissa aux la provinoe de Mentesehe pour y cons-
liabitnnts les privilèges dont ils jouis- truire une autre forteresse (i403).
saient encore après la mort de ce prince. Djounéid ne s'en maintint pas moins
La Lydie tomba sous le pouvoir d'An* dans le pouvoir qu'il avait usurpé, pos-
tioehus , et après la iMtaille de Magn^ sédant plusieurs villes Importantes dans
fie , elle fut annexée au royaume de l'intérieur des terres, et notamment
Pergame, et finalement devint une pro- Thyatire, dont il avait augmenté la dé-
vince romaine quand les l^tats d Eu- fense. Attaqué de nouveau, en t424, par
mène furent légués au peuple romain. le sultan Mourad, il leva une armée

Pendant toute la période de l'empire qu'il n'eut pas le temps d'équiper, pour
romain et de l'empire de Hyzance, la opposer une résistance suffisante aux
Ljrdie fit jpartie de la province proconsu* forces du sultan. Les deux armées en
laire; elle lut enfin conquise par les vinrent aux mains dans les plaines de
bordes musulmaries. Thyatire. Battu dans cette rencontre,
Ala t^ddin III fie une expédition en Djounéid se retira dans le château fort
Lydie, et la capitale lut soumise pen- dlivpsili Uissar, sur la côte d'Ionie,
dant auelque temps , moitié aux Grecs, en &oe de Saines: les raines de ce fort
moitié aux Musulmans, jusau'à ce que existent encore, et portant toujoun la
la garnison turque fut expulsée par les même nom.
Grecs , avec le secours des troupes de Le général ottoman Chalil traversa

Digitized by Google
S46
rHermus'f i*«ni|Mini d8"ii0livMitt de sotmoittœ : la ville portait le nom de
Nymphœum , et rt^tablit sous rautorité Mesotmolus; elle est mentionnée dan>
du sultan toutes les villes de la eôte, la notice de Hiéroclès son emplacemeol
;

Jusqu'à Éphèse. La défense d^lysiii e6t inconnu. Sur un des sommets de la


Hissar était confiée à Bayazid, père de raoutagne, Strabon signale comme uo
Djounéid ; pendant ce temps le bey re- monument digne d*étre vu une vedette
belle était allé solliciter le secours du ou corps de ^ardeen marbre blanc (1),
prince de Karamanie, qui ne lui accorda avec une exbedre, sorte de galerie pour
qoe cinq cents hommes, avec lesffuels il s'asseoir. C'était un ouvrage des Pers*^.
revint dans sa forteresse ^ alors assiégée De cet endroit on découvrait les plaines
par Hanisa-bey. Des troupes ottomanes d*aIentour, et surtout celles du Caystre.
etaièDt hors d'état de livrer un assaut, Strabon détermine si bien la position de
la place étant constamment rnvitailléc ce poste avancé, il est si probable qu'il
par mer; c'est alors que le sultan Mou- fut élevé après l'invasion ionienne et sur
rad sollicita le secours des Génois de la route suivie par les Grecs qui vinrent
Pboeée, qui vinrent bloquer la plaee avee attaquer Sardes, qu'on pentespérffde
trois navires. Djounéid , à bout de res- découvrir les vestiges de ce monument.
sources, consentit à une capitulation L'armée ionienne nvait pris des guides
avecChalil, qui lui garantit la vie sauve; à Éphèse, et remontant le Caystre elle
mais a peine se ifut-il livré entre les franchit le Tmoius et vint tomber sar
mains des Ottomans , qu'il fut étranglé Sardes (9) : le poste d'observation aun
avec toute sa famiïle par les ordres de été construit après cette expédition p' nr
Hamsa-bey. Djounéid avait tenu sous garder le passage de la mont;igne il aura
;

son pouvoir, pendant vingt ans, toute dû par sa position élevée se trouver ga-
la Lydie et Tlonie. Il avait su ,par la ranti d'une destruction complète.
ruse et par la force des armes, tenir en Nous entreprîmes sans succès de n*
échec les armées des sultans. Ce nom, trouver ce nionunient en franchissant
nres(jue oublié ntijourd'hiii, faisait trem- la Mionta^ne dans le méridien de Snrfics;
bler toute rAnatolie, et les autres émirs cette course nous conduisit au\ sources
étaient devant loi comme de simples du Pactole, qui n'avaient pas eneore Aé
vassaux; enfin il périt en 1435, et tout observées, et sur le versant sud doMh
\^ pays resta désormais soumis SU pou- lus nous visitâmes les ruines Oieon
voir des sultans. ignorées de la ville d'ilvpacpa.
En quittant la ville àe Smyroe nous
CHAPITRE XV. flmes route au sud pour gagner la tal-
lée du Caystre, et nous fîmes notre pn^
ROrTE K TRAVERSLETMOLDS. VILLE — mière halte au village de Fortouni. pt
DHVP/EPA. TAPOE. —SOUfiCES — le lendemain nous partîmes pour lino-
WS PACTOtB. dèr afin de gagner le haut Caystre. OUe
Le de la Lydie, quoique fer-
territoire
partie de la plaine est ineulte, sans on*
dulatioDS, et couverte de buissons. De
tile etbien arrosé, était néanmoins dé-
distance en distance sont devés de pe-
pourvu de forêts et de grands arbres ;
tits corps de garde couverts de feuillage
aussi les satrapes avaient ils choisi de
préférence les versants de l'Olympe, à
composés de deux chambres, la pre-
Dascylium, les bords du Méandre a Cé-
mière sert ordinairement d*abri pour les
voyageurs ; ils sont conGés à la garde de
Isnes, pour y établir leurs maisons de
quelques zéibeks , milice irréizulière. A
iiMsanee. Le mont Tmoius, oui forme
un kilomètre de la ville s'étend un vaste
a principale chaîna de la Lydie pouvait
cimetière turc, dans lequel se trouvent
cependant faire exception ses jardins
:

étaient renommés, ses vignes produi-


de nombreux fragments de marbres an-
tiques ; un grand sarcophage trouvé dans
saient uu \iu estimé.
ce lieu a été porté à Baîndir. Aucune
Dans la ré^n supérieuredu mont
inscription n'a fait connaître encore U
Tmoius, ime population que
liabitait
Pline (t)

(() Pline, Kv.


désigne sous k nom de Me>

iq.
(i)SU«boa, xui,
(9)Hér«lolr,V,iM.
M

Digitized by Googlc
ASIE HD^ëUAE. M7
#

nom de la viUe dont om


ruines sont elle donne encore d'abondantes mois*
extraites : on peut supposer (|ue ce sont sons et des produits variés. Vn peu plus
celles de Larissa, «|ui était à vi nul-deux baut était la prairie Asienne mentionnée
iiùiles d'ÉpUese daus la plaiue du Cays- par Homère (1). C'est là que le héros
tre. Cette ville était eélèbre par un Asius était honoré (2).
d'Apollon Larissxus. Un peu avant d'arriver au fleuve, quff
La ville de IViïudir c^t toute moderne; nous laissons idujours à notre droite,
die s élevé dau:> uue siluatiou pillores- on aperi^oil quelques ruines ce sont des :

3 ne, sur la partie sud d*un des versants eonstructions byzantines qui ont appam
u Tmolus; les maisons sont bâties en tenu à une église et à un monastère. La
ardie rouge et en bois. 11 y a environ petite église .1 la forme d'inie basilique,
du mosquées, mais deux surtoui seule- ce qui caractérise les constructions an-
ment sont toutes en pierre; la plus Im- térieures à Justinien.
portante est couverte en d6ine et en- Le bourg de Caloé lieu de naissance
tourée d'un portique qui se détaehe sur de rbistorien byzantin Léon le Diacre,
un rideau de cyprès. De nombreuses était situé dans le voisinage d'Hypœpa,
fontaines arrosent les rues. Le quartier et l'auteur grec le décrit comme une
turc est le plus populeui : il compte admirable roidence, au pied dn mont
plus de sept mille maisons; les Grecs Tmolus.
sont au nombre de quatre cents famil- Léon le Diacre était né en 930, et tut
les : y a aussi quel(]ues Arméniens et
il rhistoriographe de l'empereur Basile II.
peu de Juifs. LecommeroL' des matières On peut, sans craindre de se tromper
preniières, du grain, de Thuile» des grandement, identifier avec Caloé cette
peaux, y est assez florissant. localité, dont nous n'avons pu savoir le
Le coton est la principale culture qui nom moderne ; ces ruines ne sont pas
occupe les habitants de Baîndir. Cette éloignées de Yaka keui. Caloe a dd être
même aiinéo ils en envoyaient au mar-
, embellie de monuments religieux d'une
che de Smyine cent auarante-ein(| bal- certaine importance : c'était un siège
les f Tagha ou mutzellim en ayaut pré- éj)iscopal| et les noms de plusieurs
levé la disième partie comme impôt* évéques sont mentionnés dans les actes
Cet impôt se perçoit sur place l'agha : des conciles Hiéroclès mentionne cette
envoie dans les chanips des a^^ents qui petite ville sous le nom de Colose : après
estiment la auonte des produits. Le avoir traversé le village de Yaka keui,
quintal, qui pesé cinquante-deux oques, on arrive à celui de Bouroimjik.
ou soixante-cinq kilos, se payait brut La plaine du Caystre tourne ensuite
soixante-cinq piastres, e'est-a -dire 0,25*^ légèrement au nord; nous francbissons
le kilo. La récolte du coton se fait en un des petits acroteres du Tmolus ce ;

octobre; il se sème en mai ; il faut pour sont des roches de gnein très-micacé;
n réussite des terres légères et faciles le mica y est mêlé de parcelles très-
n arroser. Baîndir envoie aussi à Smyrne menues. Nous arrivons enfin à Demirh.
de la soie, des ligues et un peu de laine. grande ville éloignée de six lieues L.-
Nous apercevons enfin une petite ri- IS.-E. de Baîndir. Deinich contient un
vière couverte de roseaux : c*est le eu plus de huit mille habitants; il y a
Caystre. Les auciens appelaient cet en-
S
onze cents maisons turques, sept cents
droit la plaine Cilbiaue; elle passait maisons grecques, et une auarantainc
pour très-fertile, et eu effet de nos de maisons arméniennes. D après cette
Joursellen'tpaspsnia sa réputation (i):
stiptrhrti. Il parle ailleurt des C!f-
(i) Emtalhr, dans s«n commentaire, ven hinnijigri. Strabon (liv. XIIL p. 6a<^) dit
S39. p. 149, édition dX>xford, aor Dtaj» 2 ne la plaine Cilbiane ( to KiX6iav6v ireSîov )
le Périégete. tait eutre l« Tmolus et le Cayttre. C'ei>t
Pline (Y , cb. 99) nel les lourcet du dans cette région qu*éiaient Minées laa wàofM
r,iy,|re dans les montagnes qu'il appelle C'il- (\v rinabre qui ap|):irl(>naient MIS ÉpkélîaiH

biana Jiiga, et le même auteur uunioie Cil- (Vilruve, liv. VII, ch. 8).
Ua/ii le |>cuple qui halNlait aux eavirona. (0 Uliade, liv. II, 461.
Ou le diktiogoail en Cit^iam h/niores el {%) Sinbon, liv. Xllf , p. («7^
348 LTOilVERS.
estimation, elle est égale en étendue à CHAPITRE XVI.
celle de Baïudir. Un grand torrent des*
cendant duTmolus traverse la ville dans HYPiBPA.
toute sa largeur, et sert à l*irrigation
des rues. En 1840 on a bâti une grande La ville moderne qui remplace l'an-
église grecque, d'une assez belle appa- cienne Hypaepa est appelée par les Turcs
rence; une cotisation de 500,000 pias- Tapoé; mais les Grecs lui ont consené
tres, produite par la nation grecque, son nom, et l'appel lent aujourd'hui selon
pourvoyait aux piincipaux frais. La plus leur prononciation Hypipa.
grande partie des matériaux étaient tirés On ne saurait du reste avoir de douta
de la ville d'Ilyj aepa, qui nVn est éloi- sur sa situation , car elle est bien déter-
gnée que d'une lieue. Les Grecs don- minée par Strabon (1). Il dit qu'en des-
naient une partie de leur temps pour cendant du Tmolus vers la plaine da
l'extraetion des matériaux ; l'argent ne Caystre, on trouve la ville d Hypaepa.
servnit que pour payer la décoration, Cette petite ville est à une lieue N.-O.
une pnrlie des bois et les ouvriers venus de Demich. Klle est souvent citée par
du dehors. Aussi Taspect de l'édiOce aii- les auteurs anciens, qui lui doooeiit
nonee-t'il une dépense uius forte que toujours répithète de petite.
celle qui a été faite en réalité. « Le Tmolus, escarpé et d'uneaaeen-
Les ruines d'HypaGpa eurent beau- « sîon pénible, s'abaisse en deux ver-
coup à souffrir de ces coustriiclions « sants;d'un côté vers Sardes, de l'autre
nouvelles , car ce qui restait d'ediiices « il se termine à la petite Hypaepa. •
antiques fut complètement dépouillé Ovid., Métam., XL
150.
de ses marbres pour décorer la nouvelle Hypaepa était célèbre par la beauté
église; et tout ce qui n'a pu être trans- de ses femmes , qui se distinguaient sur-
porté, soit à cause de son poids, soit à tout entre les Lydiennes par la grâce de
cause de sa forme, a été brisé ou con- leurs danses (2). Le culte de Diane per-
verti en ehanx, attendu que Demich est sique ou d'ÀjBtarté s'y était perpétué
sur un terrain de gneiss, et que In pierre même du temps des Romains. Pausanias
calcaire y est fort rare. Tontes les ins- raconte avec élounement la jonglerie
criptions d Ilypxpa ont ete employées (l'un mage (3), qui allumait sur un au-
connue dallage et comme revêtement tel du menu bois sans le secours du (eu.
et aucun des prêtres n'a eu la eariosité Parmi les habitants d'Hypxpa il y avait
d'en copier une seule. une tribu qu'on appelait les Lydiens
On trouva dans les fouilles une statue persiques sans doute à cause du culte
,

de Venus, qui a été transportée a De- qu'ils avaient embrassé. Toutes les invo-
mich, et qui âert h soutenir Tescalier de cations se faisaient en langue barbare
l'école grecque. Ce morceau de sculp- et inconnue aux Grecs. Hypaepa est
ture date des beaux temps de Tart. La placée sur la pente du Tmolus, aux
tête et le cou manquent, et Ton voit par abords d'une plaine élevée et entourée
Ja coupe des épaules que la trte avait de montagnes ; son enceinte est coupée
été rapportée. Dans une muraille voi- par un ravin profond, dans lequel il
sine, on lit deux inscriptions qui vien- n'^ a de l'eau qu'une partie de l'année.
nent aussi d'Hypxpa ; ce sont les deux Cmq ponts antiques étaient Jetés sur ce
seules qui n'ont pas été dénaturées : ravin ; on en voit trois qui subsistent
encore. Kn suivant la pente de la mon-
Nieopolis, fille d'Arlémidore , avec
tagne du côté du nord, on reconnaît une
•on mari Herniolaiis , a élevé ce ino*
iiinnenl à sj fille Aplita.
grande partie des murailles; elles sont
construites en petits moellons de gneiss,
Cette autre inscription est des temps et ne paraissent pas remonter a une
chrétiens ; elle sert de dallage dans la haute antiquité. La ville d'iiyn.'epa a
cuisine de l'école : été florissante, même sous 1 empire
Martyriijs le Iràviioiahlc scholaslique
et leplinilUistre det légais, reconnais» (i) Siralfon, liv.XIII, p. 697.
aant de la bonne inspiration de saint (a> Etienne deByzance, sub. voc. Rlpttpê»
Théodore, a iàit emlMsUir oetouvrafe* (3) PausaniM, liv. Y, cbap. XXX VU.

Digitized by Google
ASIE MUieURB. S49
bfzanUo. On trouve quelques débris des Romains; l'espacement des colon-
draidillMliin duéHeiiiio; et niiicri|>- nes et le soubassement sont font à fait
tion citée phii hftut prouve qu'il y avait en dehors des règles de leur arcfaitee-
des monuments assez importants. Pour ture. C'est peut-être làque se trouvait
eiauiuier la ville, je partis du pont qui le temple dédié à une divinité persique,
se trouve au milieu du village de Tapoè; et dont Pausanias a parlé.
mieux construit.
c'est le plus large et le Ce temple avait été fondé par Ar-
Il n'a qu'une seule arclie, tant soit ppu taxcrxe; les I.ydiens s'en Orent toujours
opivale. Le parapet est de marbre blanc, honneur comme d'un des principaux
D uu côté du pont, on voit par terre UD centres de la religion des mages et ré-
,

chapiteau connttiien d'un travail ordi- clamèrent à ce sujet des immunités au


naire; de l'antre fst un torse de marbre peuple romain. La Lydie ayant été sou-
qui parait avoir appartenu à une Muse. vent désolée par des tremblements de
Cette statue est d'uu travail analogue a terre, il que les arcs de
serait possible
eeltii de la Véous. décharge dont construction parait
la
Dans le voisinage du pont, on remar- postérieure à celle des rnlonnes , aient
que l'entrée d'un souterrain taille dans été établis pour consolider redifice.
le roc, qui conduisait sans doute hors Le théâtre est situé sur la colline de
des murs; mais aujourd'hui les éhou- rautre côté du pont. La scène n'a que
lements empêchent de le parcourir dans 65*" de diamètre; les gradins, qui
toute son étendue. Je remontai le ravin étaient de marbre, ont été enlevés, et
jusqu'au second pont, que Je traversai, les restes d un four à chaux attestent
et feDirri dans un vaste champ planté ne les Grecs ont employé jusqu'aux
d'oliviers d'une grosseur prodij^ieuse. emiers débris de cet édifice; il ne sub-
C'est dans cet enaroit que Vannée pré- siste aujourd'hui que le mur de soutè-
cédente on avait opère des fouilles your nement des gradins qui étaient en petits
feitiaelion des marhres ; en effet , un moellons de granit. Les ruines du pros-
des plus grands édifîces de la ville se cénium ont fourni environ vingt voitu-
trouvait placé en ce lieu. Il existe encore res de marbre pour l'église des Grecs.
une longue galerie souterraine, et qui, La statue de la Vénus a été trouvée dans
par sa construction, parait avoir appar- Tangle à droite de l'orchestre. Les ruines
tenu à un grand temple. J'y pénétrai d'un édifice composé de plusieurs salles
avec quelque difliculté, et j'observai avec existent encore au bas de In colline.
étonnement uu jjenre de coustruction Plus loin, on aperçoit un soubassement
qui {paraît tout a fait étranger à l'art de bonne construction , sur lequel était
romain. Cette galerie se compose de un petit temple dont les colonnes sont
deux corridors parallèles de 4™, 30 de cannelées en spirale les fnurailles sont
;

largeur; le mur de séparation a l'^JO bien conservées. Dans cette partie, on


d'épaisseur, renfermant dans Sfi cons- aperçoit tncore une petite poterne.
tniction plusieurs fûts de colonnes de Ijéleodue de la ville dHHypœpa ne m'a
granit. Leurdiamètn' est de 1",20 ; ils pas paru différer beaucoup de celle d'un
sont bruts à la surface et espacés de grand nombre de villes anciennes; il
3"',92. Ces fûts de colonnes sont reliés faut croire qu'elle a été beaucoup aug-
par une muraille également en granit, mentée depuis le temps d'Oviae. Je
mais faite de petits moellous avec des quittai ces ruines avec le regret de ne
arcs de décliari^e formant une sorte de pas les avoir visitées une année plus tôt,
^iche; les colonnes entrent dans le sol, car j'aurais trouve ces ediUces d'un meil-
qui est couvert de décombres, et pé- leur état de conservation.
nétrent par le haut dans l'épaisseur des Comme les voyageurs qui ont exploré
voûtes de la galerie. Cest évidemment cette région avaient toujours supposé
la substructiou d'un portique dont les que Birglic était l'ancienne Hypœpa , ie
cotonnes eorrespondaieut aai fttts qui voulus visiter cette ville , éloignée de
sont dans la galerie ; D'après la dispo- deux lieues à l'est de Tapoè, afin de
sition du lieu il est à croire que cette
, m'enquérir si elle n'était pas en effet
galerie appartenait à un temple, mais sur le site de quelque antique cité.
inme eonstroction di0érenta de ceux liCs ruines d*Hypaepa ont aussi fourni

Dlgitized by Gc)
2â0 L'lJ^J

à Birghé des oolounes, des chapiteaux teur dlionune. Cet arbre est, il est vral«
et d*autres fragments de sculpture qui beaucoup plus jeune que celui de Cos,
sont employés dans les édifices publics. mais il est infiniment plus beau ; tout
Mais la ville de Birghé ne renferme au- le corps du bois est sain, et ses bran-
cune construction antique ; elle est si« ches s élèvent à une hauteur prodigieuse.
tuée sur un torrent qui desoend rapide* Le gneiss se présente en rocs volu-
ment du Tmolus. Un pont d'une struc- mineux; le quartz est très-abondant:
ture pittoresque réunit les deux parties on en rencontre de nombreux morceaux
de la ville ; de beaux arbres ombragent épars sur la montagne. Après av(Hr
ses rues ; et ses maisons, peintes de diver- monté encore une heure, nous nous ar-
ses couleurs , lui donnent un aspect de rêtons près d'un café abandonné. I^a
richesse et de gaieté que n'ont pas com- chaleur est très-lbrte, malgré la saison
munément les villes musulmanes. La avancée.
grande mosquée est couverte par uue cou- Le paysage que uous avous devant
pole de ploml) ; elle aun portique avec des les yeux est des plus magniûques ; tout
colonnes de granit, dont les bases sont le Caystre se déploie à nos regards.
des chapiteaux antiques. Tin voyaï?eur Les nombreux villages de la plaine sont
anglais a pensé que le nom de Birghé cachés sous des bois d'oliviers, et de
avait été donné à cette ville à cause des l'autre cùté la chaîne du Messoçis, qui
tours (r^j^yy.) qui s'y trouvaient; mais commence à prendre une teinte vjolâtre,
il n'existe autour de la ville aucune termine rborizon. ,

trace de fortification. Les beaux arl)res du mont Tmolus


Le 4 octobre, je quittai la ville pour forment un prenuer plan d'une riche
franchir le Tmofus. L'agha de Birebé couleur. JSous restons longtemps à con-
ni*envoya des chevaux et mit à ma dis- templer ce magnifique tableau ; luais la
hommes de sa maison
position plusieurs erainte de nous trouver de nuit dans
pour m'enseigner la route, c^r ces pas- la montayne nous fait presser le pas.
sages sont peu fréquentés et passent
, Mous sommes dominés par un sommet
dans le pays pour ottrir peu de sécurité conique et dépouille de verdure; de
aux voyageurs. l'autre cd^, la crête de la montagne,
également aride, se prolonge jusqu'à
CHAPITRE XVn. fierté de vue. Je promène en vain ma
unette sur tous ces sommets; c'est
PASSAOB DU MONT TMOLUS. pourtant en ces lieux que devait se trou-
• ver cette vedette de marbre Uane bâtie
Nous nous dirigions au nord, en sui- par les Perses. Strabon indique assez
vant le cours du torrent qui traverse bien sa position en disant que de ce
,

Birghé. Outre le grand pont de pierre, point on jouit du coup d'œil de la plaine
on a établi plusieurs petits ponts de bois de Sardes, et principalement de celle
oui s'enlèvent lorsque les eaux sont trop du Caystre.
fortes. Les montagnes qui dominent la Apns avoir monté pendant une lieue,
ville sont plantées de noyers et de châ- nous arrivons sur un plateau formant
taigniers. Les cailloux du torrent sont un col de deux lieues de tour N.-S., sur
des blocs de gneiss détaches de la pre- lequel est situé le village de Ttké ; nous
mière montagne, qui n'est composée oue sommes arrivés an point de partage
de terrains a'atlerrissemeuts, de sable des eaux du Caystre et de l'Hermus.
rougeâtre et de cailloux de gneiss. Nous Le faible ruisseau qui arrose cette haute
tournons à droite dans un vallon qui valk e rouie ses eaux sur un sable mêlé
sépare cette première montagne du de mica, qui ressemble a des paillettes
mont Tmolus , et nous commençons à métalliques. Des toourees coulent de
monter rapidement. Des fontaines abon> tous eMés, portant leur tribut à ce mis*
dantes et nombreuses coulent de tous seau ignoré aujourd'hui et dont les ri-
,

côtés. Après une heure et demie de mar- chesï^es ont été bien souvent convoitées.
che nous faisons notre première halte
,
>ious sommes aux sources du Pactole
sous un énorme platane, dont le pied a qui avant d*aller arroser la capitale da
douze mètres de circonférence à hau- la Lydie donne la fMUté à toutes les

Digitized by Googlc
ASIE MI1VE0RE»
campagnes etttlfMiiiiiitM tt miaie vat ne rmMfkMt sailger à nous rendre à
*
ptjKge sévère et majestueux. Tïous Saraes ce Joar>là ; nous avions encore à
avons fait{>eade chemin, que déjà le traverser une vallée E.-O., formée par
ruisseau devient aboudant, et peut tour- une suite d'acrotéres parallèles u la
nir de l'eau à des moulins dans un par- chaîne du Tmolus et tons formés de tef-
cours de deux lieues. Jusqu'au bout du rains d'atterrissements. La lumière de
col de Tcké, j'ai compté douze sources la lune ne pouvait pénétrer l'épaisseur
ou ruisseaux qui arrivent dans le lit du feuillage; nous marchions clans une
du Pactole ; tous ont de l'eau , même obscurité complète. En6n nous nous
eo été; pendant Thiver et le priDtein|M, trouvons au bas du Tmolus; nous tra-
ce petit fleuve doit former un torreat versons un petit rnisse.m qui va se jeter
considérable. dans le Pactole , dont les eaux bruis-
En quittant la plaine de Téké, il com- sant au loin troublent seules le silence
mence à tomber en cascadesurdes blocs de ces solitudes.
de fçranit, et s'enfonce rapidement au !Vous arrivons à Alectiane, hameau
fond d'un ravin étroit et profond. La de quinze maisons. Les poutres (jiii ser-
route quitte ici le lit du fleuve et monte
, vent de plafond à notre chaunnere sont
en serpentant aar le flanc de la monta* noires comme de l'ébène. Noos allu-
trne. Les deux pentes de la vallée portent mons un cierge de cire jaune seul lu-
,

encore les dernières traces des forêts qui minaire dont nous nous soyons pourvus
couvraient jadis la montagne ce sont \ à l'élise grecque de Baïndir. Les habi-
des chênes antioues, presque dépouillés tants soDit meoiders et békherons; ils
de feailla^o et clair-semés au milieu des vont travailler à Smvme et à Magnésie.
rochers. Ce sont les seuls indices de Cet endroit a toute la fraîcheur des ha-
végétation qui subsistent dans ces meaux de la Suisse. Nous étions encore
lirai, car les rochers sont déponillés de à mille mètres environ au-desBus de la
mousse et de broussailles. Derrière la plaine , qui était séparée de nous par
créle que nous avons au nord se trouve une chaîne inférieure parallèle au Tmo-
un petit lac qu'on appelle Gazodeu, lus , et toute composée de terrains d'at-
lac ma oies; il donne naissance à nn terrissements formés de sable rouge ei
misseau qui va se joindre au Pactole. de cailloux de quartz. Cette roontMne
Toute la structure de la montagne secondaire est complètement dépouillée
que nous avons parcourue est de gneiss de verdure. Nous la franchissons avec
et de granit, mais la formation de gneiss une certaine difBcolté, et nous nous
occupe la plus grande partie du versant trouvons enfin sur le versant qui domine
Riéridional la plaine de Sardes. Une p irtie déta-
La constitution géologique du Tmolos chée de cette montagne forme un cône
n*est pas en désaccord afcc la tradition isolé sur lequel sont encore des cons-
de l'existence des mines d'or dans ces tructions antiques. Les Turcs donnent
parages. En effet, tout le versant sop- •1cet endroit le nom de Kiz koulé-si
tcntriooal de la montagne est compose *( la tourde la fille). On sait qu*il ne faut
de terrains d'attenissements formés d'é- attacher aucune importance à cette dé-
léments primitift, le quartz et le gpeim nomination , qui se trouve appliquée à
qui servent de gangue à l'or. En suivant un nombre infini de vieux édifiées. Ces
le cours de la rivière, j'ai examiné s'il ruines aiipartiennent à la citadelle de
ne restait pas quelques traces de ces Sardes, qui pouvait en effet paraître
anciens gisements, et j'ai consulté les imprenable à une époque où Tart de la
pnvsans pour savoir s'ils n'nv.iient ia- balistique était encore si peu avancé. En
niais découvert quelque pépite métalli- tournant le mamelon du côté de l'Est,
que; mais j'ai descendu la montagne, nous rejoignons le cours du Pactole,
containcu que ces mines da Tmolas qui a repris sa tranquillité première et
sont complètement épuisées, et qu'un coule lentement jusqu'à l'Hermus. Il
hasard inattendu pourrait seul mettre faut que le cours de ce dernier fleuve se
sur la trace d'un nouveau dépôt auri< soit considérablement rapproché de la
fère. ville de Sardes, car Strabon estime
La nuit était toit k fait arrivée, nous qn*il en était séparé par une distance de
ÎQ^t stades, tandis qu'anjoilldluii il la poète, Hyda était au pisd dn TOmIh
n'y a pas trois kilomèHiea. al voisine du lac Gygée.
Étieune de Byzance (l) conBrrae k

CHAPITRE XVUl. même (ait; d'après Apollonius, histo-


rien de la Carie, Hyda était la lêsidcnce
d'Omphale, reine des Lydiens et file
SAJIOBS.
de Jordanus ; mais, poursuit cet auteur.
Léandre, surnommé Micanor, luidoiue
Lorsque nous dessendions las pentes le nom de Sardes.
du TmoluSf éclairées pnr un resplendis-
La
citadelle occupa une cotliae d*OD
s.int soleil d'automne, nous avions de-
accès difficile , mais dont nous ne pos*
vant les yeux une plaine vaste et nue, vons aujourd'hui connaître la forme
sans ondulations, sans la moindre cul- primitive c'est une branche avaucéedes
:

ture, et de loin en loin quelque pan de


contreforts du Imolus, toute composée
mur , quelque monceau de ruines venait des terrains de transport, caiUou d
seul rompre la stérile uniformité du sol.
sable, d'une désaggrégation facile. Ob
C était remplacement de la ville de Sar- doit attribuer à cette circonstancf la
des. Aucune ville, à Tasception de Ba-
démolition complète de la citadelle, tiont
bylone, ne peut offrir un plus triste ta-
il reste à peine quelques vestiges appré*
bleau de ranéautissement de toute puis-
ciablee; encore sonl-ils postériwità
sauce humaine. On a peine a comprendre
l'époque des rois de Lj^die.
que de tant d'édifices somptueux, de Le roi Mêlés, qui passe pour être pré-
tant de murailles amonceléas pour dé-
décesseur de Candaule, bâtit la citadelie
fendre cette ville qui passait pour la
sur un rocher inaccessible, qui ooa*
reine de l'Asie, il ne reste que quelques
mandait la vallée de l'Harmus. NoB en-
pierres, l^es différentes dominations qui
tent de l'avoir entooiéa de fortes mu-
ool succède nu\ Lydiens n'ont pas laissé railles, il voulut encore consulter les
plus de vestiges ; on se reporte involon- devins de Telmissus ; les prêtres lui an-
tairement aux menaces faites par Tange
noncèrent que la ville ne serait jaoïlil
des chrétiens aux habitants de la ville
prise si Ton promenait autour des su*
de Sardes, et Ton est forcé de se dire
railles un monstre à tête de linn qui
que Jamais prophétie ne lut mieux ac-
avait été engendré pnr une de ses fein-
eomplie.
mes. Mélès avait exécuté ce que les de-
L'époque de la fondation de Sardes vins prescrivaient pour toute l'eneeiBiei
j

est restée ignorée ; selon Strabon elle


à l'exception de ce cdté de la citaddki
est postérieure à celle de Troie; mais
en face d u Tmolus et q u' I a vait négligti
i i

avant la créatiou de Sardes il existait au


comme naturellement défendu.
pied du Tmolus et sur le même empla-
L'ascension à l'acropole ne peut
cement une Tîlla nommée Hydée : c*est facilement exécutée que du edtéduM*'
du moins ce qu'on peut conjecturer du
ouest, les terres frianlas des autftt
passage de Strabon, aussi bien que des
té5 rendant les chemins assez diffinles;
citationsempruntées à Homère et a on Ti'v trouve du reste que quelques
Pline.Le premier do oesautaurs (i), murailles, mais aucune disposjiiuu sp*-
après avoir cité las vers d*Homère
claie ; les autres explorateurs qui
ajoute Il n'existe point de lieu nommé
:
comme après nous ont tenté cette as-
Hyda chez les Lyoïens, et quelques li- cension n'ont pas eu à constater d au-
gnes plus bas : il y en a qui pensent
tres résultats. Hamilton(2), qui a donne
;
qu*H^da est Sardes même, «rautrcs que à ces observations un coup d'oeil de go*
c^était la citadelle de cette ville qui sa
logue, coustate que « le trait le P"*
nommait Hyda. Pline (v) ne met pas plutôt de
i-c
saillant de Taeropole, ou
en doute (|ue Sardes et Hyda ne soient des-
qui fut l'acropole de Sardes, est la
la même ville; ceci du reste est d'accord
truction rapide du sol causée pa^'^
avec la passage d'Homèra, puisque, selon l**
sion des eaux et des torrents. Toute

i) Siraboo, Xm, M. (r) Et. Byt., iwr. Hyde.


(s) BMkb in Am Mkm, t. Ii P-
<^

Digitized by Googlc
ASIE Mi I£URE. M
fÊÊèntâ^ Vmém MMmiMt ait détroite, Mené; mais sa conteitareest cnstalline
à l'exception d'un étroit sentier élevé, et sa teinte légèrement grisâtre. \je
défendu par un double mur et des mont Tinolus ne contient aucun gise-
Srécipices verticaux, et quelques pans ment de marbre , et les montagnes au
I imm toutoDin seolement par la delà de i'Hermua sont toutes voleani>
fragments accumulés au pied. » ques il faudrait rechercher les carrières
;

La décomposition des collines oui s'é- du temple de Cyhèle dnns le groupe


Jérent au sud de la ville a tellement montagneux calcaire situé entre Sardes
athaoné la aol qna laa derniars ?astisaf et Smyme, mais on ignore aujoanThuI
des monumanti ne tarderont paa à (Râ- le véritable emplacement de ces car*
pa rai tre. rières.
Pour s'orienter dans les ruines de Le monument est orienté de l'est à
Sardat il ait néeeasaira da auivra la Touest, la fMa orientale toomée veia
cours du Pactole; e*est le misaeau qui l'acropole, Tautra est pardlèlaau court
coule près du temple On sait qu'il Ira- du Pactole.
rersait l'agora (1) et de plus qu'il bai- Aujourd'hui deux colonnes seule*
gnait renedote do temple de Cybèle. ment restent debout; noua avoos pour
* Le chœur : ô mèrede Jnpiter hiinnéme, ainsi dire assisté à la destruction crune
terre montagneuse nourrice du genre
, partie de l'édifice, qui depuis des siè-
humain (Cybèle), honorée sur les rives cles est la seule carrière où les Turcs
da Paetola ehaiféd'or (2). » On sait da viennent prendre du marbra pour faire
plus que Tagora était au centre de la des tombeaux. Noos avons vu à Smyrne
ville, c'est de ce point qu'on peut se un dessin de ce temple fait à la fin du
rendre compte des principaux mouu- siècle dernier : il restait encore six co-
meots qui existent encore. lonnes debout avec dea fragmenta d*ar*
chitrave. Thomas Smith (1) a encore
CHAPITRE XIX. vu ces colonnes; M. Cockerell en a vu
trois j lorsque nous avons visite Sardes,
U TUFIJI DB CTBàL*. il n*en restait plus que deux , plnsieori

chapiteaux, d'énormes morceaux d'ar-


Cybele « déesse indigène de la Ly- chitrave gisent sur le sol, mais ne pa-
die » (3), avait dans la ville de Sardes un raissent pas destinés à y rester long-
tanple, qui fut îDceodié an moment de tempe.
h prise de la ville par les Ioniens. C'est Les deux colonnes encore debout ap*
pour se venger de cet attentat que les partiennent n l'ordre extérieur de la fa-
Perses incendièrent par la suite les tem- çade orientale, elles sout reliées parleur
plaa de la Grèce; on eat donc asaoré arehitrare. Les dimensions de rédilice
que le monument d'ordre ionique qui ne le cèdent point à celles do temple
ïub^iste aujourd'hui est postérieur au des Brnnchydes; mais les colonnes sont
quatrième siècle avant notre ère; oo enterrées de plus du tiers de leur hau-
peut même admettre, d*apf^ leearae- teur. Elles n*avaient pas moins de vingt
tèrede l'architecture, qu'il date du règne mètres de haut , il fiîndrait donc pour
d'Alexandre. Ce prince ayant ordonné retrouver les dispositions principales de
la construction de plusieurs temples, l'édifice faire des fouilles très- profondes.
celui de Diane Coloène (4) et celui de Néanmoins ptusieura portions de Mt
Jupiter Olympien, il est probable que la s'élèvent enoora au-dmiua du sol et per*
reconstruction du temple de Cybèledate mettent de se rendre compte du style
de la même éponue ; mais il ne fut ja- de rédifice. On voit aussi une ligne de
inaii terminé, et les cannelures des co- blocB oui ont dA appartenir au mur da
lonnes ne sont achevées q|u>D partie. la Gelfa. rhapiteam aont d*ordra
Le temple est ooDitrnit en marim ionique ; ils ont cela de remarquable que
les coussinets sont ornés de rinceaux
(i) Hérodote. V, lo». de feuUlagea d*une grande délicalesse.
(î) Sophocle . PkUott^ 391. Tous ceux qui ont tu cas fragmota ont

(4) (^uiui. Cui-i. (i) Septem A»i« ccclcsiarum notifia, p. t?.

Digitized by Google
exprimé leur admiration pour la beauté micycle ; eUe a environ cinquante mèm
du style et la perfection du travail ces , de tour sur quinze de large. L'ouvrage
chapiteaux uous semblent trop décorés de brique est bien exécuté, mais les frai-
pour être d^mie heute antiquité. ments de marbre introduits dans u
En se rendant bien compte delà dit- construction indiquent une époque vol»
position des fûts de colonne qui sont sine du quatrième siècle. n*» mtym U
encore en place, on acquiert la certitude moins positif que ces ruines anpartieo-
aue ce temple était octostyle et diptère : nent à un édifice public, peut-eue à m
avait donc Imit colonnes de firoot et gymnase.
sur les côté^ deux rangs parallèles, Près d'un petit cours d'eau qui eotle i

chacun de seize colonnes, formant deux le long du théâtre, on voit d*autris rai- '

portiques. Le modèle de ce temple ne nés, toutes de brique , mais qoi ne pré-


différait sans doute pas beaucoup de sentent que peu d'intérêt au point de
celui d*£pbèae. vue architectural. La domination bv-
De Fautre côté de Tacropole d.ms la ,
mtiue écrasée sous l'invasion muiul-
partie nord-e*t, sont les rumes du théâ- mane, n'a laissé que de faibles vertiges :

tre, qui ne présentent qu'un très-me- des monuments religieux qui devaient '

diocre intérêt. La scène est entièrement s'élever au centre de cette rivale d'É-
détruite ; la forme de la caifea reste avec phèse. Près du moulin construit sur b
quelques gradins et les murs de soute
^

Pactole on voit les restes d'une gnode


nement, qui sont en pierre de taille. Le église aujourd'hui abandonnée, mais
diamètre extérieur du théâtre, pris à la qui au commencement du siècle* était
hâte, dépasse cent dix mètres ; Tmtérieur encore desservie par quelques prctre».
de la cavea était de cinquante mètres. Elle est construite selon le mode liyi»
En jugeant d'après d'autres théâtres,
mieux conservés, celui de Sardes pou-
tin , avec des fragmenta d'édHiesi
anciens. Loin d être un monument con-
^ !

vait contenir plus de dix mille specta- temporain de l'établissement du chris-


teurs. Ce qui reste paraît être de cons- tianisn)e dans la ville, on peut être as-
truction romaine ; ni.iis comme il est suré qu'elle n*eat pas antériaoïe «
fait mention de cet édilici' dans la puerre dixième siècle.
d'Antiochus , il est certain «jne déjà à C'est sans doute cet édifice qui est
cett« époque un théâtre grec existait à mentionné par Thomas Smith )coraoie ( I

Sardes. l'eulise cathédrale. Une autre petilK

Le atade s'étend parallèlement à la église, remarquée par le même écrivam-


montagne; la branche nord est soute- contenait d*ancieniie8 eolonnei «t Ant
nue par un rang d'arcades de pierre, les alors convertie en mosquée.
Stades d'Éphese et deSnivnie t-out dis- La disparition complète des murailles
posés de la même manière. Le genre du côté de la plaine ne permet pas d'ap-
de construction est tout à fait romain. précier rétendue de rancienoe ville; ,
Entre le théâtre et le temple, mais mats elle devait, selon les habitudes des
{dus près de la rive de l'Hermus, s'e- peuples d'Orient, être plus étendiu' que
ève le seul éditice qui présente une la ville romaine La citadelle ne la dé-

aorte d'ensemble. Il est de forme quar* fendait qu'imparfaitement, voilà p<Ni^


xée à Textérienr et construit en briques ^uoi rbistoire de Sardes nous rnootre
et en fragments de marbr ; il n'en a»
SI souvent la ville prise et pillée sans
pas fallu davantage pour taire supposer 3ne les ennemis paraissent s'inq*'*^
a quelque!» antiquaires que c'était un e ia forteresse.
reste du palais oe €résus (1), converti
les Romains en salle du sénat, appe- CHAPITRE XX.
ET chez
ï les Grecs gérons ia. On y re-
marque plusieurs salles, avec des débris BBSUJIB DE L'HISTOUX DB 8ASD&»
de voûte, et d'autres chambres plus pe-
roH-
tites; la |dui gmde des sall« est ter- Hérodote nous a laissé ignorer
etex
minée à ebaquA eitiémilé par un bé- ginedu nom de la viUedé Sardes;

(t^ yilruT«^ 1 1, a. (x) Loc cit.

Digitized by Google
ASIE MlMEUiil*
ÎB)pMWiit mie rîDfiueiice orientale a rév«»lte (juesur un ordre de Cyrus t ^us
ominé chez les premiers rois de Lydie les Lydiens furent ilésanués. 11 leur fut
pourront y retrouver (jud jui' analogie ordonné de porter des tuniques et dt-s
avec 1rs noms de certauis rois assyriens, cothurnes; on n'enseigna aux enfants
eoauae Safdan-Apal. Ceux qui s'atta- d'autre art que celui de la musique, et
dioil de préférence aux traditions grec- tout fut mis en œuvre pour anéantir
que p<"<urront se rapporter nu mythe l'esprit guerrier di la nation. Les Ly-
d'Hercule, dont la fille Sardinie donna diens qui avaient .'•uivi le parti de Pac-
ie 0001 a l'île de Sardaigne. tvas furent vendus comme esclaves et
Son le r^e
d'Ardys, les Ciminf' Pactyas ]|ii*fflême fut livré aux Perses.
dos^d^à mwtres d'une partie de l'Asie, Cette insurrection eut de funestes cou*
^«nparèrent de la ville de Sardes; la séquences pour les villes dTonie Priène
:

ôladelle seule leur résista : ils restèrent fut prise et les habitauts vendus à l'en-
«0 possession du ^ays jusqu'au règne chère.
dTAlyatte (1). Gyges augmenta le sys« Sardes n'en resta pas moins le prin-
tèoe de défense, mais depuis Gandaule cipal siège de la puissance perse en
jusqu'au dernier des Mermnades, la Asie et la résidence du premier satrape.
ville royale des Lydiens put jouir des Sous le rèfîne de Darius, Art i(iliprne,
(iooceurs de ia paix. frère du roi, fut nommé gouvcrueur de
àftk la bataille de Thymbrée Créswt, Sardes (1). Pendant la révolte suscitée
nificu par C3rn]s, se retira dans sa ca- par Aristagoras, les lonieps, aidés des
pitale, qui après une
résistance héroïque forces athéniennes, partirent d'P.f)hè55*,
tomba au (K>uvoir des Perses. La cita- fraueliirent le Tniolus et s'emparèrent
(icUe se défendait encore après qua- de Sardes, qui était toujours sous le
taoejodisde siège, lor8qu*un«eirmt- gouvernement d'Artapherne. La ville
la fit tomner au pouvoir
tance fortuite située en plaine , fut prise et Incendiée;
disperses. les maison^, qui n'étaient autre chose
La montagne de racropole avait paru que des cabanes, de roseaux, comniuni-
iBaoeessibie du cdte du Tmoius, et l'on quérent le feu aux édiUces publics, qui
mit B^tké d*élaodre tes fortiBeatioDS n*avaient que des couvertures de bois
WliiM. Il existait cependant un sen- lé^'er ; le temple de Cybèle, situé sur la
li^r,prcHOe impraticable, par lequel un rive du Pactole, fut aussi la proie des
soldat lydien avait pu descendre et re- flammes. De ce moment date la destrue-
iQûDter pour aller chercher sou casque tioa complète des monuments de la
twbé par hasard. Sarde lydienne. Les habitudes des Perses
Ce moufement n*afait pas échappé à de demeurer dans des maisons laites en
on soldat de Cynis, nommé Iléreade, durent pas changer beaucoup
fusé ne
lui suivit les (
â.s du lydien, et remon- a physionomie de la ville pendant le

I
taotâccompaftoe d'une troupe de Perses règne des Achéménides. 11 faut ajouter
i
('«npara date eitaddle. le ville fut que la religion des Perses n*admettalt
pnsc et livrée au pillage et à Tincendie. la oonstraetion d*aucun temple et d'au-
Depuis moment la ville de Sardes cune statue quelques Pyrées bâtis dans
:

de^iit théâtre de révolutions sans


le le voisinage des ruisseaux étaient tous
i>Mobre. Cyrus ht réparer une partie des leurs édifices religieux ; il faut donc se
de riaeendue. En ouittant la représenter la Sardes de cette époque
Mue pour le fendre à Emtane, il comme un vaste camp avec des bazars
hissa le gouvernement de la ville au pour entreposer les marchauflises, une
Perse
Tabalus, et chargea le lydien Pac- ville en un mot comme celles qui exis-
Jj^de Dorter en Perse les trésors de tent de nos jours dans le lias i:<upt)rate,
CNni. PactTas, loin de s*aequitler de dans lesquelles les gourbis arabes revê-
BÎMieii, mriÎBfa les Lydiens contre tus d'argile forment la plus belle partie
WmIus, s'empara de la ville de Sar- des habitations (2).
d», et assiégea la citadelle, ou Tabalus
Xerxès avant d'entreprendre son m*
'^t retiré. C'est à la suite de cette
(i) Hérodote. V, a5.
(a) Hérodote, Y, seew

Digitized by Google
356 LITRIVERS.
péditfon eonlra laGrèee, raMemUa ses se malntemr'flo&tre l'amée da toi (i).
contingents dans la ville de Sardes; en
part.mt de cette ville il traversa la My-
Cependant m offider crétois nooiné
Laporas, ayant remarqué les vautouit i

sie et la Troade pour gagner rUelies- et les oiseaux de proie planant au-dessus <

pont. d'un lieu désert et voisin du théâtre,


Le gottt particulier des princes d'O- recomrat qoe cet endroit, où l'on kiait
rient pour les grands parcs et les chas- les eorps des animaux et les ittott
ses monstrueuses pouvait trouver toute de In ville dominait un précipice, et
,

satisfaction dans les vastes plaines de que la muraille n'était point gardw, 1

la Lydie ; le jeune Cyrus possédait à tantou redoutait peu une attaque de |

Sardes un (laradis avec de somptueux ce cdié, prit avec lui vne poiaiée
jardins, qui faisaient radmiratioii de d'hommes résolus, et tandis qu'AB-
Lysandre (1). tiochus faisait une fausse attaque de
La ville et la citadelle de Sardes se l'autre côté , comme pour s'emparer
rendirent sans résistance à Alexandre d*une des portes, Lagoras entra daoi
après la bataille du Graniaue; ce prince la ville par le quartier nommé Prioo,
vint camper au bord de Hermus, qui
I voisin du théâtre, et la place tomba aaj
coulait à vingt stades (3 kilom.) de la pouvoir d'Antiorhus. Sardes fut enrore^
ville; il visita la citadelle , défendue par une fois incendiée et piUee; Achaeus
une triple muraille, et ordonna de bâtir fut mis à mort.
un temple à Juoiter Ol^iiipini. Gomme Antiochus put jouir pendant trenli
ircherchait la place qu'il assignerait au an«j du fruit de ses victoires ; mais vaincu
monument, le tonnerre vint à gronder a la bataille de Magnésie, il dut aban-
par un ciel serein, et une pluie abondante donner les conquêtes qu'ii avait faito
tomba sur l'emplacement même de Tau- en Asie Mineure ; la capitale de la Lvdie i

cien palais des rois de Lydie. Alexandre se rendit sans coup férir aux dcox
crut que le dieu lui même désignait sa Scipions et devint le chef-lieu d'osé
,

place et il tit kUir le temple sur le


, des préfectures d'Asie.
du palais; il tit également élever
terrain, Après tant de catastrophes causées
un temple à Diane Goloène. En quit- par la guerre, Sardes eut è souffrir
tant la ville, qu'il laissa sous la garde de encore d*un fléau qui ravagea trop soo*
Pausanias (2), uh de ses plus fidèles vent l'Asie. Sous le règne de Tibère, un
généraux il,rendit aux lA'diens leur terribletremblement de terre reuvena
autonomie et leur permit de se gou- la majeure partie des édifices publics.
verner par leurs propres lois. Sardes dul à la générositéde l'empereur
A la mort d'Alexandre la Lydie échut une reconstruction partielle ; mais lf<
à Antiaone, et après la défaite de ce secousses du sol furent si violentes, que
prince a Ipsuselie devint le partage des la plupart des voyageurs croient en
Séleucides. reconnaître encore de nos jours
SéleucnsGéramius ayant péri par la
,
tracesdans les larges fissures qui se
main d'un assassin, Acliseus, beau-père remarquent dans la montagne de l'a-
d'Attale l**", qui gouvernail alors la Ly- cropole.
die, maintmt cette possession au nom ]^ ville se releva cependant de cet
d'Antiocbus; mais bientôt, se sentant échec; c'est h la beauté de son tcmloiis
soutenu par les rois de Pergame, il se que Sardes dut son rétablissemeot, «
crut asspz fort pour se faire proclamer point que dans les premières nnnées du
roi r n 219 avant notre èn\
, premier siècle de notre ère eik' ne le
A la nouvelle de cette rébellion, An- cédait à aucune des villes voisiues (3).
tiochus passa le Taurus, entra en Lydie Au moment de l'élablissenieot dv
avec son armée, et marcha contre Sardes, christianisme en Asie, Sardes se dis-
où Achxus s'était renfermé; n'osant tingua par l'ardeur avec laquelle elle
pas entrer en campagne contre le roi adonta la foi nouvelle; aussi mcrita-
de Lydie, ilsutpendaut une année entière t-elle le titre d'une des sept églises

(i) Xênopli. ORconom., ch. IV, p. ei. (i) Pol)be, VU, 4, 7.


(a) Amcot i^^jp» AkoL^i, lè. («) SUraiMO, UOf te?.

Digitizeu by LiOOgI(
ASIE MUiBUAR.
8m wàk iMliM m le soutint
pas toujours; les nouveaux chrétiens
méritèrent une sévère Mprimande de
la pvt de rnge de TApocalypse. « Je
TOMUAUX DIS BOIS Dl LYDO.
connais vw eouviei, et je nie que voie
dites que vous étct fifMt, BNlii VMV La plaine de Sardes est bornée au
êtes mort (I). • nord par le cours de l'Hermus, qui coiile
L'empereur Julien, dans ses tentatives de Test h Touest, dans un Ut peu en-
de fCMainratioD de runcien culte des caissé, composé de terrains sablonneux
païens, nomma pontife de Lydie Chry- et friables. Au moment de la fonle des
santhius, citoyen de Sardes et d une la- neiges dans les montagnes de la Phry-
mille patricienne. Des ordres furent gie épictète, le fleuve est sujet à des
donnée d'élever des antab et de réparer débordepnents qui inondent toute la
les anciens temples ; mais on sait quelle plaine aussi les Lydiens avaieut-ils
:

fut la conséquence de ces velléités éphé- creusé un canal qui conduisait les hautes :

mères. eaux dans le lac Gygée. C'était pour


lidnf atons vu les Gotbs porter leurs Sardes une imitation du lac Mœris de
ravages sur Its eûtes de la Bithyoie et rFlcypte. La vaste nécropole des rois de
de la Troade ; ils pénétrèrent jusqu'en Lydie apparaît au loin, sur la rive droite
Lydie, et en l'au 400, sont» la couduile du fleuve, comme un groupe de mon-
de Tribilgid et de Giianas, oflleieran ticules.
service de l'empire, qui s'était révolté Ko
quittant les ruines de Sardes, on
contre l'empereur Arcadius, les hordes fait route vers le nord-ouest jusqu'à
des Goths prirent et piUèreut Sardes. rUermus, qui n'est éloigné que de six
Les inewiioDs des triline mmalma* kilomètres. Là se trouve un gué d*nn
nés ne laissaient aucun repos aux ha- passage assez difficile. Autrefois il exis-
bitants , qui coinmeucèrent à quitter la tait un bac triangulaire, mais à mesure
ville it à se retirer dans la moutaitne. que W'S années s'ecouient, les routes de
Dane le OBBème sièele les Seljoukides Turquie, loin de s'améliorer, ae détério-
pou&sèrent leurs expéditions jusi{u'ea rent. Sardes est pourtant située sur la
Lydie, mais n*y séjournèrent point. Kn grande route qui de Césaree conduit à
1304 les Turcs eurent la permission Pergame; c'était la grande voie mili-
d'oeeopsr «ne partie de la etladelle; taire qui traversait obliquement touta
enfln, dans la seconde année du quin- l'Asie Mineure pour aller aux passages
zième siècle, Timour s*empara de cette du Taurus. Les derniers musulmans
malheureuse ville, et la détru.8it de fond aui ont habité Sardes reposent dans le
an eombla : jamais elle ne s*e8t relevée eroier cimetière qui borde la rive de
d*one pareille catastrophe. rilermus.
Aujourd'hui l'emplacement de l'an- Quand les eaux sont hantes, les cara-
cienne capitale conserve encore le nom vanes sont obligées de remonter le cours
de Sari. Lsa distanças de eeite ville i du Oeuve pendent plusieurs milles pour
difléranis points de la eôte sont estimées trouver un passage çuéable.
par les auteurs anciens <le la manière Après avoir passe l'Hermus, on fait
suivante : de Sardes a Lpliese. 640 sta- environ six kilomètres dans 1j direction
des (2) ou 99 kilomètres; à Pergame, du nord-est, au milieu d*une plaine lé-
000 stades ou 111 kilomètres (S); à Tri- gèfement ondulée et couverte au prin-
polis, 61 milles ou 93 kilom. (é^;etdo temps de verdure où les Turcomans
Sniyroe, 80 de kilomètres. viennent plauter leurs lentes.
Le groupe des tombeaux est placé au
(t) Apocalypse, III, f, 5. milieu d'un plateau qui domine les
(») HéroJoi»-, V, 54. plaines environnantes; cette situation
(3) Slraboo, XUI, tiaS. ressemble beaucoup au célèbre tumu*
(4) Tabla d« Pcutcii|er. lus de la plaine d'Alger, connu sous le
;
nom du Tombeau de la Chrétienne. /
L'attention se porte d'abord sur le plus
grand de ces tombeaux, qui au premier
17* Civrainm. (Aau Mirbuab.) \ n. I?

Digitized by Google
coup d'œil né parn/t être autre chose d'hommes pour recevoir, les eaux kli
.

qu'une peiite montagne; mais on re- du débordement des fleuves »


couoalt iîeotôt ^u^ CjeUe inass^de t^rre Le tombeau d'Alyatte est en eQet
eit élevée de main d'homme, et de plus situé an- sod de la grande nécropole
:

gue par ses dimensions elle est tout à des Aujourd'hui la circonfcreuee
rois.
fait d'accord avec la description qu en de sa base est entourée d'un épais gazon
a faite Uérodoie, et qui nous faitcon- et de terres éboulées qui ne permettent
. naître ee monument comme le tombeati pas de mrnnnatîrn Ir ninhaanrniiinf
î d'Alyatte, père de Oésus. « On voit en Du côté du nord le tombeau repose
^
Lydje, dit Hérodote, un monument qui sur un lit de calcaire marneux. La
oe le cède en rien par sa grandeur à masse du cône est composée de aable
eeux des Égyptiens et des Bobyiodieo?; et de gravier, qui a été en partie m-
e*est le tombeau d'Alyatte la base est
: tratoée par les eaux, de manière à dé-
formée par un soubassement élevé, sur- former assez profondement le côté sud.
niOQté d'un cuue de terre amoncelée. On peut assez facilement arriver ius-
II est reuvnige d^aitisaos , d*ouvrien( au'au sommet, où l'on trouve une loof
et de courtisanes. » Au sommet de ce ation en pierre, et une des stèles dé-
monument on avait élevé cinq bornes crites par Hérodote, mais tellement
de pierre sur lesquelles étaient gravées ron((ée qu'on n'y remarque plus le
des luferiptions qui Indiouannit le tré^ tnein dfo earaelère. Cette stèle e h
ail de diaque classe d ouvriers (I). forme d'un phallus«0O dTune pomme
ï.a circonférence du monument est de de pin semblable à celle qui surmontait 1

six stades deux plèthres, sa largeur 4e le tombeau de Tantale. JMuus n'attons I

ttette plëthres. Co tradukpot en mètres do Mstn-liit qu'un esuwn, tff軫ipev* '

We mesures données par Hérodote, nous flciel de ce monument, dans la penua-


avons pour la circonférence 1172 mè- siou où nous étions qu'un jour nous
tresle diamèire d'un cercle de cette viendrions y opérer des louili,es^ L'opi-
dimension est de S7S mèlrM, tendis nion de toue taux qui ont Mennné ces
que les treize plèthres de largeur 'dota- tombeaux est que des fouillée. aMhéeAn-
Dent 40S ntètres il y a donc une erreur
: giques y seraient tres-fructueuses.
de 30 mètres sur le rap^iort des mesures Un très*Kroiid nombre de tumulus
données nar Hérodote : aujourd'hui H est entourent oewi d*Alyattevil en est plu-
impossible de féiifler cette mesure, à sieurs qui sont aussi d'une ^rauoeor
cause des terres iocumolées à la bsse igantesqoej les autres, dont le nombre
du monument. Iépasie oinq|iante,se présentent comme
Il y a dans le voisinage un grand lac desdmîOeneee couvertes de ^azon,
toujours rempli ; les Lydiens lui ont Turcs appellent ce lieu Bin tépé, leii
donné nom
de lac Gygéc. La des-
le mille collines. On n'observe pas ici,
cription de Strabon ajoute peu de chose comme ù Taotalis, les traces de recher-
à celle d'Hérodote : « A quarante stades ches faites dans les temps anciens pour
(7 kii. 40) de la ville est le lae Gygée, dépouiller eae lomlwnnK'; oii sait d'ail»
dont parle Homère, et qu'on a depuis leurs qu'à cette époque reculée les re-
nommé Coloe près du lac on voit le
;
cherches faites dans les tombeaux n'a-
temple de Diane Culoënne, qui est en vait pour but que d'eolever les objets
grande vénérations Autour du lac Coloé 4'or, maie tout oe qui consialait en va-
sont les tombeaux des rois ; du c6xé de ses , snro(>plKi;»es et inscriptions était
Sardes est celui d'Alyatle : c'est un abandonne dans la fouille même. L'ink-
grand cdne de terre surmontant un haut posant ensemble..de
effet produit par 1

ioobessement de pièr^. H M.obhStèuit eette vaste nécropole est bien d'accord


par le peuple de la ville, et en grande avec ce que l'histoire nous dit de la puis-
Sartie par les courtisanes. 'Selon la tra- sance et do la richesse des rois de Lvdie,
Ition, le laç Coloé fut creusé de main qui pendant quiiue siècles ^ouvernercot
cet empire. Cependeat «elle pemée ne
(i) Hérodote, y3.iiv, I, paraît pas suffisante an voyageur angUie
^
(a) Le siade étant Je
i85 mètrefty'lit le
plèlbra loo |M«ds greci, 3( uietr«s. (x) Strabun, X.III, 6a6.
^* .n .
'
.^41 '.• , . Ait/ .u« ..i. I i

Digitized by Gc)
Anindell, qui émet l*opinioV) quë cette sieurs rembiftebt
trè$r-èértaitiemeiit à
uecropole avait sans doute un caractère Tépoque de domination seythe.
la
particulier de sainteté, et que les popa- Le fae Gygée est siluéà Të.-I^^E. delà
lathMifte aolMf villes appomiéDURiMfr nécropole : il-e0t eaMUté dtM fi^esque
leufB morts dans ce lioaninèbre, comme tout son pouifour par une levée de terre
dans les grands hypogées d'Égjpte, et qui serait le résultat des fouiller faites
fBéme de nos joure. ooromedans les cen- pour creuser le bassin. Ou côté du sud
très religieux 4e Kerbébi it ée Méohed, fltt-Uv rÉÉMiitf qui pareil eo«tor,alUH^
où Ton apporte les morts de toutes lef détHmiMit do lac au fleuve on dVflflUfe
parties de la Perse. Les petits tumulus au lac, selon la hauteur des eaux. Le
paraissent également intacts, mais ils ne lae est très-abondaot en poissons; il est
portent à leur sommet aucun ornement
de pierre. Chandler, qui a fWlé les tom-
ooovett de réseaux èt- M^Khets,
<|ël en se séchant fo^llei^>d«»ilmlr
^
beaux de Lydie, termine sa diescrip- stir lesquels df s hommes peuvent se te-
tioD (1), en invitant les futurs éH^lora- nir. Le passade de Pline relatif zim lies
teurs à tenter TouTerture de ces monu- Calamines doit Certainements^applftfuer
meuts mystérieux. eux Me^ du lac Gygée <^és^d'(fiHeur8 le
La haute antiquité des tombeaux en seul lac qui soit en Lydie. Les Iles)
forme de tumulus ne saurait plus être qu'on nomme Calan^inei^ en Ly^ie non-
mise en doute, et leur origine asiatique seulement flottent au gré des vents,
n*€ft plus roénie'iBontestée. C*est eveni meito ou les fait eUet* cîù l'on veut altee
letirmigmtion en Europe que les peu- une perche; plusieurs Romains durent
pies de race indo-germanique ont con- la vie à la retraite assurée qu'ils y trou-
tracté Thabitude de marquer remplace vèrent dans la guerre de Mithrida'te(l). •
ment de leurs sépultores par des terne Ces Iles flottèMee 'sb Pèmtkifàt sur cer-
amoncelées c*est du reste le genre de
: tains Iac>' et dnns lesm^mes conditions:
indimmeut qui se rapproche le plus de ce sont des roseaux agglomérés avec les
la nature primitive. Les Lydiens, chez autres détritus; nous avons vu des Iles
lesquels les Scytiies et les CiminArîeili 4e ee genre ëur le lae Solfitare prèsde
ont fait uo long scfeur, eurent sans Tivoli, sur lesquelles j)lùste\irs hommes
doute emprunté ce mode de sépulture pouvaient se prorffener ; c'étaient en
à leurs sauvages conquérants. Hérodote, réàli^é de grands radeaux. Alexandre
«près avoir décrit les céiréinobles ftttè-* ^elidinit aoii séjourné Serdtfi m recon»^
bres ches les Scythes, ajoiite î « Où élève de Drarie Coldénne^ sitoé
trofre le temple
-*osuite sur le tout un tertre que Ton danà levoismage du laé, et lui conféra
travaille à Tenvi à porter le plus haut en outre le droit d'a&ile. Une* tra*iition
{MMsIUe (3). « Les tnimrtus se retro4- IMMIeusédléBlt intfaenr fStee'dè le^Aêêné
vent dans toutes les parties deTanelen on voyait les paniers dûnser (9). V&r-
monde; les races phéniciennes les ont ron (3) paraît attaclier aussi* quHque
portes eu Afrique, où Ton voit encore, créance à cette fable ; il parle des iles des
sons le nom de Tonkbeau de la Chré- Kymbhes, eh Ljpdie, qui â*agitalentM
tienne, le tombeau commun des rois sonde la flûte et tournàienf en rond,
de Numidie, et dans le sud de la pro- Une inscription copiée paf PeVsott-
vince de Constantiue le tombeau non , nell mentionne les dignités dont était
moins remarquable^ connu sous le nom fir^tttéla'prâtfe|âcf du'tetnple'f .aolWBf"
de Médracen. Les plaines de l*Assyrie d'hui l^pléeemeilt de miflbi en lA-
'»'"/''
ei de la Mésopotamie offrent un très- eodOtt.'' .
'

grand nombre de ces tertres, dont plu- '


'\ '

(i) Pline, liv. H, ij5.


(i) « But that, and perhaps a considérable (i ) Strabou , iucé cit.
,
migbt be discovered, if ihe barrows
weiTopenetJ (C/<a«<//«r, I,a6.) Et Haniiltoo :
(I) Vafroe» ^ rfjMtùt^ U lO^id^ If^
^
« Au uuderlaiiiug* however, wliicb would '
'
*
'
^ ,1 \. ^'
"
.
^»".
ViMAy rieUy ^aid die speeulilor «r
' '^^S
ihe anliauary. • ( tfetearehts, t. I^py 14t.)
(a) Ucradotc, IV, 17. .^i. . / ./il . miu'I (i)

17.

Digitized by Google
t

MO LUmVERS.
GHAfiltRE XXll. phio était-il célèbre à Tépoque Byzin.
tine comme lieude plaisance des empe-
iTiniiAiBB DB smyahb a sabdbs. reurs. Androoic le jeune fit construire
— TILLAOB 1» ntllFaio, ANCiiii à Nymphttum un paJait, qui cnite»
WiUnkMm. —
triui OB mm»- eoratAst un grand édifice carré, sani
fUl. ornements d'architecture, bâti en assiia
alternantes de moellons et de briques;
La plupart des voyageurs qui visitent il avait trois étages d'appartements ; le

let raïuei de Sinteg preniMDt um


route premier cet poreé de iix fenêlra. 8«
opposée à celle que DOW avons suivie , la face de c6té est un grand opieevidi,
et partent de Smvrne en suivant la val- qui paratt avoir été occupé par une tri*
lée de l'ilermus. Nous donnerons la des- bune ouverte. La construction et la dis-
criptiou de cette route, qui est plus di- position de cet édifice ont une Kraodf
reete, et nous aorons oeeasioii aenini- analogie avec le palais de CoMtantiDi
ner près de liymphio le seul monument Constfî^cinople. ( Voy. pl. 51 .)
anté-hellénique de la Lydie. L'autorité des pnnees byzantins fit
La route directe de Smyrne à Sardes place à celle des latins pendant uoe par-
est la même qui était suivie dans l'an- tie du quatorzième siècle, quand esder-
tiquité; elle remonte la fallée du Mélèa niers étalent mattna de toute la partie

jusau*à la ville moderne de Bournabat, occideotale de TAsieMineurc : c'était If

se airigeant sur In petite ville de ISvm- beau temps de la puissance génoise, ta


pliio, l'ancienne Nympha'um située à sarcophage byzantin encastré dans la
vingt-huit kilomètres a i*estde Smyrne. fontaine de lâ place publique coatiaK
ikprèt afoir remonté dans toute sa Ion- un l)as>reli«f béraldique oontenaat dci
gueur la plaine de Bournabat.on frau- paons, des fleurs de lys et un grifTon
chit le côl qui forme la ligne de partage passant: une inscription grecqueendeux
entre les bassins du Mêles et de l'Her- vers mystiques n'est pas propre à doooer
mus. La chaîne du Sipylus appelée Ma- quelque renseignement sur rorigiaede
nisa dagh reste au nord , le 1 moitts an oo bas-relief (l ).
sud. Le col de ^if dygli relie les contre- Mais ce qui rend la ville de >ympbio
forts inférieurs des deux chaînes. Le un lieu de pèlerinage oblige pour tout
village de ^ymphio, appelé Nif par les antiquaire qui veut connaître les moou*
Turcs, est sur le versant oriMiial du ments de T Asie, c*cat le bas-relief sciilfd
col, d.uts une vallée qui reçoit les eaui dans le roc qui as trouve à quelauo
de ce bassin et les porte à Ttlermus. bilomètres de distance de IS y mphiodan^
C'est le Nif trliaï, qui prend sa source la valléede Kara bell. Il fut découvert
à quelques milles à l'ouest de Kymphio, en 183d et immédiatement signalé à
suit son eours i Test et n se jeter rattention des savants,
dans rilermus. NiMis n'avons aucun La première impremion qui^ produit
moyen d'ideniirier ce cours d'eau avec ce monument est sa ressemblance a*ec
quelaue rivière ancienne, à moins d'v les bas reliefs assyriens sculptés, pr^
voir le lleuve Cryos ( froid) de Pline (i), de Beyrout, dans la vallée du ^anir d
1|ui étaitun des afDuenis de THermuff ; Kelb.
a limpidité des eaux du Nif tcbaï, ail- ]| est taillé dans un rocher
calcaire

menté par la fonte des neiges, convien- gris très dur, à une hauteur de quarante
drait assez bien au fleuve Cryos. La mètres au-dessus du torrent,
vallée de Kymphio est couverte d'une Une niche eu forme de pylône <l
riche végétation. 1^
arbres à fruit s y surmontée par un fronton sert de cadre
1'^ 30
mêlent aux essences forestières, et for- à la figure. Sa bauteur est de
;

ment des groupes d'une luxuriante ver- sa largeur en bas est de2" 50 elf»
dure; les ceri-es de Nymphio sont les haut de 1" 90.
i)lus célèbres des environs de
Smyrne; Le bas*relief reorésente un peiioa-
es platanes et les sycomores atteignent nage armé, scupllé de prolll, et nflV*
des proportiona inusitées : aussi Iiym«
(i) Il a été gra^é d«u U M*9Ut •rthto-

(s) PIÎM^ liv. Y , «9. Ugi^tu, «ouée 1 845.

Digitized by Google
ASIE MINEURE. Ml
daot du cdté de i Orieut. Sa cuilïure Hour ceux qui voudraient objecter que
ai conique et porte sur le derant m rajustement de cette figure n'est pas
ormnwpt qui rappelle Turœus des coif- tout à fait égyptien, Hérodote a soin de
fures égyptiennes; il tient une lance faire observer que le costume du roi
dans sa main gauche et dans la maiu étaitmoitié égyptien et moitié éthio-
droitemi are; dant aa ceinture est pas* pien. Les diaussures à pointes reievése
ée une sageve; il porte pour tout vête- ne sont pas en effet de style |Hirenienl
ment une courte tunique striée ohli- égyptien ; mais on en a retrouvé de sem-
auement ; sa chaussure est recourbée a blables dans des tombeaux d'É$iypte.
ï mode asiatique. Tout cet ouvrage Du temps même d'Hérodote , Topmioik
est taillé eo méplat sws modelé, et Tac- Sue cette figure pouvait être le portrait
tlon des pluies a fortement agi sur le e Memnon était assez accréditée pour
rocher, qui présente une surface rabo- qu'il ait cru devoir la combattre; il la
teuse. Ro face de la fieure et à la hau- repousse comme étant bien loin de la
teur de la titesont quelques emblèmes, vérité.
pemni lesquels on distingue uu oiseau Cette sculpture serait donc un ou-
et d'autres signes disposes comme des vrage du quinzième siècle environ avant
ldéro|:Jyphes. Jésus-Christ, c'e^t-à dire un des plus
Ce nîonument est situé sur Tancienne audens monuments de l'Asie Mmeure
route qui conduisait de Sardes à Smyrne, qui aient encore été découverts. Un sa-
et tous les .savants qui ont visite cet vant allemand, M. Kirpert, a visité ce
antique ouvrage, comme ceux qui en ont bas-relief en 1843, et a |)ublié à ce sujet
«aminé te denin, ont été d'accord pour un mémoire (I), dont /extrais les pus-
V ref'onnnîtrc le monument décrit par sages suivants, <|ai coollrment mon opi-
hérofjote en ces termes On voit
: •« nion :

aussi dans l'Ionie deux figures de Sésos- « Hérodote rapporte, comme on sait,
tris sculptées en pierre. Tune sur le d'après les réeits des prêtres égyptiens
chemin qui va d*Éphèse à Phocéc, l'au- sur les guerres de Se.<;ostris , que ce
tre sur relui de Sardes à Smyrne. Cha- prinw» parcourut toute l'Asie antérieure
cune représente un homme de quatre jusqu'à la i hrace, et laissa dans le pays
coudées plus un spitliame, tenant une d« peuples vaincus des monuments
lance dans sa main droite et un arc portant son image, et des monuments
dans la main pauche, avec le reste de qui rappelaient son nom sa patrie, et
,

rhabillemeat répondant à cette armure, le fait de la conquête. On sait aussi que


c^est-à-dire, mmtlé éthiopien et moitié quelqufts-uns de ces monuments suli-
égyptien. Sur la poitrine de la fleure, sistaient encore du temps de Tbistorien
et allant d'une épaule à l'autre, on lit grec en Thrace, où lui-même les vil,
une inscription gravée en lettres égyp- un en Svrie, Palestine, et deux en lonie,
tiennes, et dont void le sens : C'est moi sur le chemin oui conduit d*Éphése à
que ces puissantes épaules ont rendu Phocée, et sur celui de Sardes à Smyrne.
maître de ce pays (!). » l e spithame Il décrit ces d^^rniers en détail. Ce récit
ayant longueur d une demi-coudée,
la de riuKiorien grec devait naturellement,
la 6)njre décrite dans ce passage aurait malgré toute la véracité que Ton reoon-
une hauteur de six pieds et demi : c'est natt à Hérodote, et qui s*est encore aug-
précisément la hauteur de In sculpture mentée de nos jours, recevoir plus d'au-
de Kara bell. Il y a cependant une va- torité quand 1«'S monuments mentionnés
riante : l'arc est placé dans la main par lui, du moins ceux qui subsistent
droite du roi , et la lance dans la main encore, seraient retrouvés , et qu'on aé-
Itaoehe; mais à l'inspection de cette rait en étal de porter un jugement sur
figure (2), on verra combien cette erreur l'authenticité de leurorigine égyptienne,
est facile à expliquer. L'inscription pla- en s'aidant des travaux modernes sur
cée sur la poitrine ne se voit plus; die Tarehéologle de ce pays.
Mn été efucée par reetion do temps. , « On ne saurait douter qu'à des épo-

(i) Hérodote, livre II, io6. (i) Journal archéologique deGliorard,co


{%) Voyez U planche i aUemaud.

Digitized by Google
^Jies trè^reculées les roig éf*yptiens quatre ou cinq kilomètres de large; elle
n'aient fait des conquêtes en Svrie, à est bien arrosée et bien cultivée en 1- -
eantt de la proxiu^lté et
de T importance gumes, que les jardioiers portent a
éê celte contrée .pour PÉgvpie , à la- Smyma. A Tammlté da eette plaina
quelle elle sert de rempart contre l'Asie se trouve la petite ville de Cassaba, dont
antérieure. Il était beaucoup plus inté- le nom en turc signifie une forteresse,
ressant dp savoir si, dans les conUées quoiqu'elle ne son rien moins que for-
srptentriimales p\mMtii»é9$i dei me- tifiée. Ella est habitée par dea agrieul-
numeuts d'origine égyptienne répon- leurs, car en Turqnia la sécurité dea
draient aux descriptions d'Hérodote et villageois n'est pas assez assurée pour
attesteraient sa ïéraoilé. La découverte qu'ils puissent habiter des fermes, ni
I
<lun td mmingtent était dooo dHina surtout des maisons de camuague iso*
glande importance historique, eteelui^ lées. Nous avons remarqué a Cassaba
Cl, placé a sept lieues de Smyrne, a des volailles d'une très-belle venue et,

une denii-lieue du chemin de Sardes, surtout des dindons magnifiques, qui ont
lépoml- parfaitement, tant par sa forme motivé pour nous le nom anglais de cette
Îne par replace ment où il se trouve, voiailla ff ). Ce sont surtout les melons,
un de ceux qu'Hérodote a décrits. les pastèques et les tomates de Cassaba
M. Lepsius en fit le sujet d'un mémoire qui ont a Smyme la plus grande répu-
à TAcadéniie de Berlin, et v recounuf. tation; il s'en fait une consommation
^' que le monumtBl appartenait il RhMn- énorme. Les Grées, eomme les Turcs,
ses Sésostris. » ont un goût particulier pour les petits
Cependant M. Kiepert, comparant le concombres, qu'ils mangent crus avec les
costume de ce personnage avec ceux des pépins. Lorsque la moindre industrie
) bas- reliefs de Ptérium près de Bogai viaot aider la rare fécondité de eetta
keui, incline à penser que c'est un ou- terre, l'agriculteur est récompensé au
vrage assyrien et non piS égyptien: nous centuple de son travail il est triste de
:

ne combattrons pas cette opinion, nous penser qu'un sol aussi fertile reste en
iDSittoDa-ialilementattr ea fait que la ftrande partie en firiebe.
monument de Kara bell est bien cer- Le village de Debrent ast éloigné da
tainement relui qui a été VU et décrit deux heures de marche de Cassaba ; il
par Hérodote. est situé sur une iiauteur au pied de
La route aetoalla de Nymphio è Sai^
des ne passe plus par le défilé de Kara
laquelle passa un tonant qui n
guéable au moment de la fonte des
w paa

bell ; elle suit le cours de la rivière jus. neiges. On traverse ensuite un grand
qu'à sa rencontre avec la vallée de cimetière abandonné, dans lequel plu-
rHarmus; tout .]« pays présente un tieuni franoiaota dmhiteetura aont
aapaol da riaheMe et d aiaanee ûù aux employés en galaa .de monuments fu-
industrieuses cultures pratiquées dans le nèbres. On remarque sur la roule des
paya; l'irrigation des jardins , la gref.e parties encore bien empierrées , et des
dea arbres fruitiers sont pratiquées ici débris de murailles indiquent qu'il y eut
aussi habillement qu*att Europe. là un centre de population. En appro-
La vallée va toujours en s él.irgissant diant du territoire de Sardes on com-
,

vers l'est; elle prend alors le nom de mence à recoooaitre aux abords de la
Kavakli-déré. Toute la formation des route un certain nombre de tumulus
montagnes est de aakaira eompaeta, qui dans la genre de cm% de Bio tépé; osa
fournil d'excellentes pierres de cons- monuments appartiennent sans doute à
truction : cette formation appartient a la la même période historique que les pre-
partie supérieure du terrain detrunsition. miers.Le village de Acbmetdji, situéà dix
A la aortie d« la vallée il y avait sur la ri- kilomètres da Saidea, est environné da
vièn» un pont de six arches, aujourd'hui jardins, et daos une situation pitto-
a moitié ruiné; il est d'ouvrage musul- resque ; depuis ce lieu jusqu'à Sardes la
man , et fut sans doute construit lors- plaine est occupée par les youronk, ou
3ne Magnésie du Sipyle était la résidenea turoomana nomades, ehes leaqoals on
e la famille des sultans.
L<a plaine dans iaqueUe on arrive a (i) Tmrhr*

Digitized by Google
ASIB MINEURE.

hrouve, en fait de provisions, du laitage, mais sa pospéritc commerciale s'en ac-


crut d'autant. Sous le règne de
Tibère,
d*' la farine et des moutons. La seule
du nombre des villes qui souf-
habitation dans les ruines de Sardes ei»t elle fut
frirent le plus des suites du grand
trem-
U maison du meunier du Pactole.
blement de terre: elle participa comme
les autres à l;i libéralité de Pemoereur.
CHAPITRE XXllI.
Magnésie, étant située sur la route
;

lou-
directe de Symrne à Pergame, fut
VILLES DB LYDIE SITUÉES AU NORD
iouis un lieu de transit important,
et
DE CAYSTEE. . •

Teulliranie ali-
les riches plaines de la
mentaient ses marchés elle fut toujours,
Au moment de la migration scolienne, ;

subordonnée a
d'autres tribus helléuiques, qui connais- dans l'urdr*- politique ,

saient déjà les rivages d'Asie, vinrent


Smyrne ; cepend;jnt elle est aujourd hui
le chef-lieu d'un sandjak. Sous
l'empire
eoloniser l'ancienne Mysie. Au nombre
byzantin elle était episcopale, mais ou
de C€« tribus il faut "compter les Ma-
goètes, qui furent conduits à la guerre né trouve aucun vestige des monuments
des temps chrétiens. Magnésie fut. ce-
de Troie par Prolhoùs (I). De retour commencement du treizième
pendant, nu
dans leur patrie , ils entreprirent une
siècle, la capitale de l'empire byzantin.
nouvelle expédition, passèrent en Crète,
et de là en Asie, où ils fondèrent la ville
Pendant que les Latins étaient maîtres
deConstantinople, Jean Ducas, succes-
de Magnésie, sur le Méandre. Une por-
seur de Théodore Lascaris, attaqua le*
tion de cette tribu remonta p!us au nord,
r^atins dans l'Asie, reprit sur eux
les
et s*établit dans les terres du mont
îles de Lesbos et les ports de IM^olide,
Sipylus c'est de la qu'ils prirent le
:

établit à Magnésie le siège de son gou-


nom de Magnetes a Sipylo (2). Les his-
vernement, et le conserva pendant trente-
toriens se taisent sur l'origine de la ville tribus
trois ans. jusqu'en 1255. Déjii les
de Magnésie du Sipyle; elle ne com- leurs incursions
mença à devenir célèbre qu'après la musulmanes poussaient
jusqu'aux confins de l'Asie Mineure ;
mort d'Alexandre aucun temple , au-
;
l'empereur Andronic II avait peine a
cune grande communauté religieuse ne de
leur résister ; il réclama le secours
la signalait à l'altention des géogra-
Frédericroi de Sicile, qui lui envoya des
phes. La victoire remportée par Lucius ordres de
troupes catalanes sous les
Scipion contre Antiochus, roi de Syrie,
força ce prince à abandonner toutes
Roger de Flor, amiral de Sicile.
Les musulmans furent repoussés;
ses possessions en deçà du Taurus , et
discorde ne tarda pas à naître entre
mit l'Asie Mineure sous la dépendance la
les Grecs et leurs auxiliaires Les habi-
des Romains mais ils ne s'emparèrent
;
tants de Magnésie, irrités des violences
définitivement du pays qu'après la des-
et des désordres que commettaient les
truction du royaume de Pergame.
donna entre Magnésie Cntalans, se soulevèrent et égorgèrent la
La bataille se
la route de cette
garnison. Ce fut en vain que Roger vint
•t le fleuve Hvltus, sur
en 1306 mettre le siège devant Magné-
ville à Thyat'ire. Antiochus avait ras-
sie la résisianre de la place fut telle
ses forces dans cette dernière
:
semblé de se retirer.
qu'il se vit contraint
ville, et venait c^imper autour de Ma-
Scipion, en apprenant ce mouve- Dès l'année 1313, Saroukhan le Seld-
gnésie
joukide, qui donna son nom à la pro-
;

ment, fit passer la rivière à son armée,


vince, devint maître de INIagnésie et de
et obligea les ennemis de sortir de leurs
toute la côte dTouie ce fut seulement
:

retranchements d'engager le combat.


et
en I SUS que la contrée devint pos.ses- .
La position de Magnésie est telle Le sultan Bayazid
sion ottomane.
qu'elle ne peut être en état de supporter
acheva de soumettre les villes de Lydie;
un long siège ; elle se rendit aux Romains
mais après la batiiilled' Angora, en 1402,
après la bataille, et depuis lors elle a eu
9ine desUnée politique assez obscure; Timour envahit la province. Les villes
de Smyrne, de Sardes, de Thyatire fu-
rent mises au pillage, et Timour
ras-
H<kra., y/.. U, 75<>. - . •» -s
sembla à Magnésie toutes les richess^'S
• Tacite, .^mm/., II, 4-;^ .

Digitized by Google
964 LUNIVERS.
miUI avait aocoimilées. A|iièila retraite Le softan Mmnâ III, en , tl

oe Timoor, Magnésie resta sous le élèvera Magnésie un grand nombre d*é-


pouvoir ottoman ; mais de nouveaux difices d'utilité publique, un itnaret, ou
soulèvements, les uns religieux, les au- hospice des pauvres, un Dehii hane, ou
tres politiques, mirent souvent en échec maison pour les fous, un bain, un cara-
la domination des sultans* vansérai; qtii «Ubu encore aujourd*boi,
La plus dangereuse de toutes ces sédi* et un niédrécé, école religieuse ; il com-
lions lut suscitée en 1411> p ir un fnna- pléta ces embellissements par l'érectioo
tique nommé Brededdiu, qui ^ittaqnait de deux grandes mosquées impériales
non-seulement la puissance civile, mais avec deux minarets.
encore Pessence même de Tislamisme; Ces édiflees esistent encoiv. La grande
ilappelait à lui les musulmans aussi bien mosqtiée est précédée d*uue cour carrée,
qiip lesGrecs elles juifs mécontents, et ou harem, et couverte par une grande
en peu de temps il reunit une véritable coupole ; l'intérieur est entretenu atce
armée, dans laquelle lesderficbes figu- i)eaueoup de soin, et de riches peintuns
raient comme prédicateurs et oomme d^arabesques décorent les mu raillas. Du
combattnnis; une armée ottomane en- haut du dome pendent des lampes et
voyée contre eux fut anéantie dans une des ex-voto, consistant pour la plupart
rencontre, et celle victoire rrunii autour en œufs d'autruche, rapportés par des
du sectaire de nouveaux adhérents. Les pèlerins de la Mecque.
émirs d'ATdin ne furent pas plus lieu- Les jardins de iMourad II rivali-
reux. EiiHn Mahomet 1*' euvo} a contre saient avec ceux de Bronssa; dans rua
les rebelles son (ils Mourad, a peine et l'autre palais , les sépultures de la
âpé de douze ans ; ce fut la première famille sout situées dans le voisinage
victoire du futur sultan. Pendant qu'on des jardins; plusieurs lurbés, ou cha*
attaquait dans ses retranchemeuis le pellMfunéraires, abritent les cendres des
corps d'armée de Brededdin, un de ses femmes et des enfants de iMourad : elles
principaux sectaires , juif converti à sa étaient renfermées dans une enceuite
doctrine et nommé Torlak , attaq^uait le plantée de cyprès. Aujourd'hui tous oei
pacha de Magnésie, et sueoombatt avec monuments tombent an roiiie; Taa*
trois mille derviches sur le même champ cienne mosquée, ouvraçe d*ISGli8k tBlié>
de bataille où Antiorhus avait été lébi, prince d'Aïdin, existe cncon, mais
vaincu par Sci pion. Toutes les forces dis- n'offre rien de remarquable.
«onibles eu Anatolie marchèrent contre Les autres mosquées, presque toutes
trededdin , qui après des prodiges de antoeréea de plantations, aontnii mom»
courage, fut pris et emmené à £phèse, bre de vingt : on < oinpta atasi qiialq«B
oi'i il périt (lu IIS les tortures. IMuis sa mesjid, ou chapelles sans minaret.
secte subsista encore lon<:lemps en Asie Le mont Sipylus, qui va s'aniortjr
Mineure , et suu nom u>st pas oublié dans le golfe de Smvrne,se rattache du
dans les récits des montagnards. o6té del est an montTmoliia par uncol
La doctrine de Brededdin consistait à travers lequel THermus s*ouvre ua
en trois mots, pauvreté, égalité, usage passage; toute In partie de la montasDe
commun de tous les biens. voisine de Smyrne est volcanique et a
Le sultan Mourad
II après son abdi- sans doute été le centre de violents
cation se retira à Magnésie, et laissa le tremblementa do terre qui ont ébtanlé
trône h son fils Mahomet II ; il fît cons- la contrée, et dont Magnésie et les au-
tnn're un palais, qu'il n'habita pas long- tres villes du voisinage ont eu tant à
temps , rajqielé a la tête de ses armées, souffrir. La montagne qui domine
que le futur conquérant de Cunstanti- Magnésie du côté du sud appartient au
nople, Maliomet il, était encore trop système calcaire arétacé : le plus hant
jeune pour commander. Les sultans sommet est au sud-est de la ville; au
continuèrent de résider à Magnésie, nord et à Touest s'étend une grande
même lorsque Broussa fut devenue plaine marécageuse, où se ramassent les
la capitale de leur empire : Soliman il nombreux cours d'eau qui descendent
y deoBcara Jusqu> la mort de son du revende la moiilagaa;e*est dans cette
pèrOf plaine que Chandier al apièa toi Ha-

Digitized by Googlc
ASIE imiEUlIB. m
milton (t) supposent que la ville de nom de Buyuh sure/^ la grande statue.
Tantalis était située ; nous avons montré La même montagne ren^rme un cer*
cninbien cette supposition est ioadinis- tainnombre de chambres taillées dans
sible (2), puisque près de T.mtalis était le roc, qui paraissent avoir servi de tom-
le port et le tombeau de Tantale. heaux.
La dialne calcatreserattaehe à la for- Magnésie vue de la plaine offre tout
anation volcanique. A peu près au passade à fait l'aspect d'une grande ville; les

de Fa route entre Magnésie et Smyrne, nombreuses caravanes qui parcourent


une source assezabonduntecuule au pied les environs^ le grand mouvement com-
de la montagne ; c*est dans le voisinage mercial qui se fait entre Smyrne et eetta
de cette source, à v ngt m ét res env ron a u
i i
-
ville donnent une grande animation au
dessus du clieniin , que se trouve une paysage, et la montagne du Sipylus, qui
stiittfe tailléedans le roc, et qui (paraît re- seieve verticalement au-dessus de !a
monter i une trés-haote antiquité, 'loua ville, forme un fond de tableau d*une
les antiquaires sont d'accord pour y voir rare beauté: au>si le panorama de Ma-
la statue de C> bêle mentionnée par Pau- gnésie a-t-il été souvent n)is en paral-
saoias , et qui passe pour être Touvra^e lèle avec les plus beaux sites de l'Asie
de Brotée fils de Tantale (S). « Les Ma- Mineure. Sur un mamelon peu élevé se
gnésiens qui sont au nord du mont Si- trouve l'ancienne forteresse, qui aiijour>
pyle ont chez eux sur la roche Codine d hui tombe en ruine, l/interieur de la
obe statue de la mère des dieux qui ville ne répond pas à l'idée qu'on peut
est la plus ancienne de toutes. • 8*en ibire afant d*y entrer ? M
baaars
Cette figure est sculptée dans une sorte sont mal tenus; on a cependant cons-
de niche; elle représente une femme, truit y a quelques années un vaste
il

assise et daus Tattitude delà méditation; caravanséraï qui répond a toutes les
mais les détails sont tellement oorrodés eii^cea du eommeroe. La population
par le temps qu'où ne peut aujourd'hui s'élève à vingt-cinq mille Ames environ:
saisir que Tensemble de Tœuvre ; les les Grecscomptent pour quatre mille et
eaux qui suintent du haut du rocher les Arméniens pour quelques centaines.
sur la téle de la figure, et qui donnent Les cimetières, comme dana la plupart
aatssanee à une foule de plantes, con- des villes musulmanes, sont des lieux
tribuent encore à en déformer Ten- de promenade : Tombre des cyprès at-
femiile. Cette figure est de taille colos- tire le soir de nombreux visiteurs.
sale , et an premier eoup d'cell on peut
Testiroer à six ou sept mètres de haut. CHilPITRE XXIV.
Pausanias et Strabon ^4) qui placent ,

dans ces lieux la fable de IN iobe, croyaient PtAlNB BYRCANIBNNB.


peoi-étre voir danseet antique ouvrage
la transformation de la fille de Tantale. Le champ debataOlecntre Antioehus
Il semble que ces vers d'Ovide ont été et Sciplon se trouve entre les deux villes
inspirés par la vue de cette statue : de Magnésie et de ïhyatire. Xite«Live (1 )
en marque la plaee en disant : « Le con-
Vitt laaiev, et vaKdi dreaaiéala turliiiie veuti sul , apprenant que le roi était à Tbya*
Jn palri«iD npta esl. Ibi GxacMumîne moniis tire, marcha à grandes journées, et
LiqiM Mir» et iâcry—s cli wMUt —raaora ma- le cinquième jour arriva dans la plaine
byTeanienne. • Strabon donne en cea
[iMUll.
(Ovid., Métmm., TI. 3io.) termes la division du grand platemi
intérieur de la Lydie (2) « A la plaine du
:

La position de cette figure ne peut être Caystre, située entre le Tmolus et le Mes-
indiquée avec précision, mais les ha- sogis, succèdent immédiatement i l'o*
bitanta du pays la désignont août le rient la plaine Glbienne, Cilbiana Juga
de Pline pays étendu, fertile et l ien
,

peuplé, puis la plaine hyrcanieone, ainsi


(i) Hamillon, Bescarek*$^L I*', pi 5».
(a) yoy, iM^e aay.
(3) Paunoiat, liv. HI,ch. aa. (i) Tit. Liv., XXXTII, 3t.
(4) Strabon, XIII, $79. (ft)8lnboB,XIII, 6»9.
nommée parles Porses, qui y envoyèrent CHAPITRE XXY.
une colonie; (i'Hyrcanieos, et la plaine
de Cyrus, ainsi Dominée par les méme«. BOUTS PB SAADbS FBJICAM& PAB
Èlleoiie de Bynnce, d'oprës EiatbMH TBTAriBB n HACBASA.
tène, place aussi la plaine hyrcanieonq • *

dans In Lydie. La juridiction de Smyrne L'ancienne voie romaine nui con-


réunissait, outre la plus grande partie de duibail dkt Sardes à Pergame laissait a
YMfMê , Maeédooiens HyreMiens
les droite Thyatire et à gaucbe (ouest)
et les Magnéto du Sipyle. Les Ma- Apollonis cette dernière ville était &
:

cédoniens Hyrcaniens, ou Mostènes, moitié roule entre les deux capitales,


furent compris daus les libéralités de c'est-a-dire a trois cents staoes (56
Tibère, qui>ifur ft remise de ciuq an* kilom.) de Tune et de l'autre.
né^s d'impôts à la suite du tremblement Il faudrait donc en cbercber rem-
de terre ; des envoyés du sénat vinrent placement à l'ouest de Thyatire et dans
en Asie pour consoler et ranimer les la vallée de i iiyllus, Attaie roi de Per-

populatioiis (1). Il fésultede tout ces SDine avait donné à cette viOé le nom
documents que la plaine hyrcanieDoe e sa femme, Apollonis deCyzique;
est celle qui est compri'i*» entre Magnésie Pline se contente de la nommer avec
etTbyatire etqui est arrosee par le fleuve d'autres villes de peu d'importance (1):
I^eiis. Ces! la rivière de Thyatire qui se on voit étendant que sous l*eropire
letttt dans rHvllus; ce fleuve est un des byzantin eue était épiscopalc.
principaux tril)uiaires de l'Hermus (2); La grande vallée de l'Hermus est
il prend sa source d^ns la Phrygie épie- bordée au uord ar une rangée de mou-
|

tèùu iK» loin 4e eeUjS du Rbyndaeut,, tagnes basses, qui séparent son baniu
et ae joint à THermus , dans le voi- de celui de THyllus ; on fait halte à Mar-
sinaKe de Magnésie. L'Hyllus est con- mora, ville moderne, de trois ou quatre
fondu par quelques géograplws avec le mille habitants, où se trouve un cara-
fleuve Phry^us, qui séparait la Lydie vanseiai. On trou?e çà et là abx en»
de la Phrygie. Ubydrograpbie de cette virons asses de fragments antiques
contrée a généralement été asses mal pour qu'on soit assuré qu'elle occupe
connue par les anciens. l'emplacement d'une ville comaine; son
Le nom de MattnL, donnépar Tacite nom seul de Blarmora ne parait moti?é
aux Uacédoniens Hyrcaniens, s'appli- que par i*abondaoee des marbres an-
que aux habitnittsde la ville de Moslrne, tiques aucune inscription n'a encore
:

Située sur leur territoire j et dont l'em- lait coDuaitxe le nom de la ville dont
plaeement est eojourd*hui ioeoiiDu ;son ftlarmora oeeuperemplseement,
nom est inscrit sous celui de Mastena ou
Juslinianopolis dans les actes du sixième ffHÏATIHL
concile de ConsUiDtiuoplei elle a été
épiscopale, et son évéque Juttanus sous- Thyatire est située à Tcxtrémité nord
crivit au coneilede 448 peut-être peut- de la Lydie, et si voisine des frontières
on rident ilier avec la ville Hyrcania ou de la Mysie qu'à une certaine époque
Diabyrcania, qui est citée oar Eusehe elle a été comprise dans cette dernière

é^nfi sa chronique. Il n*estnit aucune province (2). Étienne de Byzaoce a^


mention de cette ville dans Strabon ni triliue sn fondation à Séleucus Nicanor,
dans PJine; mais elle est connue par qui pendant la guerre contre Lysimaque
ses médailles. y installa une colonie de Macédoniens (3).
Plioe nous apprend qu'elle s'appela
•(t>Ticit.,^iiMl^I1.49. d'abord Pelopia , c'est à-dire ville de
HérodM% i, iow Pelops. On doit voir dans ce nom un
(»)
souvenir du temps où les fils de Tan-
tale r^naient sur ceMs Ké^tD; cela

(i) Pline, V, ag.


;a) Slrabon, XIII, 6aâ.
(3) Et. Bys. Fèf« Ikfalinu

Digitized by Google
ASIEIIiWËmiE. M
lionnerait lieu de croire que Séleueus uèrent U conversion dct€«DtiU
et des
augmenta la ville de Thyatire et lui Juifs, qui s'unirent pour pratiquer la
douna son nom , mais n'en fut pas réel- foi nouvelle. Sept villes principales de i

lement le fondateur. On l'appelait aussi la Lydie méritèrent dès le premier /

Euhippa, c'est- ire qui fournit de bons siècle le titre d'églises chrétiennes ; ce /
chevaux la Mysie aux temps ho-
: sont Per^ame,Éphèse, Sardes, Tiiyatirf.
mériqnes était en effet célèbre par ses Philadelphie, Hiéropojja et Laodicee. ^vw^A»-
haras; ses prairies nourrissaient les Le livre de FApociilypse s'adresse à'
innombrables cavales de Diomède. Tauji^e, c'est-à-dire à l'évéque de chacune
Selon Pline (l), le fleuve Lycus ar- de ces villes, et leur envoie les éloges
rosait les murs deThyalire; les autres ou les malédictions que mérite tour à
géographes se taisent sur le nom de tour la conduite des nouveaux chrétiens.
eÉtte' litière, qui paraît n'être autre Thyatire demeura fidèle eu Christian
chose qu'un affluent de l'Hyllus. nisme ; mais depuis la chute de l'empire
Apres la mort d'Alexandre, les Ma- de Bvzanee le nombre des chrétiens A
cédoniens vinrent en grand nombre toujours été en diminuant, et les écdee
eolooiser ces régions, et chaque groupe grecques ont dispam Tnneaprès Taotre»
se distingua par le surnom du canton On doit penser que Thyalire fut coo-
qu'ils occupaient. On compta donc les sidérée comme une place forte d une
Macédoniens Hyrcsniens, les Macédo- certaine importance, du moment qu'An-
niens NacraséetoS, les Macédoniens Ca* tioehosen Ht sa ligne d'opération contre
duénes ;2) et ceux de Thyatirc Cette l'armée romaine; mais lorsïjue cette
ille après la défaite d'Aiiliochus fut ville fut réunie au royaume de Perg.mie,
réunie au royaume de Pergame. Pen- elle fut complètement effacée par celte
dent fa période romaine sa destinée fut capitale, qui en efîet présentait des
asse7, obscure; elle renfermait cependant moyens de défense infiniment plus puia*
dans son sein un corps do gouverneuveut sants.
complet, et les inscriptions font men- Dans le treizième .siècle, l'empereur
lion dn • très-puissant sénat et du Andronie, de
ehassé Pergame par
peuple de Thyatire ». L'empereur An- l'mvasion musulmane, s'était retiré à
tohin Caracallav fit faire des travaux Tliyatire, et de cette place menaçait
importants, qui lui valurent le titre de pergame, qu'il ue put jamais reprendre.
bieiiMtMi^ét de nstaurateur de la ville. Depuis que T Asie Mineure est au pou*
Pendint son dixième consulat l'em- voir des Ottomans, Thyalire, comme
pereur Vespasien fit ouvrir aux environs point slraléizique, a perdu toute son im-
pluâieurs voies publiques. Il ne reste uortance. La forteresse qui s'élève sur
plus aujourd'hui que des débris infor- une coltine près de la ville, et que les
mes des monuments dont cette ville Turcs appellent le cliâteau blanc, Ak
était ornée, et parmi les inscriptions hissar, est aujourd'hui abandonnée et
qui ont été copiées par les anciens tombe en rume faute d'entretien. a On
Toyageurs Spon, Rieaut, il en est un été longtemps ineertain sur la position
bien petit nombre qui n'aient pas été de l'ancienne Thyatire, Ricaut, consul
détruites. On voit encore dans le bazar d'Angleterre, et peu de temps après lui
quelques fûts de colonnes de marbre, le voyageur Spon sont les premiers qui
maison ne saurait dire à qnel édifice aient identifié cette ancienne ville avee
, elles ont appartenu. lavillemoderne de Ak hissar plusieurs :

é La grande célébrité de Thyatire vient inscriptions portant le nom de Thy;itire


de la place importante que cette ville ont été lues et copiées par eux. LaviUe
% priée eu moment de rétablissement moderneestsituéeau milieu 4*Mfieplaiiie
du christianisme en Asie. Les prédica- bienculUvée; les maisons sontbâtiiseo
. tions de saint Paul h Ephèse ses , terre et sont de chétive apparence les ;

^ péréçrinations en Lydie et en Troade mosquées, au nombie de six, n'offrent


fôitmil des fruits précoces, et ame- rien de remarquable; mais ta ville est ar-
ftiuB iuu %
(i) Pline, liv.
i ,<

"7^9^
.
^ nombreuses fontaiMs, et
les monuments ^)ublics sont entourés de
'
(i> uL ii»id« 3«. plantations , qui donn^a^ à .la^vlile un

Digitized by Google
M LWIIVKRS.
aipect des plus pittoresques. Le corn- hautes montagnes \ on y remarque un
meree de cette ville eonstote f|rincipale- aeies grand nombre de fragments an-
ment en coton, qui est cultivé dans les tiques, parmilesquelssontquetquesins-
plaines d*alentour, et en laine, tirée des cnptions. Chishull a déterminé l'iden-
nombreux troupeaux que nourrissent les tité de Bakir et de ISacrasa, couGrmée
Turconians de la monta^ine ; la popu- par uue inscription commençant par ces
lation est estimée de huit à dii mille mots : « Le sénat et le peuple des Us-
habitants, dont les deux tiers sont mu- (ioniens Nacrasrens. »
sulmans, le reste grecs et arméniens; De Bakir à Souma la route passe par
ces derniers, comme dans la plupart un pays montagneux et bien boi^éjus-
des villes turques» sont en possession qu'au village de Souma, dont lasituation
du commerce avec riotérieur, et font raccorde bien avec celle de rancieaae
le trafic des tissus de la Perse. Les Germa, de l'itinéraire d'Antonin cette :

G rec5 commercent de nréférence avec villeétait à trente milles de TItyatireetî


Sroyrne. Les environs ae la ville sont vmgt-cinq milles de Pergame.
eovverts de janlini remplis d'arbres A. qucluue distance du villaue <m » i

Mtiers il est rare <|u*onn*y rencontre


: marque les ruines d'une rortoose !

pasquelque fragment de marnre antique byzantine qui couronne un rodier


ou quelque sarcophage servant d'auge à élevé; ses murailles, descendant sur le

un puits ou à une fontaine. penchant du ravin, appartiennent a l'efl-

ceinte de randenoe ville. Le pays ea-


CHAPITRE XXVI. vironnant est très-accideDlé , et la rouli
de Pergame est tracée le long d'uu ra-
OOTB DE THYATIBE A FBROAIUI vin ombragé par de hauts platanes et
PAB NACBASA. par de vieux noycrs. La dislance entre
Souma et Pergame peut être fadlemcat
D'après les indications de Strabon, parcourue en huit heures de marche, ce
la ville dWpolionis était située à Touest qui é()uivaut à moins de vittgVciBf
de Thyatire et dans la vallée d'Hyilus. milles romains.
Le villase de buUana, qui est situé à Sur le revers oriental delà montagne,
Df vf kilomètres environ du cours de qui appartient à la chaîne du Temnei,
PHyllos, occope une position qui s*ac- 8*étend une immense plaine couverte de
corde bien avec celle d'ApollonIs; le cultures. La ville moderne de Kirk
cimetière renferme quelnues fragments apatch. les quarante arbres, est placée au i

antiques , et sur uue stèle M. Arundell pied de la. montagne; c*e«t une dM |

a lu le nom AIIOAAON. 11 y aurait lieu


. . villes les plus commerçantes de la pro-

d'étudier plus en détail cette localité : on vioce. Les plaines produisent la plos

pourrait facilement compléter ces in- grande partie des colons qui sont exportés
dications. Cette ville appartenait au par les échelles de Smyrne. Maigre sa
conventusjuridicus de Pergame. position avatageuse et la fertilité de
Au nord de Thyatire , les tables géo- son territoire, Rirk agatch étaitautrefois
graphiques piacenllavilledeNacrasafl), une des villes de Tintérieur où les
nommée Acrasi dans la notice de Léon, épidémies de peste se m:i ni restaient Je
Ocrasus chez Uiéroclès. plus fréquemment; les habitants nés ca
En quittant Thyatire , Arundell fit livraient pas moins à leurs oceupatiosf
route vers le nord , traversant un pays commerciales, el leurs rapports iftcu
deplaines bien cultivé; après deux heures ville de Smyrne ne cessaient pas détrt
de marche, il entra dans un pays mon- journaliers sans que la contagion *•
tagneux , et sur le versant nord de la propageât dans cette dernière ville. Ui
montagne, il fit balte au village de Bakir, plaines de Rirk agatch produisent outre
1>rès duquel le Oafque prend sa source ; le coton une grande quantitéde céréales,
a distance entre ce village et Thyatire du sésameet des fruits qui sont exportes
est estimée trois heures de marche, ou après avoir été séchés. Le miel
dix-huit kilomètres. Bakir estentouré de l'objet d'un grand commerce. Haifv
l'antiquaiie ne trouve riaii à gI«D«[
(O ffi i ll u li, m». dans cette ville, elle.n'fn nèn»

Digitized by Google
ASIE MlîiEURË. ^
sur un terrain (1). .Dans un autire
moins l'attention de Tobiervateur qui
veut se rendre compte des ressources
tel
passage Strabon a deja fait li i^
agricoles du pays. La majeure partie de observatioo : « Dtns Philadelphie, Ici
murailles mômes des ne
maisons
la DODOlationVaue l'en estime à vingt
mille âmes, est composée de Turcs les : sont pas sûres , car elles se crevassent
Grecs ne comptent que pour deux mUle, presque tous les jours par » «îgi
Jjj;
elles Arméniens sont en nombre in- iecouoet, eii sorte que les IMUtants
gkmifiiiit. Les mosquées et les écoles sont attentifs à remédier par un maçon-
tont nombreuses, mais tous ces édiOces nage continuel aux accidents causes par
sont d*une couslrucUon trèssiniple. lanature dusol (2). » "est juste de dire
qne Strabon éenfait soiis le re^ne de
CHAPITRE XXm Tibère, et c'est précisément
époque que l'Asie Mineure fut ravagée
a cette

PHiLADfiLPHiB. par de terribles tremblements de terre,


qui se sont renouvelés, il est vrai, mats
Philadelphie est située à l'extrémité à de rares intervalles. Philadelphie tut
orientale de la Lydie, à vingt-huit mil- fondée versl'an 130 avant notre ère ; tlie
les de Sardes, non loin des versants du avait donc à peine 160 ans d'existence
Tmolus , «ioat elle est séparée par une quand Strabon écrivait ; il y a 18S0 ans
plaine qui va en s*élevant Jusqu^au de eela, et Philadelphie existe encore,
pied de la montagne. Elle fut fondée par Le système de construction des
Attale Philadelphe, roi de Pergame, qui murailles et des monuments , qui
sont
lui donna son nom . composés d'un béton solide, revêtud on
La fondation de Philaddphie a été parement eu petits moellons de KQ^iss,
motivée par sa position stratéjii que : elle a peut être été choisi dans le but de
commaiidecn effet rembraucheinentdes parer aux secousses du sol ; mais la
routes qui de l'orient conduisent d'une coustituUou géologique du pays laissait
paitdaosla vallée du Méandre et d*autre peu de choix dans la nature des ma-
partdans celle de rnermus, et les sièges tériaux; on ne trouve dans le mont
nombreux que Philadelphie eut à sou- Tmolus aucune de ces belles carrières
tenir prouveut que la positiou elait bien dont on peut tirer des colonnes et d ail»
choisie. Un autre motif de créer en ee tra grandes pierres de oonstniction. u
lieu un vaste centre de population était s'en suit que les ruines des anciens mo-
dd à l'extrême fertilité du pays , qui numents qui existent encore ne présen-
•ujourd'bui même ne dément pas son tent que de grandes masses, aujour*
andenne réputation. d'hui à peu près informes, et qui n o&>
Mais avantages de position,
à p<irt ces frent qu'un intérêt médiocre au point
Philadelpliie occupait un sol plus sujet de vue architectural,
qu'aucun autre à l'effet des tremble- La ville est bâtie sur plusieurs col-
menu de terre. Aussi Strabon et tous lines, et reoeeiote des murailles a la
Im auteurs qui ont parlé de cette ville forme d'un grand rectongle presque
paraissent s'étonner que les habitants régulier. L'ensemble des murailles
persistent à y demeurer. subsiste encore presque en entier; il y a
« Philadelphie, dit Strabon, est on ne cependant da cdté du nord une large
peut pas plus sujette aux tremblements brèche qui forme rentrée de la ville les :

de terre et les murailles des mai-


, anciennes portes sont dans un état de
sons s'eotr'ouvrent à chaque instant; ruine complet. La muraille était defeu*
c'est tàtO&t un quartier de la ville, due par des tours rondes , espacées de
tanidt un autre qui éprouve quelaue vingt à trente mètres,
accident ; aussi ne comprend-elle qu un A la seule inspection des ruines qui
petit nombre d'habitants : il y a même subsistent encore, on peut conclure que
lieu de s'étonner que ce peu d'ha- jamais Philadelphie ne s*est distinguée
bitants aiment à rester dans une ville par la riehesse et la beauté de ses mo-
où les maisons ne sont pas sûres,
et il est encore plus étonnant que les (t) Strabon, Xllt, 6a$.
fondateurs de Philadelphie l'aient bâtie (a) id., Xix, 579.

Digitized by Google
370

numents. Tl y a lieu de croire que ses clergé est nombreux et les cérémo-
.

murs de moellous bruts étaieot re- nies religieuses s'y font avec un certain
vêtus de stuc et dTendults qui ont dls- sMaral. ^
pmi; mais dans leur formé actuelle on Lés monuments mnsidmans sont
pourrait difficilement reconnaître leur au5si mode stes que les monuments chré-
destination primitive il n'est jpas éton-
: tiens; on compte une vingtaine de mos-

nant que chaque r<Qj^f^&ïi an ptt les quées, dont les minarets blancs s'élèvent
attribuer selon sa fantaisie à d*aDcien- au-dessus de la verdure qui b s eiitonrey
nés églises on à de*; temples roninins. A ctdonnent de loin à Philadelpliie l'aspect
l'orieut s'élève une colliiu', séparée delà d'une ville orientale par excellence.
ville par un ravin et couronnée par un La ville moderne est bâtie partie en
système de murailles appartenant à l>ois, partie en terre; les maisons sont
l ancienne acropole. En e\;iininnnt le couvertes en tuiles, et malgré leur pau-
système de fortifications, on doit re- vre apparence elles renferment une po-
connaître qu*il est bien inférieur à celui pulation active et riche. L'extrême fer-
de plusieurs autres places de la même tilité du pays, les troupeaux nombreux,
importance, cnren réalité Pbîladelphte et l'industrie des tisserands y répandent
était la clef de la I.ydie. une grande aisance. La population qui ,

Elle avait, il est vrai, un double mur était estimée il y a un siècle de st-pi a
en avant du front de la place mais II
, huit mille hnbltants, ne paraît pas avoir
n'était pas, commeà Nicée, défendu pnr varié, Li ville ne s'est pas étendue, et
des tours altertiant avec celles de la dans l'intérieur des murs tous les quar-
muraille; on voit encore en avaut de la tiers sont suflisamment peuplés. Si les
ville des traces de murailles au niveau habitants de Philadelphie paraissent être
du sol» qui ont peut-être fait partie du très-négligents pour l'embellissement
l^stème «le défense. et l'entretien de leur ville, ils ont en
Philadelphie fut au nombre des villes revanche uu luxe intérieur qui surprend
romaines d*A8ie qui acceptèrent' avee Tétranger admis dans rintimlté des fo*
I empressement la toi chrétienne, et si milles. Le vêtement des femmes grec-
Ton en pnr les actes des martyrs, (jues est des plus riches et dos plus
les chrétiens de ces régions purent pra- élégants; il diffère de celui des femmes
tiquer leur culte avee assez de liberté. de Smyroe, en ce qu'il a un cachet plus
Elle mérita d*étre mise au rang des oriental ; celui des femmes musulmanes
sept églises de l'Asie, et saint Jean vint ne le cède pas, dit*on, en richesse à oeloi
lui-niéme pour y révéler la parole de des chrétiennes.
Dieu. La conduite méritoire des chré- Les Grecs ont c6nservé i cette ville
tiens de Philadelphie est citée comme le nom de Philadelphie les Turcs l'ap-
,

un exefnpie aul antres communautés pellent Ala-cheher, la ville blanche. La


chrétiennes. ressemblance du mot .^/a, blanc, avec
D'après la rareté des marbres dans celui de Allah, dieu .a motivé une mé-
les rumes de cette illle, on peut penser prise dans laquelle sont tombés Tun
que les inscriptions y sont en petit après l'autre tous ceux qui ont éiTil sur
nombre on en cite cependant quelques-
: Philadelphie ils ont cru que Ala cheher
:

unes, qui nous apprennent aue les jeux siguiliaii la ville de Dieu, et ont conclu
communs de FAsie se célébraient à que ce nom lui était donné en souve-
Philadelphie. nir de l'étahlissement du christianlsm;^.
Les monuments de l'époque byzan- Les orientalistes, et notanjuienl M. de
tine sont aussi pauvres que ceux de Tan- Uaminer, u'out pas couiim^ cette er-
tiquiié ; les Grecs comptent à Philadel* reur.
phie plus de vingt églises, mais il n'y Pococke commet une erreur sembla-
en a pas plus de cinq dans lesquelles le ble au sujet des truites de l'Olympe
culte soit pratiqué : ce sont les églises (en turc Ala*balouk, poisson blanc) :
de la Panagia , de Saint-DImitn , de il croit qne les Turcs leur donnent le

Saint-Théodore et de Saint-Michel. Les nom de poisson de dieu.


chrétiens .sont au nombre de trois mille; L'histoire de Philadelphie depuis le
Us sont adnaiaisUrés par un évéque ; le onzième siècle est vraiment lameutable \

Digitized by Google
ASIE AnNEURE.
dès première apparition des hordes
la" ce rebelle elle Cintra 'dn^ tek posses-
musulmanes en Asie Mineure, cette sions des su (ans.I

ville fut le point de mire de leurs plus La position de Philadelphie , au cal


fbrieuses attaques. Prise d'abord par lei de partage des; eaux de rHemi^a et du
Seldjoukides, elle tornl)» quelque temps Méandre, correspond assez bien avec
après au pouvoir des Latins; reprise celle de la ville lydienne Callatébus, par
par lesultju Ala-Eddin, en 1300. elle laquelle se dirigeait 1 armée de Xerxes
rat comprise dans le portage de 1 émir lorsqu'il marchisut sur Sardes; aussi
Karam.Hi. Le duc Roger de Flor réunit quelques géographes (1) ont-ils été
Philadelphie et Sardes à la principauté tentés d'identifier les deux villes, la rai-
dePergame, que gouvernait Jean Vata- son d'être de l'une et de i'autre ayaot
trts. En 1806 elle fut assiégée par Alitu- été commandée par le même motil^ la
ras, qui s'empnra des ouvrages avancés, défense des deux vallées.
mais fut obligé de battre en retraite On fabriquait à Callatébus (2} une
devant Tarméc byzantine; entin eu i3dl sorte de miel tiré du Myrica et du fro-
«lie tomlia sons 'le poun>lr ottoman; ment. Les commentateurs ont été em^
dans des circonstances qoi méritent barrasses pour bien délinir cette oom-
d*étre rapportées. f>05ition ; ils ignoraient qu'elle se con-
La dissenhion s'était mise dans la eciiouue encore en Orient, et sous
maison impériale de Byzaneet Androni^ le nofn de hàiva fait les délices des en-
avait fait renfermtr rians un? prison fants turcs, comme le pain d'épicc celui
d'fliat l'empereur Jean cl son fils Ma- de nos enfants. Du temps d'Hérodote
nuel, qui étant parvenus à s'échapper, la base de cette composition étau tirée
Maient mirés prte ilii toltau dea du tamarise mannîfera, arbuste qui
Turcs Bayazid Ildirim. Sur ces entre- croît encore en Orient, et dont les con-
faites le sultan résolut de s'emparer de fiseurs persans retirent une sorte de
Ata-cheher, la seule ville byzantine qui gomme blanche sucrée et agréable au
teaiSten Aiie; elle se trouvîfit resserrée Î;odt s un y joignait du miel et de I9
entre les États de Témir Aïdin et ceux iarine.
des sultans de Broussa : il réclama le Auj )urd'hui les halrnrfji, fabricaniB
secdurs des troupes de Byzance. de halva, y joignent la farine de
les-GrMs méprisaient cette attaqne, sésame et ou sucre; tout oe mélange,
attendu (qu'une tradition disait que ja- battu dans un mortier, compose une
mais la ville chrétienne de Philadelphie )àte jaunâtre qui s'exporte jusque dans
ne tomberait aux mains des Turcs- Le es îles de la Grèce. Le halva de Phi*
ernnmandattt de la citadelle répondit adeTphie et celui de'AlVall sont renom-
afec fierté aux sommations qui lui més en Orient. —
Le beau platane dont
forent faites de rendre la place; alors la vue attira l'attention de Xerxès est
Taasaut fut ordonné, et pour comble de encore une preuve que la ville de Cal-
bonté ' left troopes grecques comman- latébuà était dfans ces régions : aucune'
dées par Manuel forent les premières autre contrée de l'Asie Mineure ne pro-
à monter à l'assaut. On raconte que duit aujourd'hui de si beaux platanes.
Bayazid, furieux de la résistance des Le petit fleuve Cogamus, qui arrosa
Philadelpbiena, fil fiiirenn trophée avec retenftoire âH^ Philadelphie, d>ule au
les cadawtt des çrisonulen. La place , nord-est de la ville; il est souvent à seo
grâce à son énerpque résistance, obtint line partie de l'année il va se jeter dans
:

une capitulation honorable, et les chré- l'Hermus, à quelques milles à Test de


tient attribuaient à cet événement leî SiMea. Son nom moderne est Cûuxom
prtfil^ea dont Ils ont continué à Jouir lehal'lar rivière, de Tagneau. ;

•eus les sultans.


Apres la chute de Bayazid, Timour '
(i) Manncrt, t. YIU, i66f lUnoM, Mirt..
a*empara dePliOadel|ihie, mais la vlllé OU., liv. VL
échappa à une destruction complète. (9>tIérod.,liv.Tli; 3i.'
Klle fit ensuite partie des domaines
de l'émir Djounéia, qui posséda toute
laLjfdie; enfin, après là dettractUm iH'

Dlgitized by Google
LUNtVEBS.
CËAPifRE jCXVllL ments : le quarix hyalin, dont les
taux forment deux pyramides renver-
LA CATAGBCÀUMBNB. sées, et Tainpbibole, qui est tantôt amor-
phe, tantôt sous la forme d'aiguilles
LOf«qa*oo a franchi le lleova Coga- très-ténues. Ces trachytes s'approcbeat
muSf en se dirigeant vers le nord, oq davantage de la classe des porphyres
entre dans une contrée dont Taspect dénomination sous laquelle ces roches
diffère totalement de celle qu'on vient ont été connues jusqu'à ce que la géo-
de iiareoarir ; ce ne sont plus des ter- loffie les ait classées plus positivement.
lains d'alluvioD dans lesquels dominent L^panchement de ces roches a àmé
les cailloux de gueiss et de quartz; les pendant plusieurs siècles ; elles ont cou-
montagnes prennent une teinte rou- vert une vaste région, et formé des mon-
geâtre et sombre, la végétation arbo- tagnes considérables. £lles se sont éle-
rescente devient plus elair-sem^, les vées en ednes et en pyramides, mais
sou rces disparaissent; on reconnaît bien- sans Jamais laisser de traces de ce que
tôt les traces des feux souterrains qui nous appelons un cratère. Souvent l'ac-
à une époque aucienne ont ravagé la tion de ces laves a été si puissante,
contrée et ont été Tagent principal de au'on a vu des parties de monta|ae,
sa constitution adoelte. Quoique i*ac- es roches d*une épouue primordiale,
tton volcanique ait cessé depuis un grand soulevées par l'action au feu, leurs cou-
nombre de siècles, les anciens, malgré ches déplacées, et prendre la direction
le peu d'attention qu'ils portaient à la verticale, en laissant partout des traces
science géologique, avaient fort bien de l'effort immense qui s'était produit
compris Ta nature ignée de ces terrains, Les trachites, en se refroidissant, ont
{)ersiiadés qu ils étaient que les trem- éprouvé dans leur retrait des fissures
)lements de terre ue se manifestaient analogues à celles qui se manifestent
que par Taction interne du feu. Aussi dans un terrain argileux qui sèciie.
avaient-ils donné à la contrée qui s'é- L'infiltration des eaux, la désagrégation
tend depuis Kadi jusqu'à Laodicée d*uoe de la roche, ont bientôt augmenté ces
part, et depuis Sipylus jusqu'à Synnada fissures, qui sont devenues des vallées.
de l'autre, le nom de Catacécaumène C'est la première période des feux de
(KoraxcxouiAivi)), ou contrée brûlée. Les Id Phrygie. Il semble, d'après Tiospec-
produits volcaniques déposés à diffé- tion des terrains, qu'il y eut une sorte
rents âges présentent des caractères as- de repos dans les phénomènes volcani-
sez variés pour que Poeil du géologue ques, pendant lequel l'action du temps
{luisse facilement discerner leur âge re- et celle des eaux agirent seules sur ces
atif. Les plus anciens volcans de TAsie roches nouvelles. Mais une seconde pé-
se sont manifestés par épanchementa riode de Tacti vité des feux se manifesta ;
plutôt que psr irruption. La substance les roches trachy tiques furent ellea-m^
qu'ils vomissaient était d'une nature pâ- mes soulevées, fendues, brisées, par
teuse plutôt que lluide; elle paraît éire l'action des laves plus récentes, et leurs
sortie de terre par de larges Assures, et débris, entraînés par les flots igaes qui
couvrait toute une contrée d*une nappe sortaient des montagnes, se irouvent
ignée, qui n'a pu qu au bout d'un tres- aujourd'hui mêlés dans les courants de
frand nombre de siècles devenir propre Inve de fusion, comme les cailloux d'un
la végétation. La >ubstance amsi reje- fleuve se retrouveraient mêlés a ses
tée par ces volcans prlmordlaus est eaux glacées. Il est rare que l'éniption
drtine nature assez uniforme sur toute de la lave de fusion n'ait pas été pré-
la surface de l'Asie Mineure. File se cédée d'une éruption de cendres; car
compose d'une pâte lioniogène, qui va- presque toujours des couches assez
rie du rouge-violet foncé jusqu'au bleu épaisses se trouvent entre le lit trachy-
clair, et qui contient un nombre variable tique et le courant des seoviei.
de cristaux blancs plus OU moins par- Cest à cette seconde époque qu'il finit
faits de feldspath ce sont des trachytes
; rapporter la formation de ces monta-
proprement dits. Dans quelques-unes gues coniques, véritables volcans, ana
de ces roches, on observe d'autres élé- logues à ceux de l'Auvergne et de l'I-

Digitized by Google
ASIE MINEURE. M
talie , et dout sont identi-
les produits terrains tracliy tiuues ; mais les villes de
qum ; ce sont tantôt des cendres conte- la Lydie se sont élevées au milieu d e vol •
nanl des fragments de ponce noire et cans qui portent tons les cnrnrlori s d?s
blanche, quelques cristaux de pj^roxène volcans contemporains, et dont les ( rup-
et d'autres roches cristallines innées , tions, (quoique tout h fait effacées de la
4pn^ s'aggioméraDt par la suite des mémoiredeihoaimes, ont dû avoir lieu
temps, ont formé ces bancs de roche à une époque assez rapprochée de noiis ;
tencfre, d'une épaisseur ciuelcjueljois con- car on trouve dans diften ntes direc
sidérable, dans lesquels les peuples pri- tions des coulées de lave traversant,
itifil» manquant sans doute d'antres dans la longueur de plusieurs milles,
moyens de construction, de chaux et de des territoires que la végétation re-
bois, se sont plu à creuser des demeu> couvre, et ne laissant dans tonte l'éten-
res, des tombeaux et des temples. Ccst due de leur cours que la désolation et
une chose mi*oo peut obamrver a prior< la stérilité.Le terntoire de Koota est
dans ets r^iom; les peuples qui ont surtout remarquable par plusieurs cô-
construit en appareil que nous appelons nés volcaniques, dont les parties consti»
pélasgique sont ceux qui vivaient dans tuantes ne diffèrent en rien de ce que
les régions calcaires; les peuples qui nous connaissons de plus moderne dans
habitaient des réj^ions couvertes de tuf les coulées de lave,
volcanique ont, au contraire, ereuséd'in-
uombrables cellules qui, après tant de, CHAPITRE XXIX.
sièeles, sont encore Tétonnement du
voyageur qui parcourt l'Asie. Tout le YOLCAH DB KAIA DBTUT.
pays qui cliez les anciens portait le nom
de Catacécaumène n'est cependant pas La ville de Koula est bâtie au pied
entièrement couvert de produits volca- d'une montagne nommée Rara déviit,
niques. La vallée supérieure de l'Her- l'encrier noir, qui est le centre d'une
mus, en descendant de Kadi, offre çà éruption considérable, dont les épnn-
et là des formations de roches crétacées chements se sont fait jour au sud dans
qni surgissent au milieu destrachytes, toute la vallée, et passent sous le sol
et qui sont comme des îlots s'élevant de la ville actuelle, qui est bâtie toute en
sur une vaste étendue de terrains i^^nés. lave noire identi |ue avec la lave de
.

Ou rencontre de plus, entre le bassin Volvic eu Auvergne. La surface de ce


de THermus et la vallée du Cogamus , courant est composée de quartiers de
dans laquelle est située Philadelphie ,
roche, dont quelques-uns cubent sept
des laudes et des collines arides qui ou huit mètres ils sont quelquefois :tc-
;

sont formées do terraius irappeeus, cumulés et jetés les uns sur les autres
d'une eonstituttoo antérieure aux épan- eomme les glaçons d'une rivière. On
chements Irachytiques mais dont l'as-
, voit que l'action du feu a brisé des ro*
pect terreux et dessèche les a fait con- ches déjà refroidies, et les a entraînées
fondre par les anciens avec les terrains nageant sur un nouveau torrent, oui
purement volcaniques. i^est figé comme une masee de scones
La province fjui fut appelée par les sortant d'un fourneau; ces laves con-
tiabitants Catacécaumène était située sur tiennent de petits cristaux de pyroxène
k» frontières de la Lydie et de la My* et des liions d'obsidienne. Le refrui-
aie;il n*cst donc pas étonnant que tes dissement de la substance ignée a formé
anciens l'aient attribut e tantôt à Tune, des fissures qui s'enfoncent sans doute
tantôt à l'autre de ces deux provinces; à une profondeur considérable, et qui
elle occupe une partie notable de la Phry- ont donné naissance, dans l'intérieur de
gie épictète , tout rorient de la Phrygie la rodie, à des dédales et i des cavernes
salutaire, jusqu'à la vallée calcaire de que l'on peut parcourir dans une cer*
Synnada , la pointe septentrionale de la taine étendue. Os ilssures comtnuni*
Lydie , en un mot tous les aflluents su- quent entre elles par des conduits mac-
perieurs de riiennns et du Méandre, cessibles , qui sont parcourus par des
Toute la partie orientale de ce territoire courants d'air qui dans l'été sont extré-
est presque entièrement composée de nement frais. Cette particularité est
la* UoraUon. (Asia MiNiiiaB.} t. ii. 18

Digitized by Gc)
974 L'tJMlVEftâ.

bieu connue dts habitants, qui Uan^ basaltique ({ue dans les terrains qui
rété déposent dans ces fissuras des am- sont baignés par les eavx : snr.lar cote
phores d*eau pour les faire rafraîchir. asiatique du Bosphore, mut enviPOBS
La rupture de la roche dans une assez des îles Cyanées, dans la vallée de Der-
grande hauteur, observée daos ces ca- nien-tchaï, près de Trébizonde, et dans
Yenies, fait voir que cette roche éta»I la vallée de TUalys, eu faisant route
homogèoe; elle est ii*uu aspect gras et vers Gésaiée. «Il j a anr- «nvirefea ée
comme miroitant, semblable à du laitier Koula d'autres cônes volcaniques, l'un
de forge , parsemée (^à et là de globules appelé Sandal et l'autre Dopos-Kalé,
d'ebuUitioUf noire, sonore et à cassure au sommet desquels se voient des traces
fitraiise. Ba côté de la ville on <iiieerve de cratère et des courants de lave gui
UAs-peude ceudres. line parait pas^ue paraissent oanleaiponias éee coiiIms
ces laves se soient fait jour par le cratère de Koula.
du sommet, qui est fort écnancré, et qui Le cone qui se trouve près du viilag?
semble beaucoup plus ancien que la de Saudal parait avoir vomi des ceudn»,
coulée, car les flanei du cône sont co»> qui m sont eoweities en tuf ; eT qni
verts d'une végétatioo qui Goannenoe à eoumnt nne àsees grande surfsee de
poindre. Du cdté du nord, les érûptions pays. En un mot, tout le terrain situé
ont été beaucoup plus considérable, et entre la rivière qui passe devant Phi-
ont eu lieu à des périodes très-distinc- ladelphie, et qui est 1 ancien Cogaïuus,
tes. On suit me iméiiêt, pendant plus .ot*bi'Aeave'Hemnii, «vt*d*One fbHnft-
d*an inynémetre,les traces de ces érup* tion volcanique analogue aux volcans
tions,qui,du point culminant d'où elles existants; mais les terrains ignps s'é-
sont parties, se sont toutes dirigées par tendent fort au delà vers l'est, jusqu'à
une pente rapide jusqu'au bassin de la ville d'^fioum-kara-hissar; la, ils
rHermus. Là, arrêtées par les eauXt appàrtiennenrà la ftvmulon tratfini-
elles ont reflué, en formant une falaise que. Cependant, près d'OuBdiak , dam
qui surplombe au-dessus du fleuve l'endroit appelé llessler-1îaia-si , on ob-
phéuomene facile a expliquer car le serve un grand cratère, dont l'orbe eut
:

contact deTeau et des laves bouillantes composé de lave violâtre, contenant du


brisait la masse, et eotndnait les^déliris. iildspatb déoonposé, «I roulée- elle-
Les laves ont été arrêtées par les col- même dans une pâté dé céndre et de
lines de gneiss qui formaient la vallée scories ; c'est ce qu'au Vésuve on ap|)el1e
naturelle dans laquelle elles se sont ré« rapilli. La masse de ces dcjeetions est
pendues i les crêtes de laves forment asses étendue, et s'élève à nne hauteur
des bloes si abrupts, qu'il est impossH dfenviran 4» mètres; les' eonobes for-
ble de traverser les coulées. Il n'y a pas mées par les cendres sont honzonlales,
une plante sur ce terrain et les traces et les rocs du côté «le la vallée ou du
,

du feu ont conserve toute leur acidité. oratère présentent une surface abso-
La hauteur du côoode Kafft déviil krnient verticale. Au delù de THer-
est d'environ kQ^ «êtres au-dessus de mus, la fermaHon volcanique continue;
la plaine, et la hauteur absolue de Koula mais on ne trouve plus de' lave de fu-
est de 803'", ô, le baromètre marquant sion, ce sont des tufs d'un gris jaunâ-
Oy"' 701, le thermomètre du baromètre tre, et qui s'élèvent en collines à parois
39»,10, et le tfkmieaiètre libre 38,10, abmpies.
fat basteur du baromètre su bord de la A part iet lehoses ftbnteuses que
mer étant C", 7t>0. La coulée qui s'é- Strabon se plàit à rapporter, d'après
tend jusqu'à riienims es(t formée dans d'anciennes traditions (1). Strabon décrit
sa partie supérieure de laves analoguei» en peu de mots la région catacécaumèoe
à la eottlée duisud; MiiHS«"eo 'MâMiia d'âne manière foit eiacte'*, il liii*donae
le cours du fleuve, on aperçoit çà et là en longueur elnq c«nts stades sur quatre
des traces de la formation bai^altique, cents de large, soit quatre-vingt-douze
pliénomene qui. selon quel(jues géolo- kilomètres et demi sur solxstite-qua
gues, est dû au retroidissement subit torze, c'est-à-dire quelle s'étend jusqu'au
des laves. Je dois dire ici qu'en eliBi
Je n'ai jamais ebeerté lié oiMttiUiaatioa (i)aii«b.r M, M. '

Digitized by Google
176

lanritoire de Kara hissar, oè r<n ob^ Dire , mais presque tontes les maisana
serve en effet des phénomènes volca-
, sont ombragées par quelques arbres;
niques très-remarquables. Cette rénon las mes sont propres, et la population,
étaitdépourfM d^rim, maii praiui-' a0tîvratindiiilrittrte,parak jouir d'une
renommé, connu sous le nom
sait un vin aartaina aisance.
de Catacécauménite. Le canton était Koula est une ville de quatre n cinq
couvert de cendres et de scories noires. mille âmes ; la population grecque est en
Stnboii TCletBBt toute eiplicatioB possession de presque tout le cottinevca
•uroatnrelle de ces phénomènes ignëe, local, qui consiste en laine, coton, opium
n'hésite pas à les reçrarder comme et céréales ou compte environ deux
:

l'effet des volcans dont les sources sont mille Grecs. Les Turcs , outre le corn*
épuisées, il «n donne pour prem M meeca da>«aiafano, parUfiçeat tfae ias
Grecs une induMna.qnl a de l'avenir;
trois floofllrvs distants les uns des au^
très ne quarante stades, et ifue Ton c'est à Koula que commence la fabri-
nomme les soufDets, et au-dessus des- cation des tapis ditsde Smyroe, et qui
quels on-iroit lesctoeB ftMpmés ptrdtf Hieaportent jusqu'en Amériqua.'Les mu*
amas de laves. Dons les galeries nato-> mea des Youronk en fabriquent aussi
relies formées par le refroidissement sous leurs tentes : ce sont de petits tapis
circulent des courants d'air frais qui de prière. L'abondance des 'laines jointe
soufflent au dehors. ' -
à I» caitBfa^ditrt^htea tiBetafiafea» la
Vitrove <i) connaissait bien lé» oM gMKa, Ir. rhamnus qui donne ,
la
gion comme pays volcanique on en ex- : graine jaune, la vaionnéeet la noix de
portait de la pierre ponce. Les trois galle, qui dément ^^noirv et Tindigo,
cratères dont parle Strabon rtdentifleflt qui^«m«a tpar. carafanës.Hellai sont las
fiarfaitemont avec les trois cdms vo^a- matièrés premières qui ont fwrmis de
niques des environs de Koula, le premier faire de la fabrication des tapis une in-
dommant la ville, le second observé dustrie toute locale. Il est curieux de
par M.Hamilton è tMt milles èfooett m
le afquea quaioatlé régionlieat'^BHlia
'

du premier,entre les villagesdeSandal et depuis les temps reculés en poawaian


de Megné. Le cratère est complet, et plu- d'un art qui -faisait ia oéiébiiité dc Lao-
•••»
sieurs autres oônes d'une période plus dicee; ' ' ' > *

ancienne s*élèTent mx
afetttow» ; le SII' iW'raaleNàidloala -anann débris
troisième cdne, d'une date plus récente, de monumedt d'architecture , la ville
est située à «^ept milles à l'est de Sandal : abonde en fragmems de marbre de toute
on l'appelle Caplau alan, la dent du tigre ; sorte, et dans plusieurs mautoos grec-
il est composé de oeodrN et deMOriat. -qam dn«aBaérfft<da8< baa<raliafii et dts
Son cratère est le mieux conimé da aculpturasen marbre s qui ne sont pas
tous; il a un demi-mille '800 mètres) sans mérite. 11 en est un surtout (]ui
de circonférence son élévation au-des-
: représente le dieu Liuius ou Men, et
ioa de la mer est de 7M métrai*. qui bolient uip iabisipUon lalativa au
culte de cette divinité.
GHA^UIIË XXX. '
«le hiért.dule Demas ayant institué
tme prière au soleil ^balatès, au Meu
Tiamos ae*an Mad aul, oïdaanm da s'y
conformer^ èoo» pride de reconnallfa
La ville de Koula est agréablement l'effet de puissanéedeiupiter. » Cette
la
atuée,à naissance d'une lougue vallé«
la ordonnance porte la date de l'an 256
qui, da la taaaada voleatt da Kara détlit, ( ded9élsubidea)vqiB cohwpood è'Oiii-
s'étend vers le sud. De nombreux mi- quante-six ans avant notre èrei
narets s'élancent au-dessus de la ver D'il près sa position sur les routes de
dure sur laquelle se détachent quelques Plulaaelpbie a Prose, et de Gotyaum à
aMaqoées, ml
les mors blanoilB con- Pergamci il eat à eroiva que Konhi-oo-
trastent avec Taspect lugubre de la ville, cupe remplacement d'une ancienne ville,
qui est louta baiia en piems de laie mais aneon monument n'autorise à l'i-
avec quelque
dentifier définitivement
(t) Vitruve, liv. 11^ cb.' S. < • ' >
MNii'Ponno.La nom do KoidatloaiMé,
1«.

Digitized by Google
LUIilVERS.
tour) est ture et assex moderne il en
; d'où sort la source est entouré d'un mur
est question dans ritinéraire du grand- composé de pierres de grand appareil,
duc Roger eomme d'une forteresse. La réunies sans ciment z-des murs de même
position de Clamidda, mmiuée dans la style forment une enceinte qui toit let
table de Peutinger sur la route de Phi- pentes du rocher.
ladelphie a Cotyaeum et à vingt-huit Dans l'enceinte du bain moderne on
milles de la première, pourrait convenir trouve aussi plusieurs fragments d'ar-
à KoDbu chitecture; Vjirea où se trouvent réunies
toutes ces ruines n'a pas une centaine
CHAPITRE XXXI. de mètres d'étendue; elle est fermée
an sud par un rocher vertical, sur le
ILLBt M LAL*UBin».AU
IiTDlB IfOID Dl liane duguel ont été sculptés plusieurs
bas-reliers, qui ont tous un caractère
religieux. Le plus grand et le mieux con-
La Lydie comprenait Ttngt-Mpl servé est sculpté dans une niche qui a
éféehés ou villes principales, qui sont environ 1™ 50 de hauteur ; l'archivolte
mentionnées dans la notice de Uiéroclès représente une guirlande de feuilhitre;
et dans celle de l'empereur Léon. Quoi* au centre de la niche est sculptée une
que plusieun des noms anciens soient figure semblable à celle du bas-relief
altérés, on les reeonnatt Mlement sous de Roula , représentant le dieu Lunus
loiir forme nouvelle. IVous avons h faire ou Men, coiffé du bonnet phrygien et ,

connaître niainteoaat un certain nom- ayant derrière lui le croissant,' attribut


bre de ces villes, qui occupaient la ré- de cette divinité. Le style de ce monu-
gion nord de la Lydie, et à appeler ment n'acense pes une haute antiquité ;
rattention des g^raphes sur des rui- nous sommes porté à le considérer
nes qui ne sont pas encore classées. comme de la même époque que le bas-
Koala se trouve sur la rente de ca- relief de Koula, qui porte sa date. Plu-
ravane qui va de Smjme à Kiitayah, à sieurs bas-relîeft, mais d'une plus petite
vingt-six heures ou cent cinquante ki- dimension, sont sculptés dans le même
lomètres de la première , ou remonte rocher : on ne distingue plus que la
ensuite vers le nord pour gagner Ooi- masse des figures ; l'un d*eux représente
ehak; Taneienne route ne devait pas un personnage oouebé, autour duquel
différer beaucoup de celle-ci , attendu sont réunies plusieurs figures d'hommes.
que cette région renfermait un certain Au nord ae l'enceinte sont des restes
nombre de villes qoi Utient forcément de voûtes, et sur la rivière un pont à
desservies par une route dirigée do sud- demi ruiné, qui paratt être des tempe
ouest au nord- est. byzantins. Si Émir-liammam occupe
En suivant cette direction on ren- l'emplacement d'une ville, elle doit
eontre, à onze kilomètres au nord-est avoir été extrêmement petite: nous som-
de Koula, une localit64|ul mérite d'être mes plus disposé à y voir un établisse-
observée. Des sources chaudes mar- ment thermal et renErieux comme ceux
quant 59 degrés centigrades sortent de de Caroura et de Ciiarouium (1).
terre i quelques pas de la rive de THer- L*aneienne Silandus , siège épiscopal
mus, etlment un bein naturel connu de Lydie, occupait l'emplacement du
dans le pays sous le nom de Émir Uam- village moderne de Selendi , situé à
mam, le bain de 1 émir. quarante-cinq kilomètres au nord-est
On y observe des restes de eonstrae- de Roula, sur un des afOoents de THer-
tions ont le caractère d'une haute mus, qu'on appelle Selendi-sou et plus
antiquité, mais l'emplacement paraît loin Aîneh-tchai; on trouve à Selendi
avoir conv^u moins à une ville qu'à quelques inscriptions, mais aucun ves-
un de ces centres où la religion s'u- tige de monument ancien. Le pont jeté
nissait à la médecine pour la cure des sur l'Hermui à Émir>Hammam, serâél
maladies, et dans lesquels les prêtres à établir une communication entra ces
étaient investis d'un double ministère : deux places.
les établisBeaseiils de ee genre étaient
oombieux dtas la eontrée. Le bearin (i) .SUabau, XUI, XIT, 34».

Digitized by Google
ASIK MINEURE* m
Nous «voDi ptrlieulièremeot re- taine analogie de noms, à l'assimiler
marqué une inscription gravée sur une avec l'ancienne Daldia, citée dans let
belle plaque de marbre, cr inmémorative notices ecclésiastiques
d'une statue décernée il iiermogèue par Tabala, autre vtlie de la mènie pro-
Thrasybulf , Ois de P^rilMxIore, et par vioee, oecapait remplacement du village
Glycoii le 5 du mois Gorpixus de de Davala, aux environs de Kouln.
l'aa US. — 2Ô7 ans avani notre ère. Adala, village turc situé sur la rive
gauche de^TUermus, remplace Tau-
CHAPITRE XXXII. eienne AtlaUa ; mais on ne trouve anenn
vestife de I9 ville fondée par Attnie un
:

MQBOlflA. — BJbAUIfOUa. — SAlTTiE. chÂteauen moyen Age bâti sur un rocher


a remplacé rancieune acropole.
La partie nord de la Catacécaumène Les eoulées de lave qoi s'étendent
formait au delà de l'Hernius un grand jusqu'à l'Hermus appartiennent h la
triangle, enclavé entre la Mysie à l'ouest même formation que celles de Koula, et
et la Phrygie à Test ; c'était la Mœonie prouvent que les volcans ont été en
proprement dite, dont le nom s'étendit activité pendant la même période. Les la-
ensuite jusqu'aux versants du Tmolus. ves ont coulé jusqu'au fleuve, entraînant
ville de Mœonia était au centre de dans leur cours les débris de laves plus
cette province. On fut d'abord disposé ancieunes. La végétation ne s'est pas
à IMdentilier avec la ville moderne de encore développée sur ces terrains, qui
Koula, d'après une inscription portant présentent un aspect de désolation.
le nom des Mœoniens; mais il fut cons- La ville de Blaundus, dont la position
tate qu'elle avait été transuortée d'un a été déterminée par MM. Hamilton et
village nommé Maigné, situé à sept kilo- Arundell au village de Suleimanli, à ua«
mètres au nord de Koula, et ^1. Hamil- heure de marche de Gœubt-k, était un
ton, oui a visitécette localité, a constaté siège épiscopal suffragant de la métro-
qu'elle occupait l'emplacement d'une pole de Smyrne, inscrit dans les notices
ancienne ville; il a de plus copié une eeelésiastiqties sous lenoinda Ralandus.
autreinsrri[)tion portantlcnom MAIÛ- Elle doit sa fondation aux successeurs
MÎN, encastrée dans le mur de la mos- d'Alexandre, qui amenèrent dans ces
quée : divers fragments d*architecture contrées uue nombreuse population
eiisrs dans les rues sont tout ce qui sub- maeédonienoè : aussi les habitants se
ite aujourd'hui de cette ancienne ville. désignaieut-ils sous le nom de Macédo-
Mœonia esi mentionnée comme une niens Blaiindéens. Blaundus est située
ville de Lydie dans la notice de Léon et sur la grande route de l'hiladelphie à
dans le Sjroecdèmede Iliéroclès. Pline Dorviœam, à Pcstrémité du triangle
indique sa position sur le fleuve Oga- formé par cette enclave de territoire
mus et au pied du Tmolus, taudis qu'elle dont nous avons parlé, et la ville s'élève
est à plus de vingt kilomètres au nord sur une colline entourée de part et
de ce point (I). Dans le voisinage de d*aatre par deux profonds ravins. La
Maiirne, et à six kilomètres nu iiord- porte principale est située sur le col
out^t de Roula, il existe une carrière de qui jouit à plaine cette sorte
la pres-
marbre près d'un village du nom de qu'ile, et qui n'a pas plus de soixante
Gbluldiz ; on y observe de nombreux pas de larga. Les flancs de la vallée ont
fragments de sculpture, des fondations été creusés pour y établir de nombreuses
d'édifices qui ontdù être des temples et chambres sépulcrales ; il en est quelques-
des monuments publics. Quelques ins- unes qui conservent des traces de [)ein-
criptions de dilftrants âges ont été co* tore.
piéîes, mais aucune ne fait connaître le Le théâtre est construit au pied de
nom de la ville, qui est resté indéter- la colline. La scène est aujourd'hui
miné. Cependant le major Keppel, à qui entièrement détruite, mais un grand
l'on est redevable de la découverte de nombre de sièges sont encore en plaee.
«etie ville, est disposé, d'après une eer- porte était défendue par deux tours
carrées qui sont encore presque entière-
(i; Pline, liv. V, ay. ment conservées i elles sont en pierres

Digitized by Gopgle
de graudapf>areilv réunies sans ciment: I.f'on relie appartenait au canton deMœ^
l'une d'elles est couronnée p;ir une nia et était située sur le bord du fleuve
frise à triglyphes d'ordre dorique, chose Hyllus. Les ruines de Saittaeont été re-
iMMitéedMiB lesooDstfuetiolismilitaifes. trouvées par Hamilton au lieu nommé
La baie de la porte etl carrée et ior- Sidas-kale-si, à trente-trois kilomètres
montée d'une architrave; au-dessus est au nord de Koula près^u village de
un arc de tiecliarge ce système de cons-
: Injicler.
truetioo n'est pas (i'accord avec l'archi- En partantdeKoulaonvadroitau nord
teetur» des tempe hettéDiquee; ewii THermus. on firan-
Jus'|u% la vallée de
Anuidell regarda-t-il cette porte comme chit le fleuve , et douze kilomètres plus
un ouvrage byzantin. O
n'est pas l'o- loin ou traverse I.i rivière Ainehtcnaî.
pinion de M. bamilton: les deux ob' La route suit une vallée latérale,
Àervateurs pourraient être d*aeeofd en qui a quatre kilomètres de longueur;
admettant que ce monument a ndii les ruines de Sidas-kalé-si s'étendent
quelques rnodillcations à l'époque ro- sur un plateau ondulé, entouré de
maine. Les rentes de monuments sont collines basses de nombreux sarcopha-
:

nombreux et remarquables; il serait à ges annoucentl'entréedela ville. En des-


désirer qu'ils fuMentrdevés et mesurés cendant dans la plaine on leconiialt les
par un architecte archéologue. Dans mines d'un stade dont une partie a dis-
l'axe de la porte sont les ruines d'un paru, mais dont l'autre moitié, appuyée
magnifique temple; on retrouve toutes sur le liane d'une colline, est bien con-
les frises, les architraves et les fûts de servée le podium el une partie des sièges
:

oolonoes amooeelés les uns sur les au- sont encore en place. La plaine est cou*
tres, ce qui suppose l'effet d'une chute verte de débris de monuments et de
soudaine plutôt qu'une destruction suc- fragments d'architecture d'une bonne
cessive; les ornements de cet édifice exécution plusieurs fûts de colonnes et
;

sont comparés par M. Hamilton à ceux des arcluiraves de marbre jonchent le


de rÊreeoteum d'Athènes (1). Au sud sol dans la partie orientale de la plaioe
;
du temple sont les ruines d'un portique on reconnaît de grandes substru étions
d'ordre dorique, avec des pilastres car- voiltée^ qui paraissent avoir appartenu
rés, dont quelques-uns portent encore à un temple : le tout est construit sans
leur arebîtrave. Un peu plus Mn m ciment. Le village voisiUt nommé loji-
autre portique est composé de deux cler, offt'e sufTisamment des ressouroes
demi-colonnes accouplées à un pilastre pour l'antiquaire qui voudrait séjourner
carré il en reste encore six en place.
: quelques jours au milieu de ces ruines.
Un édifice construit en grands blocs Unegrande rivière, du nom de Démirdii
de pierre s'élève à rextrémité de l*aen»* tchai (la rivière des forgerons) coofc
pôle; on reconnaît aussi remplacement près des ruines de Sidas kale-sî« et va se
d'un stade T.p< restes de trois autres jeter dans l'Hermus. Or. comme il est
temples occupent une partie de Tes- reconnu que»la de Sailtae était située
ville

Kianade en dehors de la porte. Cette entre l'Hermus THyllus, l'existence


et
rêve description suffit pour ftiire voir de cette rivière fait naître sur le véritable
que les ruines de Blaundus constituent cours de THyllus une diftlculté qui avait
un bel ensemble de ville préco-romaine, déjà été pressentie par Manncrt.
qui mérite d'attirer l'attention des ar- r.a bataille entre Antiochus et Scipion
ehéologues architectes. ayant eu lieu entre Magnésie et Tbyalire,
comment aurait-elle puse passer près du
CHAPITRE XXXIIL fleuve Hyllus, qui est si loin de la. Ceci
tend à donner raison au passage de
SAÎTTiB. — FLEOVB HYIéUTB. Pline qui fait du UvUus et du Phrygius
deux fleuves différents, contre Strabon,
Saïtta\ comprise parmi les villes de qui n'en fait qu'un seul (I).
î.ydicdan^ la notice de Hiéroclès, est
Le cours de l'Hyllus baignait les murs
uiscrite sous le nom deSitae dans celle de

i) Haiitiltuiu iV('««'4trc/i«f in Asin Min., (i)Mannerl, Gvo^raplue der Grlechen uhJ


I. I, |i. lati. Rômer, t. II, ch. VIII, 376. Pline, U%. V. Si.

Digitized by Google
m
de deux antres viîles de Lydie dont la et les de l'intérieur, a dd être
villes
position est encore indéterminée ; la prc- de tout temps favorable au commerce
laRn tst fDéraeésarêe, qui se df^- de transit, quî était entre les mains
9»it par un temple de Diane Persique. des Grecs : aussi Tralles fut-elle renom-
Au «irjpt de la réduction du droit d'asile mée par .la richesse de ses habitants.
decrptf sous Tibère, les habitants Pvlhodore, l'un d'eux, qui était revélu
tfBtiérocésarce exposèrent que le temple dé la dignité d'Asiarqvie, possédait on*
île Diane Per8i<|ae, eonsiruit du temps fortune estimée par ^rabon à deux
ée Cynis , Jouissait de ce privilège mille talents ; après la bataille de Phar-
et que les décr»*ts impériaux Taraient sale il fut en butte aux persécutions de
étendu iusqu'^ deux milles pas aux alen- César, qui confisqua ses biens, attendu
toors du teniple (1). Les cérémouies que Pythodore passs^t pour afoir été
qu'on y pratiquait étalent semblables à r^mi de Pompée. Pythodore parvint ce-
«elles du temple d'Hvpsepa. Les tables pendant à lesraclieter, et lesiaissa à ses
B'éosTapIjiaues placentliiérocésarée dans enfants, du nombre desquels était Pi-
'
(a vallée d'Hyllus, à l'es^i de Thyatire, thodoris, reine de Pont, qui vivait du
lorlesfirontièresdelaMysie. Pto1émée(3) temps de Tibère.
la oiet dans le voisinage de Phlladet* Ménodore, autre citoyen de Trallei,
phie, ce qui s'accorderait mieux avec qui vivait du temps de Stralion , rem-
riiypolhèse qui admettrait le Demirdji plissait les fonctions de prêtre de Ju-
tcbai comme le véritable Hvllus. piter Larissscus; il fut accusé de sédition
La position de cette ville n'a pas devant Domititis iCnobarbus, qui le Ht
eneore été déterminée. mettre à mort.
Les historiens de César rapportent
CHAPITRE XXXiy. un prodige arrivé à Tralles avant la
bataille de Pbarsaie. Dans l'areu du
tmUXIl. — Atont dUZBt-BISSAB. temple de la Victoire on avait élevé
nne statue k César; quoique rette
une des villes les plus floris-
Traîles, enceinte fût pavée de marbre il s'éleva
santes de Lydie , était située dans la tout a coup une palme qui entoura le
Tallée supérieure du Méandre, sur ua piédestal de la statue.
des versants du o^ont Messogis : elle est Le roi Attale s*éuit fait bâtir dans
remplacée parlavilieniçderoè de.Aîdin cette ville un palais magnifique, dont
Guzel hissar. Ie<: ruines ne sont pas éloignées de cel-

Strabqo en détermine clairement la les du gymnase ; mais 1 activité que


dans la plaine du Méandre,
position mettent habitants à détruire les an-
commune aux Lydiens, aux Carlens et ciens monuments en aura bientôt fait
aux Ioniens de Milot ville occupait, disparaître le dernier vestige.
sur le penchant de la montagne, un ter- Le théâtre et le stade n'offrent plus
raio de figure trapézolde ; la citadelle pour aiusi dire que leur moule; le pro-
passait pour très*-l»ien fortifiée. On at- scénium et tons les gradina ont disparu.
tribue la fondation de celte ville aui Ar- Le territoire de Traflss, comme celui
ffiens, ainsi qu'à quelques Tliraccs, qui de toutes les villes de cette vallée, était
lui donnèrent le nom de Tralles c'était : sujet aux tremblements de terre, qui
celui d*une peuplade thrace, qui avait ruinèrent souvent les plus magnifiques
poor eoutume de s*eogager au ssnriee édifices; mais les habitants les rele-
étranger. Elle portait aussi les noms oe vaient avec une constance inébranlable.
Évanthéia , la fleurie» et de Érymna Agathias (1) rapporte qu'un paysan
U forte. La rivière Eudon arrosait les nomme Chérémon , aiiJige de voir s i

murailles, etune fonlain^, du nom de ville natale renversée de fond en comble,


TbéhaiSj coulait dans Toitérieur de la entreprit d*allertroaverrempereur, qui
fiUe. Sa posîtioa entre lé port d*£pbès9 faisait une expédition chez les CantalNes.
et le supplia de létablir la fille; ee qui
ft) Tacit., Aiinal.^m, 6a. Pausaniu, Itv. fut accordé.

(•) Ptdl., r. T^ck a. (i)Agaibiis.#^4^/iiftfmV/r, Uv.ll,cl4,9^.

Digitized by Google
MO
D'autres catastrophes ignorées ont terminée. Les premiers observateurs, et
dans le cours des siècles causé de nou- notamment Pococke avaient pourtant
, i

veaux ravages. Les invasions musulma- recueilli dans ces ruines des inscriptions j

neSf les incendies et les tremblements portant le nom de Tralles, mais, domi-
de terre avaieiit concouru pour faire de nés par une idée préconçue , ils n'en i

raneienneTralles un monceau de ruines. avaient pas tenu compte.


L*euipereur Andronic, (ils de Paléologue, La ville moderne d'Aïdin Guzel-his-
s'étant rendu dans cette ville, tut si sar n'occupe pas exactement rempla-
charmé de sa position, qu'il résolut delà cement de Tancienne Tralles; elle s'est i

lebfttir et d*yréinté^r les habitante, portée plus à Test, et se trouve aujour-


qui s'en étaient éloignés. Les ouvriers d'hui à cheval sur une petite riviôe,
trouvèrent dans les fouilles une ins- qui n'est autre que le fleuve Eudon.
cription qui prédisait le rétablissement L'ancienne ville occupait un plateau '

de Tralles et une longue vie à son nou- à Test, et qui a en effet la (igure dhm
veau fondateur,^ quadrilatère ; la surface du sol est cou- I

Une fois murailles rétablies, les


les verte des débris de murailles qui ont
habitants accoururj^nt en foule, et la appartenu aux anciens é lilices ; on re-
villi; reprenait sa physionomie première marque surtout trois grands arcs, qui
lorsque les tribus musulmanes vinrent ont été considérés par Ici uns ecoune
en faire le sié;^e. Les Turcs coupèrent un are de triomphe, et par les autrei
le ruisseau de l'Eudon, et la ville, privée comme un reste du gymnase icetteopi-
d'eau, n'en persista pas moins dans sa nion nous paraît plus probable. On vov-ail
ré8i>tance héroïque. Les Turcs (luirent encore il y a (Quelques années des stucs
par l'enlever d'assaut, et tous les ha- couverte de pemtures : les amorces de
oitants furent massacrés. murs qui se reliaient avec ces arcs prou-
Andronic se tenait pendant ce temps vent qu'il y avait d'autres dépendances.
dans sou palais de Nymphxum, et ne La ruine et l'abandon de l'anacnne
fit aucune tentative pour porter du se- ville sont dues à des causes qui soat
cours à Tralles. restéM ignorées, peut-être à quelque
Lorsque les Seldjoukides furent une tremblement de terre. Pendant long-
fois maîtres de la Cappadoce, tontes temps les débris des monuments ont
leurs vues se portèrent sur l'occident Jonché le sol ; mais le voisinage d'une
de TAsie Mineure pour se mettre en ville populeuse est toujours funesti
relation avec la mer; les villes comman- aux anciennes ruines peu à peu tous cas
:

dant les grandes vallées tombèrent suc- fragmente ont été enlevés , et mainte-
cessivenient en leur pouvoir; Tralles ne nant on opère des fouilles pour extraire
put être défendue par les faibles empe- les blocs de marbre qui sont encore en-
reurs de Constantinople , et fut prise fouis. Les monumente de Tralles va-
par Pémir ATdin, qui la reçut en fief du riaient beaucoup dans leur système de
sultan d'Iconium, et lui donnason pro- construction ; les uns sont faits en petits
pre nom. moellons qui étaient recouverts de pla-
Comme sa position est en même ques de marbre. On a enlevé le marbre,
j

temps forte et agréable, on lui donna le mais les murailles sont restées , les ma- |

no?n de beau château ; depuis ce temps tériaux n'étant bons à aucun emploi.
r.inrienueTralles s'ap[)elle Aïdin Guzel- Ceux qui étaient luUis en pierre de grand
hissar. —Cachée sous ce nom , toute appareil ont été l'objet d'une exploita-
trace de li ville romaine fut perdue tion régulière, et les pierres ont été
pendant cinq siècles; et lorsque les voya- employées dans la construction des mos-
geurs modernes tentèrent d'en retrou- quées d'Aïdin. Pour les débris de mar-
ver les ruines, ils se trouvèrent dans un bre, les Turcs les emploient ordinaire-
extrême embarras , résultant de Tincer- ment pour faire des tombeaux.
titnde des itinéraires. On donna succes- Pendant bien des années, des fbuiltei
sivement à Gu/el -hissar les noms de ont été opérées dans le but de recher
Magnésie, du Méandre et de ÎSysa ce , cher d'anciennes sculptures et d'autres
n'est pour ainsi dire que de nos jours objets d'antiquité, et les fragments re-
que la position 4e Tralles fut bien dé- trouvés étaient presque toujours de la

Digitized by Google
ASIE 3«1

balte épooM ê» Tart. Aujourd'liui oq émirs d'Otlimnn avaient, en recevant


ne voit plus uue seule colonne dans leurs liefs, pris le nom de Déré bey ;
l'eDceinte de Traites : il est impossible sous ce titre ils devaient fournir au sul-
de retrouver remplaeement dei temples tan un certain nombre de eavalieis et
d*£sculape cité par Vitruve. Les colon- de fantassins ils étaient char<^és del'en-
;

nades étaient cependant nombreuses à tretien des routes et de la sécurité pu-


Tralles, car sur toutes les routes oui blique. Aujourd'hui ces anciens feuda-
afoiainent la ville, on remarque dei taires sont réduits à la condition de
puits dont la margelle eK illlita d*une pacha et reçoivent tous les ans leur.in-
,

use de colonne évidée. estiture au jour du Ba>Tam.


Tralles n'était pas inunédiateinent La population d'Aïdin s'élève à
tut le iMrd du Méandre, elle en est éloi- soixante mille âmes environ ; on compte
de plus de quatre kilomètres, et est en tout douze mille maisons : il n'y en
sur un monticule au-dessus du a pas plus de quatre cents occupées par
aol de la vallée , ce qui contribuait à la les Grecs. La ville s'étend en partie daus
pureté de l'air. la plaine, en partie sur les deux venants
La ville moderne d'Aïdin est une des de la vallée de l'Eudon , que Ton tra-
plus considérables de la province, elle verse sur deux ponts de pierre ; le quar-
est le centre d'un tres-grand traûc en tier de l'est est occupé par des tanneries
matières premières, comme en tisstisde établies sur le bord de la rivière, et qui,
toutes sortes venant de l'intérieur ses : n'étant soumises à aucune surveillance
bazars sont vastes et bien achalandés. de salubrité, abandonnent leurs résidus
Dans la crainte des tremblements de au milieu de la ville, corrompeut les
terra, les habitants ont construit leurs eaux de la rivière, et répandent rinfec-
maisons en bois; mais ils s'exposaient tion au milieu delà population.
à un autre fléau qui a bien souvent ra- Au sud de la ville s étend la plaine
vagé leur ville, sans pour cela les faire du Méandre, dans une largeur de vingt
Rvenir à des constructions mieux en- ou vingt-cinq kilomètres ic fleuve coule
:

tendues les incendies sont fréquents et


: au .'Milieu et forme la frontière entre
terribles dans cette ville, surtout quand la Carie et la Lydie.
la cliaieur de Tété a de&séché toutes ces La plaine est daus un état de culture
frêles eonstmctions. des plus florissants; la vigne, l'olivier,
Il y n un graiid nombre de mosquées le figuier fournissent des produits qui
dont les uunarets s'élancent au-dessus font l'objet d'une exportation très-con-
de la cime des arbres, mais il n'y a pas sidérable; outre 1 industrie de la tan-
un seul monument digne d'intérêt; nerie Aîdin possède des manufaetures
jamais Guzrl liis^ar n'a été le centre de cotonnades; il faut entendre sous
d'un pouvoir politique ou religieux ce nom des métiers en chambre, car
stable et puissant. Les émirs d'Aïdin, les grandes manufactures dans le genre
ptoque toujours en lutte sourde, sinon de celles de France sont ioeonuues en
en guerre ouverte avec les sultans, ne Orient.
songèrent jamais à élever des monu-
ments durables; leurs habitations, leurs CHAPITRE XXXY.
konacs de bois barbouillés de peintures
grossières suffisaient à leur luxe. La fa- POPULATIONS MrsiILMANES. USA-—
mille desKara-Osman-Oglou, qui a pos- GES Sl]PlûKSXllIOt<iS DES MONTA-
,

sédé pendant plusieurs siècles toute la GNABOS.


vallée du Méandre , jouissait d'un pou-
voir souverain; elle n'a rien laissé Dans presque toutes les villes de la Ly-
comme souvenir, ni routes, ni fon- die que nous venonsde décrire on remar-
taines, ni aqueducs tout leur luxe con-
: que des habitants qui. pour le costume
sistait à entretenir des bandes d'irrésu- et les habitudes diffèrent complètement
liers, qui étaient un lléeu pour les vuta- du reste de la population on les nomme
;

ges environnants. les Zeibeks. Us forment une sorte de


£o 1833 le sultan Mamboud mit fin corporation qui a ses chefs et sa règle
àcetia poisauiee féodale. Les andeos ils se distingnent surtout par qb eoe-

Digitized by Google
L'UfflVERS.
tiime qu'ont souvpnt reproduit les pein- prédictions qui les poitalsnt h aml»>
tres qui ont visite l'Orient ; c'était le ver contre le gouvernement.
type favori de Decamps , qui en a fait Kara Osman O«lou était le protec-
le soîetde ses plus charmants taUem. teur de cette milice qui jouit encore
LesZeibeks portent un turban d'une hau- près des gouvemeon iTone eartalM 'm*
teur excessive , une large oeinttire qui
est tout UD arsenal, contenant pistolets,
lloence, mais à la chute de M
bey, lors-
que 'iahir pacha vint occuper le pncha-
yatagans, cnngiars, auxquels on joint lik d'Aïdin il ordonna aux Zeibeks de
,

encore la pipe et les pincettes. Leur en* quitter leur costume distinctif. La fer-
lotte ordinairement en toile blanche ne
mentation qui coQvait dans la popula-
descend qu'aux genoux elle est serrée
; tion se traduisit par une sédition fomi-
sur les cuisses, et porte une brayette dable. Tahir pacha fit marcher le corps
lacée comme les chausses du moyen des Nizam contre les Zeibeks; on en
âge. massacra un certain nombre dans Ai-
Les Zeibeks ne sont pns uniqaement din. Ils rentrèrent dans la aonmisBifla;
militaires, ils sont marchands et surtout mais ils ont toajows conservé lenr esi»
bons caravancurs. Il est impossible de tume.
tirer d*eax aocon édaireissement sor
L'amour du merveilleux, qui a tant
leur origine ils ignorent complètement
:
pour les musulmans et surtout
d'attrait
pourquoi ils sont nommés Zei heks mais;
pour 1^ peuplades des montagnes, a
ilest certain, d'après leurs traits et leurs
multiplié dans ces régions les confré-
habitudes, qu'ils ne sont pas de race ot- ries de derwiches voyageurs ou de
tomane; ils n'habitent que les Tillagefr marabouts, qui traversent les tribus en
du mont Tmolus et du Messogis; on distribuant «tes amnl^tes et en donnant
peut les considérer, sans crainte de se des talismans. II y en a qui jouissent
tromper grandement, comme les restes d'un grand crédit, sans qu on sache de
detraoes aborigènes qui habitaient ces quelle puissance il émane ; ce n'est pas
montagnes. On se rappeilevoloolters ces seulement un pouvoir religieux ; la qua-
Thraces fondateurs de Tralles qui s'em- lité de marabout peut être aoqdse non-
ployaient au service de ceux qui vou-
seulement par des hommes, mais eneare
laient les solder pour commettre des
par des choses^ eommo dès arbres et
assassinats (i). Les anciens Tralliens,
des pierres.
quand ils n'étaient point engagés au Les arbres marabouts sont nombreux
service de quelque prince, exerçaient le
en pays musulman ; on les reneoptre
brigandage et poussaient l'insolence
au bord des routes ou dans quelques
Jusqu'à rançonner les conducteurs des endroits sauvages et déserts Ce sont
armées; al les Zeibeks d'aujonrd'biri ne
ordinairement des buissons souffreteux
vont pas jusque-là ils sont encore ni«
et demaoTaise mine ; l'arbre marabout
gardés comme les plus hardis détrous-
jouit de la propriété de s'emparer des
seurs de caravanes, et les Grecs trem*
maladies et des maléfices , que le pos-
blent à leur nom.
tulant lie à l'arbre avec un morceau de
Il est un fait généralement observé,
sou propre vêtement. On va près de l'ar-
c'est que dans les pays de montagnes
bre; on lui fait une inyoeatlon , et, au
les mœurs locales soiit plus constan-
moment où l'on prononce son vœu, on
tes que dans les pays de plaines. Les le lie fortement à une des branches au
Zeibeks pratiquent assez mal Tisla-
moyen d'un chiffon. C'est pour cela que
misme, mais sont attachés h toutes ron rencontre sur toutes les routes des
sortes de superstitions ils ont surtout
:
buissons nui, pour tout Ibuillage, aont
des voyans auxquels ils ol>éissent aveu-
couverts de éfaiflfoiii liés à leurB bran-
glément. On cite un illuminé de ce
ches.
genre, nommé Rel Mehemel, qui sTétait
Quand on questionne un Turc sur
associé à un derviche mal famé, dont
Fongine de ce singulier pouvoir des ar-
il se servait pour Caire à ses affiliés def
bres, il ne sait que répondre dés bana-
lités mais rien ne saurait ébranler sa
,

. (i) Sirobou, Uf. XIV, 3i4delatrad.fraQ. confiance dans ces agents muets d*nn
pouvoir supérieur.

Digitized by Google
ASIE MlHEURt;.
L*arbre marabout, nTon les Tons, '
despierres B*Mt pas lienMilimMittke*
jouit par lui-même de ce pouvoir tantôt les musulmans ; Boriage, auteur anglal^t
protecteur, tantôt redoutal)Ie ;ce ne raconte que les anciens monuments
sont pas des esprits, des Djinn qui sont gallois de l^Angleterre jouissent aussi
ses ministres; ce liesont ni le sac de sesdie eè privilège. Dans quelques localités,
fruits, ni sa sève, ni ses feuftles, c*eston fait passer les enfants dans des pier--
un pouvoir immatériel, venu mi ne sait res trouées, pour les empêcher de de-
d*ou, et ûnissaot on ne sait comment, venir rachitiques, et les hommes de tout*
On voit souvent près de ces arbres' âge pratiquent svee oraflanoe le mémo»
une enceinte de pierres sèches, avec un remède pour la gnérison des douleurs,
mirhab pour faire In prière; quelquefois (Caumowt, e<mn (farehiiologk^ t, U
ces arbres privilégiés croissent non loin 119.)
de la koubba d'un santon. On pourrait La capitale de flshim n'est pas plue
croirequeces derniers arbres ont acquis à Tabri de cette superstition uue les
leur pouvoir du saint près duquel ils plus humbles villages il y a, dfans la
:

ont poussé, mais la plupart du temps on mosquée de Sainte-Sophie, un pilier


les Tencontre dans des lieux inhabités, marsiiout, qui jouH de facultés oura*
sur le bord des toutes désertes , et les tives; il est situé n gaoehe, près des
chiffons qui couvrent leurs brandies in- grandes urnes d'ablution. A
force de
diqueut qu*ils n*ont pas une clientèle le toucher, les croyants ont fini par
moindre que les arbres vot^s des eba- creuser la pierre , et comme c^est une
pelles. espèce d^lMtre fh)ide, la pierre est
Les pierresmaraboutes jouissent de toujours couverte d'humidité , c'est à
la même propriété ; c est principalement cette sueur de la pierre qu'on attribue
le rétablissement de la santé qu*on leur toutes les vertus; on Ta vainemeiit en-
demande, mais on compte aussi sur tourée d'une plaque de bronze , les at-
elles pour écarter les maléfices. Comme touchements multipliés des adeptes eot
les arbres, elles ont un pouvoir tout à usé le bronze et usé la pierre.
filit abstrait; on ne leur demande pas de Une autre colonne maraboute se
remède en les prenant en poudre ou en trouve dans la mosquée de la sultane
potion , c'est une action toute morale Validé, qu'on appelle Yéni Djami : c'est
qu'on attend d'elles. A Angora il y a la colonne qui soutient la loge du sultan.
une pierre maraboute contre les maux Elle est en marbre brocatelle jaune, et
deilents. du diamètre de o.so e., au plus; elle
Cf sont quelquefois des rochers na- ne se distingue ni par son antiquité, ni
turels, quelquefois de vieux monuments ; {lar sa matière son office est de guérir
:

ilen est de ces pierres privilégiées comme es rhumatismes. On la tient embras-


des arbres: nul ne dit dé qui elles tien- sée pendant quelques meiiienti en Ai*
nent leur pouvoir ni comment il s'exerce. sent une oraison.
On y croit, on pratique et l'on ne s'in- A c6te d'un pouvoir occulte et secou-
quiète pas du reste. Or, on peut voir rable qui se rencontre dans des objets
que dans quel(]ues localités d*Asie cer- matériels, les montagnards de l'Asie re>
taines pierres jouissent de cetter^uta- doutent un pouvoir contraire dont l'effet
lion depuis plusieurs siècles. ne se manifeste que par des maléfices :

Il y H à Tyane, au pied du T^urus, c'est le pouvoir du niauvais œil ; les villes


une colonne qui est maraboute au pre- comme les campainies y ont une fol
mier chef ; on vient de très-loin y taire absolue, et chacun croit son effet sur
.1

des pclerin.iges, et comme c'est le pays les choses comme sur les hommes. 11
du fameux thaumaturge Apollonius est aussi impossible d'obtenir sur cette
qui sait si eette propriété maxique de la superstition phis d*éeieireissements que
colonne ne date pas du temps de ce sur l'autre: on ne sait a quoi l'attribuer,
sm^ulier personnage? La cf)lonne de mais on est convaincu de son effet. Le
Tyane est surtout réputée pour arrêter mauvais œil peut avoir pour résultat
la' Gèvre; comme on ne peut y lier des defilrs pMr les troupeaux, de denécher
chiffons, on les cloue dans les joints. la moisson ou de donner des maladies.
Ces pratiques SMperstilieuses au sujet Heureusement , il y a des moyeos éa

Digitized by Google
LUMIVEES.
déjouer ce genre de maléfice c'est d'at- : ces ne participent pas de ce pouvoir
tirer sur un objet indifférent le premier surnaturel, tandis que les babitauts du
lêgHd de eelui qui jouit de la faculté nord ont peuplé de génies et de sylpbes
du maavaii eeU. Voilà pourquoi il n*est la plupart des sources situées dans les
pas uu champ, pas un jardin qui n*ait régions agrestes. Le christianisme n'a
dans un lieu apparent quelque objet in- pas mis On à cette croyance populaire,
iolite pour ettirer le premier regard ; et il est plus d*une fontaine dont les
ordinairement c'est un crâne décbamé eaux passent pour avoir plus d'effica-
de bœuf, de cheval, ou de chameau. Au cité lorsqu'elles sont distribuées par la
coin (U\ toit d'une maison neuve on main du prêtre. Ce sont les fontaines
suspend un paquet de gousses d'ail ou que les Grecs appellent Ayasma.
det feuilles de eaetus ; au eoo d^m ebeval La classe et les pratiques des man-
de prix on suspend une dent de lion ou bouts se trouvent répandues sur toute la
Suelaue amulette renfermée dans un lerrede l'Islam, mais le nom reste spécia-
tui «le marocain; les enfants portent à lement appliqué aux personnages reli-
leur turban, an milieu des seqnms et des Sieux de la terre de Blogrcb , de TOod*
médailles qui leur servent de parure, eut. Kn Turquie, ces hommes portentle
un petit étui d'argent dans lequel sont nom de derviches; en Perse, le nom
renfermés des versets du coran c'est la : de saîd ; mais il n'y a que celte diftereoce
bulle des t^mps antiques, et ici comme entre les uns et les autres.
autrefois les moyens d*eioidsme sont Les ziaretou lieux de pèlerinattétant
entre les mains des marabouts et des presque toutes le siège de l'habitation
derviches. ou le lieu de la sépulture d'un santon
U est une autre singularité dont i*ex- célèbre, ces édifices religieux doivent
plleatioii esteneore I trouier, c'est que néeassafarsment avoir leurs analogues
ebez les Grées eorome chea les musul- dans le reste de TOrient en Perse, on
;

mans, le nombre cinq est inconvenant, et les nomme imam zadé. Les institutions
ou ue le prononce pas sans demander auxquelles ils sont consacrés sont les
une sorte d'excuse les Grecs n'y man-
: mêmes daus toutes les régions. Leziaret
quent pas. A Smyme surtout étendre la est un lieu de pèlerinage, dont la
main avec les cinq doigts ouverts c'est célébrité s'étend souvent fort au delà du
un signe de maléaiction, on a soin d'a- territoire où il est situé, il contient or-
jouter en étendant la main xài ^zlot- dinairement une école ou médréce, où
«N>, voilà pour Isa veux ; les femmes les jeunes gens de Pendroit font des
greequea abusent ee moyen de m études que nous pouvons comparer au
eoêrcition envers leurs servantes, et droit pt à la théologie chez nous; les
quand cela ne pas elles les battent
suftit jeunes entants sont admis dans le meii-
avec leurs babouches. toub ou ecule élémentaire , où on leur
On observe un usage qui est répandu, enseigne à épeler la langue du coran.
Don-seulement dans toutes les contrées Dans la dépendance de l'édifice prin-
asiatiques, mais aussi en Europe et dans cipal, qui est toujours un tombeau ou
les tlei : c'est l'usage de Jeter une une mosquée, imare<,ou hospice pour
pierre, en passant, sur le lien o(i un les pauvres voyageurs. Il dillm du ca*
nomme a péri ; cet usage existe en Corse ravanséraî en ce que, dans le premier
comme en Bretagne, en Turquie comme établissement, les nouveaux venus
en Perse. I.es pierres accumulées par reçoi\ent gratuitement une ration de
les passants finissent par former des nourriture.
monoeaui aaseï considérables. On ne Les dépenses occasionnies par cas
peut pas dire que ces pratiques répan- ,
frais de charité et d'instruction publique
dues dans tant de contrées diverses sont rouvertes par les revenus des biens
ont une origine commune ; mais elles attachés à rétablissement, qui sont ap-
doivent avoir entre elles un rapport que pelés vacot^f en Turquie. Les biens va-
nous ne saisissons pas. couf naissent, soit de donations, soit
Il est singulier que, dans ces contrées d'hypothèques non remboursées; ce
où l'eau est une chose si précieuse et dernier système d'acquisition est celui
souvent si rare , les puits et les sour- qui profite le plus aux mosquées. L'ad*

Digitized by Google
ASIE lUTiËUAB.
iMinratiop des vaeoaf est, en effet, an» pour modèle que des dessins découpés
tori^ à prêter de Targi nt aux pro- aux ciseaux, car c'est Va le secret de
prétaires , moyennant un très - modi- tous ces dessins d'écharpes de mousse-
que mierét, dout le payement u'e&t pas line et de couvertures ae coussins qui
mêÊDB eiigé atee ngoaur; mais si, à sortent des maisons turques pour pas-
ia mort du débiteur, la créance n'est pas ser dans les bazars de Smyrne. Tous ces
amortie, le bien du défunt devient va- dessins fantastiques , qui plaisent tant
eouf, c'estxà'dire propriété de la mos- à Paris, sont, disons-nous, découpés
aux ciseaux dans du papier ou des mor-
Il y a dans cette institution qui date ceaux d*étofre, et brodes ensuite sur les
de plus de dix siècles quelque chose qui fonds au crochet, au plumetis, ou .<:iin-
re'ssemble à celle du Crédit foncier. plement a l'aiguille. Les vêtements de
Mais» chez dous , la dette n'est pas uni- fctedes femmes sont ordinairement ren-
qoctncnt attachée à la t^te dudéMtear fermés dans un grand bahut de bois de
et ne se liquide pas forcément à son thuya ou de cèdre, fabriqué dans le
décès. pays et historié par des ciselures faites
Si les osmaolis déploient toujours au couteau.
o gjnnà loxe dans ce qui se lattacbe k
leur sépuiture^soil qneron construise des CHAPITRE XXXVl.
Turbé ou de simples tombeaux portant
les insignes du aéfunt nous trouvons
, V1LLB8DBLYPI£ AU SUD DU CAYSTIK.
étiez les montagnards beaucoup plus de
simplicité dans la construction de leurs La ville de Tripolis, située sur la
dernières demeures ils ont
; n peine frontière orientale de la Lydie, était sans
quelques signes extérieurs que le temps doute une fondation des Vois grecs qui
ue tarde pas à enlever; cependant les réunirent en un centre de population
tflriainsdMeimetîèressont tonijoniB ret* les hsbitants de Quelques bourgs voi-
peciés et nulle construction profiine ne sins (I). Pline est le premier auteur qui
saurait y être élevée. fasse mention de Tripolis : il la pince
Les montagnards turcs aiment les dans le bassin supérieur du Mcandre.
eoolears voyanies : néanmoins il y a Cette fille subsista jusqu'au dédin de
chez œs peuples on instict de Tharmonie Tempire, elle devint épiscopale et eut
qui n'existe pas chez les occidentaux ; une certaine célébrité aès les premiers
quel que soit Tassemblage des couleurs temps du christianisme; elle eut la vi-
et les formes d ornement qu ilsadoptent site de apôtre saint Barthélémy et de
1

ponr leon broderies et leurs tapis, on saint Philippe qui prêcha dans' la Ly-
est étonné de ne pas retrouver ces tons comie.
eriards et choquants dont nos tapis et Tripolis dut sa fondation aux mêmes
nos étoffes nous donnent trop souvent motifs stratégiques qui firent créer Phi-
le spectacle. ladelphie et fîit comme cette dernière
Il feut croire que oette science de la Tobjet des attaques réitérées des hordes
juxtaposition des couleurs est une fil* musulmanes; la ville tomba lorsque le
rultétout n fait instinctive chez ces peu- pays fut conquis, et la population survi-
ples, car, lorsque nous voulons les imiter, vaûte se répandit dans aes lieux plus
BOUS B*arrivons (|U*à fabriquer desobjels iaforablement situés comme centres
ebo<pants. Ainsi, depuis quelque temps, de commerce. Les villes de ces contrées
riffiitation des tapis de Smyrne est de- ont toutes dû leur fondation à Tune de
venue une industrie à la mode ; quelle ces deux condiMons, leur avantage com-
dUKreoee entre le modèle oriental et mercial ou leur position militaire. Tou-
b copie française! Les tapis d'Orient tes celles qui durent leur création à cette
sont cependant le produit d'une inven- dernière cause sont aujourd'hui détrui-
tiontoute primitive; ils sont fabriqués tes et abandonnées, les premières jouis-
par des femmes qui ne gagnent pas plus sent encore après tant de catastrophes
de efaK|oante à soiiante centimes par
jour; elles n'ont pour métier qu un (i) N)sa Tiii créée d«o» les mtoiescoodi*
inokd cadre oii sont fixés les lisses et tiens; Su«b., Xiy,6fto.

Dlgitized by Google
i86 L'UNIVERS.
des avantages qu'elles afaient au mo» les plus anciens sont en fisires de has$
meot de leur création. appareil.
La eOQtrée étant soumiie sans ratonr A
rest delà fMe sfétsnd dferaito qm
au pouvoir musulman, les habitants de vallée qui servait de nécropole ; les tom-
Tripolis allèrent s'établir dans des cen- beaux étaient de deux sortes, des cham-
tres plus en rapport avec leur existence bres sépulcrales taillées dans le roc ou
nouvelle ; la peutè ville de Bullada an des sarcophajçes de piene avee des «Nh
centre d'un territoire bien arrosé suc- vercles à oreillettes, le tout portagftls
céda à Tripolis, et le village de Yenidjé caraetère romain le plus accentué.
s'établit dans le voisinage des ruines
dont les habitants ne savaient que faire; CHAPITRE XXXVn.
Yenidjé, le nouveau village, est situé à
dix mmutes des ruines de Tripolis. La NOXLI.-^SQLTAIV HISSAS, HVajk.
topographie de ce canton est bien ae- VASTAUEA.
eeutuée, c*est le point où le Méandre, <i

iranebissant un étroit défilé, entre dans Dans la vallée supérieure du Méandre


la grande vallée qni s'étend josqu^à la les pentes du mont Mfssogis sont peu-
mer. plées de nombreux villages dont les ha-
Les raines de la ville détendent au bitants sont etttièffOsMUt livrés à Fsf^-
pied d'une colline qui domine la plaine, culture. Le eotonv les céréales, le mais et
et étant situées sur la grande route le sésame sont successivement récoltés
de Sardes à Laodioée« elles ont été vi- dans les plaines et les pentes de la mon-
sitées par presque tosti les voyageurs tagne, et tontes la vÉUési afco at mUw
qui ont parcouru PAsie. On en a plu- à la plaine sont eonvéftes d'tmssSMSS
sieurs (lescriplions sommaires; mais plantations de figuiers ; aussi ce canton
aucun plan, aucun dessin de ses monu- est-il désigné sous le nom de Injirbazar^
ments n*ont encore été publiés. La ville .
le marché aux figues. Ttrois grands vHIa-
occupait on terrain en pente qui, aujour* ges très-voisins Ton de l'autre réunis-
d'hui encore,est couvert de ruines,de mu- sent In population rurale; >ls portent
railles et d'édifices publics. Le théâtre tous trois le nom de Piozli, on les dis-
à l'ouest , les sièges de la
était orienté tingue parlcsépithètesdetNoiIlbuyuk,
cavea ont été enlevés, mais on pourrait le grand NotU, habité par les familles
parfaitement reconnaître les dispositions musulmanes, et Nozii bazar, habité par
du proscénium. Le diamètre de Tédilice les Grecs. Les nombreux cours d'eau
est d'environ soixante mètres, les murs âui descendent du Messogis permettant
de soutènement de la esvéa sont paral- 'arroser les jardins et les vergen,
lèles à la scène; deux vomitoires con- aussi est-il peu de contrées qui présen-
duisaient à la première précinction. On tent un aussi riche et aussi brillant as-
ne reconnaît aucune trace du portique su- pect.
périeur; mais si l'on en Juge par les dé- A la 0n du mois d'aoflt, des cars*
Lris amoncelés, on peut supposer qu'il vanes composées chacune de plusieurs
en existait un. Les chapiteaux et les fûts centaines de chameaux apportent a
de colonnes, les fragments d'architraves Srayrne la récolte des figues, qui sont
•I de frises que l'on rencontre çà et là déposées en grands tas dans les khans,
portent le caractère *le l'architecture du dans les bazars et jusque dans les
second siècle. Le stade est voisin du rues. A ce moment, des femmes de
théâtre; il n'en reste pour ainsi dire que toute race et de toute couleur sont re-
le moule : tous les sièges ont été ente* cratées dans la ville et lesemdrons pour
vés. parer les ficues et les mettre en boîte
Dans le quartier sud-ouest s'élève pour l'evportation. Toute l'opération se
un grand bâtiment qui peut avoir ete le fait en pleine rue on arrose légèrement
:

gymnase ou la gérousie ; il est bflti en les figues, letdétire, on lesétaletvee


on
grands blocs de pierre. Aucun tempfe le pouce dans le creux de la main, et
n'est resté debout. Les murs de la ville on les case dans des boîtes. Pendant ce
sont eu grande partie couservé^ \ ils da- temps-là, 1rs petits négrillons tetteut
trat de pliisienis époquès'difréreittiDs': leefrs mères, se lootont mr la deai#;

Digitized by Google
ASIE MIMKUai:;.
toat cela Ibrine snlilbleati wêêA pilld^ Athymbrus comme leur ibodsimiB <4|.
fCMue que peu attrayant. Nysa était ornée de nombreux monu-
Toutes ces campagnes d'une irrigation ments publics elle avait un théâtre
,

fàdit sontoultivées avecune intelligence adossé a l'une des collines, un gynma^


nn. Liiécolte 4u coton ne le cède pas en 'pour la jeunesse, im agora et une oé-
importance à celle des figues et les pro- rousia, mUe d'asseoUée pour les vieii-
d uits des vallées du Méandre et d u Cay stre lards.
passent à Sœyroe pour être d'uue qua- L'amphithéâtre était bâtià*eheval sur
ulé enpérieur» à oeu de Kirk agatch les deux eétés du ravin, de manière aue
et de Pergame. Les cultivateurs des les eaux du torrent passaient sous Va-
vallées mettent un plus grand soin a réne. dette position de l'édilice est iden-
TirrigatioD et a la récolte ; le coton est tique avec celle des amphithéâtres de
égf9oék la iiiainaajnoyead*une petite Cyzique et de Krgame, qui existent e»>
machine fort simple qui ressemble à un core (2).
petit rouet; c'est Toccupation de toute Nysa se distinguait surtout par ses
la populaiioQ fémiiUDe de la contrée écoles et par les littérateurs illustres
dtna ramèra-aaison. Les produits ea qu'elle a produits. Stmbon dans sa jen-
aoie sont nuls. Les habitants savent bien nesse y suivit les cours du professeur
se tenir ali courant des besoins de Aristoâènie, dont le cousin, nommé de
l'Europe, ei dans un tenips où les huiles même Aristodeme, fut instituteur du
manqnaîent en Oeddent ils se sont II- grand Pompée.
fiés a la culture du sésame Tannée: Chandier reconnut à Sultan hisser les
suivante les ports de Smyrne et de ruines du the.ltre ou de l'amphithéâtre
Scala Nova en emportaient de nombreux et celles de quelques autres édifices;
eliaf»eiii0ftli; aujourd'hui ou'ua ebe- mais ces momimenis, eonstraits en pe-
min de fer de Smyriie à Aîdin traverse tits moellons, n'offrent aucun intérêt
CCS contrées, ce sera un nouvel essor sons fe rapport de l'architecture, peut-
donné a l'agriculture, dont tout le pays être dans l'origine étaient-ils revêtus de
plaques de martire comme à Cyzique :
Nysa était située sur le penchant du la description sommaire qui 'On a été
mont Messogis , à Test de Traites , et faite par l'aiiteiir nnclais ne petit être
avait au sud la plaine du Méandre. La complétée quo par un levé topographi-
ville s'étendait sur les deux penchants que.
d'une vallée arrosée par un torrent , elle Mastaura, citée par Strabon comme
était divisée en deux quartiers qui lui une place voisine de Nysa, se retrouve
donnaient l'aspect de deux villes diffé- encore sous son même' nom au viliaf(S

r
rentes : ces caractères topogriolii-
donnés par Strabon permettaient
retrouver remplaoemcnt de eette
ville.
de Mastauro à quatre kilomètres environ
à Test de Kiosli. Cette ville était arrosée
par un cours d'eau nommé CI>rysor-
rhoas. Ses ruines ont été visitées par
Le village de Sultan hissar, situé à Pococke et Hamilton, ce dernier auteur
trais kilomètres à Touest de Nozli, ré- enfiiit la description suivante: • Environ
pond à toutes ces conditions, ('handler, un mille au-dessus du village de Mas-
qui l'a visité le premier, a retrouve des tauro, on rencontre d'anciennes murail-
ruines considérables, qui iudiqueftl les et des substructions voûtées, à moitié
rempiaeement d'une ville importante, ensevelies sous nn abondant feuillage
et* reconnu les vestigesdesprineipanx de chênes verts et d'oliviers. Plus loin
édifices. est une enceinte circulaire d'environ
Trois frères lacédémonieus nommés cent pieds de diamètre c'était sans doute
:

Athymbnis, Atbymbradus et Hvdrelus, un théfttre ou un amphithéâtre; à Test


étant venus s'établir en ces lieux, y du ravin se trouve une voûte bâtie de
fondèrent trois villes auxquelles ils don- ^'rands blocs de pierre dans le style
nèrent leurs noms la population de
: grec a moitié enterrée au milieu des
ees villes ayant été diminuée, eUes se
réunirent en une seule, celle de Nysa ; (l)Slral^ZIT,6So.
aussi les Kyséeus reconuaissaienVils (») V<7« page 16», a; «19» a.
S88 L'UNIVERS
décombres; ftu sommet de la colline, certain nombre de villes dont le site
dont Taccès est des plus difUciles, sont reste inconnu.
l« estiges d*édi8oti du même style, La liste de Ptoléniée contient les villes
qui marquent sans doute remplace- suivantes:
ment de la citadelle; le reste des monu-
n^ts est bâti eu petits moellons. Euûu. Pepere, Juliogordus,
du flâne da ravin sort une belle et abon- Mosteni, iGgara,
dante source, qui est celle du Chrysor- Hiero-Casarea, Hypœpa,
rhoas.» Mastaura subsista sous IVmpire Nacrasa, Sardis,
byzantin, elleétaitépiscopale. Au sixième Thyatira, Philadelpliia,
eooeile de Conatantinople il est fiit Magnesfa ad Jovis Panam.
mention de Mnf:txiuri, dans la province pylum,
d'Asie; cet évêché est également men- Metropolis , qui
tionné au troisième concile d'Ëphèse. appartient à
ta mine de toutei ces petitee filles qui llonie,
n'étaient point places de guerre doit La table de l'empereur Léon le Sage.
dater des incursions de Timour et des
guerres eutre les émirs. Les tremble- Sardensium, MoDoniB,
ments de terre et la peste auront achevé Philadelphitt, ApollinisFamim,
rœnvre de destruction. Tripnleos, Arca/Sidis,
Entre ïralles et iNysa, non loin de ïhyatirorum, Mustines,
cette dernière ville, se trouve le bourg Settorum, Acrasi,
d'Aehanea où était le Plutonium, bos- Aureliopoi Apolloniadis,
quet magnifique au*dessus duquel on Gordorum, Attaliae,
vovnit l'antre Cliaronium, sorte de strotte Troallorum, Bages,
méphitique o était établie une confré- Salorum. Balandi,
rie de prêtres médecins; tous ces lieui Silandi, MesotlmoK-
ont été tellement bouleversés par les
tremblements de terre que la jzrotte a
La table de Hiéroclès.
pu se trouver obstruée. Jusqu'ici cet Sardis, iiermocapelia,
emplaeemeot est resté inconnu, et dans Philadelpbia, Ocrasus,
te pays nulle mention n*en est faite Tri polis, ApollinisFanum,
par les habitants. Thiatera, Talaza,
Les villes de Lydie dont nous avons Sitx, Bagis,
donné la description et déterminé l*eni> Moeonia, Cerase Meso,
placement ne sont pas les seules qui Julianopolis, Tymellus,
peuplaient celle province, une des plus Tralles, Apollonrs,
riches de Tempiro romain. Les tables Aurelianopolis, Uierocastellia,
géographiques contiennent encore un Attalia, Mysterle.

Digitized by Gopgle
LIVRE V.

lONIE.

CllAPlTUl:: PREMJEK. comme barbares méritent à peine d'étra


mentionnées, et les héros grecs n'appa-
ramiftns moKATioiia ioribhnis. raissent dans leur contrée que pour les
soumettre ou les détruire.
Lorsque les historiens grecs nous mon- L'Asie occidentale n'était pas la seule
trent les tribus ioniennes se rassemblant contrée veta laquelle les Ioniens dirigè-
soii<; la conduite de Né!«'f et quittant rent leurs expéditions émules des Phéni-
;

l'Attique pour aller coloniser les côtes ciens, ils entreprennent de faire concur-
de l'Asie Mineure, cette contrée leur rence a ce peuple maritime jusque dans
était déjà connue par les navigateore de son propre paya, les Hébreux connais-
leur nnlionqui, dès les tenjps les plus saient les Ioniens sous le nom de Javan,
recules, iraliquaienl isolément a\i>c les les Perses sous celui de luna, les Égyp-
peuples (le ces parages el avaient ilcja tiens sous celui de U inim, les monuments
rormé des établissements d*outre-mer. des Ptolémées mentionnent les Uinim
La migration des Ioniens s'est établie sous les Toutmosis III et IV au seizième
comme celle de tous les peuples mariti* et au quinzienu' siècle avant notre ère.
ines^ en s' échelonnant d'île en Ile jusqu'à Le commerce entre laGrèceet TÉg) pie
ee qu'ils aient atteint le continent op- avait pris une extension considéra'ble;
pose à la Grèce. Les plus anciennes les monarques égyptiens accueillaient
traditions nous montrent les Ioniens avec faveur nue [»optjlation qui leur four-
comme trafiquants et guerriers, se créant nissait eu même temps des merceuaires
par la force des établissements au milieu Ïiour leurs armées et les denrées de
d.s faibles tribus ipil ne peuvent leur 'Asie pour leurs peuples; aussi les Io-
résister, et se mettant à la solde des niens obtinrent-ils des terres à cultiver
État:» puissants pour avoir la tacuité de et la permission de fonder des établis-
te créer des oomptoira* sements dana le Delta à côté de ceux
Les cotes de I occident de l'Asie sont des Phéniciens. Les antiques rapporta
surtout le point de mire, le centre de entre les Ioniens et l'Éuypte sont prou-
toutes leurs attractions; c'est la qu'ils vés par Hérodote ; les faits qu'il men-
fondent leurs principaux établissements, tionne ne aont psa rdatlft à des person-
leurs mœurs et leur langue se répan- nages isolés, c'est une sorte de synthèse
dent parmi les indigènes, et tout ce ethnique qui résume en un seul tableau
territoire finit par être considéré comme ce qui concerne les Grecs asiatiques
colonie attique. Llonle asiatique de- dans les parages de l*Égypte. Ces rela-
vient le lien naturel entre la Orèce con- tions entre les deux peuples ont une
tinentale et les peuples d»* l'extrême influence extrême sur le génie actif des
orient. Les historiens grecs tout a peine Grecs ; la reli^oa comme les arts de la
mention de ces migrations partielles an- Grèce eneore a réttit rudimeniaire em-
térieures aux traditions historiques. Dans pruntent à l'Égypte et des dieux et des
rhahitude où ils sont de dramatiser formes architectoniques. Les Phéniciens
tous les événements de leur nation , ils subissent la même ioûuence; mais le
se sont plu à grouper dans un même développement de leur génie artistique
cadre la série d'événements qui se ratta- s'arrête dans une imitation très-peu éloi-
chent h cet important mouvement de la gnée du style égyptien , tandis que les
f>opulation hellénique. Pour eux d'ail- arts de l'Égypte, traosporlés sur le sol
euTS les populations qn*ila regardaient de la Grèce continentale et asiatique, y
l9*Ilpraiaofi. (Asu Minbubb.) r. II. 19

Digitized by Google
L*UmV£RS,
puisent une lève nouvelle et une légéné- devaient nstoramiemls jusqu'à ce qu'un
ration que les Grecs cherchent en vaii^ . |XMj voir étrangar leseût aoumia ao woémù
à faire passer pour un essor spontané jolig.
de leur génie. Les dieux de la Grèce ne D'ailleurs cette antipathie contre les
sont eux-mêmes qu'une transformation laees dcrangères n'avait pas encore pris
des dieux de l*Êgypte et de la Phéoide fhes les Grecs ce développement qu'elle
transportés sur le sol de la Grèce. acquit au temps des luttes avec les Per-
Aphrodite apportée en Grèce n'est plus ses. Les poésies d'Homère mentionnent
Mylitta ou Astarté, e*cst une Ogure ré- toutes les peuplades asiatiques en pa-
générée qui a dépouillé tout ce qu*elle rallèle avec les Grecs, et ne les désigne
avait de sauvnçzp dans son culte oriental. jamais snus le nom de barbares, il n'ap-
Ces combats incessants entre les na- plique ce nom qu'à la fraction des Ca-
tions nouvelles qui tendaient k se former riens qui parlent un langage inintelli-
firent naître entre les Phéniciens et les gible.
Grecs une haine implacable; aussi les
Phéniciens se montraient-ils toujours OUPITRË U.
les alliés des monarques qui faisaient
la guerre aux Grecs. Cet antagonisme 8BC0KB A6B VU MlftlAttORB
s'éleva à son apogée sous le règne de lONUNHBS.
Darius, au point qu'Hystiée put lui prê-
ter la pensée de donner Tlonie aux Phé- Toute cette période des premiers éta-
niciens et de transporter les débris de blissements ioniens sur la côte d'Asie
la nation ionienne en Pliénicie (1 n'a pour ainsi dire qu'une histoire, celle
Pendant toutes ces luttes entre les peu- de quelques troupeaux volés ou de fem-
ples navigateurs, les paisibles habitants mes enlevées; il faut arriver au temps
oesedtesse retiraient dans l'intérieur. Les où la métropole des peuplesioniens prend
aventuriers LTecs nrriv;jient dans le pays un intérêt polititjue à la rx)louisalion de
sans femmes ni enfants, ils liaient avec l'Asie : alors ce ne sont plus quelques
les indigènes des relations, fondaient enfants perdus de la Grèce qui vont à
de petites villes qui devaient recevoir leurs risques et périls t<1ter un terrain
plus tard un contmgent do population inconnu, ce sont les magistrats les dieux
nouvelle. Les premiers colons épousaient mêmes qui presidentau départ des Grecs;
de gré ou de force leâ femmes indigènes les oracles parlent, et dés ce moment
et il s'ensuivait des combats dans les- rbistoire recueille les faits et ge:>tes
quels les Asiatiques .iv- icnt presque tou- des nouveaux colons, nomme leurs chefs
jours le dessous; les Canins et les Lé- et enregistre les fastes des villes nou-
iéges opposèrent une vive re^iislance .iu\ velles. Éphese et Milet, villes des Cariens
Ioniens quand ces derniers voulurent et des Léléges oublient leur ancienne bis*
s'établir sur Cftte rôte mais le mélange
;
toirc, et deviennent des villes grecques.
des races s'effectuait peu à peu, et les Les antiques sanctuaires des aborigènes
enfants des femmes cariennes enlevées dépouillent peu a peu leur physionomie
aux indigènes formaient on nouveau asiatique pour revêtir la forme et le ca-
germe de population dans lequel domi- ractère hellénique; les petits centres de
naient le f;éi)ie et les instincts grecs. population, qui n'étaient comme chez
Les Ioniens arrivant en Asie n'y appor- les peuples primitits (ju un abri pour
taient aucune croyance religieuse hos- renfermer en cas d'attaque les troupeaux
tile aux indigènes; bien plus, ils con- et les biens de la peuplade , deviennent
sentaient n reconnaître pour dieux grecs des villes populeuses et commerçantes
les divinittVs indigènes. Otte conformité auxquelles les colons grecs donnent les
de culte qui permettait aux Ioniens de noms qui leur rappellent leur ancienne
lilncorporer les populations asiatiques patrie.
n'empêchait pas les haines des vaincus Sinous avons eu quelquefois a déplo-
de se manifester quand l'occasion se rer manque absolu de documents ori-
le

présentait : les Gariena et les Ioniens ginaux pour déterminer l'emplaoement


des villes et les noms des fleuves ou di s
(t) HéroUole, liv. VI, 3. montagnes, nous n'éprouvons pas la

Digitized by Google
Aâl£ MlKliitJlii^

nlnediflbulté pour la géographie ile leur eontsflteQnslant avec les États grées
Flonitt. Le Uarte d« Strabon est en ce acheva 4e mûrir; mais il fallait des ter-
genre un modèle de précision et d'exac- res aux nouveaux colons, et les anciens
àtude; aussi les voyageurs qui, avant possesseurs furent contraints de leur eu
MUB, ont paroanni rionie, ootdéler- eéder; bien plus, ilaallèrent jusqu'à en»
BMé mns peine les villes et les lieux les lever les femmes de Carie,dont ils avaient
plus importants. Il restait une ou deux fait périr tous les parente dans la ville
laeuntf : nous avons tente de les com- de Milet (1).
bler en wéewit paaè pas les mdieatiana
du géographe t;rec. La première est re- CHAPITRE III
lative à la position d'Ortygie, l'autre à
l'emplacement de l'ancienne Smyrne. LBUBS &A.PPOaTS AVRC LBS BOl»
J'ai la penuasioD que quiconque, eoi^ DE LYDIE.
naissant le pays , voudra lire attentive»
ment le tflite da Strabon, se langara de La puissance des rois de Lydie s'é-
cet avis* tendait alors jusqu'à la mer, et les peu-
LettnfaiBde€lMiidiereldeCUab«ll plades que nous venons de nommer vi*
ODt beauooap abrégé les recherches géo- valent, sinon sous la juridiction directe
graphiques qui restaient à de notre
faire de ces monarque^, du moins sous une
temps; mais comme ces savants, dont suzeraineté peu onéreuse. Les dyuastes
le programme Ml tnwi par la Soeiélé de Carie étaient particulièrement dans
des Dilettanti de Loodiaa^ifliBeiaieBt un ee cas. Mais les rois de Lydie ne mirent
certain mépris pour les monuments an- aucune opposition à rétablissement des
te-helléniques , il y a encore à reoueUlir Grecs en Asie, sachant bien que c'é-
sur ce sujet bieft éea doenmeata préaiaai taient autant de sujets qui leur arri-
pour Tmstoire archaïque. vaient. Crésus soumit les peuples situés
Avant l'arrivée des Ioniens en Asie, à roccident de THalys, à rexeeption des
toute cette côte ^t occupée par trois Lyciens et des Clliciens (2).
peuples, qui ont joié chaeun un rdia Malgré les facilités qui furent laissées
ditïérent vi»à^ des nouveaux colons. •ux emons grecs par les puissants msl-
Les Peiasges, sans être absolument no- trcs du pays rien ne donnp une preuve
,

mades, étaient cependant répandus dans plus éclatante de l'esprit politique du


plusieurs parties des eontiiMBli d*Aale peuple grec, que cette facilité avec la-
etd*Earope. llaaiaient eu, dès les temps quelle H couvre de iMrfonies tiWS les ri-
les plus recalés, des points de contact vages de rorient. Ce n'était pas, comme
multipliés avec les Hellènes , si mène le tirent plus tard le* Romains, une par-
eea deux peuples n'étaient pas d*qBaoii* tie de la nation choisie et envoyée ex-
gtaMMBmime (1). Us se sont soumis près dans une contrée sonmise et dési-
après une faible résistance . et ont été gnée d*avance, mtenue dans tout le
incorporés dans les nouveaux centres cours de son installation par l'appui et
de population. Les Léléges ont résisté les secours de la métropole ; c'étaient
ègatonent, mais ont Gni par suocomber, des fiifflilles phitAt bannies qu'envovées
et ont été anéantis. Aussi leur nom de la mère patrie, qui arrivaient dans
n'est- il prononcé par les historiens grecs des contrées sauvages et a peine con-
que comme celui de peuples hardis à nues, sans autres ressources que le gé-
la guerre et ennemis ae la civilisation. nie de leurs chefs; et, à peine inslallém
Entin les Cariens, qui passaient cepen- sur la côte d'Asie, nous les voyons éle-
dant pour avoir une teinture des lois de ver des Miomiinents splendides, non-
Minos, mais qui, aux yeux des Grecs, seulemeut ceux qui sont nécessaires aux
n'en avaient pas moins conservé un ver- premiers besoins et à la première dé-
nis (le barbarie assez prononcé. T^ur lense d*une société, mais encore ceux
sodiiiission aux rois de Lydie ou pluti^t qui peuvent contribuer aux délassements
leur fusion avec le peuple lydien déve- de I esprit et au développement des ior-
loppa des germes oe civilisation, que
(i) Hérodote, liv. I, ch. ^dk
(ty Voy. clwip. ra. '
'*
(a; Hérod«ie, liv.I, ek vj,

1».

Digitized by Gopgle
99f t*DlllVfiR8.

ces et de la beauté : les gymnases , les eux dâos leur migration, et s'étaient
théâtres, les paMrai. De pereils résul- mariés à des femmes de Gvie, dont île
tats ne s*etpriqmiit pas seulement par avaient ftit périr la fMiUe; anasi les
la facilité que pouvait présenter la main- Cariennra conservaient dans le cœnr le
d'œuvre esclave ; comment parvenaient- souvenir de ce crime et refusaient de
ils à surmonter les difQcultés d*un pre- maoger avec leurs maris et de les ap-
mier établissemmit, et lei déeeptions peler par Icnr nom (i). Cet éféiiement
d'une mauvaise récolle les épidémies,
, eut lieu à Milet, ville des Cariens, qui fut
les orages, les sauterelles, en un mot les occupe par ISélée; ces derniers se reti-
mille fléaux qui aiuiudeut l'homme qui rèrent de l'autre côté du Méandre. Cy-
Teut féeonder une terre nouvelle? Il dreins, fils nalnral deCodnis, bAtit hi viHe
fout reconnaître qne, malgré toutes les de Mynt, AndiOpompe celle de Lebedos
recherches des savants , il va dans la dans un lieu nomme Artys; Andremon
civilisatiou antique un problème qui n'est de l'yios celle de Coiophbn. Priene lut
nas encore résolu , et avouer que les fondée par ^pytus, iils de Nélëe ; Teos,
Grées nom wrpancnt inBniment font fondée par Athamas,fut peuplée pv Jes
ee rapport* Ioniens qui s'établirent'sous la conduite
de Nauelus elle reçut plus tard d'autres
:

CHAPITRE IV. contingents de population, krythrée^qui


devait sa fondation an Crélois Érytbrue,
CÊààXlOn DES DOUZB VILLI8 fils de Rbàdamaote, fut occupée parGno*
lONlSNNSS. pus fils naturel de Codrus.
La ville de Phocée fut fondée par les
Les premierB Ioniens qui quittèrent la Athétfens, conduits par Philogène.
mère patrie pour s'établir en Asie Mi- Paralus bâtit Clazomène ; Chios et Sa»
neure vinrent sous la conduite d'Andro- mns furent peuplées par £g08tiua et
cius^ ûls légitime de Codrus, roi d'A- Tembrion.
thènes. D'antres tribus grecques se joi- ^Le premier soin des colons gveea fiit
gnirent aux Ioniens , et se confondirent dMnstituer la fiHte des Apatouriee, qoi se
avec elles. Ce sont les Abantes d'Kubée, célébrait dans toute Tlonie excepté ce- ,

les Myuiens d'Orchomèoe, les Cad- pendant chez les Éphésiens et les Colo-
méem, lesDryopes, quelques Pboei- phoniens, qui en étaient exclus a cau^e
diens, les Molosses, les Arcadiens Pé- d*im meurtre non expié qui avait en
lasges, et les Doriens Épidauriens (I). lieu sur leur territoire (2).
Ils décidèrent que l'association se com- Les Ioniens fc sont donné des rois;
poserait de douze cités, parce qu'ils il les ont pris chez les Lycieos et les ,

étaient divisés en douze petits États autres chex les Caucooes Pyliens qui
quand ils habitaient le Péloponnèse. sortent de Codrus, ces faite consignés
Androclus et les siens allèrent s'établir à par Hérodote montrent que des rela-
£pl)èse; et comme il était de race royale, tions antérieures existaient entre les
eetle ville eooserva une sorte de supré- nouveaux colons et les anciens peupks
matie, et les descendants de ce pnnoe de la presqu^ile.
continuèrent de jouir des Iionneurs
royaux. Ils portèrent le sceptre, et la CUAPIXAE V.
piésidence , nposBp(a dans les céréroo-
,

niee et les jeux publics leur fut déoemée GonrinsBATioir lomiiniB.


à perpétuité (2). Les tribus nouvellement
établies en Asie se disputaient le droit La confédération avait fixé son lieu
de suprématie; Ioniens sortis du pry-
les d'asseniblée générale au Panionhim, lieo
tanée d*Atliènes se regardaient comme sacré situé dans le territoire de Mycale,
les plus nobles de tous ; cependant leur et dédié par l'assemblée générale fies
race s'était mêlée ù la race asiatique ils :
villes ioniennes à Neptune Héliconius,

n'avaient point emmené de temmes avec on y célébrait la £6te des Panioiiief


(i) Hérodoliu Uv. I, ch. 10. (i) Hérodote, liv. 1, 146.


(•) StraboB, lir. XIT, p.Ma. (t) Héfodote, hv. I, 14».

Digitized by Google
ASi£ MINEURE.

Tontes les affaires de la oontédération Hérodote a soin de faire remarquer que


étaient traitées devant cette assemblée, ce genre de vêtement vient de la Cane :
il fut sans doute introduit chez les Grecs
qui fut imitée depuis par la oontédéra-
Uoo renouvelée des peuples hellènes quand ib eurent épousé les femmes ca
MMsIeBMndePiiihelleniuiii, dontrem- riennes.
pereur Hadrien se déclara protecteur. Les peuples de la Lydie, qui n'avaient
Aux douze villes de l'ionie vint s'ad- pas plus que les Perses, l'esprit des gran-
joindre celle de Smyme,qui sollicita cette des entreprises commerciales, voyaient
AÎrenr, eomm« étant un démembrement sans jalousie se développer la civilisa-
de celle d'Ephèse; elle appartenait d'a- tion grecque sur les confins de leur
bord aux /!':oliens, mais les l>)lopho- pays, ils n'avaient jamais eu de rela-
Diens s'en emparèrent par stratagème, tions d'outie-mer, qu*avec les Pbéni-
etlesandens habitrats deSniyrue mrent ciens et les navigateurs ioniens leurs'
l^jnrtis dans les onze autres villes io- rivaux. Tant que régnèrent les rois de
nieiiiies dont ils devinrent citoyens (I).
Lydie, Tlonie jouit d'une période de
Il n*est pas un auteur qui ait parlé prospérité assez longue. Lesroisfelaaieat
de riooie sans vanter la beauté do eiel, de temps a autre quelque expédition
et les charmes du climat; c*est, en effet, contre les villes trop fières pour payer
de toute l'Asie Mineure la contrée la tribut; mais a part ces orages passagers,
plus favorisée; les étés brûlants comme les Grecs se gouvernaient par leurs pro-
les hivers rigoureux y sont salement pres lois et s'accommodaient de cette do-
ioeonnas. Le pays, entreeoope de |>lai« mination plutôt nominale que réelle.
nés et de niontnpnes, est arrosé |iar line
multitude de sources et de ruisseaux CBAPITUE VI.
qui portent partout la fertilité, l'oran-
«r et l'olifier semblent se trouver dans L*I01fII sons LBS PBBSBS.
leur terre natale et acquièrent des pro-
portions inconnues eu d'autres pays. 11 n'en fut pas de même lorsque les

Les dispositions de cette partie du côn> Perses eurent renversé le royaume de


tinent qui s'avance en presquHe si- Lydie. Les peuples ariens avaient lon-
nueuse, forment une quantité déports tre le.s Grecs une haine et un mépris
et de mouillage où les bâtiments trou- fondés sur l'extrême différence de
vent des abris certains. mœurs et de religion. Le monde lydien
Le golfe de Smyme sans rWal pour et grec s'écroula quand Cyrus TAcbé-
la beauté de ses nves, par le earnctère ménide établit son pouvoir sur l'Iran
nr^le et aeensé des montaiines qui l'en- aus.«ibien que sur T.\sie occidentale. Use
tourent, était comme un vaste port en- regardait comme l'héritier de tous les
touré d^ane multitude d'antres ports. rois ses prédécesseurs. Les propositions
Glasomène, Smyrne , Tantnlis, Leucae, que ('yriis nvnit faites .mx Ioniens de se
formaient une fiche ceinture de villes joindre à lui pour faire la guerre à Oé-
maritimes dans le sein même du golfe; sus avaient été repoussées; à son tour
aoni les Ioniens ionissaient-ils avee dé- Omis refusa de les recevoir dans son
liéesde la nouvelle patrie (jifils s'étaient aUiance lorsqu'ils vinrent la solliciter.
créée, et dans celte vie facile, s'ils ou- Les Ioniens comprirent qu'ils n'avaient
bliaient trop le maniement des armes plus qu'a songer à la défense; mais
ils ne perdaient rien de leur activité lillet manquait à la nouvelle alliance :
commerciale (3). Les arts, les lettres, les Milésiens avaient traité avec Cyrus
les jeux de la scène devinrent leurs plus comme ils l'avaient fait avec les Mer*
chères occupations. La toilette des da* mnades.
mes ioniennes régla la mode des athé- Le parti national avait Phocée pour
nimes, qui adoptèrent la tunique do centre de ralliement, ce fut un citoyen
Kn attachée sur répanle sans aiguille (8). de cette ville qui porta la parole dans le
sénat de Sparte pour demander l'al-
(i) Hâodole, liv. I, i5o. liaucedes Lacédémontens. Ces derniers
(%) Hérodote, liv. I, t53. envoyèrent h Phocée des ambassadeurs
(3) Héffodolo, IW, 1. 87. chargés de déclarer à Cyms que Lacé*

Digitized by Google
1^4

ileiiKHieie «onarderait comme offensée


•1*' toute ;ittu(^ue dirigée contre les villts
avaient aAire à
les Lydiens.
m pMipl^ «ht fR
grecques de Asie. Cvrus ne parut [)as
I Harpaaus surveillait avec soin (orga-
elïra}e de ces menaces; d'autres lateréts nisation de son armée; il avait reuui oa
rappelaient en Orient. U
laissa à Tabt- corps d'habiles areben et fMtcoMtiaiii
Ins, un de ses généraux, la conduite de toutes les machines néeessaires |>ow
rexpédiiion contre les Ioniens; on n'avait les sièges. U cernait les villes par terre

pas encore vu sur la côte un seul soldat et parmer et montrait dans la pratique
de Cyrus sa grande armée s'était portée
: des mines une intelligence consomiDée.
•or Baetres. Tonte l'Asie Mineure était Les ba^reliefii de Nmive nous neiteot
en fermentation; lapopulation des à même de juger aujourd'hui à quel
côtes était en révolte ; en eet elat
c'est point de science militaire l'art de prfo-
de cho>es que Pactyas crut pouvoir se dre les places était pousse chez les pea-
rendre roattre de la Lydie et de rionie, pies de PAsie aaténenre ; ploaieuna»
à peine soumises. La première, résis- chines, telles que le bélier, que loi
tauce ébranla sa résolution* et il s'enfijit croyait d'invention grecque, leur étaient
dans l'île de Cymé. connues, et la réputation de DémeiriiB
Le seul résultat de cette révolte fut Poliorcète perd bien de son éclat, quand
de donner nsiwanna à des hostUitéo on voit avec qui art les AssyricBSt \m
entre les Perses et les popolations de la Mèdes et les Pertes savaient pnsdit
côte les villes.
Poursuivi d'Ile eu ile, Pactyas fut livré Au milieu de ce cataclysme des ei>
par les habitants ùe Chio, en échange lonies ioniennes • les citoyens dfS diB
d'un territoire situé eoMysie. Les Perses villes Téos et Phocée aimèrent nri«
tirèrent un autre avantage de cet événe- aller chercher d'autres terres qup k
ment : ce fut d'j'ntrer en relation avec se soumettre a la tvrannie des Perses.
les habitants des îles, auxquels ils étaient En effet, toutce qui eiaii grec éuittraiu
jusqu'alors tout à &it étrangers. atee un mépris sans égal ; les bsaM
Maxarès ayant rempli son but de pu* émineots étaient déportés, les autres
nir ceux qui avaient pris part aux siège attachés à la glèbe ou forcés de servir
.

de Sardes, se tourna contre les com- dans les armées des Perses. Au siège de
révolution. Les habitants Téos, Harpagus Ui élever desteifiM
Slices de cette
e Priène forent réduits eo esclavage i la hauteur des murs de la ville; ki
et vendus à Pencan. Il Gt une excuvsiOD habitants voyant que tout moyen de
dans In vnllée du INléandre, qu'il ravagea ; résister était impossible, montèrent sar

la ville de Magnésie, qui se relevait à leurs vaisseaux , et abandonnèrent b


peine de ses ruines, fut livrée au pillage ville. Phocée, qui avait été le ceninée
de l'armée. Masarès mourut à la suite la résistance ionienne «tBoUenoMiMt
de ces expéditions; Harpagus, allié du de La part d'Harpagus des picpssilioii
roi fut investi du commandement en
, de capitulation, ^ui furent rejetéft,d
chef de l'armée de la côte. En faisant les Phocéens préférèrent quitter I«IJI
choix d*un tel homme, Cymt indiqoait foyers (I). Ces deux peuples ftwwlte
gu'il attachait une grande importance seuls qui abandoonerent leur patm
à guerre d lonie.
la pour se soustraire à la servitude; w
Les Ioniens montraient en etù t au autres villes résistèrent, et tombèrent
roi Qu'ils étaient autre chose qu'un peu- Puue après l'autre sous le joo« *s
plade marchands, et qo*ils savaient re-
trouver de rénergie quand la liberté Les révolutions dont l'Ionit étaieol

était au bout de la lutte. Tant que Tin- lethéâtre avaient presque entièreiDMi|
térét seul de leur commerce fut en rume le commerce avec I mtériiur»*
question, la résistance fut médiocre; les Ioniens se vovaieM dans l'oblifatK»
mais en faoè dn (îinatisme des Perses, de reprendre avec plus d'activité Je
il n'y avait aucune transaction possible, commerce d'outre-mer. Amasis, ro"
grec-
chaque ville devint une forteresse d'Ég>'pte, avait épousé une femme
qu'Uarpagus fut obligé d'assi^er et de
prendre : les ioniens voyaient bien qu'ils (i) Voy. plus bw MMcte.

Digitized by Google
ASIE All/fEl^Ri^.

qiie noimnée Ladiee; il aceueMUt avee par dis dimensions intérieures, fut pour
distinction les colons ioniens qui ve- la nation ionienne uii temps de repos^
naient dans son rovaunte suit puur s'é- pendant lequel elle put réparer les pertes
tablir, soit pour trauquer. Il leur concéda qu'elle avait faites, fortifier de nouveau
la ville de NaucratU pour y fonder des ses villes, et relever les monuments
comptoirs, et des temins pour élever détruits. Mais l'arrivée de Darius, fils
des monuments religieux. Les villes d'Hystaspe, an trône des Acliéménides
confédérées d'Ionie et de Doriiie contri- ressuscita tous les dangers que courait
buèrent diaeiioe pour sa part a rérec* la liberté-, ou plutôt rautonomfe des
tion d*un temple magnifique qui porta villes grecques.
le nom d Hellenium. Darius connnen<yi par établir une
Les v illes d'Ionie, Chio, Tcos, Piiocée nouvelle division de son empire en sa-
et Oaxomène avaient contribué à la trapies, dans lesquelles* le territoire de
dépense; Milet, qui avait fait alliance rionie fîit incorporé; les tributs qui,
avec les Perses, et Priène, qui ava l été auparavant, étaient payés sous forme di»
ruinée, n'y participèrent pas. Ainasis présents, furent des lors exiges en ar-
régna de 669 a 620. La prise de Sardes gent , anssl les Pênes, qui sonfllp&ient
eut lieu en ô4ô et la mort de Cyrus en de cet état de choses aussi bien que les
530. Très-probablement l'érertion de Grecs, avaient-ils rnnîu»ne de dire que
THelleuium eut lieu dans la période de C)rus avait gouverné son empire comme
545 à 530 a). un père, Cambyse comme un maître, et
Amasis avait en outre accordé aux Darius comme un usurier.
villes ioniennes un privilège qui a qxw]- Il était de Pintérét de Darius de
que analogie avec celui qui tut accordé laisser les villes grecques se remettre
aux compagnies trani^aises du Levant; des maux qu'elles avaient soufferts; il

elles avaient seules le droit de fournir en tirait des soldats et des matelots.
les chefs des coicptoirs de commerre C'est à ce moment que la révolte d'A-
en Égypte. La nation phénicienne voyait sur rionie la fureur du
rista<ïnras attira
cette concurrence avec d'autant plus roi. Cet événement capital dans l'his-
de jalousie que, sous le règne d* Amasis» toire de rionie est soigneusement ra-
nie phénicienne de Chypre fut soumise conté par Hérodote.
par 1 Égypte et rendue tributaire. A la sollicitation d'Aristagoras, les
Atiiénicns envoyèrent vioj^t vaisseaux
CHAPITRE VII. au secours des Ioniens : la prise d<s
Sardes fut un succès éphémère bien- ,

r1(0nss d£ càmbysb bt de djuiius. tôt suivi des plus cruels revers. Aban-
donnés par les Athéniens les Ioniens ,

Le règ!ie de Cimbyse ne pesa sur se trouvent sans alliés en présence tlj


rionie que par une demande incessante toute l'armée des Perses. Les généraux
de recrues pour ses expéditions contre Daurisès et Hymées dispersèrent les
les rois d'Assyrie et d*Égypte. Les con- derniers contingents ioniens, et rava-
tingents tirés de Samos étaient surtout gèrent les villes grecques. Dès au'une
d'un grand avantage pour Cambyse; il ville était prise, les enfants mâles étaient
trouvait dans cette population autant enlevés pour en faire des eunuques, les
de matelots habiles que de vaillante plus belles filles étaient envoyées au
soldats. Samos était en effet , con)me roi il),
Milet sur le continent, le centre du gour Llonie eut un moment de paix après
vcmement des îles Grecques. La plu- la mort de Miltiade. Artapbeme, fils
Parl de ces Grecs furent emmenés dans d'Tîystaspe et frère de Darius, convoqiLi
expédition contre l'Étbiopie. De re- près de lui les députés de toutes les villes,
tour a Thèbes, Cambyse les congédia, et les obligea de signer une convention
et ils revinrent chez eux par mer (2). par laquelle ils s*engageaient à faire
Lâ fin du règne de Cambyse, agitée juger par les tribunaux les procès qui
pourraient s'élever entre les différentes
(0 Hérodote^ liv. II. 178.
(») Hérodote, Hv. m, ch. «&. <t) Hérodote, TI, ch. 39.

i^iym^cd by Google
S96 L'UniVEBS.
filies, et à cesser de recourir à la force. Ton CD une sorte de camp retranehé.
fit

tJn eidastn dei terres d*Ionie fut en- La flottegreeaae s'avança aprè* avoir
suite établi , d*apTèl lequel on régla les dépassé le temple des Eum'éniaes, de My-
contributions à payer au trésor du roi. cale jusau^à Pembouchure du Scolopéis,
Cette division du territoire, telle qu*elie près de laauelle est le temple de Ores-
fut établie par Artapheme , subsistait Eleusine, oâti par Philiste, fils de Pasi*
encore du temps d*Hérodote ; le mon- clés, qui avait suivi Nélée, fils de Codrus,
tant de rimpôt était le même qu'avant lorsqu'il vint fonder Milet.
la rébellion (1). Leontichydès fit en vain un appel
L*Ionie faisait partie de la première aux Ioniens pour les détacher du ser-
satrapie, qui s*étandait jusqu'à la CHide vice des Perses; cette tentative eut poor
au sud, et jusqu'à la Troade au nord ; résultat de faire désarmer les Sanonent,
die payait quatre cents talents d'argent. que les Perses croyaient ^tre d'intelli-
Le danger commun avait fait taire les gence avec les Grecs. Sur ces entrefaites,
resseutimeutsdes Ioniens et des Cariens ; Je bruit de la victoire de Platée se re-
ron et l'autre peuple s'étaient réunis pandit dans le eamp des Grecs ; cette
Eour combattre rennemi des villes li- nouvelle ranimant leur courage, ils at-
res de l'Asie, et dans plusieurs rencon- taquèrent avec succès les Perses, qui
tres les Perses avaient éprouve des dé- furent mis en désordre. Les AthcoieDS
bites sérieuses de la part des troupes ainsi que les troupes qui se trouvaient
Booiennes et cariennes. Un événement à leurs côtés, et qui formaient à pes
mémorable, la bataille de Mycale, aurait la nioilié de rannée, s'avancèrrnr
f>rè5
mis fin à la puissance des i*orses si la , e long du rivage par un terrain uni.
jalousie des villes grecques nVtU fait tandis que les Lacédémoniens et le
naître des dissensions qui rappelèrent reste des forées oui les suivaient immé-
encore une fois les barbares sur les diatement , marchèrent par les monta*
terres ioniennes. gnes et le lit des torrents.
Les Samiens et les Ioniens qui avaient
CHAPITKK VUI. été désarmés attendaient Toccasion la-
vorable pour abandonner l'armée perse.
l'ion» sous xbbxbs. Dès que le camp retranché fut attaqué,
ils se précipitèrent au milieu des Grecs,
Les Ioniens avaient envoyé des dépu- qui les armèrent, et ils contribuèrent
tés à Léont^'cliydès, roi de Laeédémone, au ioeeès de la bataille. Les Milésiens,
pour les pner ae venir jdélivrer les villes de leur edté, sur qui les Perses avaient
grecques de la servitude des barbares; compté pour les guider dans cette ré-
ce secours ayant été accordé, la flotte gion inconnue pour eux au lieu de fa-
,

grecque vint mouiller à Samos vers la ciliter leur fuite, ramenèrent les Perses
pointe de Ttle appelée les Calâmes, où par les défilés du Myeale sur l'armée
se trouvait un temple, de Vénus, et non des Grecs, et les ÎVIilésiens eux-in^mes.
loin du temple de Junon. Il reste encore attaquant les Perses avec acharnement, ]

aujourd liui une colonne et d'autres achevèrent la destruction de l'armée des


vestiges de ce temple , qui fut épargné barbares.
dans la destruction des édifices sacrés, Xerxès, en apprenant cette défiiile,
ordonnée par Xerxès on souvenir des abandonna Sardes pour se retirer à
services que Polycrate avait rendus aux Suze mnis avant de partir
: il donna
Perses. Ces derniers ayant eu connais- Tordre de démolir et de brûler tous les
sanee de la flotte grecque, mirent aussi temples des villes grecques d'Asie, ce
leurs vaisseaux en mouvement et vin- qui fut exécuté. 11 en usa ainsi à r ins-
rent, à l'exception des Pluuiiciens, mouil- tigation des mages, ennemis dédarés
ler au promontoire de Mycale pour se des temples et des simuhicres.
rapprocher d'une armée de terre cam- La mort de Xerxès et la défaite de Par*
pée en cet endroit pour la défense de mée des Perses pouvaient offrir à l'Io-
llonie. On tira les vaisseaux à terre, et nie uneoecasion favorable pour secouer
à jamais la domination iranienne,
(i) Hévodolf, liv. Yl, 4a. mais les dissensions qui s'élevèrent

Dlgitlzed by Google
ASIE MINEURE.
entre les alliés donnèrent au successeur ordre comprit au'il était toml)é dans
de Xerxès l'occasion de recomineDcer un piège doré. 11 lui était aussi impos-
la guerre. siblede faire la guerre h ses compatriotes
que de refuser de défendre un prince
CHAPITRE IX. qui Tavait comblé de bienfaits; dans
cette cruelle alternative , il eut recours
RfeGNB D^ABTAIBBXB. au suicide, et se donna la mort en bu-
vant du sang de taureau (I).
Artaxprxe monta sur le trône en 466 ; Thémistoele mourut en 461, la qua-
îe fait le plus important de son règne, trième année du règne d'Artaxerxe c'est :

nui se rattache aux événements de l'opinion de Thucydide, adoptée par Roi-


ilMiie, est Farrifée de Thémistode à la lin et par Curtius (3). On fui éleva un
cour dé Pme. Banni d*Athènes, il cher- tombeau dnns TAgora de Magnésie f3),
rha Tainement un asile en Europe, et se mais plus tard ses os furent transportesà
vit forcé de passer en Asie pour se Athènes.
mettre à Tabri des poursuites des Athé- jalousie et la rivalité, sans cesse
Biens. Le
roi de Perse avait mis sa téte renouvelées entre les villes grecques
à prix, et promis deux cents talents à d'Asie, doiinnient aux Athéniens et aux
cdoi qui la lui livrerait. Nicogene, ami Lacédémonu'ns de continuelles occa-
de Tbeniistocle, lui offrit uu asile dans sions d'intervenir dans leurs querelles.
Il vflto «olicniie d'iEgès, et lui faeilita Samoa et Milet ae disputaient la posMs-
les UMfmiM de se rendre à Suse, caché sion de Priène , c'est-à-dire du grand
daosuDe de ces voitures couvertes ou centre religieux des villesd' Asie. Athènes
ka/H dans lesquelles les orientaux, intervint en faveur de Milet, et Periclès
même de nos jours , ont Thahitude de yint assiéger Samos, qui fut prise après
fuie voyager leurs femmes. Artaierxe une résistance vigoureuse.
montra dans celte circonstance autant Pendant toute la durée de la guerre
de sagesse qu»' de générosité il lit a
: du Péloponnèse, les Athéniens tirèrent
Theniistocle un accueil distingué, le re- des villes grecques d'énormes subsides,
tint à sa cour, et lui fit épouser une jeune qui , en appauvrissant le pays, nuisaient
fille appartenant à la plus haute no- à sa prospérité. Aucun développement
blesse du pav5. n'était donné à la colonisation, ntirun
L'intérêt de la politique d'Artaxerxe édifice célèbre ne fut construit en Asie
que la manière généreuse dont
exigeait pendant cette période, qui occupe une
Thémistoele avait été traité par loi fût Mlle page dans les historiens (^recs, mais
connue de tout le monde grec. Le roi qui pour les villes d*Asie ftit a peu près
assigna pour résidence au banni d'A- stérile.
thènes la ville de Magnésie, sur le Méan- I^s L'icédémoniens , de leur coté,
dre, au" il lui donna en toute propriété avaient conclu un traité avec le roi de
et lui permit de jouir des revenus de Perse, en vertu duquel ils abandonnaient
cette ville, qui s'élevaient à cinquante au roi tout le territoire ot toutes les
talents. Lampsaque, renommée par ses villes qui npparlonau nl nntérieurement
vignobles , lui fut donnée pour la four- à ses ancêtres; les allies devaient en
niture de son vin, et Myus, dans la val- outre arrêter les subsides, soit en ar-
lée du Méandre , fut chargée de fournir gent, soit en matériel de guerre que ces
îe pain de sa maison. Thémistoele put villes envoyaient à Athènes.
jouir pendant plusieurs années de cette
splendide hospitalité. (i) « Quelques-uns racoalent que Thé-
Vtê Grecs n'avaient pas mis fin à niitlocle cl Midas ont bu du ttOg de lail»
leurs attaques contre le pouvoir des Per- reau. » Pliitarqite vie de Quintoi, Flaminiui^
ses; cVst alors qu'Arlaxerxe songea à chapitre ?.o, p. 706.
envoyer Thémistoele dans TAttique à PluUrque aflectiounait ce genre de inurt,
la téte d*une armée nombreuse, ne voa- qu'il prèle i plitsimin de tes héroi. Quoi'
lant pas renouveler en personne les que k- sai)^ de (aureau lie »oil pas un poisOB.
malheureuses expéditions de ses prédé- (a) Thucydide, liv. I, ch. x37, tSi»

cesseurs. Thémistoele en recevant cet (3) Thucydide, liv. 1, i38.

Digitized by Google
Les efforts des Athéniens \mir résister session où elles étaient de leur liberté.
à cette double alliance ne furent pas Les troupes de Xénophon étaient de
sans résultat; Alcibiadc, vainqueur à retour de leur expédition de Perse.
Abydoi et à Cyzique^ détruisit la flotte Dercellydas fut chargé du commande-
du Péloponnèse et battit sur terre Tar- ,
ment; il commença par décJarer la
mée commandée par Pharunbase. guerre à Pbarnabaze, et entra dans
Les Lacédeniooiens, alarmés des suc- P/Eolide.
eès d'Alcibiade , cherchèrent à lui op- Zenis, grec de Dardanie, avait gou-
poser un chef capable de lui résister : verné ces provinces sous les ordres da
T.ysnndre fut choisi. Iiomme de mer satrape h sa mort, sa veuve Mania con-
;

autant que géner.il d'armée Lysandre serva le pouvoir, et sut maintenir sa pro-
se rendit a Éphèse^ qu'on trouva dispo» vmce sous l'autorité de la Perse.
'
aée favorabletnent à Tégard de Sparte; Phamabaze traitait cette femme sner-
mais le satrape Tissapherne fivorisait rière avec la plus grande distinetion.
en secret les Athéniens et leur procu- Elle paraissait à la téte de son armée,
rait des subsides. montée sur un char, et accotnpaijnait
Aussitôt que Cyrus le jeune, nommé Pliarnabaze dans toutes ses expéditions.
gouverneur de T A sie, fut arrivé à Sardes, Mauia fîit assassinée par Midias, son gen-
Lysniidre se rendit près de lui pour se dre, oui tomba lui-même bientôt après
plaindre du satrape; il obtint du nou- sous les coups de Dercellydas.
veau gouverneur une augmentation de
paye pour les matelots , mesure qui at- CfiAPITRE X.
tacha les gens de mer au parti de Sparte »
et qui jeta laconsternation p rfui les AGB8ILAS EN lONlB.
Athéniens. Lysandre nvnnt dépose le
commandement fut remplace par Cal- L'arrivée d'AgésStas en Asie vint n-
licratidaSf'dont laseience militaire éga- nimer le courage des Grecs; ce prince
lait celle de Lysandre, et qui par sa con- réunit son armée à Éphèse, et pendant
duite |>rivée s'ctait acquis estime de
I quelque temps fut uniqueuient occupé
Tarmée et des citoyens. Lysandre ja- à Texercer pour eutn tenir la discipline.
loux de son auoeesseur, renvoya à Sardes Les promenades militaires se termi-
les sommes qu*il avait reçues de Cyrus naient par des fêtes en Thouneur de
pour payer les matelots. Diane. prisonniers i>erses étaient
l-.e8

En vain le générnl lawdémonien vendus à prix. Un jour Agésilas


vil

flt-il le voyage de Sardes nour réclamer étant sur le marché montrait à ses sol-
la paye de la flotte; éeonauit de la cour dats les prisonniers dépouillé.; de leurs
du roi, Callicratidas revint sur la côte riches vêtements, et en présence de ces
pour rqirendre le commandement de corps délicats, toujours enl» rmes dans
la flotte. Un suprême effort pour vain- leurs amples vêtements, il dirait à ses
cre les Athéniens était la seule ressource soldats : voilà ce que vous combatte!
qui lui restât. Le combat eut lieu près et indiquant leurs riches déponllles,
des îles Arginuses combat célèbre
, voilà pourquoi vous combattez.
dans lequel toutes les forces navales Le printemps venu , Apésilas publia
d'Athènes et de Lacédémone étaient âu*il marcherait vers la Carie, résidence
engagées. Callieratidasfutttté dansTae- B Tissapherne ; mais il avait préparé se-
tion, et Athènes remporta une victoire crètement une expédition contre Sardes.
complète. Tissapherne arriva trop tard au secours
Pendant les années qui suivirent cette de la place, les troupes grecques s'en
défaite des Lacédémonieus , le ieune emparèrent et ravagèrent toutes les
,

Cyrus avait entrepris son expédition possessions des Perses. Le palais de Tis-
contre son frère Artaxerxe. Les villes sapherne fut incendié, et ses jardins dé-
grecques avaient pris partà celte révolte, truits. Ces événements expliquent pour-
et après la mort de Cyrus, craignant le quoi, malgré le loog eouvernement des
nsientiment du roi /elles implorèrent Perses dans l'ouest de l'Asie, on ne
l'intervention des Lacédémouiens pour trouve aucun vestige des monamenls de
le prier de les maintenir dans la poa- ces peuples.

Digitized by Google
Àffiâlat,mi|ulNntl'Atie,ftitr«grellé des tempi meilleurs. Le ^'ouvernement
de tous les peuples precs. Il emmena des Perses se conteiitail dt! lever des
XeoophoD, qui laissa a Kphese chez le recrues et des impôts , et il laissait
Mé^byze, prêtre chargé de preadresoio aux (jrecs tuutl'esburdugeuie oatioaal.
dm tenple de Diane, la moitié de Ter Les arts et le commerce eaptivaieot
qa*il avait rapporté de son expédition tous leurs instants; les monuments dé-
avec Cyrus, et en cas de mort, pour le iruitsse relevnicnt peu à peu, et le luxe
consacrer a Diane. ioouï des satrapes était entretenu par
Dne l eneeiut décisive entre les La- l'industiieuse imagination des arlisani
cédémoniens et les Athéniens alliés aux grecs , habiles à travailler Tor, Tarant
Perses eut lieu près de Cnide ; la Hotte et l'ivoire. Cette dernière matière était
des Lacédémoniens était commandée alors d'une extrême al^ndance en Asie;
par Pisandre, celle des Athéniens par Tusage constant d'entretenir è la suite
Goooa. Ots derniers battirent les Laoâé- des armées de nombreuses trou pes d'é-
démoniens et leur prirent cinquante ga- léphnnts, le commerce actif des Piicni-
leres; le reste se sauva a (Jnide. A la ciens et des Grecs avec les peuples de
de cette victoire^ tous les allies
n< uvelle l'intérieur de l'Afrique, apportaient sur
de Sparte passèrent iln dké -des AtW- las marchés de Miletet de Sraijrme des
niens; plusieurs villes se rétnhlireiit quantités d'ivoire que les Grecs tra-
drins leur ancienne liberté, et la puis- vaillaient avec hal)iliié. Om peut aflirmer
sance de Lacédémone fut complètement que la galère d'ivoire aux voiles d'or,
anéintie en Asie. piésent d*Ataxene, n*était pas faite par
Sparte, vaincue dans les combats, ne un artiste perse, ces derniers n'ayant
voulut pas laisser Athènes jouir tran- aucune idée de la construction des vais-
qudlement du fruit de sa victoire, ni les seaux. I^éanmoios nous devons coosi-
villes févoMes do la liberté mi*eliss dérer le travail de Tor et de Tivoire
avaient recouvrée; elle résolut de fiiive oomme d'origine orientale, puisque ces
La paix avec Artaxerxe. matières étnfent communes dans ces
Antaleidas fut envoyé an satrape Té- régions avant que les Grecs en aient
rîbsze pour lui faire les propositions les oenau remploi. Cest dans leurs rela-
plos avantageuses pour le roi. L'article tlonsavee les Perses qu'ils ont puise ces
qui concernait les villes d'Asie portait connaissances « et cet art de faire des
que les îles seules jouiraient de leur li- figures d'ivoire dans lequel ils ont ex-
berté; toutes les villes grecques d'Asie cellé.
demeureraient soumises au roi, et toutes Le contact des Perses introduisait
les autres villes non helléniques jeoi- aussi chez les Grecs les modes orienta-
raient de leur indépendance les; on voynit dans Athènes les jeunes
Le roi retenait en outre la possession gens vêtus a la persane avec des robes
de llle de Clasoméoe. Ls noavelle d'un traînantes , entourés d*ttn cortège d*es-
pareil trnité fut accueillie avec indigna- claves. Les Perses agissaient sur les
tjon pnr tonte la nation precque ; mais. Grecs comme ces derniers ont agi plus
alfaiblies par tant d'années de guerre, tard sur les Romains
c'est ainsi que, de
;

les villes d'Asie ne se jugèrent pas es* proehe en proche, l'art sérieux comme
pables d'opposer la momare résistance, l'art éphémère des vêtements précieux
et le traité d'Antakùdas reçut son exé- se propeg^i^ d'orient en occident,
rution.
CHAPITRE XIL
CHAPITRE XI.
l'abt lOniBN.
L 10NII APfiÈS LA PAIX D ANTALCIDAS.
La eour de Polycrate, qtii se distin*
r es villes ioniennes , réduites à l'état
guait surtout par son affectation d'orien-
de soumission où les avait placées la talisme,eut une grande action sur le
tralusou des Lacédémoniens, abimees et chang[ement des modes grecques. Cos
nrinées parles révolutions intérieures, fournissait des tissus d'une finesse in-
n'eurent plus qn'àaltfndinpstienunent comparable, et les tapis de Milet éUient

Digitized by Gopgle
800 LU»
dans Athèiwt robiet le plat convoité; roprit tout rniiMMi.
satisfasse l'ceil et
aussi, quand, sur le théâtre, un pauvre L'idée de couronner une colonne par
diable voulait parler d'un luxe impos- un chapiteau orné de volutes a été con-
sible, il souhaitait des tapis de Milet et testée aux ioniens il est vrai nue dam
:

des manteaui de Phrygie. les plus anciens monuments do Perse, m


L*exportatioo des fruits , des laines, de rAssyrie et de PÉgypte on tram '

des cuirs de l'Asie, jointe à celle des ob- quelques rudiments de cet ordre, non pas
jets fabriqués entretenait le commerce
, traité comme l'ont fait les Ioniens, mais
et faisait vivre ces populations. Les droits entlo on peut déjà distinguer la coioooe
frappés à Fentréeet à la sortie n'entraient à volotei.
pas tout entiers dans le trésor du satrape, Les Grecs ont su donner à ces pre-
ils étaient votés par les villes; la preuve, miers essais une forme acceptable et
c'est que Cyme pendant quatre cents pour ainsi dire une âme, et tous les
ans n*a pas voulu de œs droits. Hors peuples ont applaudi à cette création . L'é-
des eétes, les navires des villes d*Ionie cole d'architecture ionienne ne s'est pas
repren lient le pavillon grec, et les flot- bornée à l'invention d'un ordre; les pre-
tes d'Athènes, qui surveillaient les mers, miers Grecs ne savaient employer que le ,

les escortaient jusqu'au fond du Pont- seul dorique pour la construction de leurs
|

Euxin. La vie ne 8*élait pas retirée des lemirtes, c^cM-dire que les proportions
villes d'Ionie en même temps que la li- de 1 édifice, subordonnées aux règles de !

berté, et ISlilet, par sa fidélité aux satra- l'art dorique, ne pouvaient s'écarter dt-s

fies, montrait plus tard qu'elle avait vo- trois principes de cet art. L'iuventioa
ontiers change le gouvernement de ses d'iiermogène en créant le style pseudo- j

tyrans contre celui de Darius. périptère a donné à l'arcbiteeture dss


j

Lrs Grecs du continent étaient les temples une plus libre carrière, et celte
premiers n rendre hommage au génie invention a été louée par les Grecs comme
inventif des Ioniens, qui se manifestait une ère nouvelle pour l'architecture.
dans toutes les branelies des sciences et Dans les pays étrangers è la Grées I

des arts. liste des grands poètes et les artistes ioniens étaient en honneur;
des grnnds artistes qu'elle a produits les villes de Chio, Téos, Clazomène,
peut se placer avec avantage a côté des Phocée contribuèrent à l'érection dt
noms les plus illustres de l'Attique et l'Hellenium, tempJe admirable que le
du Péloponnèse. Homère et Hérodote roi d*Ég^pte Amasis, ami des Ioniens,
ont laissé dans leur pntrie une nombreuse leur avait permis de construire.
postérité (le poètes, de littérateurs et de Les cinquante années écoulées depuis
philosophes, et dans les arts nulle con- la paix d'Antalcidas . jusqu'à l'arrivée
'

trée ne peut le disputer à Tlonie pour d'Alexandre comme libérateur de l'Asie,


le goât et la noblesse des monuments ne furent paa poidues pour l'Ionie la fu* :
|

qu'elle a produits; le temple d'I.phese sion des races s'était opérée, les ('ariens,
était, à l'exclusion du Parlhénon, pincé leurs anciens ennemis, :ivaient combattu
au nombre des merveilles du monde. a leur côté contre les i'erses, et si la ville
Ce n*est pos un mince honneur pour les carienne de Milet se sonmetuit plut vo-
Ioniens d*avoir inventé un ordre d'ar- lontiers au gouvernement des snt râpes,
chitecture qui, depuis trente siècles, est ses colonies restaient amies des Grecs et
regardé par toutes les nations civilisées recevaient la protection d'Athènes.
eomme le plus élégant desX>rdres : c*esi Un lien plus fort unissait les villas
le seul qui ne soniire pas la médiocrité, rcques. Deux erands centres religieux,
et les artistes modernes peuvent avouer temple <1'K| lièsc et celui des Bran-
combien il est difficile d'imiter la ma- chydes attiraient une foule d'adorateurs,
jestueuse simplicité de la colonne ioni- non-seulement des pays voisins mais du
que. Les préceptes de Vitruve suivis continent et des Iles. Le luie des cé- I

scrupuleusement ne suffisent pas pour rémonies religieuses, les statues et les


arriver 5 un résultat satisf.iisant ; les offrandes qui s'augmentaient sans cesse
Grecs seuls ont eu le secret de cet art, et stimulaient le zèle et le génie des ar-
parmi les monuments de l'art ionien qui
nous restent, il n*en est pas un qni ne (i) Hérodote, liv. II, 177*

Digitized by Google
ASIB 1IUI£U11E. Ml
listes qui sortakiit peu à peu des liens L'arrivée de Manlius fut le signal
hiératiques pour donner à leuit divini- d'une domInatiOB nouvelle et eneofo
tés des formes plus en hanDQOio avec inconnue en Asie ; mais jusqu'à ce que
le sentiment du beau. cette province vît fleurir Tépoaue tran-
Les jeux de la scène qui accompa- quille et prospère des règnes d Hadrien
Snaient les fîtes religieases exiietientan et d'Antonin, alla devait passer eneora
évoloppement d*ouvra?»es d art d'un pnr (les épreuves cruelles. La guerre
autre genre les poêles composaient des
, d'Aristonicus , dernier prétendant au
bvmoeset desdytbyrambes, et les artistes trône des Attales, eut pour théâtre le ter-
élevaient des monuments où le peuple rilairo de Tlooie; car Aristonieus avait
pouvait commodément s'assembler pour conservé plusieurs places fortes, et no-
assister à ces fêtes dans lesquelles la po- tamment Tbyatire.
litique comme la relision faisaieut les Les Épbésicns combattirent contre lui,
prineipanx frais. Le thratrsdtonsles villes soit à la solde des Romains , soit à eella
preajups t^ail pour ainsi dire une an- de Nicomède roi de Bitliynie , qui
,

nexe du temple. Il oVtnit pas une seule voyait son royaume s'agrandir de 1 a-
petite ville oui n'eût soin d'élever Tun inoindrissement de celui de Pergame.
et rantra édnee. Ce goât pour les mo- EnOn Aristonieus fut vaincu et anvayé
numents splendides était soutenu par la à Rome ; les deux consuls moururent à
nature même du pays qui fournissait la suite de cette guerre.
des marbres varies de couleur, mais On voit , par les efforts réunis des
parmi lesquels les eanrières de marbre Romains , des Ioniens et des deux rois
blanc se présentent avec une extrême de Cappadoce et de Bitbynie (t), que le
abondance Ttlede Proconnèse était en-
: dernier fils d'Attale n'était pas un pré-
core là pour suppléer au manque de tendant si méprisable. Cest le dernier
matériaux. Les lônMs du Mveale et do événement remarquable qui se passe en
Messogis produisaient les bois néces- lonie avant l'établissement déonitif da
saires aux constructions terrestres et la puissance romaine.
maritimes; en un mot, 1rs Ioniens sa- Tibère , en organisant ses États d'O-
valeatavec une rare Intellîgenee asetlre rient, donna pour ainsi dire la supréma-
en valeur toutes les richesses que pro- tie à l lonie sur les autres départements,
duisait leur pays d'adoption. en la décorant du titre de province d'A-
sie , comme si elle était le centra et !«

CBAPITKb ehef-lleu detoutes lea autres. Cependant


Xlll.
il en étendit les limites un peu au delà

L*ioiin toua ua loia ouca. de rionie, et h cette province se joignait


une partie de l'iËolide et de la LV-die.
Cest en eet état que
vainqueur du
le Le grand nomlm de villes fondîéea par
Granique, qu'Alexandre trouva les villes les Grecs suffisait pour recevoir un grand
grecques lorsqu'il vint leur rendre la accroissement de population, sans qu'il
liberté, relever leurs temples abattus et fût nécessaire d'en créer de nouvelles;
les appeler à l'expulsion do dernier aossinons ne trouvons pas dans llonie da
Perse ae TAsie Mineure. villes portant un nom purement romain,
A partir de cette époque jusqu*à la comme il s'en présente en Phrvgie
réunion de TAsic à l'empire romain, Plo* et en Bitbynie. La généralité des noms
nie ne marque plus eomme une région de villes dlonla est d'origine grecque ;
à part dans la presqu'île. Réunie selon le celles mémo dont la foiraation est at-
ciprice ou la politique des princes grecs tribuée aux aborigènes ou aux barbares
tantôt a la Lydie, tantôt à VMoMôe ou à n'ont pas conservé leur première déno-
la Carie, lea villes, libres dans leur aou- mination. Étienne de Byzance nous a
vemement intérieur, sont auJounThuI conservé plusieurs variantes des noms
rangées sous le pouvoir d'un prince, des villes d'Asie. Ils sont surtout très-
demain sous celui de son compétiteur. multipliés dans la Carie et U Lycie.
Piles n'arrivent h faire partie dSin gou-
vcnement stable et régulier qu'aprn la (i) SindMo, fiv. XIV, p. 645,
eoostitulion du rayauma de Ferganii.

Digitized by Google
S02 LUKiVEa&
CUAniM XIV, Sanios et Cliio étaient laa oapitalea
des Iles du même nom.
800S LBS BMPBBEUBS BOMAINS. Au nord, l'Ionie se terminait a Piiocée :
le ffolfede lassos formait la frontière du
les empereurs roinaitus, Tlonie
SoQS snd.
ne cessa de prospérer et d'eiendre ses Hérodote divise les villes d'ionie en
îronlieres et du temps de l'empire de quatre dialectes grecs Milet , Myus et :

ÎByzaDce elle Mt
kioompanMeuMot la Prièoa an Caria usaient d*un mène lan-
plas riche province. gage ; Éphèse, Coiopbon, Lébédos, Téos,
Dans la province d'Asie, la notice des Clazomène et Phocée usaient d'un autre
Patriarcats place quaraote-ciuq villes dialecte; lijrytbr» et Cbio se servaient
doDtTOiei la lifta : d'Én mène idionM; SaoMia en avait on
particulier (l). Ce passage de l'historien
Éphèae. Thymbria.
Clazomène. grec montre que l'Ionie s^est formée d'un
HypaBpa.
Tralles. Magnésie du Sipy- démembrement de laLydie et de la Carte.
L*émigratioB réguliera des loniana
Magnésie du Méào- lus.
are. Smynie. commença l'an 30 avant J.-C Las Lé-
1 1

Elaea. — lépes habitaient les territoires de Smvr ne


et de Phocee, ie^i Caneos occupaient celui
Adramytium. Euaza.
Assos. ATcopolii. de Milet et d^Éphèse : ces deux peuples
Algiza. furent expulsés par les Ioniens, et ^lè>
Gargaïa.
rent s'établir dans d'autna^partes da la
Pitana. Auréliopolis.
Carie.
Mynililia. Valeutinianopolis.
Aninetum. Après l'avéDement de Constantin,
Tenmoa.
Aiiaea.
rionia fut soumise a une nouvelle dé-
Mysa.
marcation, et les villes furent classées
liétrapglia. Ansadiopolis.
par évéches sans cependant cesser d'ap-
Pergame. Nova-Aula.
partenir a la province d'Asie. L'Ionie
Priène. >£gea.
Andera. fenfetanithuit évéobésclasséaparocdra
Claros.
de préséance de b manière suivante
ColopiMNi. Fanum Jovîa.
:

Pepere. Smyrne , Épbese l'eus Pbocee Kry- . , ,


Lébédua. n
Auliuin. thrae , Prieue Coiophuu , Clazomène.
,
Téos.
rSaulochus. Les évéchés de Milet et d'Héraelée appar-
£rythrae.
tenaient à la Carie.
Antandioa, Bargara.
Mastaura.
La navigation le lonji des côt^^s de
Cvnié.
rionie elail d'environ '<i^4'i0 slades, ou
Phocée. Brullena.
98 lieues géographiques (3), en con-
Cette circonscription s'étendait donc tournant la grande presqu'île d'Erythrau.
au nord jusqu'au goffe d'Adramyitiuio 1-^ larK»'urde la base de cette presqu'île
et ao sud jusqu'au Méandre, elle était entre Smyrne et Épbese n'est aue de
bornée à Veit par les montagnes où ce 1 30 atadfs en ligna droite, soit I S fcilom.
fleuve prend sa source, c'est-à-dire un quart.
qu'elle renfermait Tifiolide, l'Iouie et .Nous n'avons rien rii battre deséloge.s.i

une partie de la Lydie. Ïue fait Hérodote du climat de l'Ionie.


Lionie propMMBt dite MOODienait 'asCtoofoura le eid le plus pur dana le
dans l'origine que dix villes principales climat le plus heureux, mais combien
et deux lies. Strabon (1) lui assigne les l'aspect du pays a changé; il n'y a plus
villes suivantes dans la terra fernae. guère aujourd'hui que Smyrne qui suit
Milet Kphèse. une ville habiubla, tout fa resta a été
ErythfSB. Clazomène. converti en naiaia psstilantiala ou en
Priène. Lébédos. déserts arides.
Teos. Coiopbon. Éplièse , Milet et Tcos ne sont piu.s
Myus. Pbooée.
(i) Hérodote, liv. I, ch. i4«.
(i) Sirabon, XIV, p. 633. JBIIett, Variar. ( l.Oo stades de^ooi Mtd^réiMl
HiH., iiv. y ni, ch. 5. ilt!gr«s uu Itetir».

Digitized by Google
que des marécages où les habitants lié dispersés âan.s les villages pendant Tes*
ifitent u passer une DUît; Erytbrse est pace de quatre cents ans.
un désert rocheux ; Qam, Ubéâm et On éél^rait à Smyrne une féte an-
Golophon sont absoluiiient déserts, mais nuelle qu'on appelait les Éleuthéries,
celte situation si pittoresque dominant en commémoration de In délivrance de la
la mer de Sanios ne demauderait qu'à ville par le dévouement des servantes.

être habitée par une population agri» Les Lyëlens assiégeaient Smyrne, et;
cole. Cet état désastreux des villes ne au moment de s'en emparer, ils contrai-
s'applique nullement à la fertilité du gnirent les habitanlii de leur envoyer
sol, (|ui est toujours la même : les gras leurs femmes. Ceux-ci, étaient sur le
pâturages des vallées du Méandre et du Mint ëe aooaerife è cet ordre* lorsque
les servantes se dévouèrent pour leurs
Gqfsire nourriisent eDcore de nombreux
troupeaux , et nous avons dit combien maîtresses, et agirent de telle sorte dans
sont fertiles les vallées supérieures de le camp des Lydiens, que ceux-ci fini-

ces Ueuves. rent par tomber entre les maint ëes


Smyrnéens. Ce trait nous est conservé
par Dosithée, qui avait écrit Thistoire
CHAFItUfi XY.
de Lydie.
Les auteurs que nous venons de citer
ëonnent peu de détails sur Templaee-
ment d.- la ville aeolienne ils ne nous ;

La foodatiOD de Smyrne remoute disent pas si elle était en plaine ou sur


«n pfCMien lenpf ëe la roi^ratk» une montagne
ioBieuie; dans le principe elle ne lit . Strabon, en deux passages diffé-
pas partie de cette confédération parce , rents , fixe a vingt stades la distance
que la population était uu démembre- entre la vdle ancienne et celle qui exis-
meot de œllo d'Éphèae : c'est ëu moiiis de sou temps « Il y a le golfe de
tait :

la tradition que Strabon nous a coot Smyrne et la ville. Ensuite un attire


servée d'après (.allinus. Les Éphésieus, aoije, dans lequel e^/ l'ancienne Smyrne,
qui habit:ueiu le quartier nommé à vingt stades de celle d'aujourd'hui. » Le
Smyroe, >iureul attaquer les Léleges, géographe insiste particulièrement sur
les chassèrent, et eonstruisiiwt use
v ille à laquelle ils donnèrent le nom de
M
deux golfes; «Test dire saffisamment
que l'ancienne Smyrne était dans l'anse
Sinyrne. Attaqués a leur tour par les aujourd'hui comblée qui allait vers
/buUeus , le& Smyruéens furcul i.hasses Bouroabat. En observant l'étendue des
d»Umt fOfs, et se retirèrent à Colo- tierrissementB du Mélèa , il est clair
bImmi; mais, aidés des ColopbiMiieiii, qu'à une époque antérieure la mer en*
ik reprirent leur ville. trait plus avant dans les terres qu'elle
Uecodole regarde la première SmTroe ne le fait de nos jours ; il faut infailli-
comme une «vUle noUenae , qui tentai blement pteoer l'aneienne Smvme ëana
par stratagème entre les mains des
.
un autre golfe que celle d*ailjoiirë*hai.
Ioniens (l). Plus tard , cette ville ayant Tout le monde à Smvme connaît, au
refusé de se soumettre aux rois de sud -ouest de BournaW, une localité
Lydie , eut ii rérisler à pluiieim in?!* couverte de ruines , dans lesquelles on
siôns , et finit par siloeomber. a découvert benneoup d'inscriptions,
Gygès entreprit une expédition contre dont quelques-unes ont été encastrées
Sf^y'rae, maiselleQ'eutaucunrésuUat(2). dans le mur de la mosquée de Bourna-
Dana la suite, Alyatte, fils de Sadyatte, bat ; ce lieu s'appelle encore aujourd'hui
chassa les dimérietis d'Asie , et prit la P»l»a Smyrna , Panelenne Smyrne.
ville de Smyrnf, désif;née alors par Hé- I.a Smyrne dont on voir les ruines
rodote comme une colonie des Colopho* sur la moiitagne qui domine la ville mo-
niens. A
la.siùte deces événements , les derne est uu ouvrage des rois grecs (I).
babiiiaia quitaèranbila «Ulti, et MèîqeBt Pittsanias en attriboe la fondation à
i Alextnëre, qvl , à la anite ë*an longe
(i) Hérodote, liv. f, th. rSo.
(a) Id., lii. 1, chap. 14. -j»»,.- (t^&U-ftLxiu, liv. XIV, ^. 646.

Digitized by Google
LUNIVERS.
inspiré par ^émésis, résolut d'établir Smyme, passe pour avoir souffert i«
une ville sur le mont Pagus, où il martyre dans le stade en l'an 166. Uoe
a^était endormi. L'oracle de Claros, petite église grecque bâtie en ce lisu «t
consulté à ce sujet, engagea les Saiyr- aujourd hui abandonnée.
néens à aller habiter la ville nouvelle, De tous les ouvrages exécutés par les
qui prit le nom de leur ancienne pa- rois ^recs il ne reste qu'une partie de
,
|

trie (1). l'ancien château ; c'est le soubasseineat


Mais le roi de Haeédoine ne fut pas des tours du cd^ sud-ouest, qui «t i
appelé à exécuter son projet. La cons- joints irréçuliers, et la tour sud ouest
truction de la nouvelle ville fut entre- jus(iu'au tiers de sa hauteur. Elle e&t
prise par Antigone et accomplie par construite en bel appareil de tracbjK
Lysimaqoe. rouge , qui lui donne l'apparenee d*aai
Smyrue fut done fondée au nord da tour de porphyre. Le reste du château
mont Pagus, partie sur In montagne et est un ouvrage byzantin. Les autres
partie dans la plaine. Le fleuve Slélès monuments sont en partie détruits;
que 1oracle avait nommé, coule dans mais on en reconnaît parfaitemeot les

la partie orientale de cette montagne, et ruines.Le stade s*étend de Test à l'ouest


la ville sYteodit dans la plaine entre le un peu plus bas que le château. I/s pra- j

fleuve et la mer. Les plus somptueux dins étaient de marbre ils ont éle em-
;

édifices ne tardèrent pas à être cons- ployés daus les constructions modernes. |

truits, et les rues alignée» et coapéei à Toute la partie gauebe du stade est
angle droit, et même décoréttde por^ soutenue sur des contre-forts qui exis*
tiques.La mémoire d'Homère, qui pla- tentencore; il y a des niches demi-circu-
du Melès, fut honorée
nait sur les rives laires et des cellules dont l'appareil est
,

par uu temple appelé VUomerium. en petites pierres, ouvrage évideromeot


D*autres édifices sacrés , le temple de romain.
Némésis, celui delà Mère des dieux, Le théâtre a eu le sort du stade; il
furent construits dans la plaine. L'a- ne restait en 1836 que les deux parlies
cropolis , le stade , le théâtre et les por- (uiisoutenaient jadis les gradins, avec
tiques s'élevèrent sur le penchant de la lés galeries qui conduisaient aux yi^
montagne. Le port, dont l'emplacement einetions. Les «radins furent détruits
est occupé aujourd'hui par dt s habita- au milieu du dix-septième siècle; mais
tions, était un bassin que l'on termait on voit encore très-bien le galbe du mo-
au moyen d'une cliaîne. nument, et probablement fcrait oo quel*
Mais la partie inférieure de la ville, ques découvertes de fragments daas
établie sur des terrains d'atterrtese- maisons qui ooeopent le proscenium.
ments, presaue au niveau de la mer, Mais ces ruines qui attireraient encore
,

n'avait pas d éçouts pour les eaux plu* les regards dans une ville d'Europei
viales et les immondices; aussi, en sont laissées de côté en Asie , où tant
temps d'orage, les rues étaieut-elles de monuments mieux conservés ou plus

inondées et malpropres. Il semble que anciens rappellent TinvettigatioB dfli


Strabon fasse en ce passage ia descrip- voyageurs.
tion de la ville moderne. Un peu plus bas que le tiieùtre, sur
Smyme est une des villes qui eoneou- la limite du quartier juif, il y a dans li
rurent devant le sénat romain pour ville un espace vide qui est occupé par
avoir l'honneur d'élever un temple à un cimetière et planté de grands arbres.
Tibère, et elle l'emporta sur ses rivales: Tout autour de cette enceinte, il y »
il ne reste aucun vestige de cet édifice. des fragments de colonnes et de piltf-
Dès les premiers temps du ebrisiia* tree eouchés dana la maçonnerie et deux ,

nisme, Smyme se distingua par son ou trois pilastres carres et isolés sont
zèle pour nouvelle, aussi, mérita-
là foi encore debout. 11 est probable que ce
t-elle le titre d'une des sept églises de sont les ruines d'un ancien agora, atw
rAsia. Saint Polyearpe, son premier le portique quadrilatère qui Fentourait
évéque et le patron des chrétums da Les colonnes sont en marbre Mecw
veiné de rouge et de blanc.
(i; PaiiMoiaf, liv. VU, ch. 6. Les aqueducs et tous les resk^» de li

Digilized by Google
ASIK MUIEUEE.
romaines ont été ou déniolii oo
villes GHAPimB XVL
rpnouvelés. On voit encore dans la
plaine et sur le chemin de Bournabat SMGBNB BYZANTIUR.
un mtit lac qui est une des sources du
Mêles, a?fc quelques ruines. Oo appelle Les empereurs grecs, menacés par
cela les bains de Diane. Le temple les Musubnans, firent réparer les forti-
d'ICsculape, qui se voyait sur le versant Oeations de la ville et celles du cbéteau.
ouest du mont Pasus', est aiisM entiè- Une inscription liysantine, qui se voyait
lement détruit. En faisant des fouilles encore sur la porte en 1700, a dispom
au-des»iis du cimetière juif, en 18:i6, deptiis ce temps. ?'lle a été conservée par
on a découvert un long soubassement ClModler, et nous apprend que les res*
de grosse maçonnerie , avec quelques tnumtionsdodiflteaii Ont été faites par
blocs de marlre c*était peut-être le
: IVmpereur Jean Comnène : c'était la fin
reste du lemple. Toutes ee^ conjectures de Temp re de Byzarice. L'empereur
peuvent être discutées; elles n'ont rien Alexis, son successeur, fe retira à
d*impossible, mais aucune autorité oe Trébizunde, oà il établit un empire. On
les appuie. a douté qu'd et)t pris le titre de roi (l);
Les inscriptions trouvées à Smyrne mais «ne inscription placée au-dessus
dans ces dern ers siècles sont assez nom- de son portrait, peint a fresque, lui doimo
breuses; mais nialheureusemcni elles le titre de rui et empereur de toute l'A-
ii*oot pas été recueillies ave? soin, et il patolie; e*est à-direqu*ll conserva tou*
en a péri un iirand nombre qui ont été jours des prétentions sur Smyrne. Mais
employé' s n d. s «'onstruntions no ivell»^. alors celte pla<e était entre les mains
Spou et Wheler en ont recueilli quel- des Turcs depuis Tan 1084.
ques-unes qui sont Importantes, et no- La fecilite qu'avaient les Grecs de
tamment une lettre des empereurs Sé- recevoir des secours ilti dehors donnait
vère et Antonin, adressée aux habitants h Smyrne une importance particulière;
de Smyme, dont la rédaction est a peu aussi' cette ville lut-elle le théâtre des
près la même que eelie adressée par luttes arhaméet entre tous les pouvoirs
Antonin aux Ai/aniens. oui tentaient des*étibliren Asie. Smyrne
Il serait difficile de déterminer d'une était au pouvoir d'un bey nommé Tzi-
manière précise le périmètre de TaiH clias, q^ui e.iait maître de toutes les
denne Smvrne^ les muratllfs ayant été plaees ou golfe. Lorsque Jean Duena
détruiies depuis longtemps ; niaissapliia vint Tassiéger, elle se rendit , mais fut
fnude étendue ne pouvait pas dépasser bientôt éprise par les Turo^, et Isa ha-
i

Vwt le vallon .Saint- Anne, où sont les bitants furent massacrés.


aqueducs; à Tonest, le versant du mont Aîdtn émir qui donna son nom à la
Pagus, où est lê dmetiére juif. Le ville de Traites , reconstruite par lui
cbâbau était, je pense, sa limite méri- laissa sonfils, Amir(Oninr). possesseur
dionale; car au ticlà l.i nion^a<:ne est de Smyrne, en 1332. Andromc le vieux
tellement abrupte et aride, qu on n'a régnait a Consiautinople; mais déjà les
jamais pu y étiUîrde maisons; d'ail- Grecs laissaient aux autres nations le
leurs il n'y en a pis de vestige. Du « ôté soin de défendre celte terre contre l'in-
du nord , c'est a dire vers la plaine, vasion mu ulmane. Les chevaliers de
rieu ne peut déterminer la limite de la Rhodes s'étaient emparés du rh.iteau
ville; on n'y rencontre niirune traee de et ravaient mis en bon état de défense.
monument tous ont disparu.
: Amir, de retour à Sm\Tne , se mit en
Indépendamment des ravages cau«és devoir de chasser les cln valiers ; in.ds il
parles }:uerres civiles, Smvrnea éprouvé lut tué pendant les premiers travaux
de grands dèustres |iar siiiie des trem- du siège.
blements déterre. Tiuèreet Marc-Au- Les Latins étant devenus mattrps de
rele y firent faire de grands travaux Smyrne y envoyèrent, an nom du pat e,
pour réparer ces malheurs. C'est encore le patriarche nouvellement élu dejjons-
m motifderanéantissementeompletdes
monuments antiques; ceux quin*ontpat
tantinople, pour y rétalilir les affaires

été détruits a dessein ont été renversés. {%)Hhl0ifêm»inmB», TréUmoda.


90* LUtraiêon. (Asii Mimboii.) T. II. 90

Digitized by Google
«56 *
LUNiVKRS.
d« rÉgli^e; mais pmidant qu*!! disait diB luieéâer la forterf$se. Sur le r^fits
une messe ilaiig ia priiieifule cgJise, les des cli^va iers , le sîefie cointiieitct iin-
troiipcs d'Ami r, qui n'a nient pas été medi.iiedu iiî, et fut poussé aveî-, une
anéaiitieH, revinrent attaquer la ville, vigueur peu unnmuue. La ville fut in-
et toas les chrétiens furent inassaerês. Testie de trois eôtés: le pnrt ftirinaii le
Cependant les Ciénois, que l'intérêt quatrième. L*aitaque par lu feu gr^iteoii
(Ut rotniii- rce vers h- Levant,
ailifiiit et les in.-tdiines ordinaires n'avant pas
fai-aieni destraitesianlôiaveeles l urc-, réussi, Tnnour fit dresser un niur de
taiitdlavec le» Latius H
avec les Gret-s, cin oiivallation pour arrêter tout se-
et iiioyenuADt de léuers tributs on leur cours, ftlille mineurs, protégés par de
perinetinit de s'établir iransiioirement hnuies tours roulantes, s.ipai^nl les
auns d8ur4eiiues Fxlielles, où iis ne murailles qu'on soutenait parles pilo-
taient pas à se rendre respectiiWes. lis, n l'on meitait le feu aux bois
Les Véniiivns suivaient nicine politb quand on jugeait. la lirêdie as!«et lanse.
th|ue ; mais plus pni-saols el plus or-
, Ce ntoym lui avait déjà nierveilleuse-
pieillenx . iLs voulaient souvent devoir nient réussi au siéffe de Siwas (Sé-
a «les victoires ee que les Génois oUie- bnsle). Le port ay.'Ol oflert aux .Tssié^tcs
Mient |iar Leurs dueats ; aussi 4r8S der» quelques moyens de eommunii-ation
nie s, iMoius rcdouifs d.'s Tuics, purent avec le dehors, Tnnour ordonna à
p dans tous les Allais des sul-
c«in«itriii diaain de ses soldiits d*v jeter nue
tans des comptoirs forliUes qui étaient pierre, el le port fut con)ble eu un jour,
de véritables citadelles. c:es établisi4K Sans aerours, sans movens de se ra-
niPiits furent SI noin!)reux, qu^aprés Vitalller, les chevaliers ôe purent on*
cinq on six siècles, la tradition eji a poser une plus longue réMstance; la
Qpnservé le souvmtr parmi les Turcs , v^lle fut pnse, et tous le$ asségés
et toutes les ruini^s iniporfantes, a quel* furmt massaerés 'Timour eut la barbare
3u« âge quViles appartiennent, sont idée de fjireniaçonnitrleUfs létesdans
psi.noes par eux sous le iK>in de uneiour (Ij,
*
DJinfciae K*titna , OtinévUe kuléxi^
riunes ffénni es, eliflieau génol*. l4« CIIAPITIIK XVII.
Génois s >nt leurs Lékit'Set leurs Péla»>
ges au dt la de cette epo(|ue, histoire
; I SUYAHK MUSULMâNI.
est p'tur eux le iiaus des (en)|K).
i

. Us
Génois ofttiureitl ainsi par traité A près la fetnite de» TaHaws, fUnyme '

Smvroe, <:hto et Pliocéy. Ils ffinlerent resta au pouv.»ir de Djounéid; c'est le


cette dernière place; mais l'anarchie même qui est af»pelé (jneis dans h-s
qui régnait dans le res e de I nie ne I >tJons modernes : il était difiici e de
r*''

leur («nuit iias de rester loni;tem|>s à i^iunattre svii Identité. Les Osman^
S«m*rne.Orktun.«|iiipossédait iXlagnéste Ilsrevinrent fionr conquérir ime place
du Sipvli s, s'einpar. de Sinvrne et y hMiréeh ppnit constamment. Vla gré
construi-ii une f uit'resse. Les elif\a- snn alliance avec les sultans rt'l'-onium,
liers de Khudes lui reprirent la ville, et iJjo"«*id n'eut que d s sucées passa
s*,v fonilièfent d*uno nianiere redou- IMnrs, et
il fînit par être assassiné dani
table, sans upanmoius pouxoir expulser sn Tente. C'c>t ainsique le pouvoir turf}
cninpié emenl les .MuMilin.ins. Il est s'établit dans Smvme.
probable qu'un armi>tic^* avait été cou- Mais les chrétiens de Rhodes n*a-
du ; niiiis d*autres désastres menaçaient ^^^^ pas abtindonné leurs prétentions ;
encore la malheureuse ville. Timour, une flotte, commandée par Pieiro Mon-
vainqueur à Angora, apprenaut (lue la ceinjio, revint, pour reprendre
en I37i»,
capitale de l'I'^uie était |»ps^edee j.ar cette place. La vi.le fut envahie et
deux pouvoirs ri vaut et ennemis, quitte mais Pendrai abandonna sa
la Gabiie le i" décembre 1402, tra* eonquc^e pour aller sur les cotes de
versp la ville de Kulavah, s'avance à Carain:ii\ie.
man-lies lorcees, et tait sommer les Les Vénitiens vinrent à leur tour as-
RJindes, qui depuis cin-
chevaliers^ «|e
quante-sept ans étaieut étabhs a Suiyriie, / ) Ducai, Mit, ch. m

Digitized by Google
ASIE MINEURE. 307
siéger Smyrne ; la ville fut prre, piilec pour bittr un khan ou l)ezes-
le théâtre
brûlée , les miiB«|iiées détruites ; la fû- téin (marché aut étoffes ^, hm^ de
reur et le carnage iiV, argnérenl per- quatre cei>ls pas et tout voûté en pier-
soiioe ; ffinint's et Glies , hotinnes et res de Liill»»; on trouva daifs les fonde-
enfants, subirent leur part d'uutragi'S. ments du ihéil re un pot de méddi les
Ott'pai'ait trois ducats pour cha^jue de tVmpereur Gallien et ifé sa fam.lle;
prisonnier. pr)|»iilatiotj , décimée , d'autre part on déroux rit aussi une ins-
aiiéauiie , se relira d.wis Us inaswrt'S ()ui cription qui fait mentituï de l'eiop'-reur
étaient au pied du cbâieaii , et la ville ClatHle. Le cir |ue éLiit aiis*>i bien con*
touillée dans le |4us profond degré de serve que le Uiéfltre; H tfvalt deux cent
misère, resta cependa t la prne des ciiupi.inte pas de loni; et q'i iranfe cinq
Turcs . dont le pouvoir granai»»ait in- de larue; on autre c.mv:ins«'r:.î ngn
cessainiD^'iit. moins somptueux que le be/.estéui a été
Di'puiseeite époque le Gmnd*5{pÎ9nKir b.1li dan!i le voisinai»!; Il est destiné aux
est maître de Snnnie, mais non sans mardi tnds du Lislraut: onl*appelle Mo»
t'0nie>taiinn , rar a plu!'ie(ir> e|io;|ue!s la dama Kbau.
sédiiion «t la révolte, foin* iétee.> par Ks
émirs* opp^léreut dans ettte vdie loa cnAPtinR xvni.
troupes de empire. A part quelques in-
I

cendies et quel(pies lèles eo.ipees. cela '


iMYBtlB MODBBHI."
oe cliau^eait hcu à la plnsioiuinie de
1» « me. 'La Smvrne d' Mijnnrdliui , étant la
Le porl, qui frétait qn'imc pptife première ' ville d Orient où af>ordpnt
darce pour ^ de/es, avait eié comble
les d'ordinaire les voyageurs qui arrivent
SarTimoiir; ce ne tut cependant qu'un d'Kurope, présente aux yeux des nou*
irènemenf de peu dNihport^iice pour veaux arrivés le Sfieetaelo le plus animé
Smyrne son vrai port, e'ii»t le vaste
• et le ptos inattendu, tant est crrande la
Éolle, qui olfnrait une retraite a toutes vaneie des tableaux (jui s Offreut aux
s Uottes du monde. Une si heureuse regards ; mais le premier iMomeiit d'en*
position ne pouvait res^r alNHfdorfiiée ; diantanMt passé, on f«t étonné do na
peu à peti le commercp appela de nou- trouver aucun site qui m^Me une se-
veaux habitants ; on descemlil dans la neuj^e attentinn la han dite de
: iirrhi- l

vallée; mais, par malheur, aueune pré- teclure mod me


dex Orientaux se révèle
vofance de rantoritêne râlait lesaliistie- loutd*«bord. l^efftfioMpiëea il les au*
ments et les dispositions des qu irtiers. tfesedilîces publics «-o d'une construc-
i

De la montaune on se p-eciptia sur le tion des plus mcdiocrrs: \\ n'y a pa« une
bord de la mer, sans avoir l:i sa^tesse d'y petite ville de l'intérieur oui uerenteriiie
laisser un i|uai, dont le déveïoppertieni des monuments plus ii>teresatn*s.
f)\ fait deSinvrnf la plus belle ville do Dan un autre ord'e le recherches,
-

rUrient. les bazars sont des établissements «iui


Tournefort , qui vi.silail la ville de meriient d'être visiiei»; le quartier
Sinynie ii y a plus d*un siéett*, mentioiinë fivm*, qui est onnstmit le lonc dr la
plusieurs èdilices qui n'txisi»'iit plus de mer. renf riiie toute la pnpulotion eu*
nos jours. Il ML'naie un ynind mur qu il ropeenne de Smyme; les Turc* demeu-
ai)pelait le poHiœ ium^ «rt le temple de rent •ian<^ le quartier qrii occupe la Uase
Cf> He on selon lui rHoinerium, monu- dé la montaictie. lé» Gm»
daiit Test do
ment carré qu*il compare au teii>ple la ville une p*>tile rivière qui prend sa
;

de Janus a Rome: cet edifire était prps source dans les bains de Dinne, et qu*on
du Ale'ès. Celait un |)etii bâtiment appel te ri viere les Tein ruriers {houndji

earré, d*eiiviroit cinq mètres de Sépara le quartier trtmt do «rl«i dot


avec deux |iortes et au milieu une consuls. Les maisons sont- di^s une
niche « où pouvait être l'efriaie d'Ilo- situation a<;r(vihle,ayanl vue sur la mer.
niere Il y a tout lieu de croire d'après Ce sont de Ifgèrdi oonstmctions de
cette description que e*était un toin* bois, que rineeudie for«« de tampi c«
beau ; c'est peu de temps avant l'arrivée tempo à renouveler. 148 habiftinta ont
de Touraofi»rt,flo 1702* qu'on a démoli pna la parti de ^oaalwrtw do la CBrtt
SO.

Digitized by Google
308
pf>ur te mettre h Tahn des tremblements sont construits en planches tellement
déterre : de monièreque |our Sfcarcintir minces, qu'il suflit d'une étincelle pour
d'un fléiiu ils su so«a jr'tes \oloiituire- allumer un incendie.
iiieiii daiis un autre. La pcipulation Les alignements sont Ib ehose dont
de Siiivriif 8*i*Kt fort an-rue depuis on a le moins de souci , et chacun a le
un sircie : Toijrtirfnri IVstiiiiaità cent droit, selon son caprice, d*intercepter la
mille Ames, iiuiourd'liuielle depasM cent voie publique par des t>araques, des amas
eui.juaiiie miil«, dont la motlié est de de bois et des bfllitaes de tous genm.
race tu rqiie,quaraoli* mille Grec8,r|uinze Une des choses les plus nécessaires à
mille Juifs et dix mille Arméuiens; la la ville de Smyrne st-rnit un beau quai,
popuUition européeune est variable, et qui donnerait des facilités pour le deiiar-
tend loujouiià s'augmenier; toui un quement des marehandiaes M qui as*
gouvernement stable, et qui autoriserait sainirait ce quartier, appelé à juste titre
h's étr.iiig»'r> à acquérir des biens-fonds, Tais Copriuis (les ordures), où sont
Sniyine serait une ville de trois ceol oon.strnites cependant les plus i>elles
DiilW babilAiita. maisons des négociants et des eonsuli
l)uleni|» de Tourneforf« en I703, les européens.
habllaiiis de Sinynie conservnient le Ce (juai est (léjh construit dans une
souvenir de six ir«-inltlfmenls de terre partie rue Pratique, et
parallèle a la
<|tii avaient cause de grands rav:!|{e8 ; le avec peu de dépenses, en achetant quel-
noMiIxe d incfudies est bien plus con- ques baraques de cafés, on aurait pu le
sidéral'lns il nV»t pas d'.iiinée ««ù
: l'on continuer d ins toute l'étendue de la
n aît a déplon r quel |ue uiallieur de rade. Mais un habitant a imaginé de
Ctffienre. !.edê|ilorablenirei:die de bâtir une maison as^sise au bord de la
a ravAue l.i majeiire partie des quartiers mer, et qui intercepte à tout jamais li
turcs et des h.iz.irs. Le quartier franc prniotigation du quai ; cor m le goU-
a été épargné, il est vrai : mais en 1834 verneineni ni les particuliers ne vou*
il en fraude partie,
avait (te cousunié drout faire les frais d'acunisition de
de sorte qu*on peut dire qu'en Tes- cette maison pour la démolir. Le ter-
pare de six ans toute la ville a été riiin dans cette localité coûtoit en 1833
détruite par l'incendi*-. On ne peut con- 5 piastres ( 1 fr. 'iô' ) le pick c'est- ,

cevoir comment les habitants ne preo- à-dire quatre pieds carrés; il coûte
nent |ias plus de pr^uiious pnur se aujoiinrliui 10 piastres (4 fr. 60*).
garantir d'un lléan qui les menace sans C'était un excellent calcul pour les négo-
ce.sseet qu'on semble perpétuera plaisir ciants établis L Smyrne ; c'en était im
par les constructions les plus vicieuses. é^^alement pour le gouvernement, car
Ainsi, dans un pays où le terrain est le bord de la mer étant ainsi occupé
presque pour rien on s'obstine à cons- par des maisons et des baraques, la sur-
truire des nies tellement étroites, qu*un veill.ince de la contielKuule devient im-
cliaiiieuu cbargé peut à peine y passer, possible Les constnictions qu'on avait
et de plus Tusage des rAoA-nlcAAi, oommenrées y a quelques années au
il
e.v|if>cp de balcons ou fenêtres eu Sur- nord de sont multipliées ra-
la ville se
•l' inb, rétréri' icllement la rue par le pi<lein*nt. Le quartier qu'on appelle
laul que Idcn souvent le jour Gul-Mahatlé (la rue des ilosesj n'est
y pénètre
à peine, et lestoltuns setouHient d'un plus le plus iNsau quartier de Smyrne,
tracera de la rue a Taulre. L autorité et la population européenne se trans-
turque e se mfi e en rien d»' Ij police
I
porte peu n peu vers le quartier de
d s coiistruelioiis, qui snnt abandon, l'iidpit.il tr.inç.ii -, qui était autrefois isole
nées mix capricHi des kalfats, espèces au milieu des j.irdtiis, et qui est aujour*
d*ar liitecteK gretts et arméniens qui d biii eotouré de oiaiaoïii.
vivent dans la plus affreu!ie routine, et
oui au fond ne sont («s f.^chés de voir
de temps en temps le feu leur donner
oeeMkm d*ex>rrer leur industrie.
Tous les bazars que Ton était occupé
à rebAtir lu momeot de notre arrivée
ASIE MINEURE. S09

CHAPITRE XIX. A 13 kilomètres de Smyrne on tra*


verse une petite rivière qui va également
£PI1ESE. se jeter dans le ^olfe de Sntyrne : ce sont
les eaux du versant septentrional de la
Om DE StfYBMS A AÎA8ÂL0UK. elialne eentrale; elles sont peu abondan-
tes, par suite des ondulations du ter-
La route qui conduit de Smyrne à rain, qui ne forment pas un bassin tres-
rindenue tiplièse la vieux d-
travenê élendu. La mute remonte pendant
mettèrequi occupe versant orcidental
le six kilomètres cette rivière, qui coule
du mont Paji^us; c'est une route qu'on dans une terre sablonneuse et calcaire.
peut Caire plusieurs fois saus jamais se Lo terrain volcanique finit à la première
lasser d'admirer la perspective ma^rni- rivière.
fique qui se développe à l'Iiorizon. Du Toutee pays est inrulte, la présence
côté du nord, lessonimcts découpés du de l'homme ne s'y reconnaît i|ti atix tra-
mont Sipylus enc;ns«ent le rivage du ces d'incendies allumes dans les huis-
golfe ; sur la gauche, Us ruines du châ- sons. On arrive bientôt au col qui forme
teau dominent le chemin, tandis que la la liane de parlase entre les eaux du
chaîne cputrale de la presqu'île de Téos golfe de Smyrne et celles du golfe d'Iv-
et d'Krytlirée se perd dans Ws vapeurs phèse; «e 1er ain appartient ou sys-
l'iiit

du golfe en formaul des ondulations de tème calcaire. Il faut pai courir ainsi i4
verdure. Dès qu'on a quitté les portes kilomèires sans trouver une liahUition ;
de la YÎlle, on entre dans une cain|)a^ne on arrive ensuite dans un déiilé fort res-
qui est presque inculte. Quelques petits serré, que les habitants appellent le
vallons uien arrosés sont occupés par de Chemin du Sang, à cause des nombreux
ehétim habilations; le paysn^eat pas assassinats qui y sont commis chmiue
assez sOr pour que Von ait pris Tliabi- année. Osont gèuéralementdesS uniens
tude de se roiisfruire des maisons de qui s'associent avec des paysans du lieu ;
caniDiisne isolées. Toute la mouta^ne on emporte le butin à Samos, et il est
du cnâteau est de formation tracliyti- Krtagé, quelques mois après, quand
3ue; ces productions volcaniques s*élen- flaire est assoupie.
ent fort au loin dans la plaine. A(»rè< avoir passe le défilé, nous nous
A trois kilomètres de Smyrne on fran- trouvons dans une vaste plaine loutes
diit la ligne de douanes. Toutes les les eaux des différents vallons prennent
marchandises qui sortent doivent payer leur cours vers le sud. Il n'y a paii un
un droit (]ui entre dans la caisse du village dans loul ce di>lrict. A dix heiin s
gouverneur, et est affecte à l'entretien nous traversons un uué; à dix hetire^
de la \ilie. Ensuite on passe un pont trente minutes nous pas>ous une autre pe-
ieté sur an torrent qui rst à sec dans tite rivière ; enOn, h once heures, nous ar*
l'été; c'est un des affluents du INlélcs, qui rivons k Tiianta. station où se tron\eitt
va se jeler dans le ^olfe de Suiynie. un corps de garde et quelques klians.
Une large vallée, qui a peu de longueur, Un grand platane ombrage la cabane
longe la plame au milieu de laquelle est de feuilléeoù nous passons la nuit. I41
situé le joli village de I)oudja,où les rivière deTnanta nesejetie point d.sns
familles anglaises résident de préfé- le Caystre; elle a un cours p irliculier,
rence. Les liabttants U& Suiyrne appel- ftva se i)erdre dans la mer, tiitre Cla-
lent val .Sainte Anne oette^dépreMion me et Rphèse. f /ondulai ton de lerrairt
ét terrain qui sépare du côté de l'est le 3ui sépare le bassin du Caystre decflul
mont Pagus de la planie de Houdja. e la rivière de Tn inta t-^l presque in-
Un aqueduc du moyen âge, dont les sensible. 1^ lendemain, nous quittons le
arcades sont en ogive, traverse cette campement à six heures trente miiiules.
i«llee; I s eaux qu'il porte à Smyrne L'horizon e<t borné au uoni p ^r la chaîne
sont très-cliarf^ées de sels calcaires, qui du Tmolus, au pied de la(|uel e sont si-
ont formé, de part et li'autre de l'aque- tuées les villes de Baïndir et de Démich.
duc, de grosses masses de stalactites. ^ous suivons pendant quelque temps le
Ge( endroit est très-pittoresque '
et sou- COtti« de la rivière, faisant route à iSu'da
ftDt viaité^ les étrangers. eompai « au milieu de buissons tçuflfus.

Digitized by Google
810
Toute cette piaioe est ires-marécageuse; il.mcs perpendiculaires paraissent de
on a établi uiia chaussée ao milieu des loin avoir* été taillés par la nuitt éii
marais, flous avons au N. M«-K. iia hommes.
entouré d'arbres, nommé
gr.iînl villnue Aprè>: avoir dépassé le c hAteau , on
Fortouua; un peu plus au sud , quel- découvre au loin montagnes qui en-
les
ques habitations fonneut le village de tourent la plaine d*£lphèse. 1 j route esX
Gourf^oul. pratiquée le long du Oystrr ; on reoo»
>ous prîmes un senfier qui mène tre dans un»» aiifractuo.''ilé de rorh^ri
di nit an sufl vers nn mamelon ()ue ikujs unp eonstnietion appliquée à la monta'
apercevions depuis» le matui. Ou trouve ^ne, dont une partie a ete travaillée de
dans son voisinage quelques débris d*ar* niafn d*hotnme. Oo voit les traen
ch tenureetungrauiiaqtiedueen ruine, salle t.iliéedansie rue. et une iiidicassa
qui itidi(|ue (|u\me ville an' i<|ue a exis'é grande; les rnines<run at^Ut duc elqud»
dan> cet endroit. S;ir le revers S.«K. du qii^'s murailles re\ètut s de niarlirerom*
m iuit loM, un un ^rind tmiiulus.
viiit
I
lèteiit cei ensemble. Ce!>débri> peu'eut
Nuus fîmes halte dans un café au tiord a%oir appartenu à un nympliee (NV
d'une petit»' rivjpre nommée Bounar- ^s'oO^qui fournissait ensuite de IVai/
Sou (PRaii df S uirce) pirce «prelle
I I r.iqne lue; main:enant la source f tiane.
boi't Unit ennere d'un rocher situe à Suivant toujours le cours du Ca^^tre,
diux miltfs au nord. I7e»t cette source on arrive a un pont forme de deiHrisdi
qui alimentait l'aquedur. flous n*avoii$ monuments romains. Les arcades soDt
pas suivi la lis;ne direce 'jui mène de en l'givc. l'n .l'inedtic était applitjiié

Tnania à Kpitcse, pjrce (jue les m.irais contre le pont. Ici le tiaystre CdunuMife
formés p ir le Uounar-Sou et les eaux a devenir plus lar^e. Apres avoir (»^
de la plaine la rendent Impraiicable. le fleuve, nuus nous trouvons daotli
On contonrne la de nmniaisnes
cli.ilne plaine même d'Êpliése.t.e courant tend
qui iMirne la plaine du rote de Touest. tuoj iurs à se porter au nord, en sui-
A neuf heures cinq minutes nous nous vant la chaîne des montagnes ; mais eu*
trouvons eneoreau bord du Bounar-Sou, sui^e il traverse obliquement la plaine,

que nous passons àauédaoseriendr uit. et, après s'être divise en deux braariies,
Rnn loin de là se trouve un ancien ci- il va se jeter dans la mer. près ile la
nietiere, dans I^^u» I on remar |ue des montagne du sud. La branche nord est
tronçons de colonnes, des corniches et de peu d'importance; ou la taa*

d'auires fraicinents d'ardiltectui^, le lement à gue près de sou emboudwrt


tout en marbre blanc. On volt claire*
ment tous les débris d'un édilice dori- CHAPITRË XX.
que.
A partir de ce point, nous marchons ÎASALOtnC.
sur la pente du coteau, pour, éviter les
marais. Nmis faisons uni- balte dc(|uel- Aîasalouk e5t un petit vilinpe hnliff
quels iiislanls au bord d'nn ruisseau; par quelques fimilles tur(ji;e.s, lo'irn
et en auiiiiuiant à suivre la chaîne des la plupart dans la [lartie sud de
i)0ur
ccillinrs, nous finissons par arriver au a eolline du diftfeau, au milieu
bord du Caystre, qui coule dans une ruines et des buissons. Les rnin«'sdf
vallée d'un mille de largeur; les t rres l'anrienne ville d'Aïasalonk s'étendent
en sont assez bien eullivees. Nousaper- à Tenionr ; elles se contposenl d'un cer-
cevriLs de temps a autre de beaux ebamps tain nombre dVdilîces couverl.s parrfeJ

de doura. l^e côté gauche de la vallée dôims, qui ont été Jadis des hains e! des
est également formé par une baîne de « mosquées. Les pierres sépiilcrales q»i
C" Pines <-ale li es. Nous marclions droit les entourent portei-t presque loiiirt
au sud pendant une heure, jusqu'à un des inscriptions en caractères coiifi' Uf*'
château ruiné, bftti sur un des sotnmets et toujours en selon l*u»aKf arabe.
relii*r,
les plus escarpés de la montage; les Le château , la motquée
et IV|uedtic
h.ibit.Mits r.ippelleiit Kizkniési (le stîfîi raient seuls pour donner une idée

CluUeau de la Fille), ki les rochers , de Tiinportance et de la grandeur di


prennent un aspect urandiose: leurs l'aucienne ville. Le château . daot h
ASIE MINEURE. 811

Ciinstruftion indi'jue un temps de bar- criptibles. LVxécution tic inusces o ne-


bar e,est llanqué de lour» carrées; oo- nit-nts est d'une correction de cibtuu
Tinontr fii-fra ciifssantdrs tiioii<*eaiix doi>t od a Km d'être êloiiiié; niais,
Ve pierres tiiélées à des fraiîinfnts de coiHAie dans beaucoup d'eilifu es du
111 «rbre ; urr ouvrage exfprjj'iir «|ui tu f iid ninycn e , on a s.»rriln' ;i l.i d cdr;! on
iisapprodies coiisistr en Uite poi te lliiii- la bol lii è : les t'ohd.jtioiiS t
fuee de deux niuis luteraux au corps fu i|lulque^ endroits, et une dt^ coti-
de la ptaoe* et soutenue de fliaqiie côte pulett s% si é YoniiH».
p:ir deux lourds ;tri.-.s ouinnts ("luslruifs
l An desMis de U porte s'élève un nij-
priju-tp e itt^Jit avi c It^s s ej;- s du ^lillle
I Tiarel Ue lirûjms (jni |».ir;ili un oiivr;i;;i"
,

et tlu illettré et m.irques prt^>(]ae tous uiuuisi ancifii que la niubtnee. On ne


a*ee dt« lettres grmrq.ies ; on y retnar* trouve point dans les lA^eripiioiis le nom
que uu ceitaui nombre de t'raginents du prii ce qui la l àti; umis on |ieut
d'inscriptions. An-dessus de i>'.liee t*tre eei iitm nue rel cdiluv n'» >t f^as
s Ht uicriihie.s dilltrenis l)a^-rcli« f« ao- I ouvni};e d'un i»uilan. car toute nto^ql•ée
laques, d'une bonne U cture;
put le du la iinpéi iale est nrttée de deux u inaiets :
Cjiatcm fait faee à la mfr. Dans riiiU^ les pri tvs clé ks ou émirs, u*uut Je
.

rieur du chdteau il n'y a que .e misé- droit d'en dre>s'r qu'un seul,
nbles cahatus. une vieilîe mosquée et Kn n ontant le lernui, on ai rive dans
des nioiiceuux de deconiure*. une cour au milieu de laquelle il y a une
La grande inos>|uee est située en face fontaine p<»ur les ablutions. Du èdié du
du ehâtetti» du côié de Toursi ; le côté nord il y a une autre port -, non iiioiri
qai tait l'at-e au château est UM\ de ornée,, qui cond<iis;i:t .lU cliiitHau, et la
•ierre, mais la f.tç^ide est en marbre porte d'entrée du temple e>t plaeee dans
blanc. ÎJss deux dômes étaient couverts . I axe perpendiculaire à celui des deux
en plomb doré et portaient à leur soin* autres; niais elle est sans nrnenienis.
met le (-rois«aot de Tlskun. Devant IVo- C'est une triple .irc ide inaure.>qne, avec
Uee se trouve une cour avec une fou- des colonneites; il ne par.u'l pas q-iMIe
taine et une vasque p lur lésa, lu luns; ait jamais été close pur un vautaii en
autour des miir^serenianiin'ni plusieurs bois.
de colonnes brisées, qui sont les res-
ft)t> Dans une de marbre, tout
plintlie
tes d'un portique. Les troi> portes (jui près du pavé, on nom d Un d»sar-
li) le
oouduiscnt dans la cour et let> tenctrts listes q'ji ont travaillé a reddice, mais
dé la façide sont ornées de inoulurrs il n*y a pas de date :

dans style aralie, avft! des inscriptions


le «Ce mioulier a été fait par le fakir
tirées du Korm
en caractères arabes ri- • 'pauvre) serviteur de Dieu .Ali, (il.sde
diement sculptés. Les tVnêtres ont des ïiaoïid. natif du pays de Cliaui (Ua-
châssis de Ik>is, et suui clones par uu ired* • mas ). •
Hs de ni d*iirelial* Tu de la mosquée était en-
le la roiir
T**uie celte mosquée a été construite tonrée de enloniifi de granit Les quatre
arec d'an ien< uiatenanx; les colyniies grosses colonnes de rmterieur n'ont pas
de
qui décorent huiérieur ont été enlevés voit seulement qne.quts tronçons du
aux mouunie ts antiques. mêmediamètre aaitour du monument
Le plan «itMiér, (Je la mosquée est un
il qiu passe pour être l'éj; ise <ie Saint-
grand rectiu;:le couix": en d^uv parties Je.in. Les driix coloime> qui >fq).irenl
égales dont l'une forme la cour (/(Xirrm), pendentifs du centre sont df ^raoïi
tt Tautre la nef (cf/oMii). Iji façade, qui gris; l*a deux autres *ont de iirauit
est encore inta tf, est bâtie tout en mar- rouye; mais. |)ar inaJIieiir, celle degau-
bre blanc; la porte, ,i la<{uelle on arrive clie n'esl p.is d nu»' wnle pièce. On ,i
par un perrou de oix marches, est uiuee einiiloyc |»ar exception un ciiajiuean an-
d*arabe8«|ues et d'inscriptions et cou- tiq:ie/d ordre f^nipositeVtoua lesauure»
nmnce de créneaux découpés dans le sont de style arabe.
^p-frf de ceux des mosquées du Caire; La voyage d'lbu*liatuta (I) contient
Ifj f'-nc^tres '(in éidairenl la net sonl car-
Pvca et surtiioulées d'arabc&ques mdes- (t) Traiduciiur* «ie M. K«iuauJ, |ni^ 3o8.

Digitized by Google
L*UNIV£RS.
on passage assez curieux sur Éphèse: il the, car il y t sotutioo de continuité
semblerait que l'église de Saint-Jean dans presque tous les groupes d'cdillcf<,
aurait encore existé de son temps. Vers et Ton peut à peine déterminer d'uit
la Gu du seizième siècle, • nous partîmes manière précise le périmètre de la ville
pour la fille d'Aya Solouk, cité grande, du oété de la plaine; les murs de Ly»-
ancienne et vénérée par les Grecs. Ici maque existent presque en entier sur ii
il y a une vaste église, construite en niontaj^ne du cote du sud C'est préci-
pierres énormes; la lonj^ueur de diacuoe sèment à cai se de ces difUcutté!» que
Oit de dii eoudées et au-dessus : ellet chacun veut apporter son tribut de
sont travaillées de la niiinière la plus cumeiits dans-Tetude de cette ville,
admirable. La moscjuée de cette ville quitte à répéter ce que ses prcdéoes-
est une des plus merveilleuses mosauées seurs out dit a%ant lui.
du monde : elle n*a pas sa pareille en Aux tribus anté-helléniques qui ha-
beauté. bitaient ces rivages avant rarrhée des
« C'éLnil jadis une église appartenrint Iiiiiieiis, nous devons ajouter les Ama-
aux Grecs: elle étuit tort xtMicrée zones, qui se rt'tronvent dans les ira-
citez eux ; ils sy remlaient de divers dit ions grecques depuis les temps les
pays. Lorsque eette ville eut été cou- plus reeulés jusqu'à répoque d'Alrxao-
2uise, les Musulmaus Orent de celte dre; c'est-à-dire bien avant dans \n
izlise une mos(|née cntiiédrnle. Les murs temps histnrinues de la Grèce Lfir
sont en marbre de Uiftérentes couleurs, première patrie était sur les bords du
et son pavé est de marbre blanc : elle Pont-Kuxin « et non loin des trtbis to-
eux cou verte en plomb et a onze coupoles, rnades des Scytbes et des Ssnnaia
de <liv» rse^ fonnes au milieu de ilia-
: T«)utes les recherches faites 5ur cesfefii-
cune d'elles s'élève un bassin d'eau. » mes fîuerriercs n'ont .nnene les savants
Il est pos>ible que de >amt-
1 église qu'a l'aveu de leur impuissance' (J'expli-
Jean afi encore existé à Tépoque du quer d*une manière satisfaisaats on ,

foyage de Ibn-Batuta, mais I la^pection traditions grecques, et l'on est convenu


seule des plans de la mosquée prouve de les rejet» T dans le dornnine de la
Jue c est un monument musulman bâti fable. Mais la fable même est presque

e fond en enmble sous le règne du sul- toujours fondée sur quelque tradiiioa
tan Sélim: rinscriptioa du miibab que historique; il faut donc eu arriver à
nous avons rapportée plus luiut le admettre m
Asie la présence d'une peu-
f>lade qui aurait motive chez les
prouve suflisanuueut. Grec*

e mythe d«s Amazones. Leurs ews*


GUAPITRE XXI bals avec les Grtcs font le sujet des
chefs d a'u^re des sculpteurs les plu5
BPHBSB. renonmiés de la Grèce et de rAîiie;^^
j

dans cette
c'est surtout partie de riooM ,

La plus ancienne ville


et la métropole que la statuaire s'est plu à célébrer \m \

de l*Ionie. Éplicse. a bien souvent attiré hauts faits.


les regards des arcbéolouues et des voya- Le- Lcléireîî et Ips (^nrîens hahitaipol
geurs; mais l'état de bouleversement lorsque AndrocjW
le territoire d'I-^phese |

dans leffuel «e trouvent ses ruines, tm y conduisit deja ce Heu «i»


seé colons
;
i

monuments de tous les âges et de loua véniTé comme le centre d'un cnite très-
les cultes, formant d«s couHies super- répandu en Asie. Une statue de niai-«>
posées, ont offert assez de (liftiiultés qui p.iss.iit pour un préseul de Jupiter
pour aue l'étude de cette ville ait en- lui-mén»e (1), avait été consacrée
eore Maoin de nouvraus développe- TAmazone Smvrnâ , dans' un teinpie
ments. Les alterrissements et les mjjrnis rustique qui n^^éulr autire;qu*un UW»
formés par le Giiystre ont rendu ces d'arbre.
{tarages essentielleinent malsains, et les Les deux Amazones Smyrna et at-
builles dans les andena monumenH syrbéconnuIreotËphèse sur lesLvoieos
présenteraient les plus grands dangers. et les Lél^es, et donnèrent leur
On se troiiv? en outre privé d'un guide '

certaiu pour chercher dans ce labyrin* (0 Ad. Ajpeu., xil, 35.

Digitized by Google
ASIE MlffeURE. SIS

à la ville. Le cuite de Diane était déjà de richesses, dès lors les fonde-
et jeta
répandu paniii ces peuples lorsque les ments de cette grandeur et de cette ma-
Grecs arrivèrent; et Mlon Pausanias gnifloenee qu'on y vit dans la suite (I).
il éX.nX beaucoup plus ancien , car les Le territoire d'fl[)l)èse forme une
Amazones vinrent y sacrifier quand firande vallée, qui s'étend de l'est à
elies furent vaincues par Hercule (i). 'ouest j elle est parcourue dans toute
Le temple aelon PaiisanUis avait été sa longueur par le Caystre, qui entre
fondé par Crésus et Éphésus; ce der- dons la plaine par rnii<zle N. K. de la
nier avait donné son nom à la ville. Un vallée, tandis que l'angle S -K. est oc-
certain nombre de femmes de race ama- cupe par la j>etite montagne que les
lone le joignit aux Léléfies et aux Ca- Grecs appelaient Lépré. et plus tard
riens. Une partie de ces derniers fut Prion. Le mont Corissus ferme ta vallée
expulsée par Androclu«; l'autre, lui du côié du sud , et se prolonge à l'est
ayant promis ûilélilé, r^ta dans la ville. I'usqu*au mont Messogis. Du (ôté de
L'ancienne Êphèse, qui portait le 'ouest, la vallée firésente une large ou*
nom de Smyrne, était placée sur la verture,oùse développent aux regards la
pente du moiit Prion, dans un endroit mer de Samos^ les tlea, et les monta-
Donnné Traubéia, qui se trouvait voisin gnes de Claros.
du fiymnase. La ville qui fut fond^ Sur la rive droite du Caystre on voyait
par Androclus était près du temple de de vastes marais qui existent encore
.

ftlinerve et de la fonlnine Hypelee (2). atijourd'hui, et qu'on appelai» lesétanijs


Apres que les Epliesiens curent été Sélinusiens. Ces étangs produisireui de
mtnis aux roia de Lydie , la ville d*Ê* grands revenus au temple de Diane. 11
phèse fut encore déplacée. On la cons* en fut dépouillé par les rois de Per-
iruisit prés du temple de Diane, qui g.nme; mais Arléinidore, ayant été dé-
avait été bâti par les loaieus, c'est-à-dire puté à Rome, obtint du sénat la res-
dans la plaine, et non loin des rives du titution de ces privilèges en faveur du
Caystre. temple.
Vers la fin de la guerre du P( lopn- De cette immense ruine d'Éphèse il
nese, les généraux perses avaii nt établi ne reste aujourd'hui qu une chose c'est :

leur quartier général à Éplièse. et leur la ferme desetaugs du Caystre. La jetée


auite nonft)reuse de jeunes persans, ri- des Attales est a présent li^n avant
ches et aimant le plaisir et le f;iste, ré- dans les terres, par suite de ensahle- l

pandaient dans la ville le ^oùt des ment du port, qui se continue sans in-
mœurs asiatiques. Le jeune Cyrus était terruption depuis vingt siècles. Des
à Sardes, affichant un luxe éblouissant. barrages en rosenui mobiles sont instal-
I..es Grecs, soumis et traités avec dou- les à l'embouchure du fleuve et sont ,

ceur par les Perses, se laissaient aller ouverts à des époque?; dfterminées pour
à cette vie de mollesse. CVst en eet état donner pass^ige à des myriades de pois-
que Lysimdre trouva la ville J'Éplièse; sons, et surtout de mulets qui viennent
uand il vint comme amiral pour com- fraxer dans les eaux douces. On ferme
altre les Athéniens, il trouva la ville alors le barrage, et la pèche s'effectue:
très affeciiounée pour Sparte, mais Tes- on prépare la poutargue avec des œufs
f'mi guerrier miiiiqiiait aiiixfiSbitàtiTs H de mulet Cette ipét^ie'èst affri^ifiée
c< travaux publies étaTefit délaissés. quarante mille piastres au mttfzeilldi de
Ayant conduit sou armée à Épliès»*, il Scala ^ovn.
conmiauda qu'on y a>hcml>lât tons les Le changement notable qui sVst
«a a e.iux de charge, y Oi un arsenal pour opéré dans la figure des terrains^ offre
la construction (les galères, en' ouvrît b |>lus grande difliculté h l'bntfuuaire
jesporisaux m.irchands, en a!>ondonnà
W pinces publiques aux ouvriers, mit
'tous Ift' ârta éo mouvement ef en hon-
pour re<'0iistruire P. ncienne l''phèse,
ou plutôt une des villes de ce nom,
deplarée et reconstruite
car elle fut
neur, ef ^'6é*iiibyea il rém|»m Ift titlé ftisqu*d sept fois.I^s ruines dè lons les
1^ sont répandues dans Une vaMf
(i) PaïKanias liv. VII, ch. ».
(s) Slrabou , lif . XIV , p. 640. ^''(t) PluUrquc, vie de Lytandra»

Digitized by Google
314 L1IMVER&
étendue de terrain. Cellct Qui se reoon- la fontaine flalitée ou.HTP^Iée, use-
naissrnt le mieux , cl aussi les mieux rait beaucoup donner au hasai-d que dr
cuuservpfs, sont les iiuirailies de Lysi* la placer en cet endroit, d'autant plus
maque, que Ton |»eut suivre dans lUM qu elle pamtt avoir été voisine du tem>
longueur de pins de' doute cents mètres^ iile. Un chemin de ceinture taillé dans

sur l<i crête (lu Con^siis. ( *est à peili le roc conduit jus qu'aux crêtes du ('o-
près le seul reste de cette époque. rissus, qui sont couronnées de celte
Androclus ay.mt péri daas un com> magnifitiue muraille ouvrage du prince
iKit rontre les' Cn riens, son corps fut grec. Des tours rarrres flan ineiit de
rapport»' pnr l»s Kphp^iens, et enterré dis'anre en distance la murailie, dont'
dans le territoire d'IÉlphrse. Faus^nias l'appareil est t.tntôt en as^iises réglées,
décrit Si n tombeau , qui se voyafl en- lantitt en |iseudisodnmnn. On sait que
cre de son temps; il était situé sur le les Perses ont affeetiomié particulim«*
clieuun qui menait Hu temple de hi.ine nip.it ce L'enre d*appar il Les Unir^ ont
à celui de Jupiter O ympien, près de la des portes carrée», couronnée' par des
porte de Mii^nésit*. Or. ro'i nie la roule ardiil raves; les poternes >ont à double
directe entre f^; lièse et Ma^néiiie |Kirt baie; elles »ont en encorltellmient, af«
de ri«nj;le snd-rst de la ville, et passe ft'ciant la forme demi-circutaîra lfDn«
fur le mfuit ( orissus. c'est en cet en- qucp p.ir une li^nn droite.
droit (|u'il t'diit placer le tombeau d*An- Cette muraille .>'elend dans une lon-
dmelus. I« lempte do Jupiter Olympien auetirdedeux kilomètres en suivant les
n'ét'iit pas eloi:;né de TAgnra, lei|uel est crêtes de la monin<!ne; elle r**lie la
litué dans rupistlio-Upre. mont Prion nu mont Corissus dans la
partie est du gymnase. La plupart des
CHAPITRE XXTt. tours sont dans un bon état de ronser»
vation, et Tnpiiareil des murailles est
LSt MUaS 0£ LA VILLI. un des plus l>eaux expinpies de I archi-
tecture militaire de cette époque. La
Si Ton fommence h gravir le CorisaDt principale tour est d*une eonstrueiion
dans la partie sud-^si de la ville , on a solide et d'un a|tp.ireil qui ressemble à
devant soi un édincp c.irré, qui <lomine celui des munilles d'Assos; cette mu-
toute la valiez d'£plie>e ; c'est celui qui raille se perd en desi'endaut vers la
attire le plua les n^rds; ilest vulgaU plaine : il est proliable que les pierres
rrment c nnu sonalenom de Priston de ont été enlevées pour servir à des cons-
Saint-Paul, quoique ce soit uniquement tructions plus modernes.
une tour faisant partie du 5vsiënie de Les lialiitants d'f^phése ne s'empres-
aternt du Corissua. Toute fa eréte d^ saient pas de venir demeurer dans Vm-
la moittaeue est couronnée par Une lon- ceinte p'épnréf par Lysiniaque; ils pr^
gue muraille, d'une mn<.MHfiqiie cons- féri'ient rester dans In plaine nux envi-
truction en pierres <le taille. Ou recoii- rons du temple de Diane. I.vsiinaqne
n.'>.t dans cet ou^rD^e le nuir b.1ii par Usa d un stratafième, yrivemeut consi*
L>-simaqup« tor8qu*il réunii les habitants |né dans Strn bon il profita d'une pluia
:

d*fli>l»éve (I ms \u\i* S'Mile enceinte. n ^prse pi'Ur faire hou» lier les cpouls,
T e mur de ï.ysima |ue est fl uniué de de façon que la \ille fut complètement
distance en distance de tours et de |)0- inondée {\) \ comme il ne trouvait pas
ternes, dont rapp:irfil est d*uoe «*\eel- encore san enoeiatê de ville assez rem-
lente constriirtion Ce sont les carrières plie, T ysimaque dé(>eupla la villt- de
du mont D>rissus qui ont fouriii les LflH'du.s poor trmsporter les liabitanis
maiiriaux. Ils s'étendent de la partie à ^^plièse, dans tes nouveaux quartiers
ouOHt. dont je viens de |iarler, juscpi'au qu*il avait bâtis: aujourdliui fl ne resta
gymnase et au théâtre; c^est là « comme absolument rien de:* éJitlces de la villa
jé l'ai dit, que devait se trouver la j»orte preriftie : tou< les monuments qui exis*
de Maune.<>ie. Un
cours d'eau, qui est a teul datent de l'époque romaine.
sec pendant Télé, parait avoir servi à
aiimrnler un petit aqueduc. DansTigno- (s) StrslMn, XIYy dio.
ranœ où Ton eat sur rcinpiacenient^de

Digitized by Google
ASIE MINEimE. SIS

MONUMENTS ANTIQUES. porte es^ construite avec des pièces de


marhre qui ont appartenu à d*autres
triÈM moMAiin. édillces.
«:

Éphèsc était située près des monta- LE TBÉATIB.


gnes qui bonieiit la plaine au sud , et
renfwmiit dam sm muniHfs iHi»|Niriit Le Théâtre était placé au sud du
du mont Prion et du mont Corissus. St<ide; la «conservation de l'enceinie ré-
(!orissus est une chaîne élevée, qui servée aux sfiectateurs est coinpleie:
sVleud au nord a partir du mont Pac- le prosceiiiuiu n'est plus qu'un monceau
tTM , en t'afiprudiant du Prioii« rt ftil de deeombnn. Il était bili en itrands
ensuite uu cuude, d*oà il se prolonge à blocs de pierre de taille, réunis sans
Tonnsl vers la mer. ciment. Cette destructiom a été sans
Ville gre('(|ue fut Mtie par Lvsi- doute causée par q iduuf secousse de
nia(|up, qui y établit fin aéitai «t ràgla tremMemeni déterre. L/arebiieeiure du
son uouvenièinrni civil; mais anjour» Théâtre est purement roinai -e, on n*v
d'Iiui les ruines <pii extsteur appartieu- trouve aucun souvenir de l'art grec. Il
uent toutes à V\.p\\em riHiiaine. restede nombnjuses trace» de rest^iura^
Eli entrain deiis ta ville du rdiéd'Al»* lifina faiteB dans les
tempe de déeadcnee,
salon k , on aiMN^tit a gaortie un éaomm Cliandier cite une 4ttMriiition dans law
mrissif de ruines entourant un mame- quelle rarchitecte invite les spectateurs
lon; c'est la partie la mieux conservée à tenir compte de l'art qu'il a mis dans
de Taneienne sont toutes
Efiliêse. Ce réexécution de cette œuvre. -

eoostnietions romaines du premier et Il y avait longiemps que les jeux de

du second siècle de notre ère. le Slade, l'amphithéAtre étaient prohibés en Asie«


le Théâtre, lesTnermes« tous monu- quand les Théâtres et les Stades ét^iient
ment« dont la fondaiion remonte peut- encore fréquentes |)8r une foule im-
être à une ëpo {iie antérieure , mais oui, mense. \jà destniflUen d» cet éddioe,
r» faits fl rëp;irps successivement, n of- l'enlèvement des pierres et des K'^'idins
frent pas aujoura'bui de vestiges plus de marbre sont louvitijze des émirs
anciens. musulmans qui se sont établis à j^^piiese
et qui ont consiruli le ehitetn d'Aîaas»
CHAPITRE XXUL louk.
du Théâtre était un portique ou
Près
LE STAOl. promenoir public oui , selon le précepte
de Vitruve, devait aeenmpagt ur tout
Le Stade est supporté dans sa partie édifice de ce genre. La plnport despi^
droite fuir des fiub»ti uctions composées destaux sont encore en place.
de trrandes salles , qui ont sans doutn Dans Ti'xe du Stade, qui-est orienté de
servi à renfermer les nsrès nécessaires
Test à Touest, on voit une émlnenM
pour les )»^!ix. el formaient peut être les
qui a !iept ou huit nièimde hiulfur et
±± —
siabu/a où les ciievaux de course étaient
nefinses.
qui était entourée d'un mur en mnçon-
nerie. Le sommet, qui est de roc ou
l/intérieur du Stade présenta pis m revélu det^ros blocs de pierre, est aplani
de dispositions différentes des autres
hippodromes; Tarène est encon hrée
et prés*- n te une surface circulaire a»
tour de laqu»'lle sont des piédestaux aux
de débris; on ne voii aucuoe trac'e de nombre de douze. C.'et.ut sans doute un
b SpNia. Le edié iaudiedu monument petit temple aptère ou un autel de car-
était appuyé .«'Ur l.i niciit.isne dans le
,
rriour, comme on- en voyait dans l«e
m s if in^iiie ou est c<eii>ée la i-avea du villes anriennes: un es4*alier de mtrbfe
thétUre. \jis Kradiii^ étaient de mar-
eouduiiiait sur respUnade.
bra :ont été empKtyés dans ta cens*
ils
tructioiide la mosquée T/extremite ou
plutôt rentrée du Stade m'i se trouvaient
les cw ceres se termine par une arra<le
dsoBiftt entrée i un eseilier. Gslit

Digitized by Gopgle
«16 i;uMiVËas.
CHAPmLE XXIV. On peut supposer que «et aqueduc ap-
Eortait à Rplièse les eaux de la fontaine
LES TaBAMBS, LB GYMNASE. (alitée, mais il n'est pas le seul qui
approvisionnait llpliéae. Onoiwerve sur
liesportiques qui entouraient le la route de Seal^Nova un autre aque-
théâtre et le stade conduisaieiil aux duc , dont les conduits sont à fleur de
Thermes et à l'Agora. C'estau bout d'un terre et qui apportait sans doute a
de ces portiques qu*on voit les débris Éplièse Isa eaux u*Ortygie. Une autre
d*un grand temple d'ordre corinthien , partie d'aqueduc reste dans un vallon
il était prostyle et tétrastyle il a
: été a trois ki oinètres de distance d'Kphèse,
gravé dans l'ouvrage de Al/de Clioiseul. et est composée de deux étages d'arcades ;
Les grandes salles des thennts sont on y lisait une inscription qui lait cou-
aojourd*biH i ciel oavert : toutes les naît re que cet aqueduc fut dédié à Diane
voûtes sont tombées; cet fdilice était d'Kphèse, à l'empereur César A^l«^Mlste, à
construit en pierres de petit appareil Til>ere Ccsir, scm (ils, et au peuple d'É-
les murs étaient revêtus de siuc et de phe:»e : il lut construit par Hollion.

peintures ; non loin des thermes est un Les sépultures des Épliéf iens étaient
petit odéon dont il reste encore en plaee placées le lon<! duCorissus: ellescoosis-
quelques sièges, mais toute Tarcbiiectiife taient ()Our l.i plupart en sarcophages,
extérieure est détruite. dont on voit de nombreux vestiges, mais
Le gymnase, qui appartient aussi an aussi en hypogées creusées dans le flâne
groupe d'i dilices que nous avons décrits, de la mont 'gne; ce ne sont pas des
est, il est vrai, dépouillé de ses marbres chambres sepulcr.iles, ce sont de lon-
et de sesoroetnents d'architecture ; mais gues cases disposées de manière à y
Il présente un ensemble complet, vt peut glisser des cereueils; plusieurs de ees
naisser pour un des édifices de ce genre sépultures portent encore des ios*
les mieux conservés, f a décoration de criptions; elles sont très-voisines des
plusieurs salles eoosistait en peintures grands éditicc^s dont nous avons parlé,
anr le aloe; on an peut voir quelques et aontcomprisesdans Tenceintederan-
traeea, mais il était possible de discer- eietine ville.
ner encore quelques sujets lorsque les l,p mont Prion contient des carrières
voyageurs Cliandier et Uiisiiull ont de marbre i d'où turent tires les maté-
vinté ces ruines, ils ont remarqué plu* riaux qui ont servi i Temliellissement
sieurs torses de statue qui sont uujour- dÉphèse. Lorsque les Éphésiens sou-
d'iiui enlevés ou enfouis sous les décom- pèrcnt à construire le temple do Diane,
bres; tous ces édifices sont situés autour leur première pensée fut de luire \enir
du groupe du tbéâtreet du stade ; il y en des marbres deThasos, de Proconoése ou
a quelqnea-iniB appuyés sur la mon» de Paros; mais la dépense pour le trans-
tagne. port leur par<')iss;iitin(*a!eul:ihle Pour les
En suivant les traces d'une grande cnrrière.s du l'non, In prande distance où
rue bordée jadis de portiques on arrive elles se trouvaient de la ville, jointe à la
à un marais qui fut Jina partie du port difficulté des chemins, présentaien' un
d'KpIièse. Un peu plu-» loin est Tem- obstacle presque insnrfnonl^jhfe. Pen-
bouchure duCayslre;on voit une longue dant que h's Êphé^iens delihémient sur
jetée en maçoimerit* d uu bel appareil, cet objet, un berger faisait paître son
f«l fol aana donte Ja jetée du vol Atiala^ irottpNiu sur la montagne; dtuK liéHera
long de la montagne voisine sont luttaient entsemble, lorsque l'un d'eux,
1rs remises des anciennes galères et voulant !rap|)er son adversaire, alla
des barques de pécher lieurter avec sa corne le roclier voisin,
I/aquedue-eUJUicie céié opposé au dnnt il «e détaeha uu éelai*; e*élajtiui
château ; il part de ta moataicne, traverse marbre blanc d*une beauté iiicompa*
hi plaine à va jusqu'au mont
l'est, et rahle. Le bercer courut a la ville feire
Paclyas. Il est soutenu par un certain pari de cette découverte; il y fut ao*
nombre de plies earrées, construites euellfl- aeee dta^iFaui putts 4t joie<i 'Ot
aveed*anciens matériaux, parmi lesquels pooir le léeempenser les lvphétiiU*elN*>
aa trouvant de nnmbrsuses inseriptioua. fèrent son nom de IKudora en «alui

L.iyni^ed by Google
INEURE. 117

d*Evaog6lui. Des saerificM mentiieli gaine couverte par de nonhieuses ma-


ftiriol eâébrés sur le lieu inéme où cette mellcs, la téta était couronnée d'un
découverte avait été faite, et les magis- mo lius, les bras seuls étaient détachés
trats d'Épbèse éiaieut tenus d'y assis- du corps ; à droite et à gauche de la statue
ter(J). étaient deux fixures de cerf : ce symbole
Les carrières du mont Prion méritent est représenté tant de fbis sur las
d'être visitées: qwel(|iips-unes sont tnil- médailles antiques que l*on ne peut
lécs A ciel ouvert, d'autres sont creusées avoir aucun doute sur sa forme. Chacune
dans la mouLigne à une grande pro- de ses mains était soutenue par une
fooilcur; te toi est eouTert de recoupes barre de métal pour empêcher lastatue
de marbra* (|ui prouvent qu'elles ont été de vaciller. La déesse était couverte de
exploitées pendant un grand nombre vêtements somptueux, et devant elle
de siècles: on voit aux alentours plu- était suspendu un voile qui tombait du
fieurtbIociéqiiaRis, disposés poureira haut en bas deTeneeinte sacrée pour
eolevéï. dérober la statue aux regards du pu-
blic, excepté pendant la durée des cé-
CHAPITRE XXV. rémoniei.
LB TEMPLB. • Le premier temple de Diane fut un
tronc d'arbre , dans la cavité duquel la
Le culte d'Apollon et celui de Diane, statue fnt déposée ce sanctuaire date
:

dieux indigèoes de l'Asie, était pratiqué d'une époque inconnue; il fut recoos*
en lonie depuis les temps les plus reçu* truit jusqu'à sept fois (l).
les, et ces divinités avaient déjà des service religieux était fait par des
temples élevés en leur honneur long- prêtres tirés de divers pays, et qu'on ap-
temps avant Turrivée des colonies ionien- pelait megaloliizes, nom perse dont ou
oes sur ces odtes, c*e8l^diredans ledou- Ignore Tonidne. Ces piAvas étaient eu»
zième siècle avant notre ère. Déjà les nuques; ils étaient aâslstés dans le ser-
Amazones vinrent des rives du Ther- vice du temple par un collège de prê-
modon pour sacritier a Diaue d Kpliese tresses, jeunes ûlles appanenaut aux
dans son temple peu de temps après plus hautes familles et qui (blsaiffnt nn
avoir été vaincues par Hereule« ce qot de célibat ; elles passaient par toua de*
leporte cet événement aux premiers prés d'initiation avant d'arriver au titre
temps des Héraclides de Lydie (2). Le de iéréia , préirt sse en titre. A leur re-
tempte Alt bâti par Crésus êt Épliésus : traite, on leur assurait une peosioo et
ee dernier donna son nom à la Tille, elles jouissaient de certains pnvilégas, si
qui fut peuplée par un mélange de l'on en croit Strabon (2).
Léléges, de Cariens et d'Amazones. L e en II éi;e d p p ré resses survécu t à cet u i
t

1^ d^sse reinontiit à la
statue de la des mégalobizes : en effet, une inscription
plus haute antiquité. Leeonsul Mudaiius» de la 6n du premier siède prouve qu*A
qui avait écrit un Imité sur cette sta- Cette époque le colléj^e des prêtresses
tue, disait qu'elle était de bois de vipne ; existait encore; elle est ainsi conçue :
le sculpteur qui l'avait faite se nom- « Ln honiteur d'Ulpia Lvodia àlua-
I

mait Pandémius ; tl vivait avant que les diané, prétresse d'Artémis, Mto de Mw^
dieux Bacchu-S et. Minerve ne fussent dianus et d'Rvodia. petite-fille de Stra-
connus. On avait soin d'entretenir hu- I ton et de Dyonisius, famille de laquelle
midité du bois eu l'arrosant d'huile de sont issues des prétresses ei des ix)smé-
nard, au moyen de trous ereusés à cet tères, sceurd^Ulpia . Straton,oosmélère,
effet on von lait empêcher que les joints
: a fonctionné en exécutant les mystères
ne se désunissent. La forme de la statue et en f lisant tout les frais à l'aide de
était des plus rudimentaires; ellepas&ait ses parents. •
ehes le vulgaire pour Itre tombée du La cosmétère était sans doute la pré-
ciel ses pieds n*éiaieot pas séparés l'un
: tresse chargée de disposer les vêtements
de l'antre, le corps formait une sorte de et les ornements de iastatue. Lecosmé>

(i)Tilruve, iiv. X.cb. 7. (1) Uist. Au^ 78; JoriModiscb. Mb


(9) VMUiaiw, Uv. Tli, eh. «. («) Sirabon, XIT, 64«*

Digitized by Gopgle
SIS LtJKlVEHS.
.1

1ère SMm
«ttit chargé de la garde de dans celle œarrc par Métailiie, et ils
cesoriifinenll.1Ji)eauireiitscripiion,qui con:)lruisimii le lein|iied*orarr ionique,
ee trouve <'oiiipris« dans les matériaux de Puur le noiinlc celui qui c '(.stniisit le
Ta iueduc (ij. l ut mention d'un duua- nouveau temple, hirabon le nontme
trire, pereatde Ludus PlMCoiai Faustus, Cliiroerote ft Vilnive (1)1 )iooerate '3; :
ifm a iusttiué pour t'Ut le mois qui ils sont d'accord l uii t Tauiff puurdire

porte le nom de la déesse (2), une fête, que le iiu'me .\rdiiucle Mi t la \iiled' a-
iromuuAte el repos, oui a établi un cou- lexandried apre> l^'S ordre:» d Ale\ <ndre.
«•dn ea ItHHumMT 4 iiiits, qui a aug*
Arléii Afin d'éviter I « fiel des tremblfMieiits
lenté les prîK dans les jeux publit«, de terre, on clloi^il pour Femplaeetnent
qui a toujours consacré des sliilues eu du ltMij>le un temin mnreeai.'e»ix et au
I honneur ues vuiiii|ueurs. Mais tous ces lieu (i'uu l)é(on, ce qui eiU ete hieii pré-
honneur» «oui rendus a Diaue par des fëraWie, ou assit les fuiidaiious sur un
citoyens iMOfios. lit de charbon pili» rct'ou^eri de iicaux de
Il faut revenir à la construction du mouton. 1^ lon^Mieur de tout le teuiple
temple. Le premier éddire consacré a était de quatre t'eut viugi-cinq pieds, .sa
Diane par ies Lpliésieiis éuut un mouu- largeur de deux cent viu^^t. Les mlonnes,
mit e|ilHidî«le. 1^ rois de l'Asie et no* au nombre de cent vnif^tsept (sans
tamuient Crésus s'éraienl empre>ses d*y doute 1^8), présents d*autant de rois,
envoyer de* o.fraudes; mais nous avons étaient hautes de soivante pieds il
y :

pfU de reiiseiKneuieiits sur ce premi r en a\ait trente-six de sculptées dans


temple , qui fut loeendié par Érostrate toute la longueur du lût (9). Ce fut Piro*
le jour de la iiaissauce d'Alexandre le nius d*^lplièse et Déniétrius Miérodole
Grand; nous savons seulement que sou de Diane qui achevèrent rédifice, dont
premier nrchitecte se nouimaii Clier>i- la aiiislrucliou dura deux ceut vingt
pfarun et qu*il lutagniiidi parunautro années.
architecte. Tous les détails que nous Le temple étnit octostyle et diptère,
trouvons dans les écriv. lins romains sont cVst-à-dire (]u*it y avait huit colonnes
ldati£i à la construction de ce uuuveau de front et un double portique latéral:
temple, qui fut , eoninie Toa sait, classé voilà pouniuoi il r.illait alisolonieiit qu*!!
parmi les merveilles du moude. eût un uombre pair de colonnes.
Anrès I incendie du premier édince Pour élever à hnuieur d^œuvre les
les KphÀiiens se miieut sur-le champ à éuurmes pièces de marbre composant
Tœu^re pour eu un autre, plus bâtir Tenta ulenieiit, Cliersi^'hon employa un
maxnifiiue, à construction duquella moven tout pniiiiiif; il lit un plan in-
ils consacrèrent les ornements de leurs cliné, au moyen de sacs de sable qu*il
femm s, leur propre bien et le prix qui éle\a jusqu'à la iKiiiteur des culunnes.
leur revint de la vente des colonnes de Lorsque les pièces étaient parvenues à
raiieien temple. Alexandre étant venu -
leur place portées sur ces sars de sable,
à ^plièse proposa aux habitants de se il n'av.nt plus <prà les vider p iur qu*ei*
charger de la de|>eiise, à la condition les vinssent s\isseor sur l'assise,
d'être déclare fonUaicur du temple; les raconte que pour poser l'enarme
i'Iine
Èpilèiieiis ref»ér«iit , ai mi citoyen de ardiitrave qui couronnait la porte d*eii>
b %illedit a ce sujet : Il ne convient pas trée, un prodi;;e lut «iireesoire, Uiano
à un dieu de faire coustnùre des teiu- elle m^nic i*opera pend.mt le sommeil
pies pour les dieux. • de rarchitecte. et a hou réveil il trouva
* Oti
n'efli pis renais du nom det ar« b pierre eu place. Viiruve a reentil i la
diit'ctes qui ont eoueouru à rérei*tiuo méthode «uiployéa par rarchitecte Cté-
de l'un et de Tauire monument. Sira-
ton nomme le ptu^ ancien Uiersipliron,
Titrave le aouiiiie Ctési^ii \ il fut aidé viiruve, liv. IT. pntf.
(i )
'
• iMuiarque le iio«iinie Slasirrate. Eus-
(a)
(
i)
Yoy. Disc de TAiie Miaaiire, ia-fal., taihf. Duk e* : ou e»l cuttvcatt de I apiidcr
t. 11, •) DiMOorale.
(a) Le HMiii ArltSMNHft. 0) " I»»» et ao» fii Sê^,
{S) Suite, XIT, S40. flÛMé Kv. XUn, 14.

y , ,^ jd by Google
I

siplion (f)po*ir transporter de la cnr- d'^lplièse jouissait du droit d'asile :

lièrr à pied d*œuvre l«s énoniies maté- Alexandre étendit ce droit à un stade
riaui du trmple. Il ifsuite de ce t-ha- aux alentours Mithrid.de Pavait fixé
:

pitre i]\.e les colonnes de soixante p eds cl ilis'.mfc d une Ile» lie tirée d'un
I I

de lorii; étaient d'un seul morceau, tan- des coins du toit, ce qui faisait un peu
dis que cniles d'Apollon Didyiue soQt plus qu'uu stade. Marc-Ant<doe doubla
composm de tamonurs d^ ii'iarore. U la mesure de cette, distance , de sorte
eo est ainsi du ti inpte de Junon n Sa- qu'une p irtie de la villp y était aussi
mos, ce qui diminiin éuorintnienl la dif- comprise mn's celte extension du pri-
:

ficiiiie de coiiMruction. Cté:iiplioM avait vilège vaut paru dangereuse fut sup.
;

rrnfrrnué î>n enlontifs dans un diflssiè' primée par Auicuste.


de 1n^, C'tnnne le chemin îles Ctirr è- Maliirêlant de détails donnés par les
res îiu t- niple éfnit pnrf.nJpiiiont aphnii, hisioriens et les énormes dimensions
il ir.tv.tit |ihis qu'il le- f.iire rouler ccinne de cet é lilice, les vestiges oui tellement
les c\liii'tre:> qui servent à iiplanir le$ disparu que l'on en cherche vainemeut
«lirei. Les arcliiiraves etaieol eiivelop-' la trace ; aueun repère n'est donné |iour
pée> daiis des hM\s ou cases oylindn* être îiuidé dans ces ténèbres, et le ter-
que<i. e! roiilaienr de la rii^nie ni-tn ère. rain de la ville ayant été siiiKulièrement
Le leiiiple sVlexait sur un s«iub>ts>e* niodiliepar lesaliuvion.H, il arrive a quel*
ment de dix marrliesr au dessous ré« qnes observateurs ito eheitlier 1 etn-
gnnÎHit de vastes siniterrains, où étaient placeiiient dn rèdiOee là où jadis était
déposes Us trésors île (lfe>se et où
l.i , lajfkine. mer.
les familles dpp<isnieni lenr> (tlijets les
£lus précieux, comme dans un endroit CHAPITRE XXVL
ivkifable. Les portes étaient de bois de
cyprès ; Tan 75 deUi ln ère, lorsque Mu* SAIMT FAOL A BPBàSI.
fvauvts v\vit3ii Kplièse, elles pariMs>>aienl
comme neuves, quoiqu'elles durassent Le séjour de saint Paul à Ëphèse et
depuis près de quatre cents ans. Avant la lutte qu*il soutint contre les seetp-
de les p4tser ou avait eu soin de laisser teurs du culte de Diane sont sans
le Ix'is -érlier peudonr qu.iire .innées plus remarquables
contredit les faits les
p<ii;r qu'il ne conservât oul d hu- l
de rhi>ioire (te celte ville. Le gonver-
Qtidiie (2) Le plafond et la ch.irpente uement romain y était établi dans toute
élaîeut de bois de nedre» et les marclies la plénitude de sa puissance, et le culte
de resrali»'r rnndui>ant dans les coiu* de cette déesse, moitié grec moitié asia-
We> é' aient de bois de vi^ne. tirpie, attirait des %isitruf8 de tous les
l/auiel ét.iit presque entièrement rivages vuiMus.
rempli de sculptures de la main de Au tndjeu de ce grand concours des
Praxitèle (3) l^euples divers qui venaient â Êphèse,
Le périboîe du feniple, rnninie c( lui les uns pour iraliquer. les anties par
de Junon ;i S^mms (i;, tenferniail on devoiioo a Diane, se ir<»u\aieni qnel-
Siiid 11^11 •hri' de ï^alles, dans lesquelles 3ues juifs qui avaient reçu le haiitéme
ieiit tes tjilileaux les |>lu.s précieux: e Sîimt Jean- Bapiisieei qui pratiquaient
00 jr admirait un portiéit d'Alexandre un cliri.Niîauisine imparfait, (rest a ce
f
nr .A (irlN-^, î.es seii!|»tur»s snns nomhre mniOf-nt que Patil arriva* à Éplièse, et
âui décoraient les p<»rtiqucs, les idïiiin- avant réuni quelques-uns de ses dis-
esdeious lei princes de TAsie accu- ciples, il ne larda pas à reconnattre
molért en ee lieu- devaient former un t|U*ils étaient d'une fîrande ignorance
des plus heaux eiiseiid>lesquerimagiua- tout liant les m} stères de la foi /louvelle.
lion ptn'sse rè\er. Paul les liaptis.i au noinde Jésus-Christ,
Deja du temps des Amazones le temple et commença ses predicali(«iis dans la
synaKO^eue sans, que ces atsemlilêes de
(i) Vilnivr, liv.X, rh. nouveaux couverlis portassent osnbrsge
(•) «ne, liv. XVI, 39. à l'autorité lomaine. î.p sujet de ces
0) SiraUn, XIV, 641. ihstrufL'tions était toujours le même la :

a> id., 636. Rvelâlion d*un Dieu uiàque les ver^

Digitized by Google
tus que devaieot pratiquer lesoouveaux certain nombre qui faisaient profession
chrétiens. de christianisme, et qui , effrayés des
Les Grcies comme tes Juifs allsient anaihèiiies qui frappaient \êb pratiques
entendre la parole de TApôtre : un faraud de sorcellerie, portèrent eux-mêmes les
nombre d'entre eux se repentaient et se livres mystiques de ma^ie et de nécro-
convertissaient, et cette abjuration du mancie sur la place publique et les
mite des idoles produisait oans Épiièsa brdiérent en présence du peuple. On lit
une îtr.inde sensation. ensuite l'iiueniaire deslivres qui avaient
Paul fonda de la sorte une grande été brOlés: quelques-uns étaient rares
Église chrétienne; des prêtres furent et d'uu haut prix ; les manuscrits étaient
emiisis et institué par lui pour la sur- alors peu répandus, et ceux sut tout
feiller et la présider; cette Éghse ne qui eootenaient des doctrines secrètes:
resta pas circonscrite aux nuirs de la a.issi le montant de l'estimation s'é'eva-
fille; les Juifs et lesGenlds nouvellement t-il à cinquante mille pièces d'argent.

ioitiéirtaeodaiefit la doctrine de Jésus* Cet événement eut un grand rrtentisM-


Clirist d.ms toute la province dont ment dans ÉphèM»: c^elait uite preuve
fiphese était la métropole, et qui portait de la corni- linn des anciens agents de
par excellence le nom de province la sorcellerie et le triomphe de la parole
d*Asie. Sept Églises firent successive- de Paul.
ment fondées dans d*autres villes, et L*mtention de 1* Apôtre était de se
furent connues dans !e monde clirctien rendre à Homp, mais il resta encore à
sotis le nom des St^pl Kulises d'Asie, aux- É bèsp pei dant une saison. Il y avait
quelles it'adresse rAo;:ederApucalyp>e. un certain Démet rius, orfèvre, dont le
Paul prêcha dit la sorte pendant 'deui métier était de fabriquer de petites châs-
aimées couseeiitives, et le nombre de ses d'argent et des figures de Diat.e. et
ses disciples allait toujours s'au^^'oen- qui faisait dans ce commerce de grands
tant; c'e&t alors qu il parut duue du don béuelices. Un jour il assembla autour
des miracles. de lui tous les ouvriers de ta mime
La population d'flphèsc, haliituée de profession, et leur Ut entendre par ses
longue date aux pratiques de la masie, discours '|ue le> prédications de Paul
ne contesta pas le pouvoir de PApôtre, et ponaient un ^irand préjudice u leur com-
admit sar4e*cbamp qu*ane puissance merce. Ola n*a pM lieu seulement dans
surhumaine pouvait investir un homme Éphrse, leur dit-iK mais encore dans
de cette faculté surnaturelle. I^es Juits toute l'Asie il). C'éi lil en effet une ou- <

se rappelaient Moïse et Aaron devant les tnme dans les cérémonies païennes de
mafKielens de Pharaon, de sorte que ni faire des processions, dans lesquellf s on
Juifs ni Gentils ne trouvaient rien promenait en ville des temples portatifs
d'exorbitant dans le pouvoir de faire et des images des dieux. Au temple de
des miracles, et les mir.icles de Paul, Comana. ces processions «'appelaient
inspires par le Saini-Ksprit, élateut les sorties de la dresse
admis sans contestation. Pline dit que cet usage avait lieu à
Il y avait à l-lphese une riasse d'exnr- Cnide Ces cliAs«es portatives élaîpnt
cistesjuifs, qui s'occupaient spccialfiiient de bois, d'or ou d'orgent on en poitait
:

des prai iqiies di la ma^ie, malgré les lois dans ies camps l<ir>que les troupes S6
sévères qui les interdisaient. Ils avaient mettaient en campagne. La plupart des
imaginé d'invor]uer le nom de Jésus- pèlerins ()Ui venaient faire leurs ilévo-
Christ pour chasser le malin esprit, k-l ce tions a Diane d'KpIiese remportaient
la

nom était regarde comme un charme. 11 y dfs images de la déesse, dont la matière
avait dans ce nomi re sept fils de Scéva, variait depuis Tor jusqu'à la terre cuite :
Juif qui était chef des prêtres , dont les e*est ainsi que les Phocéens au mo-
pratiques d'exorcisme consistaient à in- menl de quitter leur patrie emporiéreiil '

voquer le maliu esprit au nom de Jésus. avec eux un simulacre d ^ la Diane ephé-
Oes fiiits étaient eonnns de tous; les tienne, qui fut eoniaeré à ManclUe (S).
Juifs et les Grecs qui habitaient la ville
en faisaient le sujet de leurs entretiens. (i) Aci., XIX,
Parmi ces exorcistes il y en avait un (a) Suaiwa, Uv. IV, tjy.

Digitized by Google
321

Ily tfait de plus le commerce des ex- tant ces paroles, et cnalt : (.rande est
veto, anathemaiay qui devait être con- la Diane des Kpliésiens. La ville était
sidérable, si nous eu jugeons par le pleine de tumulte et de coulusiun.
grand nombre de ees objets que Ton Deux hommes de Macédoine, Caïus et
rencontre constamment dans les fouilles Aristarchus, compagnons de Paul dans
faites autour des temples. Plus on nvan- ses voyages, furent entraînés au théâtre;
çait vers Torient, plus le goût de ces c'était dans renueiute de cet éditice que
âmulettw était répandu : m
difiérenta les populations dee villes
avaient coutume de s*assemljler ; le
grecques
caltes de rinde en fabrignent à profu-
aion, et le bouddbiinie chinois en inonde théâtre n'était pas uniquement réservé
Tonivers. aux représentatious scéniques : nous en
Les grandes fêtes de Diane avaient voyons un grand nombre d*exemples
lieu pendant le mois qui portait son noflly dans les auteurs.
le mois d'Artémisius. Tous les travaux Paul voulait suivre et se présenter au
étaient suspendus, et lé peuple se livrait peuple ; mais ses disciples l'eu dissua-
à des fêles et à des bamjuets dont les dèrent, et quelques-uns des asiarques,
frais étaient faits par des citoyens opu- qui étaient de aes amb, l'envoyèrent
lents. Plusieurs inscriptions que nous prier de ne pas se présenter au théâtre.
avons rapportées mentionnent des fon- La foule continuait a crier, sans trop
dations semblables ees pane^yries con-
: savoir ce qu'elle voulait; les uus demau-
oonliient avec de grands mafcbés, daient une diose, les autres une autre.
comme les foires modernes concordent Alors Alexandre voulut se justiOer de-
avec les fêtes patronales. Les Lydiens vant le peuple ; mais quand ils eurent
cUantaieut des liymueseu riionneur de recoituu uu'il était Juif, ils se mirent à
la déesse ; tous les jongleurs, les magi- crier pendant deux heures : Grande est
ciens et les exorcistes de TAsie se ren- la Diane des Éphésiens. Alors apparut
contraient dans ces réunions , qui de- le greffier de la ville, le grammateus,
vaient jirésenter le tableau le plus-varie. magistrat attaché au temple , qui tenta
Le mm d*Aitéiiffshi8 correspondait à de calmer la foule , et par conséquent
la saison du printemps toute la ville
: parla dans le même sens que les plus
était jonchée (le Meurs; les magistrats grands crieurs. Citoyens d'Ephèse, leur
nommes cosmelere el néocore étaient dit-il y a t-il quelqu'un qui ne. sache
,

chargés, sous la présidence de Tasiarque pas que la ville d'Éphèse rend tra culte
d'organiser ces cérémonies. Lea courses particulier à la grande Diane, dont l'i-
du st.'ide et les représentations scéniques mage est tombée de^ mnin.s de .Iu[nter?
formaient des intermèdes, où le peuple Puisqu'on ne peut nier cela , vous devez
se précipitait avec avidité. C'était contre demeurer eu paix et ne rien faire incon-
toutes ces cérémonies que toooait sidérément, hommes que vous avez
l'Apôtre des Gentils et c'était pour les
, amenés ici ne sont ni des voleurs ni des
soutenir que Démétrius assemblait ses blasphémateurs de votre déesse. Si l)é-
ouvriers et ses confrères ; le commerce métrius et tous ceux qui sont avec lui
de Démétrins et des autres orfèvres de- ont quelque plainte à faire, les tribu-
vait être d*une certaine importance et , naux sont là pour recevoir leurs plaintes;
les prédictions de Paul étaient de nature mais il faut que tout cela se passe lé-
a les mquiéter. galement. Ces parole:» apaisereut le
Paul disait au peuple : Ce ne sont pas tumulte ; peu de temps après, Paul prit
dei diem, ces idoles que vous feites de con^e de ses disciples, et partit pour la
vos propres mains ; et Démétrins ajoutait Macédoine.
pour ameuter les ouvrier-s contre Teo- Ce passage des Actes des apôtres nous
nenii de leur enlte : Ge m'est paa seule* représente au naturel une és ces émo-
ment votre industrie qui est en péril, tions populaires qui se renouvelait
c'est le temple de la grande déesse si fréquemment dans les villes grecques;

Diane qui est tourne en mépris; celle et le lieu de la scène est tellement d'ac-
<|ai est adorée dans toute l'Asie verra cord avec les faits mentionnés dans le
sa magnificence foulée aux pieds et son récit, qu*on est saisi du caractère de
cuâle aboli. La foule 8*ag»tait en éeoa* vérité en même temps que d*exactitude

lt« livraimm. (Asn Mimtfii* T. II. 9t

Digitized by Google
m L*UNIVERS.
qu'il présente. Pas un des pi rsoiinDLit's il s'empara de toutes les richesses con-

qui sont en scène n'y .ipparaît hors de tenues dans l'opisthodome, et les fit
propos tous les magistrats qui parlent
: transporter à Rome. Cet eseinple fîit
sont bien, comme on dit aujourd'hui, fatal au temple d'Éphèse. Les Scythes
dans l'exercice de leurs fonctions. le pillèrent en 203. les Gotlis ûrent ;ine
L'orfèvre Démétrius^ à la tète de iîes irruption eu iuuie sous le règne de Gai-
ouvriers, mène rémaittt. Les anarques, lien, et le temple fut ravagé.
M magistrats éleetifii, dont les fonc-
tions étaient toutes iriunicipalcs font ,
Lorsque la religion chrétienne eut
été proclamée religion de l'empire, tous
dire secrètement a Paul de ne pas se les temples du paganisme, abandonnés
mêler dans le tumulte: ils sont loin de sans entretien tombèrent peu a peu en
.

lui être hostiles ; peut-être parmi eui y ruine. Le temple d'Êphèie était paitiea-
aTait*il quel'jues chrétiens. Enfin parait lièrement odieoi ans chrétiens, car
le 2r»'ffipr de la ville ; c'est encore un c'est là qu'ils avaient rencontre la plus
nn;ji.siral que nous retrouvons men- vive opposition de la part des prêtres;
tionné dans une foule d'inscriptions aussi aès qu'il fui permis de de^nolir
grecques. La charge de fframmateus les édifices de l'ancien culte pour s'en
était ctninenle, elle se cumulait dans approprier les matériaux tout ce qui
,

les temples de Diane avec celle de put être enlevé, colonnes, statues, dallet
{;rand prètre (1). grammateus apaise de marbre, fut arrache pour être employé
e tumulte , et menace les récalcitrants aux usages civils; les empereurs eui>
de les traduire devant les tribunaux : mêmes donnaient rexemple, et Cons-
c'est ainsi que
finit cette sédition, basée tantin faisait main basse sur toutes les
sur une accusation f:rave, udc atteinte œuvres d'art de l'Asie pour orner sa
portée à l<i majesté de la Diane Éphé- capitale. Lorsque Justioien Ut coo«*
sienne. C'était le premier symptôme truire Saime-Sophie, Éphèse fut comme
de réaction contre le paganisme, qui de- une carrière ou Ton trouva des maté-
vait cepetid.iiit durer encore pendant riaux tout prêts ; les douze colonnes de
plusieurs siècles. marbre vert qui décorent la nef de
Sainte-Sophie lurent prises au temple
CHAPITRE XXVIL d'Êphèse; mais d'après leur dimension
elles ue pouvaient appartenir qu'au pé*
DBSTBUCTIOEI OU TBMP|.B. ribolc les colonnes au grand temple,
;

de soixante pieds de haut, ue pouvaient


Dans le second siècle de notre ère. dire transportées qu'en moiceaux.
malgré les assauts que le polythéisme Tant de treadHeoMBla de terre ont
avait reçus de In p;irt des chrétiens, le ravagé ces contrées, depuis que ^hl^t^l^f
temple d'I-^phcse t;t;iir encore le centre a cesse d'enrejiistrer les annales des
reli^;ieux le j lus fréquenté de l'Asie. Un villes! on peut imaginer que la ^pleu•
sophiste nommé Oamianus fit faire un dide construction die Dioocrate a sabi
portique de marbre, qui conduisait de le même sort que le temple voisin, des
Ta portf de Macncsie nn temple il avait : Brachydes et le voisinage de la mor a
,

un stade de long a partir de cette porte. favorise l'enlèvement des maleriaui ;

Le même citoyen fit construire une salle peut-être mime, par esprit de réadlsa
pour les banquets qui devaient se don- contre Pancien culte, le vieux temple
ner dans le temple ; elle était d'une rare a t-il été démoli à dessein jusqu'en SCS
mafïnifieence et les murs étaient re-
, dermers fondements.
vêtus de dalles de marbre de Phrygie ou
de Synnada, qui était encore un grande CHAPITRE XXVUL
rareté à cette |)uque(3). <

Néron i; imita pas s<'S prédécesseurs LES TUmCS A iPBitSB.


dans le respect dU à la Diane Éphesienne ;
Les Turc:> maîtres d'Kphese ont SNMR
(i) Voy.Ducrip. de l'As. Min. iQ-f^,tin, emplo\ é une grande quantité de maté-
p. 95. riaux de marbre. C« nVst pas moins
(a) t'^lostmit!, y ie dea toplmiei. une chose curieuse et inexplicidde, que

uiyiiized by Google
ASIK MINEURE. S38

|p plus célèbre moDument de l'Asie ait lares fut réduit en cendres. Rarasupasi
disparu au poiot qu'on ue peut incnie eu s étant relire dans la citadelle en soutint
retrouver la place. le siège jusqu'en automne; mais ue |)0U-
F.phèse était une ville trop considé vant être secouru par son fils, il se ren-
rible pour n'être pas expo<;ée à son du à Mentesché, qui remit le pays d'É-
tour aux ravages des inaliométaus. Anne phèse à Amir, et fit enfermer dans le
ComiièDe rapportequelesinfidèless'étant château de Mamalus, sur les cdtea de
rendua les maîtres d'i^^phese, sous le C'irie . Karusapnsi et ses principaux
,

rèfrne de son père Alexis, il y envoya officiers . Alors Djounéid partit de


Jean Diicns, son beau -père , qui déilil Smyroe avec une galère, et fit savoir a
Tansriperme et Maraee, fiéninm dm aon père son arrivée à Mamalus. Les
mabométans. La bataille se donna dans prisonniers firent tant boire leurs aar-
la plaine ati dessotis de la citadelle: ce des, qu'ils les enivrèrent; et, profilant
qui fait connaître que la plus belle de celte ruse, ils descendirent aver des
partie de la déjà détruite
ville était cordes, et se sauvèrent a Smyrne. Au
alors. Las chrétiens eurent tout l'avan- edmmencement de l'hiver, ils entrtpri-
tajçe on
: fit deux mille prisonniers ; le rent le siciie d'I-'phèse Amir, à son tour,
gouvernement de la place fut donne à se relira dans la citadelle. La ville fut
Petzeas. 11 y a apparence que la cita- livrée aux soldats; on y commit toutes
delle dont parle Comnène était rancien aortes de crimes et de cruautés. Au mi*
ehâteau de marbre, abandoniu Théo- lieu de tant de malheurs, Djounéid se
dore Lascaris se rendit le maître d'É- réconcilia avec Amir. et lui donna sa
phése, eo 1 206. Les mabometans y re- fille eo mariage. Éphese ensuite tomba
vinrent sous Andronie Paléologoe, qoi entre les maiiiade Mabomet I , qui, ayant
commença à réKiier en 1 S83. Mentesché, vaincu tous ses frères, et tous les prin-
un de leurs princes, con(juit toute la ces mahométans (jui l'embarrassaient
Cane ; et Amir, ûis d'Asin , prince de resta paisible possesseur de 1 empire.
Smyme, lui succéda. Timour, après la Depuis ce temps Éphèse est restée aux
bataille d'Angora , ordonna a tous les Turcs ; son commerce a été transporté
petits priiiees d'Anatolie, de le venir à Srnv rne et à Scnla->ova
joindre a Énhese, et s'occupa pendant L'égliî»e de Saint-Jean, biitie par Jus»
un mois à taire piller la ville et les en- tinien, n'était pas dans l'enceinte d'É*
virons. Après le départ de ce conqué> pbèse; Procope(l)eo détermine rem-
ranl Djonneid, grand capitaine turc,
,
placement sur une colline en face de la
fils de Karasupasi qui avait été gouver-
,
ville, e'est-à dire sur la eolline d'Aïa-
neur de Sinyrne sous Bayazid , dé- salouk, ou sur celle de la mosquée. « 11
clara la guerre aux enfants d'Asin , qui y avait en faee d'Éphèaa une colline
s'étaient venus établir a Épltese. Il ra- abrupte dont le sol était rocailleux, et si
vaLMM d abord la campagne a la téte de stérile qu'il ne portait aucun fruit les
cmq cents hommes; ensuite il se pré- habitants v avaient autrefois bâti une
senta devant la citadelle avec un plus église en l*honneur de Saint-Jean Ta-
grand nombre de troupes, et l'emporta pôtre, surnommé le Théologien. Cette
facilement; mais, quelque temps après, église était trop petite et presrpie ruinée
UQ autre ûls d Asin, qui s'appelait par le temps; Justinien Ta fait abattre
Amlr, du même nom qne son frère, entièrement pour en élever une autre,*
qui venait de mourir, se joignit à Men« qui est si grande et si masnifique qu'elle
tes<"he, prince de Carie qui rarronipa-
. pent /'fre comparée à celle qu'il avait
gna à Èphèse avec une année de dix bltie auparavant à Constantinople an
mille hommes. Rarasupasi, père de l'honneur de tous les apôtrea. »
Djounéid , commandait oans la ville où
ce même Djounéid . (ftii était dans
Dt Y.di. P*.
(x) JEd\fiem, ttv.
Snnrne, n'avait laisse (|iie irois mille
honniies. Malgré la vigoureuse défense
des Éphésiens, les assiégeants nodrent le
feu à la ville, et dans deux jours tout
ce qui était écUappé a la fureur des Tar-

Digm^LU Google
«24 L*UinVERS.
CUAPITAE XXIX. culaire. Cette tour, enclavée des deux
côtés dans la muraille, iiînit tmà»- I

BUINBS DE FTakLB; lliâPOLIS. ment partie du rempart. Il faudrait rt-


cherctîer l'emplacement du templt de
En sortant de la ville d'I^^phèse pour Diane Munychie(l) sur l'esplanade for-

se rendre a Scala-?iova , la route louse mant le point culminant de la ville, d


Tembouchure du Caystre et la jetée où Ton trouve de nombrrax débris de I

d'Attale ; elle tourne eusuiteMlllMl, nui poteries et de tuiles ayant appartenu à


quitter le bord de la mer. des édifices publics. L'étendue de celU-
Le Caystre se partage eu deux braa- ville ne peut être bieu appréciée, parce
ebes pour lortlr oe la maîne d^Êphése : que la coUioe où sont les mines actael-

Tune au nord , près des étangs sélinu- les est prolongée par la grande route
siens, et l'autre au sud , vers les collines de Smyrne Scala-ISova, et que tous
;i

du Corissus. Celle-ci ne peut*éUre tra- les abords en ont été bouleverses. De


ersée a gue i il y a un bec. l'autre côté de la route, on trouve aussi
Le fleuve eet enes près des montagnei quelques débris de poteries; nMÎsilB*^
pour que passage entre la rive et ise
le a pas de constructions hors de terre.
roches offre quelques difficultés ; on se Pygèle fut fondée par quelques compa-
trouv e ensuite sur uoe grande plage, qui gnons d'A^amemnou, qui fureot obli-
va jusqu'à la mer. La route se dirige gés, à la suite d'une maladie eoatneléi
vers le sud jusqu'aux montagnes qui dans une longue navigation, dedsKcs*
sont les derniers contre forts du mont dre à terre, et y fondèrent une ville.
Corissus. On fait une demi- lieue sur Agamemnou consacra uu temple a ,

le sable. Le pays est complètement Diane Muuychie (2).


aride et désert. Après avoir fiât une Pjrgèle n'ayant pas de port B*a fMi
lieue environ, on entre dans une vallée tardé ù être abandonnée, et sa popula-
parallèle à la mer. On rencontre là tion a été alworbée par Épbèse et .Nea-
quelques ruines. Uu grand aqueduc, polis.
dont la prise d'eau est ignorée, longe Ce territoire est encore, eooiiiieéi
le flanc de la montagne. A gauche, il temps de Dioscoride, célèbre parla qui-
se sépare en deux branches ; l'une d'elles lité de son vin (3).
traverse la route sur un mur fort épais A une lieue plus loin on descewi , .

et d'assez mauvaise construction. On sur le bord de la mer, et ou arrite I

a employé, dans la partie supérieure, bientôt à Scala-Nova, l'aneienoe Nca*


de vieux tuyaux de terre engorgés par polis.
le dépôt des eaux Celte brnnche four- ISéapolis était une ville qui apparte-
nissait de l'eau a la ville, dont on voit nait d'abord aux Éphésiens, mais qu'il»
les vestiges , que Ton regarde comme échangèrent avec les Samiens, cootteli
ceux deraneiennePygèle. ville de Marathésium Néapolis est re-
:

Il y a en avant dans la mer un petit présentée par la ville rooderœ de SeaU


cap, qui peut avoir formé jadis un port, Nova.
et quelques constructions byzantines Située au fond d'une baie et abrités
qui ont appartenu sans doute à des re- par un tlot qui forme un excellent aïoQU*
mises de galères mais sur le continent
; lage, Scala-Nova a hérité de tout le
les ruines de la ville grecque sont plus commerce de la ente. L'île voisine est
considérables. On aperçoit une grande appelée par les J urcs t ouch ada
portion de mur longeant la mer et tour- rhe de l'oiseau : c'est a ussi le nom de b I

nant à anale dr<rit vers Test. Ce mur ville. Les fortifications ne sont pas id;
est en gros dIocs de marbre blanc à bos- ciennes c'est une simple muraille, qui
:

sages et a certainement appartenu a la


, va se rattacher à un château bâti sur
ville grecque. 11 est fondé sur le rocher, le cap qui ferme la baie du côte du sud.
et Ton peut suivre ses contours pendant
plusieurs centaines de pas, jusqu'à une (i) StrdboB, Kv.XIV, p. 6*9.
grosse tour qui formait l'angle nord est, (a) Strabou , XIT» 6Sa PKaa, lib. T,S9
et au'un antiquaire allemand a con- Mêla, iiv. I, 17.
fondue avec les ruiues d'un temple cir- (3) Dioscoride, liv. V, <a.

uiyitized by Google
ASIE MII«£UR£. U6
Les maisoDss^élèventen amphithéâtre de la vallée ap-
tes parts et les tsrres
^t font face à In mer : la population partiennent à un monastère grec. DeOx
grecque y est nombreuse et habite le
, ou trois caioyers nous reçoivent à la
baut quartier. Elle a une église assez descente de cheval, et nous apportent
entretenue qui est dédiée à Saint-
liieii des fleurs et des fruits. On appelle ce
Georges. Les juifs sont nombreux et lieu Dermen-^M-êi (la Vallée du
dans Vaisance ce sont les courtiers de
: Moulin).
tous les capitaines qui viennent à Scala- Kn s'enfonçant plus avant dans la
Nova charger dn vin , de Thuile et des gorge* on aperçoit une église rustique
figues. Autrefois ce commerce était in- récejnment construite, lin moulin à
terdit à la ville de Sraln-!Vova j)our ne,
enu fait entendre son bruit monotone :

pas nuire à celui de Sinyrue. Les compa- on se croirait dans quelque vallée de la
gnies commerciales du Levant y entrete« Sviiae. Le torrent qni descend de la
raient cependant des agents consulaires; montagne roule avec fracas au milieu
ils réclamèrent près de la sultane Validé, des débris des rochers, parmi lesquels
qui avait Scala-Nova dans son apanage, on remarque d'énormes blocs grossière-
et la ville fbt autorisée à trafiquer de ment éqoarris. En effet, la profondeur
quelques articles, teisque fèves, haricots, du vallon a été autrefois occupée par
peaux brutes, que déoaignait Smyrne : une construrtion dont il reste des ves-
voilà comment les Turcs savaient en- tijjes imposants ; ce sont trois assises de
eourager le oommeroe. pierre de taille oo plutdl de fragments
de rocher qui formaient sans doute les
CHAPITIΠXXX. fondations d'tme grotte ou d'un nym-
Ebée. On voit encore une partie circu-
OBTYOIB BT QUBI.Q1IBS LTBDX iUI«i* ilre qui terminait le fond du nymphée.
HBLLÉRIQirBS DB LA CÔTB D'IONIB. Les eau\ passaient sans doute par
quelque issue souterraine aujourd'hui
Quelques habitants de la Scala-Nova détruite. Ce qui reste de cet édifice
ni*avaient informé ou'il existe* non rappelle les plus anciennes constructions
loin de cette ville, aes ruines remar- des premiers Grecs. Près de l'église,
quables vers lesquelles nul vova^reur on voit une colonne de granit qui ap-
n'a encore dirigé ses pas. Le .> juin, j'or- partient évidemment uneépoque moins
.i

ganisai mie earavane pour aller les oh- ancienne; en efifet, les caloyers l'ont
server. trouvée sur la partie supérieure de la
Nous suivons d'abord la route de montagne, et l'ont roulée jusque-là.
Seukié; au bout d'une demi-heun\ uous l-es trois assises de pierre reposent
tournons au nord, et nous li jucliissuns sur un soubassement en saillie d'en-
plusieurs collines asseiE hien cdltivées, viron 9 mètres et de même eonstruetion.
et pour la plupart couvertes de vignes. C'est là tout ce qui reste de cet antique
Tout ce pays est aareiiblement roupe. édifice. Il paraît que dès les premiers
Nous entrons ensuite dans une grande temps du christianisme quelque ana-
vallée, qui a son embouchure dans la chorète vint habiter ces lieux, et y vécut
mer «le Samos, précisément on face de en paix. C
est du moins ce que men-
l'île Olle vallée est arrosée par une tionne l'inscription placée sur la porte
petite rivière; sur le ilanc est s'ouvre de i'eglise, qui fut bâtie eu 337 , re-
une gorge de rochers trts-plttoresques. construite en 1813:
On ajtprroit des fabriques nouvelle* Due antre inscription, plus loogiie«
ment hàties ; de gros noyers et d'énor- mentionne les restaurations qui ont été
mes platanes forment des masses de faites recemmenL Au-dessusde la porte
verdure au milieu desquels s*élèvent, on lit!
à droite et à gauche, des groupes
de peupliers: les rochers taillés à pic Celle é(jli84>, ensevelie sous terre depuis plu-
sieurs années, « été découverte et déblayée
semblent défendre rentrée du val- par an homm àUMtlta d'un ^.ongB
lon : on ne saurait voir d'endroit plus qu'il «dl en tnif. et dam leqœt lui apparut
sauvage , plus frais et plus agréable. encemi'TTif iTnlinil l iMère ile Difu.
Elle a ele rebâtie depuis Wn luudeinenl» t-ous
Les eoostnictions qui s'élèvent de tou- nnspeelkn et ladlredlOQ da vénérable év«qw

Digitized by Google
rnailrc <!« la ^^lurce, îïux frais ot par ïp ^»'- ouvrages modernes. On y voit Latone
t;oiir> (le pit'iix soiisciipl«'ur> v\ si»us If s or-
tenant un sceptre, et Ortyiie , près d'elle,
dres d'AntlivMius. Uls de Brut'ih? Célèbre
parmi les moines (de aMHUtflère ). œ un enfant dans chaque main (1)
A ceux approchCCOOt aVflC piété OD
<|ni « On célèbre tous les uns à Ortygie
romt-i dcs ànw et des corps.
iU-Vw r.tiice
]
i.-i

Mois de février 18U.


une féte ; la jeunesse, par un usage par-
ticulier, se pique surtout d'y domi r
En remontant le coarsdu torrent, on des repas ma^nilifiues. Le collège de.s
trouve sauclip une route taillée dans
II Curetés donne aussi des repas, et célèbre
le rue au nulieu ûes broussailles, qui aussi quelques sacrifices secrets. »
conduit à une grotte profonde d^DÙ Il ne reste plus rien de tous ces édifi-

e'échappif une source abondante. Une ces ; seulement on voit près de la porte
partie de In izrotte n et«'> excavée de main du monastère un débris de cvniaise de
d^hoinme ^ et sur le Uanc du rocher style grec parfaitement sculpte, et orné
s'ouvre un conduit d*aquedu(* qui re- d*une téte de lion presque brisée.
cevait la majeure partie des eaux de la Toute la topographie correspond par
source. Os eaux étaient portées à Kphèse faitement à la description de Strc«t)on.
par le ^rand aqueduc, (\u\ suit la si- Le ruisseau est le Cenchrius. Il va se
nuosité des uioutagues , et dont nous mer eu face de Samos. I^
jeter dans la
avons observé les débris dans la vallée montagne qui domine est le mont Sol-
de Pygèle. Depaii la firiie d*eaujtis(|tt*à missus. En ligne droite, ce lieu n'ost
Épliese lesHHux parcouraient uu espace
,
pas éloigné d'un n»yriamètre de la nier
de 5 tnyn.imetres, toujours soutenues d'hphese, et dans l'antiquité il portait
a 36 où 40 mètres au-dessus du niveau une partie de ses eaux à cette capitale.
de la mer.
11 ne reste aucun document qui puisse CHAPITRE XXXI.
apprendre quel était le nom de ce lieu
dans l'antiquité; mais la description* de CHATKAU DE XIGHAKIA-ALT.
la côte par Strabon contient le nom d'un
endroit qui n'a pas encore été déterminé, Pendant que nous prenions que!qu»»s
£arce qu'on Ta toujours ebercbé sur le rafraîchissements sous une treUle du
ord de la mer. monastère, un paysan s'approcha de
Le géograplie grec s'exprimeainsi (1 ) :
moi, et me dit qu'il connaissait dans
« Sur cette côte et un peu au-dessus le voisinage un ancien château qui n'a-
vait jamais été visité par des etrangerj:.
de la mer est Ortygie: c'est un bois
magnifique planté de toutes l'spèces d'ar- Apres quelques (Questions qui me lireut
bres, mais priucipalemeot de cyprès. penser qu'il s'agissait d'an ouvrage an-
tique, nous montâmes à cheval, et, fran-
U est traversé par le Genchrius , dans
lequel, dit-on , Latone se lava après ses chissant la iiiotitaynequi s'élève au sud,
couches. " Or, c'est dans ces lieux que nous imrchâines peiid iut trois ijuarls
la fable place l'accouchemerit de celte
d'heure vers le sud-est par des chtuiius
déesse, Taotre où cet accouchement eut presque impraticables; enfin nous ar-
rivàuies au pied d'un pic isolé et aride,
lieu , la nourrice des enfants ( nommée
Ortygie), et Tolivier à Pombre duquel sur les flancs duquel on aperçoit encore
Latone se reposa après le travail de des restes de construcliou grecuue.
reutantement. Au-dessus de ce bois est Une portion de murailles en gros blocs
le mont Solmissus , où Ton dit que les de pierre à bossage joint deux parties
Curètes étourdirent par le bruit de leurs de rocher, et forme au pied du jic
armes Junon, qui épiait par jalousie les une sorte d*enceiute, dans l'intérieur
couches de Latone, et par ce moyen de laquelle se trouve uu fragment de
parvinrent à les lui cacher. Il y a dans rocher qui a été taillé en escalier. Cest
ces lieux plusieurs temples, les uns an- par là que Ton monte à la partie stt«
ciens, les autres construits plus tard. périeure du pic. Il se divise en deux
Dans les premiers se trouvent d'antiques (lointes couronnées par des plates-lor-

Statues de bois; dans les derniers, des


(i)Toy. les médaillM de Biagoétie mm
fi)Ur. XIV, p. 6Î9. .
'e Métndre.

Diyiiized by Google
ASIE MINEURE
iiMi.l/esca]îer a environ quarante mar- b
volonté aux habitants de vllled*Uélioe,
ches. La plate-fnrmp inférieure n'offre en Aehaïe ). I

rien de remarquable. La plate-forme Tous les aus les députes de la cou-


supérieure, à laquelle ou arrivu avec fédération se réunissaient au Panionium,
assez de peine , à cause d*une ooupure et y discutaient les intérêts généraux de
naturelle du roeher, esi environnée [);ir rionie (2).
une construction. La muraille enlour.iit Ku sortant de la ville, je gagnai le
tout le sonmiet, et forme daus la parlie bord de la iuerdaus le golfe de Samos,
nord une es(>èce de tour circulaire, au et je marchai longtemps sur le sable,
milieu de laquelle se trouve une exca- qui en cet endroit était alors fin et
vation assez profonde , taillée dans le brûlant, .l'apercevais au loin une grande
rocher. Était-ce tout siuiplenieut une fouie sur le rivage, et Je m'avançais
eiteme ou le puits de quelque oracle ? tranquillement, suivi du oawas Mébé-
Cette ncavation est presque carrée. met. lorsque cette foule se mi? à pous-
La plate-forme supérieure n'a pas plus ser de grands cris, qui ne m'arrêtèrent
de aix mètres eu tous sens. Lorsqu uu nas , car je n'eu connaissais pas le but.
est sur le sommet, on distingue fort Ifoui hâtâmes au contraire le pas do
bien trois lignes de fortifications qui nos chevaux et nous nous trouvâmes
,

faisaient dece rocher un château presque au milieu d'une troupe nombreuse de


imprenable. Il ne redite aucuue ins- femmes , les unes à moitié habillées , et
cripdon ni aucun fragment d*arcliitec- les autres eomplélemeot nues. Il y en
ture. Toute cette ruine parait dater de avait de Juives, d'Arméniennes et de
la plus haute antiquité. Les bergers ap- Tur(|ues. Méhémet, s'apercevant du
pellent ce château Ticbakir-Aly. I^ous desordre que nous apportions, voulait
retournâmes k Seala-Kova en suivant la rebrousser ebemin ; mais nous étions
allée du Cenehrius, que nous passâmes trop avancés, et nous préférâmes con-
un peu au-dessus de son embouchure. tinuer. I.a plupart des femmes se lilot-
Les aqueducs qui portent de Vau a I lireut daus le sable, et celles qui étaient
Sea1a*Nova traversent la route. La prise vêtues les couvraient de sable et de
d'e^u a une source différente de celle manteaux. Quand nous fûmes un peu
de Oermen-dérè-si, oà sont les ruines loin .et que la confusion fut apaisée,
d Orty^. je demandai a une vieille négresse dans
quel but tout ce monde était réuni, t^lle
m'expliqua que pendant le cours du
CHAPlTRJi XXXil.
mois. de septembre on vient de tous

PàmOHIOM. — LIS BAim BB 8ABLB. les environs prendre des bains de sable
sur la plage de Scala >ova : « C'est,
dit^elle, un exoellent remède contre les
Panionium était ainsi nommée parce rhumatismes et les relâchements des
que c'était le lieu d'assemblée des dé- muscles. I-es malades se font enterrer
potés des villes de la confédération dans le saUe brûlant, et y restent
ionienne. exposés i Taetion du soleil. » Il y a un
Le Panionium, d'après Slrabon, était règlement tacite qui détermine les jours
situé au cap ïrosite, à trois stades du qui sont choisis pour les hommes et
rivage. Il était placé sur le versant du ceux laissés aux femmes, et il ne ^Mirait
mont Mycale, et faisait face au nord. pas que les uns ni les autres enfireignent
Ce n'était p is une ville , c'était un lieu ce règlement, car nous n'aperçûmes pas
d'assemblée, au mili« u duquel se trou- un seul homme sur toute la plage.
vait le temple de Neptune Heliconius.
T^es habitants de Priène,
duisirent en lonie le
qui intro-
culte de ce dieu,
(i) StniboD, hv. xrv, p. 6ay. — Hero
dole,liv.I,di. s48.
avaient demandé aux Achéens une statue (a) Punaniat, liv. YU, dh. a4.
de Neptune avec un plan de son temple,
)arcc qu*ils voulaient en élever un sur
e mt^me modèle. Ce plan leur fut en-
voyé après que le dieu eut manifesté sa
m L*UNIVEIIS.
ANciBifHB viLLB OB8 ULHOSS. quérant», qui ne te mêlèrent Jamali
avec les populatioos, êt qui finireot pir
A une lieue de In, on voit une source être chassées par des conquérants noii-

ininërale, dont la température est de 18 veaux, comme les Léléges le furent par
à 19 degrés, et dont les eaux sont alca- les Carieus. Il faudrait de longues re*
linea. Elle sort du pied d'an mentieale cherches et de plus longues années pour
entouré d'antiques constructions, et éclaircir l'histoire de ces temps héroï-
forme jusqu'à la mer un marais où crois- ques de l'Asie, qui, effaces par la avi-
sent des plantes aquatiques. J'avais dans lîsation grecque , laissent encore assez
d'autres voyages examiné les forti6ca- de vestiges pour aue lee patientes re-
tioDB de oetle montagne, mais je n*avais cherches d*uii éruoit puissent l«s eoor-
jamais gr.ivi jusqu*au sommet. Avmt donner.
mis pied à terre, je visitai toute 1 eten- Lu suivant le contour de la côte, oo
due ae renceiote. On retrouve dans ces arrive à Tembouchure du fleuve Cee-
oonstmetions tous les caractères des chrius, près duquel est un château fort
monuments des l'remiers âges; elles sont du moyen ;l£rc et de conslrurî'on très-
appnreillees i\ jomls irréguliers, ft ne médiorrc, dont les Turcs altnhuent la
porlenl pas de traces d ornementation fondatiou aux Génois c'est uneespla-
:

dans les faces des portes ni dans les nade massive entourée de doute toun
tours. La muraille suit toutes les sinuo- demi-circulaires. même terrain offre

sites de la mnntngne. et peut avoir 1,000 ainsi au voyageur deux châteaux cons-
ou 1,200 mètres de développement. Je truits à deiix mille ans de distance, qui
ne trouvai la aucun vestige de Part ro- sont là comme pour attester queleiort
main ni d'une époque postérieure. Aussi invariable de ce pays est d*étre souni
j'ni été longtemps disposé h regarder jj une dominalion étrangère,

ces ruines conune celles de Fx^ele,


dont les historiens grecs attribuent la site du paiviomiim.
fondation aux soldats d' Agamemnon (1) ;
car, de toutes les ruines que l'on trouve Après ce château, on entre dans!''
sur cette côte celles-ci sont certaine- territoire de Tchangli c'est une vaste
:

ment les plus anciennes; mais il vaut plaine ,bien cultivée, située au pied do
mieux B*en léfôrer à la topographie de mont Myeale , et dans laquelle smH
Strabon, qui plaee Pygèle entre£phèse plusieurs fermes et deux \illages dn
etScala-Nova,correspondantà l'ancienne même nom, dont le plus important esi

Néapolis. Il re>terait à déterminer le le Tchangli turc; l'autre est appej*


nom de cette place; nous sommes là- le Djiaour-Tchangli , ou Tchangh dei
deasus sans aucune espèce de rensei- Grecs.
gnement. Il est certain qu'antérieure- CJiandler a bien déterminé la posiîi''!'
ment à toutes les villes dont les noms du Pauionium à Tchangli, ut depuis lu'
subsistent encore, celte partie de l'Asie sir W. Gell a publié une inscriptioi»
a été conquise et habitée par des nations dans laquelle est mentionné le Pttuo*
qui ne nous sont plus connues que par nium.
leur nom , et par quelque,s exploits qui Lecap Trogile. près duquel il
8our les anciens Grecs étaient deja uer- vait, est aujourd'hui appelé l^udo:
lis dans la nuit des temps. Les Treres c*est l'extrémité nord du canal de SaflM*
et \ts lué\é^es ont ravagé ce pays, s'y du côté du continent. Fn parcourant
si-
sont établis milit^iirement, et Slrabon les environs du village de Tclianglii
attesje que déjà de son temps on voyait tué dans la plaine, j aperçus àmi-cot^i
des fortilications abandonnées, que Von au milieu des broussailles, une loogus
attrihuait aux Léléges. Ces châteaux iso* muraille en appareil irrégulier, que f
lés, construits presque tous sur des ma- regarde comme le mur d'enceinte ou
melons inaccessibles , représentent le
siège des garnisons de ces hordes con-
Panionium. C'est au milieu de
ceinte et du côté de la mer que
derw
<'*^^Jf ^
lieu-
se trouver le temple de Neptune
(OMioe, Uv. V, «p.— Stnben, liv.XIT, conius, qui aujourd'hui est compi««J-
p. 169. ment lenveisé, et dont il ne reste

Digitized by Google
ASIE MINEURE. S99
de vestiges. Rieu n'aunoDce aux alen- Milet ayant été comblée, il s'est formé
tours qu'il y ait eu des constructions. un lac/connu aujourd'hui sons le nom
11 faudrait rechercher dans la partie sud de lac Bafî. A mesure que les éléments
si l'on ne trouverait pas des edilices des- de prospérité diminunicnt, la population
tinés à loger les envoyés. C'est derrière se transportait dans d'autres villes, et
la montagne quVst située la ville de les contrées environnantes devenaient
Priène, dont ce territoire était tout à fait désertes. I-a di^struetion du port d']'>
indépendant. phèse a amené la dépopulation de la
Les reusei^nenients donnés par les vallée du Caystre ; et lorsque le com-
indigènes m'apprirent que dans le mont merce maritime de Milet fut anéanti , la
Mycale il existait plusieurs châteaux vallée du Méandre redevint déserte et
forts qui n'avaient jamais été visités par stérile, conmie avant l'arrivée des pre-
les Européens. Sans compter faire là miers Grecs. Les monuments anciens
des découvertes imprévues, je me déci- ne furent pas démolis pour être em-
dai à parcourir cette partie de la mon> f)loyés dans de nouvelles constructions;
lagne, qui jus(ju'a présent él.iil tout à n solitude régna partout, et nous ver-
fait inconnue. Je me dirigeai d'abord rions peut-être encore debout ces beaux
ers un monastère situé sur un des pics édifices des plus belles époques de la
le> plus élevés du Mycale, et éloigné Grèce si des phénomènes volcaniques
de toutes les roules frayées. En partant ne fussent venus compléter la destruc-
de icliangli la roule suit la ueute de la tion et le bouleversement de ces cou- ^

montagne, toujours ombragée par une trées.


épaisse forêt. Le sommet du Mycale L'Asie Mineure fut , plus qu'aucune
forme un plateau assez étendu où' sont autre contrée de l'Occident, exposée aux
les ruines de plusieurs petites églises tremblements de terre, et ces phéno-
byzantines; une seule est babitte par un mènes se sont renouvelés assez souvent
c^loyer, qui vit au milieu de quelques de nos jours pour que nous a^ons
lamilles de bûcherons. une idée des ravases qu'ils causaient
Les nomades vivent dans cette mon- quand la contrée était couverte de
tagne comme dans TOIympe; ils sont nies nombreuses et de nnonuments
occupés de la coupe des bois. magnifiques. Les anciens écrivains, tout
en conservant la mémoire de sembla-
CUAinXRË XXXIII. bles événements ont aussi cherché a
expliquer la cause iooonntte qui leur
TIBKBLBlItlITS DB TBBBV BU ASIB. donnait naissance, et parmi las phéno-
DBSTBirCnOII I»8 TILLBS D*IONIB. mènes extérieurs qui les accompagnent
on doit dire que les observations des
Les plus grandes et les plus belles anciens ne manquent pas de justesse,
villes de la confédération ionienne, Pausanias s*étend longuement sur ce
Priène et Milet, étaient situées sur les sujet dans son septième livre. Les trem-
bords de la mer, rt devinrent par la blements de terre, dit-il, sont aunou*
suite des temps des ports considerable-s rés par certains pronostics, comme de
et florissants; mais les changements longues scchere.sses, (lardes vapeurs (|ui
survenus dans la conHauration du pays, obscurcissent le soleil , la lourdeur de
plus encore que les ^uerrfs et les in- Tatinusphère , des tourbillons de vent -

vasions , privèrent peu à peu ces diffé> qui déracinent les arbres, et le dessè-
rentes cités de leurs éléments de pros* chement des fontaines, ee oamier syro^
périté, et des douze villes de la con- l^ime est surtout exact et nous Pavons
,

fédération ionienne il n'y a pins que observé nous- même. Ceux qui ont ob-
Smyme qui ait conservé son importance servé les tremblements de terre comme
commerciale. Tous les ports situés h Pausanias, en distinguent de plusieurs
Tembouchure des fleuves ont été com- sortes. Le plus doux {I) de tous, s'il y
blés, et les sables se sont accumu- a rien de doux dans un si grand mal, eët
lés en si grande quautité , que le golfe celui dont l'effet est de faire pencher
d^Éphèse a été converti en un marais
psitUentiel; et rentrée du golfs de (i) Himc doM.

Digitlzed by Gopgle
$80 L'UNIVERS.
un édifice (Pnn rôtc, et de clfver prir I
'
constances que des fontaines augmen-
une st*(îou>se contraire. On vu (K s en- .1 taient leur dcbil. t mdis que des loiilai-
looues prêtes tomber se remettre sur
ii Dcs situées a quelque distance taris-
leurs bases , des murs prils à s^écrouler saient, que des puits débordaient, tandi<;
se redresser, ef des poutres se déplacer q ue 'autres puits étaient mis à sec ceci
t
:

et reprendre leur p^isition. I>a seconde s'explique par le mouvement d'ondula-


sorte est celle ou les secousses sont si tion qui se manifeste dans les couches
continuelles et si violentes, que les intérieures de la terre , la nappe auui-
plus .solides édifices s'écroulent comme fère se trouve en quelques lieux telle-
s'ils <>t.iient battus par des ni chines ment resserrée que les sources n'ont
de i;uerre. 11 signale conmie le plus plus d'ccoulciiit-nt et celte contraction
.

daugereux de tous le tremblement de la même nappe peut projeter au*


de terre qui se manifeste par des se- dehors Teau des puits. Les vapeurs
cousses verticales, auxquels s rien ne sortant des tissures de la terre sont en-
résiste; il compare as.sez bien ce mou- core un phénomène que quelques géo-
vemeut au travail des taupes (i), qui logues ont révoqué en doute ; mais il
creusent sous la terre, Tenlèvent et la est attesté aujouril'hui par de nombreux
font boursouller. Les villes maritimes témoins compétents.
ont un nuire danper à craindre, c'est
l'irruptiou des eaux de la mer. ^ CUAPllRii XXXIV.
Dans le tremblemeot de terre d lie-
Jioe eo Achaîe la mer innooda la ville
, PMlf CIPAUX TBEMBUlIBlfTS DE TEBKE
et tout le pays d'alentour. .ivons BN ASIB.
cité d'après Fausanias
IMiue le trem-
1 1

blement de terre qui engloutit la ville de Le grand tremblement de terre qui


SipylusCs). Les e&emples cités par Pline ravagea l'Asie sous le règne de Tihere
sont plus nombreux eneore; et il n'est a laissé des souvenirs uéfasies diez tous
pour ainsi dire aucun écrivain qui ait les écrivains du temps (I); douze villes
parle de l'Asie Mmeure sans mention- populeuses furent englouties dans une
ner de pareils désastres. seule nuit. Depuis cette époque les évé-
Lea phénomènes qui selon Pline ac- nements de ce genre se sont renonveléi
eom'pagnent les irei)i])lri))pnts de terre de siècle en siècle ; nous mentionnerons
ne différent pas <le ceux qui sont décrits les principaux dont l'histoire a conservé
par Strabon. 11 ajoute que le ^ihénomene le souvenir, mais combien d'autres ont
s'opère de la même mamère que la passé, ignorés des générations sui-
détonation dans une nuée orageuse, vantes.
c'ist -(iire (jue rdectricite joue un Sous le résilied'Auguste îa ville de
grand rôle dans ces mouveuieuts du Tralles fut entièrement détruite (2).
globe : les nuits et les fontaines modi- Sous rènne de Trajan, Tan 115 de
le
ent leur débit. Phérécyde ayant goûté notre ère, la ville d'Antioche fut ren-
Venu d'un certain puits aiuionça qu'il versée, le consul Pédon y périt, et Tra-
y aurait eu cet eudroit un tremblement jan lui-même n'échappa que par mira-
de terre (3). cle; une énorme multitude périt sous
Agathias explique ces phénomènes les décombres ; trois villes de la .pro-
terrestres , de la même manière que ses vince d'Asie et deux de Gaintie. peiil-
prédécesseurs; il tut témoin du prand ctre l'essinunte furent renversées. Kn
,

tremblemeiil de terre qui ravagea Tile 14ô, SOUS le règne d'Antoniu, l'tie de
de Cos, sous le règne de Justinien, dans Rhodes et le conthient d'Asie foreot
l'année SIS; il atteste que la mer enva- ébranlés. En 238, 244 d'autres tremhle-
hit les bas quartiers de la ville de (^s, mentsde terre eurent lieu ; en 562, sous
et que eau de.^ puits devint salée.
I le règne de Gratien, Rhodes, la Lydie
On a remarqué dans certaines cir- «t TAsie soufAifent cruellement. Eo

(O Min.', liv VII. rli. ft4. (i) Voy. Tacite, y<n«o/«, Ihr. II;8eraboa«
(a) Voy. page aa8. \ H; Pline, liv. II, ch. 9t.
(3) Pline, liv. Il, 95. (a) Voy. p««e 279.
ASIE MINËIIHE. Ui
l*an SM, sous le fè^me de Diociétien, n*e8t pas étonnant que les historiens
Tyr et ^ido^ furent détruites; eu 354, aient négligé d'enregistrer la ruine de
365, Niromcdie en -loo, Cotistantinopl»;
; fpiebjues monuments abandonnés ; on
et les villes de la cote d'Asie, b.n 527. il ne saurait dire à quelle période il faut
T eut de grandes seeousses à Antioehe. rapporter leur destruction, mai» il est
Agathias (i) atteste que Ueryte fut tota- certain qu'ils furent ruinés par des trem-
lement détruite en 538; une incrovable blements de terre.
quantité de citoyens furent écrases sous Si nous ue pouvons préciser l'époqua
les ruines; la populatioii survivante où eut lieu la destruction des temples et
émigra à Sidon. Alexandrie d'Égypte, des villes antiques nous pouvons du
qui n'av ait jamais éprouvé de pareil phé- moins déterminer la direction qu'a suivie
nomène, fut ébranlée; TUe de Cos res- la secousse qui .i renversé les plus beaux
sentit d*borribles secousses; il n'y eut temples de rlonie, et la largeur delà
qu'une petite partie de la ville qui fut sone ébranlée. Les villes de Téos Cla- ,

préservée : la mer fit irruption d;ins les ros, Priène, Branchyde et .Magnésie
maisons, enleva les meubles et
et du Méancire sont situées sur une ligne
habitants. Agathias ajoute : « Passant dans la direction de l'est-nord-est et
d'Alexandrie à Constantinople, j'abordai ouest^sud-ouest; toutes ces villes étaient
dans cette Ile, et je fus tcmom de ce ornées de temples de marl)re blmc,
pitoyable spectacle on ne pouvait plus
:
presque tous d'ordre ioniuue. lous ces
reeonuaitre remplacenieut dii rue^ et monuments gisent aujourd'hui éleudus
des places publiques, w sur le sol : mais on voit que leur des-
En 044 un tremblement de terre tniction n est pas Touvraue des hom-
ébranla les deux coutineiits ; il dura mes car toutes les colonnes sont tom-
.

quarante jours : Coastantitiople fut en bées ensemble et du même côté. Les


partie détniite; en Sft7 un autre, dans chapiteaux et les frises sont dans leur
les parn^cs du Bosphore, dura dix jours position resnective; et comme les frag-
et dix nuits. ments de futs ont recouvert la partie
Eu 742 il y eut un tremblement de qui est ordinatremeul décorée j il s'eu'
terre universel : six cents villes furent soit qu*on retrouve daus les décombres
renversées et une quantité prodigieuse toutes les frises et les corniches par-
d'hommes périrent; entre le huitième siè- faitement intactes.
cle et notre temps, les mêmes plieuomè- Le temple d'Apollon Didyme, près de
nés se sont renouvelés en Asie, et à des Milet, se trouve dans le même étit, et
époques presque périodiques ; eoGn , de ea glissant sous les blocs éboulés, on
nos jours, en 1835, la ville de Césarée,du remari|ue de magoiliques fragments de
fDoot Argée, fut presque totalement dé* sculpture.
truite : nous pûmes recueillir de la part
des habitants survivants quelques détails CHAPITEE XXXV.
sur cette catastrophe; ils attestent que
des vapeurs méphitiques sortaieut des FONDATION DE MlLfiT.
fentes de la terre, que des puits étaient
mis à sec, tandis que d'autres débor- En aucun lieu de la c^te d^Asie les
daient, enfin que le régime des sources alluvions des fleuves et des torrents
était complètement troublé. Le grand n'ont moditié la physionomie du terri-
tremblement de terre de Broussa, qui toire d'une manière plus complète que
eut lieu en 1852, est eucore présent à dans la vallée du Méandre. La ville de
toutes les niémoires; relui ci est extraor- Milet avait été fondée à l'embouchure
dinaire , attendu que le pays est de na- de ce fleuve, dans le but de profiter d'une
ture granitique. Les principaux edilices double voie de communication, de la voie
de la ville ont été ou ruinés ou gravement maritime par ses navires, et de la voie
endommagés. terrestre en remontant, au moyen de
Au milieu de si lamentables catas- ses caravanes , la vallée du Méandre
trophes, qui ont englouti des villes, il ius(|u'au cœur de la Phrygie. Cétait tout
le secret de la puissance commareiale de
(i) AffUbiai, FiêdeJtutmkH, kv. II« ch. 8« cette capitale de riooiei elle conserva

Digitlzed by Google
LUNIV£RS.
sa suprématie malgié les guerres qu'elle lespont et les tles de la Grèce ont vu
eut h soiiipoir avec ses puissants voisins ; en même temps fleurir une multitude de
vaincue et soumise, ils étaient encore tri- villes fondées par cette métropole. Pline
butaires de sou active population et de en porte le nombre à quatre-vingts :
800 eommeroe immense; mais quand les Strabon se contente de dter Icaros et
forces de la nature, quand les snbles Lcros; dans l'Hellespont, Limnée, Aby-
charriés par le fleuve arrivèrent à dos, Arisbé et Pacsos ; sur la côte d'Asie
;
combler ses ports, ia richesse de Milet Artacé, Cyzique nous devons ajouter Si-
:

commença à décbeoir; son territoire ne nope, qui devint la métropole du royaume


présente plus aux yeux qu'une steppe de Pont.
fangeuse, et de tous les rnonuinents qui
ornaient cette ville il reste a peine quel- MIL£T sous LKS AGIS DE LYOÏX.
ques débris.
On nesaurait déterminer, mémed*une On place Tarrivée de Nélée à Milet
manière approximative, l'époque de la vers le dixième siècle avant notre ère;
fondation de Milet. Ce territoire était d'autres villes ioniennes, Éphèse et
occupé par le peuple ielége, bien avant Phoc^e, se distinguaient surtout par leur
Tarrivée des Ioniens, et la ville <iu*il ha- activité commerciale; mais pendant trois
bitait se nommait Lélégéis. Elle était siècles Milet conserva lasuprématie, jus-
située SUT la rive gauche du Méaiidns et (ju'au jour où les rois de Lydie tentèrent
par conséi|uent (laiis le territoire de la (le l'a.sservir. Ils commencèrent par nouer
Carie (i). Les forêts de pins entouraient des intrigues avec quelques citoyens, en
la ville, qui fut aussi appelée Pityussa; leur promettant le pouvoir, mais la guern:
les habitants avaient coutume de porter ne tarda pas à éclater; elle fut commen*
une brancha de cet arbre dnns les Thes- cee par Sadyatte, qui mourut sans avoir
mophories, et le fruit était offert dans accompli ses projets contre Milet.
. les saeriflces à Gérés. LesCariens venus Alyatte, son flls, continua la guerre con-
de nie de Crète, étant débarqués sous la tre les Milésiens, mais comme il voulait
conduite deSarpedon, cliasserentles Lé- les so'inietlre sans détruire leur ville, il
léges, et bAtireut une ville à laquelle ils chaque année une expédition , au
faisait
« donnèrent le nom de Milet, ville de Crète. temps des récoltes; son armée venait au
. Plus tard les Ioniens conduits par Nél^^ son des instruments camper sur le ter-
1 8*empnrrrent de cette pince, et fondèrent ritoire de Milet. Il respectait les habita-
une ville du même nom dans le voisi- tions éparses dans les ehanips. au lieu
nage de la première. La Milet ionieune de les livrer aux flammes; il u en faisait
était située à l'embouchure du fleuve. pas mémoenlever les portes : mais il
Les quatre ports étaient formés Pun par détruisait totalement les récoltes et ies
le «lolfe, aujourd'hui comblé, près duquel fruits, et se retirait ensuite. Les Milr-
est la ville d'Héraclée sous le Latmus, siens étant maîtres de la mer, ii était
l'autre par une petite île du nom de îuutile de tenter un siège régulier de la
Lade, aujourd'hui jointe au continent, et villeavec une armée de terre. Du reste,
les deux autres dans les terres h droite en empêchant qu'on n'abattît les mai-
et à •rauche de la ville, de sorte (jue la sons, son but était d'y rappeler les habi-
ville elle-même était bâtie sur un is- tants, afm qu'ils pussent travailler à ia
thme (2). Il n*en reste plus de vestige : terre et rensemenoer. En revenant Tan-
les alluvions ont tout comblé. La popu* née suivante il trouvait ainsi quelque
lation, vouée principalement <'iu com- chose à ravnîjer de nouveau. La guerre
merce uiantiine, avait (ies relations avec fut ainsi conduite pendant onze années,
tous les peuples du b.issin de la Médi- pendant lesiiueileis ies Milésiens essuyè-
terranée, et connaissait mieux qu'aucune rent deux grandes défaites, une près de
niitrc les points de la côte où des comp- Liménéium, Tautie dans la plaine do
toirs pouvaient être établis avec avan- Méandre.
tage. La mer iNuire, la Propontide^l'Hel- Dans la douzième année, l'armée ly-
dienne ayant rois comme de coutume 'le
(i) Ét. de Byzan., V. Miielus, feu aux maisons, la flamme, poussée psr
(s) tkmjàiéa, liv. YIII, «5. on vent violent, atteignît un temple coo*

Digitized by Google
ASIE MINEURE
sacré à MiDerve Assessiène, et il fut en- administrer république les proprié-
la
tièrement consumé. Alyalte étant rentré taires dout avaient trouvé les champs
ils
à Sardes tomba malade \ la Pythie ayant en bon état, ce qui tut accepté (1).
été eootnkée à ee sujet refusa de rendre
aucun oracle tant que le temple de Mi- CHAPrfRE XXXVI.
nerve près d'Assessos ne serait pas ré-
tabli. BÈGNB Dh DABIUS.
Thrasybule, étant alors tyran deMilet,
fut informé par Périandre de la réponse Darius avait emmené un grand
de la Pythie ; il prépara un stratagème nombre d'Ioniens dans son expédition
qui amena la tin de la guerre. Alyatte contre les Scythes, et i'echec qu'avait
ayant en? oyé des dépota aui MilâitnB éprouvé Tarmée perse ne manqua
avec la mission de conclure une trêve pas de donner l'éveil aux peuples
pourrélablir le temple, 1 hr.isvhule ima- grecs qui tentèrent, eux aussi , de se
gina de faire porter sur la place publi- délivrer du joug des Perses. Milet, la
que tout ce qu'il y avait dans la ville de place la plus florissante et en mémo
profltUms de bouche appartenant à lui temps la plus facile à défendre, suivit
ou aux particuliers, et ordonna aux Mi- les conseils d'Aristagoras, et se mit la:i

lésteos des qu il en donnerait avis de téte de la révolte, ^ious avons vu les


les consommer en repas ou ils s'invite- Ioniens marcher en vainqueurs sur
raient tour à tour. Lorsque le Hérault Sardes, prendre et brûler cette capitale;
fut arrivé à Milet, il fut surpris de la mais les alliés des Ioniens ne repondi-
quantité de vivres qu'il voyait, et en ren- rent pasà cet élan, et Milet se vit presque
dit tiompte à Alyatte, qui« au lieu d'une seule exposée aux attaques de l'arniée
simple trêve, conclut la paix avec les Ml- des Perses.
lésiens, persuadé qu'il était de ne jamais Darius eu apprenant la révolte sus- t
pouvoir les réduire par In famine. citée par Hystiee prépara contre Milet !
Les conditions de la paix furent que une expédition formidable ; les généraux f

les Lydiens et les l^lilésiens jouiraient perses avaient réuni toutes leurs troupes j
réciproquement entre eux des droits de pour en former une seule armée, qu ils \
l'hospitalité et seraient alliés. Alyatte dirigeaient sur Milet, laissant de côté la ^
au lieu d'uu temple en éleva dans As- conquête des autres villes. Les Plieui- i
sesBos deux à Minerve. ciens, jaloux de la puissanoe maritime
Les Milésiens vécurent eu paix avec de 3Iilet avaient mis leurs connais* ;

leurs puissants voisins pendant tout le sances de la navigation et des côtes au


règne de Crésus, et, après la chute du service des Perses les marins de Chypre,
:
/
royaume de Lydie, ilss'empressérént de les Cilieiens et les Égyptiens servaient
]
conclure avec Cyrus un traité qui les aussi comme auxiliaires.
mit à l'abri des attaques des Perses. Il De tels préparatifs étaient de nature

y eut ensuite une suite de suspension a inquiéter les Ioniens» qui se réunirent
des mtux de la guerre ; elle dura peu, et an Panionium; il fut décidé que Milet
de nouveaux malheurs , causés par les serait chargée de défendre ^eule ses
villes de Naxos et de Milet, vinrent fondre murailles, mais que la confédération
sur les Ioniens. Milet était à cette époque réunirait le plus de vaisseaux qu'elle
plus florissante qu'elle ne l'avait jamais pourrait pour défendre la ville par mer,
été. Les séditions qui avaient troublé et les vaisseaux reçurent Tordre de se
son intérieur pendant deux générations réunir dans le plus court délai au port *

étaient apaisées la paix avait été conclue


; de Ladé, petite île située en avant de
entre les différents partis hostiles, grâce Milet. La bataille navale, restée célèbre
à rintervention des Parieos que les Mi- dans l'histoire sous le nom de bataille ,

lésiens avaient choisis pour arbitres. de Lailé, est décrite par Hérodote dans
Les commissaires envoyés pour con- toutes ses péripéties; les fautes des Io-
trôler l'administration publique, après niens, les défections des alliés y sont
avoir examioérélat des propriétés parti- mises au jour avec une nettetéqui ne laisse
culières, convoquèrent une assemblée
générale du peuple, et désignèrent pour (i)IUradote,Uv. V,dksp.

uiyiiizud by Google
8S4 L'UNIVERS.
aucun doute sur les vices de cette con- une occasion de secouer le joug des
fédératioa ionienne , qui pouvait com- Perses; mais ce fut pour tomber sous !

mander à TAiie. La flotte grecque fol eeUn dée Athéniens, qui pendant tome
dispersée, et Darius commença le siège la guerre du PéloDonèse conservèrent
de iMilet par terre et par mer. I.es Perses le gouvernement de d'Ionie et de la
mirent en usage toutes les machines de Carie. Les Milésiens Unirent par se ré-
guerre dont ils étaient en possession ; voiler; les Athéniens s'apprêtaient à
ils flnirent par s'emparer de la ville et de assiéger la ville , mais à l'approche de
la citadelle, dans la sixième année de la la flotte du Péloponèse Phrynicus,
défection d'Aristagoras. Tous les habi- Tamiral athénien jugea opportun d'a-
,

tants de Milet furent faits esclaves. Les bandonner l'entreprise.


Grecs croyaient que ces événements s'é- Mille boplitei d'Athènes et qnims
taient accomplis selon la prédiction d'un oent8Aigien8,et mille alliés partis d*A*
oracle qui avnit prononcé ces paroles : thènes, sur rjnnmnte-huit vais>eaux,
« Pour toi , ô ville de Milet, artisan de almrderent a Sanios et passèrent en-
,

tant (ie maux, tes riciiesses serviront de suite ù Milet, où ils (^mpèrent. Les Mi-
récompense à bien des gens ; tes femmes lésiens étaient sortis au nombre de huit
laveront les pieds d'un grand nombre cents hoplites, accompagnés des Pélo- '

d'hommes nux loriL's cheveux, v\ mon ponésiens et de Tissapheme lui-même


temple de Didyme sera contie à d'autres avec toute sa cavalerie. Dans le combat
soins.» qui eut lieu, les Argiens fiirent vaîncns |

Les captifs de Milet forent traités par les Miléeiens, et les Péloponésisii
nvpc douceur par Darius, qui se contenta furent vaincus par les Athéniens ; ces j

de les expatrier; il les conduisit a Suze, derniers, ayant érigé un trophée, se pré-
les envoyahabiter près de la ville parèrent à enceindre d'une muraille la
d*Ampé, n près de laquelle le Tigre, qui ville de Milet, dont le territoire formait
la traverse, a son embouchure dans la un isthme ; leur flotte se tenait ddos le
mer ». Le Tinrese jette dans PEuphrate, le port de Ladé , voisin de Milet et ,

et non pas dans la mer nous pensons : de là Athéniens faisaient de fré-


les
?ii*Hérodote (1) a voulu parler du fleuve quentes descentes sur le territoire de
asitifcris, qui coule non loin de Sute, Milet : c'est alors que !a flotte pelopo-
et se jette dans le Golfe Persiqnc, et nésienne, arrivant au secours de la ville,
non (las dans la mer l^>vthrée. força les Athéniens de battre en re*
Le territoire de Milet fut partagé : les traite (i).
Perses gardèrent toute la plaine, et la
partie montueusefutdoonéeaux Cariens CHAPITRE XXXVIL
de IVddse. Il ne resta aucun Milésien
dans la ville de Milet '2). MILET SOUS L£S GBECS.
Les Athéniens, qui avaient aban-
donné cette ancienne alliée à ses propres Milet montrait autant d'attachement
forces, ressentirent à la nouvelle de la pour le culte d'Apollon (ju'Éphèse pour
destruction de Milet une douleur snns celui de Diane. Outre le grand centre
bornes; le poëte Phrynicus ayant fait religieux des Branchydes, les Mitesieos
représenter une tra^Mié ayant pour avalent une vénération spéciale pour
titre la prise de Milet , tous les specta- Apollon Oulius. c'est-à-dire guérisseur;
teurs fondirent en Inruies. et l'auteur on attribuait à cette divinité le pouvoir
fut roiidamnc une amende de mille
:i de rep.mdre les épidémies, et c'est à la
drachmes pour avoir rappelé aux Athé- .suite de semblables événements quefu*
niens des malheurs domestiques; on rent construits les temples d'Apolleo
défendit en outre de faire représenter Epicurius à Bassx et celui de Dèlos (2).
jamais cette pièce (3). L'arrivée d Ah xandre en Asie fut le
La bataille de Mycale fut pour Milet signal de la délivrance des villes grec-
ques; mais elles n'accueillirent pas toutes
(i) Hérodote ! , «o.
(•.») Id., ibitl.. rli. '
(i) Thnrvdide, VÎII , sS,»?.
{3)Straboii, XIV, 035. (a) Sirabbn, XIV, 635.

Digitized by Googlc
335

avec le même empressement leur nou- fut reluid'une ville commerc nite et
veau libérateur. Milet, qui n nferniait ,
paii>ible; enfin, sous l'empire byzantin
tkiM ses murs «ne forte garnison perse, • elle fut, comme toutes les autres vilka
refusa d*ouvrtrses portes, et Alexandre, ! du littoral, l'objet des attaques réitérées
ne voulant pas laisse r derrière son armée des tribus turques; mais déjà à cette
une place nostilc, se décida à en faire époque elle avait perdu toute impur-
le si^. MemnoD le Rfiodieuet le Grec '
tance maritime : ses deux ports s'étaient
Hégésistrate commandaient la défense : comblés, et les navires mouillaient dans
Alexandre s'eni|)arn do la ville exté- le Méandre.
rieure du côté de la terre, pendant que
sa flotte bloquait les ports. Alors Pas- CHAPITRE XXXVIII.
sant lut donné ;
plusieurs brèches ou- MILET SOUS LES TURCS.
vertes par l'action du bélier donnèrent
accès dans la place, (juifut prise a près une On y a un demi-siecle
voyait encore il

vigoureuse résistance. Alexandre traita \ un village nomme


Palatcha, construit
les Milésiens avec doueenr, Ineorpon .} sur les ruines de Milet ; aujourd'hui tout
les Grecs mercenaires dans son armée, ce lieu est à peu près déstrt quelques:

et continua sa marche triomphante (l). maisons, faites avec des claies, sont ha-
Sous le règne de Ptoléméc Phila- bitées pendant une partie de l'année
delpbe, qui, outre TÉgypte, possédait par des pasteurs; mais une fois que les
aussi toutes les provinces méridionales chaleurs se font sentir tout le pays de-
de r\sie Mineure, un gouvernfrur de '
vient désert.
la C^arie, nomme liniarque, s'était em- Milet à 1 époque où Aiasaiouk était
paré de la nlle de Milet et y exer^it la '
une place de guerre doit avoir été une
tyrannie. Les habitants implorèrent le ville musulmane assez peuplée il reste :

secours d'Antiochus, roi de .Syrie, qui encore un certain nombre de petites


marcha contre Timarque, le délit et le mosquées en ruine, ainsi qu'un vieux
tua ; pour le remercier de ce service, les / caravausérai abandonné; l'architecture
Milésiens décernèrent à Antiochus le I
de ces monuments turcs est du même
surnom de Théos, Dieu, sous lequel ce style que celle des mosquées d'Aïasa-
prince fut toujours distingué sa femme : lo'uk elles sont du milieu du seizième
:

Laodice et sa mère Stratonice ont donne siècle.


leur nom à deui villes de TAsie Mi- On
cherche en vain la trace des mu-
nen?e> raillesanciennes; le seul édifice antique
C'est pour ainsi dire le dernier évé- qui attire aujourd'luii les rcuards et qui
nement Qu'on ait à signaler dans Phis- maruue l'emplacement de la ville est
toire de llilet comme vineindépendante ; un tnéâtre construit tout en blocs de
sons les successeurs d'Alexandre, les marbre, mais qui est dépouillé de tout
événements dont elle fut le ihé.Mre ap- ce qui poiivait le rendre intéressant; la
partieunent à l'histoire générale de la masse entière du proscenium a été en-
eontrée. Aueun monument remarquable levée, les colonnes, les chapiteaux et
ou célèbre ne fut jamais eonstruit dans toutes les décorations ont disparu.
son enceinte; Pausanias se contente de (> qui le distinfîue des autres théâ-
citer le tombeau de ÎNelée, qu'on voyait tres de l'Asie, généralement établis sur
à gauche de la porte, sur le chemin qui le penchant d'une colline, c'est au'il
mène à Didyme (3). Néanmoins les arts est isolé de tous edtés comme le théâtre
et l'industrie étaient arrives à un degré de iVlarcellus a Rome; malheureusement
de perfection remarquable ; Pomponius la décoration extérieure a été enlevée
Mêla la mentionne « comme la ville la comme le reste, mais une grande partie
plus distinguée de rionie par les arts des vomitoires et de la galerie circulaire
de la paix et de la guerre (3). Pendant ->
subsistent encore, mais sont remplis de
toute la période romaine le sort de Aiilet terre; plusieurs inseriptions oui ete re-
eueiilies dans le courant du siècle der-
(i) Arrieii, Exp. Alex., I, i8, au. nier par les vovageurs qui ont visité
(a) Paiisuoias, VII, %, Milet anyourd'faui 00 ii*co
: tmw
plus
(3) P. Mcb, 1. 1, 17. de vestiges.

Digitized by Google
LUNIVERS.
Comme cette place est située sur la traversait la ville de Célcuae , arrosait
route qui d'Éphcse ou de Scala-Nova les districtsd' ApaméeCl ), d' Ëuméuia (2),
oonduitdans sud deTAsie Mineure,
le de Bargylia (S), et du temps de Pline
on est obligé de la traverser; mais elle venait se jeter dans la mer, a dix stiiis
n'offre aujourd'hui qu'un très faible de Milet.
intérêt sous le rapport de l'antiquité. Plutarque, daus »uu livre lies iivie.«
L'aetioD et puissante du
|^roiii|ne ses (4), dit que le Méandre s'appelnt an-
cbrisdanisme rar Tesprit mobile des ciennement jinaàmnon^ c'est-à-dire qui
Grecs se "fit sentir à Milet comme à retourne sur ses pas. C'est, dil-il. le seul
Éphèse, et dès les premiers siècles de tous les fleuves qui de sa >()urce re-
l*Ëglii>e uouvelie eut des adliereuts uuin- vient vers les lieux d'où il e^t parti, il a
bieax ; msis les sebismes et les hérésies été ainsi nommé, poursuit cet auteur, à
y trouvènnt d'aussi fervents disciples. cause de Méandre , fils de Cercaphus et
Toutes ces luttes, obscures et aujour- d'Anaxihie,quidurant une mierre contre
d'hui oubliées , n'ont pas peu contribué la ville de Pessiuunle promit a la mere
à la ruine^de cette ville. des dieux que s'il remportait la vie*
Sous les empereurs byzantins, elle toire,illui sacrifierait la première per-
eut encore un reste d'importance; car sonne qui viendrait le féliciter. Le
nous voyons les ruines de quelques hasard voulut qu'a son retour les pre-
églises grecques dans le style de celles mières personnes qui se présentèrent a
d*Éphèse. Mais exposée comme elle lui furent Arcbélaus son fils, sa soBor
l'était à toutes les attaques des liordes et sa mère. Malgié les liens du sang il
qui débouchaient par la vallée du voulut les faire immoler, et ensuite,
Méandre; en proie aux miasmes qui agité de trouble et accable de douleur,
s'exhalaient de ses marais nouvellement il se précipita lui-même dans TAnabs-

formés, sa population se dispersa de plus non, qui fut ensuite appelé Méandre, à
en plus. Milet devint dans le douzième cause de lui. Ost ninsi que Timolatis
siècle la propriété de l'émir Aïdin, qui raconte le lait, au dixième livre des Af-
résidait à Guzel-his&ar ; elle pasba plus faires de Phrj^gie. Agatocle le Saoïien
tard dsns TapanaRe des Rara-Osmau- en parle aussi dans sa république de
Oglou; et aujourd'hui qu'elle est entrée Pessinunte. Mais Démostrate d'Apamee
dans les domaines de la Porte, ce n'est dit que Mcandre ayant été choisi de
plus qu'un amas de huttes abandonnées nouveau ^encrai , dans la guerre contre
pendant une grande partie de Tannée la ville de Pessinunte et ayant vaincu
,

a cause du mauvais air, et qui ne pré- contre son attente, il partagea aux sol-
sente plus rien gui puisse appeler l'at- dats les offrandes consacrées à la u)ère
tention. des dieux. La déesse permit qu'il perdît
Ën sortant de Milet du
coté du sud Pesprit, et uue, dans un accès de sa
on marehe longtemps dans un terrain manie, il tuât sa femme et son fils. Étant

nu et sablonneux ; une petite éminence, revenu en son bon sens , il se jeta dans
également de sable, indique peut-être la rivière, qui en prit son nom.
l'emplacement de l'île de Ladé, qui A répoque romaine Milet n'était
avait un port, puisque c'est là que les déjà plus à l'embouchure du Méandre,
confédérés grecs s'étaient donné rendez- et une autre ville célèbre , Priène , qui
vous ce n'est qu'une conjecture, car
: fut fondée au bord de la mer, en était
on n'y retrouve aucune roche qui in- éloiL'uce de -10 stades quand Pline écri-
dique que ce fut une île. Ce (ait seul vait. Le golfe de Milet se fermait peu à
peut donner une idée de Ui transforma- peu , et finit par être converti en on
tion qu*a subis ces rivages. lac d'eau saumâtre. qui porte ai^ovr^
d'hui le nom de Oufa-Bafi ; saloogneor
LE MBANDBE. est de deux lieues environ.
Le Méandre prend source dans un
s;i

lac qu'on appelait Auiocrène, «itué sur (i) Tite-Live, liv. XXXTIU, cbap. iS.

une montagne du même nom (1); il


(a) Itehckli.
(3) Geuverginlik.
(i) Pline, liv. V, cbap. a^. (4) P, 3i, édiu 1. Mausme,

Digitized by Google
ASIE MU4ËURb 387

CHAPITRE XXXIX. le rapportent à deux jumeaux aimes l

d'.lpollon (À($u(jLoi) ; une mon


d'autres à
TEMPLE DES BRANCHYDES. tagne du nom de Didyme , parce qu elle
-

avait deux sommets, et qui n*est pas


Lorsque les Ioniens arrivèrent sur la éloignée du cap Posidium. L'oracle
côte d'Asie, ils trouvèrent le culte des établi par Apollon fut accepté par les
dieux de la Grèce répandu dans la habitants, et des jeux didyqnéens turent
contrée, et le secours des oracles an- institués et se célébrèrent à Milet pen-
tiques ne leur fut pas inutile pour s'é- dant plusieurs siècles. L*tiéritage du.
tablir dans leur nouvelle pntrie. Apollon pouvoir prophétique ne resta pas dans
et Diane étaient particulièrement ho- In famille de Branchus. Léodamas, Mi-
norés dans le pavs, et les plus rélèbres lésien de race royale, ayant été faire la
temples de l'Asie étaient consacrés à guerre aux Carystiens, rapporta, avec
ces deux divinités. Claros, Éphèse , Ma- les offrandes qu'il consacra à Apollon,
gnésie, Orlygie, Milet, rivalisnient une femme captive qui était mère.
pour orner leiirs temples des plus riches Branchus adopta cet entant, et lui con-
offirandes , des objets d'art les plus pré- féra le don de prédire : il l'appela
*cleux. L'antiquité de ces oracles se per- Évangélus. C'est de lui que descendait
dait dans les ténèbres de la fable, et tous la famille milésiennc des f^vanj^élides.

les peuples de l'Asie se soumettaient a Toutes ces traditions remontaieul a une


•leurs décrets. antiquité très-reculée; mais oomme ce
Le temple des Branchydes , consacré sont des méfies purement grecs , il est
au culte d Apollon, Didyméeu , était un douteux qu'elles soient antérieures à la
des plus célèbres de l.i contrée ; il do- guerre de Troie. Macbaréus vivait 1171
minait celui de Claros, et ne le cédait ans avant Jésus-Christ. La réputation
en importance qu*à celui de Delphes. de cet oracle s'était étendue jusqu'en
Il était établi sur la côte d'Ionie, non Égypte, et le roi ÎSéchao fit hommage
loin du cap Posidium, à vingt stades de a Apollon d'une partie du butin qu'il
la mer, et appartenait au territoire de avait conquis sur la ville de Cadytis en
Milet ; il était éloigné de cent quatre- Palestine, 616 ans avant Jésus Ch rist (i ).
vingts stades de cette ville (1). Crésus envoya au trésor des Bran-
Les Grecs font remonter rétablisse- chydes des offrandes aussi magnifiques
ment de cet oracle au héros Braochus, que celles qu'il avait envoyées à l'oracle
favori d'Apollon, qui avait reçu de ce ae Delphes; elles s'étaient déjà telle- .

dieu des temoignaircs non équivoqups ment accrues au moment où les Milé- •

d'afffction. Il descendait de ^^acha^eus siens se révoltèrent contre Us Perses,


le Delphien, qui avait tué Néopto- qu'elles pouvaient seules suffire ^our
lème(3). La prêtrise du temple était équiper une flotte. Hécatée de Milet,
restée dans cette famille c'est de là que
; après avoir énuméré le nombre et la
l'oracle a pris le nom de Branchyde, puissance des nations que Darius pou-
sous lequel il était connu. La mère de vait leur opposer, proposa d'employer
Branebus ayant eu pendant sa gros- les richesses du temple pour armer dee
sesse un songe dans lequel le soleil lui vaisseaux mais sa proposition fut re-
;

était apparu et lui était entré djin*? le jetée (2). Après la soumission des Mi-
sein , donna à son fils le nom de Bran- lésiens, Darius donna l'ordre d'incen-
efans (^p^T7.^: 1^ gorge). Étant devenu
• dier ce temple. Peut-être fiiMI restauré
jeune homme, il rencontra dans un h cette époque; mais sa ruine complète
bois Apollon, qui lui donna un baiser fut consommée par ordre de Xerxès,
et lui accorda le don de prophétie; il tils de Darius , qui incendia tous les ,
'

éleva à ee dieu un temple, qui tut appelé temples de l'Ionie. Les Branchydes li*
Branchyde. Quant au surnom donné à vrèrent à Xerxès les trésors du temple;
Apollon , les historiens ne l'expliquent et pour se dérober à In vengeance des
pas d'une manière très-claire : les uns Grecs, ils s'enfuirent en Perse. Le roi

(I) Plim, liv.Y, eh. uti. (i) Hérodote, U,


{%) Strabon, IX, 4«i. (s) Hérodote, liv. dMp. xzvi.

n* iÀoraUim, (Asu Mirbiiib.) T. II. tt


3S8 LUiMVEKS.
les établit dans
SogdiaDe; mais
la par ses dimensions (M^ytotov vEtov ttSv
Alexandre les punit dans la personne «dcvTtuv); mais les Milésiens furent
de leurs descendants, en détruisant la obligés de le laisser sans couverture , a
ville où ils demtniraiput, et en faisant cause de cette énorme ^andeor (t). Ces
massacrer tous les Bmnchydes (1). paroles de Strabon méritent d'être dis-
Ln fuite des prêtres d'Apollon ne cutées. Il est certain que le temple était
paraît pas avoir été fatale a Toracle ; sans toit; mais n'etait-ce pas une dis-
car les Milésiens se mirent en devoir position particulière à ce monument,
de construire un autre édifice, qui comme à odui d*Olfmpie? C'est uoe
surpassât en grandeur et en mapnifi- question que nous examinerons en étu-
cence tous les autres temples de la diant le plan de l'édifice. Pausanîas se
Grèce. Cest ce monument qui est par- contente de dire Non termine; vi/.
:

venu jusqu'à nous, non pas tout entier,


mais dans un état tel que nous pou- , L'enceinte sacrée du temple, ornée
vons en reconnaître les priiK'ip.iles dis- en dehors et en dedans d'un bois ma-
positions. On
peut le considérer coanne gnifique, pouvait contenir la popula-
contemporain éts temples d'Éphèse et tion a*on bourg ; il y avait d*autres sécos
de ftlagnésie du Méandre cor le pre- ; ou édicules où se rendaient les oracles
mier, préservé par les Perses, n'avait et où se faisaient les cérémonies (2).
p^as échappé à l'incendie. La construc- Dans le téménos s'élevaient des monu-
tion simultanée de tels édifices donne ments de tous genres , dédies par la
te plus grande idée des richesses que piété des plus puissants prinees; on r
possédait encore l'Asie, qui sortait ce- remarquait surtout un autel érigé par
pendant de crises si violentes. Hercule de Thehes, et construit avec
du mortier délayé dans le sani; df^
CHAPlXaE XL. victimes. Mais , sous les Romaius , cei
autel était devenu moins célèbre; les
G0N9IRUCTI0K PB TBMPLB. sacrifices av;iient diminué, et !*autel
était moins bien entretenu (3). îl était
Il est difûcile de déterminer l'époque élevé sur plusieurs niarcbes, et sem-
précise où ce monument fut commencé. blable à celui d*01ympie.
f 11 fut construit par deux arcliitectes La statue d* Apollon était Touvrage
Daphnisde Mile* et IN'onius dT.plièse
,
;
de ranaeh" :s de Sicyone ; elle était de
'
comme ce dernier est le inrnje qui ter- bronze et laite sur le modèle de l'A-
mina le temple de Diane, sur lequel pollon Isméuieu de Tbèbes, qui était de
Alexandre voulait inserîre son nom, bois de cèdre (4). Cet artiste vivait dans
on doit en conclure que le temple d'A- la O.S*^ olympiade; il était élève de PO-

pollon date du rèpne de ce prince. lyclète d^Arjos f'i). f>e dieu était de-
I Vitruve mettait ce temple au norabre l)0ut , sa chevelure uouee et rejetée par
des quatre plus magnifiques ouvrages derrière; il tenait à la matn une lyre.
qui eoustasseut dans la Grèce; les trois Un grand nombre de petites statues de
autres étaient le temple d'Éphèse, celui bronze, faites à l'imitation de l'Apollon
de Cérès à Éleusis, et le icruple de Ju- Didyinéeu, étaient vendues aux adora-
piter à Olyrapie. Ces edilices, dit-il, teurs qui venaient consulter l'oracle
néritenieut d^étre admirés même dans comme à Épbèse on vendait des fign-
Iseomeil des dieux (2). Mais UU' si bel
ouvraîze ne fut j.imais terminé; aujour-
(i) Slrahoo, liv.XIV, p. 634-
d'hui iiièine nous en avons la preuve. (9.) Slrahoo emploxaiit le même mot,
Ceb u'empèulia pas le culte dUpollou pourcxin-imer ceUe partie du tenpW
(léoos)
é» fleurir de nouveau dans ces pacages^ que l« Soroaioi apjpelneal Gdb , «I lf»li««K
et les offrandes des rois vinrent encore réservés oii&e reudaieiit les oracles; c'cUïmM
enrichir son trésor. «utaiii de peiiu temfikii dont il ne reste plus
Le temple surpassait tous les autres de traces.
(3) Pausaniis» liv. Y, cbap. uv.
(i) Strabou, liv. XI, p. SiS. (4) Pinsanins Irv. IX, ch.X,
(a) TiUtive, liv, VU, Préfact*. (5) Pline, XXX YI, t4«

L/iyiii^cG by Google
ASIF: MI^LLiÀl'i 339

rines do Diane. en t^viste quolau^s-


11 sur le marbre il est probable
in «écrits :

unes dans les coUeclions moderutis; qu 011 en trouverait encore des débris
mais le plus bel exemple oomra est importants ; mais chaque jour ces pré-
cette statue qui (st exposée dans une cieux documents disparaissent, el
salle du Musée du Louvre, et qui a été presque toutes les in^^criplions recueil-
trouvée diiiis la mer, près de I.jvourne. lies par Sherard , Cliisliull et Wheier

Il e&istc aussi au cabinet des antiques sont aujourd'hui détruites.


une petite figure d'Apollon Didyméen LsB inscriptions relatives au personnel
d'une grande antiquité; elle est mas- du temple sont nombrenscs; le prêtre
sive, mais très-endomiiKiyee. Les Bran- principal était le stéplianoplior»', qui ]>
^ chydes en tuyaiit avaient emporté la portait une couronne d'or dans les sa* •

statue du dieu; elle avait été déposée crillces, le prophète, qui donnait la ré-
à Écbatane , eu Médie; mais elle fut ponse de l'oracle. La garde du trésor
. restituée jiar Alexandre; c'est peut-être était confiée à un préfet et à deux as-
seulement a cette époque que l'uracle sesseurs, les Iwdrophores, charges de
retrouva sa voix. porter reau destinée aux sacrifices.
En effet pend^mt qu'Alexandre était On voit dans les as-reliefii du Par-
l

aMempliis, les députés Milésiens ap- thénon une scène d'hydrophorie sacrée.
3ui fait connaître comment cette partie
u sacrificeétait pratiquée. i>s ministres
piédiaantl du eulte demeuraient dans le téménos;
de Darius , et les mouvements qui sur- cependant l.i fonction d'hydrophore
vinrent à Lacédemone. L'oracle de n'était pas pt-rmaneute, el souvent dfs
Didyme était muet depuis le pillage du offrandes étaient données au temple
temple par les Branebydes; la foDtaiue pour raccomplisacflMiit de cotte partie
Biblis avait disparu, mais elle se mon- des cérémonies.
tra de nouveau lorsque Toracle reprit Le terrain qui avoisinait ce l«'Miple
ses prédictions Cl)- était considère comme appartenant a la
On ne saurait douter, diaprés le té» divinité , et dans le traité entre les Ro-
iDOignage des deux écrivains que j'ai mains et Antiocbus il fut rendu aux
cités, que ce temple ne soit resté ina- Mih'siens, qui Savaient abandonné fl >.
chevé i mais comme les cérémonies re- La faveur dont jouissait Toracle
ligieuses été célébrées pendant
y ont du temps des villes grecques ne se
plusieurs siècles, il est probable que maintint pas aous les Romains; cepen-
toute la masse de la coustructiou était dant on retrouve encore l'empereur •

faite. Hadrien honoré comme bienfaiteur et


Be DombreuMS ioserlplioQs recueil- fondateur de ce lieu sacré.
liesen ce lieu ont fait connaître Porca-
A Apolldn Didyioéeo et a l'euipereur Ce^ar
, nisation du personnel du trniple; elles HaiirîvnAagMte ,oljniileo , MOVeOT ct Coo- .
ont cté analysées par le docteur Cliand- dateur.
ler, le premier qui ait mesuré ces
niiuis célèbres (3). Il en est plusieurs Celte autre inscription en associant ,
«
'
qui mentionnent les riches otïran«les Apollon aux divinités d"Ksculape et
en statues, coupes d'or, vases sacrés, d'Hygie, rappelle que les Milesieua
qui étaient données par les rois asia- avaient élevé des autels à Apollon On-
tiques. Les grands actes politiques, les lius, ou guérisseur.
traités, les victoires, étaient pour ces
A Apollon Dldyinéfa et a EscaUna amvfor,
princes des occasions de montrer leur •tàHygle.
muailioence. Prusias CÀna'gus, roi de
Bithwnie, T ooniaera également des of- L'empereur Julien, en essayant de
fimndei. L
auteur anglais observe avec rétablir Tancipii culte, n'oublia pas le
Tnison que des registres réguliers de temple des Branebydes, et cet oracle
tous ït& dons faits au temple étaient reprit son ancienne célébrité, il lit dé-
• «
truire les ehapelles ehrétiennei qui
(i) Sirdbon, N.VII. 814.

(1) Antiquité» iooieam»»» îo-fol. (i) Tile-Live, XXX VIII , Jç.

2t,

Digitized by Google
840 LtmiVEBS.
étaient établieB dant le voisinage (i); paraît qu'il est de nouvelle fondatioB,
mais le christianisme ne tarda pas à car du temps de Chandler, en 1765, les
triompher: la ville de Milet se dépeu- ruines du temple étaient inhabitées, e!
plait de plus en plus , et ce célèbre le voyageur était obligé de coucher au
oracle rentra dans le silence et Tobs- village de Ura, qui en était éloigné d'une
caillé. demi-lieue.
T,a plaine qui sépare les ruines de la

CHAPITRE XU. mer est couverte de broussailles et de

rochers à (leur de terre, qui rendeotie


ÈtàX ACKVEh DO TBMPLB. chemin presque impraticable. Il D*r i
aucun sentier tracé du village à la cote.
Les premiers voyageurs qui obser- ISous allâmes le soir même au village
vèrent ces ruiner, dans les temps mo- avec les oftieiers de la Mésange. Toos
k dernes, les trouvèrent complètement les habitants sont Grecs : il y a rofiroo
I écroulées. Spon et Wlieler, en 1679, quarante familles ; mais il y a 9uel(]uef
tracèrent une esquisse tlu monument ; années le village était plus considérable.
une très-petite partie de la cella subsis- T.e temple s'élève nu milieu du village
tait encore , avec un des pilastres dont comme une montagne de décombres
nous voyons aujoordliuiles magniGques ou plutAt d'énormes Uocs de marlw
chapite aux ; mais tout le reste du temple renversés les uns sur les autres. Il est
n'était qu'un amas de décombres. Je facile de pénétrer sous ces marbres ac-
crois avoir établi que tous les temples cumulés ; on peut alors ob^rver de
? de rionie ont été renversés par un trem- beaux fragments sculptés qui se nM
blement de terre , dont les effets sont conservés rotacts.
encore plus marqués dans celui des Le mur de la cella du temple exisie

firanciiydes, puisuuMl était plus colos- dans tout pourtour; il a unehauteui


le
sal.Or, comme Julien consulte l'oracle moyenne de trois mètres; le paremei*
avant de partir pour sa campagne contre de fa cella est brut ; les pierres poriwt
, les Perses, nous savons que Je temple les boutons d*attente qui ont servi à
les

existnit encore au commencement du mettre en place. Le temple était diptère,


cinauième siècle. C'est donc dans la pé-
riode de 400 à 1 ,600 qu'il fut renversé ;
et par conséquent décastyle. H
orienté est et ouest, mais avec oae dii-
^
mais comme il se trouvait dans un pays férence de trente degrés au nord, a
désert , loin des grandes routes ,il J'ai bien pris l'azimut.
s'écroula sans que la tradition ait re- Sur l'emplacement du pronaos, U
cueilli le muindre détail sur cette ca- masse des décombres est plus considé-
tastrophe. rable: c^a se conçoit, puisque le frao-
Le 15 Juillet 18S5, après avoir visité ton et toutes les colonnes du portiqu**
les ruines de Téos, je vins mouiller avec doivent être accumulés en ce lien. Trois
la goélette la Méaange au cap Arbora , colonnes sont encore debout :

elles
Tancien cap Posidium. Il n'y a aucun nord, voisines l'une de l'autre;
port dans les environs; la mer étant sont cannelées et réunies par une archi-
les
belle, le capitaine mouilla en pleine trave; elle* sont d'ordre ionique;
cote, abrité par le petit cap qui forme chapiteaux sont bien conservés. L'autre
ceUe*
l'ancien port Panormus, aujourd hui colonne est isolée du côté du sud ;
soot
impraticable. ci n^est pas terminée, les tambours
Le temple est éloigné d'une lieue de bruts, et le cJiapiteau n*est pas fini
la côte ; mais ses colonnes s'n perçoivent Toutes les autres colonnes sont ren-
du large, et servent de reconnaissance versées et tombées obliquement
'««"JJJJ
aux navi$^ateurs. Cet endroit s'appelle sur les autres; ou voit qu'une n»""*
queli^
aujourd'hui Hiéronda, c'est-à-dire lien secousse les a renversées, et
ce^ien-
sacré; il y n un village composé d'une n'ont pas été dérangées depuis;
la
vingtaine de maisons de pierre, un dant il manque sur le terrain toute
moulin u vent, et quelques cultures. Il corniche et tous les chapiteaux.
mor"
Je D*iniagintt pas comment ces
disparaître; ils ne
lo»
(x) SozoiiièM« V, 6*9. eeaui ont pu

Digitized by Google
ASIE MUMEURE. 341

pasf nterrés car ; le sol actuel est de plus . cet ajustement se piésentu si naturel-
de mètres en coDtre-bas du ni- lement pour le plan commp pour les di- \
veau des bases et de tous les morceaux
; mensions, qu'on ne peut douter que ce
du temple , les chapiteaux sont oeui qui temple n'ait été de la classe de ceux que '

peaveat le moins étro employés à d'au- l'on noolme flypèthres , ayant au mi-
tres ouvrages. lieu une cour ouverte et des paieries '

,
Il fallut donc prendre les moyens latérales. " L'hypèlhre, dit Vitruve (I)

pour mesurer les seuls chapiteaux qui est décastyle devant et derrière; du
«xistent, e'est-à-dire ceux qui sont en reste, il est comme le diptère. » Or,
place, à une hauteur de vingt mètres comme le diptère est oclostyle, le tem-
au-dessus du snl. J'éprouvais d'autant ple d Apollon doit différer de ce dernier
plus de difficulté pour mesurer la co- J;eure. Vitruve cite pour exemple de
fonne* que sa base est entourée de blocs 'hypèthre le temple de Jupiter Olym-
énormes de marbre. Je fus obligé de pien d'Athènes : on sait que ce temple
prendre avec un niveau une hauteur est décastyle. J'explique ainsi les paroles
correspondante sur une des colonnes de Strabdn : a On fut obligé de le lais-
irobiDes , et dont la base est dégagée. Il ser sans toit, » e*est-à-dire <|u*on fiit
n'y avait dans le village ni échelle, ni contraint de disposer l'intérieur eu
aucun moyen de monter sur les colon- forme d'hypèthre. On ne peut pas ima-
nes; mais le commandant fit venir quel- giner que la statue du dieu soit restée
ques matelots avec une chaise volante pendant plusieurs sièdes exposée aux
€l des agrès; on lança avec une pierre nilempéries, sans qu'on ait pris des me-
wne petite corde par-dessus l'architrave; sures pour la mettre à couvert, l a res-
elle servitpour en monter une plus titution que je propose n'offre aucune
un matelot, en s^aidant
forte, et blentdt difficulté de construdioD, puisque le
des eamielores, fut en haut de la co- prontos pouvait être couvert par des
lonne, au grand étonnement des Grecs, solives de 10", 20, placées sur les pentes
qui ne pouvaient comprendre une telle du fronton, en forme de pannes. Il en
agilité. Une fois sur Parchitrave, il est de mcme de l'opisthoaome ou pos-
amarra un palan auquel fut attachée ticum. dans lequel je suppose qu*etait
la chaise, et je m'élançai à mon tour placée la statue d'Apollon. Quant aux
dans l'esnace. Je mesurai les hauteurs portiques latéraux intérieurs, ils éi aient
de tous les tambours et les détails du couverts en atrium, la pente du toit
chapiteau ; mais ses dimensions sont si en dedans.
énormes, que j'éprouvai de grandes dif- Il est une particulnrité qui (li*;fin[:ue
ficultés. ce temple de la disposition indiquée par
Il V du temple deux rangs
a autour Vitruve c'est que
: le mur du posiicum
f de colonnes; mais on retrouve la plu- n*a point d'antes; vient 8*ajuster à
il

part des bases en place ; de sorte qu'il angle droit avec murs latéraux.
les
est facile de reconnaître les dimensions (!omme cette partie est bien conservée,
du portique. Le parement du mur de on ne peut avoir de doute à ce sujet.
la eella était fait de grands blocs de mar- Le temple n*avait pas de porte du odté
bre grisâtre ; mais Tintérieur de la cons- de Touest (2).
truction était en roche. L'épaisseur de sortant du village du côté du nord,
Kn »

ce mur est de 2'",73. D'autres fragments, on arrive dans un champ où se trouve une
plus ou moins ornés sont épars autour rangée de statues de style très-antique;
• de Tédiflce ; mais il en est qui ont été elles représentent des personnaees aasis
vus en 1764 et (jiii n'exist*»ni plus aii- dans d'une statue égyptienne ;
l'attituclp

'
jourd'hui. Je veux parier du chapiteau le sié^e est sunple il imite un fauteuil
:

• corinthien publié par Chandier, et dont de bois; ces figures sont vêtues de tu-
l*em placement est déterminé par lui à niques plissées et relevées sur leurs ge-
* l'entrée de la cella. Le mur de la cella noux il y en a six sur la même ligna;
;

ntire, de distance en distanee, des sail- les têtes ont été brisées.
lies qui paraissent avoir appartenu à des Une dépression de terrain semble in-
pii.istres intérieurs; cela indiquait on Lir. in.
(0
ordre de colonnes, et en effet, tout
(•) Fojr.pl. |8.

i^iym^cd by Google
W2 tUNl
diquer qoVn cet endroit il y avait 110 avoir eu d*autre illustratloii dani raotl*
f<'de; mnis on nti \. it aucune tr^
c'e quité que sa qualité de ville sainte ; elle
gradins^ou d'aube construction. n'a jamais eu d'existence politique inde-
ndant£, et son sort a toujours été lié
CHAPITRE XLn. r celui des autres villes dlonie. Lor»>
que les rois de Lydie totunèrent leurs
armes contre les villes grecques, Prièas
La foDdatioD de Priène remonte ne put résister, et fut prise par le roi
à
Vépoque où les Cariens, les I^éléges et
Ardys. Sous le re^ne de Cyruf la guerre
les Lycieus, étaient seuls maîtres du recommença contre les Ioniens; une as-
pays ; cette partie de la cote était alors semblée générale eut lieu au Panio-
occupée par les Cariens, qui reçurent une nium; Bias de Priène ouvrit \iu avis
(jui ne fut pas écoute pjr les Pneniens,
colonie de Cretois et ne firent plus qu'un
peuple avec eux. Les lonieus, soas la mais que d'autres villes, Téos et PhocéCi
conduite d'Audroclus, étant abordes sur mirent à exécution. Bias proposait an
Ioniens de s*embarqueravec leurs famil-
«etteoôta se rendirent naîtras de Hilet,
les et leurs objets les plus précieux, et
et s*y établireot à demeure. Quelques
d'aller s'établir en Sardai^ue, où ils fou*
années après, Androclus all.i secourir
les habitants de Prièoe, qui étaient en
doraient une dté unique qui comprea-
dralt toute Tlonic Les Grecs preférèreot
guerre avec les Carieus. Ce chef fut tué
la guerre à rabaiidon de leurs foyers.
dans la eombat, et les Ioniens rapportè-
Thaïes de Milet, qui descendait irune
rent son corps à Éphèse. Les Ioniens
famille phénicienne, avait ouvert un au-
s*établireiit ensuite a Prime et à Myus;
tre avis : il proposait de n'avoir ^*ua
ils étendirent leurs conquêtes et depôuil*
seul conseil général, qu*ils établiraient à
lèient nea i pea les CarieiiB de toutes
Téos, ce qui n'empêcherait pas que l«
leurs vflftes. Comme il y avait des Thé-
autres villes ne continuassent à se gou-
bains parmi les Ioniens, Pliilotas Thé-
verner par leurs lois particulières. Aucun
bain et /F^pytus Athénien, fils de Nelée,
de ces avis ne prévalut (1 ).
turent les chefs de la colonie dePriene(l).
Priène resta soutni>e aux Persesjusqu'à
Strakion regarde jEpytus eomme le fon-
l'arrivée d' Alexandre, non sans avoir ses
dateur de Priène les colons thébains
:

disseusious iutestines et ses tyrans do-


conduits par Philotas ne seraient arrivés
mestiques , comme MUet et Éphèse. KUe
que |)ius tard ; ces colons auraient donné
souffrit cruellement sous le gouverne-
à Pnène le nom deCadmé, par la raison
ment de Tabatès, gênerai perse, et plus
que Philotas, second fondateur de. cette
tard de la part de Uieron, un de >es
colonie, était de C^dmée en Béotie (2).
propres citoyens. Lorsqu'elle eut repris
Priène, soit a cause de son voisinage du
son autonomie, elle resta attachée a la
Panionium, soit a cause de la noulesse
confédération ionienne.
de son origine, était en droit d*élire le
situation de Pnene sur les pentes
{^résident des fêtes panioniennes, en
abruptes du mont Mycale ttail trop in-
'honneur de Neptune Héliconius. On
grate pour que cette ville fdt jamais ap-
choisissait pour roi du sacrifice un jeune
pelée à prendre un grand développe-
homme de Prieoe qui se chargeait do
floiu de la féte.
ment, même quand elle était place ma-
On sacrifiait un taureau à Neptune :
ritime. Des (]ue les alluvions du Méau-
dre eurent fermé ses ports, la ruine de
les Ioniens croyaient que le mugisse-
la ville fut consommée; il serait impos-
ment de la victime au moment du sacri>
sible aujourd'hui de reconnaître rem-
fioe était agréable au dieu (8). On sup-
placement des deux ports de Priène. L'un
pose que le nom du mont Mycalc se
des deux était disposé de manière à
rattache anx sacrifices qui se faisaient
pouvoir être fermé. Du temps de Stra>
dans les environs (4). Priène ne parait
bon, Priène était déjà devenue uoe ville
(t) Pausauias, I. II, a. méditemnée (3) ; elle était à quaraoïe
(2) Id., XIV,61ti.
(3) Id., VIII, 384. (1) Hérodote, 1. I, 170.
(4^ Du mot |ivi(éo|M(i« mugir. (s) Strtbon, XII, $7^

Digitized by Google
ASTE HINRUllE. 343

Itades (7 kil. ) de la mw; aujourd'hui la concile de Cbalcédoine par Étienne,


distanoe est presque doublée. métropolitain d'Éphèso (acte 6 du con-
Les ruiues de l'riène, telles qu'elles cile de Cbalcédoine Étienne, évéque
!
;

5Ubsi>ten.t aujourd'liui, démonlreril clai- d'Éphese, pour Isidore, évéque de Frièhe;


reineut que cette ville ue fut jamais et pour les autres evéques de la province
3n*aii centre religieux eommc étaient les d'Asie (I); le troisième est mentionnér
eux Comana. Le comiuerce, l'indus- sous ce titre Pau!, évéque de la ville
:

trie et la puissance maritime étaient con- de Priène de la province d'Asie. Il est


centrés dans les murs de Milet, sa voi- fait mention d'un quatrième évéque^
sioe. nommé Démétrius , qui avait donne
lies moDuments de Prièœ sont tous vingt écus d'or pour la construction
consacrés au culte et aux jeux publics, d'une église. 11 nVsl pas nécessaire do
qui faisaient partie des léles religieuses, rappeler que ces églises primitives étaient
Pausanias cite le temple de Minerve avec des àifices de vès-petite^ dimennon';
line statue très-antique de la déesse (1). d'après les ruines qui subsistent encore
Les ruines de cet édilice formiuit un on pourrait les appeler de simples cha-
monceau de décombres peuvent encore pelles.
être étudiées; on retrouve aussi les ruines D'après l'aspect des ruines de Priène,
d*an théâtre et d*un stade; tous ces on peut être assuré que oette ville ftit

monuments réunis sont du goilt le plus renversée tout coup, par un tremble-
à
pur et formaient un .splendide piiî>enil)le ment de terre dont 1« souvenir s'est
qui s'élevait sur les terrasses de l'nene perdu; les temples, les portiques et
et dominait la vallée et la mer. Richard toutes les murailles sont écroulées et
Chandler, qui étudia ces ruines il y a un forment des monceaux de décombres,
siècle, recueillit une inscription en ^çrands où on voit que ni le temps ni la main des
caractères qui était gravée sur uae des hommes n ont contribué en rieu a cette
antes du temple et qui est ainsi conçue : destruetion. La plupart des temples de
rionie se présentent à nos veux dans le
Le ni Alexandre .
) même état, et la manière dont ils sont
a dédié ce temple i Minerve PoKide.
abattus ne laisse aucun doute sur la
La brièveté de cette inscription con- cause de leur destruction.
traste avec rétendue des inscrintions C'est àcetteépomie que lesbabitants
dddicatoiresde Tépoque romaine. Alexan- de Priène auront abandonné leur ville,
dre était sans doute occupé au sié<;e de f)our se retirer a Smynie ou a tlpbèse;
Milet lorsque les ioniens, moins jaluux e retrait de la mer avait déjà, comme
que les habitants d*Éphèse, pnèrent nous l'avons dit, porté un grave préiu-
Alexandre dinscrire son nom au firour dice à eette ville.

lispice de leur temple.


On iguore complètement à quelle CHAPlTKl!: XLUl.
époque Priène fut tout à fait aban-
donnée par sa population. Durant tomo BUINBS OB PBlàNB.
la période romaine elle eut une exis-
,

tence assez obscure ; sa déchéance com- L'antique Priene est connue auiour'
plète fut consommée par etablissemeut
i
d'haï sous le nom de Samsoun haie si :
de la religion chrétienne dans ces con- elle est absolument déserte. La ville
trée. Néanmoins on y observe quelques était bâtie sur une des pentes abruptes
nimes d'églises, et plusieurs des évéques du mont Mycale, ayant au sud-ouest la
sont nommes dans les uutices ecclésias- plaine du Méandre^ et à l'ouest la mer.
tiques. Les murailles, gui sont encore d'uno
IPrîène appartenait à la province conservation parfaite, sont un bel exem-
d'Asie ; sous la métropole d'É-
eile était ple de l'appareil hellénique connu
pbese ; sou premier évéques Tlieosébius, sous le nom de pseudisodomon ; quel-
aooscrivil m
maéàê dxphèse ; son ae« ques parties sont en assises réglées et à
coud évéque Isidore fut représenté au
(i) Lequieu, Orien» Chnstiamu^ t. III,
(i) Aumniat, Ihr. TIfl , di, 5. p. 7»7-

uiyiiizûd by Google
344 L'UMVERS.
bossage. La pente de la montagne étant peu convenable pour la construction
très-rapide, l'intérieur de la ville est des temples ; il partageait cet avis avec
disposé en terrasses sur lesquelles s'éle- les architectes Tharchésius et iieriuo-
vaient les prindpaaz édifiées: la ligne gène. Aussi fit-il d'ordre ionique le
des murailles forme un grand triangle, temple de Priène (1). »
dont Pacropole occupe le sommet et Le temple qui s'élevait au milieu de
dont la base est parallèle a ia plaine. l'aréa était periptère et hexastyle ; il
La partie supérieure de i*acropoIe est avait six colonnes de face et onze sur
défondue par un grand ravin qat sépare les côtés; Tordre était du style le plus
cette forteresse du reste de la montagne. pur, et ne brillait pour ainsi dire que
On est étonné de voir le sol tout hérissé par ses proportions : ce n'est que dans
de rochers comme si jamais as chemins les temps de décadence que la profusion
n*eu8sent été fréquentés par des hom- des ornements est venue altérer la pu-
mes; desescaliers rustiques, taillés dans reté des lignes.
le roc, conduisaient à renceinte, mais La frise était lisse et la corniche or-
ne sont pas beaucoup plus praticables. née de denticules et de palmeltes; au-
Cette partie haute de la ville ne pa- tour de l'édiGce le terrain est jonché de
rait jamais avoir été occupée par des débris de colonnes et d'architraves qui
maisons. appartenaient sansdoutean péribolo. De
En descendant de la citadelle, on ar- la terrasse où est situe le temple, on
rive sur uue grande esplanade où s'éle- descend par une pente rapide, qui por-
vait le temple de Ilinerve, Malgré l'état tait sans doute un esealler, sur la terrasse
de destnietion où se trouve cet édifiée, inférieure où était le stadr et l'agora.
comme tous les morceaux sont encore Le stade, est parallèle au mur delà ter-
sur le sol, et que ce sont des blocs de rasse, il n'a qu'un rang de sièges du côté
inarbre de grande dimension, il est pos- qui regarde la plaine; la plupart dessieges
sible de létablir Tédifioe dans toutes sont enlevés, mais on peut bien juger
ses parties. L*enceinte sacrée du temple de Tensemble. L'agora ne se distingue
de Diane est dirigée de l'est à l'ouest ; lus que par une enceinte jonchée de dé-
on y arrive par desjpropylées de mar- ris, il n'y a pas une seule colouae de-
bre, dont le plan diffère peu des propy- bout dans Priène. Le reste de lu ville
lées d'Athènes ; une façade avee quatre était œeupé par des habitations; on ne
coloues d'ordre ionique donnait accès à voit pas comment la ville communiquait
un vestibule soutenu par deux rangs de avec le port quand la mer était voisine.
pilastres, et du côté de l'enceinte un Ou voit encore les.vestigesd'un théâtre;
autre frontispice, de quatre eolonnes, e'est le monument le plus ruiné de tous.
faisait face au temple. Il suffit de constater que Priène n'était
Le caractère d architecture de cet pas privée d'un genre d'édifice qui se
édiûce ne démeut pas l'époque indiquée retrouve invariablement dans toutes les
par rinscription, c'est^iraira le temps villes de l'Asie, grandes ou petites.
où les arts de la Grèce étaient à leur L'ensemble des murailles qui presque
apogée. partout soutenaient des terrasses est eo
Le temple était l'ouvrage de Pythius, qu'il y a de mieux conservé; des tours
Tun des architectes les plus savants de carrées s'élèvent de distance en dis-
l'antiquité. Vitrove (I), après avoir énu* tance. On compte aujourd'hui trois per-
méré les connaissances multiples que tes; il y en avait sans doute une qua-
doit avoir un architecte, ajoute « Py-: trième dans le haut de la ville; elles sont
thius, cet ancien architecte qui s'est toutes dans un état de ruine qui ne per-
rendu illustre par la construction du tem- mettrait de bien les reconnaître qu'eu
ple de Minerve dans la vil'.e de Priène, faisant des fouilles.
avaiiecrit un ouvraf;e sur l'architecture, Les ruines de Priène ont été bien étu-
dont la perte est bien reuret table. Il diées par les architectes envoyés en Asie
<'tait au nombre des architectes grecs par la Société anglaise des dilettaoti;
qui pensaient que Tordre dorique était mais cette mine précieuse d'afcbitaeture

(f) TiUruve, Ifv. I, ck I, (i) Vilnivc^ liv. iV, ch. 3.

Digitized by Google
ASit; AUTlKURÉ.

grecque eit loin iTétft l'puîsée, et i*on aurait lieu de croire qu*il 5*agit de deux
serait certain àe fnire des découvertes rivières difTérenies (1).
bien intéressantes si l'on visitait Priène
avec fies moyens de remuer cette masse LES BUINËS DE PBIÈNE D'APBÈS
de bkîes aceumalés. M4MNKBT (3).
Les tombeaux des Priéniens situés
dans levoisinase delà ville ont par leur Sur la rive nord, et près de l'embou-
style uue grande resseniblaoce avec ceux chure du Méandre, s'élevaitla ville de
des Éphéfiiens. Ce sont des exeavatkms Priène, dont le territoire s'étendait jus-
faites dans le flanc de la montagne, dans qu'au fleuve. Priène n*a pas été long-
les ]iiplles on introduisait les cercueils; temps une ville maritime. Du temps de
un petit nombre d'inscriptions a été Ptolémée et de Strabon elle était déjà
copie par Chandier, le reste est iné* éloignée de la mer ; cependant Hérodote
dit. fait mention de la flotte que cette vifle
Samsoun kalé si est sitnp à quatre ou envoyait au secours des Ioniens (3), et
ein(( kilomètres de Kélibesch, gros vil- Scvlax nous apprend qu'elle avait deux
lage uniquement habité par des Grecs ; ports, dont l'un pouvait être fermé. Les
un peu |Mns bas est un autre village du nombreux détoursduMéandre du côté de
même nnnj, habité p.ir les Turcs. Kéli- M\'us devaient aussi se porter vers le
beseb est a douze kilomètres de Soukeul territoire de Priène.
OU Seukieh, gros bourg où réside Ta^ha Un eufoncement du golfe de Milet
3ui commande le district. Ceux qui vou* s'étendait encore jusqu*à à Té-Myus
raient visiter Priène feraient bien de poque romaine, prolonger
et devait se
se munir d'un cawas à Seukieh, attendu jusqu'au voi.sinage de Priène; mais les
que les Grecs de Kélibescii sont assez marécages qui se formaient rendaient
hostiles aux étrangers. ces parages impraticables aux navires,
Un ruisseau considérable descend et peu à peu le fleuve portait son em-
du mont Mycale, et vn se jeter dans bouchure plus au large vers roiiesl.Leii
le Méandre. Plusieurs géuj^raphes sont ruines de Priène sont aujourd'hui con-
disposés h identifier ce cours d*eau avec nues sous le nom de Samsoun kalé si,
le fleuve Goesus, cité par Pline et par situées au pied d*une haute montagne, à
Mêla; niciis Hérodoteen déerivnnt In ba- un mille environ du Méandre et un peu
taille de Mycale dit positivement (I j que plus de la côte maritime.
m la flotte perse quitta sa ^ition, et s*a- Un petit ileuve qui s'appelle Kéli-
vnurn aprps avoir dénasse le temple des beséh tchal, et qui la plupart du temps
Kuiiiriiides, de Myc^ile jusqu'à reml)ou- est à sec, coule de la ville vers le IMcan-
cbure du fleuve Gœson et du Scolopéis, dre ce ne serait autre cliose que le fleuve
;

près de laquelle est le temple de Gérés Gœsus de Mêla (4) , qui aurait eu sou
Éleusine, bâti par Philiste fils de Pasi* embouchure dans la mer; mais aucun
dès.» Or, comniela bataille de Mycale se observateur ne Ta encore reconnu.
donna sur le revers nord de celte mon- Prièneétait une colonie des Ioniens (5);
tagne, dans la plaine où était le Panio- elle faisait partie des douze villes de l'al-
nium (TriianKli), le Goesus ne peut coo- liance ionienne, mais diaprés Hérodote
ler dans la vallée du Méandre; n'est un elle appartenait à la Cane.
des cours d'eau qui se jpitrnt dans la mer, Priène ne fut jamais une ville puis-
entre Scala-Mova et Myeale. sante et considérable; en 1230 les Turcs
Pline, qui décrit la c^te en allant du s'emparèrent de la province.
sud au nord, mentionne d'abord le cap
Trojïilia(2). .Sur la partie de la côte nom-
mée Trogiiia Cle promontoire de My- (i) Voy. Mêla, Hv. I, 17.
cale) est rembouehuredu flenteGessos, (s) Géographie der Gnccfaea nnd Mmt,
ensuite la Panionie. Le fleuve Gocson t. ni, a64-
selon Épboie se jetait dans un lac. 11 y (3) Hérodole, liv. VI, 8.
(4) Mcla, liv. I, 17.
<S)FaiiHinat,liv.Tll^«.
(i) Hérodole, IX, 97.

(s) Mina, Hw, T« ^9.

Digitized by Google
MB L*imiVERS.
CHAPITRE XUV. Téos, fut mis à mort par le gouverneur
perse. Il fallait qu'plli' surpa^siit en m.:-
MÀGRBSIB DU MB ANDRE. —
TEMI'LE gnificence toutes Ks autres villes d'io-
DB DtàmE LBUGOPHBYlfB. nie,de Lydie et de Phrygie, puisque le
satrape lui avait donne la préférenee.
La ville de Mapnésie était située partie Réunie au royaume de Pergame, après
eo plaine et partie sur le peuchaot du la chute d'Antiochus , elle reçut quel-
moDt Thorax ; ses marailles , composées ques embellissements de la part des
de blocs de pierre de jy^aode dimeDsion, prmccs Altale. Tibère étendit son droit
sont presque entièrement conservées. d'asile; et les empereurs Nerva, Ha-
On peut du moins en suivre les con- drien etTrajan firent laire des construc-
tours dans toute leur étendue. On a tions dont les ruines sabsiitent encore.
employé pour leur construction la pierre Dans les temps chrétiens. Magnésie fut
tirée clu lieu même : c'est une espèce épiseopale, comme nous le voyons d*a«
de travertin; mais les édifices publics près le Synecdème d'Uieroclès.
étaient en marbre blanc, tire du mont L'édifice était orienté de l'est à l'ouest.
Pactyns, la même montagne d'où les Le temple proprement dit, ou naog,
Éplièsiens avaient extrait lo jnarbre des- étaitentoure d'uno pince (aren) et d'un
tiné a la construction du temple de portique Isfoa)^ qui formait l enceinte
Diane Éphésiemie. Parmi les édifices sacréo. Ce portique était lui-même en-
situés dans la plaine , on remarque un touré d'une autre enceinte, qu'on ap-
stade ou hippodrome , d'une conserva- pelait le Téménos; c'est In disposition
tion presque complète, et un édifice fiénerale de tous les grands temples de
considérable, probablement le gymnase, l'antiquité. L'enceinte du Téuienus est
dans les ruines duquel se trouvent plu- jonchée de débris de marbre seulptés,
sieurs beaux fragments d'architecture. de corniches provenant du portique
L'édifice qui avait donné ,i la ville de d'enceinte.
Magnésie toute sa renommée, le temple Le sol du temple proprement dit est
de Diane Leucophryne, était situé non également couvert de décombres, pro-
loin du g\'mnase, dans une enceinte venant de la chute des tÙXs de colonnes.
quadranpuTaire tout en marbre blanc.
,
C'est sous cette première masse de dé-
Les anciens se sont plu a faire tant de bris qu'il fallut chercher les frises tom-
descriptions de cet édiQce , que les di- bées et englouties dans un sol argileux
mensions en étaient connues avant et tendre , qui a préservé les seulptotes
m^me qu'il ne fût retrouvé; il était d'une rupture complète.
octost) le (c'est-à-dire a huit colonnes de Les colonnes du prouaos sont tom-
face), périptère (avec un portique), et bées dans la direction du sud -est. On
pseudo diptère. C'était le premier exem- voit, en foufllant on peu la terre, qoe
ple d'un édifice construit sur ee plan, tous les morceaux d'architrave cor-
et Vilruve le cite comme le modèle des respondent parfaitement à la place qu'ils
temples pseudo - diptères , c'est-à-dire devaient occuper quand l'édifice était
dont les portiques ont une lai^eor dou- debout. Les chapiteaux sontencoreassez
ble drs portiques ordinaires. nombreux à la surface du sol.
Les offrandes portées à ce temple, de La Inrireur de l'édifice est d'environ
tous les points de l'Asie, le disputaient trente melres; longueur de soixante,
sa
en riehesse à celles du temple dTphèse. en comprenant les emmarehements qui
Mais le temple de Diane Leocopnrvne doivent exister; ce qui donne pour la
fut pillé et brûlé par les Perses : c'est surface du temple à déblayer 900 mè-
probablement de cette époque que date tres.
.h décadence de la ville de Magnésie.
Artaxerxès la donna h Thémistocle pour BOUTB DB flCALA-VrOVÂ A MAG!ViSIB
que les revenus lui servissent à subve- DO miîaiidbb; imbk-bazab.
nir aux frais de sa table, ôretes gou-
,

verneur de Sardes pour Cyrus, habitait Lorsque nous fîmes l'expédition de


Mapésie; c'est dans cette ville que le Magnésie, en 1842, nous rarames des fir-
célèbre Polyerate, l'ami d'AnacMon de mans poor fiicilitcriMtre'foyage. Nous

Digitized by Googl
ASIE MINEURE. 347

donnons ici traduction de ces deux


la res. Dans les lieux périlleux, vous preu-
liriuaus, qui luut coauaiire eu même drez toutes les mesures (jour leur par-
temps et réiftt du service des postée ftiteséeuritédiiraDt le.^ajet,et lesferës
dans l'Asie Mineure, et le soin que pre- passer rapidement à leur destination,
nait le gouverniMiieut de la Porte pour sans (ju'ils aient à se plaindre de votre
garautir la sécurité des voyageurs. mauvaise volonté. Vous éviterez aussi de
les arrêter, sous le vain prétexte qu*il
TBÂDOGTION 1>*IIII FlBMAlf DE BOim. leur faudrait attendre les montures. Kn-
lii), vous pénétrant bien de ce point,
« Tres-illustres docteurs ortliodoxes, qu'il est contraire à noire volonté su-
mouftis et administrateurs, qui êtes en prême que vous exigiez d*eux la moindre
fonetion dans les districts des pays qui chose ou delà du tarif stipulé, vous vous
s'étendent de SoiiUiri a Sjîivriie. Aïdin conformerez strirleinenl à nos injonc-
et jusqu'à DetiguizU, et vous, primats lions, et vous vuu« appliquerez, de tout
desoiles loealitn, à la réception de ce votre pouvoir, à remplir ponctuellement
commandement suprême, sache/, qu'in- nos ordres. Sachez-le ainsi , et ajoutes
cessarament occupés à dotrr Tempire pleine foi à ce signe impérial,
d'institutions qui développent sa pros- « Douneà Coustautiouple labien gar-
périté progressive, nous avons arrêté dée, le dernier jour du mois de djéroazi*
que le service des postes serait contlé à oul-ewei IS58 (1842).
nos IMouchirs, qui nous rendraient
compte des recettes et des dépenses, ou " trm/urfion conjorme,
à des particuliers qui oltriraienl de s'en „ Le premier drogman du Consulat
charger par spéculation, en déposant général de France à Smyme,
une somme proportionnée à l'impor- baron de Nbbciat. »
t.ince de l'entreprise , de manière que
le pays demeurât libre de toute charge xhadiiction du firman de voyage
sous ce rapport. Ce genre de service est de smybne a scala-.nova.
maintenant définitivement organisé de
Scutari a Smyrne, et de Constantiuople « Très-illustres docteurs orthodoxes
lusqu'à A udnnople. Sur ces deux ligues, qui vous trouvez placés en qualité dp
le tarif du cheval de poste est de deux juges, mouftis sur la route de Smynm
piastres et demie par heure déroute. Au aux lieux désignés ci nprès, et vous,
delà de Smyrne et d'Andrinople jusf|ii'à administrateurs, menibrts des conseils
l'extrême limite de leurs territoires, le municipaux, etc., sachez que, Tambassa-
prix de chaque cheval est de quatre- deur de France nous ayant exposé, dans
vingts paras par chaque heure de che- une note officielle, que M. Texier, bejr-
miri; et dans tout le reste de l'empire, zadé franç^nis, escorté de quelques coii>-
où les règlements nouveaux n'ont pas pagnons et de quelques serviteurs, de-
encore reçu d'application, le tarif du sirait voyager de Smyrne à Couch-Ada
cheval fiera, en mie par le passé, d^une Magnésie du Méandre, Aïdin et Den-
seule piastre a l'heure lelle étant notre
: guizli , et (ju'il demandait, en consé-
volonle suprême. Maintennnt que cinq quence, un lirmau qui garantit la secu-
voyageurs lrau<^ais de diâtineliun vout rite de ces voyageurs, nous avons bien
se mettre en route de ma Sublime Porte voulu leur accorder le présent firman.
pour les lieux desiiinés plus haut, dans A sou exhibition dans tous les districts
quelque district de vos juridietions qu'ils de vos juridictions respectives, vous au-
arrivent, vous aurez à leur fournir rez soin de les faire voyager avec les
viogt-(|uatre forts chevaux , que vous plus grands égards, de les pourvoir des
leur ferez payer au taux des nouvelles Tivres a
des montures pour leur argent*
ordonnances, et vous leur délivrerez un au prorata de leurs besoins, et d'exercer
récépissé de ce qu'ils vous auront payé; envers eux les lois de la révérencieuse
et vous vous garderez bien de faire le hospitalité. Sachez-le ainsi , et gardez*
contraire. Vous éviterez également de vous bien d*y contrevenir, car nous en-
rançonner les indigènes nos sujets en tendons que nos ordres soient exécutés
numéraire, comme en autres fouruitu- sous la moindre infraction.

uiyiiizûd by Google
848 U UNIVERS.
H Donné à Constantinoj)|p nu rom-
, vajie. Les lianes qui se mêlent aux ar-
mencenieiit du mois de djémazi-oui> bousiers et aux clif^nes liénes forment
ewel i256{i6r2). » des berceaux de verdure impénétrables
Pour m rendie de Seala-Nova à Ma- 80 soleil. Arrivé au sommet de cette par-
gnésie, on peut suivre deux routes la : tie de la montagne, on reconnaît que la
première par Spukié; cVst celle mil est roche change de nature de longues stra-
:

{>raticable aux voitures; ou peut 1 appe- tifications de marbre blanc apparaissent


er la ronti du sud; la seconde, pas- sur le flanc de la vallée, qui réunit les
sant par Demi en-déi^ ou Ortygie, est eaux de tous les plateaux supérieurs
à peine praticable aux cnvalirrs. 11 faut et donne naissance au Léthéus (1). On
franchir une des crêtes les plus élevées n'i st pn<, en lijine droite, à plus de six
du iVIycaie pour aller ebercher les sour- kilouieires d'Éphese. C'est dans cette di>
ces du fleuve Léthéus, dont le cours se reclion qu'il fendrait chercher les car-
dirige vers la plaine de Magnésie. Cette rières de marbre blanc découvertes par
dernière route n*a pas plus de douze à le berger Pixodore. Peut -être pourrait-
quatorze kilomètres de parcours qua- : on y trouver l'autel d Évangelus. qui
tre kilomètres jusqu^à Dermen-déré; fut èleve par ordre des Éphésiens(2). Le
on monte ensuite, à travers des rocs cours du I^théus s'augmente rapide-
éhoulés, jus(jn\'i la partie liante d'une ment du tribut d'uno foule de ruisseaux
vallée appelée Atchiova au milieu de
, qui cnnlent de ces montacnes. Un peu
laquelle est un grand village. Le som- avant 1 arrivée dans la plaine de iMa>;ne-
met du col dont je viens de parler est sie, il traverse un village turc aban-
occupé par des constructions oui se con- donné, où sont de nombreux débris de
fondent tellement avec le rocher, qu'on colojines, d'entablements, el tout ce qui
a p<:ine à y distinguer le travail des constitue une station ancienne assez
hommes; ce sont des pans de murs importante. Mais il n'y a point d'ins-
composés de pierres brutes, de dimen- criptions : elles ont sans doute été, selon
sion colossale, et qui sont contempo- l'habitude, employées dans le cimetière
rains du Nymphée d'Orty^ie (1 Ce sont 1. turc; peut-^tre faut-il voir dans cet en-
sans doute d'anciens ou^ra;;es des abo- droit remplacement de l'ancienne liylé;
rigènes. Au village de Atchiova , on re- nous dirons en décrivant la plaine en
marque plusieurs fûts de rolonnes de quel lieu fut situé l'Antre d'Apollon.
marbre cannelées, de 0,80 a 0,90 de Le fleuve Léthéus, une fois qu'il .1

diamètre. Comme cet endroit est com- gagné la plaine, forme des marécages,
plètement cerné par les montagnes, il dont l'étendue s'augmente chaque année,
n'est pas probable que ces antiquités et a fini par diasser tous les habitants
aient été apportées d'ailleurs; néan- de ces districts.
moins, on ne saurait dire d'après la seule La route de Scala-Nova à Magnésie
inspection des lieux a quel cdilice elles
Sar Seukie est établie sur
une grande
ont appartenu, ni déterminer le nom épression de terrain qui existe entre le
antique de Pendroit. Il y avait aux en- mont Mycale proprement dit et la par-
virons de Magnésie un temple très-vénéré tie que les anciens appelaient Pactyas.
de Dindyniène ou Cvbéie, daus lequel (^est véritablement le grand passade' des
la (ille de Thémistocle avait exercé la caravanes entre la vallée du Méandre
prêtrise. Ce temple n'existait plus du et le port de Scala-Nova.
temps de Strabon; les ruines que l'on En quittant cette ville , on contourne
voit près du village pourraient faire sup- le mamelon sur lequel est établi le châ-
poser que l'ancienne Magnésie (2) était teau, pour gagner le bord de la nier, eu
située aans cette vallée. face de l'île de Samos. On marche en-
Après le village on commence à mon- suite droit à l'est, jusqu'à une fontaine
ter de nouveau, marchant toujours sur d'eau minérale tiède, qui sort do pied
un sol de pierre calcaire, couvert de la
végétation la plus riche et la plus sau- branche
(i) iiicoiilpslaMrnietit reit»'

du Myciile qui chez Us aiuieiu portait le

(i) Voyez paj;e SaS, Ortygie. nom de moot Piclyo.


(«) Slnboo, Xnr, 647, (9) SmbOD, XIV, p. 646.

Digitized by Google
ASIE MIMÊORE.
d*uiie colline isolée. Cette colline est CHAPITRE XLV.
couronnée de construrtions archaïques
de style pélasgique Nous avons décrit MAGIIBSIB DU MBANDBS.
cette construction dans le chapitre sur
Ortygie. Un
examen pins a|»pn>foodi de La ebalnedn Pactyas forme on groupe
oes mince nous poite à croire au*on montagneux qui s étend de l'ouest à
pourrait les identifier avec celles ue la depuis la mer jusqu'à la vallée du
l'est,
ville d'Anéa, qui, suivant quelques au- Méandre. kUle est bornée au nord par
teurs, appartenait à la Lydie ou à la Carie. la vallée du Léthéus, dont le cours se
Étienne de Byzanoe et Seylax émet- dirige vers Test, et au sud par la vallée
tent à ce sujet des avis opposés. Mais le de Atchiova. Au moment de joindre la
f>remier de ces deux géographes dit que plaine de Magnésie, celle vallée se ré-
a ville d'Anéa était située a opposite l forme un col dont le prolonge-
trécit, et
deSamos; elle est donc plutôt comprise ment porudt dans Tantiquité le nom
dans la limite de la Lydie. Hiéroclès, de mont Thorax Le revers oriental du
dans leSynecdème, place cette ville dans mont Pactyas, du côté du Méandre, se
la province d'Asie. C'est encore une rai- prolonge en ligne droite nord -sud , de
son pour la regarder comme une ?ille sorte que la pleine de Magnésie se trouve
de Lydie. Thucydide mentionne souvent encadrée, au sud et à ToiMSt, dans une
la villi^ (i'Anéa comme aynnt été occupée enceinte carrée.
par quelques exilés de Samos dans la Eu entrant dans la plaine par la val-
première partie de la guerre du Pélopon- lée do Léihétts, on volt à gauche un vil-
nèse (I ) Suivant cet historien, e'était une
. lage composé de quelques huttes re- ,

place maritime, ou au moins accessible marquable par une source très-abon-


par mer; car les habitants de Chio y dautequi forme un beau bassin entouré
firent une descente, et de là se mirent de platanes. Des débris d*aTcbitecture
en relation avec les Blilésiens. Il résulte assez nombreux couvrent le sol. En sui-
de l'examen d'un autre passage qu'un , vant la pente de la monla«:ne vers le
ofiicier athénien, nommé Lysiclés, étant village de Gumucli on aperçoit à mi-
,

descendu à Mvus avec douze barques cùte uue vaste grotte ouverte versiesod.
marcha par terre à travers la plaine du On ne trouve dans ces ruines aucune
."Méandre; ilmais
fut attaqué par les inscription qui mentionne l'ancipii nom
Carit'iis ethabitants d'Anéa, près
les du village; mais cette prolle est un in-
d'un endroit appelait Sandius
(^u'on dice suffisant pour y reconnaître le vil-
Collis, et fut mis en déroute. Il paratt lage de Hylé, qui, selon Pausanias,
donc, d'iipres cela, que les Anéiles étaient était voisin de Magnésie (I), et se dis-
établis dans le voisinage du Méandre, •
tinciiail par une grotte consacrée à Apol-
entre Magnésie et Priène, dans le groupe lou, et dans laquelle on conservait une
montagneux qui sépare ees deux illes; très-antique statue de ce dieu.
et leur territoire s'étendait jusqu'aux Un passage de Xénophon, relatif au
t>ords de la mer de Samos. Étienne de site de Magnésie, nous mettrait sur la
Byzauce dit que cette ville avait pris son voie pour reconnaître l'emplacemeut de
nom de Tamazone Anéa. cette ville, quand même 11 ne resterait
Le reste de la route est tracé à tra- pas d'autres preuves dans les ruines de
vers les terrains accidentés du mont ses édiOces. Avant que la ville actuelle
Mycale, jusqu'à Seukié, ville moderne, ne fOt fondée, il existait dans cette plaine
où Ton trouve quelques fragments an- uue pelile ville du nom de Leucophrys,
tiques, mais qui sont apportes de Sam* qui était voisine d*une source thermale
soun, l'ancienne Priène. très-al)ondante, formant un lac d'un
Seukié est située dans la plaine du stade d'étendue, et dont l'eau était po-
Méandre : de là aux ruines de Magné- table. Klle était célèbre par uu temple
sie, le parcours n*ofïîre aucune difficulté. de Diane (2). Cette localité se reconnaît
distance est d'environ douze kilo-,
mètres. (i) P<niv.niiii>, iMiociilc, liv. X, cliap. 3î.
(a) LWuiée des Grecs cauiptiit i Leuco-
(OThucydiih', IV, 73; III, S7. phrys, lîMi lennrqoiblft par le temple de

L.iyni^ed by Google
L'UNIVERS.
aujourd'hui près du village de Gumuch. être comparée a celle d'Lphese. Toute
Il y a des sourees chaudes, près des» la crête ou mont Tborax est couronnée
auélles existent encore des ruines d*ua par une muraille en pierres de taille,
édifice romain. Les habitants viennent ouvrage des rois «.'rers elle est défendue
:

de tort loin y prendre des bains. Ces de distance eu distance par des tours
sources n'étant plus entretenues s'é- carrées. Les murailles descendent en-
panchêDt dans la plaine , et forment la suite dans la plaine et vont rejoindre
,

majeure partie des marécages qui la le lit du Léthéus, où on les ret-rouve


rendent si malsaine. Autrefois les eau\ encore presque intactes. Les piles, con.s-
étaient portées a Magnésie par uu truites eu pierres de grand appareil,
aqueduc que Ton observe encore dans Sue l'on retrouve dans le lit du fleuve,
un pan ours assez étendu. Il est couvert onnent à penser qu'à une certaine
d'épaisses couches de stalactites ; et époque il a été en partie renfernic dans
comme la source n'est pas fort élevée l'enceinte. Du côté des eaux chaudes on
au-dessus du niveau de la plaine, cet voit un stade entièrement conservé.
•aqueduc forme un eanal de deux mètres Tous les gradins sont encore en place,
eiivîron de hauteur. Cet endroit reçut et Ton observe quelques piede&tauji quî
sans doute ie nom de Leucophrys a ont supporte des statues.
cause des rochen blanchâtres qui cou- Le versant du mont Thorax élalt taillé
ronnent les crftes du Paetyaf , et qui enterrasaes formant plusieurs étages,
sont (le enleaire crayeux. Le surnom de sur lesquels s'élevaient divers rnomi-
la divinitéqu on y adorait est un sur- meuts. Le Gymnase est dans la plaine.
nom local auquel il ne faut pas cher-
, C'est un vaste édifice, entièrement con-
cher d'autre signification. Nous voyous servé, mais qui a tous les caractères de
dans la m^me contrée Apollon Clarien, l'âge romain. Il se compose d'une grande
— Diane Éphcsienue, —
Diane Pergée, salle, entourée d'autres salles, plus pe-
tous surnoms qui désignent des dieux tites el disposées comme au gymnase
topiques. d'Alexandria -Troas.
En parlant du bourg de Leucoplirys, temple s'élevait au milieu d'une
Xénophon ne fait aucune nienliou du enceinte de muraille, encore parfaite-
nom de Magnésie. Cette ville existait ment conservée, et située dans la partie
pourtant alors, caria fondation remonte la plus basse de la ville.
à une antiquité bien plus reculée. Elle Les colonnes de chacune des faoea
dut sa création à une colonie de .Ma- étaient tombées, en conservant leur dis-
gnésiens des environs de Dotiuni en tance respective. L'entablement formait
Thessalie (l), et arriva bientôt à un cer- au milieu des joncs (ear les marais ont
tain degré de puiœance ()ui lui permit envahi Paréa) une ligne de blocs de
d'entrer en lutte avec Éphèse elle-même. marbre très-réunliere. Sur les fat ades,
Mais à l'époque de l'invasion des Trères les frontons tombes sans ordre funnaient
en Lydie die fut prise et presque en- deux monceaux de décombres. Enfin,
tièrement détruite. Cest à l'époque de les pierres de la cella s*élevaient au
son rétablissement qu'elle fut transpor- centre.
tée au heu où nous la voyous aujour- Le pourtour de rédifice elait couvert
d'hui. Elle fut. repeuplée par les Mile- de débris de toutes espèces cliapiteaux,
:

aiens et par quelques habitantsd'Éphèse. statues brisées, colonnes d*un module


Aujourd'hui les ruines couvrent une différent de celui du temple, et enfin ,

étendue de terrain considérable depuis, du côte de l'ouest, un massif séparé,


les bains chauds lusqu au delà du mont uui paraissait avoir appartenu a un édi-
Tborax; la aituanon de cette ville peut fice distinct.
La petite mosquée est bâtie sur les
ruines d'un autre édifice, et dans l'an-
Jiiênet qui est en grande %énération, et par
lin étan^ de plus d'un stade, dont le fond est
gle sud -ouest de l'enceinte e^t une
sablonneux, l'eau vive, bonne à boire, et grande aalle divisée en travées par des
chaude. (Xénophon, Melieniea, liv. III, ch. a*
'
»rc8 décorés par des revêtements de
p. a4i, Giiil.j
marbre. C'était peut-être la (ierousia.
(t) SUidiou, liv. page 64;. Les diûérents morceaux de l'entable-

Dlgitized by Google
ASiK M NEURË. 3âi

ment étaient eusemblp par des


reliés Strabon entend par le mot f ji,ythmia.
ancres de fer scellées en plomb. Une Les colonnes extrêmes l et s s'.ijustent
barre de fer entrait dans le diapiteau^et avec les culounes du portique latéral ;
Tarebitrave; des tenons étaient sceltéi rentre-colonoement était de 3 mètres ;
dans chaque pierre de la frise et les , celles qui suivent, 3 et 7, sont placées
corniches étaient reliées de même. J'ai dans l'axe du ptéroma ; les deux au-
rapporté au musée du Louvre plus de tres, 3 et 6, sont dans l'alij^uement des
eent kilogramoMS de ftr et de plomb an tes ; et enfin les deux colonnes du
tilés des ruines du temple. Cest ce sys- milieu, 4 et &, s'alignent avec les deux
tème d'armature qui empêcha IVntn- colonnes qui étaient placées entre les
bleaieut de se disjoindre lorsque T^di- antes. Cet entre-colonnement était plus
flee tomba, renversé par le tremblement large quetous lesautres, ilétaitde 3"3&.
de terre; maia nous eâmes une peine Les deux finontons étaient tombés
îniinie pour tirer les moroeaux à menue sans se disloquent, l^ous n'avons pas
qu ils se présentaient. trouvé de bas-reliels dans celui de la
11 résulte de cet état de rédiûce, que façade. Celui du posticum offrait une
toutes les parties de Tentabiement étaient particularité oui se rencontre rarement
contemporaines de la fondation , et que dans les temples antiques il avait dans
:

nulle pierre n*a pu ^tro placée après le milieu une fenêtre, dont le pourtour
coup comme restauration. Chacune des était décoré dun bandeau architrave;
pierres porte, comme repère, une lettre elle était destinée à donner de Tair dans
gravée sur le lit supérieur. La série les combles. Cela prouve, à ninn avis,
commence à Taugle S.-K. par la lettre que le temple n'était pas hypethrc, car
A. >ious nous sommes assuré qu'aucune les combles , dans ce cas eussent pris
des pierres de la frise n*a été aérangée ; leur jour sur la cour intérieure.
de forts crampons de fer, scellés en Dans Talignement du temple et du
plomb, tenaient le chapiteau à l'archi- cotédu posticum, on voit un massif de
trave et toutes les pièces de i'arcbi- maçonnerie de marbre, qui est trop
traTO entre elles. La présence du rainé pour qu'on poisse en reconnaître
fer
dans un pareil édifice pourrait donner rordonnanee. Les eaux des marais sont
quelques doutes sur IMgc de sa cons- plus profondes en ce lieu que partout
truction i mais au Partbenou d'Athènes ailleurs. Nous y opérâmes cependant
les différentes pierres étaient également quelques fouilles , qui mirent à décou-
reliées en fer. On trouve des traces de vert une jambe d*une figure plus grande
scellement de fer dans des tambours que nature, en bas-relief elle avait ap-
:

de colonnes qui n'avaient jamais été dé- partenu à un homme nu. On découvrit
placés. également le pied d'une statue defeinme,
Presque tontes les bases, qui sont de chaussé d'un cothurne, et différents
style atlique restaient à leurs places
, dél>ris de torses de marbre. Ce petit
respectives; elles sont composées d'un édifice était carré. Les inscriptions en
seul bloc de marbre, et le tore est orné l'honneur de Nerva et de Marc-Aurèle
d'un rang de feuiUes ou de rais-de- et une inscription impériale que je n*ai
cœur. Ces ornementa varient sur chaque pu lire prouvent que cet édifice était
base. élevé en l'honneur do quelque empereur ;
Les fikts sont cannelés , la colonne les autres inscriptions que i'ai copiées
composée de trois à quatre blocs de dans les différentes parties de renceinte
marbre. Les chapiteaux sont ioniques, sont toutes de consuls ou de pontifes.
eldu ^albele plus parfait les ornements
: Dans les fouilles qu'on a faites à Athènes
des coussinets sont variés sur les divers autour du Parthénon, on a trouvé,
chapiteaux. dans Taxe de rédifice du cdté de Test,
La fa<^de du temple était composée les débris d*un petit temple dreutadre,
de huit colonnes, dont les entrt^-cnlon- avp<- une inscription en l'honneur d'un
nements n'étaient pas égaux mais eta ient César. Ce temple occupe précisément la
,

Mpacés dans des rapports qui s'accor- même place que le massif de maçon-
daient parfaitement avec les proportioi|B nerie qui est dans le Téménos de Ma*
delalaiSMir d» la «^94 an qua ^néaie.

i^iym^cd by Google
i;UNIVERS.
L'inicription suivante est gravée sur les Amazones sont tantôt à disval
un piédestal en forme d'autel, à droite, tantôt à pied : elles ont pour armes la

c'est-à-dire à Tangle N.-E. : sagaye , l'arc et l'épée, et portent des


boucliers qui , d*aprèa la dispositiau de
A iVropereur I>)erva Céiar Aamste, pérade
grand pontife, revêtu de It poisMoee
la pairie,
l'armature intérieure, devaient être de
triDunilienne, consul pour la troisième foia, le cuir.
sénat philoséba&le et le peuple ont élevé ( cette Le caractère le plus saillant de cette
Statue ),
Par les soins de Titus Flavius Déoodiafès, œuvre est la composition, qui décèle
Als de Cvrena Uémocharés» grand prêtre et un artiste consommé dans son art. Toai
éerlTala du peuple. les pleins et les vides sont calculés avec
une savante recherche. Les mouvements
L'autre ioscription est gravée sur une des ligures sont justes et viveuteot ac-
stèlê semblable; il est évident que les centués ; toute la partie sud est exéeotéi i

deux statues des empereurs faisaient avec un nerf et une habileté qui n'a point i

face au frontispice du temple. dans les monuments de l'nrt


d'p(;.ile

A l'empereur Cisar, maître de la terre et romain. L'anatomie de chaque figure est


de la mer, Marc Aurele Aiilonin, pieux, li«;u- exacte , et il y a certains ajustements
reux. augusie, Marcus Aurelius btrnlonicus, de guerriers ^recs qui ne seraient pu
et Sillctoo Uiérociés, et Marcus Aurelias
Ophelltmet AnrelliM. (Daph) lias, {{rands urè- déplacés dans une figure destinée ànre
tres (>t crrivainâ, ont !<'\t- cette statue)* Cris*
t (
isolée Cependant il ne faut pas oublier
pus L'iant logisle et a^iarque. que cet ensemble comprenait plus de
2uatre cents sujets; il u*est dooe p»
Une inscription des plus importantes, tonnant que , vus à terre, examiaésde
au point de vue de rétiide de l'éditicp, près l'un après l'autre, on trouve dans
se trouve gravée sur un fragment d'au- quelques parties des m'uligences de des-
tel ^ malheureusement incom-
elle est sin qui paraissent étraifgères a l'écolt
plète; mais elle prouve d*ooe manière tprecque. Il faut convenir que la coaulS' |

incontestable que ce monument est sance de la sculpture monumentale <tes


bien réellement le temple de Diane édifices grecs d'Asie en est à son début.
Leucopbryoe, bâti par Hermogène. Tous ceux qui ont pu comparer la frise
de Maçncsie du Méandre avec celle de
Sous la stéphaooplioried'Hécatodore, Aphro- ]

dise.... fille de Dêmocharès, était devenue


Phigalie ont été d'accord pour y re-
piêlvesse de Olane Leuoopliryoe... connaître une çrrnridc analogie dans la
composition et dans l'exécution; celle
Une autre inscription, sur laquelle se de Magnésie est à p\us haut relief, car
trouve inscrit le nom de Diane Leuco* il y a des figures qui se détachent eon*

pbryne, a été rapportée par In Com- plétement du fond : et l'on ne peut nier
mission, et est déposée dans les galeries i^ue certaines d'entre elles sont traitées
du Louvre. avec entente de la sculpture monumen-
tale , oui les phce ou premier rsag
A la bonne Fortune... était deveoue prêtresse
de Diane Leucophryne... parmi les oeuvres d'art de ce genre.
Nous devons cependant signaler dans
Ces deux stèles étaient placées devant certaines parties une faiblesse d'exécu-
l'entrée du temple. tion qui déparerait un semblable édh
Le sujet deces sculptures représente floe, si elles étaient placéca prèi de
le eouibat des Athéniens contre les l*ail du spectateur. Il y a des figures
Amazones. dont l'incorrection dénote une main
L'action commençait au frontispice peu exercée mais vouloir s'attacher a
:

du temple, pour se continuer sur les de tels détails pour luger TwiseBiNs
deux faces latérales et se rejoindre au d'un édifice qui passait pour un des plus
posticum. Le morceau central représente remarquables de l'Asie, c'est faire des-
Hercule vétti de sa peau de lion et cendre le grand art de l'architectun' a»
combattant contre deux fenwnes uuer- niveau des ligunnes de cabinet. Feliei-
rières; la raéléc est confuse ; les che- tons-nous qu'un hasard inespéré nous
entier
vaux, luttant d'ardeur, prennent part ait permis de retrouver presque
«I eombat tous les Grées sont à pied;
*, on momiHMat que Ton oojniit à tout

DigitizecI by Google
ASiE MINEUHE. S6S

jamais anéanti, et nous ait permis de tours carrées, placées de distance en


contrôler ainsi le jugement d'un écri- disomee, défenaaient Tédifioe contre
vain célèbre, chose ai rare dans Tétude toute tentative de rapine. Des portiques
de l'art. d'ordre dorique grec régnaient dans le
J'ai cité la frisedu temple de Phi- pourtour ; ils étaient d'une grande sim*
galie« parce que ce monument est plieilé, et ornés dans l'intérieur d'une
néralrment connu des artistes; mais peinture unie. Sur le devant du temple,
j'ai ;iussi observé, dans les murailles du et un peu à gauche était une enceinte
,

cli;^teau de Boudrouiuet dans celles de en forme de basilique, et qui a pu ser-


la citadelle de Ces , des fragments de vir de salle d'assemblée éa conseil su-
frises représentant des combats d'Ama- prême.
zones, et qui , très-probablemenl, pro- On voitque les murailles de l'enceinte
venaient du tombeau de Mausole. Ces ont été reconstruites par les Romains,
frafoneots, exposés depuis tant de siècles mais aveedes matériaux primitift ; c'est,
à toutes les causes de destruction, sont je pense, à Tépoque où le droit d'aaile
loin d'être aussi bien conservés que mt augmenté par Tibère (i).
ceux de Magnésie ; mais je remarque Les inscriptions ne permettent pas de
une telle analogie dans la oompositioD déterminer dîme manière positive
et l'exécutionf que je suis conduit à re- l'époquede la eonatroctiondeoet édifice ;
garder ces sculptures comme de ia même mais on sait que tous les temples de
'
école. 1 Asie, à l'exception de celui d'Epbèse,

Lorsque les artistes seront plus fa- furent brûlés par ordre de Xerxes (3).
railiers avec la sculpture des Grecs Il n'est donc pas antérieur à Tinva-
d'Asie , lorsque des monuments oui sion barbare. On sait, de plus que les
ont été si carement observés par des monuments relweux n'ont
principaux
hommes compétents seront jplos con- eommencé è se relever de lieun minea
*
DUS, on reconnaîtra cette fénté, que Je on'à l'époque d'Alexandre. Cette œuvre
lègue il d'autres temps. Je restauration s'est continuée sous ses
Le passage de Strabou n'est pas Je successeurs, et les princes Attales ont
seul qui noos mette è même d'apprécier donné aux arts un essor que les Ro-
le jugement des aneiens sur le temple mains n'ont fait oue suivre. Comme
de Magnésie. Vitruve en parle avec un nous connaissons la date de la recons-
sentiment d'admiration assez rare chez truction des temples de Priène, et que
cet auteur, et il n'hésite pas a placer l'architecture de Magnésie a des rap-
l'architecte Hermogène au nombre des porta très-évidents avec ees derniers,
de son temps.
artistes les plus célèbres il est naturel de regarder ces édifiées
« la ville de Magnésie, on
Dans comme à peu près contemporains et ;

oit temple de Diane Lcueophryne.


le l'on peut, sans erainted'erreur, admettre
Si l'on en excepte le temple d'Epbèse, 3ue le temple de Diane fut construit
ce monument par sa grandeur, par la
, ans la période de 330 à 300 avant .T.-C.
richesse des offrandes, par ses justes On ne doit pas douter cependant que
proportions et Tart avec le(]uel il est l'ensemble des édifices sacrés de Ma-
construit , par l'ornementation du lieu gnésie n'ait été sujet à quelques chan-
sacré, surpasse tous les tèmples d'A- gements, ou n'ait reçu des offrandes,
sie et par sa grandeur il les surpasse
; dont quelques-unes consistaient en co-
aussi tous , excepté deux , celui de lonnes, autels, ou ornements d'arcbitec-
Didymeet celui d'(!!phèse. • Cest asses tore.
dire à quel point cet édifice était célèbre
en Asie ; or, s'il fiU resté sans être ter- YILLSS D'IORIS AU SUD DU MSANDRB.
miné, Strabon n'aurait pas manqué de
le remarquer, comme il l'a Mt pour le Tontela région delà vallée du Méandre
temple de Didyme. au sud de Milet formait, à l'arrivée des
L enceinte ou le téménos du temple Ioniens, un vaste golfe panemé dllea;
était formé par uue grande muraille en
pierre de taille , à hossajges , qui se rat- (x) Tacite, Jnnctet, lîr. III, ch. 07.
tachait aui rempifla de la ville; dct (») SUsboo, hv. XIV» p, 6S4.

W UoraivraUim. ( Asib Minbu IB.) T. 11. SI

Digitized by Google
L'UNIVERS
aujouni ce ne sont plus que des
luii placement de ce bourg dans les marais
plaines uiarécogeu^câ uu les habitants qui bordent, au nord, le lac de Baii.
eonttruisent dw
buttet tejuporaires en Le mont Latmus (l) dont la base est
branches de tamariscs. Les villes de baignée par les eaux du Méandre, a
Myus, de Pyrrha, et d'Héraclée étaient donné son nom à la ville de T>atmus,
des ports de mer, qui se sout trouvés qui fut ensuite ap()elée Fléraclee. Elle
ensablés par des aUuvionç ; et déjà cette est brièvement mentiounée par les géo-
action du fleuve se faisait sentir dès grapbes, mais n*a jamais joué un HUe
les premiers siècles de notre ère puis- marquant dans l'histoire. Les ruines
qu'elle fut cause de la ruine de Alyus. sont encore remarquables, et leur po-
On ignore aujounThtii où fïit placée la sition près du lac 4q Bafi est des plus
ville de Myo»; ellftoeeupeit au pied da pittoresques.
moat Latmus un petit golfe, ou plutôt
uneeriqaedependantdu golfe de Milet, à JLUINES J>'ilSAACLKB DU LATMUS.
tnatestadetenrironde reai))ouchure du
Méandra.1joat oeierritoirefiitenlevéaux Héraelie est située à la base même
Cariens, cependant les Grecs regardent de la montagne, et le pied de ses mu-
Gydrelus comme le fondateur de Myus. railles baigne dans les eaux du lac.
Cette ville fit partie de la confédération Elles sont construites en pierres de
iOBîennev et rut donnée à Tbéaiistocle grand appareil , mais ont été en grande
par Artaxerxe. [/existence de Myus ne partie restaurées sous l'empire byzantin,
fut pas de longue durée; ]e»> sables alors (}ue dfija Uéraclée ne comn)uni-
charriés par le fleuve ayjut converti le quait plus avec la mer. L'édifice le mieux
golfe en tu vaste marais, les moustiques conservé est un tbéfttre, adossé à la
et d'nutres moucheronss'y multiplièrent montagne et dont le proscenium fait
,

de telle sorte que les hiibit.ints furent face au Lie. Les gradins ont été enlevés ;

forces de abandonner ; lis se reiirereut


1 ils formaient deux precinctions auxquel-
à Milet emportaBi aveeéux leur» medbles les on arrivait par des escaliers à ciel
et les statues de leurs dieux. Du temps ouvert.
de P;iusanias il ne restait plus à Mvus La pente du terrain de la ville était
un temple de fiacchus en marbre rachetée par des terrasses comme à
au
lane. Paosaniaa ajoute que les habi- Priène; elles communiquaient entre
tants dWtarnée près de Pergame eurent elles par des escaliers taillés dans le
un sort pareil : ceci explique pourquoi roc. Sur l'une des terrasses était située
les ruines d' Atarnee ont complètement l'Agora, sur l'autre sout les ruines
disparu (i). d'un petit temple prostyle, qui a été
A quatre stades de Mlyus se trouvait converti en église.
le bonri; de Thymbria appartenant aux Les tombeaux de la nécropole d'Hé-
Carieos, on voyait dans le même raclée sont de deux genres différents;
eanton la caverne i£omum consacrée les uns sont des caveaux taillés dans le
à Charon , éi limid- de laquelle 8*exha» roc, les antres des sarcophages de pierre
laient des vapeurs pernicieuses (2). ou de marbre. La plupart des monu-
Les distances duimees par Pausauias ments d'Héraclée sout de epu(iu<' ro*
1

et par Strabon seraient suffisantes pour maine, il faut en excepter quelques


faire retrouver toutes «s loealités si Sarties des murailles , et les terrasses
Ton avait une base quelcnnqne; mais d'Agora. Héraclée particip.i niix luttes
comme elles sont comptées de l'em- soutenues par la confédération ionienne
bouchure du Méandre, ou ne peut contre les rois de Perse ; elle secoua le
aantllpd'où partaient les stades comptés. ioug de Xerxès après la bataille de Sa-
Le petit bour« de Pvrrha était dis- lamine; mais elle retomba peu d. temps
tant de cent stades d'MérncIce du après sous le ^rouverncment d' Arlemise,
Latmus, il était au
de la mer,\mû reine d Ualicaraasse, qui euleva la ville
«feit-è*di*e ^ll^»n« doit ebereber l'em- par surprise. RUe fit ensuite partie des

(i) P.iu!«nias, liv. VII, rh, a.


poeassaw a de la reine Ada, qui fut

(a} SlralMNi, XiV, G^6. (0 fa/, liv. i", ch. Ul^ p. jj.

Digitized by Google
ASIE MUf^URE.
investie du pouvoir suprême par A- CHAPITRE XL VI.
leiandie. Héradée fiit alors Ineorporée
à la Carie, et c*e8t sans doute h cette u LATincirs snrtn ov lac ni BAn.
épo(|ue que Latmus prit le nom d*IIé-
ndee . Héliogabale lui décerna le titre Nous avons vu que le golfe de Latmus,
de Néooore. ensablé à son ouvertare , avait été eon*
Pomponius Héla (1) place dans verti en lac c'est ce lac que les Grecs
:

riooie le Latmus qui domina il Héra- et les Turcs appellent Oufa Bafi Ka-
elée : Cicéron (2) le met eu Carie l'un : poumoula. Il a slx milles géographiques
et Tautre rappellent la Cable d'Eudymion de longueur, sa larseur est de cleux
et de Phébe. lie Latmicus sinus prenait milles; il s'étend du nord ao sud,
aussi son nom de cette montagn'e. borné d'une part parle mont Latmus,
Les prédications de saint Paul h É- et de l'autre par un prolonï:;einent du
pbèseet a Milet attirerentdaos la contrée mont Ghus; il est tres-aboudant en
un grand nombre de (Cénobites, aui fi}isson, et les habitant!! da village de
choisirent le mont Latmus comme lieo afi entretiennent quelques barques
de leur retraite. Chan Ih r visita une pour la pèche. Ce sont de mativnis
chapelle située dans la partie la plus bateaux plats composés de planches
inaccessible de la montague; cVtait clouées ensemble. La rive occiden*
un vaste roèher cireux, dans rititériear taie dn lae est plate et marécageuse,
duquel par compartimenta,
était peinte, la rive opposée est au contraire bordée
l'histoire de Jfsus-Christ. D'autres ta- de rochers de granit qui de-seendent
,

bleaux religieux ornaient l'intérieur de jusque dans l'eau, et torment plu-


cme grone. On lui signala nn grand sieurs fies presque toutes ooarf!;nnées
nombre d'églises dispersées dans pto- de fortifications bpantines. Vers la
sieurs endroits de la montagne; ces partie moyenne du lac est une îIp plus
monuments n'ont jamais été visites grande, sur laquelle se Irouvrnt les
£ar des» le moyen âge
Européens. Dans ruines d*un monastère, avec une petite
\ nomde Latmus disparaît oooipléie- ^ise; il > a aussi quelques pierres an-
ment de l'histoire ; il est remplacé par tiques Enfin, sur le continent et tou- ,

le nom de mont Latrosdans Curopnlate jours sur In même rive, <f' trouve une
c'est sous ce nom série de voûtes de briques qui parais-
m
et dans Cédrenus

oans
la Tille et la
:

montagne sont inseritee


les notices ecclésiastiques.
sent avoir servi de remises de galères.
Toutes ces constructions milit;iir( s da-
En 862 les cénobites du mont Latros tent du temps où le lac de Bafi com-
étaient quelquefois les conseillers des muniquait avec la mer. Aujourd'hui il ne
empereurs, et plus tard Alexis Com- communique plus que par des lagunes
nène antorisa Cnristo-Doulos, abbé de impraticables; aussi les passagers qui
E ttros à bâtir nn monastère dans l*Oe
.
abordent par eau dans ces parages
de Patmos. sont-ils obliîiés de fr.inchir avec beau-
Cet évégue avait sous sa juridiction coup de dan;;er des marais fangeux qut
tme Tingtnne de monastères en Asie ; les séparent du seul village existant
mais peu à peu ces couvents se fer- sur cette cdte , le village de Sertchinn
mnienl dnns la crainte des Turr«, qui composé seulement de gourbis de bran-
commençaient à devenir redoutables C3). chages ; c'est cependant la demeure
d'un agha. De là à Milet on n'a plus à
(i) MéU, I. I, ch. i;. panoarir qifun espace de su liiloroè-v
très ce sont les trente stades qu^il
(a) Cicéron, Tuscti!.y\. I, ch, 38. :
y
(3) Barbie du Bocage, Vot€$ sur ChandUr^ avait entre Pyrrha et Milet.
Là le Méandre s'épanche lentement
dans la mer en formant plusieurt
delta. Quel(|ue8 éminences éparses
dans plaine représentent ^ans doute
la
les îles quj s'élevaient à l'entrée de
parmi lesquelles était
l'ancien golfe,
nie Tyehinsa, oMQltoiniée par Thucy-
39.

Uiyiiized by Google
LUWI
dide, le lieu nommé Glaucé, par le naissance; ils le font naître à Délos ou
même bistoheo, et Glaucia par ËUenne à Ortygie, près d'Éphese. Latone de-
de ByzaDoe (1). Il eo est de même venue mère va laver ses enfants dans
de Dromiaeus (2) et de Pemé : la pre- le fleuve Xanthus, (jui coule en Lycie,
mière est i>ùns doute la même que chez les peuples qui s'appelaient alors
Dryrausa d'Ëtienne et de Thucy- Termiles. Latoue dédia ce fleuve à
dide (3). Au nombre dee viHei ineoBiuiee Apollon et donna à la contrée le nom
de ces parases il finit noamier Tb6b0 de Lycie à cause des loups qui l'infes-
'qu^Étienue de Byiance place au voisi- taient. Le loup devint le symbole d'A-
nage de Milet. pollon comme emblème de la nature
Au uord du Méandre était Tile de productive, et l'arc du dieu avait le re-
Ladé, célébra par sa bataille mifale , et doutable privilège d'envoyer aui mortels
le cap Trogilium dépendant du Mycale, les maladies pestilentielles, attribuées
à la pointe duquel étaient trois lies, par les premiers peuples à la force
Trogilis, Piaon et Argeonuoi. expansive du soleil.
Apollon est surtout regardé comme
CHAPITRE XLVa le dieu qui répand les oracles : c'est U
cause de l'extrême popularité de son
VILLES DE LA PRESQU'iLE BBYTHKBB. culte et des innombrables sanctuaires
(.OLOPHON. —
CLAEOS. L£BÉDUS- — que fondèrent ses sectateurs dès la plus
fiante antiquité.
Colophon , ionienne, dont les
ville Pausanias, en parlant de Toric^ne de
raines ont presque entièrement disparu, Claros , confirme que oe sanctuaire fiit
tinit sa plus grande célébrité du voi- créé par les Cretois, et antérieurement
sltiage da temple et da bois saeré d'A- ce pays Âait occupé par les Cariens.
pollon Clarias. L*aiitiqiiiléde ce centre L'oracle de Delphes ayant décidé que
religieux devance les premiers temps les prisonniers thébains devaient être
de la civilisation hellénique. Il était embarqués pour aller chercher de nou-
déjà célèbre parmi les Grecs au temps velles terres,derniersces vinrent
de la guerre de Uroie; le coite d* A pollon, aborder i Claros; lea Crétois voyant
pratiqué dans toute cette contrée, se arriver ces étrançen, les arrêtent et
rattache à l'ancienne alliance entre les les mènent à Rhacms, chef de la colonie,
Lyciens et les Troyeus ; de là il s'est qui les accueille et les associe aux
rqiaiida dans toot le monde grec eo colons crétois.
passant par les tles. Nous voyons trois Rbacius épousa Manto, fille de Ti*
contrées d'Asie où le culte d'Apollon résias ; il fut père de Alopsus, qui chassa
est pour ainsi dire indigène sur les : les Cariens de la côte d'Ionie. A peine
côtes de la mer Égée, dans Tîle de Crète les Grecs furent-ils débarqués sur la
et dans la Lycic. Ceat une preafc de eéte d*Asie , que l'orade de Claroe fut
plus que ces peuples avaient une ori- pour eux le but de pèlerinages relineux;
gine commune; et Ton peut en inférer le devin Calchas s y rendit à pied avec
que le culte d*ApoUon a pris naissance Amphiloque pour lutter de science avec
en Grêle et est pasaé aor le continent Mopsus (1); les traditions helléniques
avec les premiers colons crétois. Là il varient singulièrement sur Thislonre de
fut associé au culte d*Artémis, qui avait oe dernier. Quelques poètes placent en
été apporté des contrées d'Orient par Glicie toutes ses aventures avec Cal-
les Amazones. C'est ainsi que ces denx chas; le poète Callinus (3) dit que
divinités se sont partagé Tadoration Cakbas finit sa vie à Claros, et que ses
des peuples de la presqutle. Cette va- compaiïnons s'en «illèrent avec Mopsus
riété de traditions sur la naissanee d'A- s'établir dans la Pamphylie. Sophocle
Sollon prouve que les Grecs ignoraient attribue à Mopsus la fondation de
ans quel pays cette fiction avait pris Mallus en Cilicie.et dit qu'on voyait
près de cette ville le tombeau de ce
(i) Et.Byz., voc. CiatêeUu
(a) Pline, liv. V, 3x. (0 Slrabon. liv. XIV, 649.
(3) Et. Byc, «oc. Drymua, (a) SUnb, XiV, 668.

Uiyiiized by Google
ASIE MINEURE.
dêfio. lia ville de Mopmestiadai» la Dana l'origine, Claros, son temple
iD^ine contrée amait été foidée par et même sa population , paraissent avoir
lui. été complètement sous la dépeadance
L'art de la divination n'était pas de Colopbon, qui faisait partie de la
Mrtditaire à Claros; on prenait ordi* eonfédérâlion. L'origine de eetle viUe
nairement un citoyen de Milet, homme remonte à l'arrivée de Codrus; elle
simple et sans éducation on se bornait ; était à deux milles de la cdte, et son port
à lui dire le nom et le nombre des per- de mer, JNotium, était relié a la ville par
Bonnes qui venaient le oonsniter; il de longs murs. Colophon joue un role
descendait alors dans une grotte où important dans les premières années
coulait une source d'eau pure dont il de l'établissement des Grecs en Asie :
buvait ; il répondait ensuite en vers elle fut assiégée et prise par les rois de
analogues au sujet qui intérenait cha- L^die, et prata aon eoneoun aux ha-
cun de ceux qui le consultaient. Virgile, bitants de Smyrne poiu* entrer dans la
Ovide et d'autres poètes ont chanté la confédération. L'armée des Colopho-
brillante Claros, abondante en vignes, niens se distinguait surtout par sa ca-
le trépied prophétique rival de Del- valerie, aussi le proverbe : « il a ajouté
phes (1). la cavalerie de Colophon, » signifiait
I/oracle conserva sa clirntèle pen- il a employé tout ce qu'il faut pour le
dant tout le temps de l'empire romaiu. succès. Pomponius Mêla attribue à
Taeite rapporte qae Germanicus Vf^nt Mopeus la fondation de Colophon ; mais,
consulté le devin de Claros, celui- selon Strabon, ostte ville fut fondée par
ci lui prédit ime mort prochaine (2); Aiidremon, qni y conduisit une colonie
et nous pourrions peut-être assurer que de Pytluens.
les saeeesMare de Mopaus continuent La marine des Colophoniens a con-
à rendre des oracles aux hommes in- servé une certaine cilebrité , mais elle
pénus qui vont les consulter. Slra- n'a jamais pu être très-nomhreusc -, car
boD (3) et l^aujianias (4) ne mentiou- cette partie de la cdie nottre aucun
oent que le temple et le bols saeré port étendu.
d'Apollon au pays de» CoLophoniens. Colophon fut détruite par Lysimaque,
Pausanias vante le^ frèuos du oois sacré parce que do tous les Cre^'s, les Colo-
,

de Colophon mais Claros était une


; ville phoniens furent les seuls qui pnn ot les
complète avee ses fortifications, ses armes contre les Macédoniens. Lysi-
monuments publics. Le schoHaste d'A- maque transporta le reste de la popu»
pollonius de Hhodes (5) dit que la ville lation à Éphèse, qu'il venait de recons-
de Ciaros est voisine de Colophon, et truire (1). Pendant leur {guerre contre
Servins , au sujet desven de Virgile (6) Antiochus, les habitants de Colonhon
mentionne aussi la ville de Ctoroe sur refusèrent d*ouvrir leur [)ort à la flotte
les confins des Colophoniens; la mon- du roi de Syrie : aussi les Komains leur »

tagne voisine de cette ville était aussi accordereut-ils divers privilèges. Cette
nommée montagne de Glaros: eHe est ville n'était pas encore déserte dans le
comprise sons cette dénomination dans huitième siècle ; elle était épiscopale,
le catalogue des monlnsnes de Vihius I.es drecs pnlendent que Tychicus,
Sequester. /Elien parle de Claros ville qui futcompagnon de saint Paul, fut
des Colophoniens. Toutes ces Ineerti- évéque de Colophon après Sosthène.
todes des historiens anciens ont beau* Les notices eoclesiastiques citent Eu-
coup emh.irrnssé les géographes jus- Ihalins. qui souscrint au con<Ml«' d'É-
qu'au jour où les ruibes de Claros ont phese, et Alexandre, evèque des Colo-
été bien déterminées. phoniens. Le flenve Halésus,qui coulait
près des murailles de Colophon, passait
pour la rivière la plus Êroide de toute
(() Ovide, tfeiam., U 5iS, ^ir.,lIT, SSy.
(î) Tacit., Âun., 11,54. rionie (2).
(3) Loc. at,
U) Uw. Tn, ch. 3, 5.
(5) Ad Ub. I, V. 3o8. (
i) Sinihdii , lue. cit.

(6) Mf/eid„ liv. UI. 3««. (») Pqii'Jinias VII, ch. 3.


L^UNIVERS-
î«« ville de Scyppium appartenait au tent des temps byzantins, les vcsticcS
territoire des <îolo|)lioniens; elle fut d un'* église et des inuTs de soutéuc-
fondée, selon Pau&aoias {l)^ par les meut d'une terrasse.
l]lazoméiMens, qui , s'en étrat dégoû- itnive est le seul auteur qiâ tes
ïf^, .illerf'iir se fixer dans le pays où
mention de la viUe de Mélite , qui fut
ils hùtirent Clazotnene. T.a chaîn»' des remplacée par Sm>Tne dans la confédé-
roonlagues qui borde le lit du fleuve ration ionienne. Siélile fut ruinée par
Halésos était eonnneiM le nom de toutes les autres villes, qui se liguèrent
mont Orrapluis; il ert oîlé par leieiio- contre elle et lui déclarèrent la guerae
liaste de v< ophron ; un autre sommet
I
à cause de l'arrogance de ses habitante.
portait le nom de mont Coracius ^2). Quelque tetiips après, la \ille de Smyrue
Lehédus. autre ville ionienne, était fut reçue a sa place par le^^ villes ioûien-
à vin&t milles géographiques à rcNieet nes, par une grâee particulière du roi
de (>olophon Strabon marque cent
: Attale et de la reine Arsinoë.
viriRt stades Cette ville était le lieu
3) f.e premier temple roastruit par les
de renniou de tous les acteurs de l'Ionie louieus fut dédie a Apollon Panionius;
jusqu'à rHellespODt; on appelait cette il était d'ordre doriciue, mais bientdt
confrérie la rompagniedes L^nidaques. cet ordre fut abandonné peur faire
Bacchus étant rnnsidéré comme l'in- place à Tordre ionique dans toutes les
venteur et le protecteur des jeux de constructions de temples {%).
la scène , on célébrait tous les ans à
Lébédus des fêtes en Hionneur de oe CHAPITRE XLTIII.
dieu I.ps entrepreneurs de spectacles
venaient à T,el)édus pour former leurs SOUTB DE SMYBINK A CLAJIOS PAE
troupes; les reuuions se faisaient pri- MBTIIOPOLIS.
mitivement I Tées : Attale les établit
an promontoire de Myonnèse, entre Iss eontreforts du
Après avoir pasaé
Téos et Lébédus. Les Teiens craignant mont Paiius, qui enveloppent la viM^
^ue Myonnèsc ne devînt une place forte, de Sinyme, la route se dirijoie droit au
s adrenèrent aux Romains, qui trans- sud par Sédi keui. On arrive ensuite
portèrent ces confréries d'acteurs à dans la plaine appelée Djumaiia ova ai.
Lébédiis. Le village ruiné de Djumaba était autre-
Ils turent d'nutant mieux reçus, que fois une place d'une certaine importance;
cette dernière ville avait été presque on y voit les ruines de plusieurs mos-
dépeuplée par Lysimaque, lorsque ce quées, et d'autres eenstroetiont dviles.
f»nnce voulut peupler Êphèse. D'après Cette plaine est arrosée par un eovt
a nature de sa population, I^bedus d'eau qui prend sa direction vers le
était déserte une grande partie de Tan- sud -ouest. On arrive ensuite au bourg
née. Horace fait allusion a cette ville (4;, de Mahaladji, bâti au pied des collines
uand il dit Voudriez-vous séjourner
: qui ferment la pbine au sud. Mahaladji
3 ans quelques villes des Attales. Savez- .. qui est aussi appelé Bourboiidja a été ,

vous que Lébédus est plus désert que une ville turque d'une certaine impor-
Fideues et Gubies ; cependant je voudrais tance on y voit encore plusieurs mos-
:

y vivre. » quées et un ancien cartvanséraî. Ici la


Il y avait h T.ébédus une source cours d'eau prend le nom de rivière de
thermale et des bains qui attiraient Mabaladji; elle va se jeter à la mer
un fîrand concours de visiteurs. Cette dans une crique appelée Kumydoura.
source, qui existe encore , permet de Mahaladji est éloigme de cinq heures
reconnaître avec certitude le site de ou trente kilomètres de Smyme , c'est
r.iiicienrie ville; mais nii n'y trouve plus un lieu de balte.
que quelques ruines iulorines qui da- De Mahaladji jusqu'à Trat«a, où sont
les ruines de Métropolis, il y a trois
(i) Pausanias, Kv. TU, cb. 5, 8.
heuresde marche. Le paysest naatucux
(«) Pline, liv. V, ig. et couvertde bois; les monlagiies sont
»
(3) Sfrahou, XIV, fî4 3.
'

(4) Horace, liv. J, Epist. ii. (i) Yitruve, liv. IV, dtap. i.

Dlgitized by Google
ASIE MINKUKE. 350

de rîsrre calcaire compacte, srise. res- située sur la tive gauche du Caystie
semiilantau marbre. Cette petite chaîne dans une plaine fertile et bien arrosée
se nomme Saras iéut. Les ruine:» de mais ne renferme aucun monument ni
Biétropolii «ni MWfls sur venant U anden ni moderne qui aoit digue d*at-
nord de montagnayûteitfiMïe à une
la tention. , .

vaste plaine qui prend son nom <le la Kn quittant Métropolis, on commence
ville cuinnier<2ante de.TourbaU. Presque à monter les contrdorts du mont Oai-
tous les voyageur» oôt flra reoonnattre lesus, qui sépare la plaine de Tourhali
dans le nom de cette ville une corrup- de la mtr. Ces nioiitagnes sont bien boi-
tion de l'ancien nom de MétropoUs, et sées et d'un aspect majestueux. Bientôt
quelques-uns ont été jusqu'à identiUer la mer se découvri.' aux regards; la eût»'

<seedeux viUee. Tourbali est un nom pu- d Lphcse, rile de Saïuos et le^ mouV
rament titte, il vient du mut Touràa^ Myeale , fonncat un tableau d*uno rai^
sac; parce que la principale industrie lieauté.
des habitants est de. fabriquer des sacs Un petit coins d'eau qui prend nais-
de laine ou de criu à 1 u^iage des cara- sauce d;uis les sommets du Gallesus,
faneurs (l). arrose une grande fallée qui se dirige
Lh ittînes de Mctropolis sont aujour- droit au sud, c'est le fleuve Halena qui
d*hui désertes; le canton où eUes so baigoaitlesmur deUaios. -

trouvent s'appelle 'irat:»a.


fiât eomiua par aaa aBé"
Métropelis. CHAPITRE XLIX.
dailleslongtemps avant que Templaee*
ment de ses mines n'ait été déterminé. BUIIIK8 J>B qLAJioa.
Le voisinage de Tourbali lui a ete £atal;
toutes les piertes qui ont pu être enl^ A mi-cdte de la montagne, sur le
v^s ont servi à la construction de la versant sud, se trouve le vilîa^ de Zillé
ville turque, 11 reste cependant une qui est encore a huit kilomètres de la
grande nartie de Tenceinte, bâùe en cote. Le village le plus voisin de Claros
piema âe grand. aDpareil. Le théâtre, s'appelle Djuwar; c'est un aiB|i$ de quel-
qaoM|iia dépcHiiUé-di ses siéees, est en- ques hottes de pécheurs.
core assez bien conservé-: Te tout est Apres avoir suivi jusqu'à son embou-
couronne par F Acropole dont le^ murs chure le petit tleuvti llalésus, ou voit
sont de construction hellénique. sur la rive gauche un haut rocher ûth
En parcourant Teneeinte de la ville minant la roer de plus de quarante
qui est aujourd'hui couverte d'oliviers, mètres, et formant un larfie (ilate.iii ;
on trouve à chaque pas des fragments c'est là que sont les ruines de Claros.
de coluuiies d'architraves et de cor- Les murailles, bâties en grands blocs de
nichea qui atteatant raDoianna iaspar- ealoaire gris, sont encore en partie con-
tance de cette place. servées; au milieu de la ville s'eleve le
Il y a un chemin qui de Tourbali va soulrjssenient du temple d'Apollon. On
droit sur la vallée du Caystre , cVst la peut juger de la magnificence de rédifice
fnraBde route 4e Smyrne à Konieh , le par lea vestiges qui aubaistont encore;
lieu de halte est à Tyriah, graiide ville le temple étak construit sur une espla-
coiinnerçante et qui contient environ nade tfe rocher taillé au ciseau ; il était
da-huit mille habitants , presque tous oriente de l'est a l'ouest. Ou peut sup-
tnea. Us étaient autrefois Nnommés poser, d'aprts sa dimension., qu'il était
par leur goût pour la guerre et for- , diptère et octostyle: Paosanias dit qu'il
maient les meilleurs contingents du ne fut jamais terminé.
Sandjak d'Aidin. fimour avait tait de Ce monument présente une particu-
'Tfriah rantrepdt de tout le pillage que larité, c*eat qu*on n'arrivait au pronaos
aea tuaupes avaient effectue dîins les que par un grand escalier place sur la
autraa vùlea de la piovinee. La viUeeat partie antérieure du tomple, entre deux
acroteres.
(
I
) On dit de même
Hanuiumii, l'endroit
: En avant de racrotère droit il a un
uù il V a des baÎM; Taouchanli, le pays où il puits très-profond, au fond duquel il n'y
y a a«s lièvni» ete. a paa d'eau.
800 L*UNIVERS.
Au sud du temple est l'eiupiaceinent CHAPITRE L.
d'an théâtre dépouillé de ses sièges, et
de nombreux débris d'antres monn-
ments.
BUIHia M liBfeOS.
Les ruines de Lébédus étaient à cent
OBOm DB M0P8US. vingt stades à Tonest de Golophon, et
à égale distance deTéas. L*emplacement
Sur
la rive droite de l'Halésus, et dans de Lébédus comme nous lavons dit
le voisinage immédiat de la mer, s'élève plus haut, est facile à retrouver, puis-
un haut rocher, à la base duquel est qu'il est signalé par la présence d'une
une grotte qui est, sans aoean doute, la MNiree thermale. En quittant la vallée
grotte du devin Mopsus. Kilo est assez de Zillé, on suit le bord de la mer à une
spacieuse pour être habitée par sept ou distance d'un kilomètre, on arrive au
huit personnes; dans l'angle du côté de lit d'une rivière qui est sans doute celle

la mer, on voit une masse énorme de de Mabaladji , et sur la rive gauebe eot
stalactitesformée par la source qui a une source chaude dont les vapeun
coulé ppndant des siècles et qui est
, s'élèvent dans les airs. Ces eaux «ont
aujourd'hui tarie. Au fond de la grotte connues daus le pays sous le nom de
est un escalier naturel qui mène dans Ilidja,qui est commun à toutes les eaux
la partie suj[>ériettra; la nous avons thermales. La source forme un |>etiK
trouvé avec etonnement un autel rusti* ruisseau qui va se. jeter dans la rivière
'
que, et un caloyer qui nous offrit de voisine. Deux salles rustiques, b.^tips
dire des prières pour notre heureux avec de Targile , ont remplace les an-
voyasc. Un jeune enfiint grec assista eiens thermes, qui réoniasaient un si
le caloyer dans ses prières, en brûlant grand concours de visiteurs. Ces ther*
force etirens sur Tautel. mes ont cependant laissé quelques ves-
Tout est aux environs de
solitaire tiges, mais ce ne sont que des pans de
Garos, des visiteurs ne vient
la foule murailles informes. Lébodus paraît avoir
plus apporter d'offrandes an dieu du occupé la presqu'île qui forme l'angle
%jour; mais quelques pécheurs grecs, oriental de cette baie. On y remarque
qui cumulent quelquefois avec la pro* plusieurs murailles antioues , et le sol
tession de pirate, viennent de temps en est couvert de débris d'édiûces. Ces
temps moiullersor eette plage, et le ca- ruines, comme celles de Cbroi, sont
loyer de rentre de Mopsus, tout en leur eompléiement désertes, à peine ont<-elleB
otfr.inl les ressources de son ministère, un nom dans le pays.
peut leur dontier aussi des nouvelles En continuant Im roule vers l'ouest
des choses terrestres. Il y a des aghas si on arrive au cap Hypsili , où se trouve
ndieules! le petit bouig de Qvpsili bissar, dernier
La fumée de notre cuisine avait attiré refuge de Djounéîa (f^oy. p. 345).
quelques bateaux de Snmiens qui sont ,
Ce promontoire s'appelait autrefois
connus pour les plus hardis détrousseurs Myoonésus ; il appartenait aux Téieos
de caravanes que puisse offrir cette La description qu'en a Tite-Live f^
côte; aussi n'étions-nous pas très-ras- (liv. zxzTn, 27 ) sufilrait pour le ùiarm
surés sur notre séjour dans un lieu désert reconnaître ; il le dépeint comme un
et loin de toute habitation. I,e lende- cap avancé entre Téos et Samos, for-
main au moment de notre départ le
, , mant une montagne conique , qui n'est
caloyer fit encore un sacrifice , auquel accessible, dncdte de la terre, que par
aasistèrent les Sa miens. I /enfant qui un isthme étroit. Du coté de la mer ce
remplissait les fonctions de thuriféraire sont des rochers inaccessibles et cons-
encensa Méhémet, les pirates, les voya- tamment battus par les vagues. Myon»
geurs , et nous dîmes adieu à Mopsus nèse est célèbre par le combat naval
et au divin Apollon , après avoir tou- qui eut lieu dans ces parages entre la
tefois rendu une dernière visite aux flotte du roi Antiochus et celle des Ro-
• ruines de son temple. mains ( 190 ans avant notre ère), et
dans lequel Antioclms fut vaincu.

Digitized by Google
ASIE MliNEljKE.
II y avait sur ce prnmonloire une pe- de se rendre ils montèrent sur leurs na-
tite ville les coiupa-
où furent exilées vires et quittèrent le pays ; mais peu h
goies d*actears qui avaient «tcHé des peu les anciens habitants revinrent en
troubles dauTéos; mais la construction lonie, et lorsqu' Alexandre eut chassé les
du cliâteau moderne de Hypsili hissar Perses, Téos devint une des villes les
'
a utilisé tous les matériaux antiques. plus riches et les plus florissantes de la
iSuQ loiu du promontoire d'ilypsili, contrée. I^es ruines qui existent encore
estime Ile appelée aajooid'bai Poatieo attestent que les Téfens étaient arrivés
litei; c'est juste la traduction en grec à un éminent degré de perfection dans
moderne du nom de Myonnèse Tun et : la pratique des beaux-arts. Le nom seul
l'autre mot signitie en français Tile d'Auacréon suftirait pour illustrer une
des Sourie. C'est sans doute cette tie ville, etdans le grand nombre de litté-
que Strabon désigne sous le nom de rateurs que Téos a produits, Apellicon
Aspis, serpent, ou de Arconnèse, Tîle est celui qui a rendu le plus éminent
aux ours. I.e territoire qui s'étend à service en conservant les œuvres d'A-
l'ouest de Myonnèse appartenait aux ristote.
TéieDt; nous le décrirons en ptribiit de FÉTB8 DioinrsiAQUBs. Il n*e8t pas
TéOf. étonnant que le culte de Bacchus eât été
en honneur à Téos plus (jue dans aucune
CHAPiTRË Li. autre ville d'ionie. Pour les Grec^» let-
trés cette divinité ne représentait pas
TBOS. ~ ABBtVil MLA COLOH» feulement Tabondance des récoltes et
OBEGQUI. des produits de la vigne> c'était encore
le pere et le propagateur du dithyrambe
Téos était uue ville carienne; elle exis-v et de la tragédie lyrique. Les létes de
taitavant Tarrivéc des premiers colons Bacdius étalent accompagnées de céré-
hellènes, mais les habitants, moins om- monies poétiques auxquelles prenaient
brajîeux que leurs compatriotes, se Fiion- part une foule d'initiés. On ne peut met-
trèreot hospitaliers envers les Myniens tre en doute que la tragédie attique n'ait
d'Orebomène, qui débarqoèreot a Téos pris naissance dans le dithyrambe dio-
sous la conduite d'Athamas. Cet accueil nysiaque. Le nom de dithyrambe comme
pacifique ne tnrda pas à être connu en fete en l'honneur de Bacchus est d'ori-
Grèce et attira dans la contrée des co- gine SI ancienne, qu'on peut imaginer
lons ioniens qui vinrent sous la conduite qu'il est arrivé chez les Grecs avec la
d'Apoecus s'établir à Téos. Cette seconde connaissance et le culte de cette divi-
migration fut suivie, quelques années nité; il semble (jue !»> isom de dithy-
après, pur une troupe d Athéniens et de rambe a été créé pour rappeler In dou-
Heotieos conduits les premiers par ISau- ble naissancedu dieu Bacchus; etlorsque
dtts et les seconds par Hérès. Ces der- le peuple la célébrait par des chants et
niers venus furent reçus avec amitié des danser, lesrhapsoaes sont venus ajou-
par Apœcus. La population carienne se ter l'élément épique à ces fêtes popu-
trouva absorbée par la population de race laires, ils ont entremêlé les chants de
européenne et, a partir de ce temps, dialogue et de musique. Ce mélange de
Téw devint une ville grecque qui ac(^uit cérémonies religieuses et de joie popu-
un ran? important dans laconledératioa laire s'est ensuite formulé sous une
ionienne (1) forme plus poétique et non moins éniou-
Teos était située sur une presqu'île vaute ; les initiés couverts de masques
Mnnt face à nie de Samoe. Elle acquit de fantaisie, vêtos en satyres et en silè-
bientôt assez d'importance pour être une nes accompagnaient les cortèges diony-
dw premières villes (jue les Perses at- siaques en chantant et en dansant. Le
taquèrent dans la guerre acharnée qu'ils dithyrambe devenait alors uue sorte de
firent aux vilies ^lonie. L'exemple des rédtalif accompagné de gestes. Danfl
habitants de Pbocée fut suivi par les l'attente de la naissance du dieu, le poêle
Téiena, et lonque la ville fut sur le point exprinïait tous les sentiments d'espé-
rance et d'incertitude, qui se termi-
(i) raMaaia», vu, 3. naient par des chants d'allégresse quand

Digitized by Google
969 L'UISIVKRS.
la naissance du dieu était proclamée.
de cité a Téos; plos t»i ils allèrent
B*é*
Jusqu'au poète Aïioa, le (JUIiyramlje
tabhr a Lébédus. Les entrepreneurs
bit mêlé d'iiBprofiiatMHis qui euient de
spectacles, les asiarques et tous ceux
laissées aux inspirations des initiés, qui
vi». élaim chargés de présider ou d'oisam-
rent ensuite les poètes dithyrambiques,
qui uiircut plus d'ordre dans ces coin-
ser des fiUss ^iqnss
sTadvessaicntaiii.
chefs de ceUe corporation qui
po8itioD8;Usîiiv«itèrait la forme aotj. envoyait
des troupes d'acteurs dans toutes les
strophique, qui était chantée tour à
tour parties du monde romain, ^ous voyons
par ler deux moitiés du chœur. Le
poêle a Vienne en Oaaphiné unn iaseripUon
ïjsias perlectioima celle lurme poétique
quj constate que ces troupes
eofusantfiuiml'aiitistrophe de 1 épode, venaient
jusqu'en Gaule; elle est ainsi conçue.
quiéiauebaotée par le choeur au rapoa-.
« Les acteurs d'Asie et tous ceux qui
On appela ce poète Slésichore parce qu*j|
•ppartienBWt à la nésM corporation se
avait appns au chœur a se tenir tran- sont élevés a eux-mêmes ce monument
Suille. Le dithyrambe était accompaané de leur vivant (i). Telles furent les ori-
a us son exécution par
rhannonie phry- gines du théâtre autique : on ne doit
gienne, qui était surtout en usage
daus one pas s'étonner de retrouver des
ces têtes a cause de sou caractère
émi- monuments destinés aux jeux de la scène
neinmeiit noble. Le luode lydien,
pius
passionné, était réservé pour les céiié»
même dans les plus petites villes, puis-
qu'ils faisaieut pour ainsi
monies qui s'accomplissaient autour des dire partie
des eérémoniesdu coite.
temples; c'est le poète Sacadas qui avait
poaé les lois du chant épodique, dont
trois stances se mettaient CHAPIT&E LU.
apMa trait
stances de l'harmonie originale.
Telle est l'origine de la tragédie, qui,
•ooiiiTiifiiiT nss TBisTis coNxaa
aux fêtes de Jiacchus, ou l'on conduisait THÈlflS.
un bouc ( /roffos), a commencé par d»
Après Ict désastres de Sicile les
poésies religieuses chantées en Tho».
Télôis tentèrent de secouer le jouj;; d'A-
neur du dieu. Après les poêles dilhy-
thènes en prenant parti pour les Pélo-
rambiques vinrent les poètes sceniques,
ponésiens. Les Athéniens avaient bâti à
dont le phiseélèbreestTbespis, quidojt
leos uue longue muraille qui séparait
s'être inspiré des rhapsodes oa léeitar la ville du reste du
teiu-s det. dithyrambes.
coniiiieui; Strom-
byochîdes, amiral de Sparte, arriva de
Avec lliespls
action devient moins
l
Samoset invita les hahilants a se tenir
Jmiyânte, les rôles sont plus tranché
tranquilles. Ceux de Téos ne voulaient
et récitatifs du ch«ur mettent
les
As pesd*abord accueillir l'armée de terre;
spectateur en relation plus intime avec
mais à la nouvelle de la fuite des Athé-
le rôle pruicipal ; en un mot ïhespis in- niens, ils lui permirent d'entrer. La
vente ta représentation théâtrale, la
multitude abattit la muraille que les
tragédie est créée, mais elle reste toujours
Atbéinsns avaient élevée du côté du
une des grandes cérémonies des fêles
continent. Tagès, béparqne de Tissa-
de Bacchus, (es représentations pui>li-
pherne, aida les Téîens, a démolir ce
miea ne sont données qu'à l'époque des
mur. Tîssapherne lui-même acheva de
fêtes d lonysiaques, qa*on appelait
à Athè* détruire ce qui restait des murs de
nés lenéennes ou anthésteries à
cause Téos, et après que Tannée de terre eut
du mo>s uu elles étaient célébrées.
quittéTéos, ils en retouma(2j. Ceséve-
• Une ville toute consacrée au culte de neinenls marquent bien la date de la
Bacolms devait attirer dans'sss murs
construction des murs de ièos ; eu eûét,
tous ceux qui par leur godt ou leur
ta- Athènes, ayant veeonqukss supériorité
lent pouvaient concourir û l'éclat de ses
sur les villes d'Asie, fit rétablir les mu-
IBtes. Aussi Téos était-elle devenue le
railles détruites : ee sont selles dent on
point de réunion de tAus les eomédiens,
qui avaient formé un confrérie sous
^
le
jma de Dionysiastes; ils étaient savam- qui îoeodemoor-
pore sunt vivi sibi fecenial.
ment organisés et avaient obtenu le droit (a) Tliucydide» Uv. YIU, zS, mu

Digitized by Google
m
Volt les vestiges, et qui datent du qua- mode pour embarquer les denrées. Le
trième sièi'l»' avnnt notre er*v ('/est nu«si camp a' Antiochus était sur le continent,

pendant cette période que se constnii- etun Rhodien avait fait voir le danger
sirent les temples dont ou voit aujour- que présentait le mouillage de la flotte.
d'hui lesruioêi : Hermogène allait ov* Dés qu'on fat arrivé dans l'autre port,
vriruneèrp nouvelle pour l'architecture soldats et matelots (]uittèrent leurs na-
ionienne , le>. ,trts et la poésie s'unis- vires pour embarquer les provisions
saient pour taire de Téos la ville la plus iorsqu un paysan informa le préteur que
distinguée de t'Iooie. la flotte de Polyxénidas était en vue.
Dans la guerre contre Antiochus les On sonna sans retard le retour à- bord;
Téïens rendirent a la flotte romaine un la confusion fut extrême, chaque vais-
éiiiinent service et la sauvèrent pour seau faisant force de rauies pour sortir
ainsi dire d*uDe destraetion eomplète. du port; la flotte romaine finit par gs^
Régulus, le préteur, qui commandait j^Mier li> large et put éehmiper à iuiin\-
avec quatre- vinjîts vaisseaux <jaris ces meuse danger.
nien>,ayant appris que la ville avait lourui Après la défaite d' Antiochus, Téos
des provisions à la flotte royale et avait avec tems llonie passa sous le pou-
promis de fournir cinq mille amphores voir des rois de Pergaine et sous
, l'em-
de vin pour son usa^e Gt voile pour
, pire romain ; elle lit partie de la Pro-
Téos, et vint mouiller avec toute sa ilotte vmce d'Asie. Lor8(|ue le ciiristiauisme
dans le port qoi est derrière la ville; il se répandit en Asie, les habitants de
envoya ensuite des troupes de débarque- Téos furent des premiers à se convertir,
ment avec ordre de ravajier tout le ter- et du temps de Polycarpe, évêque et
ritoire des Téïens. Les habitants, eftrayes martyre à Smyrue, bapnnus était déjà
des dofflinageB que leur eaosaieiit les évéque de Téoi. Selon les notices ecclé-
troupes, envoyèrent aux Romains à titre siasti^es, on compte cinq évéques de
de suppliants des orateurs le front cou- Téosjusqu'au temps de Romain Ar;;yre ;

vert et vêtus de longues robes. Mais le ce sont iMaxime, Geouadius, (Jvriile, et


:

préteur refosa de recevoir les députés à Slsinnius, qui fut évéoue de Téos pen-
moins que les citoyens ne consentissent dant vingt-quatre ans (1).
h donner aux Romains le même secours D'après l'état des ruines de cette ville,
qu aux ennemis. on peut être certain que presque tous les
PoMlant que les magiatrati délibé> monaflaentsantiquesqnteléxenverséspar
nient avec le peuple, Polixénidas, untiemblenait da Iprrs; ils forment
amiral de la flotte royale, ayant fait des monceaux de décombres aecumulés :
voile de Colopbon avec quatre-vingt- ce n'est pas ainsi que les edi lices se dé-
neuf navlRs , et avant été rafenné des truisent sons l'aeneB lent» 4e» siècles.
impositions du préteur et de la position
que sa flotte occupait dans le port, CHAPITRE UIL
conçut l'espérance de réduire la ilotte
Tonaiiie, comme il venait de faire pour BDINES DE TBOS — SlOADJlK. —
In flotte rhodiéone à rentrée du port nwi HiasAB.
Panorme à Samos. T /entrée du port de
Teos était si étroite que deux vaisseaux Téos était située sur la cote sud de la
Kuvaient à peine y passer de front Son presqu'île Érythree, dans lu partie la
t était de s'établir dans le détroit plus étroite eNtm le golfe de Smyrne
pendant la nuit, et avec dix vaisseaux de et la merde Samos. ville était elle-
s'assurer le promontoire pour inter- même h/itie sur un isthme forme d'une
dire la sortie aux navire8,etavtodes trou- part par la baie de Sigadiik a l'ouest,
pes de débarquement, d'attaquer l'en- et d'antre part par un golte aujourd'hui
nemi par terre et par mer ; ce plan eut presque comblé qu'on appelait golfe de
réussi si les Téïens, conformément a la Téos, à l'est de la ville ce sont ces deux
:

demande du préteur, n'eussent consenti portsqui faisaient la puissance maritime


à embarquer les vivres et n'eussent £ût
venir la flotte dans le port qui est en
avant de la ville et qui était plus com- (i) Lequien, Orient eitr.t t. III.

Digitized by Google
164 LUlfIV£BS.
deTéos. Le port de Sigadjik est rancien les antiquités ioniennes paraissent des
portusGaeresticus,dont nous avons parlé plus satisfaisants.
plus haut; c'est im des plus sûrs de la Le temple était hexastyle et périptère ;
cote, mais son entrée est difficile. Ce il avait six colonnes de Iront et onze
port fot primitifament oecupé par les sur les ofttés; les eolonnes étaient can-
Uhalcidîens, qai Tinrent s^établîrsous la nelées : Hermogène en fut rar^tecte.
couduite de Gérés ; c'est celui que les Le temple était au milieu d'une aréa
Romains appelèrent OxresUcus portus, entourée de portiques : c'est du rt^ste la
et çpie Straboo nomme Chemeids (l), disposition commune a tous les grands
il était situé au nord et à Touest de temples de l'Asie; les fondations du
Téos et distant seulement de trente portique sont à fleur de terre, très-peu
stades de la ville. de travaux seraient nécessaires pour
La ville moderne de Sigadjik est reconnaître complètement ce bel en-
httie dans la |)artie orientale do golfe et semble d'un monument classique.
sur l'isthme où était Téos. Tous les ma- Le second édifice qui appelle l'atten-
tériaux de l'ancienne ville ont été em- tion est le ihciUrc, assis sur une des col-
ploies dans la construction de la ville Imes qui entourent la ville et dont la
moderne, elle est entourée de murs fiMse esttournée vers le sud, contraire-
et défendue ^ un château délabré.
Cette ville quoique moderne a été pour
ment aux
le
prescriptions de Vitruve. Tout
pro8(^énium cî^t détruit, et du liant du
les antiquaires une mine riche en monu- dernier gradin on jouit d'un magmiique
ments antiques. La plupart des ins- panorama; mais c'est une erreur que
criptions des Téiens ont été encastrées d'imagioer que les anciens spectateurs
dans les murailles, et se sont trouvées avaient pour fond de tableau la cam-
ainsi sauvées d'une ruine complète. L'a- pagne voisine et l'immensité de l'horizon:
bondance des carrières de marbre dans aue serait devenue la voix des acteurs
le voisinage de Téos permettait aux ha- ans ce vaste espace? Il est démontré
bitans d'être prodigues en monuments d'ailleurs par une foule de monuments
épigraphiques aussi peu de villes ancien-
: existant, que la partie qu'on appelle
nes de l'Asie en ont produit un aussi proscenium s'élevailjusqu'ù la hauteur
grand nombre, et il est eertain qu'on fe* du dernier gradin , et de plus que le
rait encore des déeouwertes préeleuses théâtre était couvert par un vélarium
en ce genre si l'on pouvait remuer les qui s'étendait sur l'orchestre et toute
énormes blocs des temples écroules. Les la cavea. Cependant presque tous les
inscriptions de Téos méritent d'autant voyageurs qui visitent les théâtres anti-
plus (Tintéiét qu'elles contiennent pour ques s'extasient sur le panorama dont
in plupart des actes politiques et des jouissaient les spectateurs assistant aux
traités conclus avec les autres États. représent.itions. A Catane, c'est l'Etna
L'ancienne Téos est séparée du ter- qui est censé comj)Oser les intermèdes,
ritoire de Sigadjik par une légère émi- et sur la o6ted*Aaie, oe sont les Spora-
nence qui enclôt presque toute la pres- des et le Taurus. Que Ton soit bien per-
qu'île. Les ruines du temple de Bdc- suadé que le spectateur grec était dans
chus fornoeut une masse énorme de la salle de spectacle presqu'aussi bien
décombres. Il est Inelle de retrouver clos que las modernes dans les leurs, et
tous les membres principaux de Tar- que les distractions du dehors ne ve-
rhitecturede l'édifice. Les architraves et naient pns troubler les émotions de
les morceaux de corniche n'ont pu être la repre.sentation.
enlevés ; les cimaises sont ornées de têtes Nous ne parlons du tliéâtre de Téos
de lions et de palmetles, les chapiteaux, que pour ménHHre, car ce monument
d'ordre ionique, sont du plus beau style est dépouillé de ses sièges et de tous ses
et d'une grande simplicité; cet édifice a ornements; son étude n'.ipporlerait au-
été étudie eu détail par les architectes cune lumière nouvelle a ce que nous
anglais Chandler et Pars, et les plans savons déjà par l'examen des théâtres
quils ont pubUés dans leur ouvrage sur de la Pamphylic.
L'intérieur de la ville occupé par
(0 Stiabon. UY, 643. des jardins et des plantations d'oliviers

Digitized by Google
ASit MlïfEtTAE.
est difficile on ne peut
à parcourir : murailles ayant été détruites par Tis-
examiner uu de ces murs eu pierres sapherne, ont été reconstruites quand les
séebes qui séparent les propriétés, sauf Teietts sont revenus habiter leurville : on
y décoavrir une quantité de fragments a de plus réparé la grande muraille qui
d^architecture qui troutenient leur séparait du continent le petit isthme
place dans un musée. sur lequel la ville était assise ; elle défen-
Cestuneionpce de regrets pour Ta- dait le quartier de l'invasion des eaux
renir ces modèles de la plus pure ar»
: d*an petit ruisseau qui se Jetait dans lo
rhilecture ionienne disparaissent Tiin port du sud et qui a contribué à l'en-
après Kautre ; s'ils étaient recueillis dans sabler cette partie des murs est la mieux
:

UD musée d'Europe leur étude ne pour- conservée.


rait que former le goût des jeunes ar- D*après une inscription qui existe en-
tistes. Qu'on n'imagine pas que des core près de là, cette partie de la mu-
plâtres moulés sur les monuments rem- raille et les tours ndjacentes auraient
plissent le même but: le coup de ciseau été reconstruites par Àpollodore et Ku-
donné sur le maibf», le ftàrt de Tar- cratès dont les fonetions ne sont pas in-
tiste, ses moyens pratiques ne se trani* diquées. Toutes les murailles sont bflties
portent pas nver un froid modèle. en blocs de pierre de taille poses en
Un autre edilice moins considérable assises réglées : on ne voit plus les ves-
que le temple de Bacchus, mais d'une tiges que d'une seule porte ou plutôt
perfection de travail non moins é^ale, d'une poterne qui conduisait an port.
existait vers )e centre de ristlime ; il est Elle est sans ornement, la baie est sur-
couvert de buissons et d'oliviers sau- monttje d'une architrave.
vages on peut considérer ce fait comme
: Le port du sud, celui que Tite-Live
uue preuve que ees ruines n*ont pas été distingue par les mots ante urbem,
fouillées depuis plusieurs sièdes. tandis que le port de Sigadjik était
Av.mt de terminer l'examen de l'in- désigné comme étant a tergo urhix, est
lerieur de la ville, nous devons mention- aujourd'hui converti en marais. On voit
ner un monument signalé par M. H«- les vestiges d'un mdie an milieu des
milton à Tattention oes futurs explora- allu viens, mais rien de oe qui peut eons-
teurs. tituer un nrsenal maritime.
Il est situé au nord-est, et à la dis- La petite ville de Sévri hissnr est à
tance d'environ un mille du môle an- quatre kilomètres au sud-est de Teossur
cien; il se oompose d*une base pyra- la route de Smyrne; elle ne mériterait
midale construite sur une êminence et aucune mention spéciale si on n'y eût
supportant les ruines d'un édifice de transporté comme a Sii:ad)ik un certain
petite dimension, mais ricliement orné ; nombre de débris des monuments de
rien ne peut égaler la délicatesse des Téos. Elle est située dans un vallon où
sc*ulptures des corniches qui sont éten- prend naissance le ruisseau qui va se
«lues sur le sol l'édifice était construit
: leter dans le port ce qui attire surtout
;

eu grands blocs de marbre jaune. On y l'attention , ce sont de grands blocs de


armait par des escaliers dont la longueur marbre dont l'usage n'a pas encore été
de l'est à l'ouest est de quarante-cinq deviné; les plus grands ont environ trois
pieds et du nord au sud de trente-huit. mètres en tous sens les autres ont
,

Le monument était entoure d'une co- moins de deux mètres ee sont des grands
:

lonnade qui peut encore être recunuue cul>es taillés à facettes prismatiques
sur trois edtet ; elle se eompose de huit formant autant de tabwttes ou de
pilastres en marbre gris placés à dis- petits escaliers, on ne saurait mieux les
tances égales, avec desdemi-colonues en- comparer qu'à d'énormes cristaux de
gagées dans les deux côtés opposés : le sulfate de soude; ils portent presque
eÔM DOfd est long de cent quarante et tous des fragments d'inscriptions latines
un pat et le cAté de l'ouest de eent Inintelligibles, on y lit surtout Pindica-
soixante. tion Loco 11 II :jtisqu'ici ceux qui ont
Les murs de Tros ont environ six voulu expli(juer l'usage de ces blocs
kilomètres de circuit, on peut les suivre n'ont abouti qu'à des conjectures peu
dans tant leur parcours. Les aneiennes satisfiisMites.

Digitized by Google
Les grandes carrières d*où ont été oâtand de la presqu'île. Use terminait
marbres de Téos sont dans
extraits les au promontoire Corycéon, aujourd'hui
de Sevri hissar, elles four-
le voisinafîe le cap Blanc à l'eutrée du canal de Cliio
;
nissent une roche grisâtre et cristalline le port de Casyste était au nord de oe
oui appartient à la formation calcaire eap sur la etiaoeeideotale de la prea-
de la presqalle Erytlifée. qirtle: Tite-Iint(l> le noniaieGo^n»a
Forlus.
CHAPITRE LIV. Comme entre Krytbrae et le cap
Corycus il nV a que le port et la rade
de Téheehme, on doit en couclure que
le port Coiycus ou Gaqrste était à
La côte qui s'étend de l'est à l'ouest Tdiechfflé.
depuis Téosjusqu'au cap Blanc est décou-
pée par un certain nombre de petites
baies peu connues même de nos jours,
dans lesquelles les colons grecs s'étaient La population primitive d'Êrytlirae
bâtis des places fortes de ce nombre
: se composait de plusieurs fractions des
était Era;, qui appartenait aux Téiens ; difcrs peuples qui haUtaient le sud de
vientensuitele territoire des Cli.iicidifns, l'Asie Mineure; ila ae joignirent aux
qui fut d'abord sous la déut ndaucc d< s Crétois qui, sous la conduite du fils de
Téiens, passa ensuite sous la domination Rhadamanle, vinrent coloniser cette
de la ville d'Éry lhraB, et la troisième partie de la presqu'île. On comptait dans
tribu des Érytbréens prit le nom de ce nombre ; des ]>eiens , peuple d'ori-
Chalcitis { ). Le cap le plus araiieé vers
I Kîne crétoise ; des Cariens, anciens altiéa
l'île de Cliio rsl dominé par une mon- ou roi Minos; des Pamphyliens, d'ori-
tague peu élevée qui se rattache à la sine grecque, mais qui après la guerre
chaîne du mont Bltmas. La montagne de Tmt atident longtemps eue avec
s'appelaitCorycus et lecap Argennum, Calchas, enfin d'un contingeut'd^liabi-
Stranon estime à soixante stades la lar- tants venus de chaque ville alonie BOOa
geur du détroit entre ce cap et llle de la conduite de Cnopus.
Chio. Cette réunion, hétérogène en appa-
A partir de ce point la edte de la rence , ne tarda pas à former on corps
presqu'île Érythrée tourne droit au de nation qui s'établit promptenient
,

nord forme deuv golfes bien abrités,


et dans la contrée. Il est a remarquer qu'au
le premier, le goUe de Tchechmé, le se- milieu d'éléments disparates on ne voit
oondje iplfe (fÊrythne. jamais se mUer de peuple d'origine
L'intérieur de la presquile est mon- araméenne ; les Phéniciens, pouftant ai
ta^neux et inculte, plusieurs villages de voisins de la Crète, ne participent en
bergers sont bâtis dans les gorges, et rien à la fondation des colonies, dont la
passaient autrefois pour être des repaires population était de race lodo-gmaoi-
ie pirates. La montagne dans laquelle que.
ils se retiraient portait le nom de Co- II est à croire cependant qu'à cette
rvcus, et les pirates avaient le nom de époque les fondateurs d'Érythrae étaient
Coryceeus ; ce sont eux qui ont invente eu relations pacifiques avec les peuples
ee moyen , si souvent employé depuis de la Phénicie, puisqnlls adoptèrent le
par les corsaires, d'envoyer des afndés culte d'Hercule , divinité qui leur fut
qui prenaient des renseignements dans envoyée de Tyr et qu'ils disputèrent
les ports de mer, s'engageaient avec les aux nabitantsde Cbio. Selon la tradition,
marchanda et renseignfiient les corsai- conaerfée par Paosanias , la ttatoe
rea sur la route que dfevait suivre le ua- d'Hereule éttit plaeée sur un radeau qui
tire. fut apportée par mer de Tyr en Phéni-
Le mont Corycus s'étendait depuis le cie.Quand le dans la
radeiiu fut ejitré
Mimas au sud- ouest de Ua/ouiène jus- mer Ionienne, il au cap Messate.
s'arrêta
qa*à la pointe occidentale et. formait la Lee efforts des habitaota pour le tirsr à

(x) Païuaniaty liv. TII, 4. (i)Tite-Li«.,X.UVI, 44.

Digitized by Googl(
AfilE MBIEDRB.
rasaient sans efiet, lorsqu'un pé- ioniennes contre le pouvoir des Perses ;
êheur nommé Phomiion fiit averti dans die fat souvent en guerre avec la ville
un songe que le radeau serait facile- voisine de Chio; mais la marine de
ment conduit à terre, si les femmes cette dernière ville était bien supérieure,
d'Érytbrx voulaient le tirer au moyen et pendant un temps les Cbiotes pré-
d'une oorde tressée avec leors cbeT«oi. lODdifent à l'empire de la mer (l).
Pas une des Érythréennes ne se mettait Pendant la guerre entre Athènes et
«n devoir de se conformer aux prt»scrip- Lacédémone, Erythr» tenta d'échapper
tions de ce songe , lorsque les temmes à domination d'Athènes , mais sa si-
la
ihnosi qui bwitaiflnt la ville saeri- Inatioa ae changea qa*à Tarrivée des
fièrent leur chevelure, et la statue du
^ Romaine en Asie. Elle embrassa le parti
dieu fut amenée dans Érythrac. On lui de Rome contre Antiochus, et recrut
éleva un temple dans l'intérieur de la d'éclatants témoignages de satisfaction
viUe. et les femmes tbraees avaient seules de la part du gouvernement de Rome.
le dliroit d*y entrer. Pausanias à son Les monaments épigrapblques et nu-
voyage à Ér\'thrap, vit la corde faite de mismatiques prouvent que cette ville
cheveux qui éUit conservée précieuse- continua de sunsisler jusqu'aux derniers
ment. 11 décrit la statue d'Hercule temps de l'empire byzantin. Kl le est
eomrae un ouvrage dans le goût des comprise dans les notices ecclésiasti-
anri' nnes statues égyptiennes. ques an nombre (les évécliés de la pro-
On voyait aussi à Érythraî un temple vince d^Asie. On ignore les causes de
de Minerve Poliade; la statue de la l'abandon de son territoire, ^ui pa&i^ait
déesse était de bo», et d'une grandeur pour firtileet abondant en vin. La po-
extraordinaire, nssise sur tu tréoe, et Imlation moderne s'est agglomérée dans
tenant une quenouille des deux mains. a petite ville de Tcheelmié, dont la
La téte de la statue était surmontée de rade est aussi sûre que celle d'Éry tlirs,
TéteUe polaire. et qui est mieux placée pM>uff les navires
Cette statue était Tœuvre du sculp- que les vents retiennent à rentrée du ca-
teur Kiidaeus, de même que les statues n.il de Chio. Cet inconvénient était
des Heures et des Grâces de marbre moins grave dans fanUquité q^uand la
blanc qui étaient einosése dans Phy- navigation se faisait à la rtme.
psBlhre, e'estrà-dire dans la partie du La baiO'd'Érytbrae est défendue des
temf)!e qui était découverte; c'est là vents d'ouest par lîle de Chio et snn ,

aue Pausauias vit ces œuvrer d art. On mouillage était abrité par un groupe
doit conclure de ce passage de l'auteur d'îlots, que les anciens appelaient iiippi,
f;rec (I), que le temple ào Minerve Po- les chevaux. Une petite rivière a son
iade était du genre que nous appelons enihouchure dans cette haie, c'est l'an-
hypcethre cuniine ceux d'Apollon Dir cien fleuve Aleus, (jui. selon Pline avait
dyme et d'Apollon Épicurius. la faculté de faire pousser la barbe.
La8ybiUed*Érytbrs n'était pas moins
célèbre que les oracles de Branchydes CHAPITRË LV.
et de Claros ; mais elle se distinguait
de ces derniers en ce qu'elle prédisait au INES D'BBYTHEiB. AHITBI.
ravenir par inspiration, sans aucune
cérémonie préalable; Strabon distingue Les ruines d'Érvthra conservent en-
Tancienne sybille, et celle qui vivait ilu core le nom de Hhitri, tjiii est celui d'un

temps d'Alexandre, et qui fit connaître en dehors de l'en-


petit village grec bâti
rainalie orisine du roi de Macédoine. ceinte de Taneienne ville. Denx roules
Strabon ne dit pas si les prédictions de conduisent à Érvthra;, Tune par Vourla
ces deux sibylles avaient lieu dansqnel- et l'autrepar Tehechmé : cette detnièfe
que sanctuaire (3). est la plus praticable.
La ville d'Érydirm prit put à tous Tcbeebmé est une pstile ville aM-
les sonlèveacnts tentas par les villes derne qui tire ses revenus des bêtimiiite
qui viennent mouiller dans aa fidto«
(i) Pausania<», liv. VII, 5.
(a) Strabon, XIV, 646 ; XVU, 814. (i) SUaboo, JJY, 64i.

Digitized by Google
96ê

lonqii*ili «Mkt Niefiiia ft l'entrée dn ea- mètres. Doedté de Test on entre dans
TïA de Chio. Toutes les maisons sont la ville par une brèche où l'on recon-
bâties en pierres, blanchies a la chaux naît les vestiges d'une porte, mais un
et couvertes en terrasses. Quelques dat- montant seul est en place.
tiers plantés et là achèvent de lai Les murailles descendent ensuite
donner un aspect tout à fait oriental. dans la partie plane de la ville, et re-
On peut facilement trouver des che- montent une seconde ligne de collines
vaux pour se rendre aux ruines d'Éry- pour arriver à l'acropole , bâtie au nord
thne, sittiées à fingt-deax kilomètm aa sur le sommet d*un mamelon.
nord de la ville , en longeant le bord de rocher entaillé par banquettes ser-
la mer; la route est très-accidentée, en- vait de fondation aux murailles dont
trecoupée de collines et de ravins for- la construction rappelle celle des murs
més par les contreforts do mont Mimai. d'Assos, c'est-à-dire que ces murs da-
En aortant de Tcbechmé 'on con- teraient du cinquième siècle avant notre
tourne un mamelon assez élevé qui dé- ère près de l'acropole est une autre
:

fend la ville et la rade de l'action des porte tout aussi ruinée. L'acropole a
ents du nord ; on descend ensuite dans été en grande partie réparée à l'époque
un vallon où se trouvent dee taux ther- byzantme : on reconnaît dans les nui-
males avec un établissement rustique, railles im grand nombre de fragments
fréguenté par les habitants de la pres- antiques et quelques inscriptions.
âuiie ; ces baius n'ont Jamais été raen- Avant de rechercher les derniers ves-
onnés par aucun antear moderne; ce tiges de Taneienne Érythrse, nous do*
sont certainement les bains cités par vons nous arrêter un moment pour ob-
Pausanias connue existant près du
«• server la singulière conformation du sol
promontoire Macria, les uus creusés de cette ville, qui appartient à la masse
naturellement dans le roe au bord de la du mont Mimas , et qui représente en
mer, lesautres faits de main d'homme moindres proportions la formation gé-
et fort ornés (I). » Un ruisseau qui nérale de la montagne.
n'a pas de nom aujourd'hui arrose la Êrythrae est entourée de collines de
vallée des bains ; on est là à moitié route ealcaire, marbre bleu , mais l'aeropolo
entre Tchechmé et Érythrse on a encore
: et les bases de toutes les oollinss s6nt
à franchir deux ou trois côtes assez toutes cotnposées de trachyles rouges ;
abruptes. En contournant les sinuo- ou les retrouve a l'acropole sous forme
sités du rivage, on a sur sa [jauebe d'un mamelon isolé qui a surgi du mi-
la mer du canal de Chio et une mfinité lieu de la plaine. Non loin de la les ro-
,

de petites ties qui se détachent comme ches calcaires apparaissent à la surface


autant de points lumineux sur le som- du sol, de sorte que l'expansion destra-
bre azur delà mer. Quelquefois la route chytes de dessous les roches calcaires est
domhie de véritables précipices ; enfin si visible, qu'on assiste pour ainsi dira à
on arrive aux ruines d*Érythrae qui pré- l'expansion des roches ignées, commesi
sentent I aspect de la plus complète dé- elle avait lieu de nos jours ; ce sont ces
solation. trachyles qui ont servi à bâtir les mo-
L'assiette de la ville était très-forte : numents d'Éiythrse. Tous les éditioss
on peut encore suivre dans tout son étaient rouges, et le nom du fondateur
pourtour la ligne de circonvallation. Érvthrus était on ne peut mieux en
Les murailles formaient presque un harmonie avec la couleur de la ville (1).
demi-cercle qui comprenait la largeur Du pied des collines de Test sort une
de la baie d'Érythrae elles ont le carac-
; soure<i abondante qui forme un petit
tère de la plus haute .intiquité, sont cours d'eau c'est le lleuve Aleus cite par
:

bâties en grands blocs de trachyte rouge, Pline : uu autre cours d'eau arrose le
entremUtt oà et là d'assises de pierre pied des ooïlines du nord.
calcaire. Elfes sont défendues par des Au centre de la ville est un exhaus-
tours carrées de très-solide construc- sement de terrain taille en rectangle et
tion, espacées de vingt-cinq à trente formant une grande terrasse soutenue

(i) Pairaniat, livre TII, ch. S.

^.d by Google
ASIE MIMEViiE.
de tous eàtés par im soubaneroent de tures propres à être placés dans les
construction arcliaïqiie, partie en assi- musées. Mais l'étude de ces ruines faite
ses réglées, partie en hlocs à joints irré- au point de vue architectonique serait
guliers. Ou arrive sur cette terrasse par intéressante, attendu qu'elles surpassent
un éboulement du côté'de Test, où il y en antiquité celles de toutes les autres
mit peut-être un escalier. villes de l'Ionie.
Ta surface de Tesplanade est cou- La au
presqu'île Erythrée se termine
verte de décombres, au milieu desquels nord par cap Mêlas aujourd'hui le
le
on reconnaît les traees d'un édifiée cap Kara boumou, cap noir, ainsi
carré et un morceau de firise dorique, nommé à eause de la couleur noire
des tambours de colonnes cannelées a entourent la base. Au
des laves qui
la grecque ; on voit qu'on est sur l'em- nord dela rade d'Ërythrîe les na-
placement d'un temple, mais il ne sub- trouvent encore un refuge dans
vires
siste pss asses de documents pour le une criaue appelée aujourd'hui Egri
restituer comme celui d'Assos. Liman, le port oblique, bon mouillage
Tout porte a croire que sur celte ter- mais qui manque de fond, c'est l'an-
rasse s'élevait le tcniplc d'Hercule cité cien Portus Pliœuicus. Le cap iMelas est
par Pausanias. On ne peut que soup- formé par une montagne abrupte et ro-
çonner à quel ordre il appartenait, puis- cheuse; quelques villages modernes sont
3ue Tarchitecture ionienne ne date que dispersés autour de sa base, mais il ne
'Hermogéoe, et qu'avant cet architecte reste dans cette région aucun vestige
tous les temples d*Ionie étaient d'ordre d'antiquité.
dorique. On peut en inférer, vu la haute
antiquité à laquelle Pausanias fait re- CHAPITRE LVJ.
monU'r Tarrivée de la statue d'Hercule,
que le temple était d'ordre dorique; eoLVB DB simirB.
enfin une dernière considération , c'est
que le seul temple d Hercule, connu de Après avoir parcouru l'Ionie nous
nos jours , celui de Cori en Italie, est rentrons dans le golfe de Smyrne en lon-
d'ordre dorique. geant la odte méridionale ; la base du
Mous n'avons observé aucun empla- mont Mimas est marquée par une pro-
cement qui pill, avec quelque apparence fonde échancrure appelée par les marins
de probabilité , être attribué au temple haie de Karagatcb, parce que les navires
de Minerve Poliade. Les temples de peuvent se mettre à l'abri du vent du
cette divinité étaient ordinairement nord appelé Raragateb. Les cartes le
élevés dans la citadelle même dos villes désignent sous le nom de golfe de Ghul-
comme à Athènes et a Perjzaine , or baghthé, jardin des roses, à cause d'un
nous avons vu que l'acropole d'iiryllirae petit village du même nom.
avait été presque entièrement rebâtie Vient ensuite le golfe de Vourla, au-
par les Byzantins : le temple aura été dessus duquel est bâtie la petite ville de
rasé à cette époque. Vourla, qu'on est porté à identifier avec
Le théâtre était établi sur le flauc la première Clazomène; on n'y trouve
nord du rocher de l'acropole ; il pré* aucun vestige d'antiquité; le pays d'alen-
sente peu d'intérêt au point de vue de tour et très-montagueux les Greetyeul-:

Tart; les détails les plus importants, tiveut vigne avec succès.
la
c'est-à-dire le proscenium et la décora- Devantla baie de Vourla est situé le
tion eitérieure, ont presque entièrement petit archipel connu des marioi sous le
disparu. Quelques gradins sont encore nom d'Ues d'Ourlac : c'est le meilleur
en place, mais la plus grande partie mouillage du golfe, et les flottes euro-
qui pouvait servir comme pierres de Kéennos ont l'habitude d'y stationner en
taille a été enlevée; le ehftteau qui do- iver : il y a une source abondante
mine la oolline en a absorbé une grande qui fournit meean eseellent».
partie.
Les fouilles faites à Krythrae mettaient
h découvert un certain nombre d'ina-
criptions , et peu de morceaux de aeulp»
14* Umiium, (Asn MinboibO *
. II. U •

Digitized by Google
S70 L'ONIVKRS.
CLAZOMBMS. cenu mètres de longueur : elle (?st sou-
tenue du côté de 1 ouest par un tnur
Une petite ile déserte reliée au con- antique qui est presque couvert par le
tinent |MKr on isthme saUonoeux, sable. L'Ile de Clazomène est aujour-
c'est
tout ce qui reste de l'ancienne Clazo- d'hui déserte il n'y reste aucun vestige
:

mène. De toutes les tribus d'ionie, il n'y important de ses anciens édifices et dt-s ,

en eut pas de plus voyageuse. Quand fouilles entreprises il y a quelques an-

lesClazomeniens arrivèrent en Asie la nées par un des commandants de la sta-


grande migration ionienne t'était déjà tion française ne produisirent aucun
effectuée ils se dirigèrent vers le nord
;
sultat important on s'est assuré seule-
:

de TiColide et bâtirent auprès du mont ment que le sol de Tile était couvert de
Ida une ville qu'ils abandonnèrent pour fondations d'édiiices.
M rapprocher des Colophoniens, aux- Clazomène s'associa à la révolte des
quels m
avaient demande un chef. Étant Téiens contre Athènes; mais elle fut
bientôt forcée de faire sa soumission. Klle
arrivés dans la presqu'île Érythrée ils
fondèrent Scyppiuni sur le versant sud prit parti pour les Romains dans la
de la presqu'île. guerre contre Antiochus , aussi reçut-
Mécontents de ee territoire ils s'avan- elle de la part du sénat le privil^ de
cèrent au nord-est et s'établirent à Chy» conserver son autonomie on lui fit eu :

triuin, plus lard ils fondèrent Clazo- outre présent de l'île de Drvrnusa. Au-
mène dans la terre ferme, et s'y main- guste y lit faire des travaux qui lui
tinrent jusau'à l'arrivée des Perses. méritèrent le titre de nouveau fonda*
Ils se défendirent vaillamment contra teur.
Alyytte, roi de Lydie, et lui firent éprou- La situation de Clazomène dans le
ver des pertes sensibles (I); la paix se voisinage des îles qui offraient aux pi-
filcependant et pendant tout le règne rates des repaires si favorables, fut sou-
des Mermuades. cette petite république vent exposée à leurs attaques soudaines;
put développer son activité commerciale. les pirates de Cilicie s'en emparèrent
Elle était restée en relation avec le con- du temps deSylla. et dans le moyen ùfj^e
tinent de la Grèce et avait à Delph. s toute cette presqu'île était infestée de
ton trésor particulier. Grésus av ait en- chefs qui mettaient le pays au pillage :
voyé au temple d^Apollon des cratères c'est sans doute la cause de la ruine
d'or et d'autres en nrizcnt. ouvrages totale de cette ville. Les musulmans, en
orécieux et célèbres; après l'incendie de guerre avec les nations maritimes de
Delphes ils furent dej.oses dans le trésor PEurope , ne voulurent pas laisser sub-
des Glaxoméniens, où on les voyait sister une place qui pouvait leur servir
encore du temps d'Hérodote de base d'opérations contre Smyrne. Au-
le
; ra- <

tère d'argent pouvait contenir dix jourd'hui on ne connaît d.ins cet ar-
am- "
phores, plus décent cinquante chipel que la grande et la petite Ourlac.
La
litres
villede Glaiomène était alors arrivée à Pline nomme huit tics dans le golfe de
on certain degré de prospérité; elle M- Smyrne : il les aj>pelle lies Péristérides.
sait partie de
confédération, et ses
la INIégalé est certainement la grande Our-
navires sillonnaient les mers depuis le lac; les autres, nommées, Carteria
Ptot-Euxin jusqu'à l'É^pte. filœussa, Alopèce, Pystira,Cromrayone-
A la chute des rois deLydie^ lesClazo- sos. De sauraient être identifiées avec
meniens, pour se mettre a l'abri des at- celles qui existent, ùiute
d'indications
taques des Perses, se retirèrent dans un suffisantes.
îlot voisin du continent. Alexandre joi- A l'ouest d'Ouriac s'étend une langue
gnit cettetle à la terre ferme par une jetée de terre avec un château moderne ap-
f|ue l'on retrouve encore; c*est cette pelé le fort Sandji.ik : il marque l'an-
indication qui a guidé les premiers ex- cienne limite entre les territoires d;^
plorateurs qui ont déterminé le sif. de Clazomène et de Teos;il est domine pnr
Glaiomène. La jetée a environ quatre M montagne à deux sommets counue
aous le nom des Mamelles, an pied de
laquelle sont les binns chauds appelés
(f) Hérodote^ Uv. !•% x6.
WUDS d'Agamemnon. D'apiès la tni*

Digitized by Google
ASIE MINEURE. tri

ditioD, conservée par Pausunias (1;. on mis eu Pbocide, et faibaieut partie du


voit encore le^» reste» Ue plu&iturs cous- grand conseil des Amphictyons; mais,
tnieiioiis byzanlinei formant une salte aeeoaés de s'être Uvrés au piUaffe du
d'étuve ou tépidarinm : la température temple d'Apollon, ils soulevèrent contre
des eaux dép,)sse 60° cenli^nules ; elles eux les autres peuples grecs. guerre
sont tres-aboudantas et tonnent un phocique fut la conséquence de cet at-
petit roitaeaii qui va se jeter un dan tentat, que les Phoeéena raebetèrent en
cours d*eau voisin; près de ces bains défendant le temple de Delphes contre
était un temple d'Apollon en marbre les Gaulois. Ils furent rétablis dans
blanc. Strabon mentionne brievenieot leurs anciens privilèges (1). Mais ou doit
ees lieux: « après Clazomèna on tioava eroire qu'il restait un levain d'hostilité
un temple d'Apollon, des eam thermales entre ^ux et leura eomoatriotes grecs,
et le golfe de Smyrne t5). puisqu'ils finirent par abandonner leur
La côte nord du golfe dépendait de pays. Le succès des Ioniens dans leurs
r.^Lolide, mais l'entrée du golfe du côté projets de eolonisation appelait aur lea
du nord était défendue par une ville edtea d*Asie toutes les peuplades grec-
célèbre entre les villes ioniennes, la ville ques mécontentes de leur sort en Eu-
de Pbocée dont le nom seul est resté. rope. Les Phocéens arrivèrent eu Mo-
Ude , et, du consentement des habitants
CaAPlTRE LVIl. de C^mé, ils purent s'établir aur la cdie
voisine; mais les Ioniens ne voulurent
PHOCKB. ni faire alliance avec eux, ni les admettre
dans la confédération, que sous la condi-
L'entrée du goUe de Smyrne est 8l> tion qu'ils obéiraient à des rois du sang
gnalée aux navigateurs par deux caps de Codriis. Érythra» et Téos qui étaient
élevés celui de droite Kara bouroun ,
; déjà constituées en États, leur fournirent
le cap noir, appartient à la presqu'île trois princes de cette liguée, et Pbocee,
Érytiirée, eelm de ^uohe Kizil bou- admise au nombre des vUlea ioniennes ne
roun, le fait partie du terri-
cap rouge, tarda pas à se distinguer par Tesprit d'en-
toire de r^olide; mais a arrivée des I treprise qui animait ses habitants Les
Phocéens en Asie il fut annexe a TIo- Phocéens sont les premiers Grecs d'io-
nie. Os esp doit eon nom moderne à la nie qui se aolent idonnés à la navigation
couleur des terrains volcaniques.
rnijn;e de long cours, ils construisirent des
Le groupe de monticules dont il est vaisseaux à cinquante rames et parcou-
formé se rattaclie au continent par des rurent l'Adriatique, la mer Thyrrénienne
terralne d'alhivfioD d'une origme ré- et les odtes d*lbérie.
cente, aussi n*est-îl pas étonnant que les Dans leurs voyages à Tartessus , ila
écrivains du premier siècle aient regardé avaient ae'i"''^ l'amitié du roi Argantho
ce territoire comme relie au continent nius, qui leur offrit de Quitter rionie et
par des relais de la mer. Pline affirme de venir ^'établir dana la piflie de se»
gue la ville de Leuc%, voisine de Pbooée, États qu'ils voudraient choisir. La Été-
lut primitivement fondée sur »ine île. lité avec laquelle les anciens peuple
La ville de Pbocec et les ports qui grecs s'expatriaient pour aller cberrhei
faisaient sa puissance et sa richesse d'autres demeures aurait lieu de nous
étaient situes sur la mer Ë^gée, au nord surprendre, si à toutes lea époquee de
de la presqu'île de Kizil bouroun elle , l'histoire ancienne^ nous n'en trouvions
est représentée par la petite ville de de nombreux exemples. Les Phoceeus
Phokia. refusèrent néanmoins les offres du roi.
Les Phocéens arrivèrent en Asie Arganthonius, pour leur témoigner toute
sous la conduite de deux cbefs athéniens sa sympathie, leur fournit des subsides
Philogène et Damon, ils habitaient pri- pour entourer leur ville de murnilles ,

mitivement les environs du uiont Cné- et se mettre a l'abri des attaques des Me-
dea, qui commençaient à devenir puia-
(i ) Paiisina^, liv. VI, 5. aanli. Gis amaUks» dont le pouhoor
(sj Sirab., V, 646.
PauMiiu», X, " "
(3) Liv. 5, 39. (1) S.

Diyitizea by ^OOglc
WntWERS,
étaitde deux cents stades ou deux mille rent ; ils formèrent le projet de se rendrf*
oÎDq c«Dts pas romains selon Tiit-Live ( i ), dans l'ile de Cyruos, où la ville d'Alalia
furent construites en pierres de grande avait été fondée par eux vingt ans au*
diiit^nsiou parfaitement jointes (2); paravant. Avant de prendre cette route,
ellts fnrmnient, en se resserrant, une ils retournèrent à Pnocée, où, étant dé-
sorte de coin large de douze cents pas barqués inopinément, ils massacrèrent
nommé Lampter. De là, sur une lon- la garnison perse qu'Harpagus avait
gueur de mille pas, s'avançait dans la laisMcdans la ville. Ils prononcèrent
mer une langue de terre qui oonpait le ensuite des imprécations solennelles
golfe par la moitié. contre ceux d'entie eux qui abandonne-
De chauue côté de la gorge étroite par raient la Hotte, et ayant jeté dans la
laquelle elle tenait au continent se trou- mer une masse de fer rougie au feu, ils
vait un port, chacun dans une exposi- firent serment qu'aucun d'eux ne re-
tion différente. Celui qui était situé au tournerait à Phocée avant que cette
midi s'appelait Maustatbmus : c'était Tar- masse de fer ne reparut sur l'eau; mais
senal des bâtiments de guerre; Nantie an moment où la flotte mettait à la voile
était à côté du Lampter. Devant Ten* pour Cyrnos,plus de la moitié des ct>
Xroe était la petite île Raccheion ornée , toyens attendris par l'aspect des lieux et
de temples et de splendides construc- le souvenir des anciennes habitudes,
tions (sV Les alluviuus ont totalement entraînés de nouveau par l'amour de la
changé rétat de cette eôte les ports ont: patrie, devinrent parjure, retournèrent
été comblés. Les prévisions du monarque en arrière et rentrèrent dans Phocée. Lea
iberien furent bientôt réalisées, Phocée autres, fidèles a leur serment, s'éloignè-
fut une des premières villes assiégées rent des îles OLuusses et continuèrent
par Harpagus , I9 ville fut investie do leur navigation.
côté de la terre; le général perse, pour Arrivés dans l'tle de Cymos, ils y vé»
abréger la résistance, lit dire aux habi- curent pendant cinq années avec les
tants que Cyrus se tiendrait pour satis- premiers habitants d'Alalia, et se cons-
fait, s'ils voulaient consentir a démolir truisirent des temples dans la ville.
on seul créneau, et à consacrer une Mais s*étant mis à ravager les eôles
maison au roi. Les Phocéens demandè- voisines , les Tyrriiéniens et les Car-
rent un armistice d'un jour, afin de thaginois se réunirent eontre eux.
délibérer, et obtinrent eu même temps Vainqueurs, mais fort maltraites dans
du ^eéoéfat ennemi qne Tarmée pene un eombat naval , les Phocéens quittè-
s'éloignflt des murailles. Le projet des rent Alalia avec leurs familles, et firent
Phocéens connu d'Harpapus; il
était voile pour Rhejiium. Ceux d'entre eux
consentit néanmoins. Des qu il eut fait qui avaient été faits pnsoniucrs par les
éloigner son armée, les Phocéens se hâ- Carthaginois furent conduits à terre et
tèrent de mettre à la mer leurs galères massacrés sans pitié. Ceux qui purent
à cinquante rames, y firent entrer leurs .^'enfuir débarquèrent à Rhegium et
familles et embarquèrent leurs meubles, fondèrent la ville d'Hyéla après avoir
,

les images de leurs dieux , et les monu- pris l'avis d'un habitant du Possido-
ments consacrés, à Texception de ceux nium , qui leur expliqua le sens d*mi
qui étaient peints sur les murs; ils s'em- oracle mal interprété par eux (1).
barquèrent eux-mêmes, et firent voile
pour île de Chio. Lorsque les Perses
l
CUAPITRK LVili.
entrèrent dans la ville ils la trouvèrent
complètement déserte. FOHlIATIOlf DB MABaiIUB.
Les Phocéens proposèrent aux habi-
tauts de Chio de leur vendre les îles Ici s'arrête le récit d'Hérodote ; mais

Oiùiusstfs; mais ceux-ci n'ayant pas voulu Strabou le complète eu nous apprenant
yeooaentir, lasPhoeéeiia le rembarqué» que les Phocéens, eontînuant Mars pé-
ré^ri nations, vinrent sur les côtes méri-
(i)Til<--Live, liv. XXXVÏI.Îi. dionales de la Gaule, et fondèrent Maa-
(a) Hérodote, liv. i63.
(3) Tito-Liv., Uv. XXXTU^aa. (0 Hérodote, liv. l-,it(i, iM.

Digitized by Google
ASIE MUfEURE. 378

salia,où ils s'établireot définitivement. marchât) (Is. qu'il coula à fond, et avant
Avant de quitter Tlonie, ils avaient rassemblé un butin considérable, il lit
consulté l'oracle, qui leur prtterivitdtt voile pour la Sicile, où il continoa le
ptwàn de Diane aÉphèse un ooiidae- métier de pirate, donnant la chasse aux
teur pour le voyage qu'ils se propo- vaisseaux carthaginois ou tyrrhéniens.
saient de faire. Ce guide se manifesta il vengea ses concitoyens massacres au

en la personne d*Aristarcbé, une des début de la guerre des Perses (1).


femmes les plus considérées d*Épbèse, La révolte d'ionie étant eomprimée,
qui partit avec les Phocéens, emportant Phoeée subit le sort romnmn aux autres
avec elle une des statues de Diane con- villes; mais ne perd pas son rang de
sacrées dans le temple. Eu arrivant plac« maritime du premier ordre. Cest
dans la nouvelle eoloDie, ils fondèrent le toujours sa possession qu'ambition-
temple Éphésium consacré à Diane (1). nent tous les princes ou les chefs de
(Test ainsi que le culte de Diane éplié- parti qui se disputent le territoire de
sienne fut apporté eu Gaule, et la téte l'Ionie.
de la déesse figura sur les monnaies d» Dans la guerre contre Antioditts,
Massaliotes. Phoeée reprend son rang de grand ar
Hérodote ne comment furent
dit pas senal maritime. Antiochus étant parti
traites par les Perses, lesPhocéens qui pour la Phrygie , laissa sou fils Seleu-
rotèrent en Asie. Le
besoin où étaient eus en ^lioe pour surveiller les places
les Perses d'avoir avec eux des hommes maritimes qu'Eumène et les Romains
de mer dut adoucir la colère du satrape, voulaient détacher de son parti. En-
et sans doute ils purent rentrer en pos- raène était maître de Phocee; mais les
session des maisons qu'ils araient quit- '
citoyens, surchan;és d'impôts, commen-
tées. Phoeée continua d'exister sous le çaient à se mutiner. La ville avait été
^îouvernement des Perses; mais tou- taxée h la fourniture de cinq cents toges
jours impatiente de recouvrer sa liberté, et de cinq cents tuniques; il y avait de
elle prit une part settve è la grande élus la disette de blé qui irritait les ha-
révolte de l'Ionie, et le Phocéen Denys itants. La multitude était ramenée au
fut élu uéttéral des confédérés réunis parti d' Antiochus mak'ré le sénat, qui
autour de l'île de Ladé. voulait rester fidèle à Eumène; mais les
Le discours qu*il prononça conquit factieux l'emportèrent (2).
tous les suffrages; mais les mesures Après la' levée du siège d'Abydos, la
actives (ju'il prit pour organiser son ar- flotte romaine revint joindre celle d'Eu-
mée navale tatisuèrent au bout de sejjt mène à Canœ. Livius lit voile pour
Jours celte multitude inhabile à la mer. Pbocée; mais, apprenant que la ville
Les Ioniens commencèrent à murmu- étaitdéfendue par une forte garnison
rer, et comptant les navires con fin! ères, et que le camp de .Sélpucus n'était pas
ils Inurnaicnt en ridicule les Phocéens, éloigné, il dévasta la côte, lit un grand
Îui n'avaient amené que trois vaisseaux, nombre de prisonniers, et se rembarqua
^ans ces conjonctures, le combat contre avec tout son butin , ne s'étant arreié
les Perses, ne pouvait ^tre que désas- que pour donner à Eumène le temps
treux. La flotte ionienne fut détruite de rejoindre son escadre.
malgré le courage des citoyens de Chio, Quelque temps après, Séleucus reprit
qui tinrent téte a Tennemi jusqu'au der- Phoeée par la traliison des gardes, qui
nier moment. lui ouvnrent les portes, et la terreur
T,e Phocéen Denys voyant les affaires de ses armes obligea Cymé et d'autres
des Ioniens complètement ruinées, et vilios de la même côte à se déclarer en
prévoyant bien que Phoeée serait ré- sa faveur. .

duite en esclavage comme le reste de


rionie, flt voile vers la Phénicie avec
(1) Hérodote, VI, 17.
ses navires et avec trois vaisseaux qu'il XXXVII,
(a)Tite-Liv , 9,
avait pris aux ennemis. Il trouva sur la ti.
ÇS) Id., ibid., rli.
eAte vn grand nombre de bAtimeats

;i) SiraboD, liv. lY, 179. •

Digitized by Gopgle
S74

CHAPITRE LIX. mains intercéda nour cette uieieiine


alliée, et la paix fut rétablie.
- SIBGS DE PHOCSli. Lorsque les Romains furent tran-
>
quilles poasessens de l'Atie, toctes les
Les Roir. fins sp décidèrent enfin à villes furent soumises à l'administra*
faire un sié^e en règle. Ije prêteur Émi- tion proconsulaireet perdirent leur
Uiis Regillus commandait la flutte en physionomie oriiiinale; leur histoire s;i
personne; il s'empara des deax ports confond avec celle de Tempire. Phocée
(189 ans avant J. G.)i et lan^ dans la dut se contenter do réie die ville mar*
ville une proclamation pour mviter les chande, et son nom est à peine men*
Phocéens a se rendre. La réponse lut tionné pendant toute la période ro-
la même qa*au temps d'Harpagus ils :
maine. Les ports se comblaient lente-
refusèrent. Le oonsnl fit commeneer les ment, et sa population Tabandonnait.
ntt Kjups des deux côtés du Lampter;
ce quartier était désrarni de maisons, CHAPITRE UL
et des temples en occunaient presque
tout respace. On approena le Muer, qui PONDATION D« PHOCÉE L4 HIOVB.
battit les murailles; mais les assiégés
Sous les empereurs bvzantins, Pho-
se défendaient avec acharnement : les
cée n'était plus qu'on Bourg dont les
brèches étaient réparées à mesure
murailles étaient détruites; la position
qu'elles étaient ouvertes.
était cependant importante ,et une cir-
De nouvelles propositions de eapitn- constance fortuite y appela les Génois,
lation leor forent aarsssées; ils deman-
qui fondèrent à côté de Tancienne ville
dèrent cinq jours pour délibérer et ou-
une place forte qu'ils appelèrent la
vrirent enûn leurs portes. Lps Romains
nouvelle Phocée.
entrèrent en ville, non pas en vain-
Il y avait dans le voisinage de cette
queoTs , mais en vertu de la capitulation.
ville une montagne renfermant une
Aussi les soldats, qui comptainit sur
mine très-riche en alun , qui avait été
le pillage, commencèrent-ils à murmu-
découverte sous le règne de Michel Pa-
rer, et plusieurs d'entre eux , malgré la
léolocnip, et dont l'exploitation était
défense de leurs chefs, se mirent à
diriiîPH par des Italiens. Ils payaient
piller les maisons. Le prétetir ÉmiUos
à rempercur grec une redevance an-
rassptui)!»' autour de lui sur la place pu-
nuelle pour droits d'e:^oitation et
blique Us citoyens de condition libre
d'exportation. Lorsque cette contrée
et aorès avoir arrêté le sac de la ville,
fut en hutte aux attaques réitérées (1»'S
il oroonna que toutes les propriétés pu-
émirs turcs, la sûreté des mineurs fut
hliques ou privées fussent re.^pectées et
compromise, et les Latins, de concert
rendit à Phocée son territoire, son gou-
avec les Grecs, élevèrent un château au
vernement et ses lois (1).
f)ied de cette montagne, lui donnèrent
Après la débits et Texpalsloii d*An- e nom de nouvelle Phocée; et les maî-
tioehus, P/Kolide fbt réunie aux États
tres de cette place, les nobles Génois,
du roi de Peri,'nmp. Il est n croire que
Andréa et Jacob Cataneo, conclurent
Phopop fut détaché de l'Ionip; elle est
avec Sarukhan, émir de Lydie, moyen-
en effet comprise dans r^fiolide par le
nant un tribut de cinq cents ducats^ tjn
géographe Ptolémée, qui ne pouvait traité qui fut exécuté pendant cent
ignorer que cette plaee avait fait partie
quatre-vingts ans (1). La ville de Pho-
de rionie.
csea-Nuova, devenue une place impor-
Pendant la guerre contre Aristonic, tante, était frouvemee par un pndpstat
Phocée avait pris parti pour ce préten- uénois, qui, au nom de la république,
dant, pt s'était de nouveau mise en état
Jouis&ait d'uo pouvoir illimité. C'est
d'hostilité contre Rome. Les consuls
ainsi qu'étaient organisées toutes \fs
qui avaient vaincu Aristonic marchaient
colonies génoises sur les cdtes de l'Asie
contre Phocée; mais la colonie de Mar-
Mineure.
iwille alors puissante et amie des Ro-
,

(i) Ducu, Um XXT,. p. 90, «p. Hsm*


(0 Tit-Liv., IXXVIl, ch. 3i. ner, Jfof. ottomt m .

Digitized by Gopgle
ASIE M lEURE. Sfi

Lorsque Mahomet I"" vint assiéger nouiinéTacbos, qui s'était révolté contre
Cymé (1) le podestat Jean Adorno con- Artaxerxe et s'était retiré dans une Ile
clut avec le sultan un traité qui laissait voisine de la côte d'/Eolide. Le ter-
aux Géuois In libre possession de Phocée ritoire de Leucae était en effet une île
la neuve , moyennant le paiement d'une qui fut dansia suite réunie au contiuent
somme de vingt mflle doeats, qui de- par suite des alluvions. Les habitants
vait cHre effectué en dix années. Le sul- (le Cymé et ceux de Clazomène se dis-

tan mourut sans que cette redevance putèrent la possession de cette ville,
fût soldée, et la république de Pbocée et ils convinrent de s'en rapporter à la
fit «vee le sultan Monrad on nooveaa décision de Torade de Delphes. Leuese
traité, non pas en argent, mais en ma- serait restée une ville ignorée de l'his-
tériel de guerre. Les Génois donnaient toire, si elle n'eût été choisie comme
à Mourad six mille ducats sur l'arriéré place de guerre par Aristunic dans la
à<$ Panden traité, et mettaient leurs guerre contre les Romains, (l) On en
Itâtiments à la disposition du sultan reconnaît remplacement au village qui
pour transporter ses troupes en Europe, a conservé le nom de Lefké, mais il n'y
se faisant ainsi les auxiliaires des hor- a aucun vestige d'antiquité.
dfls musulmanes qui allaient ravager les Le territoire situé entre ce village e^
terres des dirétîens. Les faits de ce raermus appartenait à r.-Eolide,il a été
genre, qui se reiiouvellent fréquemment compris <ian8 la description de cette
dans le cours de l'histoire ottomane, province.
sont autant de taebea à l'honneur des Telle est ai^rd'hui cette terre
peuples qui s^en rendirent coupables. On d*Ionie autrefois si riche en monuments,
voyait souvent des chrétiens se mettre couverte de villes nombreuses et nis- ,

à la solde des Turcs : jamais on ne vit santes. La plus grande partie de son
d'armée turque se mettre à la solde des territoire est mamtenant abandonnée
chrétiens. aux nomades; les anciennes villes ne
Les souffrances despopulations sont plus que des amas de décombres;
chrétiennes en Orient ne sont pas dues Srayrne seule a survécu à tant de nau-
seulement au fanatisme et h la Wbarie frages. Une aeuleoondition pourrait rap-
des musulmans, elles ont aus>i à repro- peler sur cette terre l'activité et le tra-
cher à leurs ancêtres l'abandon dans le- vail, ce serait l'appel fait à la colonisa-
quel ils ont laissé les intérêts chrétiens. tion européenne ; mais elle ne pourrait
La petitevillede Pbokia occupe Tem- se faire avec sécurité que si les Euro-
jriaeeaieot de Phooée la neuve ; elle cou- pe eus pouvaient devenir propriétaires en
tieut une population de quatre a cinq Tiir(]uie :\u même titre que les étran-
mille âmes, qui est presque entièremeni gers peuvent être propriétaires dans
adonnée à la marine ; les Turcs y sont les divers États de l'Europe.
en majorité; on compte à peu près Pour compléter le chapitre des trem-
trois cinquièmes de race turque et deux blements de terre , nous insérons ici
cinquèmes de race grecque. Ces der- un fait signalé par le Précurseur d'A-
niers ont une petite église, les Turcs ont thènes, qui justiue les observations faites
plusieurs mosquées délabrées. J^es cime- par Pline et par Procope sur rirniption
tières, qui sont
hors la ville, renferment de la mer au moment des tremble-
plusieurs fragmeuts d'architecture an- ments de terre (2) :

cienne ; mais nous n^avons observé au- « Le 26 décembre 1861, à huit heu-
cune ruine qui méritât une étude par- res trois quarts du matin, une se-
ticulière. cousse assez violente de tremblement
de terre, d'une durée de deux secondes
LBOCA. environ , et dont les oscillations parais-
saient venir de la direction sud-ouest,
La de T.eucœ était sur le hotd
ville a été ressentie à Athènes, on I» s r (

de la mets à l'ouest de Phocée. Elle tes sérieuses se sont immédiatement ré-


doit sa fondation è un général perse
(i) Tov. psg. ex*.
(k) Voj. pifNsa5-aa6. (a) Voy« diap. XXXU.

Digitized by Google
m LmOVERS.
paodues au sujet d'autres localités plus élévation de deux mètres , meuacante
d'une fote déjà, et il y a peu d*années enconséquenee, pour la basse ville.
eneore, ii détastreusement éprouvées. o L'ancienne (^orinthe a vu dispa-
« A Patras, la toiture de la caserne, raître nombre de ses anciennes bahita-
dans l'iolerieur du fort, s*est effondrée, lions, abandonnées depuis le tremble-
sani entraîner toutefois d'accidents. ment de terre de 1851. Beaucoup de
Une maison à deux étages de la ville constructions, à la nouvelle Corinthe,
basse, située près du port, s'est écrou- ont été lézardées, et Calamaki n'a pas
lée eotraioant dans sa cbute quelques été préservé des mêmes épreuves.
magasins y attenant; plusieurs antres A
m Galaxidi et k Itea, sur la rive
habitations ont souffert, mafe on n*a eu nord du golfe de Lépante, la mer a
à déplorer aucune victime. f.iit irruption et entraîné un magasin
« AégioD (Yostizza) a été plus isole, outre d'autres dommages que le
sérieusement éprouvée, ear une quin- défaut de rensei^nnements ne nous per-
zaine d'éditices ont été renverses de met pas de préciser, car aucun rap-
fond en comble, et plusieurs person- port oflirici 'nprrs sept jours !) n'ayant
nes ensevelies sous leurs décombres. encore été public, nous devons nous
La majeure partie des maisons ont été borner à ces renseignements particu-
plus ou moins endommagées, et le liers, sous la réserve de les compléter
niveau de la mer indiquait une sur** plus tard. >
LIVRE VI.

PHRYGIE. — GALAXIE.
CHAPITRË PREMIKR. des historiens sont d'accord pour re-
garder les Phrygiens comme étant d'o-
MIGRATIONS PHBYGlEiNiNËS. rigine européenne; ils ne diffèrent d'o*
pinion que sur l'époque où eut lieu
Il Texamen des auteurs
résulte de cette grande migr?tion. Elle s'effectua ,
qui ont de la géographie et de
traité pour ainsi dire, en sens contraire du
ritiiitoire ancienne de TAsie Mineure^ mouvement des peuples primitiOs, qui
que le peuple phrygien ftit no des pre* étaient venus d*Orient en Occident.
miers de ceux qui vinreDt des contrées Hérodote est le seul (|ui laisserait con-
environnantes former des établisse- cevoir quelaues doutes sur l'origine
nierits fixes dans la presqu'île; mais, européenne des Phrygiens; car dans le
eu examinant sa constitution géologique recensement qu'il fait de l'armée de
et géographique, on voit <^u*à une épo* Xenés, il dit que ces peuples et les Ar-
que relativement récente a une époque , méniens étaient armés de la même ma-
assez rapprochée des temps historiques, nière, ces derniers étant les colons des
les pheDomèDes volcaDÏques et le tra- premiers (i). Le même historien avait
wéSi des atterrissements rendaient eette dit autre part que les Phrygiens étaient
contrée presque inliabitable. Pendant originaires de la Macédoine, où ils ha-
la longue période des siècles suivants, bitaient sous le nom de Brv gès et c'est
,

les villes de l'Asie Mineure furent expo- en passant en Asie qu'ils prirent le
sées aux ravages des trembleuieuts de nom de Phrygès. Il est à remarquer
terre, et Ton vit les habitants iotter de que les géographes moins anciens qu Hé-
patience et de courage contre une na- rodote n'ont pas même discuté sa pre-
luYe rebelle qui leur offrait, en échange mière assertion, mais qu'ils ont, au
de dangers constants, uu sol admira- contraire, adopté les derniers faits
ble de fécondité, un terrain vierge qui comme authentiques. Quant à Tépoque
payait avec usure les travaux de ses où cette migration s'effectua, on a
premiers colons. Mais on ne doit pas toutes les preuves possibles qu'elle eut
s'étonner, malgré sou voisinage de l'O- lieu avant la guerre de Troie. « Les
rient, maigre sa proximité du grand Phrygiens de 1 hrace , dit Strabon (3),
foyer de population oui s'est épanché après avoir fait prisonnier le prince de
sur les contrées occidentales cfe voir , la Troade et du pays voisin , s'établi-
l'Asie Mineure déserte, ou seulement rent en IVIysie, dont les habitants al-
parcourue par quelques peuplades er- lèrent demeurer au delà des sources
rantes , pendant que !a Thrace et les du Caieus. Cette migration des Phry-
rives septentrionales du Pont-Euxin densetdes Mysiens dut avoir lieu avant
avnicnt déjà une surnbondance de po- la guerre de Troie " Slrabon critique
pulation a verser sur d'autres pays. Xanthus de Lydie, pour avoir avance (3)
C'est donc longtemps après que les que les Phrygiens passèrent en Asie
Thraces eurent formé un État eonsiitué, après la guerre de Troie, et qu'ils
que les Rrygès, sous la conduite d'un étaient venus de la côte occidentale du
chef du nom de Midas, qui demeurait Pont-Euxin, sous la conduite de Sea-
près du mont Bermius, en Macédoine, mandrius , qui les avait amenés du pays
vinrent 8*établîr dans les provinces cen- des Béréeynthes; ils auraient, suivant
trales de la presquHe (i). La plupart
(0 Hérodote, VII, 73.
(i) Hérodote, VIII, 1 38; Cf. Athénée, Ul, (a) Liv. XII, p. 57a.
el Xaiiilins hvigin. v. éd. Mulicr. ÇS) Liv. XIV, p. 680.

Digitized by
318

cet auteur, donné leur nom à la «soDtrée générale sur Tantiquité des Phry-
voisine du Sangariiis el In montagne.1 giens (i), mais qui, au total, n'a nwcùa
qui la domine. « Mais, dit Strabon , si rapport avec la date de leur émigration.
la trausmi^ration des Phrygiens d'Eu- Les différentes contrées de la Mysie,
ropéen Asie étaitMwtérietireà la guerre de la Lydie et de la Phrygie se troa-
de Troie, et que les Phrygiens qu'Ho- vèrent done peuplées par des tribus
mère fait Tenir au secours des Troyens dont la souche commune était en Eu-
fussent arrivés du pays des Bérecynliies rope et qui , par conséquent se trou-
, .

et de l Aseanie a turope, quels sont vaient naturellement disposées à se


done ees autres Pbryinens qui avalent fondre entre eUes.
cannpé sur les rives du Saiigarius, et On peut difficilement comprendre
auxquels Priam avait joint des troupes que 1rs auteurs de l'époque romaine
en qualité d'auxiliaires? » Servius pa- aient mis en doute que l'émigration
rait partager le lentiiDent de Stnbon : phrygienne ait précédé la guerre de
car fl dit que le mont Béréeynthe fat Troie, puisque les Troyens eux-mêmes
consacré à la mère des dieux, en mé- se qualifiaient de Phrygiens, et qu'il y
moire du premier prêtre de cette avait alliance entre eux et les princes
déesse (1). IVous savons, d'ailleurs, que de la Phrygie (2).iMygdou, qui condui-
le royaame de Phrygie était constitiié sit en Asie une colonie de Thraces, était
longtemps avant la guerre de Troie, frère d'Héeube et père de Corœbus (3).
puisqu'à la suite d'une guerre entre Son tombeau existait encore du temps
Uyllus et Tantale, trisaïeul d'Agamem- de Pausanias (4) sur la frontière des
non, qui régnait à Tantalis, dans le Phrygiens et des Tcetosages. C'est de
montSipytus {'2]y les descendants de ee ce chef que les Phrygiens ont pris la
prince, bannis de leurs États, allèrent nom de INlygdoniens
chercher un refuge dans la Ilcllade, ^ous pourrions nous étonner (pi'llé-
3ui reçut de leurs compagnons le nom rodote ait songé a faire les Phrygiens
e PélopoDèse cent vingt ans avant la descendants des Arméniens^ lorsqu'il at-
guerre de Troie. En dépouillant cette tiate dans un autre passage qa» les
époque des circonstances fabuleuses Phrygiens étaient la plus andeniie na-
qui la rendent obscure , en examinant tion du monde.
les monuments qui subsistent encore
et dont ridentité est attestée à diffé* CHAPITRE II.
rentes époques par Strabon Pline et
Pausanias nous voyons que les ancê-
,
,

INVASION JDB SBS08TBIS. — CULTE.


tres d'Agaraenmon régnaient en Phry-
gie longtemps avant que la Grèee eAt Longtemps avant l'arrivée des Phry-
reçu les éléments de la civilisation et ,
giens, hésostris avait conquis l'Asie Mi-
que les États de ces princes s*étendaient neure et était arrivé jusqu'aux rivages
depuis THalys jusqu a la mer Égée, et du golfe de Smyme; c'est la qu il lit

jusqu'au golfe de THermus c'est le : gravsr cette stèM qos nous voyons en-
nom que 1*00 donnait au golfe deSmvme core après viiigt-etoq siècles. Dans le
avant que cette ville fOt bi\tie (8^. 11 est cours de ses conquf'tes, il laissait
facile, du reste, d'accorder entre eux conime colons un certam nombre d'É-
les historiens, en supposant qu'a des gyptiens qui &e mêlaient avec la popu-
époques ditmotes, des triboB thraces lation du pays. Sésostris passa ensuite
sont venues se joindre aux premieta d'Asie en Europe, soumit les Thra-
colons, et augmenter ninsi le corps de ces et les Seytiies; c'est peut-être à la
la nation phrygienne. Hérodote rap- suite de cette iuvasiou egvpticuuB que
porte un fait qui , tout en attestant la les peuples de raoe euiopéaiiDe, agitds
naïveté de Pblstorien , n*est pas inutile dans leur propre pajfs oommencèrail
pour iisire voir quelle était l'opinion
(i) Lib. H, 7.
(i) /« lih. IX. JEneid, (•) Voyez |iage.« 184, (S6.
(«) Slrabon, liv. Xil^'p. 671. (3) 11. III, j86.
{3) Vitu MoHieri, c. a, ip. Herodot (4) FMttaDÎM, L Xp 97,

Digitized by Google
ASIE MI«EUK£. 87d

leur mouvement de migration en Asie ; nité fat anssî surnomméeAgdistis, et


ce est rertain, cVst que l'irruption laissa son nom à la montagne oui do-
des Sevthes en Asie suivit de près la mine la ville de Pessinunte. On peut
conquête de Sesostris , et que ces peu- voir dans Arnobe (1) l'origine de ce sur-
ples restèrent maîtres du pays pendant nom , et la fable de Nana , ftlle du fleuve
quinze cents ans. Sangar, qui fut la mère d'Atys. Le
Sésoslris en revenant dans ses États culte de la mère des dieux acquit une
conduisait avec lui un grand nombre telle importoncc en Phrygie, que les
d'habitants des pays qu'il avaîtconquis ; surnoms de la déesse sont toujours pris
le vide qui se faisait en Asie était rempli de quelque localité de la contres, et que
par les mi^:r tinns venues d'Furope. les galles, ses ministres, fiirent ainsi
Nous avons expose plus haut (l) les appelés du fleuve Callus, l'un des af-
rapports qui pouvaient exister entre la fluents du Saugarius. Strabou uous ap-
niee des Phrvî^iens et celle des Pélas- prend (2) que les m^^stèies de la déesse
ges mais rélement purement asiatique
; Pratiqués en Phrygie ne diffèrent pas
venait modifier la population pliryjïienne e ceux des Cabires, usités en Samo-
et lui donner une physionomie diffé- thrace. et croit que les Cabires, les
rente de celle des Lydiens leurs voisins. Dactyles et les Curètes tenaient à une
Le règne du premier Midas remonte même confrérie. Le surnom de Dindy-
aux époques î.ibuleuses, dans lesquelles mène fut également donné à plusieurs
l'histoire pourrait difficilement s'aven- monta,Kues, au sommet desquelles se
turer sans se perdre; mais il existe en- trouvaient des teniples de la mère des
core des monuments qui prouvent dieux. Ce eulte fut pratiqué dans la
qn*ttDe ancienne dynastie de ce nom Phrygie Brûlée, aux environs de la ville
réffna sur la Phrygie antérieurement de Cadi, et dans l'île de Cyzique. A
aux conquêtes de Cyrus. Il n'est pas répo(|ue dtts secondes migrations, les
probable, éanmoins, que les premiers
i Phrygiens se trouvèrent reponssës vers
Phrygiens qui vinrent s'établir sur le le sud, et les Bithyniens s emparèrent
grand plateau intérieur de la presqu'île de cette partie de la Phrygie, (jtii fut
aient trouvé une contrée complètement appelée Épictète. Les Mysiens prirent
déserte; mais l'histoire est nmetle sur les rivages de la Propoiitide et de la
les aborigènes qui ont occupé le pays mer £gée jusqu'au golfe Adramyttc;
avant les Phrygiens. Les peuples ae la les colonies éoliennes s'établirent sur la
Mésopotamie et de la Syrie avaient ce- cMe occidentale, de sorte que les rois
pendant envoyé des colons dans la de PluTgie se trouvèrent relégués sur
partie orientale de l'Asie Mineure. Les le grand plateau central qui s'étend
Mèdes étaient établis dans une des vastes d'une part jusqu'à fOlympe, et de l'autre
provinces de ce territoire, et lesLeuco- jusqu'aux montagnes de la Pisidie. Ce
syriens oceti paient une partie de la fut la le royaume héréditaire des princes
C^ppadoce et du Pont. Ces peuples de la dynastie de Gordius et de Midas.
avaient transporté en Asie le culte de Il comprenait une partie de la Lydie
plusieurs dieux syriens et persiques, la Phrygie Brûlée ou Gatacécaumène,
ui se répandirent promptement jusque l'ancienne Mœonie, les sources du
3 ans la Phrygie. La Vénus des Phé- Méandre et ses affluents , et le versant
niciens , adorée sous l'emblème d'une septentrional du mont Cadmus. A Test
pierre conique, eut bientôt sa rivale du Sangarias , les Phr}'giens s'étendirent
dans In pierre de Pessinunte, que l'on le long des frontières méridionales de la
disait tombée du ciel. On éleva aux Paphlagonie jusqu'aux bords de l'Halys.
dieux Men et Mithra des temples qui Au moment de leurs premières mi-
rivalisèrent de richesse et de grandeur grations , les Phrvgiens, pressés par la
avec les centres religieux les plus célè- nécessité de se créer des demeures, pro-
bres. Cependant, la divinité (jui fut fitcrent des éléments que la nature leur
principalement honorée [)ar les Phry- ottrait dans leur nouveau pays. Les
giens était Cybèle ou Khéa. Cette divi-
(i) Advmàs scnles, Ub, T.
(c) P. iSa, chap. XIV. (%) lib. X, p. 47e-

Digitized by Google
380 LUIOVERS.
Sramles falaises volcaniques, composées tiens, SI fidèles a leurs usages nationaux,
e tufiB tendres et Êieiles à travailler, auront certainement tiansporté dans
furent creusées pour y établir des cette partiede l'Asie le mode de sépul-
demeures , des temples et des tom- ture usité dans leur pays, aussi ne de-
beaux. Les premiers Piirygiens devin- vons-nous pas nous étonner de retrou •
rent en un mot peuple troglodyte, et ver dans ces antiques monuments des
après tant de siècles nous sommes éton- caractères qui rappellent ceux de 1*É-
nés de In variété et du nombre infini de gypte, comme les colonnes courtes avec
grottes, de labyrioUies taillés dans le des chapiteaux en corbeilles et le^ por-
roeKer, et dont la eonsenration est par- tes en pylônes, forme qui certainement
faite. Vitruve (1) suit la marche ascen- a été empruntée aux Égyptiens par les
dante de l'art de bâtir chez les Phry- Grecs.
giens. Ils se creusèrent d'abord des
sortes de tanières dans le sol friable ; CHAPiTRK III.
ensuite ils surmontèrent ces demeures
d*un toit conique; plus tnrd, le bois fut INFLUBIICB ORIENTALE. —MTTHB DE
employé dans les constructions, mais
avec économie, car un des caractères de
la contrée est d'être totalenaent privée L*art de la sculpture dut se rattacher
d'arbres; les vallées du Sangarius sont forcément à l'École orientale assyrienne.
ombragées d'une maisre végétation on : L'enihleme de la force, le Lion, si sou-
ne rencontre les forêts que dans la vent reproduit dans les monuments de
ebafne de rolyrope phrygien. rAssyne et de la Perse, fut multi[)Iié
Deux villes furent fondées par les rois à l'infini dans le royaume de Phrygie
Midas et Gordius; mais l'usage de con- et cette représentation, devenue popu-
fier aux rochers les souvenirs nationaux laire, fut imitée plus tard par les Grecs
ne fut pas abandonné, et nous retrou- et les Romains; chaque ville était dé-
vons ao}ourd*hui plusieurs de ces grands corée à piofosion de tant de figures de
monuments conservés an milieu des lions que les rava«»es des siècles, la
solitudes. haine que les inusulmaus portent a toute
Les Phrygiens n'avaient pas apporté représentation d*hommes et d'animaux,
des contrées de laThrnre rhabituae de toutes CCS causes de destruction n*ont
creuser dans les rochers la sépulture des pas pu tout anéantir, et l'on rsl encore
morts: ce mode d'inhumation fut, de- étonné du nombre de ligures de lion en
puis la plus haute antiquité, pratiqué en marbre et eu pierre que l'on rencontre
Égypte; il est bien probable qu il fut dans les anciennes villes de la Phrygie.
transporté en Asie par les colons qui I.es autres branches de la sculpture, la
suivirent les armées de Sésostris, Ce ne décoration des vases et des meubles
sont pas d'ailleurs les seuls colons égvj)- vinrent aussi d'Assyrie. Midas, fils de
tiens qui aient été établis en Asie Mi- Gordius, se fit faire uu trône, ouvrage
neure; plusieurs villes étaient surnom- d'un prix considérable, qu'il envoya en
mées villes égyptiennes, çarce que l'an- présent au temple de Delphes (1), et qui
cien Cyrus y établit des Egyptiens qui plusieurs siècles après, était encore un
étant venus pour les intâlts du roi objet d*adihiration pour les Grecs.
d'Assyrie, passèrent au service de son Il ne reste aucun monument de la
vainqueur ; après la bataille, C>tus leur statuaire phrygienne dti temps des rois.
donna des villes dans le haut pays, les- On est yorté à croire qu'elle avait puisé
quelles, pour cette raison ont été appe- ses inspirations à Técole d'Asnrie. Le
lées villes des Égyptiens il leur donna ; symbolisme oriental était répandu dans
encore Larisse et'Cyllène dans le voisi- tonte l'Asie antérieure, nouç en avons la
nage de Cymé, et toutes ces villes, du preuve dans les monuments qui exis-
temps de Xénopboii, étaient eneorepos^ tent encore. Les Greos cependant m
sédées par leur postérité (3). Les tgjrp- tentèrent jamab de Texpliquer et res-
tèrent, autant que possible* étrangwsaux
(i) Liv. 1 5 , ch. I

(a) Xénopbon, 6yro^.,liv. VJI. (1) Hérodote», liT.I«% 14.


ASIE MINEURE.
représentations t'orinée8 de parties portait un diadème orné de cornes
(Tnommei et d'animaux , et quand ils .de cerf (1).Dans l'Ecriture, les cornes
introduisirent dans leur panthéon ces signifient tantôt la prospérité, tantôt
divinités exotiques, ils les revêtirent de la force, souvent l'orgueil. Il est dit
l'orin?s nobles et gracieuses ; mais la dans rKxode(2) que le visage de Moïse
plupart du temps ils ne songèrent même était cornu.
pas à expliquer ces s^mbolea asiatiques : L'histoire et la fable nous représen-
c'était une langue morte pour eux. tent le personnage de Midas sous deux
Les colosses d'Euyuk, les figures aspects si différents, que les recherches
monstrueuses de Ptérium avaient chez d^s mythograpbes et des antiq^uaires
les Mèdes et les Assyriens une signifl- ne sont pas encore parvenues à les ac-
eation populaire : ils étaient placés aux corder.
portes des Palais pour en garder l'en- Nous voyons, d'un côté, le chef d'une
trée; elles ont le corps du taureau, pour grande nation thrace, passant l'Ilelles-
exprimer la force ; les ailes , pour ex- pont, conduisant en Asie les Brygès,
pnmer la promptitude; latéte humaine, qu*il établit au bord du fleuve Sangarius;
pour indii]uer la s.igesse. Miù< cette tête tondant plusieurs villes, initiant ses su-
humaine ue suffit pas il a tallu l'affu-
: jets aux mystères des dieux de la Thrace,
bler de longues oreilles pour indiquer et laissant à sa mort un royaume flo-
l'attention soutenue, et de cornes pour rissant qui continue de prospérer sous
sa propre défense. une dynastie de dix rois dont Midas
Voilà donc, dans la même figure, les fut la souche.
cornes d'Alexandre le Grand et les î>a fable, au contraire, nous le mon-
grandes oreilles de Midas qui apparais- tre comme un prince vivant dans la mol-
sent comme les symboles des qualités lesse, en compagnie des nymphes et des
que doit posséder un monarque. faunes et recevant d'Apollon ime puni-
lits colosses de Ninive et de Persé- tion grotesque qui tait de ce roi la risée
polis étaieut-ils considérés comme les de la poslerile.
portraits du prince? Cest ce qu'il est Il y a dans les deux phases de la vie
difficile d'affirmer ; mais on peut dire de ce prince une contradiction qui n'a-
avec assurance qu'ils étaient le symbole vait pas même échappé à certains écri-
de la royauté admis chez les Asiatiques, vains j»recs , et qui tournaient la diffi-
aus^i bien à Babylooe que dans les au- culté en disant que les oreilles d'âne
tres filles d'Asie. Quoique nous n'ayons données à Midas étaient un emblème
pas dans cette dernière ville des monu- du caractère soupçonneux de ce prince,
ments aussi imposants , nous pouvons qui avait l'habitude d'entretenir beau-
citer un certain nombre de cylindres et coup d'espions. Mais je vais plus loin
de pierres gravées portant la figure d'un et Je vais, démontrer que la fiible de
taureau à téte humaine, que les Grecs Midas est complètement apocryphe ,

ont aussi reproduit sur leurs médailles c'est-à-dire purement grecque et qu'elle
coifféde la tiare et orné de cornes et a pris naissance longtemps après l'ex-
de longues oreilles. tinction du royaume de Phrygie , chez
Cest-à-dire enfin que, loin d'être un des Grecs i(porant les symboles de
emblème du ridicule et de la sottise, l'ancienne Asie, qui auront vu des sta-
lescornes et les longues oreilles ont été tues de l'ancien roi de Phrygie repré-
chez les Asiatiques l'emblème de la pru- sentées sous les attributs de la puissance
dence et de la force. Cest ce que les royale.
Grecs n*oot pas compris le moins du Une statue du Musée britannique re-
monde; et il est curieux de voir les lon- présente, à n'en pasdottter, la figure du
gues oreilles du roi de Phryuie devenir roi Midas (3)*
dans les temps modernes reuibième de
la sottise; c'est-à-dire qu^ils ont fait (i) Liv. I, ch. 7.
exprimer aux emblèmes asiatiques tout (1) XXXIV, ag.
le contraire de ce qti'ils signifient. Ku- (3) Tioisicmi' salle ii" 35. Voyez auvsi
sebe, dans sa t répa ration évatigtlique^ Midat roi de Pitrjgie dm» la Hevue ontn-
atteste que la rçine de Pbénicie, Astarté, tmU timHinmmi, t. U, page aiy.

Diyiiized by Google
382 L'UNIVERS.
Le de Phrycie est couronné d*un
roi Telle est, à notre avis, l'origine du
diadème, et vétu d'une tuuique à larges mythe des oreilles d'âne du roi Midas.
maneheB eomme , les oottent tes rois Les eonMs et les longues oreilles ne
d'Assyrie et de Persépout. Sa Agure est sont pas, chez les anciens asiatiques, des
calme et noble; il est occupé à moduler signes de critique et de raillerie, mais
sur la flûte une de ces eleçies dont il étaient considérées comme des emblèmes
était Tiovcoteur, et qu'il avait ensei- de puissance,de force et de sagesse.
gnéet à son peuple. Ce n'était pas pour Enfin, avec le génie léger et versatile
de vains plaisirs que \e disciple d'Or- des Grecs, il ne lîMit pas s'étonner de
phée nvnit rendu la musique populaire voir une tradition ou un mythe dévier
chez les Phrygiens, il avait consacré de sa légitime siguilication. et être ex-
son art an culte des dieux et à Tapo* pliqué par une époque d'uue manière
théose de sa mère. complètement dinérente de l'époque
««On rapporte que Midas, (ils de Gor- antérieure.
« dius, pendant son règne, consacra
• le jeu de la flûte aux autels et aux CHAPITRE IV.
« sacrifices, quand il voulait faire Pa-
« pothéose de sa mère , lorsqu'elle fat nVRASTIBS PBMyGIBHm.
• morte. » Suidas, sub v. ÏXgyoç.
Est-ce dans une occupation aussi Le premier chef de ces tribus phry-
grave , aussi solennelle que le selilpteur giennes auqnd les historiens donnent
aurait eu la pensée de faire de ce prince le titre de roi fut, selon Suidas, un
une ignoble caricature, en le dépouil- certain ISannacus, qui régna avant le
lant de tout ce qu'il pouvait avoir de déluge de Deucalion. Mais le pouvoir
respectable pour le spectateur ? de ces princes ne s'étendait que sur une
A Pépoque où cette figure lut ftitc, partie de la Phrygie; car Fautre partie
il devait exister encore en Pbrygie un fat possédée par les Sacfs, qui s'étaient
grand nombre de statues de ces rais rendus maîtres de l'Arménie et de toute
fondateurs d'une longue dynastie. la partie de la Cappadoce voisine du
Cest dans les rapports qu'ont eus in» Pont-Euxin, et vinrent s*établir à l'ouest
fatiliblenient avec l'Asie orientale les de l'Halys (1), sous la conduite dVm
premiers Phrygiens qui se sont établis chef nommé Acmon fils de Man ou ,

sur le Sangarius que la civilisation


, Men. Cet Acmon fonda une ville de son
s'est introduite dans cette contrée aupa- uom. Acmonia, et après sa mort, il
ravant iMrlieia. fût déifié. Cette ville subsista long-
Les Assyriens et les Mèdes l'avaient temps; car elle est mentionnée par
occupée antérieurement et longtemps , Plolémée , qui la place entre Juliopolis
après l'extiiiction de la monarchie phry- et Luménia , et par Etienne de Byzan-
gienne , le culte des mages s'était per- ce (3), qui cite deux places de ee nom.
pétué dans certains lieux et il était en- Mais les Saces ayant été expulsés par
core pratiqué du temps des Romains (1). les Perses (3), les descendants d'Acmon
11 n'est pas surprena iit que. dans la repré- se retirèrent nu delà de l'Arménie.
sentation de la royauté, les artistes phry- Le second roi de Phrygie porta le
080» aient adopté un sjrmbole qui était nom de Midas; il passe poiir avoir réprne
admis chezies peuples de l'Asie centrale. à Pessinunte; ce qoi assignerait une
L'artiste grec, auteur de la statue, très-haute antiquité à cette ville. 11
aura reproduit le Ivpt- tel qu'il lui était donna sa tille la en inaria|^ à Atys.
transmis par les plus anciens artistes; Les princes Midas faisaient leur rési-
mais peu a peu la tradition est tombée
dans l'oubli, et les Grecs ont pris Hltleabont ibe real origin of nations , èr ra*
comme une critique un emblème dont reived withoui disrrimiualiou sucli traditions
ils ne connaissaient pas la significa- as reached tb«m oa tbis heid. CraDicr, j4sia
tion (2)- miner 1. H — 5.
(i) Strab., XI, 5t i.

(i) Pausanias, liv. V, ch. '{7. (a) Sub voce 'Ax(xàvw.


(a) The Gre^ coocenwd Uwewihws bal (3) fiUrab. Id., ibid.

Digitized by Google
m
deaee dans la YOla de Midstun, sur les Il est bien difficile d*élablir la généa-
rives du Saugarius, et les Gordius, logie des princes de ce nom ,
après le
dont lepremier est c<^lèbre par le cliar peu de documents qui nous restent; le
(lu il cousacru daiib le temple de Jupiter, dernier souverain indépeudant fut &li-
oeuieuraieDt à Gordiam. lie premier .das IV, qui ae donna la mort, en voyant
Gordius était un laboureur, qui fut ses États envahis par les Cimmériens,
nommé roi par le peuple pour obéir qui ravagèrent aussi la Paphlagonie.
aux dieux. Lts Phrygiens, voyant leur Son fils Adrastc, à la suite du meurtre
pays tfoablé par kê fléditioiit, ewent de son frère , se retira à la cour de Gré*
reoours à Tonde, qui leur répondit de sus , et finit par s'y donner la mort,
prendre pour roi le premier homme désespéré d'avoir tué pur flségaide A^,
qu'ils verraient aller au temple de Ju- le fils du roi Ci)*
piter monté sur uu chur. Le choix
tomha sur Gordius , qui consacra ton CHAPITRE V.
char dans le temple de Jupiter; il at*
tacha au timou un nœud si artistement DOMMAnoH tauneton.
fait, que nul ne pouvait songer à le
délier, et qui filt tranefaé par Atatandre. A mort de en priaea, Tempire
la
Midas , fils de Gordius, régna sept cent tomba eutre les mains de Crésus. qui,
cinquante ans avant l'ère clirétienne. On ayant porté la guerre chez les peuples
raconte aussi une foule de labiés sur la qui habitent eu deçà de l'Halys , par-
jeunesse de ce prince, qui passait pour vint à les subjuguer tous, à l'exception
m des pliis ricbes de la terre; Strabon des Lyciens et des Cilieiens. A l'époque
dit qa*il possédait des miues «l'or dans de l'invasion de Cvtus ce prince gou- .

le montBermius (1). On prétend que ce vernait la Lydie, la Phrygie, la Mysie


fut lui qui institua la coutume des et les cotes de TUellespout , jusqu'à la
chanta funèbres, en renouvelant an- Carie (3), c'est-à-dire toute PAsie cen-
nuellement ses lamentations à Tocca- trale. Lorque les Perses envahirent
akm de la mort de sa mère Cest en- l'Asie Mineure, l'arniét» de Xerxes,
core lui dont les richesses proverbia- après avoir franchi l'ilalys, entra eu
les firent croire quMl avait la faculté de Phrygie , et alla camper a' Céla^nai. De
tout changer en or. Ce prince laissa la elle marcha vers Sardes, qui fut
trois fils, Gordius, Aiu horus et Otreus. prise et pillée, et la Phrygie rcuuie à
Ce fut de son temps, suivant Plutarque, l'empire persan fit partie de la s.iirapie
qu'une partie de la ville de Céla^ua; fut de rUellespoDt. A cette e(>oque, la ville
engloutie par un tremblement de lem. de Gélsens seule parut jouir de quelque
Le gouffre se referma lorsque, pour renommée; les autres capitales, Mi-
obéir a roracle , Anchorus s'y fut pré- daeum et Gordiuin torubenl peu à peu
,

cipité. Le même fait se retrouve beau- dans Toubli , et finissent par être com-
coup plus taid attribué au Romam Cur- plètement ignorées. Pesslnuma, eomme
tiiis. Un autre prince de la dynastie de centre d'un culte répandu dans toute la
Midas régnait a CélaMiU', qui fut pen- contrée, conserve toujours Sa richesse
dant longtemps une des principales et sa population.
villes de la Phrygie. Ce fut Midas II qui La Phrygie, une fois réunie à rempire
réunit aous son empire toute la Pbrygie. de Lydie', peidil toute importance po-
On ne sait rien ae son règne, ni de litique, mais conserva toujours son nom,
celui de son successeur. Midas III, fils et ce nom auquel ne s'attachait plus
de Gordius, est menlionue par Héro- ridée d'une nation, a traversé toutes
dote (3) comme étant célèbre par les les révolutions qu*a subies la contrée
dons qu'il avait envoyés à Foracle de pendant vingt-cinq siècles ; il a résisté
Delphes On remarquait parmi ses pré- à toutes les divisions territoriales qu'ont
seuls un trône qui passait pour un chef- imaginées les gouvernements de Rome
d'œuvre de sculpture. et de Bycance* Mais une foiak Phrygie

(() strabon, liv.XIV, p. §èmt (i) Hérodote, lib. I, cap. 4i fl| 4S,
(a) Lib. I, cap. XIV. («)Lib.I,cap. UXVO.

Digitized by Google
L*UIflV£&S.

conquin, la nation tomba peu à peu Scopas, que l'on tnvaiaait sur un jwnt ;
dans un complet discrédit. I/agricul- Procope nous apprend que Jnstinian le
ture était son unique occupation , les fit répîarer (1).
troupeaux sa seule richesse. Les rois de Antigone veuait de vaincre Ëumène
Lydie avalant mis la main aor lei mines, dans la Cappadooe au moment où U
sur les aarrières précieuses, et les Phry- apprit la mort d'Antipatcr ; il avait battu
giens restaient attachés à ces travaux dans la Pisidie Alcetas et Attale, et
pénibles ne pouvant pas même récla-
: avait réuni sous ses ordres les trois
mer la qualité d'hommes libres, ils se corps d'armée de ses compétiteurs;
mirent a perfectionner industrie des enfin il s'était fait nommer comman-
tissus ;les matières tinctoriales abon- dant général de l'Asie avec une autorité
daient dans leur pays , ils surent tirer suprême, et distribuait des satrapies à
partie de ces ressources ; et quand Cyrus ses lieutenants, Léonnatus obtmt la
arriva en vainqueur des Lydiens, aueun petite Phrygie en 531.
effort ne fut tenté pour reconquérir une Arrhidée qui avait tenté vainement
sorte d'autonomie, aussi le nom de ce de prendre Cyzique perdit la partie du
peuple ne fut-il prononce que comme gouvernemeni dont il était investi;
oelut d'une pépinière d*eselaves, et sous enfin après la mort d' Antigone, Lysima-
les Romains, le nom des monarques que réunit, en 301, les oeux Phrygiea
Phrygiens était donné aux esclaves ache- sous sa domination ; il possédait t-sa-
tés dans cette contrée: on les appelait lemcnt la Lydie, et sous son uouxer-
Manès ou Midas. uemcnt ces deux provinces arrivèrent
Dans le partsgo de l*empire d'Alexan- à un haut degré oe prospérité. Cest
dre, la Phrygie échut à Antigone, dont pendant le règne de Lysimaque qu'on
le règne ne ifut qu'une suite de combats vit arriver en Asie les tribus Gauloises,
contre tous les autres princes de l'Asie. âui, depuis lors jouent un si grand rôle
Cenx-d , latigiiés de la guerre , s'uni- ans l'bisloire du paya.
rent contre lui , et la célèbre bataille La Phrygie change encore de phy-
d'Ipsus fut le terme d'une lutte qui sionomie ses divisions sont modifiées
,

n'avait pas duré moins de vingt ans, et et elle est de nouveau partagée. Après
à laquelle les rois de Pergame et de Bi- ia bataille de Magnésie, Ëumene U ob-
thynie avaient pris une part active; tint toute lapartie occidentale de la
aussi , an moment du partage des dé- Phrygie, qui porta depnis le surnom
pouilles , une partie de la Phrygie leur d'Épictèîe, c'est-a-dire ajoutée (au
fut-elle concédée ; cette province reçut royaume des Attales;; eutia après la
dans la suite le nom d'Êpietèta; elle leur suppression du royaume de Pergame
fut arrachée par les rois de Bithynie elle fut de nouveau partagée en diocèses
mais les Romains la firent restituer aux ou juridictions (S)
rois de Pergame.
Pendant les guerres qui ont sueeesal* CHAPITRE VI.
vement ravagé la Phryçie, plusieurs
chefs de la contrée s'elaient créé mie BBVOLTB DE raOCOPI (3).
sorte d'indépendance, et traitaient
même avec le pouvoir établi. Strabou révolte de Procope contre les em-
La
nous a eonservé (l) Tliistoire d'un cer- pereurs Valentiniens et Valons eicita
tain Cléon, qui, retiré dans la ville ne grands troubles dans la Phrvgie et la
abandonnée de Gordium , en releva les Bithynie; ces deux provinces furent le
murailles , et la replaça au rang des théâtre de combats qui mirent en dan-
dtés. Gordium fut depuis appelé Ju- ger le pouvoir impérisl.
Uopolis, et resta l'entrepôt des mar- Procope était né en Cilicie; il appar-
chandises qui étaient transportées de tenait à une famille iliustre, et sa pa*
r intérieur dans la Bittiynie (3). Elle
était située près d'une nvière nommée (t) De /Editais.
(a) Voy. nage 10.
(i) Lib. XII, p. 571. (3) àmaim MMwttia, Uv. UVJ, ch.
(a) Pline, Ub. Epiu 8. 7^

Digitized by Google
ASm muEDRE.
renté avec Julien lui ouvrait Taocès aux parut devant les cohortes, et leur pro-
ptos hasts emploit. Il servit d'aboid mit en même temps dignité et rienes»
comme secrétaire et tribun , mais à la ses. 11 marchait entoure de soldats qui

mort de Constance, la révolution qui se élevaient leurs boucliers sur la téte du


fit dao^ les affaires éveilla son ambition ; nouvel empereur, de crainte que du
dflpuii ee momeot il mit tout en œane haut des toits il ne frit aeeablé de tuiles
poarlaatisfaire. et de morceaux de |iierre. Le peuple ne
Lorsque Julien entra en Perse Pro- , témoigna ni joie m répugance, cepen-
eope fut chargé à la téte d'uu corps con- dant la pensée de la chute du ministre
staérable, de la garde de la Mésopota- Pétronius réunit encore quelques nou-
mie; peu de temps après la mort de Ju- veaux partisans; aussi loreque Procope,
lien,aes émissaires répandirent adroite- monté sur le tribunal, eut terminé sa
ment le bruit que Jnlien expirant avait harangue, il fut accuelii par les acclama-
désigné Procope pour sou successeur. tions du peuple et proclamé empereur.
Las mesures ricourouies prises par Pendant ee temps Valens était sur le
Jovieiit le Movel empereur, arrêtèrent point de quitter Césarée de Cappadoce
pour un moment toute tentative de pour se rendre à Antiocbe à la nou-
;

révolte; Procope lui-même recherché velle de ce soulèvement, il revint sur


et poursuivi par les émissaires de Jo* ses pas et se dirigea vers la Galatie.
vien, en fut réduit à se eaeher dans les Procope, de son côté, mettait tout
lieux les plus inaccessibles. Il parvint en œuvre pour asseoir sa domina-
cependant à gagner les terres de Clial- tion; les partisans de Valeus étaient
cédoine, et s'y cacha chez son ami Stra- envoyés en exil; le prétendaut savait
tégies, sénateur, qui lui facilitait les mettre è profit la présence dans son
moyens de se rendre secrètement à camp de la petile-lille de Constance,
Constantinople. Il trouvait là un centre dont ou vénérnit la mémoire ; il faisait
de résistance aux ordres de Tempereur, promener en litière Faustine, mère de
il rassemblait les méeoiitents qui se cette enftnt, et feisait valoir rbonneur
plaignaient des exactions de Pétronius, qu'il avait d'être parent de l'empereur
beau-père de Valens. Si la crainte arrêtait Julien. I>es largesses qu'il distribuait
toute manifestation publique, les vœux aux soldats se composaient de pièces
secrets de la majeure partie de la popu- d'or frappées à réfugie du nouveau
latioD de Constantinople étaient de voir prince.
tomber un régime abhorré. A
son retour en Galatie Valens fut
L'empereur Valens se disposait à se consterné des nouvelles qu'il rci evait
rendre eu Syrie ; déjà il était sur les de Constantinople, il osait à peiue con-
frontières de la Bitbynie, lorsqu'il ap* tinuer sa roule, et était sur le point de
prit, par les relations de ses officiers, se dépouiller de ses vêtements impériaux
que les Goths étaient prêts à tomber comme d'un poids insupportable ; mais
sur les frontières des Thraces. 11 or- il eu fut empêché çat cei^x qui l'en-
donna sur-le-champ d'envover un cor^ touraient, et qui lui conseillèrent de
suffisant dMdbnterie et de eavalene marcher droit sur les rebelles. L*em*
sur la frontière pour arrêter cette in- pereur fît prendre les devants à deux
vasion. corps de troupes nommâs les .loviens
Cest alors que Procope parvint à et les Victoriens avec ordre de com-
gagner deux cohortes qui étaient de pas* mencer Fattaque du camp ennemi. A
sage à Constantinople pour se rendre leur approche, Procope abandonna
en Tbrace. Dans une assemblée tenue, ISicée devant laquelle il se trouvait , et
pendant la nuit, aux bains d'Anasta- se hâta de venir a Mygdouie , ville de
sie, il fut arrêté que Procope serait Phrygie que Ton croit lire la même que
déclaré empereur. Le nouveau préten- Midœum. Le fleuve Sangarius baigne
dant, maigre et décharné, et vétu, faute cette place.
d'avoir pu trouver un manteau impé- Lorsque les légions furent sur le
rial, d'une robe brodée d'or, dans le poiutd'en venir aux mains, Procope s'a-
goût de celles des officiels du palais « vança seul entre les deux armées, haran-
et portant nne ebinssnre de powpre, gua les troupes, et se présentant comme
tS^liervlMfi. (Asie Minsou.) . II. U

Digitized by Google
aie

léflttiiM hérite il« Vémpif il npptla qni a'étaiflnt vaillaainisBt défndus^ et


aux soldats kê Mrmeiits qu'ili avaîunl nomma à un polie oui éauivalait à eelui
prêtés h leur souverain. Les troupes at- de préteur Hormisdas, descendant des
tendries par les discours de Procopo, rois d'Arménie, dont la famille avait
baissèrent leurs enseignes eu signe de été amenée à Coustantioople. Proeope,
imiiDiaioD , se rangèrent de tan côté, éblooi par cette «ieloiie, perdait son
et le reconduisirent au camp ati niilieu temps a ranger sous ison pouvoir des
des acclamations eu le nommant em- petites villes d'Asie, pendant que Va-
pereur. lens, aide des lorces que lui avait ame-
Pendant le séjour de Valens en Bi* nées Lopiein, mareha sur Pettinonte,
llijniie, letribun Rumitsiea , qui était qu'il fortifia sans délai contre tonte at-
passé au parti de Procope. vint par mer taque imprévue. Il se disposait à mar-
à Drepanon, qui s'appelait alors Héle- cher sur la Lvcie pour y attaquer Go-
nopolis, et de là s'empara de îNicee plus moaire ; mais lesconseii& de ses officiers
vite qu*on n'aurait osé Tespérer. le détoncnèrent de oetle eotr^irise : ils
Valens envoya Vadomaire, ancien roi agissaient incessamment sur l'esprit des
des Allemands pour faire lesié|;ede eette partisans de Proeope; Gomoaire lui-
place, et coutinua sa route vers ^ico- même vint spontanément se réunir aux
médie. 11 en aortit ensuite nour pousser troupes impériales.
avec vigueur le sié^e de Cbalcedoine; Valens, satisfait de ces renforts, peasa
mais les assiéjçés résistaient vipoureu- en Phry^ie pour attaquer Proeope; la
semcut. Valens, deeoura^é et manquant bataille eut lieu aux environs de Na-
de vivres, se disposait a se retirer, lors- Goleia. Le succès était encore incertain,
que eeox qui étaient dans Nioée, en lorsque le tribun Agiloo passa avee sea
ouvrirent tout à coup les portes, détrui- troupes du côté de Valens. Toute es-
sirent la plus grande partie des oiivra- pérance de vaincre devenait illusoire :

Ses, et se
hâtèrent, sous la conduite de Proeope prit la fuite, et se cacha dans
lumiftriea, de prendre h des et* d'enve- les bots ét daw les mOntsgnes ; il était
lopper Yalens. I/emiu reur, prévenu à suivi de Florence et du trinuiBaiebalba.
temps, se sauva par le lac Sunon (So- Sur la (in de la nuit Proeope, errant et
.

phon ) et les détours du fleuve Gallus ; découra^'é, fut saisi et garrotté par les
la Bithyuie entière tomba au pouvoir gens de sa suite, et concluit , lorsque le
de Proeope. joor fut venu, dans le camp de Valens,
Valens avait fui jusqu'à Ancyre; là qui lui fit trancher la tête.
il apprit que lAipicin arrivait de l'O- Les événements qui mirent fm au
rient avec un corps considérable ; il en- formidable soulèvement d'une partie
voya Afintbée, habile général, pour ar- -
de TAsie contre le pouvoir de Valens, se
rêter les ennemis. Cet officier, parreno terminèrent dans la contrée bornés su
à Dadastane, se trouva en présence nord par le cours du Sanjîarins, la
d'un corps commandé par Hypéréchius, ville d'Kski chelier ouDorylee a l ouest,
qui jiisque-la n'avait eu dans Tarmée et Pessiuunte à l'est. Cf»t émis cette
quhm poste subalterne. Arintbée dé- région que nous devrons rechercher les
daigna de combattre ce parti^îan par- , villes de Midœum ot de Nacoleia.
vint à le faire arrêter par ses propres Le pays désert et boisé où se sauva
soldats, qui le conduisirent garotté au Proeope est le groupe montagneux où
eamp d*Arintliée. nous avons retrouvé les lombeaoi dss
Pendant ce temps, Proeope qui Ton- rois de Pbtygie; nous verrons si noua
lait s*étendre à l'cnrident. avait envoyé pouvons accorder la géopraphie mo-
un corps d'armée pour attaquer Cyzique, derne avec les laits historiques dont
qui tenait encore pour Valens. Les as- ce pays fut le théâtre.
siégés avaient fermé Ici ports an mùftn
d'une chaîne, le tribun Alisoii parvint GUAPiïlUù VIL.
à la rompre employant un moyen
e-n
OmSIOlfS bi06KAVBIQ0M.
d'atta(]ue aussi ingénieux que nouveau,
et Cyzique tomba an ponvoir de Phk Les grsndes dlristeu de la Phryoîs,
oope. U traita avecdouoeur les babitanti qwMl la Galatie enfet «stnite, sbi-

Digitized by Google
ASIE MINEURE. t87
vent être classées de I» miDlère sui- dans l'origine, appartenaient a des peu-
vante : ples différents. La Lycaouie» ilsaurie
La PlirygieHéllnpontiquê : elle forma et one partie de la Piiiiie sont dans
(Tabord une seule province, qui com- ce cas.
prenait une partie de la Mysie et de la 1^ Phrygie Salutaire, ainsi nommée
Troade; c'est un démembrement de des nombreuses eaux thermales qu'elle
rancieune et grande Phrjgie. La notiee fournit, et en même temps» ajoute Ni-
de Hiéroclès y place treiitei|uatre villes eéphore à cause des miracles ac-
Firincipnles. qui appartiennent toutes à complis par saint Michel qui rendit ,

a Mysie et a In Troade, nous les avons plusieurs citoyens à la santé. notice


décrites avec ces deux proviiu-es. de Hiéroclès y met vmgt-deux evêcliés.
La petite Phryeie ou Phrygie Êpietète; iji région appelée Pbfygle Piioréa»
Strabon y place seulement six villes, qui forme la frontière sud et long» les «1011-
sont Vizani, Naroleia, Cotyaeuni. My- tagnes de la Pisidie
dseuni. DorylaMim etCadi, auxquelles Nous avons relevé dans les auteurs
on doit en ajouter deux autres dans la grecs et latins deux cent quatre-vingts
région oeeidentale : Ancyre de Phrygie noms de viRet, villages» montagnes
et Svnnaus. ou lieux célèbres, appartenant au ter-
La Phrygie Pacatiana la notice de
: ritoire formant l'ancien royaume de
Hiéroclès, compte treute-huit villes y Phrvgie: sur ce nombre il y en a le quart
compris celles de la Phrygie Épictète a peine dônt la position soit détermmée,
et plusieurs villes de ta grande Pnrygie; on voit qu'il resteencore un beau champ
mais dans ce nombre on n'en compte ouvert aux futurs explorateurs.
pas plus de dix dont la position soit Bien que les frontières de la Phrygie
connue. aient été aussi variables que celles des
La Phrygie Pacatiana, ainsi appelée autres provinces de l'Asie Mineure, es
d'un certain Pacatianus qui, sous Cons- 'pays a été généralement i^onsidéré dans
tantin , était préfet du prétoire en Orient» Pantiquilé comme renfermé dans ces li-
renfermait les plusncheti eau tous, et se mites au nord, la Guiatie; au midi,
:

trouvait arrosée par des rivières nom* la Lyeaonie, la Pisidie et Itsaurie; à


breoaes. Mais tremblements de terre
les l*orient, la ('.appadoce; et à l'occident,
J'ont souvent désolée quoique son ter-
, la Mysie Sous les satrapes de Perse, la
ritoire ne soil pas géneralenu'iit d.- for- Bitlivnie et la Mysie portaient le nom
mation volcanique. Les sources du de Phrygie iiellespontiuue ; la Mygdonie
'
Méandre sortent du milieu même ta de fut appelée Phrygie Êpietète 'lorsque
cette province fut reunie au royaume
'

ville de Célsnx et une foule d*aotrcs


,

petits fleuves, tels que le Marsyas. le des Attales. l e reste du pays fut'sépare
Catarrhactes Lycus» lui portent le
et le en deux parties» dont la plus méridio-
tribut de leurs eaux. On pourrait donner nale fut designée sous le nom de Phry-
pour limite à cette province la baute gie Parorée; celle-ci s'étend du levant
vallée de l'Hermus; mais les {géographes au couchant, le long d'une chaîne de
anciens ne nous ont rien laisse de positif montagnes» de chaque o'tte de l.if|nelle
à ce sujet. Le canton de Geiaeuae, qui il y a une grande plaine avec une ville (2;.

n'est plus peuplé aujourd'hui que par Ces deux villes sont Philomelium d*une
de misérables villages» était autrefois part y et Antiocbe de Pisidie de l'autre;
un dns plus riches de la contrée» et fut elles ne sont pas a proprement parler,
.

longtemps j^ouverne par Lytersès, tils séparées par une montagne, mais bien
de Midas » dont Hercule punit \ea crimes par un pays accidenté » et entrecoupé de
en le jetant dans le Méandre (t). vallons et de plaines. La Phrygie Paro-
La partie méridionale fiit appelée rée est souvent confondue avec la Pi-
Phrysia Salutaris » et Synnada en fut sidie, et au nord elle u'a pas de limites
déclarée capitale ; mais cette dernière iùeo tranchées avec la Grande Phrygie.
piwinoe oompreoiitdesanMBW, qui, Lonqiw les QtiiloitM Inrait installés
(i) Aihéaée, lîb. X, c t. SuiJn mb voce (i) Uv. VII, 5o.
(a)^5lrabga, lib. XU, {t, S;;.

Digilized by Google
L*UNIV£Ba
dans la partie de la Pfaiygie à laquelle eieliet pntieolier de le eeoliée. Gfeet
ils donnèrent leur nom Iw frontières
, en Phrygie que Ton aperçoit ces pre-
de cette grande province reculèrent vers miers travaux où l'homme primitif s'at-
le sud (renviron un degré , et ce qu'on taque à la montagne elle-même, pour
appela Phrygie Épietèt» ae trouva être y creuser une demeure ou des tombeaux.
l'enclave comprise entre le cours du Les roches tendres des environs de Ku-
vSan$2;arius au nord,la pointe sud de la tayiah furent très-propres à prop.iger
Galatîe à Test, et le royaume de Lydie cet usage ; il en est de même des tufs
au eouèbant. Cette contrée, très-moD* volcaniques de la Phrygie centrale, qui
tagneuse , est «lussi la plus boisée , et se présentent en grandes masses verti-
contenait un certain nombre de villes cales et homogènes, assez tendres pour
qui n'ont pas complètement disparu. La être facilement attaquées par le ciseau.
ehalne qu on appelle aujourd'hui Mou- Les premiers essais de ce genre remon-
rad dagh n>presente le mont Dindy- tent certainement à une antiquité très-
mène des anciens, sur lequel Cybéie reculée; néanmoins, au temps des chré-
avait un temple, et qui était surtout tiens, soit par suite des persécutions,
célèbre par une grotte que Pausaoias soit à cause de la grande pauvreté du
Appelle l'Anlre de Stennos, et (paiement peuple, on a In preuve qu'un grand
consacrée a cette déesse. Sur le versant nombre de familles ont vécu dans ces
septentrional de cette montagne se demeures souterraines, et y ont laissé des
trouve une grande plaine arrosée par la traces de leur culte et de leurs sépultures.
fleuve HhyndacuS, et qui n'est autre Quelques monuments de la haute anti-
que la contrée Aizanitis, dont la ca- quité, sculptes avec un art particulier
titale était Aizani. Le cours du fleuve au pays, ont conservé des inscriptions
mge le versant occidental de TOlymfie, en langue phrygienne, qui n'ont pas été
tr iversp une partie de In Bithvnle, et parfaitement expluiuées jusqu'à présent.
va se jeter dans la Propontide en tra- On voit, néauinoins, que la langue des
versant le lac Apoilonias. Sur le ver- Phrygiens sortait d'une même souche
sant septentrional do mont Dindymène que le grec.
était la ville de Cadi, aux sources de Le pays qui reiiferine le plus de mo-
l'Hermus, et dont le territoire, ra- numents de ce f:eiire s'étend du nord
vagé par les volcans, porte des traces au sud, depuis Cotyœum, Rutayiah,
évMcntes de nombreui tremblements jusqu^au Méandre, sur une largeur 'd'en-
de terre. Ce sont ces phénomènes vol- viron dix lieues. Les grottes 1rs plus
caniaues qui ont fait donner à la con- curieuses se trouvent dans le territoire
trée le nom de Piirygie Brûlée. Cepen- de ^acoléia , près de Seid el Ghazi, et
dant, toute la contrae n'est pas com- occupent les flancs de plusieurs grandes
plètement volcanisée, et sur la rive vallées, aujourd'hui désertes et ombra-
gauche de l'IIermus on remarque des gées pardelxilles forêts de pins (l est là
terrains de schiste noir qui donnent au que les habitants actuels eu^biissent
sol un aspect encore plus désolé que les leurs demeures d*élé , et coostruiseot
volcans, puisque la végétetiony est à des maisons qui sont en tout point sem-
peu près nulle. blables à celles dont Vitruve (1) nous a
donné la description, et qui étaient com-
CHAPITRE VlII. munes en Asie. Après avoir couché
fmrallèlement deux arbres à terre, les
M0M0M£HT8 PBIMlTIffS. labitanls posent sur leurs extrémités
t
deux arbres ei;aux a 1 espace qui sépare
Le versant orientel du mont Dindy- les premiers, formant ainsi quatre cloi-
mène, près duquel étaient situées les sons dont les angles sont soutenus par
villes de Cotyœum et de Dorylee, est deux arbres verticaux. Il remplissent
un terrain crétacé, complètement dé- les intervalles avec de la terre grasse;
la couverture se fait avee des pièces de
Eouillé de verdure. Aussi, les premiers
abitants ont-ils cherché à remplacer le bois pesées horisontaleaient et penl-
bois qui leur manquait, par des cons-
tructions qui sont toujours restées le (i) Vitruve, lib. II, cap. i.

uiyiiizud by Google
# ASIE MmeURK. m
lèlement aui diagonales , formant ainsi blir leurdemenre des tertres naturels.
une espèce de pyramide , quMIs recou- Ne semble-t-il pas que ces habitudes
vrant avec des feuilles et de Targile. se soient perpétuées dans l'antiquité, et
Au nord de la ville d'Ousrhak, dans aient conduit les habitants h s'ét;)blir
le lieu nommé llesler kaia si , qui dans les cônes naturels de la Cappadoce,
ptratt correspondre à la position de Tau- qui seront Tobjet d'une étude particu-
acone Acmonia on , voit tn vaste eca- nère ? Il y a eneore bsauooup de villa-
tère, dont le fond est rempli par des ges qui ne sont pas construits avec plus
scories et des cendres, et dont les flancs d'art ; les maisons sont à moitié enfouies
iotërieurs sont composés de tuf grisâtre, dans la terre ; mais les perches qui les
eiaetement semblable à celui de b recouvrent sont posées boritontalement,
campagne de Rome. La partie supé- et forment une espèce de tsrrasse £iito
rieure du sol est recouverte d'une lave de terre battue.
violette contenant quelques cristaux de Le plateau central de la Phrygie s'é-
feldipath, et mélaiifée avec une pâte de lève à pins de douw osnts metrss au*
cendres et de scories. Cette formation a dessus du niveau de la mer ; aussi, mai-
une hauteur de plus de trente mètres ; les gre sa latitude méridionale, Poranger,
rocs du c6té de la vallée présentent une l'olivier et 1d figuier ne croissent-ils
aarfaee absolumeot verticale, qui repose nulle part dans le pays. Strabon eite
sur une couche inférieure de cendres ag- un petite plaine (1 qui produisait des
glomérées. C est dans cctuf quesonttoil- oliviers; mais aujourd'lmi on n'en
lées certaines grottes, oui, à une époque trouve plus dans ces cantons. L'hiver y
lecQlée, ont dd servir d'habitations, car est quelquefois ssssi ricoureui, et on
on D*y trouve rien de ce qui est néces- voit la neige rester pluneura semaines
saire pour les sépultures. Elles sont or- sur la terre.
dinairement composées de plusieurs Ln partie centrale du pays est occu-
pièess qoi le eommaniqnent entre elles, pée par un lac salé d*une grande éten-
et qui sont éclairéei par des fenêtres. due, et que les anciens connaissaient
On voit aussi dans fe voisinage des sous le nom de lac Tnttn (2); ses eaux
eliambres sépulcrales qui renferment sont tellement chargées de sel, que
des ssrcopliages. pendant Télé il se dépose sur les bords
Les montaipes du sud, qui dépendent sous la forme d'une croûte blanehe. Il
de la Phri'cie appelée plus tard Salu- n'a pas une grande profondeur, car on
taris, et dans lesquelles se trouvaient remarque encore une chaussée cons-
les villes de Beudos, de Syonada et de truite sans doute au moyen âge . et qui
IkieinMSain, sont également volcani- est aujourd'hui complètement couverte
ques , et renferment dt-s milliers de par les eaux. Il est au sud de l.t contrée
grottes et de catacombes, qui prouvent appelée Hnimanah par les Turcs, et qui
qu*à une époque reculée une populatico appartenait à la Galatie.
considérable eonvnit cette contrée. Les Au midi du royaume, plusieurs au-
chaînes de montasrnes qui traversent la tres lacs d 'une étendue moins considé-
Phr}gie catacécaumene et la Phrygie rable se trouvent dans la partie mon-
Salutaire soutiennent, eo quelque sorte, tagneuse , et revivent les faibles ruis-
les grandes plaines, à peine ondulées seaux qui arrosent la contrée car le :

par quelques collines, qui forment la terrain , formant des ondulations irré-
Phrygie centrale, dont la ville princi- gulières, laisse épancher dans des di-
pale était Laodicée. Tout ce pays est rections différentes ses eau«i qui s eva-
sans bois; aussi, dans l'antiquité, les poreu pendant Télé.
Phrygiens avaient-ils l'habitude de creu*
ser leurs habitations dans de petits ter-
(i) Strabon, XII, p. .')77.
tres naturels, etdy pratiquer des che-
(a) Strabon, lib. XII, p. 568.
mins vodiés. Vitra ve (l) remarque par-
ticulièrement cette manière de bâtir des
Phrygiens, qui choisissaient pour éta-

(s)Tllru«e,id.diid.

Digitized by Google
m
CHAPITRE IX. tater ce fait avec plus de soin q[ae je
nt
Teusse fait moi-même (1).
Après avoir firanchi du sud au nord
SAHOABIUS—8AKKAUA. la branche méridbnale du fleuve mon ,

étonnement fut grand de me trouver


deux jours après sur la rive gauche
ht gnnd fleuve phrygien, celui qui d*une grande rfvîèrc, que les Indigènes
dans son parcours réunit les eaux de nommaient encore Sakkaria, c'est alors
tout le plnteau de la grande Phrygie , le seulement que mystère Géographique
le
Saugarius, appelé nujourd'hui Sakkaria, me fut expliqué.Depuis ce temps plu-
est resté jusqu'à notre âge un des «ours sieurs voyageurs ont fait connaître oant
d*eau 1^ moins connus de TAsie M\- tout ses diHÎsiils , le cours singulier de
neure. Dans l'ignorance ou l'on était ce fleuve qui reflète la eonrormation
de la constitution de ses nombreux exceptionnelle du pays.
affluents, la géographie historique na Strabon détermine d'une manière
pouvait feire un pas sans s'égarer; Isi assez exacte la position de la source du
villes .mciennes placées dans le bassin Sanparius. « Kntre Héraclée et Chalcé-
de ce Heuve restaient inconnues; nul doiue coulent plusieurs fleuves, du
ne pouvait imaginer que le oours su- nombre desquels sont le Psillis, le Cal-
périeur se composât de trois branches pas et le Sangarius. Ce dernier prend
principales. Les anciens fféonraphes sa source dans un bourg nommé San-
avaient uardé le silence sur ce tait im- eia à environ cent cinquante stades,
,

portant, et parmi les modernes, plus 27 kit. 70, de Pessinunle; il traverse la


d'un voyageur érudit avait longé le cours plus grande partie de la Phrygie Êpie-
du Sangarius, sans se douter qu'il fût tète , et une partie de la Bithynie , de
sur le bord fi'unp branche de cr lleuve. sorte qu'il n'est puère éloigné de ISico-
La géographie de cette partie de l'Asie médie« de plus de trois cents stades,
Mineure restait dans une obscurité com- 55 kilomètre 50, à Pendroit où il reçoit
plète, que ni Tesprit judicieux de Dan- le Gallus (2), qui a sa source à Modra
ville, ni les combinaisons de Rennpl ne dans la Phrygie Hellesponlique. Le San-
pouvaient parvenir à dissiper le pre-
:
garius devenu navigable borne la Bi-
mier ftiseit tomber dans un lae le couis thynie vers la côte où il se décharge et
supérieur ou rivière d*Angora ;le se- devant laquelle est l'île de Thyuia(3). •
cond, au lieu de mettre la ville de Pcs- Pline, qui parle plusieurs fois du San-
siounte dans la grande vallée près <tos garius (4), ne dit jamais que ce fleuve
sooreesdn fleuve, plaçait eette ville au est forme de plusieurs branches; il en
nord dans une vallée transversale. Le résulte ce fait, 9ue, pour les anciens, la
colonel l^ake, dérouté par les itiné- Sangarius n'avait qu'une seule source,
raires, plaçait Pessinunte sur la rive au bourg Sangia, et que les autres cours
nord duSangarius, dans le voisinage de d'eau avaieut des noms différents qu'ils
Bevbassr, et Gordium dans les régions n'ont pas mentionnés. Les modernes an
inférieures du plateau de Galatie. Voilà contraire, ne donnaient le nom de Sao-
où en étaient les connaissances géncra- iîarius qu'au cours d'eau supérieur. Les
phiques de ces régious, lorsqu'en juin indigènes l'appellent en effet Sakkaria
1884, je déterminai pour la première mais négligeaient la branche méridio-
fois riflontit/' de cette rivière avec le nale, qui est le vrai Sangarius de là *,

Sancanus. Le résultat de ces observa- toutes les erreurset les incertitudes dee
tions fut d'abord la découverte de Pes- géographes.
smunte, et rexpllcation d*une foule de Le Sangarius a porté différents noms
passades d'auteurs anciens qui jusqu'a-
lors étaient restés inintelligibles; en un (i) Car] KitterErdkundft, I. IX, p. iSo,
mot on pouvait dresser la carte de la /,58-'i^H. HnmiltoD, Reteardics in Asia Mi-
Phrygie sur des bases toutes nouvelles. nor, t. I, 438.
Le savant Cari Ritter, qui, dans ses ou- •
(a)Yoyecpi|{e9r.
vraces, tient à rendre à rbnrun la justice (3) Strabon, XII, 543.
qui lui est due, s'est attaclte à cons- (4) Liv. V, 3a.

Digitized by Google
ASIK M1NëUR£.
dans l'antiquité; les Grecs rnppplnicnt dVnu qui va se jeter dans le Sangarius,
Sagaris nu Sanp.iris (1). Ht^sychius le ilpeut être identifié avec le fleuve Alas-
nomme Saganus, Plutarque, le géo- der, près duquel campa Manlius.
grapkt, di« qaVn ra^Mlmt prtmitif»-
ment Xf-rnbnlP, parce que dnns les CHAPITRE X.
gr.indes chaleurs de Tête il est ires-sou-
vent a sec, il ajoute la fable suivante: ITINSBAIBE DE BB0US8A A KUTAYAH
SaRarii, ils d« MyndoB, ayant Mmvent-» COTYfBVK.
méprisé les mystères de Cyhèle, injuriât*
les prêtres de cette déesse, qui, pour se La grande route de Droussa à Ku-
venger, lui envoya des accès de tuteur à tayali suit une direction moyenne vers
la airit» desquels il se jeta ém
la flaiive le'sud-est, maisenaoftontde'ta ville elle
Xerabate, qui changea alors de nom incline a l'est jusqu'à la petite ville
pour prendre celui de Sai;nris. Il vaut d'Aineh gheul. Nous commençons par
mieux s'en rapporter au document trans- suivre la vallée de Ghœuk dére, et nous
mis par StraMNi et croire qae le mot UtÊom âinai dooae kttomèires tur «n
Sangarius dérive tout simplenMlit da terrain de cailloux roulés détaches de
bourjr Sangin, où était située sa source. l'Olympe. Après trois heures de marehe
Tite-Live fait naître le Saugarius dans nous Ijisous halte dans une forêt de
le mont Adoreua, dont la situation art dMtaiiniers, noua ftaMhiasQotenânita
ineonDue; peut-être veut-il parler d^un plusieurs collines où nous ratmovons
des sous-aflluents descendant des mon- fa formation calcaire; c'est un marbre
tages qui séparent les deux branches jaune qui, poli eu quelques places par
prmdpalea de la Sakkaria (3). le pieddaa entvaux, préeentetles oIob Bel-
Sun pouvoir déterminer d'une ma- les couleurs : ce calcaire forme des stra-
nière positive la situation du bourg San- tiûcations inclinées de 35 a 40 desrés
gla, nous pouvons la hxer approxima- au nord. On monte coatuiuellemeut
tivcaMOt aant te groupe montagneux pour allerda BnuMlKntayah, et toute
qm longe la plaine de Rare hissar, et la région «A eompoaéa d'un «alcalre
qui forme la ligne de partage des eaux crayeux.
entre les deux mers. Mous avons suivi, Après avoir traversé un plateau élevé
en quittant les carrières Synnada et en où Ton trouve deux puits pour les ca«
nous dirigeant vers le nord par Bayât ravanett on descend dans ta vallée de
et la vallée de Doghanlou près de Khôs- Ak sou (l'eau lïlanrhe}, pauvre village
rew pacha khan un cours d'eau qui
, qui ne boit que des eaux crétacées et
Ta se jeter dans la Sakkaria à Tchandir, blanchâtres. 11 se fait dans sou voi-
village situé à vingt-httit kll. sud de sinage de grandes eiploitations de bois.
Sevri hissar; on y remarque un pont de On fait ensuite vingt kilomètres Jus-
pierre de construction byzantine (juiest qu*à Aineh gheul sans rencontrer une
sans doute le pont de Zumpus souvent cabane ; on marche sur un terrain d'ar-
mentionné par les historiens byzan- gile blanche qnl, cii été, prodoK une
tins (3\ Les affluents principaux du poussière incommode et en hivar dei
fleuve sont au nord, la rivière d'Angora
: boues affreuses.
Kngurj sou ; au sud, la rivière de Seïd el La formation crétacée est tres-répau-
Ghazi, le 'Thymbrius ou Ponrsak, le due dans ees régiona; mi «ommence à
Gai lus ou Bédré tchaï (4). la rencontrer à douze kilomètresd*Aineli
Sur le versant nord des montagnes de Kheul, et on peut la suivre dans toute la
Bayât çtend naissance un petit cours Phr)'gie Éptctète ju.cqu'à Cadi ou Ghe-
dis à Tooeident, et jusqu'au delà d'Kski-
(i) Ptol., liv. cb* t. Arricn de Exp. cheher à l'est. Klle est cernée par les
AVt., liv. I terrains volcaniques de la Cetaeécau*
(a) TU-Liv., XXXVIII, i8. mené et du Haimanah(l).
(I) Ann, GMMiiiie, p. 47 a. Nicéphore Bry- Aineh gheul est abondamment pop*
eonius, II, 5*.) va d'eaux eoarantei etpoBsède pNneuiv
(4) VoT. pour plus de détails Rilter Erd-
kaÏMl*, t. IX. Systeuedu SaofMius. • il) To7«pigê9ieol.i.

Digitized by Google
L'UNIVERS
mosquées Tune d'elles fut bâtie par le
, compte vingt kilomètres ; il faut franchir
sultan Mourad; ce sontdes monuments encore un col de TAk dagh, dont l'al-
sans intérêt ; les maisous sont bâties de titude dépasse douze cents mètres; mais
terre 0t couvertes en tuiles. a partir die ce point la plaine deKota^
Ensortantd'Aiaeh gheui on franchit, se déroule aux regards dans un im-
après une heure de marche, une chaîne mense développement; elle est entourée
de montagnes assez élevées courant de de montagnes. Du côté du sud, c'est la
reet à Touest, qui va se rattacher à TO- chaîne du Mourad dagh, le mont Dis-
lympe. Toute cet te formation est de gneis s dymène du pays Aiznnien.T.n constitu-
de syenite ou mi(^-schiste, et par tion des montagnes intérieures de TAk
conséquent fait partie du système geo- dagh est étrange; elles sont formées
lofnqiie de l'Olympe. de plateanx stratifiés composés alterna-
Les forets qui couvrent ces mon- tivement de roches dures et de roches
tagnes sont de la plus belle venue; elles plus tendres. La décomposition de ces
se composent d'essences de hêtre, de dernières laisse comme suspendues les
chêne et de ehêtaigirier : il 7 a des assises phis solides, ce qui forme degran*
billes de vingt mètres de haut et de des falaises dont les flancs surplombent
deux mètres de diamètre. On arrive le sol et produisent un effet singulier.
bientôt à la région des arbres verts; La rivière Poursakserpente dans cette
alore, plos de route tracée, on aoit le plaine, se dirioeant vers le nord pour
lit des ruisseaux en passant au milieu aller joindre la Sakkaria aux environs
des lianes et des épines ; on n'entend d'tski cheher.
aucun être vivant, seulement dans Kutayab s'étend au pied d'un haut
le lointain le bmit da torrent Tague rocher; les nondireux minafetadesanos-
comme un écho se mêle au frôle- qoées, les jardins qui lesentourent con-
ment du feuillage. Nous fîmes ainsi courent à lui donner l'aspect d'une
vingt-quatre kilomètres dans la forêt; grande ville. 11 n'y a pas de murailles ; les
enr le versant méridional de la mon- fanboorgs et les maisons de campagne
tagne, que les indigènes nomment Ak se confondent avec la ville même.
dagli (montagne blanche), la nature de La distance entre Nicomédie et Ku-
la roche change ; on commence à ren- tayab est évaluée delà manière suivante,
contrer d« calcaire; marbre tamellaire. sur le pied de sin UkNnàtrss par heure
Cette formation calcaire couvre une de marche»
grande étendue de pays et se ratta-
che à l'ouest au Toumandji dagb, au Nicomédie à:
Sabandja ..... 6 heures, 36 kil.
pied duquel est la petite ville d*Inn
Geiveh 6 36
OEnni, bâtie immédiatement au-dessous
d'un haut rocher où se remarquent plu- Ak séraï 8 18
sieurs chambres sépulcrales taillées dans
Nleée. 9 54
Ghio 13 73
le roc.
Broussa 6 36
Le village
de Tcboukourdji est situé
snrun mamelon au milieu de ce vaste pla-
Ai neh gbeul. ... 8 48
teau, dont l'altitude est d'environ six Kutayab .20 110
cent cinquante mètres. La distance d'Ai- 70 430
neh gheul est de soixante kilomètres :
c'est là qu'est situéf la tiiaison de poste. CHAPITRE XI.
Les forêts s'étendent encore au sud
de Tcboukourdji; elles sont habitées par ITINÉfiAlBK DE BBOUSSA A AIZAJVI
de nombreuses tribus de Yourouk, dont PAB TAOUCBANU.
l'occupation est de couper les bois: on
retrouve alors les routes plus pratica- ISous avons déjà indiqué In route de
bles. Tous de ces contons
les villages Broussa à Aineb sheul ; a partir de cette
soBitrài-misérableB; ils ne sont habités ville on remonte m Déré tcbàf on Bédré
que pendant l'hiver par les familles de tcha'i jusqu'à Orta keui, le village du mi-
bûcherons qui passent l'été dans les lieu a partir de ce village , la route se di-
;

forêts. Pe Tcboukourdji à K.ulayab on rige droit au sud vers Gavourla, on oora-

Digitized by Google
ASIE MUfEURE. 99B

mence à monter un des contre-forts de Taouchanli est la résidence d'un voï-


roivmpe, qui se rattache au Toumandji vode ; sa population s'élève à six mille
daefi ; on traverse successivement les âmes environ ; les Grecs y sont pour plus
villages de Cozourdja, Guidjak ,Rira d'un tiers ; la culture des céiéales, du
keui jusqu'à la rivière Toumandji sou, tabac et l'élève des bestiaux occupent
aui se
jette dans le Hhyndacus, à peu la majeure partie de la populalion.
e distance de la route. A partir de ce Broussa est le principal débouché des
point 00 nequitte plus la vallée do fleuve produits de ees eautons.
yÊÊififk Aizani ; cette route est des plus La plaine de Taouchanli, qui doit son
fatiï.intespour les chevaux mais on
, nom à l'abondance des lièvres qui s'y
traverse uu pays magnifiquement boisé, rencontrent, est d'une extrême fertilité;
et la vallée du fleuve offre les points de elle ect peuplée de nombreux villages
vue les plus variés. Les défilés dans les- composéschaeun de cinquanteà soixante
quels serpente le Rhyndarus s'élargis- maisons. A gauche, c'est-à-dire à l'est de
sent tout à coup, et l'on dél)0ucbe dans Taouchanli, sur la pente du Tékir dagh
la vaste plaine deTaouchanli. Plusleun ae trouve Teboukour keui, le village en-
bourgs ou villages sont bâtis sur le pen- foncé; plus loin sur une masse d'épanehe-
chant de la montagne, à l'entrée de la ment volcanique, Kei keui. Quand on a
plaine ; ce sont les villages de IVIousu, franchi le Rnyndacus on trouve sur
Bey keui et Dédéler. Ce dernier offre la rive gauche du fleuve les villages de
dans son voisinage quelques grottes sé- Kourou tchaî, la rivière desséchée,
pulcrales taillées dans letuf volcanique. Tchardakieu , de la tente. Té-
village
La petite ville de INIolumoul, distante seu- pédji keui village du monticule , Don-
,

lement de Quatre kilomètres de Taou* daeh et Grubel.


eiianli , est a rentrée do défilé dans le- La nature des roches qui composent
quel roule le Rhyndacus. On y trouve la ranst'e decollinesau sud de la falaise
quelques frasments d'arehitecture an- appartient à ime tout autre formation;
tique et des pierres sépulcrales, indices ce sont des trapps schisteux verdâtres
suffisants d*an ancien centre de popu- quf8*étendent jusqu*au village de Gos-
lation dont le nom est inconnu. !Molii- moudja, placé dans un vallon près d'ifU
moul est encore sur le terrain de craie, niisseau nffluentdu Rhyndacus. Au-dcla
mais la masse de la montagne voisine, du ruisseau oo entre sur le terrain de
qui porte le nom de Téhir dagh , la mon- caleaire lacustre, qui entoure toute la
tagne du prince , est de tuf volcanique. laine de Tchafdèr; un autre villai^e
S
Taouchanli est une ville moderne a<5- u nom
de Tépédji keui est situé sur
sise sur la pente du Tekir dagh et do- le revers sud du col dans la plaine même ;
,

minant unegrande plaine dirigéednnord- le bourg d'Orandiik est è l*onest, en-


est au sud-ouest, dontia longueur est de touré des villages oeGhikjar, Agan, Cal-
six kilomètres et la Inr^eur de quatre ; le fiilar. Un ruisseau nasse à Orandjik et
Rhyndacus ta traverse daos toute sa va se jeter dans le Heuve ; la ville d' Ai-
longueur et coule dans un Ht très-en* zani s^éléve au milieu de la piafam et
caissé. On le passe sur deux ponts; Pun. les plantations qui l'entourent forment
à l'ouest , sur la roule d'Orandiik est , un agréable point de vue au milieu de
en pierre; l'autre, à Test, sur la roule ces terrains dénudés.
directe d'Aizaui,eât en bois.

Digitized by Google
PHRYGJUB

CHAPITRE XII. pour offrir une route facile à me ar-


mée: Kutayah est d'ailleurs un point
COTYŒUM—KUXAYAH. stratégique important. Quoique le
jeune Cyrus ne fût pas encore en
CotycBVin, dont le nom t*e8t conservé guerre dSielarée, il devait faire mar-
avec très-peu d'altérntioai sons celui dp cher ses troupes dans les meilleures
Kutayali, est citée pur Straboii parmi conditions de sécurité , et les pays de
les villes de la Pbrygie £pictete (i)- Le montagnes ne sont pas dans ce çb&,
flcuv« Thymbrios, Pounak, q«i arrose La ressemblance ou nom de Ceramoo
son territoire marque la limite orientale rum Agora avec celui de Kermian est
de cette province. La fondation de cette tout à fait fortuite ce nom est celui
,

ville remonte à une haute antiquité , si d'une famille d'émirs qui gouverua la
en effet , elle eit le lien de naistance contrée du temps des premiert sultana
d'Ésope, dans le sixième siècle avant et qui le transmit à son fief.
notre ère f,2). C'est 6 peu près tout ce Sous les empereurs byzantins Kutayah
qui nous èsl révélé de l'ancienne his- fut une place forte importante. Un châ-
toire de Gotjroram , Il ne reste dans la teau fotconalniil iurla colline esearpée
ville moderne aucun monument antique
dijjne de fixer l'attention; Cotyœun» tut
de toutes paitB ^ domine la ville ; il
est fortifié par une double enceinte flan»
cependant classée parmi les villes épis* quée de tours.
copales, et at Ton en juge par TéUt asaes Ce château occupe sans doute rem-
florissant de la ville moderne, elle ftil placement de l'ancienne Cotyœum. La
toujours le centre d'un grand com- plupart des villes antiques étaient en
merce et conserva une population con- effet assises sur des hauteurs ; de plus,
sidérable ; c'est toujours oans de sem- on trouve aux alentours du château
blables comiitions que les mopmnenta plus de vestiges d'antiquité que dans
antiques disparaissent. aucun autre quartier; non>bre de fûts
V.n 1390, sous le régne du sultan de colonnes, de chapiteaux et d'archi-
Bavazid, elle était reconnue comme la traves sont encastrés dans les murs; on
métropole de la Phrygie; mais en 1403, remarque un lion de marbre brisé en
après la bataille d'Ancyre elle fut prise
. deux et extrêmement mutilé, mais dont
et saccaRce par les troupes de Timour le mouvement indique une bonne épo-
et les habitants enimeues comme es- que. On commence ici a entrer dans la
clafee. région des lions de marbre ; elle a'élend
Ou nom de Kermian, qui est relui de ju8C|u'au delà de Konieh, et au nord jua*
la province de Kutayah, M. de llamnier qu'à Ancyre : il est peu de villes où l'on
conclut que cette ville était située dans ne rencontre plusieurs ligures de cet
la célèbre plaine appelée Céramonm animaux.
Agora, le marché des Céramiens, ou des Au milieu de l'encointa du château
potiers , et qui fut traversée par l'armée est une église byzantine minée, mnis
du jeune Cyrus (3). pas assez ravagée cependant pour qu'on
Rennel accepte cette hypothèse. Noos ne distingue plus les peintures qui la
ne pensons pas, en effet, que cette plaine décoraient. Au-dessous est un caveail
soit bien eloifînèe du site de Kutayah, dans lequel on enterrait les personnages
la région nord de la province entre Ku- de haut rang, un sarcophage d'une con-
tayah et Ouscbak est trop montagneuse servation parfaite en avait été récem-
ment tiré au moment de notre MUour à
(r) Slralwn, XII, 576. Kutayah. Nous ne pourrions affirmer
(a) Suidas, Cotyoem"' qu'on le retrouverait encore en place,
(3) Xenoph., AmuU.^ i , 9, xo. car les Turcs ne remuent pas les mo-

Digitized by Google
ASIE M1NEI?HE.

ntimPTits pnr pnr intf^^t historique il tospathaire était sans donte gouverneur
estprobable que le tombeau du gou- de la province :

« ffest endormi le jerviteor de Dieu,


verneur byzantfB étrft destiné à mira
« Grégoire, protospathaire (impérial)
vuè belle tuoe de fontaine.
Ce sarcophage est de marbre blanc; m et général U
d'Asie, le 31 août de
M face antérieure est divisée^ en quatre « dixième indiction. L'an %$79, »

parties par des arcs et des ^tattres or- Celte année oenespoad à Tamiée
nés d'un trattlls rétleiilé. Les deux arcs OOnmiune 1071. •

pxfff^nips ont leur partie centrale ornée T;aij;le sculpté sur l'autre comparti-
d'une croix fn'ecqne entourée d'une ro-
, ment ui4ique que le défunt occupait
sace formée par huit cercles qui se COO» «nM bante ébaf^e à la cour des empe-
pent. Un des arcs du centre présente reurs.En effet, le protospathaire (porte-
un bas- relief d'un travail assez raMio- épée) était une des grandes foncliousà
cre, mais dont le sujet se perpétue» la cour de Byzance.

pour ainsi dire, sans lacune depuis les L*a^e des Palédiogues aeretroave
temps les plus rpcolés. Un Hon moue* encore snr plusieurs monuments à Cons-
trueux dévore un daim ou une gazelle, tantinople et notamment sur la porte
,

l.es plus anciennes représentïtions de du bazar appelé le Hezesiein.


ce type, purement asiatique, se ren- £n montant au cbfltein, on voit, eo-
contrent sur les cylindres nabyloniens, ewtiés dans les murs, qvelques frag-
sur les mofnunients de Persépolis, sur ments de sculpture antique et une se-
les tombeaux de la ï-vcie. Plusieurs mo- conde figure de lion en marbre d'un
numents grecs, phrygiens et romains très-mauvais travail. Dans la oonr int^
noos en offrent la répétition , sans autre rienre, inoh kalé nous avons remarqué
,

variante que la natore de ranimai dé- une pièce d'artillerie qui est une vénta-
voré par le lion mais qui est toujours
,
ble curiosité elle est composée de ban-
,

un herbivore, un taureau, une anti* des de fer juxtaposées et reliées aon


lope , un daim, et même un lièvre. Im elles par des cercles de fer. Cette pièce
ebré tiens ont adopté ee type, eommele est sans doute une des premières qu'aient
prouve ce monument. fabriquées les Osmanlis de 1430 a 1450.
11 est probable que le principe de Sous les émirs de Kermtan, qui étaient
eette représentation a été «rabord nn deraee seldjouk'ide, la ville de Rutayah
emblème tout astronomlqne , qui a réunit une population considérable et
change de signification par la suite des s'embellit cTun certain nombre de mo-
temps, jusqu'à représenter aux yeux numents; elle comptait sept grandes
des peuples la lutte du bon et do mau- mosquées, autant de bains, parmi les-
vais principe. quels on distinguait Baloukli hammam,
11 est rare de trouver sur les monu- le bain aux poissons, parce que dans le
ments des dates aussi précises que celle centre était un t>aâ8m d'eau froide
que Ton peut lire sur celui-ci. L'ortho- renmlîde poissons
graphe de l*taiscription, horriblement Lesmomunenta de Rutayah quoique
défectueuse, est cependant d'accord bAtis par des artistes seldjonkides sont
avec la prononciation de la langue grec- loin d'égaler comme art et comme ^oùt
que telle qu'elle est parlée en Grèce. ceux de capitale Iconium KoBieh ;
la
Nons avons publié jadis le dessin de l*art des faïences émaillées n*y fut ja-
ce monument dans-lailSMiearcMoto- mais pratiqué qu'avec une médiocre
gigve (1\ intelligence ; en un mot Rutayah offre
Nous nous IXNrnons à reproduire ici fort peu d'intérêt sous le rapport des
la traduction deIMnseription grecque du monuments.
tombeau d*un protospathaire ; elle est T.es maisons sont b/lties partie en
curieuse en ce sens qu'elle prouve qu'en bois, partie en briques; elles sont toutes
Tan 1071 les Byzantins étaient tran- couvertes en tuiles. La résidence du pa-
quilles posseasean de Kntayali. Ce pvo- cha est un composé de grands bâtiments

4^i ne s'élèvent que d'un étace, et qui
^t^ Pmir nrrfirolngiquf^ l845, tombeilR ne se distin^ent que par leur mauvais
du mo) t'O âge a Kutayab. 4tat d'entretien
IJvl

Aucon veilige des momiments de Les lenuiies ne sortent que voilées;


r.incieiiiie CSotyœum ne subsiste plus, elles ne msng^t jamais atee les hom-
les pierresont été employées pour élever mes, et ont leur appartement séparé, où
les édifices modernes cependant, dans
: elles reçoivent leurs visites T es famil-
les cimetières et les lieux abandonnés, les arméniennes catholiques n ont pas
on trouve çà et là quelques pierres tn« Ml 08nrede vie différent. (Voy. Pl. 46.)
Biulaires dont le style se reppcoehe des
monuments d*Aiza'ni.
Au commencement de Tannée 1833,
CHAPITRE Xlli.
Kutayah sortant tout à coup de seo
, DB KUTAYAH A AIZAIfl.
obscurité séculaire, devint le point
de mire de toute la diplomatie euro- La d'Aizani occupe un des pla-
ville
|)éenne, et fit trembler sur son trône teaux les plus élevés de la IMirygie
e sultan Mamhoud. Le ftls de Mé- Epidète presque au point de partage
hémet-Ali, Ibrahim pacha, vainqueur des eaux qui se jettent au nord dans
,

à Konieh des troupes du suit-an avait la Propontide, cl an sud dans le polfe


suivi sa marche triomphante jusqu'à de Smyrue, Uhvudacus d'une part
le
Kutayah mais ibrahim manqua à sa
; et i*Hermtts de l*au^. Quand même le
fortune le jour où il fit halte duos cette baromètre ne viendrait pas apprendre à
ville. Ilfallait qu'il vînt occuper les l'observateur qu'il se trouve a plus de
hauteurs de Broussa, qu'il fortifiât le mille mètres au-dessus du niveau de la
passage de Ak serai. A celte époque, le mer, la végétation du pys, la nature plus
iffcret de sa faiblesse n'étatt pas encore line et plus serrée aes graminées suf^
connu la Russie n'eût pas osé l'atta-
; liraient pour le lui indiquer.

auer. Les flottes réunies de France et La grande plaine qui s'étend à l'ouest
'Angleterre se tenaient prêtes aux de Kutayah est presque entièrement
Dardanelles, et le premier mouvement dépourvue de végétation ; cette région
des Russes aurait été le signal d'une sans bois s'étend sur la majeure partie
collision que tout le monde était d'ac- de la Phrygic et de l'Arménie, cette cir-
cord pour éviter. Ibrahim faisant halte constance est due sans doute à la haute
h Kutayah fut bientôt enlacé dans les attitude de ces plateaux.
filets de la diplomatie, qui elle-même La route de Kutayah Aiz.^ni est
.)

ne snvnit pas au juste ce qu'il faliait lui peu pittoresque, mais est des plus in-
demander. téressantes au point de vue géologique.
Ibrahim avait établi son camp à deux En sortant de Kutayah on se dinge au
lieues de la ville dans le voisinage de
, sud -ouest en contournant la montagne
sources thermales a côté du camp s'était
; du château ; on franchit trois crêtes peu
formé le quartier des diplomates, qui élevées, et l'on traverse autant deplauies
venaient aussi prendre des bains. Ibra- qui paraissent avoir été autant de bas-
him donnait déjà des ordres dans toute sins lacustres, tandis que les monta-
TAsie pour commencer des réformes gnes sont composées de roches d'une
urgentes; mais bientôt, obligé de battre nature schistcnise, formées de lames ex-
en retraite, il se retira avec son armée trêmement minces, suivant des ondula-
sur Konieh , et la diplomatie crut avoir tions variées, et roulées sur elles-mêmes
triomphé parce qu'elle avait prolongé comme les feuillets d'un livre. La roche
le cbaosdans ce malheureux pays. contient de nombreux noyaux ovoïdes
La population de Kutayab dépasse de chaicédoine grossière; la marne
quinze mille flmes: les deux tiers sont crayeuse et le calcaire d*eau douce oc-
de la religion musulmane, l'autre tiers cupent l'étendue de tous les bassins.
e^t composé de chrétiens, arméniens ou On a encore une montagne à franchir
grecs. avant d'arriver au plateau d*Aizaoi;
Les premiers sont en possession de elle est composée de roches talqueusea
tout le grand commerce; leur vie res- qui dounent au terrain une couleur verte
semble en tout point a celle des Turcs ; et chatoyante; de nombreux rognons
les ^uls ameublements de leurs maisons de jasne sont répandus daus cette roche.
ia composent de divans etde couninB. Cest la dernière formation primordiale
ASIE iiniEims.
dite éoeèii€qo*on rencontre a?tnt d'à?* probable ,
que pour rawamWar id le
river à Aizani; on retrouve ensuite le petit nombre de documents que nous
calcaire lacustre dont les roches ont
, ont laissés les auteurs anciens. « I^es
servi a la construction de cectaifis mo- habitants d' Azaniou, dit Hermogène (1),
numents d'Aizani. ayant vu leurs prairies inondées et frap-
Le plateau de TèMfder
tivé; il produit surtout dr l'orge
est MeD eol-
: voilà
pées de stérilité, et souffrant de la
sette, s'nssemblèrent pour sacrifier aux
^
Sourquoi Turcs ont donne à la mo-
les dieux , qui restèrent sourds à leurs
erne Aizani le nom de Tchafder his- prières.Euphorbe, de son côté, sacrifia
ser, le chflteeu de l*orge. Ce territohre aux génies un retmrd ( ouanos ) et un
est possédé par six villages placés à peu hérisson (ex/s), et il les apaisa si
près à égale distance les uns des autres ; bien , que la terre recommença a pro-
auatre sur la rive droite du Rhyu- duire des grains et des fruits en abon-
sens , qui trafene eette plalae éu sud dance. Les babitanta , en reeonnais-
au nord ; ce sont les villages de Aoucher, ssnee de ce fait, choisirent Euphorbe
Hadji Méhémet keui
, et Hadji keui ;
, pour leur prêtre et pour leurchet, et ce
Tchafder hissar à cheval sur le fleuve, fut à cette occasion que la ville prit le
et sur la rive gauche Sofou Item. nom d*Exttanum, qui veut dire béris*
son-renard. 11 aemble que le mot Asa*
CfiAPITRE XIV. nion soit venu de ce nom. »
D'après un passage de Pausanias, il
AIZANI. semblerait que les Azaniens de Phrygie
fussent originaires de l'Arcadie (2) ; oe
En citant Aizani parmi les prin- 3ui concorde encore avec toutes les tra-
cipales places de la Phrygie Épictète, itions, qui font peupler ces contrées
Str.ibon (t)ne donne aucun détail sur par des étrangers \feuus d'Europe :
la position ni sur l'histoire de cette « Areas, dit-it, eut Iroia fils, Azan,
cité , et les itinéraires anciens en indi- Aphidas et Élatus, qui se partagèrent le
quaient à peine la situation Cependant, royaume de leur uère. La part qui échut
la ville des Aizaniens est comprise dans au premier re^ut le nom d Azauee, d'où
les évécbte de la Phrygie Paeatieone au Ton dit que sortirent par la suite les co-
cinquième concile de Constantinople. lons qui allèrent s'établir en Phr>gie
Mais jusqu'à ces dernières années elle
f)rès
de Tantre appelé Steunos et du
fut complètement oubliée par les his- leuve Pencala. » Pausanias ajoute :

toriens, les géographes et les antiquaires; « Ces Phrygiens, qui habitent les bords
on la rangeait parmi ces stations de peu du fleuve' Peucella (sfc), et oui sont
d'importance qui avaient complètement originaires d'Azanée, montrent la grotte
disparu de la surface du sol. Les vova- appelée Steunos, qui est circulaire et
fleuri modernes qui avaient traverse la dHme grande hauteur, ils en ont fàit
Phrygie n'afafent recueilli aucun ren- un temple de la mère des dieui où la
seignement sur cette ville , dont les déesse a sa statue. »
ruines auraient une célébrité égale à La ville d'Aizani était la métropole
«elle des plus beaux iDonuments anti- d'une contrée que Ton appelait Aiiani-
ques, si elles étaient dans un |»yf plua tide. Quant au fleuve Peucella, il n'est
accessible et plus souvent visité. point connu, et tout porte à croire que
Uérodien, cité par Étienne de By- c'était le nom d'un affluent supérieur
zance (3), affirme qu*Aizani fut fondée du Khyodacus. Les médailles les plus
par Aiien , fila de Tantale, et appelé communes de la ville d'Aizani portent
Azanoî, et par quelques autres, Azanion. la tétede Jupiter, coiffé du modius et ,

Le même géographe rapporte une his- au revers un aigle les ailes étendues,
toire puérile recueillie par Hermogène, avec cette exergue lËPA BOVAH AIZA-
:

que Douseiterons, moins pour la don- NEITQN. Le nom de la ville, écrit


ner comme ime tradition tant soit peu
(OAptidSlepLaimmByunt. voce 'A^avof.
U) ub. xm, p. 176. (a) Lib. Vlil.c. 4.
(3) Lib. X c. 3a.
8d8 'VUNWEBB*
de Strabon, ânit
éaitt le texte Il est àreinarquer que cette villOi
fait penser au savant Mnnnert que ces dont l'étendue i dil être considérable,
médailles étaient fausses; niais la décou- et qui conserve tant de splendides ves-
verte des inscriptions et d*UD grand tiges n'a gardé aucime trace de son sys-
nombre de médaillet impérialts rap* tème de défense; OB ne foit pas le
portées pnr différents voyageurs prouve moindre débris de murailles ni de dis-
que rorthograplie du texte grec est position qui puisse ressembler a une
fautive.Les Grecs écrivent aizamoi acropole. Mais l'usage de clore les vil-
et les Latins MZkm. avons adopté New les était ai général et en mkm temps
Torthoi^raphe grecque. si important dans l'antiquité, qu'on ne
Après avoir franchi le^ collines au saurait croire qu'une pince qu\ a été le
pied desquelles est assise la ville deKu- centre d'une grande association reli-
tayah, on arrive sur un plateau qui est ftieuae, et qui eeruinement renfamuiSt
le point ruimiuant de cette partie de des richesses considérables en offran-
l'Asie Mineure, et qui, d'après les ob- des et en dépôts soit restée ouverte
,

servations barométriques (2) , est à aui incursions des bandits qui descen-
1086 mètrcflaiHdeasBS du nivcav de la daient de temps à autre dans les villes
mer. Une chaîne de montagnes court de Phrygie , et dont les chefs résidaient
de l'est ù l'ouest dans la partie méri- danc les châteaux de l'Olympe Mysieu,
dionale du plateau le Mourad : c'est où ils commandaient, plusieurs villages.
dagh, aatrerois le mont Dtedymène, Cett une remarque que Pon a fréquem-
dont 1 es deux vonanii donnent naissance ment occasion de faire, dans les ruinas
à des fleuves qui vont arroser de vastes des cités antiques : quelquefois les mu-
basans. Au sud coule liermus, et au 1 railles seules subsistent encore, comme
nofd Rhyndbcus, qui traverse la ville
le i Antiœhe, Iialieaniasse,£rythrae ,etc.,
d'Aizani. C est dans les vallées supérieu- d^autres fois , les monuments les plus
res du mont Dindymène qu'il faudrait délicats ont traversé les siècles, et les
chercher cette grotte de Sleunos , dont murailles ont, disparu complètement.
il serait possible de retrouver les traces. La destruction des remiwrts d'Aizani
Le plateau d'Aiiani eat eompeaé d'un est un ûiit d'autant plus singulier, qu'il
sol crayeux, recouvert par une couche n'y a dans le voisinage aucune ville,
épaisse de terre végétale qui produit en aucun village important qui ait pu s'ap-
abondance toutes sortes de grains. Eroprier ses débris , et il n'est pas pro-
L'édifiée qui attire d*abord les regards able qu'il en ait été transporté à Ku-
est un temple demarbre blanc ()ui tayah située à vingt-sept mille^ de là.
,

s'élève sur une vaste terrasse, et qui, Si l'on en juge par les inonuuieuls qui
comme le Partbénon d'Athènes, s'a- subsistent encore , les murailles d'Ai-
perçoit d'une distance eoniidérable. On sani devaient être construites en grands
franchit le Rhyndacua sur un pont de Mocs de calcaire d'eau douce, qui sont
marbre et l'on marche pendant long-
, employés dans les liba^es de tous les
temps au milieu des débris d'architec- édifices, et qui sunl extraits des mon-
ture aeeumuléi. tagnes environnantes (I).
Après avoir longé le péribole du
temple, on trouve, un peu plus loin
(i) n ne frat pas mltlier que la diplilhoo- vers le nord-ouest , les ruines d'un
fve oi M proaoa^it i. édifiw esrré qui peut svoir servi de
que j'ai faites à Ai^ani
(a) Les observations
basilique ou d'agora; puis, en tournant
1« 1839 avec deu» baromèuies,
3 juillet vers le nord, on remarque les ruines
in*ont douié la baoïcurt soivanta :
d un Uyppodrouie el d un théâtre qui
TllerOIOinètre libre -f-
ao", an.
S liearet du Mir, temps couvert, veut du y est eontigu. Ce dernier édifice est
adossé à une colline au sommet de la-
nord.
quelle il y a un grand nombre de tom-
i*' B. o%67a,8» Th. R. + ï^.ao.
beaux, ce qui indiquerait que la ville
a« H' Th. IV -j- 20°,6.
•)"'.'>- ',3 ',

La moyenne de deux observalioos , d'a-


ce*
près le» calcnls d« M. le cooMundaiit Dd- (i) La coquille caractériilîqut de ce cal-

cros , domw lotS*,»,



•lî mmÈ 1a nlanariiA;.
1«£DA£. m
ne 8*ét«ndail point de ce o6té, si , au gnifiqoe soubassewsl ai vaste teaspia
bas du fleuve et le long des quais qui ,
qui couronnait la terrasse. Les parties
«•laient évidemment dans l'intérieur de latérales de ce Témenosétaientsoutenuea
la ville oo ne trouvait ^^ement uue
. par un mur épais dont il reste encore
sorlB de foie àeê tombaam avee de une partie à Pangle nord-ouest 11 ne
nombreux monniiMiit». reste dans le pourtour aucune trace de
Au sud de la grande terrasse du construction niais il est très-probable
.

peribole on observe encore une colou- que des touilles taites eu quelques en-
mde d*ordrè dorique qui a peot-étre oroMs mettnieot à découvert dss pwr^
appertena au gymnase; la largeur do tiques et des habitations destinées
temple est de 45 mètres, et sa longueur pour les prêtres. C'est celte vaste en-
de 75; les colonnes sont de iiiarbre ceinte qui est généralement désignée
Uane et dHine saule |iièee, aaaia dans par les anciens sous lenon de Témâos^
reneelnte on ne trouve point de traces lieu fermé : elle était décovéo do jai»
de constructions , ni de débris de mu- dins, d'exèdres et de statues , qui se
railles. Deux ponts de marbre tra- trouvent mentionnés à chaque instant
versent le fleuve ; ils ont cinq arches à dans les descriptions de Pausanias. Le
plein cintre. La ridiessedes parnpetsqui temple lui-même, Yaox, était entoué
longent les qtiais n'a point a*égaledans d'un portique, Sfoa^ généralement on*
une autre ville antique; chaque pierre vert sur le Téménos, et oui séparait ce
Krte des sculptures reprcseutant , soit dernier emplacement de rArea propre-
I foanes et des masearoos, soit des ment dite , où se disaient les saeriHces.
chasses d'animaux sauvages T.e théâtre, Cest au milieu de cette place que s'éle-
qui se trouve dans la partie septentrio- vait l'edilice sacré, Naos, Sécos, dont
nale de la ville, uuoique d'une conser- l'entrée n'était permise qu'aux initiés et
vatton remarquable, est loin cepen- aux prêtres. Le temple était lui-même
dant d^élM un des plus beaux de PAsie entouré de portiques, Perlbftlot, (^ut,
Mineure; la partie moyenne de l'hip- suivant le caractère du temple, étaient
podrome était ornée de deux Puicinar, plus ou moius larges. Cette disposition
on iHivnions destinés auxpttrsonnesde des grands édiflces teligieox n est pas
distinction. Lf s gradins étaient de seulement particulière aux Romains et
marbre blanc, et les deux extrànitésdu aux Grecs on la retrouve dans les
;

stade étaient carrées. grandes paeodes de l'Inde, dans les


temples de la Perse, au grand temple
CHAPITRE XY. de Salomon.
Le temple d'Aizani est établi sur un
L£ TEMPLE. soubassement de r)6<"9l3 de longueur
sur Sl'SCS de largeur. Au-dessous de
Le gratid temple, d'ordre ionique et la Cella se trouve une grande salle sou-
de marbre blanc, s'élevait, dans îa terraine, formée par une voilte à plein
partie centrale de la ville, sur une ter- cintre, dans laquelle on descendait par
rasse quadrilatère , taillée dans une col- un escalier pratiqué dans le tosticum.
line natnrelle qui formait le Téménos. Cette voâte est éclairée par des sou-
La partie antérieure de cette terrasse piraux qui prennent leur jour au pied
est aécoree de vingt-deux arcades sépa- de la moulure inférieure de la Cella
rées dans leur milieu par uu grand es- sous le portique. Va longueur de la
calier de 30 mètres de Jarge. Dans leur salle est de 18"157 sur une langenr de
état actuel, on ne voit que des arcs en 9"ia0; elle servait à renfermer les
pierre grossièrement tailles; maison re- richesses du tenïple, et, dans certaines
trouve, dans les saillies et dans lesangles circonstances , était offerte œmme un
de ta maçonnerie, des arracAiements lieu sâr aux citoyens pour y déposer
du revêtement on dalles de marbre blanc leurs objets précieux.
qui la recouvrait. Devant chacun des î.e posiiciim était composé de deux
pieds droits, il y avait un pilastre qui murs parallèles, entre lesquels était
soutenait un entablement. L'ensemble placé Vescalier. Cette salle était, à pro-
de cette cnnstmetioii formait' un tAf 'ptoment pader, Toplsthodoma qd,
L'UNIVfiBS.
dans certains temples périptèiet, «1 deux colonnes, et rarrachenent du
placé au fond de la Cella. La largeur du mur de refend donne la distance exacte
soubassemeut comprend le ÎNaos et le entre l'extrémité de Tante de la porte.
portique- Il reste ai^ourd'hui sur la Malheureusement, toute cette partie de
Boe ooeidaotale six eoloimet debout, l'édifice est ruinée, et il n'a pas été pos-
et douze sur la face septentrionale, il sible de retrouver le moindre débris de
est évident, d'après rinspection du plan, la porteles quatre antes sont couron-
;

que les deux petits côtés avaient cha- nées par un chapiteau composé; l'in-
cun huit colonnes de front; pour la térieur de
la Cella ne porte aucune e»-
face latérale, on est assure qu il y en pèce d'ornement, et le marbre d^ mu-
avait quinze. Eu effet, la colonne railles est profondénieni altère par l'ef-
d'angle de i'occîdent oorte, selon la fet de Dans l'angle gauche
l'incendie.
règle, un chapiteau d^angle, c'est-à- du temple on avait pratique une porte
dire , dont la volute extérieure fait avec communiquant à une cellule qui avait
la face un angle de quarante-cinq une issue sur le Posticum. Il est clair
degrés, tandis que la colonne extrême que ces portes étaient destinées au ser-
du c6té de l'est a un chapiteau dont les vice particulier du monument; elles
deux volutes sont sur le même plan. communiquaient sans doute derriôrein
De plus le soubassement de ce côté
, statue. Cette disposition se retrouve dans
se prolonge au delà de i'axe de la co- uu très-grand nombre de temples an-
lonne de 8*240, c'est-à-dire , qu'il y a ciens, el ronest tenté de croire , quelle
juste la place pour ajouter une colonne. que soit la grossièreté de Tartitice, q^ue
On soit, dans les tem-
d'ailleurs, que, les prêtres faisaient quelquefois paner
ples périptéres, le nombre de colon- la statue. Peut-être aussi était-ce sim-
nes du côté était égal au double de celui plement pour le service du temple et
de la face, moins une. L'entre culon- pour revêtir la statue de vêtements et
nement d*axe en axe était de 2°'536. Le de voiles offerts par les villes et les
temple était de la classe de ceux que citoyens. Kn dehors du Posticum on
Vitruve appelle pseudo-diptères. Sur la voit' encore les deux colonnes placées
face priseipate il y avait deux rangs de entre les antes , et ciui sont d'un ordre
colonnes parallèles. composé. Un crand soupirail commu-
Pourarriverà Taréa sous le portique, niquant avec l'opisthodome prenait jour
il y avait un escalier, qui aujourd'nui entre les deux colonnes, dont les bases
n'existe plus , et le mur du soubasse- n'ont pas de plinthes ; mais les baaes
ment s'élève verticalement à un mètre des colonnes du portique portent des
au-dessus du sol dans tout le pourtour plinthes carrées.
du temple. Cela prouve qu'un escalier La solidité de cette construction au-
était disposé delà même aaanlère sur les rait défié les siècles, si l'ignorance ab-
quatre faces , comme il arrive au Par- surde des habitants ne les eût poufsés
tliénon et à la plupart des autres tem- à détruire cet édifice; les colonnes, étant
plus grecs périptéres. On sait que cette d'une seule pièce de marbre blanc,
sorte de temple était rare en Italie , et étaient reardées par eux commode la
du ttmps de Vitruve il n'en existait pierre fondue et , pour le plus grand
,

point a Rome; l'invention du genre est molheur de l'édifice; on croyait qu'elles


attribuée a Hermogène d' Alal)ande : son étaient pleines d'or. Pendant longtemps
but était de donner plus de laii^ur levieuxtemplefut attaqué parles moyens
sous le portique pour les processions OTdmaires, la pioche et le marteau;
qui se faisaient autour de la Cella. rien ne transpirait des richesses qu'il
La Cella est assez bien conservée devait contenir, losqu'un Turc eut la
pour qu'on en retrouTC toutes les dis- fstale idée de le démolir d'tan seul coup.
positions particulières. Tout le mur Pendant bien des jours , les habitants
septentrional est intact , une partie du furent occupés à cnarrier du bois des
mur méridional et tout le Posticum. montagnes environnantes; on en rem-
On voit, en examinant le mur du Pro- plit la Cella on entoura de fagots les
*,

naoStque la Cella se terminait pardeux colonnes du portique, et l'on mit le feu


antes , entre lesquelles étaient placées à cette masse accumulée. Le marbre ne

L.iyni^ed by Google
ASIE MINEURE. 401

résista j>as à Tintensité de la chaleur; partie du au chapiteau jus-


fût attenant
tout le portique méridional, le mur de 3u a l'astragale la hauteur du iàl est
,

la Célit 0t la fiiçade s'écroulèrent avee e «»706 et la hauteur totale de la co-


fracas , et les sauvages habitants furent lonne 9'"504. Cette proportion est plus
à peinp détrompés en voyaDt la preuve élancée que celle des autres ordres de
manifeste de leur stupidité: ils restèrent rionie, mais elle a beaucoup de rapport
coovaiiieasqu'uo génie malfaisaDt déro- avec ewa du temple d*Éraehtfaee, à
bait les trâors à tous les regards; et Athènes. Le fût delà colonne a des can-
'aujourd'hui même le Turc qui me
, nelures qui sont formées par un demi-
racontait ce fait, me di&ait, en moutrant çerde, et il est remarquable en ce que*
laiDseriptionfl : « Celui nui parriandra dana la partie topérienre, ahaouna dat
à déchiffrer ces signes aeviendra pos- aannelures est décorée d'un petit van
sesseur des biens qui nous échappent. » en relief, ajustement qui ne se trouve
La tradition de cet incendie est restée dans aucun autre édifice. Les propor-
parmi les Turcs, mais ils ne peuvent tions du chapiteau ne le cèdent point à
pas bien en préciser l'époque ; elle est Mlles des beaux templea de Tlonie; il
antérieure à la nnissancedes plus vieux est décoré dans le cavet supérieur,
habitants. Kn cximiiiiant la masse de entre le quart de rond et le filet des vo-
décombres qui entourent Tédifice, et lutes, d'un fleuron eu haut-relief qui
qui, aujourd'hui, est recouverte par garnit cette partie du chapiteau. L*ar-
une terre végétale nssez épaisse, on est chilrave est très haute selon les pro-
:

fiorté à croire que cet événement eut portions des temples grecs, elle est
ieu vers le commencement du dernier décorée d'un cavet et d'un quari de
siècle. Du reste, la trace d'un feu vio- rond, et ohaeuna dea liiees porte à sa
lent est resiée empreinte sur l'intérieur partie supérieure un rang de perles. La
des nmrs de la ('ella, et prouve que frise, qui est d'un caractère particulier,
TédiGce n'a péri qu'a la suite d un m- est ornée de grandes consoles en forme
eendia. 11 manque au leiuple, aujour- de vointes, aoutennes par dea feuillea
d*hul, trente et une colonnes ; 1^ deux d'acanthe: Cet ajustement a tout à fut
qui étaient à l'angle sud-ouest gisent le caractère ionique et produit un
au pied de l'édifice ; deux autres qui très-bel effet. Pour ceux qui doute-
manquent à la face septentrionale se raient que le fragment trouvé nrès de
retrouvaDt également eu avant du por- l'escalier appartint bien à la frise dn
tique; mais des vinf;t-sept autres on n'en temple, il y a une preuve convaincante :
voit pas de vestiges. Or, ces colonnes, c'est que la distance d'a\e en axe entre
étant d'une seule pièce , n'ont pu évi- les volutes est de 0''T>34, et que cette
deniment être anéanties que par le feu. distance correspond positivement à la
D'après l'état actuel des ruines du tem- distance d'axe en axe de six des deu-
ple d'Aizani il est à croire cependant
, ticules de la corniche; d'où il suit que
qu'il n'était pas partaitement complet chaque volute porte un denticule et se
lorsqu'il a été incendié , car rien n ex- trouve d'aplomb au-denous d'un modil-
pliqueraitla chute do la corniche et de 4on. L'intervalle entre chaque volute
la trisedes faces du nord et du couchant. est orné de lleurons varies et se trouve
Aujourd'hui, les colonnes sont seule- 2' salement à Taplonib de l'autre mo-
ment couronnées par l'architrave, et il illon. Le même ajustement w
retrouva
ne reste en place aucun morceau de dans l'architrave, l'axe d'un ova eit à
frise et de corniche. J'ai In conviction l'aplomb de chaque volute.
ue des fouilles opérées au pied de i'edi- La base de la coloue est d'ordre io-
ce roattraient a découvert da nom« nique : elle uorte deoi seoties séparéas
fiar un double filet et un
breux fragments de sculpture. Tout le gros tore dont
fronton occidental est probablement a cx)urbure n'est point un arc de cercle
enseveli sous le sol voisin. comme aux bases romaines , mais une
Le temple est d'ordre ionique, le courbe dont la rentrée eat beaucoup
fût de la colonne est composé d'une plus fort» en bas qu'en haut. La forme de
seule pièce de marbre de 8™520 de cette courbure est sans doute motivée
longueur; mais en y comprenant la sur ce que la perspective défurme les
26* lioraiton, (AaiB Miheu&k* T. II. M

L.iyni^ed by Google
403 L'Ur4IV£fLS.

eourbes engendréts par mi tradeeerde. nuRi de l*eniMf0inr aont eMieéaa, mais


On voit quelques colonnes couchées il résulte de rinscription grecque , que
dans l'esplanade qui entoure réditice ; e'eatbîeo Tempereur qui éorit à Quiétus.
elles appartenaient au péribole, et
Tonie d'une Ifltr»' d'Hadrien a Quiétus.
avaient 6"440 de kmgoenr nir 0"<80 S'il ne parait pas que le cliamp iledio par Irn
de diamètre; ellea avaienl i4 canne- rois à Jupiter Airanioii wH divibe en autant de
lures, qui étaient remplies par un fuseaa parcelle» qu'un appelle cléros, il vaut mieux
observer* aId»! que tu le penses toi-oiénrie, ce
cylindrique jusqu'à VSÀ au-dessus de 8ai ae paaie dans les vilics voi&ineti pt si Met*
-,

la basa. Les eoleanea élricat d*«nlra lot Modctiat m


oMtoDnant qu'an imp(^t fût
eorinthien; elles formaient un portique levé sur ces parrelieg, a délerniiné quel», rtaieot
les champs aivisés en clercs, il est jusio qu'il
qui entourait le temple de toutes parts partir de ce temps ilft payent l'impiU. Il a donc
ét fermaient Tespace que les anciens été résié <tcpoia oe tenpa qu'il faUalt payer
appelaient Aréa. C'était une cour dans rimpôt ; oiali il 1^
ehtrah» dei relard»...*.
laquelle se faisaient onliiiaiveMnil lea
Il est probable que l'expression ciedié
sacrifices et les processions. Dans Tétat
(Je ruine où il se trouve , letemple d*Ai-
par les rois, « dicatus à regibus, » dé-

zaui est encore d'un grand intérêt, car


aigne. les roisde Pergame, car les em-
pereurs romains sont désignes dnns ces
•n sait eombien lea édiMt dMra iiMé*
inscriptions par les mots Jmperatores
que sont rares dans toutes les contrées.
1! reste à déterminer Pépoque à la>
ou Au70XpdtT0p£( (1).
quelle ce temple fut construit et la di-
Quiaus, au reçu de cette lettre, écrit
finité i laquelle' Il fut dédié, queatioB
au sénat et au peuple d'Aizani pour
faire connaître la aécision de l'empereur
facilement éclaireie '|iar la lecture des
huit inscriptions ^ecques et latines aui ordouuc qu'un nouveau cadastre de
tracées sur cette portion du mur de la Icontrée soit fait par un eorps de géo-
Ulètres et d* après lequel on déterminera
GeNa qoe le tanife a va8|)eeié».<L'élé*
la cote de impôt des Cléri. C'est le
1
gance dea eolonncs la légèreté de la
,

structure , donneraient à croire qu'il a sujet de la seconde inscription, qui est


été dédié à quelque divinité fémmine
placée à rextéricur du temple. Quiétus
si les inscriptions n'étaient là pour at-
aniiooce aux archontes qu*il » envoyé
tester qu'il fut élevé au plua amre des à Uespéras une-eopie de eette lettxe.
dieux, à Jupiter Panhellenien, et tout le Avidfus Quiétus aux archoota.ao téMt Si
territoire qui entourait la ville était au peuple u'Ai/.ani salu*. i
,

La c()nie.>tali()n élevée au sujet du territoire


dedie u Jupiter Aizauieu. Mcre dédié autrefois <i Jupiter, durant depuis
Il résulte de l*exameB dea ioaeriptioiia platleurB aonées« a éMtefmnèe par la ^^adesse

qui sont placét s sur la plate-bande, for- de notre tréa-Kiand enip^neur. Apvèt que la
lui eus écrit pour lui expliquerctaireroent toale
mant le couronuement du soubassement l'affaire et lui demander la de^^i<ln qu'il lallait
de laCella, sur le mur extérieur du tein« prendre, prlnd paiement sur deux points qui
pie et sur la faee iotérieiire de TAnte du vous su^citaieiil ce différend et qui consli-
tuaienl la partie difficile et iotrouvattie de l'af-
eÔlé du Pronaos, que des contestations faire, il a Joint au sentiment piiilantfirofiiqiM
graves s'étaient élevées entre les habi- les senUnienti de Justice qui président à set
tants et- les membres du sénat, sur la lucemenls, et il est parvenu à mettre lin à la
1on(;ue constestalion qui s'élait élevée et aux
quotité de rimpdt a payer pour lealv* soupçons qui vous divisaient depuis longtemps,
res appelées Cleri, et qui étaieitt dédiéea comme vmis l'apprendrez d'après la lettre qu'il
à Jupiter Aiznnien. Quiétus, qui sur m'a envoyée cl oodI ie vous ail fait paacer copie,
les inscriptions oe prend aucun titre,
ru de plus écrit à Hespénn , procurateur Im-
périal afin qu'organisant un corps de géomè-
mais qui était sans doute préteur de tres, il fasse mesurer le terrain et vous en fasse
PAiiaDitide, écrivit à Tempiereur Ha- connaître l'étendue; et, d'après les hltres sa-
cret>s de l'empereur. Je vuus ait deja fait ooo-
drien pour lui demander son avis. Otte naitre la cote de Hmpôt de chaque (partie
lettre n'existe pas sur les nmrs. du appelée) CléffQt, daot le terrlloira laerÀ A
temple ; il est probable (|u'elle a péri partir du }our où voua aum reçu la leHre,
vous paver»'/, ce tarif dans chaque district con-
é&m la deairuction des mura du aud. sacré a Xupiler, afin que de nouvelles contes ta-
L'empereur Hadrien répond à Quiétus UoM n*enp«elieat pat la vUte de Jouir trap
une lettre dont nous avons une partie
notable. Dans le titre de cet|e lettre, (f ) Yoyex plus bas la lettre de Quiétus à
!«• deiME praniièrea syllabes hadbx du

uiyiiizûd by Googl
A&ib MUIEURË. 401

tard de» rffeu d« Ia igMiii de Fempereur ...» encore la privilège d*avoir sa statue et
}*ai ejivoyéà HfspénuaMOopledecelieletm.
son porÛrait ( 'AvÔpiivToç xa\ Eix6vo; ) CI-
lH)ni:i-vout bleo.
posés dans Atbèncs et dans le lieu qu'il
latine est la choisirait Ces inscriptions se compo-
I^T seconde inscription
sent d*une déclaration de rarcbonte
popie d'une lettre de Quietusa Uespé-
Jason, d'une lettre écrite aux archontea
rus par laquelle celai-oi 6$t duiv§6 4o
d'Aizani, par Nummius Menés, nu nom
,

randra compte de Téut Oéti daiit dm


de Taréopa^e, d'une autre lettre de
le territoire saeré:
Titus, archonte des Panhelléoiens, et
Copie d'une leltro de QuiftiiN à Ht sppnis. enfln d'une lettre de Tempereur Hadrien
Ayant apprb quf laraesurf di's LUtus ii'elait

patë^Hlc, H
noire divin i»roperfur ayant or-
lui-même, qui atteste les vertus d'Ku-
dunné. d*api^ M
conftUlaUoD, qu'il u'y eàt rvclès. Ces inscriptions sont placées à
ni plus p,r»nâe ni plus pfltt** mesure dans eette côté de celles une nous avons dtées plus
TPHion, (jtii e»l dil«* «léJ!» JupiU r Al/anieo,
haut, sur le oandaav du mur de la
» i

va, imiii cher H^p^^ls. iiiloriiif loi quelle e«t


la plus pr.tiHlf t la pUi> pt-iiU- iin'Miie dans
» Cella. Nous ferons remarquer en pas-
cette mime r«i^a , et Xttis-le-moi counailre. sant que cette disposition .ircbitfctur.ile
parait être faite pour recevoir les actes
La
troisième inscription latine est la de Tautorité publique. La traduction
copie de la réponse d'ilrspérus à Quic- grecque du testament d'Auguste à An-
tus, par laquelle le premier lait cou- cyre nst é);alement placée en cet endroit
ntfltre lesmesures qu'il a prises pour dians l'Augusteum.
se rendre compte de rétat du territoire. Le temple d' Aixani ne présenta anenn
Cette inscriptiOD est malheureusement document qui fixe positivement Tépoque
incomplète :
de sa construction quoique les inscrip-
,

CoBle d'une lettre de QoiéUM à flaspéros. tions de ses murs soieut toutes romaines
Certainct afTaim, SeiftoHir, napcavcul éire et do màiao du deuxième siècle de Jé<
ament-is à leur lin que lorsque leur valeur a
sus-Christ; il y a encore dans son ttv>
éU' lue par la pralique. ( .otnine vou» m'avlet
*

enjoint (If \o\is faire coniiaitre la niesure des cbitecture trop de reflet de l'art grec
Uéros dau» le pay» d'Aixaoi, J'ai envoyé à ce pour croire qtie ce monument ne date
a«|Jct dflagéomMraiM. que de cette époque.
Les vastes constructions du péribole,
inscriptions dccou-
La plupart des les ponts de marbre, rencaissement du
vertes dans les ruines d*Aizoni ne font Rbyndaeiis . tous ces travaux, dans
mention que dti dieu Jupiter. Il n'est
lesquels l'art et l'utilité se prêtent un
pns probable que la ville n'ait contenu
mutuel concours, exécutés d'un seul
qu'un seul temple , mais tous les autres
jet et d'après une pensée unique, ne
se sont effacés devant la majesté de
paraissent pas devoir être attril)ués aux
cet édifice, et leurs vestiges mêmes ont
Romains, qui n'ont jamais t^u de grauds
disparu.
intérêts dans cette partie de la Phrygie.
Il existe près du fleuve Rliynd.icus
En effet, lorsque la bataille de Miimif
une stèle sépulcrale qui était probable- sie eut fait tomber l'empire de A^^ie
l

ment dans le péribole do temple et oui entre les mains des Komaïus , le terri •
était roosacrée à un certain Méoopbile,
toiva de la Phrygie étaitdéjà fondu dans
prêtre de Jupiter.
lea autres petits royaumaa. Mais lorsque
l e sénat et le peuple onl tionoré Ménoptjile les rois Atlales sVrnparerent d tic < <

tils dt: MicosUate, prêtre de Jupiler pour la


Jrovince, l'adjonction de ce territoire
dixième fbla, lequel a'cat rendu uUleà sa pa-
irie.
la monarchie de Pergame était pour
ces princes d'une immense importance;
T-e mur de
Cella contient en outre
la aussi (lurent-ils ne rien néiiliger pour
quatre inscriptions firecques, toutes s'attaclier le peuple phryjfieu. CVsl alors
relatives à un oertain Lurycies natif . que &e seraient élevées ces fjr ndes
d'Atbenea« qui avait exercé la dignité constructions dont le caractère s'a ccorde
d'archonte, et qui obtint par décret, assez bien avec l'époque de transition à
non-seulenjent des remerciements pu- laquelle elles auraient été faites, la fin
blics de la uart de ses concitovens d'Ai- des monarchies asiatiques et le corn-
lani et da rampereur Hadnen, maia mancemaDt de b painance romaine.
26.

Digitized by Google
404 wm
CHAPITRE XVL milieu de ces tombeaux sont aussi des

Lit POltn BT LA YOIB


BBAUX.
m TOH*
autels funèbres décorés de sculptures
plus ou moins riches, et qui étaient
sans doute destinés à porter des statues.
D'autres inscriptions tumulaircs se
Tous les monuments importants de trouvent en grand nombre, soit dans le
la ville d'Aizani sont situés sur la rive cimetière turc, soit dans les champs
gauche du fleuve; cependant, on trouve qui environnent le fleuve; elles ont
des restes açsez nombreux pour être toutes été publiées (1).
eonvaincu que la dté oecopsit les deux Le Thbâtbb. —
Il est situé dans la
lives du Rhyodacus; aussi , pour con^- partie méridionale de la ville , en partie
muniquer d'un quartier à l'autre, avait- creusé dans une colline et faisant face
OQ construit deux ponts de marbre au sud-sud-ouest; son grand diamètre
Uanc , qui serfent eneore h la circula- est de 56 mètres, et la courbe de la
tion. Dans Pintérieur de la ville, le cavea forme plus d'un demi-cercle. Le
fleuve était encaissé entre deux quais mur qui contient les gradins est de
de solide maçonnerie, dont les parapets, marbre blanc, et forme avec la face de
comme nous Fafons dit, étaient en la scène un angle de six degrés rt demi.
marbre blanc et sculpté De Tautre cdté On sait que les théâtres d'Asie diffèrent,
de la voie éi nient places des tombeaux dans leur construction, de ceux d'Ku-
dont le carnctére est particulier à la rope , en cela que le mur de la cavea
Phryi{ie, qui trouvent leurs analo- est parallèle à la sccne dans les théâ-
gues bans les grands nMnraments taillés tres latins. On ne trouve que deux
ans le roc, et (]tron suppose dater des exemples de cette dernière constriiction
monarques phrygiens. Les deux ponts en Asie ce sont le théâtre de Nieee et
:

soul construits ^ur le même plan; ils celui d'Aspendus. Les théâtres cons-
ont cinq arches de largeur inégale ; celle truits d*aprè8 le système grec sont néan-
du i»ii!ipu :\ r»™ 50, les deux arches de moins presque tous posJérieurs à la con*
culée S"^ 15; ninis les terres de la rive quête romaine, et il en est bien peu qui
ont presque entièrement comblé ces soient antérieurs a l'époque d'Alexandre.
dernières, qui forment aujourd'hui des La salle ou cavea du théâtre d'Aizani
espères de raves ; de plus les barrages
, est assez bien conservée dans sa partie
établis sur le Rhyndacus ont exhaussé inférieure. Il y a seize rangs de uradins,
le cours de Teau , qui monte jusqu'au- tous de marbre, dans la première pré-
dessus des impostes , d
ne permet que dnction ; mais tout ce qui appartient à
difGcilement de prendre ces relève- la précinction supérieure est complète-
ments. 1j\ larireur dn pont est de 4"" 10, ment détruit.
et il reste de chaque coté 0™ 70 pour Les gradins de la precinciiou supé-
répaisseur des parapets. On voit sur rieure s'avançaient jusqu'au droit du
l'extrados des voûtes, qui forme le seul parement des cellules, et le podium
dallage de ce pont des traces de roues
, formait alors une sorte d'architrave. Le
de chars , qui datent certainement de rayon de l'orchestre, relevé avec le plus
Tantiquité , car les Aizaniens d*aujour- grand soin, nous a donné une longueur
d*hui ne font point usage de voitures. eSO" 480; et la largeur totale du théâ-
I-es tombeaux aizaniens représen- tre est de 103™ 52. Aux deux extrémi-
tent généralenu'ut un a^dicule qui a tés du denn-ecrele, il y avait deux
dans le centre une porte à deux van- Sortes qui conduisaient de plain-pied en
taux fermée par un cadenas. Il semble ehors del'éditice, et qui correspon-
que ce soit la porte du séjour des daient à un escalier Aes cunei partie ,

morts qui s'est à tout jamais refermée de gradins comprise entre deux esca-
sur le défunt, i^i partie supérieure de liers. Tout ce qui est relatif au Jeu de la
ces sdieules est ordinairement compo- scène est aiseï bien conservé pour «x*
sée d'une espèce de fronton qui donne citer vivement PatteotioB d'un honuM
à la silhouette du monument une res-
semblance frappante avec ces curieuses (l) Forez
'
Detcr, de l'As. lUôi., I. l" i lo
aenlptufwde la vallée de Naeoleia. Au tu nnv,

Digitized by Google
ASIE MUfBURB. 406
qui ii*a vu que lei théâtres de TEurope ; pagne, comme Tout souvent dit des
on peut excepter celui de Pompéi ; mais voyageurs et des antiquaires. Il semble-
ia scène, il laut le dire, est h\cn nii- rait que le théâtre des anciens ne se
née, si l'ou compare cetediliceaux au< composât que de sièges pour les specta-
très du même genre eu Karamanie. La teurs, devant lesquels les acteurs ve-
partie de l*édioce consacrée aux jeux a naient réciter leurs pièces, tout cela
peu d'i m porto née ; elle est complètement en plein air, avec les distractions du
détachée du corps du théâtre. Le mur dehors, et exposé aux intempéries des
du proscenium est bâti eu grands blocs vents et de la pluie. La salle de spec-
de pierres calcaires, et il était revêtu de tacle, cbes les anciens, était au con-
dalles de marhre hlanc. traire rlo^^e,et toutes les précautions
La façade intérieure était décorée de possibles étaient prises pour que la voix
six couples de colonnes d'ordre ionique, des acteurs ne se perdît pas dans Tes-
supportant une frise de la plus grande pace. Les murs du proscenium s'éle-
richesse. Il n'entrait dans la construc- vaient à la hauteur de la précinction ,
tion ni ciment, ni crampons de fer; et le vélarium couvrait toute la salle; de
toutes les pierres se soutenaient par sorte que les spectateurs n'étaient pas
leur propre poids; aussi un léger af- même distraits par la vue du ciel. Dans
faissement dans le terrain occasionné , les deux salles extrêmes du postscenium,
par l'accumulation des eaux dans cet on voit deux cages d'escaliers circulaires
endroit, a-t-il amené la destruction de qui conduisaient aux étages supérieurs ;
toute la façade. Mais rien n*a été em- la étaient les salles de l'administration,
porte ,e\ on trouve dans l'orchestre
I du chorége, et K s dépôts des costumes.
un monceau de décomhres composé de M. Hamilton, qui a examine les ruines
chapiteaux, de fûts de colouues, d'ar- d'Aizani en 1838, peube que le pros-
chitraves et de piédestaux « accumulés cenium est d*une construction posté-
dans un désordre effrayant. Le mur du rieure à celle du théâtre. Il a été frappé
Thymelé se trouve aujourd'hui enterre de la rudesse des gros'^cs pierres, des
sous les décomhres, mais on voit par- libages qui forment les murailles de la
ftitemcnt le soubassement qui suppor- scène; mais quand Tédifice était entier,
tait les colonnes, dont la plupart dos ces libages ne paraissaient point; ils
bases sont restées en place. Les diffé- étaient cachés dans l'élégante décoration
rentes salles du proscenium, au nombre de marbre, qui est accumulée dans l'or-
de cinq , communiquaient avec la scène chestre. Tout ce théâtre porte le cachet
par autant de portes la porte trauique,
: de Part de transition entre le grec et le
qui était au centre, la porte comique romain.
et la porte satirique, qui en étaient voi-
sines, et les portes du cboeur, qui CHAPITRE XVII.
étaient aux deux extrémités. A odté de
celles-ci s'en trouvent encore deux au- LB STADE.
tres qui, d'après leur disposition daos
la façade, paraissent avoir été dissimu- En avant du théâtre et dans la di-
lées par quelque boiserie , car elles se rection du sud-est, se trouve le stade,
trou vent derrière un groupe de colonnes, qui conserve encore une partie de ses
et elles communiquent chacune avec gradins. Vers le milieu, il y a , à droite
deux salles du proscenium. Ces portes et à gauche, deux grands pavillons
servaient évidemment pour les feos de dans lesquels se trouvaient le pulvinar
la scène comme des évocations ou des
, ou loge consulaire, et la loge des juges
apparitions. Toute la partie supérieure des jeux. La façade du pulvinar se com-
du proaeenium, au-dessus de Tordre pose de sept arcades de 3"> 60 de large,
ionique, est aussi détruite; mais on et dont les pieds droits avaient 1™ 02.
voit dans les décombres de nombreux Un corridor de G'" 7 0 séparait cette
vestiges du premier étage. On ne sau- rangée d'arcades d'une autre rangée
rait trop répéter, d'ailmirs, que dans d'égale dimension , et qui donnait en^
les théâtres antiques les spectateurs ne trée immédiatement au-dessus des gra-
jMiMaient pas du ooup d'œil de la cam- dins; mais il y avait deux étagéi d*ar-

Digitized by Google
406 L*UlfIVEllS

cades. Tout cela est maintenant telle- exposées, aussi la \ ille des Kédiz n*est«
ment eouvert par les déeombrw , que elle intéressante qu'au point de vue de
nous n'avons pas \u^p le plan que nous fa ^'éographie comparée.
en avons trace assez complet et assez La route d' Aizani à kediz, tronçon de
satisfatijant pour le publier. Le stade la grande route de Kutayah à Sniyrne
dans son état aetuel, offire une poitieii- est encore suivie par les caravanes, et
remarquable ; car, aux extrémités,
larité Tchafder hissar est un lieu de haitc.
on ne voit .uicun vestige de construc- La route de Kédiz suit la direction
tions, comme dans quelques hippo- du sud-ouest^ on remonte pendant
dromes d'Italie. Depnis le pavillon jus- quelques kilomètres la rive dnrita dn
qu'au théâtre, îe stade a 98 mètres la ; Rhyndacus, en franchissant les collines
largeur du piil\ in.ir est de 2.V" 30, et calcaires qui forment le plateau <lt T''haf-
de Tautre part le stade se prolonge en- der, le pays prend un caractère plus
core dans une longueur de 98 mètres, agreste, on commence à rencontrer
ce qui lui donne pour longueur totale ?|uelques clairières, et bientôt après une
221"' ;50. La Inriieur totale du stnHfPst orét de pins et de chênes verts; tout ce
de4(i'^40, et celle des papillons de terrain appartient encore à la formation
18" 89. Il avait de part et d'antre dfx calcaire, mais tes rocben ont inaspaet
rangs de gmdins , ce qui donne de la schisteux. Près dn villaRc de Soosmise
place pour !2,7(>n spectatetirs en romp- f sans eau ) la craie renferme de nom-
,

taut 0*° 50 par place. 11 m'a ete impos- breux rognons de silex recouverts d'une
sible de m*assurer si le mlUeu de l'a- croAte jaunâtre ; ils sont abondanla at
rène était séparé par «ne épine. On ne diposés par lits comme dans les ialaisai
trouve non plus aucune trace des mpfpp, de Normandie; t'ntraînés parlfs eaui,
ou bornes extrêmes. Tout porte u ils forment la majeure partie des cail-
croire cependant que cet édifice a servi loux dans lo litdestorrens La vallée qnl
pour des courses de cbevaui et même donne naissance au Rhyndacus est de
de chars, comme toos les autres hlp^ .schiste terreux gris, de la consistant da
podromes. trapp ; a droite et a gauche sont des es-
carpements couvertsde pins, et d*où sor-
tent un grand nombre de aouroes , c^eit
CUAPITKL XVHI. là que le ruisseau commence à prendre
un cours continu , plus haut ce ne sont
aADl<—KBDIS. ITIITb'bAIKB D'AISANI que les eaux des pluies ou des neiges
CAHI. léaoies accidentellement pour former
un est n sec une par-
petit torrent qiii
L'ancienne Cadi, située aux sources de tie de vraie source du Uhyn-
l'ete.
THermus, occupait remplacement de la dacus une fontaine qui donne un
est
ville moderne de Kédiz, mais le sort des volume d'eau considérable où vont s'a-
deux villes fut bit-n différent Tandis breuver les nombreux troupeaux qui
qii'Aizani plm ée au centre d'une vaste sont au Yaëla pendant l'été.
plaine avec des débouchés difficiles était Quelaues pas plus loin on se trouve
complètement abondounée par sa po- sur ta ligne de partage des eaux des-
pulation , Kédiz, l)<1lie a chevnl sur un deux mers.
torrent, presque au fond d'un précipice, Le massif du Mourad dagh le mont ,

est toujours restée une ville d'une cer- Dindymene, s'élève à l'orient, les replis
taine importance, parce que la vallée de de ses vallées sont ombragés par de
rilermus la mettait eu communication l>elle5 forets, et dans les nuits d été les
avec Snjyrne et tous les pays peuplés et campements des nomades sont indiqués
conmiert^auts chez lesquels les produits par les feux des Douars. C'est daui»
de ses champs et de son industrie trou- cette montagne que se trouve l'antre
vaient un écoulement assuré. Tous ces Steunos, « grotte magniflque remarqua-
de position, l'état prospère de
avaiitnszcs ble par son étendue et son élévation ( ). » i

ne peuvent promettre à l'archéo-


la ville Il est très- probable que cette grotte
logue qu'une maigre moisson par des
raisons que nous avons plusieurs fois (x)FÉUMnia8, liv. X« 9».

Digitized by Google
AS1R M mJML ' 407

existe encore dans quelque escarpement La ville est dominée par une monta-
de la muutaKne. gie volcanique et pointue sur laquelle
Après avoir pané la ligue de par- ait jadis unChfttrau, et plus awdienne-
tage des eaux on commenL'e à descen-
, ment sans dnute l'acropole dt* Cridi;
dre: au milieu de la torèl, une grande les h.ihilants appellent cet endroit Kalé
vatiée venant de Test est arrosée par un le château. Ou voit quelques traces d'es-
fàfble ruisseau qui deviendra THermus. dans le roc ; «elle situation'
caliers taillés
La nature du terrain cbanf^e pour ressemble à celle de Cotyseum.
ainsi dire en même temps que la direc- Cadi est du nombre des villes qui fu-
tion des eaux; ou a laisse derrière soi rent peuplées par les colonies marcédo-
les terrains calcaires, et Ton entre dana nîeniûs. fHine (t) nonrane les Macédo-
la région volcanique. Le pavs qui se dé- niens Csdueni, c'est-à-dire habitants de
ronle nux regnrds appartient à la Phry- Cadi; sous les princes byzantins Cadi
gie catacecaumcue ; la forme des mon- fut episcopale , Philippe son évéque
'*
tagnes change en même temps que la souscrivit au concile quinoséxte. *

nature du terrain. Le pont sur IHermus en amontOê 11


La route contourne un grand cône ville passe chez les habitants pour une
volcanique dont les laves basaltiques construction tres-antiqiie; mais c'est un
très-dures ont une cassure vitreuse et ouvrage du moyeu-àge avec un arc en
brillante; on ne reconnaît pas de coulée ogive. On a encastré dans le parement
de laves bien tranchée, mais le chemin des assises deux statues sans téte, Putie
passe au milieu de blocs dont la di- de femme vêtue de la stola, l'autre de
mension varie depuis un mètre cube personnage consulaire.
jusqu'à trente mètres. Un peu plus bat Le territoire cultivé est au-dessous
on reconnaît une véritable coulée dont de la ville dans la vallée de l'Herihliàr
on suit la direction jusqu'au bas de la 2ui s'élargit .subitement et est couverte
montagne, là on retrouve Targilc et le 'une abondante végétation; le fleuve
terrain calcaire qui eiistaient avant l'é- n'a pas en aval de la ville, plus de vingt
ruption volcanique. mètres de largeur, on le paâe sur un
De ce point jusqu^au Kédiz, ce n'est pont d'une seule arche pour suivre la
qu*UD chaos de monticules argileux et route de Smyrne. Vue ae ce pont, la
volcaniques. L*Hermus reçoit à son ville présente un aspect singulier ; dis
passage dans la ville le nom de Kidii est dominée à droite par deux hauts
tchat, qu*il oouerve dans tout son par« rochers qui surplombent et qui sont
cours. réunis par un édilice à arcades. Le mi-
Les montagnes sont noires et les naret de la mosquée se dessine sur le
maisons de Rédis sont bflties d*arf(ile ciel, et toutes les maisons basses et uni-
noirâtre et couvertes en terrasses; à formes se groupent sur It s deux pentes.
peine peut-oo, du haut de la montagne, Mais dans tout ce tableau il n'y a pas
taire une distincliou entre les maisons un seul arbre : cVstbieu vraiment l'en-
et les terrains environnants; aucune trée da la Catacéeaumène, du pays brûlé.
verdure ne vient égayer ces tristes cou-
leurs, jamais ville u'à présenté un plut
CHAPiia^ XIX.
sombre aspect.
*Le seul monument qui attire les re-
gards est une mosquée moderne bâtie
sitf AOa. — ARcyBB.
dans le style de de Constantinople;
celles Deux autres villes appartenant à la
mais tout ce qui restait de monuments Mysie Abbaïlis, qui est devenue la Phry*
anciens a été employé dans les cons- Épictète , doivent être notées dans
f;ie
tructions modernes; les maisons sont a partie orientale de cette province ce :

perchées sur des pointes de roc et n'ont sont les villes de Sinaus et d'Aneyre de
(le communication entre elles aue nar Plirvf^ie, situées sur le ours suuérieur
«

des sentiers tortueux ; le palais au lliit- du Macestus (2). Ancyre était la Cfpi-
zetlim est sur la rive droite de la ri-
vière; il se dislingue à pebw des autres (i) Pline, liv. V, 19.
maisons. (a) Strabou, XII, 576.

i^iym^cd by Google
400 LUTOVERS.
taie dtê HfiiMiS AhbÉites. Strabon(l) criptions grecques sont encastrées dans
la désigne comme une petite ville voi- les murs de la mosquée et des maisons
sine de Blaundussur les frontière de la du village, mais on n'observe aucun
Lydie. Elle est comprise par Hiéroclès vestige de monument. Synnaus ne doit
fiarmi les évécbés ne la Phry^ie Paca- donc plus être noté que comme point
tienne. La position de cette ville a été géographique; mais la connaissance de
déterminée par M. Hamiitoa (2) près cette position est importante, en ce
du village de Kilissé keui , à trois lieues qu'elle complète la connaissance de:»
au uord'ooest et près du lae qui donne villes anciennes de la Phrygie Épietète.
naiisanceau Simaul sou, sur une colline
voisine de l'extrémité sud-ouest du lac. CHAPITRE XX.
Cette colline est en partie entourée de
marais qui en rendent les abords diffi- VILLES A L*0IIB8T OV THYMBBIIIS.
ciles. Près d'une fontaine située .iu pied DOBYLOBCX. — B8U CHBHBB.
de la colline il remarqua deux grands
blocs de trachyte grossier qui, d'après La rivièreThyn)brius ou icmbro-
leur forme, doivent avoir appartenu aux ffius prend sa source dans les contre-
sièges d'un théûtre. torts inférieurs du mont Dindymène
La colline sur laquelle est située l'a- le Mourad dagh, à soixante kilomètres
cropole forme une sorte de presqu'île euvirou au sud de Kutayab et dans le
8ni se rattache aux montagnes formant voisinage du village de Altoun taseh ; son
i limite orientale de la plaine. parcours est de cent quatre-vingts kilo-
Un mur épais de pierres brutes en- mètres environ. Avant d'entrer dans la
toure le sommet de la colline vers l'ouest, plaine de Kutayah, il coule dans une
où U atteint sa plus grande élévation vallée resserrée» et franchit un étroit
on observe sur la colline d*autres tra- défilé. Le Tbymbrius est le plus grand
ces de murailles et des fragments de affluent du Sangarius ; il va se jeter dans
poterie. le fleuve un peu au-dessus de la ville
En descendant de Taeropole vers le d*Eski chefaer; mais avant d'arriver à
villagede Kilissé keui, on remarque son embouchure, il se divise en plusieurs
près de la route une excavation (jui branches qui sont presque à sec pen-
paraît être l'emplacement d un théâtre, dant Tété.
divers fragments d'architecture, des La ville d'Eski cheher, rancienoe Do*
blocs de murs helléniques sont répan- rylœurn, est située Sur la rive orientale
dus çà et la et servent de clôlnre aux du Thytnbrius. C'est une ville dont la
champs, des iVits de colonnes d'ordre fondation remonte aux dynasties phry-
doriq[ue, quelques piédestaux avec des giennes; elle est citée par Demos-
inscriptions à demi effacées sont les thèno (1) et par presque tous les géo-
seuls vestiges de monuments qui sub- graphes anciens, Pline, Ptoli int p l/é-
sistent encore, le loiil était taillé dans poque plus florissante de la ville de
la
le trachyte qui est la seule roche du Dorylœum fut la période byzantine;
pajrs, un bas relief de marbre avec deux elle avait été adoptée comme lieu de
fuies grossièrement sculptés a échappé plaisance par les empereurs, qui y firent
la destruction. construire des thermes et des palais.
Synnaus, autre siège épiscopal de la La beauté du climat, Taboudance et la
Phrygie, était voisine d'Ancjre, et H salubrité de ses eaux, en faisaient un lieu
parait une certaine époque les
qu'à de délices; mais ces beaux jours furent
deux fivéchés ont été réunis en un seul. troublés par l'arrivée des hordes tur-
On retrouve le nom de Svnnaus avec ques. Dorylée, mal detendue,.fut sacca-
peu d*altération dans celui de Simaul gée de fond en comble. L'emiwreur
petite ville située h huit milles au sud- Manuel la restaura en quarante jours.
est du lac du même nom, plusieurs ins- Elle finit par tomber entre les mains
des Turcs, qui changèrent son nom eu
Slrabou^XII, 667. celui d'Eski cheher, la vieille ville, sans
(0
(a) UMnillon, Heseare/ies in jfsM 9iinor,
om. ir, ta5. (i) Rt. Bjs., V. DoryloBuni.

Digitized by Google
ASIE MniEUEE.
doule a cause des ruiues qu'ils j trou s'opposer à l'ennemi , dont la cavalerie
OMNitait à cent cinquante mille hommes.
Les notices eoeléBiasUques donnent à Après avoir éprouvé de grandes pertes,
Dorviée le titre de ville épiscopale sous les Croisés virent arriver a leur secours
lamétropole de Synnada* et meation- la réserve, qui était restée au cainp,
iNot EiiKbe évéquc, et Athénodore qui renneasi Ait alora mis en fuite, leur
louscrivit au concile de Nicée. camp tomba au pouvoir de Godefroid,
Sur In carte de Peutinger, Dorylée est et les Croisés y firent un immense butin.
placée sur la route deMicée a Auîorium, Les eaux thermales d' Lbki ciieber sont
passant par PMSiiMHite; c'est ce qui encore célébrée en Asie, omus la ville
Dous a aidé à déterminer la position de est loin d*étre dans un état prospère.
celte dernière ville. Les dislances don- Les mosquées ont de loin une elle
l

nées par cette carte sont suUisaniinent apparence ; les sept ou huit miuarets qui
eiaetes, et fixent les positions des villes s'élèvent au-dessus des maisons rom«
de Naoolaia, de Midœmn et de TnetK pent Tuniformité des li^oea. La ville
nia. est divisée en deux quartiers , celui des
habitations et celui du commerce où
Ricaet. Doryleo.
sont situés les bazars et les bains; ce
AjTilloxxn M. p. Cocfeo XXX.
quartier est relié a Tautre par une lon-
Doryleo xxxv. Acmonia xxxv.
gue levée en maçonnerie. La ville fait
Mideo xxTiii. Alydda xvr.
encore un pelii commerce de transit •
Tricomia xxi. Clamydda xxx.
entre Broussa, Smyrue et les viiles de
Pessiniinle \xin. xxxv.
rintérieur, ellen*a aucune manufacture:
Abrostol,'! xxm. Phil.idelpliia
la seule industrie qu'on y remarque est
Le voyageur .louvin de Rochefort la fabrication des fourneaux de pipes en
décrit ainsi en 1680 la ville d'l'J>ki écume de mer, dont les mines sout si-
ehéber :Elle est bieo peuplée, et très- tuées sur la rlfc droite du Sangarius
a^ré.iblp à rniise de sa siluation dans dans les régions de Kahè et de Muha-
lin p.jy.s tres-terlile en hles el rn arbres litch.
fruitiers; uu petit ruisseau qui coule la, (Quoique ces districls appartieunent a
le fleuve Batnys , y ûiit de belles prai- la grande Pbrygie, ils sont réunis au-
ries que bordent de grand.^ cyprès. 11 y jourd'hui au ifoiivernement d'Eski
a beaucoup de bains chauds dans o ttc chehcr, el nous en donnerons ici la des-
petiie ville; et comme ou y uourrit cription géologique et géographique.
oeaueoup de bétail, on y tronve du lait
en al)ondaDce : e*est le grand ragodt CHAPITRE XXI.
des Turcs. On y voit plusieurs khans et
un graud bazar, qui n est poiut couvert, SXPLUiXATiON DE LBCUME MbR.
•ne d*as8ez belles marchandises.
La Tille de Dorylée est célèbre dans Le Sangarius, après avoir réuni les
rhistoire des croisades pnr la grande eaux du Tchibouk sou et de la rivière
victoire remportée par les Croisés le d'Angora, coule dans un lit d'argile dont
r** juillet 1007, sous le commandement les bords sont constamment rongés par
de Godefroid de Bouillon , sur Tarmée les eaux; la rive gauche est bordée per
BHlMilmane , commandée par le sultan des collines peu élevées «ipparienant au
Rilidji A rslan. L'armée des Croises s'é- terrain du calcaire grossier marin ; toute
tait avancée eu deux marches de ISicée la rive droite, depuis le conllueut des
jusqu'à Dorylée, et afait campé dans la deux Tembouebure du
rivières jusqu'à
vallée de Gorgone, arrosée par leTliym- Pour.sac, est composée d'un immense
brys. Les chevaux trouvaient une pâ- du
batic d'argile (|ui suit les ondulatioiLS
ture abondaute dans les riches plaines terraiu et qui est lui-même formé de
des environa; maia le lendeonain matin, plusieura coachea superposées toutes
un innombrable essaim de Turcs seldjou- variées dans leur corapoaitiou. La cou-
kides vint assaillir les Croisés, en les che supérieure est formée d'argile plas-
couvrant d'uue grêle de traits. Les Croi- tique contenant ça et là des marnes
sés se mirent en ordre de bataille pour calcaires, elle ne se distingue que par

Digitized by Google
4fo vm
ges mauvaises qualités végétatives, aussi contredit la plus belle , la plus homo-
tmit le pays esl-U dénudé et presque gène et la plus Manche. Cette anatièrt
fans arbres, les habitants ne recueillent ne forme pas de couches continues et
que de maigres moissons d'orge et de régulières; on l'exploite par le moyeu
blé. de puits qui ont de quinze a vingt mè-
La seeonde eonche, dont l'épaMneur tfis de profondeur; elle se trouve dis-
ll*est pas très-considérable, et qui sé séminée en rognons dans Targile smec-
trouve de dix :idouze mètres en con- tique i! est rore qu'on eu retire des blocs
;

tre'bas du sol, est uue argile d'un blanc qui atteignent un pied cube; les blocs
verdfltre, d'un srainfin et homogène, bruts sont couverts d\me gangue tmém
qui est Tobj et d exploftations étendues; et terreuse qu'il faut enlever; ils aoal
c'est l'argile dite smectique ou terre à ordinairement de forme tvis^irrég»
foulon : elle est employée dans toute la lière.
contrée en guise de savon dans les bains L'exploitation par le moyen de puits
et pour les usages domestiques. Elle est répandue sur une suioee de plus
sertgénéralement pour laver le linge et de cent kilomètres de longueur et d une
pour dégraisser les laines. De nombreux largeur vari;ible, mais sur toute la rive
^
convois formés de petites charettes à droite du Sauganus; il y en a plusieurs
deux roues et traînées par une paire de dans les plaines au nord-est d'&ki
bœufs partent de la ville de Mulialitch, chcher, au village de In eughi à qua- ,

chef-lieu de rexploitation, et se répan- rante-huit kilomètres d'tiski cheher.


* dent dans toutes les villes de Tintérieur. D'autres puits sont creusés au village de
Arrivés là les earavmeurs vendent leur Septidjî, vulgairement nommé Tas^
charcement, leurs bœufs, démolissent ta odjalia à cause de la pierre qui s'y
ehaieste et ramènent les deux roues à trouve; ce villnue est sur In route de
dos de mulet. Kahé à Ëski cbeher. ici les puits out une
Cette argilecst portée jusqu'à Smyme, profondeur de vingt mètres; ils sont
où les femmes turques en font usage moins profonds à In eughi. Les habi-
comme cosmétique dans leurs bains et tants ignorent si le même banc se pro-
à leur toilette. Préparée et puriiîée, elle longe sous toute la surface de l'argile.
était revêtue d'un soeaii et était traos* Muhaliteb, qui concentre fexplelti-
portée jusqu'en Europe sous le nom de tion des deux produits, i^t une petite
terre cimolée de Smvrne; elle était ad- ville sintrulièrement située; elle est dé-
ministrée dans Taucienne médecine pecée en cinq ou su groupes de mai-
comme sédatif et abaoriiint.l«dus îgno* sons dispersé sur trois collines, il y a
rons si les premières magnésies em- un voïvode qui concentre les lecettas
ployées dans la pharmacie ont suivi la du niiri nu rcjie de l'écume de mer.
m^me voie, et si elles ont pris leur nom l/argile sme(*ti(|iic est connue dans le
de la ville de Magnésie près de Smyme, pays sous le nom de Kil , et l'écume de
mais nous n'avons trouvé dans le pays mer sous celui de Istifé-lulési, pieneà
aucune trace de l'exploitation de la louU's (fourneaux des pipes\
magnésie médicinale. L'écume de mer est exploitée en ré-
Au-dessous de cette couche d'argile gie par le gouvernement, c'est-à-dire
ameetique, dont répaisseur n'a pas plus que les nrineurs sont obligés de poorter
d'un mètre, se trouve un autre cise- leurs produits au gouverneur, qui les
ment plus riche et plus productif : c'est expédie à l'entrepôt général à Eski
la pierreconnue vulgairement sous le cheher. La des marcliands d'Allemagne
nom d'éeume de mer et en minéralogie et de Russie viennent chercher le
sous celui de silicate de magnésie. meerschaumy l'écorne de oser; ib Ta*
L'emploi de cette substance est bien chètent par caisses contenant cinquante
connu en occident pour la fabrication morceaux, dont les plus gros n'ont pas
des fourneaux de pipes; on neeonnatt un demi-pied cilbc, et payaient cène
3u'nn très-petit nombre de gisements caisse, eill8S4,3,M0 piastres (Glifr.).
e cette matière, l'un en Hongrie, l'au- Le commerce de cette substance en
tre dans la Grèce près de Thèl>es. Mais dehors des mains du gouvernement est
récume de mer de Mubalitcli est sans sévèrement défendu ; on né trouve pas

Digitized by Google
ASIE MINEURE. 4fl

un seul morceau a acheter en dehors descendant le revers de la montagne,


uu groa. Les Turcs, qui savent si bieu on marche pendant une heure sur le
•iptoller oftte tabstance pour let io* aarraio de craie en firanchissant ëen
meurs étrangers , n'en font aucun cas petites vallées dirigées suivant le rayon
pour eux- mcnies ils préfèrent les Iniiles
: de soulèvement de Sevri hissar c'est le :

{ fourneaux ) de terre ; eu générai, il.s ap- groupe qui s étend jusqu'au mont Dio-
portent dns leur manière de fumer piiis dymeua, aujaurdHiutGuMKh dagh. On
de propreté et de reclicrrlif que les arrive, au bout d'une heure de marche,
OccidenJ.'iirx jiiimiis une pipe n'est fu-
: sur le marbre blanc et cristal-
calcaire
mée deux fuis sans être ueltove« de tou- lin ; c'est dans cette région qu'ont été
tes pièees; ils sont bien differents en ouvertes lea carrières de Feasinunta.
cela des Allemands, qui ne connaissent route se poursuit au nord à tra-
de bonnes pipes que celles qui sont im- vers im pays découvert et inhabité; le
prégnées du jus de uicotiae. terrain est de formation argileuse et
Une anal^ sommaira que nom trèa-montagneui. On arrive bientd! i la
avons faite de la magnésile nous a donné vallée du Sangarins, qui est ombragée
0,70 ftirhon^ite de magnésie, et 0,36 de de quelques arbres. Le fleuve a en cet
silice, il y a des traces d'argile. endroit douze mètres de largeur, son lit
Cet oîivrage n'est pas un livre de est très-encaissé, on ne peut le franchir
controverse, aussi nous abstenons-nous qu'avee beaucoup de difficulté en dé-
généralement de critiquer les opinions chargeant les cnevaux et les faisant
que nous n'adoptons pas:« mais nous passer a la nage. Le lit du fleuve est
devons nous étonner de voir M. Ains- trèS'fangeux ; en hiver on ne saurait
worth (I), qui fiît preuve de tant de tenter ce passage. Le village de Ait kaia
connaissances eti eéoIoL'ie assimiler
, (le rocher blanc\ est situé dans le voisi-
celle substance au kaolin, qui e<t du nage du gue; il est distant de huit heu-
feldspath décomposé et appartient par res de marclie de Sevri hissar. Du Ak
«onséqoeot au terrain granitique, et dire kaia à Rabé, village situé sur la rive
en oinrt' qu'elle appartient a la forma- droitadu fleuve, la distance est de trois
tion plutonienne, La ma^înesite appar- heures de marche le pays est si difficile
;

tient geologiquement à la partie infé- ou ne saurait estimer autrement les


rieure do terrain de transilion et aax
au
istanees.
argiles anciennes. Kalié, que les anciennes cartes indi*
^ous devons faire connaître ici la quaient comme occupant l'emplace-
roule que nous avons suivie pour aller lueut de Pessinunte, est situe a mi-côte
de Sevri bissar à Muhaliteh, car depuia d*ttn entannoir de monlag[ms et ëxà^
plus de vingt ana il ne parait pas ou*etie de tout chemin fréquenté Nous avons
ait été suivie par un autre Fiiropeen, et compté de Kabé à Sevri hissar dix-huit
toutes ces régions restent eu blanc heures, et de Kahé a fc^ski cheber qua-
OBéme dans les earles les pins moder- torze. La ville de MuhaHleb est à qua-
nes, autrement dit elles sont rempliea tre heures i Pest de Kahé.
par des hachures arlistement conduites, Nous avons pu établir ainsi la di^
mais qui en apprennent moius que le tance d'Kbki cheheraux villes suivantes :
plus maigre itinéraire. à Seid-ei-Ghazi, 9 heures; à Sevri hia-
aar, 18 beures ; à Muhaliteh, 18 heures.
BOUTS T)F SEVRI HTSSVR A B8KI
CB&H£a PAB MUHALIïCH. LUAIUTRË XXll.
Satri hisaar (2) est située au pied d'un NACOLBIA.
haut rocher granitique isolé au milieu
des formations calcaires. route de Nacoleia était une des grandes places
Mulialilch suit la direction du nord. En fortes de la l'iirygie Lpictete ; elle est si-
tuée, d'après la table de Peutinger, à
(i) Travel* in Jsia M'mor, t. I, Eiiû vingt milles 20 kil. fiS, au sud-est de
,

clieher. Doryhcuni. Etienne de By7,ance,quia re-


(a) Yo). )>lu!> bas Graude Phry^e. cueilli avec soin les origines fabuleuses

i^iym^cd by Google
412 L*UNiV£RS.
des qa*eUe prit son nom de
filles, dit criptious avee le nom de cette ville ont
la nymphe Nacola ; il ajoute que Naco- pu être transportées dans celle de Séid
îéia fut luodée par ^acolus tlLs de Das- el ghazi. Ku effet, cette dernière ville est
cylus qui fut père de Gyges (1). Lticol. an communication avec la première au
Leake plaçait Naooléia à Pismieh kalé moyen de enfoncement de la vallée,
cet
si dans le groupe montagneux au sud
, et on l'aperçoit facilement dans un éloi-
de Séid el ghazi. Il a été reconnu de- gnement de cinq quarts de mille à un
puis nue ce lieu ne pouvait convenir à mille et demi, placée d'une manière pit-
remiKacement d'une ville. Dans la ville toresque au pied nord d'une ebafne de
même de Séid el ghazi située à huit , collines ou plutôt de la pente d'un
heures de marche au sud -est d'Eski plateau. On sait que les Osmanlis ne se
cheher, distance qui concorde avec celle géneotpas pour transporter les ancienues
Îltteleitabtosattifiientà Nacoléia, j'ai inseriptions d*une grande distance pour
H, en 1834, une inscription portant le décorer leurs habitations. Certainement
nom deNacoléin (2); en 1858, M. Barth nous n'avons trouvé en ce lieu aucune
a découvert deux autres inscriptions inscription portant le nom de ^acoleia
portant le Dom de la même ville , il y et on pourrait être ineertain si cette villa
aaiait là des motifs aufflsaiitspour iden- ne peut avec plus de raison être identifiée
tifier Séid el ghazi avec Nacoléia; avec une d»»s villes ruinées du voisinage;
mais d'autre part le baron de Wolf mais elle était voisine de Prymnessus
rapporta de Seid el ghazi une inserip- et placée à la gauche de la grande route
tion qui existe encore gravée sur un pi- qui était à l'ouest. Le fait notable d'a-
lastre, et portant les mots Le sénat et : <> voir trouvé ici deux inscriptions votives
le peuple des Prymnésiens », ce qui au- dont l'une est consacrée a Jupiter ton-
torise a regarder Séid el ghazi comme nant, nous permet de croire que c était
Taneienne Prymne8sus(8).M. Barlh es- un grand centra religieux; mais c*était
time que les inscriptions portant le nom aussi le cas avee rautre groupe de
de JNacoleia ont pu être apportées d'un ruines '{). >.

autre lieu(4) ; voilà où en est la question. 11 résulte de ces observatiousque l'ein-

M. Bttrth a bien indiqué la place dans placement de Nacoléia n'offre dans ses
son itinéraire près d*un village ruiné et inscriptions aucun vestige du nom de
sans nom; il traverse cette lornlite peu cette ville tandis (|u'on le trouve répété
.

de temps après avoir quitté la vallée des quatre luis dans des inscriptions de Seid
tombeaux phrygiens et faisant route vers à ghazi que Ton regarde néanmoins
le nord, « après avoir paicouru un pays comme l'ancienne Pr>'mnes6us. On ne
accidenté, coupé par diverses vallées. « saurait chercher les ruines de Nacoléia
11 ajoute : « Notre route, était N'. lâ** dans un pays montagneux, puisque la
E.; en même temps nous traversons une bataille entre Valens et Procope eut
vaUée, et nous passons près d'un cime- lieu dans une grande plaine voisine de
tière avec d'antiques ruines et des dchris celte ville (2). Nous laissons donc a Seid
de colonnes. Tout nous dit que IVaco- el ghazi le nom ancien de Prymnessus,
leïa était située dans cet endroit, et cela en attendant que les futurs explora-
explique fteilement eomment les ios- teurs donnent la solution de cette diffi-
culté géographique.
Hérodote I'^
(i) £l.Byz. V. Nacoleia, 8.
(a) VoyJ deier. Asie Min., iD*fol., t. r,
CHAPITRE XXIII.
p. iSg.
(3) Frauz fûnf Insclirillen iiod lunf Sladie
in Kleinisîen, p. 5.
HIOttUM.
; iIchkopirlc inehrerc nirlit nnlH'dpii-
Itttde Insriirififn , so die iii eiueii t;rosspii
Midaum était sur le fleuve Sangarius
Plleiler eiiigef;ral)ene, wclcho don N;imeii
à vingt-huit millessud-cstde Dorylœum;
Prymnfssos aufliewaiut hnt ùnd weniger cette place était donc très-voisine de Na-
l«*irht hierlier gesrliaffl werdcii koiinlr, als
die beiden kleinen Steioe, die den Nameii (i) Haiih, Heite von Tra^eiuiU nach «Sra*
NacoMa «atlialtni. (ilMie «on rr^Msntf tarit p. 97.
Hûdt SoiUiri «M IF Bûrtk, /k 8^ cW. a). («) Yoy. page 384 et auiv.

Digitized by Google
ASIE MlNEtJRE.
Midœum dut sa fondation au roi
coléia. nom du village, qui signifie, les ruines
VidM comme Gordtam à Gordius. Pla- dévattéea, indiquent qu'il occupe l'em-
cées sur la grande route qui de la Pro- fdaeement d'une ville considérable de
pontide conduisait dans la Cappadoce, 'ancienne Phrygie. On y rencontre un
ellirs ont toujours conserve une certaine grand nombre de petites inscriptions
importanoe jusqu'à ce que lea Oaman- grecques, principalenMnt dam le cime-
lis aient coupé ces communications; tière ; néanmoins on n'en trouve aucune
alors Alidœum fut abandonnée de sa qui contienne le nom de la ville; on
population , et sou nom même fut ou- peut être assuré cependant que l'on est
blié. C'est dans cette ville que Seitoi ior l'emplacement de Tancienne Mi*
Pompée tomba antre les mains des lieu- dœum (1). Au nord du village le pays
,

tenants de Marc-Antoine, qui le mireut paraît bien cultivé; à une demi-licne (le
à mort, sans doute par ses ordres, distance on voit à gauche de la route le
qnoique eelui^i n'en aoit jamaia con- illage de Telnilrar agha, avec quelques
venu (35 ans av. J.-C.) (1). D'après ruines et une inscription. Un peu avant
la notice de Hiéroclès, Midœum fuiepis- de passer la rivière de Harab euren, on
copaie, et comprise daus les évéches de voit à droite un tombeau ou turbé de
la Phrygie Salutaire. Selon Mannertia forme o^ogone, qui date du tempa des
ville de Midœam est la même que Myg* Seldjonkidea; les monuments de ce genre
donie d'Ammien Marcellin; cette der- sont nombreux dans la Cappadoce; on
nière place était aussi baignée par le reconnaît dans sa construction i|uelaues
Sangarios ; c^eat daaa son voisinage que débrti d'inscriptions grecoues et irau-
se voyait le tombeau de Mygdon»cnef traa matériaux antiques. G est une er-
des Mygdoniens ; elle était sur la fron- reur de croire que les Scidjonkides re-
tière de la Galatie. i'rocope donne h jetaient par esprit de fanatisme les ma-
cette ville le nom de Mygdus. Mannert tériaux qui avaient servi k des monu-
lace dans le voisinage la station de ments païens, les murs de Konieh sont
S
antabaris, qui était à l'est de Dorr- remplis de fragments d'architecture et
Iceum. de sculpture encastrés avec soin, des li-
Uneinscription portant le nom de gures même d'hommes et de lions
Midoeum a été copiée par M. Wading- sont plaeéea comme ornement dans
ton 'X dans le village de Harab eureo, plusieurs tours de la ville.
qui s«' trouve sur la rive gauche de la
rivière de Séid el ghazi, u huit milles CHAPITRE XXIV.
géogr. à Pest de cette dernière ville,
ce qui concorde avec la table de Peu- LA GBA>OE PilBYOIB.
tinger '3). Le village dellarah euren,dit T.ps rois de Phrygie fondateurs de la
M. liarth. préseuteuu caractère particu- dynastie de ÎVlidasêt de Gordius avaient
lier ; plupart des maisons ont au de-
la
établi leur résidence dans le pays mon-
hors un escalier de bois conduisant au tagneux nui forme le centre du grand
prenner étage, qui est spécialenicnt des- plateau , borné au nord par le Sanga-
tine a riiabitatiou; le rez-de-chaussée rius , et à l'est par les terres des Gâ-
aeit d*étable pour lea bestiaux et de tâtes. Il s'étendait dans Torigine jusqu'à
grange; il est bâti en pierres, parmi Fessinonte, qui Ait une des capitales du
lesquelles on observe beaucoup de frag-
royaume phrygien avant l'arrivée des
ments ayant appartenu a des construc- Gaulois. I.a chute de la monarchie
tions antiques. Le village est composé phrygienne entraioa la ruine de ures-
d'environ cent maisons ; la population se que' toutes ces petites villes, et dès la
livre avec activité aux travaux de l'agri-
premier siècle de notre ère elles étaient
culture. Les nombreux fragments d'ar- toml-.ées à l'état desimples villages môme
cbiteetore et les fdts de colonnes d'une tout a lait liéserts.
eertaina dimension insai bien que le Le passage de Strabon (2) qui men-

(i) Dion Caî^iiis, XIJX, p. 4ol. (t) }\BT\\ï, Kfise von TrapfMimt naeh Sou-
1%) Bflannerl, géographie m, 94. tari, |). 87, collediov de PelcnmiNi.
(^Ciri Hitler Erdkimde, t. IX, 6ta. (9) strabon, XII, S9S.
414
tioiine lesanciennes habitations des Sangarius, depuis le village de In œughi,
Phrygiens certainement relatif à
est où nous avons signalé les premières,
cette région. «Près de Pessiuunte coule jusqu'au delà de la ville de Belouadouo,
le fleuve Songanue , sor lequel on re- aneienne Polybetun, et an aud jusqu'à
trouve les anciennes habitations des la Phrygie Parorée, Il eit remarquable
Phrygiens, relies de Midas et avant lui qu'on n'en trouve point au nord du
de sou pere Gordius et de quelques au- Sangarius. Nous les observerons encore,
très priooes. Elles ii*oot pu médw con- nais avee un autre caraetère. dans le
serve de traces de villes; ce ne sont plue aaddela Coppadoce.On pentoired^une
que des bourgs un peu plus crands que manière absiolue que les pays volcani-
les autres. De ce nombre soutGordium, ques ont été les seuls qu'on ait choisis
réKidence de Casiejr, fils de Saoeonda-
Kur exécuter de pareils travaux, car
Dua; eelui-ei fiit égorgé avee sa femme I
tombeaux d*Amasie diffèrent essen-
par son beau-père Dcjotanis, qui rnsa tiellement des monuments phrygiens.
aussi le fort et détruisit la nui Heure Ou ne saurait tixer de limites chro-
partie de PhabitatioD. » A e^te époque, nologiques à ces monuments divers , ils
e*C8t4-dire sous le règne de Tibère tout portént tous le caractère d'une très-haute
ce priy^ étnit désert ; il est à peine men- antiquité, et lorsque l'art de b.ltir fut
tionne pendant toute la période byzan- connu, la facilite el l'économie avec les-
tine : les Turcs l*ont trouvé trop peu ac- quelles ou pouvait (*onstruire des mo-
cessible pour y avoir fondé aucun cen- Bumenls ne pouvaient plus être iamea m
tre de population ; il est resté pour ainsi parnllèle avec le labeur exigé pour creu-
dire ignore de l'histoire jusqu'au corn- ser n la niasse et au poinçon des habi-
mencemeni de ce siècle; alors un voya- tatiuus et des tombeaux dans le eœur
geur anglais, leeolonel Leake, reconnut dsa roehers. Ce qui est certain , c'eit
le premier monument de l'art phryiiien que du temps deStrabon, c'était déjà on
qui s'était conserve dans la solitude de souvenir presque oblitéré.
ces n)ontagnes. Les dernières observa- La mêlent si in-
fable et l'histoire se
tions sur ces vesti|;e8 remarquables d*un timement dans tout ce qui eat relatif à
art oublié datent de iSfiS; il a donc l'histoire primitive et surtout au culte
fallu plus d'un deini sieole à TKurope des Phrygiens, que la critique no saurait
savante et avide des souvenirs du temps débrouiller ce chaos autrement que par
passé y pour connaître à peu près oom- dea oonjeeturea.
plétement cette région, qui au total u*a Atys ou Atès est le premier person-
jamais été inabordable. nage mythique qui apparaît en Phrvgie
La branche occidentale duSangarius pour établir le culte de Cybèlo, la divi-
prend sa source dans une grande vallée nité nationale. Lei aneiena foiiaient un
courant presque nnrd et sud, à l'entrée de mystère des circonstances de sa vie ;
laquelle est bâtie la ville de Seid el gazi; Atys passait pour être fils de (.alaîis; il
cette vallée porte le noq\ de Ooghan- se rendit eu Lydie, et y enseigna le culte
lou déré, la vallée du faucon ; elle est en- de la mère dea dieux , ce qui le rendit
gendrée par une double chaîne de mon. cIk r à cette déesse; mais la jalousie de
tagnes de moyenne hauteur bien om- Jupiter suscita un sanglier qui se jeta
bragées par des forêts de pins, et qui sur Atys et le tua. Selon Pausanias les
portent le nom de Tapul <lagh. Cest Galatea de Pessinunte regardent Atys
dans cette région que ae trou vent, dans comme engendré par me nymphe fille
un état de enn«ervation parfaite , de du fit uve Sangar. Ses parents envovè-
I

nombreux monuments commemoratifs, reul a Pessinunte pour épouser la iille


des chambres sépulcrales, des habita- du roi. Agdistis, éprise un jeune Atya
tions taillées dans le roc , et enfln plu- lui inspira unaecès de fureur à la suite
sieurs rentres fortifiés qui répondent duquel le hea«i-père et le futur gendre
parfaitement à la description de Stra- s'enlre-dechirèrent ; c'est en commémo-
Son. Les habitations troglodytes dea ration de cet événement que les Galles,
premiers Phrygiens ne ae bornent pai prétrea de Cybèle ae mutilent eux-mê-
seulement à cette ré::ion montagneuae, mes pour conserver leur chasteté. Selon
^Uesoccupeot toute la contrée au aud du la tradition mythique, Atys fut changé

Digitized by Google
AS1£ AilMEUBL 416
M Pio, et nmtt ieirauvons régioM les CHAPITRE XXV.
aimées des anciens Phrygiens ombra-
gées par des forêts de pius sécuiair^s VAJ*LS£ J)K rs'AGOLKlA, TOMBSAUX
qui rappellent le héros fondateur du 0£i> AGIS PUliVGlË.
^fâHèét Csrbèle (t). Ce roi de Pestmonte,
fue Pausanias ne nomme pas était un , Toute la partie centrale du plateau
Midas dont le nom se rattâcheà rétablis- de Phry^ie, couverte de montagnes peu
sement du culte de la mère des dieux, à élevées et de forêts étendues, a été, à
4ei point qu'il passait pourfiledeCybèle. une époque reculée, le séjour d'un peu-
Gordius, au contraire, représente le ple primitif, qui a donne des preuves
travail agricole ; il s'adonne a la culture nombreuses de son goût [K)ur les arts
dti la terre, et c'est en revenant de con- et de la durée qu'il desirait imprimer
duire «a eharme 4a*il est praelamé roi aux monuments qui sortaient de ses
et qu'il fait dans le temple la dédieace mains. Rien, dans c« qui nous reste de
de son char à (Ipii\ roues. Or ce souve- cette époqu» ,,
n'indique l'inlluence d'un
nir du roi laboureur ne s*est pas cùacé art étranger, et les précieux monuments
en Phrygie; le eher à den roueB s'est que nous allons observer sont aussi
conservé dans toute cette région: nous éloignés des principes de l'art grec que
Tavons retrouvé dans la vallée du San- de l'ancien style perse ou de la curieuse
garius (2), et deux voyageurs allemands originalité du lyuen. Ces monuments
sont frappés d'étoonemeiit en voyant sont propres à la Phrygie ; la langue
les paysans de Tautique Midoeum ooo- môme de leurs inscriptions reste renfer-
duire des chais à deux roues pour ren- mée dans les linntes de cet ancien
trer leurs denrées (3) ; en effet, autant royaume; et daus la vaste étendue de
les voitures de ce genre sont rares dans territoire qui existe entre Synnada et
les autres régious de TAsie, autantelles Macoléia, on ne voit que de rares dé-
sont communes dans la Phryt;ie bris de monuments romains. Il semble
La culture de la vi^ne introduite dans que les conquérants de lu coutrée aient
le pavs est personnifléc par rainitié de ignoré ces vallées solitaires, où plus tard
Bacejîus et de Midas ; les riehesses de des familles chrétiennes vinrent cher-
ce prinoetirées desminesdcson royaume cher un refujçe contr»' les pf-r-écnfions
anL'mentent encore sa pnissan'*e, et les du paganisme, peul-èlre au>si contre
présents qu'il envoie à Delphes répan- l'invasion musulmane. oractere spé-
dent sa renommée au delà des frontières cial de cas roebeis est d'être constitués
de l'Asie. Le Midas premier du nom au- eu masses compactes, formant des col-
rait régné, selon la chronique d'ttisebe, lines abruptes qui offraient un viste
dans l'olympiade X, 4, ou 738 ans champ aux sculpteurs des premiers iiges
avant J.-C.; il passe pour le fondateur pour y placer leurs monuments.
de la monarchio. Rien n 'est.sévère et majestiieiix comme
Le montimeut célèbre (jui porte le ces solilntles t|(ie la nature embellit
nom de tf. prince est le plus important d'une verdure perpétuelle, ici, l'œil se
d*un groupe de monuments semblables repose sur le gazon frais dss vallées; il
sculptés dans le rocher à très-peu de contemple plus hnut, le sombre feuillage
distance les uns des autres. Ils sont en- des pins qm étendent leurs branches
tourés d'une innombrable quantité de séculaires ondulées et tordues, au mi-
caveaux, de ^ottes, de tombes ayant lien des rochers, comme la faible tige
chacune un style particulier, plus ré- des arbris.seaiiX. Rien aux alentours ne
cent peut-être que les moniiinents mi- trahit le séjour de l'homme. A certaines
daïques, maisd après l'avis des hommes époques de Tannée, les Turcomans no-
compétents tous antérieurs an sièele mades, traversant le pa^^s, viennent
d'Alexandre. planter leurs tentes auprès des vieux
monuments phry^^i'^ns; mais nul ne peut
f 1 ) Pau&auiai, VU, cit. 17. Ovid, Mélam,, indiquer leur position exacte, car ces
X, f. 3. vallées sont sans nom; et la paiisnee du
(a) VovŒ page 4*<»« '
'
voyageur peut seule les déocoffiraprès
(3) Bartb, 1. 1. p. 87, col. i'^. de longues recherches.

Digitized by Google
416 L'UNIVERS
Les chambNt sépulcrales de Seîd vent les demeures d*été des habitants
d ar sont premiers indices de cette
les de Bayât. Partout dans les rochers les ,

architecture taillée dans le roc, qui est anciens ont creusé des habitations et
earactéristiqtte de eette contrée, et doDt des tombeaux. Le terrain se compose
les monuments se multiplient sous tou- d'agglomérats volcanioues, blanes, aei>
tes les formes, laissant dans l'esprit une les à tailler. A six milles de là, on re-
idée confuse de la grandeur d'un peuple connaît la formation calcaire oui s'étend
oublié, qui n*a laissé sur la terre que Iusuu'd la vallée nommée Ak kilissia,
refflpreinte de ses tombeaux. 'église blanche, dans laquelle sont quel-
A une lieue au nord du village, en ques mines d'un village et d'une cha-
suivant la route de Bayât, on arrive à pelle byzantine. Apres avoir franchi un
uo lieu nommé Kirk hinn, les Qua- col bien boisé, ou arrive à la demeure
rante Chambres. (On sait que le terme d'été Yaéla) des habitants de Kosrew-
(
quarante est employé chez les Orientaux Pacha-Khan, située dans une grande
pour désigner un nombre indéfini.) En vallée dont le sol est toujours vert et
effet une longue suite de rochers for-
, bien cultivé. C'est dans ses environs que
més d*un tut volcanique d'un blane se trouve la vallée des tombeaui des rois
jauniitre, sont percés d'une infinité d'ex- d<^ Phrygie, tous taillés dans lerœet
cavations, formai)t tantôt des cellules d'une surprenante oonservatioa.
séparées, tantôt des chambres commu-
niquant les unes avec les autres, et si- TOMBBAII DB mOAS.
tuées à dilférenls étages, quelquefois
même fort élevées au-dessus du sol, de Le principal monument, counu dans
sorte qu'elles sont devenues aujourd'hui le pays sons le nom de Yasili kaïa , la
ioacceteibles. La plupart de oellesdans pierre écrite, à cause de la longue ins*
lesquelles on peut arriver portent des cripîion qui le décore, est situé a l'ouest
tra(;es du feu t-ar, depuis plusieurs siè-
;
du Yaeta,.') environ trois milles, et dans
cles, elles servent de demeures d'hiver une grande vallée courant nord et sud
aux Youronks ( aux Tares nomades ), al dont toutes les hauteurs sont cou*
qui, pendant Tété, vont chercher des vertes de liois. Il est difficile de ppindre
pâturages sur ces plateaux. On peut l'impression que produit sur le spectateur
s'assurer qu'a une certaine époque quel- ce rocher qui semble prépare par la
ques-unes de ces chambres ont servi de nature pour conserver reropreinte des
tombeaux; mais leur nombre est trop antiques caractère.s que la philolotiie
considérable, leur construction a trop n'a pas encore expliqués. Tout est en
de rapports avec certaines villes trogio- harmonie dans les euvirous, et l'austère
dytiques observées dans la Golchide aspect des lieux, et la forme pittoresque
pour qu'elles niaient pas été faites dans des rochers, et leur couleur brillante
le but d'être habitées. Oci .se trouve qui se détache sur la verdure de la
d'ailleurs conhrnie par l'absence totale plaine. Ce priucipol monument est dé-
de monuments construits, qu'on puisse signé sous le nom de Tombeau de Mi«
raisonnablement faire remonter à la das, expression que rien ne contredit,
même période. Douze milles plus loin, après un examen attentif.
marchant toujours vers le nord ou ar- , Le rocher sur lequel il est sculpté
rive près d*une montagne abrupte, au est isolé de tous les autres, et présrate
pied de laquelle est le château de Bayât, une surface de quatre cents mètres car-
fortification du moyen âge« qui tombe rés environ , sur laquelle sont sculptés
en ruine. des méandres, dont lo relief est de
En traversant une vallée déserte, nous 0",01S, et qui entourent une niche
remarquons uu rocher creusé ; mais là d*une forme particulière. Inrueur
ce sont des sépulcres; les chambres sont de la surface sculptée est de
couvertes par une double pente eu forme et sa hauteur de 11 '",74. La largeur de
de toit. Ce lieu porte le nom de Ion ba- It niche est de 5°>,57 ; la profondeur
zardjik. r.es chambres sont nombreuses totale est de l'°44 ; mais la profondeur
et de différentes formes. de la retraite n'e.^t que de 0'".8I; ce
Dans le haut de cette vallée se trou- qui en réalité est bien étroit pour y pia-

Dlgitized by Google
ASIE BâlKKURË. 4l7

Mr a* eofps. J'imagine toutefois que père. Ce n'est pas Tavis de M.


Bartii ; je
«lans l'état primitif, cette niche était (ta- pense avec cet auteur qu'il faut y re-
chée aux refiards par une grande dalle connaître le nom phrygien du pere de
de pierre sur iaauelle se continuaient les Mydas tout en conservant la lecture Ga-
niéaiidfee dont les eontonrt déguisaient ûtrtaei, quej*ai aussi dans mon teite (1),
les joints de la roche. Dans le fond de et je propose de lire :
Ja retraite, on trouve quelques restes Aies arkiaefas akenanotafos. Midai
d*insGriptions gravées eu creux, qui sont Gartataei I anaktei edaes.
devenues indéebifirables par suite de Atys grand -prêtre a dédié ee eénoia-
la décomposition de la rocne. plieau roi Midas fils de Gordius.
\ droite et à Rnuche de celte surf.ice Cette interprétation a du moins l'a-
sont deux espèces de pilastres dont la vantage de n'emprunter sts synonymes
largeur est de 1°>,05, el qui supportent qu'à 7a langue grecque, du moment
une frise, si l'on peut appliquer ce nom qu'on admet pour le mot Fanaktei , la
à un pareil ajustement. I^es pilastres et traduction de roi.
la fri.se sont ornes de losanges en creux, Le mot Edaes se trouve ainsi dans la
dans l'intervalle desquelles sont de p&> langue iycieune,il termine un grand
tits quadrilatères. Le monument est nombre d*ioscriptions sépulcrales et se
couronné par un fronton, orné aussi de rencontre aussi sur l'ohélisque de Xan-
différents .ijustements de losanges en thus, il semble représtnlcr complète-
creux et eu relief. Au sommet du tronton ment le mot grec \^t^x.i , il a uédié
sont deuK sculptures drealaires , que et parÉit dérlv«r de quelque verbe pri»
Ton prendrait pour des houcliers, si les mitif Sfluô, le mot Edaes aurait donné
autres monuments de ce genre n'indi- plus tard le radical .^''des.
quaient que c'est un ajustement parti- Le mot BAliA, qui couunence la se-
ôilier dans le genre des volutes. Oeui conde Inseriptioo , est regardé par le
longues iascriptioas gravées dans le colonel Leake comme un surnom de
pourtour donnent à ce monument un Jupiter, d'après une inscription décou-
iiitcrét majeur. verte dans ces parages, et qui fait men-
Nous ne pouvons reproduire ici le tion de Jupiter Pappxus , nom usité
m on u men t
fac-similé de l'inscription du chez quelques poètes. Le dernier mot
mais elle est suffisamment lisible dans de cette inscription est le même que
ia planche qui accompagne ee texte (1). le dernier mot delà première i je lis
Nous hasardons ici une traduction qui Edaes.
nous paraît tout à fait d'aecord avee la A S'iSO, à gauebe de ce monument,
destination du monument. se trouve une crotte grossièrement
Nous devons faire remarquer prt nia- t.nillëe d.ms la roche, et dans laquelle

lilement que le nom Atès est employé ebt placée une inscription eu caractères
par Pausaoias pour déâgoer le person* de plus de 0",S0 de hauteur, et creusés
nage mythologique Atys (2), et que ce d'un centimètre.
nom est tout à fait pnrvgien ; la lec- F/épaisseur de ce rocher n'a pas plus
ture du mot qui suit le iiom de Midas de trois ou quatre mètres , et en mon-
est due à M. Lassen. Dans rinserip- tant par derrièro, on arriva avee asset
tion du tombeau de Midas il y a un de facilité sur la partie supérieure. U
mot entre le nom de INIidas et son titre ne paraît pas que cette espèce de vide
royal. M. Lassen le lit d'après la copie qui existe entre les deux volutes ait été
de Leake , « Laval taie » et d'après Sie- fait à dessein ; mais peut-être , par la
wart, Gavaltaei ou Gavartaei; il sup- suite des siècles ce morceau de roebe
,

pose que ce mot a sa racine dans le est-il tombé naturellement. Pour arriver
sanscrit et signifie la pnix, d'où il faut an pied du roelier il faut monter une
,

conclure que ce u'esi pas le tombeau de colline de quatre à cinq mètres de hau-
ee prince, mais un monumeoc oouuné- teur, dont la pente est très-rapide:
moratif deson règne, qui fut long etpro^ mais là, ni dans les environs, 00 ni

(i) Vo)ez j>laucbu i%. (t) Vo). IkAc, Asie Min., in-fol., t. 1,
(a) Pai'naoïM, liv. VII,di. 17. pig9 tS5.
9T' UaraUim» (Ami Miiiiubb.} t. II. S7

Digitized by Google
416 LUKlVEaS.
trooTe de trace de construction. Le ro- rocher, toujours une petite nicha au-
cher est composé d'un tuf d'un jaune dessus destinée sans doute à placer
,

orangé, parsemé de petites aiguilles une lampe. D'autres tombeaux n'offrent


noms , sans douta de pyroiène et d'am- dana leur intérieyr qoo des liti fonèlM
phibole, et d'agglomérats hlancs qui sur lesquels étalent déposés les corps.
participent de la pierre ponce. Tous les L'un et l'autre système de sépulture se
tufs de celte vallée varient peu dans retrouve dans la plus haute antiquité;
leur nature ; seulement, la eouleor jaune maiail parait qon l'usage de déposer les
s'affaiblit un peu dans certaines roches, eorps sur des faaiqaettes dans les ca-
et les agglomérats de pierre ponce de* veaux funèbres ne s'est pas perpétué
viennent plus nombreux. aussi longtemps que l'usage des sarco-
Immédiatement à côté du grand mo> phages.
nument se trouvent de nombreuses
chambres sépulcrales variées de trrnn- HOROiains PBi[T»infs.
deur Pt de forme, et qui confiriiu iit la
pensée que cette importante sculpture A un demi-mille de cet endroit, on
ataitcioelquecbote de sépulcral. On ne remarque un autie monument, sculpté
saurait décrire la forme bizarre et ac- tout à dans le caractère de celui
fait
cidentée de ces rochers ponceux. dont que nous venons de décrire, mais qui
les sommets représenlent des tours et uialheureuseineut ne porte pa:> d'nis-
des forteresses qui paraissent sculptées crlfrtiou. Il est situé à huit mètrea au-
ptSt la main des hommes. Leurs parois dessus du sol, et sa base re|)ose sur uu
sont percées d'une infinité de cellules rocher vertical dont l'accès est difUcile.
communiquant h des chambres plus ou Le centre du monument est occupe
moins ornées, mais qui ne portent pas par un tableau uni, entouré d'une bor-
d*une manièreévid ente lecaractère d'une dure qui se composa de carrés dans les-
même époque. La plus iiratide de ces quels sont inscrits quatre petits carrés
salles se trouve maintenant ouverte par en relief et disposes suivant leur diago-
feffet de la chute du mur de face. Son nale. Au-dessus de cette bordure régue
ifbnd était décoré de solhras : ce sont une frise d'une sculpture élégante,
C' seub ornements qu'on y rencontre. composée de pjimettes renversées, qui
Plusieurs de ces chambres sont voûtées alternent avec des espèces de glands ou
en pieio cintre ; il y en a d'autres dont de pommes de pio. Les rampes du
les toifs fbmient deui appentis; mais IraDlon aont égaleoient oméssde petits
on n'y trouve point les indices d'une carrés en relief, et le sommet se ter-
sculpture contemporaine des grands mo- mine par une double volute, dont le
numents. Une inscription grecque , la dessin parait tout à fait particuhcr aux
Mule qui se remarque au milieu de ces Phrygiens. Dans ^intérieur ëtt ftoBtMl
oomges eorienx, ue paraît pas remon- sont des flgures quadrangulaires dont
ter au delà des temps chrétiens. On ne le but et l'emblème nous échnpprnt
peut lire que les mots suivants : complètement. La largeur totale de
cette sculpture estde 8"",26.
Salut, hevreux, riche, |><irrni les dieox tt\e\én
dans le ciel ; car uou;ii Taiiuoiu, excrlleol chef Kn remontant environ un mille au
de ta (Mlrte, tu haMta eo ces liens ma pe- nord de la vallée, on découvre au mi-
lieu d'une forêt de pins un troisième
monument semblable , mais d'un tra-
Quelques-uns de ces tombeaux rap* fail plus fin, etportant dana aa frise,
pelTent la haute antiquité ^recque; les ainsi que sur tout le rocher environ-
portes sont généralement taillées d'une nant, une inscription écrite dans le sys-
manière assez rustique, et surmontées tème appelé bouxtrophédon; les lettres
toujoura d*im firônton ; ce qui, pour la ont<P,95dê hauteur, sont profondé-
forme générale, les fait ressembler aux ment entaillést et é^aan eonaerfition
tombeaux des Aizaniens et aux grands parfaite.
monuments phrygiens. Quelaues-uoes Ou ne saurait contester la haute an-
de ces chambres renferment obs aareo- tiquitéde ces earactères, qui ont la plus
pbaget taillés dans la masse mêOM^Ii grande analogie avec les lettntgrooqtNS

^.d by Googl
ASIE BilNEUAE. 41»

pHit irèhiiiiiMi « 0t mrUNil w(99t to


IflB DQUi boreoDi à en appelant
les décrire ,

mommiwiit appelé pierre de Sigée (1). fattaation des savants et des voyageurs
Le système d'écriture employé dans sur un art qui reste encore tout a fait
Qitte inscription était deja abandonné inexpliqué. I.orsque le voyageur anglais
plus de six siècles avant J.-C.; et la tan* qui le premier pénétra dans cette val-
fgat dont il nous reste an si ifaible spé- IM donna quelques indieatioDs topo*
cimen était, selon toute prohabilité, graphiques pour guider ceux qui vien-
celle qui était parlée dans le royaume draient après lui, il appela cette vallée
de Phrygie avant que cet empire fût Dogitaulou, pensant qu'il y avait quel-
envahi |Nir les Perses. S'il est diffidle que villad^ oe ce nom dans les euvi-
de tirer itn sens précis des inscriptions rons ; mais nous .ivons acquis la certi-
précédentes, la difliculté est encore bien tnde que les naturels ne donnent le nom
plus grande pour celle-ci , car presque de Du^lianlou qu'à un lieu-dit, où se
tons les mots ont une terminaiaoD trouvent également de grands rodiers
iMfbare complètement étrangère au psffoés de emmbres sépulcrales.
grec et appartenant à un dialecte pure-
ment asiatique, il est cependant [)0s-
sihle de diseemer quelques mots qui
GHERDËK KAU SI.

ont leurs analogues dans la langue


grecque. On lit tres-distinctement Kyr- LS AOGHEB DKS EPOUX.
saneson Cbersonnesc c'est le nom que
;

les anciens donnaient a l.i presqu île Bn remontant la vallée vers le nord,
avant quVIIc reciU le nom d*Asle Mi- toufoors dans une solitude complète,
neure, et dont siL'nilication est sans nous apercdmes un tombeau qui porte
doute la nH^rne qu'en grec. Les lettres tous les caractères de l'art grec. Sa
X, U, u étaient pas encure inven- façade se compose de deux colonnes do-
tées. Le substantif Materes et Taccusatif riques portant un entablement orné du
Materan paraissent aussi avoir leur cor- trifïlypht s et surmonté d'un fronton.
,

respondant dat»s le mol doricn Matlpe;; Les iilets du fronton et du larmier por-
mais la sif^nilicaiion de ces moti» epars tent des traces de couleur rouge ; mais
ne tend qu'à rendre encore le sens de en général, dans tous ces monuments,
cette inscription plus obscur. Le mot je n'ai trouvé aucune trace de décora-
Akenanotatos, qui se lit deux fois, est tion polychrome.
le seul indice qui puisse faire soupçon- En avant des chambres, qui sont
ner qo'une même destination était ré- complètement taillées dans le roc, on
servée à ces trois monuments dont iestyle a plao6 un portique de 4"',035 de lar-
est resté unique; mais on doit avouer geur, mesurée du uu du mur jusqu'à
s'il est possible de regarder la ni- l'axe de la coloooe. Deux portes sans
Sie
e centrale du premier comme ayant ornement conduisent dans deux cham-
pu servir de tombeau , rien deaembfable bres contiguës , et dans lesquelles on
ne se présente dans les deux autres. remarque les deux systèmes de sépul-
Le dernier monument, disposé comme ture; car Tune renferme uu triclmiuiu
les précédents, offre le cliainp d uu ta- funèbre» et l'autre des sarcophages. Il
bleau uni , entouré d*uoe' bordure com- paraît qu'à une certaine époque des fa-
posée de petits carrés renfermés quatre milles chrélirnncs se sont installées
à quatre dans des carrés plus grands. dans ces tombeaux ; car on y trouve
Le champ du fronton est e^atenient des croix peintes en rouge et d'autres
orné de ce quadrilatère , qui n*est pas emblèmes chrétiens.
nn oruement de fantaisie niais repré- ,
î,'»-ntre-colontv ment dti milieu Ctant
sente certninement quelque objet qui de 3'", 70, et les entre eolounements la-
est inconnu. téraux de 2"*, cette différence donue à
N'ayant aucun analogue connu dans l'ardiiteeture quelque chose de mou qui
rantiquité qui puisse BOUS guider sur ne plaît pas au premier coup d'œil,
la destination de ces monumenla, nous parce que l'imagination comparant cette
façade a celle des monuments cons-
(i) Chishull, AMi^» atiat. truits, n*est pas satiibile de voir tant

37.
420 L'UMIVERS.
de longueur dans Tarchitrave du milieu, au-dessous du sol une suite de salles
3ui a deux métopes et deux triglyphes rondes et de construction presque sphé-
e Dius que les arclutraves latérales ; rique, daus lesquelles on pénètre par le
mail il ne faut pas ooblier qae ce mo* sommet, et, dans le premier moment,
numeot est monolithe, et les artistes j'avais pris ces excavations pour des
qui l'ont exécuté ont pu se livrer h cette catacombes dont la forme me paraissait
innovation, sans craindre d*aùaiblir la neaumomssingulière, n'y trouvant point
portée de rarehiirete. Ced concourt à de sarcophages. Msis en panoaitnt lot
prouver que ce que nous appekmi villes de Lycie, et notamment Aspen-
beauté dans l'an hitecture nVsl que dus et Antiphellus , j'ai observé dans
rbeureux rapport de la solidité des ma- les A^ora un grand nombre de ces ex-
térbux ft?ee fa forme donnée à chaque cavations , quelques-unes même a\ec la
partie. pierre eirculaire couvrait roriftoe,
(|ui
Ce monument est excavé dans un ro- et je me ne sout au-
suis ass\iré quVIIes
cher isole de toutes parts et qui ren- tre chose que des silos destinés à serrer
ferme différents sépulcres de moindre le grain. Cet usage , si commun parmi
dimension. Il nVxiste aucune inscrip- les Arabes, était usité dès la plus naute
tion qui puisse guider sur la déterminn- antiquité chez les peuples asiatiques.
tion de l'époque ; mais le caractère de Quoiqu'on ne trouve pas de traces de
l'architecture se rapporte à un tenips ville dans ces lieux , ou a donc la cer-
postérieur aux sealptures décrites pré- titude que la vallée de Doglianlou a
cédemment. Le nom de Gherdek kaïa nourri a une certaine époque, une nom-
si, donné par les li.'ibitants vient sans
,
' breuse population , ut peut-être parmi
doute de ce qu'où reniarque deux les excavations pratiquées daus les ro-
ebambres sépalerales antiques, dana ebers s'en trouve>t-il quelques-unes qui
lesquelles, selon leurs idées, auraioit ont servi d*liabitatioii à ee peuple pri-
été enterres le mari et la femme. T.c mitif.
tuf dans lequel ce monumeut est sculpté Ihi vallée estcommandée par un roc
renferme une quantité notable de pierre isolé sur lequel s'élève une antique
ponce , et est d'une couleur beaucoup construction appelée Pismicli kalé si.
plus blanche que dans In pnrtie sud On y arrive avec quelque difticulté ou
de la vallée. La face de ce tombeau est 8ar un chemiu à peine tracé au milieu
orientée à l*ctt. La colonne qui est à es roehers qui semblent avoir été tail-
droite se trouve aujourd'hui en partie lés de main d'homme pour augmenter
rompue; mnis le chapiteau et toute la ladifficultéde l'accès. Les interv alles que
Krtie supérieure tieunent encore à présentait la conformation de la mon-
rehitrave, œ
qui produit un effet tagne ont été remplis par des eonstruc-
bitarre. L*ordonnaoee générale est d'ac- tions en maçonnerie faite avec des blocs
cord avee les rèL'Ie*; de rarcbitectiire irréguliers. Un escalier taille dans le
grecque, et décelé un temps as^ez pn- roc conduisait de plate-forme jus-
la
mitif, peu éloigné sans doute de Tepo- que dans la vallée et pouvait servir pour
que de rinvasion des Pênes. apporter des provisions dans la place.
Aucunetrace de citerne n'est apparente,
niais on doit croire que ce château a
CHAPITRE XXYL été habité à l'époque musulmane parce
gu'on peut observer des restaurations
nSmCB KALÉSI. laites à la liMe et en petits matériaux.
Pismich kalé si est sans doute un,
Jùi suivant la pente de la vallée dont de ces bourgs des Phrygiens qui étaient
la diraetion est au nord on arrive au défâ presque abandonnés au eommen-
lieu nommé Do$;hanlou , on n'y voit cement de notre ère. Toutes les monta-
pas de monument important mais,
;
gnes environnantes sont couronnées par
dans toute la vallée les rochers sont
, des furets de pins et leurs lianes sont
perforés par des milliers de ebambres. perforés par <rinnombrables ebambres
II y en a dont l'intérieur est orné de sépulcrnles: la vallée ( Sl arrosre pendant
quelques oaiiiona. J'arais remarqué l'hiver par un ruisseau dirigé vers le

Digitized by Google
AS1£ MINEURE, 421

une des sources de la deur, l'une est voûtée, le plafond de l'au-


Doid et qui est
tre e.st en forme de fronton. Le rocher
miêra de Séid el ghazi.
dans lequel est taillé ce louibeau est
eouronné par une plate-forme où l'on
CHAlTiHK XXVll. remarque des traces tlu travail de
l'homme, et qui donnent a supposer
TOliBEAOX DB YAPOL 0AOH.— COM- qu'il était fortifié de la même mauiere
BBIT. que Pismieh kalési. Aux endroits où le
rocher est brisé on a établi ime sorte
Nous remonterons maintenant In de parapet; celte plate-forme, qui a ime
vallée de Doghanlou jus(ju'au aiouu- larfieur suffisante s'elevc à ceut vmgt
ment de , pour
Mioiis suivre la route pieds environ au-dessus de la rivière.
tracée par M. R.Stewarl dansle yaëla de La disposition du rocher, qui est acces-
Yapul dngh, jusqu'au village de Com- sible de l'autre côté, ne permet pas de
bett où il a dm)U\ert plusieurs monu- penser qu'il y ait eu là un château fort,
ineiits iinporlanis de celle même pé- mais uu heu de résidence d*été des rois
riode phrvgienne. Apres avoir rejoint le de Pbrycie, nui avaient leur demeure
tombeau de Yasili kaïa on fait route
.
d'hiver dans la plaine de Yasili kaïa.
vers le sud jusqu'à Yapul dagh keuî, On remar(|ue des mafza^ins tailles dans
éloigne de sept kilomètres de Yasili le roc et uu conduit souteraiu pour le
ka!a. service des eaux , qui deseendait jusqu'à
Sur le flanc du rocher, et a une hau- la rivière.
teur considérable, on aperçoit un mo- Dans l'antiquité phi vuuMine, ce groupe
nument iunebre dont la porte est dé- de rochers avait certainement été dis-
corée de sculptures. La vallée est tr^ posé dans un but de défense, mais il ser-
irn gulière,elle a environ huit cents pas vait aussi de lieu de sépulture la der- :

delar}ie,un tombeaud'uneépoqup moins nière destination a été peut-être la

ancienne, taillé dans le rocher est situe conséquence delà première, quand le
un peu plus loin vers le sud-ouest en château fut abandonné, car on n'aurait
descendant la vallée, mais il offre un pu traiwpercer d'outre en outre le ro-
médiocre intért^t. cher pour établir le tombeau dont nous
Du côte de la vallée le tombeau venons de parler, quoique l'escarpement
principal est d'un accès difficile ou plu- du rocher ait concouru à la séeurité.
tôt presque inaccessible; mais en faisant D'ailleurs Fouverture pouvait étro ftei-
îe tour ou rocher par un chemin un peu knienl fermée.
p. us long, on peut arriver de plam- Sur la inèine face de rocher ont été
pied au sol du tombeau, devant lequel taillées dilïerenies grottes sépulcrales
on a laissé une petite plate-forme do- dont quelques-unes sont ornées de fa-
minée par la façade décorative, mais çades d'une style oriuinal. I.cs ruines
en réalité IVntrée du tombeau était de que i'on rencontre aux alentours de ces
l'autre côte de la roche. Ce monument, tombeaux indiquent que ce lieu a été
d'après ravis de M. Barth (1), est d'un habité dans des temps moins anciens.
très-grand intérêt au point de vue de Le village de Comhett occupe la
l'art, et certainement d une haute anti- pente nord d'une colline a l'ouest de
quité; mais les sculptures qui sout sous lai uolle la rivière forme un marais. Ce
letympan au-dessus de la porteontbeau- vil âge se compose de soixante maisons
coup souffert et sont assez difficiles à habitées une partie de l'année par des
reconnaître. ^î. Stewarl a cru voir tb'n\ familles Youroukes. Il offre un urand
chevaux daus l'attitude de l'adoralion intérêt archéologique par le iiomlire de
un autre observateur M. Mordmann dis- monuments taillés dans le roc qui se
tingue UM bonnet phrygien surmontant nnoootrent aux environs.
un pilastre placé entre deux (iLMues de M.Harth a (observé un monumentd'un
lions. I/interieur du rocher olfrc trois style particulier auquel il donne le nom
chambres scpucrales de moyeune gran- dé jSiche à ofirandes Cl j ; une ouverture

(r) Gcbet od«r Opfcr-Miicbe.


4SS
L^DNtVJSftS.

pi<»e aver art l.i façade représente une


,
Docbanlou

de différentes formes : c'est do moins


ce ces deux observateurs n'ont pas vu
.jMon peut eonjpcturer (I ). Toute cette les
vallée du temps de la splendeur de la
mêmes choses que M. Stewari; les têtes
de Méduse ne sont plus que des bou-
monarchie phrygienne devait présenter
chers; les Heures de lions et de
un magnifique coup d'oeil: cette excava- bœufs
sont a tres-haut relief; Tensemble
tion en forfne de
cheminée qui parait de
1 édifice présente la forme d'un peut
.surpr. ndre M. Harth
se retrouve dans
temple; les deux aigles qui sont daus
un grand nombn'de monuments taillés
dans le m
en Cappaduce, en Lycie et
en Pîirygie; son usage n*est pas encore
le fronton ont beaucoup
soutferl.
sujet de l'inscription, les deux vnv^L'eurs
Aa
émettent une opinion tout a fait inat-
bien delini, on peut eonje.-turer
qu'elle tendue : c'est qu*elie n*est qu'une imita-
était destinée a fairedes libations. tion de l'écriture aFeha1<|iw tracée
nous reste a décrire le par
Il
monument un visiteur d'une époque assez récente,
le plus remarquable de ce groupe, dé* et l'un deux va jusqu a dire qu'elle
réouvert |)ar M. Stewart et pubhé dans ne
remonte pas plus haut que le temps de
son ouvrage sur Us ntonumenls Phry-
Julien TApostat. Dans le Turbé voisin
giens (2). L'auteur a donne a ce monu-
de la maison de l' Atiha de Comhett se
ment le nom de tombeau de Solon, à
voient quelques sculptures de marbre
cause de ce nom qui se trouve au com-
qui sont de repoque romaine.
uiencetnent d'une inscription. Sur la
Malgré les divergenees d'opinion des
face voisine de l'entrée est sculpté un
observateurs qui nous ont transmis des
bœuf avec une bosse comme le zébu
documents sur ces remarquables ou-
de l'Inde 3) ; il se trouve figuré sur quel-
vrages, il reste un fait acquis à l'his-
ques médailles phrygiennes. Sur l'autre
toire, c'est que la vallée de Doghanloa
face à droite de la porte est un médail-
est bien la rétïion où vécurent les
lon représentant une téte de ^leduse; rols
de la dynastie phrvmcnne, et qui était
dans le fronton au-dessusde rentrée est
mentionnée par Straliou comme déserte
figuré un bouclier ayant deux aigles de
et abandonnée de son temps.
cliaque côté, enfin iui cartouche carré
qui surmonte la porte est orné d'une
sculpture représentant deux lions se
CHAPITRE XXViU.
recardant fnce face, et entre les deux
:i
ITINÉIAIBB DB K<DIZ A KABA HISSAB.
est une urne. Cette composition rappelle
avec une autre iiiouvemeul les deux
De Kediz à Ouschak. 48 kil.
lions de la porte de Myoènes.
Sitchanli. 108
Ce tombeau se trouve au village de
^ Kara bissar.
Combett et dans le voisin;i<ie de la mal-
sou de i'Agha. I/inscnpUou qui se iit tsekH.
Le Menzil bané, la compte huit
Poste,
(«) B«rtb Rdse, heures de marche de Kédiz à Ousdiak.
I. c, p. 95.
T.a route suit la direction du
(s) Joho Robert StewaH, OMfriplHm of sud, puis
inin»» îiiiricnf momimi iits, «iili insrrrplioiis du sud-est. Après une h ure de man fie
sUU existiiig in Lydia auJ Pbrjfbia, illiisira-
on arrive près d'une riMcre qui porte
ted wiih platct from skclehct nada on ihe ses eaui à THermus, elle prend sa
•pot., London, fol^ i84a. source dans le Mourad dagh, et s'appelle
(3) Cel animal uutsi ipprodnir dans \fs
t:\\ Mourad tchaï. C'est cette rivir 1 -;rie
bas-reKert du ihéitre d'Aizaiii ; il était sans M. IJamilton regarde comme le \' uta-
doute répaaén 4aw la oootrée à otUe époque ble Hermus. Le pays est bien culinc,
rivulco.
quoique les Tma aient toom» en ange

^.d by Google
ASIE 11 lEUEE. 4^.
lé ftVBtènw^M ftèMffCB, lit tcfnios ori*. arlésiai, mais n'y a point <le C>ilture
il
tivnnles sont si étendus, que cette roé» pour utiliser osa belles eaux ; elles roi'''
tliodc n moin«; d'inconvénient ici que ment un ruisseau oui va se jeter dans
dans les autres pays. La récolte consiste la rivière d'Ouscbak, qui est encore un
m blé M orge. Lu et lemtii mt argi* des affluents de PUermus. Cest là que
lettx Pt propice à la culture in pivot, M fait le partage des etux entre rUef
qui une des ridiesses de cf lté pro-
fait mus et le Banas tchaï cette rivière €Sl
;

vince. Les montagnes sont de nature une branche du Méandre.


schisteuse, couvertes d^ine maigre forêt Ëu quittant Ousciiak , ou a dix-buil
de pîm. Après deux heures de marche, heures de marebe à faire jusqu'à Sit"
on arrive au sommet de la montagne, chanli, sans traverser aucune ville; le
qui est un des embranchements du pays est cependant bien peuple et sur-,
Mourad dagh, qu'on aperçoit au nord tout bien cultive. Les nombreux vil-
avec ses sonmiets couverts de neige. De lages, entourés d'arbrsa et pourvus d'a-
oe point on jouit d*un spedade aussi bondantes fontaines, varient agréable*
beau qu'inattendu une grande partie du
: ment l'uniformité de la plaine, qui se
se développe aux resards; d un côté termuie par un bel horiz<^«n de mon-
Kyshduf
i s sommets de mlympe se con- tagnes. La culture du pavot occupe
ftmdeni avec le ciel; de Faiitre. le Tau- la plus grande paitiedu terrain, le reste
rus étend ses ionnuns chaînes hlciiâtres. est semé en blé et en orge; on y fait peu
A l'ouest la vue s et- nd jusqu'à Aïdin et de tabac, et la récolte de la soie est nulle.
presque jusqu'il Smyrue ; on a sous les Les moutons ti grosse queue, dits cara«
pieds le pays qu*OD vient de traverser, mauli, forment la totaUlé de respèee
Oiululé comme une mer furieuse; pas ovine II est extrêmement rare de rencon-
une trace d'habitation ne s'offre à la trer la variété à longue queue: en effet, la
vue solitude et nature sauvage; rien qui
: masse de graisse produite par la queue
rappNelie la présence de rhomme;eecol dés caramauli est pour les indigènes une
est à uue altitude de deux mille cent récieuse ressource: elle remplace le
mètres au-dessus du niveau de la mer. eurre dans presque tontes les prépara-
La route descend ensuite dans un tions culinaires; aussi, maigre l'abon^
beau et frais vallon, oâ les caravanes dance dn laitage, le beurre en Asie
de rintérieur ont coutume défaire bahe. Mineure est-il d'une très^médiocn qu»*
Les montagnes qui forment le revers lité, mal fait et presque toujours ranee,
oriental sont de nature voU anique, mais attendu que pour le faire on se con-
.

d'une époque plus aucieune que les vol- tente de secouer une peau de liouc, une
eans de Koula. La lave est de nature ba- outre remplie de lait, suspendue entra
saltique, cassante, presque vitrifiée les ; trois perches.
pentes de la montagne sont couvertes de Après trois heures et demie de mar-
Sands blocs accumulés sans ordre ; plus che, on franchit une montagne argileuse,
In , le terrain est recouvert d'une eou- et Ton redescend dans une plaine qui a
cfaedpiisse de feldspath focdu: c'est ce environ six kilomètres de large et qtti
qu'on appelait autrefois la roche de est peuplée de nombreux villages. Le
corne. Ûo y trouve de l'obsidienoe village de Ahut keui, l'ancienne Tra-
nove(l). Au milieu de tousces terrains, janopolis, estsitué sur la penlB des mon»
on n'observe aucune trace de cratère. tagnes qui bordent cette plaine au noni,
Ce qui prouve la haute antiquité de ces et a trois bcvres de la route de Karo
formations, c'est que presque partout hissar.
la végétation est abondante. Le terrain En suivant la vallée^ on arrive au vil-
volcanique est remplacé par le grès, à lage de Osman keui bât) au pied de la
l'origine de la vallée d Ou>-chak ; une pente nord. Ici la vallée se resserre con-
belle source prend naissance entre les sidérablement ; elle n'a pas un hilomètre
couches du gres ; elle arrive a la surface de large. Sur la pente opposée est une
du sol en bouillonnant comme un puits source d*eau minérale chaude; les ia^
digènes en font usage, mais leur établis-
( I ) Voy. UanillOB , ÂMtu-ehts, gtc^ |. J^tr, sement est tout rusti(|ue: les baignoires
p. 109. ^ut des trous creusés dans la terre, et

Digitized by Google
4M L'UMVKRS.
la salle des bains est formée par des f;ions [) resentent des phénomèod; géo-
brenehei d'arbres plantées en terre et offiques qui ne se retrouvent en aucun
tissées en forme de daie. Tout ee pajrs autre lieu du globe. La nature de ces
est abondamment pour^'u de sources; trachytes est assez uniforme la couleur ;

mais la plupart n'ont pas un écoule- change du violet au bleu leur dureté ;

ment faetle et forment des marécages dépend du plus ou uioins de conserva-


aux environs. tion du feldspath , qui se déoompose à
On fait halte nu villa$;e de Karn keui, l'air. Ces formations singulières sont
aprèsune journée fatigante de dix heures surtout remarquables aux enviroiLs du
de marche; le lendemain on a encore village de Tchakeu, le deruier que Ton
boit heures de poste à faire avec les rencontre avant d'arriver à Kara hissar
mêmes chevaux jusqu'à Sitchnnli, vil- ici la culture du pavot absorbe toutes
lage où se trouve le Menzil hané. les autres nous .irrivons en effet au
:

Sitdiauli est située dans une vaste centre de la culture de cette plante ; aussi
plaine où les anciennes armées se sont les indigènes appellent-ils la ville :
souvent rassemblées ; sa position corres- A phouni kara bîssar, le cbflteau noir de
pond au Campus mctropolitauus. A la l'opium.
suite de ces plaines on rencontre un Maintenant que nous avons traversé
terrain marécageux d'une étendue de la Plirygie dans sa plus grande largeur,
plusieurs kilomètres, de l'est a l'ouest; nous ferons balte d.ins les principales
en hiver il est impraticable, il faut faire villes que nous avons rencouirées.
un loug détour au nord pour le frau-
ebir ; en été, la terre argileuse est fen- CHAPITRE XXIX.
dillée en tous sens il est couvert d'une
.

Tégétation d'iris blanc», dont la fleur est SEU> Kl. GUAZI. — PBYMAB8IA.
assez agréable. Deux villages s'aper^i-
?ent inr une baiitenr ; ils sont abandon- La
plaine d*&ski cheher, ou de Do-
nés en été, sans doute a cause du mau- r}Ié€, est bornée au sud par une rivière
vais air. Les habitants ont pour habitude qui coule de l'ouest à l'est et qui n'est
de disposer leurs récoltes en grandes autre chose que la branche sud du San-
meules, qu*lls reeonvrent d*une eouehe garius, dont le cours est obligé de soi-
de terre glaise; les foins se conservent vre la lisne des colliucs qui servent de
ainsi presque toute l'année à l'abri des contrefort au plateau central de la
pluies et de l'humidité. Phjrjgie
Cette plaine de Sitefaanli se termine Ce |)ays offre toutes les conditions
a l'est par un col montagneux qui la dcsirablês pour recevoir une population
sépare de celle de Kara bis.sar. Ici l'on noiiibrouse, un terroir fertile et des
commence à retrouver le terrain trachy- eaux abondantes; aussi dans l'antiquité,
tique doot la eonformatioo éat des pli» nombreuses dans cette
les villes étaient
intérf étantes; ce ne sont pas des cou- région. Les voyageurs qui Pont traver-
ches horizonliiles plus ou moins acci- sée ont reconnu pn^sque i\? lieue en
dentées, mais les abords de la route Ueue des vestiges d anciennes villes dont
aoDt converli de blocs énormes de tra- les noms ne sont pas encore déterminés,
ehjrtes superposés et appuvés les uns et lesauteurs mentionnent plusieara
sur les autres. Il y a des bfocs dont la villes comme Snntab.iri";,
Mnssiss.i.Zom-
base n'a pas plus d'un mètre carre et puSf etc., dont il faut retrouver la place.
qui s'élèvent à uue hauteur de sept ou La seule ville qui ait survécu à la ruine
huit mètres; ils sont entourés de blocs de toutes les antres est l'antique Frym-
plus petits. On ne peut e\|)!i()uer cette nesia. (ju'on appelle aujourd'hui Séïd el
singularité qu'en suppus.'iiit que les cp.m- Gli.izi; elle est bâtie sur la pente sep-
diements trachytiqucs se sont refroidis tentrionale d'une colline, et offre, il est
dans un agglomérat de tufs plus tendres vrai, bien peu de vestiges do la haute
«|ui auront été enlevés ensuite par V:\c- antiquité ; mais elle est demeurée célè-
lion des eaux. iVous arrivons dans un bre parmi les Musulmans comme \\m
pays uu les fait& de ce genre sont de de sépulture d'un des héros de leur
plus epà pbii roultipliéa, et ces ré- de SMi et Baital, Od le Mau*
histoire,

Digitized by Google
ASIE MWEURE 4S6

vais, dont le noos a étéoboogé en celui cet édi6ee était un eoavent bysantin ;
de Séid el Ghnzi, Séid le Couquéraot. les Seidjoukides v ont ajouté une écolCf
Il elait né à Malatia et fut tué dans et les Mewlevis derviches de Konieh y
une contre les Grecs eu 739,
t)ataille ont établi un couvent. Le tombeau de
sous lerègnedo calife ArouD'Ol-Rachyd. Séid el Ghasi est au milieu d'une cb«>
On peut être assuré que le caractère rs- pelle ou turbé ; il se compose d'un grand
lipieux de, l'antique Prymnésie l'a sau- sarcophage couvert de tapis et de ten-
vée de la destruction. Cette ville était tures dans le genre des tombeaux de
célèbre par le culte qu*elle rendait à la Broussa ; un autre tombeau placé à côté
mère des dieux et au roi Midas déitié; du premier, renferme les cendres d'une
c'est du moins rinductioii qu'on peut 1)rincesse désignée sous le nom de Kral
tirer des anciennes médailles de Prym- liz si, la fille du roi. Les fures don-

uésie. Au temple païen a succédé un naient le nom de Kral aux souverains


monastère byzantin avec une église; de Moscovie et de Servie : c'est sans
0*est cet édifice qui a servi de sépulture doute quelque fille d'un de ces souve-
à Séid el Ohazi, et qui depuis le liui- rains qui aura épousé un émir musul-
tieine siècle a toujours été soigneuse- man. Il est impossible de tirer d'autre
ment entretenu. leoseignemeiit du vieux gardien de ces
La ville de Séid el Ghazi n'offre par sépultures (1).
elle-même aucune espèce d'intérêt; elle Pour parcourir la vallée de Nacoléin
est dans un état de décadence qui prouve et le Yapul dagh, il vaut mieux partir
que les pèlerinages des pieus Musul- de Séid el Ghazi ^ue de faire un loiit;
mans ne suffisent plus à faire vivre sa détour par Kara hissar on est plus cer*
.

popnlMtinn .Nous avons trouvé dans tain de trouver des guides.


celle une inscription portant le
nom de ISacoléia; M. Barth et Mord-
IN! CHAPITRE XXX.
mann ont constaté dans la même loca- —
lité d'autres inscripiions portant éga- OUSCHAK. ACUONIA.
letiient le uom
de Nacolcia mais ils es- ;
La ville d'Ouschak est située au pied
Lunent qu elles ont été apportées d'un d'une colline tournée vers le sud, et
lieu voisin. Enfin une inscription por- commande une grande plaine qui s'é-
tant les mots « Le sénat et le peuple des
:
tend de Test à Vouest ; on y compte
Prymnésiens ont honoré Piililius Alia- quinze cents maisons, sur èoMpielles il
ous Kiger, mort encore jeune , » a dé- y a deux cent cinquante maisons grec-
cidé la question, et Ton s*aceorde pour ques; la ville otlre un .ispoci d'aisance
identifier Séid ei Ghazi avec Pancienne
et de propretéduesà l'espn i industrieux
Prvmuesia. Cette ville n'est citée ni par de ses liabitants. Les maisons sont bâ-
Strabon m
par Ltienne de Byzance;
ties en briques crues; cette méthode de
Ptoléméc la met au nombre des villes
construction n'est pas due au manque
de la Phr>gie centrale : c'est à peuprès
de pierres* c'est un usage qui date de la
les seuls documents que nous oweot plus haute antiquilév-et toutes les villeé
les auteurs anciens. que nous allons rencontrer vers l'est,
Aujourd'hui Séid el Ghazi est le lieu même jus(}u'au fond de la Perse sont
de résidence d*un voîvode qui est sous construites de ia même manière, les
les ordres du couvenieinent d'Rski édifices publics sont seuls bfttisde pierre
cheher. Les habitants sont pour la plu-
et de briques cuites.
part livrés a l'agriculture, et vout passer Ouschak et Roula et deux autres
nne partie de l'été an Yaëla. petites villes des environs ont hérité de
Le tombeau de Séid el Ghazi s'élève cette belle industrie qui fit la célébrité
sur la pente de la collinp, et domine la de la Phrygie : la fyirieation des tapis
ville. C'est un ensemble de bâtiments
s'est perpétuée dans ces pays depuis les
qui contient une mosquée à minaret, temps les plus reculés , grâce à l'abon-
un couveot de dervicbes et le tombeau dance des laines et des maUères tine-
du guerrier musulman. On y reconnaît toriales.
des constructions de différentes épo-
ques : il est probable que primitivement (i) Voyei la plaïuke 44*

Digitized by Google
426 L'UMVERS.
La fabrication des tnpis est prrsijiio tres et demie te pic; ainsi un tapis (!••

exclusivement entre les innins des fem- 3 mètres sur 1"\65 coiit.iit 21 IVjuim
mes grecaues ; les moyens d exécution à Constantinople, et a Smyrne ou les
Bont extrêmement simplee : un grand vendait alon quatorze piastres le pie.
châssis vertic.il porte lo clmîoe, qui fst En IA87 ils étaient à vingt piastres, et
tendue par une traverse de bois; uney- la qu.ilité diminuait; aujourd'hui ils
Undre placé dans le bas sert à rouler le ont presuue doublé.
tapis à mesure qu'il est exécuté , les On voit que c'est une erreur que de
femmes sont à genoux devant latrome; donner à ces produits le Dom de tapis
le (Ics^^in du t.ipis se compose d'une de Smyrne il ne s'en fabrique pas dans
:

quantité de Gis de laine qui sont noues cAXe ville. Il est une autre espèce de
à la trame par un nœud couljnt, la tapis appelée dans le pays sédjadé,
chaîne se passe ensuite à la main , «t petits tapis de prière qui pn>sent en Ku-
les lils sont serres au moyen d'un «irand rope pour être des tapis de f*erse. Ils
pei>:ne de hois, on tond er>snite !<• f;ipis soDt aussi fabriqués en Asie Mineure, et
avec une paire de ciseaux. On ne sau- sont coniitis dans le pays sous le nom
rait se faire une idée de l'agilité avce de tapis de Gherdess. Nous ignorons les
laquelle les femmes choisissent leurs détniis leur fabrication; ils sont re-
couleurs et nouent leurs lames; In ma- marqu hles prir la (inesse du tissu et la
nière de travailler est si simple qu'en beauté des couleurs , mais leur prix est
peu de jours une ouvrière peut être Juatre ou cinq f )is plus élevé que ealin
lormée ; mais il nVn est pas ainsi de es tapis d'Ouscbak.
l'exécution du dessin qui est pre5que T.n population représente environ
toujours exécute de mémoire par l'ou- quinze mille habitants, dont les deux
vrière , voilà pourquoi les tapis d*orient tiers sont de raee torque ; les Arméniens
présentent souvent des incorrections de n'y comptent que pour deux on trois
dessin. Cliaque ouvrière n'exécute d'or- cents familles, le reste se compose de
dinaire qu'un seul dessin, elle sait de familles firecques, presque toutes .idon-
mémoire le nombre de ses fils et com- nées au commerce et a riiiUuslrie.
bien il en faut pour ebaifiie couleur. Les Turcs sont les propriétaires ton*
Lorsqu'on veut exécuter quelque dessin ciers.
nouveau ou de conunande, on étend l a forteresse qui domine la ville pa-
derrière le cliâssis une toile sur laquelle rait tout à fait disposée comme une an-
est dessiné le modèle : les ouvrières atta* cienne acropole. Yen la fin do siècle
ehent les laiues sur chaque couleur eor^ dernier, tin déré bey, du nom de Iladji
respondaute. Mourad Ogiou, tenta de se rendre indé>
'
Dans cette méthode de labrication pen laDtf et fortiûa le château, qu'il avait
le tapis ne orésente sous Ici pieds que appruvisioiiné de vivres et de munitions ;
lesteies des laines, la chatna et la trame mais Kara Osman Ogioa d^Aïdin vint
sont préservées; on comprend alors l'assiéger, et comme il ne pouvait s'en
que la durée de pareils tapis soit iodé- rendre maître ouvertement, il pratiqua
lioie. des intelligences dans la place, et io bey
Les ouvrières ne gagnaient en 1884 lut livré à Kara Osman, qui envoya sa
que douze francs par mois, six ouvrières t^te à Constantinople.
travaillant à un tnpis de quatre mètres On ne voit dans la ville d'Ouscbak
de loug fout par jour ciuq centimètres aucun débris de grand mouument, mais
d*ouvrage. des fragments d*arebiteeture en marbre
Kn 1834 le ftbriquant vendait le tapis blanc sont extraits journellement du
velouté dix piastres '2 f. 70 c. le pic sol, encastrés dans les murs des maisonf
((P,03 ceuti.) carré, ainsi un tapis de ou transportés dans les cimetières.
^,80 sur 6", 30 coûtait mille piastres M. Wagener, profesaevrde Tonivei^-
on Î70 francs. Ces tapis veloutés sont de Gand, a trouvé près d*une fon-
sité
ceux de première qualité; on en fabri- taine unmonument intéressant c'est :

quait aussi à points carrés, dans le un bloc de marbre percé de cavités


genre de la tapisserie au cannevas., qui sphériques de différentes dimensions, et
sont vendus par le tUiriquant six pias- qui ne partit être autre chose qtftm

Digili^uu Uy x^oogle
ASIE imiBURE. 4ff

étalon de mesures pour les liquider (1). vert de terres végétales qui sont en par-
Quelaues ioscriptions, presque toutei tie eultivées.
tumulaires ont été copiées par des voya- La nécropote se compose d*une in-
pfurs; «'OS monuments .siiflispnt pour finité de chambres sépulcrales donr
iju'ou puisse eoiiMdérer Ouschak coinine quelques-unes sont inaccessibles, les
ocenpent femptooement d*iiiie ville an* plus grandes ont une sorte de vestibule
tîqne. M. Leironne rassiniilait à Tan* ou de portique ouvert, une porte en
cicnne Eucarpi.i cette ville appar-
1 -,
pylône conduit dans l'intérieur.
tenait à lajuridictioa de Synoada. Ces chambres sont pour la plupart
carrées, il y en a plusieurs qui se corn*
CHAPITRK XXXI. muniquent et qui sont séparées par un
mur percé de fenêtres. Une de ce»
tLBSLBB KAÎA SI, RBCBOPOLB. *îrottes a laforme demi-circulaire et ,

tout autour sont creuses des trous pour


A douze kilomètres au nord-«8t y mettre les corps ; quelquefois le' sol
d*Ouschak , se trouve une nécropole est creusé en forme de petits bassina
conipo'îép d'un «îrand nombre He rhnm- comme pour v déposer des urnes. On
bres sépulcrales creusées dans le flanc ne trouve nulle part la moindre trace
des rochers, qui paraissent n'être autre de décoration ou de moulure , rien qui
chose que le cratère d'un ancien vol- puisse mettre sur la \ oie de l'époque oill
rnn. Ce lieu s'appelle llesler kaia si, le cette nécropole a dd être créée.
rocher d'Ilpslcr. Si Ton a recours aux tables itiné-
On suit, pendant une heure de mar- raires, on voit que l'ancienne Acmonia
che, la route de Rara hissar, on tourne était sur la route qui va de Dorylée à
ensuite au nord par des collines d'abord milles de la
Philadelphie, à soixante
peu élevées mais (jui prennent succes- première, au sud de Cotyœum. Ptolé-
sivenienl plus de hauteur. On arrive, mée (1) nomme cette ville entre Julio-
après une heure de marche, au bord polis (qui était sur la rive du Sanga*
d'un précipice qui a environ cent mè- rius) etEuménia, aujourd'hui Ichéklî,
tres de profondeur, c'est In vallée des position qui convient très-bien à llesler
sépulcres dans laquelle on descend au kaia si. Acmonia était une ville de Fhry- .

milieu des rocs éboulés. La forme du gie dont la fondation est attribuée au
terrain et la nature des laves indiquent roi Acmon; elle est mentionnée par
suffisamment que ce lie»i est \m ancien Cicéron dans son discours pour Flac-
cratère; la partie supérieure du sol est cus (2). Klle existait sous l'empire ro-
un composé de laves violâtres englobées main et appartenait au district d' A pâ-
dans des masses de cendre compactes; mée. M. Frans (S) était disposé à identi-
la mass.'de ces déjections est a-^sez éten- fier avec Acmonia le villaue de Ahat
due, une bauteu'- de ir-nte trois
et a keui; mais il a été démontre depuis que
mètres. Les rochers du côté de la vallée c'est l'ancienne Trajanopolis il est
:

présentent une surface absolument ver- d^ailieurs trop à l'est pour s'être trouvé
ticale; c*est dans ce tuf que sont taillées sur la roule de Philadelphie. Nous som-
les crottes; la couche inférieure est un mes disposé à considérer les catacombes
agglomérat de cendres grises. On peut d' llesler kaia si, comme la nécropole
arriver plus facilement au fond do era« de ranctenne Aenionia, quoique nous
tère en faisant un détour pour gagner n'ayons pour établir cette opinion que
ime «iraiide fente dans lequelle coule In concordance des distances géogra-
un ruisseau. phiques.
Du c6té du couchant les tufs sont
plus compactes et se décomposent moioa
(0 Lit. nii s.
tacilement, le fond de la vallée est cou- (a) S i5-i6.
(3) Vff nz fiinf In^chrifteii und fiinf 5ladl«
(f } Monument reproduit et interprété par in Kiriuaùfu. p. H.
M. Rggrr dans le tome XXT des méa. de
1.1 scM'. des nul, de Fr.
(() bœckb corpus, n* 3862.

Digitized by Google
428 L'UMVËKS
CHAPmifi XXXII. et de corniches, et quelques restes de
bas-reliefs.
AUAT ILEUi, TBAJAMOPOLIS. Le sommet de la colline au-dessus
du théâtre est couvert de ruines, mais
Laroute d*Ouscliak à Kara liissar, qui sont, à peu d'exceptions près, dans
traverse une riche plaine de trois milles un état trop nvnnrr de destruction pour
de large, où Ton cultive le pavot à qu'on puisse eu recounaître la destina-
opium; cette route passe un peu au tion première. Un autre petit théâtre
nord de Abat keai. A quatre milles est placé sur le revers de la colline; il
d Ouschak, on traverse le village ruiné ne reste plus que les fondations de la
de Iki ser.iï près duquel est un cime- scène et cinq ou six rangs de gradins de
tière turc, contenant quelques fragments la cavéa.
d*ancienne sculpture; au village de Sur le côté sud-ouest de la colline on
Tcliorek keui, à sept milles d'Ouschak, peut suivre dans un long parcours les
M. Uamilton a trouve dans le mur tie anciens murs de la ville, construits en
la mosquée deux inscriptions, duut ia grands blocs de marbre ; plusieurs |jar-
première eontenait ces mots : I.a ville ties ont été restaurées par les Byzantins,
des Trajanopolitains (I), ce qui le mit qui ont employé de nombreux frag-
sur les traces de la ville de Trajaiiopolis, ments «i'iircnitecture , et les sièges du
dont le site était inconnu ; cette ins- théâtre. D'autres constructions byzan-
cription avait été transportée du village tines, parmi lesquelles on remarque lee
de Abat keui. A onze milles d*Ouschak ruines d'une église, sont éparses dans
la route franchit, sur un Iotiî; pont de l'enceinte de la ville; à deux cents mè-
bois, la rivière Banas tchaï qui prend sa tres environ vers le sud on retrouve
source dans les montagnes au nord de les fondations d'un petit temple , dont
la plaine, et va se jeter dans le Méandre le plan peut être facilement tracé; il est
aux environs d'iscliekii. bâti de pierres grossières et dans les,

Ahat keui est à dix-sept heures de sul)slruclionssont deux cellules voûtées,


marche à Test d'Ouscliak-; le village, l'une est immédiatement au-dessus du
construit dans une vallée arrosée par un centre de la GeUa, et séparée de l'autre
torrent, est dominé par une colline sur caveau par un mur épais de pierres de
laquelle est bâtie l'acropole de Trajano- taille.
polis; le théâtre est établi sur le flanc de Au sud-eàt de l'acro^lc s'élèvent
la colline. Le mur du proscenium sub- deui tours demi-ctrculaires qui appar-
siste encore, et tout rédifiee est cons- tenaient au mur de défense; une route
truit en grands blocs de pierre en nssises pavée semble indiquer que l'entrce de
Réglées, mais dont les joints sont obli- cette ville elail de ce cùle. Les tombeaux
aues; e*estle genre de construction pseu> sont creusée dans le rocher, au pied de
isodomon. Les gradins ont été enlevés, l'acropole. Ils se composent de cellules
il ne reste plus que le creux de la cavéa, avec un snrcopbnf^e quelques-unes con- ;

rempli uar les débris du proscenium et tiennent de petites niches pour déposer
delà scène, dont il reste cependant quel- des urnes.
ques pans de muraiUea debout. Une des Les ruines de Ahat keui avaient été
salles latérales du proscenium est en- vues par M. Rennell, qui, n'ayant pas
core conservée, à rextrcmité nord-est; retrouve le nom de l'ancienne ville,
on y remarque deux portes dont Tune était disposé à les identifier avec Ao-
ouvre dans proscenium, tandis que
le monia. Aujourd'hui le doute n'est plus
l'autre conduit dans l'orcluslrc. La permis et il faut nécessairement cher-
.

scène, comme cela s'observe dans d'au- cber les ruines de cette dernière place
tres théâtres, était séparée de la cavéa ou plus il l'ouest c'est ce qui nous autorise
;

salle par un espace vide large de aii a les mettre dans le voisinage de llesler
mètres. kaia Peut-être finira t-on par trouver
si.

On observe parmi les débris, de nom- dans les ruines d'Ouschak quelque ins-
breux fragments de frises d'architraves cription qui levé toute incertitude à
cet égard.
(i) *H TçtummoMtm iiéXi«.

Digitized by Google
ASIE MINEURE. 429

kwmwu KAiA HistAB. quî t^yagçait peu d*atioéet aprèi Lu-


rns no. dit pas un mot de ces ruines,
,

La réiiionméridionale de la Phrygic dont ou ne saurait aujourd'hui discer-


est le ceutre de la culture du pavut a lier le inoiudre vestige. Le voyageur
opium , et la ville priocipale est déii* anglais mentionne une inseription qui
gnée par les indigènes sons le nom de porte le nom de Prymriesia (I). Mais on
Aphioum k.ira hissar, le chûleau noir est plus disposé a regarder Kara hissar
de l'opium; elle est .située a l'orieioe comme occupant Pempiacemeut de
d'une fçrande allée qui s'étend à Test Synnads.
jusqu'à Bel'^uadoun, et qui déverse Ses Au nombre des antiquités qui exis*
eaux dans le lac de Tcliaï gheul au sud , tent encore, il faut citer une statue de
de Belouadoun , Kara lussar est située femme drapée à laquelle manque la téte,
au pied d*un haut rocher qui s'élève à etune ligure de lion en marbre blanc,
plus de quatre cents mètres au-dessus œs deux morceaux de sculpture sont
de la plaine, et sur letjuel est construit sur le chemin ilu clinteau. II existe dons
un château du moye« âge. On y arrive différents quartiers de la ville, un cer-
par un chemin taUIé dans le roc, et taiu nombre d'inscriptions presque tou-
dont l'accès était jadis défendu par une tes mutilées, une seule paraît oontenir
infinité de tours et de bastions. A ujour- un décret émanant de l'empereur,
d'hui toutes ces fortifications tombent M. A. Antonin, les antres inscriptions
en ruine, et les pierres éboulées dans sont tumulaires. Cesl à Kara hissar i^ue
le chemin rendent cette routa presque nous avons observé pour la première
impraticable. La porte du cliâteau s'ou* fois des fragments de ce beau marbra
vre vis-à-vis d'un énornM» rocher qui blanc, veine de violet connu sous le
barre le passage; de sorte qu'il y a à uom de marbre de Syonada, et dès lors
peine assez de place pour faire passer nous eûmes l'espoir de retrouver ces
un cheval ou deux hommes de front, célèbres carrières.Un des blocs de ce
L'intérieur de la pliee n'est plus qu'un marbre sert de seuil à la porte d'un
monceau de décombres; on n'y trouve bain. Ces carrières sont distantes de
aucun vestige qui prouve que 'ce châ- Kara hissar de plus de trente kilomè*
teau soitauteriaur au\ temps byzantins. Ires.
Trois citernes profondes d'env'iroji huit Les monuments modernes n'offrent
mètres, et larges de cinq nirtrrs, sont aucun intérêt historique; il ne reste rien
creusées dans le roc. Dès Tau 1200, les du temps des Seidjoukides.
Seidjoutùdes s^étaient rendus maîtres La ville, qui s'étend depuis le pied do
de cette province, à laquelle ils donné- rocher jusque dans la plaine, est bâtie
rent le uom de Kermian ; le chef Othman en briques crues recouvertes d'argile,
la reçut à titre de lief, dans le partage et les maisons sont cou\^rtes en tec-
que nt le sultan Ala Eddin des provin- rasses; chaque maison se compose d'une
ces nouvellement con(juises, et à la véranda ouverte, derrière laquelle sont
mort d'Othman elle devint la possession situés les appartements. On fabrique
de son fils Orkban. dans le pays des feutres imitant ceux
A
défout de grands monuments an- de Pérse, la laine employée est d'une
tiques, on rencontre à Kara hissar qualité supérieure; elle se vend toute
d'assez nombreux vestiges d'antiquités, préparée dix piastres, 2 f. 70 c. l'oque;
pour être assuré qu'elle occupe em|da> I on ne la carde pas, mais on la met en
oement d'une ville antique. Si l'on pou- flocons au moyen d'un am dont la corde
vait s'en rapporter à la relation de Paul passe au milieu de la toison ; on frappe
Lucas, il aurait trouvé à Kara hissar sur la corde dont la vibration frise la
» quantité de ruines de temples et de laine et la rend légère comme une
palais où les colonnes étaient prodi- mousse.
guées (1). » La fabrication des armes estime autre
Il est bien difficile de croire qu'il n'a industrie qui avait jadis une certaine
pas été le jouet d'une illusion. Pococke* renommée ; mais qui aujourd'hui, est eu

(i) Lucas, Vofgt, t. t**/kk, 19, p. 143. (i) Pc^ke, TiweU^ A» p. S.

Digitized by Gopgle
430 ITOÎIVERS.
grande décadence elle ne se distingue
; CHAPITRE XXXOL
plus que n^r l'extrénie bon marche de
Ms produits, fusils et pistolets, qui sont SYNNADA.
achetés |iir ks nomades; pour vingt-
cinq francs on peut se procurer un Synnada était le chef-lieu de la
fusil. Phrvgie ceiitraU-. et reunissait sous sa
La culture de Toptuni est ia grande juridiction uu graud nombre de petites
oocupation des habitants de Rare bis- villes, telles que Doctmia, Beudos, Ana-
sar ; toute la grande plaine qui s'étend bura et Euménia. Elle devait 88 londa-
en avant de la ville est sf mee en navots. tien à un certam Acama};. qui après la
Les senuilles se font a la Ou de l'hiver, guerre de Troie vmt s'établir en Fhr} -
mais on peut foire une récolte d'automne ie, et appela autour de lui de nom-
en semant à du printemps.
la fin reux colons de Macédoine. La ville
On généralenient le pavot
cultive fut d'abord appelée Synnaia, nom dont
blanc à fleurs simples, f^orsque les fleurs le sens impliquait une assemblée de
sont tombées, des hommes et des fem- colons, puis par corruption Synnada (1).
mes vont dans les champs, et fendent Étienne de Byzance fait remarquer que
liorizonlalement la téte du p;\vot; il en le bourf,' Dociniia était très voisin de
sort une liqueur blan« lip qui se tige aus- cette ville. Strabon ajout»» (juehjues
sitôt et qui u est autre chose aue To- renseignements géograuhiques utiles
piuin. Le lendemain on va récolter cet pour oien déterminer la poettkm de
opium en grattant la plante avec un cou- cette place. « Synnada, petite ville, est
teau on en fait des boules de la gros-
; située a l'extrémité d'une plaine longue
seur du pomg, et ou Tenveloppe dans d'envirou soixante stades, onze kilo-
des feuilles de pavot : c*ist en cet état mètres', et plantée d'oliviert. Au^i
qu*U est livré au commerce. de cette plaine on trouve le bourg Doci-
Depuis 1832 le commerce de cette mia et la carrière de marbre synnadi-
drogue est un monopole du gouverne- que, comme le nomment les Romains,
ment, qui rachète sur te pied de cin- ^r chez les indigènes il se nomme Do-
quante piastres les 260 drachmes. Il âmite ou Docimec. Dans le commen-
est revendu au commerce sur le pied cement on ne tirait de cette carrière
,

de cent quatre vingts à deux cents pias- que des blocs de médiocre grandeur;
tres. Les habitants ue se plaigueut pas mais aujourd'hui le luxe des romains
do oe monopole parce quUls trouvent
, en tire des colonnes d*une seule pièce,
aans peine un débouche certain. qui se rapprochent de l'albâtre pour
Le (;rand cône volcanique qui do- la variété des couleurs, et quoiqu'il
y
mine la ville est le résultat d'un sou- ait fort loin nour voiturer de tels far-
lèvoment trachytique très^remirinialile» deaux jusqu*à la mer, on ne laisse pas
dont les Ifets se sont étendus a plu-
( de transporter à Rome des colonnes
Ékurs kilomètres aux environs. Il forme et des tables d'une grandeur et d'une
comme le centre d*un épanchement qui beauté sururenantes (2). »
a engendré autour du grand cône une CIcéron oéslgne cette ville sous le nom
aério de monticules de même nature ro* de Forum synnadense (S); il traversa
cheuse ees montagnes n'atteignent pas
, cette ville lorsque partant d'Éplièse il se
la moitié de la hauteur du grand rendit en Cilicie , en passant par Laodi-
cône; l'examen de la planche represeu- cée, et A pâmée.
tint le rocber de Rara hisaar fera focl- Manlius traversa Svnnada, en mer»
cilement comprendre la disposition res- chant contre les Gaulois; nous la re-
pective de ces éruptions Cl)* trouvons, ensuite nonifnée parmi les*
évéches de la Phrygie halutaire ; son
(i) Voyez la vue de Kara bi«s«i.Pl. «d.
nom rentre peu à peu dans foubli, dès
qu'on cesse d'exploiter ses carrières -

(i) Ét. BjfZ., vue. Synnada.


'
^) Strtbon, XII. p. S;;.
Oi'dd^AT, ai.
ASIE mIMëURK.
tioilt te retrouvons plus oue men-
ne lave; Pardie-est de forme ogivale. On
tionné par Paul Silentiaire, à roccaston retrouve dans la ville un certain nombre
ét ladescription de Sainte-Sophie (I). d'inscriptions, mais aucune ne men-
Bien des tentatives intructuenses tionne le nom ancien. 11 v a près d'uue
avaient été faites par les prét^dents ex- maison une grande cuve de marbre mo-
plorateurs de TAsie, pour retrouver ces nolithe, ayant dans l'intérieur plusieurs
carrières; nous fOmes plus heureux que gradins; les croix sculptées aux deux
nos devanciers et le à juillet 18S4 , nous extrémités indiquent que c'étaient des
ntrouvioDs le gissement de ces mar- fonts baptismaux à Tusage des Grecs,
bres, elles traces des immenses exploi* qui baptisent par immersion. Ce qui
tations qu*y entreprirent les Romains. tend à prouver l'ancienne importance
Nous savions par les itinéraires an- d'Kski kara hissar, c'est que nous y
ciens que Syunada était située sur la trouvons une inscription hononoriilque
toute de Doryléeà Apamée cibotos (3>; dédiée à FempereurS. Sévère Pertinax:
nous savions de plus qu'elle était voisine Lr\ ville honore le grand, le divin em-
des carrières de marl)re; il siiflîsnit de pereur, César Lucius Septinius Sévérus
retrouver soit daus la. nature calcaire Pertinax Auguste, Arabique. Adiabé-
des roontaffneSfSOitdans les raines des nique , Parthique, très grand, mettre de
villes de ct's parafes, quelqii - in iif 's la terre et de la mer. Ia'S anciens n'a-
de ce niarhrc facile à reooanaiire entre vaient pas rhabittwie d'éle\er de pareils
tous les autres. monuments dans les villa!;es.
avions retrouvé à Rara litssar
ffeus Cette autre inscription ap|iartenait à
im bloc de marbre blaoe, veiné de vio- un monument d'une certaine impor-
let, provenant de ces carrières; et tance répare par Kunionius. Cette ins-
nous avions apuris, en outre, que la cription u est pas antérieure au troisième
petite ville de fini iiara hissar, l*anei«i siècle de notre ère.
«Laia liissar, contenait une quantité de
Voici, vova^ieur, le Doonment élevé à 11 mé-
roines. Noua mtmes à profit ces ren- DDoin* d'un ex< fll< ni pastpiir t-t pn-dicafeur de
seignements. la parole divini'. Mnvïniioii l'avait IkiIi ,i\ec un
grand labt-ur: mais par l'<-flrt du temps ar-
TOversant dans la direetioD du nord il

temps
rivait a la dtcadi lice qui accompagne le
la plaine de Kara hissar, dont la largeur comme une servante. Alon EttOloniai, renou-
est de neuf milles ; nous atteignîmes les vrlant la cooklrucUoD eoflMM US savant et
eollines qui bordent la plaine, et nous noble isédMiii , rétalriissalt le eeisoisnt
coiiune il elait jadis, a cause de la gloin de
ftoMS eMore neuf milles pour arriver son aïeul, dont il a volontiers tiérité.
a Eski kara hiasar ; cette dernière ville
est donc éloignée de dix-huit milles D'après tous ces indices, nous ctious
géographiques, ou de treute trois kilo- disposé à assimiler £ski kara hissar
mètres de Kara Inssar; les eavirons de à l'aneienne Sjmnada; les earrières que
la ville' août joneliés de débris de mar- nous allons décrire n'en sont qu'à douze
Dre, parmi lesquels on reconuait le kilomètres, et le village de 8eid el ar re-
marbre de Synuada ; ou en trouve des préseuttiit pour nous le bourg Docimia.
bioes Imits aon équarris, dans les do- Cette' deterraidition n'a pas été ae-
tares dMehsflSps. Eski kara hiasar est eeptée par Cari Ritter. Il regarde Kara
située sur le penchant d'une colline vol- hissnr comme l'ancienne Synnada. quoi-
canique; c'est un bourg de très- peu que cette ville soit éloignée des car-
d'importance; mais elle occupe Templa- rières d'une distanoe de trente»eiiu|
eeoMnt d'une ville qui a dû être asses kilomètres. Eslii kara hiasar e«t Doei-
considérable, car ou en retrouve les roia, et Seid el ar reste innommé.
vestiges sur trois mamelons qui sont sé- 11 faut convenir que la plaine de
parés par une vallée , au fond de la- Rara hiasar, représente mieui la plaine
quelle eoule une rivière assez forte pour « de soixante stades » de Strabon ; mais

avoir motivé la construction d'un pont. le haut rocher est un caractère telle-
U est bâti partie en marbre, partie en ment tranche qu'on s'étonne qu'il ait
été passé 80U8 silence par le géo/^rapbe
(t) DanxièiDe pariie, ver» aoS. gree. Ai^ourd'hui la faraude plame ue
(a) Table de Peutiofar. pMduit plus d'oUviers ; il est leeoMMi

Digitized by Google
432 L'UJSIVERS.
4»nn le pays que cet arbre ne croît pas à celle du marbre de Synnada, et Tein*
à.ooe distaiioe de vingt lieues de la mer. ploi qu'en firent les riches patriciens,
dès les premiers temps de sa décou-
CHAPITRE XXXIV. verte, dt que les poètes citèrent le mar-
bre pbryi^ien comme remblème du luxe
LBS CABAIÈABS DB 8YNNADA. et de la richesse {!}.
Cette partie de la Phrygie Salutaire
La plaine qui eommunique avec la portait anciennement le nom de Myg-
vallée dans laquelle sont situées les car- donie; aussi le marbre de Synnadaes^
rières est fermée au nord et au sud par il quelquefois appelé marbre mygdo-
des coUiues volcauiques, dout la forma- nien. Ktienne de Byz^ce {2) et Sira-
tion est remarquable; elles sont compo- bon (3) disent qu'on lui donnait le nom
sées de globes sphériques et concentri- de Docimia , parce que ce bourg était
ques qui, par leur rupture et leur dé- dans le voisinage des carrières. Clau-
composHioa, foniieoisur le sol des lignes dien (4) l'appelle marbre de Synnada
courbes qu'on ne saurait comparer et Juvenal (5) marbre phrygien. D'w-
qu'aux ondulations de la moire. Il y a tres poètes ont a Teiivi chanté les beau-
quelques-unes de ces sphères qui attei- tés du marbre phrygien. Pour eux les
gnent un diamètre de trois a quatre taches de pourpre dont il est parsemé
mètres , et soRt composées de feuillets sont les traces du sang d Atys, dont
d'une épaisseur variable; dans d'autres Cybèle déplore Se trépas (6).
endroits elles ne sont pas parfaitement La description qu'en fait Strabon ne
sp))ériques, mais atïect(nit la figure laisse aucun doute sur l'identité des car-
ovoide; c'est ce qui donne aux sections rières que nous décrivons. Un elïet, la
sur le sol cette torme ondulée qui est variété de la roche fournit indistincte-
très-remarquable. Après avoir franchi ment et en quantité considérable un
cette éminence,quiapparlienta la croupe marbre d'un blanc jaunâtre, d'un grain
méridionale de la colline d*Eski kara- fin et très-cristallisé, qui cependant
bissar,on srrive dans une plaine arro- n'offre pas de résistance à la taille, et
sée par un ruisseau , et qui n'est autre qui répond à toutes les qualités qu'on
chose qu'un embranchement de la val- exiue (lans le marbre statuaire et <lans
lée de Syunada. Les carrières apparais- le marbre de construction. La situatioa
sent sur l'autre flanc de la vallée, et la de la carrière et le gisement de ce cal-
blancheur du marbre forme un contraste caire sont très-remarquables; il est
singulier avec les Lives noires des envi- cerné de tous côtés par les laves c'est :

rons. Toutes les collines qui précèdeol comme un îlot de marbre au milieu des
l'entrée des carrières ne sont compo- volcans. La roche n'est pas stratifiée;
sées t|ue ds recoupes de msibio; cela elle est très-compaele, mais traversée
seul donne une idée de l'immense éten- par de grandes fissures verticales, ducs
due des exploitations. La plus grande sans doute a l'action du feu, qui ce-
et la plus belle carrière est ouverte au pendant n'a pas altéré la roche. Géné-
coucMUt; elle est l;A-ge d'environ vingt ralement, surface de la roebe
c'est la
mètres, et pénètre à plusieurs centaines qui donne marbre blanc En entrant
le
de mètres dans l'intérieur de la monta- dans le cœur de la monta£5ne on en ,

On n'a aucun icUice de la proton- trouve qui est veine de bleu de lilas et ,
SQC.
eur des travaux qui se sont exécutés de violet foncé. D'autres psrties ont un
en contre-bas du sol, car il est entière-
ment couvert par des monceaux de re- HT, oJ. a. Ovid.,ep. XV.
(0 Hor., lil).
coupes. L'exploitation s'est continuée Tibidl., vu--. 5, Ub. XllL
sous les empereurs byzantins; mais
alors l'administration de ces carrières
M Aoxtii-.ov.
(3) Ubi suprà.
n'étant plus aussi régulière, on a laissé (4) Lib. II, in F.utr.^ •7I.
encombrer peu a peu par les débris les (i) Sat,, X.IV, 307.
voies de commumeation. (6) Martial, I. IX , 76, Siaee, I. I,
ep.
Il est peu de marbres , chez les an* Sylm. Garni. S, v. 36 ti*. II, Cano. s,
eiens, qui aient eu hm
célébrité égale V. S7.

Digitized by Google
ASt£ ^IMtUKE. 4S8
aspect de brèche bien caractérisé; mais la roche ou le prix de revient; car j'ai
ce ne sont pas les aisements les plus trouvé dans les ruiner du port d'Ostie
étendus, bien qu'ils tussent les plus es- des blocs de marbre brut sur lequels
timét; car è*ttt cette esptoe qae Pairi étaient inscrits un eertain nombn
de
Silentiaire (I) décrit lorsqu'il dit que la sesterces.
teinte générale élait d'un blanc lucide L'exploitation se faisait par le moven
avec des taches presque circulaires, des esclaves, dont le régime était réglé
d*uiM couleur roiê et violette. Une si par une loi (1). Il existe également un *

Kraflde quantité de ee marbre a été éditde Constantin qui, aprea Tabolition


transportée en Kurope par les Romains des jeux de l'aniphithéAtre condamne
,

qu'il en reste encore daus les villes d'I- aux carrières les chminels, qui primi- »

talie un grand nombre d'échantillons. tivement étaient condamnés aux bêles.


Les colonnes de l'intérieur de la basi- Le Gode Théodosien contient un pas-
lique de Saint-Paul liors les murs à sage curieux loi des empereurs
Rome étaient de ce nombre; elles Arcadius ^2) et Honorius, qui taisait
du tombeau d'Hadrien.
avaient été tirées grâce aux débiteurs des provmces d'O-
Ce fut probablement ce prince qui donna nent de tout ce quMIs devaient en na-
à l'exploitation des carrières de Synnada ture en espèces de cuivre, d'arL'eul et
,

un si grand développcinent car, sdus ;


d'or, excepté toutefois les entrepreneurs
Tibère, elles étaient a peine entamées. des carrières de Docimia, de Proconèse
Hadrien fit aussi constmire à Atlièoes et de Troas, auxquels la dette ne fut
un temple comnmn à tons les dieux, pas remise sans dtoute parce que Tétat
,

remarquable par cent vingt colonnes florissant de ces établissements indus-


de marbre phrygien , et entouré de triels leur permettait d'acquitter ce qui
portiques dont les murs étaient de mémo était dd au Use.
matière; c'étaient probablement des re- Toutes les voies antiques étant entiè»
vêtements (2). La statuaire employait rement détruites en Asie Mineure, il
aus5i te marbre pour les statues poly- est bien difliciUf de dire par quel chemin
cliromes, et Pausanias cite également les prodoita étaient portés a la mer. Il
comme des chefs-d'œuvre les statues des j a environ vin^t lieues de ce point
Perses soutenant le trépied de bronze ,
jusqti'n la vallée du Méandre, et, pour y
et qui étaient en marbre de Pbry^ie. arriver, il faut traverser uu pays hé-
L*exploitatiou de ce marbre a toujours rissé en tous sens de montagnes plus ou
eu lieu à ciel ouvert comme dans la moins rades. Méandre,
d'ailleurs,
plupart des carrières aririennes; la n'est pas navitinble, et à peine pourrait-
pierre était taillée eu banquettes à la il, au moyen d'un barrage, porter des

masse et au poinçon ; et Ton voit en- radeaux un peu considérables. C'est un


core sur la paroi verticale, des traces ai^et eonstant d*étonnement pour le
du ciseau formant des lignes parallèles, voyageur qui parcourt ces contrées de
en épis ou en arêtes de poisson. Lors- voir dans des bassins entourés de tous
que le bloc était détaché , on retendait côtés par des montagnes , des ruines si
Ms plaques en traçant une rainure -et en étendues avee des monuments de mar-
frisant de distance en distance des trous bre, des blocs d'un poids incalculable,
dans lesquels on introduisait des coins. et transportés de régions aujourd'hui
Cette exploitation n'est pas la seule tout à fait igporées. Quant aux alen-
qui ait été pratiquée dans ces roches: tours , il n'existe plus anoina trace de
on trouve dans la partie supérieure quel- grande route ni de voie de communica-
ques excavations qui ont dil fournir tion.
aussi du marbre. Il y a encore plusieurs La position de ces carrières étant dé-
de ces morceaux sur place. Les inspec- terminée d'une manière positive, il a*a*
teurs des carrières faisaient mettre un gissait da retrouver le booig de Doci-
chiffre qui indiquait ou le volume de mia.

(i) Description de Saiii(c-.So|i|iH- , uhi su- (i) God. Theod., Dt metaUaruê*

(•) Piusanias, AUique, lib. I, c. i8.

jr JUvraison. (Aaii MmiuiiB.) r. II. SS

Digitized by Google
4M . vxm
£b se dirigeanl Ters le sud, la vallée avoir été enchâssée dans une moralllo.
communique avec la grande vallée de Il paraît que le rez-de-rii;ius<-ée de î*c-
Kara hissar, et partout dans les villages difiee avait été bâti primilivemerit, et
on trouve des débris de ce marbre ^ que la partie supérieure appartenait a
mats rien ne pantt répondra à la posi- Hâqrchus , qui avait placé cette inscrip-
tion de Ooeimiat, qui devait être dans tion pour constater sa propriété :
le voisinage immédiat des carrières de
Synnada. Le village de Seid et ar, situé Apartir de la plaee 4e «lté Inaeriptlon, toat
qui sVlè>e rn liaut, a ^lo biiW par moi He-
à une lieue dt là vws le nord, reaiEèrnie Mciiu» i'aiue. ttv«cmi» eoiaaU, Puia&Uui «t
d*assez nombreux débris d'architecturo, BpiyhfMiliii, de notre vtapn avoir.
et les habitants sont presque tous logés
dans d'anciennes cbambreo j>euuicrales; . CUAPIIBK XXXV.
les plus srandes servant d'eeuriei. Il
est hors ae doutç que dans ea lieu fl a BBtVDOS TITUS. ahabuba.
existé r|uelque ville ancienne , car les
habitants attestèrent que tous les frag- IDucontinuant à marcher vers U
ments sculptés que Ton voyait dans le nord , après avoir quitté Séid el ar, on
cimetière et dans les niaiaOBB étaient ex- entre dans la région des grottes tailtéei
traits (lu sol même. Beaucoup de blocs dans le rocher il n'est pas un village,
:

de marbre brut sont epars dans ce lieu. pas une vallée où elles ne se rencontrent
D'après toutes ces considérations, il en nombre in(ini; à six kilomètres de
diait naturel' de regarder Scïd elar Séid el ar on arrive dans la vallée de
comme Tancienne Docimia. Kirk iun, dont les Hanes sont perforés
Uc grand rocher qui s'eleve sur ta d'une quantité lie grottes; elles sont sans
route est tellement transpercé par de^ ornement et servent de demeures d hi;
«elHiles aépnlttPiles 4|ue ik partie ert^- ver au.\ Yourouk. On s*ettfooce ensuite
rieure s'est éoroylée , et que clui(iue an- dans des solitudes sauvages, cheminant
née il s'en ébouljg quelque partie, l^s presque au hasard par des chemins non
chambres sont sans aucune espèce d'or- iraycs. Après avoir inarche ainsi vingt-
nement ; elles renfermant ordinairement quatre kilomètres droit, ao nord, on
trois cercueils taillés dans la masse même arrive au pied de la montagne que cou-
du rocher, et au-dessus est une petite ronne le cn,1teau de Hayat, Heudos vê-
nielle, sans doute pour poser uue lampe. tus. Ce chû^eau n'est mteressant que
Quoique toutes les partiea de l*oi|r comme poin^ géographique , car toutes
mge ne contiennent aucune iasfliii^ les constructions sont byzantines ou
tion , et que la sculpture soit sans or- musulmanes. 1^ village dè Bayai en est
nement, tout porte a croire, par l'ana- {)roche; U ^t. inhabité pendant l'été,
logie qui exiate entre cea mwnpanta es paysans vont au .Taêla.
«t d'autres mieux caractéricéa, .qu'ils
'

la village de Ion bazardjik est sitAé


fîont fort intérieurs à l'invasion romaine,
, dans ui f belle vallée ombragée par une
et peu éloignes de Tepoi^ue des rois de forêt de pins c^t de géoevriers, on y voit
Plirygie. de nombirenseï diamlnes sépulcrales.
Le sol do la contrée prêta menreilleu- Ici les portes sont déeoriM de frontons,
sement n ce genre dp travaux ; e'e^l un les chambres sont couvertes en forme»
tuf as«e/ conï|)a(le, n'ayant point de de toit. Il y a plus d'art dans la manière
lits, de sorte qu'on. peut exécuter dans dont le rocher est travaillé, mais aucun
la maaaa des ouvrages aussi étendus que indice ne peut mettre sur les traces de
Ton veut. Ctette formation d'agglomé- l'époque où elles ont été creusées.
rats volcaniques s'ét< nd indéfiniment à Inn bazardjik est voisin du Yaëla,
l'est et au upid, >m>qu'au village, de des habitants de Bayât , les voyageurs
SeM el Ohaai., ranoieiine mnmesia qui visiteraient ces cantons pendant Télé
I/inscription suivante s» ' vint près feraient bien rie se diri'jer sur ce pre-
d'une fontaine située sur le rhemiinpii mier village. Rien ne représente mieux
mené d\i village d'I^ki kara inssar aux l'aisance de la vie patriarcale, que ces
•aiî^àNa de.niaclite.^Pefftc^ière- dèmeurfs d^été où tous les habitants
ment tracée sur uiio pinqnc qui sembler d*un vilhigf», rich(»s coiprae pauvres ont

«

Dlgitized by Google
ASIE MIKEOBE. 486

leur maisao de campagne, faite Ue^ ar- sur Mazaca, passait aussi par Philome-
breiatettai étm la forM voisine. Les lium (1); toutes ces conditions topogra-
troupeaux de boeufs et de chevaux er- phiques ()ermettent d'identifier la ville
rent à l'aventure , et \p snir tout cela d'Ak checher avec l'ancienne Philome-
vient se grouper autour de i enceinte qui lium. 11 ne reste des ruines de l'an-
leur est réservée. .
cienne ville que des débris informes de
Les eaiMMS tMUt composées d'énor- murailles, et quelques fragments d'ar-
mes pins entiers couchés les uns sur les chitecture épars dans les rues, on a ce-
autres, et couvertes en pJanclics légères. pendant recueilli quel(|ues inscriptions,
Tous des environs sontdes
les roctier.s mais aucune ne mentioune le nom de
tnfs volcaniques propres à creuser des la ville ancienne.
Akehelierest construit au pied d'une
Après avoir fait douze kilomètres au muntague ; la ville occupe une grande
nord on arrive daiu> ia vallée de Ak
,
étendue de tarrain «t aat entourée de
kilissé, Péglise blanche; ce lieu ne vastes iardins. Les rues sont étroites et
lenferji e aucun monument de haute encomorées de ruines; les mosquées
antiquité, mais il est irès-unportant mêmes ne sont pas entretenues. Le
comme point géographique, attendu tombeau du Santon Khodja Nour Eddin
qu'il marque la place d'Attaburt, où est situé dans le .faubourg de Touest.
C'est un turhé ou chapelle sépulcrale
campa Maniius après avoir auitté Beu-
dos vêtus. La vallée est ombragée par entoure d'une coluauade qui supporte
une u)agnifîqoe forêt, et dans un élar- la toiture; lescolonnes ont été prises à
gissement formant une sorte de drqne d'anciens moauntents. Le cimetière
s'élèvent les raines d*an édi€oe, byzan- voisin est rempli de dehris d'architec-
tin. nue les nomades appellent Teglise ture antique qui prouve que raucienne
blancno, Ak kilissé. Il se comuose d'une Ak cUeher était une ville d'une certaine
vaste salle voûtée, et au-oessous se iOBportance.
trouve un eavean rempli de décombres ; A six milles au nord de la ville est
plusieurs vestiges d'autres édifices, qui un grand lac dont la position concorde

nvritertiirnt un examen plus delnillè, avec celle du lac des quarante martyrs,
sont épars aux environs ; quelques dé- mentionné par Anna Comnène comme
hru (nnaeriptiooB témoignent ce qw {>lacé entre Polybotum an nord et Phi-

lieu a été un centre de population avant omelittro au siîd.

Tempire byzantin. Sa distance de Bayât,


qui est d'environ seize kilomètres , et CHAPITRE XXXVI.
surtout la direction de la route, la seule
par laquelle on puisse se rendre sur les
BUMBNIA— ICBBKLI
Frontières de la (ial;itie, donnent la cer-
titude que ce lieu ne peut être qu'A-
Euménia était une des principales
villes de la grande Phrygie; elle fut
nabura. Une belle source coule dans la
fondée par Eumène, roi de Pergame,
vallée; elle va rejoindre à deux milles
qui lui donna son nom. Les auteurs an-
de là un ruisseau sans nom aujourd'hui,
ciens ()) se contentent de la mention-
qui est sans doute le fleuve Mander.
ner ; elle est comprise par Hiérodèsdans
Les montagnes qui sont au nord for^
la notice des villes épiscopales. Ce sont
ment la frontière de la Galatie. Il en
tous les reuseiguenieuts que uous four-
sera question (]iiand nousseroiis aitlvés
nissent les auteurs ; mais le^ ruines d*Ca-
à cette province.
menia ont été retrouvées au village
d'ichékli, et le grand nombie d'ins-
raitoMBLiim.— AK cmm. criptions qu'elles ont produites suppl^

Philomelium était une petite ville de laidement au silence des historiens.


la Phrygie Paroree sous ia juridiction
Geiime toutes les grandes villeid* Asie,
de ^mnada. La carte de Peutingér la
met au sud de celte dernière ville sur (i)Strabon, XII,576; Bnfrop»liv.iy,ch«
la grande route de iappadoce. Uoeautre
(
»; Pline, liv V, ch. tg.
route partant d hphese et se dirigeaut (a) Slrabou, XIV, 6t)3.

Digitized by Google
496 LUNiVfiRS.
Euniénia était administrée par un dou- plaine bien cultivée à laouelle succède
ble conieil du sénat et du peuple; elle une lande pierreuse et déserte, bornée
avait reçu le titre de Sébaste et des , au sud par une chaîne de collines ro-
jeux pulilics étaient célébrés le jour de cheuses.
la naissance d'Auguste, sous la prési- Du haut de ce col on jouit d'un vaste
dence du prooonfol d*Asie, à rfinita- panorama c|ui s*étend sur les plaines
tion des jelix aufzustaux de Rome. Les d'Ruménia à l'est, etd'Apamée à ouest ; I

courses aux flambeaux présidées par on descend ensuite dans la plaine


un Lampadarque sont mentionnées daus d'khékii à deux heures au sud de cette
uDe autre inaeriptioii en même temps coltine. Le village est situé au pied
que de
la pré^trisf^ pMeon
temples de d'une montagne rocheuse sur laquelle
Diane, ri'Ksculape et de la mère des était construite l'acropole; cettemonta-
dieux ,
Agdistis. gne est séparée des hauteurs voisines par
Les habitants d*Ruménia, eomme une vallée étroite qui donne naissance
ceux de Phocée, avaient pour usage de à plusieurs sourcés dont les eaux se
compter les mois par un simple nu- réunissent en un torrent qui forme des
méro d'ordre. La pdpulation était divi- marécages avant d'aller se jeter daus le
sée en tribus. M. Bamilton a rapporté Méandre.
Pinscription du tombeau d*un seroeio* M. Hamilton eoDiidère ce cours d*eau
graphe (est-ce un libraire ou le graveur comme le Glaucus mentionné par Pline,
des inscriptions municipales ) nommé et tranche la question coulroversee pur
Aetiaens, de la tribu Atbémlde, qui leeolonel Leake,qui regardait le Glaucus
s*était fait eonstruir» de son vivant un eomme une rivière de Carie (l). Rn fait
toml>eau avec un monument commé- do monuments dienes d'être observes,
moratif au-dessus (1). il ne cite uu'uuc excavation taillée daus

L*empereur Mare^Aurèle fit faire de le roc, «levant laquelle sont les ves-
grands travaux d*utilité publique dans tiges d'un portique. Un grand nombre
la ville d'Kuménia, et les habitants le de colonnes et do piédest.iiix sont répan-
remercient de ce bienfait par une ins- dus dans la ville et dans le konac de
cription honorifique. l'a^a ; le village contient deux cent
Les ruines d'Rùménia ont été obser- cinquante ou trois cents maisons dont
vées pour la première fois par Pococke le plus grand nombre est occupé par
*lu village d*Iehékli, mais elles n'ont été des Turcs.
bien déterminées qu^après les recherches
6lles ^r Arundell, qui rapporta plu- CIHAPITRK XXXVII.
sieurs inscriptioni eontenantle nom de
la ville. LAOOICBfi 8UB LE LYCUS. — SSKI
Icbékii est située à onze heures de HI8SAB.
marche, au sud-eod-est d'Ouschak ; on
fait d'abord trois heures de marche dans Auliocbus Soter, en fondai:t un*'
une plaine nue, jusqu'au village de ville nouvelle sur les bords du Iatus ,
Yapal ; uue heure après on franchit ia lui donna le nom de Laodicée en l'hon-
rivière Banas tchaî, et Ton fait halte au neur de sa femme Laodice. Ce fut d'a-
village de Sedjikler; on a fait depuis bord une plaee de peu d'importance;
Ousrhak six heures etdemiede marebe mais l'excellenre de son lerriloire et
ou trente-ueut kilomètres. D'après une l'esprit industrieux de ses habitants ac-
Inscription eneastiée dans le mur de la crurent insensiblement la fortune de
mosquée de ce village, M. Hamilton a rnndicée, qui, sous le règne de Tibère
constaté qu'il occupait l'emplacement était devenue une des plus belles villes
de l'ancienne Sébaste. Il ne signale en de ia Pbrygie (2). Plusieurs citoyens
ce lieu aucune autre raine importante. opulents lui firent des donations impor-
De Sedjikieron fait une heure de marche tantes; Strabon eite Hiéron, citoyen de
jusqu'à Bourges, village situé dans une
(t) HamiKori. I. C. T. Il, 164; ArundHl,
(:) Mvc(|i£iov aùv xi» ^itû, Haniilluo, Sfveu C/turcfuSf ft. a J7, notf* p. 3ay.
MMÊtnktê, t. n, iase. 366. <«) Stnboo. XII, S7t.
4S7
r^odicée, qui emliellit la ville de pis- debout; une inseriptioii placée sur la
sieurs monuments , et lui fil w
outre porte principale gravée en grands carao-
présent de deux mille talents. téres est ainsiconçue :

I/oraleur Zenou et son tils Polémon A l'empereur Titus César Auguste


furent du nombre des bienfaiteurs de Vespasien, consul pour la septième fois,
leur ville natale ; le dernier fut proclamé fds du divin Vespasien et au peuple,
roi sous Auiîuste, et régna sur cette Wicostrate, le plus jeune des fils de Lu-
partie du Pont qu'un appela Pont Po- cius '^icostrate , a élevé ce théâtre de
lëmoniaque. Pendant la guerre de Mi- marbre blanc, à ses propres frais; bod
thridate, Laodicée fut exposée à tous héritier Nicostrate a fait achever ce qui
les malheurs d'un siépe, et fut en partie manquait a ce monument. Marcus Ul-
détruite; aussi la plupart des monu- pius Trajan proconsul l'a dédié.
ments dont on peut encore observer les Cette inscription se rapporte à l'an
ruines ne sont-ils pas antérieurs à Té- 79 avant notre ère. Le proconsul d'Asie
poqne romaine. Il en est de T.aodicée était le père de l'empereur Trajan. Plu-
connue de la plupart des villes fondées sieurs observateurs oui confondu ce
par les rois grecs : c'étaient d'aneiens monument avee un amphithéfltre; c'est
centres de population dont on chan- une emur que l'on commet souvent.
geait le nom. Selon Pline, Laodicée Le monument est bien un stade ou hip-
s'appelait primitivement Diospolis et podrome destiné aux courses de che-
Rolia,,san8 doute à eausedes nombieu- vaux.
ees rivières qui Tentouraient les fleuves
: Les autres édifices consistent dans un
Asopus et Claprus se réunissaient sons gvmnase dont le plan pourrait ôtre re-
ses murailles et allaient tomber dans le levé presque en entier, deux ihctUres
Méandre. dont l'un peut être considéré comme
Les ruine»^ de Laodicée, appelées un odeum ou théâtre de musique. IiCS
aujourd'hui Kski hissar, le vieux chd- alipnements des rues sont mar(jné^ par
teau , sont situées a six kilomètres au des p()rti(|ues et des colonnades dont on
nord de Deuizii. Ses monuments sont peut suivre les différentes directions.
presque tous dépouillés des marbres La surface de la ville est couverte do
qui en faisaient la be.uilé; ils sont de constructions parmi lesquelles on re-
temps immémorial exploites comnif connaît plusieurs temples avec leurs
carrière par les villes et villages des en- soubassements, et les bases des colon-
virons. L'ensemlile des monuments de nes encore en place.
Laodicée porte le caractère de l'archi- Les murailles, les portes, et enfin la
leclure du deuxièine nu troisième nécropole, couverte de nombreux sar-
siècle, il n'y a dans leur style rien d'o- cophages, tout cet ensemble concourt à
riginal ou de spontané qui attire Tat* faire de Laodicée le sujet d'un très-beau
teution de Panliquaire ; si l'on ajoute travail de restitution. Mais la descrip-
à cela l'élnt de ruine t de désolation
< tion de ces monimients. sans qu'on
dans iecjuel ils se trouvent, ou compren- ait préalablement reconnu leurs dispo-
dra que cette ville n'ait pas encore été sitions particulières serait sans profit
l'objet d'une étude spjécialc, et que ceux pour l'étude.
3ni l'ont visitée n'en aient fait qu'une La ville était pourvut* d'eau potahie
cscription sommaire. Presque tous les par le moyeu d'un lou^ aqueduc posé
voyageurs qui ont parcouru ces régions sur des arcades qui prennent naissance
ont passé par Laodicée et ne s'y sont ar- a la colline voisine. La source avait au
rêtés que peu d'heures. pins haut défère la propriété incrustante,
Le prenner monument qui attire les aussi d'énormes stalactites se sont-elles
regards en venant de Deôiizli est le formées par l'épanehement des eaux
stade, qui est encore en bon état de hon de K ur canal , et ont-elles oblitéié
conservation; il est à l'extrémité sud presque tous les conduits.
de la ville. Les gradins reposent &ur le Les ruines de Laodicée datent pres-
liane d'une colline qui onirail une base que toutes de l'époque romaine, et con-
naturelle pour asseoir le monument. tiennent peu de vestiges de l'art chré*
Les arcadce des eareères sont encore tien. Cette ville fut cependant comptée

Digitized by Google
438 L'UNIVËRS
«a ttdmbre des sept églists d'Asie, et parable, mais l'étranger quiafrite est
oTif est mentionnée dans Tépltre de loin de s'accommoder de cette vie cham-
saint Paul aux Colossiens. pêtre; pendant la belle saisou les ha»
Elle fut un des principaux sièges bilants couchent sous des berceaux de
apostoliques de PAsie, mais n'oflrit feuillage au milieu de leurs jardius,
qu'une faible résistance à l'invasion mu- les maisons sont désertes, et la ville
sulmane. Les Turcs en étaient maîtres de pierre, la Cassaba, n'est plus habitée
eu lO^li lorsque Kutayah était eueore que par les chiens errants.
«Btre les mains des Byzantins; Tempe- Les eaux de la plaine de Laodicée
r«ur Jean Comnène la reprit en sont maintenant assez bien étudiées :
et fit réparer ses mnrnilles. Après avoir le Lycus prend sa source dans le n)ont
ete peudaut prè^ d'un siècle soumise à Cadmus, qui sépare la Phrygie de la
toutes les vicissitudes de la guerre, Carie ; il est plus éloigné de Laodicée
Laudicée finit par tomber sous la domi- que ne semble le dire Strabon. Après
nation musulmane. On ignore les cau- avoir coulé quelque temps a l'air libre,

ses de l'abandon de cette ville; la po.- il se précipite .^ms terre aux environs
pulation chrétienne, maltraitée par les de Khonos, l'ancieune Colossx, reparaît
Turcs, vint s'agglomérer dans la petite cinq stades plus loiu (I) , et après un
ville de Deni/li. La fertilité du sol de cours de vingt kilomètres, il va, sons le
Laodicée !<•
, «rand nombre de trou- nom de Tchorouk sou el de Sultan Emir
peaux de moulons uu'ou y élève , peu- tchaï, se jeter dans le Méandre non
vent donner une idée de ce qu*était ce loin de la montagne de Hiérapolis. U
fays sous le
gouvernement romain. coule dans un terrain meuble; ses rives
,es eaux des rivières voisines passaient sont très-encaissées ; on le passe sur un
pour être très- favorables à la uuesse de mauvais peut de bois en allant d'Eski
la laine des brebis, aujourd'hui ces bissar à Hiérapolis.
laines sont principalement employées l a disparitîoa du Lycus a été Tobjel
dans la fabrication des tapis. de plusieurs observations qui n*ont pas
amené de résultats bien satisfaisauts ;
DBNllLI. — LU LVCUS.
M. Hamîltoii qui a visité dans ce but
spécial les ruines de CoIossîe, émet une
o()inion qui présente un oùto plausible,
Denizli est la ville la plus voisine mais qui n'est encore qu uue coujec-
de Laodicée, et parait s*étre formée de turc.
la populatioo de cette ville, qui a peut- Après avoir quitté le village de Kho-
être été chassée par quelque entastrophc nos, M. Hamilton va droit au nord
subite. Ce fut d'abord uue petite place pour reconnaître les cours d'eau qui ar-
entourée de n)ur8. Mais au commence- rosent ia plaine; il retrouve le véritable
ment de ce siède, un tremblement emplacement de Colossas à trois milles
de terre renversa presque toutes les au nord de Khonos ; la il traverse sur
maisons et les habitants se dispersè-
,
un pont un cours d'eau considérable
rent dans la cauipague, où ils s'in^tal- qui coule vers l'ouest c'est le Tchorouk
:

lèreot au milieu des jardins. 11 s*est sou ou hycm^ ce cours d*eau reçoit un
formé ainsi uue ville agreste qui a un peu au-dessus du pont, un cours d'eau
cachet tout particulier; les mosquées nommé Ak son, qui jouit au plus haut
sont de uraïuds bàttmeiils entourés degré de la propriété incrustante. 1 /au-
de colonnades, le tout en bois et bar^ teur suppose que du temps d'Hérodote
bouillées de dessins fantastiques, re- les incrustatious de TAk sou avaient
présentant des villes, des navires et des formé sur la rivière une sorte de pont
.

forteresses; toutes les couleurs de l'arc- ou (le cou\erlure de tuf sous lequel dis-
en-ciel, sont employées pour peindre paraissaient les eaux. Cette grotte qui
ees édifices, qui ont plutôt Tair de pa- oeuvrait la rivière, se sera écroulée par
godes indiennes que de mosquées. suite d'un tremblement de terre, d où
La beauté des jardins de Denizli M. iiamiltou coodut qu'a^|oucd'hui on
Tabondance des fruits de toute sorte,
donnent h ces lieux un eliarmc incom- '0 Hérodntr.liv. XU, ch. 3o.

Digitized by Google
ASIK M
chercherait CD ?aid là ^parîtfon 4u dès les temps les plus reculés, autour
Lyciis^i) de ces sources de nombreux malades
Les fleuves Asopus et Caprus sont tes et une population toujours croissante :
deux petits nrinemix^ pr«Rpie*toe$Miv ear là, plus qu'ailleurs, les. «leiena
a sec qui circulent aox abords de Eski
, voyaient une manifestation de la volonté
hissar. Une outre rivière prenant sa des dieux pour aottiager 4es douleurs da
source a la base du mont Cadinus sé« rhumauitc.
pare le territoife (leChMiosy GotoMli* Qnoiqu'un grand nombre d'écrivains
de celui de Deni:&li; on tui douM'to aient mentionné la ville d'Hiérapolis,
le nom de Gœuk bounar, in «source ils se sont tous attachés à décrire les
céleste, c'est sans doute le lleuve Cad- phénomènes de ses sources ; mais pas
mus , qui ett un afluent éu Lycusr. im M naos a laiaaé de docaaaests smc
Lorsqu'on a aaitté les raines de Lao- aa fiindalion. Tous les maoumenta qna
^ieée et qu'on s aVânce au nord-est dans nous vovons aujourd'hui sont à |)«u
h plaiue du Méandre, l'horizon est près de la même époqu«, c'est-à-dire,
liorné à r«st par une mbntaga» blntcbe postérieurs à Tinvasioo romaine, et Ton
dont la forme et la couleur ont quelque conçoit, en effet , qu'un aoA ausai mo*
chose d'étrange; les indigènes appellent bile , qui s'exhausse constamment , en
ce lieu Pambuuk kalési, le ehàteau du ensevelissant à tout jamais dans un roc
coton, parce qu'en effet la montagne est qui se forme sans cesse, les monuments,
composée d'une roche dont blancheur la les arbres et les plantes , a éû «ouvrir
le dispute à la nei^e, et formesdont les jusqu'au dernier (b'bris des monuments
indécises peuvent étré comparées à des d'un âge recule que le temps avait ren-
'
masses de coton. versés. La ville d'Uiérapolis, telle qu'elle
Cest remplacement de Taneleniie se présente aujourd'hui aux regards de
Hiérapolis, dont les monuments^ tous ranti<iiiaire ,observée du haut de la
de romain méritent r;iltenUon de
l'à^e montagne qui la domine, offre l'aspect
l'antiquaire et de l'arti&te, mais dont de lu désolation et de la solitude ; pas
riutérét est btoa afMMi par 1« «aitinage un arbre ne s'élèft sur nette terre frap-
des sources thermales^imlaues en Asie pée de stérilité, et sur ce sol qui s'étend
et peut-élre dans le monde entier, et au loin comme une grande plage cou-
qui ont valu a Hiérapolis une renom- verte de neige, l/illusion est d'autaui
mée qu'elle conserve encore pa^mi les plus ftappaate, que Ton voit et là 4e
indigènes, malgré l'état de destruction vastes bassins d'eau bouillante recou-
où Si trouvent les édiiices qui contri- verts d'une épaisse vapeur, d'où sortent
buaient à sa célébrité, et parmi lesquels de petits ruisseaux, sur les bords des-
ae trouvaien t des thermes sans pareils SelaeroisseBt dea ainoea et dea ûieos.
dans le monde romain. qui avait surtout attiré l'attention
des anciens était unees|>èce de grotte ou
CUAPlTKli XXXVlll. puits, d'où s'exhalait une vapeur mor-
telle pour les hommee et les animeux;

UIKiiAPOLIS. — PAHBOUK KALK SI.


les dépdu cale^rea ée ces eaux étaient
surtout pour les anciens un sujet d'ad-
miration. Voici ce que ditSlrabon (1) à
Dea sources minérales trèMboodan* ce sujet : « Près du Mesaogis , en face
tes, sortant des flancs d'une montaijiie
de Laodioée, est Hiérapolis. On y voit
aride et s épanciiaut dans le Lycus, ont des eaux chaudes et le Plutonium,' deux
formé, par la suite des siècles, une Ion- phénomènes qui tiennent du merveil-
IKue collioe entièrement composée d*^- leux. I^s eaux sont tellement disposées
glomérats calcaires déposés par les eaux, à se pét rider, qu'en les faiaant couler
et qui s'élève graduellement d'àf^e en dans des rigoles pratiquées autour des
âge. La oonliance que les auciens ont champs on en obtient des enceintes
toujour» ena dana le traitement des ma- d'une seule pierre. Le Plutonium, situé
ladies par les eain niaéralaa a appelé,
Mr MM eoUine basse de la mantapiii

(f) Uanùlton, Ret«archei, tome 1**^ fttft. (t) Sirabon, liv. Ull,p. ÛBf.

Digitized by Google
410
\oisiue, est uoe petite ouverture, large bouique s'évaporaut, les sels calcaires
autant ^11 fiivt pour qii*un lioinne y se déposent naturellemeot sur tous les
puisse passer; elle est entourée (fuM corps avec lesquels Teau est en contaet,
Daltistrade carrée d'environ. un demi- et particulièrement sur les petites aspé-
plèthre de circonféreace ( 1S<",40*). Une rités qui se trouvent dans son Ut, comme
espèeede brame, tellement épaine qu'on ke menues tiges de plantes, les cailloux
peut à pdoe y apercevoir la terre rem- et lei tlguei mortes. Le frottement des
plit l'espace compris flans celle balus- eaux sur les bords du canal donnant
trade; elle ne cause aucune incommo- lieu à un plus grand dégagement de
dité à ceux qui s'en approchent, lorsaue gaz, le dépôt s'augmente dans une bien
le temps est assez calme pour empêclier plus grande proportion sur les bords
qu'elle ne se communique à Tair exté- que dans le tond aussi voit-on les ri-
;

rieur; mais si Ton y fait çntrer un ani- goles d'eau minérale s'exhausser en peu
mai, il expire sur le-champ ; les taureaux de temps , ibrmer de petites murailles
mémet introduits dans cette eDceiola qui s'élèvent jusqu'à ce que l'eau ait
tombent à l'instant et on les en retire
, atteint le niveau de l.i source; elles s'é-
morts (1). J'ai lâché des moineaux qui coulent alors de part et d'autre auc- ,

y tombèrent et expirèrent immédiate- mentaul l'épaisseur de la murailii;, jus-


ment. Les Galles seuls, qui sont eunu- qtt*à ce que leur cours, se trouvant
ques, y entrent sans danger; ils s'ap- totalement intercepté, s'épanche dans
prochent de l'ouverture, ils
y penrlient toutes les directions, et forme sur le sol
même la téte jusqu'à un ceftaiu point, celle croûte calcaire U'uu blanc parfait
mais e*e$tonlinairemeot en retenant qui aujound*liui recouvre toute la sur-
leur haleine, comme nous Pavons re- race de la ville. iSlais les eaux des sour-
mnnjuo par de suffocation qui
les sif;nes ces sont si abondantes, qu'elles ne dé-
piiraiâsent sur leur visage. Je ne sais si pouillent pas leurs sels calcaires avant
cela est commun à tous les eunuques d'avoir atteint Pextramilé de la colline ;
ni si les .eunuques qui desservent le tombant avec impétuosité de roc en roc,
temple en qualité de prêtres sont les ellesont formé dans une hauteur de
seuls jouissant de ce privilège, et si trois cents pieds, lesjeux de la nature
c*est Teffet d'une protection divine, ce les plus bizarres : ce sont des cascades
qui serait probable pour des hommes écumantee, dont la mousse, resplendis-
qui se trntivent diins un état d'inspira- sant aux rayons du soleil u'est nutre
,

tion, ou s'ils font usage de (luelquus an- que le dépôt pétrifié dans d'autres en-
;

tidotes avant d'approcher ae la grotte. droits, tombant avec moins de force sur
Quant à la pctrification des eaux , ce les aspérités des rochers, elles ont formé
piiénomène, dit-on, a aussi lieu dans les des bassins d'une forme parfaitement ré-
neuves de Laodicée, quoique leurs eaux gulière, ronds et ovales, superposés l«^s
soient potables. Celles d Uierapulis ser- uns aux autres, conmie ces vasques des
vent encore merveilleusement a la tein- cascades que Ton faisait au dix-hui-
ture, au point que les laines qu'on y tième siéele. La ressemblance est d'au-
teint avec des racines le disputent aux tant plus grande, que leurs bords sont
teintures faites avec de la graine d e- recouverts de stalactites d'une régula-
carlato ou avec la pourpre. Au reste, rité telle, qu'elles sembleraient être rou-
l'abondance de ses eaux est telle, que la vrage du plus adroit sculpteur. Et ce
ville est pleine de bains naturels. » n'est pas un accident partiftilier; cela
Ces phénomènes reçoivent uue expli- se répète dans uu nombre luiini d'en-
cation des plus simples; en effUt, les droits, et toujours avec Irménie régu-
eaux minérales d'iliérapolis, qui sont larité. Vers le nord-ouest de la ville, ers
alufnineuses et Icneri'fjient sulfureuses, cascades pierreuses ont un aspect beau-
coutieunent des seis calcaires qui se coup plus désordonné; mais leur cou-
trouvent dissous par un excès dTacMle leur jaune et noirAtre indique que ces
carbonique ; lorsque les eaux ont coulé dép4ts sont plus anciens que ceux de la
quelque tempe à l'air libre, Taeide car- région sud; en effet, depuis le temps
que les eaux s'écoulent, elles se sont
(i) SIrabiNi, tiv. XUI. p. 63o. bien souvent fermé le passage , et ont

y u,^ jd by GoOgI
ASIE AUJSEUKË. Mi
mé darui toute l'étendue de la coiliiu-. de ce Plutonium près d*un aoeien
4>nbissant partout été traces de leur théâtre (i; :

marche. * J'ai éprouvé les effets du Plutonium


Aujourd*hd, la source principale sur les oiseaux, et, en me penchant au*
surgit au milieu de la ville, et précisé- dessus du trou, j'ai vu cette exhalaison
ment au pied du thé.ltre, construit sur qui sort d'un puits ou citerne, environné
une colline qui domine les sources;! le tout alentour d'une muraille; au-dessus
thermomètre centigrade, plongé dans il y a un édifice qui était andennement

ce bassin , s'élève a plus de ko degrés ; un théflife. Tout animal vifant exposé


la vapeur ({ui sVb exhale n'est sensible à la vapeur de ce puits meurt incon-
que le matin dans les temps froids; en tinent; les eunuques seuls ont la fa*
sortant de la source, les eaux sont d'une culté de respirer cet air sans en être in*
limpidité par&ite ; elles sont bonnes à commodes. Je no saurais expliquer un
boire, ayant une saveur légèrement sa- tel phénomène ; mais j'en ai été témoin^
lée et piquante, qui décèle parfaitement et je puis le certifier. »
Tacide carbonique quelles contien- Ammieu - iMarcellin mentionne si
nent. brièvement ee phénomène, qu'il avait
f-e Plutonium, mentifuiné par Stra- déjà de son temps beaucoup perdu de
l)on, était un phénomène tout aussi son merveilleux.
snnule que le dépôt calcaire des eaux, Quelques auteurs, entre autres le
qu'il faut bien se garder de confondre oolonel Leake (2) et Arundell, men*
avec toute espèce de pétrification, tionnent la découverte <lu Plutonium
expression impropre, (jui est appliquée par '\î. Cnckercll entre lethéAtreet les
en Europe à un grand nombre d'eaux sources muierales ; mais tous ceux (|ui
minérales qui sont très-probablement ont visité Hiérapolis depuis ce dernier
dans le même cas que celles d'Hiéra- voyageur, et Arundell lui-même, n'ont
polis. La description que nous laisse pas retroiivéce couffre; et j'avoue (|uc
legéographe ancien nous représente le moi-même, connaissant tout ce qui
Plutonium comme un puits entouré était écrit à ce sujet, je Tai vainement
d'une balustrade ; il est tout simple que (herché. Peut-être depuis le voyage de
legazncidp cnrbonifpip qui s'exliale en (.ockerell (;e puits a*t*îl été comblé par
quantité de ces eaux, puisqu'il est plus les paysans.
lourd que Tair, se soit trouvé contenu Le prestige dont les eaux d'Hiérapolls
entre les margelles de ce puits; de là étaient entourées chez les anciens n*a
h vertu aspnyxiante que contractait pas cessé avec le culte des dieuv, et a
l'air renfermé entre ces murailles; il survécu a la ruine de la ville ; de toutes
n'est pas besoin de citer tous les lieux pai b, dans la belle saison, les habitants
de l'Europe où oe même phénomène se de la contrée viennent en caravanes
manifestt', et n'excit-e aucune surprise. s'installer dans lis ruines désertes; les
Quant a la faculté (jue possédaient les uns choisissent [>0Mr demeure qiiehjue
Galles de plonger la tête dans cette at- salle d'un vieux bàlimeut. les autres se
mosphère pestilentielle sans en ressen- logent sous des tentes; des rigoles
tir d effet, c*est une de ces jongleries si partant de la source portent les eaux
communes chez les prêtres asiatiques dans des bassins particuliers; où elles
un' il n'est pas néx^'ssiiire d'en chercher arrivent un peu plus tiedes; c'est là où
I explication. Ainsi, la description de l'on se baigne péle-méle, et chacun à ses
Strabon fait bien comprendre que la heures. Un canal assez grand conduit
démolition de la balustrade aurait donné une portion des eaux dans un ancien
coursa l'acide carbonique, et eUt détruit édilice qui est regarde par les uns
les phénomènes. Pui8q[ue les auteurs comme des thermes, et par les autres
qui ont parlé du Pluionmm ne font pas comme un gymnase. Je pense que les
mention de mauvaises odeurs, il pa- deux partis peuvent avoir raison; là,
rait bien certain que l'acide sulfureux daus des salles voûtées , se trouvent de
n'y jouait aucun rôle. Dion Cassius
lépèteà peu près les mêmes paroles que (i )Diu Cms., LXVIU.
Strabon, et marque bien ta positioa (3) Journal , p. aS'i.

Digitized by Google
grands ba.ssinsqui en realile., ont tax
. le<;er, tocile a tailler, et qui a la propriété
de ce monument Téditice theniial le de se durcir à l'air.

Sluseurieux qui existe. C'est en sortant En airivant sur le plateau sunérieur


e là ']iie les eaux tombent du haut dé on aperçoit quelques traces des mu-
la colline dans la plaino, et vont se railles antiques; mais la porte princi-
jeter dans le Lycus. 11 parait que ces pale est ruinée. La làîcreté du tuf em-
eaux étaient autrefoii employées avacl ployé dansleseottstiucuons et T^aisseur
*
avantage pour la teinture (1). Ceci tien- des bancs que Ton pouvait tirer des
drait, sans doute aux principes alu-
, carrières, pennellaient aux architecies
mineux que je crois avoir reconnus d'employer dans les monuments des
dans la source; mais j'avais avee moi pierres d'un apuareil considérable; aussi
un trop petit nombre de réactifs pour voit-on dans les édifiées d*Hiérâpolis
pouvoir déterminor positivement les des blocs qui peuvent lutter de grossetir
principes constitunnls de ces eaux, que avec tout ce que nous connaissiMis de
fai éprouvées pendant plusieurs fois en t)lus colossal dans les munameuts pe-
bains et en boissons, et que j*ai trou- asgiqoes.
vées très- bonnes.
La situation de la ville est des plus CHAPITRE XXXIX.
pittoresques , et, du haut de la colline
sur laquelle elle est eonstruite, la rm LBS THBBVRS.
s^étend dans toute la vallée du î-ycus
et du Méandre jusqu'aux montagnes de
. O qui frappe surtout l'étranger qui
riunie. A gauche s élève la chaîne du arrive dans ces ruines , c'est l'exhaus-
mont Cadmus qui donne naissance ao
, sement én sol qui a enterré la liass
,

fleuve de Laodioee. Du côté de Test de tous les édifices a une hauteur de


les montagnes très-voisines de la ville plus de deux mètres. Le vaste mo-
forment les affluents supérieurs du nument qui se trouve à gauche de l'en-
Méandre ; c*est dans ces cantons que se trée a souvent été décrit. La hauteur
trouvaient les villes de Tliémisouium de ses voûtes, qui ne sont soutemias
ColossiT et Célaenae, aujourd'hui détrui- que par l'appareil sans l'emploi d'au-
,

tes et dont la situation seule peut être


, cun blocage ni de cram|)ons , montre
déterminée. Cette position était forte quel soin et quelle habileté avaient pré-
comme point militaire, puisque la ville sidé à leur coilStruction. La grande
n'était accessible <\ne par deux extrémi- salle qui donne parfaitement l'idée
,

tés. On y arrivait par des chemins tor- d'une salle de thermes, romniuniquc
tueux, .^îais ce qui protégeait particu- avec d'autres pièces moins clevcos, et
lièrement Hiérapolis, c'était son titre de dans lesquelles sont des canaax où Teau
r/Y/c^a/n/e, qu'elle avait reçu à causedu minér.-île coule avec rapidité. Le moyen,
grand nombre de temples qui décoraient en effet, d'empêcher le dépôt de se for-
son enceinte. Parmi lesinscriptions de- mer serait, s'il était possible, de les
couvertes dans ses ruines, on en trouve 'faire coulerà rabri du contact de Pair.
une où il est fait mention d'Apollon Ar- L'extrados de la voilte n'est formé que
chégète; mais elle e<t incomplète par l'épaisseur des voussoirs, et était
En montant du cOté de Test , on ob- prubabiemeut couvert par une terrasse.
serve, à droite et à gauche de la rampe Jjeschambres qui avolsinent cette grande
très-rapide oui conuuit à la ville , un salle sont totalement dépourvues d'or-
certain nonîore de tombeaux ayant la nements d'archit'ctnrc; mais on voit
forme d'acdicules ou chapelles ; quel- dans les murailles un grand nombre do
ques-uns ont leur façade oméede quatre crampons indiquant que des dalles de
pilastres d'ordre dorique, et l'intérieur marbre recouvraient ces grossiers ii-
est éclairé par de petite? fenêtres, cluses baj^es. Cette salle conduit à une avant-
de tredlis ou croisillons de pierre. Tous cour ornée a ses deux extrémités de
ces édiûces sont construits avec le tuf deux hémicycles, qui sont séparés de
formé par le dépôt des eaux , qui ett Tenceinte principale par deux rangs de
six pilastres carrés avec de* chapiteaux
(j) Slral».»XllI, p. r>5o.
'
tebriutliiens. C'est une particularité daus

uiyiiizûd by Googl
Varchitecture antique. Partout ailleurs entre les thermes et le théâtre sont au-
on aurait mis là m
eoloniiM. Ed efCet;
le pilastre vu en prrsjipctivp est tou-
jourd'hui ensevelis dans le sol. Il parait
qu'à une certaine époque de notre ^e il ii

jours d'une forme des.igre^ible, puisque y avait encore un peu de population dans
sa grosseur varie entre la diagonale et ces ruines, car on trouve une multitude
le côté du carré , selon Tangle aoos le* de petits murs fhUs evee ém
débna entU
quel i! p<t observé. Cet inconvénient n*a ques, et qui semblent avoir été cons-
p:is lieu pour des colonnes rondes aussi ; truits pour enclore des héritages mais ;

dans la bonne architecture ancieune, le tuf calcaire gagnant toujours a réduit


les pilastres n'oot jamais été employés ces pauvres «hamps à une stérilité eon^
qu*enga^és dous quebiue cônstraction. plèle.En allant des thermes au théâtre,
Les pilastres sont d'une seule pièce; nous passons près du bassin que nous
ils sont laits d'une brèche de tuf d'uoe avons décrit, laissant à droite et à gau-
couleur assez agréable, mais qui n*6tt che des ttiurailles sans forme et «eant
susceptible d'aucun poli ; il y a quel- nom, et d'une époque indéierminée.
ques-u!i« de ces fdls qui se so!ii courbés
sur eux-niènies, connne une poutre mal CHAPlTKb XL.
séchée; c'est un phénomène extrême»
ment curieux , dont la cause est due«
sans doute, la présence d'une grande
i

quantité d'eau de carrière dans cette Lu avançant dans l'intérieur de ta


roche. 11 ne reste plus rien de la cou- contrée, on marche de surprise eu
verture des deux hémicycles, qui cer* surprise, en observant les uomoreux et
tainement n'ét.iient pas à ciel ouvert magnifiques théAtres qui décoraient les
connue la cour. La destination de ces villes de ces riches provinces. lii, tout
hémicycles parait se rapporter a ce que e;»t disposé pour une vie de plaisir et de.

Vitruve appelait schùfx (1) dans tes repos. De nombreux portiques qui
thermes anciens ; c'est là que se rassem- abritaient les citoyens, des fontaines
blaient . pour converser, les philoso- ni tempéraient l'ardeur du climat, et
a
phes et les oisifs. 11 n'est plus humaine- es ombrages frais sur ces montagnes
ment possible de rendre compte de la aajonrd'hHi dépouillées, voilà le labieaii
nature du sol de cet édifice ni de voir , que préssntent'è Timagination les rui-
s'il y avait des baignoires, des bassins nes austères de ces cités désertes. On
et autres dispositions usitées dans les est d'autant plus surpris eu entrant
thermes. Il est, d'ailleurs, inutile de dans l'enceinte du théâtre deHiérapolis,
«mtester sérieusement l'opinion de nue rien n'y retraee le ravage de
ceux qui veulent voir dans ces ruines I homjne. On voit que les décombres
les débris d'un «ymnase car il y avait
: qui remplissent l'orchestre se sont ac-
toujours des bains dans ce dernier édi- cumules là par l'eff^ du temps; mais
fice , et dans les bains il y a?ait toujours Tœil n'est pes affligé de l'aspeetde ees
des .salles destinées aux exercices du cabanes, de ces tristes ma.sures qui,
corps et aux jeux de l'esprit. On ne doit daus nos villes d'Lurope, enlèvent aux
pas être surpris de retrouver daus un ruines tout leur intérêt poétique. Quoi-
même édifice les dispositions de Pun que Hiérapolia ait été bien souvent vi-
et de l'autre établissement. 11 est peu sitée et décrite , il n'y a pas encore un
Important de s'attadier à déterminer voyageur, cependant, qui ait eu la cons-
râse de ce monument; car toutes les tance d'en mesurer les ruines d'une
vilros de ees eontrées ont été presque manière «omplète. Il y a* en effot , on
entièrement renouvelées à l'époque des obstacle maieur; c'est que ces lieux
Antoijîns, par suite des tremblements sont complètement privés d'eau douce;
de terre, et aussi par l'introduction des on eu trouve a peine daus ini puits situé
mœurs et de la civilisation romaines à une demi-lieue de là, au pied de la
parmi les peuples de l'Asie. colline, et dont \e» fanillas turcomaues
Tous les monuments qid se trouvaient défendent l'approche avec une jalousie
peu commune. Il est donc extrême-
(i) Vitnive, liv. V, cMp. lo. ment dilTicile de s(!journer daus la ville

Digitized by Google
444
;ivec des chevaux et des domestiques ou peut la regarder conuue un des très-
Dombniix. anaens temples du christianisme. Sa
La disfiosition de la seène dir théâtre construction est analogue i celle de
est identiquement la même que celle du tous les autres monuments; ce sont
théâtre d'Aizaui ; on y remarque cinq des blocs énormes places les uns sur
portes de front ; plus, deux petites portes les autres, et soutenus par leur propre

déguisées, qui oonduiiaient dans les poids. On ne voit dans cet édiflee au-
du postscénium. Le^ chambranles
salles cun autre ornement qu'une croix greo*
des principales portes sont encore en que sculptée sur ctiacun des piedi-
place ; ils sont décorés de festons et de oroits.
rineeaux, parmi les imioinbnbles Tout l'espace entre cette église et le
frl^inentsde l'architecture de la scène, c6té du nord est occupé par de^ tom-
on voit des fûts de colonnes cannelées beaux de différents styles , et qui ont
en spirale , des bas-reliefs de style ro- presque tous porte des iuscriptious ;
maio , dont Tuii offre le triomphe de mais la nature poreuse de la pierre oe
Bacchus, légèrement mutilé. La grande permet pas de les lire avec facilité.
salle du postscénium est ornée de colon- Parmi ces tombeaux, il y en a, comme
nes ioniques en tuf; elle était proba- je Tai dit, qui ot^t la forme d'un petit
blement voûtée; quant à la eavéa, elle temple; ce sont Ceux que les aoeieos
n*a rien de remarquable. La diazoraa appelaient Mvi{|ia. Mais la formels pliis
ou In pn'citirtion (iij premier étage n'est générale est un soubassement massif
qu'un auir uni saus escahers. A droite dans lequel est pratujuce une chambre,
et a gauche de la façade, dans le mur et qui est surmonte d'une sorte de cé-
de soutènement des gradins, sont des notaphe, qui est appelé dans
voiriitoires qui conduisent à la précinc- les inscriptions. Il y avnif un autre
tiun du premier étage. genre de tombeau qu'on appelait Hptuo ».
et qui surtout était destine aux vain-
MtlSB. — AGOnA. queurs des jeux et aux hommes de dis-
tinction. Le Ti^oç était ordinairement
Pour all«T du
théâtre aux autres rui- un tondteau souterrain; mais l'expres-
nes, il faut franchir un grand espace sion générique est ivia^iâ^^to pour ex-
dans lequel s'élèvent çà et là des fûts primer l'action de déposer dans le tom-
de eolonnes disposés sans ordre. On beau.
arrive ensuite à deux tours rondes qui
flanquent une porte triomphale percée CUAPITRK XLL
de trois arcades , se rattachent n une
mbraille , et forment comme une vaste THBMISOIIIIIII. ~ TÉFBNB.
enceinte dans l'intérieur de la \ille.
rcttt" f'iiceintr paraît avoir renfermé des l) après la table dePeutioger, Theuii-
portiques et l'Agora. Ou observe encore sonium était située à trente-quatre mil-
une colonnade dorique aurmonlée de les au sud de Laodicée; Strabon Is
quelques pilastres d'ordre ionique; nomme après Colossac la courte nnnipn-
:

mais ces restes sont d'une médiocre nr- clnture (|u'il donne des villes de l'hrygie

i hitecture , et extrémemeut ruines. Du dtsieud du nord au sud. Etienne de


côté dn nord , les murs vont se ratta- Byzaoce se contente de dire que c*était
dier à un vaste édifice quadrangulaire, une ville de Phryfiie. l e texte «ic l'au-
qui était une église de style primitif la ;
sanias soulève cependant (inc certaine
net se compose d'un grand arc à plein difliculté au sujet de t'emplacenient de
cintre, dont la retombée porte sur trois Tbemisonium et de l'antre Steunos.
arcs latérauï qui formaient comme des Nous avons vu* que selon le même au-
chapelles. Le fond de l'église est formé teur cette grotte était située dnns le pays
par un hémicycle; cette architecture d'Aizanieetdans le mont l)iadyiiieue(i)-
est tout a fait primitive, et sans oser Dans son voyage de Pbocide il revient
dire qu'elle remonte avx premiers chré-
tiens qui se déclarèrent partisans de la ;
i) PaiiMiiiias. liv. VIIÏ, ch. 4; liv. X,A.
toi après les prédications de saint Paul, Sa. Strabott, XII, 576. Voy. pag. 397*

Digitized by Google
Am MiNctniE. 44i

sur le même sujet, et ajoute : ces Phry- mite» des ruines en brique et en pierres
sim, qui sont originaires (l*Aizanie, oot de taille, ellea Indiouent que ce neu eat
dans leur pays Tantrf! Steunos, ils en .<;ur l'emplacement aune ville ancienne,

ont fait un temple de la mère des dieux. mais par ce qui reste de ces ruines, on
Themisonium, au-dessus de Laodicée, peut juger qu'elle était peu considéra-
est une fille qui appartient aiisel aux nie (1). La plupart des cartes modernes
Phrygiens. Ces peuples disent que du placent en eft'et Them'isonium au bourg
temps que les Gaulois exerçaient leurs de Téfeaé, sans tenir compte de cette
brigandages en lonie, archontes de
les distance de trente stades, qui est certai-
Themisoniam par un
ftirent avertis nement une erreur ou de l*aulenr ou
songe qu'ils attribuèrent aux dieux Her- d*un copiste.
cnle, Apollon et Mercure, de l'existence
d'un antre où les habitants seraient eu CHAPITHK XLll.
sûreté, eux, leurs femmes et leurs en-
fanta, e^est en roéuioire de cet événe- CUhMVM, — APAHiB CIBOTOS. —
ment qu'on voit encore devant IVntrée DINAIRR.
de la grotte de petites statues de ces
dieux qui sout connues sous le nom de plus ancienne ville
Celaciia: était Ij
Spiknltes , on dit que cet antre est à de laPhrygie, antérieure peut être à
trente stades de la ville, il est arrosé de l'arrivée des Phryiiiens d;ms In contrée.
plusieurs sources. 1 es historiens se taisent sur rcp(K|ue de

Ainsi d'une part, Themisonium était à sa fondation , mais la fable y place un


trente-quatre milles romains ou cin- événement qui a bien sa signification.
quante kilomètres, riii sud de ï.nodicée, Apollon, dieu des Trcmilrs et des l.y-
it d autre part il ne serait qu'a trente ciens, vainqueur de Marsyas, ne repre-
stades ou cina kilomètres et demi d'un sente-t-il pas les Cretoi» subjuguant les
lieu de L*Aizanitide ou du Mourad satyres ou hommes sauvages qui habi-
dagh. taient la contrée avant toute période his-
T>mplacement de Themisonium n'est torique. (2) Les Cabales, les Pisidiens,
pas encore déterminé par des m&erip- les Solymes, peuples qui étaient entrés
tious ou quelque témoignage irréfiita- dans la Chersonese par la odte méri-
table ; on est disposé à placer cette ville dionale, ae trouvèrent eii présence de
a Teféiie qui appartient au territoire sud peuplades aborigènes qui furent succes-
de la Phrygie. M. de Corancez dans sa sivement absorbées par les deux inva-
eoiifsei travers la I.vcie , décrit ainsi sions du nofd et du sud. Celnna», par
Téféné et aea environs. sa position exceptionnelle, TalMudance
« !N'ous mîmesplus d»' deux heures de ses e^ux et les hauts rochers qui pré-
à descendre le revers du Taurus, et nous sentaient une défense naturelle, lut cer-
nous trouvâmes enfin dans la vallée de tainement un des lieux préférés des po-
Téféné, oui a une largeur de trois lieues ; pulations primitives. Le souvenir des
elle estaoïniiire n rouesl pnr la chaîne premiers combats entre les indigènes
que nous veniousde Iranchir... au nord, et les peuples mieux armes se |>erpé-
la vallée s'étend à perte de vue, et elle tuait jusqu'à Hérodote, qui crut voir
a'^argii à mesure que l'on avance dans dans le pÂlais de Geten», la peau de
cette direction. Il paraît que cette val- Marsyas gonflée comme une outre et
lée communi(]ue avec du Lvcus a
celle appendue aux murailles (3). Le lils du
l'orient de l'ancienne Colossa; c'est au ; roi Midas Lytersès, faisan de Celxno}
moins ce qu'annonce le courant de la sa résidence favorite.
rivière qui en arrose le lonri (!p cou- Lorsque l'armée de Xerxès eut fran-
rant se dirige vers le nord; aiiisj elle chi l'Halys, elle entra en Phrygie, et vint
communique avec le Méandre par les à Celxnab , ou sout les sources du Méan-
eaux du Lycus, et la vallée du Méandre dre et oelles d'un autre fleuve qui ne lui
doit se rattacher à celle de Téfcné.
T.p village est construit au pied des (i) Cioranrer, Itinéraire . p. 411.
muniagues ; il domiue toute l'étendue de (•) Yov.Paiitauia , liv. 1, ch. ai.
la vallèB, il y a vers l'une de see taOté- (S) UMole» Uv. YU, ck M.

Digitized by Google
449
«t pw inliriaiir, i|m Vom wmmê» h Le d'Aulocrèoesê trouve dans la
lac
Calarrhacles, il prend sa source dans valb'e de Donibai; lenom d'Aulocrene
la place publique de la ville, et va se je- était donné a une montagne, a une val-
ter dau^ le Méandre, l'itliyus, Lydien de lée et au lac.
naissance, lllsd'Alys, rc(}ut a Cela iiae Pline mentionne près de la source
Xerxès et son année, el tr iit le roi i du Marsy.is deux fontaines qui jouis-
a\ec l.i plus grande ma^nilieeiue il). saient «l'une siiijiiiliere propriété, et
Xeuoplion donne sur raucieii site de auxquelles lej» Crées avaient donné des
Olsnœ des délaiJa conformes a ceux Bomtearaeléristiques. La première s'ap-
d'Hérodote, inaU il varie sur les noms pelait KIoeou, et la seconde Celon (1),
des rivières qui arrosaient cette ville. c'esl-àMir»' que les eaux de la première
Cyrus étant entré en Phrygie el ayant faisaient pleurer, el celles de la seconde
fait huit panisanges, vint à Colossae, qui provoquaient le rire (2;. Le Maravas
est une grande ville riche et peuplée et était pour les Phrygiens l'objet dna
y séjourna sept jours, de la on fit vinirt Véritable culte; on lui offrait de> sacri-
()a rasantes en trois jours de marche, et fices, et le^ offrandes étaient jelees dans
*on vint à Celaeiiac autre grande ville la source, qui les engloutissait sous
delà Phrygie, dans laquelle Cyrus avait terre.
un palais et un parc rempli de hètes Alexandre, vainqueur des Pisidiens,
sauvages où il prenait le plaisir de la
, se présenta devant Celaenae. Le château
chasse. Ijst ISleancire y |>reud s.'i source, était gardé par une garnison de mille
et passe de là dans la ville. Au-dessous Caricns et oc cent Grecs , commandés
de la citadelle est le palais du roi, qui par Atizyès satrape de Phrygie. La \v>-
renferme les sources du Marsyas. petite silion formidable de la citadelle arrêta
rivière deuviruu viugl-ciuq pieas de un inonient la niarclie d Alexandre : il
large, qui va se jeter aans le Méandn; oraignait d*étrc obligé d*cntreprendra
c'est là que Xerxès se retira après sa un siège diffieile; mais U
garnison lui
défaite et bâtit le palais et la forte- envoya des parlementaires, qui promi-
resse (2^LieseauKdu Marsyas sortaient rent de. rendre la place si elle u'etait
de ten» avec une. telle impétuosité, que secourue à uue époque déterminée, oc
souvent elles jetaient des pierres
au- qui fut accepté. Les secours ji'étant pas
deliors. Ce par niéophraste,
fiit attesté arrivés, Alexandre remplaça le satrape
a été recueilli par Pline (2). Straboa par Antigone son lieutenant, et y laissa
fait une description différente des sour- une garnison de quinze cents Maoédo-
ces du Marsyas ; selon crt auteur le Mar- menc, c'est pour nous le dernier évé-
syns prenait sa source d.nis un lac nement notable dans rexistence de Ce-
nommé Aulocrène; selon i'ime, ce lac Iffiia;. Peu d'années après, la création
était à dix nulles d'Apamée. Cette der- d'une ville grecque, placée dans sou
nière ville était située au confluent du voisinage et dans des conditions com-
Méandre et du Mar^yas. « Il a sa source merciales plus favorables, porta à la
dans une colline appeh e CeUenac, sur ville phrygienne un coup dont elle ne
laquelle est une colline du uiéiueuum. >•
se releva pas.
Kt queluues lignes plus bas : « Au- La fondation d Apnmécfut la cause
dessus il y a un lac où croissent des de la nnoe de Cela^n^e ; cette ville con-
roseaux propres à faire des embouchu- tinua cependant de subsister sous l'em-
res de Hiilesi c'est, dit-on, de ce lac que pire romain ; Strabon la cite comme
Sartent les Miarcas du Marsvas et du existant encore en même temps qu'A-
léandre (4). » Il 8*ensuit que le Marsyas pamée (S).
prennil sa source daus le Inc d'Aulo- Aiiiiocbus Soter fonda uue ville au
crci:* disparaissait sous terre el ressor- connuent du Marsyas et du Méandre,
tait au milieu de la citadelle de Celseos. et l'appela Apamee, du nom de së mère
«•

(i) Hérodoft», liv. V , rh. aH. (1) Pline, id. ih.


(a) XiMiophoa, .-inahas, liv. I^'jcèu »• (tt) D«t «orlm «àflM», je plaire, d TsMi»
(3) Pline, liv . XXlLl.cii. a» jerii.
(4) StrftlMHly XlI^Sf 7."
I .

(l)XII,ff9,

uiyiiizûd by Google
447

Apaina, dUe d'Artai>a2fi. Il y transféra c'est, à n'çn pas douter, le Marsyas,


l«s habilMMs de Otenie; Apamée reçut qu'Hérodote appelle Catarrahaetès ; il
lemmom de Cibetoi, an eoffre, paroe paraît qa'autramis il sortait d'une
que son imporMner» commerciale s'ac- prande cavprne qui a fini par s'écrouler.
crut au point qu'elle devint la seconde Xous ces rochers sont ae nature cal-
ville de fa pronnee d*A8ie, et la rivale «aûro et n*ont rien de volcanique.
d'Ëphèse. Le fleuve Marsyas continua Toute la topographie de ces lieux,
d'étrf honoré par les habitants d' A pâ- examinée tour a tour par de nombreux
mée, et sa figure est représentée sur observateurs, ne laisse pas que de présen-
leurs médailles. Apamée aevint le chef- ter encore (juelques obscurités qui ne
lieu de la province , et sa juridiction seront levées que le jour où une bonne
s'étendait jusqu'à Acmonia. Suivant carte topographique des plaines de
Pline '11, Apamée etnit située au pied Domhai et de l)inaire aura été dressée.
du moui Siguia, et était arrosée par les Arundell qui a visité les ruines de Cela;-
rinèna, MarByas,0brimaaet0rga8,qQi 00, en 1828, en fait la description sui-
rejettent dans le Méandre. Le Marsyas vante (1). Kous trouvâmes dfins la partie
reparaissait près de cette ville après s'ê- nerd-ouest de la ville un iir.md nom-
tre perdu sous terre, nou loin d'Auio- bre de fragments U'arclutecture et des
erèoe, oà il prmalt sa source. Ce lieu mufs è demi enterrés; d'autres avaient
était â dix milles d'Apamée sur la route été mis à découvert par ilf rerentes
de Phrygie. Étienne de Byzance refzarde excavations et par d«'S ébouleineuts na-
Ca>la;ue et Anamée comme une seule turels. De semblables catastrophes n'é-
ille, la première était sans doute fout taient pas rares dans cette région. Nieo*
h fait abandonnée de ses habitants. Les las de Damas raoporte qu'un lac tout
notices ecclésiastiques ne mentionnent entier disparut aans les environs d'A-
que la seule ville d'Ap^mee, qu'elles at- paioee,et que d'autres lacs et des fon-
tribuent à la Pisidie. surfirent dans les lieux où l'on
faiikes.
Apamée fut souvent ravagée par les n'en avait jamais vu.
tremblements de terre , le premier eut T^ne petite rivière prenait sa source à
lieu du temps d'Aleitandre. Pendant le la hase de la colline. Ln montant a l'A-
règne de ftUlhridate , elle éprouva une cropolis nous trouvâmes au sommet un
terrible secoiissetet le roi de Pont donna théâtre avee des gradins encore en
cent tnlents pour réparer les édifices. place; au-dessus était une f^ande area
Sous le règne de Claude, elU^ cul le sort couverte de poteries, sans doute l'a-
commun à tant d'autres villes d'Asie cropole. En descendant nous vtmes une
remise lui fut faite par Tempereur de rivierecoulantduis la vallée au-dessous
cinq années d'impôts (2). de l'acropole du côté du sud-est, et
Le site de ('«'licna; a été reconnu au faisant tourner plusieurs mouluis : elle
village de Dinaire par Pocucke d'abord, rejoint dans la nlaine d autres petites
<t pws tard par Cnandler et par d'au- sources et va se Jeter dans le Méandre.
tres voyageurs. Le village de Dinaire Un certain nombre d'inscriptions ont été
est situé au pied d'une colline rocheuse, copiées par Arundell mais aucune ne
,

on trouve partout dans les rues un grand contenait le nom de la ville. La région
Bèmbre de ruines, mais pas de monu- dusud-ouest est remplie de fragments de
ments complets. corniches et de colonnes et des fonda-
Une rivière rapide sortant d'une val- tions de plusieurs édifices antiques qui
lée étroite coule au miheu du village vers attendent un plus ample exameu de la
le iii>id«cst, et traversant la plaine va part des futurs explorateurs.
ae {sier dans le Méandre à peu de dis-
tance. La seconderivière prend sa
(t) fleven GhnrehM, p. so8.
source à base d'une colline rocheuse
la
distante d*un mille du rillage et coule
avec npidilé dans un eaàuil étioit.

(0 Wiue, liv. V, ^9.


(a) Tacil. «an. Xll, 58,
44ê
GHAPtTAE XLin. rophages indiquent la positi«o ès li
nécropole; sous Pempire bvznntin Cn-
LAG ANAVA. — TCHABDAK Gli£DL. lossaî fut complètement abandonnée ei
une ville du nom de Chonas fut bâtie
Lorsque Xenès quitta Celsose pour an peu au sud an pied d'une eoltine.
se rendre à ColOBSK, il passa près d'iue C'est cette ville qui a été remplacée pat
ville de Phrygie nommée Anava et d*un le village moderne de Khonos.
lac duquel on du sel (l). Le lac
retirait L'historien Nioetas, surnommé Clio»
Tciiardak situé près du village do mime nfatéi, donne quelques détails sur sa
nom est le même que le lac Auava. Sas ville natale; sous les empereurs byzan-
eaux sont très-saumâtres, le poisson ne tins elle était dans un état florissant, et
peut y vivre; il s'étend dans une lon- renfermait une nombreuse population.
gueur d'environ viu^t kilomètres au La grande église était» dédiée à saint
pied des montages qui séparent le Michel ; cet édifice fut brâlé par les
district d' A pamce de celui de Cibyra; Turcs lorsqu'ils s'emparèrent deChonaî.
sa lonj^ieur est de cinq kilon)ètres, il est Aujourd'hui le village de Khonos se
alimenté par quelques sources qui sor compose de doux cents maisons et tend
tent d*un terrain de iMudingue calcaire. encore à se dépeupler. La terre est ce-
Ce IffC porte nussi le nom de Hadji pendant de bonne qualité bien arrosée; ,

gheul, le lac du pèlerin, et comme il le village est entouré de beaux arbres,

est situé sur la route de Dinaire à Kho- la culture du tahac réussit bien dans
nos, c*est-à*dire a*A pâmée à Coloss», on ee terrain.
no saurait mettre rn doute l'identité du
lac de Tchardak avec celui d'Anava. CHAPITRE XLIN
Colossae était une des principales
QUBLQUB8 VILLES DE LA PHBYOIE
villes de Phrygie; Xerxès y passa avee
PABORÉE
son armée lorsqu'il iiuitta la Cappadoce
pour se rendre à Sardrs; le jeune Cyrus Df KDra ernnde route de
bissnr In

y passa quand il marcha contre son Koiiieli se dirige sur Kelouadoun, l'an-
frère. Sous le règne de Néron, Colossae cienne Polybotum, ville d'origine peu
fût renversée par un tremblement de ancienne, car elle n*est mentionnée que
terre; c'est snns dniile de cette époque par des écrivains byzantins; il ne reste
que date la decadenee de cette ville. La que trts peu de vestiees d'antiquités a
religion chrétienne, qui s*était rapide- Belouadouu, cette ville est éloignée de
ment propagée en Cappadoce, s'éten- quarante kilomètres de Kara hissar. On
dit, sous influence des predientions de
1 compte trente kilomètre^ entre Reloua-
saint Paul, dans toute cette partie de doun et Iscbakii. petite ville d*^tn\iron
la Phr)-gie. Laodicée, Hiérapolis, Co- deux cents maisons, qui paraît avoir
lossae formèrent des églises oui se été assez florissante do temps des sul-
mirent en relation avec les populations tans Seldjoukides, on remarque les rui-
d'alentour. T-es épîtres de saint Paul nes d'un médrécé ou école religieuse
étaient lues dans les assemblées des chrt^ dont les habitants attribuent la fonda-
tiens; safait Paul éerît aux Golosséens : tion au sultan Ala Rddin.
« Saluez de ma part nos frères de Lao- A seise kilomètres au sud-est d'Ia*-
dicée et lorsque cette lettre aura été lue th.'ikli. on traverse \in <léfile nonim^
parmi vous, ayez soin qu'elle soit lue Olou bounar derbend , ie dcûle de^ la
aussi dansTégnse de Laodieée. » grande source. Le flanc du rocher voisio
Les ruines de Colnsssn se voient à donne naissaneeà une soareetrès^bon-
trois milles au nord du village de Klio- dante qui forme un ruisseau considé-
nos elles
; consistent en quelques rable. M. Hamilton considère avec rai-
fragments d'architecture répandus çà et son (I) cette source comme « la fou»
là dans les jardins, et en un théâtre an> faine deMidas » mentionnée par Xé-
tique dont les gradins subsistent encore nophon dans sa rente de Snrdea ii Ico-
en partie ; de nombreux débris de sar- nium.

(i) Hérodote, Ut. TII, cb. So. (i) HrsenrehfSf ett , t. Il, 1S4.

^ .d by Googl
ASIE MlNEUAb 44U

D lseliakli à Ak on compte
clieher AVOLLO^lA DE PHKYGIK
Mîize kilomètres ; on trouve dans cette OULOtl BOUELOU.
ville de nombreux fragments d'antiqui*
tés, mais aucune ruine importante. Dans le sud-est de la Phrygie il faut
Toutes les places de la Phrvgie ont citer Apollonia, aujourd'hui Oulou bour-
été tellemeut ravagées pendant les <;^uer* lou, située à vingt kdoniètres a l'ouest
res byzantines et les soulèvements des du lac d>^dtr, dans une plaine bien
l^mirs contre les SeUijoukides, que ce ealthrée. Apollonia était à vingt-quatre
ne sont plus que des amas de décom- milles au sud est d'Apamée, sur la route
bres. Ak clieher occupe l>mplaeenient d'Antioche de Pisidu ;elie s'appelait pri-
de Philomelium, ville de la Phrygie Pa- mitivement Margium. Strabou ne lait
rorée, placée sur la route de Metiopolit nue mentionner le nom d' Apollonia; oa
à Iconmm. I<a juridicitoo de Synnada ooit croire cependant qu'elle a tenu un
s'étendait jusque-là. rang distingué parmi les villes phry-
Pour se rendre de Ak clieher à La- giennes. Au nombre des inscriptions
dik, randeone Laodieée, on doit passer S|u*on y a trouvées, on • iieonnu de lon^
par llgouo, petite ville presque dàserte, ragments du tesument d*Aiiguste, qui,
qui occupe rcmplaceniprit de T\ riœuîn; par les ordres de cet empereur, avait été
on compte quarante kilomètres d'Ak mscrit à Rome sur des tables de bronze,
cheher à IIxoud, et cinquante de cette et dont la copie complète se trouve à
ville à Ladik. La route est presque tou- Anejrre. Il est probable que les lMlii«>
jours en plaine. tnnts d'Apollonia avaient, comme ceux
Laodicea Combusta était la ville la d'Ancyre, élevé un temple à la mémoire
plus orientale de la Phrygie ; son empla- de reînpereur; mais aucun ve^ti^e de
eemeot est occupé aujourd'hui par la eet édifiée n'existe plus. D'autres ins-
petite ville de Ladik, appelée aussi Yor- criptions ont été recueillies (l.ms le vil-
gan liadik, Laodieée aux couvertures, lage d'Olou bourlou, et plusieurs d'entre
parce que la fabrication des tapis et des elles mentionnent le nom des ApoUouia-
feutres est la pnueipale industrie des tes : on ne peut donc avoir aucun douta
habitante. Les ruines de Tancienne ville sur ridentité des deux endroits.
occupent une immense étendue de ter* La détermination du site d'Apollonia
rain aui environs de Ladik. Il y avait est due à M. Amndell. Au milieu du
encore en tSS4 un reste d'aquédue que vHtage a'élève un rocher abrupte m
Vont était en train de démolir. La quan* aommet duquel était l'acropole, d'où la
tité de fOts de colonnes, de chapiteaux vue s'étend sur toute la plaine envi-
et de piédestaux de marbre que Ton ronnante, admirablement cultivée, et
rencontre à chaque pas montre combien Tune des plus fertiles de ees districts,
d'édifices somptueux embellissaieutran*. qui pourraient nourrir une nombreuse
tique Laodieée; maison comprend bien population. Il ne reste de l'ancienne
que Grecs n'ont pas mis la main à
les ville que des ruines presque sans forme,
tous ctô ouvrages. 11 y a dans le style les plus beaux fragments des monumeuts
de ces monuments une désolante uni* ont été employés sueosssivement pour
formité, qui mmitre qu'une pratique construire les maisons modernes.
banale avait succédé aux inventions in- Nous avons réuni dans les chapitres pré-
géuieuses des Grecs. Presque tous les cédents les documents qui font connaître
diêees des villes de ces légkMis datent lesvillesandennea dontiapoaition estdé-
du second ou du troisième siècle de no- terminée ; si Ton compare la liste de ces
tre ère. Laodieée est construite sur un villes avec celle que donne te synecdéme
terrain calcaire luarbre, qui a fourni tous de Hiéroclès, on verra combien de la-
les OMtériaui dont la vHIe est bfltie; ennes présenta enaora la «tie aneienna
cTest donc par erreur qu'on dit que le de la Phrygie ; il reste encore parmi lus
surnom de Laodicé«, • la brûlée », lui a emplacements antiques un grand nom-
été donné à cause de la nature volca- bre de lieux innommés , et des doutes
nique du pays qu'elle occupe (1). existent sur l'identité de deux ou trois
villas : la tâche des fbtufteiploralaura
(i) Toy. Uaailloni JtecA., I. II, tgi, eonaisla i éelaireir wa questions et à

ir ÊÀtmêêùn. (Aau Mmon.) LU. It

Digitized by Google
460 L'UNIVERS.
ajouter encore quelques noms à la liste phie (1). Cette fille n'existait pas encore ;
des villes connues. Bien des roules sont du reste il n*avait pas à traverser son
encore à suivre, qui mènerout certaioe- territoire, puisque sa marche inclinait
ment à la découverte de mottimieiili an snd. 11 met trois jours pour traverser
ignorée. la Lydie, et fait 33 panaanges. Arrive
au bord du Méandre, il passe le fleuve
CHAPITRE XLV. sur uu pont de sept bateaux , et après
une marche de 8 parasanges, il va ntre
MAMaiB Mf IBONB CTB08 M SAIDU halle i Coloian,vnie de Plirygie. il avait
parcouru 30 parasangea 00 140 kil. 610.
Culossae, dont la position est connue,
Le jtnm Cyrus, nommé gouvmeiir est représentée par la ville moderne de
de la Lydie, apprenant que son frère Khonos; cette ville était une des plus
Arlaxerxe a été désipné par leur père florissantes de la Phrygie Parorée ; elle
Darius pour lui succéder .au trône» était généralement un point d'étape des
forma le projet de le renvener «t de le armées perses.
•obitituer a sa plaee. Cet événement, Of rua it une haltf d« sept jours dan»
ooiinnan dans les annales de l'Orient, aetia viHe,OÙ il fut rejoint par un corps
eut un immense releulissemeiit dans de quinze cents \éterans et scutaires,
rUistoire, parce qu'au nombre des Grecs sous le^ ordres de Menon. Partant de
tDrdIés sons les eoieigoes de Cvrns, Colosse, il fait nna marche de SO pa-
se trouvait Xénophon, qui, après (a dé- ra sa nges jusqu'à Celaen» soit 93 kil.
\

faite du Jeuiie prétendant conmianda 740 m. Cyrus possédait à Olienae un


la retraite des Dix Mille. ISoufi uous bor- palais et un pare rempli de gibier ; il
eroBi dan» ee elie^tn à enivre lea s^oorna trente jours dans œtte villa
élBpee de Cyrus depuis son départ de pour s*y Hvrer au plaisir de la chasse,
Sardes, et nous ferons en sorte d iden- fient-étre aussi dans le but dpdéioiit>'r
tilier les points reuiurquables de ses liaU e roi Artaxerxe i>ur ses projets ulté-
m
teenveewe loeeiitée moée ei, ooniMr- rieurs, et laisser son armée dans Tigno-
mément au réoitde Xénophon. rance de ses desseins. Celsenae était si*
Cyrus, sous prétexte de s opposer aux tuée à la jonction de In rivière Orsns
empiétements du satrape Tissapheroe, etdu Méandre; elle e&t remplacée par
enrôle des troujies aréiques, et quitte la petite villemoderne de Diuaire. Au
a réeidinoe de Sardes, en Tannée 404 bout de trente jours, Gyrutf ae remit an
•vaut notre ère. Xénophon a eu li' soin marche il fît 10 parasanges, 46 kil. 8T0,
*,

de noter presque toutes les distances en jusqu'à Peltae. Iji position de celle ville
parasangea entre les principalee villes, n'est pas parfaitement déterminée, mais
traversMa par raMiée dlMramn. elle doit se trouver dans la voisinage dtt
La longueur de la parasange ancienne village de IschekII, l'ancienneEumenia.
est estimée en milles géographiques PeliSB était à un jour de marche de
à 'J milles 46â ou a 2 milles 6U8. Sans CelKux et dans le bassin supérieur du
•ntPer dant la disooHioo enlR ocadem Méandre; la tabler de -Mulniger mt .

roesuref; nous en prendrons la moyenne, Peltif a vingt-8ix milles d'A^aweOta de


soit 2 milli's 531 ,et comme le mille Celainae. Le Carnpus Peltennsqui envi-
géographique vaut ]8â:t mètres, il s'en- ronnait la vilk taisait partie de la Phry-
anit que la ««lo^na de «la poranniKe gie.
est de 4 Momètt^s 687 mètres. Lerrulnea dePalt» ont disparu ; eetlo
Cmis partant de Sardes se dirige ville a sans doute été remplacée par
vers la Pisidie, pendant que Tissapherne, Euménia, conjnie Colicnse par Apamét».'
avec une escoMe ûtfiAnq oenttemaAux, L'armée séjourna trois jours a Pella;,
aareud à Susse (i). Cynmnife'VnniMa «ft fon célébra la fHe des LupOMBliv,
parallèle un fleur. Cojîamus, que noua au milieu des jeu» et des sacrifîces.
savons ^tre le Clouzou tchaï (la rivière Va\ quittant Peltae, Cyrus se dirige
de l'agneau) qui passe devant PbiadeU vers Ceramorum Agora, et fait 18 para-

(1) Tegr. p. a7a.

Digitized by Google
ASIK M iNKimE 46 i

siii.pps, r»()kil. -214 Olle localité est re- appelait la Tvanitis. Klle était très-riche
^anit-e par M. de liainmer eoiuine le et tres-peuplèe ; on en reconnaît l'empla-
centre de la province de Kerniiaii, dont cement au village d'Iftyankas. C'est en-
le noma quelque rapport avec le nom core le nom d'un district comprenant
ancien. T^a plaine de Rermian est au sud- le villatrede Ketch hissar. I.ia distance
esl de la ville inode/nn d'Ouscliak n . de relie place a K ira bounar, rsi de
31 milles géographique:» d'I&cliekli. (juarante-neuf à cinquante milles. La
L^année tounw ensuite au sud, et fait uistaiice de Tyane aux portes de Cilicie
une marche de 30 parasanges, kil. HO n*est pas marquée danv l'itinéraire de
610, a travers le pays montagn» ii\ âo Xénophon ; elle est en realite de soivant e-
Beudos, par Afioum kara liissar, et at- cinq milles géog., puisqu'on ueut la par-
teint la plaioe de Cayatrepedluni« fille eoorir en dix-huR heures oe marche,
Wen peuplée, Cyrus y resta cin jours. i
107 kil. 801. Cyrus passa drdié qui
Ce>l dans cette ville qu'il reçut la vi- porte aujourdliui le nom de Kulek bo-
site d hpyaxa, lenime de Syennesis, gaz, le détilé du Moucheron. 11 a ete
roi de uiicie. rendu irès-pratleable par Méhémet Ali,
Accompagné d*Épyaxa, il fait endeui qui y fit exécul r l'.c grands iravauX'
-

marches 10 pnrnsanu'«»s,46 kil. 87. pnuv Ayant passé le défilé. Cvnis »ul a
arriver à Thyiubnum, ou se trouvait la franchir une distance de 20 p.irasaiigeti
fontaine de ftlidas. Ce lieu est marque Siour arriver à Tarse, capitale de la (.i-
par uue source abondante et limpide icie. S*étant mis en relation avec Syen*
appeléeOluu bounar derbeiit, h- deliléde nesis, rm de Tarse, ('yris pav a viii^*l
la grande source, entre ieë villes de Is- jours dans (^tle \ille. .laiiK repos.
chekli et de Ak cheher. Thymbrium 11 fit ensuite 10 parasanges, 4'i kil.
serait plus rapproché de cette dernière 870 en deux jours, et arriva au fleuve
ville. Sarus a'i sud de In ville d'Adann , et,
Cynis vint ensuite à TyriaRuni eu deux par une mar< hi' de parasaiiyes, 28 kil.
.'>

jours de marche, il fit encore 10 para- 436, il arriva au tleuve Pyraïaus , qu il


sauges, 46 kil. S70 ; c'était une ville im- passa aux environs de ^Inpsuêstla, au-
portante. Il y demeura trois jours dans jourd*hui Missis, ville presque abandon-
une urandu plaine voisine de la ville. née. Knfin CyruN lit IS parnsangts,
<Arus passe la revue de son armée; 70 kil. 305, en deux marches, et amva
f/p>'axa aeeompague toujours le prinee à Issus dont les rnines se voient va
p(frse. Il fait opérer la paye .de son ar- nord de la petite montagne de Rara
mée nvw les sommes que la reine lui knia, la pirtre noire. Il séjourna trois
avait apportées, i yrixuui occupait i eiu- jours à Issib. et lit ensuite 5 parasange»,
plaoement de Di^oun, petite viUe dis- 23 kil. 43Ô, our gagner le défilé «|u'on
j

tante de 54 kil. uord-ouett de Ladik, appelait pwtet Syriennes tt ({ne les ,

ancienne I^odicée. Turcs nomment iJcmir kapou, la porte


Cvrus fait ensuite 30 parasauges, de fer. Ou y voit des restes de constnic*
9S ail. 740, en trois marches pour ^a- tion antique.
^uer Iconium, Konieh, la dernière ville r.41 route de Cyrus à Iraven TAsie
de Phry-ie, où il séjourna trois jours. Mineure se résume donc dam 1* ta-
£n cinq jours il traw rsa la vc ionie I
bleau suivant :

et fit 30 parasauges, I4u ktl. tilo, jus-


qu'à Barathra ; il mit cinq ioun à par-
courir cette distance. Les habitants de
la Lyoaouie ayant lente de .>'o(.|>oser
à sa marche, Cyrus pi-ruut a son armé«t
de mettre le pays au pillage. Kpyaxa
quitta Cyrus en cet endroit et retourna
en Cilicie en franchiss;tnl le Taurus.
Cyrus traversa la Cappadoce et fit 2ô pa-
rasanges, 117 kil. 175, en quatre jours,
i'usqu'à DanaouTyaue. Cette vdle éiaii
e clicf-lieu d*un vaste district qu*on

Digitiztxi by Google
453 L'UNIVEUS.
KrSMBgM. KtkMBètret. Milet prise, il marche sur Halicarnasse,
De Stfdei; que l année emporte après un long
Colom 30 140,610 siège.
CelcTnae 20 93,740
Aleundre entre en Lycie s'empare ,
Peiis 10 46,870 d'Hypama, ville forte, détruit le fort
Ceramorum agora. ... tS 66,944 Phsénix, et vient occuper Telmissus,
Cciystropedium 30 140.610 Xantlitis et Patare.
Tliynibriuin 10 46.870 Côtoyant la Lycie, Fermée d* Alexan-
Tvrixum 10 46 870 dre fr.mchit le passage diflicile du mont
Icooiuni 30 93,740 Climax Br Phaselis, entre en Pamphy-
\

Baratbra 80 140,610 lie, prend la ville de Perga. Les dépu-


Dnna •«•• 25 117.175 lés de la ville d^Aspendus viennent faire
Portes de Cilicie 23 107,801 leur soumission. De Perpa Alexandre
Tarse 20 93.740 marcije sur Sidé, Syllœum, remonte la
Sanif, fl ... 10 46,670 vallée du Cestrus, franchit leTuurus,
PvramuB,ffl 5 23,435 sVmtiare de Segalanus, et soumet la
Issus ... 16 70,a05 Pisidie.
Portes syneones. ... 5 23,435 Il mnrche ensuite sur la Phrygie ;

Total 275 1388,^25 Celaenac se rend sans combat ; Alexandre


marche sur Gordium, où il tranche le
niCIS DB LA MÂfiCBB D*ALBXAn- nœud Gordien, soumet la Paphiagouie
et la Cappadoce ; il entre dans Ta Cilicie,
DRB LB OmAHD A TBAVBB8 I.*A8IB
séjourne à Tarse , et va livrer à Darius
MINBUBB.
sa dernière bataille dans les plainet
dMssus.
Alexandre traverse l'HeUespoot, de
La marche d'Alexandre dans TAsie
Sestos à Ab^dos, et se rend directement
Mineure peut ae résumer ainsi :

à liiiim, oùilfait des taerifices à Minerve


Iliade. s« met en marche, rejoint son
Il
M-
armée à Arisbé, et vient camper au bord De PHellespont :
du Practius. De là il se dirige par Co- Granique , fl 53 76,960
lonnes, et arrive à Hermoté. Ilium 76 111,000
L'artiiée des Perses éiait campée aux 189 205,720
Sardes
environs de Zélia, sur la rive droite du Éphèse 60 .S2,8R0
Graniuue. Le 21 mai 334 avatit noire Halicarnas8e 80 118,400
tee, Alexandre attaque les Perses Après Aliuda, Telmissus 132 180,560
avoir remporté sa première et plus Xanthuf Patare 140 207,200
brillante victoire, Alexandre se dirige Climax Phasdit 64 94,730
sur Sardes par liium ; il passe par Au- Sasalassus 67 99J60
tBDdros, Adramyttluiii , Périme et C«Ia;n« 43 (>3,G40
Tliyaiire. Gordium ISS 196,840
Arrivé à Sardes, il délivre les citoyens, Ancvre 49 72,520
et fait des sacritices; de Sardes \\ se Cvri" castra, 198 29a 0 10
rend en quatre jouraées è Ëphèse, Tarse 199 294,0*20
chasse les tyrans et rétablit la demo* CiUeie Trachée 166 944,300
cratie. Il reçoit les députes de Majiiiésie 7 7,COO
Taneàlisus 120 I

etdeTralles, qui venaient olfrir de ren-


dre leurs villes à Alexandre. Total 1703 3618,!
Après avoir aeeompli des aaeriOeee
à Diane, Alexandre se met en route (1) Mille roaiaia 1460 nièlrc»

poor Mîiet, qui refusait de ae soumettre.

Digitized by Googl
ASIE MHIEinUI. 4M

GALATIB.

CHAPITRE XLYI. réunie à leur empire , s'est relevée puis-


sante et active, lorsque l'empire romain
BBIVÉB DES GAULOIS. s'est écroulé; les Latins ont renouvelé
en Orient les esploits des Gaulois. C'est
qui reçut le nom de Gallo-
Le pays la France qui conduisait et poussait les
(irèce ou de Galalic était un dcineji- essaims de croisés à travers les monts
breoient de deux grandes provinces, le et les plaines de PAsie, et, dans les
• Pont et la Phryxie. Déjà, sous les rois temps modernes, c'est sous l'égide de
grecs* plusieurs parties notables de ces François 1"" etde Louis XIV que les
régions avaient subi des modifications, nations chrétiennes commencèrent à
soit sous le rauport des gouvernemeuts, commercer sans crainte avec les nou-
Mit sous celui des frontières. Les rois .veaux vainqueurs de l'empire bvzantin.
de Pont ataient possédé une partie de 11 n'est donc pas saus intérêt d'exa-
la Phrype,les roisde Bitbyni«» s'étaient miner sur quelles bases s'est constitué
emparés de plusieurs vtllôs du Pont et Pempire des Gaulois en Asie, connnent
de son territoire; c*est en cet état de Ils sont parvenus à sVtablir an milieu
démembrement politioue que se trou- de royaumes (|ui, à cette époque, étaient
vaient ces provinces forsane les Gau- à l'apogée de leur puissance. Cette fu-
lois arrivèrent en Asie c est aussi ce
: sion si prompte et si facile des conqué-
qui favorisa leur établissement dans le rants européens avec les peuples asia-
«entre de l'Asie Mineure. tiques n'est paa un des phénomènes les
Les rois de Perganie, s*appuyant sur moins curieux de cette expédition. Tous
l'amitié des Romains, faisaient la guerre les princes décorés des titres pompeux
aux rois de Bithynie. de rois de Pergame , de Pont et de Bi-
Kicomède, qui atait à se défendre thynie, s'empressèrent de concéder à
non-seulement contre leurs attaques ,
nus barbares ancêtres autant de terres
mais encore contre Pallianoe occulte de qu'ils en voulaient pour former cette
la république romaine, résolut d appeler république des Gaiatfs que la puissance
à son secours un peuple dont la renom- de Borne se garda bien d'anéantir, mais
mée avait déjà franchi les mers. au'elle respecta plus que rbéritago
Les Gaulois, campés aux portes de 'Alexandre
Bvzance, menaçaient cette répubiique Lorsque les Gaulois arrivèrent en
d une amitié onéreuse. Ils furent appe- Asie , ils se trouvèrent en rapport avec
lés par Nicomède, et entreprirent cette des peuples étrangers comme eux, et
brillante expédition qui eut pour ré- comme eux venus d'Europe, les Grecs,
sultat la conquête de la Phrygie centrale. les l^hrygiens, les My>iens, les Bi-
Pour nous, nous ne devons pas nous thyniens. Nous avons vu dans quel état
rappeler sans un sentiment d'orgueil se trouvait le rovaume de Bithynie i
national que les Gaulois ont pénétré
,
cetre époque. Deux compétiteurs sou- ,

jus(ju'au centre de l'Asie Mineure, s'y tenus Pun et l'autre par des allies puis-
sont établis , et ont laissé dans ce pays sants, et excités parcie perliii'-s (•on'>eils,
des souvenirs, impérissables. Si le nom étaient en présence : Dicomèdc et Zipœ-
de Francs est le terme général sous le- tés étaient sur le point d'en venir aux
quel les Orientaux désignent les habi- mains.
tants de 1 Europe, c est que nos ancêtres Le nom des Galates commeiK^aii à se
ont influé d*une manière notable sur répodre en Orient; les exploits des
les destinées de POrient dès les pre- trilais guerrières qui, sons lo conduite
miers siècles de notre histoire. Cette de Brenuus (1), avaient ravagé la Grèce
influence , confondue avec celle des Ko*
mains, quand la Gante elle-mime ftit Slr«b.,Ub. V, 1S7.

DIgitized by Google
LUHIVËRS.
et ptreouraieDt la Itiraee en rançon- trembler les peuples amollis et halritué.i
nant les villes, portaient In terreur au au jous. Nicomède appela en Bitbyni •

milieu d^-s pii|Milnlioiis. Kn iibandon- le corps des (iaulois de Léonoriu.s, qui


iiant la drece après la mort de Breu- était resté près de Byzauce, et, fort de
nus, les Gaulois se séparèrent en deux ces anviliaires , il eut bientôt réduit les
corps; Tun resta dans la,, Dardanie, rebelles.
l'autre traversa, les armes a la main, la Le Nicomède d les
traité siffné entre
Thessalic et la iVIucédoine, vivant de Gauloifi nous a été conservé par Pho-
pillage et de contributions levées sur les tius.
habitants. Ce dernier corps, fort de Les Gaulois demeureront toujours
vingt mille homm-s. r'^fontimifîsant unis p ir les liens de l'amitié avec Pii-

pour chefs Léonorius etLéontarius (!), comede et sa |;nst«^rité.


arriva jusqu'à Byzance , reiulît tribu- m Ils De pourront Jamais, sans le cou*
*
taire toute la ente de la Propontide, sentement de Nicomède, former aucune
et, de\"n!! 'naître de TasIiii ichie, dont alliance; ils resteront toujours les amis
il s'était empare par surprise, il s'éta- de ses amis et les ennemis de ses eu-
hli! da s la Chersouèse , et descejidit uernis.
ri]ellpsi)ont. T.a vue des riches cam- « fis donneront des secours aux
p;i«fi s de r Vsie, dont ils n'étaient sépn- Byzantins toutes les fois qu'ils en se-
rt's (pie <K\r un dt-lroit, donna à ces ront requis.
Gaulois le désir d'y former un établis- « Ils se porteront bons et fidele.s al-
sement. Ils députèrent quelques-uns ités des villes de Tins, Ciera, Chalcé-
des leurs vers Antipater, qui comman- doine etHéraclée. »
dait s'T retfi' côte. Le bruit de leurs (''est à ces conditions que le roi leur
exploits les précédait en Asie, et Au- ouvrit l'entrée de ses États, et fournil
tipatert n'osant pas leur résister ou- des armes à ceux qui en m.mquaient.
vertement, suseita de continuelles dif- Le passage des Gaulois en Asie s'ef-
ficultés pour gagner du tenips. C'est à fectua SOU'; l'.irchontat de Oamoclès»
cette épocpie qu'il laut rapporter la l'an de lloine 47(>, A. C. 278 (ï).
tentative que firent les Gaulois pour Dans le principe le corps des Gau-
s'emparer de la Troade (21 , mais cette lois venus en Asie se com()osait de trois
province avait été tellement rnvnuée tribris principales le< Tolistnlmiens
:
,

par la guerre. (|u'ils ne trouvèrent pas l'une des iilus puissantes tribtis srau-
une place susceptible d'être mise en loises qui fondèrent des établissements
état de déffuse. T^i ville d'Alexandria- dans la Germanie, dans l'Italie et dans
Troas n'était alurs qu'un bourg avec un rilivrie T.(S Boiens. oucbe de cette
temple de Minerve; elle dut son ac- tribu, habitaient la Lyonnaise et l'A-
croissement aux bienfaits d'Uérode At- quitaine; leurs premières migrations
ticus. Lorsque les Gaulois arrivèrent, remontent à plus de ciiiq cents ans
ils trouvèrent cette ville sans murailles, avant notre ère. Le second corps , celui
et ne voulurent pas s'y établir. des Tectosagps, qui devint le plus puis-
Les négociations entamées avec An- sant des trois peuples établis en Asie ,
tipater ne recevant aucune solution, les fiiisait partie des volées de ta Narbon*
tribus commandées parT^ntariussVm- naise. Il est & croire qu'ils furent sou-
parèrent de que^pies barques, et pas- vent les compagnons des Boiens dans
sèrent eu Bithyuie (3) C'était au mo- leurs expéditions lointaines, car César
ment où Nicomèdes^apprétaitàfaire fa nous apprend qu'ils avaient aiMsi formé
guerre à son frère Zipcctès. Le roi de des établissements en Germanie (2).
Bithynie les reçut [tlutôt comme des Cette tribu ctnitlaplus nondireuse et \a
alliesque comme des ennemis, heu- plus illustre, et les Romains la com-
reux de pouvoir compter sur le se- blèrent de teuKngnages d'estime quand
cours d^étraugais dont la valeur ûôsait iisfiirent maftresdetoute r.AsieMincure.
Le troisième corps, celui desTrocmieiis,
0 Til. Liv..lil). XXXVÎIIjch. 16.
(a) Slrah., Iib. X.111,594. (i) Pausanias, lii>. X, ii.
(3} Meuiioi), ap. Pholium , 7*0. (a) Giesar, Comni.j, iib. TI, 24,

Diyilizea by v^OOglc
ASIE M MEURE. 4U
mit formé son nom de ttkà de uni toaGfloiaaerialiiireilaM delà du Osiife
chef Tro€!fnii8. Il paraît awif tonvoon Sangarius. Gependani, ils ne cessèraat
élp domifip prir les Tectosa?es, el n'a pas de jouir d'une assez grande inflne'''*e
pas lai se dans riàistoire ieiOliveoir de sur les princes de Asie Mineure,
I

grands exploits. prêtant leur secours intéressé dans les


. pays concédé pfer te rtideBithyoie oisseiisiaBa Mmbrawaa qui divisaient
à ces 11 rdis guerriers ne pouvait suffire ces pr nces sou verai ns , et (] u i pré pa ra e n t
i i

.î leur ambition. Ils entreprirent bien- le su' cès des armes romaines. en- Ils

tôt des expéditions contre leurs voisiuiï, voverent un corps uombreux comme
qui tre iMPlètent» et oflfirant de leur i«ndNairei Autioehus .le 0raiid ; nuis
payer tribut. Us étaient entrés dans ces les conseils d'Annibal et la coopération
provinces comme les niliés d'un prince des Gaulois ne le sauvèrent pas d'une
aiiatique« et, tout barbares et illettrés défaite. La vengeaoee de Aome s'atta-
étaient, lear poliliqDe Ait aeiei ihal»leBtêt aiix.jaiiiB.du nd : lei«0Mdl
sage, assez habile, pour i^ier à eux M. Manlius, latom de .surpasser les
tous les Grecs, les Phrygiens, délicats exploits de Scipion , marcha contre les
et trivoies habitants de ces ville& som- Gallo-Grecs sans attendre les ordres du
ptueuses. Ceu4-ci acceptèrent la rude sénat. Uexpédition de Mao&ius eut lieu*
amitié dea<3kaukiis, et fonnèrant avee l^an 666 de Rome (A. G. 189 il
y ;

eux une alliance ns^pz intime pour que avait ([untre -vingt-neuf ans que les Gau-
le pays reçût des Romains enx-niême^ en Asie. Kn voulant
lois étaient établis
le nom de Gallo-Grèce. Toutes les na- accomplir son projet d'iuvasiou dans la
tieoa de I* Asie Mineure, naanacéea^ Galatie, le ficénéral romain fut aasex
loindU attnr|tiée5; (le près, se soumirent habile pour décider les princes Attales
à la domination gauloise et l'Asie en , à lui servir d'auxiliaires. Aide des trou-
deçà du Taurus ne fut plus qu'un pays pes de Pergame, et guidé par des alliés
tfibviaire quTils ee pertaBèrent à leur 4^i «mnaiiaiieiit le pa^s et les popol»*
gré. Les Trocmiens eurent eu partage tions, il nliésita pas a se mettre en
les côtes de Hellespont, la Paphlago-
I campai^ne Néanmoins, au lieu (te mar-
nie et une portion de la Cappadoce; cher directement sur la Galatie , il fit
r^ide et l'ioiiie éahvrenl Talia- an va long eiiMdt a» HiiiBt la elMiM da
toboieus, qui aUèreût s'établir au delà Taurus.
du fleuve Sanearius, et lef5 Tectosniies T.ps Gaulois, vaincus malgré des pro-
prirent toute la portion septentrionale diges de valeur, tircat leur soumiasioii
. ie Ja Pbrygie et de la Cappadoce. Il» aux Romains.
doonèrent à leur nooYelle conquête le Le eonsnl qui a'élirit iMNSiré si exi*
,

nom de la mère patrie et la Galatie , géant et si nvide envers les peuples de


asiatique fut placée au premier rant; la Garie et de la Pisidie, accorda aux
des puissances mUcpcndantes de TAsie Gaulois une paix honorable, ne leur
MisaMi. imposa aucun trihot, maintint leurs lois,
C'est vers cette époque que les Ro- et se contenta de leur défendre de faire
mains songèrent a porter leurs armes des incursions chez les Iliés des Ro-
.

dans cette cootrée.Fidèles a une politique mains. Le sénat confirma par un décret
fini ienr ainit ttmlDvrs réiitti, ils rom- llndépeadmoe des Oauloia. Celte ftvcur
mencèrent h exciter contre les Ga(il(MS, si rarement acx*ordée aux peuples con«
la seule nation qu'ils redoutassent, les quis les attach;i définitivement à la for-
,

rinces de Phrvgie et de Bitbynie ; mais tune de Rome. Établis au milieu des mo-
E préseMe ^AÏMibal dast ea dernier
I
narchies nées de la succession d'Alexan»
Mv^aume suffisait pour déjouer leurs in- die lea (Banloia eouservèrent la forme
tri-'ues (> fut Allale, père d'Kumèiie, de gouvernemfnt usitée dans les Gaules.
qui le premier déclara la guerre aux Gaii- Chacun des peuples fornnant la con-
Vm (1 ), sous prétexte de s'affranchir de fédération gauloise fut divisé en quatre
l'impôt que payaient les rois de Fer* tétrarcbies;chaque tétrarchie avait un
game, et cette g^re &il heureuse, «ar tétrtrqtieun juge, un général, subor-
,

donnés au lélrarque, et deux lie ite-


(i) Til. Uv., lib. XXWIU, nanis subordonnés au général. Lçâ ç^uts

Digitlzed by Google
4S6 L'UNIVERS.
se tenaient dans un Kim nommé Dryne- par des propréteurs, dont les noms nous
metum. situé sans doute aa miliiNi sont également conservés dans un ftmd
d'une forêt de chênes qui leur rappelait nombre d'inscriptions. Nous ne pouvons
le culte de leurs pères (1), et le faraud révoquer en doute un fait attesté par
conseil qui assistait les douze tétrarques saint Jérôme (I) de l'usage de la langue
réunit le oompcistit de troit enits per- SBulolse en Asie. Les noms foniloin
sonnes. Lra Romains, en modifiant ce 'Albiorix, Ateporix, etc. conservés ,

gouvernement, lui conservèrent l'ap- dans les inscriptions rouventque la


, i

parence d'un État républicain, jusqu'à nationalité gauloise ne s'était pas ef-
ee que la «raverniieté fût réuDie sur la Aeée après un s^our de deux eenis non
téte de Déjotare, le dernier prinee qui en Orient. Mais un fait qni est com-
jotitt de l'apparenoe d'un pontoir na- plètement en faveur de ceux qui pen-
tional (2). sent que le gaulois ne fut jamais une
fies Galates ae moatrèreot les fidèles langue écrite , c'est que parmi les in*
alliés des Romains dans les pmrea nouibrables inscriptions qui ont été rn*
contre Persée. Ils eurent beaucoup à cueillies depuis trois siècles dans l'an-
souffrir pendant la guerre deSylla contre cienne Galatie, pas une seule n'est
Blithridate ; la Galatie fut envahie par écriteen gaulois. Les actes émanant du
levoi do PMit; k» prindpam habitanti eonseil général des Gaittes sont tous
furent mnssncrés, et le pays, réduit eu en langue grecque; les actes publics
province, reçut des ^gouverneurs par- émanant du pouvoir impérial, les ins-
ticuliers. Apre& la défaite de Mitbridate criptions relatives aux magistraturejj
Sar Pompée, la Galatie rentra sous la militairee, aux légions, aux routes,
omination romaine ; mais on ne lui sont tous en latin; on avait soin (]uel-
rendit plus ses tétrarques. Di^jotare, quefois de mettre une traduction grec-
prince galate , reçut le titre de roi. Il que à côté de riascription latine.
eut pour sooeesaeor son aeerétain Le même sénatnsHSonsulte qui lu»
Anjfntas, qui dut cette faveur à un cri vit la Galatie au nombre des provin-
caprice de Marc-Antoine. On ajouta à ces, déclara Ancyre métropole de toute
son royaume plusieurs parties de la la Galatie. Les deux autres capitales des
PMdie et de la Cappadoce ; mais tous Galates , Tavium et Pessinunte , com-
ees nouveaux royaumes, sans forée par mencèrent à déchoir à partir de cette
enx-mémes, n'avaient qu'une existence époque. La destinée de ces deux villes
précaire. Amyutas mourut après un fut tellement uniforme, que Tune et
règne de douze ans , et ses enfants l'autre sont restées pendant des siècles
n'héritèrent pas du trôœ de Icnr père. englouties dans un oubli complet, et .

La Galatie fut réduite par Auguste en leur position même était ignorée. Pessi-
province romaine (A C. 25) (3) Nous nunte peut aujourd'hui déployer aux
retrouvons plus tard le ûls d'Amvntas, yeux du voyageur les faibles débris de
PylSBmènes, aux ftlea de la dédicace sa- grandeur passée s mais Tavium, la
du temple élevé à Auguste par les peu- capitale des Trocmiens, ville grande et
pies de la Galatie, et sa lîlle Carachvlae commerçante, célèbre par un temple de
exerçant la charge de grande prétresse Jupiter qui avait droit d'asile, Tavium
de Geréi (4). Lorarue Ta Galatie eut été eaahée au milieu des montagnes sur il
fédnite en province, elle n'en conserva rive droite du fleuve Halys, n*a jusqu'ici
pas moins tout l'appareil d'un gouver- été l'objet que d'investigations 8U|>er-
nement indépendant ; les lois et actes de ficielles de la part des archéologues (2).
raotoritéinrent toujours promulgués au Depuis le jour oà le titra de métto*
nom du sénat et du peuple: en réalité, pôle de toute la Galatie ftit déeemé à
eependant , la Galatie lut administrée Ancyre, l'histoire de la province se ré-
sume dans celle de la ville. Les autres .

(f ) Strab., XII, 467. peuples partagent la destinée des Tec-


(s) ginb., XJI, S67. toaagea, et ae trouvent eomplétemenl
(3) Diod., lih. Lin.
(4) D'aprè» «|m ioacripliuM lr««véet à (i) Epi»l. ad Gai.
(a) Yoyes Is detcriptlofi iie flsriiMi.

Digitized by Google
ASIE MINEURE. 4d7

coiifoodus avec eu% dans la période qui cites de de Chatcédoine. Deux


fi'tcée et
suivit le règne des césars. oonoiles furent tenus, en 314 et en 358,
Telles sont dooc les conséquenoes des dans la capitale da la Galatie. Les No~
événements que ooas avons rapidement Ucea ecclésiastiquê» divisent la Galatie
retracés. Deux peuples braves et entre- en seize évècliés sous deux dénomina-
prenants viennent i un après Taiitre as- tions, la Galatie-Salutaire et la Galatie-
seoir leur puissance sur une des plus Consulaire. Ancyre apparieuait à cette
belles parties de l'Asie Mineure, et tous dernière province.
deux réussissent sans de grands efforts Malgré tant de ravages et de guerres
à établir leur autorité d'une manière désastreuses, la Galatie, par la fertilité
durable. On ne peut se lasser d'admirer de son sol et la richesse de ses produits
eeite grande et sage politique des Ro- agricoles, est encore une des provinces
mains, qui partout s'annonce par Téclat les plus heureuses de TAsie Mineure,
des victoires et s'impatronise par les car les vieux Gaulois, guerriers inlré-
arts de la paix. Apres avoir préparé l'af- [tides , peu soucieux des arts , et com-
Ciiblis^ment des États qu elle redou- plètement étrangers aux lettres, avaient
tait, Rome frappe un grand coup sur ragriculture en grande estime, et ce
la nation gauloise; mais, à peine vain- n'est pas le hasard qui les dirigea dans
cue, elle lui teud la main, lui conserve le choix qu'ils firent de ces provinces
ses prinees et son gouvernement, n'an- pour s'y fixer de préférence à d'autres
nonce sou pouvoir dans la capitale des cantons de TAsie Mineure. Un climat
Galales que par la sagesse de ses lois ,
sain et tempéré, un pays coupé de mon-
le^ prodiges de ses arts et la pompe de tagnes et de plaines, où les troupeaux
ses ftum. trouvaient une nourriture abondante et
J.es Gaulois n'avaient pas suivi une choisie, un grand lac au sud de la pro-
marche différente. Sans pitié pour les vince qui fournissait du sel au delà des
ennemis qui leur opposaient des obs- besoins pour les troupeaux et pour les
tacles, se fflODtreront volrins soeou*
ils bommes , et des bivers asseK froids pour
raUes pour les prioees qui rédamaient leur rappeler les frimas de leur patrie,
leur appui. Ils conservèrent aux villes qui retrempent les forces abattues par
qui étaient tombées en leur pouvoir leurs les chaleurs de l'été, tels étaient les élé-
lois, leurs croyances et même leurs su- ments de prospérité sur lesquels ils
{)erstitions. Sous la domination gauloise, avalent compté.
a foule des pèlerins n'en acroiirnit pas
moins aux panégyries de Pessiuuute, et CUAtlTRË XLVn.
les prêtres de la déesse purent venir
pfoesssionnellement annoncer aux Ro* ÉTAT DB L'AeBICIII.TUBB.
mains que le jour de leur domination,
prédit par les oracles, était arrivé (1). Les troupeaux nombreux qui se sont
Le secret de ces deux peuples, marchant perpétués (lans ces contrées avaient at-
m même bot , se cachait sous les mêmes tiré leur attention
tiquité
; on sait
il n'y avait pas de meilleurs ber-
que dans l'an-
moyens vaincre d'abord mais conser-
: ,

ver leur dignité aux peuples vaincus, et gers que les Gaulois. Aucun peuple ne
leur faire oublier, par uu gouvernement savait si bien gouverner les troupeailx,
eooforme à leurs besoins, le joug qui soigner les brebis, préparer les laitages
en réalité pesait sur eux. et recueillir les produits. Ils estimaient
Lorsque saint Paul parcourut l'Asie au'un berger ue peut bien gouverner plus
Mineure pour préclier le christianisme, e quatre-vingts moutons. Ils avaient
les Galales furent de ceux ebes qui la soin de fréter les brebis fraîchement
parole de Tapdtre fructifla le plus vite. tondues avec de l'huile et du vin, et cou-
L'Kglised'Ancyrefut nue des premières vraient d'une peau les toiiions les plus
qui s'élevèrent en Orient; aussi reçut- précieuses.
elle le nom d*£glise anostoNque. Las Les anciens pensaient que le sel fos*

évéqoss d'Anqpve flgarerent ain eon- siledoit être choisi de préférence pour
saler les fromages, et Slrabon nous at-
( < ) Til. liv., mài s^rm. teste que TAsie Mineure eh exportait

Digitized by Google
0 L^mnvERs.
jusqu'en ll ilie. L'usa>;o des
épurations chez lesAsiatiques, de quebju»- relryion
diverses du lait sVst perpétué en Gala- âu'ils soient. Sans chercher a se faire
tie; les Turcomans et les Nomades font lusion, on reconnaît quelquefois, sur-
du lait In h.ise de leur iiourrifiirt\ Ils tout parmi les pasteurs, des tv|>es qui
estiment p.'irliouliereint nt le lait aigri et se rapportent merveilleusement à cer-
à demi caille , qu ils aupellcut youhourt. taines races de nus provuiccs de France.
Varron noua apprend que la substance On voit plus d*hommies blonds en Go-
laiteuse qui sort de la f»'uillp d'un fmuier latie qu'en aucun autre royaume de l'A-
fniîchcmcnt coupée servait, chez les sie Mineure les têtes carrées et les yeu\
;

Grecs, pour faire cailler le lait. T.es bleus raupelUnt le caractère des popu-
moutona de la Galatie sont de la même lations oe rouest de la France. Celte
race que. ceux de la Cappadoce ; ils por- race de pasteurs est répandue dans les
tent une queue l<nr«;p et pesante qui villaires et les yaela camps des nouMi*
forme une masse de graisse du poids de des d£$ environs de la métropole.
vingt livras et au delà. Ce sont ces trou-
peaux oui faisaient la richesve du roi CUAfilTRE XLVni.
Ariaratne. La laine de ees brebis est
touffue, mais n'est pas assez belle pour tSS UifiVA&« D'aNUCHà.
être employée en tissus un peu fins.
Les anciens bergers étaient dans l'usage n V a bien longtemps que la belle
d'arrcU'IifT la toison des brebis et non race (le> chèvres d' Angora a déjà attiré
pas de 1.1 couper ^de la le mot rt lhra ); l'attention des voyaueursqui ont par-
c'est sans doute a cause de cette habi- couru 1.1 région trés-limitéé qu'elle ha-
tude cruelle et malsaine que Ton était bita. Dès Tannée 1&54, Busbek, ambas-
obligé d'appliquer un apnzème sur b-s sadeur de Hollande, proposait à son
brebis fraîchement torjdues. Mais il pa- gouvernement d'en transporter quel-
raitque cette habitude u'ctait pas gé- ques sujets en burope. Les voyageurs
nérale en Galatie, ear Vairon en a fait la géographes ont tour a tour émiâ, dans
remarque (1). leurs ouvrages, quelques idées sur les
La toison des brebis, soit naturelle, moyens de transporter hors l'Asie , ei
fioit de vêtement aux
travaillée, servait surtout de multiplier eu Europe, cette
bergers gaulois. Varron les représente raoa de chèvres. L*auteur 4e ce livre a
Têtus du diphtére ou peau de brebis. lui-même, dans diverses publications,
Les dipblères les plus fins étaient en tr lité cette question d'une manière in-
peaux de chèvres. Ce vêtement est en- cidente; nous allons résumer ici les
core uaitô dans la Bretagne et dans les rensai^oaments les plus prucia rtetteilUf
Landes. Ce sont deux peaux de chèvrea jusqu'à ce jour.
cousues formant une espèce de sagum
, Il est un fait généralement rc 'onnu

ou sac avec des orifloes pour passer la c'est que cette race de chèvres est ren-
tête et les bras. On voit encore aujour- fermée dans un district très-peu étendu,
d*boi le l>erger ualale ?étu de la sorta^ et malgré les avantagea que- procura
et portant le pedum ou bâton recourbé cette belle toison soyeuse, le commerce
(]ui sert à arrêter la brebis lorsqu'on et la manufacture d poils de chèvres se

veut la traire. Une tunique de coton ou sont toujours renfermés daus la seule
de laine Manche loi descend jusqu'à mi* ville d* Angora, maljgvé las lantativaa
jambe, et le pied est revctu d'une peau faites par d'autres villes, pour attirer
de cbevre attachée avec des courroies. sur leur territoire d«s siyeU^a 09tle
Mais on ne voit plus ces cheveux d'un espèce. : '.

blond ardent qui donnaient ans Gau- L'écrivain turc Esvlia vante, la beauté
loisun air si redoutable. I/usaf^e si gé- et la qualité des races de moutons du
néral de se raser la téte (2) a prévalu plateau delà haute Vliryiiie. et il ajoute:
« Mais riea ne saurait dooiier une idée
(t) Varron, ap. Dnrran de la Malle, Ee<h- < •

momte froHH^u» de% Homntns. irt's-anltques représentant des figures avec b


(•ï) Um!^»» qui p«« d'oripiiif intisiil-
ii'e^l lèie rasée el la houppe .de MVeas S«r k
n)auc, car ou voit en Lvric des l>as-relieiii sont met du cràue.

Digitizeci by Goo
ASIE MIREUaE. 4Sê

de la belle toison foyesie des ebè?les' les premim troupeaux vers Sevri his-
d* Angora; on ne saurait troDver ail- sar. Ainsworth ne trouva pas la ra'
leurs r\on dp romparaMe. » de ces chèvres répandue vers l'ouest
Le voyageur liusbeck , partant de au delà de la jonctioD des deux bran-
fiicée pour fie rendre à A masie, ne eom- ches du Sangarius.
mença à rencontrer ces chèvres à toison Aueher Éloi , venant de rorient, ren-
sovetise (]u'':\ r<'St du Snii'jai ius , dans contra dfs troupeaux de chèvres blan-
les environs <|p la ville de Bey bazar ebes, des son entrée en GaUtie, vers
qui n'est éloignée que d'une journée de ^'ally khan.
marehe d'Anpora. f^s moutons à larce Paul Lucas estime que cette race est
queue étaient éiralement très-nombreux. renfermée dans m?i cercle de huit à dix
l,a toison d. s chèvres est, dit-il, pres- jours de marebe, dont Angora occupe
que aussi belle que la soie, d'une ex- la partie supérieure Otte proviuce
trême finesse , brillaiite et longue jus- porte le nom de Halmanah. Il attribue
qu'à traîner sur le sol bergers n ont
T. es aussi à la finesse du gazon la qualif de
tondre, mais de la toison. Luens avait pris soin «l'en-
fws rbabitudt^ de la
^arracher. On lave souvent les chèvres voyer, en Angleterre et en France,
dans les ruisseaux d*eau eourante , et quelques échantillons de ees toisons,
on les mène paître dans des cantons pour en faire des perruques, les grandes
qui produisent une iierb.- verte et mai- j)erniques étant de mode alors; mais
gre, ou un court gazon qui est très- son projet de commerce ne put avoir
nvorable i la Gnesse de la tcnson. Il de suite, rexj>ortation des peaux brutes
estgénéniement reconnu oue tout chan- et des toisons étant prohibée.
gement de territoire on Je nourriture La filature et le tissage des poils de
est défavorable à la toison. cbevre est encore aujourd bui renfermé
Le produit des troupeaux de chênes dans la seule ville d'Angora, et les
est porté à Angora, on les femmes le étoffes qu*on y.&brique ont conservé
filent, 1p tissent, le tei£in''nt. et en fabri- leur haut prix
qiiei t une etotte soyeuse et brillante, La qualité la plus inférieure du poil
qu'on appelle cymatilis, et qui est em- de chèvre coûte, a Angora, de douze à
ployée pour les vêtements des sultanes. quinze firanes Poke (I kil. 95); la plus
Tourneforl, en 1711, donna, le j)re- belle va jusqu'à soixante-dix francs :

mif-r, le portrait des chèvres d'Angora ; aussi est-ce la richesse des habitants
il avait traversé 1 provinee de Galatie,
1 d'Angora.
et affirme, comme ra faitBusbeeli, que Macdonald Rinneir, qui a traversé
le court et fin gazon de ces contrées est plusieur.<; fois l'Asie Mineure, a ren-
très-favorable a la finesse et au brillant contré à l'est de l'Halys, de nombreux
,

soyeux de ces toisons , oui pvadeut en troupeaux de chèvres, mais pas une
flocons frisés , et acquièrent ttne lon- seule de la cace d'Angora. Il regarde
gueur de sept ou huit pouces Ces toi- ce fleuve comnie la limite orientale de
sons no sont jniTinis pxportét's brntes, la race d'Angora.
niais elles sont liiees et travaillées dans Ainswortb, venant de l'Halys, ren-
«le pays , pour ne pas priver les habi- contra pour la première fois les chèvres
tants de cette branche d*indnstrie. d*Angora dans un campement de Tur-
A du fleuve Ilalys Tourne-
l'orient comans a|)pelé Hassan-Oglon , à l'ouest
fort n'a trouvéaneune ebevrt- d'Angora ;
de laebaine de montagnes, a une pe-
mais tous les troupeaux qu il a rencon- tite journée de marche d'Angora. Quant
trés étaient composés de chèvres com- au développement de cette race, du
munes de la race de Koniab ebèvres
,
f nord au sud, elle ne dépasse pas les
rousses , à très-longues oreilles ren- montaimes de Kalatjik an nord, et au
dantes), donnant beaucoup de lait, sud celles de Seid el gbazy, c'est-à-dire
mais dont la toison ne sert que pour la qu'elle est renfermée dans II plaine ap-
fabrication des feutres. A 1*11* st, au pelée Haimanab,
Ci Titraire, il ne put reneontrer h s ehè- Lorsque Hamilton d'An-
visita la ville
vres d'Angora au delà de liey bazar. gora, en 1886, trouva le commerce
il

Vers le sud-ouest, Poc ocke Vencontra et rimiusiriedii poil de chèvre dans un

Digitized by Google
L'UNIVERS.
r.tat de dpcadence relativement aux an- chèvre d*Augora , et c est à tort que les
cieuii temps , oarce que la Jalousie des traducteurs de Strabon ont cru recou-
Turcs i Tegara des ArméDiens, qui sont natire cet animal dans les AopiUc dont
les plus grands détenteurs de trou* Sarle Strabon. Il est probable que les
peaux, avait porté les premiers à éta- opx(; étaient les moutons sauvages qui
blir un monopole sur le poil de chèvre, sont encore répandus dans les monta-
et le droit d exportation était réservé gnes de la Cappadoce et du Pont.
aux seuls Musulmans Mais peu de Il devient à peu pr^ certain que,
trrnp*; après, un ordre de la Porte ren- dans Tantiquité, cette race de chèvres
dit de nouveau ce commerce libre Le était inconnue à l'ouest de l'IIalys, et
nombre des troupeaux de chèfres allait 3u*«lle s'est répandue dans les parages
eu décroissant. *Angora i la suite des excursions des
Tout le montant des exportations ne tribus turcomanes, qui sont les plus
dépassiiit pas viii|;t mille okes, et il y parfaits éleveurs de troupeaux. Aucher
avait très-peu de fabriques en activité a Éloi recueillit quelques documents à ce
Angora même. Cependant, en sujet, pendant son séjour à Angora, et
Ainsworth calcule que le montant des son voyage contient le passape suivant:
beaucoup supérieur au
ex[>orlations est n I.ps races (r.inimaux remarquables

chiffre que uous venons d'indiquer; par la longueur du poil tels que cliè*
mais d*après une reinar(|ue de son com- vres , chats, ne s'étendent pas dans ua
patriote, peut-être fait-il entrer dans rayon de plus de vingt-quatre lieues au-
son compte Texportation de la laine de tour d'Anpora, elles ont été apportées
brebis. dans le treizième siècle. A cette épo-
Le géographe turc Ewlia, écrivait en aue Soliman Schah, tige de la maison
,

t648 : « La récolte de leur toison se es Ottomans, ayant voulu se soustraire


f.iit d'une manière particulière les ; à la domination de Gengis Khan, quitta
chèvres ne sont pas tondues comme on le pays de Kharizme ou des Turco-
tond les brebis, on prétend que cela mans, à Test de la mer Caspienne,
nuirait àla finesse de leurs soies; mais chassant devant lui & petites journées les
on arraclie la toison brin à brin. Clette troupeaux de chèvres, flnnt la horde ti-
cruelle méthode fait pousser aux pau- rait sa principale nourriture, pour ve-
vres chèvres des cris lamentables. I^es nir dresser ses tentes dans l'Asie Mi-
bergers ont Thabitude de laver leurs neure. Il pénétra iusqu^à TEuphrate;
corps avec de l'eau de cli.uix et de la mais, s'étant hasardé à passer ce fleuve
cendre; le poil tombe naturellement, achevai, il s'y noya. Krloglirul, son fils,
et le corps de Tanimal reste nu. » il — s'avança davantage dans l'Anatohe, où
semble qu'une semblable méthode doit régnait alors Ait Eddyn, sultsn d*Ieo-
être plutôt nuisible qu'utile , car la ra- nium et de la dynastie des Sedjoukides.
cine du poil étant tombée, il ne re- Il se soumit a ce prince avec quatre
pousse point. On ne peut nier cepen- cents familles turques qui lui obéis-
dant que rhabitnde d'arracher la totson saient, et rendit an sultan des services
des animaux n*ait été en usage chez les signalés II en reçut pour récompenie
anriens , puisque le nom latin des toi- le territoire de Sugud ,et étendit en-
sons, velleray vient du mot arracher, suite sa domination sur le pays situé
vellere, et Terrentius Varo ( De re rwt- entre Angora et Césarée.
tiea, liv. 111, ii ) dit positivement i|ue Ces clievres seraient donc de la raee
les bergers de son temps armchaient trans Caspienne, et si elles se sont ac-
la I. line (les brebis, pour qu'elle repous- climatées dans ces régions, ne doit-on
sât plus line. D'après cet écrivain , la pas espérer qu'elles pourraient l'être
tonte dés brebis aurait passé de Sicile ej^alement dans des pays qui joulsient
en Italie; mais il attrste en même d'un climat anniofîtie.
temps qu'elle était usit<'e clu'z les bergers Elles aurnienl été transportées dans
de Citicie et qu elle fut introduite dans
, ces régions au treizième siècle, mai:» uu
la srande Phr) f^ie. ignore sur quelle base certaine cette
Les anciens écrivains, Strabon, Pline tradition est fondée; seulement nous
et Vamin« ne oonnaimient pas la rappellerons que les chèvres d'Angora »
ASm MlNKXTIiË. 461

d\nprés leur origine chorasniienne et compose non-seulement des poils soyeux


leur vie erraote , se sont trouvées un de l'animal, mais encore du duvet doux
Jour dans les plaines de la Galatie et fin qui erott à la racine des poils.
comme dans leur propre climat elles : Corancez. pendant son séjour dans
ont eu des bergers suivant la nicjiie l'Asie antérieure, de 1800 a 1812, a
méthode, et se sont trouvées eu un mot fait, des chèvres d'Angora, rol)jet d'un
comme une colonie isolée , qui ii*a pas mémoire important, et Tchihatchelf a
rencontré du côté de l'ouest un pnys qui fait aussi d'excellentes recherches sur
offrît les mêmes analogies, ce qui l'a le commerce d'Angora et des autres
empêché de se développer de ce coté. villes de l'Asie iVlineure.
Au contraire, on a observé que ces Les pasteurs de TAsie Mineure for-
chèvres, avec leurs longues tresses soyeu- ment une grande partie de la popula-
ses et pendantes, se sont étendues fort tion du pays, soiî iomme ber«:ers de
nu loin vers Test, dans un grand cercle brebis, soit comme gardiens de cl^cvres.
de contrées de TAsie antérieure, et que, Il y a doux espèces de chèvres selon
dans un grand nombre de localités, il Corancez; la chèvre ordinaire {capra
y a encore des troupeaux indigènes fiircus), qu'on appelle kara-ketji, et la
dont la toison comparée avec celle des
, chèvre d'Angora, appelée chèvre kein-
chèvres d'Angora , paraît être tout à mel ou tesliH-ketji. On les rencontre
fait semblable. Le professeur Peter- souvent paissant ensemble, mais elles
mnnn a ncheté à Bngdad des gants de ne se mêlent jamais. Les premiers trou-
cérémonie faits dans le K-urdistao orien* peaux que l'on rencoutre en venant du
tal, qui sont tout à fait semblables aux' nord se trouvent dans la vallée de
tissus d*Angora. Tchibouk ova, où ces deux races pren-
Aînsworth a trouvé en Assyrie, dnns nent ensemble leur pâliir»*. I.a chèvre
les montagnes à l'est de TEuphraie, au d'Angora n'est pas seulement une va-
milieu d'une grande variété de chèvres, riété plus noble de la race générale des
une espèce qui, à part sa couleur bnme, chèvres , e*est plutôt un genre particu-
est tout à tait semblahlc a la chèvre lier de cette même race. I.a première
d'Angora. Elle a, connue elle, de gran- est répandue dans toute l'Asie Mineure ;
des tresses soyeuses et frisées, et des cor- la seconde a un canton déterminé, qui
nes jaunes. ne s'écarte pas du cercle de l'ancienne
A côté de celles-ci il y a de grands
, Galatie, h l'occident de l'Hnlys, ou
troupeaux de chèvres, dont la toison est Kizil irmak, du groupe de monla-ines
aussi soyeuse et frisée, mais dont la d'Angora et de leurs environs les piuâ
couleur est noire. Ces races 8*étendent proches. La chèvre commune d'Asie
de proche en proche vers l'est jusqu'à est trfe-voisine de la chèvre domestique
la belle espèce connue <le Bokara. On d'Europe. Cet animal se trouve en
en reucontre aussi dans le Djebel- Syrie, en îtlgypte, dans la Natolie et
Djermalc dont la beauté n*est pas in- dans tout TOnent. Sa toison est noire
férieure à celles d*Angora. ou d'un brun foncé ; le poil en est
On en fabrique des tapis et des étof- droit, long, assez fin vers le bout qui
fes , qui sont counues sous le nom de s'implante dans le cuir, plus noir et
camelot; non pas du nom du chameau, raide à Textrémité contraire. La chèvre
dont le poil ne donne qu'une étoffe sans noire se tond tous les ans; son poil est
brillant, mais du nom de S» il-el-Kem- grossier et ne s'exporte pas. fl se tra-
mei, qui est celui de la chèvre. C'est vaille sur les lieux; on en fabrique des
ainsi que Toumefort appelle les étoffes étoffes rudes, des tentes, des sacs sem-
tissées à Agora. blables à nos sacs de crin. Celui d'An-
A mesure qu'on s'élève dans les hauts gora n'est pas plus estimé que celui des
plateaux de l'intérieur de l'Asie, dans autres parties de l'Orient, et vaut, sur
des climats secs et froids , l'espèce des les lieux, I fr. 30 c. le kilograme.
chèvres s*améliore comme en Perse , à Sous ce poil et sur la peau même de
Cacliemyr et au Thibet, et fournit cette l'animal est un autre poil plus court et
célèbre inalière du srhall de poil d»> plus lin; on l'obtient en trottant avec
chèvre, Sa-Ha-La des Chinois, qui se de l'eau de chaux la peau de l'animal

Digitized by Google
46) L'UNIVERS.
encore garnie de ses poils après quel-
: soyeux est particulière au sol d'Angora
qiu ' iiistaiiis, le poil t'I le du\et t^;- dé- Cl de>< eiivirons. Au
delà, la rat. 'a-
tachent du cuir et se séparent aisément l)âlardit, le poil devient plus grossier,
Tun de l'autre. on ue trouve plus l'espèce , qui , seule
Le duvet de la chèvre noire est conBO fait la richesse de la ville qui lui a
sons le nom
de poil dr hp\roii. Il est
; donné son ni>iii.
employé dans diwrses maiiuf.ictures et Le territoire d'Angora est à plus de
particiilièrement pour la fabrique des huit cents mètres au-dessus du uiveau
chapeaux, (l'est surtout pour cet usage de la mer, il est forme de montaeues
t\uv Mar.sf ilie en lirait une i:rande quan- 3ui sont couvertes de neige pencîant
tité. I.e ÛUM'X (!<.s thèvres di Syrie est eux mois de l'année; aussitôt (jue la
peu ijbondanL el la ijualite u'en e^t pas belle sai-on arrive ou y conduit les
estimée, celle qu'on tire d^Augoia, chèvres, qui \ restent jusqu'à l'hiver
d'Rrzerouni el du uord de la Perse l'est changeant constamment de pAturages.
beaucoup plus. Kn pénéi al tnuics ees , Les iroiipeaux sont composes de deux
lames sont expéd ies a Sniyrne par les cents a iiuit cents létes. Les uiâies sont
caravanes chameaux uui partent I»las hauts (|ue les femelles, leur toison
d*Erzeroum ; de Sniyrne, elles sont en- est également blanche et frisée, mais
voyées en F'iiope par mer. les poils sont plus rudes.
, En Asie Mineure, le duvet de chèvre Aujourd'hui, l'usage général est de
sert principalement |x>ur faire des feu- les tondre avec des âaeaux, après les
tres; cette industrie, qui est d'origine avoir lavés dans l'eau courante. La toi-
persane, est en granfif nelivite à bpa- son (les femelles dt^passe ordirtain ment
nan, où Ton fabriuue des lapis de feutre le poids d'un kilogramme, totalité
de couleur grise orués de fleurs. On fait de la récolte est filée sur les lieux mêmes ;

aussi des manteaux tout d*une pièce, Texportation en est interdite, on ne


(jui servent dans les ttil)us nomades, peut exj (irter que les étoffes fahritjuées.
el surtout chez les bergers qui passent Lors(jue la loisou isi coupée, on la
les jours et les nuits ù la garde de leurs peigne avec un peigne à longues dents;
troupeaux. elle est ensuite livrée à la filature, qui
T.a chèvres blanche {t'tdik gueschî) se fait toujours à la main c'est l'occu-
:

est la plus belle t'!^pè«'e des a-iifii.iux que pation journalière et constante de toutes
l'on tiouve à Augura. Buiiun l'a dé- les femmes du pays, depuis celles d'un
crite soos le nom de chèvres d* Angora : rang éle\é jusqu'aux simples bergères.
sa toison est d'une blancheur éclatante ; Le rouet est pour ainsi dire inconnu,
lis poils qui la composent sont lonjis la quenouille seule est en usauo. tantôt
dtlic^, soyeux et fri&e6 nalurellemint; fixée sur un pied , elle sert quand ia
leur 6nesse est extrême. Tandis que la flleuse est assise sur son divan , tantôt
chèvre noire a le poil aussi dur (jue le passée à la ceinture, elle accompague
crin, celui de la chèvre guesclii est aussi la (ilcuse dans ses prontenades et pen-
souple ({ue la laine la plus précieuse dant sou séjour aux champs.
des mérinos d'Espagne. Ct& poiis, longs Les fils dfe trois brins sont les plus
et firisés , composent seuls toute la loi- fins et les plus estimés , ils ^e vendent
son du tislik j:t!e-ehi. Aus>i déliés a jusqu'à vingt-quatre francs le kilo. La
leur extrémité supérieure qu'a leur finesse du lil, au>si bien que sa blan-
racine , ils ne sont mêlés d'aucun duvet (heur el sou égalité, en constitue la
étranger. Ainsi la laine de chevron ap- valeur ; les plus ^ros sont vendus au
partitnt exclusivement à la preniière m^ine poids iofinmient meilleur mar-
race , et ce duvet est eulierenieni étran- che.
ger à la toison de la che\re d'Au- M. de Coraucez, quia longtemps sé-
Uora. foumé en Orient, et qui, dès le com-
Cette différence fournit seule un ca- nuncenient de ce siècle, a appelé l'at-
ractère constant qui »li,stin;iue les deux tcnlioii des ngrononus de France sur
espèces; il y en a beaucoup d'autres : l'utilité qu'il v aurait à y transport* r
tandis que la ctièvre noire se multiplie la raoe des chèvres d'Angora, aussi bien
dans tout rOrient» la chèvre â poils que celte qui fournit le auv*!, ne par-

Digitized by Google
ASIE MINEU&E. 468
hige pas ridée 9 assez répandue, que te» aromatiques de la Galatie aa re-
ces cfièvres ne sauraient quiller leur trouvent dans ces régions.
pays sans dégénérer ; il cite, à ce sujet»,
la race des mérinos d'Kspagne, qu'on floiMlleni eltyinin et ullon carpetlta mans.
(Vnw.,i{c/, 1,7».)
croyait tellement attachée au sol, qu'elle
disparnlssnit ctjinplétement au debors
de son pays natal. CHAPITRE XLIX.
La ville d*Au^ora n'est distante de la
mer que de trois journées de marche ; BACta BOTimt BT CRXTAUin .
nous avons dit, d'ailleurs, que ces
troupeaux de clièvres étaient loujours Si les chèvres et les moutons offrent
en mouvement. Rien ne serait plus fa- en Galatie d admirables produits, la
cile que d'en embarquer plusieurs ; on race buvine est loin de présenter un as-
les amènerait parét:ipes a l.i mer ^oire; pect aussi satist.iis;uit. T.» s brrtifs sont
on leur ferait descendre le Hosjiliorc, «l'une espèce pe'ite geiiei ak'iiieiit mal
i l

et ou les ferait reposer pendaul une coiffée. Le griind bétail exige pour la
auinzaine de jours dans les pâturages reproduction et l'entretien beaucoup
e la Thrace, dans l.i l):iic de Bésika. plus de soins t de frais que les uioii-
»

On pourrait le'ir faire faire un second tons et les chevrt s il n'est p;is étonnant
;

repos dans VUh dWnti iVlilo, que les qu'il ait degeuerc. La dalatte nourris-
Grecs appellent présentement Vrle aux, sait des troupeaux d'onagres qui oceu*
« hèvres, et de là aux parages de la' paient les steppes des environs du lac
Napoule l'étape ne ser:iit pris fntiiiante. Salé. Ces onagres erraient dans le sud
line chèvre d'Auuora coUiaii, il } a> de la Galalie , dans la Lycaonie et dans
Quelques années, de quinze à vingt la Cappadoce. Il ne reste plus de trace
francs. Les propriétaires, qui sont en de ces animaux a l'étal Siuivage en Asie
grande partie des Arméniens, ne se re- Mineure. Les derniers sujets de cette
fuseraient uas d>u vendre. Ce serait race ont été refoulés jus(|ue dans les
peut-être, ou reste, un moyen de con- vallées désertes de la Perse. Mais les
server cettë race, qui va d'année en mules de Césarée da Cappadoce, issues
année en diminuant, le commerce de des ;1nes de In I.ycaonie et dt's juments
ces riions étant depuis longtemps eu du Kurdi tan, rappel le ut, par leur vi-
décroissance. gueur, leur légèreté et la beauté de leurs
Après avoir pairlé des avantages que formes , toutes les qualités que les an-
l'on pourrait retirer de rintroiluction ciens historiens pr^-taient aux onagres
eu France des chèvres U'Ai.fiora, il de l'Asje Muieure. Quant à la race che-
faut bien dire un mot de leur iuconvé- valine, on peut la considérer comme
nient. La cbèvire est un animal essen- nulle en Galatie. Les Gaulois ont tou-
tiellement ennemi des cultures rien ne : jours été très-peu portés pour Téquita-
lui ei.t sacre; les plus jeunes et les plus tiou. Dans l(;s combats, ils niellaient
tendres bourgeons sont ce qu'elle re- Tagilite au-dessus de tout autre moyen
cherche de préférence. Bien plus vive de défense et d*atUique, et Tite Live
et plus a^ile que le mouton elle fran-, fait une remarque qui se trouve partai-
chit les fossés et les haies; aussi, elle temenl (raccord avec ce (jur nous voyons
est peu répandue dans les pays où la daus les bas-reliefs antiques : Les
culture est étendue et soignée. Mais les Gaulois, dit-il, avant de combattre , se
montaeues du département du Var, les dépouillaient complètement de leurs
Pyrénées, et surtout les vastes Makies vèten\ents et ne conservaient (|ue leur
,

de la Corse, lui offriraient un terri- épee courte et leurs iun^ boucliers. »


toire peu différent du sol natal. Les Ce n*est que dans la province de You-
montagnes de Vizzavone, du V'escovato; zgatt, ancien pays des Trocmiens que .

les profondes vallées du Moute-Ro- Ton commence à trouver la race des


tondo, seraient pour elles d'autant plus chevaux iudigeues, appelés chevaux
favorables, qu'elles y retrouveraient kurdes. Ce sont les anciennes races mède
presque Ta végétation de TAsie les : et assyrienne. Leur tête est osseuse,
^jfitss, le myHlie, la plupart des plan- renoolure courte , ïjn jambes nerveoaea
464 fUNIVERS.
el pplues. Adroits sur les rochers, et été d'Straite, fut appelée lePont Gala-
infatigables à la course, ces chevaux, tique. Honorius reprit celte province,
comme le bétail de la Galatie, reçoi- et en tit un gouvernement à part, sous le
vent une quantité notable de sel mêlée nom d*Honoriade. Lorsque Tempire
à leur nourriture journalière; il y a d'Orient fîit divisé en départements
nièiiie (jps propriétaires qui laissent, près militaires appelés thèmes^ la Galatie
du lieu où le cheval est attaché, de vit encore varier ses frontières; mais
grands bloes de sel fossile, que le cheval tous ces changements n*entamèrent ja-
lèche en mangeant son orge. mais la province centrale où s'étaient
L'usage de l'avoinp étant presque in- {)rimitivement établis les Gaulois. Daîss
connu en Asie Mineure y l'orge tait la 'état actuel, la Galatie occupe les gou-
base de la nourritare des ehevaux. Gel veruements d'flski cheher Dorylec, de
aliment, plus azoté que Tavoine, et Sevri hisser, d* Angora, deTchouroum,
susceptible d'une fermentation plus Casfamouni et Youzgatt, au dtlà du
lente, donne un peu moins d'ardeur fleuve Halys, K'zil-irmak. Toute la par-
aux chevaux, mais offre une nourriture tie septentrionale est montagneuse, reu-
frios soutenue. Les ch(>vaux nourris à ferme des mines, des volcans éiemts et
'orge sont sujets à prendre du ventre des carrières de marbre.
et de l'embonpoint défaut assez com-
,
Le grand lac salé, que les anciens
mun aux chevaux de ces contrées. appelaient Tatta Palu», produit natu-
Les produits de Tagriculture étaient reflement du sel Uane très>pur; les
abondants et magnifiques; la plupart eaux de ce marais sont tellement char-
des fruits et même l'olivier, uni ne
,
gées de sel, que les plantes et les
croit plus dans cette province, y étaient menues branches qui se trouvent sur
cultivés dans Tantiquité : est vrai que
il ses bords sont eu peu de temps cou*
plusieurs districts étaient privés, comme vertes d'une croûte épaisse. Ce lao'n'a
ils le sont encore, d'un élément bien pas de profondeur; c'est plutôt un
utile. L*' bois ue croit pas dans la partie grand marais sal.int; une chaussée le
méridionale de la province ; aussi les traverse.Dans le sud de la province, on
anciens avaient-ils aonné à cette contrée trouve de vastes steppes habitées seu-
le nom de A.rylon (sans bois). Pendant lement par des nomades. L'orient de la
les* froids , qui sont assez rigoureux, Galatie offre un pays admirable cofnme
les habitants se chauffent avec les rési> nature et comme végétation ; on cher-
dus des bestiaux (1). cherait en vain, dans le reste de la
contrée, des sites comparables aux
TEBBITOIBfi. — FRONTliiRES. bords de l'Halvs, tantôt ^uvages et
sombres, tautdt fertiles et gracieux.
Pour achever Tesquisse que nous ve- Les forêts de chênes y sont nombreuses
nons de tracer, il nous reste à dire quel- et étendues; le grain donne de magni-
ques mots de l'état de la Galatie, de fiques produits.
son commerce et de son gouvernement. Les Turcs, en s'emparant de la Ga-
Nous avons vu que, dans Tantiqulté, latie, se trouvèrent en contact avec un
les frontières de la Gniatie ont varié peuple dont Torigine et la civilisation
avec la puissance des tribus g;iuloises, étaient tout européennes; Gaulois,
et selon le caprice des empereurs ro- Grecs et Romains ne formaient plus
mains, qui ajoutaient et retranchaient qu'une seule famille. Autant la politi-
des provinces en proportion de l'amitié que des conquérants occidentaux avait
qu'ils portaient aux tétrarques, aux été favorable atix véritables intérêts des
princes ou aux proconsuls Sous les em> peuples, autant la politique des Turcs
pereurs byxantms, les limites de la Ga- fut fausse et désastreuse. Après cinq
latie furent portées, vers le nord, jus-
siècles de possession , les Turcs sont
qu'aux bords de la mer Noire, ei cette aussi étrangers aux anciens maîtres de
partie du royaume de Pont, qui en avait la contrée , que le jour où le sabre du
sultan Mournd conquit la ville d'Ancyre.
(f) Cf. XénopboD , JntAams Tit.«Liv.,
XXXTIII t Slrak, C»ppti黫Ê,

Digitized by GoogI
4^
CHAPITRE L. forcée de quatorze mille hommes et de
onze cents chevaux. Elle parlait pour un
MàicBB ni mkvtm raroAnT la pays inCMmo, sans approvisionnements,
CAMPAOIIB Dl OALATII. et sans avoir établi de base d'opératon ;
elle ne pouvait donc subsister qu'en met-
I^a marche de Blanlins en Asie a été tant les villes au pillage. Manlius, parti
pour les anciens eommentatears de Tite d'Éphèse, va passer le Méandre à la hau-
Live et de Polybe un problème presque teur de Priène; c'est là seulement qu'il
insoluble, les contréesque parcourut i'ar- put trouver des bateaux, dans le voisi-
roée romaine étant alors trop pea oon- nage du port de Milet : plus haut, le
mes; aujourd'hui, la eiplofmons des Méandre n'est paa navigable à cause des
voyageurs modernes ne laissent plus bas-fonds et de ses nombreux détours.
que de légères iucertitudes sur la po- Pausanias cite, il est vrai, Mélesandre,
sition des villes anciennes. ?iou8 allons général athénien, qui avait remonté le
présenter ici un résumé de eetltinéraire. léandre avec ses barques (1) p>our pas*
I) est bitii évident que la campagne de ser dans ta haute Carie (2) ; mais ce fait
Mâuiius contre les 0 niâtes ne fut dans est unique dans l'histoire ancienne Mé- :

le principe qu'une expédition destinée à lesandre mourut vers l'an 414 avant
reconnaître lea provinces sud de TAsie notre ère. L'armée (Kisse le fleuve entre
Mineure qui venaient d'être évacuées Kélibesch etSertchinn, précisément à
par Antiochus. Si le but du consul eût l'endroit où est aujourd'hui le bac du
été uniquement d'aller soumettre lesGa-
latcf , il ae fût dirigé au nord est, et Elle remonta le fleuve en tongesnt lea
n^aniait pas pris une route diamétrale- pentes du mont Latmus, et vint au
ment opposée vers le sud -est. bourg de Hieracomé, lieu inconnu, et
La marche de Manlius dans TAsie sans doute complètement anéanti par
Mineure, la direction oblique qu'il prit les atterrisseroents du Méandre, qui,
pour arriver ehez les Galaies, prouvent, depuis cette époque, a formé un nouveau
comme on le lui reproflia dans le territoire, et converti en lac le golfe de
sénat (I), que son but était autant de Milet. De Hieracomé, l'armée arriva eu
piller les vUles et d^affaiblir les gouver^ deux jours à Harpasa en Carie. Ce lieu
nements de TAeie que d'attaquer les a conservé son nom, et s'appelle aujour-
Gaulois car sa route était par la Phrv-
:
«riuii Harpas kalé si. Les ruines de
gie Brillee, c' est-a-dire de Sni yrnt' a Ku- la forteresse existent encore, et elle est
tayah ; il devait passer le Sangarius au- située sur une montagne dont la base
dessous de l^fke, à peu près au même est défendue par une rivière, qui était
endroit où il n'arriva qu'après un circuit le fleuve Harpas, et qui a ésaienient
considérable. conservé son nom Harpa Ichai.
Manlius étant arrive a Kphese, L. Sci- L armée a marché quatre jours pour
pion lui reonit le eommaodement de faire environ sohttDte milles. Pendant
l'armée à laquelle on joignit un ren-
, la halte au bord de l'Harpasus, le con-
fort de quatre mille hommes d'infari- sul reçoit des députés d'Alabande, Arab
térie romaine et de deux cents cavaliers iiissar, ville voisine, qui lut demande du
romains, plus huit mille Êmtasains et secours, il envoie quatre mille homnet
^atre cents cavaliers latins. pour réduire un château des Alaban-
L'armée était déjà en route lors qu'At- diens.
taie vint rejoindre le consul avec un En quittant ce chAteau, l'armée alla
rei^brt de mille fantassins et de deux camper à Antioche du Méandre, ville
cents cavaliers ; enfin aux environs d'A- aujourd'hui déserte, et dont les mines
labando. l'armée romaine reçut encore offrent peu d'intérêt. Le bourg voisin
d' Athénée frère d tumènes et d'Attale porte le nom de Yeni cheher ( nouvelle
un renfort de mille hommea d*infiwterie ville), parce qu'il a été bûti avec les
et de trois cents clievaux. L'ancienne ar* débris de la ville aneienne.
mée de L. Scipion se trounât donc ren-
(i) Nauoîv.
(i)Tile Liv , lil). XXXVIII, 6. (9) PauMuias liv. l'^a^ |6
30*^ Livraison, (Asie Minbube.) J. II.

Digitizeù L> v^oogle


Les habitants de Tabae de PiiUi», au villagade Hanonm.; tout y annonee
ville populeuse et forte, qui comman* Texislence d'une grande ville un stade :

dait une plaine étendue et appuyée aux presque entier, des temples, des édifices
contre-forts stepteutrionaux du Taurus, publics de tout genre, couvrent un es-
DS voulomit pas permettre le passage pace considérable. Cibjrra, en effet, n'a-
aux armées coali>>éfs. Ils marchèrent vait pas moins de cent stades de tour.
contre U s Romains, et attaquèrent en Moagète, tyran de cette ville , envoya
plaiue des ennemis qui. avaient une ca- des députés pour faire sa soumission.
valerie bien monlée* L«| Fisidiens forent Manlins anto^ sur la tatrtnalra 4a
mis en déroute et la ville de Tabac en
, Cibyra, Helvius avec qvatre mille hom-
fut quitte pour payer vingt-cinq ta- mes et cinq cents chevaux. C*est alors
lents Uio«OOû francs) et dix mille 3ue Moagete, pour prévenir le pUiaga
médians (cinquante mille boissanx ) apays, fint an pciaonna an aamp éa
de blé. L'ancienne Tabx est rsroplacée Manliui pour deannidar Taman ; il en
par la vilh-' moderne de Daouas. La fut quitte pour paver cent taiants at dix
belle plaine de Daouas produit eu abon- mille medimnes de blé.
dance du ble et du coton. Ces cantons Après avoir quitté le territoire de
saut peu peuplés, mais le territoira Cibyra, i*arméa marcha anr Syllxum,
est fertile ot bien arrosé. Les villaizes place inconnue et différente dé la fljfi*
environnants sont presque tous situes sur iaeum voisine de Perga.
remplacement de quelque station an- £n quittant Syllseum, on marcha sur
cienne. Le fortappsléGordio-Teichosse Àlinma, dont le nom indique le votsinaf»
trouvait sans doute au village de Kizilgi d'un lac on d'un marais Limné. Alimna
buliik ; au moins les distances données est représentée aujourd'hui par Bazar
par des tables géographiques sout- Khan, petite ville située à la base d'une
aUss ass»d*aeeaid aieo estte pasitlon. Mmta^Be, al dont las aboëds sont dé>
On ne saurait mettre en doute T iden- fendus fers 1^ snd-ouest par un vasia
tité de Daouas et de Tnbaî, cette der- marais c*est aujourd'hui le marché
:

nière ville avait pris sou nom du mot central du district. Au milieu de la
pisidien Taba, qui vsol dire nne émi* «flie est nne plaea atsts régnKère
nence (1% Ori» an milieu de la ville de trois mosquées à minaret. A ona penin
Daouas il v n pn»cisément un monticule distance de la rive du lac s'élève une He
sur lequel est bâli le Kouac de l'Agba. rocheuse reliée au continent par une
On trouve de plus«a% snviroiisda nom- jetée, et sur nie se voient les ruines
breux débris d'arshitaolnre andanoe. d^onaviileimportante on retrouve à peu
:

De Tabx, le consul se porta en trois près tout le circuit du mur d'enceinte.


jours de marche sur le fleuve Chaos, Dans le village on observe aussi quel-
aujourd'hui la rivière de Karadjik tchai, ques ruines.
0ts*empara de la ville d'Eriia qui ne 'Une peilla rivièfe qui passe à Test de
fit aucune résistance. Kriza, est repré- Bazar Khan et se dirige au nord poor
sontée par la de K.ara liissar.
petite ville dans le Dalamon tchai, re-
aller se jeter
ManlUis , au lieu de prendre sa route présente le fleuve Caularès, que Tannée
«srs lenord, appuya anoore an snd-est, passa pour attaqnarSinda^ plaeiaaiifi^
entradans les montagnes, etallaattaquer lagedeTenghirau pied du RalisftdaglK'
les châteaux de ïhabusion et de Cibyra, la montatme du repos ("ette rivière est
dont les gouverneurs connaissaient a une branche orientale de l'indus ou
paille- les Romains. Deiamon. TengbireM un viHnaadadeK»
La première de ces places comman- cents maisons, situéàretitréed*enal«|{a
dait le fleuve Indus, auquel on avait vallée et arrosé par une rivière qui eouff
daADé ce nom parce qu'un Indien y vers le nord ; une mosouée avec minaret
atait été précipité par réiaphani qu*il est située dans le voisioage d'une bOlla
montait. fleuve IndusastleDalamon aenroe. Tenghir est à euqf baores en
tchai, qui sépare la Lycîe de la Carie* tienta kikMnètras éa Uoniaenm (l).
Les rumes de Cibyra but été reconnues
' (i) Traveii in Lj cia, by Spmtt., iu-S", vol,
if p. aSS.
fis

u kju,^ jd by Googl
4C7
Le lendemain Tarroée côtoya le ma* Taurus, au nord ouest d*Adalia, et sur
rais caralHiqiie. On reeoooattf en effet, la route de Sagalassus. Le pays est
dans cette région \iti grand lac. inaréea* presque dc-scrt on n'y trouve qu*uu ca-
;

geijx dont \es bords sont couverts de ra va userai et une citerue. Ce iieus'ap-
roseaux et appelé aujourd'hui Suurt pelle Gulik kbae^ ,

gheol. Les terrama.^KMsios abondent eo TermessMs était,une des villes les


débris d'nrcliitecture ; d»*8 blocs équar- plus riches et les plus (>opu!eu.ses de la
ris , des colonnes doriqups et quelques Pisidic, Manlius>i' lit allouer cinquante
sculptures mutilées se retrouvent eu talents, eit lemiiua la guerre exitre les
diUKreatei places. deui peuples.
On mnrcna énsaite par un chemin A la nouvelle de cette intervention,
montagneux çt difficile sur Mamlropolis, les autres villes de la Pamphylie jus-
dcsigueepar IvUeune de liizaoce comme qu'à ceile d'Aspendus, située Textré-
une vHIe die Phrygie. I4 poaitioD de mité orientale de la province, au vUiage
Mandropolis, dont le oomagnifie ville moderne de Bal l^iz seciî^ tnitèie]^ sur
dfs étoltics, «'st facile à reconnaître d-uis !e m^me pied avec le général roiDafo ;
la erande plaine au nord d'istenez, où c'est alors seulemeut, et sur l'inionc*
les nabitaDtanomrisaeotenoorede nom- tion de» dix, oomfnis^atres çhar^^,de
breux troQ^eanx, Les ramës de Mandro •
surveiller ses mouveD>eBts»,gy*il ffanjua
polis n'ont cependant pas ei.core été à opérer son retour efjè q^QWaffCivJk
déterminées d'une manière certaine. campagne de (îalatie.
L'année fit balte à Mandropoiis; on A la lin de la .première niarç^bOt it
s'avança jusqu'à Lagon , ville très-opu- campa prèB..du fleuve CsMims, uatidÂ
lente, dont 'es habitants prirent ta fuite, aflluents gauches du ileuve Qestim oi|
et qui fut livrée au pillage. Lagon est si- Ak sou, près de Perj^a; et lenda-
'
tueedans la plained'Adalia^au pied même maiu il arriva au 4)0iurg de Xy iino Com#^
du Tauras, et sslr^rdsentéepar unasul dans la mentagiie. Peux, Jours après il
édifice, le cnravanseraî d*Kvdir, oà font arriva à Cormasa, dont les babitanta
halle le^ caravannesd'Adalia. Les ruines ava ient pris la fuite, et profua de ceV
de Lagon ne démentent pas la renom- mcident pour pilier la nvjlli^ft faire uii;
,

mée de fteliesse de «eue ville, cHea iBMMnaelMtili. lUinteosnite à Dwm^


eonvrent noe srande étendue de terrain qui futtrailiée de même^ et, marehaak
et renferment ne nombreux monuments. toujours au nord, l'armée arriva près
Le lendemain, l'armée .se porta aux d'un petit lac saus nom qui ue peut
sources du Lysis,petîte rivière qui sort être que le lac K^tel gbeul, où Mamius
du lac Kirk glieul et va se jeter dans reçut des ambassadeufs de Lisinoë,
Je (".atarrhactès, le Douden, dont IVm- vinrent faire leur soumission. Cette ville
boucliure est à huit kilomètres a l'est était au nord de Gormasa; mais sou
(le Adalia. emplacement est encore locorwu. Le.
Au moment où l'armée romaine ar- trahéeoDelu, il marcha sur Sagalassus,
rivait en Pamphylle, les habitants de grande ville des Pisidiens, dont les
Termessus a^îsiégeaient l.oionda, place ruines considérables occupent un plateau
i'orte située sur le versant méridional du et plusieurs vallées au pied du village
TBoms. auvlllatreVIe Istenei, 4|ui eon-' AglasouD.
serve encore de nombreuses rames. La • Les enviiona forait d*abord livrés
ville d'isionda éfait prise, mais la cita- nu pillage; bieotdt après, une députa-
delle résistait eucore tous les citoyens
: tion des SngalMiiens vinrent traiter de
•y étaient retirés Iffec leori femilles et la aoniBisrioo de la ville qui paya ein-
leurs biens. Ha envoyèrent à Manliiis quante talents, vingt mille siediniiies de
une députation pomr lui demander du blé et vingt mille d'orize.
seeours; le consul y consentit ei re-
, , La route entre Sagalassus et Ceianx
venant sur ses pas, il marcha sur Tèr* n^estpasdétaillée dans ^Itinéraire de l'ar-
messus, dont la position n'était paa mée, tout le pays avait éié soumisfeu de
moins forte que celle dMsionda. temps auparavant! L'armée dut mettre
Les ruines du Term»'K.sU!% occupent cinq Jours pour arriver aux sources de
un vaste espace sur ua dos plateaux du rObrimas;elle traversa la v^liédi^ Dom-
80.

y , ,^ jd by Google
468
bai pour aWefeUûpjèr au bourg Acaridos trouver Manlius; leur ville d'Oroaùda
Coiné. Sdeucus vint d'Apamé^ le len- était située sur la frontière nord de la
demain pour rendre au consul, il
visite Pisidie; leur uom seul indique qu'ils
se chargea des matades et de tout le ba- habitaient un pays montagneux au nord.
goge inutile, qui furent conduits à Apa- Les ruines d'Oroanda ont été reconnues
mee Cibotos, et fournit des guides pour au villaçede Arvan keui, situé près d'un
traverser les montagnes de la Plirygie. petit lac entre deux montagnes au nord
La station d*Acaris ne pouvait être de Sidi chéri. Manlius leur accorda ta
éloignée d' Apamée ou Dinaire et la , paix moyennant deux cents talents.
réunion des deux chefs alliés dut avoir L'armée tr.ivi rse ensuite la contrée
lieu dans la plaine de Sandoukii ce , sans bois nommée Axylon , c'est l'im-
nom siguiûe, le village du cofire, comme mense plaine qui de Seid-el-Ghazi
Apamé Cibotos vent dire A pâmée da 8*étend jusqu'à Sévri hiasar.
coffre. T/Ohrimas serait leoound*eau On trouve presque à chaque station
appelé Sandoukii tchaï. dans cette plaine d'anciens cimetières
Le même jour, Tannée romaine mar- contenant de^ débris de colouues et des
cha jusqu'au Campus Métropolitanus, fragments d'arehitedure. Tous ces vil-
afin d'éviter les montagnes qui sont au laces ont le même caractère ; il est dif-
sud de Kara hissar. Cette plaine de ficile de les identifier avec d'anciennes
Métropolis était traversée par la grande cités. L'armée marchait au nord est
route qui d*Kphèse oonduisaK dans la pour atteindre la branche sud du San-
Ûppadoce; elle est reprcM ni» p.ir la garius; elle traversa la ville de Tjwcon,
plaine de Sitchanli. Méiropulis eiait du passn p;ir Pliteude pour aller camper à
gouvernement d'Apamee; Dinia;est un Alyatu. Leleudematn, elle campa a
bourg inconnu dont il o*est fait men- Cuballum, où elle fut attaquée par un
tion que dans eet itinéraire. corps de Gaulois.
L'armée alla ensuite camper à Syn- Le château de Cuballum était sur
nada, que Ton place à Kara hissar; tou- remplacement de Tchandir, sur le San-
tes ces villM étaient abandonnées et garius ; ce lut de tout ttinps la route
furent ttvfées au pillage ; les soldats suivie parles armée.«i. On y voit un pont
étaient tellement chargés de butin (pTils byzantin qui parait être le pont de Zam-
pouvaient à peine faire cinq milles, piis mentionné par les historiens (I).
7 kil., 8d5, en un jour, ^ous avons Mais ce pont n'existait pas alors.
compté cinq heures de marche, 80 kilo* Manliuss'étantavancé jusqu'au fleuve,
mètres, de Sitchanli à Kara hissar. De reconnut qu'il n'était pas guéabic il y;

cette ville à Kski kara hissar encore fit jelc un pont, et l'armée îVnnchit le

30 kilomètres, de là à Bayât, qui est Beu- Saugarius. Pendant qu'elle suivait la rive
dOB feliis. 18 kilomètres, et en6n 8 kl* du fleuve, les Galles, prêtres de Cybèle,
lométres Jusqu'à Eski Kilissia ou Ana- envoyés de Pessinuute, vinrent au de-
bura, toutes localrés que nous avons vant des Romains, et annoncèrent que
décrites d) ainsi que la rivière Alauder. la déesse leur accordait sa protecliou.
On voit en effet, d*après cet distan- Pessinunte est le village de Bala hissar,
ces, que l'armée romaine marchait très- au sud-est de Sevri hissar. Manlius, pour
lentement. gagiier le pied de l'Olympe, tourna en-
Abassus. que Tarmée atteignit le troi- suite a l'ouest, pour se rendre a Gor-
sième jour après avoir quitté BeudM, dium, ville qui était proche du Sanga-
était sur le territoire des Tolisloboiens, rius (3)* Quou|ne remplacement ne soit
et par const'-qutnit hors du pays mon- pas encore positivement déterminé, on
tagneux de la i'l;ry::ie. peut sans se tromper grandement, la
La |K)siiion de Geumek keui où Ton mettre dans le voisinage de Nally khan,
trouve quelques restes peut convenir petite ville de Bithynie sur la route
à Abassus. On fit en ce lieu une halte d'Angora. Gordium était célèbre par
de plusieurs jours.
Les députes des Oroandieos vinrent (i) Anne Comoéne, page 47a; Mioépbora
Bryenn., II, p. 5a.
4 («)•!«?•• 434. (») Strabon, Uf, S6I.

Digitizcd bv Google

ASIK aiINKITRK. 469

son ornrlp. son nom fut ensuite changé du clMiiffags au moyen de la fiente des
en celui de Juliopolis. IVIanlins trouva bestiaux.
la ville pleine de marchand iiîes, et ût un Haimanah compose d'un vaste
se
riciie butin : la place était déserte (I). plateau élevé en moyenne à sept cent
Manlius apprit de son allié Kposogna- cinquante mètres au-dessns de la mer,
tiis que les Gaulois refusaient tout ar- bien arrosé par le Sariizarius, dont le
rangement, et que les Tolistoboiens cours forme un grand arc de cercle
s'étaient retirés dans les hautes vallées ouvert vers le nord, et d*une infinité de
de rolympe. Les Tectosages occupaient sources abondantes.
le moiii Macaba cvMe nTonta$i:ne était
; Aussi, nialcre la pénurie de bois,
à Test d'Aucvre, et parait être identique cette province etait-elle, dans l'anti-
aveersima àagh. Le reste de la nation, quité , couverte de villes dont on re-
les Thiemieus , s'étaient retirés dans trouve à peine les vestiges. Les prin-
des camps retranchés ou des Oppid.i, cipales villes de la Galalie Salutaire <|ui
à 1 abri desquels ils croyaient pouvoir devinrent plus tard des évéchés sont
braver les armes romaines. les suivantes :
Ces trois peuples avaient alofS pour Pessinus, Trieomia, Pliteodus, Tys-
bhefs Orti.'ipnn, (!oiiil»olnmare et («nu- con, Germa, Amorium, Abrostoln et
lotus. Plusieurs de ces Oppida ont été Orcistus. De ce nombre il y en a trois
retrouvés dans les montagnes au-dessus dont l'emplacement est encore inconnu :

d*Ancyre. et notamment à Kizil euren. elles sont toutes situées au sud de la


T^es Gaulois ne jmuvaient croire à une route qui joint Séid el Ghazi à Sévri
attaque des Romains ces derniers ; hissar.
avaient reconnu que du cûie du midi ta Il est presque impossible de detenni-

niontagneétait acce8sible,tandis que du ner les limites de cette province du


oôté du nord les rochers étaient coupés côté du sud, attendu que depuis la con-
à pie. quête romaine jusqu'n la fin de l'em-
L'attaque des Romains fut aussi vi- pire byzantin, elles ont été trè>-va-
goureuse que bien combinée; les Gau- riables, et se sont étendues jusque dans
lois, força dans leurs retranchements la Phrygie Parorée la Galatie, sous le
;

îjprès une résistance héroïque, furent gouvernement d'Ainyntas, a m<^me en-


contraints de faire leur soumission. Cet clave dans ses frontières la Pisidie et
effort suprême pour conserver leur in- risaurie.
dépen<]nnce coûta aux Gaulois quarante Si les études qui ont été faites dans
mille des leurs tonibes sous les coups ces d<'rnières années lussent encore
des Romains, et dix mille prisonniers. quelques lacunes dans la liste des an-
ciennes villes, la détermination du cours
CHAPITRKLI. du San<:arius et du site de Pessinunle a
permis d'ctahlir un réseau céoirraphi-
qiic plus exact, conforme aux données
VILLES DE Lk OALATIB SAL0TA1BS.
hi>torique>i. Les sites d'.Vinurium et
de Germa complètent les traits les
f)n a donné le nom de Galiitic S.iiii- plus saillants de cette topographie, et
taire, Galatia Salutaris, à la région sud au|onrd bui les voyageurs uco^raphes
de cette province, à cause des sources peuvent s'établir sur une base plus
thcrn)ales qui abondent dans cert.iins certaine pour retrouver les anciennes
c.'intojis; c'est contrée qu'on nppelie
\ \
villes restées inconnues.
au^ourd liui Uaiinauah; sou caractère
lia distance entre Séid el Ghazi et
principal est d*étre à peu près com- Sevri hissar, est de seize heures de
plètement privée de bois, aussi les marche d*après le tarif delà poste, mais
Grecs la désignaient-ils sous le nom de
en réalité elle n*est que de (|uatre-
Axylon. Les habitants alors comme vin^its kilomc'res. La route, qui suit la
aujourd'hui se procuraient les éléments direction de est, n'est variée par aucun
l

accident de terrain : c'est toujours une


( i ) Vo\t'/. pa \(>:'>.
plaine nue plus ou moins ondulée, dans
(a) Til. Liv., Liv. XXXVllI,eh. is-ftt. laquelle de nombreui torrwis d*hivtr
470 LUNIVERS.
portetil l^'urs eaux ou Snnearius; mais tlH'rmnles (]ni faisaient la Noomnipe
peudant l'été toute la contrée est d'une de anttque Germa.
l

aridité désolante. Plusieurs petits ceo- Ce


fut d'abord une colonie romaine ;
tf«t éd population sont épars sur la sous les empereurs byzantins elle fut
route ;on trouve dans chaque cime- eriuée en si» i:e épiscopal , el faisait
tière des débris d'architecture tirés de partie de la (i.'ilatit* Salutaire. D'ajins
quelque ville détruite et oubliée. la chronique de Tbeophaues elle re^ut
ht TiUago de Kislaian «t à asiit de Justinien le nom de Myriaugélos, et
heures de marehe de Seld el Ghazi. Il l'empereur y Gt construire des thermos
a été reconnu par Macdonald Kinneir et un hospitium pour les malades.
pour occuper l'emplacement de Tan- . Le village moderne de Yerma con-
oieotto Tnoomia (i); ii est situé as serve queloues restes de «s sndens
bord d'un ruisseau et ombragé de quel<* édifires, et le nom même de la ville pa-
qucs îirbres, chose rare eu ces cantons. rait dériver du mot sanscrit Charma,
Les habitants sont tous pasteurs et agri* bains, d'où les Grecs auraient pris celui
culteurs. Le village se compose d'une de Therma^ dont la signification est la
souantaine de maisons , dans la eens- même.
truction desquelles on aperçoit quelques Un prand nombre de sources pren-
vestiizes de monuments antiques ; plu- nent naissance sur les flancs d'une
sieurs tragmeuts d'iuscriptionii attes- vallée fertile^ et se réunissent pour aller
tent qu'à Tépoque byzantine e*élait en- se ieter dans le Sanf^v. Quoique
core une place d'une certaine impor- tout indique d.ins r«'s lieux un état de
tance. 1^ nom de Tricomia n'apparaît décadence et d'aljandon, on voit cepen-
dans aucune d'elles; mais sa position dant qu'a une cpoque antérieure, une
sar la route de Germa , vaie détsrinl- population nombreuse a dû habiter oei
née par le même ohasrfatcur, et sa dit- vallées , et cultiver ces plaines aujour-
tanœ de Dorylœum ont suffi pour, d'hui en friche ou laissées à la vaine
faire admettre l'identité de ces deux pâture. La population chrétienne a
places. Bans une nouvelle visite aux presque entlerânont disparu, et est
mines de Trieomia faite par M. Balth, remplMé par des tribus turcomanes qui
il n remarqué près de la mosquée un sont en partie nomades relève (ic^ bes-
:

Îicand sarcopliage et une inscription re- tiaux, des ciievaux el surtout des chè-
ative à un proconsul de Phrygie. vres forme leur princijpale richesât' \
La eonnaislance de la position d*A- quoique ces |>lc)ines soient brûlantes
brostola nous manque fiour rétablir pendant Tété , l'hiver ne laisse pas que
complètement In route entre Dorvlœnm d'y être assez rigoureux. M. Barth, qui
et Amoriuni, en passant par Pessiuunte : voyageait pendant l'iiiver de IS08, ne
elle est donnée parla lablede Peutinger nous a pas laissé de doeuments sur in
de la manière suifsnte. li.inteur du thermomètre, mais la tem>
perature de ses doigts indique assez
Dofvlœo. Pessinus XXI.
qu'il ne faisait {)as chaud, ce qui Tem-
Midœo XXVni. Abroslola XXIII.
péchait de dessiner et de faire d'aussi
Tricomia XXVill. Germa XXII I.
belles triansulations qu'il Pe^lt désiré.
On est glace rien qu'en lisant son itiné-
CHAPITRE LIL raire. « La nuit fut extraordinairement
fipoide, dit'fl, en quittant Sévri hissar,
YBRMA—GKBMA. et le 13 décembre, la nuit fut de nou-
veau tres-froide ». Kn effet les habitants
Germa une , des principales stations de la Galatie attestent que l'hiver la
sur la ffrande voie militaire qui tra- neige reste quelquefois plusieurs semai-
versait l'Asie était située sur la rive
,
nes sur la terre, ils n'ont pour se
du Sannarius. Mnedonald Kioneir en chauffer (jue quebjues épines ramassées
a déterminé l'emplacement au village m
pend t l'autonme et que l'on garde
,

de Terma, oj^ Il a letronvé les souiees précieusement pour allumer la liente


des bestians sécnée, le seul combustible
(i)C«L ftillcr BrdkMMle, XVIII, S73. fonnn dans oss eantoiw. Il est eurieui

Digitized by CoogI(
ASIA *MnilimB. 471

de voir tous le» euiants dresses a re- teriaux antiques arrachés aux ruiues eu-
cueillir msitu le» éléiueuts de leur viroaiiaDtes, on ^E.Dsmaruue quelques
chauffeiB, fui «ont ëVboid coUés. sur vestiges d'ioscriptioiii et ae fragroenli
les murailles du village, ensuite tnis en de bas-reliefs le iiftniMiiiaBdeTeiMn-
:

réserve dans de grandes fosses pour dir est Cuballum.


achever de sécher, et euliu cpovertis > Alékiaiii qoiesl a peu de distance et
.

en mottes à brûler en f> iiillafii'UB.|IMi •> àiddtt»flawi» tHiwÉité par des fa-
de paille hachée. milles turoortiaM0><|B&lfaBMMbia
On ne saurait se faire une idée de saison aux pâtaragres.
Todeur que coniractenl tous ios ulyets Au neabre dfii.>m£A:ri{Uiaiis qui exisr
d*uo chauffide ee|le nwnièret
village imt' aimaé dati le:roiiMtlli« et:qM
les liomines comme les femmes, les M. Hamiiton a copiées, il en est une
meubles comme les animaux portent oui contient un décret des habitants
avec elles ce parfum musqué remaroué .aOniatos eu l'honneuc de Tempereur
|iar lea voyegeursi ches tous les peupM» Badrieib Sdr nm ifnédettal on rlit vue
de la haute Asie, et quiches tes Chinois, aatre inscription contenant le nom du
est porté a l'extrême. Tous les villages et peuple OPKlSTliNOl, les Orcisleniens :

toutes Ira villes de là Galatie et de la ces inseciptaou& ont eie apportées d'une
CapiMdooe font usage du même pffoeMé 4Qealilé voianie distante éi tvob. on
daebailfiliga:OBConçoit quelle précieaae -quatre nliUead^iàlélBan. )

reeeeuroi est enlevée a Tagriculture Là se trouvent les vestiges d'une ville


.par la combustion des tumiers; les ha* importante; les fragments de coIobmb,
oitantsne peuvent remédier à cette pé- les piédestaux^ les pierres tumulaîM
mirie qae par le système des jachtfea oeuvrent le sol : on reconnaft parfoita-
et des terrains laissés à la vaine pâture, ment les fondations de plusieurs grands
mais les bestiaux sont assez nombreux éditices, des temules ou des églises
dansées régions pour suffire aux be- construits en blocs ae marbre etde pierre
aQiiia«4a la population, qui vit trèi^* eaMte.
brement. Les boeufs et les moutons sont La charrue passe aujourd'hui sur tout
rarement envoyés à la bouclierie on ne : le sol cultivable, et la levée d'un mou-
maoge dans le pays que la chair des lin a eau est faite avec des pierres au-
• ehèfica, eea coatuooca s'étandMit de- tiques parmi le8qifallca.0B imuarcjuc un
puis les bords du Saogarius jusqu'à piédestal couvert d'une inscripuon la-
ceux de l'Euphrate, et au .nord jua- liDa4lani4aaequifttt<eopîéeparPocoeke.
qu'à brzéroum.
OntÊHm^ villeat-alége éptscopal de k fMoaiuii.
Galatie SaluUireyB'est plus aujourd hui
qu'un amas de ruines situées à quelques
milles au sud-est du village d Al^kian; Amohum était située sur la route de
fidciiltté de eaa -iMinea a été veeDmiM oorylœum à Archelals passant par Peb-
-par Poeocke, et H. Haflûkou a retrouvé sinunte:elleappartintd'abordàlagraiida
des inscriptions qui lèveut tous les Phrygie et plus tard elle fut comprise
doutes qui pouvaient exister à œt dans Ta province de la Galatie Salutaire.
^Kard. Fendant toute la période romaine cette
. Alékian est attuéa à quatorze millea, . vtlle n'acquit sttcuMoéMbHté : elle eon-
18 kilomètres, au sud de^evn hissar. mence a devenir une place importante,
La route suit une vallée étroite et bien lorsque l'empire byzantin fut menacé
cultivée, qui se prolonge pendant cinq par les hordes musulmanes. Placée sur
millea ; huit milles ( j plus loin, on des- 'teflNntllMdeBpoaséaBiOMaaidJookideB,
i

cend dans la plaiue du Sangarius. l.e défendue par une rivière qui ne pouvait
village (le Tcbandir est construit sur la être franchie à gué, et dominée par une
rive gauche du Ueuve, qui eu cet endroit mouUigne sur laquelle on avait établi
«et profond; an la paaaeaiirtti fient une mrtarease, AmoriÉm devint la
Hpon^de pierre construit avw daa mè- «principale place forte de la province,
et couvrait Anm re et la route de la Ri-
(i;)ie oMlia aogki*, i6o9iaèt.i.. ' i ^fiNOv L'empereur Zenon l'isaurien y

Digitized by Google
471 LUniVEU.
fit d'importants ouvrages ; s«lon
faire dans la ville, et un pareil nombre fui
Cedrams, il la neomlniiiit presque en- épargné parce qu'on espérait en tirar
lièrernent. rançon ; quarante des principaux prison-
I.'emplacement d*Amorium a été dé- niers furent d'après les ordres du ca-
tenuiné par M. liamilton au village de life envoyés à Bagdad, jetés daus les fers

Anar keui, domiséparuo Hêm


«hltean et décapités aprâ une longue délentioD.
Îaoles indigènes appellent Hergan kalé. L*Église grecque honore le souvenir de
fne colline isolée. d*UD demi mille de CCS victimes par la fête des quaraata
circonféranee, s*éleve presque au centre martyrs d' Amorium.
de la vallée, dans laqnèllesstRNiTeDt les La domination musulmane ne ps^
ruines de Tancieime ville : Tacropole qui vint pas cependant à s'établir sur cai
la domine était construite en pierres contrées : les Grecs restèrent maîtres de
brutes dans lesquelles sont encastrés de la Galatie, et Amorium se releva de ses
grands bloes de martire eneora en plaea. raines sans cependant reprendre le rôle
On retrouve les débris des tours qui important qu'elle remplissait au neu-
défendaient la muraille, mais dans Fm- vième siècle. En l'année 1068, l'empe-
térieur ce n'est qu'un amas de ruines reur Romanus Diogène se mit en cam-
inextricables qui laissent à peine voir la pagne contre les trinus seldjoukides qui
direction des rues. Le quartier prin- s'avancèrent jusqu'à Amorium. L'em*
cipal de la ville était au sud de la cita- percur Alexis Comnène partit de ISicoe
delle, et se distingue par un amas de eu 1 lOv traversa les villes d'Armeno
1

débriSf de corniclies, de colonnes et Castrum et de Leucœ, et arriva à Dory-


d'areiritravesde nsarbre. Dans la région lœum. De mareba aur Santabarii,
là il
sud-est s'élèvent les ruines d'un p;rand où il divisa son armée en deux corps;
bâtiment rectangulaire peut-être le
, le prenuer marclia contre Polybotum,
Gymnase , et à un quart de mille de sous le^ ordres de Stypeotes,
et le second,
l'aeropole se trouvent deux grands édi- fut envoyé pour attaquer Amoriiim alon
fices qui peuvent avoir été des églises. au pouvoir des Turcs, et qui fuient bat-
Dans la première on voit encore plu- tus par les Grecs.
simirs arcades debout , et dans l'autre Le petit nombre d'habitants qui rfli-
saoleiiiaiit les pilieis. A Test da l*aeio> taient dans cette ville, ssns cesseen batls
KDle 8*étend une petite vallée dont les aux attaqties des tribus turques et seld-
ancs rocheux ont été en partie exca- joukides, se retira sous la proteclioti dfô
vés, et sur la peute de Touest on re- émirs de Sevri hissar, qui avaient formé
tmva idasieurs chambras sépulcrales autour de leur eassaba un centie'de po-
taillées dans le roc vif. pulation, et la ville byrantine lut com-
Lorsque le calife Haroun al Rachyd plètement abandonnée. 11 ne paraît pas
marcha sur Angora à la tête de sou ar- que sous la domination des sultans elle
mée, il laissa son lieutenant Alnullk ihn ait jamais eu la moindre importsoes»
Salib faire le siég^ d*Amorium. Sous le car on n'y observe aucune ruine de mos-
régne de Théophile, en 849, cette ville quée ou de bains, les premiers "'^^
arriva à son plus haut degré de prospé- ments qui signalent rétablissement des
rité: elle devint la principale place de musulmans dans une ville (f).
eommeree du pays. L'empereur y fit Au nombre des sfOuents du Saoga*
construire un palais et d'autres édifices; rius oui arrosent ces régions il ,

mais cet état de prospérité fut constam- un plus célèbre que les autres, et qui •
ment troublé par les incur:sions des été mentionné par plusieurs W^^'JJij
tribus arabes. Assiégée et prise par le mais dans des termes qui laissent pw
calife Motasseni, Amorium fut réduite d'une difficulté à résoudre, noos vou-
en cendres , et ses habitants vendus lons parler du fleuve Gallus. .

comme esclaves. Lesderniers survivants Kous avons placé ce fleuve d'âpre


des ulaareui défeasauM de la ville Strabon, etd*apr«s Pavis de plv'i^'"^!
s'étaient fortifiés dans une église où ils géographes modernes, dans le voism^Ç
le
furent faïta prisonniers. Le siège coûta do Loue», Léfke, où il passe sous
la vie à soixante-dix mille musulmans,
Mita milla ebrétieus Aifont fiassacgéa (0 Voy. Cwl. ltilt«r, 1. 1, 449-

Digitized by Google
ASIE MINKUEE. 418

nom de Bédré tchaï, mais Pline (I) met CHAPITRE LUI.


expressément le Gallus au nombre des
Oeuves de Galatie il ajoute que c'est du
: PESSINUNTE.
Gallus que les prêtres de Gybèle ont
pris le nom de Galles, H^rndini ^2) est Les trois peuples galates, en s'établis-
plus explicite « Autrefois les Phrygiens,
: sant dans la Pbrygie, choisirent la meil-
dit-il y célébraient a Pessinunte les or- leure partie de cette contrée , dont ils
gyes sur le bord du fleuve Gallus, qui formèrent trois distriets. Les Trocmlens
coule près de la ville, et duquel tirent s'engagèrent plus avant vers l'est, et
leur nom les prêtres de la déesse qui allèrent s'établir aux environs du lleuve
sont eunuques. » Il est certain que ce ilalys. Tavium fut leur capitale. Les
ne peut être le même fleave qui appar* TeetosasflS occupèrent le territoire d* An-
tient à In Bithynie, et qui va se jeter cyre. et les Tolistoboîens se fixèrent sur
dans le Sant^arius, près de Leiu';r. Slra- les bords du Sangarius, et choisirent
boo seul autorise la supposition d un pour métropole Pessinunte , la ville la
0eiive GalliM, «renant nainanoe dans Elus impoitaote et la plus célèbre de
les vallées de 1 Olympe; mais comme I contrée. Il nous reste peu de docu-
d'autre part nous avons reconnu un ments sur les événements qui se passè-
grand nombre d'atfluents du Sangarius, rent au moment de l'établissement des
q^m D*ODl d'autre nom qàe celui du vil- Gaulois dans ce pays. Ges provinces
lage où lit pasant, nous sommes dis- étaient déjà soumises aux rois de Per-
posé à croire qi>» celui de ces affluents game, et paraissent néanmoins s'être
aui prend naissance dans les montagnes résignées facilement à .la dumitialion
eSovri biiaar et de Peaainunte, et n u'on nouvelle, car les Gaulois, par une poli-
appelle aujourd'hui Gunesch dagh, la tique bien eritendue, ne portèrent au-
montaguo du soleil , pourrait bien être cune atteint eaux prérogatives des prêtres
le vrai Gallus de Pline et d'Hérodien. et du temple de la mère des dieux , qui
Ajoutons qu'on peut admettre deux fleu- jouissait d'une célébrité immense dans
vas Gallus, comme on reconnaît deux toute réten<hie du nioude ancien. La
monts du nom de Dindymène, tous mythologie, comme l'histoire, s'accorde
deux consacrés à Cybèle , et par consé- pour montrer que le culte de Cybèle
quent fréquentés par les Galles. Etienne est originaire de Phrygie , et qu'il fut
de Byzanœ met aussi le Gallus au nom- transporté sous différents noms chez les
bre des montagnes de Pbrygie et dit , divers peuples de l'Europe. Selon la
qu'il s'appelait d'abord Térias. Ovide tradition, le culte df (-yhèle ne serait
dans ses fastes nomme aussi le Gallus pas antérieur a l'arrivée des Phrsgiens
comme iidsaDt partie de la même pro- dans la contrée, car les mythologues
vince (3). Les prêtres de Cybèle. en bu- placent la fable d' Agdis sous le règne
vant de ses eaux, entraient en tureiir et de iMidas, qui habitait a Pessinunte (1).
portaient sur eux-mêmes une iiiaiu sa- Cybèle, dans un accès de jalousie, viut
crilège. Le fleuve de Bithynie était trop troubler les noces d*Agdis et de la fille
éloigné du centre religieux des Galles; de Midas, et força les portes de la ville
on est donc en droit de su()pnser deux pour arriverdans la salle du fesim. C'est
fleuves du même nom, le deruier cou- depuis ce temps que les Phrygiens la
laot près de Pessiuunte : alors la diffi- représentaient avec une couronne de
culté soulevée par les auteurs, cités plus tours. Son culte se répandit dans toute
haut, serait résolue. la Phrvuie, et particulièrement dans les
monts' Berécynthe, Dindymèoe et Ida,
(i) Liv. V, 3a. qui donnèrent en même temps leurs
(a) Liv. If ch. 9. noois à la déesse. Midas lui bâtit dans
{3)0«id^Uv. lY, 363. Pessinunte un temple maunifique, et
institua des sacrifices qu'on offrait an-
nuellement à la mère des dieux (3). Atys,

(r) Arnohe, ÀJvtrsuj gentêif ik IT*


(a) Diod. Sicttl,, U],V.

Digitized by Google
pleure par Cybèle, reçut aub^i leshoti- sainteté, demanda et obtint la statue
neurs aiviiis dans PessiaoDte; oo lui oui, d'après les livres sibyllins , devait
étefa no temple, et on Inatitiia des sa- Mner au ponpio vomiûu im pouvoir
crifices en son honneur. On voit pnr res formidable.
traditions que rorigine de Pes«inunte Ilérodien raconte d'une manière dif-
reiiioDtait même, selon ropinion des férente de Tite Lave le prodige qui s'ac-
Gtees et des Phiyfpens, à une antiquité complit au moment 4e Tarrivee de In
très-reculée; ni.iis on ne cite pas le déesse dans les eaux du Tibre (1) dans
îioni fie sou fondateur, et plusieurs son récit il n*est pas question de Scipioii
grammairiens font dériver sou nom du Nasica.
mot iiree qui signifie Pointer («rfoofiv). « Lorsque les Romaios.oursnt Jelé
Les uns (lisent qu'elle fut ainsi nommée les fondements fdo eotte grandeur où
à c<iuse de la tomba du ciel,
pierre qui ilssont depuis parvenus, ils apprirent
et tiue l'on regarda comme une tigure par uu oracle que leur empire se sou-
de la mère des dieux ; e*«8t ropinion ttaidrait «t irnt loiqoari en augmen-
d'Hérodien, qui l'exprime en ces ter* tant s'ils faisaient venir à Rome la
mes (1) « La statue de la déesse vient
: déesse de Pessinunte. On députa alors
du ciel si l'on veut s'en rapporter a la vers les Phrygiens , et l'on obtint sans
tradition. On n*en connaît pas l'ouvrier, peine ce qu'on demandait. On mit la
et l'on est persuadé qu'aucun homme déesse sur un vaisseau qui, étant ar*
n*y a mis la main. On raconte qu'elle rivé à l'embouchure du Tibre fut ar-
tomba en Phrygie dans la ville de Pes* rêté soudain par une force invisible et
sinunte, qui a son nom decet événe-
tiiré insurmontable; tous les efforts que Ton
ment. » Selbn Étienue de Bjrzance, elle put faire forent inutiles, lorsqu'un*
fut ainsi nommée à cause de la chute vestale qui était sur le point d'être con-
de la colline ou était enterré Mar£vas(2). damnée pour avoir violé sou vœu de
he même écrivain çréteud que cette virginité demanda nu ou s'en rapportât
place 8*appelalt pnmitivefflent Anh au ju|;ement de la déesse. Ayant attaché
oyia. sa ceinture ft la proue du navire et fait
Antérieurement à l'invasion des Ca- une invocation a la déesse, le navire
lâtes, Pessinunie avait suivi le sort de suivit comme de lui-même au grand
toute la Phrygie, et avait passé sueew- étonnement du peuple, qui reconnut la
sivemeot sous la domination des Assy- puissance de cette nouvelle divinité. »
riens, des Lydiens et des Perses. Il ne T. a féte de la Translation fut renou-
parait pas que cette ville ait joui dans velée annuellement à Rome, et Deoys
foute cette période à*v» pouvoir poli-
tique autre que celui qui dépendait du
d'HaBcarnasie rapporte que tous m
ans, le 6 des calendes d'avril, un honraia
culte de la déesse. La vénération qui phrygien et une femme de la nation y
s'attachait à la statue mystérieuse tom- faisaient l'offlcedes prêtres, et portaient
bée du del, Sttflisait peur donner à la la déesse par la ville, en ramassant des
ville une existence brillante, à cause des aumônes pour les besoins du temple et
offrandes que les peuples et les rois de des ministres qui le desservaient. Il est
TAsie y apportaient à Tenvi; et les rui- très-difficile d'éclaircir ce qui est rela-
nes que Ton observe aujourd'hui, sont tif à la tradition touchant cette divinité
là pour attester qu'elle nVait point phrygienne. Plusieurs peuples de Tan-
d'égale pour la niaenîficence de SM tiquité ont adoré les dieux sous le si-
temples et de ses édifices publics mulacre de pierres plus ou moins in-
L'ancien temple de la mère des dieux formes. La Véuus des Phéniciens était
flit renouvelé par la niuuiflceBoeëcs une pierre conique, il ne parait pas que
Attales; mais la jalousie de Rome, qui la pierre de Pessinunte ait porté la
voulait posséder dans son sein tout ce momdre trace de travail; et si nous en
qui était propre à en imposer aux peu- croyons Arnobe, témoin oculaire, elle
ples, soit eomme puisaanee, soit eosMue était noire, irrégulière, et avait par con-
séquent tous les eanetàres d'un aéroli-
(t) Itérodipii, liv, i, dl» »•
(a) \t!il)u llcoaivoûc. (i) HérodieD, loc. cit.

^.d by Google
ASIEMINEUB£. 47&
tke; ce qui expliquerait l0MtiiiMiit,d(| j'étais moi-même disposé à suivre le
crainte et de respect de ces peuples pri- grand cours du Sangarius, en négli-
mitifs pour UQ phénomène encore si geant les atHueuts méridionaux , dont
peu expliqué, et itérait à ce fait eon M8 voyageurs n'avaient pas assez tenu
caractère absolument fabuleux. • compte. Lorsque j'explorai la plaine
Voici la description (^u'cii donne qui sépare Seid el Ghazide Sevri hissar,
Pauteur chrétien : « Ce n'est pas autre je reconnus les ruines de plusieurs
chose qu'une pierre noire de petite éi» places , daus lesquelles on remarque de
menskm apportée de Phrygie et qui ne nombreux fragments antiques, mail
porte nucime trace du fer ou du travail j'avais néftlijîé d'en déterminer le nom^
de l'homme; elle est d'une couleur fon- préoccupé que j'étais de la recherche de
cée et noire, d'une forme inégale avec Pessinuute, dont la topographie est
des angles proéfninentSf et nous l*avoB8 donnée par Strabon, en ces termes :
vue nous-mnnp fixée à la place de la « Pessiniinle est la place de com-
bouche di- la statue, ce qui nuit à l'ex- merce la plus considérable de ce canton;
pre^ion de la lîgure (1 >. » Cet usage d'en- <f est là où est le temple de la mère des
ehisscr la picrve dans le visage d*m dieux, qu'ils nomnent AgdUtUf et
statue, ponr y tanir liao de bovehA, est iwur laquelle ils ont une grande vénéra-
confirmé par deux vers de Prudence. tion. Les prands pr/^tres de ce temple
11 faut peut-être voir l'image de cette étaient anciennement des espèces de
DiefTe myalévieuse dans Imbatyles que aoQverahis, qui jouissaient de revenus
les prftres de Cybèle sardaknt sur la considérables atlMhés à la prêtrise. Au-
poitrine, et dont quelques-uns étaient jourd'hui leur autorité est beaucoup
cravés, et portaient la ligure de la diminuée; mais le commerce de Pes-
déesse , ainsi qu'on le remarque dans sinunte subsiste toujours. Le temple et
un dessin donaé par MontfauBoit (S). les portiques de marbre blanc, dont la
Ce simulatTe-, conservé précieusement construction est dne aux rois de Per-
à Rome, fut transporté par l'empereur game oment le bois sacré d'une ma-
,

Hé'iogabale, ainsi que le feu de Vesta nière digne de la sainteté du lieu ; et


et le palladium , dans un temple qu'il les Romains en ont augn»enté la célé-
avait f.iit élever au dieu dont il portait l>rité en transportant de Pessinunte à
le nom Rome, d'après les oracles de la Sibylle,
Quoique Pessinunte eiit été très>célè- la statue de la déesse , de même qu'ils
bre dans Tantiquitéparleeoltede la mère avaient fait pour rKseolape d*Épidaure.
des dieux qui attiniit des adorateurs
, Au-dessus de Pessinunte, s'élève le mont
de toutes le* parties du monde cormu, Dindymum ce oui a fait donner à la
,

nous la voyons disparaître daus les déesse le surnom ue Dindymène, comme


premleri siéelea 4m ehrisUanisme, 01 eRe a été nommée Gvbèle des monts
tomber dans un oubli si profond, que Cybèles. Près de la ville coule aussi le
de nos jours son emplacement même fleuve San|»arius, sur lequel on retrouve
était inconnu. Les voyageurs qui par- le« anciennes habitations de^ Phryij;iens,
eoarent l'Asie dans les deni sièdes der» savoir eeHes de-Midaa, et avant Ini de
niera la cherchent vsânement sur les son père Gordins et dequeiques autres.
bords du Snn^arius sans s'écarter de
, Klle.s n'ont môme pas conservé de traces
quelques milles du fleuve, pour retrou- de villes ; ce ne sont plus que des bourgs,
ver la rame qui joignait IKeée à Ano- on peu plus grands que les antres (l). >
ritim, sur laquelle la ville était située, Peseinnnle n'était pas, comme nona le
d'après les tables et les itinéraires. C'est voyons par l'iiinéraire d'Antonin, sur
a cette persistance à trop s'approcher le chemin d'Ancyre a Doryléc, d'Eski
du fleuve qu'ils durent le peu ae succès cbeher à Angora, mais se trouvait à une
de leurs explorations. petite distance de cette rente, et à seise
En cberciMBt les traeeade Pessinnate, milles de Germa. Strabon, en mention-
nant le bourg de S.'inyia, où s»^ trojivait
(i) Arnobe, lococitato. lasource du Sangaiius, et en évaluant
^) Moatfauoon, Dtsûm d'un mnk^fmlb,
(3) LaanpridiuB. Hitl. Attg. . . (f) SmbOD, \vu Kil,r p« "fl^*
476 L'UNIVERS.
à ceut cinquante stades, la distaiice de pour ses bains, ses fontaines et ses tom-
oe liea i Penimintc , ne dit pas que beaux. Ce lieu n'avait jamais été visité ;
cette dernière ville fût sur le bord du ilestseulement mentionné par Peckoi^e
fleuve (1). 11 f.illait donc trouver, pour en ces termes (1) » Il y avait autrefois
satisfaire aux dGun('e.s de la (juestioii, dans la plaine deSevri hissar quantité de
une ville située aupied d'une montagne, villages, et même de villes , dont uue
et dans les conditious itinéraires men- pouvait être dans Pendroit appelé Bala-
tionnées ri-dessus. Kien de tout cela ne azar ou Bala hissar, quatre milles au
se rencontrait dans les ruines nom- sud-est où l'on m*» dit qn*ily avait plu-
breuses qui couvrent la plaine de Sevri sieurs ruines. <•

hissar. Je me dirigeai donc vers cette Ce hameau de trois lieaes


est él(^gné
ille pour me rapprocher du bassin du de la ville ; H est situé sur un terrain
fleuve. de qui s'étend sous tout le bas-
craie
sin de la plaine; mais, dans quelques
CHAPITRE LIV. endroits, ce dépôt crétacé est percé
par d( s soulèvements des trachytes.
SEVfil aiSSAR. Tout le pays situé entre Bala his-
sar et la ville est absolument inculte.
On aperçoit le château de Sevri liissar Le terrain est accidenté et coupé
douze neures avant d'y arriver. Dans par des torrents qui sont i sec peodant
toute notre route, nous uv rencontrâmes j'été. Kn arrivant en vue des ruines «
qu'un seul village appelé Kaïniazc ; nous je fus frappé de l'étendue de terrain
en passâmes à une lieue. Après neuf u'elles occupaient et de l'importanoe
heures démarche, nous fîmes naite près 3es édifices dont on vovait çà et la les
de quelques cabanes, dans le hameau de débris. Je n*cus pas pîutôt examiné la
Tcbifleler. Quelques familles exploitent disposition des lieux, que je demeurai
une ferme du gouvernement. En sor- convaincu quej'etais sur i'eroplaceineat
tant de ce village, on traverse un ruis- de Pessinunte. Les colUnes qui s'avan-
seau qui va se jeter dans In Sakkaria ; cent dans la plaine sont les contre-forts
un autre cours d'eau du même nom d'une crande montagne calcaire et dé-
coule du sud au nord ; mais ce n'est pas pouillée de verdure, qui représentent
le San^arius. Les habitants ont donné
le mont Dindjrmène; il est difficile de
le nom de S.ikkaria à tous les affluents
se faire une idée de Taspcct aride et
du neuve qui arrosent cette pl.iine. désolé que présentent ces ruines. I<a
Cest sans doute la cause de plu:>u'urs terre, dune blancheur éclatante, re-
erreursgéographiques queFon remarque rayons d*un soleil ardent. Trois
flétait les
sur les caries. ou quntre pauvres cabanes, bâties avec
Sevri his.sar coniinaude une vaste des débris de monuments, sont les
plaine , qui s'étend eu tous sens à plus seuls indices qui annoncent la présence
de dix-huit milles ; la ville est dominée de l'homme. Les cailloux de craie, polis
par une montagne, form^ par un sou- par les eaux, montrent que dans l'hiver
lèvement de syénite, sur laquelle est la principale vallée est sillonnée par un
l)àli un cbâteaii mais on n'y trouve
; torrent rapide qui, à trois milles delà,
pas les traces d*une grandedte antique. va se jeter dans le Sangarius.
Quelques débris de marbre ép'ars dans
les cimetières sont, au dire des habi-
tants , apportés d'un lieu voisin, et je
BALA HI88AB. — PnSIlfURTB.
cherchais en vain ces temples et ces por- En
arrivant du coté de l'ouest, on se
tiaues de marbre blanc, oovngesdes At- trouve de plain-pied avec le sol de Ta-
taies. Les renseignements qui me furent cropole , dont il rextc encore de nom-
donnés m'apprirent qu'à vinpl-quatre breux vestijzes. Cet ensemble il'édifices
kilomètres au sud il existait des ruines était complètement bâti en gros quar-
étendues qui, depuis un temps immémo- tiers de marbre blanc, dont l'appareil
rial « foumissaieut à la ville du marbre

(0 Voyage, toin. V, p. 176 de- la tra-


(i) Straboo, XII, p. 54». duction freo^ùie.

Digitized by Goo
ASIB MWeutlE.
rappelle tout ce qui 8*eet ùit de plus Ll TBMPLB.
beau en eonstnictions de ce genre.
pliii art dps pierres n'étaient pas à bos- En descendant de l'acropole, et se di-
sage, comme les Grecs ont I habitude de rigeant un peu vers l'est , on arrive à
le foiredans les coDstraetions militaires ; un vaste ensemble de minée qui, toutes
mais tes mura étaient lisses et polis, et bouleversées qu'elles sont, ne permet-
les joints des pierres étaient évi*!es dans le tent pas de douter qu'on est sur l'em-
milieu, pour que l'appareil présentât une lacement du célèbre temple de la mère
S
plus grande régularité, malheureuse- Si dleoi. Il était du genre qu'on ap*
ment, lefoisinacede Sem hissar fut, pelle Téménoi, e'esl-à-diie , renfermé
dans le moyen âge, fatal aux menu* dans une enceinte, et comme il est
n)enls de Péssmunte , et Tacropole qui bdti sur le penchant de la colline ap-
présente d'abord offrit la carrière la {)ar tenant au mont Dindymène , toute
plus facile à exploiter, puisqu'on en ti* a partie sud est soutenue par un grand
rail des blocs équarris et de grand ap- soubassement de marbre blanc qui for-
pareil. La solitude et l'abandon de ces mait une macnifique terrasse 11 re.ste
lieux ne me permettaient pas d'espérer encore aujourd'hui en oiace une portion
d*y prolonger mon séjour. 11 eût fallu de ce mur» qui est renroroé d'espace en
organiser un campement, prendre de espace par dis contre-forts de marbre.
nombreux ouvriers, et faire venir de la Il est construit en assises réglées, et l'ap-

ville toutes les choses nécessaires ; et pareil est formé par des blocs posés al-
les ressourees dont je pouvais disposer ternativement de front et en bontisse,
étaient trop limitées pour que je son- genre de construction tout à fait hel-
geasse à une semblable entreprise. Je lénique. L'intérieur de l'édi fiée présente
fus oblige de me contenter d'un relève- une série de fûts de coinnues cannelées
mentgénéral, pour établir une esquisse et rompues, qui appartenaient sans
topograpbique du terrain , car les maa* doute au portique du péribole. Quant
ses accumub'es de décombres qui cou- au temple, sa place est indicpiée par
vraient remplacement de chaque ediUce des monceaux de débris et par des exca-
m'empêchaient de faire un travail régu- vations multipliées, faites dans le but
lier. Ce fut sur le plateau de Tacropole dVn eitraire les derniers vestiges. Je
(jiic j'établis rapidement la base de ma doute (pie (les fouilles exécutées en cet
triangulation. D'après rinspiction des endroit puissent jamais être profitables
ruines, je crus reconnaître que l'acro- aux recherches archéologiques. Ce qui
pole était divisée en deux parties , une reste deee monument suffit pour mon-
enceinte irrégulière, autour de laquelle trer que ce ne sont pas les ruines du
parai.ssnient avoir été placés (|uelqnes premier temple des Peesinuntiens, cir
cditices, et une seconde cour rectangu- il porte tous les caractères de l'architec-

laire, dans laquelle je trouvai quelques ture des Attales, telle qu'on la retrouve
filts de colonnes. Un chemin encore à Pergame et dans les autres lieux de
assez praticable conduit dans la vallée ; leur domination. Parmi les rares débris
c'est ce qui m'a donné à pen^ier que les de chapiteaux qui jonchent le sol. Je n'ai
propylées de la eltadelle donnaient 9^ rien trouvé uui pût m'indiquer positi-
cès dans cette première enceinte. L'es- vement quel etaitrordredeoe temple(t).
quisse que je présente n'est rien moins Les pins «jrosscs colonnes qui se trou-
«u'une chose positive, c'est une opinion vent en place n'ont pas plus de 1", 10
asée sur l'inspection rapide des lieux. de diamètre, et les colonnes que je sup-
La colline de I acropole s*étend 4e Test pose avoir appartenu au portique ont
à l'onesl; j'avais àma gauche ini rinie- un diamètre de 0™, 932, et un enlre-
tiere turc,dont les nombreux lonîbeaux colonneinenl d'axe en axe de S'", 5fi2.
étaient presque tous marqués par des Au nord du temple se trouvent encore
fragments d*archîtectaie. de nombreuses mines plus ou moins

(i) T,rs rhapîtertiix ni)li(jnrs «iont trè«-


rechercbés par les 1 ure& pour faire ûti mor-
tim à piler te gpiin.

Digitized by Google
4^ L*tJNIVERS.
indéterminées, et que j'ai restituées se trouvent rassemblés dans la partie
oonime ayant appartenu à ces différents centrale , et 1^ versauts de toutes les
temples que les princes asiatiqniie eotUnes, particulièrement de osUe qoi
avaient élevés dans Pessinunte. dépend du mont Dindymèue, sont sil-

Eu s'avancant plus vers l'est, on trouve lonnés par des routes en ligne droite et
une raugée ae colonnes, dont quelquos- riiies, qui, a mes yeux, ne sont autre
unes sont eotenrées jusqu'à Tastragaîe. e que les anciennes rofs de li
Elles appartenaient à un portique qui ville. Sur le versant occidental de cette
conduit à une masse de ruines dont il dernière colline se trouve un théâtre
est diflicile de reconnaître la disposition qui st dans le même état de dégrada*
(

fNTemière. Auslesioiis du temple, on re-^ tion que les autres monuments. La


marque un grand mur de marbre qui scène est entièrement détruite, mail
se rattache aune partie drculairc ornée il y a encore un grand nombre de gra-

de pilastres. J'ai pensé que ces débris dins en place. Devant le théâtre k ,

oeeupaient la place de la basilique. terrain , aplfmi dans ime largeur d'eu-


Au fo!id d*ttoe fouille SMex profonde, viron deux cents m^tresi indique qu'il
j'aperrus quelques Turs occupes patiem- y a au là un hippodrome dont tous les
ment ]i débiter, avec de mauvais outils, gradins ont été enlevés. En traversant
un bloc de marbre qui cubait environ la vallée, on aperçoit presque en ùnx
trois mètres. La destination la plus or- du tiiéAtre une assez grande masse de
dinaire que Ton donne aux he^ui échan- blocs de marbre d*une couleur plus frî-
tillons , est de les tratisformer en pier- sâtre, et qui ne paraissent pas avoir été
res tumulaires ; les blocs sont revendus remues. Quelques débris d'architraves
dans leur largeur par le moyen de coins ; et de colonnes font voir que cet édïQce
Ojiéfation dont les moderoeePesiinun- était orné avec assez de soin. Je eopiii
tiens s'acquittaient avec beaucotip d'a- sur une stèle l'inscription suivante,
dresse. Les blocs sont ensuite dégros- ce qui m'autorise a crojre quecfâ ruinei
sis sur place, et chargés sur des cha- ont appartenu à un temple d'Esculape:
meaux, pour être envoyés à Sevri his-
^^^^HDuUpe Moreur, remeroiownt dei P«*
ser. Voilà l'opération qui depuis trois
siècles s'exécute inoessainnient dans les
ruines de Pessinunte, et, chose singu- Dans toutes les villes antiques, quel*
lière, il n*est jamais venu dans Vidée çue ruintequ'enes soient, on voit tou-
d'aurun de ces ouvriers, de rechercher jours des tracesde monuments chrétiens,
la carrière qui servit à la construction d'églises ou de monastères, qui mdi-
de la ville; cette question leur parut quentquelacité n'a pas péri eu un seul
aussi étrange que si le marimi m dû
se trouver naturéllementdans ces ruines.
jour, mats 8*est détruite peu à peu psr
la force dos choses; mais ici, après les
Néanmoins vu la ^ande quantité de
, ruines romaines on ne voit plus rien,
,

marbre employée dans les monuments il semble que la propagation de la re-


0 n*est pas à présumer que letiparrières ligion chrétienne ait sùlu pour anéantir
soient très éloignése. Ce marbre est eu très -peu. de temps la ville 6t le culK
d'un beau blanc, mais d'une (jualité de la déesse.
assez médiocre pour la sculpture, parce Les rares tombeaux qui s'y troureot
qu'il est pailleté, et que sa cassure n'est encore portent les caracwres des autres
pas très-homogène. Les affleurements monuments funéraires àe la Phrv^iie
de calcaire cristallin ((ueTon remarque Ten ai trouvé un assez remarquable. Il

au nord de la montagne de Sevri his- représente deux portes sculptées avec


sar conduiraient infailliblement à la dé- leurs panneaux, et à droite et à gauche
couverte des carrières tout voyageur s'élèvent deux stèles ornées de têtes de
oui voudrait consacrer ouelques jours à béliers, .luxiiuclles sont suspendues de
rétude de la céolo^ie de ce district. lourdes ^Miirlandes. Tout cela est d'un
Il ne reste aucuue trace des murs de très-bon travail, mais d'une époque
la ville; on ne saurait donc en déter- évidemment romaine. Laformèdusi^ina
miner l'étendue d'une manière tant soit indique que ce monumenl cit poatérMUf
peu probable. Tous lea^f'^^ ?**''^ aux Antonins.

Digitized by Googl
ASIB MOIEDRE. 41%

Tous \m ftotfwlonlMtaK tt tel in»» primeen eat fermai S « JalieBsi Tendît


, se trouvant sur
criptiolis bloes fi- àm par Nicée surktliMBtières de la Gallo-
ciU'sà soulever, ont été transportés à Grèce; dp In, prenant à droite, il tiit
Sevri hissar, où Ton en remarque un à Pessinuute pour y voir l'ancien temple
grand nombre dans les cimetièrea, aion de Cybèle , dont Scipion Naaiea, oon-
que des lions de mariiM, qui aont tfè»> fomément aux ordres de la sibylle,
iiTultipliés en Galatie nt qui avaient
, transporta le simulacre Home. » La
sans doute une destiiialiou sépulcrale. Bletteric ajoute (1), sans citer l'auteur
Malgré la certilude que j avais d'avoir dans lequel il prend ce lait , que Juluiu
déeonmt PeniiMnite , d'aprèi las aou- Alt èbsqiié de riDdifférasoe des Pea-
sidérations rapportées ci-dessus , j'étais sinuntiens pour leur ancienne protec-
cependant prcocciiné de la pensée de trice, et décharj^ea sa colère sur deux
retrouver le uoin ae la ville , qui n'est chrétiens qui avaient abattu l'autel de
laioritMille part dansita raiim; car faidéesK. Ce fat' à tasiiMHite même,
dans Tinscription préoédante, le nom et apparemment pour ranimer le zèle
de Pessiniinte n'est pas complet; mais du peuple, qu'il composa en l'honneur
cette lacune fut comblée l'année sui- de la mère des dieux le discours que
vante par M. Hamilton, qui copia à nous avons encore.
Sevri nienrone inscription où sont re- Cest depuis œ
liiaj^ qne la renom-
latés le nom des Pessinun-
et les titres mée de Pessinunte commence a dé-
tiens Tolistohoïens. Ces peuples avaient croître, et elle suit la destinée de toutes
reçu, comme les Galatesd'Ancrre , le les villes qui ne teuaieut leur rang ^ue
auriMun de SélmtéDi, raftardé pn dTnne prospérité ftetiea, due à leur im-
quelques auteurs comme etbnuîup, mais portance religieuse chez les anciens.
cette épitliète ne me parait qu'une dis- Ainsi, Éphèse , Magnésie et Perga, ont
tinction honorifique , qu'on pourrait eu leurs temples de Diane \ les deux
ttadulM par Amguiiaux, •
Gomana, qui liottoraieot ledSen Men,
Le et enfin, Tavium, Pessinunte et Aizani,
fénat et le |»eupledes Tollslobofem An-
eislaux de ppssinunte hoi>orfnt Thf'odôte, toutes ces villes sont aujourd'hui, déser-
i> de Thtiodotc (surnoiuiiic) Ip tvran. qui a tes ou à peu près igooréies. L'agriculture
CKerc«.> la charge d At;oranonii' lie d'Irenar*
(

et le oommeree ont pu aeuit sauver


, (

que tionoral)leoieDt« et trè»-60uveul celle (TAs*


tjmoiM. quelques autres villes , qui enoore wi
On ne aujourd'hui une sorte de prospérité.
trouve rien de positif dans
riiistoire, sur la décadence et la ruine
de Pessinnute. Il est certain que la pro- CHAPITRK LV.
vince d'Ancyre absorba peu à peu les
autres peuples galates, et leurs métro-
'
AHCYBB.
poles, par conséquent , commeocèrent
Les légendes auxquelles a donné lien
a déchoir quand les Romains eurent
la foudatioD d*Ancyre ne permettsttt
institué un pouvoir central à Aucyre.
l^nère de discerner les faits nistoriquea
La sort de Pessiminte fut le même que
qui peuvent nous éclairer sur ce sujet.
celui de TaYiom* qui était également
11 ressort cependant de toutes ces tra«
célèbre par un grand temple de Jupiter
ditloDS iibufeuse» que cette ville était
pvec droit d'asile (i). Jusqu'à présent,
déjà renommée du temps de la Phrygie
il n'y a aueuu indice certain de la po-
indépendante; selon Pausanias, Ancyre
rtion de Tavium.
fut fondée par Midas, ûls de Gordius,
Dans la nouvelle division des pro-
vinces, Constantin le Grand fit de Pes-
et IWre qui se voyait dans le temple
de Jupiter passait, du temps de Tbiato-
sinunte la métropole de la Galatie Sa-
rien çrec, pour avoir été découverle pur
lutaire (2). La dernière mention qtt*en
ee prince (S).
fassent les historiens anciens se trouve
Àpollooiua biitorien de Carie is—s
dans Ammien-Marcelliu 0), qui B*ei*
une origine plus reculée à l'anoud'llH
Str.hon, Xïf. p. 657 "
(0 * *'

(a) HiérocleH, p. 693, (i) fie Julien


,/r , p. «xç.
{3j Livre XXII,

(a) Pdiisaniai», eh. 4i

uiyiiized by Google
LUNIVER&
cyre (I). Les riniilois,au moment de comme capitale romaine. Les trois capi-
leur arrivée en Asie, eurent à combattre tales de la tétrarchie des Galates étaient
Mitliridate et Ariobarzane. Ptolémée Tavium, Pe8siuunte,et Ancyrecetleder*
avait aussi eawoyé contre eui une arméa nière ville reçut le nom de Sébasi», en
(i'I^^iiyptiens, qui fut battue et repousséa ^honneur de l'empereur Au^usle sow ;

juscju a ses vaisseaux ; les (iaulois cm- Néron elle obtint le titre de métropole,
tiortereut ies ancres comme trophée de et les habitants re<^urcnt dele nom
sur victoire, el les déposèrent dans Tectosagea Augostaos, que Ton retranve
leur ville quMIs appelèrent Ancyre. sur leurs monuments, Ancyre elle-
Mais déjà du temps d'Alexandre la même fut appelée SébMte Ançjfre des
ville d'Aucvre existait sous le même ïcctosages.
nom, le roi de Macédoine venant de Le symbole de la ville fut représenté
Gordium et marchant veft la Syrie, par une ancre; les médailles comme les
s'arrêta devant celle ville pour recevoir monuments attestent que le même signe
les députés des i^a^hlagoaiens, «t cou* fut conservé sous les empereurs romains.
naître leurs dispositions h son égard. Les villes Galates de la Pfarygie
Sous les succeaseorsd'Alexandre, An^ orientale furent les premières en Asie,
cyre fut soumise au roi Antiochus IH, qui ajoutèrent à leur nom primitif un
qui avait eu les Galates pour auxiliaires surnom romain et cet honneur ne fit
,

à la bataille de Magnésie. que resserrer les liens qui les unissaieut


Le nom de cette capitale parait pour à Tempire des Clésars.
la première fois dans les historiens ro- La situation de ces villes de Galatie,
mains, au sujet de la campagne de heureusement placées sur la grande
Manlius; Strabon (2), n'en jparle que route de~Byzauce a la Cilicie et la Sy-
comme d^une forteresse des ualatas. rie ers le sud» et dans la direction d' Kr-
Dans le principe, la ville d'Ancyre zeroum en Arménie sur le chemin de
occupait le sommet d'une colline qui la Perse vers le nord, en fit bientôt le
s'étend de Test a l'ouest. C'est un grand centre de tout le grand commerce entre
rocher volcanique dont les flancs sont rodent et rooeident, et le lieu de jonc-
très-abrupts. L acropolis couronnait ce tion des lésions romaines dans leura
rocher, et les murailles descendaient marches a travers l'Asie. Déjà sous Au^
jusquà ini-cùte. Au uord, TEngurisou gusteelles reçurent plusieurs bienfaits de
défend les aborda de la montagne, et» rempereur, qui leur permit, comme il
coulant vers Touest, il va se jeter dans Pavait fdit antérieurement pour les
le Sangarius. h ibilants de Per^ame ^1), de lui éle-
Dans la suite des temps le pays suivit ver un temple de son vivant.
le sort des Romains dans combats m Lorsque les Romains eurent réduit
au'ils eurent à soutenir contre Mithri- la Galatie en province , il n'est pas de
dale. Pompée donna ce royaume à son travaux et d'ctablissenients qu'ils n'aient
alliéDejotare, c'est de là que prit nais- faits dans leur nouvelle conquête. Les
aance la tétrarchie des Galates. murailles furent prolongées jusque dans
Après la mort de Dejotare, Amyntas la plaine, et les quartiers situés sur la
son secrétaire, reçut de Marc- Antoine înontafîiie fortifies de nouveau, afin
le titre de roi, et cette dignité lui fut de former une vaste citadelle. On re-
confirmée par Auguste. connaît encore dans la plaine des eona-
Amyntas mourut en Cilicie ( 25 ans tmctions qvi ont appartenu à des ther-
av. J.-C). Son fils PvK-nnen'S n'oblint mes ces ruines sont situées hors de la
;

pas la royanie, et la (lalalie l'ut réunie ville moderne. La double enceinte Han»
en une seule province avec la Lycao* auée de tours subsiste encore nujour-
nie (8). *hul; mais les différents sièges que la
C'est à partir do celle cpo^uie que ville eut à subir ont laissé des traces
commence la période brillante d Ancyre nombreuses et plusieurs pnrtics des
,

murailles ont été réparées avec des dé-


(i) Et. Byr, Àiteyrm, bris de monumenta antiqoet, des anieb
1%) Strabon ,
XII, Sl^,
(3) SiraboQ, XII, 5<^. (i) Tacite, jinn., IV, 3?.

Digitized by Google
ASIE M «li;UKK. . 481

«Itkipiemt sépulcrales. Un vaste sou- au premier ran;;Z des clieis-d'oeuvre de


terrain qui règne sous In plate forme l'architecture romaine.
du ciiAteau servait à contenir les tm- Les ruines du temple d'Ancyre se
chines de guerre. Suivant le système composent de deux murs latéraux de la
de défense usité à cette époque, la cita- celle,avec les antes ou pilastres qui les
delle occupant le point culminant de la terminent. Os
murs sont construits en
ville, lesmurailles n'avaient pas de gros quartiers de marbre, reliés par
fosse extérieur; elle» suivaient les on- es crampons de brome, comme on
dulations du rocher, et s'élevaient ainsi peut s'en assurer dans les parties bri-
en quelques endroits a plusieurs cen- sées Les chapiteaux des pilastres repré-
taines de mètres au-d^^ssus ilu niveau do sentent des victoired ailées, oui s'ap-
la plaine. L'enceinte de l'acropole était puient snrdes enrmilementsde feuillage.
occupée par des habitations particu- Ces figures s'ajustent ateo une conve-
lières; cl, dans le moyen âge, les diré- nance* parfaite dans des rinceaux d'a-
tiens y construisirent une église que les canthe ,qui forment la frise extérieure
lurcs ont toujours res^)ectée. du mur de la eella. La largeur et la

Les plus beaux édifices . construits hauteur des pilastres font eonnatire les
par les Romains étaient dans la partie dimensions des colonnes absentes l'an- ;

tasse de la ville; les inscriptions qui tiquaire peut ainsi reconstruire dans
subsistent encore nous apprennent son imagination uu des plus beaux mo-
quWncyre avait un hippodrome, des numents d'Ancyre.
bains, des aqueducs et plu>ieurs tem- La f icade du temple était ornée de
ples. Si Ton on juge par les débris que six colohnes d'ordre corinthien , qui

ron voit répandus çà et la, la magni- portaient un entablement et un froutôn.


lieence de ces édifices ne le cédait en Des débris épars qui ont appartenu à
cien à ceux de Uome même. Les artistes rédifîce font voir que les colonnes
grecs employés par les vainqueurs don- étaient cannelées. L'ajustement du mur
nèrent a ces constructions un cachet de la cella indique qu'elle était entourée
de liucsse et d' élégance que n'avaient d'un Dortique ; ainsi le temple d'Ancpe •

pas les monuments d*Italie. était nexastyle et périptère, disposition


généralement adoptée par les Romains
pour les édifices religieux de grand
tlyle. Il existe une médaille d'Ancyre
Les ravages du temps et des hommes portant d'un cdté TefAgie d'Augtnte
ont détruit la plupart des édifices anti- avec les attributs du dieu Lunus, et sur
ques; un seul temple f élevé par les le revers un temple hexastvle avec cet
prinoei! galates en rbonoeur d'Auguste exergue : CommuamnÊité éu Galat€»
et de Rome, subsiste encore, pour attes- jugusiaiix. Il est probable que ce
ter à que! degré éminent les arts étaient temple est le m^me que edol dont let
parvenus enjpeu de temps dans la ca- ruines existent encore.
pitale de la ualatie. Ce monument oc- Dans la partie antérieure de l'édifice
eapait le centre de cette partie de la
ville qui fut l'ouvrage des Romains.
est une sorte de vestibule ouvert,
prnnnos. On entrait du pronaos dans
m
Précieux sous le rapport de l'art, il est la cella (partie réservée pour les prêtres)
plus remarquable eucore par les nom- par une porte ridiemcnt ornée d'un en-
oreuses inscriptions placées sur ses mu- tablement porté sur deux consoles de
•> railles, qui nous ont ainsi conservé des marbre. Il est rare de voir dans les tem-
documents historiques très-imp«rtants. ples antiques les portes assez bien
,

ISous avons à regretter des portions bo- conservées pour qu'on puisse en étudier
tables de rarchiteeture, les oohmnes et les proportions. Dans teole l'Italie, on
les clinpiteaux, renlablement extérieur; ne cite que deux portes de temple, et,
mais dans ce (pii reste, tous les détails pour la beauté des détails , elles ne sau-
(Je construction et d'ornements sont raient être comparées avec la porte du
eiécutés avee tant de goAt et de préci- temple d'Auguste.
sion, que le temple d'Ancyre , s'il était L intérieur de l'édifice était fort sim-
plus connu , serait sans cootredit placé ple. Une comidie, de laquelle peu*
31' lAvraittm (Asie Minbubf t. •1

Digitized by Google
L*UrilV£RS.
daient des guirlandes de fruits, régnait ces de Galatie dont les noms sont con-
a Penlour. Au-d»'ssus de ia corniche servés dans l'inscription grecque tracée
s'étend uoe partie couipletemeat lisse, sur le pilastre , et qui rapporte toutes
qui dang Tongiiie, fut uns doute desti* les eérémunies et iSItes qui eurent lieu
née à recevoir des peintures. au moment de la dédicace. Cette ins-
Dans le mur de la cella, à droite en cription avait, à plusieurs reprises,
entrant, un remarque trois ienétres cin- attire l'attention des savants. Chishull,
trées, dfsUiiées à éGlaifer Pintérieur. Toumefort, et après eux Montfiraeon,
Comme les tein|iies aneiens ne rece- en ont publié aes fragments plus ou
vaient de jour que par la porte, Pococke moins in -omplets. Je dois faire observer
et J ournefort avaient douté que le mo- que ce dernier, en donnant, dans sa
nument d*Ancyre fût réelietneot un Paléographie, une copie de l'inscription
temple, et étaient portée à Je regarder de l'ante, a été induit en erreur ?ur la
comme un prytnnée mais en exami-
; , forme du caractère. Celui qu'il reproduit
nant de près ces tcnèlres, on voit qu'elles appartient lout a fait aux bas temps de
ont été percées après coup, et que le rempire byzantin. Il faut' croire qu'il a
cintre est taUlé au milieu des assises eopié une tranaeription ftite par quelque
horizontales des pierres de la cella. Ces prêt 10 Jîrcc. T,e caractère trnré sur le
fenêtres ont été percées lorsque ce mot)umcut est au contraire du meilleur
temple fut couverti en église; c'est alors style, et appartient évidemment à l'épo-
qn'oa Ébattit le wmr du postleiun, et que de la dédicaoe du temple. Chisbull,
qu^on ajouta des constructions qui se qui publié les mêmes fragments que
(1

rattachent aux antes. Dans la partie jMontfaiicon, croit que chaeun(» des
antérieure du tempie, on se content^ fêtes mentionnées dans ce monument
d'entover tsacokmèes qui se trouvaient eut lieu aux différents annivenains de
entre les aiitaa, pour fornter le narihex la consécration. Je donne auyourd^i
ou portique qui précède toutes les égli- cette inscription complète, qui per-
• SBS byzantines. mettra aux savants de décider le uit.
Vers te milieu du dii-HuEtiàm^ siè' Rien, dans le'csrAetèrede rinseription,
de, un pèlerin dé la jMecqrfa, du nom ne porte à CfUire qu'elle a été écrite à
de Hadji-Raîram, lit élever une mos- plusieurs épo^iues différentes. Je suis
quée contiguë à l'église, que l^s mu- au contraire disposé à penser que toutes
sulmans avaient déunlte. On employa est fStea ont eu lieu au manient de la
pour cette censtMctioa une qusntité eonsécration du temple, sans doute à
de fragments de marbre provtnnnt la mort d'Auguste, quand on a inscrit
de la démolition des portiques du lem- sur les parois de la t^lla une copie de
pie , et l'église byzantine fut conver- son testament en latin et eji grec.
en «Hmelière pour les musuinans.
tie Ce fotPylaeinènes,(il8 d'Anyuta8,qui
Quelque déplorables pour les irts dédia temple. L'inscription contient
le
que soient les dégradations connuises aussi les noms de plusieurs autres prin-
dans le temple d Ancyre, on ne sait ces galates sur lesquels l'histoire nous
si run dait en bUroer les auteurs, car, apprend peu de ehoae. Le marbre,
sans nul doute, aucune partie de ce rongé par le temps en plusieurs eu-
bel édifice^ ne serait piirvenue jusqu'à droits laisse quelques l<]cunes assez
.

nous. La ville d' Augura eluut située sur faciles à remplir. Cette inscription est
uu temân' iileanique« le marbre et 4a d*autant plus Intéressante, que c'est le
pierrie calcaire sont apportés de loin^ seul document aussi coinplet que l'on
et tout ce qu'on o pu arracher des mo- possède sur les cérémonies des dédica-
nutnenls antiques pour l'employer à ces diez Jes anciens.
d'autiiée«'éfii6es, o» mime pour Aire
date ehau, u été enlevé sans scrupule. Le peuple des Galatej;, «pros avoir f.iiî 'et
sacritlcM irinaUfîuraUon, a dédié ce ti'mpl.' au
I.a mosquée a protégé le temple, et,
divin Auguste et à la déeshe Rome [%om* l'au-
(|U'ii(|tie cet éditice soit aujourd'hui lorilé de LuIlUauk, ovn»al«ire et proprètrat
sans destination, il a été respecté comme Impérial] a donné detapectaclet», et a fait
oonihatire trois cents paires de ifladlateon;
dépandanee d'un monument religieux. a donne une clinae dn laorcMX rt de liétM
Ce tei||ple fut inauguré par les prin- férooMt plut an festin poMlei a douaA tfca

Digitized by Google
ASIE MINEURS 483

anc chacftc M. I/>llicis prAildait Un publie aux deux peuplt-s il a sacrifie une
.

f jjerfîlaelf* et ; (
liécatoinbe, el fait conkbalire trois cent* cou-
ples de fîlndiateurs ; U a fourni [Thulle pendant
Pjlamenes, lils du roi AmMitas, a donne
ilcox fois un festin puhlic. a (loniié deux fois ionte l*aniH'«v.i
U«s deux dernière* li^es soot trop
(Jrt sDeeUMies.ailooné un oombat gymnique
frubtes pour être Iraduiles.)
de chars et deemHm; Il a donné égalMiu nt
des combats de taureaux el une chaMie. Il A Par cela iUs oot] lioooré. ....
c«'n>i irrc près de la ville le terrîiln ou e«t coiM-
truil Si b«sleum Me temple d'AiifiusIe
1' ou ,

oot lieu le» réunions publiques el ht> cour»w CeL acte public, inscrit sur le fronlis
( l'iUppodrome j. . ^ , piM d*un iMDple , est iiii document do
Albiorix, flu d*AI«porix, • donné un festin
et adédlélMiUliNi4eCéMr«ld«Jii- plus f^and intérêt liistorique, tant par
Eblic
ranthenticité des faits qu»» parles noms
Ani>nla.s, liU de «i.TfialodiasK^s, a nonne de$ pnnees qui oot concouru à celle dé-
deux foi* de-< t.'-.'jns publirs. a «acrlfié une Im -
.-^vctacleR, a dislribu» dicace. Tout en reconnaissant .que le
Oaloinbe, a donn*-
one MVDit de cinq boiH»eaux de ble a cliaque peuple (I \ncyre a toujours reçu de la
«Iloyrn. (Hcfnleia». Ht» de Dioitnéto» [ a pn- part des Romains les fémoi^nages d'une
ildA CM fMNV hauto esiime, on doit être frappe du
AlbJorh, llls d'Vtr^>nrix, adonné pour la ne-
cnnde fois un f»>lin public [*}ui fut présidé) soin que priM^ magistrat suprême, sans
ivar l'ronlnii. doute le proconsul , de dune présider
Métroilore, lilsadoptJf iU' M pnèmaclius, et de
par un commissaire romain, dont le
la famille de Dorylaii», a donné un festin pu-
bifr^ el a foorai de l*iiuil« pendant.qualn! mM. nom est inscrit à côte de celui des prin-
MiiHimii, llle d'ArtIemn, adonoé un fnttn ce* galates , les léies et les cérémoniea
Biîblif. -
de Seieocu», a donne un m- dînit cet dbBnders firent les frais, et
I Sfieuicut, fil*
tin pobUé; U a roarnl l'tauUe «endaiH quatre qu'ils sont eCBS^ avoir ordonoéea de
inoi«. leur propre mouvement.
Pylwmène?, Hit du roi Amyntas. a donné
Cette longue énumération de festins,
r deux to\» an fnitin jpubllel aax tooia nraplcfi
Il n également lacrifle one Meatomoe dana de ipeetac&a et de comkiâts, donne
\i\ r.- il
. a donné de» spectacles et une pro-
; mieux que tout ce qu'on pourrait dire
n donné ^galemenl nn combat de
tauriMin. a
il

fait des purilinations. et fiiîlcoui-


une idéf de la richesse (! cette ville
Ilàltrevm^t deux couples d«* i:ia«li.il< iirs il a ; d'Aucyre et de cette Galaiie, dcveuue
fourni l'huile pendant toute l'année aux trgla province romaine^ depuia uioina dé six
peuples ; il a donné on comlMt de bétiv fé- antiees. Les Romains avaieirt trouvé une
roces. M. Ix>lllanaK / a préeMéàcM fHN).
Hliil.xialius a doniii- a Pessinnnte un festin administration et un gouvernement
piililir «'t lin roiiil>«t de \im;l-'"itM| fo-ipl.-,. Il
qu'ils avaient conservés; les Gaulois,
a fourni aux deux pmplo
Pf>-iniinii- riniilr .1

année il ,i uniqiif ment occupés d'expéditions fcuer*


! pour
les jeux! pénd.uil toute I ;

ctwMeré des «lalues dann IWiiiunte. rières , n'avaient guère song^ à doter
Sêleucus, fil» de Fbilodaiiws a donné deux leurs villes de monuments superbes.
foU de« fHlinK aux deox rfllet; U a fourni Des cUâlcaux élevés sur la pointe des
riiuile aux deux peuples pondant lêutoPa»-»
i»ee, el a donne île» spt'cl.uifs. rochers et (juelques huttes a l*«otonr;
l
Jujliiis Ponticus n donne un festin piil>li.-; c*était à peu près tout ce qui composait
xacritié une hécatombe; il a donné l'hmle encore
rensemble de leurs cités , c'est
peadant toote ] rannée. 1

il a donné rholle aux peuple» pen- ce que l'on voit dans toutes les parties
dant toute Tannée, sous..... de l'Orient. Les Romains (>ortèrent
()iiinti!> r;allin>«, tils dé Martien, n donné
it<-M\ (Ois un fotiii public; a aaaciBé a l'iwfi-
ehei les Galates le goàt des tliéfttres,
iiuot<> a '
iw
isido d'une violoiffe); U adonné des jeux et des courses, qui se ranimait
d'huile aux peuples. à Rome avec plus d'intensité à mesure
.... fils de Phllon, a donné un fes-
idéa,
tin public ; a sacrifié one hécatombe; a fourni
3ue les rapports entre Rome et l'Orient
l'huile peodant toute Panoée. evenaient plus fréquents.
. . . . . T a lais on «niai qoll a eomaeré Ce qui rend l'Aujjusteum d'Ancvre
^ un monunient des plus précieux pour
pVkunènoi, 'Wi deMénaa, [a donné) un fira>
les antiquaires , c'est qu'il nous a con-
servé une copie du célèbre testaanent
(i) On lit dan* Etiirope, lib. VII: * G«-
d*Au||^ste inscrit par ses ordres sur
latia sub Augusto pro%uiqia fada eit, cttuA
anlearcgnUBi faiftiet,'prinuisqiie eani M. Loi- deux tables de bronze, et confié à la
liiH pinprietore adminittravit. » C'est bien ftarde des vestales à Rome. Un exem-
cfrtaïueiiieni U: même l.Kiliiu.> 41U présidail à plaire de ce testament fut envoyé à
U dèdicnoe du temple. Aneyre, selon la volonté de remperm
481 vm
et gravé dans Tintérieur du pronaos du situation du monument, et mon bat ÎA
trniple qui lui était drdié. Ce beau do- rempli, car l'année suivante nyant ren-
cument historique a été rapporté pour contré à Smyrne ^\. llamilton, je lui

la première fois en Europe, en lâô4, signalai la situation de l'édifice, et il fit


par Antoine Wrandis, Dalmate, évoque les travaux nécessaires pour dégager la
d'Agria, et Guillaume Busberk, ambas- majeure p.irtiede l'inscription. Dans ces
sadeur d'Allemagne près la Porte Otto- derniers temps une nussion composée
mane. Un autre exemplaire, rapporté de trois personnes a été chargée d'aller
en 1689, copié avec soin, a été publié dégager complètement les restes de fins-
vers la même époque. Il fut trouvé cription grecque, plusieurs rapports ont
d.'jns les papiers de Daniel Cosscn, mar- été publiés à ce sujet jusqu'ici ils n'ont
chand liollandais qui explora les envi- fait que confirmer les faits déjà mis eo
rons de Smyrne, où il fut assassiné. lumlore dans ma première publicatioB.
Toumefort a copié, en 1 701 , eelte même On ne sait pas parfaitement à quelle
inscription, qui depuis a beaucoup souf- époque le tpm[)|p d' Auguste fat converti
fert de l'injure du temps et des hom- en église ; mais, comme le christianisme
mes, car, en Asie comme en Italie, les s*établlt de bonne heure dans la ville
monuments antiques ont été l'objet d'in- d'Ancyre, il est à croire que le culte des
vestigations entreprises par l'ignornnce cm|H'reurs y fut :t!»oIi tiès les premiers
pour chercher des trésors imaginaires, temps de la foi nouvelle. Lorsque la

et souvent, faute de mieux, les avides et Galatie fut conquise par Haroun al*
^
patients dévastateurs des monuments sê Rasehid, ee prince vint jusqu'à Ancyre,
sont bortiés à faire des trous dnns les et enleva comme trophée de sa vietoiri
murs pour retirer quehjues erampons la porte du temple qui fut transportée
de bronze ou de fer qui retenaient les à Bagdad. Uue inscription grecque était
pierres. L'inscription <r Ancyre présente grav^ sur les battants et nous a été
aujourd'hui des Incuncs assez notables. conservée dansleDjihan*Nama(l}. Elle
Kn collationnant les copies publiées avec conçue
est ainsi :

l'exemplaire original, je m'assurai qu'el- « Au


noiii de Dieu, ô eufaiit de ce
les offraient toute rexaetitade désirable • monde,sois prompt à choisir Tocca-
pour répoque oîi elles ont paru. • sion; apprends a choisir toujours
Depuis cent cinquante ans ce monu- n l'homme qui convient suivant les lieu?:
ment épigraphique dormait, oublié des « et les temps. La joie se change eu
savants de rEnrope ; on s*éttiit à peine « deuil iortqu*on en abuse. Ne cn.iree
rendu compte du contenu de l'insorip- « MSton présent des soucis de l'avenir.
tion grecque de la face latérale. Ix>rsque « Ke suis pns l'exemple des insensés, et
j'arrivai a Ancyre, le monument était « garde-toi de t'euorgueillir des trésors
sur le point d*élre démoli par le Mollali « que tu as pu rassembler. »
Hadji-Baïram. Il faut avouer que le sens de cette
L'inscription ererque était en grande inscription n^est pas oonforme à l'esprit
partie cachée par des maisons moder-
nes construites en briques crues et qui duquel est gravé le lettsment d'Auguste,
pour la plupart étaient dans un état de n'est poinl ua piyUlDée, aiusi qu'un l'a dit,
destruction avanc/^p. Il m'eut été facile mais iiii |('m(>!e ronsarri* par la villf Id mé- ci

dès c^'tte époque d'en obtenir la démo- moire de Ctrl empereur, I iuscriplion grecque
lition, les dernières colonnes restées gravée aiir l'anle lève tous lea doutes à cet
visibles et parfaitement eonservées, égard.

m'avaient donné la certitude que l'ins- A IVxtérieur du temple, il exisie des int-

eriptioii grecque n'était autre chose que


Cl ijii ions grecques, dont une partie est ra-
rbée par les maiaoïtt, mail j'en ai copié suf-
la traduction de l'inscription latine gra-
fi-» iniineiit pour me ronvaiiicr** que cv n'eit
vée dans le pronaos. Dans le rapport
qu'iiue prapUrase de riitscrjpliou latine.
que renvoyai au ministre de l'instruction Rapport aa miniitre de rinttnwlioo paUi-
publique, et oui fut inséré au MonUenr que, ncnUeur do 19 décembre it34, col.
du 24 décembre 1834 (i), j'exposai la a^'t',,

(ij Djihan-.Niima, ^43, apud Hammer, I,


(i) La iMmMiil d'Aaeyrt, sur les miin 399.

^ kju,^ jd by Googl
ASIE M (EURB. 48.'»

de répii;r«iphie grecque, tandisqu'où v avec les Romains,


lois s'étaient identifiés
retrouve tout le mysticisme des écrf- comme plus tard les Romains se con-
vaïns orientaux. Mais, quand même fondirent avec les Grées aous l'empire
cette in>rriplion serait apocrypht il 'st
, byzantin. T e Kouvemenient de la Gala-
curieux de comparer ce fait liislori(jue tie était remis entre les mains d'un pré-
avec ce (jui se passait dans Tlnde à peu teur; elle fut aussi régie par un procon-
près dans le niênie temps, quand Mab« sul, mais on sait que dans les provinces
moud le Ghaznévidc pre(iait,et envoyait ces magistrats jouissaient des mêmes
à Caboul, les portes du temple deSÔm- privilèges. Les ordonnances municipales
mauth. Le dernier trophée de ce geure étaient néanmoins promulguées au nom
est aujourd'hui entre les mains des Rui- èa sénat et du peuple des Galatea.
ae^. qui, lors de1 rouqtiélede l'Armélue,
1 De toutes les villes d'Asie, Ancyre
en 1828, enlevèrent les portes du tom- est sans contredit une de celles qui ont
beau d'un sautoQ célèbre à Ërzeroum. fourni au monde savant le plus grand
L*aacien temple est aajoard*liui en- nombre dMoteripttona et de doounMoti
touré de constructions modernes, et bi^riquea. H est (3cheux que la plu-
une mosqtiee bâtie sous le rè<rne de So- part des monuments découverts jour-
liman le Grand par Hadji-Baïram, est nellement aux environs de la citadelle
appuyée sur sa lace méridionale. Des soient pour la plupart mutilés ou dé-
terres transportées oecupent l'entrée du truits avant qu'un antiquaire ait pu en
pronaos, et sont couvertes de pierres rectieillir une copie. La disette de pierre
sépulcrales, (^etle mosquée fut bâtie par calcaire est la principale c^iuse de La
le célèbre architecte Sinaiu, qui cons* destruction des monuments. Touroefort
truisit les mosquées de Soliman à Cous- a eité comme une singularité Teacalier
tnnlinnple, et de Pcrtew-Pnrba à Nico- d'une mosquée qui est en entier com-
médie. Hadji-Baïram , pèlerin de la pose de It.ises de colonnes en marbre.
Mecque et d'une des illustres familles Cette construction, aussi barbare qu in-
de la Galatie, est encore renommé par commode, existe encore, et toutes les
sa piété et l'austérité de sa vie. Il est maisons environnantes sont remplies de
le fondalenr de Tordre des derviches fragments plus ou moins défijîurés d'ar-
Bairamy, et mourut en G7 de Thcgire chitecture romaine. C'est là tout ce qui
(1330). Sa famille existe encore à An- a échappé à la consommation active ues
gora, et c*estun de ses descendants qui fours à chaux, qui, en Asie comme en
eut, ati commencemeiît dernnnée 1834, Italie, ont été les moyens les plusaelils
la malheureuse idée d'entreprendre la de destruction.
démolition de ce qui restait du temple Les murailles du château sout prea-
d*Aucyre pmir en faire un bain dans sa que entièrement construites en lirag-
villa. Àlais ce projrt nVut lunireuseuient ments extraits de monuments antiques.
pas de suite, et Ton se borna à l'enlève- Les stèles commémoratives et honorifi-
ment de quelques pierres sur la face ques s'y trouvent eu abondance; mais
méridionale. c'est le hasard seul qui fait que les ina-
Non contents d'avoir élevé un temple eri plions qu'elles eontiennent sont ap-
h Auiîuste, qui était refzardé comme le parentes pour nous; on doit cette bonne
nouveau fondateur d'Ancyre, les Calâ- fortune au seul caprice de l'ouvrier, qui
tes en firent oonstruire plusieurs autres n'a pas craint de trop défigurer la mu-
en Thonneur d?s empereurs Nerva, Tra- raille en laissant paraître les inscrip-
jan et Cnraealla. Une inscription, qui se tions des Génois : c'est ainsi que sont
trouve dans le cimetière arménien , pa- désignées par les Turcs toutes les an-
raît provenir d*une des statues élevées ciennes nations de FAsie.
dans Tarea d'un temple d*Aotonin. Depuis la base jusqu'au sommet des
Les médailles et les inseriptions que murnilles, on dé< onvre partout des par-
l'on a découvertes en si grand nomore ties plus ou moins conservées des actes
h Ancyre, attestent que le godt des jeux admmistratifs de la ville; et ces inscrip-
fmbliû était devenu très- populaire sous tions réunies nous servent è compléter
es AntODins. A cette époque en Asie
. le peu de documents que nous Ont lais-
comme dans l'ancienne Gaule, les Gau- sés les écrivains anciens,

Dlgltized by Google
î..- plufwrt (i, s wm.dvs villes do
^
romain, odies surtout qui
l'ein. eomme celln de Rouie; ibais nous i«o
nv, i„t Nauimns, d'après
un annUlacredetîouverueinent lea inscriptions, e:i
indei)t'ii- établir le nombre
^h\*t u avaif^m rm^ exact : il paraît cer-
tant à cttur que de tain, neauinoiDs, qu'il n'et;iit
inodeJer I.Mir .(lu)iinsiTation
pas moin-
sur celle dre qn*' douze. Les inscriptions
deKoine lueuie; elles les divis.ii^nt oui
en nous restent sont au nombrode
WRMMtt ODmiDe ia «apitale, ei Un liabi- quatre :
une relative a la huilieme tnhu,
tant» se partageaient en deux
trflws. Quoique a la neuvième, et une a la
cet usaao se trouve onzième.
pandu chez
Rénéralement W- Cea inscHpIioiis ont toutes appartenu
les diverses populations du a
des stèles qui supportaient
monde ;uiciei», il
y a beaucoui) de villes
des statuci
qui u eu ont eonservé fliicuue
honorihques Quand on pense que dans
trace. toute cette ville il n'exi^to pas le plus
J ai Cité comme
provenatit de Peati- petit firaguh nt de statue antique
bunte une inscription mentionunnt , quels
les regrets n eprouve-t-on pas
Gaulois Tolisioboïens qui habitaient de voir ees
, contrées livrées à un peuple
wtte partie ée (a Galatie. Je n ai trouvé ignorant
qui inutile avec râpe toutes les repré-
aucun monument lapidaire relatif
afur sentaUons de O^iure humaine que
sa

ffioî.d-IS"
«'«""•'•.bito.t u'^iup,TT-mmes élevé. „„
•T
tJiîîî!î*l''
-

iv-'ipif 'I'' ivci.,,.,.,., a„i;ii»-


I>la'-'^ dans l aréa lies
temples, ou enire lesoolooues des unr-

l»r !• pureté de «e» iwwic».


t^tif^A^^A,
^ édifices que l*on retrouve
grand nombre d'inscriptions,
le plus
i^iitrede métropole, .

qui était donne


a Ancvre dans les actes officiels, A la bonne fortune.
se
trouve reproduit dans ees ^''^ Dïodort, avant
deux inscrip- iJïïîii?'^ iP' rempUlCi
tions :
nmeilpfit d*astyuoroe et de pl)vlar(ju.', avec
m.-.gn hrrnn- >! >ans or^.u-il,
pla>,,i,i pu-ju«é
A. L Kulvius Huitlcus Anllianu», légHt Im- aans l(s as^frahlécs putiliques, par I»'
sénat et
le peupla, dimie d'une
K-riul, in.is f,„s con»at.
sénat el le pt^upic aUtueel d'autre» hoo-
ficurs , la huitième lrït)u
Oe la métropole d'Anrvre tionorenf leur claudieDoe lui a. nour
U\va- 8O0 tionneur et acauMde ta
nilcur parlr» soin* de Trebuis Alexandre. bleovdllaneAw.
vers ««Ile, «levé oeltesta toc dp
ses propre» f.m i

Les«*Qalet !<• p.-up|p (ttor>or.Mit Caracvlpp AJilèfimiS, ie *eual


' P^'''r''N^' ÏKMif du t.an- ilr.K rui>,"lillê
]
SL'^aÎS?.***
ayant donné la place.
Moptivi* de la iiieUopolf, feuiiue de
Juiiuaâe-
^wtts, le pfemier des Çract. Le protocole de dédicace des siaïu. i
Dans honorifiques étant généralement 1.»
la plufiart desgmndes villes de
lanti(|uiie. la division des même dans tous les monuments, il cm
citoyens en
tribus paraît avoir été tout à facile de restituer le premier tiers
fait ar-
bitraire. Le nombre des tribus se mo-
rinscription qui manque dans toutes I» s
difia sor Taeeroissement de la popula- lipes. Les titres des magistratures
tion de chaque 'peupîiTil a*astynf>me et de phylarque sont .si sou-
n'v a aue"iftB
tribus juives qui soient toniôurs répètes dans les inscriptions d An-
restées
au nombre de douze parce iiu eUe-^ ti ' ***** restitution pres(Mite toute
.

wientleuroriginede chacun des lils de ^'^^'^ ^^^^rtitude.


Jacob. Les citoyens d* Athènes furent 'leux inscriptions, relatives à la
d'alK>rd divises en quatre tribii«
dans la suite, ou lit de^ adionctions'
-
mS "«"Ilî"»^
^"bu, se complètent l'une par
"'^ conservé le
V
nombreuses qui portèrent les tribus au ^^^^^'^ '"«"^ ^ *<«*
nombre de dix. La population de Rome -
elaii (hvisee en trente-cinq
tribuscréées La oeavlèlM tdb^ la tBMée Moatorli^nne,
a dillerentes épo(|ues mesure que ie . .1
HWh"'''. ^
darrhontf ; \: \ - " desdigoHé»
nombre de citoyens prenait de l'accrois- et d'aslynome. qui a été deux fol»
Kniife de la déesM> Ccrès Iionor*' pluMcura
sèment. Les ntonuments qui sulwuitent s dam
.

encore à Ancyre, nous apprennent faitciir


les assemblées pul)li(iue». Km Ijieu-
que
Chacune des tribus portait un titre Lia onijiemB Iribu «ioaloricDDc a élevé « tes
i.iï.eïiilï'ÏI^BÏ^

Digitized by Google
ASIK MI t
• •» m

), qiii a été pruclamé ph> luqoe Uam dans ce lieu qui n*a pas encore été par>
raS8rniM«^ publique par 1« »«nat et
. w peuple» iaitement déterminé.
î^iicépliore Ate&aadre [a prwidé.y
T,es deux itisciiptions suivantes men-
L'iuscriptiOD relative à la onzième tionnent des aia<;istratures exercées tant
tribu est plus connue, et a été reproduite en Asie qu'en Kurope par un TeclOia|e
plu>icurs fois; elle se trouve dans le descendant des téirarques , nommé II*
fimelière des Arméniens, à deux kilo- bérius Sévérus, qui avait probablement
mètres de la ville les autres ont ete co-
; pris |t' nom de quelque patron romain.
piées dans le château. La place de cette Déjà, sous le règne d'Hadrien, les noms
inscription (car il est probable qu*elle Sulois s'efEioent. 11 est probable que la
Il*a pns été apportée de la ville' pennet mue galate, qui était parlée par le
de supposer que le quartier ou (inné fM'uple, ne fut jamais employée dans le^
appelé Cuinocetium était dans cet eu- aUaires publiques ^ car il ne reste aucun
droit. monument lanidaire qui nous on pié-
ludépendainment de rhouaeur d*une aente le moindre débris.
statue, Zoticus Bassus avait reçu les
bienfaits de Tadoption , ulov <fuki^i ta',
K Tlbêriet eévéms, descendant êm Nii et
àe» tétrarques, npre.s tout* s larfceHBi eavm
comme Caracylée , qiui était déclarée le peuple, eleve au tribunal par le divin Ha-
ùlle de la métropole. Il existe plusieurs dricti; nommé le;:at en A^ie d'après les resrrils
et .((rdounanceji du divin Hadrien, chef de la
ÎDScriptious qui mentionnent cet lion-
qualrièise légion scythique ei admiinsirant Ich
Deur rendu par des villes asiatiques. affaires de SyriSp quaod Hublicu» Maroellua
Ceux qui en étaient investis jouissaient quitta la Svrie à cause de la révolte Judaïque,
proconsdl d'Acbale a cinq faisceaux, envoyé en
sans doute , de la part des villes , des Bitbvnie comme censeur par le divin Hadrien ;
mêmes faveurs que les ^y.--o\ de Hi- préfetdu Irewr «lu temple «le S diirne. oiisii ,
(

thynie, de la part des citoyens qui les pour la ciiKinifme fiMs, inspecteur des
fKMilife
ravaux publics de Kome. ;;enéral, légat de
avaient adopte.s. , Penipereur O&ar Tilua A4ius Uadrien AokHiio,
K ZoticuH iils i!e Biu»fiU6, humint* honorablf, Auguste, Pieux, dani Ift Gee«anie lolérieare
enfant de la oii/i^me tril)ii, a>anl exerc:e la Mareus Jullns euachéiDon à son Meablleor.
Cltarge df phylarque avec /ele, et avec lotégrité
elle 4*8styDOine; avant fait cnnstruirr à Mt On peut classer ainsi, d*après les mo-
tels au tKkUawiU tces-ooùleqx. du»
Je Opm»-
numents, les magistratures galales exer-
cetiMtn, et rendant chaque Joar de mraveeax
S'Tvicps a sa tribu d.itis les assemblée* et dana cées à Ancyre ;
leM>nat. La oii/ieiiie tribu fdite) la iimiveikî La Comumnauté des Oalates.
olympifnne [fait élevrr «•• iiuKiiiineiil par les
toioa de Caiu» DaMU» el d'Athenéii S«Dg)uniu «
J

Le Sénat.
la pleee éleot doonée ptr te frte-llliuira iénal. Le People.
La Tribu.
Les ioscriptioas suivantes sont rela- Le Légat impérial.
tlfaii aox
légiona qai fixèrent leur léii- Le Préfet de la distribution des grains.
éenoe à Ancyre : c'étaient la troisième, Les Sextumvirs.
la quatrième et la sixième. Ce premier
Le Grand-Prétre.
monument est enclavé dans les murail- Le (ialatarque.
les du «hàtan , à une graude hauteur. Le Phylarque.
Les caractères ludiqueut une époque L'Astynome.
aodeaDe. L'Irénarque.
«

La in* lé|don angu»te (élève Ci' iiKinument) L'Afîoranome.


à iniesleur, eilile «lu p«MipIe, Toutes ces dernières magistratures
prélear, proconsul Je Font et de Bilbynie,
étaient électives et temporaires. Cest
préfet àt la distribution des grains, légat de la
l^ion y\ ferrée, lé^at des empereurs, propré- pour cela que plusieurs citoyens sont
teur du peuple romain dans la province de cités comme les ny;iiit cxcrc^'es plu-
Gklalie et daus ia proviuoe de Cilldet iiommi;
sieurs fois. Le j^rand nombre de sicles
jrine et pieu».
élevées en Thonneur des pliylarques,
La légion macédonienne auguste des agoranomes et des astynomes, me
était cantonnée à dix-huit milles d*An- porte à croire que le peuple ét.iit tiès-
i vre et à viniït-cinq de Gangra, prts du dispnsé à voter un monument à cha-
village nommé aujourd'hui Kalat^ik. 11 que sortie de magistrature.
y a de nombreux nagmenis d'antiquités Lorsque la Galatie fdt cqpvértle au

Digitized by Googl
488 L*Uin¥E]IS>

christiauisaie, de iiuiiibreiises églises nation des khalifes. Mais le pouvoir des


s*élevèreiit dans la capitale. Ancyre empereurs b^ntins était nul dans c«s
resta métropole de la première Galaiie, contrées , qui étaient devenues les ex-
et Pessinunte de la seconJe. II ne reste trêmes frontières de leur empire; les
aujourd'hui qu'uue seule église de celte princes seldjoukides fondèrent a Ico-
époque ; elle est dédiée à saint Clément nium un royaume qui f^élnidit jusqu'au
d Ancyre. Le plan et la construction Sangarius; ils s^emparèient facilement
générale de cet édifice indiquent qu'il d'Ancyre, et en firent une ville mu-
est postérieur au règne de Justimeo. sulmane. Kev-Kobad seldioukide per-
,

11 était orné de peintures et de mosaf- san, fut assiégé en 1213 dans Angora
ques qui ont été presque toutes détrui- par Key-Kawouss, qui s'empara de la
tes par les Turcs. ville. î.e prince fut envoyé à INI il itia,
Lhistoire d'Ancyre pendant la pé- mais les ^mirs persans eurent la barl>e
riode byzantine se résume en quelques coupée et furent promenés par la ville
faits peu importants Cest dans cette sur des ânes.
ville que l'empereur Jovien prit la pour- Pendant la malheureuse cxpcdilion
pre impériale, qu'il ne porta que peu de Frédéric Barberousse , les sult.ms
de jours , car il mourut avant d'arriver seldjoukides avaient feint de conclure
à Constantinople. Julien fîit accueilli une alliance avec ce prince; mais lors-
avec de grands honneurs à son passage qu'il arriva dans les plaines du lac Snlé;
à Ancyre. On a pensé que la colonne pays désert et sans eau potable, les
triomphale qui subsiste encore a pu croisés furent attaqués par les musul-
être elefée en Thonneur de cet empe- mans. Ces derniers avaient, moitié par
reur. Elle est certainrment de Tépoque force, moitié par persuasion, décidé les
byzantine; cependant, comme elle ne chefs grecs, qui se trouvaient répandus
porte aucune inscription, on ne peut dans les bourgades éloignées, à ne porter
que faire des conjectures sur le person- aucune provision aux Latins, à retirer
nage ou révénement qu'elle lot destinée les troupeaux dans les montagnes, et
à célébrer. surtout à ne fournir ni arme^ ni flèches
ville d'Ancyre, après avoir sub- aux croisés. L'armée n eut a résister, en
sisté pendant plusieurs siècles dans un réalité, qu'à des escarmouches; mais
état constant de richesse et de prospé- Inentdt des privations sans nombre vio-
rité , vit son étoile p'ilir, et des malheurs rcnt n<;snillir cette multitude qui sVtnit
sans nombre vinrent éissaillir sa popu- engagée dans des contrées inconnues.
lation. Si les invasion.«i venues d'Occident L'historien arabe Ibn-Al-Aiir (1) fait uu
avaient apporté à ces contrées la pros- effrayant tableau du désastre de cette
périté et la civilisation, les hordes qui armée , (|ui se dirigeait vers Antioche
commenrni»'nt à s'agiter sur les pla- pour rejoindre le corps de l'expédition
teaux de la Tartaric leur préparaient de des chrétiens. Les soldats, extenues de
rudes épreuves. Les premières attaques aofif et de ftàai , jetaient leurs armes et
que la ville d'Ancyre eut à souffrir lui mouraient de filtiguc. Cest ainsi que les
vinrent du côté des Perses. Sous le Latins, sans cesse harcelés par les
règne d'Heraclius , elle fut prise par princes d iconium gagnèrent la Cilicie
,

Chosroës (i). Rendue aux empereurs en franchissant les défilés sauvasses du


après la défaite du prince sassanide, mont Taurus; mais, arrivé près du
elle eut quelques années de paix, qui fleuve Cydnus. (]ui avait failli ctre fatal
lui jjerntirent de réparer ses malheurs; à Alexandre, le prince croisé, faible et
mais les Arabes, qui avaient envahi la blessé, tenta passage à gué, et fut
le
Perse (2) et renversé le trdne de Clios- emporté par les eaux. I/armée sans
roës, firent une irruption en Asie, pri- chef se dispersa et périt en détail ; bien
rent et ravagèrent Ant yre (H). Cette ville peu de croisés arrivèrent au camp d'An-
néanmoins ne resta pas sous la domi- tioche. Selon l'historien dus croisa-
des (S), la ville d'Ancyre aurait été, à
(i) A. D. 695.
(a) A. D. 63a. (i) Traduclioti de M. Reynaud.
(3) À. D. 6d4. (t) Gesta Dei per Fraiiros ALienr, Aqu.

Digitized by Gopgle
ASIB MlMKURB. 48Q

celte époque, entre Us mains des croi- d'eau, de livrer bataille. Le combat
sés, commandés par Boliémood, qui eut lieu dans la plaine de Tdiibouk-
8*en étaient emparés après la bataille Al>ad, sur le terrain même où Pompée
avait autrefois battu Mithridate. L'armée
de Doryléc ; maisrarmée de Barberousse
turque lut dispersée, et Bayazid tontba
ne recul d'eux aucun secours. Les
entre les mains de Timour. Cette mé-
Latins', qui avaient pour. ennemis les
morable bataille eut lieu le S juillet
Grecs et les mnsalmans, ne parent
conserver la ville d'Ancyrc; ils la pos- 1403.
sédèrent néanmoins pendant dix-huit
années , y bâtirent quelques églises, et CHAPITRE LVL
réparèrent le châtean. La période qui
a'ecoula entre la chot» des princes
LS CHATEAU.
seidjoukides et la ronqu^te définitive
Le château d' A ncvre passait à celte
d'Ancyre par les musulmans, fut un
époquepourunedes pius formidables for-

temps tellement rempli de désordras,
teressesde l'Asie à l'égal de celle de Van.
de guerres entre les émirs ohefil de dis-
Il est situe sur le sommet d'une
colline
trict, que l'histoire de cette province se
trouve absorbée par celle des malheurs aui
commande la ville Cl entouré d'un
sans nombre qui oflligcaient toute TAsfe ouble rempart. L'intérieur, qui est
aujourd'hui complètement abandonné,
Mineure. Les Turcs, sous la conduite
renfermait les casernes, les magasins et
du sultan Mourad, finirent par se rendre
maîtres d'Ancyre, et réunirent cette une mosquée dont ou attribue la fiMida»
ville aux conquêtes d'Olhman, qui s'é-
tlon au sultan Aehmet l•^ Gomme dans
toutes les forteresses turques , il y a en
tendaient SUT toute la côte de la Pro-
outre un certaii» nombre de maisons
pontide. Mourad, après a\oir pris An-
gora, maria sa fille Nelidc avec Ala- qui étaient affectées à la demeure des
familles des janissaires et des soldats au
lùidvn ill, sultan d'iconium, sur lequel
il avait conquis la ville. Il divisa ses temps de sa grande prospérité, on com-
ptait à Angora cent soixantr-dix sources
«

possessions en cinq sandjaks, qui fu-


naturelles,trois mille foulaïues, soixante*
rent gouvernés par des Sou-baclii. Il y
avait déjà longtemps que iMcee et seize mosquées, quinze couvents de der-

Brousse étalent entre les mains dos viches avec des mosquées dont la plus
nvaiont célèbre est celle de lladji Baïram; trois
Ottomans. La puissance qu'ils
anjuise en Asie ne résista pas aux atla- mille derviches de son ordre et de celui
(jnes de ce fléau de rOrieut, oui après des Mewlevi peuplaient les eouvents
avoir conquis la Bactriane et fa Perse, ou Tékés; trois établissements publics
Tenait fondre sur l'Asie occidentale, en étaient consacrés à la lecture du Knran ;

conduisant ses honles iniiofubrables. Ti- on comptait cent quatre-vingts écoles de


mour avait li'de d'eu venir aux mains garçons, deux cents bains, soisante-dix
ave« les sultans ottomans; il avait déjà palais avec des jardins , six mille six

laocagé plusieurs villes appartenant aux cent soixante maisons, un bezestein ou


ni.'t relié couvert, et un j^rand
nombre de
sultans, lorsmie Bavnzid vint au-devant
de lui à la tete d'une armée qui avait bazars peuplés d'une infinité da eains,
battu les chrétiens et qui s*était aguer- d'échoppes de barbiers et de marcliands.
Les rues et les places étaient pavées de
rie par le siège de Constantinople.
Après le siège de Sivas Tiinonr ap-
,
pierres blanches et les maisons bâties
prit que Bayazid, fils do Mourad, mar- en briques. On remarquait dans la popu-
chait contre lui, suivi d'une nombreuse lation un grand nombre d'hommes dis-
armée. Il alla an-devant du sultan jus- tingués, de savants, de poêles et d'hom-
qu*à Angora, et somma Yacoub, (lui corn
• mes de loi et de religion parmi lesquels
le pèlerin Uadji Baîram
a laissé un re-
mandait la place, de lui ouvrir les por-
tes. Sur son relus, Timour commença nom qui est arrivé jusqu'à nos iours; sa
le siège de la ville. 11 fit détourner le famille, qui dit-on se rattache à la souche
cours de la rivière de Tcbibouk-Al ad, des princes Galates existe encore au-
et fit miner les murs d'Ancyre. Bayazid iourd'hui et jouit d'un grand crédit dans
arrivant, se trouva forcé, par le manque le pays.

uiyiiizûd by Google
49Ù
Apres tant de Mèdes d'occupatiou à la plus haute antiquité» puisque les
«Mrnuyére il est évident que la popula-
. villes de Babylone et de ^'înive sont
liou primitive a dû subir une altératiou iiâtiesde la sorte, est répandu daos
notable par le mélange du sang osmanli; toute Perse, l'Assyrie el la Cappa-
la
néanmolus loua les Européens qui ont doce. n'est point douteux que ee na
Il
séjourné à Angora ont remarqué qu'elle soit la tradition qui ait conservé cet
wuserve uu caractère particulier. Le usage dans des contrées ou la pierre est
San» gaulois se recooDaît chez un ^^rand comumoe ; mais le bitume qui dans la
iioMibrH de sujels qui ont une barbe Mésopotamie, forme Ut dmcnt ces
blonde et des yeux bleus. Cette obser- constructions ne 5e trouvant point en
.

vation faite en 1700 par lournefort est Plirygie il s'ensuit que


, malgré la,

eucore vraie de nos jours, et si le ca- grande épaisseur des murailles, les
raclère gaulois de la population n'est maiaont n^ont aueuiie solidité. De plus,
pas aussi vivace et aussi tranché que du comme on ne se donne aucun soin iHHur
temps de saint Jérôme, on ne peut nier orner l'extérieur, les rues de la moderne
qu'il ne soit encore le type dominant sur- Ancyre out uu aspect de tristesse que
tout chez les habétants de la campagne. n*ont pas lea villes plus modernes.
La lantf;ue eelti(|ne ellr-rnéme s'était La population se compose dé Turcs,
conservée dans la colonie gauloise plu- d'Arméniens et de Grecs, et d'un cer-
sieurs siècles après son établissemeut, ut tain nombre de iaimlles arméniennes
dans quatrième siècle saint Jérôme
le catholiques, qui ont obtenu la per»
constatait que Tidiome natîooal de la mission d'ouvrir une églis»> On évalue
population d'Anryre était le même que toute 28,000 .1nies;
celte population a
celui des habitants de Trêves, quand la mais grande pour en
la ville est assez
plupart des antres peuplas de l'Asie oonteaif un bien plus grand uonbiu.
Mineure parlaient la langue grecque.
Cette observation de saint Jérôme tend CUAPITAE LVU.
a prouver cependant que jamais le Cel-
tique ne fut une langue éorite; onaen LA YILLB HOOESnS BT LBS BABI-
eftet retrouvé dans les ruines d'Angora TANTS.
un grand nombre d'inscriptions grec-
ques et latines, mais on n'a jamais ren- I^s murailles d'Auj^ura liu côte de la
oontré le moindre monument épigra- plaine sont bâties a^'ee des matériaui
phique en langue celtique. tirés des anciens édifices et relies avec
Ancyre devint la proie des hordes tar- de la une partie de ces murs a
terre ;

tares : firoussa, Smvme,Sébast«, eurent été relevée pendant la courte dumUia-


le même sort; maie les Ottomans re- tion de Mehemet Ali en f 8S8 : le gou-
prirent TofTensive quelques années plus vernement Turc ne parait avoir aucun
tard, et Mahomet 1'*' réunit Ancyre au souci de l'entretien des villes de l'in-
patrimoine des «n&iats d'Otliman. térieur.
Malgfé tous ses malheurs , la ville Le ehâtenu qui domine la ville et qui
moderne d'Angora est une des plus occupe certainement remplacement de
peuplées de l'Asie Mmeure. Elle doit la l'ancienne forteresse galate n'offre plus
prospérité relative doiK elle ua cetué aujourd'hui qu'un amas de construc-
de Jouir, à aon beureuao situation , à tions incohérentes. Il est composé
un climat admirablement Slin , à un d'une enceinte de murailles flanquées
sol fertile, et surtout à ses innombra- de tours dans lcs()uellcs on a employé
bles troupeaux de dièvres, dont la une quantité de matériaux autiques,
toison, d*nne beauté unique, suffirait une seeondeencsinte appelée InehKalé,
pour enrichir une population double de le diAteauintérieur, était pfendantnotr^ .

celle de la province. séjourà Aniiora tout fait inaccessible


;i

Quoique pays ne nianaue pas de


le ou avait barre la |)orte en dedans et
pierre a bâtir, 1 usage général est de Ton était sorti en iranchissant le mur
•construire lea habitations avec des bii- avec une échelle ; ce fort ne renfermait
ques crues formant une esptVe de pisé. disait-on. que des vieux affûts et des
Ce genre de construction, qui remonte armes hors d'usage. Mais les souter-

Digitized by Google
ASIË MiNkUKË.
hilns servant dp prison pouvaient ^tre disaient : Timpôtsur le vin est fixe, les
>isiiés. Od y avait conduit pendaul la chrétiens doivent anuueliemenl 2à,uU0
(zuerre é'^^yptt an oertain nombre de piastres : si la récolte estaiioïKlante ils
Fran<^':iis })risonniers d<* gnerre. payent peu, si elle est mauvaise l'impôt
Cette pri^ion forme une lonmic -a- est en effet onéreux.
lerie vuOtee qui ne lecoil l*air que par i,a dette de 8ô,0U0 piastres, objet de
des sonpiraux étroits ; Je long des mors la contestation , datait de Tarrivée des

sont rnngés de longues poutres ser- troupes de Mehemet Ali il n'y avait
:

vant de ceps pour passer les piids des pfts de caserne pour les loger, le f^u-
prisonniers qui sont forces de rester vt rneur fut obligé de les loger chez les

toujoulrs étendus sur le dos. I /anti- habitaota; mait les rayasse vovlant
chambre de la prison est en harmonie pas recevoir ees musulmans dans leurs
avec i'nppartpment c'est une salle
: maisons proposèrent de s'exonérer de
carrée et tiaute menacée dans le mas- i-ette charge en payant une somme au
sif d*une tour, au milieii €8t un poteau gouverneur qui ne refîiaa pas de leur
ftree un escabeau, e*cstlà qu'on étrangle oonner un reî^u mais dont il ne se
,

les criminels. reconnaît pas débiteur, puisqu'ils pou-


On remarque dans le château plusieurs vaient se dispenser de cette charge eu
lions de marbre d'un travail grossier; logeant les musulmans.
ces figuras d'animaux sont aussi trés-ré» L*a8iietle de i'impdt est générale-
pandiies dans la ville on en compte : ment mauvaise, les terres ne sont im-
pins de quinze; ils ont presque tous la posées que sur le produit, de sorte
même attitude, ils sont assis sur leur qu une terre en friche ne paye rien.
croupe. •Pour les propriétés urbaines, l'impôtest
]l est très-difficile de connaître d'une minime une maison dont la surface est
:

manière exacte populntion des villes


in de vingt-quatre mètres carrés pave
musulmanes receusemeuls sont
: les vingt-sept francs. La culture du tabac
très*incomplet8 surtout pour le seie est libre, nmp6t du sd n*est que de
féminin. Les chrétiens forment le tiers quelques paras par kilos un para est :

Ue la |)opuiatiun qui est estimée en mijourd'hui la huitième partie crunoaa-


{Sros a vingt-huit raille habitants: tout lime.
e grand commerce est entre leurs A la mort d\m dMt de IMIle, ehas
mains. La ville envoie annuellement cent les Musulmans, le MôUah et leKadi
cinquante mille piastrescomme cadeau sont chargés de liquider la succession :
au Séraskier paclia ; cette somme était la veuve a droit a un huitième, la part
en grande partie prélevée sur la popu- des filles est moitié de edle des gar-
lation chrétienne. On se plaignait beau- çons ; s'il reste un frère, dans sa pramère
coup de la hausse des farines, le pain enf.iiice il e.st élevé aux frais communs
se vendait alors quinze paras Toque, en d(> la Camille sans pr^udic« de ses
d*autre8 termes pour quatre francs on droits.
pouvait avoirquarante-six kilos de pain ; Pour ses fonetioas d'officier public
a Kara hissar dans le mênw temps le le Mollah prélève au nom du gouver-
même poids de pain coûtait deux francs i.ement deux paras par piastre ou cinçj
soixante-dix centimes pour cent. Les Turcs et les Grecs doi-
Les griefs des rayas ne se bornaient vent en outre Timpôt urbain pour l'en-
pas là ils se plaiiînaient
: de ce que li etien de la cité et de la police. Il n'y

le Mutzelîim augmentait chaque année 1 pas de pays où l'on p.irle moins de


rimpôt sur le vin et sur les marchan- Vuieurs ; les maisons sont à peine closes,
dises à l*insu du sultan ; de ce qa*ayant et pendant on long séjour dans cette
einpninté aux rnyas 85.000 piastres, il ville, je n'entendis jamaiB parier d^
iren payait pas rititerét, maisde plus il méfait de ce genre.
refusait de les rendre. La grande cliarge, Timmense diffi-
De leureôté les agens dn Miitiellin cnhé qui arrête tout progrès indnttriel
est cette horreur des innovations qui
(i) f^oy. le Cot.i >te r,^n,lu dê tAfàtam tient aussi bien les chefs que les admi-
dté tctencej, a indt* i83S. nistrés \ personne n'aurait l'idée d'eta-
492

blir une manufaetiire ; les cliutes d'eau ragamous, à l'est de Muhalitch. Quel-
sont macnifiques aux alentours de l.i ques débris d'antiquités épars dans If
ville; on pourrait y fabriquer des étoffes cimetière et autour de la mosquée in-
de toute sorte, le coton, la laine et le diquent que ce dernier village occupe It
lin abondent dans le ptys, tout cela e^t site d'une ville antique dont le non
travaillé à la main ou exporté brut. Il n'est pas encore déterminé; la roule est
y avait dans le siècle dernier plusieurs tracée dans une pl.iine bornée par des
maisons européennes établies dans le culitucs couvertes de pins et de cliènes
pays, aujoard bui il n*y a pas un seul verts. Mats toute eelie végétation «t
agent: on exportait alors plus de vingt- de chétive apparence; preuvede lailéri*
cinq mille halles de chalys, de bas et lité du sol.
d'autres étoffes de laine, aujourd'hui La vallée de la Sakkaria est évidciu-
rexportatioD ne s'élère pas à cinq mille ment formée par Pérosion des eaux qui
balles. tendent toujours à Télari^ir, et entraî-
liP Rhamnus Tinctorius, arbrisseau nent ce limon d'argile qurva formera
plus connu sous le nom de Pahure, son embouchure ces bancs formida-
a été eultivé avec avantage dans les en- bles qui forcent la rivière à changer md
virons d'An^ra, c*est cette plante qui cours.
donne la graine pour la teinture; elle se Les petits ruisseaux qui .ifflupiit daus
vend huit piastres Toque (2 fr. 70, 1 kil. son cours sont chargés de s( Is gyo-
25 h.) :1a récolte totale dépassait en 1835 seux et alumineux. La route suU li
«faatra cent cinquante mille piastres. même direction jusqu'à Bey bazar; tout
Le paclin d'Angora a dans son Kpar- le terrain est d'argile subordonnée à la

chie cent quatre-vingts villages, qui reu- craie. De temps


à autre on voit s'ou-
nissent quatre-vingt-cinq mille habi- vrir Quelque large vallée où paissent
tants, c*est donc uiie population très- les belles chèvres d*Angora et oe nom-
clair«seméc. les nomades no comptent breux troupeaux de moutons dont la
Eas.
La force armée est très-peu noin- toisonest (l'une blancheur remarquable,
reuse, cependant le pacha disait qu'au indice certain des soins dont ces trou-
mojen de ses communications avec les peaux sont Tobjet de la part de leun
Voivodes on pouvait réunir dans le cen- bergers.
tre de la Phrygie une armée de trente Il y a douze heures de route entre
mille homntes. Ces chiflres ^ui nous ont I\Iuhalilch et l^ey bazar : cette petJie
été donnés par les autorités^ montrent ville est bâtie sur la pente de trois eol*
combien est faible la population du lines dans la vallée de la Sakkaria, on
centre de l'Asie iMinenre. y remaniue plusieurs maisons n deux
Nous quittons avec regret cette ville étages construites tout en bois sur la
d'Ancyre dont Thistoire pourrait four- pente de la colline : les cuuverturessoot
nir la matièim d*ttn volume. Mais le faites en bardeau. Bey bazar est en-
temps noiis presse, nous avons encore tourée de jardins: cette ville steélèbre
t

de vastes provinces a visiter, nous re- par ses fruits et surtout p:jr ses poires
trouverons encore plus d'une fois le (]ui sont vendues à CktustantinoplesoQS
nom des Gaulois, cité avec honneur le nom de poires d'Angora. On y cultiu
dans les guerres que les Hmiiains et les le riz avec succès dans des lagunes
Byzantins ont eu a soutenir sur les préparéis exprès pour cette culture.
frontières orientales de l'Lmpire. Connue point de halte de caravanes la
ville ofifins un tableau très-animé et a
CHAPITRE LVIII. no aspect presque européen; on y voit
dcscliarrons et des n)arécl)awx ferrants:
MLLES DE GALATIE DANS L£ BASSIN les hocufs de tra\ail sout ferrés comme
sDPinnim du sangabicis. les chevaux.
La branche du Sangariua qui passei
Li grande route de caravane entre Bey bazar port<' dans son cours dilférents
Aii^ora et Uroussa passe par les villes noins pris des divers villages où elle
de Ak sou, Nally khan , et vient gagner passe, elle prend sa source dan» la mon-
ta vallée do Sangariua au village de Ca- tagne de Gœuk dagb au nord d*An|on

yiu^ ud by GoOgI
ASiË Ml NEURE. m
et l'appelle KérémiftMHi; plus bas, vers CHAPITRE LIX.
la petite ville d'istanos, elle change de
nom pour prendre celui de l.» ville : ISTANOS. — LES OPPIDA DES CALA-
un conçoit quelles ditticultés devaient TES. — LES GROTTES HABITABLES.
éprouver les premiers explorateun au
milieu de ce dédale géographique. Pendant notre séjour en Galatie, nous
La ville d' A vasch est éloignée dequa* avons cherché vainement deux souve-
rante-deux kilomètres de Bey bazar : ou nirs de nos aucclres les traces de la
:

passe deux fois la Sakkaria^uoe fois sur langue celtique dans les nombreux mo-
un pont de bois, une autre fois à gué. numents épigraphiques dont le pays
Ayasch est très-heureusement située à abonde et les vestiges des monuments
nii-côte d une montagne assez élevée du culte druidique, les dolmen et les
appartenant au système calcaire juras- meubir de Tancienne Guule, répandus
sique. C*estdaD8 cette ville que com- non«seulement dans les provinces du
mence le commerce du poil de chèvres, nord, mais encore dans les régions mé-
iTiais le fil d'Ayasch est moins (in aue ce- ridionales. Nous en avons signait' un
lui d'Angora. Les troupt^aui de chèvres dans unjardiu de Draguigoan, dépar-
et de moutons à grosse queue sont très- tement du Var ; et sur la edte d* Afrique,
nombreux dans les campagnes envi- aux environs de La Galle, au village de
ronnantes ; le baromètre marque sept Tarf, sur la rive droite de TOued eï Ké-
cent vingt mètres au-dessus du niveau bir, il a été observé de véritables dol-
de la mer ; les hivers sont firoids et il men et un Cromlek dont la disposition
'
€8t rare que ehaque année la neige ne ressemble au Stone Hcnge de FAngle-
reste pas quelques semaines sur la terre. terre (I). Il est donc certain que par-
D'après les reuseigneuieutii duuué^î tout 011 les peuples gaulois ont sé-
par le Voïvode on compte à Ajmeià journé, ils ont élevé des monuments du
cinq mille ayâsons, ce qui donnerait une même genre, msis nous n'en avons pas
{)opu1ation moyenne de vingtpcinq mille trouvé un seul en (ialatie malgré ,

labitaots bien des courses faites sur de vagues


Ayasch est distant d'Angora de cin- indications des indigènes. Nous en con-
quanle^natre kilomètres la route fran-
:
cluons que les monuments de ce genre
chît un col assez élevé et désert, on re- ont été détruits, soit pendant la pé-
descend ensuite dans la grande plaine riode romaine , quand les Calâtes se
dépendant du liaïuianah dans laquelle sout soumis aux lois et à la religion de
serpente la rivière d*Angora. Rome, soit sous les emperemv chrétiens
(Test surtout parmi les bergers de qui fiiisaient plus que les Romains la
ces régions que Ton remarque des traits guerre à toutes les religions étrangères.
analogues à ceux de nos paysans de Il n eu est pas ainsi des refuges na-

France, les barbes blondes ne sont ()as tureb ou fortifiés les Gaulois en Asie
lares et la forme de la téte est plus ar- comme en Europe avaient l'habitude
rondie que celle des races turcomanes. de se retirer avec leurs biens et leurs
Le souvenir des anciens Gaulois, en- familles dans les cas d'uue alerte sou-
tièrement effacé parmi le peuple est daiuci ces lieux choisis dans des con-
cependant resté chez les lettres du pays, trées d'une défense facile, ordinaire-
et la fun)ille de Hadji Baïram se vante ment sur les plateaux élevés des mon-
de descendre des princes qui ont autre- tagnes les plus inaccessibles, se retrou-
fois gouverné le pays. Ou fait halte à vent encore dans plusieurs régions de
Mitié route, dans un petit café près d'un la Galatie^ et les premiers observateurs
marabout bâti m bord de !a rivière, et qui les ont retrouvés n'ont pas hésité à
bientôt après on voit se dessiner à l'ho- reconnaître des camps retranchés des
rizon un rocher long et cambre c'est le
. Gaulois, des Oppida comme César les
château d'Angora, qui domine la ville. noHMnsit. Les grottes naturelles qui se
Il ressemble à la montagne qui domine reneontrent dans le flanc des monta-
Constantine et que les arabes appellent
Serdj el Aoud, Ia8elleducbeval,à cause (i) Voy. Bcrbei ci cl Kalijieà, Jievm; orien-

de sa cambrure. taie H miiénwMt, t. IV, p. 344« t^ûo

L.iyni^ed by Google
494 L'UNIVERS.
gnes ont été agrandies et disposées de village. Dans le voisinage immédiat, et

manière à ^'tre rendues habitalilefi. Kn dans une muraille de rochers qui se


remontant la rivière d'Angora, depuis proloogejusqu au sommet, ou aperçoit
Ayasch jusqu'à ia petite fille d'Istanos, de loin rentrée d'une vaste grotte qoi
on traverse un pays montagnctn, coupé doit avoir servi à compléter la sy stème de
par de nombreuses vallées dans lesquel- refuse gaulois dont le camp retranché
les les tribus ^nuloises ont dû chercher formait la principale défense. Un nom-
à prolonger la résistance aux armées bre aoDiridérable d'habitants pouvait
romaines après la débite qu'elles ont É*y tenir caché, son étendue est de cin*
éprou vf'p d n TOI y ni pe quan'.e pas de large et vingt pas de pro-
Istanos est bâtiëà l'entrée de la vallée fondeur et elle offre plusieurs issues.
et sur le bord de la rivière Tchar sou, que Elle est creusée dans la pierre alcaire «

Ton traverse sur un pent. Sa pofialatioo avee de grands Hlons de calcaire spi*
Recompose de Tiirc'^pt d' \rménipn><; ces thiffue. Une grande muraille défendait
derniers y s«int en gr.mde «najorité. Les l'entrée principale; cette prolte ne sert

maisons K éieveut en amphithéâtre sur la plus aujourd'hui qu'aux ivcrgers du


pente de la montagne, qui est couronnée Taéla, qui s'y retirent è Tabri do maa*
par d'anciens édifîc^'s. Les jardins sont vais temps.
sur la rive orientale de la rivière, et au En continuant de remonter la vallée,
milieu des arbres s'élève la nouvelle on arrive à la montagne de Ghermei'l)
église bAtie pur les soins deMa popula- dagh, couronnée par le château de Gtitf-
tion chrilienue. mech kale, au pied duquel coule la ri*
On remarque dans la partie supé- vière d'Aucrorn. Dans l'été ce n'est qu'un
rieure de la montagne un certain nom- minc(> filet d'eau saumAtre, mais au
bre de grottes et de cavernes. L'une de printemps et en hiver le pastage oflre
ces urotm a • mètves delonget 9^606% qtielque difllenlté; me
sowaa uiermslr
large; une seconde a 11 ""30 de lonf: et firend n.iissance sur la pente nord de
8"30de large; une troisième Recompose a montagne du châteiiu; elle alimentt
de trois étages superposés, qu'on ne peut un bain de construction ancienne, t'é*
atteindre qu'en montant svr les rochers dtUce est couvert par nue eoupelect
éboulés et en franchissant une espèce de passe dans le pays pour un édificp ef-
pont vrrnioulu. On peut alors pénétrer nois.Djmevise Kalma, c'est le nom quf
dans aulres grottes et dans un couleir
il Ton donne à tous les bâtiments doot
étroit qui a eent ffuerante-cinq pas de roHf^ne est ignorée. Selon M. Afos*
long ; on j trouve des conduits sembla- worth (1), le cnAteau de Ghenuech est
Mes à des* cheminées et des scparntinns de construction romaine, et les thermes
qui font supposer que ces grottes ont peuvent être de la même époque. La*
été habitén par plasieaii nmiUes; on oalo0e enirt le nom deaette montagi»
knara dansleiiaj^quelles gens vivaient et cehii de la villa de Oemia est à re-
dans ce« repair»'s et à quelle époque marquer : ces deux noms ont leur r cinf
ils ont été habités ou creusés : on n y dans le mot sanscrit Gharma, chaleur.
trawe rieBon puisse guider dans ces La vallée de la rivière d'Angora oflie à
reeherahes. un
lialdtanis de la ville abaque pas des sujets variés d'obser«s>
montrent une certaine répugnance à tion pour l'antiquaire ou le céologiie:
accompagner les étrangers dans la vi- entre les deux villaues de Yokara Tur-
site de ces singuliers monuments. kali et Achâa Turkali, Turkali dttn
fCn'ootttinuant de remonter la vallée, haut et d'en bas, la montaime pnnd
on atteint les Gœuk dagb,
pentps du plus d'élévation oî donne naiss;inoe s
d;ins les hauteursduquel on remarque une autre source thermab Dans la par-.

une enceinte construite en grands blocs tie aipérieure de la vallée, u pue bau-
de pierre, qui oflîne une certaine régula- tsar iw cent cinquante méttves* a*oii«i«
rité dans ses dispositions. On ne saurait une grotte spacieuse avee défense ma
douter que ce soit Touvr.iire des Galates. fortifiée qu'on peut aperoav«irde loin.
lin peu au-dessus de cette enceinte se
tmuve le village de Gaioklen, et dans la (i) Aimworth, Tiwuli tmé nMtnrt^t
montagne est le. Yaéla des babitantada im An9 Mimor, 1. 1, iS?.

y u,^ jd by GoOgI
ASIE MUTEURE. 406

Ce Magharasi, la
lieu s'appelle Kîrsiz sous le nom de Rara Viran , les ruines
grotte des voleurs, il semble que cette noires.
constructiOD a été iaite ponr Ja défeoie Une unique muraille, bAlie de pierres
du passage. colossales sans mortier ni ciment, en-
Un oppidum gaulois trèç-remarquable clôt une enceinte de quarante mètres
a été oDservé par M. Hamiltonsur la environ de diamètre, et près de là sur
route d'Angora a Sevri hissar, au vil- une croupe de rochers s'élève un petit
lage de Assarli keui, situé à trente-deux fort de la même construction.
kilomètres au sud-sud -ouest d'Angora. C'est Seulement dans tes régions qui
Kn partant de cette ville on fait douze ont été oeeupées par les Galates que
kilomètres et demi jusqu'à une étroite l'on trouve de re*^ réduits fortifiés; ils
vallée au fond de laquelle coule une ri- diffèrent en tout j)oint des autres ves-
vière dans la direction du nord, on fait tiges autiques observés dans les autres
halte au village de Balouk Kouyoum- provrnces, et sont situés dans des lieux
ji (1) situé à vin^l-iipuf Uilonietrrs d'An- élevés où les populations pouvaient
gora. Une colline qui duinuie le vdlage transporter en cas a*alerte leurs familles
e^t couronnée par une fortilication qui et leurs biens.
a tout le caractère d*une haute anti- Les habitants d*Angora ont observé
quité. Klle consiste en une enceinte cir- dans un rayon de trente 5 quarante ki-
eulaire dont les murs ont plus de trois lomètres de leur ville un certain nombre
melre^ de (laut et sont construits eti de grottes et de réduits semblables a
grands blocs detraehytede diOerentes ceux que nous venons de décrire. On ci-
dimensions. Un autre mur intérieur tait aussi au village de Kerhetchenek
s'étend du côté du sud-est, tout Tinté- a trente kilomètres sud d' Angora, une
rieur de l'enceinte est divisé en un cer- grotte spacieuse dont Tentree était mas-
tain nombre de chambres ou de cellules quée par d^énormes rochers et dans la-
qui forment un véritable labyrinthe, de ?|uelle était un puits. Kn descendant au
manière qu'il n'y a ni issues ni pas- ond du puits on nrriv.iit dans une se-
sages pour aller de l'une dans l'autre : cx)nde grotte où se trouvait un lac. Rien
cet ensemble d*outraget est désigné dans ce récit ne paraissait en dehors
par les paysans sous le nom de Assarli des limites du possible nous résolûmes
:

Kaia, la pierre d' Assarli; ce genre de de tenter eette excu-sion, le 26 jullet


construction ne porte aucun indice de 1834. Partis d'Angora a di.\ heures du
Part romain ni byzantin, il est tout à matin, nous traversons une régionaride
fait en dehors des usages civils ou guer- qui commence à donner une juste idée de
riers des peuples fnusulinans. On ne la province de Haimanah, et après cinq
peut y recounaiire qu'une de ces forte- heures de marche nous arrivons a Ker-
leiies MIties par les Gaulois^ peut-être hetchenek , gros village situé au pied
htt Trocmiens lorsqu'ils prirent sous d'une colline marneuse dans laquelle
leur protection les familles des guer- est effectivemtnt une grotte spacieuse,
riers qui allaient combattre Manlius. mais qui ne présente nen d'intéressant
Du haut de cette colline la ville s*étend au point de rautiquitéott de la géologie ;
sur toute la contrée environnante, et les au fond de la grotte coule un maigre
maîtres de ceiw forteresse pouvaient filet d'eau, mais le puits ni la grotte
longtemps d'avance faire leurs prepara- souterraine n'existaient pas. C'est la der-
tift pourrepousser Tenneini. nière observation que nous eûmes liea
Au nord et dans de la rivière
la vallée de faire avant de quitter les environs
d'Angora, M. Ain-^worth a observé un d'Aneyre, qui offriront encore long-
autre oppidum non moins remarquable temps des sujets nouveaux d'obserta-
que les précédents; il est voisin des tion aux voyaseurs qui voudront y pro-
sources chaudes nommées Al-Khatoun, longer leur 8é|oar.
I dame, et domine la montagne de
l

Sgliilir. Ge lieu est désigue dans le pays

(i)U «illiftede Aauli kcoi ctl à fMtrt


kilwMirM plus M mmI.

Digitized by Google
496 L'UNIVERS.
CHAP1TK£ LX. sous rinscriptiou suivante« Aur llé- :

de Domnus du bourg des Clos-


lius F.
D*ANCYmB AU PAYS BBS TB0CI1IBN8 saméniens Kéooore (du temple) de Ju-
KALADJIK. piter Bossouritius s'est élevé ce monu-
ment de son vivant (I). » Aucun histo*
On
compte six heures de marche rien ne mentionnant ni la ville ni le dieu
d*Aiigora à Tdiibouk, et autant de Tchi- topique, tout ce qu'on pourrait ajouter
bouk à Kaladjik. ne serait que pure conjecture.
La rivière a Angora , appelée par les D'après les extraits que nous avons
'
iudigèncs Loguri sou, avait deja été re- faits des différents auteurs jusi|u'à la
connue par Pooocke pour un affluent diute de Tempire de Bysanee, noai
(I( Sakkaria; elle coule de Test h
la comptons en Galatie cent trente-dB<|
I dans une grande vallée qui reçoit
"ouest noms de villes et de bourirs on voit :

d'autres affluents, notamment le Tchi- combien il en reste encore à dctemiiuer.


bouk sou, ainsi nommé d'Un village Kaladjik est une petite villeassez ben*
situé au nord-est d*AngDra. Cette der- reusement située; elle 8*élève eo pente
nière rivière prend sa source dans la autour d'une colline roelieuse cnuron-
niontagne d'Aïdos, arrose la grande née par un château; une niuradie en
plaine de Tchibouk ova si dans laquelle partie crénelée forme Tcnceinte; les
eut lieu la bataille entre Timour et maisons sont b&ties en briques crues
Bayazid, le 2 juillet 1402, et se jette récrépies avec de l'argile jaune; les
dans la rivière d'Angora uu peu au-des- rues sont étroites, mal pavées et in
sous de cette ville. pentes rapides \ mais les jardins qui en-
Le village de Tchibouk est composé tourent la ville lui donnent un aspect
de soixante-six maisons; il est assis au pittoresque. La |H)pulation est de trois
bord (le la rivière de Tchibouk sou, qui mille Tunes et se compose de Turcs, de
traverse la plaiue; plusieurs campements Grecs et d'Arméniens. A mesure qu'on
de Yourouk y sont mstallés pendant l*été. avance vers Test, cette dernière popu-
LesYouroux possèdent un grand nombre lation devient de plus en plus nombreuse
de chameaux et conduisent les caravanes dans les villes.
entreTocat, Alep etSmyrnt'i leur uro- La colline du cliàieau est uu epaa-
bité est connue dans le pays : on leur ehement trachytique qui s*arréte à la
,

eonfle les marchandises les plus pré- vallée voisine ; tout le reste est calcaire.
cieuses, sans crainte de voir un ballot Le château est un amas de construc-
s'égarer. Le bassin de Tchibouk sou est tions de différents .1:zes, la plus grande
peuplé de nombreux villages parmi les- partie a été réparée par les Turcs; oa
quels on en compte un certain nombre trouve dans les murs quelques frag-
qui renferment des débris d'architec- ments antiques et plusieurs pans de
ture, preuve certaine qu'ils occupent murailles encore en place sont certai-
l'emplacement de quelque ville untiaue. nement de construction romaine. Il est
De ce nombre, il nut compter Akqiab hors de doute que Ton est sur l'empla-
tascb trois heures nord -ouest de Ka-
ii cément de quelque ancienne ville, l ?
ladjik et au nord de la plaine. cimetière arménien abonde en fragments
Une colUne composée de roches cal- antiques ; cinpes funéraires , deux lions
caires qui s*élève au-dessus du village de marbre oe travail bjrsantin, eomi-
Kratt avoir servi de base à l'Acropole, cheset colonnes brisées, tout cela n'a pu
s murs des maisons renferment un être apporté de loin. On remarque cepen-
grand nombre de monuments antiques dant deux bornes milliaires, aontl uuo
et plusieurs firagmenis de sculpture. On porte une inscription en rbonneur de
remarque une stèle sépulcrale de pierre î'empereurHadrienetlenuméroXXXV.
portant une inscription, et le buste d'un Le nom de la ville manque. Il est diffi-
sénateur romain. Une autre stèle encas- cilede savoir quel est le point de de-
trée dans la muraille d'une maison re- l»rt de cette boroe milliaire, le trente-
présente deux Affres, et au-dessous une cinquième mille, qui représente fil ktl.t
autre figure à mi-corps avec la toge et
entourée d'une couronne; on Ut au-dss- (i) HantïUoUf Ramn/tr s, l. If4<^

Digitized by Google
ASIE MUIEUHE. 497

7<( ne éODcordant ni av«e la distanee CUAPlTltR LXI.


d'Aurvre n Kaladjik ni avec celle de
Kaladjik à Gangra aujourd'hui Kiangari.
, TAVIUM. — RSFU KlUl.
Une grande vallée arrosée ^r une
rivière rétend an nord de la ville , \m Dans le portage des provinces d'Asie
eaux sont anéDagées pour l'irrigation la partie occidentale de la Galatie qui
des jardins, qui aoot nombreux et bien s'étend à l'est du lleuve Ilalys échut aiix
entretenus. Trocmiens, c'était selon Slrabon la ré-
La roule de Songourlou suit la direc- gion la plus fortile, et de nos jours elle
tion de Test par un peys déaerl et mon- peut encore soutenir son ancienne répu-
tueux ; on arrive après une hi ure et de- tation, elle est surtout célèbre par les
mie de marche dans la vallée de THalys. fruits de ses vergers. Les Trodmiens
Le fleuve roule ses eaux rougeâtres possédaient trois villes principales, Ta-
dans un lit très-eneaiiaé; un pont vo- vium grande place de coinmerce où
lant soutcuu par quelques piliers chan- Ton voyait un colosse d'airain repré-
celants est la seule voie ouverte aux ca- sentant Jupiter et un hois sacré ayant
ravanes; il n'a pa6 plus lie trois mètres droii d'asile. Pline se coutenlc de men-
de large, le tablier est à six mètres au- tionner cette place dont rimportanee
dessus du niveau de IVau, et n*a pas commerciale est indi(|uée par le grand
même une balustrade pour arrêter IV- nombre de routes qui y convergeaient.
tâTt d'une bête de somme. On ne peut Aussi tous les savants qui se sont oc-
pas dire cependant quil manque d'en* cupés de la géographie de TAsie Mi-
trolieu, car deux ans après mon passage, neure ontrils cherclié. à défaut de ren-
M. Hamilton trouva les trous des p!nn- seignements positifs, à établir la position
ches pourries réparés avec des pierres de Tâvium d'après les itinéraires anciens ;
qu^on avait traînées sur le ^t. mais quand ces documents ne sont pas
Songourlou est une petite ville de appuyés sur des observations loeates«
deux cent cinquanle maisons s;i distance
: ils peuvent conduire à des erreurs no-

d'Angora en ligne directe est de trente tables. Il en a été deTavium conmicde


lieures de marche; elle est à six heures Pessinunte la capitale des Trocraiens
:

do pont de THalys. Une «rande partie a été successivement placée dans dea
«lu pays est en tVii-he, mais dés que les résiioiis bien éloignées Vuue de l'autre.
vallées ont un filet d'eau les cultures Danville rejzardail Teboroum comme
reparaisseut et les vergers donnent des satisfaisant aux condilious cliercbees. Le
fruits renommés. eol. Leake et le d' Cramer (!) sont
Hiekbass est un Joli village de cent disposés à l'identifier avec Youzgatt.
cinquante maisons, distant de cinq heu- M. Hamilton a publié deux Meuioires
res de Songourlou on peut observer dans
; pour prouver que Itoghaz keui n'est au-
le cimetière quelques fragments d*ar- tre chose que rancienne Tavium ; nous
chitecture ancienne. Toutes les maisons n'avons jamais été de son avis et dès
sont sépnrées par des jflrdins; les ver- l'année 1836 nous avons appelé son atten-
fers couvrent les cullmesenvironitantes. tion sur le village de Nefez keui, dont la
liekbass est la dernière station ayant position à Tégard d'Angora s'accorde
d'arriver on village de Boghaz keui, qui avec celle de Tavium, et tes monuments
occupe remplacement de Pteriurn, et romains et byzantins prouvent que celte
dont le territoire appartenait au royaume ville fut habitée dans les temps chré-
du Pont Galatiquc ^ous décrirons cette tiens ; cette preuve manque absolument
ville avec la province de Pont, il en est pour Bogbai keol. Depuis vingt ane
de niéme des autres villes qui ont été cette dernière ville a été visitée par un
tour a tour annexées à la Galatie vl en grand nombre de voyageurs érudits,et la
ont été détachées pour taire des Ktats question est aujourd'hui iugee.
séparés sous les gouvernements d*A- Nefes keui est située a vingt-quatre
m3mtas de Déjotare et de Bogadiatare. kilomètres au sud de Boghaz keui, tout
ce district est habité par les Turcoinaos

(i) ÀtU tfinor, 1. 11, p. loo.


83'' livraUoti. (Asil MiNfiiiBE. T. II. Z2
)

Digitized by Google
498 L'UNIVERS.
qui .ibandonnent leurs ntaisoiis pendant descriptions ne puissent convenir à l'an*
l'étépour aller demeurer sous la tente, cienne Taviuni. Vun des deux tem*
LesmiMiétlafiUesoatiiCaéesàiiii pies a pu étr» «to Jupiter; la
kilomètre et demi à Touest du village, pétition de Nefes keai dane un piyi
mais déjà dans le cimetière on trouve ouvert et accessible convient mirux n
des fûts de colonnes et des fragments la ville des irocmiens que celle de
La première chose que
d*arcliitecturc. Boghaz keui dont le oom seul, le village
ftauBNfÊ» M. HamiltDa en vîsitaBt Ici du défilé, indique un pays montagnnn
ruines, où reconnut l'emplacement
il Or, d'après les tnbles, Tavium
et difficile.
d'une ancienne cite, ce fut un «rond était une ville où convergeaient sept
bdtiment dont les fomiations avaient grandes routes allant du noisii au bud et
été louilMes depaie peu dans un espace de Test à Toueit.
de huit mètres; le fosse était rempli de La distance d'Anejrre à Tavium eit
grandes pierres de taille, appartenant au donnée p.ir deux doctinienls anciens,
mur exterieur,quietaient reliées par des La table de Peutioger est incomplète,
cnmponi de fer. Deut eollinet qui 6*é-^ la distanoe entre les deux demièiei ste*
lèvent à peu de distance de la ville sont tk>ns manque;elle n'est cependant pu
désignées sous le nom de grand cl do pe- inatile eomme point de oomparaiion.
tit château ; a une petite distance vers le
nord on trouve encore nn eerUrin nonih Table de Peutincer.'
bre de grandes pierres caleaires qui * * ^
marquent l'emplacement d'un tt-mple Ancvre. Mille*. KIIoiTxirrs.
ou de quelqn'autre édifice important Acitonhiaco. . . 36 S3,2M
parmi lesquels on veeounait des parties Eccobriga 33 48,H07
d'archHiaves et de riches corniches; Lassera 96 37,975
plus loin M. Uamilton observa une pièce Stabia 17 35,143
de marbre portant des lettres do sept TTj- 165' 103
ou huit pouces de haut et (jui paraissent
avoir fait partie de la dedieace d'un u.^a^i^^ ^'An»/^n.n
lUneraire d Anlonm.
temple. Plusieurs inscriptions presque
toutes hvzantines ont été copiées, mais Ancvra ME. Ml M.'
oas une ne comient te nom delà ville (I;. Bolesl.isiîûs. . . . 24 35,496
'?;.®'*?'lf?^''"^*"''''^"'^ . Sarmalius 24 35,4«C
vnlîigedeNefezkeui venant deTouxgalt Ecobrogis 30 29,6«0
Boghaz keui. Il y trouva de
et allant à
nombreuses pièces de marbre employées
Adapeia. .
.*

U 3ii!496

dans la construction des maisons mo-


dtroea, «n nombre d'inaerip*
certain
Xavio

—24 35 496
•7^-"T;âr
i7i,dM
tious et de nombreux fragments de co-
lonnes et a'aiitres restes d archileclnre. H faut donc compter environ cent
Sur qu'on appelle le château,
la colline quatre-vingts kilomètiesdepuls Anejrrf»
&m fiMiilles avaient mis a déoonvert if« cette d istnnce convient parbilemeot à la
listes d'un bel édifice antique dont les position do Nefez keui.
murailles étaient revêtues de plaques Otte (juçstiou de la position de fa-
de marbre. Sur l'autre colline on avait vium a été examinée avec maturité par
aussi m des fouiUca dans le but d'et-
traire des marbres qtii devaient être
Cari Ritter, qidcn définitive est d spose
as*' mnjir d notr*» avis. « Il reste la

transportés n Vouzîintt pour la construc- possibilité de exactilude des conjrc-


l

tion d une inosuuce. Lt^s médailles tures de Tcxier, lequel cunsid^ raiit que
Uouvées dans ces fouilles avaient été la ville de Taviom fut Oonsaaute pen-
fondues saosinie la science en tirât an* dant la période chrétienne et pendant
eiApnflt<3).0^Msauraitniarquace8 les temps i.vzantias comme coin est
prouvé par les actes des conciles, pense
(I) H»nilion, Researchrs, loni. I". 391. Que cette ^llc devait se tTouvcr au vil-
a)(.arf.Eilt^ BidkuiMl«,t. IX, pwt. f'-, ÏB^ voisiu de ÎSefez keui, tandis que les
pa^ 3,0. . v.'T ruineideRoghazkeutnerenfermentque
I 1

i^iym^cd by GoOgl
I

ASIE MINF.URE 499


dt6 vestiges d' une haute antiquité (1). Stadi Tavia vielmehr in âen dtv byzantinis-
cheo Zeit angebôrigen Ruineii des benadi-
(t) Uod bliebe imner die Môglichkdt der *"»rten Ntlin Kjoi fiodra nAclite. Rtri Rit-
Riehtigkcit ftr Texiers Yermiiibung , der die ^» F>dkundr, toae lX,Tbeil i, k4*. i<5t,
norh in rhristlicher Zeil, nach detn Zpii- P»g« 394*
gnls$ der Coiiàiieo-Uiitersclirifien l!luheQd«»

39

oiyui^cu Uy Google
LIVRE VII.

GAPPADOGE.

CHAPITRE PREMIER. le caractère particulier des ouvrages


des Cappadociens a plus d'analogie arec
OBieiHB DU BOTAUMB Dl CA»PA- ceux de PArabie et de la Syrie supé-
BOCB. rieure Qu'avee aucun autre peuple de la
presqu'île.
Si i'origioe des peuples qui occupaient Ce fait avait sans doute été remaraoé
les promets ooeidaitales de TAsIe Mi- par les anciens, et afait perpétué Tidés
Dsura laiiM à laeritiqiie quelques points de la fraternité qui avait dû exister en-
qui ne sont pas encore complètement tre ces peuples. I^ur culte d'ailleurs
éclaircis, on a du moins, pour appuyer portait une empreinte manifeste de la
les hypothèses que nous avons présen- théogonie orientale; et si l'on trouve les
tées , des données historiques suffisan- noms des dieux de la Grèce rép;indus
tes et faciles à rassembler. 11 n'en est dans le pays, c'est qu'ils étaient appli-
pas de même des nations établies à Ko- qués par les Grecs et les Romains a des
rient du fleuve Ualys ; soumises à des aivinités cappadociennes (1). Lecnite
vicissitudes sans nombre, formées d'ag* du feu, qui se perpétua eu Cappadoee
glomérations de peuples divers dont longtemps après l'âgo romain (2), a été
l'origine inconnue, nous n'avons
est introduit par des peuples étrangers,
pas même, pour nous guider, les monu- avec celui de la déesse Anaitis. Strabm
ments anciens, dont le earaetère in- atteste que de son temps les pyrées éle
dique les différentes phases d'une civi- fésdans la plupart des provinci'S atti-
lisation. Des grottes taillées dans les raient encore une foule d'adorateurs;
rochers, voilà les seuls vestiges que la mais la vénération de tout le peuple
Cappadoee antique offre à Tobservation. cippadocien était acquise à des divini-
Les anciens ont regardé les Cappa- téa indigènes, dont les temples effa-
dociens comme une race composée d un raient par leur magnificence toutes les
mélange de Syriens et de peuples par- cérémonies du magisme. Ces temples de
lant un langage barbare, aemWr reste Meo, et de Mâ qu'il a plu aux Romains
peut-être des aborigènes de la partie de nommer Bellone (8), étaient de vé-
occidentale, repoussés par les migra- ritables centres de gouvernement dont
tions d'Europe. Le caractère de la con- les pontifes étaient les rois. Tous ces
trée eut certainement une influence dieux ont été par la suite appelés dans
notable sur la physionomie des habi* le panthéon romain , en quittant leurs
tants. Jamais le goût des arts ne se ré- noms asiatiques pour prendre ceux de
'
véla chez eux; vivant d;ins de uraiides Ve>la, de Vénus-Urniiie et de Lunus.
plaines sans arbres, occupant des villes Le mot Mcn ne reparaît dans la langue
sans murailles, adonnés uniquement à latine que pour former la racine du mot
des travaux d'une .igriculture ingrate, MensiSy parce que la lune déterminait
on les voit seulement prospérer comme la divisiondes mois comme cela a en-
.

pasteurs, et c'est l'eleve du l>etail de core lieu chez tous les peuples orien-
toute espèce qui fait la principale ri- taux.
diesse (\d leurs princes. Ce trait les rap- Les royaumes situés à Test de i'Eo-
pro> he des Syriens du sud , et à défaut
de documents historiques €|ui attestent (i)S(rabon, XII, 535.
rintroduetioa de la population syrienne (a) Slrab.. XV, 733.
en Cappadocê, nous détona avouer qne (3) Gfwr, ée Bett. cmi.

Digitized by Google
«

ASIE M INEURE. 501

plirale,l'Arménie et Assyrie, étaieut


1 document ancien ne uous porte à suup-
déjà parvenus à un très-hant degré de FDuner que ces peuples franchirent
prospérité, que la Cappadoce sortait à Halys. Les Phéniciens s'établissaient
peine du chaos; car à cette époque celte sur les cotes de la (]ilicie. ils ne péné-
contrée ne pouvait être, pjr cousti- trèrent point au delà du Tajrus, et se
tution physique, qu'un pays inculte et eontentèrent de négocier sur les edtes.
presque désert, ahandonne aux ravages liais c'est surtout de la part des conqué-
des feux souterrains, qui ont laissé par- rants assyriens que la Cappadoce devait
te ut des traces de leur action. La popu- recevoir le plus grand élau vers la ci-
latioD épane qui tentait de s'ag^îlomé- ilisation. Les exploits de la grande Sé-
rer pour former un peuple , reçut par miramis sont encore célèbres dans ces
ses rapports avec les Mèdes cl lés Ar- régions; ici c'est un fleuve, l;i un châ-
méniens premiers éléments de civi- teau qui porte le nom de cette reine.
liSutioD, et est naturel de penser que
il Depuis le sud de la Médie, qu'elle dé-
le culte dufeu, déjà répandu dans VAt- fendit par une muraille, encore debout,
niénie et surtout dans l'Aeilicéné, fut entre 1 Euphrate et le Tigre, jusqu'aux
transporte de cette dernière province plateaux élevés de l'Arménie, où elle
en Clappadoce, longtemps a\ant l'arri- fonda la forteresse de Châh Mirain
vée des Perses. On ignore eoinplétetnent gherd, tous les pays soumis à son em-
à quelli' épo(|ue et sous quelle influence fiire furent couverts de monuments qui
les Leuco-Syriens firent cette irruption ultaient de grandeur avec ceux de TÉ-
vers le nord, l-^st-ce a l'époque des con- gypte, et qui surpassaient eu utilité
quêtes de Sésostris ? On ne saurait assi- tous ceux du monde entier. Cest A elle
gner à CCS migrations une antiquité plus que Ton doit les premiers grands che-
reculée; car il n'est pas probable que mins qui ouvrirent des communications
la contrée fiH habitable antérieurement au milieu de montagnes inaccessibles et
à cette époque. de marais impraHeaues. Que tant d'ex-
11 ne faut pass'étonner que nous fas* '
ploitsde tout genre soient regardés par
sions si souv» nt intervenir les phéno- quelques auteurs comme Touvrage de
mènes RéoloKi(|ues couune éléments de plusieurs princes, il u'en est pas moins
discussion dans des questions purement vrai que, chez les Orientaux, le nom de
histori(|ues. On est tenté de croire en Sémiramis partage avec ceux de Salo-
effet qu'il n'y a rien de plus rare que n\on et de la reine de Saba, Bal-Kiz,
ces terribles IreiiibîenuMits de terre, ces riionneur d'avoir élevé tous les grands
couvulsions du globe oui font glisser moituments dont on voit encore les
les unes sur les autres les couches des mines.
montagnes et viennent parfois inter-
rompre un cours d'eau pour le transfor- CHAPITRE 11*
mer eu lac. Mais, sans remonter a ces
temps dont les annales sont perdues DOMIUÀTIOll ASSTBIBIflIC
pour nous, nous pouvons nous rendre
compte des changements opérés depuis
Réunie au ro^me d'Assyrie aveeee
qui forma depuis l'empire des Mèdea,
les temps historiques, sur certaines côtes
la Cappadoce comprenait à cette époque
de l'Asie, dans presque tous les golfes la partie de la presqu'île qui s'étendait
et aux embouchures des fleuves. Par
de Tune à l'autre mer. r^'ous connais-
suite des frémissements continuels du
sons peu les villes dont rorigine remonte
sol, les terres ébranlées ont été empor-
à cette époque On peut rependant citer
tées par les eaux dans une proportion
Mélitène. comme une des créations de
dont 00 ne peut apprécier le rapport
Sémiramis, et Anchialé comme rési-
avec les attérissements actuels.
denee aimée de Serdanapale, qui l'avait
L'expédition de Sésostris. qui enva-
bâtie et qui voulut y être inhumé. Laa
hissait l'Asie 2700 ans avant J. C., fut
Grecs eux-mêmes se taisent sur les
sans doute la principale cause du dé-
temps autérieurs, et Hérodote (1) nous
placement (l«'s populations du groupe
atteste que les Assjriens sont les plan
araméen. (jui durent remonter l'Eu-
phrate a la suite de ses armées. Aucun (f) Liv. L, ^5,

Digitized by Google
L*Oi!nVEftd.
•DOiens peuples qui ont étendu iuur dans l'itinéraire d'Antonin, tantôt S.><-
fjoniQiition sur cis provinces. En efieti eaoœna, était bien loin des limites 6f.
Il
/ avait cent vingt-cioq ans qu'ils étaient Saccacéné, entre Nvssa et Césarée, 4
mnîtres dp l'Asie supérieure, lorsque soixante mille pas de Nyssa et vingt-
les Medes coniinencerent à se rendre cinq mille de Cesaree. Nvssa étant Nein-
indépendants. Nous avûns déjà vu que chener selon la carte au Père Cvrlllé,
les Mèdes reculèrent jusqu'au fleuve et d'après tout le dénié grec de Césarée,
Halys les bornes de leur empire. L'iiis* (|ui donne à l'évéque de IS'emcheher 1^
toire de la Cappadoce jusqu'nti temps titre d'évéque de îNyssa Sacœna devait
,

des successeurs d'Alexandre ue peiit occuper la position de luge t>ou, village


donc être isolée de celle des Mèdes, où Ton remarque un grand nombre
des Assyriens et des Perses. Les rois de grottes taillées dans le roc. Une
d'Arménie, vaincus par Sérnir.imis, au- autre Sacœna est mentionnée sur la
raient, d'après les chroniques armé- route de Tavium à Cesarée, à treute-
niennes, secoué le joug des Assyriens neuf milles au nord de cette ville. O
rrronquis leur empire, et, pendant sont, je pense, d'anciens châteaux 00
toute cette période anté-hcllénique , se cupés par les Saces dont le nom s'est
,

fieraient maioteuus, tantôt comnie sou- perpétué jusqu a i époque byzantine;


verains indépendants, tantôt comme sa* mais je n*ai trouvé dans ce pays aucuae
trapes des rois perses (f). Nous voyona traee ni aucun souvenir de la seconde
dans lemonument d'Anryre comment de ces places.
les Romains, mus par un pur caprice, I>es Saces, vaincus par Cyaxare, aban*
donnent ou enlèvent les provinces d'Ar- donnèrent aux Mèdes les pays qu'ils oc-
ménie et de Cappadoce. Il semble que cupaient : mais les conséquences de cette
Pendant toute cette longue période victoire furent une déclaration de guerre
Arménie n'.Ht jairaisjoui que d'une na- entre la Lydie et les Mèdes. Pendant
tionalité precai re ( lepenUaul les Tigrant s
. cette guerre, qui dura plusieurs années,
étendirent leur puissance dans toute la les Mèdes étaient matires de tout le
McM^potamieet ré^^nèrent sur la Cappa- pays situé au delà de TBalys, et y tr.ms-
doce. Césarée, lacnpitale fut lonsîteiups portèrent le culte de la déesse Aiiaïtis,
itouuiist: aux princes anneni( us, car c'est qui fut honorée jusque dans la Lydie.
aor la dynastie arménienne que cette H est à croire que oet état de choses
ville fut conquise par Sapor. La pro- subsista jusqu'à la destruction de Tem-
vince qui porta le nom d'Arménie Mi- {)ire d'Assyrie ; et lorsque Cynis réunit
neure tut un démembrement de la Cap- es deux empires sous un même pou-
padoce; mais il serait difficile de tracer voir, cette molutton apporta peu de
les variations de frontières qu'éprouva changements dans les mœurs du peuple
cette province pendant toute la période cappadocien.
assyrienne, depuis les coiujuèie.s de L'Asie entière, avant d étre réduite
Phraorte ^2), oui acquit la Cappaduce, sous le joug des Perses, fit eepeudant
6$0 ans avant i.-C, jusou'è laehotede des efforts pour conserver son indépen-
Ninive. Lorsque les Scytnes envahirent dance. Les peuples qui avaient du ."^nDg
l'Asie, ils étendirent leiirs ravages dans grec dans les veines résistèrent avec vi-
tout l'empire des Medes ; il semblerait gueur ; les Lycieus les imitèrent, et ai-
que cours de THalys , qui eoule de
le mèrent mieux incendier leurs villes mis
l'est à l'ouest au-desstis du plateau de dé les voir retomber entre les mains des
Cesarée. ail di^ former la limite de leurs satrapes ; mais les Cappadociens s'assi-
invasious; maison reconn.tit des traces milèrent tacilement a leurs nouveaux
de lear s^onr au sud de cette ligne maîtres, et lliistoire ne nous a conservé
dans le nom d'une petite ville qui se le souvenir d*aueune tentative de révolte.
trouvait sur la route d'Ancyre à Césa- L'observation que nous avons faite re-
rée. Ce nom, écrit Untôt Sacoena (S) lativement a la fusion facile qui s'établit
entre les Gaulois et les Romains, aves
(t) (!yrop.. lib.n, p. S8-6v. les peuplea de la Phrygie et de la Bi*
(a) HlTodrite. 61-IOI. thynie, parce que l'Europe était leur pa-
^ (3) Ittr aà Ancjru Cmsatwm us^ut. trie commune, peut aussi s'appliquer

Digitized by Google
ÂSiE MlHEmC.
âux Cappadociens et aux Perses, et prou- viséeen deux gouvernements, dontl'un
verait , a défaut d'autre document, que par les Grées grande et Tautie
fiit appelé

les premiers étaient d'origine orientale. petite Cappadoce.


Tous les auteurs ne sont par unanimes Sous le régime des Perses, la Cappa-
pour refiarder les l.euco-Syriens comme doce fut assimilée h oes vastes parcs,
un peuple originaire de Syrie; il estccr* ces paradis où les rois entretenaient du
tain qu'ils ont été matlrêsdes côt< s du uiMer et du Itétail de toute espèce. L'o-
Pnut-Kuxiii a une époque très ancienne, nagre, (jui était indigène, dounîyt par
puisqu on iiuppose qu'ils ont été réduits son croisement avec les cavales, des
SOUS lepoovotr des Amasones '1). Lear mulets dont la renommée s*étendalt
nom^ dans cette hypothèse leur aurait
, jusqu'en Babylonie et quoique cette
,

rte donné par un (ils d'Apollon et de race d'onagre, aujourd'hui considéra-


la nymphe Siuopé, apptlé Syrus^qui blement diminuée, ne se jetrouve plus
transmit son nom à la Syrie. Ge serait que dsns les montij^es du faQtistair, lès
donc, au contraire, de ceux de Cappa- mulets de Cappadoce ont conservé leur
doce que les Syriens auraient reçu cette réputation, et se vendent sur les mar-
dénomination. Quant an nom de Cap- chés de l'Orient aussi chèrement que
padoce, il serait superflu d'en recher- des chevaux. Si le pays est aujourd'hui
cher l'origine , car les auteurs anciens trop pauvre, si, radministration est
ne sont fjis d'arcord à sujet les ; trop ignorante pour (jue l'élève des che-
uns ('2) le font dériver du fleuvo (lappa- vaux soit aussi fructucnsc qu'autrefois,
do\, qui est un des allhiuuts de Tllalys; on rencontre encore cependant tous IfS
les autres (3> prétendent qiHl est em- éléments qui avaient permis aux Cap-
prunté h la langue perse. padociens de pousser cette industrie
agricole à une si grande perfection. Les
CilAPlTKË 111. vastes plaines des euviroos de Cé^arée
et de Niffdé fournissent abondamment
tous les fourrages nécessaires, et l'orge
POPULATION D£ LA CÀPPAJ>OCfi.
de Cappadoce est particulicrenient es-
timée. Le sel, dont l'agriculture fait
Sovs la domination des Perses un usage si général et si utile, existe
cette province était administrée par en abondance, non-seulement dans le
deux gouverneurs; elle se trouve en lac Tatln, mais encore dans des car-
effet divisée par la uature eu deux par- rières d'où on le tire sons la forme de
ties comptétement difftrentes, l*QDe
blocs Les anciens dominateurs de la
aride et sans e.ui, l'autre couverte de contrée savaient que c'était là qu*il
forêts et arrosée par des rivières sans fallait chercher la richesse du |)ays, et
uombre : c'est celle qui fut appelée de- les impôts étaient pavés, non pas en
puis la province de Pont; la première numéraire, mais eu hevaux de course
(

retint toujours le nom de Cappadow.


et de char, car les rois de Cappadoee
Cyrus, pour récompenser Pharnabase ont toujours passé pour avoir un (réspr
cjui l'avait délivre des attaques d'un
assez mai lire (I ).
lion« lui donna tout le pays que Ton
Les iunombrables troupeaux de chè-
apercevait du haut de la montagne oiH vres et de chevaux eoovealeot les pojç-
l'événement s'était passé (Test la pre- ties moiitagueuses où la besuté des
,

mière mention qui soit faite d'uu roi de pâturages était entretenue par les sels
Cappadoce (4). volcaniques. Mais il paraît que la belle
Darius, en organisant les provinces race de moutons qui fait aujourd'hui
de sou vaste empire, attribua la Cappa-
la richesse du pays, était alors peu ré-
doce à la dixième satrapie ; elle resta di-
pandue, et la laine était chère en Cap-
padoce (2) tous les vêlements du peu-
;

(i) Strab., XII, 544. ple étaieul tissus de poil de chèvre ;



(a) Pline, lib. VI , ch. 3.
r-i) Const: Poi piiyrogénèie, de Thmaiikti (i) Mancipiis locuplet, egel eris Çai^nde-
in Thcntale ^rmetimco. cum rex. (Horat., rp. I, 6, 39.) . . ,

(a) Slrab., XII, 546.

Digitized by Google
604 L*UN1V£RS.
oettt indiutrie se perpétue eueore dans fauts imaginables. Tertullien disiât,
lo pnys. pour exprimer le peu d'estime qu'il
Soiis de. pareils traits, on peut se avait pour le caractère de ces peuples :

faire une idée du })eu[)Ie cappadocien. Il V a trois CGC détestables, les Cap-

Dans lespremiers âges, pasteurs igno- padociens, les Ciliciens et les Crétois.
rants et a peu près barbares, vivant On leur reconnaît encore d'autres vices,
dans des champs, où Ton ne trouve qui prouveraient qu*à rigiiorance les
pas une pierre pour bâiir, ou dans des Cappadociens joignaient aussi la ruse;
vallées resserroea par des roebes ten- c'était surtout chez eux qu'on trouvait
dres de nature volcanique; les uns les gens les plus habiles à rendre UB
nomades sous des tentes, vêtus du ci- faux leinoign.ige. On se rappelle à
lioe de laine, qui fait encore, suus le cette occasiou l'épigranime de Mar-
Dom de haba, runi(|ue vêtement des tial (0:
Cappadnciens de nos jours. Les au- En un mot, aucun peuple de l'Asie
tres, abrités d'abord dans des cavités n'a éprouve davantage la verve satiri-
naturelles, ont été portés a les agran- que aes Romains et des Grec£, qui ac-
dir et à les régufariser. C*est rorî- cusaient les Cappadociens de tous les
gÎDc des habitations qui se présen- viœs engendrés par la stupidité et l'i-
tent innombrables aux yeux des voya- gnorance. Cependant , dans les annales
geurs. A mesure que la famille s aus- de cette natiou que l'on regardait
mentait, on creusait UDa nouvelle comme la dernière entre les peuples
chambre, et peu à peu les rochers se asiatioues, loin de trouver quelque
sont trouves percés comme des ruches trait cle férocité, on la voit toujours se

d'abeilles. On a aussi voulu trouver soumettre avec résignation à ses maîtres


place pour la demeure des morts, et divers, et lorsoue, par un capriee di-
cette matière volcanique, ces tufs non- f;ne
de Rome, le sénat veut lui donner
ceux, qui reçoivent si facilement em-I y liberté, elle envoie bien luimbleineut
preinte du ciseau, ont été taillés en sé- prier qu'on lui reprenne un bien dont
pulcres, en sarcophages ou en colum- elle ue saurait que faire, et redemande
haria, selon le nte ou la richesse du le gouvernement monarchique qui la

défunt. Car parmi ces pasteurs, comme régissait depuis des siècles. Avec un
chez les Arabes de nos jours, on en pareil peuple, l'histoire de l'art i^sl une
voyait qui avaient amassé de grands scicuce incertaine, car pour lui tous les
biens : témoin ce Pampalos qui possé> siècles se ressemblent, et tout en se
dait une riche villa près de Tyane. Mais creusant des tanières impérissables, il
l'habitude si répandue de demeurer n'a jamnis songé à écrire nne ligne .sur
dans les rochers ne ût pas naître chez ses murailles, pour quese& descendauts
les Cappadociens le goût d'orner leurs puissent avoir au moins une idée quel-
habitations. ?<ous avons vu sur les conque de langue qu'il partait. Notis
la
bords de l'Halys des grottes formant de savons seulement qu'elle étnit peu ré-
véritables villages; on y trouve des ci- pandue, et que le cappadocien jWir
ternes et des cheminées. Tous les en- n'était parlé que dans certains dis*
virODsde Césarée,de Nazianze, de Soan- tricts.
dus, de Nyssa, offrent des myriades de Le grand nombre de langues qui se
tombeaux, d'habitations, et même de parlaient dans Pont et la CappaHoce,
le

chapelles, c^r la Cappadoce chrétienne prouve mieux que tous les raisona^
n*a pas abandonné cet usage de creuser ments, que ces provinces furent peu-
des grottes. Mais nulle part jf n'ai plées, comme celles de la partie occi-
trouve les rudiments d'un art (juelcon- dentale, par des tribus d'origines dil-
que, ou même le sentiment de ct;t insr fereutes ; les princes même ignoraient
onet si naturel qu'on appelle la sym^ tant de dialectes divers, et Lucien nous
trie, et qui flatte également Tenfant et a conservé un trait qui peint teèsrbm
le sauvage. Ans<;i les Romains policés,
les Grecs élégants, ont-ils toujours (i)Vipera Cap^iadocem uocilura luomor'
traité le Cappadocien avec un profond
mépris, et lui ont-ils prêté tous les dé* Gusttio penit MngNine Cippiéocif.

Olgitized by Coogle
ASIE ÀUfiEURË. 60â

pas un monu-
de langues qui existait découvre pas une
ville,
la coiil'usioii
ment qui aide à rétablir qiielque fait
dans ce paya. Un roi dea environs du
nouveau relatif au gouvernement de
Pont Euxio, assistant à une représen-
cette contrée.
tation (le pantomimes, disait à Keron
Les premiers princes qui régnèrent,
qu'il desirait prendre un de eesacteura
ou pluiot qui exercèrent un pouvoir
pour interprète, afin de pouvoir enire- recui enl leur autorité des
souverain
tenfr commerce avec ses voisins, qui ,

rois de Perse, qui les établirent sous le


perlaient plusieurs langues ditïerentes.
nom satrapes. Cyrus, pour récom-
de
Le grand Milliridale, au contraire, fa-
penser les conjurés qui avaient tué le
miliarisé dès son enfonce avec tous ces
faux Smerdis, les éleva à la plus liante
idiomes asiatiques, dut plus iVim de ses
la facilite qu'il avait de parler fortune; Anapha reçut le gouverne-
succès à
duus leur propre langue a la plupart ment de la Cappadoce , et ce pouvoir
parait être resté héréditaire dans sa fa-
des peuples qu*il réunissait aous sa
mille jus<iu'au moment où Alexandre
loi. Il connaissait viuRt-quatre idiomes.
Non-seulement il ne reste aucun ves- s'empara de l'Asie Mimure (I).
tige de la langue cappadocienne sur les
Noua n'avons aucun document qui
nous fasse conn aître en quel lieu les
mouuments tumnlaircsque l*on compte
satrapes faisaient leur résidence; il est
par milliers, mais les inscriptions grec-
a croire que, comme le roi de Pont, ils
qiifs sont excessivement rares; il sem-
ble que les princes et les arlisles aient
menaient une vie presque errante, de-
meurant dans les nombreux cbAl» aux
regardé un semblable soin comme inu*
qui couronnaient les sommets des ro-
tile ehes un peuple ignorant et li demi
chers, se livraient à l'exercice de la
sauvage.
chasse dans des parcs immenses, qui
furent de tout temps un des grands
CHAPITRE IV.
luxes et en même temps le plaisir le
«

plus constant des seigneurs orientaux.


SOia BB CAPPADOCB. Tout ce que nous pouvons discerner de
cette époque, à travers les nuages de
•Les rois de (Uippndoce ont cepen- l'antiquité nous montre ces princes
,

dant joué un rôle, -sinon brillant, du vivant dans des habitations qui seraient
moins assez actif sois les successeurs plutôt a nos veux des tentes fixes, c'est-
d'Alexandre et pendant la guerre de a-dire des kiosques ouverts de toutes
Mithridate C'est aux rapports cons- parts etdëtendu^ seiileineiil de l'ardeur
tants (le ce prince avec ce pays qu'ils du soleil par des bosauels loulïus. C'est
doivent leur plus grande illustration. ainsi que vil encore le roi de Perse, et
Les alliances contractées avec les rols les pachas de PAsie Mineure regar-
de Syrie, de lîitln me et de rer^mme, dent comme une cruelle sujétion, l'o-
ont fait paraître plusieurs princes cap- bligation de passer quelï^ues^ mois
padociens sur la scène politique, mais dans des maisons closes, à I abri de la
ordinairement au second plan, et se neige.
présentant presque toujours comme des On ignore complètement l'époque de
embarras pour leurs alliés, qui se virent, la tbndalion de Ma/.aca, qui devint la
dans plus d une circonstance, réduits à capitale de la contrée. Quelques au-
teurs croient retrouver dans ce mot un
regretter une amitié onéreuse.
On a lieu de s'étonner que Stral'on, souvenir du culte de la déesse de O
qui mentionne plusieurs membres de mana; d'antres, se fondant sur les chro-
sa famille comme ayant pris une part niques arméniennes, prétendent que

Elus ou moioa directe


aux affaires pu- cette ville ftit fondée par un roi d'Ar-
liques, soit si laconique sur un pays ménie nommé Mazacb. 11 est a croire
qui l'avait vu naître. Tout ce que nous que les rois du nom d'Arinrnthe choi-
savons sur les rois de Cappadoce se sirent celte ville pour leur résidence or-
trouve mêlé & Thiatoire des successeurs
Mem. M:r la CappadoC€t
d* Alexandre ou des guerres de INIithri- (i) Krérel ,

Mém.de fAcaiitmitt XIX, p. 4-


date; mais^ en parcourant iepays, on ne
I.

Digitized by Google
L^UNIVEAS.
dinaire; mais l'un d'eux eut aussi une que ces moutons aient été trauspuru s
demeare de plaisance dans lile d*É- en Cappadoce par les Musulmans, car
loeussa (1), non loindt» Séleucie. les Seldjoukides arrivant en Asie Mi-
Le premier prince du nom d'Ariara- neure vènnient de la Baclriane et du
tbe fournit un cuniingent de troupes sud de la mer Cas,>ienue. C'est sans
au roi de Perse et raccompagna dans
, doute à eux que l'on doit l*introdOGtioii
son expédition d'Rgypte ; de retour du bnfll'' en Asie Mineure; mais il est
dans son gouvernement, il termina plus naturel de penser qu'ils n'ont fait
tranquillement sa vie, et laissa le pou- qu'entretenir la race die moutons qu
voir à son fila. L'invasion d'Alexandre ont trouvé à l*0Qest de l'Euphrate. Cette
en Asie ne se fit point sentir d.ms ses dernière race est répandue en Perse
États, qui se trouvaient loin du théâtre mais n'existe pas en Kiiypte; on peut
de la guerre ; mais ia chute de Darius regarder les moutons de Perse comme
entraîna celle de tous les princes qui les descendants de ceux que les Cappa-
étaient ses iributnires sinon ses lieu-
, doriens envoyaient au grand roi dans :

tenants, car ils payaient à la Perse des tous les cas, la contradiction n'en est pas
impôts de différente nature. Indépen- u)oins réelle dans le texte de Straboo.
damment d'un faible tribut en argent, Jusqu'à la mort d'Alexandre, Aria-
la C'ïpfiadoce fournissait chaque année ratbe II resta trnnaudie possesseur de
au roi de Perse quinze cents chevaux, la province; mais il se vit bientôt me-
deux mille mulets et cinquante mille nacé par les successeurs de ce prince,
moutons (2). qui préludaient au partage de ses Étata,
Strabon , qui pourtant connaissait et convoitèrent la Cappadoce comme
bien le pays (3), avait dit que la Capp.i- une portion l'empire du prand roi.
rie

doce manquait de laine. Cette contra- Obligé de résister à Perdiccas , qui ve-
diction paratteneortplus grandequand nait à la tête d'une armée nomnreuse
on parcourt le pays, [.es moutons de réclamer au nom d'Kumène le pays qui
Cappadoce sont aujourd'hui renommés lui était échu, Ariarathe n'hoita pas à
dans toute l'Asie; cette race est carac- accepter la bataille. Vaincu et prison-
térisée par uns queue énorme, qui est nier, il fut mis à mort avec les prinei-
comme un appendice de toute la peau Ftaux de la nation. Son fils, (|ui portait
du dos qui forme un vohnne de
, et I'même nom, s'était sauve en Arnié-
graisse de six kilogrammes et quelque- nie, où il attendit l'occasion de repren-
fois davantage. Or ce mouton est orî- dre le pouvoir.
Sinaire d' A rîibie les moutons d'Ara-
: Le roi d'Arménie Ardoate, qui régnait
l)ie.dit H«'r()(lote(4), portent une queue sans doute au même titre que les rois
qui un pas moins de trois coudées de de Cappadoce , puisque la .Medie tout
long ; les bergers les placent sur des entière avait été, ainsi que l'Arménie,
p< tits chariots eu bois. Cet usage est réduite sous la puissance des Perses,
enc/Ore dans quelques trou-
prati(|ué craignant pour lui-mcme le sort des
peaux puur des moutons d'une belle rinces ses voisins, aida le prince exilé
venue, i*en ai souvent observé aux en- rentrer dans ses États. Perdiccas étant
vi rons de Konieh.rïe sernil-il pas éton- mort, les autres «zéiiéraux faisaient la
nant (ju'nprès les rapports constants guerre en Syrie; il n'eut pour ennemi
qui unt exisle entre la Syrie et la Cap- a combattre qu'An)yntas, général des
padoce, les Kabîtants de ce pays , qoi Macédoniens, dont 'il demeura vain-
faisaient consister les principales ri- queur. Mais pour ne pas rallumer des
chesses en troupeaux, en^^sent négligé guerres continuelles avec les princes
une branche aussi importante de re- grecs, le roi de Cappadoce fit alliance
venu? On ne pevt guère soupçonner avec Antiocbus Theot, roi de Syrie ; al-
liance qui se resserra par la suite , lors-
que Ariainnes. fils et successeur d'Aria-
i) Slral>on, X1V,67S. rathe, maria son iils a Stratonice, fille
9) .Stralion. XI, 5%S. du roi.
(3) yny. plus liant. La politique d'Ariarathe 111 avait as-
(4) Slrabon, XII, 540. suré à la Cappadoce de longues années

Digitized by Google
À8Œ umxjhJL
àt tranquillité car, pendant les deux
,
grâce demandée d'une manière ${ hon-
tèffus suivants, c*est'à-dire ju8(|ii*à Ta- teuse.
vénement du prinre qu'on regarde C'est sans doute pendant cette pierre
comme le cinquième du nom. l'histoire qu'Antiochus assiégea la ville de So;m-
n'a conservé aucun tttit remarquable. aus, qui était une des places les plus
Depuis la mort de Perdiecas, il s*élait fortes de la Cappadoce, et la plus diffi-
écoulé cent vingt-cinq ans, |)endant leik cile à enlever par un siéçe en forme, la
quels la Cappndnec resta siationnaire. nature ayant lait les frais de toutes les
Les autres htals de l'Asie, la Bithyoie, fortiûcatioos; et la place étant assise
la Mysie et tous les gouvernements grecs sur le roe» il était impossible decieaser
t*étai» lit jetés avec ardeur dans la cul- un retraneli6Dent pour aborder les mu-
ture des lettres et des arts. C'était le railles : aussi le général eut-il recours
temps brillant de l'Asie Mineure. I.es à un stratagème qui nous a été conservé
temples brûlés par les Perses se rele- par Frontin (1). Antioehus ayant in-
vaient de toutes parts; et Aleiandre, vesti la citadelle deSoandus, s*cmpara
pour stimuler un si be^u zèle, prenait des bétes de sommr qui en étaient sor-
une part dirtTle à la renaissance de tant ties pour chercher les provisions et, ,

de chefs-d'œuvre. ISous avons vu ce que ayant lué les conducteurs, il lit revêtir
fbisalent les rois de Bithynie pour tenir de leurs habits ses propres soldats, qui,
leurs f.tats au niveau de la civilisation sous ce déguisement et à la suite de ces
nou\olle. Au coinfu^-ncerueut du second bétes do sonmie charpées, entrèrent
siècle avant Tere chrétienne, le royaume dans la citadelle en trompant les gardes,
de Pergame, à peine constitué, s*'élevait et la livrèrent è Antiodras. Cette ville
au rang des plus florissants, et ses princes offre encore d'imposantes ruines, dans
paraissaient nioins n'cbercher la gloire une vallée qui porte le nom de Soanli
des armes i|ue le titre de protecteurs dere. Mous nous y arrêterons en décri-
des lieaui«arts. Lps rois de Cappadoce, fant les places de la Cappadoce.
unis d*amitié avec tous ces monaroues, L*alliance dVXntiochus avec Eumène,
ne panisseiil donner aucune impulsion beau frère d' Ariarathe, avait éveillé des
au génie de leurs sujets, qui demeurent, soupirons dans le sénat. On envoya un
aux yeux des autres Asiatiques, connue commissaire chargé de faire sur Ku-
le type de la stupidité, nu'on ne pouvait mène une enquête qui n>eut aucun ré-
faire marcher que par le b.'^ton ( np- r sultat. Le sénat ayant envoyé l'année
padox rerheratus melior. Pendant que suivante T. Gracchus (2), il fut reçu
de toutes parts on réunit les chefs- par les deux rois d'une manière qui de-
d'œuvre de resprit humain, on transcrit vait lever toute espèce de doute sur leun
les ouvrages d'Aristote, d'Hippocrale et intentions. Mais il était chargé en m<'me
d'Hérodote pendant au'on restaure les
: temps d'examiner la conduite du roi de
temples d'Èphese et ae Magnésie, que Cappadoce, qui avait secouru Antio-
faisaient les Cappadociens? Ils s*eser- ehus. Une pareille démarche de la part
caient à supporter patiemment les du séoat ne troubla pas Tamitié que le
épreuves de In question pour servir, dans prince cappadocien affectait pour le
l'occasion, de taux témoins, sans que le peuiile romain; et, lorsque la guerre fut
métier leur pardt trop dur. Il ne faut déclarée entre le Pont et la Cappadoce,
pas croire que les princes donnassent de les Romains s'empressèrent d'envoyer
meilleurs exemples à leurs sujets. Aria- des secours à Ariarathe, car la rnonar»
rathe V, marié à la (ill»- d*Antiochus le chie qui. s'était établie sur les l)ords de
Grand, élève des enfants supposés, que la mer Noire commençait à porter om-
lui apporta sa femme stérile. brage au sénat. Avec ne pareils alliés,
Allié un moment avec son beau-père le roi de Cappadoce obtint des avan-
AnlifR-hus, dans sa lutte contre Rome, tages continuels sur le roi Pharoace, et
Ariarathe attend a peine que la victoire le força a demander la pai.\.
se soit déclarée pour les Romains; il Ariarathe mourut tranquille posaei-
en\oie à Rome des ambassadeurs pour
demander pardon, et consentit à paver t) Strniagèmes, liv. III, clup. S,
une somme énorme pour obtenir lioe (a) A. C 164.

Digitized by Google
508 L'IIMVERS.
seiir de son loyaiiine, et eut jmur suc- devaient devenir la proie liu peuple ro-

(X'sseur un fils qui régna sous le nom main. Sa politique tut invariable ava-
(l*Ariarathe Philopator. Mais il ne snt tous les pnnoes asiatiqties : secourir le
pas conserver son royaume intact une : pluâ faible pour afiblUîr le plus puis-
intrigue du roi de Syrie Démt trius lui sant, telle ctni* la marche qui était sui-
suscita comme compétiteur Uolopherne, vie a l'égard des autres États. Il faut
qui réclama Tassistanee des Romains dire que les crimes de tout genre, ki
obtint le gouvernement d'une partie de agressions injustes dont chacun de ces
la (!:i()p;id(tce
, et l'uppriuia d'une ma- rois sf rendait coupable, donnaient au»
niera cruelle. Les liu-ns des hommes Romains le beau rôle, celui de protec-
les plus puissants lurent contii^qiiés, le teur de l'opprimé.
temple de Jupiter (sans doute celui oui Mitbridate Kupator, qui régnait alors
était près de Tynne: fui impitoyable- sur le royaume de Pont, pen-a (\w la
ment pille; et. pour mettre ses trésors mort dAriaratbe serait pour lui une oc-
à l'abri d'un revers, liolopherne les casion d'ajouter la (^appadoce a ses
oonGa , sous le sceau du serment , aux États. Sa sœur Laodiee avait en effet
habitants de Priène, qui refusèrent de épousé Ariarathe, et en avait eu deux
les remettre à Ariarathe vainqueur, enfants. T-,a régence arrivant naturelle-
uuoi(|ue ce prince eût réclamé le secours ment à la mère, d'après l'usage des Cap-
o*Attale pour rentrer dans tous ses padociens, Mithridate espérait que sa
biens. Ce prince était fils de Stratonice, sœur favoriserait ses desseins ultérieurs :

sœur du roi Ariarathe; une si étroite mais les événements trompèrent son at-
arente l'unissait d'intérêts avec le roi tente. Laodiee épousa Nicouiede, roi
e Canpndoce; il déclara la guerre à de Bithynie , qui envoya snr-le^mp
Holo[inerne, le chassa de ses l^tats, et des garnisons pour occuper lesdiâteaui
rétablit Ariarathe sur le tr*)ne. Quel- de la Cappadoce. C'était le moment le

3ues années nlus tard il eut nrcasion


, plus brillant du royaume de la Bithy-
e recevoir de son oncle un semblable nie; une partie de la Phrygie était sw»
service. Chassé de son royaume par mise à ses lois : les deux "compétiteurs.
Aristniiir-us, Attale, a r,on tour, implora Mithridate et Nicomède, se trouvèrent
le secours des Romains Ariaralbe prit donc en mesure de s'oppo.ser des forets
une part activ.e n cette guerre ety lut lue. égales. Mais l'ambition de Mithridate
Un de ses fils, le seul qui échappa à commençait à se développer, et son
la cruelle ambition de sa mère Laoaice, génie le poussait à réunir sous un même
rcL-na sous le nom d' Ariarathe VII. La sceptre, tous les royaumes de l'Asie Mi-
cnudiiite de son père lui mérita l'amilic neure, qui, trop faibles et trop jaloai
du p( nple romain. Grâce à ces puissants pour vivre séparément, tendaient tov
alliés, il n'ent rien î redouter de la ven* a un esclavage commun, lasouroissioB
jieanee de Laodiee, qui ne t.irda pas à à lapuissance de Rome.
recevoir le prix de ses forfaits. Les pro- Il se manifestait alors en Asie un
fait

vinces de QUcie et.de Lyraonle furent qui s'est renouvelé depuis dans tous Itf
ajoutées à la (^appadoce , et doublèrent Etats composés de peuples dVii^ines di-
ainsi son étendue et ses richesses. Mais verses cliaeun préféra le joug élrangera
:

ce royauuïe était constamment convoité la domination d'un de ses rivau.x. Mais


par les rois de Pergame, de Pont et de s'il eût été possible à un prince de l'Asie
Bithynie. Toute riiisioire de l'Asie, à Mineure de r^nir dans une seule maio
celte époque, n'est qu'tm tissu d'intri- tant d'éléments disparates, Mitbridate
pues ourdies par 1» s allies de la Cappa- était le seul qui pouvait accomplir ce pro-
doce, pour s'introduire dans son gou- jet héroïque. Les leujps n'étaient pasf**
vernement et acquérir des droits à la nus, et la monarchie d'Orient, abattue
couronne. par Alexandre, ne devait se relever qu^
Mithridate, comme le plus puissant sur les débris de l'empire romain, et a
et le plus voisin , pesa d'une manière lo faveur de dissensions non raoinSïiO'
• bien plus directe sur les destinées du lentes que celles qui éclataient à l*épo^*
pays dont le sort était déjà arrêté ; car, dont nous traçons le tableau.
au
en peu d'années, ces quatre royaumes Il n*avait pas manqué de prétextes

uiyiiizûd by Google
ASIE MINEUHfi.
roi de Pont pour eolorer sa rupture monarque riche et puissant, et qui, par
avec Nicomède. Le (ils de sa sœur, le son orgueil, continuait les rois de Perse.
jeune Ariarathe, s'était retiré dans le Il avait pris le titre de Chahin-Chak
Dord de Cappadoce. Milbridate le re-
la (roi des rois), se laissa facilement per-
plat^ sur trône de Mazaea ; mais ce
le suader que la Cappadoce n'était qu'une
]|*était que pour un temps, et bientôt province distraite de son royaume (1)
son désir d'être maître de la Cappadoce qu'il fallait rappeler à l'obéissance.
devenant plus impérieux que janinis, il Ariobarzaue avait été deux fois dé-
poignarda lui-même le fautôme de roi trôné, et s'était vu rappelé au pouvoir
qu'il avait tiré de sa retrailê. ITue telle par la protection des Romains , lorsque
action suscita dans 1p pays un soulève- Tigrane envahit son royaume. Jusque-là
ment universel. Les Cappadociens mon- les habitants avaient été comme les té-
trèrent enfin que le dà>espoir peut tenir moins de riustabilité de leur monarchie,
lieu de eourage, les lieutenants de Mi- car les rois étaient renversés presque
thridate furent chassés , et le frère du sans coup férir; mais Tinvasion de l'ar-
jeune roi fut établi sur le Xr^ne. Les mée arménienne fut pour eux le signal
Romains voyaient sans déplaisir ces pe- de malheurs sans nombre. Indépen-
tits États s*èpuiser par des ferres m- damment des tributs considérables qui
testines. Mithridate, aux prises avec la lurent exigés, Tigrane fit transporter
Bithynie et la Cappadoce, se sentait en- en Arménie une multitude de familles,
core cauable de résister à un autre en- et les habitants de Mazaca furent spé-
nemi. Chassé de nouveau de son trône, cialement destinés h aller peupler la
le ieune Ariarathe disparaît, et Nieo* nouvelle ville de Tigranocerte (3). Cesl
niède se trouve seul en présence de son ninsi qu'en ont toujours usé les vain-
redoutable rival. iMais, pendaut que la queurs asiatiques, sans que la différence
guerre se préparait, I^comède ne négli- des temps ait modifié des usages qui
((eaît pas Tintrifzue et la rase. Un enunt ravalent à nos yeux la dignitc de
inconnu fut présenté comme le succes- l'homme, en r.issiinilant ;iu bctail. <pie
seur légitime des deux Ircres infortunes ; le ca;trice du maître transfiorted un bout
et le roi de Bitliyuie appela les Ro- à l'autre de ses possessions.
mains pour prononcer sur le différend. Les princes uyzantins eu usèrent de
La reine Laodicc était allée à Rome même à l'égard de la population de cette
réclamer la royauté pour son lils sup- province lorsque Constantin Copro-
:

posé. Mais tant de peines et tant d'in- nyme eut démoli la ville de ÏNlalaiia, il
trigues u*eurent qu*un résultat négatif transporta àConstantinople les habitants
pour Nicomède. M ithridate reçut l'ordre arméniens et géorgiens Dans le moyen
de renoncer a la Cappadcx-e. Nicomède âne, les vainqueurs miisulnians, pour
eu fût également exclu, el les Romaius augmenter le nombre des habitants de
tentèrent vainement de oonstituer en ré* la capitale , réduit par la guerre et la
publique un État qui ne pouvait exister peste, transportèrent en bloc les habi-
comme monarchie. Les Capnadociens tants de la ville de Ak-Scraï l'ancienne
(

nV'cepterent pas roffre qui leur était Archehiïs), et lej> établirent dans h- quar-
teite, el leurs ambassadeurs allèrent à tier de Coostaotinople qui porte depuis
Rome montrer au sénat l'étrange spec- ce temps le nom de Ak^Seral. Les siè-
tacle d'un peuple qui refuse le don de la cles passent sur ces contrées, et les
liberté Cl). usages restent iuvariables. il n v a pas
C*est alors que le sénat élut Ariobar- de meilleur livre pour lire dans le passé
zane(2), prince d'originecappadocienne; que Tétude des habitants actuels : indus-
mais l'appui de Rome ne le mit pns à trie, commerce, usages, tout est sta-
l'abri d^s attaques réitérées de l'eunemi tionuaire. Si le roi Schah-Abbas trans-
le plus actif de la Cappadoce. Mithri- porte eu Perse la population de la ville
date avait acquis un jiouvel allié dans de Djoulfa pour peupler sa capitale, ne
la personne de Tigrane, roi d'Arménie,
(i) V(ty. rréicl, V#w, de l'Àettd. du
( t ; SlrdliUii, Xll, 54u. Insc.^ I. Xl\.
(«) JnsHu , lib. XXXYUI, cap. a. (a) Appicn, de BeU. Mitrhtdat.t cap. 67.

uiyiiizûd by Google
I

voyons-nous pas do nos jours dos mil* nain d*ap|irédor atoo oonnaiBsaiiee de
liera de Ciffltifes arméniettaes ftaivro les cause le génie de la nation , et le ja-
armées russes et aller peupler sur les gementau'il en porte ne dément nuni-
firootières de la Turquie, la ville de nement l'opinion dt!S autres écrivaius.
Geufuri, créée comme par enchantement En effet, de retour à Rome, comme il
à la Toix de feaupereur de Russie? parlait eoutre le omsul Casonins Cil-
ventius, il ne trouva pas d'autre ex-
CHAPITRE V. pression pour détinir la mine stupide
du consul, que de le comparer a cea
iHVtOSiiGB DB B<MIB. . Gsppadociens qu'il venait de voir de
près. « Vous le prendriez, disait-il,
Chaque fois ()ue les Romains rétablis- |>our un Cappadocien tiré d'un irou-
saient sur son trôue unroide Cappadoce, peau d*esclave^ qui est à vendre (1). •
ila lui 4kMuiaieiit, comme Ochede conso- Cicéron fait ailleurs un triste tsbieao de
lation, quelque province nouvelle. Ario- la pauvreté de la CapjNidoee (3) ; • Je
barzane avait fiii jusqu'à Rome, au mo- ne connais, dit-il, rien de plus dé-
ment de l'invasion de Tigrane. Pompée nué que ce royaume, rien de plus oau-
l'avait ramené daoa ses États, et lui ne que son roi. » En effet, la difl-
avait donné les deux Cillcies. Cette an- culté de se procurer du numéraire
nexion rendait presque à la Cappadot e était extrême les troupeaux si nom*
;

les iirontières qu'elle avait du temps des breux produisaient le bétail à vil
Perses. La guerre de Mitbridate éiuil prit r aussi l'impôt était*it loojmDi
terminée; LocuUus, eu prenant TiiE^ra- perça en nature. Lorsque Lucoliai
nocerte, avait rendu la liberté aux Cap- étnii en Cnppndoce, \m bœuf ne s'y vern
padocieus, qui purent rentrer dans leur dait qu une drachme (3), et un homme
pays. Mais ces événements n*8menflient> quatre drachmes. Voilà pourquoi les
pas la tranquillité. terrains les plus estimés étaient ctai
Ariob:ir7ane II ne fitquemontersur le qui pouvaient être mis en pâturages;
trône; il fut tué avant mémeque les Ro- et l'assiette des villes, leur silrete, la
mains pussent lui porter le moindre se- commodité des habitants, étaient sou*
cours; ils réunirent toute leur sollitnde mises à cette condition (4), Il est rnà
sur son fils, qui hérita du trône de son que les villes étaient rares, puisau'oD
père, grSce à la coopération active du gou- n'en comptait que deux dignes oe ce
vemeur delaCilieie, qui n'était autre que nom. Le resteétait ou des bourgades, ou
Cicéron. desehâteauXfVraisrepaimdebri^iMlii
Malgré toutes les épigrammes que
les historiens et les poètes ont lancées
'

qui donnaient beaucoup de pdoe


gouTerueurs romains,
m
'
contre les. Cappadociens, il n'en est pas
BMiins constant que le peuple romain BBLieiOH
lui a porté une amitié réelle, en recon»
naissance de la fidélité avec laquelle les I^es Cappadociens, mélange de peti-
rois et la nation avaient conservé leur plei» orientaux, et notamment d'Amie-
Bllianee (t). idens et de Svriens, avaient admis cbet
Pour obéir à la volonté du aénat. Ci* eni le culte de différents dieux venus
céron témoigna le plus vif intérêt au presque tous du dehors. Le culte du fea
roi Ariobarzone, et usa de son in* était pratiqué selon le rit des Mages;
fluence pour déjouer les complots tra- il ne paraît pas qu'il ait éprouvé auras

roéa contre lui, et grâce à ses soins, le changement depuis son introductisa
monarque conserta sa fie et récupéra chez les Cappadociens. On oh«:erveêa»
son trône (2). core, dans qut Iques provinces situées à
Les rapports fréquents qui s'éta* l'ouest l'Euphrate , de ces aociias
Mirent entre Qcéron et le peuple cap-
padoden, permirent à rillustre Ro* (i) Cic., Orn!., c. fi.

(a) y4<f Jtf , M). VI, t^pist.

(i) Slial»., Xil, 540, (i) PluUn li. in Liiciillo.

{%) Cie., e/Mf/. ao, lib. Y, ad Ait. (4) Straho», Xlf, 559.

Digitized by Google
ASLR MIMEUAE* 611

pyfém, fai aonl te apldt sins «m* Sébaste. Elle était appelée par les Ro-
nient, ayant au milieu un trou peu pro- mains Lunus, Agdistis, Cyuèle c'est
:

fond, dans lequel etnil entretenu le sans doute la même que TADaïtis des
l'eu sacré. Le plus beau de ces pyrees a Perses. La ville de Comana était la
été déeouvert en ^ptalagonie, près du plus célèbre de toute la Cappadoce ; et
village de Gorim par M. Eugène
,
si elle n'en était pas la capitale, c'est

Bure (i). C'est une enceinte partaite- que le pouvoir des pontifes ne pouvait
nieot circulaire, ayant dix mètres de pas se trouver effaœ par le voisinage
diamètrtB, ^
fori^e par des blocs énor* des rois. La population, quoique com-
mes de granit poli, superposés avec art posée de Cataoniens sujets du roi, était
et assemblés sans cimeut. Ce soubasse- toute dévouée au pontife qui, étant lui-
ment u'avait d'autre ornement qu'une même du sang royal, avait un pouvoir
ciselure creusée en forme d^anoeau presque souverain, et exerçait une in-
près du rebord supérieur. Le rentre de fluence majeure sur les affaires de l'État.
cette enceinte était occupé par un ca- Le pouvoir romain, prenant un ac-
veau voOté. Près de la ^t un obélisque croissement sans bornes, portait cer-
triaôgulairà en granit ; ce monolithe a tainement ombrage au pouvoir sacer-
nue longueur de dix mètres. dotal. Chez les Orientaux, tout ce qui
Quoique les habitants de la Cataonie tient au culte et au rit, a toujours
nVussent pas de villes proprement passé avant les intérêts de la politique ;
dites Jls possédaient un temple célèbre mais, dans les circonstances présentes,
dédié à l'Apollon Cataonien. Les sta- les pontifes marchaient avec l'intérêt
tues et les temples de ce dieu étaient du peuple cappadocien. Ils avaient >vu
multipliés dans la province (2); mais on les rois soumis sans murmurer à la
ne peut qu*établir des conjectures sur puissance de Rome. Ariobnrzane, mon*
te culte de cette divinité, qui avait été tant sur le trône avec r.i|)pui de Ci-
eortainement transporté dans la Cappa- céron, leur parut avoir ciejiuuillé com-
doce à une époque postérieure à rex- plètement l'indépeudance du pouvoir.
pulsion des Perses, car on sait que le Cétait pour le grand prêtre de Comana
magisme supportait avec peine le culte une circonstance favorable pour s'em-
des statues. Deux divinités du nom parer de la couronne. Comana, située
grec de Jupiter étaient également au centre des montagnes, sur le versant
Moréès. L*upe, nommée seulement par septentrional du Taurus, était défen-
les auteurs Jupiter (3) Dicius, paraît due par la nature encore plus que par le
avoir été principalement dans la ville fanatisme. On voit aujourd'hui ses rui-
de Tyana. Près de son temple était un nés dans le lieu nommé Chert kalé si,
lac qui , encore aujourd'hui, en mar- ausuddeEl Bostan,sur le fleuve Sarus,
que remplacement H jouit de In [iro- comme l'indique Strabon. Elle est à
priéte d'avoir un ecouk'ment souter- deux iou ruées sud -ouest de Césarée.
rain; de sorte qu'il n*est pas sujet aux C^est là que se trouvait le centre du
débordements. Le temple de Jupiter, parti qui voirait s*opposer à l'élection
élevé pnr les Vénasi en Moriméné, d'Ariobarzane. Cicéron, informé de ce
Jouissait de revenus considérables en qui se passait, et craignant que le pon-
terres et en argent. Il avait en outre un tife, qui commandait un corps de cava-
|>ersonnel nombreux : aussi le pontife, lerie et une infanterie nomnreuse, ne
qui était nommé à vie, jouissait d'un vouiflt tenter le sort des armes, le dé-
pouvoir incontesté dans toute la pro- cida à se retirer et à laisser Ariobar-
Tince; mais il était intérieur à celui du zane paisible possesseurdu trône. Tran-
^mple de Bellone à Comtna. Cette di- quille du cdté des Romains, le roi de
vinité avait, s iu': îe nom de Men ou de Capp idoee voyait, sans potivoir s'y op-
Mâ, un autre temple dans la ville de poser, le roi de -Pont faire des incur-
sions dans ses États, lever des tributs,
(i) Foy, Bug. Boré, CwrespoMUmce, 1. 1, et ravager les campagnes.
p. afil.
(a) Sirabon. XII, 536.

(3) An. Mareellin, liv. XXIII, 19.

Digitized by Google
513 L'UNIVERS.
CHAPITRE VI. mentionné cet acte de l'autorité su* I

préme de César, Hirtius ajoute : « Cum


LA GAPPADOCE SOUS l'emPIBE « propius Pontuin fmesque Gallo-
BOHAIN. > grsBciœ accessisset; comme il appro-
« chait du royaume de Pont et dw
César, venant de terminer la mierrc ' frontières de la Galatie.... » Ce n'é-
d'Alexandrie (1), était venu eu Ciliciu taitdonc pas dans le temple de la se-
où il aTalt tenu les états. Cette pro- conde Comana qu'il était allé. D'ail-
vince étant pacifiée et orcanisée, César leurs la situation de cette ville est à pio-
avait pensé à venger la défaite de Do- sieurs journées à l'est de Zéla, près de
milius Calvinus et à faire rentrer Jaquelle César livra la bataille a Pliar-
sous rautorité du peuple romain les nace; et, après la victoire, ayant aban-
provinces que Pliarnace avait conqui- donné à ses troupes les trésors de ce
ses. Il elait pDrti d'Alexandrie nu prin- prince, il partît le lendemain pourTI-'
leaips de l'an 707 de Home, 47 av. Je- talie.
suS'Christ. Avant appris qu'un dif- Toute cette narration est très-claire.
férend s'était élevé entre Ariobarzaneet La topographie de ces lieux, mainte*
son frère Ariaratiie, et voulant main- nant liien connue, est tout à fait d'ac-
tenir au pouvoir ces deux princes qui cord avec les faits rapportés par I'Ims-
avaient bien mérité delà République, il torien. 11 en resuite que Lycomède lut
assura au premier le trône qu'il occu- nommé grand prêtre de Bellone, saos
pait, et, afin qu'Ariarallie. qui était son doute à la place de cet Arehelaùs (^ui
héritier, ne (ùt pas tente de lui susciter avait fomenté une sédition contre Ano-
des embarras, il le mit dans la dépen- barxane.
dance absolue de son frère. César avait Strabon, qui s'est contenté de dire
séjourné deux jours à Mazaca pour ré- quelques mots du templede Comana CB
gler celte alKiirc. Il avait voulu faire Cappadoce (1), est beaucoup plus ex-
une visite a 1 ancien et vénérable tem- plicite touchant celui du royaume de
ple de Bellone, qui est à Comana en Pont ; il nomme
plusieurs des pon-
( rippadoce (ce sont les termes propres tifes entre autres cet Archelaiis, delt
i

du tt'xie;. Ici nous allons rencontrer une f ittiille (les r< is, auquel il donne pour
contradiction , ({ui ne peut s'expliquer successeur ce iiièiiie Lycomede, qui
aussi facilement ^u'on l^a cru (3). a été place par César en (Cappadoce.
César, arrivé à Comana, investit du Les auteurs de la traduction fm- 1

titre de grand pontife, Lycoinedt'. Bi- caise ont cru expliquer c^lte contra-
|

thyuien, qui était originaire de Cappa- diction, en disant (|up l'on donnait in-
doce, et issu du sang des rois. Ou ue distinctemeûl a oe> deux temples le nom
saurait douter que cet événement n'ait eu de Comana de Cappadoce, parce
lieu dans le teniplc de Comana de Cap- qu'ils étalent construits sur le même
f>adoce, et non dans celui de Pont; car modèle, ou parce que le rovauine de
e premier de ces temples est à deux Pont n'était qu'un démembrement de
journées de caravane sud-est de Ma- la Cappadoce. Mais à l'époque dont il
zaca, et sur la route de Cilicieen Cap- est ici question, ces deux États étaient
padoce. Qiit' César soit revenu sur ses non-seulement séparés, mais encori'
pas pour aller de Mazaca au temple, ennemis, puisque les incursions de Pliar-
ou qu'il ait réglé cette affaire en arri- nace eu Cappadoce ont motivé la vi'
vant dans la capitale, c'est un point qui goureuse diversion de César.
est peu important. Mais il est certain On doit ajouter, néanmoins, que les
âue ce Lycomède exerçait la préinse quatre grands temples de ces pavs, ce-
e Bellone en Cappadoce et non dans lui de Comaua de Cappadoce, de Ju-
le royaume de Pont; car, après avoir piter des Venaci , de IVf eo-Phamsk à
Cabyra, et enfin de Comana de Fout,
(r) Hii t., /ifU. AUx.f in fine. étaient entourés d'un territoire com-
(a) Id., ,h il. plciemeut indépeodaut, qui venait en-
(3) f 'oy. Xllf-p. 66, de lalraducliun
liv.

f nùiçaiM de Sirabon. (t) Liv. XII, S3S.

. kju,^ jd by Google
ASIE MlTiEURE.
tort d'être étendu de cinq lieues (qua- Orient, ne se montra pas moins hostile
tre schœnes) par César. Dans tous ces au prince Ariarathe X, successeur dé-
temples, les cérémonies différaient peu signé rar César. Le triumvir accueillit
Im mm ta mInb. La prineipale fête las prétentions du flia niné d*un grand
consistait en une procession à laquelle prêtre du nom d'Archelaûs. Il se voyait
participaient des adorateurs venus de d'autant mieux placé pour faire valoir
toutes Ica caïupagnes environnantes. les droits de son fils, qu'il était pctit-
Kn parlaol da l'un at Tanin temnle, IHs d'un autre Arebelaiis qui, ayant
les aulanrs anoans n'onUint paa d'a- abandonné le parti de Mithndate pour
jouter que le pouvoir du souverain se réunir au consul Miirxna, avait li-
pontife ne le cédait qu'à celui du roi, vre aux Romains la ville de Comana (1).
lans jamais mettre en fiaraUèla laa pou» La fils de ee pontife, ponant aussi le
voira des deux grands prÉtias da cfaap nom d*Arehelaus, avait épousé Béré-
que temple. Four expliquer cette con- nice, reine d'Égypte (2); i! reçut de
tradictiou du texte latin et du texte Pompée rinvestitîire du pontificat de
grec, je crois qu'il n*y a qu'un moy^, Comana, qu'il laissa en héritage à son
c'est d'admettre que le culte de «alla filsdu même nom que loi, et qui était
divinité persique, adorée en Cappa- père de Sisinna, le compétiteur d'Aria-
doce dans deux temples dilterents, n'é- rathe, et d'un autre prince du nom
tait r^i que par un pontife suprême, d'Ardielaiis. Sisinua, par ses ancêtres,
KN» rautorité duquel était placé la sa vofait donc allié à tout le parti ro-
f;ouvernement de toutes les affaires re- main; et l'inimitié de Marc-Antoine
iffieuses. Nous allons voir sous le rè- contre Ariarathe lui assurait la faveur
gne suivant Arclielaùs, qui est cité par du triumvir. Aussi lorsque, selon Tu-
âtrabon comme un grand prêtre du aage, le différend entre les deux prin-
temple de Pont (1), renouveler ses in- ces fut porté devant le tribunal des Ro-
trigues contre Ariarathe, pour fairt' ar- mains, Marc-Antoine n'hésita pas à dé-
river au trône son ûls Sisinua , et jouir pouiller Ariarathe, pour mettre sur le
du succès de son enlrepriaa; toutea eba- trdne Sisinna. Mais le roi reconquit le
.ses qui n'étaient possibles qu'à un prince pouN-oir, et fut plus tard définitive-
qu avait son centre d'action dans la Gap-
i ment détrôné par Marc-Antoine, qui
padoce. mit sur le trône Archelaùs, second fils
César, non content d*afoir aanré In du grand prêtre.
pouvoir à son protégé, ajouta à ses Le règne d'Archelaûs, le dernier des
États une partie de la Cilicie et de rois de Cappadoee, fut aussi un des plus
l'Arménie. Néanmoins cette dernière longs de cette monarchie. Recormais*
proTÎnoe ne fiit jamais eomplétement aanl enveia Mare-Antoine, il lui envova
incorporée. Les rois d'Arménie, réta- un eorps d'armée pour la guerre on
blis sur le trône par Tibère, récupé- triumvirat, mais sut. en même temps,
rèrent cette partie de leurs États, lors- se concilier l'amitié d'Auguste, qui aug-
que la Cappadoee fot réduite en pro- menta encore les anneies ajoutées psr
inca; et, dans la plupart ta villes an- César. Archelaiis obtint le gouverne-
ciennes, on voit encore des cliAteaux ment de toute la petite Arménie et de
portant de nombreuses inscriptions en la Cilicie jusqu'à la mer (S). Arcbdaus
langue arménienne, tandis que la Cap- établit sa résidence dans llled'Elnussa,
padoee est absoluoient dépourvue de tout pendant que Tibère vifait retiré dans
monument enlanguecappadocienne. l'ile de Rhodes. Les honneurs qu'il ren-
Ariobarzane était resté fidèle à César dit à Caius César, nommé gouverneur
après la chute do dictateur. Il avait né- d'Orient, excitèrent la jalousie de Ti-
gligé du moins de faire acte d'adhésion bère, qui, arrivé au faîte du pouvoir.
au triumvirat. Aussi fut-il Iraité en en- Ht sentir su roi tout le poids de sa eo-
nemi par les conjurés; et Cassi us l'ayant
attaqué et vaincu, le lit mettre à mort. (i)Anpian., Bel/. Miihr.
Mare -Antoine, tout • puissant en («)iNoa, l'ib. xxxnr.
(3) Sue!., m Tih., c. TOT. Slrabon, Ub.
(i)Xir, 558. XTV. 671; X.II. 556.

Si* Uvraiton, (Aau BfniBUBE.) T. II. m


614

)ère Appelé à Rome pour y répondnià é tant de temples, avait publié un dé-
(les accusations imaginarres, il espérait cret pour qu'il fiU aboli. I^es temples
encore trouver uu appui dans la mère de Diane persique, qui jouissaient par-
de remperear, lifia, qui taii ««ail éoril HenHèreaMBlide ee -pimlége dans toute
pour rappeler eu Italfe ; mais Paocueil ITiAaie, réclamèrent' vivement et s'ap*
qu'il reçut de Tibère le glaça de terreur. puyèrentsur l'antiquité de leurs droit*;.
Accablé de vieillesse et d'iîifirmités , «t Les prêtres deiliéro-Césarée prouvèrent
ne pouvant pas supporter le ttiitem et ms'ils tes tenaient de la munificence de
ignominieiiiqui lui était infligé, il passa GfMiKl). QuelqÙMDffagnèrent leur
pour avoir perdu Tesprit, et mourut de cause; mais f> est à croire que le plus
cbagriu , sana avoir pu apaiser Tibère, grand nombre la perdit; car on n en-
li avait légné cinquante ans; se mort tend plus parler de cette puissance sacer-
eut lieu Tan de Jésus-Christ 17. doAalêiqueKMiiJaileai quifit quelques
Ce fut la dernière scène du drame vaines tentatives pour la ressusciter.
que les Romaius jouèrent tour a tour Sous ^éron, l'an 60 de Jésus-Christ,
avec tous les princes asiatiques. Les es- l'avidité des traitants était poussée aux
firits étaient suffisamment prépaeis » ei émMh eteàs : aussi les' misères (2) du

es populations habituées, à regarder peuple le portèrent à se jeter avec en-


avec terreur cette puissance qui faisait thousiasme dans les bras des apôtres
mouvoiCt d*un bout à l'autre du monde, d'une religion nouvelle. Saint Paul était
leurs ..monarques absolus. Tibère tt débaïqué à Tnrse; Il était entré len Ly-
rendre un décret par le sénat, par le- caonie prêchant le christianisme aui
,

âuel la Cappadoce rut déclarée promiee Juifs nombreux qtie les guerres de Pa-
e Tempire romain ; et, pour apaiser 1« lestine avaient dispersés jusque dans
petit nombre de^pleiiitae qiiii.e«eaieBt edi emMes, où-Hravaleait trinivé quel-
pu s'élever contre cet acte politique, on queMiS^de leurs coreligionnaires, trans-
déclara que dt'.sormais l'impôt du cen- portés depuis des siècles à la suite de la
tième payé au rui serait réduit de moitié. dispersion. Les rois d'Arménie se di-
GennaDiousv qui ««Mit ét t«mi*er saichi' devMiftetitB dt*eés inêneB fa*
la guerre d'Arménie, et qui avait de milles. Un ppys , qui avait vu tant de
pleins pouvoirs pour orgnniser les pro- cultes divers, était tolérant pour une
vinces d'Orient, tut chargé de l'eiéotti autre croyance. Le christianisme s'éta*'
tioa du décret. Cest peuie temps apidi MltawrapMité eBCappadoee.'ft fal*
qu'il mourut dans la ville deDe^né; lait le schisme des Ariens pour foire
Q. Veraniiis fut envoyé par Tibère en naître des troubles qui portèrent un ebup
qualité de ieg,at ou Upcaéevi?^ xou £«6«9^ déplorable à l'unité de l'Église.
toj». Il lémilt audemeine impérial tsef C^est à peu pr^ à éette époque rs)
les possessioes des roie. Ce mode d'ad- qu'il faut 'rapporter lai^éfenito da cà-
ministration subit quelques change- lendrier pour le faire concorder nvcc
ments ; car, Tan 31 de Jé8US>Christ , la le calendrier romain. Les Cappadociens
Cappadoce n'était plus gouvernée par tin. avaient une année propre qui différait
léyrt., mais par un simple iuieodlaBtOQ* de l'année solaire de.s Romains et de
procurator (1), officier plus fiscal qu« l'ennée lunaire des Grecs de l'Asie Mi-
politique. Les promesses de César s'é- neure, Elle se composait de douze mois
taient bientôt évanouies^ et le sort des de trente jours, et de ciu(| jours épago-
Cappdodens était deeem ése plneRii> mènes; la plupart des noms des mois
féranles. La plupart des paysans qui étaient communs à oes pédples et aux
travaillaient sur les terres royales Arméniens (À).
avaient été déclares serfs et susceptibles Corbulon lit de grands changi nients
d'être vendes «vee les biens domeBiaoi* dans radasiniktratleiidd pays; il sépafîi
Tout le régime sacerdotal se trouvait- de nMveau I* seconde Arménie, vés-
également ébranlé p ir la nouvelle ad-
ministration ; car le sénat , consider^uit (i) Taril., j4nnal., lll, fto-Cli/
eomme on abue le droit d'asile aocordé (a) Ticit., Jinnai, XIV, afi.*
• • »
(3) A. D. 70-80.
(i) Twii., ^m/ia/., vu, 40/ (4) Frèret,^tf/n., t. XIX.
II

Digitized by Google
ASB MUIMIE. ilft

pasieo, pour opposer une barrière aux iiueUes , plus misérabir de


le peuple le
meunioM des oarbaies» mit la provinoe touie 1* Asw MineuM , se livrèrent avee
sous l'autorité d'un «MBSulaire et y en» frénésie à ces recherche» sacrilèges où ,

voya plusieurs légions { 1) ; in.us elle fut. leur cupidité trouvait une ample satis-
pius tard , reoiiëe sous i aulorité d'uu faction. Quoiqu'ils s'adressassent prin-
fMàmi^ «fliV f«t»<CoDittii1tev M^voit efpalwmt mk
tonubtrai des pateng,
un Prsasm CoppiilMm én^VM «KEot saint Gri^goire de Nazianze vnullit met-
tjrchius. tre un frein à des dévastations qui s'é-
Valens, qui avait embrassé l'aria* tendaieDtjusqu'auxmonummts mêmes;
i^OM, vovlaiit déplacer f»luii0«nsiégw mais il ne paratt pas que ses paroles
épiscopaux pour les donner aux Ariens, aient été beaucoup écoutées. Le saint
fit une nouvelle démarcation, et forma, évoque s'en venpe pnr de nombreuses
comme dans l'origine,dei|x Cappa- epigrammes qui nous ont été conservées
éoemt énn métfoprttea't f» pi»* an nombre de plus de quatre-vingts;
mière ou TAncionne , qui eut Césarée elles' paraissent avoir été composées
pour capitale; etla seconde, celle du vers Tan 372 de J.-C. (1)
ïaums, qui eut pour capitale Tyaoa, La destruction d'un tombeau remar-
A foir de ai iwmb w»wpeqaes cher» qual^tiB éXcllia Mrttut la colère du pré-
9étéu^uverneiiieiil.spiiltiicldu pays, lat, et II lance <5ontre ses parefissiens

OD aérait tenté de penser qu'il jouis- Péfllgramnie sttivatite :


'

Mit ators d'une sorte de prospérité.'


On en comptait alors einouniie-eim].
Ma» un de ses plus célèbre* apo-
^ ,
^,„p t^^^.^, j^.
forl éh-vC* audpssu» des
^
Tiolatricp. Elmol ,

très, Grégoire de Nazianze. évoque Cippaîodia>> v«i>.^DycS ce


Mfc.inol,' Titarins das
de Sasimes, nous montre les Cappa- JSL^Sf****^*"*-
^f^-^'"
dociens comme abratis par Is^né*
sère et adonnés an trafic honteux de» *
Cette éplglfammc ait peuMtre le seul
dépouilles des morts. Dès que le papi- dornment apprenne Texis-
qui nous
nisme se fut éteint en Asie, et que les tence d'un monumënt uu peu remar-
paysans ne crai^rent plus ni les me- quable; cependant, il est h croire que
naoea des dieux infernaux, ni les ame»* la capitale a élé'bilfiée dis temples plus
de5 auxquelles étaient condamnés ceut ou nioin<: sonipttienx"/(^ar elle porte sur
qui violaient les sépultures, il se créa de Néocore. Sous
les mednilies le titre
une industrie qui ne manqua pas d'être les empereurs Pertinax, Septime-Sévère
productive dans les premiers temps.^ etles( AntnOinsV la Cappatlocé fut suc-
Chacune des innombrables grottes se- oessivement administrée par des propré-
pulcrales dont les rochers sont perforés leurs et des légats. On trouve dans les
contenait, avec les cendres du mort, inscriptions asiatiques un grand nombre
quelque offrande à la divioilé'protae'» de persoMmifres qui bnt été Investis de
tric^ de la tombe, et en mémo lampf ces mauistr.itnres diverses : souvent ils
des bijoux, des armes prérieiBCs, dépo- sont mentionnés ronlme ayant rempli
sés aux pieds des guerriers, oo oomme ces fonctions dans plusieurs proviuces;
dernières parures des femaoes. 11 parMl^ mais on ne dit pas si elles ont été exer
démontré que les bijoux de toilette que eées en même temps, ou si c'est parsuite
l'on retrouve avec les cendres étaient
.
dé nominations successives,
fabriqués exprés pour cet usage fx^ 0\\ voit à Éphcse une inscription qui
nèinre, mais qde œ nr'étaient pas cesK rhentionne nn proconsdl At Bithynie,
qui avaient servi an défirnt pendant sa de Pont et d Cappndoce. Une iuscrip

vie; il n'en était pas de même des armes, tiou fie l'île de ('os attribue ini seid <i

Peut-être même, dans ces c^ves sépul- citoyen Julius Qiiadratus, des cliari:es
,

craies, les fMiHlles cashaiCBteHes leitn brauconp plus nombl^cnses ; il était pro-
trésors, toujours menarés dnns ces consul de Grtte Ct de 'Cyrène, l^t
"' "
temps de troubles. Les C^appadoriens , ''

devenus, par suite des exactions conti- U) .Sainie-Croix, Mém. de tAcad,^ %• lér^
t n, 555. .

(i) Tnaquilhit in TapMimo, 8. (s) Greg. Nas., i9^.t €SVlIj Y»> '48.

M.

Digitized by Gc)
416 UUlflVEES.
impérial de la profinee de
(licotpxtfa^) pKqoer une pareille singularité. La ré*
Cappndoce, légat et lieutenant ffénérai ponse qu'il me fit montre combien,
de Lycie et de Pamphilie , légat ou Pont chez ces Orientaux, l'esprit est toujours
et de Bithynie. Ce mode d'administra- disposé à saisir le c6té romanesaue et
tioD paratt avoir subsisté pendant tout merveilleux des feits. « Lorsque les in»
le temps de l'empire. Othon. en 69, se fidèles ont fait une irruption dans ces
propose, il est vrai, de le modifier ; mais pays qui étaient autrefois chrétiens, me
il De paratt pas qu'il ait donné suite à dit-il , voulant abolir la pratique de la
ea prâjetCl). religioneliiéliemie,iboot compris q[u'U
fallait commencer par rendre impossible
CHAPITRË Vil. l'usage de la langue grecque , qui était
le moyen par lequel tous les cnrétieoi
ieNB DK eORSTANTIlf. communiquaient entre eux. Par ordm
du roi de Perse on coupa la langue à
Sous le règne de Constantin, la Can- tous les enfants ; une génération entière
padoce avait été réunie au diocèse ae fut muette; la génération suivante ne
Pont; aon Église avait cependant con- parla plus que la langue des infidèles.
servé sa primauté, et le christianisme Notre petit village échappa par miracle
s'étendit avec tant de rapidité que, sous à proscription générale ; il fut peut-
la
Valens, en 36G, elle comptait cinquante être oublié : voilà pourquoi vous nous
évêcbés, et, parmi ses évéques, les trois retrouvez tous Ici parlant la langne de
Sréiats les plus célèbres de toute l'Asie, nos pères. »

aint Grégoire Thaumaturge était natif Quelque incroyable que soit cette
de Cappadoce; il vécut dans la seconde histoire, elle n'en conserve pas moins
moitié do troiiMmo tiède Le commen- la tradition d*une persécution exercée
cement du Quatrième siècle vit fleurir par les infidèles sur les chrétiens. Tant
une famille ae saints dont la renommée d'invasions eurent lieu pendant la lon-
est arrivée jusqu'à nous, à travers de gue chute de l'empire d'Orient , ^u'il
telles révolutions, que Thistoire de cette serait diffldle de dire h laquelle le vieux
époque n'est plus qu'un chaos inextri- prêtre voulait faire allusion; mais il est
cable. Saint Basile, évéque de Césarée, naturel de penser que les plus cruelirt
sainte Macrine sa sœur, et saintGrégoire persécutions qu'éprouvèreut les chré-
de Nysse, ont porté au plus haut degré tiens d*Orient tinrent de la part dss
la gloire du christianisme, et depuis eux Perses. Ce n'était pas seulement contre
il n'a fait que déchoir dans ce pays. les chrétiens ou'iis nourrissaient une
Sainte Macrine avait fondé un couvent haine implacable : toutes les religions
de
de qui fut ruiné par Sapor. Rlle
filles, rOoMent étaient pour les mages l'ob-
prêcha dans toute la Cappadoce, et son jet d'une exécration que le mahomé-
tombeau est encore pour les Grecs un tisme a héritée et nourrit encore, quoi-
lieu de pèlerinage. Il est placé dans le que d'une manière moins apparente.
chœur «Tune petite église du villa^ de Kn 844, Sapor ordonna une persécution
Melehuiti, dans la partie la plus déserte qui amena un soulèvement général des
delà province. T/Cs Grecs ne conservent chrétiens. Les chroniques arménien-
aucun souvenir, aucune tradition de nes nous apprennent que le roi finit
(I)
Taneien nom de oet endroit; mais oo cependant par accorder aux chrétiens
y observe une particularité très-cu- une trêve, moyennant un tribut gui fut
rieuse , c'est que les habitnnts p-ec^ ont religieusement payé par les Arméniens
conservé l'usage de leur langue mater- et les Grecs. Mais ce n'éuit pas seule-
nelle, tandis que dans tout le reste de meot contre les Perses qoa les cbréiiHM
la province leurs coreligionnaires Pont avaient à défendre leur toi. L'empereur
complètement oubliée, età peineest-elie Julien, prenant dans tout l'empire des
cultivée par le clergé. mesures énergiques pour ressusciter le
Je demtndaii au prétra gardien du culte dea dieux de Rome, afsât ftit s«-
tombean de la aainta ail pourrait ea-
(0 Voy. Sottlèvfmtnt H* e/trménitàfé'
(l)Tiàt^ir«#(., I» 18. fieime, iii-S"» 1844.

Digitized by Gc)
ASIE MINEUIIE 617

tiraux habitants de Césarée le poids de UiAPlTRE Viil.


sa colère, de sorte aue les chrétiens
persécutés tantôt par les mages, tantdl scaiMB B'ABUm.
par les pontifes , sévirent forcés d'a-
bandonner leurs »'g:Hses, dont les mo- Voilà les chrétiens dont les évéques
destes richesses devenaient la proie du ont laissé, dans l'histoire de l'Église,
fisc. C'est à cette époque, c'est-à-dire une renommée immortelle. Gr^oire
dans la période du troisième an cin- de Nasianse, évéque de Sasimes, ne
quième siècle, qu'il faut faire remonter gouvernait pas un diocèse plus opulent.
rexécution (le ces innoiiibrobleschapelles JjË bourg de Sasimes est aujourd'hui
creusées dans le roc, uue les chrétiens inconnu; mais eélui de Nazianie, dont
fondèrent dans les vallées les plus saii* les vestiges se retrouvent au village de
vages et les plus ignorées de la Cappa- Viran cheher, nous montre quelle était
doce. Tes districts entiers ravagés par l'humble position de ces premiers évé-
les feux souterrains, n'offrant pas un ques , qui marchaient sur les traces du
arbre pour abriter contre les rayons du premier des apôtres. Le schisme d'A-
soleil, des sources chétives sort^uit d'un rius vient en 366 troubler encore ce
rocher volcanique et taries dès (|uc les
, troupeau de li.ièles, qui commençaient
ardeurs de l'été se faisaient sentir, voilà à respirer. L'empereur Valens, irrité de
les Itenx qui étaient abandonnés à la ne pouvoir convertir le pieux évéque de
piété des ndèlcs, et l'on peut se faire Césarée, et métropolitain de Cappadoce,
une idée du zèle et de la ferveur qui opéra un changement notable dans l'ad-
animaient ces néophytes, quand on ministration de celte province, et la di-
pense que c'est par milliers que Ton visa de nouveau en deux gouvernements,
compte ces chapelles, qui atteignent cotnme avant l'arrivée des Romains.
parfois les dimensions d'une église, et Césarée fiit la capitale de la première,
qui sont pour la plupart ornées de pein- et Tvane, de la seconde. Basile conserva
tures d'une exécution satisfaisante. le siège de Césarée, et l'évéque Anthy-
Corn l)ien je regrettais que dans ce vo^ge mus fut pourvu de celui de Tyane. Va-
de appndoce, des motifs impérieux
< lens avait exilé plusieurs évéques ortho-
nn'empècliassent de retracer l'un après doxes et attribué leurs revenus a la
l'autre ces monuments d*une foi non- métropole de Tyane. Mali tous oes soins
Telle qui devait envahir le monde. furent inutiles, et Césarée demeura la
Les chrétiens baniîis persécutés
et capitale de toute la province. La ûn du
envahirent des lieux où jamais être hu- cinquième siècle se passa en querelles
main n'avait pénétré ; autour de la cha- intestines entre les chrétiens des diffé-
pelle se groupa la famille des nouveaux rentes sectes; mais sous le règne de
catéchumènes, qui d'une f^rott^^ natu- Léon r', l'Orient subit un fléau plus
relle lit bientôt une habitation com- cruel encore que tous ceux oui avaient
mode pour des hommes à mœurs sim- affligé les âges précédents : les peuples
ples et primitives. Cest rorisine de ces nomades des bords de la mer Caspienne,
villages troglodytes si multijdiés, et qui les Huns, que les Arméniens appellent
ont conservé chez les Turcs les noms Cochuns, fondirent sur l'Arménie et la
de Milie et une églises. La carte du réduisirent en cendres. Ces peuples ca-
P. Cyrille, que j'examinerai en détail, valiers apprirent bientôt (|ue la Média
m'a foumi de précieux renseignements et la Cappadoce avaient
d'innombrables
pour retrouver ces innombrables habi- troupeaux de chevaux célèbres à la
tations. On ne comprend pas comment course. Il n'en fallut pas davantage pour
des familles ont pu vivre dans eeslieox ; tracer leur itinéraire; ils fondirent sur
il fallut que, comme à Césarée, les la Cappadoce, province sans défense,
choses nécessaires à leur subsistance pillèrent les bourgs, traversèrent le Tau-
fussent apportées du dehors, car aux rus et allèrent mettre le siège devant
environs il n'y a pas aneaereàeultiTer. Antioche. IVon contents de ravager ce
pays, les habitants parqués avec le bé-
,

tail , furent entraînés hors de leur pa-


irie. Les uns , incorporés aux
hordes

Digitized by Google
LUNIVIRSL,
nomades, trouvèreoi mer existence as- princes d* Arménie etia coardeBymce,
surée dans là vie de rapines qu^exer- donnaient aux musulmans un avantage
^ient les nouveaux conquérants, boni- inespéré. Le sultan Alp-Arslau, neveu
mes sans religion, qui s'accommodaient de Togrul-Bey, s'était emparé d'Erze-
ftdknaDt de toutes les croyoceB. raum et marchait contre Césarée. En
Tous ceux qui , trop faibles pour accep- 1024, il s'empara de cette ville; mais
ter cette vie de fatigues, refusaient de son emplaceiiient ne parut pas conve-
s'enrôler, étaient impitoyablement mas- nable pour en faire une capitale. Les
sacrés, «a envoyés avee les ftoDOMS el Bouveaui conquérants s'étant emparés
les enfants pour garder troupeaux
les d*leonium, métropole de l'Isaune, y
du pays au delà de Djihoun. ne fallait
Il plantèrent leur sandjak, et comnience-
pas renouveler souvent de semblables reotà doter la contrée d'un grand nom-
invasions pour dépeupler eompléteniettt lue de somptueux édifices.
une previiibe} cependantles Peises agis- Si vas, l'ancienne SébastOfdevint la ré-
saient de méfne, et les empereurs les sidence de savants oulémas, qui fondè-
imit iient en colorant leurs mesures ty- rent des écoles célèbres* Césaree ne fut
wn i yisi du nom de déplacement de point déshéritée du oiODveaient de civi-
la population. lisation qui ^opérait dans toute la cou*
trée; mais les merveilles de rarchitec-
CHAPITKË DL lure arabe étaient réservées pour la
ville dMconium. Ce qui nous reste ds
«IIOSI.OIB SSUMOIIXDias. ces princes , nous les montre comme
les émules des califes de Cordoue ,
qui
Le re^ne de Justinien, les victoires réf^naient à la même époque. Les ar-
de BéLisaire et de Narsès donnent quel- tistes byzantins se Joignirent aux mo-
ques annéea ée répit à cette malheu- sulmans pour décorer les villes, et le gé-
reuse province. Justinien, pour arrêter nie inventif des Perses était mis à con-
les invasions de^ Perses, fonde plusieurs tribution pour rehausser de l'éclat des
places fortes, auxquelles il donne une émaux les temples et les écoles dont la
gamiaon aguerrie. Mélitène eat élevée structure était de brique.
au rang de métropole, et Anazarba, A aucune époque, l'art des musul-
gramle place de l'Arménie seconde, est mans ne s'est montré sous un aspect
reconstruite avec tout le luxe de dé- plus brillant. Malgré leur qualité de
fense que t*arl militaire pouvait em- nuuloMns orthodoxes, les Seldjou-
ployer. Mais, d*une part, les Huns kides ne rejetèrent pas eoBOplétement
avaient montré le cliPinin aux Tatars; les représentations d'bommes et d'ani-
de l'autre, ies rois sassaoides, maîtres maux. Je suis porte à croire que Taf-
de rAinifoie, oonservaient la domina* que les Persans ont toujours
ftetion
tion de b presqu'île. Aucune paii du- montrée pour cette branche des beaui-
rable ne pouvait être promise à ce pavs arts, .1 tp la cause de cette antipathie
»

que par rétablissement d'un pouvoir âui tient de l'exécration. Il suUt qu'un
eentral. Les successeurs de Gengliis- chyte soutienne une doctrine, pour
Khan s'approchèrent peu à peu de l'Oc- qu'un Sounni la tienne pour abomina*
cident; déjà le sceptre de l'Iran leur ble. Un laps de sept siècles n'a pas
était échu C'était l'aurore d'uu pouvoir romplctenient anéanti les chefs-d'œu-
tout asiatique, qui allait fonder une vre de i'arl des Seldjoukides, et c'est le
dynastie en Cappadoce. Les rois ou principal sujet de nos étudea aur les
Mnrzhnns d'Arménie avaient acquis monuments de la Cappadoce.
par ecliaiine quelques places de la Cap- A côté de rarcbilecture impérissable
padoce; mais sous le règne de reiiipe- creusée dans les rochers, il est curieux
reur Basile, en 880, les derniers de ces d'observer les monuments dont la déli-
princes furent égoi^és par les Grecs. catesse étonne le regard.
C'est contre l'empire de Constantinople 11 résulte, de la comparaison de ces
que les Seldjoukides eurent à combattre deux genres de monuments , un fait
pour PétaMiiasasetde leur enpiie. Lss qui me parait parliitemeot démontré:
dissensions qui avaient éelaté entre les rest que la nature des matériaux que

Digitized by Goo
ASUS. MllfKUU.
foiiruissaiiJL un payâ. dicUii aux ar- ooaiausquj, «plus lard, devaient for-
tisiDft le*, prv^pee .4e fart ^*tts 4e» mer la puissante mtHe des Oi-
valent suivre. Sans bois, et par consé- manlis.
quent sans charpente, les constructeurs Les fils de Malek-Schah avaient con-
n'avaient que la.construction des voûtes quis depuis quelques anuées la prof^
à applia uer àJi MfMire4e
leon édUI- -vmee de Bithynie et suaient solide
fsdSciAnasi rien .n'eetril plus varié que ment élablis dans MicéCi Touls laper*
les coupoles des monuments; le peu- tie orientale de l'Asie Mineure se trou-
-dentit et la voûte d'aréte s'y mon- vait au contraire livrée a une anarchie
trent avec c|<^ cDi^lMfiaisoiis les plus in> sans égale par suite det» rivalités qui
fÂmoses. Tout: ceci noM donm
ihIb s'établissaient entre tous les pfiMS
idée parfaite de t'aaehilefitore dai mo- musulmans issus d^une même tamille,
numents publies .f':
mais qui prétendaient tous à un pou^
Quant aux ttiaisMis der simples ha- voir indépendant, .lusqu'au eommen-
liHyH»>> twi»» yKe»à penser qu'eHea «snMDt du onslèms elède , les sultane
éUrient t e qu'elles sont encore aujour- ds Perse avaient été r(^ardës comme
d'hui des huttes carrées couvertes en
: les chefs de la dynastie seidjoukide, et
terrasse, dont 4a charpente faitp es aucun de ces princes n'avait jusqu'alors
de'tsinarise, les briques ne
fcrsnelieflr tefosé de payer on tribut su souverain ;
sont que de Ift terre mêlée de paille ha- mais à la mort de Ssifield*Dewlet,
chi^eet séchée au soleil. Dans les villes prince de Mossoul la guerre civile
,

d'Orient les plus richt« en carrières s'alluma. Le sultan Soliman de Nieée,


de pierres de tbute espèce , les hsW- fut tué dans un coml>at, et les émirs
tslioDt des particuliers étaient égale- qui commandaient pour lui se révol-
ment en terre et en bois. L'Asie n'a tèrent. T,a Cappadoce fut envnhie par
{)as changé depuis les siècles de Babv- Pulchas, frère d'Aboulcasem; mais le
oue; et quand le voyageur cherche sultan euN'oya son fils atné Kiiidj-Ars-
étiùs eetfé fWe eélèbra teir ruines des Ifln-pour soumettre cet émfr;* il Ait
immenses quartiers qui étaient cou- proclamé sultan de Cappadoce, et se
verts de maisons, il ne faut pa.s qu'il dirigea aussitôt vers Malatiîi, dont il
s'étonne de u en pas trouver de ves- fit le siège pendant que ses principaux
tteei : le Vent les a dilip«veé»uti0e le sa- émirs Tarageaient les terres des Gress
ble du désert. CI095) (I).

il »
T,es maisons éts, villageois de ("ap[)a-
doce sont géneralemeut composées de •
CHAPITRE X.
deux corps de logis, Tuu pour ftm-
mee et rautre pour les hommes; la 'BKPKDITimi ras ClOISSS.
pièce principale est ouverte et soutenue
par deux piliers de bois des niches
:
Les armées des: Croisés qui étaient
tenues finbe le siège de Nioésv et qni
Sraliquées dans le pourtour servent a
traversèi^nt l'Asie Mineure, se trou-
épowr les ustensttes de ménage; les
vèrent bientôt aux prises avec des
autres chambres sont à peine éclairées,
car le verre à vitre est encore rare en fléaux plus redoutables que les armes
ce pays; un treillage arrête les re- ésB émirs, la frim st la soif. Kilidj-
gards. Arelan avait perdu la bataille de Do-
r>'lée, et, se fiant désormais aux dé-
Rien plus simple que ces habi-
ii*est
serts qui séparaient iooniutn, sa capi-
tations mais rem^placez le soliveau
î
tale, des plaines delà Fhrygie, il donna
par des colonnes sculptées, l'enduit de
chaux par des glaces et des peintures, l'ordre à tous ses habitants d'éloijenaer
les troupeaux du chemin que suivait
vous avez pour leS plUS somptueux pa-
l'armée. Les Croises, exténués de fati-
lais une disposition identique. Rien n'é-
habita- gue, arrivèrent à leonium^ oà il os-
gale la simplicité du plan des
lions en Orient. *

nérrient trouver des vifreo, mais les
Rétablissement de la dominaCion l^res, instniisi de lenr mafolw, avaient
nuis'ulmaue dans la Cappadoce amena à
sa suite les tribus nomades des Tur- (i) De Guignes, f/fs H"ns, \\\. IX.

Digitized by Google
t

m LinnvERS.
abindooné «ette ville, «I iTétaieiit re- lei viNca èb Mninliiif et de Tenu;
tirés, avec leim femmes, leurs enfnnts cette dernière pleee frisait partie de lii
et toutes leurs richesses, dans les mon- Cappadoce (1). Attaqués par Rilidj-
tagnes voisines. L«8 chrétiens ga- Arsian, ils furent détroits jusqu'au def*
gnèrent Hénielée (Érégli), et mer- nier. CesTietoireeneieiiaiieotpMe»>
chèrent sur Manacn. Tancrède, qiii^> pendant le pouvoir dn eultan mus as»
tant alors le gros de Tarmée, entre en suré. Les émirs construisaient dans les
Cilicie, et, hÛBant malf^ré lui Tarse sous montagnes des châteaux forts, qui d^
le pouvoir de Baudoum , marche aur venaient bientôt des oentret de popu-
Mamistra et aur Adna, où il bit on totkm et même des villes populeuses,
grand butin. Le peu de sécurité que les nabitaots
Cependant il est à croire aue ce ne chrétiens et musulmans trouvaient dans
fut pas sans une lutte des plus vives, les campagnes , les forçait bientôt
car il est certain qu'un grand nombre d'aller demander urotection à rémirla
de Croisés périrent dans cette dernière plus voisin; elle était accordée moyen*
ville, et furent enterrés avec leurs a r- nant tribut. C'est ainsi que la puii'
mes. Pendant mou séjour à Adana, en sauce de ces beys des montagues s'ot
IStS, les Arméniens avaient fiiit fouiller perpétuée jnaqu^ nos jours. Les défiléi
une grande étendue de terrain pour du Taurus sont hérisses de casbah, ao-
eonstruire une nouvelle église, à la jourd'hiii sans noms et sans souvenirs,
t)lace de l'ancienne qui existait en ce dans les ruines des(|uelies il faudrait
ieo de tempa immémorial. Chaque cbeiehcr cette multitude de pclitti
jour les ouvriers mettaient à découvert places fortes, prises et reprises par les
des ossements humains avec des dé- musulmans et les chrétiens, et qui
bris de ca&ques et de cottes de mailles ; sont mentionnées par les auteurs orien*
on alluma en même tempe un nom- taux.
bre trèa-oonsidérable de croix en bronze Les provinces de l'est étaient le
de différent module, mais ayant toutes théâtre d'événements non moins im-
à peu près la même forme, celle d'uue portants. Gabriel, gouverneur de Ma-
croix de Malte; ellea étalent générale- latia, pour tea Marabana d'Arménie,
ment faites d'un seul morceau de craignant de voir cette place tomber
bronze avec une bélière et quelques or* entre les mains des musulmans, avait
nements srossièrement gravés sur le appelé à son secours Bobëmond déjà ,

champ. li^yéqoe arménien qui recueil* mettre d'Antiocbe , lui offrant de la


lait ces reliques, poaaédait aussi une remettre entre ses mains. Daniseh*
croix de même forme, mais plus grande mend Ogiou, émir, qui venait de fon-
que les autres (environ 0,26 cent, de der un petit État dans les vallées de
longueur), qui était soudée I une douille r Anti-Taurus, vint à la téte des Toroo-
propre à être emmanchée : c'était sans mans s'opposer à la jonction de l'ar*
doute quelque débris d'étendard. Tous mée des Croisés avec celle des chré-
ces ossements, jetés péle-méle dans tiens orientaux. Boliëinond ayant passé
cette terre, ne paraissaient pas avoir je* TEuphrate, fut attaqué par les Musai-
mais reçu lea honneurs d'une aépultnre mans, vaincu et fait priaonnier. Dt-
pncifique ; leur accumulation en un lieu nischmend Oglou alla mettre le siège
qui est sans doute depuis des siècles devant Malatia ; mais les débris de l'ar-
consacré à la religion chrétienne, s'ex- mée de Buhëmond s'étaieut sauvés jus*
plique naturellement; ils auront été qu'àÉdeaae, et avaient informé de cflf
transportés autour de la ebapeUe pri« événemeota le comte Baudouin
mitive qui existait In.
Les désastres qu'éprouvèrent les chré- /,n
c itait un lieu où se irouvaieni dw
tiens dana cette campagne ne furait sources thermales; je peiue au'il doit
!•

pas les derniers. Une armée de Danois, trouver aux «oviroos de Ladik ( Uodicai
sous les ordres du roi Suenoii, s'avança abonde «•
Combuna) l toute c*tte contrée
dans l'intérieur de l'Asie Mineure en source» chaude», phioimiuii est Philooiélii*
suivant la mime route que celle de (Aà-Cbelier), ville souvent (riia et icpn»
'
Taneiède ; Ua vinrent camper eutre pur

Digitized by Google
ASIE MINEURE. Ml
accourut avec des forces suffisantes, forcées de venir passer en cet endroit,
obligea Daniscbmeod-ORloo de lever le oui se trouvait sur la route det porlea
stége et prit possession de Malatia. ae Cilicie. Les Croisés vainqueurs i
Tant que les Croisés se tinrent dans Éré«;li, devaient nécessairement trouver
les montagnes, ils furent toujours en une autre armée au passage du ïauruA,
état dToppMer ime rériatanee énergique
ani boniet aeldjoukides. Mais on ne
dans les défilée du KM
Bogha%. Ce
n'était done qn'au prix de fatigues infi-
cite pas une seule armée qui ait pu nies qu'ils arrivaient dans les plaines
traverser la Cappadocesans éprouver de de la Cilicie, où Tancrède et Baudouin
sanglants revert. 11 était si neile à la possédaient Tarse et Adaoa. Mais
population nomade de s'élotencr det quand on voit les immoBeee difficultéa
routes battues, que les maTheureui que la nature seule du pays offrait aux
chrétiens éprouvèrent, dès leur entrée armées chrétiennes, on ne peut s'empê-
dans cette fatale contrée, toutes les cher d'admirer, non-seulement le cou*
horreurs de la famine. En fuyant, 1m rage indomptable, mais encore la forée
hnbilants fermaient les puits et com- physique dont il fallait que ces illus-
blaient les citernes il ne restait plus
; tres guerriers fussent doués pour ac*
aux Croisés aue des sources salées qui complir leur t^che périlleuse.
étaient ud objet de dégoût pour lei Le due de Bavière et Guillaume,
hommes animaux.
et les comte de Poitou, vinrent comme leurs
L'expédition du comte de JN'evers ne devanciers se présenter au pas d'£régli.
fut pas plus heureuse que les précéden- La route qu'ils avaient suivie eu Asie
tee, quoiqu'il edt pris soinde se diriger est indiquée par les deux vlllesde Pbi-
vers Test, en suivant les montagnes de niminis (Philomeliuni ) et deSalamia;
la Phrygie et de la Galatie, et de pren- mais cette dernière place est ineoiinuc.
dre le château d' Ancvre. Mais l'indisci- Soultraiit de la soif, l'armée se pré-
plineel la barbarie «a aea compagnoaa senta à la rivière d'Ërégli ; tons lea
lui turent aussi fatales que les armée puits et les citernes avaient été comblés
musulmanes. La population d'une pe- sur leur route. Les Turcomans, pré-
tite ville de la Galatie, dont Albert venus de l'arrivée des chrétiens, les
d'An ne dit pas le nom, oufrit ses por- attendrieni de Tautre edié de la rivière
tes aus Français, et s'avança au-devant en ordre de bataille. Une grêle de flè^
d'eux, portant processionnellernent les ('lies les repoussait loin du ruisseau qui

croix et les évangiles; ce qui n'empêcha coule dans un terrain argileux et dont
pas que In ville ne fût piuée. les bords sont très-escarpés. Les ebe*
Loraqu il fallut tourner vers le sud vaux, bravant les projectiles, chercbent
et entrer dans les steppes qui sont au- à se précipiter dans le fleuvepour se
delà de l'Halys, les chrétiens commen- désaltérer.Le désordre commença à se
cèrent à être harcelés par les Turcs de mettre dans cette foule de cent mille
Kilidj-Arslao, qui s'était joint à Da* combattants, et fit naître la terreur;
niscbniend-Oglou. Ils pénétrèrent ce- bientôt chacun chercha son salut dans
pendant jusqu'à rrndruit qu'Albert une fuite inutile. Poursuivis et massa-
d'Aix appelle Stancon, et souffrirent crés par le^ Turcs, les chrétiens pé-
eonsidéraDiementdela soif pendanttrols rirent presque tous, et eeox que le fer
iours pour se rendre à Héraclée. Affai- musulman épargna allèrent mourir
blis par tant d'obstacles, ils furent at- dans les montagnes desséchées de la
taqués par le sultan, il n'y eut que sept Lycaonie.
eentsCroisés qui aeaattfèrentà Germa* Le lieu où sTest passée cette action,
nicopolis ; le reste fiit tné on fiût pri» mémorable dans les tastes des Osmanlis
sonnier. est parfaitement reconnaissable aujour-
Le même lieu fut, peu de temps d'hui ; l'en ai fait, pendant mon séjour
après, témoin d'une autre victoire de à Érégli, l'objet d'un eiamen particu-
lulidj-Ardansurlea Croisés, remportée lier. Ëette rivière, que les anciens
dans les circonstances analogues. voyageurs s'étaient accordés pour re-
Toutes les armées qui se dirigeaient garder comme un des affluents de l'Ha-
vers la Syrie étaient en quelque sorte lys, coule de Teit à l'omit dana une

Digitized by Google
vallée encaissée, ei va se jeter dans un servent encore des souvenirs de ctitte
lac peu éioigue de la vill<5. Lregli, que brillante époque. L'architecluie des
les OsmaDlis apptUent aussi Endé , ot SetdjoukÂdes offre uu caractère telk-
dont les historiens éta CraiSMlss oui ment traMhé« que l'artiste qui a ob-
fait Hêraelee, n'est point une ville an- servé les monumeuts d'iconium, peut
eieune; on n'y trouve d'autrts anti- difficilement i>e méprendre sur l'épo-
quitésque des nionumeuls uiubulmaus, que de la luudatiou de tant d'autfes
un méancé, ^e l'on attribue au sul-' édifiées qui subsistent encore dans le
tan Ala-Mddyn le Seidjoukide, et de Kurdistan et dans l'Arménie.
xnstes earava userais construits, dit-
, Tout zéiôs musulmans que fussent
ou, par le sultan Ahmed
1*% quand il ces princes, lis ne |NC0)»cri virent pas
marchait à la «onquét» de Bapdiid. Ces «ompidMaMnt les repréaealitiim§d*hem»
souvenirs sont aujourd'hui tellement mes et d'aoimauK ao 'peiiiluia et eo
confus (Inns l'esprit des habitants, qu'il sculpture, et ils avaient conservé le
Ci$t peu de villes de l'Asie Min^eoù ÇoUt de ces beaux -arts que les Seïà-
Ton ne montre des châteaux ou dss jookides persans ont toujouis fa-
lihaDS attribués au même sultan, allant vorisés.
ct>nquerir la capitale de l'Irack. Le lac Un prince de cette race, Kounaa-
(l'Éré^ii reçoit les eaux provenant de rouïn, sultan de Damas, avait fait faire,
la toute des neiges du Taurus, et au dans sou palais du Kaire, une saile qui
priotmnpa son étendia an tilla, 4|aa leiiiBiiMit BOB portrait et celui de
les roules sont interceptées. Les eaux toutes ses femmes, en bois peint. Ces
se sont ouvert une issue souterraine, statues portaient sur leurs têtes des
connue eu Grèce, où ce phénomène est couronnes d'or enrichies de pierreries;
très-multipUé, sons le nom da Kalafa- -ëHm avalent des peudaact dNinilka, et
thron. étaieM habillées daa plus ikfaas éloflhi
II ne paraît pas que les cuerres des du p3vs I). Plusieurs monuments an-

musulmans contre les Grecs fussent tiques de l'Asie Mineure ont été con-
aussi sérieuses et aussi meurtrières que servés par les soins des Seidjoukidcs;
celles qu'ils avaient soutenues eootre mais la jalousie des imans somiis oes-
les Ooisôs. L'empereur de Byzanee tre les Schiites arrêta dès sa naissance
faisait bien quelques tentatives pour rf- cet ^or vers les arts du dessin. Il fut
{)rendre Iconium, qui restait toujours interdit aux sultans de faire graver leur
e centre de la puissanee musotmane; portrait sur les moanaiespau. toléra
mais il se contentait d*assiéger, de seulement qucloues représentations
prendre et d'abandonner plusieurs pe- d'animaux. Le sultan des Turcs porte
tites places de la Phrygie et de la Cap- encore aujourd'hui la figure en relief
padoee. leoniam s'em&ellîsaait de tous 'd*mi paon sur Pavant de son eaîqne.
les chefs-d'œuvre de Tait des Sarrasins ; Le vautour fiit adopté par les prinoat
Toutes les anciennes murailles étaient seldjoukldes comme le symbole de la
réparées et la ville agrandie et fortifiée. puissance suprême; ils imitaient en
cela les Byzantins, oui «talM con-
CHAPITRE XI. servé sur leuni eungorn l^e
ro-
maine. Le vautour Hoomaï ( royal ) est
SULTANS SBLIMODKIDSS O'iKONlUM. sculpté sur un grand nombre de monu-
ments de style arabe, en Asie Mineure
Ala-Eddyn Key-Kbosrou , frère de et en Perse; on peut être assoré, à éé'
Kilidj-Arslan, est regardé par les Os- (nui d'autres renseij;nements, que les
nianlis comme le fondateur de la dy- monuments qui portent cet emblème
nastie aeldjoukide d'iconium (1192'). sontde l'époque des Seldjoukldes, c'est-
C*est k lui qolls actribuciit la plupart Mlre danala période de IfiM i It90.
des superbes édifiées que Ton admire Les historiens orientaux attribuent à
encore dans les principales villes de son Ala-Ëddyn Key-Kobad l'idée première
empire, ^ous son rèj^ue, les académies,
les moaquéisB, les écoles se multi- (i) De Guignes, Hist. gén. dMllMH, U II,
plièreot : Amasie, Sivn, Nlgdé eon* liv.lX, Uo.

. kju,^ jd by Googl
ASIE MIX*tùUAE.
de Tadoption du croissant aieendaul Ala-ËddyuKeynMmd I22(i
( c' est-à-aire dont la courbure «'>t tour- Kev-Rosroull 1236
uee a dBOitfl| sur les ensei^ues lutli- ILey-Kaous 11..,..^ U47
taires; c'était le symbole de la grandeur XdU4i-Afsbn lU 1961
«imiite de rislamisine. M. de Ham» Masoudll 1292
mer u-ntr d'y voir un reste de la
i'^i Riiokneddin Kilt4i-Allla»... 1^95
superstuiuii (lu dieu .Men, dont les au- . ^-iîddynUl...^ laOé
telk u'éuienl pas encore couipleleuieut
déMTis. La luM ftit toujoai», affaty m L'invasion des Mongols penaos fîit
pour les Asiatiques un astre aux vertus le si^Tîai de la ruine du pouvoir des
secrètes et ii la puissance occulte, et SeJdjoukide^. Clcsarée tomua entre les
l'on voit encore, aujourd'hui , dans le mains des couquerauts tartares; toute
ettitre de la province ^ une peuplade l'Amiénie et TAderbaïdjan obéissaient
dont la coiffure, en lornie de crois- déjà au sultan lluulagou, et sa passion
sant semble un iouveuir de ce culte i«
, |xmr une princesse arménienne valut
répandu. «t aux chrétiens de ces contrées quelques
IVoiia ne poavoo» aue retracer d'une annésa d'un ncnveraenient tolérabla.
manière sommaire Tnistoire ou plutôt L'empire des Seldjoukides fut divisé
la chronologie des monuments de cette en dix parties indépendantes. K.ara-
époque, oui est regardée à bon droit inau, liis de INour-Soli, avait épousé la
eomme Tere lapins brillante de la ci- fille d*Ala-£ddyn 111; il «ut en par>
vilisation des Musulmans. Us ne se tage une province composée d'une par-
montrent dans la suite (|ue des co- tie de l'ancienne Tyanitis et d'un dis-
fistes ou des
plagiaires des Byzantins. trict de la Lycaeoie, où se trouvait la
.*art arabe décline, et disparate nsè la villa d» Lannda. n y fonda une fOie à
6n dn dix-septième siècle. Chacun des laquelle il donna son nom, qui passa
monuments elevt>s par 1^ princes seld- bientôt a toute la province. La dynastie
joukides porte de nombreuses inscrip- des Karamao r^a |>eudaot un siècle
tions, qui sont, il est vrai, pour la plu- et demi sur la Cappadoce. Mais toute
part, des fersels du Koran; umis il riustaire da cette époque n'est plus
s'en trouve dans le nombre qui sont qu'une succession de guerres civiles
oommémoratives. Espérons que les fu- entre les différents émirs. On ne cite
turs voyageurs s'attacheront à éclaircir âue quelques forteresses élevées pen-
eetie partie de Thiitoire du moyen âge, ant toute eetle période, et les arts des
et (jue bientôt cette multitude d'ins- Seldjoukidej; commencent à tombiT
criptions sera traduite et commentée. d iiis ToubU. La famille d'Orkhan s'é-
La dynastie seldjoukide uui régna , tait solidement étabUe dans le nord de
sur toute la Cappadoce pendant troia l'Asie Mineui»; Mourad I*', voyant Taf-
siôcles environ, se compose de qua- fiablissemeut snooessif des principautés
torze princes, dont la chronologie est du sud, résolut de conquérir la Cara-
ainsi établie par de Guignes (1) et adop- luauie. Une grande liatailie fut livrée
tée par M. de Baimner (3) : par leaTureaan prinee Karaman Ala-
Eddyn, qui s*eofiiità Konieb. Mourad
DYNASTIE aSLDifOlIKIDI l>*ICOMIUJi. vint faire le sii^e de cette ville; Ala-Kd-
dyn parvint à éloigner le sultau, en
Soliman fils de Kottloulmiseh. 1061 •
ftisant anaeltti un tÉaifé qui rendait les
Kilidj Anlan V 1092 Turcs BBattaes d'uue partie de ses États.
faisan. . . 1100 Mais en 1394, Bayazid Ildirim atta-
Mfisoud l" 1120 , que de nouveau le sultan de Raraman,
Kiliclj \rslan H
11«S oui s'enfuit dans les gorges do Taurus.
Kev KhosTouI^^CAla-Eddyn). 1192 Oe prince est le dernier qui règne sur
Ala-Kddyn Key-Kaons 13U la Cappadoce. Ses descendants se main-
tiennent cependant à Karatnan et à
(<) De GiiigiM», tiUi. des Hutis. Iconium, jusqu'à l'année 14fi6. iMabo-
(s) Kanmcr, tful. ttmpin ottoman , BMt après une campagne qui lui
ooêta pan jda asonda, a'enpwn de ces
L'UNIVERS,
deux vMoit sous le pouvoir
villes, et les bre d'années sons le pins dnr esetafage,
des Osmanlis. Néanmoins les émirs étaient, pour ainsi dir^, une population
vaincus cooservèreot touioun l'ombre vouée à la misère et au malheur c eiait
:

d« la souverainelé for leon anciens la pépinière des esdafes de Rome, ausu


États c'est rorigine de ce pouvoir féo-
: peut-on facilement imaginerafeeqneUe
dal des Déré-Bey, dont les derniers joie ces infortunés qui n'avaient d'es-
vestiges furent anéantis par le sultan pérance ni dans ce monde ni daus
Mahmoud, dans les familles des Tcba- rautre accueillirent l'annonce d'une ré-
pan Ogioa et des Kara^Osman-OglcNi. demption. Que de respect , que d'eo-
thousiasme pour l'apôtre qui les rele-
,

CHAPITRE XII. vant à leurs propres yeux, leur conférait


Lk CÂPPADOCE CHBÉTIBNNE. la dignitédu baptême.
La Cappadoee venait d'ailleurs d'étra
A mesure que nous avançons vers réduite en province romaine, et les ha-
l'orient de l'Asie Mineure nous voyons bitants refusant l'autonomie qui leur
le caractère des monuments changer était offerte, avaient spontanément de-
en même temps que la physionomie da mandé à suivre la loi de Tempire. Il j
pays. Du moment qu'on a franchi le avait dans le pays un moment de tran-
Hàlys, les traces de l'art grec sont à peu sition trèa-favorable à la doctnne nou-
près effacées, la Phrygie nous a déjà of> velle.
tnrt les indiees d*an art autochtone, les A eélé des Cappadodens se trou vaicat
monuments de la Cappadoee diffèrent les Isaures, ces implacablesennemis des
autant dp ceux de la Phrygie que ceux ci Romains. Pour eux, adopter le chrirti>
de l'art des iouiens. Dans toute l'eleu- liisme, c'était déclarer la guerre aux
dne do la piovinee noos ne troofont idoles et la goeira am idoles, e'était b
anemi ftstige de ces temples et de oss guerre à Rome même, et dès ce jour ils
théâtres qui sont comme le cacljet in- couvaient déjà ce roi chrétien dont la
délébile des villes greco-roinames, à religion farouche ou plutôt le sombre
peine tronvona-noos quelques débris fanatisme, porta le ravage parmi les
^ qui avaient pu appartenir à l'époque où œuvres d*art que païens et chrétiens
la Cappadoee était régie par des rois. avaient conserv«»s depuis des siècles. Il
Mais en revanche les monuments des suffit de nomn er Leon l'isaurien. La
premiers âges du christianisme abon- Lycaonie et l'Isaurie, provinces lioû*
dent et sont pour l'observateur érudit trophes et prssque toujours confondues,
une source inépuisable d'o!>servations aocoeillirent favornblomciit l'apôtre.
aussi neuves qu instructives. La première l.L'lise fut bientôt fondée
Le débarquement a Perga de l'a* à Ly.slra , les villes d iconiuni et de
pdtre Paul et de ses compagnons fiit Derbé ne tardèrent pas a suivre Texem-
pourees contrées le signal d'une révo- pie de Lystra, et la reliiiion du (Ihrist
lution sans pareille. 11 est de prune tut répandue en Asie. La ville d'Ico-
abord uue chose qui frappe dans la nium, qui fut pendant trois siècles la ca-
marche de saint Paul en Asie. Noos ne pitale d*uu empire musulman ne cou-
voyons pas le citoyen de Tarse arriver serve aucune trace, du chi istianisiiu».
timidement dans cette patrie des dieux mais les nonjs des deux bourgades de
païens, se glisser dans des villes igno- Lycaonie qui furent témoins des pre-
rées pour y prêcher sa doetrine SMiè- mières prédications de Tapétre, Lvstra
tement. Il déoarque dans une ville qui et Derbe (!), ont survécu au naufrage
était un des plus grands centres reli- des villes, et sous les empereurs byzan-
S'eux de TAsie, et pénètre hardiment tins uu nombre considérable de mo-
int rintérienr du pays, fS^iant eon- nastères s*éleva dans les montagnes voi-
cdmettre î tons Tobj^ de sa missioii aines de Derbé. Aujourd*hui ces ruines
divine. qui occupent une partie des versantii
Le pays que Paul avait choisi était du Kara oagh, sont connues des Tui es
plus qa*aiieQn mtve disposé à reoevoir aous le non des mW9 et une égliêe;
la doctrine chrétienne. Les habitanta
de la Cappadoee, eoniMa depuis non- (0 AdeiXiy, 5i,XIT-tf.

Digili^uu Uy x^OOgl
AS1£ MIHEURR.
CHAPITRE Xni. c'est ce qu*il est difficile de décii»;
mais après tant de siècles il est surpre-
LSS ANACHOB£T£S. nant de voir combien sont nombreuse
les habitations pratiquées dans les ca-
Pour nhrétiMt des premien jours,
les vernes, et l'immense majorité porte dei
la vie religieuse se passait dans la trnces év identes du séjour des chrétiens*
prière et la méditation sur ia grandeur Ces grottes taillées dans le rocher
du dogme qui leur était révélé. Les couvreut une surface de pa^s qui s'é-
pompeuses oérénonies de Tf^glise n'é- tend, du nord au sud, depuis la vallée
taient pas encore instituées, la confes- de rilalys jusqu'aux versants septen»
sion et la comnuinion étaient les seules trionaux du Taurus, et de l'est à l'ouest,
pratiques ostensibles, le secret était depuis la chaîne qui borde la plaine de
prdé par les initiés. Mais les ploafBr- Gésarée jusqu*attx monugnes de la
faits d*entre eux devaient supporter Phrygie.
avec peine le voisinage des cérémonies On ne saurait fixer positivement la
païennes. La solitude était le seul re- date de l'établissement de ces premières
mède qu'ils pussent opposer à eessoaf* demeures ; mais on peut être certaio,
franees morales, et tMontôt, moins pour d'apréa desearadèvesd'arehiteeturenoo
échapper aux danaers de la persécu- équivoques, qu'elles «étaient dès le qua-
tion, que les chrétiens regardaient plu- trième siècle l'objet de pieux souvenirs,
tdt couinie une faveur du ciel, que pour car plus d'un anachorète termiua par le
méditer en paix sur Isa vérités nou- matyre une vieeonsaerée à Dieu, et sa cel-
velles, le désert commença à se peupler lule se transforma en un lieu sanctiGé
de chrétiensqui abandonnaient les villes qui devint uo but de pèlerinaf^ pour les
vivre au milieu des rochers, chrétiens.
C>ur aller
in des bruits et des tentations du
monde. Ce ne sont pas seulement les CHAPITRE XIV.
dé-serts de l'Ècvpte et les solitudes sur
Je LilMiD qui oitrirent uo asile aux uou- LES I>KMKUB£S DES ANACUOaàTBS.
foaux chrétiens; si Ton en juge par les
traees des demeures qui restent encore Pendant toute la durée du premier siè>
dans les rochers de la CappaHocr il fut , de, l'église d'Asie répandait parmi les
un temps où ces contrées turent habitées populations les doctrines du christia-
par une véritable population de céno- nisme. Les assemblées des fidèles for-
mtes, et cse ne fut pas sans fruit pour la OMilaient en silence les principes qui de*
reliKioti, car c'est de la Cappadoce que vaient guider les constructeurs des tem-
sont sortis les premiers elles plus bril- ples. Pour les nouveaux convertis, l'é-
lants confesseurs. Naziance, JNysse, Cé- véque était le pasteur, et les néophytes,
aarée, resteront à jamais célèbres dans leaDrebis; cet emblème était comme le
les fastes du christianisme par lesgnmds trait d'union qui servait aux chrétiena
lioinmes qu'elles ont produits. à se reconnaître entre eux. Ijt colombe
(jette contrée singulière clait plus nue et l'oiseau mangeant des raisins avaient
toute autre bien propice à la vie aseeti* également une signiflcation, le Saint*
aue. Formant un vaste plateau au centre Esprit était reprâenté par le premier
e l'Asie Mineure, son territoire fut à , emblème, la communion par le second.
une époque reculée, rava^t; par les feux C'est bien plus tard que le poisson,
volcaoiques qui eu ont pour ainsi dire avec son nom symbolique, fut aussi ad-
labouré la surface. mis parmi les emblèmes chrétiens, maia
Les premiers chrétiens en vennnt se on le trouve souvent répété sur les tom-
retirer dons ces demeures troglodytes beaux de l'église d'Afriaue. Les chré-
suivireui'ils un usage déjà général dans tiens avaient coutume de creuser dans
la contrée, parmi ces Cappadociensqua la marbre de petites coupes qui aooiaf*
Hiistoire nous montre si malheureux, vaient la rosée ou l'eau de pluie pow
ou furent-ils les prt'u.iers (jui creusè- abreuver les oiseaux.
rent de leurs mains ces retraites pour se Le mystère qui enveloppait les pre-
noettre à Tabri du eoataet deaptiansP ''nuièraa oéiéaMMiNi do eatte ne eom-

Digitized by Google
L'UNIVERS.
Imitpas moins que le d^sir de méditer une Tokmté fera» peut doanptar la na»
en paix > a pousser vers la solitude les ture.
Bouveaox élus. Ceux surtout qui se sen- âaint Jacques de 14 isibe vivait couvert
tant de la fiealiiMi pour l'tpotMM dJe d^in diphtèrs de peau de ebevrcav d
martjrre, voalsdent, dans la solitude, se nourrissait déracines sauvages. Saint
recueillir des forces pour aller ensuite Ephrem fait l'éloge des Thérapeutes de
catécluser les gentils, et clioisianient de la Mésopotamie, qui , sous le oofn de
pféfénnee les régiom tes plna Basd on mainw brootaits, attaicat
sibles. '
dans les champs pattre avec les trav-
Voilà les éléments de la population peaux (1). Ils couchaient dans les re-
qui vint dans les trois premiers siè- traites d'où ils chassaient lesbétessau-
«es peupler les rochers arideB où «» •

voyons encore leurs demeures'. plus célèbre d'entre lesaéDObitn,le


Dans le nord de l'Asie Mineure le pâtre Siméon Stylite vivait sur une mon-
pays est pour ainsi dire trop agréable tagne voisine d Antioche. Les diserts
ëe belles forêts, des ruisseaux lim- situés entre cette ville et celle de Cesa-
pite, eirailant an milieu des prairies, rée servirent de reAige pendant lespe^
tout cela rappelait trop les biens ter^ sécutions ariennes aux Athanase et
reslres, et d'ailleurs était trop acces- aux Chrysostome: mais lorsque o^^ der-
sible à la vaine curiosité du vulgaire. nier fut arraché de sou siège episcouâl
Saint Baille a laissé on riant taMaau dn poor être condoiten «ail dsns fa iisui»
la retraite qu'il s'était ménagée sur le ville de Cucusus représentée aujour-
,

bord de l'Iris, dans le rovaumede Pont ;


d'hui par le bour^ de Gtnksunn sur l«
mais l'ancien évéque de Césaree avait bord de i'Euphrate, la douleur des
Ait sa première retraite dans les soli- •énoMtes Ht place ft «m sentiment d^
tudes du mont Argée. où les moines dignation et ils tentèrent de !'arrach«r
arméniens du couvent de Surp Garabed aux mains des soldaU de Théodose (40t)
montrent encore sa demeure. deJ.-G.
tt finit ajouter que, dèk le premier Le costume adopté par lei tnadio-
iâède la vie oontomplative n'était pas rèlcs se retrouve encore parmi certaines
une nouveauté pour les peuples d O- peuplades de In Syrie et du Liban: c'é-
rient, les fakirs de l'Inde la pratiquaient tait le manteau de laine noire, qu'ilf

de temps immémorial, les stoïciens et portaient snr peau, et le cucullus,qai


la
les gjnnnosophisles la regardaient sert encore sous le nom de boornooi
eooime nn acheminement à la vertu. de vêtement à toute la population arabe
La mortification de la chair et le mépris Il faut remarquer que dans les plus
de la douleur étaient chez les philoso- anciennes représentations des Apôtm
phes d'Orient un symbole de sansse, Hs sont tèutjoim félos de la toge lo*
et nous voyons le brachmane Gslanvs maine.
se brûler Vif en présence d'Alexandre Si les monuments construits nous
le Grand dans la ville de Pasargades. font défaut pour toute cette période dfs
GetlorstNill» des pramiers chrétiens trois premiers siècles du ehnstisnisnie,
n'avait donc rien de sint^ulier, ni pour nous sommes aMnrés cependant que
les populations ni pour l'autorité impé- sous Marc-Aurèle Pé^flise d'Orient était
riale. Ils y trouvèrent un repos qui ne florissante, et que dans presque toiitis
pouvait éfrs trovblé que par les visHes les villes les cnrétisns se comptaieac
des catéchumènes , apportant à de rares par milliers. Les lecteurs comme Ip'
intervalles la frugale nournture des diacres, comme les évéques, voulaient
reclus, et remportant la manne céleste sans doute faire au désert, un noviciat
qui alimentait lenr lèk ffianx. i^a vne- qui paraissait impossible dans les riMii-
senle des retraites oà finlent les céiUK Partout on cherchait des retraites ina^
bites de la Cappadoce peut donner une cessibles, et à mesure que le temps mar-
idée ûes rigueurs de la vie ascétique. chait et que l'éloquence chrétienne en-
La vie de ces solitaires était une renon-
ciation continuelle aux besoins les plus '(0 Soromèifé, I. eli« 93. TilleiMOt,
iapérieux-et montra jiMMpi'à quel point:

Digitized by Copgl
ASIE nmEiJaË. 629
flammait les .Imes , ceux mêmes qui fit une longuestation à Césarée, et, se»
pariaient aux fidèles et qui avaient fait Ion la tradition des Grecs, elle fit bâtir
aussi leur retraite au désert, eoga- le oouTent de Taxian}ue (To^ut&x^^)* ^
eeaientletmirèresàles inte; eteoBin^ l'on montre eneare la ehapelledoBt eUe
nous Tavons vu, nul pays n*était plus posa ia première pierre. Ce fut, ditHin*
propice (|ue la Cappatfoce. a la suite d'un songe dans lequel luiap-
Le cours de THalys, qui sépare le ut rarcliaiige Miokttl, qui luiordoana
royaume de Poat de«ekii 4e Cap|»Mleee bitir aoe église eiMiiear En ereii»
forme également une ligne de sépara- aant les fondai wsiflp teauwa une pierre
tion marquée entre deux contrées pnr- sinsmlière et transparente, qtii fut pla-
faiteinent disparates, autant ia première cée daoB une ides cnapelLis. Cette pierre
est boisée et riante, autttit faulre est nM tÊÊKB «bosé nsbeeeau <de
austère et aride. marbre apéeulaira. On sait que cette
En entrant dans la Cappadoce, il est espèce de pierre fut découverte en Cap-
impossible de résister a un sentiment pâdooo iSous le règne da IScron U>- l>Or
de tritesse à Taspeet de cette région mitiea avait fait oonatnire dans son pa»
qni semble présenter sous un cadre tais nae aalla.dant.lea.mBraUlea étaient
réduit le tableau des plus terribles faitesaveceeimarbre afin que personne
convulsions de la nature. Les mon- ne put rapprocher même par derrière
tagnes composées d'une roche noire et eaus être vu (2). Les indigènes nomment
poreuse ne sont couvertes que d'une cette pierre Yanar taeels la piane br^
végétation clictivc. De grandes crevasses lante.
dont l'œil n peine a mesurer la profon- Au sujet du voyage de sainte Heleoe
deur attestent les ravages des tremble- en Cappadoce, on doit faire une reman-
ments de terre , de liantes falaises vol- qoB qui ne manque pas d'imporlance.:
cani(|UC8 formées rie faisceaux de ba- cette princesse partant «ie (^onstantino
salte s'offrent aux regards conmie lUi pie pour se reiulic a Jérusalem, entre-
bizarres formations qui n'ont rien de prenait son voyagu dans un Lut de dévo-
commun avec^laa mshes des autree eoiK tion ; si elle traverse péniblement tente
trées; tantôt elles forment de bautes l'Asie Mineure, si elle séjourne h Cé-
colonnes, tantôt elles s'épancbenl en sarée, c'était sans doute parce que celte
faiseaux rayonnants comme si les laves région était déjà célèbre comme grand
du volcan tétaient flgéa à Vinstant centre chrétiatt.; c'eatdana ie même or-
même, au commandement d*nne vo- dre d'idées qu'elle fonde l'église et le
lonté puissante; ces tableaux sombres monastère de laxiarque : les mêmes
et grandioses des convulsions de la na- motifs de piété la portent à fonder
ture étaient bien propres à captiver H- des égliasB en Palestine sur les lieux
magination des nommes qui venaient mêmes qui se recommandent aux
au désert pour méditer sur les oeuvres souvenirs des chrétiens par quelque
de Dieu. Dans ces temps primitifs où §rand fait religieux elle tj4tit l'église
:

la aeience était ëneore au bereeau, tous e Bethléem sur le berceau du Chirist et


les phénomènes naturels étaient pour une église sur Templacem^t où fiit
tes chrétiens des sujets d'admiration eu trouvée la vraie croix. A défaut de mo-
d'effroi (I). numents chrétiens subsistant encore de
nos jours , on pourrait done affinnar
CHAimiE XV. aue déjà sous Constantin cette région
e Cappadoce était célètire dans kn
TOTAOB DB SAINTE HBLBNB. fastes du christianisme.
• •«
Poaridpondre d*avanee à Tobjection
Dès letemps de Constantin ces lieux qui pourrait être faite, quelfS tombeaux
avaient une certaine célébrité comme et les chambres habitables que Ton ob-
grand centre chrétien. Sainte Hélène serve dans ces rr^nsont pu être Tou-
qm tnmrm l'Asie Mineure poiar ae .vrage des paîana #t aiocoromodés |rfua
rendre de Conatantinople à Jémaalem,
(0 IMino. riiif. nat., XXXVI, ib. M«
^i) CofiUOfUùti oTûiio, ch. VU, ad £uipi|i (aj .Suéioiw, in Upmituim,

Digitized by Google
S38 LtJmVERS.
tard à I*usage des chrétiens, nous ferons cropole chrétienne en Asie, surtout
observer oue durant tout le temps de quand nous ne trouvons dans aucun de
la loi païame les tombeaiii étaient ces tombeaux la moindre trace du sé-
aaevés et placés sous la garde de Tan- jour des païens.
torité civile. Des peines et des amendes
étaient infligées à tout violateur de CUAPiiRE XVI.
lombenii, la malddielioii des dieux
deTait les poimnivie an-delà de la LES aiPOLTOBBa GBAtfTfBmm.
vie, et pour ceux qui ne se seraient pas
effrayés de ces menaces^ il y avait le Ce qui lit de la religion chrétienne la
bonao dn fisc et radministration du religion de tous les peuples civilisés,
Ghréophylax (I), qal iomillait la oon* c'est qu'elle rejeta tous les préjugés,
servation des monuments. Les noms toutes les pratiques singulières ou ty-
des propriétaires des tombeaux, la con- ranniquesdes autres cultes, non-seufe-
tenance du terrain étaient inscrits dans meiit du paganisme et de l'idolâtrie,
des ragistres déposés aa ebiéophyla- mais encore du mosaïsme. Elle laissa
cion, qui paraît avoir eu beaucoup d'a- toute la latitude au développcineut de
nalogie avec notre bureau de l'enregis- la vie civile, elle n'eut ni pour la vie,
trement (2); tout individu convaincu d'à- ni pour la mort aucune de ces pres-
oir porté atteinte à une propriÂé sé- criptions absolues qui ont arrêté le pro-
pulcrale soit en Tachetant, en la ven- grès de la science chez les peuples an-
dant ou en y faisant enterrer quelque ciens. Le Christ fait cadavre réhabilita,
personnage autre que.les ayant droit était pour ainsi dire, le cadavrehumain qui
eondamnéà une amende qui variesur les passait pour impur cbss tous les peu-
monuments de mille à dix mille dracb* ples anciens, même cbes les Grecs et
mes laquelle était payée au très-saeré les Romains, qui se piquaient d'être
Tamiou( le fisc). philosophes.
L'oflice du cbréophylax se bornait à Il en est de même des cérémonies
eoostater la propriété; la plupart des ti- da sépultures, et des croyances que les
tresque nous venons de mentionner se autres peuples attachaient à ces céré-
retrouvaient répétés sur l'inscription monies. La raison de la religion chré-
du tombeau. La sépulture païenne tienne a fait justice de toutes ces er-
avait donc tontes les nranties oe durée reurs. Le corps o*est que l'enveloppe
et de conservation ; elle n'a commencé de l'iime et cette émanation divine n*< st
à être en butte à In dévastation que lors- j^imais esclave du sort de la matière :
^e toutes ces administrations protec- un chrétien laissé sans sépulture n'a
trices ont été anéanties et remplacées rien à redouter pour son salut étemel,
par radministration chrétienne, c'est- et les âmes ne sont plus à la merci
à-dire quand les lois de Constantin ont d'un eimemi, d'un accident, ou de pa-
été répandues dans toute cette partie de rents indifférents. Toute latitude e»t
TArie. laissée aux chrétiens pour le mode de
Nous devons ajouter <|ue si Ton ad- sépulture qu'ils adopteront, on ne leur
met l'existence d'une communauté défend ni l'embaumement usité en
chrétienne en Cappadoce, il faut bien égypte, ni le bûcher des Grecs et des
admettre un lieu de sépulture; et si Romains, ni la tombe taillée dans le
nous voyons au milieu de Rome païenne rocher, ou l'humble sépulture le long
une nécropole chrétienne recevoir les du chemin. Le temple même admet dans
corps d'une multitude innombrable, les profondeurs de ses fondements les
pourquoi n'admettrait-ou pas une né* corps des chrétiens morts. U faut lire
les prescriptions que saint Augustin
(i) Littéralement gardien de la chair. fait aux fidèles de son temps pour les

(a) ^orei dans le Corpus inscript, de licpckh, éclairer sur leurs doutes a ce sujet (1).
depuis U U « Il est doue vrai que la terre n'a pas
t. p. 537, jusqu'à p. 646,
une foule d*Iiiscrîjptions prouvent que
le chréophjrUdoo était les arcitives des bieni (i) Sailli Augustin. Cite Je Dieu, Ufiv I,
hypollic<|iM» ou «noepliUM de l'éune. pafe i3. Ibid. liv. 1, cb. it.
ASIE MINEURE. 629
couvert IM eor(M d*uii grand nombreda qu'on observait ehea les llomains, et
chrétiens, mais personne n'en a re- chez les Hébreux chez ces derniers
;

tranché un seul du ciel ni de la terre... le mode de .«-épulture ne varia pas de-


Le psahniste dit bien « lis ont expose
: puis la plus haute antiquité. Les tom-
les eorps de vos serviteurs pour servir neaux, dans la Palestine , étaient de
(le pltiire aux oiseaux du ciel et aux plusieurs sortes : les plus communs
bêtes de la terre ils ont répandu leur
; étaient dans les diamf^ et eu pleine
saue comme l'eau autour de Jérusaienif terre ; d'autres étaient dans les ruchers
et il n'était là personne pour les ense- au sein des montagnes; les derniers
velir... Aussi tout le reste, c'est-à-dire étaient dans des grottes creusées, où
le soin des funérailles, le choix de In l'on pratiquait plusieurs nrcbes dans
sépulture, la pompe des obsèques,, tout lesquelles ou plaçait les corps. Quel(^uu-
eeia est destiné plntAt à consoler les Ibison enterrait les corps dans des jar-
vivants qu'à soulager les morts. Si de dins voisins (le la ville.
riches fuiicrnilles profitaient à l'impie, Les sépultures du peuple étaient
une sépulture commune ou le défaut de hors de ville. Samuel
la lut enterré
sépulture nuirait à riiomme pieux ; » et dans sa maison, Saul sous des arbres, et
chapitre XIII : « Ce n'est pas une raison Raehel sur le cliemin de Bethléem. Les
pour abandonner les corps de ceux qui étrangers qui mouraient à Jérusalem
surit morts surtout des justes et aes étaient enterrés dans la vallée du Cé-
fidèles. » Saint Augustin fait ensuite le dron.
tableau des funérailles aux anciens Tous ces usajses des Hébreux se sont
l'ours; il rappelle les ordres donnés par perpétués ; mais il est ù remarquer que
les patriarches à leurs enfants d'inhu- cétte idée de l'impureté des corps morts
mer leurs corps ; mais la privation de est tout a fait reietée par les diretiens,
sépulture ne peut troubler le repos des tandis que chez Tes Hwreux tous ceux
morts. qui se trouvaient dans la maison du
« Aussi, ajoute-t-il, lorsquependant le mort contractaient une souillure qui
sac de cette grande ville ou oans d'au- durait sept jours; tous ceux qui tou-
tres places, la sépulture manqua aux chaient le cadavre ou son sépulcre con-
chrétiens, ce ne rot pas la faute des vi- tractaient la même impureté , qui ne
vants qui ne purent la leur donner, ce pouvait être lavée que par la cérémonie
ne fut pour les morts aucun préjudice suivante :

puisqu'ils ne peuvent le sentir. » Ou prenait la cendre d'une vache


Si la loi nouvelle permettait aux rousse immolée par le grand prêtre.
chrétiens d'adopter ou de rejeter les cé- Au jour de l'expiation solennelle, on en
rémonies des autres cultes, ils ne s'en jetait dans im vase rempli d'eau, et un
tinrent pas muins dans uue juste ré- homme exempt de souillure ureropait de
serve, qui consista â honorer ladépouille rhyso|)e dans cette eau et en arrosait la
mortelle de ceux qu'on a aimés ou ré- chambre, les meubles
et les personnes
vérés, sans entourer la pompe (unèbra souillées ; on cérémonie le
faisait cette
de vaines pratiques. troisième et septième jour. Celui qui
le
Les tombeaux somptueux n'exci- avait été souillé se mettait au bain, la-
tèrent que leurs dédains, et parmi les vait ses habits, et était ainsi purifié (i).
restes innombrahh s de sépultures que L'inhumation dans la terre ou dans des
l'on peut encore observer, on n'en trouve grottes fut {généralement prati(|ucc pen-
pas une qui ne soit marquée au cachet dant toute l'autiquite hébraïque. On voit
de la sagesse ou de la raison. Abraham achetsr pour sa femme Sarah
tto tombeau avec une caverne destinée à

CaiAPITRE XVD. sa famille.


Cependant on cite également le roi
Asa, qui Ait brûlé avee une quantité
QÉAfil&ONIES nSS FURBRA11J.E8.
d'aromates; mais la coutume d%mbaa-

Les cérémonies qui accompagnent (I) Léon de Modèoe, Ctrémoniu tUs Juifi,
les funénillesne dffièreut pas de ceUas t part., ch. 8.

34* UonOton. (AaiB Mirbiibb.) T. II. t4


LTJNIVERS.
mer les corps ne fut jamait ni géoéralo CHAPn:&£ xvm.
Di fort couimuoe.
Les pteureuses à ^age qui étaient MODBS DB SÉPinLTUBB.
convoquées aux funérailles des Ro-
mains comme à celles des Hébreux Deux méthodes de sépulture ont
furent aussi usitées chez les premiers prévalu parmi les chrétiens , celle de
dnétiêns, et œt usage est encore ob- déposer les eorpe au sein de la terre
servé dans tout TOrlent. Ou invite les pour que la poussière retourne à la
f)arent,s et les amis à venir pleurer sur poussière, ou de les enseveUr dans des
e défunt; ce .sont ordinairement des sarcophages de pierre soit isolés , soit
femmes seules qui remplissent ce de- taillés dans le roc. Nous ne trouvons
foir. INous avons observé de ose céré- nuUe part l'indication de l'incinération
monies funp!)res à vSmyme et. dans plu- des corps, qui, à vrai dire, ne fut Ja-
sieurs villes d'Orient. mais d'un usage général dans Tanti-
Lorsque la société est rasseinblée quité, puisque même à l'époque où
. dans la maison mortuaire, on com- cette coutume fat pratiquée avee le plus
mence à parler tranquillement du dé- d'éclat, nous voyons m^me pour les
funt, puis peu à peu la douleur se fait personnes sépulture ou l'in-
illustres la
jour, on parle avec des sanglots étouffés, cinération pratiauées indistinctement.
et souvent la eéréinonie se termine par Alexandre fait brûler avee de somp^
des cris et des lamentations qui reten- tueuses cérémonies le corps de son ami
tissent dans tout le quartier. Il est d'u- l^phestion ; les généraux et les amis du
sage de lacérer ses vêtements et même monarque macédonien préfèrent la pra-
de s'arracher des clieveux ; il y a même tique de Tembaumement, pour la sé-
une sorte de règle pour déchirer ses pulture de leur chef. Il en fut de même
habits; ils sont arcommodcs d'avance chez les Grecs, chez les Romains et
pour cette opération, et les prêtres grecs chez les Étrusques; partout on retrouve
comme les rabbins ont établi des rè- aune époque donnée la sépulture dans
gles à ce sujet. On peut ne déchirer des sarcophages, pratiquée en même
que le bas de sa robe même de la lar- temps que l'incinération ; voilà pourquoi
geur de la niaiu. On déchire les man- nous devons regarder cette dernière
ches longues Je sa tuuique. On peut re- pratique plutdt oomme une mode, que
coudre la déchirure au bout de trente comme on usage univeisel de l'anti-
jours, si elle n'a pas été faite à la mort quité.
d'un proche parent niais si c'est pour
;
Lescaves sépulcrales d'Urgub offrent
un parent, on ne la recoud point. un exemple unique de sépulture les :

On voit aussi dans les cimetières les sarcophages tailles dans le roc. On ne
femmes ou les mères venir pleurer sur trouve nile columbarium, ni le lit fu-
les tombeaux de leurs maris ou de nèbre sur lequel le corps était déposé;
leurs enfants ; elles ont les cheveux dé- cet usage si général chez les Lyciens et
faits et chantent des stances versifiées chez les Étrusques parait, tout è fiût
en souvenir de ceux qu*el1es regrettent; rejeté par les chrétiens. On sait que la
«Iles s*arracbent des cheveux et met- Lycie offre aussi une multitude de
tent leurs habits en lam|>eaux. tombeaux monolithes une banquette
:

Avant de mettre le mort dans son ayant la forme d*un lit de repos était
oereueil, les anciens chrétiens, les prê- pratiquée le long des parois. Cette cir-
tres mêmes baisaient le défunt, ce qui constance nui distin^e les tomtte.uix
fut défendu par le concile d'Auxerre. d'Urgub des tombeaux évidemment
Une coutume reçue parmi les na- païens de la Lycie, est à notre avis une
tions asiatiques , l'orientation des sé- preuve de plus de leur origine chré-
pultures aétéoomplétementabandonnée tienne ; mais nous devons surtout faire
par l'Église. remarquer que dans les plus impor-
tants 4e ces moiiuaHiitB, io signe éa
christianisme se trouve ordinairement
en évidence.
Au milieu d'un certain nombre de

Digitized by Google
531

tombeaux de ce ^eure que uous nvons la forme du monument n'avait rien de


recueillis, nous citons uu seul exemple particulier, ni pour sa décoration, ni
2ui peut être regardé comme type, pour son orientation. Cette analogie
fans un des cônes volcaniques est creu- des sépultures est telle que pour é- I

sée line grotte de sixmeires environ poqne de transition, des archéolosues


de luuj;ueur sur trois mètres de large, exercés ont été quelquefois embarrasses
trois niches sont pratiquées le longues pour dédder si tel monument funèbre
parois ; elles sont carrées dans leur plan appartenait à un chrétien ou à un
et de forme circulaire dans la p:irlif païen.
supérieure, chacune d'elles contenant Cet usage si général dans l'antiquité,

uu sarcophage ; trois sarcophases sont de déposer dans le cercueil li'un guerrier


aussi creusés dans le sol, et Ton ?oit ses armes et sa enirasse, a été constam-
qu'on avait ménagé la place pour un ment suivi par les asiatiques et surtout
quatrième, les parois de la grotte sont, f)ar
barbares convertis, les Germains,
les
sans oruement. es Gaulois et les Ibères. C est le cachet
Mais au plafond est sculptée une de l'art, le sUrlede Tépoque qui fait plu-
cioix en relief qui en occupe presque tôt reconnaître la religion du défunt
toute la surface, les trois branches su- que le style de la sépulture» ; combien de
périeures sout réunies par uu arc de tombeaux chrétiens, même des temps
cercle. mérovingiens contiennent des poteries,
Pour le caractère de la porte de ce étk francisques, et même des débris
tombeau qui est surmontée d'un arc
,
de repns funèbres
surhaussé en forme de fer a cheval, Les amulettes chn iiemies sont rela-
nous aurons bientôt occasion d'en dé- tivement rares dans les tombeaux; il
montrer Torigine chrétienne. Un très- ÎBut pour ainsi dire arriver aux temps
grand nombre d'ouvragés monolithes carlovin^iens pour trouver dans les
(ITr^uh sont décorés de portes et de tombeaux des symboles certainement et
portiques du même caractère. uniqueinentchretieus;enetïet, est-il un
Nous STons recueilli sur la route de emblème plus païen que la lampe vo-
Césaréeà Ingé sous un groupe de tout- tive déposée dans une sépulture c^eal
:

beatix qui offrent un aspect des plus l'emblème destiné à éclairer l'âme dans
piUoresques; dans d'eux nous
l'un sa descente aux enfers. Les vases de
oyons q^aleiuent la croix sculptée dans parfums ne sont autre chose qu*une
un cercle. offrande aux dieux miînes. La loi chré-
Enfin pour ceux qui conS' rveraient tienne jugeait de plus haut In religion
aueique doute sur origine chrétienne
1 nouvelle; elle ne voulait pas trancher
e ces niouuuieuts, nous devons ajouter tout d'un coup entre les deux civilisa-
une dernière considération. C'est ()ue tions, et laissait aux habitudes intimes,
nous avons rencontré d'innombrables nu\ usages familiers toute liberté,
témoignages du ehrisliauisme et pas un prête à inteniirt' ce (jui pouvait porter
seul qui puy»se faire soupçonner que ces atteinte a ia pureté du dogme.
tombeaux ont été exécutés par les secta- Poorun observateur snpierficiel, la te-
teurs du polythéisme. nue du chrétien dans la vie et les usages
La liberté que la foi chrétienne lais- civils n'avait rien de différent de celle
sait à ses adeptes pour tout ce qui avait d'un païen ; niais une scission profonde
rapport à la sépulture des corps, a per- se manifestait du moment qu*on deman^
mis aux chrétiens de continuer pour dait au premier quelque actequi put in-
ainsi dire les usages des païens ; toutes firmer sa croyance en un dieu unique.
les petites cérémonies inofl'ensives en Nous avons dit que les amulettes
usage dans Tautiquité se pratiquaient d'un caractère exclusivement chrétien
aux funérailles chretiennss. On admet- étaient trèi-rares dans les tombeaux ;
tait les pleureuses à gages, comme les on y rencontre cependant des suiets bi-
vases de parfums ou les lampes déposées bliques, soit sur les lampes sépulcrales,
dans les tombeaux. Les ioyaux aimes soit sur des lesseres ou des sceaux de
daa défilâtes, paraient leur cadavre verre. Lepoisson.le bon pasteur et les
opnpuiAilaaTaientonié leur corps vivant ; brebis offrent de très«nombreu.<os ri>).

M.

uiyiiizûd by Google
582 LUIÎIVERS
preinles. Mais, chose singulière, la croix montagnes sont de craie marneuse et
ne se trouve que très-rarement sculptée ia végétation très-chétive; le cours des
lor les monuments fonèbres jusqu'au eaux se dirige à l'ouest vers l'Halys. Le
eioquièflie siècle; les sarcophages, cons- village de Kaîdjik, distant de dnq kilo-
truits et décorés tout à fait dans le mètres de Youzgatt, est situé sur un pla-
style des sarcophages p.iïeiis des trois teau qui domine une grande étendue de
premiers siècles, oforeut des sujets de la pays ; l'iiurizon est borné au sud par la
vie du Christ ou des sujets bibliques; chaîne du Tcbitebek dagh, la montagne
mais très-rarement l*image de la croix. des fleurs.
Après le règne de Constantin, la-
barum se multiplie sur les monuments YOUZGATT.
du culte, et devient roinement obligé
des autels comme des monuments fu- y avait dans une de ces vallées 00
Il

nèbres. simple village turcoman demeure d'éti»


des Yourouk ; c'est la que naquit Ach-
CHAPITRE XDL met paeba, de la famille te Tchapaa
Oglou. Dès qu'il fut arrivé ao |Mnivoir«
sa pensée fut de fonder une ville sur
l'emplacement de son ancien Yaèla. C'est
Le territoire des Trocmiens confinait ainsi que fut créée la ville de Youzgatt,
à la Cappsdoce, mais les auteurs an- vers la findu siècle dernier.
ciens ne nous disent pas s'il s'éten- Le (ils d'Achmet,le célèbre Tchapan
dait jusqu'à THalys, qui eût formé une Oglou lut un des derniers Déré l>ey ou
frontière naturelle: de plus, les anciens Ïinuces indépendants de l'Asie Mineure.
itinéraires sont très-defectueuz quand I a pendant toute sa vie eiereé la puis-

il s'agit de route allant du nord au sancr souveraine, et son pouvoir s'é-


sud (I), et les ruines éparses que l'on tendait jusqu'à Gésarée, et au nord jus-
rencontre ne mettent pas à même de qu'à Amasie.
combler ces lacunes. Il avait eu l'intelllgeneed'attirer dans
Youzgatt est le point de jonction des sa nouvelle ville une <]uantité d'iiabi»
routes de caravane qui vont de l'est à tants sans distinction de culte, et la po-
l'ouest et du nord au sud, elle rempht pulation s'était promptement élevée à
sous ce rapport le rôle de Tavium dans quinze mille habitants.
le monde ancien, mais c'est là que se A sa mort, qui eut lieu vers 1805, ses
borne la ressemblance. parents et son frère héritèrent de son
La ville de Youzgatt est située à {)ouvoir, et continuèrent d'attirer dans
vinst-deux kilomètres à l'est-sud-est de eur province des colons grecs et ar-
Neies keui ; M. Brant l'estime à trais méniens. Lorsque le sultan Mamiioud
lieues géographiques; et M. Hamilton eut formé le projet d'anéantir la puis-
marque quinze milles anglais. Il a par- sance des Deré bey, Tchapan Oglou fut
couru cette route en venant de Youz- le premier en butte aux attaques du
gatt à la recheiefae de Tavium. gouvernement de la Porte, qui souleva
La vallée de Nefez keui est bornée, à contre lui les pachas ses voisins en leur
l'est, par une chaîne de collines peu éle- donnant l'espoir de partager ses riches-
vées que traverse la route de Youzgatt. ses. Les revenus du l>ey montaient à
On passe auprès du village de Renek douze millions de finmcs dont le quart
keui, demeure d'hiver des Turcomans. à peine arrivaK dans les caisses do goo-
Les maisons sont 5 moitié enfouies vernement.
sous terre ; trois kilomètres plus loin est A la chute de cette famille puissante,
d^ Hassandji, composé d'en-
le village la désoi^anisation ne tarda pas à se
viron quannto maisons avec une mos* mettre dana le pavs; Toozgatt ne fut
qnée. Tout ce paytest tièfr«ceidenté;les pas même conservée comme chef-lieu
de Sandjak , et son territoire fut admi-
(t) Die Kopie d«r Peut. Tafel i-.t zwar nistré par un simple Mutzellim.
hier selir Nachllnig. Miuuiirt, Géographie, Le palais qu'avait fidt coostrulrs le
toau S, p. SS. bey a été inoendié et tooibecn nrioei

uiyiu^cd by Google
mais les édifices d'utilité publique, les fait balteune heure plus loiiî, à Giaour
bains et la mosquée* soot encore Ineu keui, habité par des Arméniens. Le l)é-
eutretenus. lidjé sou, un des affluents de l'iialys,
La mosquée, ouvro^ de Soliman bey, passe près de ce village, venant de l'est;
date de la fin dudernu-r siècle; elle est ce n'est encore qu'un ruisseau, et la
bâtie sur le modèle des mosquées de source ne peut être éloignée. On fait
Cunstaotinople , c'est-à-dire dans ce ensuite dix heures de marche jui»qu a
mauvais style toreo-italien ; la niche Boasiian, village de trois cents maisons,
centrale ou minnber, est ornée de co- situé dans la plaine. Tout ce pays est
lonnes de jaspe et dechaux Ouatée, trans- sans arbres, mais parfaitement propre
parente, sorte de jade que Ton trouve à la culture des céréales. I^es tribus 1 ur-
dans le pays. eomanes et Kurdes s'y établissent pen-
L'aspect de Youzgatt contraste avec dant Tété.
celui de toutes les atilres villes de la pro-
vince; les maisons sont rouvertes en
tuiles : elle a tout à fait l'aspect d'une
CHAPITRE XX.
ville européenne. Les fruits abondent
dans ses jardins, et Tabricotier surtout VALLBB DB L'HALYS.
donne des produits superbes; on voit
qu'il est \oisinde son pays natal. On arrive enfin au bord de l'Halys.
La population s*élive a quinze mille Alors le pays change d'aspect ce nesont
;

dmes environ ; un j>eu plus du tiers pra» plus des plaines argileuses plus ou moins
tique le christianisme. T.es Arméniens ondulées; l'action des feux souterrains a
sont plus nombreux que les Grecs \ mais laissé partout des traces grandioses; les
tous les cultes divers paraissent vivre en rochers à pic, \H falaises de tuf grisâtre
bonne mtelligence. et les torrents de laves portant sur leurs
Les maisons des chrctiens ne dif- oudes durcies des blocs de rochers
fèrent pas de celles des Turcs, et la vie comme les rivières portent des glaçons,
intérieure est la même chez les uns et tel est le spectacle qu'offre la Vaste
les autres : les femmes ne mangent pas plaine de Césarée depuis la vallée de
avec leurs maris; il y a pour le chef de la l'Halys.
faniiile un respect qui se manifeste en On iranchit le fleuve sur un pont de
toute occ^siun ; malgré l'usage si ré- dix arches nommé Tchoii Gheuze Kou-
pandu de la pipe , un iils ne se permet- prou sou, le pont à beaucoup d'yeux.
trait jamais de fumer devant son père. Les arches à plein cintre indiquent une
La ville est abondamment •pourvue de construction antérieure h la domina-
toutes les choses nécessaires, et les mon- tion musulmane; elles sont bâties en
tagnes voisines fournissent, pendant pierre volcanique et les remplissages
Tété, de la neige pour rauatchîr les sont en tuf rouge, qui lui donnent de
boissons. loin l'apparence d'une construction de
Une muraille de moellons reliés avec briques.
de Targile entourait autrefois la ville; elle Le fleuve est profondément encaissé
servait moins pour la défense (lue pour dans une vallée basaltique qui présente
arr^'tcrla contrebande.Aujourd huitout des phénomènes trcs-varics ; la plus
s'ecroule, etil semble que les gouver- grande partie des prismes repose sur
oeurs eux-mème mellent volontiers un lui tendre de couleur grisâtre; les
la main à la destruction /le tout ce qui prismes ont la forme hexMdre ; ils ne
peut rappeler le gouvernement de l'an- sont pas réguliers, et sont quelquefois
cien bey. tournés sur eux-m^mes de manière à
La route de Youzgatt à Césarée suit présenter une sorte de spirale. Dans une
la direction du sud-est, traversant des vallée voisine du fleuve on peut ob-
'
steppes dans lesquels les tribus Kur- server un cpancbement basaltique très*
«les (les Afchars viennent faire paître remarquable ici les prismes paraissent
:

leurs troupeaux; on fait huit heures de émaner d'un centre commun; ils s'élan-
marche jusqu'à Pacha keui, gros bourg cent en rayonnant comme si uneérup-
habité uoiquement par des Xtecsj et ron liop se fvt immédiatement figée dans sa

Digitized by Google
534 LOJNIVKRS.
Dinrche; les prismes sont aplatis, oblongs cette roche rappellent complètement
v[ (i) rorine de fuseau on nf* pt'Ut mieux
: celles de cerlnins villitL'es d' Auvergne
comparer leur aspect qu'à uu bouquet La plaiue de Cesaree est arrosée par
de feu d'artifice. la petite rifière de SarmoussaHi, et est
Cette falaise se trouve à moins d'un peuplée de nomltreus villages presque
kilomètre du pODt et sur la rive droite tous occupés par des familles, chré-
du fleuve. tiennes, grecques et arméniennes ; ces
Dans la même falaise volcanique, dernières habitent les villages de Sar-
dont le pied est baigné par les eaùx, moussae, Surp Garabed et Surp Daniel ;
on aper(^nit n divers étages des trous les Grecs ceux de Zeiizidéfé« Talas et
qui paraissent des retraites pour les oi- Taxiarque.
seaux de proie; ce senties fenêtres de La campagne de Césarée peut être
larges grottes taillées dans le massif comparée à celle de Rome, tant pour la
de la montagne et auxquelles on arrive nature du sol que pour celle des cultures
par un sentier pratiqué dans la rodie qu'on y pratique. Une faible courhe de
même. terre végétale recouvre un banc très-
L*entrée de ces icrottes n'a rien qui étendu de laves; jde distance en distance
appelle Tattention ; c*est une porte basse on observe des monticules dont le som-
qui donne accès dans une avant-salle met est couronné par des roches voîf bi-
carrée et uiafonnee ; plusieurs portes niques qui plongent sous la terre vege-
s'ouvrent dans cette salle et conduisent taie.Dans les régions où elle manque,
par des galeries latérales dans d'autres on chemine sur un terrain rocheux, plat
pièces toutes plafonnées, carrées ou rec- et fendu en tous sens de manière a for-
taugulairns. Les salles qui sont voi- mer de grands polygones irréguliers;
sines du lieu ve sont éclairées par de pe- mais la route est souvent interceptée
tites fenêtres donnant sur la vallée de par des fondrières larges et profondes,
THalys. On observe dans les parois des dont les flancs sont verticaux ; elles sont
niches peu profondes, rectangulaires et assez larges pour que des villages aient
qui u*ont aucun caractère sépulcral, pu s'y établir: ils ne paraissent pas de
Dans toutes les maisons modernes de foin, de sorte que la campagne semble
rOrient on voit de ces mêmes niches déserte.
qui servent à déposer les objets mobi- Ces vallées ne paraissent pas avoir été
liers ; toutes ces chambres communi- creusées par les eaux ; elles se sont sans
quent entra elles, et Ton v trouve simul- doute Tormées par le retrait des laves de
tanément les traces de I occupation des fusiou, et se sont élargies par Teffet de
morts et des vivants. Certams réduits la décomposition des laves. Les villages
récèlentdes sarcophages, d'autres cham- sont généralement remarquables par la
bres éclairées par une ou deux fenêtres propreté et le goût des maisons, qui sont
renferment comme des alcôves et des toutes bflties en pierres volcaniques
eheniinées, et peuvent très-bien avoir ciles à travailler; ils sont presque tous
servi a des familles de troglodytes. Il accotés sur le (lanc d'une colline, et les
n'y a pas l'ombre d'un art quelconque chambres sépulcrales, les églises tail-
oui puisse faire soupçonner à quelle léea dans le roc sont nombreuses aux
époque ont été creusées ces grottes, qui, environs. Noos en eumineroDS quel*
de nos jours ne servent pas même de
, qœa-imes*
retraite aux bergers des environs.
Après avoir traversé le pont, on suit CHAPITR£ XXI.
une route qui s'élève sur aeux plateaux
successifs, complètement arides et dé- monastère de suhp garabed,
serts. .Sur le revers sud du contrefort £GL1S£S XAUULKES DANS Lfi AOC.
qui domine la plaine se trouve le ha- •

meau de Emmiler éloigné de quatre Le monastère arménien de Surp Ga-


heuresde Césarée, et une heure plus loin rabed, Saint Jean précurseur, est situé à
le gros bourg d'Herkilet, établi sur uu dix-huit kilomètres à l'est de Césarée à
banc puissant de lave foudue, compacte l'entrée de la chaîne de montagnes qui sé-
et noire; toutes les maisons bâties avec pare le bassin de l'Halys de celnl de

Digitized by Google
ASIE MINEURE 585

Tokma sou. Cet établissement dont la CHAPITRE XXII.


fondatioarernoiifeau tre!/,u'me siècleest
ésal comme iinportaucereliuieuse a ceux iGLiS£ TÀILL££ DANS L£ AOC PiL£â
d Etcbmiaiin et de Sis; l^véqoe a le Dl BUBP OAIABID.
rani; de métropolitain de O'sarée. L'en-
semble des bâtiments du uiouastere est Cette petite église est creusée dans
entouré d'une forte muraille, et l'inté- un tuf jaune très-homogène, compense
rieur cootient, outre les églises et les ha- de cendres volcaniques agglomérées;
bitations des moines plusieurs corps de elle n'a souffert aucune d^adatioo,
loger des pèlerins
tifttiinents destinés à mais tout l'ouvrage est fait avec ta plus
<juide toutes les parties de l'aucieune grande simplicité. Le plan a de Tana-
Arménie affluent dans ce monastère à fogie avec celui des basiliques.
certaines fêtes de l'année. La nef a six mètres de long sur trois
Nous assistâmes à la ft'tc de saint mètres de large; les murs latéraux pi-
Jean, qui se célèbre avec la plus grande raisserit soutenus par des pilastres por-
pompe, et nous pûmes admirer la ri- tant des arcades; mais tout l'édifiée
chesse des vétenieiits de l*évéque et étant monolithe, cette décoration a'esl
des prdtres, qui ont conservé tous les làque pour rappeler lesmoaiimeatscoiis»
usager de ancienne Église. Les costu-
l truits.
mes des assistants n'étaient m
moins Au fond de la nef se trouve l'aitside,
riches ni moins curieux; la eoiffm oui est de forme dreulairot au milisa
des fèmmes est des plus variées ; leurs s élè\ e l'autel , qui fait partie de la ro-
cheveux pendent en longues tresses che même, et qui n*est ai^ourd'hoi
ornées de glands d'argent, de pièces de qu'un simple massif.
monnaies et de coquillages. Leur front La voûte de Téglise est en ceintre
est orné d*un petit diadâne de sequins surbaissé; toute cette construction est
et leur t^'te est surmontée d'une coif- de la plus grande simplicité,' aucun or-
fure qui tantôt prend la foriDe (ruii nement, aucune peinture ne la «lécore;
vase, tautùt d'un kalpack ou d'un sim- uue porte pratiuuée daus la second*: ar-
ple turban. Leartaille est soutenue par cade du côté droit condmt dans om
une large ceinture d'argent, dont les autre chapelle, qui est à peu près de la
agraffes en ronde bosse sont artiste- même forme que la basilique, et dans
ment ciselées; leur vêtement consiste la petite abside on a ménage aussi un
en robes de drap presque UNitss de cou- autel
leurs vojranteset ornées de broderies. Cas ehapelles ne reosTant de joor
Les en\irons du monastère offrent ue par la porte sont assez obscures ;

les points de >'ue les plus agrestes et les ans la chapelle du fond on ne pouvait
plus pittoresques ; des cascades tombent officier qu*à la lumière des cierges.
du haut des roehers couronnés de ver- 11 serait difficile d'assigner i*âge po-

dures ; le lieu nommé


Pncha tchesmc sitif de ce monument que nous sommes
.si, fontaine du pacha, peut être com-
la dispose à regarder comme un ouvrage
pare a uu vallon de la Suisse. Mais ce de troisième siècle.
qui donne un intérêt parti(»iier à cette A une distance de trois kilomètres
vallée ce sont les églises et les inoom* environ de cette église, dans une vallée
bles chambres sépulcrales taillées dans dont il serait difficile de déterminer la
le roc ; d'accord avec
la tradition est ici i}osition exacte, car elle ne porte dans
la nature des liem. Dès les premiers e pays aucune désignation spéciale, on
temps du christianisme, les anachorètes observe un autre groupe d'églises qui
se sont retirés dans ces lieux inaccessi- est le plus important de cette région.
bles, et c'est en souvenir de ces céno- Tous ces monuments n'ont dans le pays
bites que le couvent de Surp Garabed aucune dénomination particulière ; on
fut fondé. les connaît soos le nom générai doMk*
hara, les grottes , kilicé, les églises.
Ce monument, qui a une importance
réelle , déjoue toutes les suppositions
que Ton pourrait faire à son sujet, car il

Digitized by Google
I

est elair qu'il a dû être fréqueoté par A rextrémité de la nef, dans on ra-
une nombreuse société chrétienne , et foncement qui a deux mètres environ
cependant il n'existe aucun emplacement de large, on creusa un puits qui s'élève
possible de village ou de ville dans les jusqu'à la surface externe du rocher, et
alentours, et nen ne peut fiûre con- oui forme un eanal de ventilatioD, en
naître jpar quelle population il était fré- dans cette grotte un cooriat
établit ainsi
quente. d'air au moyen duquel les assistanlspOi>
,

L'entrée de Téglise s*anBooce par un vaieut y séjourner indéûniment.


lai^e portique de trois areades a pMn Les églises de ce genre sont aiM
eeintiè sanôortées par deux colonnes nombreuses dans la eontrée, mais elles
massives. Les chapiteaux , bien que présentent toutes à peu près le même
très-ruinés, se rapprochent delà forme aspect. Une raison assez plausible nous
du dorique. fait pencher pour placer leur exécotion
La corniche est composée d'un sim- dans la période du troisième au qua-
ple bandeau. Ce portique a cinq mètres trième siècles alors que le christia-
,

environ de long sur trois mètres de nisme, bieu que répandu et déjà flo-
profondeur. A droite et à gauche du rissant eu Asie, n'avait pas encore une
portique, sont deux ébambres carrées, exislenoe légale, et était traversé par de
dont la destination n*est pas indiquée. Il terribles persécutions.
faut voir dans ce portique un principe A partir du rè^jne de C/Onstantin les

doMarthex,qui fut plus tard une annexe édificesde ce genre n'avaient plus dérai-
Indispensable des élises byzantines. son d*étre ; les chrétiens maîtres du pou-
Cest là que se tenaient les catéchu- voir n'avaient pas besoin de cacher leon
mènes et les pénitents auxquels l'entrée temples dans les entrailles de la terre.
de Téglise était temporairement inter- Ces ouvrages dont le caractère chré-
dite. tien est incontestable, nous serveot
Une porte carrée placée an milieu aussi de base pour établir que tous les
du portique donne acres dans une pre- monuments monolithes de cette partie
mière chapelle ; à son extrémité est un de Cappadoce sont dûs aux travaux
la
abside circulaire avec un autel méuagé des chrétiens. D'abord parce qu'il y «a
dans la masse du rocher. Cette chapelle a un grand nombre qui portent la mw-
est voûtée en berceau, les parois sont fluedu christianisme, ensuite parée que
ornées de quatre pilastres. 1 on ne saurait supposer que les disci-

La masse de rocher oui sépare celte i)les du Christ aient été s'étabUr
au mi*
ebapelle de la grande église a une épais- leu des tombeaux des paTens.
seur de CSS. Le côté droit de la cha-
pelle est percé par une porte et deux CHAPITRE XXIII.
fenêtres a hauteur d'appui qui donnent
de Tair plutôt que du jour à la grande CHAMBRES SBPULCBALB8 BT UàXlf*
église.
Cette église a sept mètres de lon-
gueur, un autel de la forme des autels Nous ne saurions décrire à l'appui «1«
modernes est indiqué par la masse de cette opinion tous les édifices qui aooi
roc qui s*élève dans l'abside. La hau- ont conduit aux conclusions que nous
teur sous la voûte est de 4'"r>0. on peut avons adoptées ; mais les plans que nous
se faire une idée du travail qu'exigea un avons recueillis peuvent être ""e^^rd^
pareil monument. comme des types choisis au milieo es
SI eette église n*eât été fréouentée oentaines de monuments semblables.
que par quelques religieux solitaires, la La seconde classe d'ouvrages taillo
quantité d'air qu'elle recevait par la dans le roc n'offre pas un caractère si
porte eût été oonvenable ; mais avec une tranché que les églises, nous regardoW
assistance nombreuse elle devenait tout cesmonumcms eonme aysnt servi <i«
à fiait insuflbante; aussi on imagina un demeures à des cénobites, soit isoieSi
ingénieux moyen de ventilation, niais qui soit réunis en communautés de
^^^'^Jî:
à lui seul représente un prodigieux tra- quatre persouues. Nous avons vuJj":
vail. multitude de chambres isolées

Digitlzed by Google
ASIE BfUfECJRE. M7
lout ce qu'il faut pour paaaer la Tie ma-
CHAPITRE XXIV.
térielle.Dana l'intérieur, une excava-
tion formée par une arcado contenait
LES PRBFBCTUBES DE LA CAPPADOCfi,
DIVISIONS DU PAYS DAWS L*AIWI-
un lit de repos oue le solitaire couvrait
QOITÉ.
d^une natte; quelques cbambrcs présen-
tent même lea traeea de véritablea eiie>
minées. La destruction de la puissance perse
On que le climat de la (,.ippa-
sait en Asie Mineure ne fut pas tellement
doce est remarquable par sa rudesse, complète que tout ce qui rappelait lea
et le tyran Basiliaeua exilé an milieu de dominateurs orientaux fût en même
rhiver avec sa femme et ses enfants y temps proscrit ou abandonné. Les ma-
mourut de froid , ces infortunés n'ayant ges avaient su conserver leur pouvoir
d*autre ressource que de se serrer les au milieu des révolutions qui signa-
uns contre les autres pour se ré- lèrent le partage de l'empire d'Alexan-
chauffer (I). dre, et les formes de l'administration
Lorsqu'un cénobite avait vécu de de Darius furent en fîrande partie con- •

Ioniques années dans une pareille re- servées par les nouveaux rois. Le par-
traite, que la renommée de sa sainteté et tage de la Cappadoce en dix stratégies
de sa vertu s'était répandue dans la ou préfectures ordonné par les prédé-
contrée, après la mort du solitaire sa cesseurs d'Archelaùs et adopté par ce
demeure restait encore comme uu sou- prince est une imitation de la division
venir cher aux chrétiens; cette demeure du grand empire dea Perses en satra-
était convertie en chapelle funèbre, que pies.
les historiens ecclésiastiques des
pre- Strabon nous a conservé les noms de
miers siècles désignent sous le nom de ces dix préfectures et nous fait con-
Martyrium ou église consacrée k un naître leur position renective.
marûr. Si le corps du saint avait pu H en place cinq prte du Taurus, la
être recueilli, il était Dieusoment ense- Mélitène, la Cataonie, la Cilicie, la
veli dans la grotte même, et bien sou- Tyanites, et la Garsauritis (I), et cinq
vent cette grotte devenait pour d au- dans l'intérieur la Laviniasène, la
:

tres ehiéliena un lieu de sépulture dé- Sargarausène, laSaravène, laChama-


siré. ...
On reconnaît dans les chambres voi-
nène, et la Mnrimcne. Ces préfectures
furent ensuite portées a douze par l'ad-
sines de rentrée des dispositions pro- ionction des districts de Castabala et
pres à rhabitation, mais au fond est de Cibystra, qui 8*étendaient Jusqu*à
eieuaée une petite chapelle, qui a Derbé en Lycaonieet une portion de la
changé cette demeure en un lieu de ie-Trachée aux environs de l'île
prière et de sépulture. Dans un enfon- d'Llœussa.
cement en forme d'arcade était dépoté La plua grande et la plus florissante
le corps du défunt le plus révère, au- de ces provinces était la Cilicie, au mi-
dessus et à Tenlour sont creusées des lieu de laquelle était la ville de Mazaca,
niches ou couloirs destinés à recevoir capitale de toute la Cappadoce ; il faut
des corps. Si nous n*avions que ce mo- la distinguer des deux provinces mari-
nument pour appuyer notre opinion, il times du même nom; elle fut Tuan-
serait possible de la contredire, mais moins peuplée parles anciens Ciliciens.
nous relrouveroDS dans d'autres lieux Du temps d'Bomere et même, au oua-
de la dappadoce une infinité de crottes trième siècle avant notre ère, les CUî-
semblables portant évidemment le ca- dens étaient maîtres de toute cette con-
trée, qui échappa à la domination
assy-
ractère d'ouvrages chrétiens.
rienne à la suite des révolutions suc-
(ijProcoiM". BelL ch. VII, S 5, cessives, suscitées entre lea Scythes, les
OBci se puMÛt ven Vtn 47S. Mèdes et les Perses.
La préfecture de Cilicie est bornée

(i) &irtiM»D« Uv. xiJ, p. 534.

Digitized by Google
5S8 L*UNIVERS.
au nord par Halys, à l ouest
le fleuve vers le nord ; sa rive droite baignait les
par la préfecture de Garsauritis et au districts de Diacopène et de Pirooli-
sud par les plaines de la Cataonie. Le sène, deux cantons très-fertiles qui
caractère pnucipa! de la Cilicie est d'ap- étaient continus à la Ximène. Cette ré-

Farteuir au plateau le plus élevé de gion correspond au district de Youzgait ;


Atie centrale, qui sertoomiiieile base elle renfermait des mines de sel fossile
au c6ue gigantesque du oiont Ar^ee d'où, selon Strabon, le fleuve Halys (1)
regardé par les anciens comme la plus tirait son nom (2).
haute nioiita«jiK' de l'Asie Mineure ; Ces mines, qui sont encore exploitées,
comme caractère géologiaue, la Cilieie fournissent du sel a toute la province
appartient tout entière à la formation et leurs produits s'exportent SOUS forme
ignée, et le^ nombreux volcans qui en- de grands blocs dans presque tous les
tourent la base de TArgëe ont donné villages de l'Asie ; elles sont situées
i&sue à deâ niasses de scories et de cen- à quarante-huit kilomètres au nord
dres qui ont formé de hautes falaises, de Youzgatt près du village de Sarefc
tandis que toute la rcfzion au nord de Hamisch dans des roches de grès
l'Halys appartient au sysltine arciio- rouL'e. Les argiles et les marnes (jui
calcaire, qui s'eteud jusqu'aux monts couvrent le sol sont d'une couleur rou-
Olgassus. geâtre, etau moment des grandes pluies
les eaux s*écoalant dans l'Halys don-
LB ffUBUVB HALYS. nent au fleuve une couleur rouge, d*oÙ
est venu le nom turc de Kizil Irmaik.
'
L'flalys, appelé aujourd*liui KjzU I^ Ses principaux affluents sont, sur la
mak, le fleuve rouge, était célèbre ebejs rive droite le Delidjé Irmak, le Fiachar
:

les anciens non-seulement par les sou et le Dehli Devrent et sur la rive
;

grands tails historiques dont il fut té- gauche le Kara sou, le Sariinsadi sou,
:

ruoin, mais parce qu'il formait une li- qui arrosent la plaine de Césarée. Dans
mite déterminée entre les peuples d*o- la plus grande partie de son cours THa-
rlizine asiatirjue et cenx qui étaient ve- lys coule dans un lit très-encaissé;
nus d'Kurt)pt\ llérodotr suppose (I) mais arrivé dans les environs de Bâfra,
que le lleuve prend sa source dans une ses eaux gagnent en étendue ce qu'ellci
montagne d'Arménie, traverse la Cili- perdent en profondeur, et au moment
ci", et, tournant au nord, forme la limite d'entrer dans la mer Noire la largeur
entre la Paphlagonie et les Syriens Cap- moyenne du fleuve est d'environ quatre*
padociens. vingts mètres.
Strabon place plus correctement les
sources de lHalys entre la Cappadoce CHAPITBE XXT.
et le Pontf dans 'la province de Garni-
sene. CBSÀBÉE.
Cette montagne, dépendant de la
chaîne de FOlgassus , est aujourd'hui Une oui a été saccagée tant de
ville
connue sous le nom de Kou/é daiih; le fois et qui n a jamais été dans l'anti-
fleuve suit une direction «ienerale au quité que l'asile momentané de princes
sud -sud -ouest, jusqu'à ce qu il atteigne barbares, dont toute la sollicitude était
les contreforts du plateau de Césarée. de se mettre à Tabrl des brigands (fUi in-
Il redresse alors son cours directe- festaient leurs États, ne peut présenter
ment vers l'ouest à travers le pays ap- aux observations de l'artiste que bien
pelé par les Grecs Cliaiup de Sainte-Ué- peu de monuments dignes d'être étu-
lène, la longueur de son pareoun est diés : e*est la condition dans laquelle
estimée par les caravaneurs turcs à qua- se trouve C^rée. IVIais elle offre en
rante heures de marche. cela de l'intérêt ; c'est que, depuis les
Le lleuve Ualys poursuit sou cours temps les plus reculés, sa physionomie
directement ?en Touest jusqu'à la ville n*a pas changé, et que «fest totyouis la
A
de emeheher pour remonter eniuite
(1) 'AXÙ;, spI.
(i) Hérodote, iiv. I, cUap. 7». (2) Slrab., Uv. XU. 56 1.

Digitized by Google
é

ASIE MINEURE. 699

villo sâns murailles, dont le château prévu, ilspusant au moins préserver


seldjoukidt^ a i-té déiiianlelé par les leur vie par une fuite prompte et fa-
sultans turcs, de peur que les pachas, cile.
dans une velléité d indépendance, ne se L*emperear Tibère, après avoir con-
mraDchasMDt dans m
enceinte, pour
se livrer, eux aussi, aux bri^niulages
verti la Cappadoee en province, donna
à la capitale le surnom de Césarée (1),
qui, de tout temps, ont désole la Cap- en niomoire d'Auguste; le nom d'Ëu-
padoce. sebla, près de TArgée, qu'elle portait
Comme chacun des anciem peuples pour la distinguer de Tyane, est là
qui ont établi leur pouvoir en Asie pour prouver que le culte des dieux lui
avait prétention de rattacher à ses
la donnait de l'importance. Tyanè aussi
annales les origines obscures des villes était célèbre par son temple de Jupiter.
et des natioDt, les Arméniens n'ontpas Etiranede Byzance prétend que le nom
manqué h la loi commune, et préten- grec de Césarée était Édesse la Part h é-
dent que la ville de Césarée, dont le nienne. Avait-elle eu quelques rapporta
non) primitif était Mazaca, doit sa fon- avec l'antique Rhoa , de rOsrhoène
dation à Ton de leurs princes (t). Des oui fîit longtemps soumise aux prtnoes
écrivains modernes ont cru y recon- a' Assyrie ? Mais du temps de Strabon,
naître le nom de la grande déesse des le nom de Mazaca était le plus em-
Cappadociens, et la ville ne devrait son ployé, et cette ville était regardée poli-
origine qu'à Taggloroénitioii des tribui tiquement comme laeapitaie de la Cap-
autour d'un centre religieux oui existait padoce (2).
'
là depuis les premiers siècles. Josè- " Elle est située, dit-il, sur un sol
phe (2) en attribue la fondation à peu convenable pour placement
le
Mésecb fils de Japhet. Philostorgus d*une ville; elle manque d'eau, et eHe
prétend qu'elle s'appela d*al)ord Bfaza, n*a pas été fortiiiée par des muis, aoit
du nom de Moioco, chef eappado* par la négligence des souverains, soit
cien. de peur que, les habitants, se contiaut
Il ne nous reste d*ailleurs pour trop aux murailles comme à une re-
édaircir ces faits aucun texte positif, et traite sûre, ne se livranent aux brigan-
la première mention (jui soit faite de dages, favorisés [)ar leur position sur une
Mc'izaca se trouve dans Strabon , qui plaine parsemée de collines, d*où ils
écrivait précisément a Tepoque où la peuvent lancer des traits. »
Cappadoce fut réduite en province, et Les antiques éruptions du volean de
où l'antique capitale avait déjà perdu l'Argée ont couvert à différentes re-
son nom, pour prendre une dénomina- prises la plaine de Césarre de masses
tion romaine. La singularité de la po- de cendres qui se sont agglomérées, et
sition de la ville , et les nombreux qui ont formé un sol composé de tufs,
phénomènes volcaniques qui se mani- sur lesquels une végétation chétive n'a
festent aux environs, avaient assez pu prendre racine qu'après l'espace, de
intéressé Tecrivaiu grec, pour qu'il eou- plusieurs siècles ; c'est ce qui fait dire à
aenSlt à faire de cette ville une des- Strabon : « Le terrain qui environne
cription détaillée et remplie dMntérét Mazaca est stérile et peu propre à être
au point de vue géologique. Strabon ex- cultivé; quoique ce soit une plaine.
plique , selon sou opinion , Tabsence fond en e&t pierreux et couvert de
complète de murailles; mais, après saUe. »
avoir considéré combien la contrée était Les tufs, qui sont d'une couleur grise
exposée à Taction des feux souterrains, et renferment des fragments de pierre
il semble naturel de penser que la sé- ponce et d'autres minéraux, sont re-
eurilé perMonelle des habitants devait couverts, dans quelques endroits , dt
les porter à ne pas 8*enlermer dans une laves de fusion sillonnées par des raMei
enceinte fortifiée, pour qu'au moment profondes, dont les parois sont verti-
d'un tremblement de terre, toujours
(i) Eiitrope VU, 7. Festus Rufu^ Mrmh'
(i) Moise de Choren, I, XIU. rium, 2.
(») jtmt. /mL, I, chap. vL (»)8lnb., liv.XIV, 663.

Digitized by Google
MO LDmVKBS.
cales, etdont la largeur varie jusqu'à rien par Sapor, en 368, Césarée renftr-
leur donner Taspect de véritables val- mait une population de quatre cent
îécs; ce sont, je ponse, ces fissures qui, mille habitants. Le roi de Perse ayant
dans rantiauite, donnaient naissance à pris Malalia, marcha droit sur Cesâréc,
des gaz inflammables; ce qui leur valut après avoir pillé toute la Mésopotamie
le nom de gouffres euflammés (1), etde et la Cilicie.
plaines brûlantes. Ces vallées, dont on ne Tnrse fut réduite en cendre?, et la
saurait expliquer la formation que par le cavalerie perse, franebissant le Taurus,
retrait opéré par le refroidisseineut de vint avec le reste de Karmée mettre le
ces grandes masses fondues , afTeolent siège devant Oésarée. Démosihèoe en
des directions indéterminées, et ont avait été nommé gouverneur par Va-
quelquefois plusieurs kilomètres de lérien.Ce brave citoyen organisa une
longueur \ mais le terrain supérieur est défense qui suspendit pendant long-
beaucoup moins stérile que dans l'an- tempe la ruine de la place, et les Perses
tiquité, et le travail de quinze siècles a emsent été infailliblement repoussés
couvert la plus grande pnrtie de la plaine si un traître ne leur eiU offert les
d'une mince couche ae terre végétale, moyens de vaincre la garnison coura-
qui produit de chétives moissons. geuse (1). Déniosthène se fit jour an
Soumise à la puissance romaine, milieu des Perses, qui avaient ordre de
Césarée voulut, comme les autres villes ne rien né^li^er \)Out s'emparer de sa
de l'Asie, se distinguer par son zèle personne mais tandis nu'il échappait
:

pour le culte des empereurs et des avec un uetit nombre de braves, plu-
dieux de Rome; des temples nombreux sieurs milliers de ses concitoyens forent
S*élevèrent, et C^rée sollicita et obtint enveloppés dans un massacre pén/ral (2).
le titre de S'éorore, qu'elle inscrivit avec Les corps de ceux qui avaient été tues
orgueil sur ses monnaies. I^s historiens remplissaient des vallées profondes, et
parlent d*un certain nombre d*édiOces les prisonniers emmenés en esclavage
publics, d*hippodroroes et de porti« périssaient par centaines sur la route.
ques, qui prouveraient qu'on chercba Décidé à ne laisser «lerrière lui qu'un
aussi à introduire les mœurs romaines, désert, Sapor ravageait les villes, trans-
et, sous Ariarathe, elle devint un lieu portait dans ses États tous les habitants
de séjour pour les savants (2). des villes conquise8(8),etil serait venu
Néanmoins, sous toute la période à bout de ses sinistres projet :, s'il était
romaine, Césarée resta sans importance pn^silile de dépeupler une province et
et toujours en lotte avec la nature in- d aneaulir une ville. Il v aurait lieu de
grate de son territoire. cbristia- croire au contrahre à rcsagération de
nisme apporta dans ces provinces un l'historien prec.
peu de la vie politique qui leur avait Constantin, dans sa nouvelle division
manqué jusqu'alors. Lescvéques se fai- de l'empire en diocèses, avai^ voulu don-
saientun nom dans la chaire, et les ner à chacune de ces provinces un goo-
temples anciens étaient détruits avec venieur du sangimpénal ; la ville de Cé-
ardeur pour faire place aux églises nou* sarée fut choisie, en 326, pour la rési-
velles. dence d'Anuibalianus. Le Pont, laCap-
Mais l*empire romain chancelant n'é- Kdoce et la petite Arméniecomposèrcnt
tait pas assez fort pour défendre set tendue de son nouveau royaume; fl
villes frontières contre les invasions eut des cardes, des légions et des ausl*
des Barbares. Les Perses, dont B^- Maires en proportion de sa dignité.
zance était le point de mire , franchis- Avant d'arriver à Tempire, Jaliett
saient sans crainte des frontières mal (363 de J.-C), associé avec Gallus,
défendues, et les \illes de In ('nppa- fonda la belle église de SaintMam-
doce supportaient toujours le premier mas, qui fut dotée d'un cierge nom-
choc, qui s'annonçait par le pillage et breux, et les deux princes s'entrete-
le massacre. Après ta définte de Valé-
(i) Tillcmonl, III, iSa.
(i) Sirabon, Xlf, 538. (a) Zoiiar, Vtv. XII, 53o.

{%) Photiot, lib. U, 59. (3) Zoùina^ liv. I, p. %S,

Digitized by Gopgle
ASIE lUNRUKB. 64t

nient afie Uê «mltei «I ki ftligimuc qaes du Mon et tartmrt des Pttraet


qn ataicnt introduit dans la Cappadooa qui pendant tant le règne de Justinien
les ri^eursde la vie ascétique (1) Les menaçaient et souvent attaquaient lee
chrétiens étaient alors assez nombreux villes frontières de l'empire,
à Césarée ; et lorsque, dans son esprit Dominée parunestiltedemonticulee
de réaction, Julien voulut s'opposer dépendant da mont Aig^, la ville était
aux progrès de la relij^ion clirétieiwie, incessamment exposée am
traitsd*une
les habitants, qui avaient montré en- armée d'invasion,
vers le nouveau culte un zèle assez ar« Justinien prit soin d'établir un sys-
dent pour que les païens et les béréti* tème de défenae qui est déerit en ces
ques ement abandonné son enceinte, termes par Procope(i) « Il y avait piu-
:

mnntrèrent une vive opposition , qu'il sieurs hauteurs fort éloignées les unes
ne put vaincre que par des mesures des autres, que ceux qui ont bâti la ville
cruelles. ont oaln enlBraier, de peur que lea as-
.
L'empereur prit le prétexte de la siégeants n'en tiraasent de l'avantage, et
destruction d'un temple de la Fortune ainsi ils ont augmenté le péril en pen>
pour faire subir à la ville entière un sant pourvoir à la sûreté, lis ont enclos
traitement des plus rigoureux ; elle fut des rochers, des jardins, des pâturages,
effacée du catalogue des cités, quoi« qui sont depuis demeurés dans le même
qu'elle fût la métropole de la province ; état, et dans lesquels on n'a point cons-
il lui enleva le nom de Césarée, qu'elle truit d'habitations; de sorte que les mai-
tenait de Tibère, et voulut qu'elle reprit sons sont éloignées les unes des autres
celui de Mazaea; Julien fit enrôler lea et ne peuvent se porter nnituellement
préires dans la milice du gouverneur, secours. De plus, la garnison était
et les autres habitants, avec leurs fem- toujours insutlisante eu égard à l'é-
ines et leurs enfants, furent inscrits tendue, et les habitants manquaient
pour payer un tribut comme dans les de moyens d'entretenir leura muraillea»
villages. Ordre fut donné aux chré- Justinien fit abattre une partie de œa
tiens de rétablir le temple détruit, et la murs afin d'en réduire l'enceinte à une
colère de l'empereur ue se filt pas ar- juste grandeur, qu'il a fait bien forti-
rétéeià, s'il n eût dû songer à des soins lier et où il a établi une bonne gar-
plus importants qui l'appelaient anr la nison. »
frontière {?.). Ce passage de Procope devient en-
Sous règne de Valence Césarée
le , core plus clair apr^ l'inspection des
eut encore à souffrir des mesures ty- lieux : chacun des monticules qui en-
ranniquea de Tempereur, qui voulait tourent la ville, et notamment la mon-
propager en Cappadoce les doctrines de tagne de Saint-Basile, que les Turcs ap-
ranauisme. Basile, alors métropolitain pellent Ali dagh, était couronné par
du diocèse, préclia avec véhémence, et un fortin , on y voit encore des traces
aontlm Isa vrais principes de la foi duré- des anciennes fortifieations ; mab cette
tienne adoptée an concile de INicée. ligne de forts détachés formait un dr-
L'empereur, ne pouvant vaincre la géné- cuit de plus de dix kilomètres ; c'est ce
reuseobstinationderévéque, s'en vengea système de défense que Justinienclian-
sur toute la province en la divisant en gea radicalement,
deux parties, et en donnant à î^rane le II résulte du document rapporté phia
titre de métropole de la aeeonde Gapp*- haut que la fondation du château ac-
doce tuel de Césarée doit être attribuée à
La situation de Césarée comme Justinien, et non pas aux Seldiouki-
grande place de commerce attirait de des : ces princea n^ont Csit que le ré-
toutes les régions de l'Asie une popula- parer.
tion nombreuse, mais la ville était hors L'antique Césarée n'existait pas posi-
d'état d'être défendue contre les atta- tivement à la place de celle d'aujour-
d'hui : elle était bâtie à un auart de
(c) Tiiicnioot, 3iém, eeefdi,^ t. IX, mille à Toucst de la ville uMMieme, ct
page 66 1
(a) Sosomène, liv. Y, cbap. iV. (z) Procope, de JEdtpei'u, liv. V, chap. 4.
LUHIVEIIS.
conséquent pins rapprochée de Ces églises étaient tombées sous la
Krinée. (m observe quelques ruiues main dévastatrice des Turcomans^ qiri,
appelées par les habitants Kski-Kai- sous la conduite de Alp-Arsian, neveu
saria, rancieuneCfsarée. Les murailles, de Ïogrul-Beg, s'emparèrent de Cé-
^ui ont tout le caractère de construc- sarée eu 1Q24 ; les richesses que conte-
tions byzantines, sont fiiiles en blocage, nait Téglise de Saint-Basile furent dis-
avec une alternance de lits de briques; persées, et tous les objets d'art furent
le principal édifice a sans doute nppnr- détruits. On remarquait particulière-
tenu à des thermesj si j'en juge par les ment la châsse du saint, chef-d'œuvre
nombreux eondoits d*eau en terre eidte dVNrftfrerie, avec des émaux inerwtés
qoi sont engagés dans la muraille. de perles; l'historien Mirkhound en a
Au sud des ruines, on voit « entre laissé la description (I). Le trophée le
deux emiuences, ou pour mieox dire sur plus recherché des conquérants asiati-
la pente de la colline, uue dépression ques, les portes, n'échappèrent pas à la
de terrain longue d'environ deux cents rapacité dUlp ArsIao; les deux battants
mètres, couverte de gazon et préparée , furent enlevés et envoyés au sultan de
en quelques endroits pour recevoir des Perse. Ou ne peut s'ém pécher de se
plantations qui en changeront entière- rappeler TLcriture sainte, doul toutes
ment la physionomie (I). Il est bars de les traditions se perpétuent en Aaie,
doute que ce sont les vestiges de Tan- même chez les musulmans, qui re«
cien cirque de Césarée. Je trouvai aux connaissent aussi l'Ancien Testanient;
environs quelques fragments de marbre, il semble que Samsou, en enlevant
oui ftirottt nour moi comme un indice les portes de (Hiaia, ait toujoon dié
des causas de la destruction totale de le héros modèle de ces conquéranU,
ce monument. Que les temples aient qui l'imitent encore après trente riè»
compictetnent disparu sous la vindicte oies (2).
des nouveaux chrétiens, cela se conçoit Si l'on en juge par l'état des monu-
d'autant plus qu'ils avaient été plus per* ments, la ville actuelle a été transportée
sécutés pour leur toi nouvelle; mais il au lieu qu'elleoccupe aujourd'hui dès
faut attribuer un autre motif à la des- les preuiiers temps de l'occupation mu-
truction d'un monument qui, au point sulmane. Le château est assez vaste
,

de Tue du goût des Capçadociens pour pour offrir nn asile li un assex grand
tout ce qui tient à Téquitation, défait nombre de familles. Tous les bazars, les
être assez fréquenté. Mais si le marbre khans et les tekés sont groupés à l*en-
était employé dans cet édifice, sa des- tour : c'est le centre de la ville musul-
tmetion s*expii(jue naturellement par* mane, lisdéftutde mstériauz légers as
ramidoî qn*ont fait les modernes d*une ftit sentir dans les constructions qui ne
matière rare en ce pays. T.p soubasse- sont pas destinées à une durée perpé-
ment d'un acdicule dans la mosquée de tuelle. Les bazars et les boutiques sont
Uoueu est eu marbre blanc tiré des rui- bâtis en moellons de laves réunis par un
nes de la Tieille ville. Tout ce qui est raorlier d*argile ; le tout est Couvert en
en marbre à Césarée provient des mo-
numents antiques voilà le véritable
:
(i) Voyez Wiener îtetUciinft fur das Jabr
iSftS, page 529.
motif de la disparition de tout ce que
(a) Huitièote siècle les portes d'AQ- :
les anciens aTaient laissé de remar-
cvre ont été enlevées par HaroMu-al-IU-
qnaUe.
cbyd.
J'ai vainement cherché, dans l'em-
Dixièiue siècle. ies portes de Soaoïaiilk
:

placement de l'ancienne ville, quelques par Maliiiioud le Gha^iiéwi Ji*


mtiges de la célèbre église de Saint-Ba- 1 rcizièaie »iè('le : les portes de la moiquée
sile ou de Saint-Mamnias; en un mot, de Cordoae jper les Maures, qui les ont tnm
Césarée n'offre à l'observateur aucun portées à Mequinez;
monument antérieur au douzieine siè- Quatorzième <iièrle les portes de Saint-
:

cle, si en excepte,
l'on la masse informe Basile par Alp-ArsIan ;

dn chlieau. • IMx-neuvifaDe siècle : les ponee d^nne


esqiiétf d'ETaérouBi par le fèaéral tmm
faikewitcb.
terrasse d argile battue. Cette manière eoodes. Depuis le marabout, eomposé
de bfltir donne à la ville un aspect de à%Uk ddme supporté par quatre co-
misère qui constraste avec réîégance lonnes, qui abritent les restes d'un
des quartiers où demeurent les nego- scbeik du désert , Jusqu'à la chapelle
ciauts. Le palais du pacha u'offre pas de marbre, enriehie de grilles doiMS et
une plus grande régularité : c*est une d'ornements peints à ntalienne, dans
grande cour entourée de portiques don- laquelle le sultan Mahmoud a reçu la
nant accès aux différents bureaux. et à sépulture, on voit successivement s'in-
la saUe de réception troduire l'influence persane, armé-
t,
nienne et byzantine, qui se plie, il est
vrai , aux exigences de l'ornementation
CHAPITRE XXVI.
arabe, mais n'en conserve pas moins
sou tvpe priraitil, Une grande vallée,
HomjMima bbuauux. qui s'étend de la ville jusqu'à la mon-
tagne appelée Ali dagh, offre encore un
Man loin de ce palais, se présente un certain nombre de ces chapelles sépul-
vaite enpIaeemeDtoecapé par iet mo* crales ; il en existe aussi dans la ville :

iHuneots rriigleiiK et par les cimetières. elles ont toutes la formé octogone, et
Les musulmans ont conservé une cou- sont couronnées par une pyramide d'un
tume invariable due a leur loi reli- même nombre de côtés. Ce style n'a
gieuse, celle de conOer lea moila à It rien en lui-même d'arabe ni de turc;
terre, et de disposer la sépulture per- aussi les habitants de Césarée, dans l'i-
pendiculairement à l'axt^ delà mosquée,
gnorance où ils sont de l'origine de ces
à l'Orient. Aussi ne voit-on ja-
édifices, les attribuent aux monarques
la téte
mais les Turcs emprunter d'anciens persans. C'est tout ce que Pococke
tombeaux ou imiter les sépulcres taillée lui-même a pu savoir toudiant ces
dans le roc. La sépulture le plus en tombeaux. Les Turcs avalent sans
usage est une simple dalle de pierre,
doute dans l'idée d'en faire remonter la
aux exttémités de laquelle sont plan-
fondation aux SeWjoukides persans, car
tées des eolonnee, portant généralement mémoire
il y a bien longtemps que la
des inscriptions en langue arabe. Les des Sassanides est tout à iift effseée.
sépultures de Césarée otfrenl celte par-
Mais cette hypothèse n'est pas satis-
ticularité, que le tombeau est urdmai-
faisante, et rien dans Tart des Seldjou-
renient eouvert par un soubassement
kides persans n'a pu les conduire à
en forme de sarcophage et que les ex-
,
cette construction, ûnon leurs rap-
trémités sont circulaires. On rencontre
ports avec les peuplesarméniens; cir-
beaucoup de monuments de ce genre constance qui, à cette époque, m'était
dans la haute Arménie et dans les val- complètement étrangère, comme elle
lées basses de TAraxe; ils sont sans l'était à Pococke. Mais dans mon voyage
doute empruntés aux Arméniens, mais d'Arménie, observant l'architerture
il est hors de doute que c'est la plus des monuments de Kars,d'Ani et d'Er-
ancienne forme de tombeaux musul- zéroum, je fus singulièrement surpris
mans que Ton reneontre dans ees con- de retrouver dans l'architecture des
trées.
prioees Pagntides le type de ces tom-
Les princes, les oulémas et les per- baux cappadociens qui sont restés cir-
sonnages célèbres par leur sainteté ou conscrits au pays soumis pour un temps
leur bravoure, obtiennent ordioabre- à la puissance arménienne.
went le prifilé^e d'une chapelle sépul-
crale. Le caractère de ces petits monu-
ments varie singulièrement dans tou& CHAPITRE XXVIL
les Etatssoumis à Tislamisnie : ils pré-
tenteraient à eux seuls une série d'é- XOSQUBB BT TOMBUkV DB SOUBlf
tudes des plus nouvelles et des plus fé>

La grande mosquée de Césarée, qui


(i) Vovezplanche représeniant la
la ville remonte au milieu du quatorzième siè-
de Cesarce el le mont Ai^ée. (t*l. 54.) cle, a été élevée à la ménioirq d'un
644 L*umvER^
saintdu nom de liouen ; il était com- chesse de décoration a été réservée
pagnon de Hadii-Baîram et fondateur pour la porte et pour le tombeau du
d'un ordre de derviches. C'est au re- fondateur, placé dans une petite cour
tour de la Mecque tiu'il donna les plans à l'angle du portique. Cette chapelle
de celte mosquée, dunt le caractère n'a ou turbé est élevée sur uu soubassement
pas d*analogue dans l'Asie Mineure, formé par des encorbellements de s^le
mais qui a des rapports extr^'mement arabe, qui n*ont pas de nom dans notre
frappants avec celles de l'K.uvpto vl àe architecture ; ils sont engendrés par une
l'Arabie. L'édifice est de forme carrée, suite de polygones dont les projections
entouré d'un mur épais et tlanqué de forment une infinité de petites niches
tours cîrcttlaires une porte d'une rare
; variées à l'inflni, mais tontes soumisesà
élégance conduit dans la partie appelée une loi géométrique assez simple.
par les Turcs harom, ou lieu fermé : Les huit faces du tombeau sont for-
c'est le pronaos des anciens temples mées par des arcades ogivales, et les
le elolire des églises chrétiennes. Ce ani^ sont renforcés par des colonnss
vaste portique a une cour intérieure soutenant un entablement du mcn.e
disposée tout à fait connue l'atrium des style que le soubassement; l'édifice est
Romains \ les arcades sont tant soit peu couronné par une pyramide. A côte de
surhaussées en forme de fer à cheval. la mosquée s'élève un medreoé formé
Cet arc dont Toriginc a été souvent
, d'une cour intérieure, autour de la-
cherché par les hommes qui s'occupent quelle sont les chambres des étudiants.
de l'histoire des constructions, a été Cet ensemble d'^ihces est le seul qui
fré(]ueniment employé en Espagne par ait un caractère monumental.
les khalifes de Cordoue, et se retrouve Ja population de Césarée se compose
dans l'architecture moderne de tous le de Turcs et d'Arméniens, les fanniles
pays de Moghreb, le Maroc et l'Al- grecques sont peu nombreuses. D'après
gérie, tandis qu'il est délaissé depuis le un recensement qui se faisait pendant
seizième siècle, dans la Turquie, où il a mon séjour à Césarée |»our établir .im
été remplacé, scit par l'are ogival à nouvel impdt on eoHaptait :
tiers-point, soit par lare plein-cintre
Maisons Turques 10,000
surhaussé par le moyen de tangentes. — Arméniennes... L500
Cette observation superfldelle a suffi
pour faire donner à arc en fer à che-
1
— G recques loo

val le nom mauresque. Néan-


d'arc Maisons li./ioo

t
moins, une église du dixième siècle, Ce qui représente une population de
qui se trouve au village de Dighour, soixante mille âmes.
porte dans sa façade des arcades en fer
a cheval ; or, ce monument est anté- CHAPITRE XXVII.
rieur à tous ceux que nous connaissons
dans le midi de TEurope et en Afiriqne. LB MONT ABGJBB. BIOPTIORS VOLCA-
Il faudrait donc sTassurer si, dans la NIQUES.
haute Asie, des monuments antérieurs
à cette époque n'ont pas donné aux Le mont Argée par
était con.sidérc
chrétiens primitifs l'idée de ce mode de les anciens comme haute mon-
la plus
constructions ; mais dans tous les cas il tagne de TAsie Mineure; ils connais-
a été employé par ceux-ci avant que les saient en outre son origine volcanique,
Arabes l'aient adopté. et les observations des voyageurs mo-
L'arc des portiques de la mosquée de dernes n'ont fait que confirmer Texae*
Hooen porte ce double caractère , qui titude des phénomènes signalés par
participe de l'arc surhaussé et de l'arc Strabon, qui ri^ume en peu de mots
aigu musulman. La cour de la mos- la description de cette montagne. « La

q&e est séparée du temple proprement cime de l'Argéc est toujours couverte
dit par une muraille peraée d'un grand de neige et ceux oui y montent, et ils
nombre de fenî^tres. sont en petit nombre, prétendent que
Le plan de la mosquée est aussi sim- dans un temps serein, on peut décou-
ple que celui du portique ; toute la ri- vrir de cette hauteur les deux mers,

Digiii^LLi L/y GoogI


ASIE MINEURE
dn ^ont-Eoiin
celle et celle d'Issus. » laves, sans donner Ireu à des éruptions :
Les gouffres ipnés que Strabon si- cela tient aux forces élastiques de Tin-
gnale dans la plaine de Césarée D*é- térieur du globe, qui trouvent une ré-
taient 9ue la conséquence de la nature sistance dans la hanteor oà elles de-
foleaiiique de cette montagne qui, dans vraient élever la matière éruptivs.
îe premier siècle de notre ère, donnait Il arrive alors que des commotions
encore naissance à des feux souter- terribles fendent les flancs de la mon-
rains. tagne, et les liquides enflammes se font
L*Argée élah eoofert de foréis où jour par ees fissures pour former, sur
venaient s'approvisionner les habitants les flancs de l'ancien cratère, d'autres
de Césarée, mais non sans courir cer- volcans secondaires. C'est ce qu'on peut
tains risques, le sol delà montagne étant observer sur les flancs de TEtua, et c'est
FUtoeptiDle de s'affaisser sous le poids oe qui a en lieu récemment dans Téni^
des hommes et des bétes de somme, tion dtt Vésuve.
aui tombaient dans des gouffres en- Ce phénomène géologique est bien
ammés; mais ceux qui connaissaient apparent au mont Argée; le grand
le pays prenaient les précautions néces- cone s'élève d'une manière régulière;
saires nour éviter ce danger. son sommet est composé de basalles,
Au-dessus de In couclie iiznifère i! y de trachytes, -et de roches ignées an-
avait uu terrain imbibé d eoii froide, ciennes.
produit sans doute de la toute des Ses lianes supportent une quantité de
neiges, qui entretenait un gazon abon- monticules réguliers qui sont eux*
dant, et les eaux se réunissaient en la- mêmes autant de volcans secondaires
gunes ou marais, d'où il sortait des qui se sont formés quand la hauteur du
flammes pendant la nuit (l). grand cone a opposé un obstacle à l'é-
Les voleaos de Césarée sont, pour ruption des laves par le sommet. Deux
ainsi dire, la Kmite du ^rand phéno- de ces volcans secondaires ont formé de
mène de la rupture de l'écorre de la véritables montngnes : c'est Ali dagh
pïesqu'iie d'Asie, qui commej)ce à d'une part et Ilan dagh, la montagne
Koula, passe parKara hissar, et se ter- des serpents, de Tautre.
mine à Césarée. Ku allant plus avant La erodte solide du globe n'étant nue
vers l'est jusqu'à rKuphrnte, on trouve de quarante cinq kilomètres, et le des-
encore des indications dY'j)anphenients sous étant forme de matières en fusion
ignés, mais aucun de ces soulèvements pâteuse, on conçoit aue cette masse
remarquables comme ceux que nous énorme de matières qui forme le massif
avons eu occasion de signnier. de PArgée ait dfl diminuer considéra-
La rupture du sol de la plaine de blement l'épaisseur de In croilte solide ;
Césarée a donné naissance aux roches aussi le territoire de Cesaree fut-il de
Toleaniques, oui sortaient sons forme de tout temps exposé aux trembler
pâteuse et coufaient lentement sur le sol, ments de terre, et de nos jours, la ville
où elles se refroidissaient. de Césarée éprouva de notnblos dom-
Le volcan du mont Argée avait un mages à la suite d'un pareil événement.
tout autre caractère il a certainement
; Cependant l'histoire moderne ne men-
été le centre de véritables éruptions qui tionne aucun fait relatif à une éruption
ont vomi des laves, des pépérites ou cen- i?née, quoique les laves de la plaine pa-
dres , des trachytes et o« s basaltes. On raissent d'une nature semblable aux la-
sait aujourd'hui que la force cxpansive ves du Vésuve.
des éruptions volcaniques n'est pas il- Le dernier tremblement de terre eot
limitée, et qu'elle cesse lorsque la masse lieu le 1*'' août 183r), deux heures avant
de substances accumulées a formé une le lever du soleil; la terre trembla; plu-
montagne d'une certaine hauteur; eu sieurs minarets et un grand nombre de
un mot, il n'y a que les volcans jeunes maisons s'écroulèrent; six à. sept cents
Ïui donnent naissance à des éruptions. personnes furent tuées; les villages des
l'Ëtna ne laisse plus épancher que des environs souffrirent également
Le massif du mont Argée couvre une
(i) strabon, li¥. XIT, p. &38. surface de dix myriamètres carrés, soit
3&* Livraiton. (Asii Mirbu&s.) T. II. Si

Digitized by Google
546 tDNIVERS.
trente-deux kilomètres dagh à
d'AJi une uleurésie dont il mourut. 11 est eu-
lagé wu , <«k irentMi kilomètiw 4e terre dans régUse grecque du village
Gésarée, à Éverek. d'Endourlouk. Mais les Grecs restaient
Vu du côté (le O^sarée, le mont Ar- convaincus ou'il était mort étouffé par
gée, Erdjiscli dagh, se présenta coamie le manque d air, et nul n'aurait voulu
am nwdtagM j 4oiibleMiiifliet, émd le n*aceompaçuer, quand même ma santé
tiers supérieur est couvert de neiges m'eût permis de tenter Tentreprise. Je
éternelles La bn&e e^tformée par oes me contentai d'examiner la nature des
tufs et ries laves tendres. roclies a la base du vt^cau, et de re*
Mata 4«M0iBeiit q«e Vim eoBtnMMt euellUr quelques fraginants dtftoeiiés du
à monter, on aperçoit dans les raiiiii sonsmet et roulés dans les eam dtt tor^
des fragments de basalte et de por- reiU. Les laves de fusion proprement
phyre qui annoncent que, lea régions ^tcs, .ceiles qui forment de véritables
aupérlearw ne eo&l pai foraoéea de ro» nouléss, ne dépassent pas le tiers infé-
ches aussi récentes. rieur de la montagne; elles alloment
Du côté du nord, la montagne d'Ali avec les tufs et les scories terreuses oui
dagh est séparée de TArgée par une composent la surface de quelques dd>
laige vallée ; son élévatioo euKieaaiis de mes. Les tufs atteignent une hauteur
la plaine ne dépasse pas quatre coûts encore moindre, et, dans les parties
mètres, la roche de porphyre qui la qui présentait des ruptures verticales,
compose est tellement compacte que la ou reconnaît au-dessous des roches le
plus chetive v^étation peut à peine s y basalte i;oir, identique avec celui d'Al-
«ttaehcv au oonaieBcenMnt du prin- bano , qui est employé pour paver la
temps ; toute la pente septentrionale du ville de Hume. Vax remontant le ruis-
mont Jépuurvuede bois, quoi-
Ar|2(*eest seau nomme DclitclKii qui passe à
,

uu'clle ait été couvertede forets dans Ziuzideré, ou ne trouve plus dans son
rantiquité.^£ÎP qili 1m a détruites, ce litque des roeliers, qui forment den
n^est pas le manque de terre véf^étile, masses compactes sans coulée appa-
mais ici comme partout eu Asie Mi- rente,comme i^s traoltyUs et les por-
neure le mauvais aménagement des buis phyres.
jat rineurie dee babitams ont anéanti £u 18S7, M. Hamilton (1) parvint à
cette source de richesses. Toutes les exécuter l'opération difGcilc de Pasoen-
eaux de cette partie de la montagne se
. sion del'Argée. Traversant les contre-
féuuisseuL eu un ruisseau qui arrose la forts orientaux de la mont^wie, il s'é-
plainede Gétarée et se jette dans It ri- leva insensiblement jusqu^u villa({e
vière de Sarimsac; son afiflueut su> d'Everek keui , situé sur la côte mén-
périeur passe à Siirp-Garabed. et s'ap- dionale du mont Arpéc, et à six heures
pelle la rivière du l^aclui. iM preimère de marche de Ce^arée, ou il prit des
fégioB dasddmesest séparée au corps guides et «ne escorte. 04à è cette ham»
de Ja montagne par des escarpraients teur les blocs de tracfayte étaient très-
qui rendent difficile tonti^ nsrension de abondaots, et plus il avançait, plus la
pi cotéf bien plus ; les Greci» et les Ar- nature de la ruche paraissait indiquer
Biéniens de Gesavée m'avaient témoigné des éruptions anciennes. Le premier
une répugnanee iuvineible à m'accom* plateau au pied du pic, à dsux milles
paîîner jusqu'au sommet. La mort d'un et demi d'Kverek, est supporté par des
missionnaire américain qui avait tente collines de basalte noir. Il observa de
Texcursion était encore récente. Le oe coté une colline couique formée de
supérieur du monastère de Zinzidéré sahle et de cendres, avec une portion
lui avait donné un axmh inex()érimenté, de cratère, provenant d'une érupUoa
qui le la route; parvenu
Quitta pcndaat qui s'est ouverte sur le plateau basal-
au piea du pic, Tajanger ue put aller tique.
plus loin, e^ eu revenant sur ses pas, Dès que Ton commence |t monter le
il roula longtemps sur la neige; des- de TAiigée, on no tioofe
véritable pic
cendu dniis une région moins froide,
\\ (ut bui^*ris par la uluie : tant de fâ- (i) Hâmilloo, Ke^edrclM», voluiae 11
cheux' ^tre-temps lui occasionnèrent pege «70,

Digitized by Google
ASIE MINEUUK. 647

plus que des roches trachvtiques et du CUAPXXilE XXIX.


porphyre. La neige qui, au côté de Cé-
saree/ descend au mois d'août iusqu^au INeÉ 80U. — LB lOiLAS.
pied da cdoe, se présents docdlé du midi
Le voisinage des .eaux courantes est
en moindra abondance, et toute la pente
si important pour Tagrieitere dans ces
de la montagne est beaucoup moins
contrées bn\lantes, que malgré Tinsaltt*
abrupte. La hauteur calculée baronie-
brilé de b plaine de Césarée de nom-
par M. HanUtoa eti de
triiiiiiaieiit
breux villages sont groupés sur les
SMl mèM. 011 côté de Touest, la
bords des rivières qui Tarrossenl. Elles
montofîne présente une déclivité beau-
prennent toutes'naissanœ sur les ver-
coup plus rapide; et eu iraudiissâut
sants septentrionaux du mont Argée,
les pentes inférieures pour se diriger
et sont alimentées principalement par
vers Ingé sou , on laisse à sa gauche
ia fonte des neiges : c'est ai>sez dire qu'el-
de hauts rochers, dont la surface est
les ont le earaetère des torrants, s*an-
tout n fait verticale, et qui de loin pa-
flent cousidérablement pendant Télé et
raissent inaccessibles. La coupe du mont
sVpanclient en marais qui engendrent
Argét, €DvissgéB4ncétédu nord-ouest,
à l'automne des fièvres lutennitteutes.
se présente comme une suite de cônes,
La rivière de Sarimsak, de Tail (i ), prend
dont la hauteur diminue successive-
sa source près du village du même uom,
ment jusqu'au niveau de la plaiue. De traverse la plaine dans toute sa lon-
ce célé, on obsene betaooup de laves
gueur, et reçoit avant d'atteindre l'iialys
dsfùston qui recou%Teut les tufs. Les
un cours d*eau seeondaire appelé par
eaux du versant occidental du mout
les turcs Kara sou, l^eaunoire. Cest Paa»
Argée se réunissent pour former un cieu Mél.is, dont le nom greea la mime
ruisseau qui coule au wUiiiidAvaUous,
signification.
tautAl riolMs et cultivés^ tsatdl sau-
vages et incultes. Dans
ces vallées, les
Un passage de Strabou relatif à cette
rivière a dans ces derniers temps attiré
rochers s'élèvent verticaleuieut et sem-
l'attention des géo!J:r;i plies, et donné
blent avoir été rompus par un trem-
lieu à d'intéressantes diseussions. Il
blement de terre. >•
est bien démontré aujourd'hui que le
Une seconde ascension du mont
Mélasou Kara sou se jette dans l*Halys,
Argee fut exécutée le 15 aoiit 1848 par
et non pas dans l'Kuphrate; c'est une
M. F. de Tchibatcheif, qui alla camper erreur qu'il importe de rectiller dans
au bord' mène du «ratère et put oh- le texte de Strabou.
aarvar le singulier phénomène (jue pré-
Le Mêlas preiid sa source au pied de
sente la fonte de la neifie au moment
la montagne, à quarante stades ou sept
du lever du soleil. Les bloi-s du por- kilomètres et demi à l'ouest de Césarée.
phyre tatratués dans l'aMnie roulent Strabou ajoute « Comme ses sources
:

avec fraeas'et «se avalanobes de roches


sont au-dessous du niveau de la ville,
n'étaient pas sans danger pour l'obser-
il devient inutile à ses haUtants. il leur
vateur. 11 constate que ia seule route
est m^nie préjudiciable parce qu'il cor-
nraticable pour arriver au sommet de
rompt l'air pendant l'eie en se répan-
la montagne est par Kverek keui, cV^t
dant en marais et eu etaiigs. Les eaux
ia route qu'avait suivie M. Hamilton.
nuisaient ft l'eiploitation dfrme carrière
Les observations barométriques faites
de pierre à bâtir voisine de Mazaca. »
par M. de Tchihatcheff lui ont donné
Le roi Ariarathe ayant eu l'idée de
S841 mètres pour hauteur absolue de
faire boucher une issue étroite par la-
P Argée, la plainadoGésaféséiantà 10B4
melle passait le Mêlas pour aller se
mètres (1).
jeterdans TUalys (2), convertit en un lac

(i) l'ciilhaklieir^ Asie Mmeure, (iéogrfi-


toute la plaine de Césarée. prince y O
avait fiait pratiquer des Iles dans leb-
pme phftîqtu, p. 4Sft.

II) Un liit : Sariiuftak. et Sariiiousak.


^d) Le lexic porte ft- vtmr l*Bii|»ki*l«.

3â.

Digitized by Google
648 vm
quelles il se livrait au plaisir de la sou coupe la rotile de Césarée à Ingé
chasse mais le
; Mêlas ayant rompu ses sou ; il est à peu près praticable pen-
digues inonda une partie du territoire, dant Tété. Son étendue est de huit Kito-
et en grossissant outre mesure le fleuve mètres del'eat à l'ouest et de qustrsda
Halys, causa de notables dommaEes nord au sud.
aux Galates, qui citèrent Ariarathe de-
vant les Romains, et se firent allouer DB CKSARBE A INeÉ SOU.
une indemnité de trois eenls tilent8(l).
La nature des lieux est parfaitement La route de Gésarée. à Ingé sou suit
d'accord avec le fait mentionné par lespentes du mont Argée, et à douze ki-
Strabon, et les observateurs qui ont visité lomètres de cette ville rencontre le
les bords de THalys ont reconnu Tissue grand marais de Salzik engendré par
étroite dont il est fait mention et qui les deux rivières; de nombreux trou-
peut être formée par une digue. peaux y paissent pendant l'été, mais il

Les sources mêmes du Kara sou ou est impraticable quand lo fonte dfs
Mêlas ont été reconnues par M. de Ci- neiges grossit les rivières ; c'est dans ce
viae dans les collines aitoées à la base marais que le Mêlas rqoint le Ssrinh
septentrionale du mont Argée; l'une sak ;y\m\ antique chaussée traversait
sort de terre avec abondance, les autres ce marais c'était la grande route deCé*
:

sont plus éloignées et étaient inacces- sarée à iconiuni.


sibles à cause des marais qu'elles for- Les pentes occidentales du mont Argés
ment; ces marécaaes, presque tous cou- sont moins abruptes que celles du nord;
verts de roseaux s étendent a plusieurs
, elles servent, comme ces dernières, de
liilomètresdaus la plaine; une ancienne base a des monticules arrondis qui ne
chaussée a été pratiquée au milieu. Près sont autre chose que des volcaat se>
du village d'Ambba, situé au nord-ouest condaires. On remarque à la base dels^
de Césarée, on trouve une route pavée ges coulées do laves de fusion; la plaine
et successivement trois ponts en pierre est couverte, comme celle de Cesaree,
construits sur les marécages. Le Kara d'une couche épaisse du tuf volcanique
aou reçoit un nouvel afOuent, qui grossit qui peut être exploité comme pierre à
considérablement le volutTie de ses eaux, bâtir.
et passe sous un pont de sept arches, La petite vîlle de Ingé sou est à trente-
preuve de l'importance de la rivière a cer- six kilomètres sud-ouest de Césarée,
taines époques de Tannée, et va se jeter elle est construite, au fond d'une eo-
dans l'Hulys. Les eaux de cette rivi^ ertnte de rochers et n*a que deux en-
entraînent avec elles une quantité de li- trées par une vallée étroite; les flancs de
mon noirâtre qui motive le nom qu'on la montagne sont à pic, et Ton voit Te-
lui donne, et après avoir rejoint le coure, paisseor de la oouehe de tuf volcanique
de l'Halys, les eaux de ce oeniier fleuve qui a quatorze mètres. Il repose en
étant jaunâtres, les deux coiu*ant8 con- quelques endroits sur un calcaire blane,
servant leurs teintes respectives forment mais plus généralement sur rargile.
pendant longtemps une ligne tranchée La ville d'Ingé aou, le lilet d^eau, a
très- remarquable (2). A partir du pontà prb son nom d'un petit ooan d'en
sept arches, le M<*]as s'engouffre au qui arrose la vallée; elle commande
nord dans une gorge resserrée, qui est tout le districtjusqu'a Urgub; une mos-
sans doute Tissue étroite fermée par quée d^assez lielie apparence a été bélie
Ariarathe, et parcourt un espace deseiie par un ancien bey du nom de Sélim :
kilomètres depuis le pont jusqu'à son elledaledu siècle (lernier; In population
embouchure dans riîalys. grecque parait être dans Taisance. Les
Cette embouchure est eu ligne droite femmes ont un godt prononcé pour Iss
à trente-ail kilomètres de Gésarée. bijoux d'argent ; elles portent sur leur
Le grand marais formé par le Kara tète des turbans ornés d une quantité de
pièces de monnaies; leurs épaules en
(0 Stnboo, XII, p. 538. sont chargées; elles ont à leurs bras de
(9) Yoy. ftiui. JbMt é0 la êûM dê pesants bracelets, et à leura jambes des
Géogmpkut wé sSi». anneaux d'argent que les Tores appcl-

u kju,^ jd by Google
ASIE MINEURE^
lent carcals et qui étaient déjà eu u^age on retrouve une régiou aride et d^^erte ;
dans l'antiquité sous le nom de péris- on fait ainsi vingt-quatre kilomètref
célides; Horace nous peint ane courti- Ju8qo*à Uigob.
sane qui pleure sa cliaîne et set péris-
celides qu'on lui a volées (1). CHAPlXaE XXX.
Dans Tenceinte même de ia ville, on
ne rencontre que de feibies débris de UBeOB.
monuments byzantins; mais les collines
voisines renferment de nombreuses ex- La grande route de Constantinople à
cavations qui prouvent que ce lieu fut Antiocbe par Lski cheher ou Dory-
habité dans l^ntiquité. Ces cavernes Isuro passait par les villes que nous
sont de plusieurs sortes les unes sont : avons mentionnées, de Nvssn, Saçaena
évidemment d'anciens tombeaux conte- et Césarée. En se diri>:e'ant donc de
nant ou des lits funèbres ou des sarco- l'est à l'ouest, à partir de cette ville,
phages ; les autres se composent de plu- on est presque certain de ne pas s*é-
sieurs chambres, et ont certainement carter de Tancienne voie de communi-
sem d'habitation. Si dans quelques- cation , et , en effet, chacun des points
unes on trouve quelques faibles
d'elles de cette route est signalé par quelques
indices de l'art grec, la majeure partie débris antiques qui méritent plus ou
D'offre aucun caractère qui permette moins d'attirer l'attention. Apr& avoir
d'en déterminer l'époque. Les portes de auitle la ville d'ïngé sou, on se trouve
ces grottes sont presque toujours pin- ans les terrains vagues formant des
*cées sans symétrie à des hauteurs indé- collines quelquefois assez élevées, et
terminées; elles sont presque toutes en qui sont d'une nature volcanique, cou-
forme de pylônes, c'est-à-dire plus Inr^cs tenipornine de celle des montai;nes
d'en bas que d'en haut, et précédées d'IIerkilet. Kn effet, à quelque distance
d'un vestibule ouvert couronné par un d'Ingé sou, en suivant le cours du ruis-
arcesQ. Tous les observateurs qui ont seau qui traverse la ville, on perd
parcouru la Cappadoce depuis plusieurs bientôt de vue les rochers de pierre
années sont d'accord sur ce fait qu'une pon<-c et de tuf dont la formation est
population nombreuse a, dans une pé- si bien caractérisée.
riode qui ne peut être déterminée, ha- Nous marchâmes pendant un certain
bité des réduits taillés dans le roc. Ce temps dans un pajra aoddenté et com-
sont sans doute ces lonibenux que les plètement désert, jusqu'au moment où
Cappadociens fouillaient pour recueillir nous atteignîmes une grande vallée ou
les dépouilles des morts; nous n'avons plutôt une vaste dépression de terrain,
jamais pu obtenir aucune notion sur la sillonnée par des ravins profonds ; c'est
découverte d'un tombenu intact faite ce qu'on appelle le territoire d'TTrgub.
de nos jours; jamais nous n'avons vu Jnmais la nature ne se présenta aux
un objet, vase, armure ou médaille qui yeux d'un voyageur sous un aspect plus
ait pu mettre sur la trace des popula- étran|[e. La petite ville qui donne le
tions qui ont creusé ces tombeaux es ; nom a 'ces vallées, est elle mt^me en-
peintures chrétiennes, les croix sculptées sevelie entre les flancs verticaux d'un
lians quelques chambrer sout les seuls banc puissant de pierre ponce, et
indices que nous ajrons rencontrés et semble dénuée des.ressources les plus
qui nous autorisent à conclure que ces indispensables à une population quel-
grottes sont les ouvrages des chrétiens. conque, l'eau et In verdure. Mais l'a-
La route d'Ingé sou à Urgub suit les boudauce des matériaux, qui sont d'un
honh de la petite rivière oui prend la travail si facile, supplée en quelque
(liref tion du nord pour aller se jeter sorte à tant de privations, et cette petite
lîniis le mnrnis Saizik c'est une des
: ville ,contrairement à toutes celles de
sources du Mêlas. De nombreux jardins la Cappadoce, présente une certaine ap-
remplis d*arbr«8 fruitiers égayent cette parence de prospérité. Avant de des-
vallée ; mais en remontant sur le plateau cendre du plateau qui domine son ter-
ritoire, je m'arrêtai étonné du spec-
(i) Horace, Éfit., ï, 17, 56, tacle qui s'offrait à mes yeux. Je ne

Digitized by Google
Miché pas que dâos aucun autre ooio du qu*à CésaWie, qui les pn?oie h Contlan.-
monde il existe un pliônoiurne nnturel tinopie.
plui eonstant et lus remarqualiU».
[ Après avoir pavé son Iriliut de sur-
CoDstruite dans le foud de la vallée et prise à un lieu (|ui oftrirait au pinceau
sur la pente des colline^^ la ville œcupe ou peintre des tableaux variés , la pre-
une grande partie d'une immense né- mière pensée qni vient à Tesprit est de
rropole qui s'étend dans toutes les di- chercher l'explicTlion satisfaisante de
rections. >on contents d'avoir élevé ce phénomène, tn observant atteutive-
des demeures appro[>riéee h leurs be- ment la formatidn des e6nes dans uoe
soins, les habitants se sont emparés partie quelconque de la vallée , on re-
dM antiques tomheaux, qui sont ici par connaît une loi constante, cVst que les
ceiitaiues, ont démoli les façades et cônes les moins éh vés sont toujours
Irebdtf en place, des ftçades de maisons snr ta pente du ravin, tandis aue ceux
'
qui sont ainsi moitié souterraines et qui occupent le centre sont les nlui
ïhoitié extérieures.Ceci doit donner hauts; de plus , si Ton observe dans
une idée du caractère singulier que la niasse latérale quelque teinte occa-
présentent ces constructioDS à un œil sionnée par une veine oblique à Tbo*
européen; et au milieu de ces rues tra- rizon , cette veine ou ce lit se répétera
cées à l'aventure s'élèvent des cônes de sans iiiterriintion sur tous les cônes du
pierre, hiancs comme la neipc, et qui voi-iiiaiîe, de manière à prouver que,
unissent aux environs de la ville par dans le principe , toute cette masse de
devenir tellement nombreux, nue la cir- terre et de pierres était parfaitement
cnlation est extrêmement difficile dans compacte, et que c'est à l'érosion des
la vallée. La hauteur de ces cônes varie eanx qu'il faut altrihuer l'oriîîine de ^es
depuis quelques mètres jusqu'à une cônes. Ils ^ont tous composés d'une
hauteur de plus de cent mètres. Ils sont roclie à base de ponce réunie |Mr un
généralement assez réî^uliers. On en ciment naturel, dont la propriété est
observe cependant nui ont un double de se décoqdpeDSer en cdne par Taction
sommet, mais qui au reste paraissent des eaux.
soumis a la même loi qui a présidé à Parmi les tombeaux que Ton observe
la formation de cette singulière vallée, dans Tenceinte de la viUe, jl en est un
Les cônes qui sont dans l'intérieur de très-remarquable, en ce qtie, taillé dans
la ville ont presque partout reçu l'em- le roc, il offre daus sa facjade deux
preinte du ciseau ; quelques-uns ont étages d'arcades qui surmontent trois
été taillés en pyramide qu.ulrangulaire. portes d*égale dimension; elles sont sé-
II paraît probable que la ville moderne parées par des pilastres, et oelle du mi-
a été formée par quelques familles qui lieu est couronnée d'un fronton tout à
s'installèrent dans les nombreuses et fait daus le goiU byzantiu. Les quatre
vastes chambres qui leur offraient un pilastres du rez-de<chaussce se répètent
asile commode. On construisit ensuite a chaque étage, et le couronnement de
quelques maisons pour aarandir cette l'editice rappelle plutôt le style é^yp-
dté troglodyte, qui prospéra sous la tieu que l'architecture >{recque. Les
protection drun émir, dont le château portes, qui sont semblables, sont an
se voit encore en ruine au-dessus de nombre de trois. Chacun des étages est
la ville; le sol ingrat sur lequel elle composé d'un certain nombre d'ar-
est assise , est couvert dans toute la cades, et surmonté d'uu arc en fer à
plaine environnante ptr une épaisse cheval , daus le genre des arcs de b
couche de terre végétale, dont la ferti- mosquée de Bouen à Césarée.
lité compense amplement, aux yeux Tous les autres ouvn.:es taillés d.ms
des habitants le déplaisir d'habiter des
, le roc ne produisa nt pas l'ensemble
lieux sauvages. Kn effet, les plateaux .pittoresque que nous offrait ce tom*
4|ui environnent TJrgub offrent aux beau; cependant il y en a beaucoup
troupeaux des pr'iturages abondants, qui sont ornés de peintures assez bien
aux lahoin'enrs de belles moissons, et conservées. L'Ilf;liso ^îrccquc a couvert
aux fermiers des fruits de toute espèce, ces régions de cénobites et de mouas-
qu*ll8 exportent, frais oo séefaés jus- tèm qui se sont toujours trouvés sous

Digltized by Google
ASI£.BUN£UR£. &6f

la juridiction immédiate du métropoli- de la ville. La voilte de l une d'elles


tain do Cappndoce. Us ont cherché , au représente le Christ j>eint plus Jiraud
milieu de ces vallées, les endroits les est assis sur un ifôue
aue nature ; il

plus inaeeearibles , et là, avec le id- ont a la forme d'une Im,


le dossier
cours des aumônes des nouveaux fl* et il semble soutenu en Pair par deux
dèlps, ils ont multiplir. dans les in- démons l'un peint en rouge l'autre
,

nombrables chapelles, les peioiures des en vert. Les animaux symboliques des
sujets de T Ancien et au Tfouveau Tes- évangéiistee occupent lés eoins du ta-
tament, garanties de tonte humidité bleau. Des Goures de saints, portant
par la nnture absorbante de la roche; tous des nimbes de couleur blanche,
de sorte qu'aujourd'hui, malgré l'in- décorent les tymp:uis des arcades, et
correction d'un dessin trace par une les iutrados sont également oméa 4b
main inexpérimentée, on peut suivre grandes figures de .personnages rélî*
iver ititérrt Thistoire cninpiètcde l'ico- gieux.
nographie byzantine. Quelqup'^-uiies de Une trcs-petite chapelle, située dans
ces chapellês, oui peuvent titre cousi- un des cônes d'un accès dkfUcde, est
dérées comme des églises, nous mon- taillée en forme de croix grecque. L'ab-
trent encore les peintres byzantins, pei- side forme une niche demi -circulaire»
nant leurs sujets sur les 'piliers et les au milieu de laquelle se trouve un
archivoltes , sans trop s'inquiéter si la autel uui est d'uue seule pièce avec le
raison approuvera les compositions, reste de Tédiflce. La vùûte hémisphé-
qui touc^ient quelquefois à la Ûzar- rique qui couronne la niche est dé-
rerie. L'endroit le plus remnrquahjp, corée a un buste colossal du Christ,
sous ce rapport, est le district appelé dans l'attitude d'un personnage qui
Keurémé, distant de deux lieues eu- donne la bénédiction. On voit sur la
"viron d*UrffQb. muraille un tableau qui représente la
Pour suivre le développement de Vierge assise avec rijilant Jésus sur
cette Bénrralinn de cônes, il faut partir ses genoux , et entourée d'auges qui
du milieu de la ville même, prcs de paraissent veiller sur lui. Les autres
l'endroit que Ton appelle le Château. peintures représentent des martjrrs et
Ou en voit plusieurs qui se trouvent des saints qui portent des costumes bi-
entes les uns dans les autres, et ayant zarres et pittoresques. Généralement
une base commune et des sommets qui leurs noms sont inscrits en colonnes
a'élèvent à différentes hauteurs. Près verticales, s^n
l'usage byzantin.
de Téglise grecque, monument moderne GuiteB^ilée du sommet d'une de ces
et d'une grande importance», dont la Eyramides la vallée du Keurémé fait
,

constructiou est due aux efforts de la ieu comprendre le système do forma*


population chrétienne, il y en a plu- tion. Il est évident qu à une époque re-
sieurs qui sVIèvent presque à la hau* culée, tout ce plateau était pariaitemeot
teur du toit. Ici la couleur des terrains uni , et qu'il n a été creusé que par l'ac-
tire sur le rose, et les cônes vont tou- tion incessante des eaux et des neiges
jours en grandissant à mesure qu'on fondues.
s*éloigne de la ville. Chacun d*eax re- Un autre embraocbement de ces val-
cèle un tombeau ; mais il y en a qui lées porte le nom de ÎVIartchiane. Ici,
sont percés de plusieurs cellules pla- les cônes sont plus aigus et beaucoup
cées verticalement les unes au-dessus plus serrés ; les tombeaux qu'ils ren-
des autres et communiquant par des ferment ont des façades plus élégantea,
puits; il semble que ces sortes de cons- et on en remarque un qui représente le
tructions ne sont pas seulement desti- portique d'un temple avec quatre co-
nées à la sépulture des morts, mais iouoes ornées d'un fronton. Le village,
que des rites religieux, dM eérémot- oon»poaé d*aiia tvantalne de maiaoaa,
nies d'initiation devaient se pratiquer aat Ntl sur une coulée de laves basalti*
dans ces curieuses habitations. *ques, qui indique le terme du terrain
Les chapelles de Keurémé, éloignées ponceux En montant sur le plateau,
du séjour des biunains , ont éeoiappé l'aperçus au loin une colonne debout ;
mtx transformations qu'ont lobies ttSm je m> tiinifiprtai* «ppénai tiosver

uiyiiizûd by Google
m L^UNIVEllS.

enfin quelques inscriptions qui ma fe- La colonne Dikili tash avait en effet
n\gnx reconnaître les premiers fonda- porté une inseripliim tracée sur an
teurs de ces monuments, qui, certes, petit bloc de marore incrusté dans le
sont pour la plupart antérieurs à l'épo- lât; malheureusement, une partie de
que byzantine. Tinscription est mutilée , et le reste est
Cette colonne est appelée dans le tellement fruste qu'il ni*a été impôt*
,

pavs, Dikili tash , c'est-à-dire la pierre sible d*en saisir la moindre partie. Fji
debout; elle est formée de blocs de quittant le village de Martcluane, je dis
pierre volcanique et porte un chapiteau pour toujours adieu à cette contrée, que
dorique d'assez hon style. Ce monu- je regarde comme renfermant un des
ment est sépulcral comme tous ceux phénomènes naturels les plus curiiui
de la vallée d'Urgub, mais il est atte- de toute l'Asie Mineure. Je partais sans
nant au tombeau le plus vaste et le avoir trouvé une explication satisfai*
plus complet que t'aie observé dans les santé des ouvrages prodigieux qi^e je
environs. style égyptien domine venais de voir. A
quelle ville avaient ap*
dans les dispositions du plan. Devant partenu les iiénérations dont les os sont
le tombeau est une aréa, dans laquelle venus se consur7ier dans ces lieux dé-
on voit, à droite et à gauche, deux serts? Césarée est trop éloignée elle est :

masses ou blocs monolithes qui parais* distante de douze lieues en ligne droiU;
sent disposés pour supporter des co- d'ailleurs, les nécropoles qui se trouvent
lonnes ou des ol élisques; mais la partie dans les montagnes de l'est paraissent
supérieure est tellement ruinée par l'ac- avoir pleinement satisfait aux besoins
tion des eaux , quMl est difBcile de re- de Tépoque. Poor hasarder une hyp<H
connaître la disposition première. thèse sur le nom encore controversé
La façade du tombeau r5;t ornée de d'Urgub, il me semble que , d'après lei
deux colonnes dans le style égyptien, distances données d'après les ilinerairei,
et de deux pilastres portant des' cliapi- sa position s'accorde assez bien Wtc
teaui dans le même caractère. La porte celle d'Osiana , lieu, do reste, assez pea
est en forme de pylône et l'intérieur
, connu.
renferme trois sarcophages, placés Tin énorme rocher qui s'élève sur UQ
chacun dans une grande niche ; mais plateau a clé choi.si comme point de fée*
le tout est monolitne. Il n*y a pas de nion de quelques maisons qui forneot
traces de peinture dans le tombeau, un village, dont le nom est Touzesar. Ce
Tous les ornements peints que j'ai ob- rocher est également percé d'une iutinite
servés ailleurs ne remontent pas au- de grottes sépulcrales; cello qui attire
delà des temps chrétiens. le plus l'attention est une vaste salle

Les seules précautions qu'avaient ornée de colonnes doriques qui su|)[)or-


prises les anc-eîis pour mettre ce tom- x^m la votite; on ne saurait dire si elle
beau à l'abri des outrages des passants, a cté creusée pour en faire une é$\\^
avaient été de le tailler à une assez ou un tombeau, la forme du plan n'ac-
finrande hauteur dans le flanc de la col- cuse aucune de ces deux destinations,
line; mais on ne voit pas de traces de L'ouvrage paraît tout à fait romaio; oo
clôture qui en défende rapproche; la n'y remarque ni trace de peinlureni
porte était fermée par une simple dalle aucun ornement particulier. La B«a
de pierre. jointe à cette localité dans la carie
w
ce$
Il quand on voit
n'est pas étonnant, P. Cyrille indique qu'il regardait j

l'usage si généralement répandu de dé- ruines comme celles d'un palais (l)-,*'?
prel»
poser Ie6 morts dans des hypogées, qu'à carte du P. Cyrille éditée par ce
répoque critique de la chute du paga- en 1812 est un monument très-rare ei
anci<*nne.
nisme, 1rs Cappadociens aient trouvé très important de géncrapliie
nombre d'exein*
un ample profit à dépouiller les tom- Elle a été tirée à un petit
t)eaux des \ieux païens. C'est en vain plaires, pour les seuls souscripteurs»*
que Ton chercherait à eompler le il paraît qu'aucun esemplaire ïï»
^ |

nombre de ces sépultures il n'est pas


: i

un coin des montagnes de ces vastes (i) AafvfivOiUcK iJiivpeiMi


régions qui n*en soit criblé. Xattov.
,

Digitized by Google
ASIE MlIiEURE. ^
rsiir-SïSiA'si'jiiïï.; sa-SJîsîsïffiriï
pto&ir d'offrir Texem- minnret.
nïmiÉlâi'ai eu le , ,i „„
Sïï^ i-aviis wcu de réï^niip de Les maisons n'ont jamais plus d un
étage au-dessus du reï-de-etawrta;
,

î^^?r^ris
Césaree ( es deux^^èbres
deux (f*^^^^^^^
a pas d'iiabitant qui n'ait h
r^,Til%^tr » di po"ro,"uelq„e Rro.t? ancienne
U cl^ux
,„auosin.
"u„*ts"rS s»; cette carte a ce- pour l^ui servir' .le

da^ p^s Jes


é"
penda^nf Hermès,
publiée dans V éumt tr^-rare le

îo^ôm^d^vn'- mais le bois de auffce''


MH^?q«^cîX;t
B?ri-,!''" .!r:.fi;V l'K.
tu«.x-,
tellement rare dan» «s régions, qu H

g;iiï;jïî::iu?^in^a{^^ z ^^^^^^^^^^^^^ "


de
tend longu 'ment sur les doc unienls nou.
lige n»«'g^.^;^„S;^S;»*„^SP°'^^^
leaux i'e géographie oncienue donnés t«|cam^^^^^^^
„^
par celte carte. pns le sol artificiel de la
traversent
rnAPiTRV XXXI couverture, que les propriétaires Tell-
CHAPITRE .
j^^^ constamment h iWreticn de
Icuw
terrasses. Aussi, après chrique
ondée, n-
LA VILLB D UBGUB. ^^^^ p3j.5çr sur le toit UIl rou-

Ipa" de pierre très-lourd , qui tasse la


«
Le '«^.«1 j.«toiMMSt>« «nnifiiMs
plan général des terraiw
I m ^wn i f j^q, ™s
se compose d'une grande vallée princi- ^n.onu-
J;^'^^^^,^^ quelques débris
pnle, qui vient s'an^oitir a jnglc^^^^^^
coniie collmes formant les contre- Tn^^ ès f"ts (le colonnes antiques
les
'cénéralement employés à cet
de plaimï, et communiquant
forts la
^on Le saurait dirb Mmbien de
tout son pnrcours avec .1rs an-
dans
frartuosités qui ne sont autre chose que SJ?
4^ ^
détruites pour cette

des vallées secondaires, ébauchées par «"J ; j^^,^^ j^, ^j^cora-


la nature , tendant msens.blemeni
a
t^O" architecturale soit restée étrangère
••accroUre par PctTet de eros.on des 1

^JJ^IJ^^-^^^^ ^1 ^i„, ^^y,,


eaux. A son extrémité sud-oue^t, la
0-%^
» trouve en aucun lieu un monu-
grande vMlee se bifurque ; elle gagne ^^^^^^ ,^ ^^.^^^^^ j^,,^ de dé-
en largeur, et remonte ensuite sur les ^^^^^-^^ L'iotérieur des maisons est
plateaux supérieurs. ..
.. .
aussi uauvre et aussi dénué d*omements
î.a ville dHlrgul) est sUuee a entrée l
^^'^ ,J;'j7r^J^, et aU milieu des peu-
de la grande vallée dii coie de lest^ ^^j^ja plaine, qui mettent dans
elle est bfttie sans aucune régularité; F
J^^^j
^.^.p^^pJts tout le luxe que com-
mais dans le centre il y a quelques ^.'^^^^^

mes alignées et des places spacieuses P^ne l^tïnt P^^ même ce besoin de
ménagâs à dessein. Elle est dominée fg^o^ettrqTeTsi vif chez ton. les
...
des Pascha-
Kynilo» Kêrte
Asiatiuues
«
chrétiens ou musulmans. Il

(0 Ertbitclîof l'aspect mélancolique de


lik.Konia rctlurirt von Kn-pri m dtssen ^t^",. ^ a influé sur le caractère des
„,emoir rurKarlc von jUcmas^. na^^^ point, dans leS
habitMIIS. On n'y voit

Digitized by Google
LUMIVEBS.
tance beaucoup moindre. J'attribue m."ine, T.es bases sont très-épntéf=; et
celle iiiouolonie à presque
l'absence allti t< forme nttique, celle
lit la a
complète de chevaux dans riotérieur de le mieux surmonté toutes les vicissitudes
b ville. cni*ont subies les moulurés de toolsi lai
Les habitants sont divisés en trois ejpoques (().
classes comme dans toute la Cappadoce.
Les Musulmans sont peu nombreux et tHAPlTI\EXXXIL
occupent les environs de la place éle-
vée qu*OD appelle Kalè (le château). La LA VâUÉB ns KVUUIOÎ.
forteresse qui detVn(l;iit T^f^ub dans
,
Chacun des sites que le voyageur
le moyen nge nVst pas cependant en cet
rencontre sur la route offrant en soi-
endroit; elle occupe la créle d une émi- même un sujet -inépuisable d'observa-
nence du eôté du nord. La base de ses tions, j aurais voulu recueillir tous les
murailles paraît d'une construction qui détails de^ structure naturelle de cha-
n'est pas éloignée de l'époque romnine. cun des cônes avec tout l'ensemble des
Les Arméniens habitent le quartier monuments qu'ils renferment; mais
nord de la ville ; ils sont plus nom* oonmieut songer, dans un tel pays, à
brcox 4|ue les Turcs et vivent en aaseï on travail semblable, sana avohruine ex-
bonne mtelligence avec ces derniers. pédition préparée tout exprès? Xe laisse
Leur église a peu d'apparence. Pen- ce travail a d'autres, et ai dû me bor-
j

dant mon passage à Urgub, ils se pré- ner a reunir les sites les plus curieux,
parait à en faire construire une dans les points de vue les plus inattendus.
le genre de celle des Grecs. Tous les
La vallée de Keurénié, par le grand
habitants d'Urgubsont cultivateurs; ils nombre d'églises taillées dans le roc,
réculient du blé, des fruits, et culti- la hauteur et le desordre des cônes qui
vent un peu de tabac. Les troupeaux la remplissent, passe aux yeux des lia-
fournissent la laine , qui est travaillée bitants pour un des endroits lea plus
dans le pays même par les femmes. On cél^nres de ces mille et une églises sur
fait aussi quelques étoffes de coton. lesquelles roulent la plupart des lé-
Les Grecs forment la majeure partie gendes .qui se content sous la tonte des
de la population. Le caractère de cette nomades ; et vraiment on est en droit
rnce diffère essentiellement des Grecs
de défendre le voyageur Paul Lucas,
de Suiyrne et de la côte occidentale ; il
qui, à une époque où la science géolo-
n'y en a pas un qui connaisse la lan- gique était si peu avancée, prit ces
gue grecque, et leurs prêtres même nombreuses pyramides pour des ou-
n'en font guère usage que dans la li- vrages faits demain d'homme, et toute
turgie. Je considère cette population cette vallée pour remplacement d'une
connue tres-melangee avec la race ar- grande ville détruite ; il soup<^onna ce-
ménienne, ou même comme des jlr- pendant, à son second voyage, que ce
méniens d'origine, qui sont restés pourrait bien être une nécropole, et re-
iidèles à la religion grecque et ne se vient sur ce sujet pour convaincre le^
sont point réunis au schisme d'Euty- incrédules qui avaient accueilli sa pre-
chès. L'église, bAtie par les soins des mière découverte avec toutes les mar-
chrétiens de la communion grecque, a ques de la plus grande défiance, sans
la forme d'un rect.in^^le, entouré d'un s'inquiéter combien ces doutes étalent
portique de colonnes soutenant des ar- injurieux pour le caractère du voy.igeur.
cades. Il est impossible de s'éloigner Lucas s'exprime en ces termes a sou
davantage de toutes les traditions de second voyage :

l'éeole byzantine; mais dans ces con- « Je n'ai rien à dire de mon vojpage
trées l'nri (le bâtir est tombé, chez les de Konieh à Césarée , sinon que les
Turcs comme chez les chrétiens, a un maisons pyramidales dont j'ai parlé ail-
degré inouï d'abaissement; il ne reste leurs et dont aucun auteur avant moi,
lilus le moindre vestln d'un art na- ni ancien ni moderne, n*a parlé, sont
tional. T-es colonnes mi portique sont
surmontées de chapiteaux qui se rap- (t; Voyez, la plaiirlie reitrés^ntant U vilje
prochent du dorique de l'époque ro* d'lîiiub.(P1.5j.;

Digitized by Google
ASIE lilNEU&K.
tucas vient d Anfiora traverse
èneori en bien plus arand nombre que
il
;

je ne rnvois dit ; et l'on m'assura mf'nie PHalys près du village d Avaness (I).
« iNous parltme» de Hadjfi-Beclitaecli a
uue de l'autre côté d'une montagne
,

que l'on me fit apercevoir, il y en avoit eofe heufee dv «oir, et cette même nuit
plusdecent mille. Étoit-ce le cimetière nous fûme^ attaques trois fois par des
la ville de Osarée et de tous les en- voleurs. Au lever du soleil, nous en-
virons, ou plutôt uue ville d'une cons- Irâmcs dans Avauess, village sur I Kr-
trucUon particulière, et la seule de eelte maq (Kizil Irmak). Date les monta-
espèce qm soit dans l'univers? Je le gnes auprès de Krmaq, on voit partout
I

demande aux savants. Ce que je sais quantité de groiles. Nous nous repo-
Men, c'est quil est difticile de trouver sâmes là une heure ensuite nous pas-
;

un monument plus singulier et plus sâmes la rivière à gué. La beauté de ces


Inconnu à toute l'Europe que celui-là. grottes m'avoit surpris; mais j'entrai
• Comme cette dccmiverle parut fort dans un étonnement incroyable a la vue
extraordinaire lorsqu'elle lut publiée des monuments antiques que j'apei^
dans raon deruier voyage, la Cour Îus... de rautre cdté en sortant de l*eau.
donna ordre à M. le comte Desalleurs, • ne puis même y penser à présent
ambassadeur h la Porte, de s'en infor- sans en avoir l'esprit frap|)é. J'avois fait
mer exactement et l'on rapporta que
,
deja beaucoup de voyages, mais je n a-
la chose étoit non-seulement comme je ois jamais vu ni même entendu parler
Tavois dite dans ma relation, mais que de nen de semblable. Ce sont une quan
titéprodigieuse de pyramides qm se-
le nombre de ces maisons pyramidales
(|ue les Turcs appellent des" minarets, lèvent les unes plus les autres moins
parce qu elles sont faites en pointes mais toutes fiiites d'une seule roche et
èomme les tours des mosquées, étoient creusées en dedans de manière qu y i

a plusieurs appartements les uns sur les


en bien pins grand nombre que je ne
autres une belle porte pour y entrer
Pavois cru, et qu'il v en avoit plus de
deux cent mille/M. Cherac, consul pour «n bel escaber pour y monter, et de
la nation d'Angleterre, reçut le même
pndes fenêtres qui en rendent toutes
les chambres tres-éclairees Knfin je
ordre, et son information aété conforme
,

à cellede M. Desalleurs, ce qui rend la remarquai que la pointe de chaque pj-


chose aussi incouleslable (ju'eUe est ramide étoit terminée par quelque
étonnante fignre*
Cétait la seconde fois que le voya- Je rêvai longtemps sur la structure
«

principalement sur l'usage que l'on


geur français venait dans ce pays. L u- et

sage était alors de considérer comme des pouvoit avoir fait de tant de pyramides,
voleurs tous les paysaus que l'on ren- car II n'y en avoit pas pour deux ou
trois cents, mais plus de deux mille de
contrait, et leur paisible allure n*était
suite à quelque <listauce les unes des
aux yeux des voyageurs prévenus que
le siizne manifeste de la terreur ins-
autres. Je crus d'abord que ce pouvoit

pirée par la caravane armée jusqu'aux être la demeure de quelques anciens er-
mites, et ce qui m'en donnoit la pen-
denH. Toumefort tfest pas exempt de
moins mata- sée, c'est qu'au haut je voïois ou des
cette IliblCAse, mais il est
more que notre ami Lucas. Celui-ci, capuchons, ou des »>o;;»^^t^.^»J^'^^
à» papas grecs, ou même des femmes
maigre sa bravoure, redoute d appro-
cher des vaHées d'Urgub, afin de con- q?i_P?«?i!°l»»..fl?.?.! l'f.^^":
et que je pris tout d'un coup pour des
sidârer de prés cette ville incroyable
Les contes qu'il recueille sont encore images de la Vierge A travers^ les
murailles, je vis comme des restes d'an-
répandus parmi les paysans de nos
Taime mieux remettre sous les ciens portraits de sorte qu'il sembloit
,
jours.
Îu'il y ertt eu des peintures, mais cela
yeux du lecteur le récit naïf du voya-
toit trop effacé pour y rien connoî-
geur, en certifiant qu'il ne diffère de
ire. » •
l'exacte vérité que par l'exagération si
La crainte dTune attaque de la part
naturelle et si permise à un hoiame qid
n*abordait ces contrées qu*à travers
(i) Tome I, p. j57» éd. 171a*
mille difficoltèt.
&M L*UN1
det Turobinaiif empéetia le voyageur cents mètieSf et en même temps seaoat
d'observer aveetoin Meformatioiis aii*il trouvés isolte par la destruction spon-
fdt parfaitement reconnues comme aacs tanée de ceux qui renfermaient des vei-
à un phénomèoe uaturel. nes tendres ou quelques fissures, et
L'exagération naturelle à son carae* qui, s'écroulaot naturellement, finis-
tère, et Tamourdu merveiilenx, qui est sent par se dissoudre dans les eaux
un des cachets de sou livre, se retrou- ou par s'écraser sur les roules. Ces
vent dans tout le resle de cette descrip* débris composent le sable fm des val-
Cest, dit-il, la chose la plus
tion (1). • lées , qui conserve sa blancheur primi-
admirable qn'un mortel puisse voir de tive.
ses yeux. » porte à vingt mille le
Il Aux abords des terrains cultivables,
nombre de cônes qui se trouvent dans on commence à trouver quelques
ces vallées. « Ou eu voit a perte de groupes d'habitations , car on peut à
vue, à peu prèsoommede grandes quilles peine donner à eei endroits le nom de
que Ton auroil arrangées à plaisir, u village.
Cette expression rend assez bien l'effet Le hameau de Martchianne est un des
que produit la partie de la vallée Keu- plus intéressantscomme beauté des li-
rémé. gnes et sévérité du site, et en même
Depuis Paul Lucas jusqu'à Tépogae temps comme le plus propre h donner
de mou voyage, je ne sache pas qu un une idée de la connexion des deux ter-
écrivain européen ait rien pubhé tou- rains ponceux et volcanique, car il ^e
cbaot les cônes d*Urgub; aussi, ce pas- trouve positivement à eheval sur la ligne
sage du livrede Lucas reste-t-il comme de démarcation.
un témoignage des mille fables qu'il a La colline de laves de fusion, à gau-
débitées, l'effet que produisit son rap- che, est composée de blocs juxtaposés,
port n*étant pas afTaibli après un sièâe mais tous détachés les uns des autres
.et demi. La nouvelle de cette décou- par des fîssures, suite du retrait de la
verte rencontra en France beaucoup roche. Les montagnes noires qui occu-
d'incrédules les gens envieux de Lucas
; pent le dernier plao sont composées de
avaient saisi cetté occasion pour l'atta- tufs et de laves remaniées par les érup-
auer près de M. de Pontcnartrain, et tions ; mais, dans toute la vallée d*Ur'
emandaient qu'on leur donuât la sub- gub, ou ne rencontre pas un atome de
vention de Lucas pour aller constater pierre trachytique : ces deux fonuations
Tauthentieite de sa relation. Ils faisaient sont tout à fait distinctes. Il me serait
publier, dans le Mercure du temps, des difficile d'établir des bases certaines
articles dans lesquels le voyageur était pour décider laquelle des deux forma-
peint comme un inutile touriste, et tions est la plus ancienne, (l'est une
allaient Jusqu'à dire que .ses voyages question qui ne peut être résolue qu'a-
o*étaieot que le fruit de son imagina- près une étude plus complète du terrain
tion. D'autres voyageurs furent eu effet ponceux, et après qu*on aura déterminé
envoyés, mais leur relation ne parut ja- son périmètre.
mais. Les cônes du village de Martchianne
sortent, par leur disposition, de la loi
CHAPITRE XXXIII. générale que j'ai 'signalée pour toutes les
autres vallées Ces cônes, en effet, ne se
VILLAGE DE MABTCHIANNE. trouvent pointencaissés dans une vallée
étroite, ils sont répandus sur une sur-
La confusion inextricable qui existe foce assez étendue et se prolongent pres-
dans la formation de la vallée centrale, que jusqu'au village de Touzesar.
ne se rencontre pas dans les extrémités, L'un de ces cônes reuferme une
où les cônes avant subi, depuis une plus grande chapelle sépulcrale qui est en-
longue période, l'action des éléments, core dans un état parfait de conserva-
ont acquis une hauteur plus considéra- lion.
ble j il y en a qui s'élèvent jusqu'à deux Le plafond est orne d'une croix en
relief, avecun demi cercle qui est tan-
(0 Tonc I, p. i6o, 1719. gent ans brai et à la téte de la crois ; le

Digitized by Google
INEtJRË. Ut
loi de la ehamliKe «M
erausé , et ren- riqoe est dHine forme eerriete; il y a
ferme lix sareophages disposés paral- une petite palmette sculptée ao-denoos
l^ement ; ils étaient recouverts de dalles de 1 abaque. Cette colonne a toujours
de pierre et ne gênaient en rien le ser- été isolée et ne fait point partie d'un
vice de la chapelle. On n'y découvre monument plus considérable ; elle a
aocane trace dlnaeription. tous lee earaetèiea dtun monument fu-
En reraontnnt vers l'ouest, sur fe nèbre peut-être a-t-elle été élevée sur
:

plateau voisin, on aperçoit au loin une un caveau qui est encore intact (1).
rolonne isolée : c'est le monument que Le tombeau voisin taillé dans le roc,
les habitants appelleDt DikiU taaeh. en eontre-baa de la colonne est nn ou-
vrage beaucoup plus étendu que tous
CHAPITRE XXXIY. ceux que j'ai décrits On a saisi cet em-
placement parce que la roche présente
niKILI TASCH, XOmmBlIT SÉPDI/- un plus ^nd degré de dureté.
CBAL. (Jn atrium à ciel ouvert précède Ten*
'

trée du tombeau. On reniarque quatre


Un ravin qui conduit du haut du blocs aujourd'hui informes, mais mo-
plateao vers le fond de la vallée est le nolithes avec le rocher, dont la destina-
seul chemin praticable; partout ail' tion peut être eipliqiiée de plusieurs
leurs il faudrait se dirij;er de rocher en manières ils peuvent avoir servi de
:

rocher et s'exposer a un danger cer- soubassement à des sphinx ou a des li-


tain, colonne qui domine le pla- gures symboliques; ils peuvent avoir
teau, et qui est appelée par les TUroa supporté des obélisques* moDumenia
Dikili lasch pierre levée, a donné son
,
aujourd'hui détruits, qui motiveraient
nom au ravin et aux ri onuments qui la dénomination du toniheau f2l.
l'accompaguent. Kien n'est plus triste Cette cour, dont les parois sont tail-
que ce ueu, car H n*offirc pas inémeatii lées verticalement, précède un portique
regards l*étrangeté des lignes, qui ab- dans le caractère tout à fait égyptien.
sorbe l'esprit dans les autres parties; il Deux grosses colonnes courtes et a cha-
n'a d'autre caractère que l'aridité et la liteaux cam|>aniformes occupent le mi-
f
aolitude les plus absolues. leu do portique; deux piliers carrés
Les quatre fenêtres que l'on aperçoit isolés et deux aotrra engagés terminent
5Ur le flanc droit du ravin éclairent la série des supports; le tout est sur-
une chambre sépulcrale, vaste et sans monté d'une architrave fort simple,
ornements. Tous les autres ouvrages sur laauelle est u peine indiquée, dans
ont le m^me caractère ; ils ii*indiquent le rocner brut, ta traee d*utt fronton
aucune époque déterminée. Le tom- excessivement bas, puisque sa longueur
beau situe dans la partie supérieure a\>- est de I4™3r) et sa hauteur seulement
pelle seul l'attention, et suffit pour dé- de 1"'36, c'est-à-dire le douzième de sa
dommager des détours sans fln qu'il base. Le diamètre des eolonnea à la
faut faire pour l'aborder. hase est de 0,980, et au sommet, de
(^uoifjue la même désignation soit 0 9-40. Ce porche est très-étroit, il est
appliquée aux deux monuments, il est couvert en voûte plate ; au milieu est
eertam qu'ils sont par&itement dis- une porte en pylône qui donne accès
tincts ; ce sont deux tombeans différents directement dans le tombeau. La cham-
et oonstruirs à des époqoes asaes éloi* bre, qui a seulement 2°*60 sur 3™40 de
gnées une de l'autre.
I haut, est voûtée en berceau. Trois sé-
La colonne est composée de quatorze pultures sont disposées sur les trois fa-
tambours qui ont une hauteur de on de la chambre : ce sont des sarco*
8'°45 Sur le huitième tambour on a phages creusés au fond d'une cellule
incruste une placiue de marbre qui suit qui pouvait aussi recevoir un corps, ce
la courbure de la colonne. Cette pla-
que portait une inscription grecque (i) M. Barlh a con&lalé que cetle coioiine
trop altérée pour être lue. a élé renversée par les indigèiMt en iSSS.
Les trois socles sur lesquels elle re- (7) I."()l)f!i-.<|iic lit" l*.\i-M»?îtlan à (lonstati-
pose sont detrachyte. Le chapiteau do- tÏDopIc est appelé par les Turcs Dikili Uscb»

Digitized by Google
65S LUmVERS.
qui porterait à six le nombre des per« est grande et d'une architecture mo-
bouueâ qui peuvent y avoir é\é iohu- derne qui ne manque pas d*élégaaoe,
niées. Tout ee moirament, quoique au» .mais elle ne saurait être compana à la
ornement, est sculpté avec une jpureté nouvelle église d'Urgub.
de ciseau remarquable; les termes Vers 17G3, Ibrahim Damât, pacha,
lourdes accusent un ouvrage tout à fait fit bâtir à ?iemcheber une mosquée as-
aaiatique ; mais po«r «D déleriilîMré- aes importante, afin d'y réunir m
poque précise le» moyens de critique noyau de populatio/i musulmane. Ce
,

manquent absolument, car on ne peut fut toujours le souci des beys ou gou-
pas même comme pour la plupart des
, verneurs musulmans, d'inspirer aux
autres monuments, citer les analogues. populations nomades le goût de la via
sédeotaire; car il n*y a que ce moyeu
de pouvoir compter sur la rentrée ré-
gulière de Timpôt. Les plus habiles
MEMCHEHËA (1). sont parvenus à leurs fins, et l'on cite
plusieurs petites villes qui doivent leur
Dès que Ton est remonté sur le pla- existence à la politique bien entendue
teau qui entoure la vallée d'ilr^jub, de quelques beys.
toute la contrée se présente i»oui> uu lii mosquée â un dôme et un mina-
atpect moias sauvage. M aemble que ret ; elle est Mtie sur le modèle de celle
cette nature si extraordinaire ne s*est de Sélim à Constantinople. Dans la
offerte aux re4^ards que comme un ef- partie sud de la ville, qui tout entière
fet de mirage. Le uiveilemeiit des ter- occupe le point d'intersectiou de deux
rains indique parfaiteuMit la marche grandes vâléas, une colline élevée,
qtfa 8ui?ie la génération des cônes. La couronnée par un château, domine les
composition particulière de la roche a habitations, qui s'étendent dans tout le
contribué à former ces vallées auxquel- pourtour. Le nom de Nemcheber lui a
les les Grecs donnent le nom de Pha- été donné par les Turcs; mais lea Grées
rcmçœ (3), qui exprime assti bieii leur lui conservent celui de Nyssa , qn^etle
orîgme. Au delà de Touzesar, les ter- avait dans Tautiquité; etrévêque, avec
rains volcani(|ues ne cessent pas de cou- qui j'eus de longues conférences tou-
vrir la surface du sol, mais les ponces chant la géographie ancienne de lu Cap-
OBt tout à fait dispani. Ou voit des col- padoce, me confirma dans l'opinion
lines à peine ondulées et tout à fait que la Nyssa de l'Itinéraire d'Antonin
incultes se prolonger vers l'ouest, elles était en cet endroit. Il faut avouer que
mdiquent le cours du Kizil-lrmak , qui l'on trouve peu de traces de monuments
aCtoDt lo point le dIus méridional de antiques dans oette petite ville; msis
MU pareona au viluffo d'Afanaas,- m- les environs sont riches en monuments
nommé par ses carrières de pierres à troglodytes; et un petit village des en-
bâtir, qui sont toutes formées de ponces virons, que l'on appelle ]Nar, offre un
dures. Poursuivant ma route vers Nam» grand nombre de sépultures.
oheher.» la ville la plus importauta de Js ne serais pas étonné que plus tard
ce canton, j*y arrivai après cinq iieuias on ne parvînt à constater l'identité entre
de marche. Nar et ISvssa .il y a à peine deux
La population de cette petite viUe milles de di&lauce entre les deux places;
ait composée presque eutièrement de oette différence est inappréciable an
fiimilles grecmies sous la juridiction point de vue des itinéraires anciens. La
d'un évéque ; c est un des sièges les plus population grecque de Nyssa se serait
importants de la Cappadoce. L'église trausnortée dans la nouvelle Nemcheher
vais b fin dn dousième alècle, quand
Tautorité das pdnMS seldjoukides aura
(i) Les btbiUuits ditentNemcbeher, Ha-
m il ton Nembcbeher, Ain^wortli Newcheher, pu dsnnar
trées.
m pan de iqpos ânes eon-
llarth Nefrh«-lifr; la rarie de Cyrille N«a»-
cIuiIm;!', c'ut je neiue, le vrai uoiu de celte L'évéque m'invits à assister à une cé-
Jiille. lénienie qui devait avoir lieu le 24 août
(a) E&ctvation, aWaie, I8U. Un grand nombre de clirétifos

Digitized by GoogI(
ASIE MlNEbRE. 550

ctovaieut communier, el le inétropoUtaip Tivoire pourblancheur, et dont ou


la
de Cétarée était venn pour assister l*é* disait des manches de couteau. La du-
véque. Tout le clergé était présent en reté du balgami varie, en raison, Je
riclje costume byzantin, elles chrétiens crois de la quantité de silice qu'il con-
en liabits de féte. Les pompes de TÉ- tient; celui dont la teinte tire suc le
glise grecMiuc, dans cette modeste église verdâtre est tout è semblable tu
et
me
m miliaii d*une population turaue,
parurent encore plus solennelles.
Jade. Le père Cyrille fait observer dans
une note, que le balgami des environs
Tout en rendaul justice à Tesurit de de ISemcheher et de hiuason est de dif-
tolérance du .gouvernement d*aiors , je férentes couleurs, ^Ex -c&v ic^iÇ niipo»,
m
ne pouvais empêcher de reoomiattre
que rK{;li.sc grecque s'nppiiie sur un [jiâtcuv. Ce \illage de Sinason passe,
prolecteur caché devant lequel s'iii-
, parmi les Grecs, pour être Tancienne
cliae le front même du sultan. métropole de Sasimes, où Grégoire de
L'évéque me donna de nouveaux IVaiîanse fat évéque. On y trouve quel*
renseignements sur la ville ruinée de ques ruines byzantines et des grottes
IS'azianze et sur la localité de Mimi
, taillées dans le roc.
^u , dont le nom semble eiupruuté à Plus ou avance vers le sud, plus le
la langue turque, mais qui n*est en pays paraît ineulte et désert. Le relief
réalité qu'une ;illéraliun presque insen- du terrain présente des ondulations
sible du nom de Momoasson, de l'itinr- mal coordonnées pour la formation des
ratre.de Jérusalem, petite ville siluce cours d'eau; les eaux s'épaucheut et se
entre XHaçianase et Archelaîs, et dans le perdent en mille petits ruisseaux, qui
)K)isinage de la première. sont presque aussitôt desséchés que' for-
Près de Nemcheher est un petit lac més. La terre fortement imprégnée de
dans )eauel vient se jeter un ruisseau nilre, n'est fertile qu'eu piaules grasses
qui coule au milieu des roches volet* OU épineuses, qui plaisent au nélail
niques recouvrant un gisemeut calcaire, mais les arbres ne viennent que dans
d'alkître ou de gypse. Les montagnes les endroits arrosés.
des environs, fournissent aussi une ro- Une des industries du pays est la ré-
ebe d*un aspeet agréable , oui est em- colteém nitre, qua Ton extrait du sol
ployée daus la décoration des édifices au moyen du lessivage. La terre est
et des |>eliis meubles. Les Turcs comme mise dans de grandes trémies percées
les Grecs lui donnent le nom de Bai- de petits trous. Les eaux-mères sont
ganUi elle a l'a^pici du jade cbinois, versées plusieurs fois sur des terres nou*
mais n*eu a pas la dureté ; on en fiiit des velles, ^ Ton évapore eusuitt* eu chauf-
manches de poignard, des coupes et fant dans des chaudières avec «le la
des placages. Le mirhab de la mosquée iieute de chameau. L'exploitation du
de Youzgatt est orné de deux eolonnes salpêtre est mise en régie; la totalité
de balgami , qui ont de hauteur plus des pnKluits doit être remise au pacha,
de 1 mètre 65 centimètres. Tout rin- qui renvoie au gouvernement. Les ha-
térieur de la niche est plaque de cette sont obligés de laisser prendre
nitaiit.s
substance , que je crois être de la chaux daus leurs propriétés It^s terres qui sont

flottée. Tantôt elle est d*un blane lai- estimées kis {dos propres à être leasl-
teux, tantôt elle est tant soit peu veinée. vées.
Les marchands de CouslauUuople en Le village de Méléhubi est a six lieues
font des takim (embouchures de pipes), sud de ^emclieber. On y observe plu-
dont le prix est bifloiQfilrieur à celui de sieurs églises byzantines, les unes rui-
Tambre. Je ne doute pas que le balgami nées, les autres encore desservies par
ne soit la pierre dont parle Strabon(l) quelques prêtres. La population de ce
âui se tirait des carrières de la Cappa^ village est, comme je l'ai dit plus haut,
oee. Il y avait, dlt41, uàeodreit droù composée de Grecs qui rendent un
Ton lirait une pierre grosse comme de hommage particulier à sainte Maerine
petites pierres à a^iseri semblable à la patronne du district, car l'évéque de
iSazianze,, .saint Oitgoirc, est presque
(l) XII, 63^. oublié du peuple. Cependant le corps do

Digitized by Google
LtJNIVERS.
saiDte Macride repose dans un village Les lacs de V'an et d'Ouroumia, qui
peu distant de Meléhubi, qui porte le sont salés et sans commuoicatiou avec
nom ture de Rassa keai ; e est aussi la Itmer, sont dans les mémee eooditioM.
dénomination d*un quartier ou Mahallé De Météhubi à Touz gheul on fait
de Constanlinople , celui snns doute où trente cin(j kilomètres jusqu'à Akseniî
furent transportés les Grecs de ce pnvs en franchissant une plaine aride et dé-
d« temps de Constantin Copronyme (f). ierto. Ak seiaf occope la position de
randeono Arebelaïs, elle fut florissants
CHAPITRE XXXIV. au commencement du seizième siècle,
alors que population de ces provinces
la

LS LA,G TATTA.' — TOLZ GHEUL. était plus nombreuse. On y voit encore


les ruines de quelques édifices des sel-
Au centre de la Cappadore il existe djoukides, une mosquée, un médrécé et
une large dépression de terrain occupée un bain.
par un marais que les anciens appelaient La petite rivière de Béias sou, Teau
Taitsea Pains; les eanx de ce marais blanche, passe au sud-ouest de la ville,
sont tellement salées que tous les objets et v.'i se jeter dans le lac nprès un par-
qu'on y plonge .sont immédiatement cours detreute kilomètres, en traversant
recouverts d'une croûte de sel. Comme une plaine aussi nue et aussi unie que
earaetère géologique cette vaste éteo» celle de Hélèhubi sujette en hiver à des
due d'eau ressemble moins à un lac inondatiotts dangereuses pour Jetcam-
qu'à ces lacunes si nombreuses en vanes.
Perse et dans T Afrique septentrionale, Koch bissar, l'heureux château, est un
où elfes sont eonnaes sons le nom de village situé à quatre kiloniètres de la
Schutt ou de Sebka. Ce sont, comme le rive occidentale du marais et distant de
Tatta Palus, de grands terrains inon- soixante Kilomètres d'Ak serai. Tout ce
dés, qui se dessèchent presque entiè- pays est complètement privé d'eau po-
rement après répoque des chaleurs, table ; If s tribus turcomaoes pourvoient
et laissent sur leurs Ixirds des concré- à leurs besoins au moyen de puits trè^
tions blanches qui ne sont autre ehoee profonds, et la charité musulmane a
qnedu sel. dressé de distance en distance de pe-
Ces Sebka se rencontrent fréquem- tites huttes de broussailles dans les-
ment dans le nord de la Perse et dans quelles sont déposées des jarres pieines
le voisinage de Scbiraz. Le Tatta Pa- d'enn, cette prévoyance des nuisnlfnans
lus diffère essentiellement de tous les h'ur est comptée dans leur religion
autres lacs de l'Asie Mineure; la pro- comme Taccomplissemeut d'un voyage
fondeur movenne de ses eani ne dé- à Mecque.
la
passe pas uiî mètre et demi, et après Los rivages du lac que l'on oôtoio
,

les chaleurs de l'été sa surfnce diminue pendant une lirnre, sont bns et maréca-
considérablement. Les Turcs l'appel- geux. Koch hissar au contraire est cons-
lent Tous gheol, le lac salé. Le ael qu'on truit sur une éminence et eonuMMle
en extrait est du cblorare do sodium toute la plaine et le lac. M. Hamilton
très-pur, qui peut sans aucune autre 1»onr atteindre le rivage encore dix
flt

préparation être livré au commerce. Il Lilometres jusqu'à la chaussée qui tra-


ne sort aucune rivière de ce marais ; verse le lac de part en part dans la di-
il reçoit au contraire plusieurs petits rection de l'est à l'ouest; c'était sans
cours d'ean et l'on petit constater une
, doute un tronçon de la grande route
fois de plus ce fait géologique, que tous qui allait de DÔrylée à Iconium, et qui
les lacs intérieurs n'ayant aucune com- est marquée dans l'Itinéraire d'Antonio.
munication avec rOoéan, aont de véri- Les habitants en attribuent la création
tables mers, et sont nécessairement sa- au sultan Sélim K^; elle n'est soumise a
lés, tandis que les lacs qui donnent nais- aucun entrelien et dans les hautes eaux
sance à des rivières sont d'e^u douce. elle est entièrement submergée et tout
à fait impraticable. Le iMBd du lac n^rst
(c) Ltt %liies» iclon le P. Çjrriifo, ont élé pas à pluB d*un demi-mètre en con-
bàlict fw j«m SKimiteè» en 970. tre-bas.

Digitized by Google
ASIE MINEURE. 461

Toutes les pierres qui sont au-dessus ment voleanique qui commence â
,

du niveau de l'eau sont couvertes d'une Smyrne, traverse la Catacécaumène, r*v-


croûte de sel très-blanc; mais celui paratt à Kara hissar, et \ient aboutir au
oa'on eiploite sur les bofdf cit uM mont Argée. Les géologues ont reconnu
(rnrgile et a mw«mleur ronge de partielleiiMStees deux formations dans
kriqiie. de nombreuses localités, et c'est aujour-
1^ terme du
lac est très-irrégulière et d'hui un fait acquis dans la cousiiiu-
change, poor ahiBi dire, selon la saison. tion géologique de l'Asie occidentale.
Son grand axe dirigé du nord-ouest au
sod-est a seize kilomètres environ de CHAPITRE XXXVII.
longueur sa plus grande largeur n'a pas
;

frius de inq kilomètres.


< PAËFbCTUhE DE GABEAli HITIS.
Les règlements pour rexploitatioii SOATB*. —
SOAHDUS.
du sel ont benucoup Tarie dans l'espace •

do {[iielques ;iiinées il lut d'abord af-


: L'eau est si rare dans la province,
lernie à des particuliers au dixième du que les habitants a'ont d'autre res*
revenu ; plus tard, il ftit mis entre les source que des puits d'une profondeur
mains du pacha de Konieh moyennant considérable (1). Ce caractère du pnys
line redevance de quatorze mille pias- est appliqué spécialement par Stinbon
tres. Le pacba d'Angora eu a joui pen- à la Lycaonie et a la Garsauriiis. On
dant quelques années; msis tous «s peut donc en inférer que la frontière
droits n'augmentent guère le prix réel oeeidentale de la préfecture de Cilicie
du sel, qui se vend sur les marchés du se trouve entre ISemcheher et Méléhuhi.
centre au prix de dix paras oque. Sur i On remarque dans ce dernier village
raee il nese pdss même pas, on le tend un puits dont îa construction remonte
la charge; une piastre pour une voi- eertainement à une très- haute antiquité,
ture à deux colliers, dix paras pour un car il serait au-dessus des forces de cette
chevalfetsix paras (1) pour un âne;aus$i misérable population d'eu creuser un
les habitants font-ils un grand usage pareil : il est carré, a trois mètres de
de sel naturel : ils en distribuent des côté et aoixante-six mètres de profon-
quantités considérables a leurs bestiaux. deur; un système de treuils est installé
Ce n'est pas seulement comme aspect pour descendre des barils, faits en cuir
que le marais de Tatta ressemble aux et en bois. La corde qui s'enroule sur
Sebka de TAIgérle; leur constitution le treuil est en peaux d*anîmaux. Au-
géologique est identique, lesgrands gise- tour du puits sont placées des auges
ments de sel sont dans les deux contrées en pierre volcanique, avec un couvercle
en rapport intime avec les gypses. Les également en pierre, qui a un orifice
Sebka de Biskra ont dans leur voisinage pour les remplir. Chaque famille pos-
de grandes formations gypseuses on : sède une de ces auges ; les plus pauvres
remarque la même nature de roche dans s'approvisionnent à un réservoir com-
la plaine de Kotch Uissar ; cette roche mun. Aucune tradition ue |jut me faire
reparaît selon une ligne dirigée de connaître l*origine de ee puits : il n*y a
Touest-nord-ouest à Test-sud-est, dans pas d'inscription. Autant qu'on peui
une longueur de plusde mille ki lomètres, voir dans l'intérieur, il est parfaite-
toujours en rapport avec des gisements ment construit eu pierre de taille. J'en
salins; on la retrouve au bord de l'Eu- ai obtenu facilement la profondeur en
phrate, aux villages de Kourou tchat et mesurant un des côtés ciu treuil carré,
de Gherdjanis; dans la Mésopotamie, sur lequel s'enroule la corde.
aux dépôts gypseux de Mossoul et en Il est difficile de rencontrer une ana-
Perse dans les gypses du mont Pira- logie plus frappante entre l'état actuel
imin. de ce village et la description aue nous
C'est toujours la même formation sa- ûÂt Strabon de la petite ville ae Soatra
lifere, suivant pour ainsi dire une di-
rectuHi parallèle a la ligue d'épanclie-
SuvstAv, p«S6tttta f péftxs t&v
cftpiiv ««v
(i) o,a5 cent., e,o6 eant., o,e3 ceni. twv. (StfsboD XII» 56a.)
S6* iÂvraiMm. (Asit Minsuii.) t. TI. 96

Digitized by Googlc
m
en Garsauritis, où Teau veodiil que sans ondulations, qui s'étend jus-
te fend * Ifélélwbi. Ce
elle qu'au pied de 1* Argée ; noaia les vallées,
n*eit pas seulement en ce lieu que les comme celle d'Urgub, sont en couUu-
puits étaient en usage on en rencontre
: bas de la plaine, et on ne les aperçoit
dans toute la province , et leur profoo- que lorequ'on arrive dans leur voisinage
dear dinmiae à nMMire qu'oa ee rap» immèiiat J'ai aouveut obasrvé «a eu-
proche du sud. On ne peut ma eon- ractère topographique dans lea puja
dure de ce fait sur la pente générale asiatiques, jamais en Europe.
de Cappadoce, car il n'est pas dé-
la Lorsque rautoinne arrive, les uo-
montré que la ua^pe d*eeo qui passe madcs quitteM lea plaines, où les pâtK-
sous la contrée soit tioiiiontale; mais lUffes sont depuis loogtMupa brûles* et
elle a une étendue considérable. Au se retirent vers le Taurus; de sorte que
moment du tremblement de terre de pendant le jour la solitude eat com-
Césarée, Teffil de ce phénomène 8*est plète. Le soir, les gardieoa des trou-
fait ressentirdans la fMVpart des puits peaux do chiuMUui paraiasent à l'hoiî*
de la province; il y en a qui ont été zon et de rares caravanes d'Arméniens
,

mis a sec et d'autres au contraire ont


. ou de Grecs, se rendant à Cesaree ou
vu leurs eaux s'élever au-dessus du ni- à ILara hissar, viennent tant soit peu
veau hahitnel. Ces frits m'ont été attes- animer le paysage. Les tufr Kriaâttua
tés par divers habitants, et sont, en ef- commencent a reparaître, el sont pres-
fet, d'accord avec TactioA souteriaine que toujours recouverts par des actflo-
des couches terrestres. •
mérats de trachytes, de laves de tusion
Le peu de dureté des voehea volea* •t d'obtidieune. Les dépressions de
niques, qui sont presque toutes compo- terrain servent de lit peooant l'hiver à
sées de scories et de cendres agglomé- des torrents formés par la fonte des
rées, permettrait d'opérer à peu de frais neiges. Leur cours parait se dinger à
des soudages de puits artèsieDS dans Test, mais ils sont à aee pendant Vké,
tonte l'étendue de la province^ et d'aug-
menter considéralilenient la r»chesse du SOÂULl DKhE. — SOAnOUS.
soi. Il de déterminer la ligne
s'agirait On dans une vallée au<:sl
efitrr l>ient6t
d'absorption des eaux ; il est probable aride que celle d'I^rgub, et dont la for-
qu'il faut la chercher dana les penles mation paraît due également à l'aetioo
septentrionales du Taunis, et dans les des eaux; mais la nature do la roche
couches calcaires des collmcs inférieu- est plus sablonneus», et les pitons co-
res , qui plongent sans doute sous les niques ne se présentent (|ue comme une
tufs volcaniques de la plaine. exception ; ils s>ont inbninient moins
Non loin de Mélébubi est le village régulfers que ceux d'Utigub; leurs an*
turc de Son ver mess, dont le nom si- gles sont et on remarque
saillants,
gnttîe « qui ne donne point d'eau; » composés de plusieurs lits
au'ils sont
c*est une allosion de pioa à ia péaurie e sédiment. La vallée s'élève de part
d*enti ({ui se fîût sentir dans la eontiée; et d'tatre oomme une haute muraillo,
aussi je ne saurais trop recommander découpée par des accidents bizarres, et
aux voyageurs qui visiteront la (^ppa- chacun des plans est perfore par une
doce de ne pas s'aventurer dans ces
,
multitude de chapelles, de chambres et
steppes inhospitalièrea , depuis le mois de caveaux qui méritait une écndo spé-
d'aoïlt jusqu'au moment où les plures ciale. Mais ceux qui voudront l'entra-
de l'equinoxe de septembre ont un peu prendre devront choisir la saison où lea
ravivé les citernes, s'ils ne veulent s'ex- non)ades sont encore dans leurs eaaa»
pooer eux el leurs gens aux plua inm- pements d'été.
tenaUes privations, qui CDgendiciit dea Deux ans plus tard, M. Haoriltonfi*
embarras sans fin. en détail celte vallée, etreconnsij-
sitait
La vallée de Soaolt est a douze kilo- mt nt de l'ancienne Soan-
sait l'em; lac,
mètres au sud-est de Mélébubi; elle est dus, dont te nom, en effet, n'a subi
te^iqnée sur la carte par ces mots : qu'une très-faiMe altération (I).
Soa)>? «T iU 1000 'KxxXïjdtai. Ici le
temin l'orme uue plaiue élevée et pna-

. kju,^ jd by Googl
ASlfiMOŒDBE &63

L'aucienne nécropole est située au rieure, pour que de pieuses libatiou^


puiot de juucLiou de deux vallées arro- Kissent arroser les cendres des morts ;
tées par un petit raisseau; plusieuif B niehes isolées pour mettre les ur-
terrasses s'élèvent successivement et nes ; les sarcophages isolés , accouplés
sont couvertes de débris de construc- creusés dans le sol on exhaussés sur des
tion en grands blocs de pierre, de so- estrades; des cellules pénétrant hori*
lidei mimiUai ancora en boo état de lontaleraent dans la rome pour v glis-
ooiiservatilMi; «u tombeau assez re- ser les corps, comme dans les tombeaux
inar(|yable, composé d'une chambre des environs de Jérusalem et d'Alexan-
avec un porche couronné d'une voûte drie, mais peu ou point d'inscripuuns.
deaoisûJTCulaire, a été excavé dans iero- Les seuls débris que la roche friahla
dier. Laissant ces monuments et se di- offre aux yeni de Tantiquaire sont des
rigeant vers la branche ouest de la val • lettres grecques et quelques mots vides
lée, M. liamilton arri\e a un passage de sens.
étroit eulre de hauts rochers de tuf vol- Ce qui paraît constituer un earaelère
eaoiaue, qui conduit à uu piton isolé à commun entre tous ces monumenta qui
gauche de l:i route, dans lequel mille couvrent la Cappadoce c'est de corres-
,

tombes et grottes ont été excavees. Ce pondre entre eux par des puits et des
rocher indique Tentree de la vallée de conduits intérieurs ; et si la forme sé-
pulcrrie et religieuse n'était pas si évi*
De chaque côté de la vallée, les ro- dente, je hasarderais la pensée que quel- •

chers sont perforés par une multitude ques-unes de ces grottes ont servir
de cellules taillées jusqu'à une hauteur de magasins ou de silos.

de soiumte mètrea dMS le tuf; maia Une nouvelle bifurcation de la vdiée


le plus grand aonobia est ioacceasibla forme un autre acrotére de rochers, sur
du dehors. lequel s'élève une église byzantine de
Après avoir franchi un passage pra- très-ancien style; elle est dominée par
tique sous une arche taillée dans une un rocher penoré d'une autre myriade
/lutre maaw de rocher, on entre dans la de grottes de toutes formes; quelques-
vallée des tombeaux, dont Taspect offre unes conservent des traces de peinture
uu tableau saisissant et imprévu, même et d'autres débris de décoration inté-
après le grand nombre de monuments rieure. y a en cet endroit des grottes
11

da oalme genre qui, chaque jour, se aisez spacieuses, communiquant en*


présentent aux yeux de Tobservateur. semble par des passages étroits, dont
Deux hauts rochers, à faces vertica- quelques-uns paraissent avoir été élar-
les, sont criblés jusqu'au sommet de gis assez récemment. Cette même dis-
milliefa d^excavatioas , dont quelque»» position oui s'ohserve pris de Gésarée
iinea aont ornées de m^es monumen- et dUrguo, ces lignes de trous de pe-
tales, avec des pilastres, des frontons tite dimension, tantôt carres, tantôt
sculptes et des portes uruees de cham- ayant la forme d'uu trapèze, se retrouve
branles et de coupoles. Le caractère de aussi dans les grottes de Soanli déré.
cette architecture est assez indécis pour La plupart de ces petites excavations
qu'il soit difficile de lui assigner de prime sont aujourd'hui hanitées par des fa-
abord une époque certaine. On peut milles de pigeons sauvages; mais on ne
dire que les géuérations se sont éver- saurait supposer que telle ait été leur
destination dans rantiquité. Ces trous
-

tuées pendant dea aièclea à sculpter oetle


œuvre gigantesque, car depuis la cha- sont placés sur deux ou plusieurs li-
peile byzantine jusqu'au fit funèbre, gnes, et creusés tantôt les uns au-des-
sur lequel les Grecs et les Perses fai- sus des autres, tantôt eu échiquier.
aaie&t rmMMer leurs gMiiiera. tous Ica Les eommunieationa entre lea chambres
genres de sépulture aa troitront réu- aont étdilies dans Pintérieur du rocher
nis. Certains tombeaux ont une dimen- par des conduits creusés parallèlement
sion si exiguë, qu'ils n*out pu ser- a la lace extérieure, de sorte qu'où peut
vir qu'aux cendres d'un enfant. Puis circuler et arriver à una assez grande
viennent les ctdumbaria romains, les hauteur, en passant és ebambre en
tiMBbeaux perforés dana la partie aupé- chambre; elles sont pour la plupart
36.

L.iyni^ed by Google
6G4 LtJNTVKRS.
éclairées par des fenêtres de dimeosioA centrique qui peut lutter avec ce que
moyeune. l'imagination des sauvages de la mer
Des restes d^aquedues et les ruines du Sud a inventé de plus binrre.
d'une seconde église byzantine « taillée La coiffure des femmes d'In-Eoghi
presque entièrement dans le roc, té- consiste en un bonnet en lortnc de cas-
moignent que cette vailee a nourri une aue, armé de deux grandes cornes,
population assez nombreuse. D*après te ibnnant un croissant complet; ce bon-
disposition des lieux , il est Adle de se net est en outre orné d*onpeaox et de
rendre compte de l'exlreme difficulté verroteries suspendues aux cornes et
qu'éprouvait une armé« d'invasion pour autour de la coiffe. Un rabat de soie
s^emparer d'une place si facile a dé- noire est accroché derrière le bonnet et
fendre. Le stratagème dont Antiocbus pend jusqu'aux jarrets ; il est orné de
fit usnge devenait un des moyens les bordures gauffrees et d'une multitude
plus assures de succès (l). On trouve de petits émaux, comme les chemises
dans les itinéraires deux places du nom des momies égyptiennes ; un rabat sem-
de Soandus ou Sonnda : Tune sur la blable eat noué sous le menton, et vn
route de Tavium à Çésarée , dont rem- passer dans la ceinture, qui est ordinal-
placement n'est point connu, et l'autre rement composée de deux grosses pla-
Î lacée sur la route directe de Laodicée ues d'argent: le tablier est en drap
Césarée (2), position qui correspond rodé de diflerentes conteurs; la tu-
parfaitement à celle de Soanli déré, nique ou robe de dessus est rouge avee
opinion émise d'abord par M. Ilamilton de grands parements en soie bleue; un
et qui parait tout à fait conforme à la charvar, pantalon blanc et brode et des
vérité. babouches jaunes complètent le cos-
tume (t). Je décris là l*nabillement dos
CHAPITRE XXXVIll. femmes que je voyais travailler aux
champs, lier les gerbes et les charger
Iff-BUGHI. — SINGULIBB COSTCMB sur de lourds chariots traînés par des
DIS FBHMBS. bufOes. Ceux des fbmmes riebes sont
encore plus somptueux, dit-on, etleors
J*arrivai pendant la uuit à In-Eughi, cornes sont d'une grandeur démesurée,
et je eampai au milieu des meules de tandis que celles des pauvres lîout Ires-
blé, car nous étions à l'époque de la petites et sans verroterie. Lea fenmnes
moisson. Jusqu'ici je n'avais trouvé vieilles, qui devraient être plus sensées,
chez les habirants de la Cappndoee que s'affublent éj^alement de cette coiffure
peu de variété dans les costumes, quel- isiaque Les leunes filles portent le tur-
ques détails d'ornemeots eommmis ma ban jusqu'à leur mariage, et laissent
chrétiens et rrnx Turcs Mais quelle fut pendre en tresses leurs beaux cheveux
ma surprise, eu nréveillnnt à In-Kughi, ornés de pièces de monnaies, et allongél
de voir une troupe d'êtres cornus et ar- quelquefois par des ganses de soie, nr-
més de fourehes, se rendant à l*oo* tistement mélangées. Le costume des
rage en chantant une hymmesnr on ton hommes ett aenwlabto i «lui de tons
mélancolique! J'eus peine au premier les pa}'sans d'Asie et d'une grande siaiK
àbord a discerner si j'avais devant les plicité.
yeux dea homanes ou des femmes; si je Dans l'état d'ignorance où est plongé
n'aasistais pas ft quelque cérémonie par- le clergé gree de ce village, il est im*
ticulière d*unp peuplade païenne; mais possible d'en tirer le moindre éclairds-
j'appris bientôt du papas, que les habi- semenl, et je n'obtins du prêtre que
tants d'In-Eughi étaient tous chrétiens cette réponse banale : reotof i^Çcupct,
et appartenaient è la communion grec- qui slitr laquelle oorrespond'nu AtUik
que. bil'ihr. Dieu sait, des Turcs.
Nul ne put me dire origine de cette
l Les monuments et les traditions man-
coiffure singulière et de ce costume ex- quent complètement pour suivre This-
toire d'un usage qui certainement n'est
(i) Voyez dessus page 507.
ci
(t) Siraboo» XiT, 663.
(1) Tojftia pluidie. Gotlmnci à Ia«BugbL
ASIE MINKURE. 566

pas le résultatd'un caprice de femme, événements qui précédèrent rétablisse-


au milieu d'un pays où le dieu Pliar- ment du christianisme, il est plus pro-
nace fut si longtemps adoré (1). Peut- bable qu'elle a remplace une ville cap-
être, malgré les efforts ducbristiaDisnie, padodennetout à mtdétruite ; flasianze
6Bt-il resté dans le pays quelque rite de est citéeen effet par les géographes an-
cette religion dont nous connaissons si ciens comme une très-petite ville, et ne
peu les détails, et la Ugure du dieu doit sou illustration et sou agranthsse-
B*esl-eUe perpétuée eomme une parura ment qu*à son premier évéque, le cé-
de la fêle des femmes, quoique depuis lèbre Grégoire. .
longtemps ses autels soieot abattus et Un passage étroit entre deux hauts
oubliés. rochers conduit de la vallée de Halvar
Je regrette que depuis mon passade déré sur une plate-forme, couverte de
en ee lieu, en 18S4, nul voyageur n*ait débris de murailles, d*appareil cyelo-
traversé cette peuplade pour en rappor- de premier style T.' \cropolis s'é-
f)éen
ter qijel(|ue document qui m'aura peut- èvp entourée de murai iU's de Miéme ,
être échappe. construction, qui ont eiaure Jusqu'à
La préreeture de Garsauritis est eelle sept mètres de ninteur. On reconnaît
pour laquelle la nature s'est montrée les traces des rues avec de nombreux
le plus inuratf. 11 n'y avait certaine- vestiges de tombeaux et de maisons.
ment qu'un u)cpris complet des biens M. Uamilton a observé l'appareil de ces
de ce monde qui pouvait y retenir les murs , qui partit en quelques endroits
populations de nouveaux cnrétiens qui dériver de la nature des matériaux
la couvrirent d'églises î es anachorètes employés dans la construction, i. a base
trouvaient dans les cellules des rochers, de la roche étant un trachyte brun,
des habitations qui les séparaient du qui tend à se déliter en parties prisma-
reste du cenre humain; aujourd'hui, tiques de la longueur d*un métré en*
que les mimes motifs ne penvmt plus viron, les murs bâtis avec ces matériaux
prévaloir, la province est presque entiè- tendent à une sorte de régularité; mais
rement déserte. il ne faut pas oublier que c'est un usage

constant des Grecs et de tous les cons-


CHAPITRE XXXIX. tructeurs dans la période archaïque
d*avoir soin de toujours relier leurs
VIBAN CH£HEfi. — AC SEBAÏ. murs par des pierres qui traversent de
part en part, et qu'en construction on
Les deux principales villes du dis* appelle parpaing.
tricl étaient Archelaïs, qui, d'après son Les constructeurs de Viran cheher
nom, doit sa fondation a un roi de Cap- avaient donc un double intérêt à em-
ptdoce, et Nazianze, qui ne fut célèbre ployer les prismes de trachyte que leur
oue sous l'empire byzantin. Cependant, fournissait la montagne. A Touest de
aans la vallée de Halvar deré, au pied Tnempole, on ap'^rcoit les restes de la
du Ilassar dagh, et dans le voisinage porte de ville, dont l'architrave est d'une
des ruines que Ton regarde comme seule pièce; elle a deux tours solides
celles de Taneienne Razianxe, ruines de chaque côté. Une autre colline*
chrétiennes qui consistent en une église voisine de celle de l'acropole, est éga-
byzantine, des chapelles et des tom- lemenî eouverte de constriutions qui
beaux, on observe des restes de monu- s'élèvent àune grande hauteur.
ments qui portent tout le caractère Un grand nombre de portes et des
d'une époque primitive. Cet endroit est galeries de communication sont encore
appelé parles Turcs Viran cheher (ville dans leur état primiiif. Toutes les ar-
détruite); c'est une désignation com- chitraves sont formées d'un seul bloc
mune à plusieurs cités antiques, qui ne énorme de roche. Un peu plus à Test,
peut donner aucune indication sur leur se trouvent quelques constructions sou-
origine Comme le nom de Nazianze terraines qui semblent avoir servi de
ne se trouve jamais mêle au récit des tombeaux à l'époque greccjue. L'm-
téneur de l'une d elles présente unesalle v

(t) SUvboQ, XII, 556. voûtée avec une estrade de pierre tout

L.iyni^ed by Google
hu\ovlt : eW Ptt eifet le gipore de eé- tente, que je regrettais de n^avoir un
le plus usité à répo')ue h
î>,iîiiire peu de temps à consncrer à Fétude de
plus floriBsaate de 1^ civilisation bellé- cette vie demi-nomade, soumiso ninsià
<iiyue. des conditions qui nous paraissent con-
Tant de monomeots divers, cha- trairesà toute administration régulierê.
tombeaux et eitadellea,
pelles, églises, La ville désertée ne touche plus d'oc
présentent des svstèmes de construc- troi, ou du moins tant de moyens fncilrs
tion trop disparates pour être l'ouvrage se présentent à Thabitant pour s'y sous-
d'uue même période de civilisation. 11 y traire, que le trésor du gouverneur se
aurait a exartiiner si ces mines ne peu- trouverait fort amoindri, s'il n*inveii-
vrnt pas dater de Vpofjue où les rois
1 tait des moyens, la plupart du temps
de (jlicie gouvernaient la contrée; il illégaux , pour rétablir réquilibre. l.e
faudrait préalablement,,, pour résoudre .
gouverneur, soit mutzillim, soit pa«-lia,
eeU(> question, des plans et des dessins n*est payé que sur les rentrées qu'il se
do Vous ces monuments. procure, et sur lesquelles il remet au
L'itinéraire de Jérusalem place Ar- gouvernement la redevance des impôts
ohelaïs à XXIV M. P. de ^îazianze, et
. publics duut la quotité est iixec chaque
Andabilis à XL. M. P. de cette der- année au baîram. L*lmpdt se perçoit ,
nière ville ; ces distances sont parfaite- dans les villes à demi nomades, sur
ment conformes aux posi'i<ins respec- toutes les marchandises importées par
tives des trois endroits précités. Ak caravane, sur les fruits des cultures :
Béraî,dépeuplée au eommeneementdo toute terre qui n'est pas mise en pro-
selsième siècle, reçut cependant de noti- duit ne paye rien; enfin sur les trou-
veatiX ha!)itants dans l'enceinte de ses {)eaux, qui sont enregistrés par le kya-
hiurailles.De nombreux monuments lia, chaaue téte de l>étail payant une
musulmans, aujourd'bui en ruine, sont somme oéterminée qui ne tlepasse pcs
làpour attester que cette place tînt un une demi-piastre. La vente des laines,
rniiizdistinîîué p irmi les petites villes des peaux de chèvres et de h(Tuf<. ost
de (^appadoce musulmane. I^es cons-
la aussi soumise à un tarif, nitie, (jui
tructions qu'on y observe ont beaucoup s'exploite dans toute la province, t^st
d'analogie avec les mosquées en ruine une régie du gouvenimient; mais le sel
d'Aïasalouk, qui ifinplaivi Kplirse, gemme, ou le sel tiré des eaux du lac salé,
c'est-à-dire qu'elles peuvent cire attri- ne doit au uoiiverncmcnt qne la dime
buées à un de ces émirs, compagnons en nature, comme les salines qui sont
de Saronkban, qui capitulèrent avec situées sur le bord de la mer. Le tabac,
les snltans, et conservèrent dans leurs dont l'usage est général, ne paye qu'un
familles quelques débris du pouvoir droit modère, qui ne dépasse pas une
dont les Seldjoukides avaient été de- demi-piastre par kilogramme.
possédés. Le calte, nans les provinces, s'entre-
La plupart des édifiées importants tient par lui-même cx)inme dans les
sont réunis sur une éminence qui oc- grandes villes. Les mosquées possèdent
cupe le centre de la ville. Des mosquées, des viakouis, des biens inaliénables,
décorées dans le style arabe, un mé- dont les revenus servent à payer les
drecé, plusieurs tombeaux ou turbés, desservants imans, mueuin etsofUi.
et des hatns, mériteraient d'attirer l'at- Souvent la portion de revenu du wa-
tention de l'artiste, kouf d'un territovo a ete affectée en
Pendant les trois quarts de Tannée, piastres par le fondateur : tel établii-
les habitants demeurent campés dans senieut religieux était dans rorif|ine
leurs jardins; ils ne rentrent en ville d 'té de quelques milliers de piastres,
que lorsque l'biver devient trop rigou- qui, ù cette époque, valaient plus de
reux; l'instinct nomade dominera tou- six francs de notre monnaie, et les tof-
jours dans ces contrées. Pour nous, tas, entretenus par la mosquée , tou-
Ruropéens, c'est unechose si insolite de chaient, au ma\imu!n, une d»'mi pastre,
voir toute tme population, riches, pau- d'aufp'S dix paros et quelques aspres
vres ou artisans, auandouuer complète- par jour. Mais depuis que la piastre, par
ment une ville pour aller vivre sous la Boite de la dépréciation de la monnaie

Digitized by Googlc
ASiË MINEURE.
C6t tdmbëe i la valeur de vingt cen- une partie de l*aonée. Aussi un fac toî*
timps, para vaut un demi-reutime, et
le sin de Tyane, qui, par une cause nnUi-
l'iispre vingtième p'rtie du para)
(la relle, ne se trouve pas soumis a cette loi
n'psi plus qu'une valeur iuappreciable. générale, a été chez les anciens regardé
Les janissaires, dans l'origine, avafent comme an bassin privilégié, et comme
line solde fixe de trois aspres par jour. tel, consacré à Jupiter.
On conçoit (lue, dans ces provinces, le Dans l*état normal, cVst-à-dirc quand
clergé musulman, qui depuis bien long* l'hiver n'a pas accumulé sur les monts
temps ne reçoit plus de wakouft non* une masse de neige inaecoutumée, les
teaux, ni de terres conquises, soit ré- petits ruisseaux sont h sec dès le mois
duit à un état de pauvreté extrême; les d'août. Passé ce temps, les habitants
donations volontaires sont auiourd'hui n'ont plusque les ressources des citernes
SresQue nulles ; et retenus oes baios. etdespnits.
es oazars et des caravansérals , qui Plus on approche des montagnes dn
en temps ordinaire pouvaient compter sud, plus on voit diminuer l'épaisseur
pour quelque chose, sont tout à fait an- de la couche terrestre qui recouvre la
nulés, quand toute la population va cou- nappe d'eau souterraine. Les soixante-
eber sous la tente. six mètres du puits de Méléhubi se té*
Le clergé turc ne recevant aucun duisent h trois nu quatre aux appfodics
traitement de 1 État, il fallait, pour les de Nigdé; aussi dans toute cette région
mosquées à élever, qu'un édit fixât la le système usité pour puiser de l'eau est-
position des desservants. D'apr^ une il le même que celui qui est employé
décision des oulémas, nul village ne dans les champs dp France et dMtalie,
peut élever un mesjid (chapelle), ou un une perche lixee sur un poteau de ma-
djami (mosquée à minaret), s'il n'a nière a lormer une bascule; la corde est
préalablement constitué Une rente SUT remplacée par nn long sarment de vi-
biens-fonds, pour le payement da per- gne. Cette diminution de la croûte ter-
sonnel du clergé. restre indique que la prise d'eau, c'est-
Quelques ondulations de terrain au à-dire 1 affleurement des couches per-
sud de la plaine de Méléhubi sont les méables du sol, se trouve à la base du
seuls indices d'une frontière entre la Taurus, et, si elle suit la conformation
préfecture de Garsauritis et celle de présumée des terrains, la nappe dVaii
TvaDe. On conçoit (^u'il serait dificile de Sasse sous la couche volcanique, peut-
déterminer plus positivement nne ligne Ire sous le lit de l'Halys, et va se pro-
de démarcation, qui, rhrz les anciens, longer jusqu'à la ligne des terrains cal-
est toujours restée arbitraire. caires, dans le royaiune de Pont, on
elle donne naissance ù une nuiliitude de
CHAPITRE XL. petits ruisseaux qui prennent leur cours
vers THalys. Le lac près de Tvane, qui
PnÉf ICTDBB M TTAJIITIS. a un écoulement souterrain, joue le rôle
d'un entonnoir avec un puits d'absorp-
La physionomie générale de cette tion. Ce système des eaux de la Cappa-
suite de plateaux parait d*antant nlua doce me semble si clair, que je ne sau-
singulièire à un onservateur européen, rais mettre en doute le SUCcès du forage
que par leur conformation les valltes des puits artésiens dans toute cette con-
ne paraissent pas être la conséquence trée.
des soulèvements qui ont exhaussé le Quand mime le terrain argileux qui
terrain à mille mètres au-dC8S0S du ni- forme des aflleurements dans le nord,
veau de la mer, mais semblent devoir depuis Youzgatt jusqu'au delà de Son-
leur origine à des eoors d'eau formés gourlou, ne se prolongerait pas sous le
par les pluies et les fontes des neiges. sol dans toute rétendne dn plateau,
Ces torrents temporaires vont «^e perdre nous avons vu combien les couches vol-
dans une multitude de l)<l^sins parti- caniques sont coordonnées d'une ma-
culiers, formant des lacs d'une étendue nière régulière; tantôt des terrains tuf-
médiocre, sujets à diminuer, ou même liMés, tantôt des kves de fusion. En
à se dessécher complètement pendant rahsenee d'âne couche impennàd>l«

Digitized by Google
568 L'UNIVERS.
d'argile, les eaux souterraines iféprou- Iilus considérables de ce groupe; il est
veraieiit aucun obstacle pour établir uo labité par des familles grecques char-
courant entre ces couches voeaniques. gées de rexploitation de certaines mi-
liais tant d'obstacles s'opposentà fexé- nes de plomb qui existent dans un eu-
cution de travaux si sunples, que de droit appelé Courchoum-Maden ( la
longtemps encore les Cappadociens eu mine de plomb); c'est une mine de
serout réduits h l'eau de leurs ci- plomb sulfuré, contenant sans doute
ternes. quelques parcelles d'argent, comme ce»
Cette partie de la Cappadoce a dans lui de Gumuch hané; mais la connais-
l'origine appartenu à la Cataouie elle ; sance de la métallurgie dans ces con-
en fut plus tard détachée sous le uuin trées est encore trop peu développée
de Tyanitis, lorsqu*on subdivisa le pays pour qu'on songe à en tirer profit. Il sa
en préfectures. ville principale, ou trouve d'ailleurs à quelques lieues de là
plutôt la seule place di|^iie de ce nom, un gisement plus riche eu métal d'ar-
Tyaue, occupait la partie méridionale, gent qui est en voie d'exploitation. La
Don loin des contre-forts septentrio- mine de plomb est à dix lieues est de
naux du Taurus. Strabon cite avec Misthi ; elle est affermée par le gouver-
Tyane les deux bourgs de Castabala et nement soixante-auinze mille okes de
de Cybistra (!)« dont la position con- métal ( 93,000 kil. ) ; cependant la ra-
corde «tes celle d'Érégli. La ferti- reté du combustible y cause des chô-
lité de cette partie de la Cataonie mages fréquents. La mine d'argent
était renommée dans l'antiquité; mais (plomb sulfuré argentifère ) est affer-
aujourd'hui elle ne produit plus que de mée trois cents okes (450 kil. ) de mé-
Torge et des pâturages. LÎes endroits tal : produit ne couvrant pas les frais,
le
susceptililes d*irrigation, et ils sont peu les fermiers favaient aliandonnée ré-
étendus, sont cependant plantés en jar- cemment (1834), et le gouvernement
dins, qui donnent des fruits en abon- les tenait pour le moment quittes de leur
dance. Dans tout le reste du pavs, les redevance.
montagnes calcaires , dépoum»» de Un autre petit village, nommé Se-
terre végétale, indiquent les abords de mentra, jouit aussi du privilège d'une
celte province de Lycaonie, unique- exploitation. Les collines qui bornent
ment célèbre par l'aspea austèrequ'elle l'horizon à Test, et qui contiennent ces
a de tout temps présenté au yoya- naines, se prolongent jusqu'à la routa
tracée entre Nemchehér et Nigdé ; elles
On voit de temps à autre des grou- fournissent quelques ruisseaux dont les
pes de huttes carrées , et a demi en- bords se couvrent immédiatement de
terrées ; ce sont, des villages qui ne sont verdure. Le village de Bounarbacht
habités que pendant la saison d'hiver, est bâti sur la source du ruisseau qui
lorsque fa neige couvre la contrée. La passe à Nigdé, mais il est bientôt tari
plupart de ces villages sont tout à fait par les irrigations. Dans le voisinage,
modernes; mais il eu est quelques-uns on remarque le village de Oulou
qui conservent les traditions ne l'épo- agatch (le grand arbre), et un ha-
que byzantine ce sont des chapelles
: meau, ^ui a conservé le nom d'Anda-
renfermant des corps de martyrs. On val précieux document pour la géogra-
;

cite saint Paoôme et saint Constantin, phie ancienne; car cette localité est
partageant avec sainte Blacrine les mentionnée dans VlUniraUre d'^^ii*
liommagn de la population chrétienne, tonint et sert par sa position à contrôler
qui dans ces districts est assez nom plusieurs villes du voisinage. Le géo-
breuse ; il est vrai que dans la saison graphe ancien a ajoute une note qui
d'été les Turcs vont a In montagne, et apprend que le ridie éleveur de cbe-
que les Grecs restent sédentaires. TauK Pampalus avait là sa maison de
Le village de Mistbi .(3) est un des campagne. « Ibi est villa Panipali
« unde veniunt equi curules. " Celait,

(t; Strabon, XII, 53;. en effet, ce canton de la Cappadoce qui


(a) Misthi e»t placé dans les tables parmi était en possession de fournir les che-
les villes de Lycaonie. vaux les plus estimés. Aujourd'hui, le

Digitized by Google
ASIE MINEURE. MO
bétail est encore nombreux; ni;\is
l'é- ou porli(jiie, avec des colonnes de mar-
lève des chevaux exige trop de soi us et bre blanc et des chapiteaux arabes, sup-
dVaoees pour que les habitants puis- portant des arcades mauresques. La
sent se livrer à eetta bunchede Tiodus- porte, disposée comme celle de la mos-
trle agricole. quée de Osarée, est surmontée d'une
Les eaux de toutes les sources réu- niche en pendentif, couronnée d'encor-
niea en un muI cours forment le mis* bellements ornés de co^jues. l/inlérieur
aeaa qui passe à Mgdé, capitale du sand* est occupé par une cour carrée avant
jak ou district du même nom. sur chacun de ses côtés un portique
de trois arcades qui communiquent à
CHAPITRK XLL autant de chambres pour les sonas. La
décoration intérieure se compose de
mGDÉ. méandres ou hiltons rompus, comme le
couronnement du tombeau de Uouen.
Nigdéaélé longtemps regardée comme Une frise d^omements très-élégants
ayant auecédé à Tancieone Tyane. La règne sous le portique, au rez-de-
distincp entre ces deux villes est seu- chaussée et au premier éta^p.
lement de 12 kilomètres; on compte L'histoire de Nigdé se rattache a celle
sur les cartes anciennes seize milles delà plupart des petites villes de ces
d'Andaviiis à Tyane. Nigdé est à trola cantons , qui formaient le clief-lieu des
milles sud-ouest de la première de ees possessions de tons ces émirs, tantôt ré-
places. On n'observe dans Tenceinte volté-; et indcpiMuhmts. tant it soumis
de ^igdé aucun débris d'architecture aux sultans turcs ou sddjoukide.s Le
antique* tandis que les monuments mu- château offrait un refuge assuré aux
flUlmans y sont nombreux , et d'après le chefs qui cherchaient à se soustraire a
style on peut les regarder comme con- l'autorité des sultans. Kn I MiO, Issak
temporaios de ceux que nous avons dé- Pacha, gouverneur de la Caranuuie
erita, c*est-à«dire delà période du trei* pour Mahomet II, Ht construire les
zième au quinzième siècle. murailles de la ville , et tenta d'établir
Un château, aujourd'hui en ruine, un ^gouvernement indépendant. Les
couroooe une éminence autour de la- projets du sultau attiraient toute sou
quelle la fille est bâtie. Toutes les ha- attention vers les alfairea de Houmélie,
bitations sont groupées sur les bords Coustantinople était tombé entre ses
d'un ruisseau et entourées de jardins. mains depuis quelques années il (It ;

Plusieurs faubourgs , ^ui sont comptes peu d'attention a la révolte d'un vassal,
comme des villages séparés, occupent qu*il devait réduite à la première teii-
les collines environnantes. L*un d'eux, tative. Issak Pacha conserva le pouvoir
appelé Kaïabachi (tétc du rocher), pendant plusieurs années , et tinit par
est renommé par des sépultures seld- payer un tribut au sultan.
joukides, qui offrent un grand intérêt La révolte des pachas résidant auz
par le méSange d'art arménien et arabe. extrémités de Tempire ne se manifeste
Dans l'intérieur de la ville, j'ai égale- jamais par des actes d'une hostilité ou-
ment observé les ruines d'une mosquée verte ; ils cherchent d'abord à se créer
du Quinzième siècle de notre ère, et un des partisans parmi les délègues de la
ipédrécé qui aurait mérité une descrip- Porte qui exercent des fonctions autour
tion détaillée ; mais la saison avançait, d'eux retiennent une partie des im-
,

et mille circonstances , au nombre des- pôts sous prétexte de les employer à


quelles je dois bien compter les fati- des ouvrages indispensables , et peu à
gues et les privations que j'éprouvais peu lèvent des troupes , fabriquent des
depuis huit mois, me forçaient de son lmt armes; c'est alors que la Porte com-
à me rapprocher des pays plus pralica- mence à soupçonner l'esprit de rébel-
bles. lion. Les fonctionnaires étant soumis
Le médréoé est bâti sur le même directement au pacha, qui exerce un
plan que tous les édifices de ce genre ; pouvoir militaire et civil, toute eapèee
il est remarquable, en ce que la façade de contrôle est impossible au gouver-
est ornée , au piemier étage, d'une loge nement de la Porte ; dans le cas de

uiyiiizûd by Google
L*UNIVERS.
noD ol)éiss;nice , il est obligé d'envoyer nouvelle à l'Orient, par le comme»*ce
des déiéfçués, qui arrivent rarement , et plus intime avec les nations européen-
pour cause , ou qui finissent par entrer nes ; relations qui ne peuvsnl s'établir
dans les intérêts du pacha. T^es fîtierres que le jour où l'Européen pourra de-
des émirs n'avaient pas d'autre motif venir en Turquie propriétaire foncier.
qu'un refus d'impôt; aussi voyons-nous Ce sont les oulémas qui seront toujours
dtos rbistoire ottomane un |2[rand le plus grand obstacle à eelte innova-
nombre de pachas révoltés pendant plu- tion , jaloux qu'ils sont d'acquérir par
sieurs années, faire leur soumission à le moyen des wakoufs ia totalité de la
la Porte, et vivre ensuite tranquillement, terre cultivable.
eoit dans leur gouvernement , soit pai- Aujourd'hui Nigdé ast sous la dépen-
sibles ridjals à Constantinople. ré- dance d'un simple mutzellim , soumis
volte de Daoud, pacha de Bagdad, en au pacha de Césarée. La distance entre
182â, et celle de Mohammed, pacha ces deux villes est de cinquante-quatre
de Moesoul, en 1840» se sont termi- heures de caravane ou 194 kHometres.
nées de la manière la plus pacifique. Le De tous les monuments que l enfaime
premier s'était cependant arroge un des le village de Kaïa bachi , celui qui at-
droits dont les sultans sont le plus ia- tire le plus l'atteution a reçu , scion
loui : eehii de fiiire battre monnaie. Topinlon des habitants, les cendres
Chez les princes seidjoukides, chez les d'une fille du sultan Aehmet r^ qui
sultans mamelouks et turcs, c'est le mourut en cette ville vers l'an IftlO,
signe in^reschptible de leur souverai- pendant le pèlerinage do la Mecque
neté. Il rat emraé par quelques prinoei <|tt*elle aoeomplissait , sa fsodant à' St-
de la Caramanie , qui s'en préralurent lefké , dans le but de Ambar^uer pour
comme d'un droit héréditaire. la Syrie. Cette princesse était très-su-
La défaite du sultan Bayazid, vaincu perstitieuse; il existe à la Bibliothèque

par Tlmonr, avait, pour ainsi dire, impériale, au supplément eurtibe de


rendu la liberté à toOf «s petits princes Saint- Germain des Prés, un manus-
issus du démembrement de l'empire crit contenant des instrurtions de magie
seidjoukide. Nigdé , éloignée de toutes et de chiromancie , avec des figures co-
les grandes villes, resta comme la ca- loriées, qui faisait partie de sa biblio-
pitale de ce dMct, et les monuments thèque.
musulmans qu'elle renferme indiquent
Î|ue les sciences y furent cultivées; car CHAPITRE XLll.
es médréoés , à cette époque florissante
de l'islamisaie, n'étaient |Mis de pauvres TYAlfB.
établissements dont les écoliers, dotés
,

de 20 paras par jour (12 centimes et Malgré son titre de capitale d'un dis-
demi ), vont épeler le Coran, pour le trict considérable, Tyane ne fut dans
redireensnite sur les tonliei des grands, l'antiquité qu'une place forte do second
seule fonction dont la plupart des softas ordre, que relevait à peine le culte de
soient aujourd'hui capables. Les plus Jupiter Asmabéen; aussi est-elle briè-
savants (l'entre les docteurs étaient ap- vement mentionnée par Strabon, qui
pelée des «trémités de llslam ; Bokanu rappelle en même temps un des ou*
Kachan , Ba;;dad , envofuient dans lei vragcs attrÊbuÀ à Sémiramis, I.t chaus-
provinces occidentales des oulémas qui sée qui traversait la C.nppadoce, et dont
venaient expliquer la loi, et dont la pa- les restes apparaissent sans doute dans
role ardente savait prédire la victoire. les manda de Kara sou. Depuis que hi
Aujourd'hui, dans tout Pempire otto- position de Tyane est bien déterminée,
man , on ne cite pas un seul homme il est une foule de questions de géogra-

auquel la science donne la moindre au- phie ancieune qui se trouvent résolues;
lonté. Le eorpe dea oulémas, sapé par ilest hors de aonte aujourd'hui que la
le sultan Mahmoud , ne se mamtient ville citée par Xénophon, est
de Dana ,
plus que par cette iforce d'inertie qni Tyane, qui se trouve, en
ifientique avec
soutient toute ruine. C'est sa destruction de marche
eliét, située à qiiatre jours
complète qui peut seule ouvrir une voie d'Iconium, et voisine des défilés du

Dlgitized by Gopgle
ASIE MIHEURE.
Yrunu. LeDomde Dana lui vient, selon des maisons modernes. Le chaos qui'
An ien (f), du noin di* llioas, roi des existe aux alentours les blocs de pierre
,

.SoytI.cs, qui en Cul le Ibndateur, et qui appartenant à des édifices divers, Icîi
iVppt'Ia Tnoana. constructions de toutes les époques, ac-
Déjà, dans son f'oi/ar/e en As'te^ le cumulées et ruinées tour à tour, dérou-
colonel Loake avait (i\c la position de tent un peu les recherches de Tanti-
'rvniir 'x trois milles siul île Niiiclé, près quaire pour retrouver la citerne ou le
du village (!•' Kt ldi hissar. f,:i cirte du château d'eau qui servait de ré-ervoir
père Cyrille, (juoique dénuée de toute antique, et qui, en Juger par la hau-
.i

certitude sous le rapport des positions, teur des arcnes, devait être situé dans
m'a Liuidr d'tnie manière infaillible dans la partie supérieure de la colline, afin
revpiornlion de eelte plarc, dont le ter- que tous les (|ii,ir tiers de la ville pus-
ritoire est occupé par deux petits vil- sent Jouir é><alement de la distribution
lages, l*mi du nom de RIissésar ( sans de ma. Mais cette constrnetion, e»-'
doute le Ketch hissar du rolonel chée sans doute par des décombres, est
I,eake ), indirjnnnt un souvenir de mé- aujourd'hui isnorce des habitant-^
tropole er( lrsiasli(jue (2), Tautre ap- à coté de l'inqjtJs.uite rume coule au-
pelé Iphtyankas , situé au centre même )oard*hni le ruisseau, qui serpente sous
des ruines, et dans lequel ou retrouve des buissons A^ùgnna eaittuM, FaibrC
tout le noMi (le Tvane. T. a ville oeoupe dédié a Junon.
le versant nord d'une colline calcaire et En suivant l'aqueduc dans la direc-
une partie de la vallée attenante. On tion do nord-est, qui est celle de la
ne reconnaît que de fiibles vestiges des prise d'eau, la hauteur des piles diminue
murniHes et de l'aeropole; mais une rapidement, et bientôt le canal s^MI] ^ r-
imposante lijiue d'arcades, l);Uies en pente sur le pen{d)ant des collines ro-
grands blocs de pierre calcaire à bos- cailleuses. On le perd de temps à autre ;
sages, se dessine sur Tazur du ciel et mais son yrareours est si hirni indiqué,
Kiir la verdure de petipliers plantés près qu'il serait possible d'en tracer la carte
à\m ruis'seau c'est rafpieduc nui al-
. sans la moindre erreur. L'eau était
lait pn udre
à deux milles de la les eaux fournie par une .source, très-remar-
d*une aource abondante, pour les porter quable dans ces régions desséchées, qoi
à Tvane. Il reste encore environ cin- sort du calcaire u'rossler, et forme un
quante arcades debout; t l'on suit sans ( bassin de quarante ou cinquante mètres
interruption la ligne des canaux jusau'à de longueur. Cette eau ne tarit jamais.
la source ancienne. Les arches voisines On voit près do bassin quelques frag-
delà ville sont supportées par des pieds- ments taillés , qui peuvent avoir appar-
droits qui ont de sept à buit mètres jus- tenu à un Nymphée, et aujourd'hui ils
qu'à la hauteur de i imposte. L'ouver- serveut à former une di^ue pour ex-
ture de l'arcade est de 8"*50', et la lar- hausser le niveau tfes eaox.
çeur des piles 1"* 20''. L'archivolte, Je n*ai pas visité les grottes sépul-
dont répnisseiir est de fl"' «JO*", ne porte crales situées h quelque distance de
pas de nioulures, et est composée de celte source, sur la route de Bnr Tant
neuf voussoirs. Une assise réj?Iée , de de monuments dé ce genre m'avaient
0™ 50<= d'épaisseur, supporte le con- passé sous les yeox, qu'il fallait un
duit, dont I» construction ne diffî're motif impéri ux ponr me décider à en-
e u rien de celle des autres aqueducs treprendre une excursion dans ce bnt,
connus. Les arches les plus élevées et et, d'après les renseifinemeuts que un l

les mieux conservées sont dans le voi- me donna , elles ne doivent présenter
s'ua^ip immédiat de la ville; il y en a aucune particularité qui n'ait été ob-
quelques-unes auxquelles on a adossé servée dans les autres ;;rottes. J'ai ce-
pendant regrette de ne pas être en me-
1
1) Péripl. Eux., p. 6. svre de faire cette excursion , pour
•1 Kii 'l"nrt|iiir, totis les village; nommés m'assurer si elles sont en effet, tail-
,

Kdin- kfiii, Kiliré hi<î<ar, I trh kiliré, lées dans de la roche calcaire. Nul ha-
rtr.,ont \ms ce nom d'une église munu- bitant ne fut en état de me le dire, et
mcntule. M. Hamilton. qui les visita plus tard,

Dlgitized by Google
47S L'UNIVERS.
se tait à ce sujet. J'ai lieu de supposer n'auraient pas pu résister a une se-
que les grottes yoisines de Tyaoe sont, cousse de tremblement de terre. Une
comme toutes celles de Cappadoce, seule colonne est aujourd'hui debout;
taill<^es dans le tuf volcanique, et je ne elle est d'ordre dorique, de T"* de
pense ças que jamais ce peuple ait hauteur, cannelée à la grecque, c'esl-a-
dérogé a une méthode si antique. Ré- dire que les cannelures sont peu évi-
ciproquement , dans les contrées où dées, et séparées par des Glots très-
l'usage fut de consacrer les rochers cal- étroits. Le filt est composé de quatre
caires à recevoir les sépultures , comme blocs, et la colonne a une base ; un sou-
dans la province d*Aniasie et dans la bassement continu supporte la colon-
L)rcie, toutes les roches d'Une nature nade, dont on retrouve de nombreux
différente sont toujours restées sans fragments dans les maisons voisines
emoloi. 11 est vrai que dans le Tau rus qui empêchent de reconnaître la moindre
et oans TOlgassus, a coté du calcaire, partie du plan de l'édifice.
on ne trouve que de la serpentine et Il reste cependant chez les habitants
des scliistcsd*un travail plus ou moini une tradition qui attribue à ces pierres
difiicile. la vertu merveilleuse de guérir de la
Parmi les débris de monuments dont lièvre (I).
est eouvfft le sol de Tancienne ville Les autres édiBcesne présentent qu^n
on ne reconnaît aucun fragment de monceau de décombres mais le jieu ;

roches volcaniques; mais les variétés de fragments sculptés que l'on rencontre
de calcaire y sont nombreuses. J'ai ob- prouve querornemeutaiion des édilices
servé, 1* un marbre blane eristallin et était soumise à des règles sévères qui
d'une qualité médiocre, dont les car* rappellent le style grec. En effet , nous
rières sont situées au nord-est de la apprenons par Philostrate que la popu-
ville , selon la carte grecque \ 2° un cal- lation de Tyane était composée de Grecs.
eaiie compacte, blanc, sansfiMsIles, L'on sait peu de chose de l'histoire de
estrâitdes environs de la ville; 3** une cette ville ; elle suivit le sort du reste de
roche de la nature du travertin, qui a la Cappadoce.
servi pour les fondations de la plupart Le temple de Jupiter, surnommé
des éaiflces. La carrière doit se trouver Amasbéen , du nom d'un petit lac uui
dans des vallées qu'arrosent les ruis- en était proche, lui valut une certame
seaux dont la ville est pour ainsi dire,
, célébrité, comme centre d'un culte as-
entourée ; peut-être dans la vallée de la sez répandu. IMais ce fut sous le règne
rivière Basmadji , qui réunie avec les
, d'Hadrien qu'elle acquit le plus haut
eaux de la plaine , forme la petite ri- degré d'illustration, par la naissance de
vière Kilidjé sou. La plupart des sources riiabile jongleur Apollonius, dont l'es-
en Asie ont la vertu péthliante à un prit pénétrant avait compris quel parti
plus haut degré qu'en Europe ; il n'est l'on peut tirer de cette passion du mer-
point d*aqueduc qui n'ait été mis hors veilleux qui est toujours le côté sail^
d'usage par les dépôts énormes fomiés lant du caractère asiatique. Combien
par les eaux. Quelques fûts de colonnes d'hommes dans ces contrées ont acquis
de brèche jaunâtre sont extraits du pen- un pouvoir non moins extraordinaire,
chant septentrional du Taurus. J*ai et auxquels il n*a manqué qu'un histo-
trouvé dans les cimetières turcs, dans rien comme Philostrate pour jouir d'une
toute la route que j'ai suivie, en lon- égale célébrité !
geant la montagne, des blocs bruts de Lors des troubles suscités par les
dlIRrents marbres colorés, parmi les- trente tyrans, Tyane tomba au pouvoir
quels se fait remarquer une belle qua- de la reine Zénobie. Reprise quelque
lité de portor et d'autres marbres à fond temp?; après par Aurélien, elle fut mise
noir. Le plus grand nombre des monu- au pillage, mais conserva néanmoins le
ments de Tyane a été bâti en calcaire titre de colonie romaine, et celui d'Eu-
blaoc. L*état de bouleversement dans sébia du Taurus, dO, sansdoule, as
lequel ils se trouvent ne me paraît pas culte de Jupiter.
dd uniquement au ravage des hommes;
tous ceb édifices construits sans ciment (i) Vovez |Mi^e a83.

uiyiiized by Google
ASIE MiiNKUa£. 573
*

T<es géographes modernes attachaient et purger la contrée des roleurs qui


une grande importaoce à la détermi- l'intestaient (1).
nation du site oe Tyane , qui , se trou- Aux environs de Tyane il existe deux
tant au point de jonction de plusieurs petits lacs, dont l'un est saumâtre, M
routes, aidait à fixer la position de plu- dont l'autre fournit de l'eau douce. Le
^ieu^s autres villes moins connues. On premier est marqué sur la carte grecque
commentait principalement le texte de sous le nom de lil^aXai, et distingué
Straboo, qui la plaçait au pied du Tku« dans la légende par ces mots : 'Asmoc
rns, tout en faisant remarquer que les i7~jï)w'Tr<;, En effet, son bassin , qui
villes de Castabala et de Cybistra, si- n'a pQs plus de vingt mètres de diamè-
tuées sur la route des Portes de Gilicie, tre, est rempli d'une eau saumâtre, qui
étaient plus proches de -la montagne. surgit du centre en boulHonnant comme
La distance de Tyane àCfbistra, ville un puits artésien et rentre dans le sol
,

encore mal connue était de trois cents


, par un conduit inaperçu ; phénomène
stades ou sept milles et demi. La carte qui avait frappé anciens, et que l'art
les
de Pentinger donne de Mazaee à Tym RHideme est parvenu à expliquer et à
une distance beaucoup trop courte; imiter. Quoique Teau soit firoide, oe
aussi, jusqu'à Tannée 1812 les géogra- bouillonnement perpétuel, ainsi que l'é-
phe^ hésitèrent entre les villes de Kara mission des globules gazeux, lui don-
nissar, Nigdé et d'autres points moins nent l'apparence d'une eau chaude. Il est
importants, lorsque la carte de Cappa* très-probable que oe lac était attenant
doce leva toute incertitude. (!ela prouve au territoire du temple de .Jupiter
combien cette capitale déchut du rang Amasbéen cité par Philosirate (2) et par
qu'elle occupait dans la contrée, car il Ammien Marcellin(3). «Près du temple
n'en est fait aucune mention dans toute de Jupiter Amasbéen, dit cet auteur, il
la période des croisades et dans les y a un petit lac dont les eaux quelqÎM ,

guerres des émirs, il est vrai que ISigdé, ^onllee.s qu'elles soient, s'absorbent
qui n'en est pas éloignée, avait réuni d'elles-mêmes, sans jamais passer les
un centre de population assez considé- bords. » Strabon , dans la description
rable. Tvane pourtant, dans la
avait d'un lac qui a des propriétés identique-
période byzantine, acquis en quelque ment semblables, ne mentionne pas la
sorte une importance plus grande que ville de Tyane, et dit que le Jupiter
dans l*antiquité, puisqu'elle était deve- adoré dans le voisinage portait le sur-
nue métropole ecclésiastique (1). D'a- nom de Dacius.
près V Itinéraire (C .tntoiiin ^ Archélaîs
était eloisnee de Tyane de soixante- CHAPITRE XLllL
qninxe nulles. Cette dislanee a'aceorde
bien avec celle de Kara hissar i Ipb- ÉTAT MODIBIIS.
tyankas.
La position de Cibystra est indiquée l^a population de la Tyane moderne
par un voyageur allemand au village de se compoee presque entièrement de
Fasmaktciii, sur la route de Césarée au Turcs et de Turcomans, qui sont réunis
KulcU HojIi.i/ (les Portes de Cilicie). Il depuis peu sous l'autorité d'un agha
en est souvent fait mention dans les arabe, dont je demeurai Thdte pendant
Lettres de Cicéron. C'est a Cibystra quelques jours. Appelé depuis peu dans
quMl avait établi son quartier général ce gouvernement, comme ennemi d^
pour prolé^îer la Cappadoce contre les claré de Méhémet ali, il avait attiré à sa
Arméniens, qui se soulevaient en faveur suite des montagnards du Taurus , que
des Parthes. Voulant en même temps le gouvernement de la Porte voulait

être en mesure de défendre la Cilicie, convertir en paysans stables; mais Je


en cas d'une attaque imprévue, il resta doute qu'il y ait réussi. J'ai vn par la
quinze jours à (hbyslra, et s'avança vers suite renouveler ces ordres impériaui
le mont Amanus pour attaquer l'ennemi
{i)Ep. tut, Fam., XV, a, 4 \adÀU., V, i.
(a) f itf iC yfppo/oniuSf liv. I, cbip. 6,
(i) Gffcg. Nai., Ep, 33» Orat, XX, p. 355. (3) Liv. XXIII, chap. 6.

Digitized by Google
3ui prescrivaient au noBUMlii 4» Mlir émK fffêitmâ^ tonlt la noiitiqne du
es villages; comme s'il suffisait d*taie viee-roi d*É|gypte tendait-elle à s'en em-
parole d'un sultan. A l'ignorance ex- parer, etdéjà des reconnaissances étaient
trême de toute idée d économie fK>[iti- faitespar des ingénieurs européens,
que, les cooseillen de la Porte joigneat pour y établir dflamrtificatiotts sur ka
celle, bien plus inexplicable, du canMy ruines de celles ^ue Issianeiena nfaient
tère des peuples qu'ils sont appelés à élevées dans ces parages.
f^ouverner. On a lieu de s'étonner que INous nous arrêtons sur les crêtes éle-
des gens issus des nomades de la suite vées du Taurus. Tout le pays situé au
de Togrul-Beg, qui ontmis quatre cents delà ftit partie de la Cilicie.
ans à s'babituer à demeurer dans des La route deXvane àKaramau, capi-
maisons, puissent s'imaginer que des tale actuelle delà province, est tracée
tribus errantes , n'ayant pour toute for- au milieu de contrées incultes et arides.
tiioe que des. troupeaux, vont, sans se- Toute rindustrie des habitants, qui y
cours aucun, renoncer à une vie qu'ils sont temporairentent établis, consiste
aiment a une existence forcée , puis-
, dans la recolle du nitrate de potasse,
qu'il n'y a que la vie vagabonde qui leur qui abonde dans les terrains.
penuette de nouirir leur bétail.
C'est dans cette zone que Ton com- CHAPITRE XLIV.
n)ence à observer une certaine modili-
catioii dans les races musulmaott. Plus BASOU.
00 avaiieo vers le sud , plus le sang
arabe te trouve influer sur le caractère La d'Érégii est sur la lisière du
ville
des races. Les chrétiens qui habitent pays cultivable; les nombreux ruisseaux
les peutes du Taurus, quoique divisés qui l'arrosent changent tout à coup la
eu deux oommunioDS, ranmiiieiuie et nce du paysage. S'il fait obereber à
là grecque, sont tous de race armé- identifier cette petite place avec une
nienne. Le type des Grecs de Tlonie et station antique, il suffit de rappeler que
des provinces occidentales s'ef£ace long- les géographes sout assez d'accord pour
temps avaut <iu*<Hi arrive dans est dis* laregardercomme occupant remplace-
tricts. Il faut lire ces oaraolères SUT les ment de Hetenlis Vicus, mentionné par
traits des habitants; car on ne saurait Cedrenus; mais, aujourd'hui, il ne reste
s'attendre a rencontrer cbez aucun d'eux aucun vestige d'antiquité, et les monu-
la moindre connaissance d*une généalo- ments de l'école arabe sont dans un état
gie, ht passéest, en effet, si triste pources complet de délabrement. Les jardins qui
pauvres gens, qu'ils trouvent une grande entourent la ville ne s'étendent pas à
consolation à l'oublier, et à se forger pour plus d'un mille de ses murailles. Tant
l'avenir des espérances aue l'état actuel de que Tirrigatiou peut alimenter la végéta!-
l'Kurope éloigne pour bien longtemps. tion, le sol parait d'une fertilité extrame,
Méhemet Ali oocupaitalors (septembre et les habitants croient que la nature sa-
1834) toute laCilicie et les versants mé- line du terrain, loin de nuire à la pro-
ridionaux du Taurus. Les nomades de duction, lui est au contraire favorable.
ces contrées avaient été incorporés dans Toutes les eaux qui entourent la ville
l'armée régulière, et l'on commençait à se réunissent dans un petit lac, qui n'a
fortifier d'uue manière redoutable, le pendant l'été qu'une médiocre étendue
passage du Taurus qui conduit de la Ci- (on l'appelle Ak ghcul); mais au prin-
iicie en Cappadeee. temps , quand la mnte des neigea vient
C'est à ce lieu qu'aboutirent toutes apporter un nouveau tribut aux terres
les marches des croisés dans l'Asie Mi- deja saturées par les pluies d'automne,
Ujeure. Avant eux, toutes les armées alors les eaux s'étendent indéfiniment
qui ayaient combattu en^)rient, Tex- aur ce désert ont, et engendrent des
pédition du jeune Cyrus, comme celle inondations qui n*ont pour limites que
d'Alexandre, avaient franchi ces défilés, les collines de l'Elma dagh, au nord de

aue les anciens ont appelés les Portes Konieh. Des voyageurs eurojiéens at-
e la Olieic. Toute armée maîtresse de testent que, certaines années, cette
ee passago domine en mime temps les contféeprésêote Taspeet d^iae mer, et
ÀSIR MINEURE. 476

que les vUlagii se trouvent pendant Cinq dans rintérieur


quelque temps privés de toute coramu- La Liviniasène.
uic^tion entre eux. Les eaux, eu se re- La Sargarausène.
tirant, laissent à la surfim da sol une La Chamanèoe.
eÔlorcseeooe saline, qui blanchit sur La Saravène.
terre comme une gelée blanche (I). Ce La Morimène.
phénomène est général dans toute l'A- Ptolémée réunit dans sa description
sie orientale, et plus on avance fera la Cappadooe avec le royaume de Fout.
l*eet, plus il fst caraetértsé. Il lui donne pour bornes la GalatiOt
Les communications entre Erégli et une partie de la Pamphylie; la Cilicie,
les villes du sud deviennent très-diffi- au midi, depuis le Taurus jusau'au
ciles vers la Qn de Tété , parce que les mont Amanus, et de l'Amanus à i'Eu-
habitants des rares villages que Ton ren- pbrate; entiu, au nord-est, la Grande
eontre sur la route sont tous retirés Arménie, depuis le coude de TEuphrate
dans les yaëlas du Taurus. Les ruis- à Test.
seaux sont taris, et le peu d'eau cou-
Les proviDoet ae trouvent ainsi di-
rante que Ton rencontre acquiert une
visées :

saveur saumAlre cl désagréable.


La limite qui sépare la préfecture Le Pont, trois provinces :

de Tyane des provinces d'Isaurie et de Pont Galatique.


Lycaonie ne saurait être déterminée géo- Pont Polémoniaque.
graphiquement , car ces districts ont Pont Cappadoeien.
considérablement varié en étendue pen-
La Cappadooe propre, six provinces :
dant la domination romaine. Sous 1 em-
pire byzantin , elles ont reçu de nou-
La Chamanène.
veaux accroissements, et plus tard, on
La Sagarausène.
en detaeha une province qui prit le nom La Garsauritis.
particulier de la principale ville, appe-
La Cilicie.
1^1Lycaonie.
be Homonada. Que^ues tables géogra-
L'Antiochiane.
phiques prolongent jusqu*à la mer les
possessions des isauriens; mais il ne Sous l'empire romain, le Pontet la
parait pas qu'ils aient jamais franchi les Galatie avant formé des gouvernements
steppes qui séparent Karaman de Tyane. séparés, la Cappadooe a été réduite ii
Cette dernière ville est toujours restée deux provinces : la Gr.mde et la Petite
annexée à la Cappadoce. Au sud d'te- Cappadooe, ou Cappadooe première et
gli, le pays est completen)ent nu ^us- seconde.
qu*aux mciatagaes ; il fwine la firontière Uiéroclès classe de la manière sui-
naturelle «ntre Im deux provioms. vante les villes principales :

CHAPiTAË XLV. , Épanhie de la Cappadoce r* soui I»


TABL«
VILLES
Bits FliMGTtim
DF CAPPADOCB A 1>IPFÉ-
BT M consulaire, Jf^ villes*

Césarée. Césarée.
BSATSS ÉPOQUES. Nyssa. IVemcbeher.
Tiierma. ( Inconnu. )
Sous Arcbélaûs, la Cappadooe est di- Kegepodandus. ( Inconnu. )
visée en dis gouvernements :

Coq près du Tatmi» t ÊparcMede ia Cappadoce If mui


La Mélitène. coHsulain, yilivUks.
La Caîaonie,
La Cilicie. Tyane. Retch-Hissir.
I^Tyanitis.. Faustinopolis. (Inconnu.)
L'IsaurIqoe. Cybistra. Pasmaktchi.
Naziauce. ^'i^an-Cheher.
(i) Voyez Lcake, Mta Mmor, et la carte. Sasime. Sinason.

Digitized by Google
SI6

(Inconnu.) Secondé Cappadoet.


Regedoara. ( Inconnu. )

Regecucusus. ( Geuksunn ) .
r>oara (l).
Sous Trajan , l'Arménie seconde fut Cybistra.
réunie à la Cappadoee. Elle comprenait Faostiuopolis.
six villes. Sasimi.
Justinopolis.
Éparchie de C Arménie II*, H ville». Asuna.
Mocissus (S).
Mélitène. Malatîa.
Arc.ï. A rca.
Arabissos. Gurun.
Boueonsoa. Gheuk SUQO.
Comnna. Chert kalé si. Naziazum.
Ariarathia. (Inconnu.) Colonia ( Archelais ). «
Sous Constantin, la Cappadoee fit
Pamassus (S).
partie du diocèse d*Orient, et lorsque Doara.
Constantin Porpb]frogéiiète eut divisé SebasU (4).
TAsie en thèmes pour y installer ses
légions, elle Gt partie du second thème, Métropole de la seconde Arménie.
dit d* Arménie, avec les limites des pro-
vinces mentionnées ci-dessus. A rca.
Lorsque l'empire fut divisé en cinq Comana. Villes connues au-
patriarcats, les évéchés d'Asie furent Arabissus. jourd'hui.
suffragants de celui de Gonstanli- Cocusum.
nople. Ariarathia (6).
Ln Cappadoee comprenant les mé- Amasa.
Villes inconnues au-
tropoles suivantes : Zelooa.
jourd'hui.
Sopbène.
Première Cappadoee. Drosponthium.

Césarée. Mélitène fut rangée dans rAmiénie


Tbermœ (i). première»
Wyssa.
(^niuliana (2). Doara estégalement mentionnée par
(1)
Ciscissa. Grégoire de Nazianze. Anclirius, son é^-è*
Tliéodosiopolis. qiie, souscrivit i la lettre adressée à Pe»-
Tyana. pereur Léon . J>ans la dixième lettre de saint
Basile, il t^st Cutncnlton de George, cvèqet
(i) Tberuiae est placée, datis l'itinéraire de cette ville.
d*AiitoiiiB, tur Ift iroiiie de TiTium i Cénrée, (a) Mociaras est dlé par Procopc, JSr
à dix-nciif mil!c5 de Taviiim. Il n'est pa$ Mdlf.y liv. V, ch. 4, comme un fort êfahli
probable que ce soit ceilc qui est mentionnée en rase campagne près de Cé^ree. fut
dans mitloire des Cioi&adcs, puisque les complètement démoli el rebâti i>ar Jnslillieat
rroisét vcnaieot de Vcmut, Voytm d-desiiM qai cmiilniiait «ne fortcrcsM »ar ta cottint
page 16. voisine.
(a) On dans la notice du V* concile
lit (H) Paroa&sus, placé dans l'itinéraire d'An-
général, BatHimi Jmstima/i^HUiUMW Camm» tonin immédiatement è roocal de Nytsa,rD«lt
tinnorttm prœsid^ re qui a donné lieu à quel- d'Ancyre à Césarée.
ques critiques de penser que Carouliana est (4) SebasU, aujourd'hui Sivas, fait partie
la même ville qne Juitinianopolis. La men- du royaume d'Arménie.
tion de cette Mlle panai le» néHopolet de (5) Celte \îile est mentionnée dans l'I-
la seconde Cappadore ne serait pas une ol»- tinéraire d'Aniooin et dans ^.tienne de My-
jection , puisque Doara se trouve citée en zance. Constantin Porphyroeéneie parle d'un
oiéBie fenpi daM deux movlnec». L'une — lacde même nom, dont les bnvbares tiraient
et l'autre de ces dcnx viUctarat «Qjonrd'bui du sel. On rroit qu'elle appariciliit à la a^
inconnues. ronde Arménie*

Digitized by Google
LIVRË Vin.
ARMÉNIE. — PONT. — PAPIILAGONIE.
aiAPlTttE PREMIER. rAcilicène, des temples renommés,
dans lesquels jeunes filles des pre-
les
mières familles, vouées au service de la
ABMBlflB.
déesse, faisaient trafic de leurs charmes .

avec les étrangers , sans que ee eom-


!,€ cours de l'Kuphrate, qui forme la merce portflt atteinte à leur r^utation.
limite naturelle de l'Asie Mineure du Os mœurs étranges, qui étaient pour
t'ùlé de l'orient, séparait l'Arménie en les Grecs un sujet constant de surprise,
deux régions inégales ; celle de l'est , la {trouvent mieux que tous tes autres
grande Arniéme, s'étendait jusqu'à l'A- aits combien était grande la différence
raxe; la petite Arménie comprenait le de-s races entre les peuples habitant les
«ays situe entre la rive occidentale du deux nves de TUatys. Ici il ne reste pas
rave jusqu'à la Cappadoce (1) et au un vestige des arts des Grecs ; nous sa-
royaume de Pont (2); au sud elle s'é- vona bien, par les historiens, que les
tendait jusqu'au mont Taurus elle ap- :
successeurs d'Alexandre et plus tard
partenait donc à la presqu'île de l'Asie les l\omains, maîtres du pays, ont fait
Mineiire. leur possible pour assimiler ces- na*
I/origine du nom d'Arménie re- tiOM à celles qu'ils gouvernaient <mà;
monte, scion les traditions iïrerqiies. mais ce fut sans succès, et ces pays sont
jusqu'au tem(» de Pexpéditiou des Ar- toujours restés barbares.
Aa nombre des compagnons
uonatites. Les Arméniens furent pendant long-
de Jason se trouvait un Tliessalien temps sujets des Mèdes; ces derniers,
nommé Arménns de In ville d'Armé-
,
après avoir renversé l'empire d'Assyrie,
nium. Il s'établit avec d'autres colons au huitième siècle avant notre ère, do-
dans les provinces de l'Acilieène et de minèrent sur toute l'Asie jusqu'au règne
l'Adiabène et donna son nom au pays
.
d'Astyage tl). Il n'est donc pas surpre-
d'Arménie. T,es Arméniens, dans leurs nant de voir dans les régions situées à
chroniques, n'admettent niilloinent ces l'ouest de l'Kuphrate et à l'orient de
traditions d'origine purement grecque; l'fialys, des monuments de l'art des Mè-
ils regardent leur nation comme ayant des, des pa]ai8« des temples et des for-
occupé ce pays de toute antiquité. Les teresses qoi datent du temps de leur
mœurs des Arméniens différaient peu domination.
de celles des Mèdes leurs voisins (3) ces :
L'Arménie confinait à l'orient à la
derniers passaient même pour avoir Médte Atropatène , et à rocoident à la
transmis leurs usa^'ps aux Arméniens; Cappadoce , c'était de toute l'Asie Mi-
les vêtements riaient semblables ches neure le pays le plus fécond eu che-
les deux peuples, ils portaient de grandes vaux. La race des iSissi se distinguait
robes traînantes et se coiftaient d'une par sa taille et sa forée; les Grees^ les
tiare soil droite, soit en forme de comparaient aux chevaux partîtes, c'est-
« casque. à-dire à la race actuelle ae Khoraçan,
l.a religion était la même; Tune et
qui est la plus grande de la Perse. Les
Fautre nation avait reçu des Perses le rois de Perse recevaient de l'Arménie
culte de la déesse Anaïtis, qui avait dans un tribut annuel de vingt mille pou-
plusieurs provinces, et notamment dans lains nis«i , et quand Marc Antoine
entreprit la campajgne de Médie , Arta-
(i) Straliou, XII, ît;. vasde, outre les autres corps de cavalerie
(a) Id. ibid., 53«.
(3)8tralKNi»XII, M. (f) Slnbon, XI, S%k.
'
87' Uvraiion (Asie Minbubs.) . 11. 87

Digitized by Google
678 L'UNIVERS.
qu'il amenait, déploya une forepdfi
mille chevaux cuirassés (1).
w tétrarque de Galatie; cette province
passa ensuite sous le pouvoir de Polé-
Le nom de la petite Arménie ne com- mon, qui en mourant laissa legouvenie-
mence a être eoviu qm duXtmçt dPAn-
tiochus ; avant cette époque, les Grecs
menta sa nm fytliodoris. Aile de
Pythodore de "nraHOb Dés deux fils de
n'avnient pas pénétré dans cette région; cette reine le premier partagea avec sa
elle comprenait tout le pajs situé sur le mère les soins du gouvernement. Le
UmnA è» l*Eiiphrat»,0t i*4iMidiit &« seeond flfttHMnmé r^ de la grande Ar-
vovdjMi*aa territoire des Tibareni ménie ; Pythodoris épousa en secondes
des i^atosi et des Chalybes . occupant noces A rc nél au s, a u^uel el e su r véc u t( 1 )
I

par eoraéquent le territoire de Tr^ L'Arménie ayant été constituée en mo-


lilniide jnsqa*è Fhamaeff {t). I/Anné- narchie, par Tibère, fut d'abord gou-
nie fut d'abord possédée par les Perses, vernée nsr Gotys et ensuite donuée par
ensuite par les princes macédoniens; Néron a Aristobole, petit-fils d*Héiode
« plus tard elle fut partagée entre Arta- le Grand.
xiaa et Zadriaria, généraiR iTAvtioehus, Après les conquêtes de Trajan, la se-
sous Pautorité duquel ils gonTenialent; conde Arménie re<^ut une nouvelle ex-
mais à la chute de ce prince Ils fbrent tension de territoire, et les limites ftirent
déclarés rois par les Romains. Tigrane, portées jusqu'aux rives du Tigre C2), et
jparverm M fiwe (TAmiéiiilft, léttHiltt jusqu'au temps de Justinien cette pror
deux provinces sobs son pouiroil';1MdiB vince fut administrée par des duesl Od
avant détruit ptusieut-s Villes girecrfoes çomptoit sept villes principales dans la
alliées des Romains pour peupler la seconde Arménie Mélitène, la capitale,
.

tpffle'de Tfgranoeerte, qu'il venait de Arca , A^abissus , Anarathia, Comana,


fonder, il s'attira leur imnitié , et Lu- Cùcustis et Petrsea, mais les ilinérairet
CTil1u<; le chassa des pronteoM dopt tt .en contiennent un plus grand nomlm.
s'était emparé.
'

Lorsque Justinien eut repoussé l'in-


'
AWtvaadV' succéda à Tigrane et se vasion des Perses et donné un peu de
imafiittnt ao iiouyiiir tantquiiftit riMié sécurité à ees provinees, il divisa rAr>
de Rome; mais, accusé de trahison par inénfe en quatre provinces. La première,
Marc-Antoine, il fut détrôné et mis à située à l'orient, contenant sept villes;
mort dans Alexandrie. elle s'étendait jusqu'à l'Kuphrate.
Mithridate Kupator, devenu puissant, La seconde, formant une pentapole,
se fit céder la petite Arménie par An- comprenait les villes qui antérieurement
tipater Sisis, et fit construire soixante- appartenaient à la province de Poot Sé- ;

quinze châteaux dans lesquels il déposa baste et Zéla étaient de ce nombre.


ses trésors. La pkipart de ces lmte- I<a troisième, eelfe qui avait eu jusque-
fesses étaient situées dans le mont Pa- là le tllre de seconde Arménie, forma
rvadrès, couvert de forêts et cou[)e par une hexapole,dont Mélitène fut déc larée
cfes ravins et des propices. Lorsque ce capitale; les autres villes étaient Arabis-
prince fut poursuivi par Pompée» il se sus, Arca, Ariarathea, Comana et Cu-
relira dans l'Acilircne sur une mon- cusus. Elle fut placée sous le gouver-
tagne pourvue d'eau et voisine de l'F.u- nement civil et militaire d'un comte.
phrate qui sépare l'Aciiicene de la petite Justinien investit de ce gouvernement
Amnénie. Chassé de eette position par Thomas, personnage consulaire qui avait
Pompée, le roi de Pont s'enfuit en Col- été questeur du palais impérial.
*
chide, et le sénéral romain fornla en I^T quatrième Arménie fut formée de
cet endroit la ville de Nicouolis dans la provinces appartenant à divers ncup'es
petite Aménie. Cette m»
sobsiiuit situés à l'est de TRuphrate ; tlle lut gou-
'cneore du temps de StraboD et éliit vernée par un Prssès.
bien peuplée.
^près la défaite de Mithridate, Pom- Strabon
(i) , XII, 555,
pée donoa ta petite Arménie à Déjotare, (a) NoiiUa imp. Orient, lyi.
p.

(i)Strabon, XI, 5^5, 5a9,


(a) SM^aboo , XII, 556,

Digitized by Google
ASIR MINWRE. 67»
. GfiAPtniE II. béts, qui- eommandaii les gtrdes du
.» *.
Praesès de l'Orient, réunit cinq mille
• Ti « -iMiPAVUClBllS. Pauliciens, et se Ii::ua avec l'émir des
«, •» • . .. , Sarrasins ; fort de celte alliance, il s'em-
- Les viotoires^e rempotées
iustiiiieo para delaviHedeTéphnoe, aujourd'hui
sur les peo|»t«8 de l'Isaurie ftvaMit valu Devrighi, située à l'est de Sivas sur un
à l'Asie orientale quelques anTiép«; de affinent de l'Euphrate. Les Pauliciens,
tranquillité ; mais si la paix régnait daus occupant les montasoes des environs,
le monde politique, la guerre r^nait se maintinrent pendant plusieurs an-
dans le monde moral. La Cappadooe, nées « soutenus par les armées musul-
qui avait embrassé avec ;ird»'ur les doc- manes. Basile le Macédonien marcha
trines du christianisme, était devenu le en personne contre les Pauliciens; mais
centre des controverses. théoiogiques les quand il fiit arrivé devant les murs de
plut aeharn^; tout«a les sestes s*é> Téphrice, il n'c^ pastenter une attaque,
talent donné rendez-vous d s celte m et revint à (lonstantinople. \ers le mi-
province, et, par une singulière coïnci- lieu du huitième siècle, Constantin Co-
deuce, c'était la petite Arménie qui était pronyine entreprit une dernière expé-
olMîsie oomim lieu «Teiil des evéques dition contre les Pauliciens qui occo*
proscrits par la cour do Byzance. paient Mélitène et Théndnsonoiis.
plus célèbre de ces prélats Chrysos- ,
Il passa avec eux un traite p.ir lequel

tome, fut exilé eo 4l.'> à Cucusus, ville un grand nombre de familles allèrent
de la petite Aitnénie, sur les borda de s'établir àConstamlne|»le et dans la
l'Euphrate. Depuis le règne d'Areadlus Thrace, où on les Wirouve florissantes
j(j!>qu'à rinvasion musulmane, chaque au treizième siècle.
aunee était troublée par quelque sédi- Les fortifications des places frontières
tloQ fomentée par les seetes religieuses, ordonnées par lustinien n'arrêtèrent
parmi lesquelles surgirent les Pauli- pas im moment les hardis musulmans
ciens, dont le chef Silvanus prétendait qm, sous les ordres de Alp-Arsian, en-
suivre la doctrine religieuse eoseigoée vahirent l'Arménie sans s'arrêtera faire
par saint PaoL Les Maniebéeos o* Ar- le siège des villes. Césarée, mal dé^-
ménie se convertirent à la voix de ce due, tomba en son pouvoir, et fut li-
sectaire. Il prêcha avec sm-cès dans le vrée au pillage. Le sultan acheva la
PoQt et la Cappaduce. I>a nouvelle secte conquête de l'Arménie et de la Géorgie;
se répandit dans les provinces situées à les orthodoxes de Oanslantinople virent
Torient de l'Euphrate ; la ville de Colo- sans chagrin les populations des bords
nia, dans le Pont, fut le centre auquel de l'Euphrate tomber sous le jong des
aboutissaient les ^ix sections qui por- musulmans. Cette brillante campagne
taient les noms des villes aoxqaelles des sectateurs de Mahomet se termina
saint PanI avait adresse des épttfst; par la défaite de l'empereur Romanus
mais leurs doctrines étaient trop toI- Diogène. Mais les princes de la hante
sioes de celles des Âlanicbéoia pour Arménie, les Pagratides d'Ani, ue lais-
trouver jsrâee detant las ortliodoies, et sèrent pat sans combat une ecHitrée
Jnstinien II commença la p^éfnitioo qolls regardaiem comme lliéritagcde
qui mit les armes à la main à toute leurs ancêtres; ils occupaient plusieurs
cette population fanatisée. Michel 1"^ et châteaux dans leTaurus, où ils se main-
Léon TAnnénien poursuivirent, par et« tinrent jusau*àl'arf(vécdes croisés. Les
prit d'orthodoxie, une seete qui prenait chcbdes rarétieus, appelés par les prin-
tous les jours de plus' fsnués dévelop- ces arméniens, s'établirent dans le sud de
pements. TAmiénie, occupèrent Marasch, Tarse,
Au neuvième sièele, les Pauliciens, et Malmistra. Ter» le même tempe. Beau-
chassés de toutes les itres provinces, t
doh), fnincliittant fEuphrate pour aller
se réfugièrent dans les montacrnes les secourir un prince arménien, s'empara
plus inaccessibles de rArnieme et de de la ville d'Èdcsse et fonda la première
la Cappadoce. Ou liés dans les grottes Srincipauté des Francs, qui subsista pen-
qui avoisioent le mont Argée, ils médi- aot on demi-siècle.
taient leufs projets de vengeance. Cor- Pnrantloofe cKta période de troubles,
97,

Digitized by Google
les Armémens, maîtres de petites places, les qualités qui nous avons
se maintenaient à la faveur de la neu- chez elles, et si parfois des voyageurs ont
tralité qu'ils avaient adoptée ; mais ta éprouvé de leur part de mauvais procé-
ptiissance torque s'élant solidement dés ou des mécomptes, nous uevons
assise dans ces eontiées, les Afménieat supposer qu'ils avaient peu! être intm-
se virent forcés, pour conserver leurs lontairement l)!e5sé les usages ou la sus-
possessions, d'accepter la condition de ceptibilité de ces montagnards indépen-
Rayas. C'est dans cet état que nous les dants.
retrouvons aujourd'hui, n'ayant de tw> Les étapes de notraroutedepuis Tsrst
ritoire libre que l'intérieur de leurs mo- jusqu'à Trébizonde ne peuvent être caleo-
nastères. lées sur le même pied, de six kilomètres
à l'heure, que les autres routes, le pays
CHAPITRE 111. est trop difoeile pour obtenir des mon-
tures une marche régulière. Nous don-
nriNBJuiBfi os l'abménie. nerons donc ici notre itinéraire d'après
les heures de marche que uous avons
Les frontières de la petite Arménie filites. Il faut ajouter que dans ces con-
ne reslcrcnl pas fixes ppiuVmt toute trées radmiuisii atiou des postes ou du
cette période; sous leregne d Archelaùs, menzil bané ne fonctionne pas.
auquel M}>rc-Antoiue avait donné cette
province , elles fatent portées jusqu'à I/iaéraire de Tarse à TrébizoMh,
fa mer et comprirent la région de la
par la petite Arménie.

Cilicie orientale située à l'est du Pyra- De réehelle de Kazanli, au bord de la


mus. mer :

Nous déerirons cette province telle heures. hennis.


qu'elle était au premier siècle de notre
Tarsous ... 3 Report. . 170
ère. (•''st-n dire en y adjoignant les ter-
de Sis, autrefois Fia-
ritoires des villes
A dans. ... 9 Pinia .... 5
Sis 18 Kourou tchaï. 8
viopolis, et d*Anasarba, qui Ait pendant
Yaëici de Sa- Gherdjanis . 7
le moyen âge une des places les plus
rnour bey. 16 Chaïram . . 14
importantes des rois d'Arménie
Hadjinn. . . 6 Gumuchhané 10
Lorsqu'au mois de jum 1836 nous
Dalar .... 6 Trébizonde . 18
partions de Tarse pour traverser de part
Gœuksunn. . 10
heures 342
en part la piesquile de l'Asie Mineure lo
Gueben. . .
en longeant le cours de l'Kuphrate,
Marasch. . . 10 Cette distance
aucun voyageur européen n'avait encore
Nadjar. ... 10 calculée sur la carte
tenté cette entreprise, une partie du
Peiveren. . . 10 donne environ 260
pavs était occupée par les troupes de
Pavreleu. . . 8 milles, ce oui ne
Méliémet-Ali, les Kurdes faisaient leurs
Herkenet . . 8 ferait pas plus de
incursions dans les vallées du Taurus
Surju .... 4 deux kilomètres
enfin plusieurs beys avaient secoué Tau-
Guezeneh . . 8 par heure de nnr-
torilé du sultan. Ces conditions ne pa-
Harpouz. . . 8 che ; mais il iaut te-
raissaient pas favorables pour l'entreprise
que nous méditions; cependant nous
Malatia ... 2 nir compte des dé-
Déré keui. . 8 tours sans nombre
avons traversé toutes ces contrées avec
Arabkir. . . 8 que font les routes
la plus grande sécurité, accueillis avec
Ëguine ... 8 dans les défiles des
la même hospitalité sous les tentes no-
montagnes.
mades ou oans le^ cliAteaux des beys .4 reporter 170
révoltés. Nous avous souvent abandouûé
nos basages sous la conduite des mon- CHAPITRE IV.
tagnards pour faire des excursions dans
les hautes vallées du Taurus, et toujours ANAS4BBA.
ils nous ont fidèlement rejoint au ren-
dez- vous indique, quelle que soit lldée Le nom de cette ville nous indique
(]u'on se fasse du cacadère de ces po- une origine orientale les anciens écri-
:

pulations, nous M pouvons qu'attester vains ne nous donnent cependant aucun

y , ,^ jd by Google
ASIE MINEURE. 58f
renseignement sur fondation d'Aua-
la dernière catastrophe eut lieu sous le
zarba, Ptolëinée et Pline se contentent règne de Justin ; 1 empereur fit de gran-
de la mentionner, Étiennede Byzance des dépenses pour la re.staurer, et en sa
suppose qu'elle prit le nom de la mon- qualité de nouveau fondateur il lui
tagne voisine ou celui de son fondateur. donna le nom de Justioopolis. L'an-
Les orieDiAtistes pensent qm
ce nom cien nom prévalut ; il est eneore connu
est composé de deux mots sémitiques, des indigènes, qui disent tantôt Aïn-
Aïn zarha, la fontaine jaune. Cette ville varza, tantôt Anavarza. La table de
fut la patrie de Dioscoride et d'Appien, Peutinger marque Anazarba, à onze
poêle gree du tecond sièele qui eom- miUflB die Hopsuestia, sur la grande route
posa un poème sur la ehaiM, Tempe- deCésarée en Syrie passant par Cucusus
reur Caracalla fut si charmé de cet ou- et Flaviopoiis et à dix-huit tiiilies de
vrage qu'il lit présent à l'auteur d'un cette dernière ville, ce qui permet de i'i-
éeud^or ponr'aiMiiie mm. dentifler avec la ville moderne de Sis.
Anazarna ^t située au pied d*UD Anazarba est aujourd'hui complète-
grand rocher ralraire isolé au milieu
, ment déserte; la ville s'étend daus la
de la plaine du P} ramus. La situation de plaine au nord du grand rocher ; ses
cette ville est exactement semblable à murailles oui subsistent encore en entier
eelle de Van ; c'est pour noua un indiee trompent de loin le voyageur, qui croit
certain d'une origine commune. Nous avoir devant lui une ville populeuse;
retrouvons dans le grand rocher d A- elles forment une enceinte quadraiigu-
nazarba des ouvrages creuses au ciseau laire défendue par ciuquante-six tours
pour assurer les murailles, eomnM ceux carrées, espacées de trente-ciuq mètres
que nous avons remarqués à Van l'une et : d'axe en axe, c'est la mesure d'une demi-
l'autre ville nous paraissent de fondation portée de trait elles ont dix mètres de
;

assyrienne. côté. £n avant des murailles est Ih


Il existe encore dans le pa)rs une tra- fossé; le mur de l'agger est défendu
dition qui attribue h Sémiramis la cons- par des tours, mais eellt s-ci sont pres-
truction de plusieurs chriteatix et no- que toutes tombées. Les murailles et
tamment celui qui porte le uom de Cha- les tours sont bâties en grandes pierres
rnibram kalé si, le chiteau de Sémira- de taille, elles sont intactes, mais nous
mis. Satrabon nientioDM dans la Calao- n'y découvrîmes aucune inscription
nie (I plusieurs ouvrages attribués h grecque. La porte de l'est, qui se com-
cette reine ,qui fonda la ville de Van. Ceux pose d'une arcade tort simple, est aujour-
oui voudreol examiner les plans de ces d'hui marée, on entre par une potem«
deux villes, la nature des lieux, la per- qui est attenante.
fection des forteresses et en un mot tout L'intérieur de la ville n'est plus au-
le système de défense, trouveront iden- jourd'hui au'un vaste champ couvert
tité parfaite entre les deux villes, et de gazon dans lequel on ne voit pas
oomprendroiitqu*ellesdoivent avoir une même les éminences formées par des
origme commune. édifices détruits. De loiti en loin tjuel-
1^ souvenirs de la domination assy- ques lignes de coluuues brisées indi-
rienne se retrouvent dans la province. quent la trace d'un portique qui formait
Le baron de Moltke a observé au vil- une large rue ; les colonuts sont en pierre
lage d'Isoglou, sur la rivei^.uJrhederKu- calcaire. Le seul débris d'édifice (lui
phrate, une inscription cunéiforme, de existe dans l'intérieur de la ville, con-
(juarante lignes, gravée sur un tableau siste en une église du moyeu àge, dont
de deux n«Mde hauteur et un mètre la construction ne remonte pas au delà
de largeur. du douzième siècle, à cette époque la
Anazarba fut si souvent exposée aux ville étant entre les mains des princes
ravages des tremblements déterre qu'on arinénieus.
ne peut s*étonner de n*y trouver aucun La villeavait quatre portes. Tune h
reste des monuments du temps arcbaî- Test, deux autres font face au nord-est
que ; quatre fois la ville fut renversée. La et au nord-ouest; la quatrième porte,
qui fait face à l'ouest, a un caractère
( 11 XX StraboD, XII, 53?. •
monumental : c'est un arc de triomphe

Digitlzed by Gopgle
492 ^ L'UNIVEBS.
îrois portes dont la façade a 23",64 cotés ; il se compose de deux enceinte-,
large , mais dont l'épaisseur n'est d.ins la première ou voit une petite église
uue de 5"" Sb, la grande arcade a t"" 75 armeiiieiiue dont la frise ei>t oroec d'une
de large, les aretdet latérales ont S*60. 'longue inscription qui M
tout ta tour
Une cnlerip transversale Tè^\e dans de l'édifice ; les peintures soni cnoofe
1 épaisseur de re«lilic€, sa largeur est conservées dans Tiaterieur. L'enceiotc
de 2"' 10. Les inassife entre ies portes du diâteau est d'une coo&ervatiou par-
«ont décorés de ooleones aeeoaplées fiûte, on peut parsourir les ciieraias de
en granit et d'ordre corinthien portées ronde, ranérieurdes tours et la plate-
sur \u\ soubassement qui règn»» tout au* forme des créoeaui. A l'extrémité ec>t
tour (le TcUilice. La hauteur de 1 ordre de l'enceiatef la montaguc est coupée a
estdf 6**48. I/mtableiiieiiiesteoniposé ptatonne pautnrrivacdittsta aeconde
dhjne firiseomée de rineeamde feuillage IMirtio du château qu'au moyen d*ua
M d'une corniche 'tvp»* des modillons. pont-levis; il est donc inaccessible au-
Tout l'euîribl nu'iil sr profile autour du jourd'hui. Sur la tour opposée au fossé
;y;ranii arc cl forme l'archivolte; oet est une longue inscription en langue
((Xempleest unique dans les monameats améntanne dont j*si cofpié quelques
antiques. Au dessus de l'ordre rcgneun lipnes. Le patriarche arménien de Sis
niti^sif de inaçounerie qui composait m'endonni la traduction; ce château
Tattique, mais dont la décoration a di&* fut construit en 107âpar un prince du
paru. Le style de cette arebiieetute est nom doTheurench ou Thoras dssc6B>
du secoud siècle de notre ère, aucune dant des Pa^ratides d'Aui II est à re-
inscription ne fait connaître le nom marquer que ces édifices se construi-
du fondateur. Deux uuirs en retour, or- saient en méuie temps que les églises ar-
nés de pilastres oonrhithiens cannelés, adniemieBdrAni (1).
forment devant la porte un large parvis, Anazarba était à peu de distance du
qui donnait un caractère Errandiose à PvTamus, mais n'était pas pourvue d'eaux
cette eutrée monumentale de la ville.
A droite de rare dé triomphe et pléèsent par ta w
potables ; les maîtres de la ville y sup-
itfuctisft de deux
adossés à la montagne sont les restes Bgnea d'kquedocs dont le pnouer prspd
d'im théàl e et d'un stade ce dernier
, les eaux d'une belle source située au
edilice longe une grande muraille de milieu de la route de Sis. Le second
rochers et à une certaine hauteur on allait cberolier sa prise d'eau sur les
voit des trous de scellemeatqni ont reça flancs du Tanruaàunedistauee de traate .

les solives formant ta eooverlM d'an kilomètres Os deux aqueducs sont


portique. conserves presque en entier ; d'après la
La partie e^intrée du stade était tail- nature de 1 construction , ils sont évi-
i

lée dans le roc; la spina est apparente denUMot l'ontrage deO Ronains, leur
dans toute la longueur de la piste. La construction est antérieure au cin-
nécropole domine le stade et le thé.Ure; quième siècle; les piles et les arcades
elle se compose de sarcophages fort sont en pierres de taille bien appareil-
simples, dont la plupart sonttaillés dans lées, les remplissagés sont en meolloo.
le roc, quelques-uns portent à leur che- On peut se faire une idée de l*aspeet
vet nn petit autel circulaire. grandiose de ces ouvrages, qui traversent
A l'est de la ville on voit aussi auel- une plaine unie comme une table dans
Joestomheamietdes bas-relieft taillés un désert où pneupe msis— , pnauae
ans le roc. L*un d*eni représente une tenta ne révèta ta présence de l'homme.
scène funèbre composée ne trois per- château et la ville d' Anazarba
sonnaf^es. Une autre représente les trois commandaient la plaine du Pyramus,
Parques; Tune tient le fuseau- Ces fi- aujourdind ta fleove Djriionn, et défen-
gures ontim large vêtement flottant, daient l'entrée de la Cilieie champêtre. La
les cheveux en désordre comme des hae- place tomba à la fin du douzième siè-
chantes. cle entre les mains des Musulmans. Il
Le château d'Anazarbnf couronne le ue parait pas qu'ils s'y soient etabli>;
rocher qui défend la ville du côté du
sud , il est presque maceessihif pnr trois > Vav. d«br#tfillA de H Pmc» !• t

y u,^ jd by Google
ASIK UUfEURR.
car, 3auf de rares débris, ou ne trouve terrasse. On vuU encu^e parmi les restes
aucun ouvrage arabe , ni mosquée, lû de l'ancienne ville un eastmai de beUa
luiiiB, \fê premiers édifiées qui indi- eonstnietioB, et des touiss à bossage
quent une prise de possession on ignore ; aya ut appartenu à un grand édifice. Les
à qui'lle époque la pofiulation a .tban- maisons s'élèvent en amphithéâtre sur
dûune la ville; la rupture de Taqueduc la pente de la montagne, qui forme uu

A suffi pour chasser les liabitants. Tin- piton inaccessible de trois cotes. Cette
salubrité du climat a dû être la priD* montagne est de calcaire marin et for:
cipaie cause de cette deserlioo. niée de couches tout à fait verticales;
elle estcourqnnée par uu diàteau en
8». — VLAVIOPOLIS. ruines qui date du tempe de rArméni^
indépendante. Cette ascension n'offre
La arménienne de Sis est éta-
ville d'autre intérêt qu'un magnifique coup
blie sur la peote nord d'une montagne d'<£ilsur les plaines environnantes, dans
yocheose, isolée dans la plaine eemnie lesqadla arculeiit les aflluents dû
le rocher d*Anazarbas dn est située à Djinoun jusqu'à la mer, etjBU ^ord s'é-
trente-six kilomètres au nord de cette tend la chaîne du XaurÎM» qui termine
dernière ville, des ruines romaineseucore l'horizon.
importantes prouvent qu'une ville exis-
tait déjà à cette place du temps de Tem-
CHAPITRE V.
pire romain, si Ton en juge par les dis-
tances données par les itinéraires. Cette
ancienne ville devait être 1-iaviopolis. irmÉlAXIt 1» s» A 'VJÙIA'SCR
On ignore eomplétenient rorigine du AIITIOCBIA AD TAtBDV.
limn de Sis, mais dans le onzième siècle
«•lie f'iûil le siévïc des princes Uoupé- Le Pyramus,qui travenip la plaine de
nieos de la race des PagraUdes, et avait Sis, descend du Taurus par une grande
le titre de capitale de la seeoode Armé- fttttée nord et sud. Il n'y a aucune
nie. roule tracée dans la montagne; les ea*
Le nom de Sis apparaît pour la pre- ravanes se fravent des sentiers sur la
mière fois histoire a la iiu du dou-
dans 1 pente des vallées , 1 adimnistratiou des
zième siècle, elle tomba entre les mains postes ne fonctionne pas dans le pays ;
des Tores lorsque cette faible dynastie on prend des chevaux cbttS 1^ pSfSans,
arménienne des i\oupénieos fut anéan- sur le pied de deux piastres par heure de
tie; cependant les Arméniens conservè- marche. Ces réquisitions, qui se fout en
rent toute leur organisation civile et vertu d'uu ferman de route, sont .e^r^
religieuse, et i la place du palais des moment désagréables aux faobijbmts. La
princes s'éleva un vaste monastère qui route suit la vallée du Pyramus jusque
ei>t a lui seul uiie petite ville, c'est là sa source près du camp de Samour
que réside un craud patriarche qui bey chef de^ iurcomians. Ce pa}'s était
inrime eelui de Césarée et qui porte le autrefois goufemé par le.bi^ Gosan
titre de Catholicos. L'intérieur du cou- Ogiou, qui défendait contre lbr;d)iiu pa-
vent renferme des éi:lises des biblio- , cha les défilés du Taurus. Samour bey,
thèques et des bâtiments d'habitation parent du premi^i>. livra par une trahi-
dans lesqvds les étrangers sont reçus son largeaDentiéQompansèu}osa»Ofdon
avec la plus cordiale hospitalité. I>e entre les mains d*ll»ittlii|ii»à eundition
couvent, espèce de forlt rcsse, est bAti qu'on lui assurerait le gouveniemcnt de
sur une terrasse entourée de murs et ces montagnes. C'est chez ce bcv nue
flanquée de tours. La façade du monas- nous devions foire notre première nalte.
tère se compose d*an grand mur au mi- Le paeba d'Adann était insisté peut que
lieu duquel s'avance um' tribune tous ; nous prissions une escorte ou nous :

ces bâtiments sont modernes et datent donna une deu)i-douzainc de Crétois


du siècle dernier. irreguliers qui égayaient la route en ti-
La ville de Sis ne renferme pas plus rant fovee coups de fosiloi
du trois mille liabitants; les maisons Les montatînes «iitre Sis et Hadjinn
sont bâties en pierres et couvertes eq présentent sites ies plus gmdi^|fs.

uiyiiizûd by Google
5S4 L'UNIVERS
le Pyramus, qui n'est encore qu'un ruis- sont en bon état, mais n'ont rien de ca-
seau , tombe en cascades du haut des ractéristique.
roehers. Lis montagnes sont couronnées La ville de Hadjinn elle-même est
de forêts de cèdres et de pins; elles of* complètement privée d'édifices publics;
•'
frent aux nomades plus riantes re-
les toutes les maisons sont de la plus grande
traites pendant les chaleurs de l'été. Le simplicité et couvertes en terrasse. Les
camp ou yadâ de Samonr bmr est situé pentes des montagnes voisines sont eou-
tor un des plateaux élevés du Tanras, vertes de vignobles et d'arbres à fruit.
immédiatement au-dessus des sources Les habitants sont presque tous Armé-
du fleuve; il se compose d'un village niens; ils se livrent ù l'industrie, sont
rustique avec des cal)anes faites de troncs bons forgerons et vont travailler dans
d'arbres. La demeore du hey ne se dis- les grandes villes. Id la race armé-
tingue pas des autres, mais il y a dans nienne se présente sous un jour tout
les pâturages de nombreux troupeaux autre qu'à Constantinople. Rlle a dé-
de bestiaux et de chevaux , c'est la ri- touillé son caractère craintif et sait fort
chesse de ces montagnards. Samour ien montrer le yataghan au Kurde qui
bry (1) était un homme obèse et de ma- voudrait imposer sa loi ; l'aspeot d"s
nières très-douces; rien ne iraliissait Arméniens ue ces montagnes ne diffère
dans son extérieur un caractère astu- nullement de <!elui des Turcomans, ils
dem. Il nous fournit tout ee qu*il fal- É'en distinguent sedement par leur an-
lait pour ravitailler notre caravane, re- tipathie pour la vie de la tente. Le pla-
nouvela notre escorte ou plutôt nos gui- teau qui domine Hadjinn donne nais-
des, et nous partîmes pour Uadiinn. sance à une autre rivière appelée IVla-
Le yaêla de Samour bey est situé sur fhara aou, la rivière des luttes, nui se
la ligne de partage des fleuves Silioun, lintauDemirdji sou, rivière des forge-
le Sarus et Djihoun le Pyramus ; la route rons ce sont autant d'affluents du Sarus
;

de Hadjinn, si l'on peut donner ce nom Cette dernière vallée conduit au campe-
à des sentiers à peine tracés, continue ment des Torcomans de Dalar \ c'est en
de monter le col qui sépare les deux cet endroit que Pagba nous signala, à
bassins les montagnes sont mieux boi-
; trente kilomètres au nord-ouest de son
sées, et peuplées de tribus turcomanes. can)p,fle vastes ruines qu'il désigne sous
En descendant sur le revers nord on ar- le nom de Chcrt kalé si, sur le bord du
rive dans une valIteoùeooleuneriTière Maghara sou. On y trouve les ruines de
rapide ; c'est le Sarus, qui va se jeter i plusieurs châteaux d'églises et de pa-
,

*
la mer au-dessous d'Adana. lais,tout porte à croire (jue re sont les
On passe cette rivière sur un pont ruines de Comana de Cappaducc; mais
formé de troncs d'arlnes; les chevaux les dreonstanocs ne nous permirent
traversent à gué ; cette vallée court est et pas de les visiter. Le site de Gomansi
oriest, la rivière suit cette dernière direc- reste encore ignoré (1).
tion De beaux platanes forment en ce lieu
. Cette ville ayant été abandonnée de
on épais rideau de fonillage ; la pente bonne heure doit conserver de nom-
de la montagne est couverte de pins. breux vestiges des monuments qui ta
La ville de Iladjinn est bâtie sur la décoraient (2). ÏVÎ.iis jusqu'ici aufuii
pente de la montagne, à la naissance de voyageur érudit et surtout en état de
la vallée. Les voyageurs trouveut l'hos- lever les plans d*on édifice antique n*a
pitalité dans un antique monastère dé- parcouru ces régions.
tendant de celui de Sis et construit sur Le village de Dalar est compose de
f
e versant de la vallée opposé à la ville. huttes à moitié enfoncées dans la terre
Ce monastère est défendu comme une et qui ne prennent de jour que par la
forteresse^ eependani les moines armé- porte; les habitants ne s'y retirent que
niens attestent qu'ils ne furent jamais pendant les neiges de l'hiver.
l'objet d'aucune violence de la part des Tous ces pays sont presque dans Vv-
musulmans. Le supérieur du monastère tat de nature, U n'y a aucune route tra-
porte le titiu d'évéque^ les bfltimenis
(i) Karl. Hitler Fnlktiiidf, t. IX, l5s.
(i) Semour, «ibeline. (9) SIraboD, XI, 5a i ; XII, 535.

Digitized by Google
ASIE MINEURE.
eée, et Ton fadroit devant soi par monts permettaient pas de fermer l'oeil; il fal-
et par vaux. Du camp de D.ilar on fait lut aller de nuit réveiller l'agha, et le
six lieures de marche jusqu'à Gœuk- sommer de nous donner un autre «île.
sunii, qui par sa positiou aussi bien que Le pauvre homme, précède de son
par riaentité det noms remplace Pan* ebaoueb, allait fouiller toutes les mai-
cienne Cucusus. Cette ville ne com- sons; mais chaque famille, accumulée
mence à être connue que du temps des dans la même chambre, n'avait pas un
fi^'zanlins; elle est surtout célèbre cuin à uous donner. EoOn uue lieureuse
aomme lieu d'exil de saint Jean Chry* idée vint à l'agba ; au nom du sultan
lostome, qui y passa trois années de sa il fit déguerpir d'un poulailler les pou-

vie, de 404 à 407. Cette sentence inique les et les moutons, et nous offrit leur
fut accomplie avec toutes les rigueurs logis. Pendant ce temps, uous étions as-
d*iine peneention religieuse; Chrysos- sis au foyer de la funille; elle occupait
tome avait demandé à passer le temps une seule chambre dans laquelle étaient
de son exil à Nicomédie, Eudoxie le entassés six enfants (]ui avaient presque
fît transporter à Cucusus. Le vieillard tous la coqueluche ; Tainee des filles
dot suppotler une marche pénible berçait le plus jeune; la graod'mére,
de soixante^lix jours pendant les plus idiote, aeeioupie presque nue sur un
grandes chaleurs de Fêté; il ne fut pas tapis, murmurait ae voir des étrangers
reloué dans la ville de Cucusus, mais il s'installer chez elle. Eu lin uous primes
avait la faculté d'aller jusqu'à Arabissus, possession de notre ber|pria; mou com-
aojjourd'huî Arabkir. Sou absence aug- pagnon de voyage, épuisé, passa au lit
mentn dans la capitale la haute estime les deux jours que nous fûmes retenus
qu'on avait pour le caractère du prélat, à Gœuksunn faute de chevaux. Voila le
et quand on parcourt ces lieux, l'esprit lieu où saint Chrysostome écrivit ses
se reporte vers cette grande époque où immortelles homélies; on peut être cer-
les pères de l'Église remplissaient leur tain qu'il n'était pas mieux installé que
mission divine maigre les persécutions les familles turcomanes.
les plus odieuses. Si Ton veut avoir une La plus grande difficulté que rencon-
idée de la mécbaneeté de rimpératrioe trent Isa Tovageurs qui parcourent ces
Eudoxie, il faut se rendre compte de ce régions est de trouver des ehevaux. Les
quêtait ce bourg de Cucusus une plaine
: habitants qui en possèdent ne les prt^-
basse entourée de montagnes argileuses tent qu'avec difticullé; et dans leurs
et eompléteinent dépouillées de Terdore, cbaugementsde yaéla, ce sont les boeufs
une bourgade assise sur un tertre d'ar- et les vaches qui servent de hctes de
gile où pas un brin d'herbe ne peut somme. Us ont aussi quehjues lourdes
pousser. Pour compléter le tableau, uous voitures, desarabas, quà sont traînes par
placerons iei mie page de notre journal des bceufs, c'est le seul moyen de trans-
de voyage : port qu'on puisse employer pour les ba-
MotVe séjour à Gœuksunn fut des plus gages. Il est curieux de voir (juels che-
tristes : logés dans une hutte faite de mins impossibles peuvent franchir ces
troncs d'arbTM, entourés de marécages, chariots qui vont droit devant eux sans
nous ne pouvions faire un pas hors de s'inquiéter des rochers ni des fon-
l'enceinte du village, dont le sol, composé drières.
d'un amas d'immondices accumulées La route de Gœuksunn à Marasch
depuis des siècles, est aussi fangeux que traverse un admirable pays, aujourd'hui
les marais environnants. Nous sommes pres(|ue désert, mab qui dans le moyen
arrivés le soir (28 juin 1835), et l'agha âge était bien gardé par de nombreux
n'avait d'autre logis à uous donner châteaux, dont les ruines diversitient le
l'une cabane où gisait un moribond, paysage : la plupart de oeschâteaux sont
S n traîna dans un coin de la cabane la constniita par les princes arméniens.
natte sur laquelle il reposait, on l'en- Nous avons surtout remarqué le Tcliin-
toura de paniers pour lui faire un ap- chin kalé, construit sur le revers orien-
partement à part, et l'on nous mia tal du Taurus. flous ne pouvons arrê-
espèce de Mère dans l'autre coin. Hais ter le lecteur sur tous les lieux remar
les gémissements du malade ne nous quables de cette région peu connue;

Digitlzed by Google
^6 . L'UNIVERS.
clineun d'eux offre un souvenir; ici nous Marascli est bâtie sur la pente sud
retrouvons les traces des rroisés com- de l'Aelivr dafïh, dépendant de l'Anli-
inandés par Bohemond, là ce sont les T^urus/et arrosée par de nombreux
fortifiestfoDs des prioees roupénfens eoora d'eau qui sont des afllueuis du
d^Armënie alliés des Français. Mais
,

nous avons encore de Ionf>:ues étapes à


Pyramus. La |K)[)ulation est
six mille
eÎM t
âmes, dont le tiers est com^
^
faire, et notre temps est limité (1). posé d'Anoéniens. Il y a a ftlarasch
Le villaee de Gneiben est sftné à Ten- une industrie active ; on y fabriqua des
trée des défilés du Taurus. D*après m» kaba, manteaux ou vestes de laine ofw
remnrque de M. Kiepert, ce nom est nés de broderies d'or ou de soie;l«
identique avec le mot arménieu Gaban, cotonnades teintes à l'uiaRe des femmes
qui signifie un défilé. . tinreomanes sont aussi Tobjet d'un com-
Gheiben est divisé en deux centres dé ineroe êtendii. De beMiit et Tianii Tvft-
'

popiilntioiiformant dni\ viîlages sépa- seaux ombrnpés de platanes trarersenl il


rés et commandés par le même agha; ville eu tous sens, et les chutes d'eau
dans Tun résident les Turcs, l'autre est sont ufHisées pour faire tourner des
habité par les Arméniens. moulins eunstruils a«ee fntelli^eiMe:
La roule de Gheiben à Mnrnseh fran- Mais sous le rapport de l'art, Marasuh
chit plusieurs côtes et plusieurs vallées n'offre pas un seul monument digne
du Taurus; tout oe pays est bien boisé d'être remarqué; tes mosquées el
et offre de magnifiques po^ints de vue. qu'on appelle te vietnt «éral
^
édifices de maigre apparence ; les mai»
BIABASCH. sons particulières sont bien disp<^es
_^ . . .
'
pour un pays chaud. Uu bassiu d'eau
Marasch occupe, suivant les «éogra- vive alimenté par on jet'
Îhes, remplacement d'Antiochia ad toujours au milieu dti jardin ou d» !•
'aurum; elle est citée la sixième dans cour autour desquels s'ouvrent les ap-
la liste des dit filles du même nom parteuïcnts. •
'> .«iivri tb > ^ ^.i
donnée par Étienne de Byzance sous te

titre Antioche de Cilicie sur le Pvra-


:
CHAPI'mS Vl.« ' '

mus. Mais on n'y trouve aucun vestige .

d*antiquité. Marasch ayant été de tout bassin db l'euphrate. ia me^


temps le centre d'une population nom» irrfmc;
breuse et actiw, tous les édifiées ao*
Ciens ont été détruits. Le bassin du Pvran)us est séparé de
SousTempire d'Alexis, Marasch était celuide TEuphrate par une chaîne de
la résidence d'un patrice, dont l'autorité montagnes courant de r««t k Pouest et
s'étendait jusqn'.i Antioche et à Édessé. oui forme la frontière sud de la province
A la Uu du onzième siècle elle était au de Mélitènc. Après dix heures de marche
pouvoir des princes arméniens, et son on fait halte à Nadjar, villa^re situé au
territoire faisait partie de la troisième 'fond d'une vallée, ot par une route tout
Arménie. Les croisés, commandes par aussi difficile on fait encore dix heures
Godefroid de Bouillon marchant de de marche pour arrivera Pelveri li, p«*tit
Konieh par Éré|;K, s'égarèrent dans les bourg habité par des Arméniens et des
hautes vallées du Taurus, et arrivèrent Toret: Reouel et Ainewerth ont judW
à Marasch. Les Seldjoukides s'emparè- cîeusement identifié cette petite ville
rent de celte ville en 1147, et la puis- avec l'ancienne Perrê, qui était située sur
Sance ottomane s'y est établie depuis la grande route do Cappadocc en Mé>
cette époque. sopotamie. a travers la petite Aiménle.
Cette ville fut épiscopale; Athanase»
(i) Toye/: pour plus d.- (]v\niU nohv ili- évéouc de Perre, assista au concile de
néraire |)iil>iié m
utemo dans le livre de Chalcédoine. Il ne rê6te à Pelvereli au»
Karl. Ritlcr, VvrgUichtftée Erékunde ées VMlige d'antiqUitl^. •

Ualbimellaudfs Klrin-Jstens , lom» IX, T,a carte de Pentm^er marque en dé-


part. II, ptg. 140, i5a. —
fievite/nuifaùt, tailla route de !\IelitenoaS3mos»le;c'4;sl
f. VI, p. 3a 7 336. Celle que nous suiVons nous traversons :
• • •

Digitized by Google
if

Vti Nillages de Pavreleu, et, remontant meut Paspect de la ville, et en fît, au


K) \ ailée du Gœuk sou, nous arrivons dire de Procope, la sauvegarde le buu- ,

au défile d'ilerkenet.Nousmeiitionnoos levard et l'oruenient de l' Arménie. Mais


•eidcment les fUtages de Surju , Bu^ruk tant d'ouvrages magnifiques eurent le
Balaoieht Geozeoeh et Balamch^ qui se sort de la plupart des constructions de
trouvent sur la route de Malatia. Tout«»s ce prince, aujourd'hui il n'en reste pas
ces régioDS sont encore peu connues. de vestiges. Les seuls monuments qui
Hoos avons fvnit nos itiaéraifcs à eiisteot encore dallent de l'ère sddjou-
M. Ritter DM» les înaéNr dus st carie •kide , et sont presque entièrement rui-
d'Asie. nés. Malatia devint Va capitale de la
petite Arménie , et tut longtemps sou-
MALàTlA. asise avL prinnea annénmis, tantôt
alliéi, tantôt ennemis des empereuis
La province de Mélitène est située grecs; mais on n'y trouve aucun npnu*

entre Cappadoce et la rive droite de


fa ment des dynasties arméniennes.
rËuphrate ; elle est bornée au sud par la Malatia fut prise par les Arabes,
{iriDCipsiité de Commagène et au sud- lorsque, sous le règne d*AiDttn^l-Ra-
ouest par la Cataonie. Les anciens chyd ils s'emparèrent du royaume de
,

avaient remarqué combien la tempéra- Pont. Reprise par l'empereur Constan-


ture de cette contrée différait de celle tin Copronyme, elle lut entièrement
de la Cappadooe ; c'est qu'en effet cette démantelée, et c'est de cette épogne
dernière province forme un plateau que date destruction des monuments
la
trè*» élevé tandis que la grande vallée
, byzantins. Tous les habitants grecs et
de TEupbrate nVst pas dans cette ré- arméniens lureut envoyés il Constand"
gion à phis de trois cents ssèlres au-des- nople pour repeupler cette capitale.
sas du niveau de la mer. Le pachalik Vers l'an 140 de l'négire, le calife El-
de Malatia occupe aujourd'hui tout le Mansour envoya son neveu Abderrha-
territoire de Tancienne Méliténe. Ptolé* mau, ûls de l'imam Ibrahim, avec
née comprend celle province dans soixante-div mille hommes pour in-
rArménie seconde. prendre Malatia; elle retomba de nou-
Méliténe, aujourd'hui Malatia, était la veau entre les mains des Grecs , qui la
capitale. Pline lui donne le nom de Mé- gardèrent jusqu'à ce que les sultans d'I-
Uta, et nous apprend que cette ville fot eonium en fissent la conquAte défini-
fondée par Sémiramis, à peu de distance tive. Tous les efiforts que firent les
de TEuphrate (1). Jusqu'au règne de princes d'Orient pour établir dans ce
Trajan, Méliiène fut Tunique ville de ueu une canitale n'ont pas ete couron-
cette province. L'empereur y cantonna nés da snMÎàs. SI la contrée offre toutes
une légion romaine, qui reçut le nom les ressoMWSS qui peuvent être néces-
de Meiitène, et de laquelle sortirent saires à une population nombreuse, si
quarante soldats qui moururent mar- des eaux abondantes portent la fertilité
^rs ; leurs rdiqiMs soni encofc hono- dans les imnisaies Jardins qui s'élen»
* ices dans une petite église grecque aux dent comme une vaste iforét au milieu
environs de la ville Sous le règne de de la plaine, ces avantages ne suffisent
Marc-Aurèle , cette même légion qui , pas pour une ville frontière , dans une
diait toote composée de chrétiens , ob- contrée qui a été exposée de temps
tint par rioterveotion divine que les immémorial aux incursions de peupla-
ennptiiis fussent écrasés par la fou- des barbares. Sous le point de vue mi-
dre r-') ; elle prit de là le surnom de Ful- litaire , il était impossible de choisir
minatri.x. une position plus désavantageuse. En-
f/empereur Justinien, qui avait fait tourée d*une enceinte de roMtagnes
Irs pinsgrands efforts pour fortifier les élevées, la ville n'est défendue au nord
de son empire contre les at-
frouliere.s que par la rivière de Tokma sou
taques des Perses , changea compléte- guéabie une partie de Tannée ; mais du
cAté du sud , rien ne peut la garantir
(n Plioe, liv. vr, Hi. 3. des attaques d'ennemis qui trouvent un
(a) Eti>ebe, Hm. eccL, in, v, di. refuge assuré dans les moutagnes..Ces

Digitized by Google
S88 L'UWiVERS.
iucoovénients joints
,
la chaleur in-
;i ture. l'olivier n'y réussit point; on
tense qui se fait sentir dans la ville pen- pourrait croire que la hauteur du pays
dant 1 été, Tont fait abandonner par ses au-dessus du niveau de la mer e^t ûu
habitants, qui préfèrent camper aiu obstacle à la reproduction de cet arbre»
environs, au milieu des Jardins. si les anciens ne citaient pns l'olivier au

En 1235, Malatia tomba au pouvoir nombre des arbres fruitiers qui embel-
des Mongols , dont le pouvoir s'élevait lissaient cette résidence de Sémiramîs.
sur la ruine de l'empire seidjoukide. Les C'est an milieu de ees vergers uue les
nombreuses églises qui se trouvaient hahilanTs actuels ont transporte leur;
toutes sous la juridiction du patriarche (Jetneures; des maisons de bois cl de
d'Antioche, et qui étaient régies par un pise , construites avec une certaine élé-
évêque, forent livrées au pillage; le gance, des mosquées rustiques, ombra-
plus grand nombre fut démoli ou brû- gées par des arbres séculaires, donnent
lé (\). En 1396, le sultan Baynzid, vain- à cette ville champêtre un aspect des
aueur des princes de Karamanie , vint Elus singuliers. Lekonacdu paclia s'é-
s^emparer de Malatia. Cette ville tomba ^ve au milieu d'une plaee; les artisans
en 1401 entre les mains de Timour. ont leur quartier désigné; l'ancienne
Ce qui restait debout du château et des ville est complètement abandonnée
mosquées fut de nouveau livré aux pendant les trois quarts de l'année.
flammes ; et lorsque le sultan Sélim I*' Jss murs, qui>, selon l'usais antique
réunit smis le seeptre ottoman toute des villes de l'Orient étaient faits de
cette partie de l'Asie il
, ne trouva plus briques séchées au soloil, n'offrent plus
qu'un amas de décombres qu'on ne que des lignes de circonvallation en
put jamais relever au rang d'une ville. rorme de tertre, sur lesquelles pousse
Le voisinage des tribus kurdes noma- un gazon chétif. Les mosquées, con-
des, qui ne reconnurent jamais le pou- fiées à la surveillance de quelques sof-
voir de ia Porte , fut uu obstacle cons- tas, n'ont pas reçu la moindre répara*
tant à la renaissanee de la prospérité tion depuis Tavénement du sultan tnre.
de Malatia malgré la position avanta-
, Le caravanséral désert les bazars vides
,

geuse qu'elle occupait comme entrepôt, et les maisons à demi écroulées, sont
et en même temps malgré Tincroyabie abandonnés à des gardiens qui succom-
IMUté du twritoire , si beareasement bent k Hnsalubrité de cette enceinte,
arrosé par des sooroes nombreuses et dont Tatmosphère est viciée par l'accu-
intarissables, qui forment le Sultan mulation d'immondicps séculaires. (>
sou , l'un des affluents du Tokma sou. tableau n'est pas sans intérêt pour ce-
Elles prennent naissance è une lieue lui qui ne considère pas seulement les
environ an sud de la ville , dans une villes sôus l'aspect monumental mais ,

valléecomposée d'a^iclomérats calcaires qui fherche encore à étudier toutes les


et a plus ue cent mètres au-dessus du causes d'accroissement et de pros-
niveau de la plains. Conduites par des périté.
canaux artistement dirigés, ces eamc Le petit nombre de masures qui reste
alimententdes jardins d'arbres fruitiers, encnrc debout reçoit quelques habi-*
dont la beauté et la vigueur ne démen- tants pendant les grands hivers mais ;

tent pas l'ancienne réputation de ferti- ou peut prédire avec certitude que Ma-
lité queoe pays possédait dès les temps latia cessera bientôt d'eiister comme
les pins reculés. La vigne donne des aura le sort de tant
ville, et qu'elle
grappes d'une grosseur presque incon- que la population mo-
d'autres places
nue dans les autres provinces; était-ce derne a abandonnées, comme Key,
avec ces raisins qu'on fabriquait le vin Sultanieb, Ctesipbon et tant d'autres.
Monarile , mentionné par Strabon ? î/a- T^s jardins réunissent plusieurs groupes
d'Arménie se plait
bricotier, originaire , (1 habitations qui ont chacun un nom
,

en ce lieu comme dans son pays natal; liilierent, la localité porte le nom géné-
mais malgré la doueeur de » tempéra* ral deHarpouz, les pastèques.
Il est bien difficile de déterminer le

(0 Abulfaradj, Hist. dynatlianim, 3i8, chiffre d'une population si cpar^e, (|ui


333 était, pendant mou séjour, augmentée

Digitized by Gc)
AStË mmEURK. €8»

d'une population tlottaote, composée de lalégion fulminalrix. Saint Po-


de plosieun r^pmeoti de Niiam et lyeuctc, qui passe pour le premier
d*artillerie, «uiquels il fallait ajouter martyr de l'Arménie , y fut mis à mort
les femmes et les enfants, et les innom- en 257. C't st le lieu de naissance de
brables pjrasites qui accompagnent les saint Melece dit le Grand, qui était
arméfs turques; aussi je oe crois pas évcque d'Antioche au quatrième siècle,
eiafférer en la portant à ]I0«000 âmes. et de saint Kuthyme, archimandrite en
Lf's chrétiens forment à peu près le Palestine; il eut la conduite de tous les
tiers (le la population totale; ils sont monastères de la ville et du diocèse de
generaieineiU ae la communiou arme- Mélitène, sous les évéques Acace et Sy-
Dieiise; on peut en porter le nombre à nade , qui avaient été ses maîtres. Les
1,000 ou 1,200 familles, qui sont sous églises et les monastères étaient con-
la juridiclion de l'évéque arménien de struits avec une grande simplicité. La
Césarée. Les familles urecques habitent plupart de ces mouunieots sont aujour-
l»rticulièreiDeBt le village de Hordeuz, d'hui détruits.
situé a un quart de lieue de la ville. On Depuis la ville jusqu'à la rivière, le
y montre une église très-révérée dans terrain s'abaisse par une pente continue,
le pays, ou sont conservées, dit-ou, et forme une vallée tres-large et de peu
des retii|iies des quarante martyrs. Mais de profondeur, au miKen de laquelle les
rinaeriptUm que j'ai lue sur la porte ne eaux du Tokma sou circulent avec un
confirme pns cette tradition. Saint Eu- cours très-lent. Les eaux, précipitées
doie, dont il est question, n'a pas ap- des vallées supérieures et arrêtées à leur
partenu à cette légion célèbre. confluent par le cours rapide de TEu*
phrate , s'accumulent dans cette plahie«
L*an «475 (I), indiclion prt-inieri', au mois de
mai ont et forment des marécages, qui contri*
, été IrouuTs ir» rpiicjiips île naint Ku-
ûoxtf ; eau èuU&e a «le ri^noQvelée |»ar ks soiai tribueut à l insalubrité de la ville. On
du mélropoHtaln Sotomon. passe le Tokma sou sur un pont de
pierre appelé Kirk gheuz (le pont aux
CM Ktuloxc, porte au martyrologe quarante yeux), dénomination appliquée
avec s^unt iiumulus, également martyr en Asie à tous les ponts qui ont un cer-
de ta foi à Mélitène, était chef d'une tain nombre d'arches, line chaussée de
légion sous Tenipereur Trajan Dèce. Il pierre, en très-mauvais état, est établie
fut envoyé en Gaule sommé de sacrifier
;
entre la téte du pont et le terrain qui ne
aux idoles, il s y refusa avec tous ses peut être atteint par les inondations :

soldats, qui étaient également chrétieni. celte route, qui suit la direction du
Envoyé en cautonnement à Mélitène, nord au sud , travase la Mélitène, et
il pnrviiii à convertir Romulus, cham- conduit, à travers l*Annénie, dans le
bellan de Tempereur, qui le premier royaume de Pont.
Tavait dénonce. Maiimien ayant été Après avoir traversé la plaine de Ma-
prodamé empereur, ordonna a tous les latia , le Tokma son a encore un eoun
proconsuls de faire périr les ciirétiens de deux lieues, et va ae joindre à TEq*
qui refuseraient de sacrilier. Kudoxe phrate. tine montagne conique et dé-
ayant persisté à rester fidèle a sa foi riouillee de verdure indique au delà de
eut la tète tranchée , après avoir été livré 'Euphrate le point de réunion.
aux tortures. On croit qu'il a été mis à 11 n'est pas nlus facile de déterminer
mort le G septembre 252 de J. C. la limite nord de la province de Mélitène;
Le nom barbare de iiordeuz, qui n*a pour aller chercher ses frontières natu-
aucune signification dans la langue turelles nous devons nous transporter
turque, cache sans doute la station dé- jusqu'au Gozdouk sou, qui coule au
signée sous le nom de Ad-Aras,dans delà d'Arnbkir. Cette ville, une des plus
rùinéraire d'Antonio; elle était, en importantes de la contrée, se trouve
effet, peu éloipée de Méliténe. aujourd'hui dans la même position que
Mélitène a fourni un grand nombre Malatia , c'est-à-dire que les habitants
de 5aintsau martyrologe, outre ceux sont venus, d'un commun accord, s'é-
tablir au milieu des jardins plantés dans
(i) 966 de J. c. une large vallée qui s'étend entre deux

Digitized by Google
LtlIVIVBRS.
pics volcaniques d'une hauteur considé'^ CHAPITRE VII.
rable. La populaiioii oompoee d*AN m
nténiens et de Turcs en nombre à peu
près égal ; Ips chrptîpiis se livrent au
iemmi. la vAu.it m l'iophiati.
commerce de caravanes , et ont l'habi- La route d'Arablùr à Ë^uine traverse
tode d*émigr«r ^
Goiwtaiitinople ; tme
attre partie éxeirce industrie de tein-
m paysmontainutox «l boisé ; on ijasse
la rivière Gozdoult SOU, qui va se jeter
turifrifoQ de. Abrioiits d'étoffes de dans l'Euphrate, et peu de temps après,
coton." *'•* '**/'' * •
'
en vue du village de Hchipik, on traverse
la pré^rê ûê «es tolems au nriliea Mirant tehaî; une' heure plus loin te
terrains généralement calcaires, et à vallée de l'Euphrate, âpre, niontaf^ose
une hauteur de plus de 1800 mètres et dénudée, s ouvre dans la direction du
au-dessus du niveau de la mer, parait nord-est; la route, tracée sur la pente
d'autant plusiremarquable, que les laves des rochers, est des plus périlleuses pour
qu'ils out épanchées ont un canetère les hétes de somme; mais aux environs
extrêmement récent on y trouve des ; de la petite ville d f'.cninr la nature du
coulées de lave noire et ferrugineuse; pays devient moins sauvage, l^s mon-
il y en a qui, sont recouvertes par une tagnes se couvrent d'une végétation
épaisse tsoucHë -Hn 9éoiAts métatigées dé hlxuriaiite, In vergers bien arrosés an-
cendres, comme on en voit de nos jours noncent une |it>pulatien«eUve«l intel-
au Vésuve. Ces terrains sont d'une ferti- ligente.
Kté.fâitrème qui est entretenue par l'a-
, Éguine un plateau qni
est située sur
titeiManti^ âëà tark 'et l'humidité per- domine lecours de rEuphraté,'la vue
manente d'uti'tîfrratih 'toujouri

céuyert de la ville prise du bord du fleuve rap-
d'ombrapp. pelle par les lignes grandioses du paysage
La d'Arabkir, d'après l'Itinéraire
ville les tableaux du Poussin; dans Téloi-
d*Antotlin , peut être Identffl^, eomme gnement, les sommets du Musur dagh,
position, avec !' mcipnne Dnsrusa (!); qui appartient à la chnîne de i'Anti-
mais il faut nvnucr que les lieux inter- Taurus, montrent un fond de tableau
niéd iai res nom m(>s dans cet t inéraire (3), i d'une rare magniiicence, qui contraste
excepté Ifl ville de Chaste , sotat encore a avee les pays stériles qu on vient de
peu près tous inconnus. C'est en vain traverser des pins parasol et des pins
;

que l'on chercherait dans Arabkir quel- d'Alep ombragent un petit pont de
ques monuments historiques; il n'y a pierre jeté sur le fleuve, qui en cet en-
pas même une moisquée , puisque la po- droit n'a pas pins de vingt métrés de
pulation fixe de ce lieu n'est pas ins- largeur en été.
tallée depuis plus de quinze ans; nous Le nom d'Kk'uine vient de l'Arménien
savons d'ailleurs que dans la Capnadoce Agn et signitie une source. Cette ville
on ne troote pas d'autres anaquités dépend do paehalik de Svas ; elle lut
que des grottes taillées dans le rocher. fondée dans le onzième siècle par une
l e Gozdouk sou, qui prend le nom colonie d'Arméniens, et appartenait à
d'un petit village bâti sur sa rive , coule l'Arinénie seconde ; elle est a égale dis-
dans une vallée tifa-étroHè €t dont la tânoe* lOS kilomètres, de Sivas et
flancs sont presque verticaux ; il reçoit, d'Arabkir. La population d*!Eguine
avant de se jeter dans TEuphrate, une est réprinilue dans plusieurs; groupes
autre petite rivière appelée Miram tchaï. d'habitations qui ressortent tous de la
L*Pnphrate eu ce pomt déerHune vàsti v91e centrale; ils demeurent au milieu
éourbe vers le^ud.et ne reçoit point de jardins d!arbres fruitiers ; la popu*
d'autre affluent qui mérite' ce D0m« lation musulmane a une mosquée avec
jusqu'au Tokma sou.. un minaret et d'autres temples de
moindre importance; les rousulniantoe*
(t) Jt*r « IVie^poli ^ratiuo, M. P. XX. cupent environ deux mille maisons et
les Arn)f''fiif'iis sept cents.
Wesselinf. i.
f-î' YovP7. les ItiDPrairf<< anciens, parle L'industrie d'Égume est principale-
niarc^iiis de Irorlia d'Urban, in-4% au mot ment entre les mains des Arméniens,
qui fiibrk|uent des eotonhMHf Menée

Digitized by Google
ASiL MINEURE. 591

pour Vusage des bains; ces serrirites appelée Comana ; mais comme l'oracle
ou pevhkir serxeiit aussi d« voile» aux n était pas satisfait. Oreste continua de
parcourir ie pays et arriva dans la Cap-
. C4it0 pttitê ville esl uRj^réable Uao nadoce, où il troova une montagne aam»
de halte pour ceux ooi paraouraiit aaa niable à celle de la Taurique. Procope
féfAoM d'un accès dinicife. ajoute « Je l'ai plusieurs fois considért^
:

•D*£guioe route suit la vallée de


la avec étonnement et je m'imaginais éire
rjSiifAirate jus'iu à Pinia, grand viUact dans la Tauride. Il y a nue montagne
à oheval aur TI>uplirata, uih.pont ae toute semblable au mont Taurus, et un
bois d*une copstructioiijDgiQÏiêlIienlie fleuve nommé Sarus tout semblnhle à
les deux quartiers.., l*£uphrate. * C'est la Comana de Cap-
Avant 4*anivtf 'è Pinia« oo fiftoebU Bidoea, dont noua suppcaona les minea
le Tchaila fld vient de Dev- a Chert kalé si, sur le Sama.
Oreste bâtit dans la Comana de Pont
.
Devrighi située à rentrée d'une
est une très-belle ville, et y construisit deux
vallée large de cinq kilomètres et do- temples, l'un en rbonneur de Diane,
minée par un haut rodier : lea Armé- Pautre en mémoire de sa sœuriphigénie ;
niens roppelaieiU Divrig c'est en ce lieu
; ils furent convertis en églises par Jufr
que Pon)pee vainquit i^lithridate, et en tinien, qui ne changea rien au plan ni à
souvenir de ceUe victoire il bâtit la ville la disposition des édilices.
de Mc«ipQlis.,>Ces montagnes dépen- Paooope décrit le coure de l'Euphrate
dent du mont Paryadràsi» dans lequel dans ce» ré|2;ioiis ; le Qeuve passe par
Mithridate avait fait construire soixante- dans certains
dies défilés très-serrés, et
quiiue châteaux, ou il déposa ses t^ér bancs de roseaux s'accumulent
lieux lea
•ors (f ). Straban décrit «atla montagne et ferment aur lea eaux une espèce de
comme étant coupée par des précipices pont sur lequel les cavaliers et les pié-
et (les ravins et couverte de forêts. Ce tons peuvent passer; ce paya porte le
tableau convient parfaitement au bassin nom d'Acîlicène. «

«ipériean de rEuphrata; Dtvrig des Ar- L'Euphraia arrose ealta paitie de rAr-
méniens, qui devint Nicopolis sous les méniet reçoit tous les afiluents dont
empereurs, a conservé le nom de Tbé- nous avons cité les principaux., et qui
Shrioe chez, lea Bjrxantias. Justinieo sout tous situés sur la rive droite. 11
t fépater las mufallles at la» fortiS- passa dans la Leneeayiie, appelée main-
eations de cette ville en mteia tampa tenant Arménie Mineure, diont la capi-
que celles de Sébaste. tale est Mclitene. Il va à Samosate, à
D'Éguiae, deux routes conduisent à Uierapoiis et jusqu'en Syrie, où il se
TMblaaMiat ia. pf«NNèra,'i Teat, 9mr joint au Tigre (l).
tinne de suivui k><aur8 de PEuphiate La seconde route dont noua aveaa
ou Karn sou jusqu'à Erzinghan , on parlé est celle «le l'ouest; elle passe par
elle va rejoindM la route de l'ouest. On Kourou tchaî, la rivière sèche; cetti'
mê tgamm :dMft cttte dernière ville vallée estremarquable par les formations
«nean vestige d*flariyiil^ ; elle paaia gypaeuses qui oottearaent avec tons lea
eependant pour occuper remplace- terrains sali fères que nous avons nir-n-
ment de Comaaa de Pout, qui fut bâ- tionnés, et s'arrête à Gumnch hanc, l.i

tie par Oretle aprèa qu'il eut quitté la maison d'argent, petite ville ou sont des
Tauride en compagnie deaa aanir Ipfeâ- mioeade plem asuantiAramises en ré-
génie. gie par le gouvernement turc et (}ui don-
l'rocope raconte qu'Oreste, fuyant de nent de médiocres produits. De Kourou
la Tauriae4 emportant l'image de Diane, tchaïon fait sept heures de route jusqu'à
arriva dans ces lieax , où il conairaisit, 6lianQaiiis, parun pays presque désert^
d'aprè» lesordres de l'oracle, un temple de celte ville à Cnaïram le pays est
à la déesse, et fui consacra sa propre moins accidQnlé, lea villaftea pltta'nooi-
chevelure. En mémoire de cette action, breux.
la tille qui s^élava Mtonr^a temple fat
I l m uo I uo (i) Procope, Gmim dtê ^arwr, Ihn I»
(i)Slral)oa,Xil,555. idi. 17.

Digitized by Google
M Lirni

Li foiite 16 détaille ainsi jusqu'à Ga* taosdimle à ki suite des armées de Sé*
mueh hané : aostris. Cette persistance des historfena
Chaïram : anciens à donner à ces peuples le nom d^e
Termai î»>45 Edima . .
5''10
Syriens montre que personne ne doutait
ZiBM 2 50 Gumiicliliané. 5 alors de la conformité de race qui ezia-
CêravaMéraï. 4 là XrébixoBde. . 18
tait avec ceux de la Syrie; bien plus, les
Toute cette route est au noid du bords du Pont-Kuxin sont souvent re-
eompas. gardés comme faisant partie de l' Ai^syrie,
De Guinucii liane on rejoint laxoute et le nom de Cappadoce lui fut donne
parcourue par les Dix Mille, qui mar- Mèdes. Hérodote rapporte que
ebaientaurtrébizonde. La montagne de
Gries
tucosyiiens pratiquaient circonci-
la
les

Kara knpoti csi le mont Tliechès, (Von sion, et qu'ils avaient pris e«tte habitude
l'armée de Xénophon aperçut la nier et des Egyptiens. Toutes ces concordances
se précipita en courant jusqVaa rivage prouvent le rapport intime qui existait
où elle fut reçue par les habitants de entre les peuples de ces rivages et ceux
Trébizonde. des côtes de la Syrie et de la Phénicie.
Sésostris souuul toute TAsie jusqu'au
CHAPITRE VIU. Pont-Kuxin, et imposa aux peuples vain-
cus un tribut qui devait être payé en
SOYAUMB DB POHT. Égypte. La domination de Sésostris fut
anéantie par la première invasion des
Les montagnes qui séparent la petite Scythes, qui à leur tour imposèrent à
Arménie du royaume de Pont, et qui ces peuples un tribut qui fut payé pen-
portnicnt dnns Tantiquité le nom de dant quinze cents ans. Maissi. pendant
Srydissôs ^l") « montagne très-rude, •>
une si longue période, ces peuples no-
étaient iiabiteespar le peuple des Uepta- mades ne fondèrent aucune ville ilaus
eomètea^ nation féroce qm
n'avait d*aa- leur nouvelle eonquéte, ils purent, par
très habitationsque les arbres des forêts leurs rapports avec les populations sé-
ou des blokaus de bois, mosyni, du haut mitiques, laisser en Asie les clcinoub;
desquels ils s'élançaient sur les passants ; d'une race mêlée , qui tenait des Sémi-
ki Greca les nommaient Mosjmoeei. tes par leurs mères , et par leurs pères
Les Chalybes, qu*Homère appelle Hall- de la race caucasique.
zones, occupaient le pays au-dessus Ninus chassa les Scythes, et affranchit
des MosyuŒci « Odius et Epistrophius,
: l'Asie du tribut qui leur était payé, mais
conduisaient les Btalisones a*Alybé, de il ne rendit pas ces peuples à leur gou-

ce pays lointain d*où naît Tai^^nt. * vernement naturel. La puissance des


(/est assez dire quMls occupaient les rois d'Assyrie s'étendit sur la eôle de la
montagnes de Gumuch hané, où les mer Noire,' et toutes les recherches faites
mines de plomb argentifère sont à fleur sur l'origine des villes de ces parages
de terre et exploitées de toute antiquité. conduisent àee tsitqu'ellca doivent leur
Nous devons aussi mentionner les Tao- fondation nnx Assyriens, qui commer-
ques et les Carduques, oui sont les cèrent avec les Phéniciens avant que les
Kurdes d'aujourd'hui, malgré la simi- navires grecs eussent encore apparu dans
litude de leur nom avoe le mot kourd, ees mers. Toutes ees régkms «aient aooa
qui signifie un loup. le gouvernement direct de princes in-
Lacontréequifutrannuedes Romains digènes, dont le sort dépendait de leurs
sous le nom de royaume de Pont appar- puissants suzerains.
tenait Aans les pnaàm à la Cap- A la domination assyrieniM suceéda
padoee, et avant la constitution de ce celle des Mèdes, qui sous Pbraorte,
royaume les peuples qui l'habitaient s'emparèrent de la Leucosyrie. Ces
étaient désignés sous le nom de Leuco- derniers peuples avaient l'esprit colo-
syri, ou Syriens blaucs. C'étaient des nisateur des As8}Tien8*et k goût des
races sémiâqms de la cdlede Syrie qui coBStnictions grandioses; ils k établi-
étaienirenues s*établirdans ces eontrees rent principalement dans la réeion de
la Pterie , située au sud de Suiope
(i)SlraiMii, XII, 548. où l'on retrouve encore aujourd'hui

Digitized by Google
ASIE MlKbURE. 693

^î'iinpoîiants vestiRcsde leur séjour. On de race syrienne. Non-seulement ils se-


lie doit donc pas s'étonner de rencontrer couèrent le joug des Perses, mais ils
dans ces contrées des moDumeots qui finirent par se mêler avec les Leucosv-
rappellent en même temos le style des riens et acceptèrent leur gouvernement.
monu rnents é^yptiena etoe eeux de TAe- Mithridrate Ctistès soumit tous ces
syrie et de la Perse, peuples il porta les conauétes à l'est de
;

Les Scythes revinrent de nouveau eu rUalys et mourut à l'âge de quatre»


Atie Mioeure pendant le dominatioQ vingt-huit a n s a [)rès un ,de trente- r^e
mède;ns yaéjoanièrent vingt-huit ans, six. 11 fut assassiné à Cius par ordre
en furent expulsés par Cyaxare (i et ,, d'Anligone. La race de Mithridate ré-
leurs méfaits suscitèrent la nremière gna sur le Pont pendant plusieurs gé-
guerre entre Cyaxare et les Lyoiens {'2). nérations ; le nom de ces princes est mêlé
Lorsque la Cappadoce fut csonstituM à tous les événements qui agitèrent ce
vn royaume, la plupart des princes pays jusqu'à la mort du grand Mithri-
de la Leucosyrie obtiureul chacun le date. A cette époque le royaume de Pont
gouvernement d'une province. Cest s'étendait de l'Iialys jusau'à l'Arménie^
en oet état que Xénopnon trouva ces etcomprenaitencore en deçà de ce fleuve
contrées quand il les parcourut avec tout le pays qui s'étend jusqu'à Amas-
l'armée des Dix-^lille. Ces divers peu- tris. Pompée divisa ce royaume en onze
ples étaient tous indépeudan is les uns gouvernements qu'il réunit a la Bithy-
des antres, mais également soumis à nie; il donna quelques cantons paphra-
Tempiredes Perses. goniens à des rois descendants de Py*
premier prince qui dans l'histoire laemène. Mais sous les empereurs, d'au-
a porte le uom*de roi de Pont était un tres divisions furent effectuées, et ces
desrendant des sept Perses qui avaient peuples furent soumis à des princes ou à
renversé le faux Smerdis ; il senommait des rois, d*autres fîirent déclarés libres.
Mithridate, et comme fondateur d'un Marc-Antoine préluda nux divisions
royaume, il recutle suruom de Ctistès. nouvelles en donnant le Pont à Darius,
Il prit le parti a'Ëumène dans sa guerre fils de Phamace (1) ensuite ce royaume
-,

contre Antiochus, et se créa de puis- échut à Polémon, mari de Pythodoris.


santes inimitiés qui éclatèrent après la Cette princesse régnait du temps de
mort d'F.nmène. Force d'abandonner Strabon; elle poisédait tout le pays au-
ses possessions, il se retira en Paphlago- dessus de Trebizonde, le territoire de
nle, dans le fort de Cimiata ; c^est de là Phamacie , la plaine de Thémiscyre et la
qu'il partitpour faire la conquête du vallce de Phannrana, qui passait pour un
Pont. ( > fort de Cimiata était situé dans (les meilleurs cantons du Pont. La Pha-
du mont Olgassus, a l'ouest
les detiles narée est arrosée par le Lycus, qui vient
de THalys et sur lea frontières de la Si- de r Arménie, et parPIris, qui sort dee
nopide, « où Ton voit partout des tem- défilés d*Amasie. Pythodoris possédait
ples criiîés par les Paplilagoniens * (3), en outre toute la Zélitide et le pays de
et traversée par le Ueuve Àmnius Ce Mégalopolis, Cabira était située a cent
pays est encore tout à dit ineiploré au cinquante stades plus au midi, au pied
pomt de vue archéologique ; il renferme duParyadrès; on voyait dans cette ville
certainement de nombreux vestifîes des un moulin à eau et le palais de Mithri-
monuments papblagoniens. Ces derniers date, et dans le voisinage le parc et les
peuples 8*allièrent avec Xerxès et four- mines. Pompée avait changé le nom de
nirent des contingents à ses armées ; Cabira en celui de Diopolis, Pytiiodoris
mais leur soumission aux Perses ne fut l'agrandit et lui donna le nom de Sé-
i|ue temporaire, il se forma une dynas- hnste. Klle possédait encore le temple
tie nouvelle, à laquelle se soumirent les de Men dans le grand bourg d'Améria.
Paphiagoniens, qui sont considérés par Ce temple était dédié au dieu Men Phar-
quelques éerivaina anciens comme étant nacenu Lunus; il était desservi par un
grand nombre d'esclaves sacrés ou hié-
(i) Hérodote, I, lui, io3. rodules. Caligula rendit ce royaume à
(9) Hcrodolfl,I,37.
(3) SlralNNi, TU,
5«ft. (i) AppieQy0«/.rjr., I. Y.
W UwruUm. (Aiii Minbuib.) V. II. 18

Digitized by Google
Polémon^ Uis de cette urincesse (1) ;
ciennes, mais elles eut tout le caractère
omU il conserva toujovfB le nom de Porit d*ouvr«ge8 byMMiDai.
Polémoniaque ; il comprenait sur la cote Trapezus ou Trapé/Amle était une co-
Tembouchure du Thermodoii Poléino- , lonie de Sinopc elle reçut un nouveau
;

nium et Cotyore.i daus les terres JSéo- : contingent de |)opulation , lorsqu'aprèe


fléméè* ZëBtSéhaglit et Megalassus. la eonstroetion de Megalopolis en Ar-
Le Pout Galati(]ue comprenait la cadie, les villes de cette province allè-
ville de Tliémiscyre, et dans les terres rent |>eupler la nouvelle capitale. I^s
Séitastopolis Amasia et Comana Pontica. Trapézuntieus furent les seuls uui ré-
Le JPoot Cappadociea comprenait sistèrent; ilsaimèraDtluienialNiodoniier
«ur lac^ Phaniacie CérasQ4,Trapezot le Péloponnèae et aller habiter la Tra*
et d'autres lieux peu connus. pézunte d'Asie, où ils devaient retrouver
ISicomède s'était emjparé d'une partie des compatriotes (I). Lorsque Xénopbon
du royaume 4e Uithndtite : itoaie à sa fit sou entrée dam cette Tille à la téte
mort tous cas rojauoiei ftirent réunie des huit mille six cents héros, reste de
aux possessions romaines en Asie sous la cohorte des Dix-Mille, il y fut ac-
Je nom de Province de Pont. Auguste cueilli avec toutes les marques de sym-
ajouta à cette province la Paphlagonie SDthie que méritait son entreprise/ On
loffMiue la race de ces rois fut éteinte t h cette occasion des sacrifices à Ju-

en la personne de Déjotnre Philadelplie. piter et n llprcule, et des jeux publics


Les Notices ecclésiastiques ne recon- furent célèbres. Xénophon paya la dette
naissent que deux provinces du Pont; de l'hospitalité en faisant connaître à
la province du Pont ou de nittivnie, et la postérité l'accueil qu'il avait reçu;
le Pont l'olémoniaque. Cette (fernière c'est la première fois i]ue le nom de
division ne comprend que cinq villes, Trapezus apparaît dans riiistoire. Le
ISéocésarée, Cumaua, Ppicmonium, Cé- mouument qu'avaient élevé les Dix-
ranugetXf^pezus.
-
Mille sur le mont Théehès eo souveuir
du succès de leur retraite a depuis
lonplenips disparu mais les écrits de
CHAPUAK IX. ,

Xénophon dans la
sulisisteront eucore
TltÉBI}K)>DB-TAAPBZUS. suite des siècles.
r.n création do comptoir milésien de

Tout les écrivains qui ont parlé de Trél)izonde s'explique par les raisons
Trébfzonde répètent l'un après l'antre que nous avons développées dans le pre-
que celte ville prit son uoni de Trapezus els historique du royammde Lydie. Le
( une table ) , de la forme carrée qui
grand commerce de l'inténeur de l'Asie
avnit été d<«nnéo h l'ensemble de ses était entre les mains des Grecs; Sinone
murailles. Il que depuis l'antiquité
faut était en relotion avec les peuples du

jusqu'à la liu de ^empire byzantin la Bosphore eimmérien, réehelle de Tré-


ffonne de œs fortifiGations ait été gran- bizondeleiireuTraftdias débouchés plus
dement modifiée, car le plan de Trébi- Crompt^ avec les riches confré«"s de la
zonde est bien moins ré^lier que celui aute Arménie, de la Médie et de la
d'un grand nombre de villes anciennes. Perse*
Dam la fille Inhm, les muraillet ont On Donrrait, pour le* ten^M aaedcr-
en effet la forme d'un quadrilatère ir* nés, faire des rapprochements nnalu-
résilier ; mail dans la partie sud qui gues et montrer que la prospérité ac-
,

est la plus élevée, s'étend un grand ôuar- tuelle de Trébisoode tient au grand
llir «u éMeat la fiMleMiie «tlei iNuais. commerce de tramit qu'elle fait avec
Cette partie de lo ville n*eit lien moins l'Arménie et la Perse, tandis que Siuope,
qui réeuTîère ; les murailles suivent tous sa métropole, serait depuis lotjgfemps
lee aecideuts du rocher, et le château réduite a Tetat de simple village si elle
fl^ève fup le point culminant n'avait pas sa belle vaos pour oITrir un
Les muiaMas actuelles ont peut-être point de rel.lche assuré aux navires qui
été élevées sur les fondations des an« font le cabotage de la mer Moire.

Svéloiie, NéroDi cb/iS, (s) PiuMAiti, Uv, vnr, di« 07*

Digitized by Google
ASi£ MIKËURE.
T.es querelles des successeurs d*A- ter à Trébizonde des travaux de défense
lexandre no portèrent aucune atteinte et d'utilité publique. 11 construisit un
à la prospérité commerciale de Trebi- aqueduc dans le but de suppléer au
sonde. Afesandre n'avait pas para dans menqne d'eau qui se lûaait sentir, et
leroyamnedePMit; il avait voulu aller luf le nom de Saint- Eugène, mar>
donna
frapper son ennemi au cœur, et toutes lyr. Procope se contente de mentionner
les provinces- du nord devaient tomber cetouvrage (1). Une grande inscription
d'elles-mêmes quand Tempire de Perse placée snr la perte éa ehâleaa nena
serait antentf. I/histoire da royaume de apprend que oet empereur a construit
Pont au moment de l'établisse^nient des plusieurs autres édifices; mais ils ne
lloinains en Asie est renfermée dans sont pas mentionnés. Cette inscription
celle de MithridateEupator; Trébizonde contient les noms de tous les peuples
it*ayant pris qu'une part tout à fait vaincus par Justinien (2). .Sous Cons-
passive à ce grand conflit, n'excita pas tantin Porphvrogénète, Trébizonde était
contre elle la venfjeance des Komains; la métropole du septième thème, dit de
ils lui laissèrent le titre de ville libre. Chaldée (3). Ce titre de capitale lui avait
César s'était contenté de détroire la été enteré du temps de Justiiieo pnor
puiftMince de Pbaroace sans rien cons- le donner à Néoeesaiée.
tituer en Asie. Lucullus et Pompée lais-
sèrent leur liberté aux ancieuoes colo- CHAPITRE X.
nies grecques (1) ; c'étaient pour les Ro-
mains autant de lieux d'étape et de ra-
vitaillement. L'empereur Hadrien donna
un soin particulier à rembelii&sement David et Alexis Comnène, Bis et |)etit8-
de Trébizonde ; eenstniire des pa-
il fit
tilsdu tvran Andronic, furent les fon-
lais « des portiques et des basiliques. dateurs du royaumetde Trébieonde. Cet
Comme le mouillage était dancereux, il princes s'étant sauvés de Constantino-
(it creuser \m port artificiel, dont on re- ple s'emparèrent de la Galatie et du
trouve l'emplacement près des rochers Pont ; mais ils ne prirent à celte époque
dans la mer au-desaooB
aui 8*av8neent d'autre titre que celui de duc. Baudoin
es rochers de Guzel serai où est au-
,
fit alliance avec eus; ils ne- prirent le
jourd'hui la quarantaine; tout ce port titre d'empereur qu'en 1204, en même
est ensablé et ne sert plus que comme temps que les princes de Nicée. Alexis
débarcadère. Comnène, surnommé le Grand, s em-
La ville était bien peuplée ; une double para du Pont, de la Cappadoce et dee
enceinte de muraille semblait dé6er côtes jnsqu*à Dufresne ne
Héraclée.
toutes les forces ennemies. Cependant, donne le titre d'empereur qu'a Jean
sons le règne de Yalérfen , Tréblaoode Comnène; il classe la dynastie de ces
fiDt iMiae par les Goths; la garnison
I)rlnces de la manière suivante :
venait cependant d'être renforcée de dix Alexis Comnène, duc.
mille hommes, qui tremblèrent à rap- Jean Comnène, empereur.
proche de l'ennemi. Pendant que les Alexis 11, né en 1282.
Gotha escaladaient les murailles, tptm Basile I", fils du premier.
avoir accumulé dans le fossé des mas- Basile II, épouse Irène Paléologinè, et
ses de fascines la garnison se sauvait
,
meurt en 1339.
par une autre porte. La ville tut mise au Alexis III et Eudoxie Comnène ont
pillage, nn tnmn immense fut embar- été frère et sœur.
qué sur les navires des Goths; les ha-
Jean 11, dit Calojean.
bitants qui ne purent être emmenés David Comnène, troisième fils de Jean,
comme esclaves furent massacrés: le usurpe la couronne. Il donna des se-
reste, entaasésar les galères, futeonduit cours à llzun hassao. Mahomet 11 as-
pour être vendu dans lea filla^sado siège Trébizonde; le siège dure plua
ilosphore cimmérien.
Justinien songea aussi u faire exécu- (t) Prorope, d* MdiJ., liv. III, ch. 7.
«} VoyeK ToorBefori, t. II, Trébiaundr,
(i)PiiM, Uy.YI, 4. S) Voyet ptgM t3«t9."
38.

Digitized by Google
596 VtMYËBÈ,
d'un mois. David est pris par surprise seaux de Gourgoura déré et de Issé
et envoyé a CouslauUûople , «t de la à sur lesquels il y a deux ponts. La ville
Andrinople, où U est aisasBiné, «t toute entière, entourée de murs, s'appellu le
sa famille est massacrée, Tempire de château, Kalé ; les chrétiens et les arti-
Trébizoïuie, qui avaitoommenoéen 1204, sans demeurent dans le faubourg c'est :

est détruit eu la partie la plus agréable de Trébizoude,


TirébiaoDde est aujourd'hoi le chef- parce qu'il y a de nombreux jardins.
lieu de résidenee drun pacha à trois Tout ce quartier est en amphithéâtre, et
queues, ayant le nouveau titre de mu- les maisons jouissent du bel horizon de
chir. Il commande à l'est jusqu'à Gu- la mer. Un y compte huit mille mai-
muili luiué, et a l'ouest jusau'à Kéra- sons cinq cents arméniennes , quinze
:

soun. La ville est située immédiatement cents grecques, et six mille turques.
au bord de la mer, il n'y a de ce côté Les chrétiens sont divisés en huit
ni plage ni port; uuc étroite bande de mahallé ou quartiers, les Turcs en vin^t-
sable, presque toujours submergée, sé- huit mahallé. Les habitants distut que
tend le loog^dcfi murs, c*€8t là que les du temps du sultan Achmet, Trébinmde
marins de Trébizoude tirent leurs na- avait dix-huit mille maisons.
vires à sec. A l'angle nord de la ville Les Arméniens ont quatre églises et
il y a une sorte de cap iurme par des les Grecs vingt-quatre, dont sept seu-
rocben Yolcaniques; l'anse située entre lement sont consacrées au culte. Le fau-
ces rochers et la côte était l'ancien port, bourg contient six mosquées, dont Tune,
aujourd'hui ensablé. Sur œ cap s'éle- Imaret Djami si, est construite sur le
vaient eucore en 1836 les ruines incen- tombeau de la mère de beiim l'f. L'i-
diées d'un château moderne on l'appe-
: maret ou hospice pour les pauvres est
lait Guzei séraî, le beau palais; le pacha complété par une eoole et un earavan-
Acbniel o^Iou, qui le faisait cx)nstruire, séraî.
étant tombé m disgrâce, on envoya un Ortasar djami si, mosquée située au
capidji bachi qui lui coupa la tete et centre de la ville, e.st une église byzantine
mit le feu au château. Ceci se passait du temps des Oimnènes; aucun chan-
en 1740, sous le règne du sultan Mn!i giementn*a été fait dans les dispositions
moud 1"; depuis ce temps, nul n'avait f)rimitives de l'édifice. La façade a une
osé s'installer dans les mun> de ce châ- ongueur de seize mètres; elie se com-
teau maudit (1). Près du port comblé, pose d'un portique donnant aeeès daos
appelé Coulé, est l'arsenal; au-dessus, rexonarthex et dans le narthex.La nef,
le petit édifice à double coupole nui s'é- dont la lar^eur est de six mètres, est
lève à l'horizon est le tombeau ae Da- accompagnée de deux bas cotés formés
vid ; à gauche, le consulat de France. par des pilastres; une eoupole éclairée
l ville basse est habitée par les par douze fenêtres s*élève au-dessus de
Turcs, les chrétiens demeurent dans le l'abside. Toute cette construction est
faubourg du nord-est. Il faut une heure d'une extrême simplicité, mais le plan
pour faire le tour de la ville. La cita- est bien entendu; l'église se termine par
delle, située dans la partie haute, est une abside drenlaiie avec deux cna-
défendue par un fossé; le fort du mi- pelles latérales.
lieu, appelé Orta hissar,a quatre portes, La longueur totale de l'éplise, y com-
deux établissements do bains et le pa- pris lesdeux portiques, est de trente-cinq
lais du pacha. La forteresse inférieure, mètres.
Aschogni hissar, a également quatre A trois kilomètres de la ville, et sur
portes et forme une enceinte séparée du une colline qui domine la mer, s'élève
fort intérieur au moyen de deux portes l'église de Samte-Sophie, Aghia Sophia,
en fer; c*estla demeure des principaux eoovertie en mosquée pv Im Turcs. Cet
Turcs. Les murs sont coi\struitsen quar- édiGce,^iniounictère original et sévère,
tiers de roche et épais de deux mètres; est d'une conservation parfaite (1) ; les
un fossé profond entoure les dcuK forts. dispositions du plan sont les mêmes que
Dans la vallée voisine coulent les mis- '

(i) Toyez h planche 3i , Tne d'nm égUie


(0 Toyei 11 me dttTrébuoade. Pl. 63. à Trabiionda.

Digitized by Google
ASIE MINEURE.
celles d'or lasar dj ami si, et la dimeii- de la montagne de Bouz tepé,monta;:iit;
sioo de Pédifice est un peu plus petite. de la glace. A Textérieur il présente
La larn^r de de treize mè-
Tédifloe est respect d'une forteresse, au fond de la
tres. Ln longueur de la nef est de dix- première cour s*élève un haut rocher
neuf mètres vingt-sept centi mètres, le dans lequel a été creusée une chapelle :
narthex et l'exouarthex ont ensemble elle est précédée d'un porche ouvert,
diz mètres soixante^q eentimètres de également taillé dans le roc. Toute la
longueur. surface du rocher est rouverte de stuc
T.a coupole centrale est soutenue par sur lequel ont été peints j fre»sque divers
auatre colonnes de granit supportant sujets religieux qui rappellent les pein-
es arcs surhaussés dans le st^ le by- tures du Campo Santode Pise.
zantin. L*intérieur de l'église était orné La muraille à gauche représente des
de peintures représentnnt des saints et scènes du Nouveau Testament ; les ta-
des souverains de Byzance, mais e'Ies bleaux montent jusqu'à la voûte, qui est
ont été en partie effacées par les Turcs. elte-méme couverte de figures. Au-des-
Le dallage est sans contredit le plus sous des taUeauz sont des portraits de
beau spécimen de marqueterie byzan- saints debout et portant leurs noms et
tine qui existe. 11 est composé de'mar- leurs attrihtits. Une ligne de médaillons
bres précieux de différentes couleurs couronne toutes ces ligures.
fonnant une série de médaillons réunis Le mur du porehe ralsant office d'I-
par des entrelacs, sur on fond en mo- conostase, en avnnt de chapelle, est
In
saïque. décoré de six grandes ligures debout.
A droite et à gauche de Téglise sont Trois représentent la Vierge , le Clirist
deux portiques extérieurs formant une et saint Jean ; trois autras appellent par-
triple arcatore dans le tympan de la- ticulièrement l'attention par les inscrip-
quelle sont de< sujets de l' Ancien Testa- tions qui les accompagnent. Ce sont les
ment; au sommet du grand arc est J>ortraits d'Alexis III Comnène, de sa
soilpté Paigle byzantin à une seule téle. emme Théodore et de sa mère Irène.
Nous devons nous arrêter ici dans la des- Ces peintures sont noiNies par la tumée
cription de cette église, qui pour être d(>s lampes et des cierges, mnis on peut
complète devrait être accompagnée de avec de 1 attention reconnaître le bril-
plans. A quelque distance en avant du lant costume des prinees de Trébizonde.
rjorche s'élève un clocher quarré, dans La figure du milieu, l'empereur A lexiSi

'intérieur duquel sont de nom! rciix ta- est coiffée de la tiare et porte le sceptre.
bleaux peints fresque et très-bien con-
;t 1/inscription peinte sur le mur ne
serves, représentant des sujets reli- permet pas de douter du nom du per-
gieux. sonnage; on lit en caractères grecs :
Aucune inscription ne fait ronnnître Alexis croyant en Jésus ('hrist, roi et
à quel prince est due la coiLstruct;on de empereur de toute TAnaiolie, le grand
cette église ; mais la comparaison des Comnène.
peintures avee eeUes <|u*on observe dans A sa droite est la figure d'une prin-
un couvent situé dans lu montagne au cesse coiffée d'un diadème encore en
sud de In ville permet d'aflirmer que usage chez les princesse russes et qu'on
Sainte-Sophie a ete construite par appelle kacochnik ; elle porte entre les
Alexis III. Les peintures de la tour mains un édifice qui parait la désigner
sont du premier quart du i|ttinzième comme la véritaMefondatrice dumonas-
siéele. tère. Son costume est de la plus grande
richesse; on lit à côté l'inscription sui-
CHAPITRE XI. vante: Irène, par ta grâce de Dieu, mère
de l'aigle très-pieux roi et seigneur,
KtZLAB MOHASmi. Alexis le grand Comnène.
A la gauche du prince est un autre
Le couvent de la Mère de Dieu, Pa- I)ortrait de femme |)ortant d'une main
naghia Théotoeos est éloigne d'environ e sceptre et de Pautre un disque. Ste
quntre kilomètres de Tr«''hizonde; il est coiffure et son costume ne .sont pas
b^ti dans renfoncement d'une vallée moins riches que ceux d'Irène. L'ina-

Digitized by Google
cription placée près de la figure est ainsi menseconcoursd'bommeseUlefeinfflet,
conçue Tliéodora, par la grAre de
; sans parler de ceux qui venaient en tout
i)ieu, très-pii'use uiaitre&se et impéra- temps pour accomplir des vœux et pour
triée de foute TAnatoUe. ofTnr des sacrifices à la déesse.
Os soat peat-éire un peu am-
titres II
y avait dans la ville un grand non-
Ititieuxcjuand on 'jMînse â quelle étendue bre de courtisanes dont la plupart ap-
,

se boruait cet empire, mais ces tableaux partenaienl au temple,


prouvent qu*à cette époque les arts Les desservants du temple, qui por-
étaient encore en faveur clans cette li- taientlenomdehièrodulet^denieorMent
mite estrême de Tempire d'Orient. dans la ville ; leur condition était celle
de serfs sacrés. Le grand pontife avait
CUAt*iXiifc^ Xil. un pouvoir absolu; niais il lui
était interdit de les vendre. Ils étaient
LS8 obauds SANCTUAiBES d'aisaîtis au nombre de six mille, et Pompée avait
DiNS LB BOYAUME DE PQXT — dooné la prétriso à Archélaûs; son fils
coMAMA. — 3t£LÀ. — pxEjuiiM.. hérita de la même dignité, et le succes-
seur de ce dernier tut Lycomède, au
Le nom de Comana est un souvenir possenions duquel on ajouta un ter-
du s^^jour d'Oreste en Asie Mineure; rain de quatre schoenes. Les rois de
ce héros ayant dédié uu temple à Diane Pont étaient maîtres du territoire de
Taurique y consacra sa chevelure (coma) Comaua ; mais la dignité du graud pré-
et la ville fot appelée Comana. Cette tre égalait celle du prince, ctlorsqa'ii
légende grecque est conforme n toute paraissait en public sa tête était orm
cette histoire apocryphe d'Asie écrite du diadème. Mithridate souleva toute

par les Grecs, il est certain que les cen- cette population fanatique contre le pou-
tres reUgie«i du royaume -de Pont et foir des RooMins. Dorylaus, parent de
de la Cappadoce, dans lesquels il était Strabon rhistorien et fils de Phil<etfrc,
rendu un culte à la déesse Auaïtis, exis* avait été élevé par Mithridate à la prêtrise
taient avant qu'aucun Grec eût paru du temple deComana. 11 conçut le projet
en Asie MineHre. Koua ignorons quels de faire passer lerojraumede Pontieui
noms portaient ces villes du temps de le pouvoir des Romains; mais cette ten-
Tempire assvrien la dénomination
, tative lui fut fatale. Le ^rand-pere ma-
gncque ayant prévalu. ternel de Strabon, voyant que les aftaires
Gomana de Pont, était située sur le du rot allaient mal dans guerre qu il
la
bord de l*lris ; si Ton en croit les tradi- soutenait contre Lueallus, voulut >eo-
fions romaines, elle aurait été fondée ger la mort de ses parents, que Mitnri-
avant la Comana de Cappadoce (l). date avait tous fait périr avec LucuUus;
Procope, qui a visité les deux villes d'A- mais Pompée refusa de reconnrftre sa*
aie, a*éloniie de la ressemblance au'il a cune convention faite par les AsiatiqiM*
trouvée entre elles Tune et 1 autre
: avec ce général, et le grand-père de Strt*
sont adossées à une montagne; celle de bon eu fut quitte pour ses frais de
Cappadoce est près du Sarus, et celle trahisou (l).
de Pont près de l'Iris. La ména divi-
nité, Vénus-Uranie ou Anaïtis, était CHAPITRE XIII.
adorée dans les deux sanctuaires, et
tout ce qui regardait les sacrifices, ainsi i,b culte d'anaitis.
foe la maniafe de rendre les oradea, » . .

était identique dans les deux pays. Bérose,dans le troisième


'"^'^''^f;
erse
Du temps de Strabon Comana de toire des Chaldécns, dit que.lcs 1
U;^., .•« A ima #>Arrain*^nrtniit> avaiprit comment'

des panéevrips, qui s'appelaient hs .vor- d'Ochus, avait importé pour la prejw
^
rieAcfcterfccwe.etquiaUiraientuuim- fois la statue d'Aphrodite Anaiu»

(0 PraMpc^ bell. Pers., i, t^, (i) Suaboo, iM.» SSf.

Oigjtized by GoQglé
ASIE MINEQRE.
Babylooe , Sihk et EcbalîiMit à Damas de Byzance confirme ce Xait au mot Zéla,
et à Sardes (nos doute à Bypxpa), Vy ville d'Arménie G*est, dit il. un lieu
avnit consacrée et avait enspigné aux où se célébrèrent les sacées eu l'honneur
Perses et aux Bactriens à lui rendre des d'Auaiiis II y a, ajoute-t-il, une se-
honneurs. Polybe meotiouoe en deux conde Zela dans le royaume de Poat.
endroits des sanctuaires des Perses jet Cestsam doute la même ville : les autres
ensuite un temple d*Artémis daiM r£^i auteurs ne font mention que de la der*
lymaïs (1). nière. Strabon dit positivement que Zela
Autiocbus, obligé de payer aux Ho- dans le pays de Pont est bâtie suc la
mains une indemnité de guerre, avait lei^deSéniiramis : on y voitiu teasple
tenté de pilier le temple d*Élymais; d*Aoaïtis, divinité également adorée
mais les nabitanis n'ayant pas voulu par les Arméniens (1). Le temple de
&uul(rir cet outrage, il était retourne Bellone a Comaaa était au&si nommé
en Perse et y mourut dans un état' de temple de Ma ; le culte de cette dernière
folie, causé, cfisait-on, pa r son impiété (3) déease était semblable à celui de Diane
Au moment de l'arrivée d'Antiochus Tauropole. Les cérémonies pratiquées
le tcuiple d'Aine avait des colonnes dans les teniples d'Anaïtis consistaient
dorées ; les» tuiles etateut d argent; il Ul dans la combustion du ieu sacré sur des
enlever le tout et le fit passer dans le autels appelés pyrées ou pyraethées, (A
trésor royal : la somme ne se monta paa les mages entretenaient un feu iuextin>
à moins de quatre mille talents. guiblo. Pausanias rni*onte comment un
Isidore de Charax mentionne dans mage allumait des. menues branches sur
la métropole de la Médie un temple un eutel eane le leeeais apparent du
d'Anaîtis avec un trésor; le même géo- feu (3). Les mages portaient une tiare
graphe signale dans ses Stathrni Partiiici de feutre dont les oreilles descendaient
lin autre emplacement du temple d'A- des deux côtés de manière à leur couvrir
naîtis à Concobar, Kangnevar, près de les lèvres.
Hamadan, ville de la Méidie supérieure. Les grandes fiâtes consistaient en
Strabon atteste que le culte de la divi- processions dans lesquelles on prome*
.

nité médo-perse d'Anaïtis s'étendait naît les statues des dieux An.iïiis et
aussi dans 1 Asie occidentale, dau& l'Ar- Omanus. 6trahou (3j euipioie pour de-
ménie et la Canpadoee. llisapperle ^m signer ees atatoes le ael. Aoenon qui
lesSaces ayant tait une irruption dans le signifie une figure de bois. Les médailles
^ys (3j furent attaqués (Kir les généraux de Per^a en Panqdiylie où était un
Perses, et exterminés, lùa souvenir de grand sanctuaire d'Artemis pergeenne
cette victoire, les Pane» apfès avoir iwvéeentiBt dai». nn temple à sii
accumolé des terres, mÊimt^wtê roche, coloiMe la figuBe de la déesM «oue la
y formèrent comme une colline qu'ils forme d'un cone c'est-à-dire SOUS la
,

entourèrent de murs; ils élevèrent deux uièuie forme c^ue la Vénus dePaphos.
temples, un a la déesse Aualtis, Tautre
1 Toutes ces divinités s'incarnaient les
aux divinités pecsas OmiBiis et ABaa<« unes dans les autres aux yeux de pepu-
(laie, qui partagent ses autels. Les pos- tions qui étaient livrées à toutes tel
sesseurs de Zela célébraient encore du jongleries des mages, fanatiques et dee
temps de Sirabon une féte oommémo- pontifes absolus. •

rétive qui avait M«i daai.tmu les ism* Au pied du mont Tauras et nou
tuaires d*Anaïtis. Zélé A*était alors loin de Comana de Cappadoce, étaient
qu'une bourgade, peuplée presque uni- les bourgs de Castabala et de Cvbistra :
quement par les desservants du temple. dans le premier était le temple d'Ar-
Celte mdillanpeoave que leeulted'A* tenîe Peiaala« c'est-à-dire apportée
nàitis eiiataât afittUrCycis, qvûl était na- deleia; c'était la même divinité que l'A-
tifinr^l dansie pays,etquece priiicp n*afait des Arméniens elle avait ^té .

qu lOsUtuer une nouvelle féte. Ètieune


(i) Sirabon, XII, 535.
( t) Polyb«, XXXf, a. (a) Païutntas, liv. V, cliap. 3^. — Voves
'
(a) Josi'plie, Ânt.jitd., XD»<9-t, pge 348.
(i) Sli-aboo, XII, pud. a. ^ (3) Smbon, iÎT. XV, 733.

Digitized by Google
M L'Um
apportée par Oreste en Asie Mineure, eulés jusqu'à celui de Justioien, qui
le culte M
répandit ensuite en Lydie et transforma en églisea les temples de
en Cappadoce, c'eat-à-dire enfin, que l'A- Gomana.
naîiis, Ve nus-U renie , Mylitta, Delione, La première statue ne date (jue du
Diane et Ma n'étaient qu'une seule et temps des Grecs. Arlaxerce n'a rien in-
même divinité incarnée sous différents nové ; tous les dieux de rAsieantérieufe
noms suivant le ^énie ou le fanatifme étaient chan^és par les Grecs. Belus
des peuples qui Paoceptaient. devint Zeus, Sandane, Hercule, et Anaï-
La figure d'Anaïtis, transformée en tis Aphrodite ou Artémis.
Diane , rot représentée ioas forme hu- Cette dernière divinité fut particu-
maine; c*était, selon Pline (I), la plue lièrement honorée par les Mèdes; aussi
ancienne statue connue. • La plus an- c'est dans les lieux de leur domination
cienne statue d'or massif sans aucun aie soutgroupés les plus nombreux et les
creux et mtérleoie à toutes celiee du . us oél^yres sanctuaires. La ville de
même genre en airain qu'on nomme Pterium, leur capitale dans l'Asie occi-
t bolosphyrates a été celle du temple dentale, nous fait voir encore les ruine.s
d'Anaïtis t statue qui était en grande importantes d'un vaste cdilice religieux
fénération parmi ces peuples »; elle fut et des bas-reliefs d'une haute antiquité
kriaée, et un soldat eut une cuisse pour retracent des scènes et des emblèmes
saprt. Avec une parceliedeson butin, il religieux qui ont des rapports Certains
ofrrit un festin à TciTipereur Auguste avec ces Mythes archaïques.
dans la ville de iiouiogne (2). Cette
Statue fut iirisée dans l*une des années CHAPITRE XIV.
35 à 31 avant J.-C; elle avait été dédiée
par Artaxerxe MemnoD ; elle était âgée VILLES DU PONT POLÉMONIAQDB :
de trois cents ans. TOCAT. —
OUMEIIBK. COMARA.—
Plutarque dans la vie de Lueullus
nous apprend que certains temples de Les géoiy;raphes qui ont identifié la
Diane entretenaient des troupeaux de villemoderne de Tocat avec l'ancienne
vaches sacrées qui portaient à l'epaule Gomana Pontica, d'après les distances
le signe d*un flambeau; était-ce pour données par les itinéraires, n'ont pour
rappeler que cette divinité est la même ainsi dire commis aucune erreur, car
qu'Artemis Men ou Lunus? On ne doit les ruines de cette antique cité se re-
donc pas s'étonner de voir des (itiures connaissent au village de Geuu)rnek
de vache dans les has-relieb qui rap- situé à six kilomètres à Test de Tocat,
pellent le culte d'Anaîtis. Pausanias (8) on peut même y retrouver les vestiges de
parle d'Arténiis Diane Taurique ou
. Tancien nom de Gomana. Cette ville est
Anaïtis. Les C.ippadoeiens et les peuples située sur le fleuve Iris, aujourd'hui To-
du Pont se disputaient l'honneur d'avoir cat sou, ou, pour mieux dire, Vechii
ehes eux la statue originale. irmak , le fleuve vert, nom donné à l'Iris
Les Athéniens croyaient quelesMèdes dans l'ensemble de son parcours 1 ).
Pavaient transportée de Braura à Suse, On aperçoit au bora df» la rivière
et qu'ensuite les habitants de Laodicée, quelques débris de ruines helléniques,
de Sjrrie Tavaient re^
en présent du Ms fragments d'arehiteeture et dea
roi Séleueus. frises de marine enclavées dans les
C'est sans doute ce trophée qui murailles des maisons, un édifice plus
transporte en Perse, a donné au roi considérable bâti de briques et de moel-
Artaxerxe l'idée de consacrer une statue lons s'élève au-desausdes autres ruinée,
à la déesse Anaïtis, qui primitivement et est composé ,d'un certain nombre de
était adorée sous la forme d'un cône. salles voûtées. Cet édifice paraît être
Le culte de cette déesse a été pratiqué d'une époque assez récente. Au pied de la
eu Asie depuis les temps les plus re- colline est un pont romain dont lemiheu
est rompu et réparé avec des solives, les
(i) Pline, XXXIII, 94.
(a) Id., il). ()
Voy. Kerporlcr, Traf^fr, si i , 701» to*
I

(3) FauïauiaSflII, i6. cocke, Voyages.

Digitized by Google
ASIK MINEURE. «01

araito eiHées tout encore en bon état, lui donnaient le nom de Jevtogia on
e*oit tout ce qui roite de ce célèbre Eudoxia. Les chrétiens avaient aban*
sanctuaire de Comana; mais sa position donné l'antique Comana, célchre par un
est bien indiquée par Strabon comme culte oui leur était odieux de tous les
;

étant au-dessus de la plaine de Phana- dieux au paganisme la divinité de Vénus


itea dans la fertile plaine arroaée par était celle qui était le plus en horreur
riris. aux chrétiens à «Musedes cérémonies li-
A un kilotnètre et demi à l'ouest cencieuses dont elle était l'objet (1).
de Guenienek est un énorme bloc de Les Pères de l'^^lisc, etsurtout Kusèbe,
marbre cubant environ deni mètrea prêchaient dans leurs écrits la destruc-
1^ paraît détaché de la montMne voi- tion de ces sanctuaires mal famés, et
slnp et a été excavé pour en wire un Comana passait pour une petite Co-
doubh tombeau. La façade représente riuthe. 11 n'est pas ètounant que les
la grossière image d*an temple : il a été ebrétiens aient abandonné cette ville
décrit rapidement par Tavernieret plus maudite pour a lier s'établir dans un lieu
m détail par M. Hamilton (I); un des- vierge de traditions païennes. Tocat,
sin |)otirrnit seul faire coDuaitre u quelle comme nous l'avons dit, est à une très-
cpo(|ue il appartient; les chrétiens dn petite distance de Comana : il est pro*
paya disent quMIaervit de retraite à saint oable que les matériaux des édifices an-
Chrysoston». Les collines voisines sont tiques ont servi à b.ltirla ville nouvelle.
composées de pierre calcaire comme Dans les premiers tem[)s de lUnpire
toute cette chaîne centrale. byzantin elle paraît avoir conservé son
On passe l'Iris et Ton franchit un col nom primitif, caries notices ecclésiasti-
()our gagner la vallée dans laquelle est ques mentionnent Comana comme un
située Tocat. siège épiscopal.
Il n> a pas de ville plus extraordinaire Tocat est le urand entrepôt des mines
s'écriait Pococke, lorsque pour la pre- de cuivre deKeoan Maden : le métal est
mière fois il aperçut Tocat. Ses maisons transporté brut dans cette ville pour être
rouvertes en tuiles dans un pays où tou- raffiné ; un grand nombre d'habitants se
tes les toitures sont en terrasses lui livrent à la fabrication des ustensiles
donnent de loin T aspect d'une ville de enivre, chaudrons, braseros et vasea
européenne. de cuisine et de caravane : ils exportent
Deux hautes rnontagnes couronnées jusqu'à Constantinople.
par d'antiques châteaux douiieutau pro- Au nord-est de la ville il y a un pont
fil du paysage un aspect étrange : la de cinq arches jeté sur l*lfis, mais il
villa s'etènd sur la croupe de ces ro* est rare qu'on en fasse usage, la rivière
cliers et dans la vallée (jni les sépare; est toujours gnéable, excepté dans les
toutes les maisons sout bâties en bri- grandes pluies d'hiver. Dans toute cette
ques crues, mélange de terre «t de paille vallée de l'iris, dont saint Basile a fait un
bâchée, sur uu terrain où la pierre cal- si riant tableau, l'abondance des eaux
caire abotifle -.n'est-ce pas une preuve de entretient une fertilité admirable. Les
plus que les habitants se contorment a arbres fruitiers, qui se trouvent là dans
un usage établi dans ces coutrées de leur pays natal, les abricots, les pèches et
tonte antiquité, mais c'est là que se bor- surtout les poires, embellissent des jar«
nent les avanta^tes de Tocat entrez dans
:
dinsqui forment un magnifique cadre à
la ville vous voyez uu dédale de rues
. la ville. Les raisins de tonte sorte abon-
étroites et mal ténues ; quelques nios- dent, mais la fabrication du vin laisse
aées avec leurs minarets sont les seuls beaneoon à désirer, fl est douteux qu'il
liées qui attirent les resaids; les deux ait satisfait le palais des volnptoeux ha-
ch.lteaux qui couronnent les montagnes bitants de Tantique Comana.
sont du moyen âge el complètement
abandonnés. (i) Strabon, XI! , 55^.
La fondation de Tocat ne remonte paa
M delà du moyen âge : ks Arméaiens

(i) Hamilloo, t. i,p. iSo.

Digitized by Google
«?3
CHAPITRE XV. petite Arménie etdans le Pont. Gazioura
était une ancienue ré>idciice des ri '!s de
, TUBKAL. — GAZIOURA. — ZELA. Pont; toutes ces forteresses fment
démolies par Pompée , i^ui trauslorma
L*Iris, prenant sa souroe dans les le pays en fondant des villes nouvelles,
montagnes du Pont, trnverse la ville et du temps de Strabon le château de
de Coinaua v\ l-i lertile plaine de Daxi- Gazioura n'était déjà plus qu'une ruine.
uiouitis de Te^t a l'oueîit, tourne veriî Ksilà keui| le village du château a six
le nord près de Gazioura, ancienne r^i* kilomètres à l'est d'Amasia, est remar*
dem e des rois, mais au jourd'hui déserte, quable par quelques firottes sépulcra-
retourne encore une {"ois vers l'orient, les qui ont deju été vues par plusieurs
reçoit les eaux du lleuve Scyla.x, TcUo- explorateurs, mais qui n'ont pa<- encore
terlek sou, et plusieurs autres rivières, été décrites. M. Barth (l^atentj vaine-
et passant le long des murs d'Amasie il ment une ascension, mais pour arriver
entre dans la Plianarœa ; là, joiut par au niveau des monuments il lui aurait
le Lycus, qui vient de rAjrménie, il tra- fallu une échelle et des cordes, les ha-
verse la plaine de Tfaémiscyre pour al- bita uts eux^mémesneparaissentpascon-
ler se jeter dans le Pont-Euxiu (!}. (>ette uaître de chemin pour y arriver. On
description de Strabon est tout à fait commence à gravir les rochers avec
eon tonne à la topographie actuelle et beaucoup de peine eu s'accrochant aux
permet de déterminer d'une manière buissons et aux aspérités du rocher ;
positive les sites de Gazioura au village les monuments sont à cent mètres
de Turkal situé au coud»» de l'Iris et
, environ au-dessus du sol de la vallée;
bâti au pied d'un haute montagne iso- mais arrive aux deux tiers de la route le
lée et roeneuse couronnée par un ebflleau rocher devient aplani et glissant, et
fort. Ton ne peut aller plus loin. Ces cham-
Turkal est un bourj; de deux ou bres sépulcrales sont au nombre de
trois cents maisons situé à quarante- trois ; d aprcs l'esquisse qu'en a don-
huit kilomètres à l*ouest de Tocat, née M. Barth, elles n*ont aucun orne-
dans la plaine de Kaz ova si, la plaine ment d'architecture, et se rapprochent
des oies, et entourée de jardins et de ver- par leur simplicité des tombes d'AoUH
gers : la monts^ne voisine lurme uu pic sie qu'on appelle tombes royales.
isolé de cent cinquante mètres de haut Zéla est a vingt-quatre kilomètres à
et d*un accès dilncile. l'ouest de Turkal; on passe l'Iris sur un
La plupart des constructions du pont de bois et l'on traverse la plaine
château datent du moyeu âge. 11 y a de Daximonitis, séparée de celle de Zela
cependant Quelques parties (]ui portent par un col peu élevé. La ville moderne
le cachet d*uue haute antiouité. Les de Zileh est bâtie au pied d'un mooti*
montants des portes comme les archi- cule conique; elle contient environ deux
traves sont faits d'une seule pierre, mille maisons turquett et cent cinquante
il y a de plus dans Tenceinte des uiu- arméniennes; les maisons, comme
raiilles un souterrain quidescend dans le celles de Tocat^aont couvertes en tuiles.
centre de la montagne. L'entrée est as- T.es habitants cultivent principalentcnt
sei praticable, mais à mesure qu'on le coton dans leurs vastes plaines et ont
avance dans ce couloir dont la pente quelques métiers qui fournissent des
est rapide, le sol devient si rocaitlens tHsus à la population des environs. Il se
3u*ii est impossible de descendre plus tient chaque année un grand marché
'une cinquantaine de pas (2). Cet ou- qui réunit, selon M. Ainsworth, qua-
vrage paraitétre une de ces galeries tail- rante ou cinquante mille visiteurs, cela
lées dans le roc, pratiquées par ordre rappelle les grandes foires religieuiss
de Mithridate dans les châteaux où il on pancgyries qui avalant lieu nutmir
cachait ses trésors, châteaux qui sont des îeninles d'Anaïlis.
au nombre de soixante- quinze dans la A u milieu de la ville s'eleve la montagne
quecouronnele obâieaiiel^doiiiiiia Ict
(i) Strabon, XII, 54?.
(a) Hamilloo, Htttareàês, 1. 1, 359* <i) AeiM, p. aS.

Digitized by Google
603
munriUes soat
\ii>léeigiivigniÉiiife», les lion seule des lieux fait comprendre tout
ipndernes on observe seulement quel- r.ivautàge de.U position des troupes
ques débris d'architraves et de corni- romaines. ,

ches, maisriea qui porte le caciiet d'uue Cette action s'étant passée hors de
haut» aitiquité. Au milieu de la ville la ville, n'a donné à Thistorlen aucune

ily n une lontnine qui s'épaiicUe dans occasion d'entrer dans quelques dé-
un lar^îe bassin de pierre d'ancienne tails sur les monuments célèbres; nous
coostruction. Les habitants iguorent où ignorons aujourd'hui où était situé
est la source ; ils prétendeot qtie dans le temple d*Anaîtis; il est probable
rintérieur du château se trouve une ^u'il a eu le même sort que tous les
galerie souterraine qui conduit du som- édifices du même j^enre il a été;ruiné
met jusQu'a la source. M. Uamiitou jusqu'au sol parles chrétiens. Le gou-
pense qii elle est alimentée jptr un ruia> vemement ou Tadroinistration de ce
seau qui coule près de la vule et dont sanctuaire ne différait pas de celui de
les eaux filtrées dans un terrain sablon- Comana : le pontife suprême avait un
ueux viennent ressortir au pied du pouvoir royal, et Zcla était considérée,
montieiile. non pas comme uneirille sous la dépen-
Ziieh , Pantique Zéla , était un des dance des rois, mais comme un temple
centres les plus eele!)res du culte d'A- consacré aux dieux persiques et gou-
uaïtis. vStrabon dit que cette ville fut vernée par le ponlile même.
liâtie sur un tertre élevé par Seniira- Zéla était le chef-lieu de la région
mis (1). Hinnis (3), oui parle de Zéla Zélitide ; c'est Pompée qui lui donna le
lonjjtemps avant Slrabon, n'est pas du titre de ville et y joignit n!usi<"nrs autres
inf'Mie avis. «Zél;!, viMe aussi forte qu'elle cantons; tout ce pays devint plus tard
peut 1 être dans uue plaine, car ellee&t l'apanage de la ruue Pythoduns.
située sur un tertre natun^ qui paratt
un ouvrage de Tart et qui sert à sou* GBUiPlTRE XVI.
tenir les murailles de toutes parts ».
Les environs de Zéla sont célèbres AH ASIE.
par deux batailles dans lesquelles les ar-
lées romaines furent tour à tour vain* Amasieest une des plus anciennes
eues et triomphantes la première eut
: villes du royaume de Pont; elle appar-
lieu entre Mithridate, Kupalor et Tria- tintd'abprd «i la Cappadoce, et formait
rius, lieutenant de Lucullus; la seconde une partie de la troisième satrapie sous
doima lieu à CSésar, vainqueur de Phar- Darius Hystaspe. Les anciens auteurs ne
nare , d'écrire cette célèbre missive : nous donnt'nt aucun détail sur son ori-
Je suis venu , j'ai vu, j'ai vaincu. Le gine, elle devint capitale d'un royaume
champ de bataille ou cul lieu cette ac- a la chute de l'empire de Perse.
tion mémorable, si hkm déerite par Hir- Les princes de la dynastie de Mithri-
tius 'n). se trouve dans un vallon si- date Ctistès y faisaient leur résidence;
tué a huit kilomètres nu nord-ouest de elle snl)it le sort connnun à tontes les vil-
Zéia. On reconuait sans peine la colline les de la contrée lorsque les Uomaius dé-
on était eampé le roi du Bosphore; la clarèrent à Mithridate Eupator une
colline plus haute séparée par un vallon guerre sans merci ; elle tomba entre les
de (fuinze cents mètres est celle où mains de Pom|>ée qui rasa les murailles
César établit son camp. L'anuc" de de l'Acropole en même temps qu'il faisait
Pbamaoe, en voulant attaquer (^ésar, détrunretous les forts que ce prince avait
fut obligée de descendre le monticule fiiit construire sur leS rochers les plus

u'elle ocfupait, de traverser la vallée et inaccessibles. Lorsque le Pont fut ré-


3 e remonter sur laquelle les
la colline duit eu province , Amasie ne perdit pas
troupes de César étaient occupées à son titre de capitale de Pont; elle porta
oNoser leurs retrandiMMiits. Uinspeo- sur ses monnaies le titre de métropole.
Grâce à son heureuse situation comme
(i) Sirabou, XII, SSg. place (le transit et a la fertilité de son
(a) Hirtius, BeU. Âtex in Anr, territoire, elle ne cessa de jouir d'une
(3)id.,fM ... certaine prospérité, taudis que toutes les

uiyiiizûd by Google
604 LUNIVËRS
autres places fortes étaient abandonnées plus ancien, encore moins à quel par-
et leiirnom oublié. Sous icsComiiènes de sonnage il o été consncré un seul porte
:

Trébizoode, Amasie devint une de« prin- une inscription c'est le tombeau d un
;

cipnles villes de oe royaume , et comme grand prêtre, peut-être d*un de ces poo-
en butte aux premières attaques
telle fut tifes oui exerçaient on pouvcrfr ^1 à
des émirs musulmans ; elle fut arrachée celui aes ruis.
aux Grecs par les princes de la dynas- Dans l'impossibilité où Ton est d'éta-
tie do Danischmend qui la donnèrent bliruu ordre chronologique dans les
ensuite aux Seldjoukides. Le sultan monuments d*Amasic, nous nous bor*
Ala Eddyn KeïKobad, qui la possédait nerons à leur description niatérieile. pn
au commencement du treizième siècle, maintenant cet aveu de riinpinssance
V fit construire des mosquées et des où Ton est aujourd'hui de dire si ces
^oles qui sont encore l'ornement de la monuments sont antérieurs ou posté-
ville A la chute du pouvoir des Seld- rieurs au siècle d'Alexandre,
joukides, Amasie tomba sous relui des Ainasie est située dans une vallée
O&manlis; sous le re^ne du sultan longue et profonde , traversée par l'Iris.
Bayazid, cette ville fut assiégée par Ti- Une montagne à double sommet, q«i
mour, alors vainqueur du sultan des domine le cours du fleuve, est couronnée
Turcs, la citadelle résista peudant sept par une Acropole à laquelle viennent se
mci^s, mais le pays d'alentour fut ravagé, rattacher les murailles d'enceinte ; elles
les habitants des campagnes massacrés, descendent dans la vallée, suivent le
Ce n*est pas la dernière attaque sérieuse contour de l'Iris, et remontent la pente
que cette ville ait eu à repousser; en de la montagne pour aller se rattacher
1472, l'armée de Uzun Hassan, schah au second sommet; de distance endis-
de Perse, 8*était emparée de Tocat, et s'a- tsnceelles sont défendues par destouit.
vançait sur Amasie, lorsque Mustapha, L'enceinte de la ville comprend les pa-
fils do Mahomet 11, qui commandait la lais et les tombeaux des rois. Les deux
place, marcha contre l'armée persane, sommets ont de chaque côté une gorge
et la mit en déroute dans les plaines de fort étroite, et, dit SUrsbon, haute de
la Cappadoee. Sélim I"', sultan des six ou sept stades, soit onze à treize
Turcs, naquit à Amasie, et fonda des cents mètres, par laquelle on monte
écoles d'où sortirent plusieurs savants, en venant des bords du Ueuve et des
Aujourd'hui, comme place de transit fanbourgsdelaville. De cette gorge aux
entre la Perse et les ports de la Mer sommets reste encore un stade , cent
Noire, cette ville jouit encore d'une cer- quatre-vincl-einq mètres à monter, par
laine prospérité, son climat est un des uu chemin si roide qu'il est impossible
plus sains et des plus agréables de la à auetme force de le franchir.
contrée.
De toutes les {l<'srriptions du site conduits taillés dans le roo le premier
:

d'Amasie, c'est toujours celle de Stra- le long du fleuve , le siM oud dans le de-
bon qui est la plus complète et la plus filé.Leflenveest traverse |>ar deux ponts,
tntellicible. On peut entrer dans quçl- Tun conduit de la ville au fiiubourg;
ques détails sur les mines (pii existent l'antre du faubourg dans la campagne,
encore, mais elles sont muettes pour C'est à ce pont que iinit la montagne
l'archéologue; le caractère simple et située au-dessus de la Roche (I).
sévère de ces monuments ne porte
avec lui le cachet d'aucune époque LA TIILB MODBIRB.
délprmint'îe; il n'y a pas un seul orne-
ment, pas une moulure qui permette La plaine de Turkal est séparée par
d'établir une iMse de comparaison. On une haute chaîne de montagnes ro-
'répète avec Strabon « ce sont les tom- chetises qui déterminait la frontière
beaux des mais de quels princes?
rois », entre le Pont palatique et le l'out can-
est-ce la dynastie des ruis de Pont, qui a padocien. La route traverse un deûlé
duré depuis Pan 806 jusqu'en l'an 64 dont l'entrée n'a pat vingt mètreide br-
avant notre ère? Dans les monuments qui
subsistent, on ne sauraitdire quel est le (0 sirabon, xu, 56i.

Digitized by Google
ASm MINEURE.
geur et qui est dominé de part et d'autre CtiilPlTRE XVIl.
ër deux hautes murailles de rochers.
I
passage ou derbend pafatt avoir L'ACIOVOLB R LBS lOMBBâmt DIS
^rgi de main dMiomme. Il est sppnré BOIS.
par une petite plaine d'un second déGlé
ou plutôt d'une déchirure entre les ro- La ville moderne occupe exactement
ehen, dans laauelle la roote s*eDgage. l'emplacement de l'ancienne Amasie;
Les flancs de la montagne sont si rap- elle est complètement enveloppée, du
prochés qu'on aperçoit a peine le ciel. côté du nord, par le rocher de l'Acro-
iJn cours d'eau rapide descend eu pole, dans les flancs duquel sont creu-
boaillooDantdes vallées supérieiirea et séi les tombeaux des rois, visibles de
va se jeter dans l'Iris. En sortant du tous les quartiers de la ville et disposés
délîlé on arrive dans la plaine d'Ama- à peu près comme ceux de Persépolis
ste , (]ui présente aux regards le plus au-dessus du palais.
magnilique tableaa. La ville, dominée Le chemin qui conduit à la citadelle
par les hauts rochers de l'Aoropole, pa- traverse l'Iris sur un pont de pierre
raît ptifflmitie sous la verdure de ses d'antique construction, l'un de ceux
immenses jardins. rivière du défilé, une Strabon mentionne. La largeur de
divisée en plusieurs caoanx, va porter I Iris est d'environ cinquante mètres «

partout l'abondance et la fertilité. Des de nombreux fragments d'architecture


restes d'aqueduc, que l'on peut suivre sont encastrés dans les murs des
pendant plusieurs kilomètres, indiquent quais ; à partir de la porte de la ville,
qu'anciennement eelle eau était portée la route contourne le rocher de l'Acro-
jusqu'à la ville. Une Iég;ende populaire pole en formant plusieurs lacets c'est
,

en attribue la fondation n un prétendant sans doute en calculant cette uente que


amoureux de la fille d'un prince d'A- Strabon estime la hauteur de 1 Acropole
roatie; c^est depuit ee temps que la à sept stades. Les premières muraillea
montagne del'Acropole s'appelle rerhad que l'on rencontre sont rasées presque
daah. au niveau du sol on peut cependant
;

La ville est bâtie dans la partie la suivre la ligne de circonvallation et


plus étroite de la vallée, et forme un reeonnattre m bases des tours.
oontraste frappant entre la luxuriante Trois tombes sont excavées à mi-côte
végétation de la vallée et l'aride et sé- dans la partie nord de la montagne ; il
vère nature de la montagne, dont les y en a deux autres au sud.
réeHeot les tombeaux des rolt.
lianes En eoDtinuant de monter, on arrive
Amasie n'est pas seulement intéressante à un passage taillé dans le roc, dont la
ptirces vénérables restes d'antiquité, de longueur est de six ou huit mètres; là
tout temps elle a conservé sou prestiKe se trouvait le premier obstacle, consis-
de vHle royale, et les monuroentsdes^ tant dans une grille dont les scelle-
arabe qui existent eneore prouvent que ments se voient encore dans le rocher.
dans le moyen âge elle conserva une En sortant de ce couloir obscur, on ar-
certaine iliustratiou. La ville nioderoe rive sur une étroite plate-forme qui u'a
n^ett pourtant pas en harmonie avec pas plus de deui mètres de large ^et
oelte splendeur passée : des rues étroites toute taillée dans le roc. Sur le côté
et à peine pavées, des maisons élevées voisin du précipice, on a ménagé un pa-
avec des avaut-corps qui interceptent la rapet dans la roche même , et l'ou a eu-
lumière, offrent l'aspect le moins sédui- tafllé des marches dans les parties les
sant. Les priueipaux habitants n'y font plus rapides de la montagne.
qu'une résidence passagère; ils demeu- La première tombe est à vingt mètres
rant de préférence dans les maisons environ de cette première montée-, c'est
de eampagne éparses sur les collines une simple eieavation de la profondeur
envlrooaantas, au milien des jardins. de cinq à six mètres et de cmq mètres
de haut, à laquelle on arrive par quel-
ques marches pratiquées au bas d'une
plate^brme. Uinlérieur du tombeau
consiste dans une chambre voûtée,

Digitized by Google
LiHfnnBRfl.

aucun ornement avec remplace- craies à fabri de toute humidité el de


ment nécMnim pour y mettre un mr- toute infiltration de la rocbe.
c»phage. Devant la porte on remarque T'n d(s tombeaux du scrrmd croupe
dans le rocher des trous qui retenaient porte sur s;i façade plusieurs ran*çées
sans doute une grille pour protéger le de trous carrés évidemment destinés à
nomuncnt. retenir dea plaques de marbre ou de
Un second tombeau semblable est métal.
creusé à vingt mètres environ du pre- Loin de la ville et sur la rive gauche
mier \ il est sans ornement et ne diifère de riris s'élève le plus remarquable et
pas da moMMMit voWn; les tombeaux le mieux eonservé de tous les tombeaux
du nord ont la mène simplicité. On d'Amasie; il est composé d'une niche
arrivait à ces monuments par un large voûtée, taillée dans le roc, avec doux
escalier dont il reste des vestiges. pilastres en saillie. La pierre a reçu un
tombeau situé i Textrêatie droite poli qui s*est oonservé jusiju'à présent;
est le seul qui ait un aoubassement ; la aussi les habitants appellent- ils ce tom-
façade <'st creusée avec plus de soin, et beau Aineh maghara si, la grotte du
il est dans un meilleur état de oonser- miroir. muraille du fond porte en
tatioo que les antres; la chambre inté- nands earadèits greos l*inseription :
rieure est plus vaste. Mais tous ces mo- niS APXIEPEYÏ « grand prêUre do Cy-
numents sont en général si ruinés qu'il bêle », les lettres qui sont aans la partie
est impossible de reconnaître quelle fut inférieure n'ont pas été déchiffrées.
leur deootatiOB primitire. Ksf Parlsr, L*Aeropole qui domina ces difiéienta
^ visitait les tombeaux d^AOMsie à
son retour de Perse fut frappé de la
,
groupes oe monuments n'a plus que de
faibles vestiges des constructions an-
ressemblance de œs tombes avec celles tiques; on retrouve cependant sur la
de Persépolis. Il émet Topinioii aasez partit In phw élevée dfe la montagne
plausible que dans l'oKigiBe ils avaient qualfoes pans de murailles M
le sou-
lenr façade ornée d'un portique ; cette bassement d'une tour d'appareil liel lé-
opinion est appuyée chez lui sur Texar nique à bossage admirablement exé-
'
men de frisas el de coloDoes deat Isa cutée.
débris étaient aloiB é|iaia anioar des M. Hamilton a observé dans T Acro-
tombeaux (1). pole d'Amasie un conduit souterrain,
Un
des pitons de la montagne, au- 2u'il compare aux syringes, passages
denus de la rivière, confiant deux traits mentionnés par Strabw* Prst-
tombes, dont Tune porte des traces qoe tous les anciens efaéteaux de
évidentes d'une décoration architectu- ces contrée-s avaient des communica-
rale; il y en a deux autres un peu tions secrètes avec le dehors de la
plus bas, ce qui complète le nombre de place ; on en retrouve à Piamieb kalé
nuit tombeaux. Ker Porter ajouts judi- ai , à Tocat, à Turkal à : Kan
même,
cieusement que le temps de leur cons- 3ui n'est pas d'une si haute antiquité,
truction ne peutétre que conjecturé, mais y. a uue poterne voûtée qui descend
par la eomiparBison de leurs plans on jusqu'au bord du fleuve. Le château
peut coneliire qu'ils sont de beaueonp d*Amasie avait dew f^slarica sontar*
antérieurs au christianisme; \h sont con- raines. La première, partant du sommet,
formes aux modes de sépulture usités suit la direction de l'est; celle-ci n'est
dans les premiers âges de la Perse. pas taillée dans le roc, mais solidement
M. Barth diviaeln tombeaux d*Ama- eonsiroiteet eacbée aux regards; la
sie en trois groupes chacun de trois seconde descend obliquement dans le
sépulcres; les deux premiers sont creu- cœur du rocher. M. Hamilton y descen-
sés côte à cote et sépares du rocher par dit ù l'aide de flambeaux, et, a uue pro*
un couloir qui fait le tour des caveaux. fondeur de eent mètres, il troava une
Le but do cet isolement était certaine source d'eau limpide, qui devait ^trc
ment de mettre les chambres sépul- plus considérable autrciois ;le bassin
était en partie comble par les décom-

(») s. R. Ker Porter, TiavrU, t. II, •jtn» bres. Dans les parties faibles de la roche
la vodte de la galerie est soutenue par

Digitized by Google
*

ASIE MINEURE. 607

une solide ma^onerie; les murs du bas- La situatiou de Ptérium est déter-
sin sont de la même constroetion. minée p8f HéMdote dans les monta*.
En sortant d' Aniasis, la vallée de 1*1- gnes voisines de PHalys. « Crésus après
ris s'élargit et forme la plaine de Chi- nvnir frnnrhi l'Halys arriva dans cette
liocomon ; les cantons de la Diacopene partie de la Cappadoce que l'on nomme
et de la Pimollsène s'étendent jusqu'à la Ptérie ; c'est une eoutrée d'an très*
THalys. La partie septentrioniie du diflBeile accès qui s'étend Jusqu'à Si*
,

territoire d'Amasie, a cinq cents stades nope. Crésus s'y établit, ravai^ea les
environ de longueur ou quatre-vingt- possessions des Syriens ( Cappndooiens
douze kilomètres, sa largeur du nord au Pontiques) et s'empara de la capitale des
sad s'étend wrs la provhiee de Zéla et Ptériens, dont il fit les habitants escla-'
la grande Cappadoce jusqu'aux Troc- ves. Il prit de m^'me totites les villes de
miens, c'est-à-Jire jusqu'au territoire de l'intérieur et de la frontière, et fmit par
i'aucieune Fterie, que nous avons déjà transporter en entier la nation syrienne
sbordé en déti liant la Gatatfe. onoi qn*il n'en eut reçu aueune of-
fense. ')

CHAPITRE XVIil. Cest là tout ce que l'histoire nous


dit de Ptérium, il n'est pas étonnant
VlIXIt un PORT eALATlQUB. — qne les éerivains d'une époque plus
PTBBIQIL BOOHAB KMH. ~ lUYUK. récente se taisent sur le nom d'un pays
qui n'existait plus. Ptérium est entière-
Cyaiarejroi des Mèdes, après avoir ment ruinée par Crésus, et n'est pas
eipîusé bn Saees de TAsie, étendit tes rebâtie; il est clair que dans les ruines
possessions jusqu'au fleuve Halvs; ilde- de eette ville on ne doit trouver an-
vitit mattre de la r^gipn de Pterie, dont ru ne trace de monuments grecs ou ro-
le territoire, qui s'étendait jusqu'à Si- innins, tout doit être archaïque, et de
nope , était nabité par la nation des style ou de construction niede. C'est
Leueoejrriens. Ils possédaient plusieurs dans ces conditions que nous avons
villes ; et Ptérium , la capitale, située retrouvé dans le village de Boghnz keui
dans les montagnes h l'est de l'Halys, le 28 juillet 1834, des ruines imposan-
était fortiOée par la nature autant que tes qui satisfont complètement à la
par l'art. Crésus, roi de Lydie, s'en ren- question. Depuis ce tenu» l'obscur vil-
dit maître, la détruisit, réduisit les habi- lage turc est détenu célèbre parmi les
tants en esclavage, et les transporta dans érudits ; ses ruines ont été visitées par
d'autres contrées. un grand nombre de voyaiieurs, de
Hérodote eM le teol historien <|«i nomnreuses dissertations ont été écrites
nous ait conservé le souvenir de ces faits sur les sujets représentés dans les bas-
dans sa relation de la campagne de reliefs merveillense ment conservés après
Crésus contre Cyrus \ il est le seul qui tant de siècles nous avons accompli
;

mentionne le nom delà Ptérie et de la notre Uiche, nous avons remis en lumière
opHale des Ptériens. Les autres histo- une ville oubliée depuis vingt-cinq
riens, Slrabou même, qui s'étend si siècles. Le nom de Ptérium a d'abord
longuement sur l'histoire de la Cap- été contesté; on voulait voir dans ces
padoce pontique, ne prononcent pas une ruines l'ancienne Tavium des Troc-
seule fou le nom de la Ptérie ( i ). Etienne miens; aujourd'hui cette question nous
de Byzancc comble cette lacune sans paraît hors de discussion et le nom de
dire a (juelle source il a puisé ses docu- la ville mède est généralement ac-
ments " Ptérium ville des iVIèdes, quel-
:
cepté, (i)
qties-uns disent an neutre Ptera, Taero- lïous exposerons simplement l'état
pole fie Babylone; il y a aussi Pleria des ruines de cette ville telles que nous
ville de la pro\'inee de S'inope ; l'ethnique les avons observées, sans discuter les
mède est Pterienus, celui de Siuope est opinions qui ne sont pas conformes
Pleriiit(S). »

( ()
Voyez Car. Kitter, Krdkttnde, tom. IX,
(i) Yoy. pliw haut pagcx a4i, *43, Sçs. 377-395-1019. —
Barth Rdsr, p. 44» Ha-
(*) EUByi., Ptérium* milton, Resfrtheâf to». 1, 394, etc.

uiyiii.iûd by Google
608 t't)J!llVER&

aux nôtres et qui, nous le reconuaissona, CHAPITRE XIX.


sont remplies d'éraditkm ; mais un yo*
lumene stifiimit pas pour réunir tout LB TBMFLI.
ce qui a été écrit sur ces monuments,
qui a leur apparition dans le monde Deux esplanades ont été pratiquées
saYanitonteieiléaD li unaDmie hitéréK. sur li croupe de la colline inférieure ;
Leur eiistence révélait une Asie en- elles sont superposées Tune à l'autre de
core inconnue, ouvrait une ère nouvelle cinq mètres, et communiquaient par ua
aux études orientales c'était, selon Tex- grand escalier dont on ne trouve plus
presrion d'an aeadémieièD, « la source qne la pente. L'esplanade inl&rieors m
de découvertes dont nul ne pouvait 1 10 mètres de large sur 140 de longueur.
prévoir la portée. Ce n'était en elïet
•» Elle est soutenue par un mur en sou-
Sue le prélude à des découvertes d'une bassement qui a environ ô^j&Ode haut,
ien autre importance qui se sont faites dont ia partie inférieure est formée par
dans ces derniers temps. des pierres brutes posées en assises *

Le village de lîoghnz keiiï est situé réglées, et la partie supt^rieure, en


dans une vallée qui s'étend de Test à pierre calcnire, appareillée en blocs ir-
Touest, arrosée par deux ruisseaux dont réguliers. Le terrain est couvert d'un
les eaux coulent dans cette dernière gazon fin et uni; il ne parait pas qoHI
direction. Le plateau qui les sépare est aitjamais supporté d'éaifice. Un peu à
eouvertde débris (jui portent le caractère gauche et en montant vers la seconde
de la plus haute antiquité il est do-
; esplanade, se trouve une disposition de
miné par une montagne dont le som- chambres ou de ctllules çpu sont au-
met estdéft>ndu par des murailles d'une jourd'hui rasées jusqu'au niveau du sol
épaisseur considérable qui ont plusieurs de sorte qu'on ne reconnaît pas les tra-
milles de circuit. DiUerents mamelons ces des portes. L'étendue ae ces bâti-
de roches s'élevant çà et là sur le pen« ments a h9>^^90 de longueur ; les cham-
chant de la montagne sont couverts de bres ont dans œuvre 19* de long sor
fortifications soliiîemcnt construites. 4™,80 de large. L'épaisseur dos mur?;
Sur le plateau iuférieur, ou remarque est d'environ 2'"; ils sont faits du pier-
aussi des pointes de roehers qui portent res sèches et d'un appareil îrrégulier.
toutes les traces du travail de l'homme ; Le corps de l'éditice présente une masse
enfin , au milieu, et comme abritées de ruines qui a environ 4r)"' de large
par cette ligne de défense , sont les sur de long; le temple est construit
ruines d*un grand temple qui , dans son avec des pierres de très-grand appareil
plan , n'a aucun des CBractères de Tar- et taillées avec le plus grand soin. Il
chitecture grecque ou romaine. La ne reste plus nujourd'bui qu'une ou
construction de ces différents édilicis deuv assises de ce vaste éditiee, qui
est généralement en appareil irrégulier, diffère tellement de tout ce que nous
mais de genres différents, car tantôt les connaissons dans rarchiteeture an-
blocs portent des bossages exécutés au cienne, que nous ne pouvons établir
marteau et les joints sont lissés avec
, aucune conjecture sur son ordonnance
soin ; dans d'autres parties , les pierres primitive (1).
sont employées brutes et comme sor- On entrait dans Tédifioe par trois
tant de la carrière. portes inhales conduisent dans
: elles
Le plateau sur lequel se trouvent les une sorte de Protbyron sous lequel se ,

ruines du temple est borne au nord par trouvait la grande porte, qui avait 4'° «04
une montagne calcaire eouvertede buis» de large. On entre ensuite dans in»
sons, et qui reste dans l'état d'une na- enceinte carrée qui a 32'° ,97 de large
ture sauvajze et iiicnite. Du côté du sur 27™, 03 de lonp. Tout le pourtour
sua, le terrain cultive ^ar les habitants du temple est fait de gros blocs de
forme quelques ondulations de peu d*iro- pierre calcaire ayant deux mètres do
portance. large sur à peu près un mètre de haa-

(i^ \o\ei ia planche n" 6, Trm/iir d'J-


mâUu à Ptenum,

Digitized by Google
AS1£ MIMËUÂË. 600

têur, el étaq à iix mètres de lon- f 1*08 de Itfgeur ; au fond du temple,


gueur on ne connaît guère dans les
: au couchant, était le lieu très-saint, qui
constructions anciennes qne les pier- avait 11 "^,08 de long et autant de large.
res des pyramideji d'Égypte qui atlei- La cella et le secos étaient entourés
gnent ces dimciitiaiui. A droite et à de trois cAtés, au sud, à l'ouest, et au
gauche de l'entrée sont deux portes qui nord, d'un corridor et de cellules à trois
mènent dans les parties latérales du étapes qui s'appuyaient contre l'intérieur
temple; celle de droite, daos deux sal- du temple(l). Mous ne pouvons pousser
le! eontiguës ; eelle de gaocbe, dm on Îtlus lom la comparaison des deux édi-
fiorridor qui longe la partie latérale du Ices, mais quand on voit avec quel soin
temple et qui a une issue à son extrémité les pierres colossalesdu temple de Pté-
nord. Le mur attenant à ce corridor est rium sont appareillées, ou ue peut s'em-
mitoyen avee huit chambres ou cellules pécher de songer à la description qui ,
qui ont de deux à trois mètres de lar* est faite de le eonstniction du tenpie
geur sur une longueur de sept mètres ; de Jérusalem , nous pouvons ajouter
et de l'autre coté de la graude enceinte que ces deux édifices peuvent être re-
dooi nous avons parlé se trouvent aussi gardés comme contemporains.
elnq autree eelluleade la même forme
et de la même dimension ; les murs de * CHAPITRE XX.
séparation sont formés d'une seule pierre
de sept mètres de longueur, et toutes les ACROPOLES, PA.LAIS.
manHlce extérieiires de rédifioe sont
faites de pierree semblables, qui s'a- Continuant l'examen de ces lieux,
justent non pas par des joints unis etguidé par les habitants du village, je
comme dans les autres constructions an- portaimon attention sur les rochers qui
tiques, mais sont en châssées les unes entourent le temple, et je vis qu'ils oon-
dans les autres comme des pièces de bois : servaient tous plus ou moins de traces
ceci est un des oaraetères de rarehitee- du travail de l'homme. Celui qui est le
ture |)ersépolttaine. plus à l'ouest a été tranché de part en
Le pian supérieur des assises est percé part de manière a présenter un passage
de distance en distance par des troue dont les parois sont bien apluiiee et
parfaitement circulaires qui ont sans verticales. En descendant quel(]ues pas
doute servi à relier les pierres entre dans le lit du petit ruisseau voisin, on
eiies par des crampons de métal. Toute trouve l'entrée d'un souterrain dans le-
cette partie da Isnpie est en pierte cal* quel je me glissai, non sans peine, mon
caire ; mais les constructions adhéren- guide refusant obstinément de me pré-
tes à l'extrémité de Pédifice sont faites céder. Le souterrain était à moitié
avec une pierre réfiractaire de la nature comblé par les terres charriées par les
de la serpentine,d'une dureté extrême, pluies, cependant il me Ait possible de
et dont couleur est verdâtre. La
la le parcourir dans une longueur d'en-
chambre principale a 7™, 78 de large sur viron 100 mètres, et de m'assurer qu'il
10'°,20. ,Ëlie est éclairée par deux fe- se dirige vers l'esplanade du temple. La
nêtres, entre lesquelles se trouve taillée construction de ee conduit a tous les
dans le roc au niveau du sol une espèce caractères de la plus haute antiquité ;
d'auge de 2™, 80 de long. Cette pièce il est b.^ti de pierres brutes, et la
est entourée de plusieurs cellules comme courbe de la voûte a la forme d'une
la grande encemte. 11 est clair que dans ogive très-aplatie , au point ou' en quel-
cette disposition il ne se trouve rien qui unes endroits les murs ont l'aspect de
rappelle les temples construits par les deux plans inclinés. Les ébouiements
Romains ou les Grecs; mais on doit survenus dans l'intérieur m'empêchèrent
reconnaître l'analogie qu'il y a eutre le de pénétrer plus avant, avec le guide,
filaa de ee moDument et te temple de qui narehait un ftnal à la mam. Le
érusalem; seulement, les dimensions de croupe du plateau sur lequél est oom-
ce dernier édifice sont un peu plus pe-
tites. Le temple de Jérusalem avait (i) Voy. l/anuc/^ ^orcAîlMftwv de J,P«
tntérieurement t8",94 de longueur et lUiaiée, {>. 376.
tO* UmUton, ( AsiB MiiiEuns. T. II. m
Digitized by Google
MO LDNIVEBS.
truit le temple présente encore d'au-
tres traces de ruines , et notamment de
substructions qui sont tootM de tnvail Mous amvotts mainlooant mx mu-
pélasgique et de différents caractères. railles proprement dites et au système de
Kn se dirigeant vers le sud-est , on fortifications contmues qui entouraient
arrive à un monticule isolé, couronné une vaste étendue de terrain. Ces rem-
par une coostniotioo i^in aujoaid'luri porte ont généroleniont de einq à eiz
même est dans un parfait état de con- mètres d'épaisseur; on peut les parcou-
servation. Cette enceinte, presque car- rir à cheval dans le pourtour de la ville.
rée, a vingt-six meires quatre- viugts ceu- Ils sont formés d'un revêtement de
Iknètm de large, et est formée par dea pienes sèeheed'appofeil polygonal, tfoe
murs d'une grande épaisseur. Les fon- un remplissage ae moellons et de po'
dations sont établies sur le roc vif, et tites pierres ; la porte la mieux conservée
composées de pierres de grand appareil \ et qui parait être la plus importante
la eonstmelion est co awiiM y^iléee» étnt en ond de lo vUle. To«te cette par-
et les pierres forment des bossages. lie de la mnnraille, construite en appareil
Un chemin taillé dans le roc conduit pélasgique d'une exécution parfaite ,

au sommet; auant aux constructions domine un glacis dont la ponte a vingt


qui coumieiir VeBeef elB, ellei aonllndi- iliètroide longueur et eit indinée dfe
qoéaa par diverses excavations faitesdans M*. Ce ^laois est revêtu d'un perré en
le rocher, pnrmi lesquelles on distingue pierres sèches , qui le rendait tout à fait
une petite citerne; ces ruines peuvent impraticable. Un chemin oblique à la
aroir appartenu a tme Acropole ou à mumiUe est tracé dans le glacis , de
an pelais. On n'v tmie o M am
tnee oovie qnequieoDqœ vonlait nMmter jus-
de scnlptnre ni (f'ornenient. qu'à la Mite, se trouvait pendant tout
Une seconde dont les murs
cttadclle, le temps exposé aux traits de la place,
de revêtement entourent le sommet i^i muraille, eu cet endroit, forme une
d'un rocher, donilM>le vaHon de Kii retraite de trois mètres de profiandeor,
kaïa. Tous les parements des murailles au fond de Inqueile est la porte, qui
sont démolis et dans l'intérieur on re-
, n'est pasd une conservation complète;
marque les traces d'un bouleversement on voit encore en place deux jambages
dont les avirée metrumenis ne donnent m Moilifo brèche d>Bne très^grairae
Soiot dVxempIp. Il semble que ce point dimension, du milieu desquels sortent
es fortifications a été particulièrement deux têtes de lions (]ui ont quatre-vingt-
en butte aux attaques des ennemis. dix centimètres de saillie, décoration
En centiiMMM dO"nieMer sor le inosltéedoBS tout ce que net» eenneis-
plateau , on arrive à une esplanade plus OOM des Romains et des Grecs. La par-
vaste, qui a 'très-probablement servi tie supérieure de cette porte était cou-
d'Acropole, et qoi est située sur un ro- verte par un linteau aroit, mais oei
«lier presque inoweselMe do tvoie eités. ovoit^éfiddpoiir iwtMr un plein-
'
'L*appaveH est moins soigné que daris eeintre. " "
le monument précinlent, et toutes les A trente mètres environ , à droite de
pierres de l'intérieur ne paraissent pas la porte, il y a une poterne qui com-
avoh soM le tmall do dseau. Ces eons- nmntque avec un souterrain d'une oons-
Iructions si ineohéMbtes ont certaine- tmetion entièrement semblable à ceM
ment été élevées pour former la dé- ?[ni avoisine le temple la voûte est en
;

fense inférieure de la ville. Néanmoins, orme d'o^rive. et les pierres sont posées
au-dessous du temple, on observe des sans avoir été travail iees. Elle peut être
tnees do forttSeotnvif vni tttiOieBft le porooonie dons une étendoe de'oent
rattacher aux d«K uranns rochers r tont cinquante mètres. Fn suivant sur le sol
l'ensemble paraissait alors divisé en la direction prise a la boussf)le. je fus
ville haute et en ville basse : dans la conduit dans la iorét, remplie de buis-
partie sepérttnitre étdient les babllAtions ooneinextrieoMoe, mab parmi lesquels
et le {irand système de défense, dans la on trotive , çà et tt, deo tnooi do cons-
ville basse étaient le temple et les habi- truction.
tations des nombreux desservants.
••
HH I • , . .»

Digitized by Gopgle
ASIK MINEURE. en
CHAPiTRt XXi. pide et régulière. Le bas-relief est
taillédans un rocher calcaire cristallin
YAStU KAIA. et 4'une durelé extrême ; il est placé à
environ un mètre au-dessus du sol, et
L'intérêt qui s'attachait pour moi à était couvert d'une vaste croûte de li-
VexLstence de ces ruines devint encore chen, qui prouvait que depuis longtemps
lus grand quand j'appris qu*à environ il étaitoiiMié dsvhwnatais. La dégra*
Seox mities de la ville il existait une dation qn*il a subie est due plutôt à l'ef-
enceinte taillée dans le roc, et nufoiir fet du temps qu'à des atteintes volon»

de laquelle sont sculptés des bas-reliets taires de la part des iiabitanls.


représentant un sujet qui §« rapporte Le seeondbes-tfeilef rspiésente trois
à des événements coinpl* i< moût oubliés figures barbues portant 4a mémecoiffuvs
aujourd'hui, mai< qui dmi ivnir »''té qiièles précédentes, et vêtues, indé[}en-
d'uue grande importance daus riustoire (i.itiimentde la tunique, d'un manteau
de ces peuples. qui les cnvoloppe presuue en entier :
Le ehemiD qui conduit à cette en* Vest le H»tfh%»i des Mé«s. Le peito»>
ceinte est frayé au milieu de (crmins naiic qui marche devant, a exactement
incultes; on n'ohserveaux environs au- le Ultime costume que les figures du

cime trace de construction ; il ne parait premier tableau; quant à la [)08e, elle


pis qu'anciennement ce Hetf àH jamaii est la même dakis tous les groupe».
été habité. Aujourd*hm il est également Les deux tableaux qui sinvent repré-
désert, et les paysans craindraient de sentent une procession composée d'hom-
tombée de la nuit. Rien
b'y trouver à la mes armés et portant des eHiblèmes ou
aux alentours ne peut indiquer fexfs- despfifeents; tes d^iHf p»gmt»rsn Aguras
tence d'un munument de cette impor- sont barbues, sotft'i'o ifff'es du casque
tance (1). T.e monument de Yasili kaïn ass^Tien (!), légèrement re<'Ourbe sur
( la piene écrite), c'est ainsi que le dé- le devant, et vêtues d'une robe rayée
signent les habitants, est d'une conser- obliquement et iMfée par une eeint«r#;
vation ptr&tte; jamais il n*a eu d'ac- l.e seeond tableau, sculpté sur un autre
cessoires autres que ce nui existe main- plan du rocher, continue le sujet que je
tenant. Une enceinte aisposée par la .SUIS disposé à appeler la pompe des
nature a été agrandie et régularisée par Dorophores. La plupart 4ssraelMiiMdB
la main dea hommes. Klle forme une cette scène sont armés, et portMiC*ên
sallepresque rectangulaire, et sur les outre des objets dans lesquels on re-
rochers taillé'^ h pic se trouvent sculptes connaît cette croix ansce du tableau pré-
les bas-reliels disposés en différents cédent. Un seul di-s personnages est armé
tableaux qui rentourent à hauteur de la massue; un autre porte une Im,
d'homme. trois autres ce sabre recourbé sur son
A
gauche, en entrant, le premier ta- tranchant, (jui fut d'abord en usaj^e
bleau représeute onze ûgures, toutes chez les Orientaux et que l'un nomme
dans la même pose et dans le même •ehim^hpr (3), déttt nous avons fait le
costume. Chacun des personnages est mot cimeterre. Le milieu du bas-relief
coiffé du casque conique ^ vêtu d'une représente un sujet assez diflicile a in-
tunique légère, et porte des chaussures terpréter; mais d'après la disposition
assyriennes dont fextrémité est très- des figurés, on est porté à le regarder
relevée (2). TJnpçnen avant deee groupe, comme allégorique , car il se compose
marchent deux personnages sem!)!aMes de deux figures monstrueuses vues de .

et exactement dans la même nose ie , face et montées sur un socle; elles sup-
bras gauche tendu en avant, et le bras '
portent au-dessos'-de leur tête une es-
droit légèrement fléchi dans le mouve- pèce (le barque. Toutes les flij^res de
ment d'un tireur d'arc ; cependant on ces has-reliits marchent dans le même
doit remarquer qu'ils sont sans armes; sen>; c'est-à-^iire se dirigent vers le
'
ils semblent e.\écuter une marche ra- fbnd de '
la salle. <
# -
.fuoa •

(i) Voy. Hamilton, Reiearches, 1. 1, 4*>o. (OHn.KloI ,


lib.yiL 63,
^ •»» *
j (a^. Uérodn liU f9U (a)Griff«delion.- '

. 1, * ' • •••Il • ICI • «l'â».

18.

Digitized by Gopgle
du WK
Le cinquiènM tabkiu représenta évi* Cette grande scène semble continuer
demment des personnnges d'un rang les deux processions retracées à droite
supérieur à ceux que uous avons dé> et à gauche. Un homme plus ^rand
crits. Ud homme barba, coiffé do la cyr- que nature, coiffé du casque conique
bazie et couvert de la robe médique, et portant une longue barbe, fait un
précède une femme entièrement vêtue échange de présents avec une femme
et portant derrière les épaules des ap- coiffée de la tiare cylindrique et vêtue
pendices qui sont sans doute des ailes comme les femmes décrites prccédcm-
0eaaièrementre|iré8CDtées.On neaaurait ment^Ilsportent l'un et l'autre une croix
dire positivement si les deux figures qui ansée au milieu d'une fleur de lotus;
suivent sont des lioinines ou des fem- l'homme barbu est armé d'une massue,
uiei>,iiiais li est suflisâmment indiqué une sagare est passée dans sa ceinture;
queœaootdes prêtres et des prétresses; sa tunique est courte et sa diaussure
elles portent une faurille et une grande extrêmement relevée; j'ai surtout re-
patère, et sont coiffées d'un casque marqué une queue recourbée qui est près
spbérique semblable à ceux des Grecs. de son coude, et qui paraît venir de der-
Elleaaont suivies par un vieillard barbu rière la téle, parce que ce même appen-
et ailé , coififé du casque conique, au- dice se retrouve aux figures qui portent
quel sont ajoutées deux appendices qui la baraue, et au personnage mâle oui est
lui donnent une forme particulière (1 ). parmi les femmes. Quoiqu'on u'oo:ierve
Telle est la diapoaitioa du eujet re- dansson costume auctu des attributs de
tracé à la gauche de Tenceinte ; c'est la royauté, on ne saurait se méprendre
une procession à la tête de laquelle sur le rang élevé de ce personnage: il
s^avance le souverain, puis les Dore- est porté debout par deux hommes qui
phores, puis enfin le peuple sans armes, sont coiffés de la cyrbasie recourbés
et dans rattitude de gens qui ae IiTrent et vêtus de la robe tratnante. Auprès
à Texereice de la danse. de chacune des deux figures principales
Du côté droit de Tenceinte, deux ta- on asculnté le taureau unicornc, connue
bleaux aeulement se rapportent au sujet pour indiquer un sujet religieux. A
que nous décrivons. Le premier corn- auche du tableau se trouvent encore
poséde dix figures, toutes dans le même eux figures portant le costume décrit
costume, représente évidemment des firécédemment; l'une est sans armes,
femmes ; elles sont coiffées de la tiare 'autre porte une massue et une épée ;
qplindrique, portent des cheveux longs, elles $*avancent en maichant sur des
et sont vêtues de robes à grandes man- montagnes.
ches, liées à la ceinture et formant des plis La droite •du bas- relief est occupée
variés. Il n'est pas facile de dire si l'a- par un groupe du plus grand intérêt :
justement qu'elles ont devant elles fait reine ou déesse, la grande figure de
partie de leurs vêtements, ou si c'est femme que nous avons décrite tient ,

un objet qu'elles transportent avec elles. de sa main droite un sceptre, et est


Dans une petite anfractuosité du ro- montée sur un lion qui descend fière-
cher sont trois figures dans le même ment du suniniet des montagnes; ses
costume, et qui paraissent conduire les cheveux pendants sont retenus dans Si
dix femmes qui les suivent. Il est à ceinture, et derrière elle est sculptée
remarquer que tout le groupe d'hommes une figure indéfinissable ^ dont la partie
sculpte à rentrée se compose de treiie supérieure, semblable à romeraent
individus, nombre éc^al à celui des qu elle tient dans In main, est terminée
femmes qui sont placées à droite et par deux jambes d'homme. Le person-
oui marchent également vers le fond nage qui la suit immédiatement porte
de Penceinte où est figurée la scène le même costume que les autres figu-
principale, et qui paraît attirer Tatten- res d*hommes. (I tient dans sa main
tion de tous tel personnages sculptés une bipenne ou plutôt la sagare des
,

alentour. Saces (l), de l'autre uu bâton noueux;


il s'avance avee le groupe de femmet

Voyez Planches s, 3^4. Bas-rdirb taillét


dansle rae à PltrhiB. (i) Hcrad., l yn, 63. Stribwi, XI» StS.

Digitized by Gopgle
ASIE MINEURE. 6U
monté sur un lion mais il est d*UDe
, d*un lion. Cette figure est là comme
plus petite dimension que les autres pour garder un passage étroit formé par
Usures : derrière lui marchent deux fa nature, qui conduit dans un*» paierie
femmes coiffées do la ti;ire et portant à ciel ouvert, dans laquelle on observe
une fleur de lotus; au-dessus est deux bas-reliefs d'un caractère unique.
sculpté un aigle bicéphale, les ailes éten- Elle a deux mètres soixante eentimàres
dues, et qui parait avoir des pieds de de largeur, les parois en sont aplanies
cerf. avec soin, et les tableaux sont sculptésau
Tous ces bas-reliefs appartiennent niveau du sol, dont l'exhaussement est
évidemment à un même sujet, retracent d'environ un mètre au-dessus de celui
un grand événement politique ou reli- de Tautre salle.
gicux, célèbre dnns les annales de ces T>a première de ces figures, dont la
peuple. Mais ce ne sont pas les seuls téte est de grandeur colossale, repré-
ouvrages de ce genre qui s'offrent aux sente un homme ooiffé de la mitre co-
regards, plusieurs tableaux sont sculp- nique; son nez est très-arqué; l'oeil est
tés dans d'autres parties de cette en- de face, comme dans toutes les sculp-
ceinte, et ne paraissent pas se rattacher tures orientales de style archaïque ; le
d'une manière aussi directe au motif caractère du pruûl rappelle tout à fait
principal du çrand bas-relief. les idoles del'tude; à son oreille énorme
La procession des femmes ne com- est suspendue une boucle d*oreilIe dont
mefic" que vers la seconde moitié de la le centre représente une étoile; la poi-
paroi de droite. Depuis ce point jusqu'à trine parait couverte d'une sorte de
rentrée, le rodier forme plusieurs rt- cuirasse au moins est-elle divisée par
:

traites qui ont été disposées pour rece- une ligne médiane dont l'exemple n est
voir des hns-reliefs. Sur une saillie ver- point dans la nature. A la place des
ticale qui fiiit face à la grande scène, bras, cette singulière ligure a deux
on voit une figure colossale représen- a vaut-corps de lions grossièrement scul-
tant, suivant toute probabilité, le même ptés; elle se termine au buste, et est
prrsnnnase royal sculpté dans In pro- supportée par deux animaux mons-
cession. Il est' vôtu d'une «zraude chia- trueux, dont la téte est profondément
myde , coiffe d'un casque sphérique, enfoncée dans le sol. Tout porte à croire
tient dans sa main gauche le sceptre re- que cet ensemble barbare, composé de
courbé, et dans la main droite un sedi • parties d*hommas et d'animaux, repré-
cule, au milieu duquel se trouve la sente quelque divinité; mais on reste
représentation d'une divinité, non pas daus le doute lorsqu'il faut prononcer
marchant sur un lion comme dans le le nom du dieu dfont ces peuples ont
bas-relief, mais dans le repos , et posée retracé Timage. Est-ce le dieu Omanus
sur un socle. î,e personnage (jui sou- qui partageait les autels de la déesse
tient ce temple marche sur deux coiies, Anaïtis.' ('/est une conjecture qtii pour-
comme pour iudicjuer qu'il règne sur rait devenir probable, si l'on parvenait
un pays de montagnes. La sculpture, è prouver que les monuments religieux
qtioi iue incorrecte, est exécutée avec un que nous avons décrits sont relatifi au
très-grand fini, et le rocher a reçu un culte de cettp divinité persique.
poli précieux. Un autre bas-relief voisin du premier,
Dans la même enceinte se voient en- représente une figure dont la partie in-
core deux prtits bas-reliefs, qui sont férieure est élément recouverte f)ar
presque entièrement détruits par l'effet l'exhaussement du sol derrière sa téte
;

du temps, le rocher étant moins so- est unsedicule, dans le centre duquel
lide dans cette partie droite. L*un des est sculptée l'image d'un Phallus. Cet
sujets se compose de deux Hgures, as- œdicule est, dans toutes ses autres par-
sises f.ire à face et coiffées de la mitre ties, semblable à celui qui est porté par
comme les dieux ésyptiens; l'autre re- le pontife-roi. Le bras gauehe de cette
présente une ligure monstrueuse qui femme est passé autour du cou d'un
a les bras étendus et est vêtue d*une jeune enfant dont le corps est caché
tunique. Son corps est semblable à ce- par le sol elle soutient sur sa main
;

lui d un homme , et sa téte est celle droite un embryon de figure humaine.

Digitlzed by Gopgle
614

qui rappelle peut-être que celte divinité brement de l'armée oe Xerxès (1 ;


préside à. la fécondation de la nature. «....lesSaces, peuples de la Scvtbie :

. Le temia,quii^C8t beaucoup exhaussé ils portent sur leur téte un nonnet

daos cette partie, cache certainement qu'ifs nomment cyrbazie, terminé en


d'autres bas-reliefs, car j'ai remarqué pointe très-aigué, et qui se tient droite.
plusieurs tètes de petite dimension qui Leurs jaiubes étaient revêtues de chaus-
sont gravées au niveau .du sol , et sont ses. Indépendamment de Tare à la ma-
très-endotn marées par le temps ; il est nière de leur pays et de poignards, ils
probable que ce ()ui est dans la terre est étaient encore armés d'une espèce d«»
mieux conservé. Ou voit aussi des exca- hache appelée sagare. » Hien ne manque
vatioDS taillées avec soin dans le rocher, à la ressemblance, ni la hache à deux
et qui ne peuvent avoir servi de toai- tranchants ni la coiffure h iute et co«
,

beauv. parce qu'elles sotit d'une dimen- nique. Les Assyriens portaient au con-
siou beaucoup trop, petitej, d'ailleurSt traire des casques légèrement courbes
Pensemble de ces bas-relieit est hien et des massues de bois garnies de clous
plutôt religieux que sépulcral. en fer. Cette arme se retrouve entre tes
Un examen attentif de ce monument .mains de plusieurs de ces figures.
démontre qu'il u'est pas Tocuvre d*un Or, on sait que les Scythes n'ont jn-
des peuples qui ont habité Piksie ceci- mais cultivé les arts. Foute la Médic,
drutale. La ressemblance de cette Qgure qin fut soumise à leur puissance, fut,
montée sur un lion, avec des sculptu- au contraire, bouleversée par leurs ex-
res babyloniennes , porte à conjecturer cès (2); ce n'est donc point aux Saces
au'elie représente une des principales au'il faut attribuer ce monument; inai.s
ivinités révérées chesJes peuples mèdes est certain qu'il a un rapport direct
ou assyriens. avec l'histoire de ces peuples. Hérodoto
Le culte d'Anaïtis, répandu et cé- et Strabon nous fournissent quelque
lèbre dans toute cette partie de la Cap- lumière a ce sujet. Après avoir men-
padooe, était toujours entouré d*une tionné les ravagra des Saces (3) , Héro-
pompe toute royale. Il n*y avait pas de dote ajoute Mais Cyaxare et les
: <

tcinjiles plus imposants que ceux de .Mèdes finirent par en énor-'^ r le plus
cette déesse , dont les autels étaient des- £and nombre, qu'ils surent attirer
servis par une multitude d'esclaves. Ce ns un repas ou ils les enivrèrent. Cesl
qu'on sait du temple de Comana peut par ce moyen que les Mèdes parvinr^
ceux de Concobaret d Ily-
8'ap|)lit]uer à a ressaisir la puissance et à dominer en

fMEpa. Les faits les plus importants de Asie (4). •


'histoire inédo-perse se rattachent à la Le passage de Strabon est plus e\*
vénération que tous les peuples avaient plicite; il est clair que Pan et l'autre

pour la plus célèbre de leurs divinités. historien font allusion au m^rne fnit
Originaire de l'Asie orientale , le culte les Mèdes écrasant les Saces a la suite
d'Anaïtis a été transporté de la Daby- d'une orgie. seconde version de Stra-
lonie dans cet contrées, et s'est répandu bon n'infirme pas la première; elle
à une époque plus reculée chez les prouve seulement que les fêtes des Sa-
Mèdes et les Arméniens (1). La prande cée.s étaient célébrées dans toute l'éten-

scène du fond n'est-elle pas relative au due de l'empire des Medes.


culte de la déesse, qui, arrivant de l'O- « Les Saces, dit cet historien, se
rient montée sur un lion, est accueillie sont emparés d'une partie de l'Armé-
par les Cnp; adociens, qui lui apportent nie, qui a porté d'après eux le nom de
des offrandes.^ Sacacene ; ils ont pénétré jusque dans
On doit surtout tenir compte d'un fait
incoptastable, c'est que les figures (i) Lib. VII, 04.
d'hommes représentées dans ces bas-
(9) Hérod.i liik» TII, zo6.
costume des Sa-
reliefs portent toutes le (3) Les Saces sont de« Sryfhes Amyrglen? :

eei. Eb elièt, comparons «vee la des- mais ils étaient désignée aiosi parce que les
eriptioB d*Hévodoie, dins son dénom- PcfMi dMMOt indiitÎMlf ft le nom de
Saces à tous Scythes,
(x) Straboo, XI, 53a. (4) Lib. Vil, 104.

Digitized by Google
le pays des Cappadociens , surluut dans relicis tous les détails des événements
le pays de ces Catfpadodens voinns du
Pont Euxiii, que I\)n distingue aujour-
ranmrlés sl'd — i.' Le aufel'éu isud
représentant le culte d*Anaïtis trans*
d'hui par le nom de Pontici mais In ; {)orte dans ces contrées, le tableau de
tandis qu'ils se tenaient rassembles 'entrée ne serait autre chose, que les
poQr le partage dQ butin ; les générant habftanb yêtm à la manière dea^ces^
perses qui conmiandaient dans ces con- et se livrant àdes danses en commémo*
trées les attaquèrent de nuit, et les fx- ration de cet événement, qui était célé-
teriniiièrent. Pour élornistT le souvejiir bré dans tous les lieux où se trouvait
de ces évéuemeuts, les Perses, après uo temple d'Auaïtis.
avoir accurouJé des terres afUtour d'une Les fêtes des Sacées étaient célébrées,
nx-lie ( sise dans la plaine on sï'tait non-seulement dans cette partie de la
passée raction), y formèrent conime Médie, mois à Babylone même. La
une colline qu'ils entourèrent de murs descnptiou qu'en fait Athénée, d'après
et où ils élevèrent denx femnles , Tun Berose, ne ressemble pas à eelle ^ue
à la déesse Analtis, l*autre aux dimi- Strabon nous a transmise ; mais le nom
tés persiques Omanus et Anrnidntr, est le niême. Il est possible que les cé-
qui partaient ses autels. Puis ils fondè- rémonies se soient modiliées en s'eloi-
rent la fiéte annuelle dite les ^acœa, gnant des pays où ces fêtes ont été ins-
que célèbrent encore maintenant les âtuées. Voici le passage d' Athénée :

f)0ssesseurs de Zda ainsi nppelle t on


, Berose écrit liv. I «le ses histoires de
.

e lieu dont je parle. .. Tel est le récit Babylone, que tous les ans, le Ifi du
de quelques auteurs concernant l'ori- mois Loùs, on fait une fête appelée
gine des Sacsea : selon d'autres , elles Saeée, qui dure doq joura entien. Il
ne datent que du règne de Cyrus. Ce est alors d^usafie que les esclaves com-
prince, disent-ils nynnt porté In j^iJerre
, mandent n leurs mnîtres; on en sort un
dans le pays des Sâces, y perdit une de la maison , \étu d'un habit semblable
bataille. Contraint de fldr, il regajçna è cetof do roi , que Fon appelle Zogane.'
les lieux où il avait établi ses magasins, Ctésias rappelle cette fête, livra liée
abondamment pourvus dr |irovisiOM.s et ses Pcrstqurs.
surtout de vins. Après s'y être arrêté le Cela prouve que Tinstitution de ces
peu de temps nécessaire pour faire re- fêtes était antérieure à Cyrus , et quand
poser ion armée , il en repartit sur le on voit l'importance extrême .que les
soir, feignant de continuer sa fuite, et peuples mettaient à leur célébration,
laissant ses tentes pleines de vivres, on ne doit pas être surpris qu'ils en
mais il lit seulLiueut la marche conve- aient perpétué le souvenir par quelque
nable à son dessein. Lm
Saces , qoi le monument.
poursuivaient, arrivèrent dans ce camp Le sujet traité dans le bas-relief de
abandonné, et le tronvnnt rempli de Ptérinm se rapporte à des événements
victuailles, se livrèrent sans ménage- si peucouuus de nous, qu'il a dil né-
ment à la débauche. C^s
alors, re- cessairement donner matière à des ex-
venu sur ses pas , surprit les barlîares plications bien différentes. M. KJepert,
ivTes et hors ae sens Ils furent tous faisant complètement abstraction du
massacres. Le prince vainqueur attri- séjour des iMèdes (inns la Ptérie, ne voit
buant sou succès à la protection divine, dans ce bas-relief qu'un sujet purement
consacra ce jour è la déesse honorée Assyrien, relatif au enlte des dieux de
dans sa patrie, et voulut qu'il s'appelât cet empire f l). M. Barth croit y recon-
le jour des Sacées. Voilà pourquoi, naître un tfLiité de paix et d alliance
dajis tous les Lieux où il se trouve un entre Cyaxare et Alyatte. après la cé-
temple de cette divinité, on célèbre an- lèbre éclipse de soleil qui eilt Uea soi-
nuellement la fête des Sacées. Cestune vaut le D' Zech, le :28 mai 584 avant
espèce de bacchanale ; les hommes et notre ère (3). figure coifiMe de la
les femmes s'y réunissent vêtus à la
Scythe , et oassent ensemble vingt-qua- (i) Voy. Kuii. HiUer, Erdkunde; t. IX^
tre heures a boire et à folfluer. »
p. 1019, ErklAruog dcr KopTertSTeln.
On retrouve dans cette suite de bat* («) Bartb-Reiie, ^. 45. « Soodem ^if

Digitized by Google
LUNIVKRS.
eyrbasie ou bonnet conique représen- lier de Persépolis. Les piliers delà porte
lirait à Ml yeux
Astyage et sa tiaocée. sont décorés de deux sphinx en relief
ht point le phie impertant, c'est que ees gui ont le earsetèretout èfeit égyptien,
deux questions géographiques contro- ur le revers du pilier est sculpté un
versées pendant plusieurs années la , aigle à deux têtes, symbole qui rattache
position de Pterium et celle de Tavium, comme style et comme époque le pa-
0Btaujourd*4iuirésolues:lapraiiiièrede lais d'Euyuk aux bas-reliefs de Piérium ;
ces villes étant placée à Bogpas krai, la en d'autres termes ce palais est très^
seconde à néfes keuL bablement une résidence royale comme
les princes d'Orient en faisaient cons'
CHAPlTRh XXll. truire dans ces parcs ou paradis si sou-
vent décrits psr Xénophon, HérodoiSft
BUVUK. -~ PALAIS MiUïB. d'autres auteurs. La question de savoir
à quel peuple on doit ces constructions,
La
capitale des Ptérieos oubliée de- se résout d'elle-même quand on sait
puis tant de siècles n*est pas le seul fjue la Ptérie était ime proTinee dé
souvenir du séjour des Mèdes en Asie 1 emnire des Mèdes. Il faut sappriflier
Mineure; les recherches de M. HaniU- les laits dont le souvenir est codscht
ton ont fait connaître dans le vuisiuage par Hérodote, ou admettre que les
de cette ville au vilU^e d'Euyuk un souverains d'Ecbatane ont dû avoir
monument qui date de l'empire de Dé* dans les contrées frontières de leur
jocèset dont les sculptures forment, au et)i[)ire des palais où habitaient leuR
point de vue de l'hutoire de l'art, un représentants surtout dans le voisinage
:

eomplteient précieux du bas-relief de d'une capitale comme Ptériuin ; 00 ne


Ptériam. doit pasnon plus s*éUMiner de voirda
Euyuk est un village turc situé à souvenirs de rÉpypte renaître dans ces
vingt kilomètres au nord de Boghaz constructions, les conquêtes de Srsostris
ketii dans le bassin du Tclioterlek sou, avaient porté dans ce pays les coutumes
le fleuve Scylax, un des afOuentsde Ti- égyptiennes, et vingt-cinq sfèetcs avsst
ns. Ce village bâti sur une éminence n(Kneère,ri^gypte avait envo\é des co-
occupe remplacement d'un antique édi- lonies sur le Pont Kuxin. Les Colclie«;
fice dont l'entrée s'annonce par deux pratiquaient la circonsiou, ils avaient
eolossss adossés à des pUastres et for- pris cette coutume des Égyptiens, oui
mant l'entrée du monument. l'avaient é^lement répandue chez les
Les murs, qui formeut une terrasse Syriens habitant sur les rives du Ther-
carrée, sont composés de blocs énormes. nlodon et du Partliénius (I). Trop de
Il ii*a été publie aueun plan de cet souvenirs de l'Éçvpte restaient encore
édifice, mais les descriptioos (|ui en ont dans les contrées de la Cappadoee H
été données suffisent pour faire recon- du Pont au huitième et dixième siècle
naître que ce monument n'est autre avant notre ère, pour que Ton puisse
ebose qu'un vaste palais qui peut être s'étouner de trouver chez les artistts
compare à eelui de Persépolis. de ees temps reculés, des souvenirs dei
Une grande terrasse carrée s'élevait artadefÉgypte. Le royaume des Mèdes
dans la plaine, le soubassement était, a commencé sept cent dix ans avant
sur la laçade, orné de sculptures re- J.-C. (2) ; il s'était établi un commerce
Sréssntsnt des joueurs d'instruments, incessant entre les nations du sud et
es prêtres vêtus de longues robes, des celles de la mer Noire; il n'en ftut pas
béliers et un taureau menés au sacrifice, plus pour que les mêmes idées sesoieat
c'est-à-dire une procession dans le propagées dans les deux régions.
de celle qui orne le grand esca- I\'ous avons déjà cité, entre aotifS
monuments qui portent le caractère
baben hier «elbst eine Per«oiiirikalioii der égyptien, le tombeau de Dikili taseb,
sonneolinslerniss vor uns. <• —
Voyez pins
liaut page 24 c l«s olMcrvalioiM sur réclipse (1) HiTodole, II, !o4. Voy. plu» haut,
de foleirel jpê^ 41 1 ool, 1 mr lei quMlions page 38o.
de critiqiic^ («} Flrmt, Mémoim,
ASIE MINEURE. 617

pfèt d*Urgub. Un tMibflsu du même zid, etdemeura depuis ce temps Incor-


stvle a été observé par Hamilton près porée aux domaines du sultan.
d' Alndja, au sud-est d'Ëuyuk, et à huit Les habitants se partagent deux sortes
heures de marche au nord de You2- d'industrie , ils sont tisserands, et tra-
satt. Un portique aontenn par troii co- vaillent le cidvre avec vue certaine habi-
lonnes d'ordre d4Mriqu«, courtes et mas- leté : ce sont les chaudronniers de Casta-
sives , donne accès à une chambre sé- mouni qui envoient à Constantinople les
pulcrale taillée dans le roc ; le style de ustensiles de ménage en cuivre, tels que
cette architecture rappelle plitwt tes mamcals, espèce de onséros, séfer tass,
moaumeDts égyptiens que ceux de ta écuelles de voyage, et une gnnde quan-
Grèce. tité de ces bouilloires connues en Kurope
sous le nom de cafetières du Levant.
VILLES DES CALATES. La population s'élève à plus de qua-
rante mille habitants.
Kiangari , Tancienne Gangra, est si- Bloucium, autre résidence royale des
tuée au pied du mont Olgassus, elle ap- rinces gaintes, a été reconnue par
K
partint à la Paplilagonie, puis au I. Ainsworth dans la petite ville d'is-
loyaume de Pont et ensuite à la Gala- kelib, sur la rivegauche de THalys.Dans
tie. Le roi Déjotare y faisait sa rési- les jardins situes au pied de la colline
dence. Selon Étienne de Ryzance le nom du château, on voit encore quelques
de ûangra, qui en langue oâphlagonienne colonnes avec leurs chapiteaux, et
iffoille une ehèm, a été donne à cette quelques bas-reliefr; mais le tout est
me à cause des nombreui troupeaux très-ruiné. Déiotare, fils de Castor, Éli-
de chèvres qi)i se trouvaient dans le sait aussi sa résidence à Bloucium.
pays. Ces animaux se plaisent toujours Néoce8arée,aujourd'huiIHiksar,faisait
dans cette contrée agreste , qui est à partie du Pont Poiémoniaque et était si-
plus de huit cents mètres au-dessus du tnéesurlebordduLycus. Cette villen'est
nifeande la mer. pas nommée par Stra bon, mnisesl men-
La moderne Kiangari est principale- tionnée par Pline; on est porte ;i en coiv-
ment peuplée par les Turcs; sur une clure quf. Tépoque de sa fondation doit
population de seize mille âmes, il n*y a être placée dans le siècle qui sépare ces
Eas plus de quarante familles grecques, deux écrivains, sans doute sous b^ règne
i ville ne renferme aucun édifice re- de Tibère. Précisément au moment où
marquable et cette ancienne ville royale le nom de Néocésarée apparaît dans
n*a conservé aucun vestige appréciable rhistoire, le nom d'Armena qui était
dos palais du roi^late. située dans le même canton, aisparatt
Gangra fut assiégée et prise par Jean complètement, il est probable que cette
Comnène, qui venait de reconquérir dernière ville n'a fait que changer de
Castamouni, ville natale des Gmnnènes, nom.
tombée au pouvoir d'un émir persan. M. Hamilton est plus disposé à iden-
ville deCastamouniestsituéedans tifier Kéocésarée avec l'ancienne Cabira
la vallée du Kara sou ; Tun des affluents où Mithridate possédait un palais. La
de l'Halys. Son nom ne se trouve men- situation du château qui commande la
tionné par aucun antenr ancien ; elle plaine a donné de tout temps une grande
ne commence à être connue dans l'his- importance miUtaire à cette place.
toire qu'a la fin du onzième siècle. TTn I.a ville de Niksar s'étend au pied
rocher élevé qui domine la villeest cou- d'une colline couronnée par un château
ronné par un château byzantin dont on dn moyen âge; on peut observer de
attribue la fondation aux Comnènes. nombreux restes de monuments ro-
Cnstamouni compte plusieurs mosquées mains un portique de trois arcades
:

remarquables par leur architecture lé- appartenant a un grand édifice est en-
gère et capricieuse, et qui datent de core debout. Plosienrs mosquées bâties
répoque des Seijoukides. Les Turco- dans le style de rarchitecture des Seld-
mans, commandes par l'émir Danis- joukides méritent d'être étudiées.
mend, restèrent maîtres du chiUeau; la Entre Kéocésarée et la côte du Pont-
ville tomba ensuite au poavoir de Baya- Euxin s'étendait la plaine de Phanaroea

Digitized by Gopgle
618

(aujourd'hui Tach ova si, la plaine de ces villes populeuses. Mâis les eolons
fuerrc )
signnlée par Strabon [\) roininc grecs de es rontre<^s dounaient plus
«

e meilleur cauton du Punt. Elle pru- d'atteution au commerce qu'aux beaux


doisalt de l'houle , du tin et des eéréa- arts, les rudes populaUsns lndi|èiies
Its; elle s'étendait entre deux chaînes s'intéressaient peu aux jeux du cirque
de montagnes, et formait une large val- ou de In scène, et dans toute la {période
lée dans laquelle se réunissent le Lycus Î|ui suivit le règne d'Alexandre jus(|u'à
et riris. La tiHe d'Btmatoiia avait été a soumissioii complète du paVs a la
fondée par INfithridate Eupator, au con- puissance romaine aucuns vépon dt
,

fluent aes deux rivières; Pompée s'é- l' A sie ne fut exposée à des guerres pim

tant emparé de cette ville, lui (lonna le des istreuses. Ainisus fut brillée par LU-
nora de .Magnouolis. Toute la topogra- cuUus, Trebizonde et Siuope ravagées
phie ancienne ne cette plaine est très- par les invasions 'des Geths et des
exacte; mais au confluent des rivières, Turcs. Aussi dans l'exposé rapide aue
on n'obser?e aucun vestige de Maguo- nous allons faire de l'état de ces villes,
polis. peu de monuments arrêteront notre at-
A cent cinquante stades, dix-sept Iti- tention ; nous rappellerons brièveramt
lomètres plus au sud, était située la ville l'histoire des prmcipales places, pour
deCabira, où iMithridate avait un pnlnis, nous iKiter de retourner dans les pro-
un parc et un inoulm à eau. A deux vinces du sud, ou les souvenirs de la
cents stades, trente-sept kiloinètres de belle antiquité se montrent de ta ma-
Cabira, était le Cœnochorlon, chflteao nière la plus grandiose.
neuf de Mithridate, bâti sur une roche Nous suivrons dnns cet itinéraire de
eacaurpée, au sommet de laquelle était la côte le périple d' Arrien Strabon et
;

une source aboudante. Les abords du Pline seront nos guides fidèles pour
château étaient défendus par une forte rhistoire du pays.
muraille et par une rivière qui coulait .\rrien cite \â placede Hermonnssa,
au pied de la roche. mentionnéeaussipnrSlrnbon(l}, comme
Ce pays est encore peu connu, il n'a étant voisine de Trapezus, il est oa-
été visité par aucnn Européen; c'est hi turel d*en rechercher la positkm aux
partie la plus sauvage de la province environs de Platana, le seul bon mooi-
comme du temps des Romains. lape de h côte dans ces parages.
L'ancienne Cerasus de Xénopbon
était située dans la vallée de Kerasoim
CHAPIXEI^ XXAU.
déré, et le château de Kereli kalè oe-
cupe l'emplacement de Coralla. Tout ce
viiipui Ml poNT-iirxiir.
pays était habite pnr les (Mialyhcs. Tri-
polis , aujourd Uni Tireboli est situé à
Si toute la côte asiatique du Pont-
cinq kilomètres h Pooest d*une rivière
Euxin est, pour les navires, dancereuse
du m<*me nom le Tireboli sou. Cétait
,

et inhospitalière^ le territoire qui tonne dans l'nntiqnité une place de peu d*im-
le littoral offre ami yeux d'un Européen
portauce , avec une forteresse pour pro-
des sites qui lui rappellent lea régions téger les navires (2) : la ville moderne
les plus favorisées de son pays natal,
commande trois petits golfes avec bon
une vé($etation abondante et riche, des fond mais le mnuillnize n'est ]tns srtr, à
;
rivièvaa UMDbfousea et des pèches abon-
cause des roeiies caelu es .*«ous i'cau. Le
dâmes aux embouchures. Tous ces avan- ehâteau du moyen ^ge tombe en ruine;
tagcs recommandent le pays à l'atten- uue autre ibrteresse abandonnée s*é*
tion des explorateurs. Mais aucune con- lève sur une éminence voisine; deux
trée de l'Asie n'est plus pauvre en petilps c^îliscs bvz.'imiMes sont les seuls
monuments antiques : tant de colonies uiumimeuls qui peuvent arrêter un
frrecf|ue5, filles de Milet et de Sinope,
moment Pattention. La population de
ont pourtant couvert ces rivages, qu'où
Tireboli ae compose de quatre oents
devrait apercevoir quelques vestiges de

(1) Sln.b., XII, 548.


(i) SmdbOD, XII, 5SS. (2) Pbne, 1. VI, ch. 4.
ASIE MmEtrk'K. 619
maisonf; turques et de cent maisons Déjà dans les montagnes des environs
gre(;ques (1). de Trâiizonde, on reconnaît au milicn
La rivière'de Tripolis prend sa source des forêts le merisier et le cerisier sau-
dans les montnL^nes de l'Arménie près vages; ces arbres sont encore p!us
de la ville de Guniuch haiié, où sont abondants aux environs de Kerasunt;
les mines d'argent; toute la chaîne qui leurs fruits, sans être très-sueculents,
fori&e le bassin de cette rivière est riche ont une saveur parfumée. Les habitants
ea minerai de plomb argentitere. Il en fabriquent une sorte de vin.
existe à qunlrc kilomètres à l'est de la Cotyore, ville grecque, colonie de
'
ville, distance qui correspond aux Sinopê, était du temps de Xéuopbon
vingtstades d'Arrienyd'aodeiiiies^tploi- un port de mer d'une certaine impor-
tations d'aruent, qui indiquent rempla- tance; c'est là que les Dix-Mille s'embar-
cement d'/U-gyria. quèrent pour se rendre à Héraclée. La
Zeffreh boiiroun, à seize kilomètres à population de Cotyore ayant été em-
l*ou€st de Tripolis, marque l'emplace- mené pour peupler Phamade, la pre-
ment du cap et de la Tille de 2«phy- mière ae ces viUes tomba à l'état de
rium. Ce pays appartenait au Pont simple village et ne paraît jamais s'être
Cappadocien U), i'ile d'Aretias,aujour- relevée dans la suite ; il ne reste aucun
d*hui KerasuDt ada si, à trente stades de vestige de cette ancienne ville aux lieux
Phaniaeie, était célèbre dans Tantiquité où l^n présume qu'elle a existé, soit à
par le souvenir des deux reines des Ordou, qui présente quelques restes d'un
amazones Utrere et Antiope^ qui avaient ancien port, soit à Bozouk kalé, qui n'est
consacré un temple au dieu Mars. Au- qu'une constrnction byzantine.
jourd'hui cet îlot est couvert de brous- Le fleuve Balama ou Pulemon tchal
sailles et nV'lïre annitip trace d'anti- marque la place de l'ancienne Polémon,
quité.^ Apres rile Arclias le |>ériple qui donnait son nom à la province; le
d*Arrien marque Fharnacie ancienne- petit village de l*ulémon offre encore
ment appelée Cérasus. les restes d'une église octogone et de
Ccrasus fut reconstruite par Pharuace, auelques épaisses murailles. Le château
f;rand-père de INUthridate, qui lui donna e Pnatisane était un peu à l'ouest de
e nom de Pharuaciei cependant le Pulémon; c'est l'échelle qu'on appelle
nom de Cérasus reparut dains la snite aujourd'hui Fatsa.
des temps, et se retrouve aujourd'hui Unieh l'ancienne Oenoë , est situép
,

avec peu d'altération dans celui de la à trente-six kilomètres à l'ouest de


ville moderne de Kerasunt. Personne Fatsa; la petite rivière Djevis déré sou,
nMfpiofe que LneuUus (iit le premier que Ton traverse avant d'arriver, re-
qui transporta en Italie le cerisier, présente l'ancien fleuve Phisanuis d'Ar-
originaire de Cérasus la renommée du
: rien. Ce pays des anciens Chalybes est
roi de Pont pâlit bien auprès d'un tel encore abondant eu mines de fer, et les
fait, U n*est pas surprenant que la re- habitants, comme leurs ancêtres, s'adon-
connaissance de la postérité ait conservé nent à l'exploitation et au travail du fer.
le nom de Cérasus et oublié celui du Le villase de Kalé keui, situé à huit kilo-
roi Phamaoe. Kerasunt , la ville turque mètres au sud d'Unieh, est voisin d'un
occupe aujourd'hui l'enceinte des mu- ancien château bâti sur une roche
railles de la Tille grecque; la plupart élevée et presque inaccessible. Un mo>
des fortifications antiques sont d'une nument sépulcral ayant la forme d'un
belle époque bien conservées. On
et temple tétrastyle a été creusé dans la
peut oi)server aussi quelques restes face la plus abrupte de la roche; il est
d'éRliaes byaantincs; mais dans toute la aujourd'hui impossible d'y arriver; pro-
ville on ne retrouve pas une seule co- bablement les ouvriers qui l'ont exécuté
lonne deliout, pas un cdilicc f|ui rapficlle étaient descentUis par le moyen de
les beaux temps de 1 arcinieclure an- cordes depuis le sommet de la montagne.
tique. Les anciens pour creuser ces sortes de
grottes avaient coutume de faire des-
(i) Hamilton, loiuel, p. iS;* cendre les ouvriers dii haut du rocher
(a) Plolftinêc, liv. Y, cb. 6. par le moyeu de longues cordes. Pline

Digitized by Google
630 L'UNIVERS
décrit très-bien ce genre d'oumi^ ville au'il auraitvoulu sauver. D'après
quand il parle de Texploitation de l'or : le tableau que fait Plutarque de la des-
« Ceux qui taillent ces rochers sont truction d'Amisus, on conçoit qu'on ne
suspendus à des cordes; en sorte qu*en pourrait y trouver aucun débris de la
voyant de loin cette étrange opération ville grecque. Amisus avait été fondée
on est tenté de croire qu'on voit des f)ar
les Milésiens lorsqu'ils occupèrent
oisonux d'uue nouvelle espèce (1). » a Cappadoce; les Athéniens y envoyè-
Le tableau oue fait Strabon de la rent ensuite des colons sous la con-
eampagne de Thémiecyre est enoore duite d'Atbéclès; elle fut eosiiite an-
vrai de nos jours rien n'égale la beauté
: nexée au royaume de Pont. Sous l'empire
des pâturages, la richesse de la végétation elle jouit d'une certaine tranquillité,
de ces olaioes où Ton voit errer d'in- mais elle fut toujours obscurcie par le
Dombranles troupeaui bien supérieurs, voisinage de Sinone: cependant sont Ict
comme race, à eeuz du reste de la Gomuènes de TrébiioiMle, Amisus
contrée. Themiscyre était à soixante comptait comme une des principales
stades d'Amisus.'La petite ville de villes de leur empire. Dans le synec-
Thermeh, bâtie sur la rive gauche du dèroe d'Hiéroclès, Amisus est comptée
Thermodon, n*est composée que de au nombre des villes épiscopales de
quelques maisons de boi3 aver une i'Hélénopont, province détachée du Pont
mosquée et un bazar; il n'apparaît aux Polémoniaque par Tempcreur Justinien.
alentours aucun vestige de l'ancienne Sous l'empire des Seidjoukides , la ville
ille. Aujourd'hui ce territoire appartient n'était plus connue que sous le nom de
à In province de Djanik ; les voyageurs Samsoun, qui n'est qu'une corruption
anglais l'ont' souvent comparée aux (lu noin d'Amisus. Les cartes pisanes
districts les plus beaux de l'Angleterre. la désigucot sous le nom de Simiso; la
Le Thermodon, séparait la province de carte catalane, soos celui de Sinnso.
Gadilon de celle de Sidène ; vient en- Assiégée et prise par le sultan Bayazid,
suite le fleuve Iris oîi Yechil irnink, qui Ildirim, Samsoun fut depuis ce temps
liasse pour très-poissonneux. La petite incorporée à l'empire des Osmanlis.
ville de Tbarehembeh est à dix-huit La baie offre aujourd'hui on médiocre
kilomètres de Tembouchure du fleuve. mouillage anx navires qui font le ea-
Le pays d'alentour est un vaste jardin iwtage de la mer Noire , aussi les ba-
où croissent toutes les variétés des fruits teaux du Bosphore ne s'y arrêtent que
de l'Europe. f»our déposer leurs marchandises et
Samsoun n'occupe pas exactement eurs passagers.
l'emplacement de l'ancienne Amisus; la Le docteur Schmidt a examiné en
ville grecque, dont il reste auelques détail les ruines de l'ancienne Amisus.
vestiges, est sur un cap à trois kilomètres Sur le sommet de la colline de l'Acropole,
au nord-oocit de la ville torqne; l'an- il a retrouvé des restes de murailles et

cien port est aujourd'hui comblé et à détours demi-circulaires, de nombreux


f)eine peut- on retrouver les traces de fragments de marbre blanc et de terres
'ancien môle. Amisus est une des villes cuites ; à une demi-lieuc du rivage, il
qui ont le plus souffert pendant les a retrouvé les ruiner d'an temple avec
guerres de Mithridate. Ce prince l'avait àts colonnes et des bas-r«liofs au milieu
agrandie et ornée de temples; mais d'un épnisfourrédebuissons. Le gouver-
lorsqu'elle fut assiégée par Lucullus, neur de la ville avait fait transporter
Callimaque, qui la défendait voyant, que dans son palais pinsieurs colonnes et
toute résistance était impossible fit des bas-refiefs Arrien marque entre
mettre le feu aux principaux édifices. Amisus et le fleuve lîalys, les stations
En vain Lucullus, maître de la place, d'Eusèue, Conopéium et ISaustathmus :
voulut arrêter l'incendie; les soldats la premièra de ces places est euccnrc
altères de pillage, mettaient eux-mêmes inconnue. LeConopéinm était un marais
le feu aux maisons, et Lucullus n'eut qui existe encore sous le nom de Koutn-
qu'à déplorer la destruction totale d'une jougas , le bec de sable *, c'est un petit

(i) PliiM^XXXni.ch. 4. (x) Riiter, Bnlkmmtê, I. IX, p. M.

Digitized by Google
ASIE MUiLUKE. 63i

port qui sert de débarcadère pour la ville jusqu^à la û&te, fondèrent plusieurs vi Iles
maritifiies, qui furent plus tard occupées
de Bâfra; le pays d'alentour est trè^-boisé
et entrecoupe par des prairies où pais- pur lescoloiiiesgrec<}UCs;lerc*lcdupays
sent de nombreux troupeaux. Un grand était morcelé en dilEérents gouverne»
marais salant qui est en communication ments. Les descendants de Pj^i smène
avec la mer paraît occuper l'empla- conservèrent un pouvoir indépendant
cernent (lu Naustathmus, qui eiait à jusnu a l'établissement du royaume de
quatre-vingt-dix stades de THalys etqui Lydie. Alors la Paphlagonie formait la
inarque la frontière entre le royaume limite orientale des Etats de Cresus ;
de Pont et la Paphlagonie. sous le rèene de Darius, elle fit partie
de la troisième Satrapie. Le roi Mithn-
CllAPrraE XXIV. date fondateur du royaume de Pont,
,

ne tarda pas à étendre ses oossessions


PiPBLAGOiilB. au-delà du fleuve Ilalys; il s empara de
toute la côte jusqu'à lléraclée, et après
La Paphlaeonie bornée a l'orient
est la chute de sa dynastie, le pays continua
par l'Haiy s, a l'ouest par le Ueuve Par- à être gouverné par des princes parti-
thénius, au sud par la Phrygie et la Ga- culiers.
empereurs Diocletien et
latie (I). Les auteurs anciens ne sont Sous les
pas d^accord sur l'origine des l>aphla- Constantin les limites de la Paphlagonie
goniens; ils étaient déjà établis daus le ûirent soumises à une nouvelle réparti-
. pays au tempe de la guerre de Ttoie, et tion : la partie ouest du territoire fut .

parlaient la même langue que les Cap- annexée à la Bithynie, et le reste con-
padociens ; on les regarde comme ayant iribua à former la -province d'Héleno-
eu des liens de parenté avec la popula- pont, dont Amasie fut déclarée capitale,
tion des Uénètes, qui habitaient les en- Le territoire de la Paphlagonie n'est
virons d'Amastris et qui sont comptés pas moins fertile que celui qui s*etend
parmi les peuples d'origine scythe (2). a l'est de THalys; il est surtout remar-
Ces derniers, après la chute de Troie, al- quable par ses immenses forêts, qui four-
lèrent s'établir dans le golfe de l'Adria- nissaient aux Romains les éléments de
tique, où ils formèrent la souche des Ve- leurs flottes. Ces foréu se rattachent à
neti, or, il n'a jamais été dit que ce celles de la Bithynie, et forment la re-
peuple filt (le race sémitique. gion appelée Agatch denisi, la nier des
Il résulte faits que le peuple
de ces arbres , qui se prolonge jusqu'à PO-
paphlagonienétait, comme tousceux qui lympe.
nabiiaient à l'ouest de THalys, d'origine Quand on a franchi l'Halys, le che-
thracique. Nous avons déjà j>arlé des min est très-praticable le lonfî de la cote,

Caucones (3) et des Maryandiniens, qui qui est borclée de collines et par con-
fureut tour à tour annexés à la Bithynie séquent exempte de marécages. La petite
et au Pont : telles était les pooulations ville de Zalecus ou Zaliscus était dis-
3ui occupaient la partie OUest de la côte tante de deux cent dix stades de l'Halys.
e la mer Noire. Le villaced'Alatcham, situé au bord delà
La Paphlagonie était renfermée dans mer, ofire dans son voisinage un ancien
des limites trop étroites pour avoir ja- ehâteau byzantin dont les ruines sont
mais Joué un rôle important daus l'his- au milieu d'un massif épais d'arbres et
toire du pays; d'abord gouver-
elle fut débroussailles; cetendroit indique sans
née par des princes indigènes, qui con- doute l'emplacement de Zalecus. Entre
servaient leur autorité en allant servir cette petite ville et Sinope, cite Amen
comme alliés les États plus puissants; les deux places de Zagora à moitié che-
c'est à ce titre qu'ils vinient au secours min entre l'Halys et Sinope , et la ville

de Priam. grecque de Carussa,dont remplace-


Les rois d'Assyrie, maîtres du pays ment est encore indéterminé.

(i) Siralion, XII, 544-


(a) StiaboQ, Xil, S^,
(3) Voy. p. 49-

Digitized by Google
62:2 L'UNIVERS.
CtiÂfiIRE XXV. aussi boisés et aussi fertiles qu'autrefois
non territoire présente en un mot tous
SntOra-UUSTftlS-HÉAACliB. leséléments nécessaires à une popula*
tion commerçante cependant elle est
,

La situation exceptionnelle de la pres- tombée presque à l'état de village. La


qu'île de Sinope sur un rivage qui offre presqu'île qui défend le port est entourée
si peu d'abris aux navires, dut aux pre- d'un banc de roches coquillieres d'uue
miers âges de la navigation attirer l'at- liogulière eoolextmre; ce sont cesToeha
tention des peuples commerçants de oui, selon Strabon, contribuaient à la
Pantiquité. Aviiiit que les Cirées eus- défense du port, en empêchant les dé-
sent pénétré dans le Pont-£(i.\iu, les barquements. La pèche des pélamides,
Phéniciens venaient sur ces cdtes com- qui faisait une dii richesses de 1*»-
mercer a?ec les Assyriens (i). cienne Sinope , est ati]ourd*liui presqie
Les Grecs attribuent la fondation de nulle; elle est presque entièrement COB*
Sinope à l'Argonaute Autolycus. Plus centrée dans le Dospbore.
tard, les Milésiens, ayant' remaraué liarmène était une petite ville grec-
rheureuse position de ce lieu et la fai- que située à cinquante Stades à l'ouest
blesse de ceux qui Thabitaient, s*en ren- de Sinope. Elle avait un port qui fut
dirent maîtres, et y envoyèrent des co- toujours peu fréquenté; aussi les anciens
lons. Hérodote compte les Cimniérieus avaient-ils un proverbe qui attribuait
au nombre des peuples qui foomfrent un la ftmdation des murailles oUarmêne, i
contincentde population à ces parages; quelque désœuvré. La position de cette
'
" Les Cimmériens, fuyant en Asie l'inva- place est aujourd'hui inconnue.
sion des Scythes, envoyèrent des colonies Aboui Teicbos, petite vilic à l'ouest,
dans a Ch è r son n èse*, 0 ù es t âct u e e ent
1 1 1 m avait un port meilleur qu*Harroèo«, et
la ville de Sinopeu (2). La ville grecque couserva toujours sa population ; c*éiait
reçut en peu d'années un développe- le lieu de naissance de cet imposteur,
ment CA)nsidérable; les forets voisines la nommé Alexandre, dont nous avons 'léj.)
mirent à même de se créer une marine parle (l)et qui iouaiile rôle d'Ksculap<';
respectable, et elle en proU ta pour fonder ilavait obtenu de Tempereur que le nom
d'autres colonies sur fa méuje côte, no- d'A boni Teichos fût changé en celui de
tamment Trapezus et Orasunte, Jonopolis,ce qui fut accordé; on le re-
Sinope fut prise par Pharnace, qui l'in- trouve avec peu d'altération dans celui
corpora à ses Etats; elle resta sous la do« de la ville moderne d'tneboll.
mination des rois de Pont jasqu*à fa Nous retrouvons sur la côte le cap
cbnte (le Mithridate. Ce prince avait pris Carambis, qui porte aujourd'hui le nom
soin d'embellir sa ville natale de mo- de Kcrembé. Les trois petites villes, Sé-
numents magnifiques; il y construisit same, Cylorus et Cromna, coucourureal
des temples, des portiques et des arse- à former la population d*Amastris , bâ-
naux de marine, dont il ne reste plus de tie sur l'emplacement de l'ancienue
vestiges. Sinope était bâtie sur isthme I Sesame; elle est mentionnée par les
uui sépare les deux ports. La ville mo- anciens géographes comme une co\oM
derne de Sinub, constrolte avec les dé- de Milet. Ge territoire appartenait à Hé-
bris des anciens monuments, n^offre au- raclée, ville puissante qui était gouver-
cun intérêt sous le rapport de l'art; elle née par dc^, Dynastes. Amastris, prin-
fut pourtant une des principales villes du sang des Darius épouse de
cesse ,

de rempiredeTrébizonde; mais ni les Denvs tyran d*Héraclée, réunit en une


Byzantms, ni les Turcs n*y ont élevé un seule ville les diverses populatioos de
seul monument digne d'être remarqué. Sesame, Cvtorus, Cromna et Teiuni. et
Sinope est aujourd'hui la principale sta- donna le nom d' Amastris à celte nou-
tion des bateaux à vapeur qui fout le ser- velle colouic. ,

vice de la mer Noire; ses environs sont Amastris fut placée sucoessivemeni
lem\ne
sous la domination d'Arsinoè.
(i) Sinope ein fiistnri^ch-antiqu.-irisrlirr de Lysimaque, et sous celle d'Ariobar*
UrortMvou Tli. Sireubti- Ba$el iSj"», n. i5,
{%) Hérodote, lY, xs. (x) Voy, p. 73.

Oigitized by CoQgle
ASIE MINEURE. ^ -i-^
ê

de Mitliridate. Prise par Tria-


fils de servage; on avait le droit de les ven-
riiis, lieuteoant de Cotta, elle tomba au dre, pourvu que ce ne fdt pas hors des
{touvoir des Komaios, et a la cbule de frontières. Uéraclée se gouverna iong-
*0iDpir» bgnaiitiD, die énfîat un des temps par ses propres lois; cependant, à
comptoirs de la république de Venise, la suite d'une sédition dont le but était
Elle fut prise on 1460, par Mahomet II, une nouvelle répartition âe^ terres, elle
auquel elle se rendit à la première boiu- appela Cléarque, un de ses citoyens, qui,
mation. Les Génois y établirent des à raide du peuple , dont H embraisa la
entrepôts de leurs marchandises; mais cause, finit par devenir tyrand*Héraetée,
depuis plus de deux siècles cette ville qu'il gouverna pendant dotize ans. T,e
est tombée dansunecomplete.décadence. pouvoir suprême fut exercé' de la sorte
Amasserali est Mtuée à peu près peudautplus de soixaute ans. Au nombre
oonime Sinope sur un isthme entre des tyrans d'Héraclée se troufaHDenys^
deux ports. On y observe encore de le mari de la reine Amastris, qui, par
nombreux vestices d'antiquités, notam- son union avec Lysimnque, donna oc-
inent les murailles de la citadelle, qui casiou aux successeurs d'Alexandre de
sont construites en grands blocs de s^immiscer dans les affeires de cette an*-
Eierre, des ruines d'aqnedue «t les dé- cienne république. Les habitants d'Hé-
ris d'un palais que l*on rsgSlde comme raclée, pour mettre obstacle à ces intri-
celui d' Amastris., gues, firent alliance avec Mitliridate,
Amasserah n*êst plus aujourd'hui roi de Pont, et avec les républiques de
qu^un bouri; maritime qui eontient à Byzanee et de Chalcédoine. Lors(jue
peine deux cents maisons. les Romains arrivèrent en Asie, la Mlle
Vient ensuite le Parthenius .lujour- d'Héraclée signa avec eux un traité d'al-
d'hui Bartouu tchai; eu général les liancc dont une copie fut déposée dans
noms géographiques dans ees contrées le temple de Jupiter capitolin.
se sont mieux conservés que dans Cependantla neutralité qu'elle voulut
les réi^ions du sud; mais, en revanche, conserver pendant la pnerre contre !Mi-
les mouumeots ont presque tous dis- thridate lui fut fatale; elle fournit se-
•paru, car dans toutes les villes de la- eretementdesnavires à ce prince; aussi,
côte, on ne peut en citer un seul c^ui ait après la défaite du roi de Pont, Lucul-
résisté à la destruction. Le caractère de lus ordonna à son lieutenant ('otta de
ces villes est plutôt militaire que civil; faire le siège de la ville. 11 parvint à s'en
ce sont des places toujours prêtes à ré- emparer, et la réduisit en cendres,
sister aux invasions du nord, et, en ellfet, Héraclée, étant tombée au pouvoir de
c'est par des attaques venues de ce Rome, ses murailles furent recons-
côté, qu'elles ont toutes péri. truites, et elle reçutune colonie romaine
Héraclée, colonie de Mé^are, apparte- qui s'établit dans son territoire,
nait au pays des Bfariandymens; client Antoine avait donné cette ville à
bfltie sur la presqu'île achérusienne, à Adiatorix, tétrarque des Galates,qui ne
deux milles et demi du fleuve Lycus. on conserva pas longtemps le pouvoir; elle
montrait dans le voisinage une caverne fut alors annexée à la province de Pont,
par laquelleHerculedescenditaux enfers La caverne Acherusia a été retrouvée
pour en tirer le chien Cerbère. Les ha- par M. Boié au milieu des jardins, vers
bitants croyaient que leur ville avait le nord ; on y observe les ruines d'un
été fondée au commandement d'un ora^ aqueduc et de deux temples qui ont été
de, et la regardaient comme un présent convertis eu églises. Elle s'ouvre sur la
de rHercule Argien , aussi ce dieu pente d*une colline roèbeuse au pied de
était-il en grande vénération, et lorsque laquelle coule nn ruisseau qui nourrit des
Cotta s'en fut emparé, il trouva dans tortues; là il trouva cachée sous le feuil-
i'agora une statue d'Hercule dont tous lage l'entrée d uu souterrain qui était
les attributs étalent d'or. rarement ^té. La grotte Acherusia
Héraclée, grâce à son avantageuse avait, au dire des anciens, plus de deux
situation, devint une des principales eent cinquante pas de profondeor (1).
villesde ces parages. Les colons crées
avaient réduit les Mariandynieus à l'état (i) xéaophon, AnabM,, 1. vi, 574-575.

Digitized by Google
•94

ville moderne d'Éregli occupe rem- fiit lelieu de naissance de Phiiatèn,


placement de FaDcieDoe Uéraclée. Les souche de la race des Attales.
nabitaols se livreot au cabotage et à la Plusieurs villes de l'intérieur du Pont
fabrication des marocains. On ren- et de in Paphlagonie mériteraient en-
contre dans les rues de nombreux dé- core une mention particulière; nous ci-
bris d'architecture ancienne, mais au- terons Pompeiopohs, aujourd'hui Tasdi
can iDODumeDt antique n*Mt resté de- kouprou, Apollonie de Pont, Geraiaoi-
bout. copolis, Osmanjik, remarquable par le

La ville de Tieîum qui termine la sé- plus beau pont musulman qui ait été
rie des villes de la côte du Pont-Luxin, construit en Asie, Safranboli, cbeMieu
occupait remplacement de la ville mo- de la culture du sifran.
deroe de Filias, ou reconnaît eooore Mais tous ces lieux qui peuvent offrir
quelques débris des murailles de son un certain intérêt comme étude de l'é-
Acropole. Tieium du temps de Strabon tat moderne, ne conservent aucun ves-
n'avait déjà plus la moindre importance, tige d'antiquité qui puisse fournir des
eet écrivain ne le cite que parce qn*ll données historiques nouvellfi.
LIVRE IX.

CARIE. — LYGAONIE. — ISAURIE.

CHAPITRE PREMIER. GvjSès avait ap|>elé à son secours Ar-


sélisde Mylasa, et pour le réeompeiiser
OlieUII DIB CA1IBII8. des services qu'il en avait reçus , lui fit
présent de la hache d'Hercule qui, ,

Le de la rive gau-
territoire qui s'étend depuis le règne d'Omphale, était tou-
che du Méandre jusqu'à la chaîne la plus jours restée entre les mai ni? des rois de
élevée du Tnurus a été, dans rantiquité, Lydie. De retour dans sa patrie , Arsé*
envahi par des tribus venues du dehors, lis fonda le temple de Jupiter Labran-

qui s'incorporèrent dans des liordes deus, à Mylasa, et orna cette ville de
aborigènes pour former une des uatioas monuments magnifiques.
les plus guerrières et les plus turbulentes Les Cariens vinrent débarquer en
de l'Asit* Mineure. Le pays fut d'abord f>gypte, sous lprèe;ne de Psammétichus,
appelé Phœnicie (1), et ensuite (Miry- en compagnie de (juelques Ioniens.
saoris (2), de Clir^saor, petit-lils de Si- Leurs armures de bronze, leurs casques
syphe. 11 appartenait aux Léléges, qni sumioiités d*une haute aigrette, surpri-
dominaient au delà du Méaudre jusqu*ji rent d*abord les Ég}'ptiens; mais bientôt
Eplièse. Une autre tribu, plus nom- le roi, se rappelant le sens d'un (Aracle
breuse et plus forte, arriva sous la coq- qui lui promettait la victoire s'il pre-
duite de Car, et se rendit maîtresse de nait des coqs pour auxiliaires, flt aux
la contrée, qui reçut alors le nom de Ca« étrangers un accueil favorable , et les
rie. On prétend que les Cariens étnient dans son pays(I); on leur donna
retint
ainsi appelés parce qu'ils sont les pre- un quartier spécial dans la ville de
miers qui ornèrent leurs casques d'une Mempliis, (|ui fut désigné sous le nom
aigrette, qui s'appelait KdLpa (téte). Ils de Kofixbv, c'est-à-dire quartier des
inventèrent aussi la doable poignée du Cariens (2). Déjà à cette époque recu-
bouclier. lée les Cariens passaient pour habiles
Si l'on veut s'en rapporter aux tra* navigateurs et pour aventuriers intré-
ditions helléniques, les Cariens passè- pides. La plupart des villes quelle oc-
rent des Iles dans le continent, et s'ap- cupèrent sur le continent d'Asie devaient
pelaient aussi I^éléges ; ils obéissaient leur origine a des tribus pélasges ou lé-
a Minos (3), et après avoir longtemps léges; mais les chefs des Cariens en
eoum les mers sous les ordres de ce roi fimdèipent un grand nombre d*autre8
ils allèrent se fi\eren diverses contrées auxquelles ils donnèrent leur nom.
du bassin de la Méditerranée. Ils atta- Alabandus b;Uit Alabande, Hydriée fut
quèreutriie de Rhodes, qui appartenait le fondateur d'iiydrias. Les Lyciens,
aux Phéniciens, et s'en emparèrent; ils sous la conduite 'de Bellérophoii, fon-
se rendirent maîtres de Délos et de dèrent Cbrysaor, qui fut ensuite appelée
toutes lesCvfIndes. niais en furent, dans Stratonicée. C'est dans cette ville que
la suite, expulsés par Mino.s. se tenaient les assemblées générales des
La renommée des Cariens s'était Cariens. Les anciens ne sont pas tout à
étendue jusqu*au royaume de Lydie. fait d*aecord sur Tidiome dont on fai-
sait usage en Carie ; ces peuples étaient
(i) Atli/'iiéc, liv, IV, p. 174. généralement connus, chez les Grecs,
(3; KUeuiie de Jiyuiiie, Kftpia-MûXftffft, sous le nom de Cariens barbaropho-
f*tC.

{^) HiTudott', lif. I,c1ia|i> 171 ; elStnilion, (i) HéroJol»', liv. lî, cli.

liv. XIV, p. f,r,(. \l) F.lieimc deRyuiice, Koftx^.


W livraison, (Asig Mineiibe.) . 11. 40

Digitized by Google
63a
nés Cette dénomination est expli-
(1). gines de ce peuple, la plupart des au-
(|U('Cde diverses inauicrt's par les his- teurs grées les font venir du dehors;
toriens. ApoUodore pensait que les mais Hérodote nous apprend qu tui*
Grecs remployèrent eomme terme de mêmes se regardaient comme aatodh
mépris pour un peuple ennemi ; d*aa- .
Uiones (1). Nous devpps en oonelon i

trrs éerivains, et notamment Strabon, qu'ils se trouvaient au nombre de crt


combattent cette opinion et attestent tribus cbez lesquelles le sang s'était
que la langue earienne n'était pas plus tellement mêlé , qu*elles avaient pciM
I
Irude que le grec, atqmrune et l'auive eUes-mémea àaa rattacher kmutwt
^lanpue avaient lieaucoup de mots com- che unique.
niuus. Ceiretaii donc qu'une différence Le peuple carieu était établi eo Aae
de prononciation qui valut aux Carieos longtemps avant la guerre de Troiefel
une épithèie sur laquelle disieslent lon- comme on le voit fligurer au nombrsda
guement les plus graves auteurs, tandis alliés de Priaiii (2), on pourrait penser
ffu'à c6lé d'eux nous trouvons un peuple 3»ril tenait plus de la race asiatiqueque
entier. let> Lvciens, dout la langue est e la race grecque. Mais il est à croire,
eomplétenent dilHraite du grec, et pas au oontraire, que dans rorigiae ils le*
un des anciens auteurs n'en fait la re- naient de près à la souche thrace,qiii '

marque il faut aller chercher quelques



d'Kurope en Asie.
vint s'établir ^

lambeaux de phrases dans le^ commen- Les Mysiens les Lydiens et


, les Ca-
|

tateurs pour savoir que certaines vlllts riensétaientunisparuneétroitealliaDce. I

portaient éMix noms, un gvec et un Jjr« On montrait, aux environs <\>^ Mvbsa,
cien J'avais pensé un moment que un ancien temple de Jupiter CÀirien

cette langue devait être celle dout nous qui elait uossédé eu oomniun par b
retrouvons tant de vestiges en Lycie ;
trois peuples (3).
mais le fond de b
langue des Cariens Cent trente ans après la guerre de
était hellénique, car Psainnietichus Troie, Nélee, lils de Codrus, arriva a
donne u ceux qui habitaient ses États la téte de5 tribus helléniques qui vmrcut
la cliarge d enseigner la langue grecque s'établir sur la côte d'Asie. Les GfWi
à des enfants égyptiens (t). Cependant, ne tardèrent pas à déclieirer la guerre
f'-lienne de Ryzance nous a conservé aux Léléges et aux Pélasj^es, qui furent
quelques mol.s e.iriens, qui paraissent de proche en proche re[)Oussés de ÏMO' i

tout à fait étrangers a la langue grecque : lide au sud du Méandre. Androctai


aia, ebeval, toua» tombeau, cara, tête, s*empora d*Éplièse; mais lé terriUNn |

banda, victoire, géla, roi. Ce sont au- conquis ne suflisant plus aux nouveaoi
tant de eoutradirtions. colons, franchirent le fleuve après
ils

Les Cariens, après avoir porte l'épou- ayoir occupe Miiet et Pnene, et aide»
vante dans toutes les ties de la Médi« vent les Doriens à conquérir le promoe-
terfanée, éprouvèrent à leur tour dte loire où fut fondée la ville de Cnide. Cx"S

nombreux échecs. Chasses de Crète par derniers se divisèrent en trois corps :


1»^

Minos, ils ne tardèrent pas a être ex|)ub premier occupa la t;rete ; le second s'eiu-
ses de toutes les Cyclades, et lorsque les para de l'île de Rhodes ; ctletroisiWM»
Athéniens, dans lebutde purifier Délos, sous la conduite d' Anthès, devint inaiirc
enlevèrent tous le^ tombeaux qui se trou- de Cjos et de la côte voisine. Ces colonu^
vaient dans cette lie, on remarqua que demeurèrent à jamais maîtress»JS des
le |)lus grand nombre des sépultures pays qu'elles avaient conquis, etlesiai»
avaient appartenu à des Cariens (4). cnptionsqueron y trouve encoreaujour-
On éprouverait de grandes difficultés d*hui prouvent que le dialecte doriett
si Ton voulait faire concorder les tra- s'y conserva dans toute s<i pureté (4).
ditions qui uoussont restées sur les ori- Ce qui peut prouver qu'il existait US*
certaine diffâmiee entre les Carieas it
(c) Strtbon, liv. XIT, p. 66i ; Iliad,^ If,
867. (i) Hérodote, liv. I,fh. 171.
(a) Id . iliitl., p. (>Gtj-<'t75. (a) Ilind., U, 867.
(J) Hérudoiis liv. 11, dtap. i5^. (3) Hérodote, liv. I. cb. 171.
(4) lliurydide, liv. I, ch. 8. [4) StndwD, liv, TUT, p. 375. '

y u.^ jd by Google
àSi£M
les Léléges propreniefitdils, e*Mtque foumlssanriles am w
lMs t s qpa'ells cooi-
ces derniers furent assez maltraités au manda en personne, et ce prince lui en

moment de la migration ionienne; les témoifîna sa reconnaissance en l'inves-


CariiMis néanmoins n'Iiésitereut pus à tissant d'un pouvoir souverain (1) qui
faire cause commune avec les Ioniens ifétendait sur les Iles'vMnct.
Tjgdiittils. fljg d*A>témi«ff^ lui suc-
pour déclarer la guerre aux Perses. Les
deux peuples se donnèrent rendez-vous eéJastir le trône de Carie, ou plutôt
près ou qu était
lleuve Marsyas; c'est la comme prince tributaire des Perses. 11
le de Meu Canis. Les Grecs
ten)ple eut à hifter' contre l«s enfaltissements
trouvèreot dans les Carions de fidèles d*Athènes, devenue maîtresse de toutes
alliés, qui ne démentirent pas dans les les eôtes (2). A la faveur des dissen-

combats la réputation de bravoure qu'ils sions interminables qui ébranlaient le


s^étaient acquise. Vaincus dans une pouvoir des Grecs, les princes de Carie
première r^coritre arec les Perses, les avaient su se créer, dans ees pays, un
alliés, sur le conseil des Çsriens, dres- parti assez puissant pour leur permettre
sèrent à Parmée per<;e une embuscade d'aspirer a l'independanee. Heeatom-
sur la route de Pédasus les Perses : nus^ qui avait commandé les armées
furent défaits , et leur chef Daorisès y ^nvAes d'Artaxerxs Mnémon, secoua
Alt tué (I). le joug de la Perse, soumit ses alHés
et s'établit à Halicarnnsse, où il parvint
CHAPITIIE II. à se maintenir en pavant un tribut aux
Pars». Ce ftrinee'SÛt trois fils au -
AOIS BT DYNASTIIS AB CAR1K. ^ole, Hydriée et Pbtodsre, et deuîTBlles,'
"^rtémise et Ada ,
qui épousèrent leurs

de Lydie, avait étendu frères. Mausole succéda a son uere;


Alyatte, roi
il étendit son pouvoir ata<fêlà des nml*
son empire jusqu'aux limites de l'Asie
Mmeurui a la chute de l'empire de tesde la Carie, et porta la guerre chas
les peuples de la Phrycie. Il nssiégea
Crésus, les Cartons tombèrent, avec les
As-sos et Sestos avec cent vaisseaux, et
autres peuples grecs, sous le pouvoir
s'éloigna de ees places moins par la
des Perses, et la tlarie lit partie de la
première satrapie, qui compreuait l'/to- Ibrce que par In perSltaSlan. Il prit part,
Ude, rioiiie, la Lycie et la Pamptiylie. avec Chio, Byzance et Rhodes .a la
puerre contre les Athéniens, et les tonja
Milet, subjuguée, devint la résidence
du gouverneur, qui prit le nom de sa- d'abandonner leurs prétentions a la do-
trape de Carie, tue partie des autres mfnatidn deft meiL' Mâuaolé «mveprit,
illes sa tendit bientôt volontairement ; pendant son fègne, des' travaux consi-
dérables qui eussènt ruiné son trésor
le resta ftitsoumis par la force (2).
s'il n'eût inventé mille moyens de se
llarpagus, le plus eélèJire des satru:
pes, était parvenu a suuuieltre les Ca- procu rer de l'argenf; Il réunit \ -Hallcar-
riejis , en incorporant dans son armée
nasse les habitants de plusieurs villes
ielége.s. qui furent abandonnées. Maître
quelques Grecs œolieus. Il marcha
contre C-aunus »'t (outre les Lyeiens. de la Lycie, il écrasa ce pays d'impôts,
Nous le retrouverons bientôt devant et tout , jusqu'aux luuijues clievelures

Xaotbus, la capitale de la Lycic (3). des Lyeiens, futtaxépar itagouvemeurs.


Sous rautorité des Perses les Ca- ,
Mausole régna vingt-qtiatre ans; il
riens étaient administrés par des gou- mouruFTa quatrième année de la loC)*
verneurs de leur nation, (jui peu à ,
orvîïïpiade,553avant notre ère, et laissa
peu y reconquirent une sorte de puis- le pouvoir à U relhe Artémfse* sa vauva
Li ^dao.is, ty- et sa sœur, qui nelOt sàrvécut tjue peu
sance. Artémise^JUle
ran j'Halicarnass e , reî^bt le titre de de temps, et mourut du chagrin qu'elle
roi ne de x!a rie Tirette |)rinees>e rendit ressentit de la mort de son mari (3).

à >lerxè8 les plusgrauds services eu lui Artémise eut pour sntecteettr Hydriée,

'

(i) Hérodote, liv. T, cliap. laf* (i) Hérodote, liv. yil,èh. gj.
t ..
(u) IJ., liv. VI, chaj). laS.' (q) Thi.cydîde, liv. II, p.

çy.

i 5 a. Sirabôu, Uv. MV, p. 656. *


(âj Id., ch.
liv. I, «
(3;

40.

Digitized by Google
628 L'UNIVERS
qui laissa le royaume à son épouse Ada. Stratonicée, d'Alabande, d'Alinda et de
Pixodare, le deraier des fils d'Héca- Iassu.s, la majeure partie n'est pas anté-
tèmniis, dépouillâ «tte prineose, et rieore au temps des empereurs romaius.
chercha à donner plus de force h son
autorité en appelant un satrnpe des CHAPITRE m.
Perses, n^mmé Orontobatès, pour gou-
verner avec lui. Ce dernier av«itl|miié HALICABNASSB.
Ada, fille de Pixodare. Ceit à eette
époque qu 'Alexandre arriva en Carie La
plus grande et la principale ville
et mit le siège devant Uaiicarnasse. de Carie , Halicarnasse , est située au
Ada, fille d'HéeatooiBiis, alla demander fond d'un vaste golfe, faisant face a
le seeours du prinee grée pour rentrer rae de Cos; elle fut fondée par Antbès*
dans ses États s'engageant en même
,
qui arriva à la téte de colons de Trae-
temps à marclier contre les cantons zéniens (1). Cette troupe fut bientôt
révoltés, chose d'autant plus facile |>our augmentée dequelaues Ai^ens conduits
elle, que ceux qui les occupaient étaient par Mêlas (2); elle reçut d'abord le
ses parenfs (l). Alexandre y consentit; nom de Zëphyria, d'une petite île qui
Ada fut déclarée reine d'Hàlicarn^e; en était voisine , et qui, par la suite
et depuis ce temps la puissance des des temps, fut jointe au continent. Eu
Greei y fut établie sans partage jusqu'à égard à son origine, Halicarnasse Gt
Tinvasion romaine. d'abord partie de la confédération do-
Cependant cette province fut souvent rienue; mais Agasiclès, citoyen d Ha-
tlivisefi en gouvernements séparés , et licarnasse, ayant emporté chez lui le
les Rhodiens en occupèrent toute la trépied qu'il avait obtenu comme prix
cAte sud, qui prit le nom de Peraea. dans les fêles célébrées en l'honneur
Au partage de empire d'Alexandre, la
I d'Apollon Triopéen au lieu d'en faire
,

Cane fut suuniise dominaliuu


à la huniniaKe au dieu, Halicarnasse fut ex-
d*Antiochus jusqu'au jour où les États clue de la ctmfédération. Vitruve nous a
de ce prince furent annexés à l'empire laissé une description de la ville d'Ha-
romain. Le territoire de la Carie pré- licarnasse qui peut nous guider d'une
sente, eu abrégé, les variétés de plaines manière à peu près certaine pour re-
et de montagnes que Ton trouve dans trouver ecrtains monuments ; mais d'au-
l'ensemble de la presqu'île. Des monta- tres dispositions, et surtout celles du
gnes richement boisées, des plaines port secret et du palais di Mausole,
sans arbres, et l'imposante chaîne du resteront encore dans le doute, malgré
Taurus se «visant en plusieurs bran- les oommentairea de plusieurs savants
ches, forment tantôt de hautes mu- qui en ont étudié sur les lieux la topo-
railles de rochers inaccessibles, tantôt graphie. Ce passage est reniarqunl)le, en
des vallées sinueuses au milieu des- ce qu'il mentionne les principaux mo-
quallea serpentent des rivières. Ainsi numents qui décoraient cette villa, et
disposé, ce groupe montagneux se pro- notamment le plus célèbre de tous, le
longe jusque dans la mer, et forme des tombeau de Mausole dont remplace-
,

caps et des golfes où toutes les nations ment peut être déterminé avec une cer-
maritimes oîb l'antiquité sont venues taine probabilité.
tour à tour se disputer des étabUsse- Le grand port d'Halicarnasse , ainsi
menls. ruines des différentes villes que nous le voyons aujourd'hui , était
de cette province ne nous font pa»con<' situé au fond du golfe de Boudroum
nattre le neuple carieâ souT un aspeet et entouré psr un eerele de montanies
différent des autres Grecs. Il «liste peu qui se dessinent comme un amphithéâ-
de monuments dont l'origine puisse tre c'est là que Mausole, qui habi-
;

éire attribuée à la Carie indépendante, taitprimitivement yille.de .l^^lasa


et do tout ce qui nous reste des vilks do ayant remarqué qu'HaHeamassa était
un lieu natureUement fortifié, propre
(l) Strabon, liv. XIV, p. 656. Airiin,
Bxp. AiêJB,, L J, p. t3. Diodon, Uv. ILYU, (i) Slrabon, liv. XIV, |i. 65C.
(a) TiUiive, liv. II, cb. VIU.

Digitized by Google
ASnS MINKURE.
au cominerce, avee uu port couve- sont- ce les deux points auxquels s'atta-
nable, réaoiat d'y étaUir sa royalo ré* chent les mdies antiques que Ton ob-
•ideDee. « Ce lieu, dit Vitruve, s'arron- serve encore, ou les deux caps que ferme
dit en forme de théâtre. Dans la partie la côte au point où la baie commence
la plus basse , près du port , était placé à se contourner ? 11 est à croire que le
le romm ; aa miKeii de ta eoorbore était port désigné par Vitruva tt*est autre
voe i^aode place formant une sorte de chose que celui qui est exira murot
précmction au milieu de laquelle était dans la ville turque ; car, pour les an-
construit le mausolée, réunion de tant ciens, cette grande rade foraine ne
de etie6-d*fleiifre, qu'on le plaçait au Îouvait êm regardée comme un port,
nombre des merveilles du inrade. Au 'ai dierché avec le nlus de soin pos-
milieu de la citadelle du sommet se sible, soit par des aépôts de calcaire
trouvait le temple de Mars , contenant d'eau douce, soit eu interrogeant un
une statue eomsale du genre appelé ârand nombre dlisibitants de la ville
iitp6XtOo;( acrolithe ) , ouvrage sorti des e Boudroum , s'il existait une fontaine,
mains du célèbre Léocharès. Sur le som- ou si Tou n'avait pas connaissance de
met à droite, à Textremité de la courbe, quelques sources aujourd'hui taries;
ae troufait le temple de Véons et de aucune réponse satisfaisante ne me fut
Mercure, tout auprès de la fontaioe feite. La plunart des monuments dont
Salmacis, de sorte qu'on avait à droite on retrouve les vestiges sont beaucoup
le temple de Véous et de Mercure , et à plus minés que dans aucune autre ville
eache, à Textrémité de la eonrbe, était antique de»
cdte. On ne trouve d'in-
palais aue le roi Mausole établit a^ tacte que la grande ligne de murailles
Ion ses oesseins. En effet, de là on qui couronnent les crêtes de la monta-
aperçoit à droite le forum, le port et gne; mais du moment que l'on appro-
tout le développement des remparts; che de la plaine, les murailles ae pei^
et à gauche le port secret, caené par dent, et Ton ne saurait dire comment
des montac;nes, de sorte que personne elles venaient se rattacher à la mer.
ne pouvait voir ni connaître ce qui s'v £n examinant la nature du terrain,
faisait- lorsque le roi , de son pala» on est porté à conclure que l'emplace-
mtoe, pouvait, sans <)ue personne s'en ment sur lequel s'élève le château ac-
aperçut, commander à la flotte et au% tuel de Boudroum était jadis délachf^ du
soldats. » Il est évident, d'agrès cette continent et formait I Ile appelée Zé-
description ,
que
moindre vestige de
le phyria. Quand on voit combien peu
monument nous mettrait sur la voie d'eapace occupaient certains ports grecs,
r>our reconnaître d'abord de quel côté on peut sans beaucoup de ditQculte ima-
'auteur romaiu se supposait tourné Siner que le palais de Mausole était
pour déterminer sa droite et sa gauche tué h rangle orlentri de la ville, et que
soit quMl regardât l;i mer, soit que de le petit port secret est aujourd'hui en-
la mer il refiardAt la \ille. sablé. Il y aura toujours In difficulté
Malheureusement le principal carac- d'expliquer comment ce port pouvait
tère topographique qui Mit éclairei tons être caché à la ville par des exhausae-
\es doutes, la situation de la fontaine ments de terrain ; mais si l'on veut
Salmacis est elle-même un problème aller chercher le port secret soit dans
,

pour nous, car nous ne reconnaissons l'île d'Orak, soit de l'autre côté de l'Is-
a droite ni à gaueiie, à Pest ou à Touest, thme, à l'occident d'Halicarnasse , la
aucune source vive à laquelle on puiase difficulté est encore bien plus grande
attribuer cette dénomination. Nous ne f)our expliquer comment de sou palais
sommes donc certains que pour deux e roi pouvait commander en un point
ce sont la citadeHe supérieure
localités : si éloigné. Rien dans les mines de la
et le miUea dela courbe du port ( per ville ne parait se rapporter à Tancien
mediam altitudinis curvaturam), parce palais de Mausole, qui était construit,
que le centre ne change point. 11 est nous le savons, en briques revêtues
mia autre difficulté qui se présente d'un enduit poli comme du verre et de
quand on examine la carte du golfe : plaques de marbre. En faisant le tour
ce que Vitnive entendait par eonma du port moderne, noua trouvons çà et

Digitlzed by Google
là divers fragments qui ont appartenu ques écrivains byzantins en parlent d*nnê
à des édifices d'arcliiUcture grecque : manière lus ou moins abrégée, mais
;

des chapiteaux ioniques de dittéreutes tous avec éloges. Lucien fait dire à
dimeoifons. <V« autels, et «uitimt un Mausole (I) « J'aidmeHalieamMsottii
:

Srand 4UMnbre de ebapiieaux d*ordre tombeau immense, tel qu'aucun autre


oriqup en marbre blanc. Dans un des mort ne peut se vanter d'en avoir un
jarduih qui entoureut la ville moderne, semblable ; il est construit du plus
fiTélève une coloonade d*oidre dorique beau marbre et orné défigures de guer*
grec qui a été décrite par M. de Choi- riers et de chevauK. »
BeuJ. D'après l»'s arracliements qu*on Pnusanias (2), en citant les tombeaux
observe sur la partie opposée à la façade, remarquables n'oublie pas celui d'iiali-
on voit que ce débris d'arehiteeture n'a eaniasse. « Il nélé ùk sous le lèpae
pas appartenu à un temple , mais que de Blausole, roi d*Haliearoasse, Il est
c'est lereste d'un portique. Cotte convic- remarquable par sa grandeur immense
,tiou tieo^t à ce que» dans le temple grec, et l'art avec lequel il est construit ; aussi
.rarchitrave transversale qui supporte l«s Romains dans leur adnmratioii sans
le loflite vient s'engager dans la Mrtie égale donnent-ils le nom de .Hausolée
postérieure do la frise; M qili na pas aux tombeaux remarquables. »

fleu dans cet édifioe. Deuxautres auteurs parlent du Mau-


En remontant un peu plus vers le solée ; premier, Hygin , écrivain du
le
nord, on remarque un grand soubasM- temps d'Auguste, décrit en peu de mots
ment carré, formé par des pierres h lec/Mèbre tombeau. « I,e tombeau du roi
bossage et qui sont d'ouvrage ^rec. Ce Mausole bâti en marbre lychnite est
soubassement peut avoir a|>partenu à haut de quatre-vingts pieds et a trois
un temj^. L*acropole supéneure ( arx cent quarante pieds de tour (3). »
summn ) celle qui sans doute reçut
, Dans Vibius Scquester (H), nous trou-
le principal assaut lorsque Alexandre vons ce passage : « Le Mausolée qui est
sV.mpara de la ville, n*est pas conservée en Carie est haut de cent quatre-vingts
d*une manière assez eonplète pour pieds et a quatre cents pieds de tour.
qu'on puisse bien re(!onnaître où était (Test là qu est placé le sépulcre du roi
situé le temple de Mars. Dans Tetat des en marbre lychnite. » Ces deux passages
choses, il n\'8t pas impossible que cer- permettaient bien de supposer que le
tains ouvrages de défense, dans la par- tombeau de Mausole était tireulaire.
tie inférit'uiT, aient été détruits. Nous trouvons dan^ un passage de Pline
11ne redite donc, de tous les édifices des détails plus précis sur la forme et
^oi ont à peu près conservé leurs for- ïé» dimensions de cet édifice, c'est sur-
mes, i|ue le théâtre., qui ne présente tout ee passage qui a guidé les archéo-
aucune pnrticularitc digne d'intérêt. loques dans les essais de restitution qui
Toute la ville grecque ay.int été rasée ont été tentés jusqu'à ce jour (6).
par Alexandre, nous ne pouvions, dans
aucun cas , es|>érer de trouver des (0 Laciea^ I^idaigmu éêt tmrit, Dial.
numents antérieurs à cette époque. XXIV.
(a) PaiiMnia», liv. VUJ, cfaap. t6.

CHAPITRE IV. (3) Hygiai, Fib. CCXUIU.


(4) Vibius Sequeitor» tl« QtnHkm, p. Sy,
U TOHBBAD M MADSOLB. in-8%1778.
(5) Le« avleuri qui ont publié des «snb
de rt>siilulion da tombsto <» MtiiKile moC
Il est peu de monuments de Tan*
au nombre de neuf :
tiquité qui aient excité à un plus haut
(Avilis, 1753, Mémoire de l'tttërature de
desjré les efforts et la sagacité des nr-
l'Académie de^ iuscriplioM el belles-leUres,
tisles et des archeojogues. Les nombreux
tome XXVI. ji ;
fragments des auteurs ancicBs qui sont AoEUste Kode, \%oo^fronthpîce de Tédi-
parvenus jusqu^à nous présentent ce tien de YAraw: Beritii, in-4*;
tombeau comme l'objet de l'admiration CbaiiBulGoiiffin , 1^1 f'oyagtpittatet'
universelle ; Viiruve le mentionne plu- qve dê /« Grèce, tome I, in-fol.;
sieurs fois, Pausaoias, Strabon et quel- WeiubrenBer, i8«A, dtiu Kmtrehtr,

Digitized by Gopgle
'
' ASIE MINEURE. M
Le pasaa§e de PliiM (1) est aiim peu moins et duni tout le pourto'ir se-
concu rait de quatre cent onze pieds, ce qui
m
:

• Seopas eut en m^me temps pour ri- iinposaible ; aMsi hè «oromevtatmirs


vaux Rryaxis, Timothce et Léocharès. ont'itS'.iniagiiié d'appliquer cette d«r*
11 ne faut pas les séparer ici, puisqu'ils nière mesure à une place ou area qui
emplovèrent ensemble leiir ciseau pour entourait rédilice; ceste encore la atf-
llauMile, petit roi de Carie, qi|i mourut fieslté d'ajuatar tranie-eii cokmnaa jor
la seconde année de la cent six lèraeolyni- le périmètre donné,
piade : ce sont les ouvraizes de ces ar- [,a difficulté a été simplement dimi«
tistês qin lireut pliictii ce monument au nuée par les récentes découvertes faites
nng des menreatei du monde. Les parM HewtoosurfemplacementmABW
laeee exposées au midi et au nord ont du mausolée . .»

snivnnte-trois pieds; il est plus court Ces recherches faites, avec «ne çjrande
sur les fronts. Tout le pourtour est de intelligence de la topographie ancienne
quatre eest onze pieds; il s^élète sur de la ville d'Ualicarnasse, ont eu ppur
une hauteur de vingt-cinq condées; il résultat de faift fetrouver les débril
est entouré de trente-six colonnes , et du mausolée dans un tertre quodrangu-
Ton a donne à cette colonnade le nom iaire qui s'élève au6ud-est.de la colon-
de piéron. Soopas travailla du côté du nde migaifament appelée temple de
levant, Bryaxis du côté duaord«Timo- Man. t , . . » ^

tliéeau midi, et l éocharès au couchant. T^s rapports qui ont élé adressés au
La reine ArtémLse, qui avait fait élever gouvernement anelais et qui ont été en
ce tombeau à la mémoire de son époux, partie publiea, lont comiattre que le
mourut avant que ces artistes eussent mausolée reposait sur un soubassement
achevé leur ouvrage ; mais ils voulurent mi ulrangulnire qui était entofirc d'une
le terminer pour leur propre Rloire et irise représentant des combats d"A-
pour rhonneur de art leurs ouvrages l : mazones; ce sonAassement était sur*
se disputent encore le pribt.. Un cin- monté d'une colonnade d'ordre ionique
quième artiste se joignit à ceux que j'ai avec un entablement complet, dont la
nom nies, car, au-dessus du ptéron ou frise était ornée de combats entre les
éleva une pvramide dont la iiauteur Grecs et les Amazones. L'architecture
était égaie à la partie it^ewe et qui de ee moanmeotest oomparée par Tau*
était composée de vingt-quatre gradins, tenr de ces décx)uvortes à celle du
se terminant en forme de meta. Sur, le temple ionique de Pncne les deux édi* :

sommet on plaça un quadrige de mar- fices sont contemporains,


bre, ouvrage de Pvthw, et qni« ajouté Celle eotonaade était surmontée du
au reste, donnait à Fédifice une baoteUT pyramide composée de vinjit-quatr'.i
totale de cent (fuarante pieds. » degrés de marbre blanc, njoufée aprvs
L'édiQce presienterait donc un plan la mort d'Artémise par un cinquième
rectangulaiteîoBl deux cétéa annêenl erdste dont le nom est resté ineoBiio*
eoixant^troispMdltlisdilttBatree «n f-^s gradins de marbre étaient entés
„ . .
, , , . . uns dans les autres de nianière à
ch^u, k''" '^'J'Î^'^'X" empédier toute infiltration des eaux;
Crbruhe, secuon ÎV, planche
aïïtteq,,adrige, ouvrage dePylbis, qui
ji^ . . j couronnait tout l'édifice, a été en gronde
partie rétrouvé-, on a des portions de la
-i;,?,!;r:^a.ct.^^^^^^^^

pi X, 14, et pl. XXX, 14;


plualeiiFs fingmmts dm chevaux de
CaniM, Ako, jtfâ^ifiMm MHta, grandeur colosiole. Les fouilles ont mis
tome II, inv. 1 55. d'aprrs unr médtlttéfflM- ^ decouvcrtun CTand nombre de liîînres
crypUc) de U reine ArivoNM; de lions en marbre qui paraissent a\oir
6)cli«reli, 1846, dMit ta dissertation été plaeéea dent lesentreooloBneiimits;
rc mausolée pArCbvie* N' v. ion. KMrait du on a de plus trouvé un firkgment de
dnts cal }fiisft/m, pnrt. XVI, p. aS ; Dal stotiic éqticstre de lîrnndeur colos nie;
Marq itx, ciié par Cauiiïa. 1

. . ; :^ le poitrail et une partie dhk.eocps du
(1) Pline, liv. XXXYI, ch. 6. . ... t, ^cliBfBl îiidk|uent que Kanimal était

Digitized by Google
Imeé aa galop. LesJamiMadacafalier
Sres à être employés dans la construdioD
existent encore; ellai aoDt vihMt do
a cfaâieau (i).
pantnlon ou anaxvrides que les sta-
tuaires mettent volontiers aux statues CUAPITKË V.
OM Amazones. Nous voyons souventdes
figures de ces femmes guerrières aoooan- 1A88U8.
pagner la décoration d'un tombeau.
Tous ces fragments qui appartiennent
La eôle de la Carie s'étend depoii
le cap Posidium jusqu'à la partie II
aa plus beau temps de l'art grec ne ,
plus méridionale de l'Asie Mineure,
démentent pas les témoignages d'admi-
Elle est caractérisée par deux grands
ration que les anciens auteurs ont mo»
golfes qui se subdivisent en plusieais
digués a cet édifice.
petits ports, dans chacuu desquels les
11 résulte des restitutions sommaires
anciens avaient formé des ét3b!iFS^
ui sont la eooséquenee des fouilles
ments. Celui qui est le plus au nord
3 'Halicarnasse, que le tombeau de Mau- s'appelait dans l'antiquité golfe de lai-
sole ressemblait au petit monument sus, au fond duauel était la ville du
funèbre qui existe encore aux portes de
même nom. Sur fa côte méridionale du
Mylasa, et que eo dernier ounage est
une réminiscence du célèbre mausolée.
même golfe se trouve c.iché par un Ilot
un autre golfe qiui, jusqu'à nos jours,
Divers souterrains ont été fouillés
fut en vain chercné par les exploratean
dans le soubassement de l'édifice. Dans
de l'Asie jp veux parler du golfe de
:

l'an d'eu ou a découvert une uroe


Bargylia, nue l'on croyait définitive-
avec une inseription en caractères cu-
ment comblé par quelque accident géo-
néiformes.
logique. Il était imnortant de détenais
Les auteurs des découvertes faites ner, par une expédition nouvelle, le
récemment sur remplacement du tom-
véritable périmètre du ^olfe d'Iasstis
beau de Mausole, pensent, d'après la
et ses subdivisions. Apres avoir ex*
nature des fragments de sculpture dé-
ploré la cdte d'Ionie , nous partfaM
couverts dans leurs fouilles, que le mo-
du cap Arbora ou Posidium le 1 8 juil-
numentfut renversé parun tremblement
let 1835, avec la goélette la Afésange.
detnrre, et que l'enlèvement des maté-
riaux opéré par les chevaliers de Rhodes
La première ville qui se présentait a
rentrée du golfe, l'ancienne Tychiussa,
n'eut lieu qu'âpres la destruction du
était une forteresse appartenant ans
monument. Le procès- verbal desdécou* I

Milésiens. On reconnaît encore In p^tiff


vertes foites en f 69Spar le>oommaodeur
crique où le port devait être situe mais
de la Tourette, ne dit pas, en effet, que ;

sur remplacement de la ville, nous ue


le tombeau était entier, quand on en
trouvâmes aucune trace de monuments
prit les matériaux ; nous avons publié
I

qui méritât de nous arrêter longtemps.


cette relation d'après Guichsrd (11; les
chevaliers ne trouvèrent d'abord que
A la fin du siècle dernier l'ancienne
lassus contenait encore quelques liabi-
« certaines marches de marbre blanc
tnnts, et la ville s'appelait Asaem kalé
qui s'élevaient en forme de perron au
si, le château d'Assem. Chandier n'y
milieu d'un champ près du port. » La
trouva plus que quelques f.nnilios grec-
grande masse de matériaux de marbre
ques placées sous l'administratiou du
fut extraite des fondations c'est au ;
bey de Melasso; aujourd'hui ces ruines
milieu de ce massif qu'ils découvrirent
sont tout à f^it désertes, et pendantoa
le tombeau du roi, qui fut violé pendaut
séjour de plus d'une semaine nous n'a-
la nuit avant qu'on n'en eut fait une
perçûmes ni dans la ville ni dans les
reconnaissance régulière. Tous les frag-
enviroos aucim habitant pour nous don-
ments de sculpture trouves par iM. Kew-
ner le moindre renseignement sur lee
tou dans ses fouilles ont été abandon-
localités voisines. Nous longions avec
nés par Ica cbevalien comme tmpro»
la Métange la côte nord du golfe, qui
ae piésestait à nous sous 1 aspect le

(l) Gnicbard, FimimiUes des Grecs et des flii^yu»^ (kàieam 4e Bmh


(0 yoy,
Hmaki, ia Lyon, iSSi , t. III, p. 378, drown.

Digitized by Google
6S3
plus sauvage ; aucune trace d'habitation contraire, pour stérile et maigre. Stra-
ni de culture ne s'offrait n nos regards. bon raconte une plaisanterie touch.nnt
iSous avions déjà doublé plusieurs la vente du poisson à lassus. Je doute
raps , et la aoadie indiquait que nous que Jamais coup de filet des Grecs ait
approebioiis dulbnd du golfe ; il eût été produit une masse de poisson plus con*
dangereux de rester de nuit dans ces sidérable. Il est vrai que, depuis plu-
parages incounus. Le capitaine donna sieurs siècles, le poisson, dans ces pa-
Tordre de virer de bord, et je désespé- rages, est tout à lait à l'abri des pour-
nie de reoeontrer les raines d^Iassus suites des pécheurs. Pendant notre sé«
lorsque le navire en virant, découvrit
, jourà lassus, les matelots renouvelaient
une pointe couronnée de fortifications. chaque soir des pèches aussi fructueu-
Bientôt l'ensemble des murailles, écla- ses; ils amenaient souvent des mollus-
tantes de blancheur se déploya à nos ques aux formes les plus incroyables,
vegards : c'était Tassus; et nous allâ- aux couleurs les plus brillantes; mais
mes jeter l'ancre, à l'est de la ville, où nous n'avions à bord aucun moyen de
nous trouvâmes uo boo foud par six les conserver. Pendant le jour, la cha-
brasses d'eau. leur était intense, à peine pouvait-on
On ignore les causes de l'abandon toucher les garnitures de ciuvre qui se .

de cette ancienne ville le pays d'alen-


; trouvaient sur le pont.
tour est bien arrosé et les plaines voi-
sines seraient propres à recevoir la eol- CHAPITRE VI.
ture des eéréales.
Le commis aux vivres dp In Mésangi LES MUBAILLBS.
fut un peu désappointé, car il espérait
trouver dans une si belle ville un peu flouscommençâmes par examiner \

de fiandetiratche pour l'équipage. Pour le pourtour des m'urailles. La ville est


parer à cet inconvénient, le capitaine assise sur un îint qui est environ deux
ordonna une grande pèche nux filets; fois aussi lon^j que large. Le centre est
eu un instant les canots furent mis à occupé par une colline élevée, au som-
la mer; la nuit était venue, on mît le met de laquelle est située Tacropole, de
feu aux oliviers sauvages qui couvraient sorte que la majeure partie des mai-
1(1 rive; aucun c.irde champêtre n'ap- sons était bfitie sur un terrain en pente
parut pour dresser procès verbal. Les entrecoupé par des terrasses. Les mu- .

voix glapissantes des chacals troublè- railles qui entourent tonte Ifte sont
• rent seules le silence de la nuit, comme flanquées de' tours carrées; elles sont
pour protester contre l'invasion de construites en grands blocs de marbre
leurs demeures. Les canots avaient dé- blanc à bossage, de O'^fTU de hauteur;
crit un long circuit, entraînant avec Tintérieur du mur est rempli par des
eux un long filet qu'on appelle seine. blocages rdiés avec du mortier. Toutes
Bientôt ta résistance devint telle, qu'on ces murailles sont d'une l)€lle conserva-
craignit que le lilet ne fill arrêté dans tion; l'air <le la mer empêchant les li-

qaelque roche ; l'agitation des eaux fit chens de croître sur le marbre, elles
bientôt reconnaître qu'une quantité sont d'une blancheur éclatante. On
immense de poissons, attirés par les voit quelques restanntions qui datent
lueurs de l'incendie, étaient venus se du temps des Romains. Dans le moyen
prendre dans la seine. !Nous tirâmes âge, les Vénitiens ou les Génois ayant
des monoeaux de dorades, de pécunes eu des comptoirs dans cette place, on
et plusieurs genres de torpilles. La remarque quelques constructions faites
mer d'iassus conserve encore sa vieille avec des déhris de nionuments anciens.
réputation. Toutes 1rs portes sont détruites il :

Les habitants d'Iassus (1) tiraient la n*exlste aujourd'hui qu'une petite po-
plus grande partie de leur subsistance terne qui s'ouvre à pointe sud de
la
de la mer, qui en cet endroit est très- l'île, ('iintrairement à l'usage des au-

poissonneuse. Le terrain passait, au tres villes, j'ai remarqué à lassus plu-


sieurs grands édifices complètement .

(i) Sirabon, liv. XIT, p. 6SS. adossés sux murailles , de sorte qifon •

Digitized by Gopgle
avait néfçligéde ménager un poniérium de gros quartiers de pierre à bossages.
ou clieinin île ronfle cela !> rr-it sans
: T^u b. îulean li<-sc, placé à la hauteur
doute à la pu.sitiou isolée de la ville. du quatrième gradin, contient i'ui»-
Dans quelques endroits il y a des case- cription suivante :

mates pour mettre lesi soldats à couvert Zopatros lils U Kpicralc, ayant fie clioreje.
des in.u hineâ. Il ne reste aucune trace et afionoltictf , cl slfclianopliore a délie a ,

des créneaux. Baccliu'i et aa peuple eeUe muraille ^«ppeMif'


aDalemme ), Ira gnoopcs da^indlnt («o IHto;
- Les tours sont massives jusqu'au OHiei) eilaMéoe. •
^^ ^
tiers de leur hauteur ; on y arrivait par
des escaliers extérieurs appliqués contre '
$i j*ai bien compris les 11*018 mots te»

la muraille. î/épaisseiir du mur varie chniquesde cette in«;cription. ils m'expli-


de deux à quatre uicLres ; elle est moin- quent la singularité de construction que
dre du côté du port. Les quais de la rai signalée plus haut,c*est-MlTe qw
ville sont construits en grands \)\oes de la partie du mur de soutènement qoi
marbre blanc; mailles fourrés dobron.*;- porte l'inscription , s'étant écroulée, a
sailles sont tels, qu'on ne peut les par- été reparée par le magistrat chareé
.
courir dans toute leur longueur. Au- pour l'année de présider aux jeux de n
i
jourd'hui 111e de lassas est Jointe au scène.
continent par une lanfiue de terre fort T,es murs de la scène existent encore
étroite, au milieu de la(|uelle (»n voit en partie, mais s'élèvent peu au-dessus
des constructions qui ont neut-étre ap- du sol. llssonllails eu petites pierrfs,
partenu à un pont. Cepenoant Ttle fut et paraissent d^une construction bien
toujours séparée de la terre ferme par plus moderne que le reste de l'édifice.
un canal. Klle a, à l'est, la petite anse Dans le voisinage de l'orcbestre. j'ni
dans laquelle la Mésange a mouillé aperçu uue longue inscription composée
et à gauche Fancien port. 11 est forme de cmq tableaiix. Elle est tracée sur m
naturellement par l'île et la terre pilastre de marbre, écrite en caractères
ferme ; à l'entrée ont été établis deux très-menus. .Te la fis défrayer des terres
môles ; l'un est aujourd'hui sous l'eau, et des broussailles qui la couvraient,
et celui de Test est encore complet. Sa ttiais le temps me manqua pour la es*
. longueur est de cent mètres, et à sa pîer.
,
pf»inte s'élève une grosse tour carrée, Le tbérdre est établi sur xm terrain

;
ouvrage du moyen âge. Lapasse entre tiès-iuciine; il y avait sur le devant
les deux môles est de âO mètres. Sur la une terrasse bâtie en pierres .schisteuses,
rive du port, du côté de la terre ferme, qui ne me paraît pas d'une constradioB
sont de nombreux tombeaux faisant très-ancienne. On arrivait aux diffé-'
partie de la nécropole. renies terrasses par des pentes douces,
s
ou des escaliers. Un peu au nord do
théfltre, il existe une eonatmction qiii
INTKBIEOa DE LA YILLB.
me paraît avoir appartenu a une maison
une salle vodtee on
particulière. C'est ,

\ Le théâtre est rédifice le plus aucleo partie creusée dans le roc, et deux
'
et le mieux conservé qui existe ilassus. chambres latérales. Vm
foin de là est i

Le pourtour de la cavé^ est bftti en un pOftiqBe dont quelques colonnes


grandes pierres de taille à bossap:e et sont encore en place. Kn descendant
sans mortier la porte qui conduit
; en vers le nord , on arrive sur l'isthme , le
haut de la précinction est bâtie en seul terrain plat de rintérieor de la
pierres appareillées dans le genre de ville; c'est là que se trouvent les prin-
celles d'AsM)s. Tous
les uradins sont cipaux monuments publics, le palais ou
en marbre blanc décores de griftes
et castrum, la palestre, le xyste cl le

de lion. Le mur en pente des gradins stade. Ce dernier éddice est complète*
est oblique à Taxe du théâtre. Les gra- ment adossé aux murs de la ville; il ^^e

compose d'une circulaire 3v«5


dins sont encore presque tous en place; partie
on compte vingt et un ranus de sièges. quatre rangs de ^îéires, et de deux li-
Le mur de gauche n'est pas semblable gnes de gradins qu» s'etendeut eu ligne
àaekii de droite; ce dernier est fait droite, parallèlement à Taxe.
; ASIE Ml HKUEK. M
L'extrémité du stade se trouvant vu- lie supérieure de la ville étaient alimen-
terrée sous des nonotaux de sable, il tées par des eileraes qt|i n'étaient point
m'a été impossible d'en avoir la gran- voilfées, mais recouvertes par des dalles
'
deur exacte. de schiste de plusieurs mètres de Ion-
Le un amas confus de
palais est Sueur, L'extérieur de la ville du cùlé :

Mlleer qui se ereiseni ea tous sens, el e riathroe présente une muraille par-
dont toute la décoration de marbre a fiiiteroent conservée et toute de marbre »

disparu. LVnceintp était omipée par blanc. On remarque près d'une tour
l
une véritable forêt de térébinthes jet, une porte avec une corniche de style
;
d*oKvifi2^8auvogê$, entrelacé avec des grec, sur le jambage dé laquelle est
I
lianes qui formaient eomme autant de inscrit un décret dea habitants d'Iassus.
réseain; In hndip ni In menée n'nvaient Kn dehors des murailles et dans la
d'action sur cette vcsetatioii compnete, plaine se voient les ruines de quelques
* Kous résolilines d'y mettre le feu; cdilices qui ont été considérables, mais
pour cela on envoya chercher à bord qui sont d'une époque de décadence.
du pmidron et des étoupes dont les Je ne saurais dire précisément quelle
m.'itelots entourèrent les pieds ri»' (picl- et. lit leur destination. \ un kilomètre

ques arbres i un réunit des broussailles lie la et daus le fond de la baie, on re-
sèches, et on y mit le feu. L*iiieenilîe marque une source extrêmement abon*
dura une pnrtie de h nuit, et le lende- dante qui sort du pied d'un rocher
main les matelots purent commencer pour se jeter pres()ue immédiatement à
quelques fouilles ; mais le terrain eu- lamer. Près de la source s'élève uu i

tremelé de raeines offrait tant de dif* tombeau composé d*un soubassement ;


ficoltés, que Je fis cesser le travail, les surmonté d*un tctrai^le, eVst-à-dire t

dispositions de ces différentes salles de quatre arcades supportant une cou-


n'offrant rien de particulier au point de pole en peudenlit. Les premiers voya- s
vue de Torchitecture. geurs eu ropéens qui ont visité ces ruines .

Deux édifices carrés, composés cha» avaient cru retrouver en ce lieu le tom- «'

cun de trois s.illcs. étnient reliés par beau de Mausole*


un double ranji de portiijues, dont nous
voyons encore les colonnes placées se- CHAPITRE VH.
lon des lignes parallèles. La ialle qui
est n l'.mest est complètement conser- nBCBOPOUt-
vée ; n'y mannne fjup sa décoration
il

architecturale. Klle est bâtie en petites Nous avons vu que la cote septen-
pierres de sehiste, et d*une eonstmetioÉ trionale du golfe est formée par une
très-médiocre; mais cet édifice offre stiite non interrompue de collines qui
un certain intérêt par rinscription pla- viennent en se contournant tonner le
cée dans sa partie supérieure : fond de la baie d'Iassus. A partir de
rentrée du port jusque vers la plaine,
K Diane Aeliade, et a IVmpereur César Marc
Aurèlef'.onKxl»' Antunin Au«;usl»', Cernaariique, les différentes nations qui ont occupé
j

1 Sarmatiqtie, Diodes a rl^lie Im deux «xt^ires ces lieux ont établi leurs nécropoles sur
et le toit du portiqtu'. qu'il a fait construire à le pencbant de ces coteaux, et les tom- •
I
«eAfrai», ciiiMmwntr son lil» défunt* IMrvcOU
I beaux de toutes les époques et de tous
les stvisi Amis montrent quelle diver-
Ces exMres étaient les salles où s'ns- sité ne conception une même pensée
f

• semblaient les gens de lettres. L'espace peut engendrer au point de vue de Tart. • *

compris entre les portiques était la pa> Vue h distance, la nécropole d*las-
^
lestre. Un enclos voisin de l'agora ren- sus parait une petite ville, tant les tom-
ferme encore phisieurs montmients beaux ressemblent à deOiabitations. Je i
bien conservés, niais prescjue inaccessi- n'ai aucune donnée positive pour les
bles, à cause des broussailles. J'ai re- classer par ordre chronologique, les pier-
1 connu plusieurs citernes qui recevaient res sctHsteusea dont ils sont constmits
leurs eiu\ d'un aqueduc dont il reste n'ayant pas permis d'y placer des ins-
encore (jiielrjncs arcades. Toutes les criptions. Ou peut les diviser en trois
maii^ons qui étaient situées dans la par- époques.

Digitized by Google
L*inilV£RS.

PBIMlillS IPOQUB. —
TOMBEAUX TBOlSiklIB iPOQI». — TOMUàOI
DBS ULtolS. BOMAlHS.

Repoussés d'abord au sud du Méandre La troisième cla&se de monuments


par rinvasion iouienne, les Léléges se compose de chambras sépulcrales
s'établirent dans la contrée d'iassus et voûtées et bâties en pierres schisteuses,
d'Hnlicnrnasse. Les exploits d'Achille réunies par un mortier rouiieâtre, et se
les avaient forcés primitivemeot de se composant souvent de deux ou trots
retirer dans le sud de l'Asie, où ils compaitimaiti assez erands pour avoir
avaient fondé la ville de Pédasus, et ils servi à rbabitation. Les chambranles
occupaient la Carie jusqu'à Mindus et des portes et les architraves sont d'un
Bnrtîvlia ;et dans tous ces districts on très-fort appareil. Généralement, les

moutrati aux étrangers des tombeaux cintres des voûtes sont apparents au
des forts et des vestiges d'habitations dehors.
des Leléges. Un de ces tombeaux , situé près du
Les sépultures, portant le caractère port , est complètement conservé. Il se
de la plus haute antiquité, rappellent compose d'une première cour dont la
par leurs formes les monuments oelti- porte est formée de trois énormes pier-
ques que nous trouvons en Franœ. Ce res ; elle donne accès à deux pièces votl-
^
^ sont nos chambres formées par de lon- técs, et indépendantes l'une de l'autre :

{;ues pierres placées dans l'étal où elles dans diacune d'elles sont des compar*
. se trouvent à la sortie de la carrière, et timents en forme d*alcdve. Un mur de
^recouvertes par un plancher du même division sépare la grande cour d'une
appareil en pierres plates. Elles sont autre plus petite qui donne accès n une
orainaircmetit à moitié enfoncées dans troisième pièce voûtée. Cest certaine-
le soi. 11 y en a de différentes dimen- ment dans ce tombeau qu*a demeuré
*
sions, destinées à recevoir un ou plu- Chandler quand il est venu à lassus. 11
sieurs corps. Aucun de ces monuments était alors décoré de peintures. Je n'y
ai trouvé aucune trace d'inscription;
ne porte de traces d'inscription ; toutes
les pierres qui les composent sont telles mais il semble que le propriétaire ait
qu'elles sont sorties de la carrière. Ce voulu, après sa mort, conserver les di
'
genre de tombeaux est généralement visions qui existaient dans sa famille,
placé sur la pente orientale de la chaîne f»endant sa vie : la grande salle pour
de collines, et non loin de la grande ui, celle d'à côté pour ses serviteurs ou

muraille dont je parlerai toutà rheure. ses afiianohia, et la troisième pour sa


foaune.
SBGONDB iPOQriI- — TOllBBAinL
ORBCS. CHAPITRE VIII.

Le second j^eore de sépultures « qui LÀ OBANBB MUBÀILLB.


porte le cnracterede l'époque grecque,
\ se compose de stèles de marbre avec des Aux environs de la Nécropole s'élè«

inscriptions, et de sarcophages qui sont vent quelques constructions d*un appa-
reil colossal qui ne se rattachent ati-
I plus ou moins décorés. ,

Voici le caractère des inscriptions ;


cunementaux murailles de la ville elles ;

que l'on rencontre :


consistent en plusieurs tours massives
et en remparts bâtis avec des pierres
Ce tomlteaa est celui de Claadlus Klfharus. de très-grand appareil sans l'emploi du
Je veux qu'il n'y soU mis aucun autre, excepté ciment. En suivant la pente des collines
CMJx de ma race Si quelqu'un fait viDictue
pour y eoterrer,U payera au sénat cinq cents du côté du nord, ou retrouve la grande
dfoien- muraille dont les tours voisines de
C»' Iftmhean osl celui rt'Hécatée de Stratéet.
! lassus ne sont que les amorces , et on
Celui qui t»'nter.T de l'ouvrir donnera au BtC
cinq cents dioicr^ et sera cité «l Jmtloe poor peut la suivre pendant plusieurs kilo-
xiolaUoD des touU>eattx. mètres sans perdre un moment sa
trace. La hauteur de cette muraille va-
rie entra cinq et huit mèties au-dessus

uiyiiizcKj by Google
ASIE MU4£UEE. 687

1 du défendue de distance en
soi, elle est ceux qui après moi sont allés à lassus,
I distance par des tours demi-circulaires, malgré toutes les notes et les recom-
près de chacune d'elles s'ouvre une pe- mandations que j'ai multipliées pour
. tite poterne qui établissait autant dé compléter la connaissance u'un des ou-
• communications entre l'intérieur et vrages les plus antiques, et certaine-
l'extérieur de la muraille qui se pro- ment des plus curieux que j'aie rencon-
longe à perte de vue à travers un pays trés en Orient. Je n'avais pas le loisir
• désert et dont nous n*avons pu déter- de perdre beaucoup de temps pour
miner ni l'étendue ni la rnison d'être. rechercher par moi-même les points de
r Toutes les tours sont tournées vers départ et d'arrivée de cette muraille.
l'est. Ce&l donc la partie ûuei>t du ter- Je levai les plans d'une partie pour ,

I lîtoin qui defdtétre défendue, or ee faire connaître les dispositions de la


^ terndn n'offre partout qu'une nature poterne (1). Un plan levé a vue fut fait
agreste et primitive où la présence de les ofliciers, et je l'aurais publie si
f)ar
i'boninie ne se décèle nulle part. Par- 'espace ne m'eût manqué; mais il ne
tout le temlB cet oouvert de roebers m'apprend rien sur la destination de.
'

qui s*élèvent en pi?ot« et dans tout cet cette fortiGcation, qui paraît antérieure
espace on n'aperçoit pas une seule aux migrations helléniques. Je ne doute '

*
1 pierre taillée. Il est donc impossible de pas néanmoins que ce ne soient les
f j
définir pour que\ usage a été bâtie cette constructions dont parle Strabon dans
*
{
muraille, puisque jamais elle ne put le passage que j'ai cité plus haut.
• servir d'enceinte à une ville. Les murs lassus passe pour avoir été fondée
. ont trois mètres d'épaisseur ; la hauteur par des colons d'Argos; mais les guerres
< moyenne des assises est de plus d*Qn désastreuses quMIs eurent à soutenir
. mètre. Les tours sont percées de cinq contre les indigènes diminuèrent telle-
fenêtres étroites et couronnées par des ment leur nombre, qu'ils furent obligés
plates-bandes. Elles sont éloignées les de demander du renlort au ûls de Nélée,
unes des autres d*en?iron cent mètres. fbndateur de Milel. lassus Ait assiégée
Dans cet espace, le mur forme entre par les Lacédémoniens, et plus tard par
chaque tour deux ressauts dnns les-, Philippe, roi de Macédoine qui s en
,

quels s'ouvrent des poternes qui pren- empara ; mais il ne conserva pas Ions-
nent la courtine en enfilade. Dans Tes* temps le pouvoir. Polybe donne à la
pace de mille mètres, j'ai compté dix- ville dix stades de circonférence (2).
I
I
sept poternes, qui sont toutes tournées Paul Silentiaire, dans sa description
du coté du sud, ce qui prouve qu'il y de Saiute-Sophie , dit qu'aux environs
avait de firéquentes oommunleatioos dlasstti sa trouvaient des carrières dç
entre rintérieur et Pextérieur de Teo- marbre employé dans la décoration, et
ceinlc. Dans tout le parcours que j'ai 3ui était de couleur rouge. Les environs
suivi, je o'ai vu qu'une seule grande e la ville produisent, il est vrai, plu-
porte placée dans un angle rentrant du sieurs sortes de maibre, mais il est gé-
mur. A cété de la porte sont des ou- néralement blanc; et j'ai à regretter de
vertures longues et étroites, destinées n'avoir pas pu déterminer le gisement
à donner issue aux eaux.. {Fi{/. F'.) de ces carrières de marbre rouge.
I
Les tours sont masslfes jusqu'à qua-
I tre mètres de bauleur, niveau des fe- CHAPITRE IX.
\ néires. La plus grande hauteur actuelle
des murailles ne dépasse pasdix mètres ; BAAOYUA. — GYNDIA. — MYIIDUS.
des escaliers en partie conservés con-
duisaient sur les plates-formes, et enfin Après un court séjour à lassus , la
de grandes portes donnaient accès dans Mésange appareilla, le 24 juillet 1835,
rinwrieurdes tours. Nous n'avions dans pour compléter l'exploration du golfe.
Teodroit aucun indigène pour lui de« Vainement j'avais cnercfaé de quel côté
mander des renseignements sur le par> pouvait se trouver le BargyltÙem SU
cours de ce gigantesque onvrape qui ,

avait échappé a tous mes prédécesseurs, (i) Voyez planche 9, Ce. ie( a.
et qui est resté inconnu a la plupart de (3)Pol>be, liv. XVI, cbap. II.

Digitized by Gopgle
•S8 L'uiavEas.
jfW, an toaé duquel était la ville de dans des conditions ânalogues^ yne
Bargylia. Les cartes ne nous donnaient ville antique est située non loin de sa-
aucune indication qui prtt me le faire lines qu'on appelledans le pavs Touzla;
soupçonner. D'après Strabon, cette c'est aussi le nom qu'on a donné a la
Tille devait se trouver sur la eôte sud nie antique. Elle se trouve disposée
du golfe (1). La de Itfyndius est
ville en amphiméêtr^ atee on quai , où Ton
assez bien déterminée par \m cnp qui trouve encore des amarres de navires.
fait partie de la presqu'île nord du golfe La plupart des édifices qui subsistent
de Boudrouna, à Tendroit qu'on appelle paraissent avoir été destmés au com-
aujounTbui Mentescha. Myndus, qui merce; j'y ai observé les ruines d'une
eut une rrrtnino ("('Irbrito, est aujour- église et un petit théâtre d'une cons-
d'hui (on)plctemt'iit (Ictruite, et l'on truction médiocre. Bargylia, que sans
n'est pas tout à tait d'accord sur son aucun doute J'avais retrouvée dans ces
assiette réfeUe. Elle tîit fondée en même ruines, était la ville la plus enfoncée
temps qu*flaUeania8se, par les Trgezé- daas le golfe. Elle se distmguait par un
DÎens. temple dédié à Diane Cyndiade, et qui
Caryande est bien déterminée par jouissait du privilège d'éloigner la
une petite tie située en face d'une traie Sluie ( 1 ) Près de Bargylia est le temple
.

qui formait port. Ces deux places


le e Diane Cyndiade ; ou croit que toutes
avaient été déjà reconnues dans les les fois (ju'il pleut, l'eau tombe tout
opérations hydrographiques du capi- autour de ce temple sans qu'il eu soit
/ taine Beaufort; mais Bargylia restait mouillé. Le passage de Polybc, qui
à découvrir. s'applique uniquement à la statue, sem-
Après avoir quitté le mouill.ige d'Ios- blerait faire croire que le temple était
sus, nous faisions route vers l'ouest, hypxthre. Je ne trouvai rien dans la
lorsque nous aperi^ùmes par tribord du ville ^ui pût s'appliquer à cet édiGce,
navire une barque grecque sortant de* mais a une lieue de là, dans la plaine
derrière un rocher. I.cs cartes ne mar- située de l'autre côté des collines , je
quaient en cet endroit aucun mouillage, trouvai, au milieu des broussailles, un
et nous avions peine à expliquer d'où édifice de marbre blanc orné de colon-
venait cette barque. Ce n est que plus nes cannelées, qui parait avoir été un
tard que j'en ai eu l'explication. temple à cella ouverte, comme le temple
Ayant débarqué à Boudroum, je vou- de \ ienneen Dauphiné. 11 est ruiné jus-
lus ine rendre à Mélasso. Je sortis de qu'à un mètre ôo ceut.au-dessus du sol,
la villepar une brècbe ftàte à Tanden etfortenttirré par les décombres. C*est de
rempart, à l'endroit sans doute où la l'architecture de l'époque romaine, sans
ville fut attaquée pnr Alexandre. Je doute du temps des Autonins. D'autres
joignis bientôt, à travers un pays acci- ruines éoarses à Teutour me représen-
denté, une voie antique d'une parfaite tent le bourg de Cyndie. Barg}'lia est
conservation , et que je ne perdis plus une ville d<mt la fondation remonte à
f)endanf deux jours de marche. Elle une très-haute antiquité puisqu'elle.

oiiiîe la côte du golfe, franchit les ra- passe pour avoir été fondée par Achille
vins sur û(£s substructions d'un travail ou par Bellérophon (2).
solide, et passe sur l'emplacement de Bile fut prise par Philippe dans la
plusieurs stations antiques. Nous ne guerre de Carie, et son armée V passa
lardtimes pas à arriver dans un golfe, l'hiver. Si toutes les ruines (le cette
au fond auquel est un village appelé époque ont complètement disparu, nous
CeuverginUk (le pigeonnier). Il y a devons en conclure que la inlle conti-
snr la côte une ville antique dont les nua d*étre très-peuplée pendant tonte
constructions sont semblables à celles la période byzantine. Je n'y trouvai au-
d'Iassus ; une petite île en masque l'en- cune inscription ; néanmoins la con- ,

trée aux navigateurs qui sont dans le cordance des distances et des auteurs
grand golfe. Un terrain montagneux était telle, que je ne pouvais douter de
sépare ce golfe d'un antre qui se trouve
(') l'olvbe, liv. XVI, iljuj». XII.
(() SU-aboo, Uv. XIY, p. 658. (a) Stvph. îiyi., S. voc. hm^'ivMx,

Digitized by Google
ASIE MUifiU&Ë.
m idMtilé. Depuis ce Umps les rdè-
fcments de cette côte ont été faits par
mais corn pléteitianteonposé de roches.
Les Cnidiens, désespérant de résister a
lenevire Anglais lieacon, et la carte <Ju leurs eneeuiis, se. rendirent au satrape.
golléde Bargylia a été publiée par Ta* la tilie de Cnide était située à la
nirinité. pointe la plus orientale du cap, et voi-
sine d'une petite île qui fut jointe au
contment par des ouvrages, de manière
uue le canal qui la séparait de la terre
CRIIHI. fenne se trouita transformé en deux
ports, qui furent clos au dehors par des
lAxtremit»' orientale du golte de jetées, l a majeure partie de la ville était
BouUrouia présente un cap plus allongé située sur le continent ; dans File voi-
et phis déooiipé.que tous les autres sine il y avait des constructions nom-
promontoires de cette côte. Le petit ter- breuses de maisons particulières, mais
ritoire qm compose , a conserve le
le pas d éditices publics. Strabon s'exprime
nom de Dohde (I), et la uoiute
spécial auisi eu parlant de cette ville (1): Vient
la pl«t avaacée portait le nom de eap ensuite Cnide avec ses deux ports, dont
TnopaMim, en mémoire de Triopas. Ce l'un, destiné pour les trirèmes peut ,

héros conduisitdans le pays une colonie être fermé, l'autre avec une darse qui
iacédémonienue , et fonda la ville de peut contenir uue vingtaine de vais-
Caide (2), qui devint métrepole de la seaux. Devant Cnide est une Ile d'en-
eonfédération dorienne. Triopas avait viron sept stades de circuit, élevée en
consacré au ditu Apollon toute la Chor- amphithé.àtre et jointe à la terre ferme
sonèse ; mais eu même temps des tem- par un môle qui fait de Cnide une
ples furent élevés à Neptuhe et aux douille ville, car une partie des Cni-
njmipiies, et des jeux appelés jeux d'A- diens habite Ttle qui abrite les deux
pollon Iriopci n ou jeux Doricns, furent ports. Il est impossible de donner en

institues par la eontederation dorienne, si peu de mots une idée plus précise de

composée d'abord de six villes, Cnide, de la topographie de cette ville, qui se


Ces, Ualieamasse, et trms villes rbo* présente encore à l'observateur dans le
diennes, Liudus, lalyssus et Caniirus. même état où elle se trouvait à la chute
Cette association prit le nom d'Hexa- de Tempire romain. Klle n'était pas ap-
pole ; mais depuis l'exclusion d'Halicar- paremment placée dans des conditions
Baase, la eonndératian fbt appelée Pen- telles, q«e son existence pût se pro-
tapoUs, c'est-à-dire des cinq villes. Ces longer après rétablissement du christia-
assemblées, imitées de celles de la con- nisme ; son territoire était affreusement
lederation ionienne, se tenaient dans la nu et rocailleux ; elle ne vivait que de
presquMle triopéenne. cette existenee Caetlee qu'entretenait le
Guide écaitdéjà florissante anseptiènie culte de Vénus, et une fois au'il fut
siècle avant notre ère; elle envoya des tombé, rien ne put rappeler dans ses
colonies en Italie, en Sicile et dans murs le commerce et le mouvement.
l'Adriatique, et fonda la noire Gorcyre Les murailles qui enioiiraBt la vHle
u£kvM UùXM^ti, aujoiinl*liai Mélida (8). paniBscnt un ouvrage des plos anciens ;
Lorsque le satrape Harpagus fil une in- cependant dans la dernière année de
,

vasion en Carie, les Cnidiens, se sen- la guerre du Péloponnèse, les AUié-


tant hors d*état de résister par la force niens s'emparèrent de cette ville sans
te annes, son(rtrent i se défendre en résistance, parée que, dit Thucydide (3),
séparant par un foSBé tour presqnlie d« elle était sans murailles. Mais dans la
continent (4). même année les deux flottes lacédémo-
La longueur du territoire que Ton niennes se réunirent a Cnide après avoir
voulait eo«per était de dnq stades, battu les Athéniens, et Lacédémone
resta maîtresse du pays. Sous le gou-
(0 Plin.'. liv. V, rh. iS. vernement des Perses, les peuples de
{^ ) Hcruilole, liv. I, cliap. 174.

<3) Pline, lir. IIi; disp. aO. (i)Slrabon, liv. XIV, p. 656. XV.
(4) Vojes pafs 39. .
»•
r9}Tliucvdi4e«,Uv. VIU.

Digitized by Google
LUNiVERS
la Carie ne souffrirent que médiocre- était porté l'enthousiasaM des adania*
ment delà domination étrangère, et nous leurs de cette statue :

ne voyons pas dans les ruines de la Nous nous déterminâmes iilors à


ville que les gouveraeurs pênes aient dâiorquer à Cnide pour voir la ville , et
jamais élevé quelque ouvrage particulier y admirer le temple de Vénus , célèbre
dont la destination eût un but religieux par la statue de cette déesse, chef-
ou politique. Tout dans ces ruines est d'œuvre de Praxitèle. JNous atteignîmes
grec ou romain. le rivage sans accident , comme si la
A côté gouvernement monar-
du déesse elle-même eûtguidénotre barque.
chique d'Haiicamasse les Cnidiens
, Pendant que les matelots s'occupaient
conservèrent la démocratie» mais ne aux préparatifs ordinaires^ je fis le tour
miiant aaeone oppositian am projets de la ville ayant avec nnoi de mea dem
d*Alexan(Jre , et dans la marche de ce ocréables compagnons. Nous nousaum-
conquérant sur Halicarnasse il n*est , sames des figures de poterie, bizarres
pas question des Cnidiens. Lorsque les et lascives, dont cette ville, consacrée à
Romains furent mattrei de ces provin- YéouB, abonde. Quand nous eûmes vi-
ces , Cnide ne tarda pas à sentir les ef- sité le portique de Sostrate, et que uooa
fets de la muniticence de Jules César, eûmes vu tout ce qu'il y avait d'intéres-
en considération de la divinité dont sant, nous nous dirigeâmes vers le
César descendait. En effet, le culte de temple de Vénus, Chariclès et moi,
Vénus avait acquis une célébrité qui avec one vive cariceité. . .

effaçait celle des autres divinités , et la « En approchant de l'enceinte sacrée,


Vénus onidienne. chef-d'(cuvre de Pra- les parfums les [lus délicieux nous
xitèle, était un objet d'euvie et d'admi- enivrèrent ; car au-dedaus il n'y a pas
ration pour Um
les prinees de l'anti- de pavé poli , mais Tarée est disposée
quité (1). comme il convient à un s.mctuairc de
Pline surtout s'étend longuement sur Vénus, et abonde en arbres odoriférants
la merveilleuse beauté de cette figure, qui parfument l'air de leurs senteurs.
et dit que de toutes les parties du monda Le myrte, qui fleurit sans cesse et se
<m venait pour Tadmirer. Nicomède, couvre d'une profusion de fruits, honore
roi de Bithynie.proposaaux Cnidiens de surtout la déesse; aucun des arbres
leur faire remise de la totalité de leur n'y souffre de la vieillesse ; ils sont
dette , qui était eoDsidérable, s'ils vou- toujours jeunes, et poussent toujours
laient lui céder cette statue ; mais ceux- de nouveaux rejetons. Ceux qui ne pro-
ci refusèrent en disant qu'ils ne pou- duisent pas de fruits se distinguent par
vaient pas donner la ftloire de leur ville. leur beauté ; tels sont le cyprès élancé,
11 y avait à Cnide des ouvrages d'au- le grand platane et le laurier. Le lierre
tres scolptears célèbres, noais ils étaient embrasée amoureusement tous cas ar-
à peine remarqués en présence de la bres, pendant que la vigne montre
Vénus (2). En un mot, Vénus était de- l'heureuse union des deux divinités.
venue la divinité principale des Cni- Sous les épais ombrages se trouvent des
diens ; elle avait trois temples , et était lieux de repos destuiés à des repas
adorée sous les noms de Dorienne, joyeux, qui, quoique rarement fréquen-
Acraeenne et Kuplœenne, et c'est sous tés par le peuple de reçoivent de
la ville,
ce dernier nom que la statue de Praxi- nombreuses visites des autres habitants
tèle était offerte à radroiration dea du territoire cnidien.
adorateurs (3). Un passage d'un auteur Après nous être avidement rassa-
«
ancien nous donne quelques détails siés des beautés de In nature, nous en-
sur les dispositions du temple, et nous trâmes dans le temple. Au milieu est la
fbit voir eo mime temps à quel degré divinité, en marbre de Paras * oumica
spleodide. Un sourira à demi ntaoïi
(i)Ci(-éron,iDTciNOi,IY, X». — Flioe, est sur sa bouche. Aucun
che sa beauté , aucune partie de son
voile ne 0.1 -
I. V, ch. 28.
(a) Pline, liv. XX3LV1, ch. 4; Uv. VU, corps n'est cachée, excepté celle que
ch. 39 voile la main caucha légèrement fléchie.
(3) nwsnms» «h. I. L'art du acuptanr a été tel, que le
ASIE MINEURE. Ml
marbre dur et rebelle représente parfai- été pris par le calme, onfut obligé d'ar*
tement la forme délicate de chaque mer les agirons pour entrer dans le
membre. Chariclés, dans uo moment port. Deux grands môles, ouvrages des
d'extase, s*éerle : « Heureux parmi lea Grecs, en abritent rentrée. Celui de
dieux celui qui fut enchaîné partlrf; «tt droite est en partie détruit ; mais celui
N'cl.uiçant^ le cou tendu autant aue pos- de jîauclie, composé d'un amas de ro-
sible, il embrassa la statue à plusieurs chers roules de l'ile dans la mer, donne
reprises. Callicratidès se tenait dans une l'idée des puissantes machines dont les
admiration humble et silencieuse anciens faisaient usage dans ce genre de
« Le temple n une entrée à chaque travaux. Le port où nous entrâmes est
extrémité (ninphiproslyle ) (1), de sorte situé au sud ; c'est le seul oij peuvent
qu'on peut admirer la déessse de tous mouiller les bâtiments d'un fort tonnage :

cdtés ; la seconde porte est partieuli^v^ il estvpetit, mais il a bcaoeoupde fond ;


ment destinée a laisser voir le dos de la re port est encore dans l'état où l'ont
statue. Nous tournâmes autour du pos- laisse les derniers Romains; tous les
ticum , où, le gardien du la porte nous revêtements des quais sont presque in*
ayant ouvert, nous fûmes frappés d*un taeta, et les môles ont résisté aux efforts
étonnement subit à la vue du chef- incessants de la merqui vient du large.
d'œuvre. Nnusnc ptlmes nous empêcher La forme du port est celle d'un tra-
de manifester à plusieurs reprises notre pèze et le petit côté est occupe par
admiration (2). » risthme qui séparait les deux ports. On
Le temple de la déesse était situé dans %^oit les traces d un canal qui les joignait
le voisiiiniip du ort. Il restait autrefois
(
l'un ;il'autre, et qui pouvait se fermer
de nombreux dôliris de l'édifice mais, : nar une écluse. Le petit port avait la
depuis quelques années , les bâtiments forme d'un hexagone irrégulier ; les quais
européens qui viennent dans ces mers sont aussi bien conservés que dans le
ont rhabitude d'enlever des marbres, premier; on remarque à rentrée une
et il ne reste aujourd'hui (jue fort peu tour circulaire à bossage, qui est un
de chose pour le rétablir d'une mauicre des plus beaux exemplesde construction
à peu près certaine. frecque qu'il soit possible de voir,
Ce temple était d'ordre corinthien, urla gauche du petit port sont quel-
c'est assez dire qu'il aurait été construit ques voiltes en maçonnerie de briques
sous la période romaine. Le passage et qui ont servi de remise de galères.
de Lucien , dont j*ai eité un extrait Un certain nombre d'édiBees pu-
contient une description qui ne B*aooorde blics, et notamment le temple eorin-
pas parfiitemeut avec un unie! empla- thien, étaient placés sur l'isthme; mais
cement; mais ces Jardins sacrés dont ce sont les plus détruits, parce qu'ils
il est fait inentiou étaient généralement étaient les plus voisins des bAtimeuts
peu étendus. Nous voyons, dans la vie qui embarquaient des marbres.
d'.-Vpollonius que de son temps la
,
Toute la partie gauche des deux ports
statue existait encore à Cnide. Trans- est occupée par la petite île, formée
portée a CunslanUnople par Théodose, d'une seule montagne calcaire, et sur
elle fut placée dans le palais <|u*od ap* laquelle un vaste quartier était bâti Les
pelait I^usus, et fut consumée par un rues étaient soutenues par des ternisses
incendie en 475, avec tout le palais.
,
construites généralement en appareil
Le 24 juillet lS3â,je quittai la rade pélasgiaue. 11 y a, dans le voisinage
de Coa avec la goélette la Mésange, du mdIe, un petit édifice eoBStrmt
pour me rendre au cap Crio (cap froid): également dans le style pélugique,
c'est le nom que les Grecs
MifMirrne mais qui offre une particularité que
donnent au prumoutoire Triopaun) et je trouvai plusieurs fois répétée dans
aux ruines de Cnide. Le soir même nous oea ruines. La porte est rormée par
arrivfioMs en vue du cap; mais ayant une arcade circulaire extradossée, et
tout l'édifice était voûté. On avait tou-
(i) Le leuiplt! a deux uortca» Lucien, etc. jours regardé le style pélasgique comme
— PliOf XXXVI, 5. earaelérisliaoe de la plus haute anti-
(i) Laeien. De Anoribus, ch. XI, il. quité; quelques roonunwota, que je
41* LieraUon. (Aan Hinbdbi.) 41

Digitized by Google
642 L'UNIVERS.
signalerai par la suite, prouvent que ce comme on peut le voir dans la figure, d'un
abaque et d'un talon. Dans sa partie su-
genre de construction a été pratiqué sur
périeure, il c»t peroé de quatre troas qui
la côte iTAsie à toutes les époques de ont servi à sceller un oUel de l»ioiiae,i|Q( était
Tempire romain. évidemment un trépied. Ces trous soot dis-
posés exactement comme sur le fleuron du
La plus grande partie de la ville de monument ciiuraglque de I.vsicrate a AllieiieN
Cnide était assise sur le continent; Tout le pourtour de la terrWe e»l forme par
elle était entourée par une solide ma> un mur de conslrucUon pélasgique d'un magol-
li<iue apparvil ; dans l'angle nord cal une pâile
raille, bâtie partie dans le système po-
porte .qui n'a que i"',30de large, ei qui don-
lygonal, partie en assises réglées elle :
nait accès dans l'eneeinte sacrée : elle est sur-
suit toutes les sinuosités de la mon- montée de son linteau de pierre. La terrasse
forme, dan>> l'intérieur, un parapet a hauteur
tagne , se double eu quelques parties
d'appui, qui est couronné par des dalle!» de
pour former l'acropole, el va redes- pierre. Tout le monument, en un mot, est par-
cendre du côté du petit port, ayant failement intact, et l'oo voit que lea ooloonea
suivi une ligne a peu nrès parallèle à la ont été reoverséei à dCMcfo pour enlever Ica
trépieda. Il n'exisie ancune loacripUon qui
crête de TUe. Le terrain, qui dans lin- nous fasse connaître la destination de cet
térieur de la ville formait une pente ra- édifice. Le trépied Joue un si grsifd rôle dàns
pide , était soutenu par des terrasses les villes de la Fenlapole, que nous ne devons
pas hé*iler a regarder cet édifice comme ronv
Krallèles qui subsistent encore dans truit dans un but politique et religieux. Kous
ir iutégrité savons que les aMembléès trloiMlennes se te*
oaieiil en ce lieu néne. En Taubence de tout
Sur la deuxième terrasse du côté du document écrit, ne peut-on pas suppo.ser que
nord s'élevait un temple de mnrbre cette enceinte était di stinée a la réunion dn>
blanc dout il reste encore toute ia Irise députes des \illes qui s'asseuibl.iient sous la
protection d'Apollon 7 J'ai dit quelques mots
et les frontons; il Stait entouré d'un
de l'enceinte du Paulooium que j'ai ubi>ervé
portique dorique grec en marbre blanc. à TcliangU près de Priène. J'ai donné, dans In
I.es grosses constructions étaient faites Klanche, les deux eolonnea rétablies sur leurs
ases; mais celte mtUuliOD ne peul-éire
en roches calcaires. i'oi)jei d'aucun dooto. Voyct, pUncM 7, le
Hiéron de Cnide.
UtiBOH tà CRIBB.
CUAPliaE Xi.
An miMm d« la nécropollt s*élève an édifle«
qui dlITiTe par mu style de tous Ws monu-
meuls que j'ai rencuntres jusqu'à ce jour. Il M ATBBODISIAS.
ci)m po.se d'une grande pl,ile-f<irine orieDtéf
de Te^t à l'oueiit, et «ottteoiie da côté du nord La région nord-est de la Carie est
fw une lerraue de «a^it de loogoeur ; la lar- occupée par un vaste plateau qui donne
geur de la plate-rome est de i3",8o. Dans
cette enceinte sont deux maksifs carré» a vant naisstnee à «ne foale de misseaux cou-
6 mètres de côté, cl séparés par une dblanpe lant, lesWM vers le Méandre, les au-
de Chacun de ces massifs est oompOM*
He t^ui^ assise» gui toiment une hauteur totale tres vers la mer de Lycie. I>e mont
de l^.bb; elle!» sont eo assise* réglées. Le II- Cadmus, ap()elé auiourd'hui Babadagb,
ba|e qui remplit cet OMMllii eit eo groasea pler> forme le point culminant de eette ré>
tm de taUie de forme qaadraogulaire.. Au
eeolre de chacun de ces massifs s'élève une glon, qui était oceupétdans rantiq«i«i
ba*e hexagonale (jni a rie càlé l".2l rliarune
;
par plusieurs villes et par des bourgs
d'elles supportait une colonne trian^iulaire au- d'une certaine importance. On y remar-
jounl hui renversée, mais donl toutes le» as-
sises feout dispoM^es bur le sol selon l'ordre
quait la ville Tal>«, qui donnait son
Ïu'elles occuL^eut quand l'édiUce était entier, nom à la région Tatûea Plarasa , dont ;

e triangle du plan de la ooloooe n'est pa« remplacement est indélerriiiné mais ,


complet, les angles sont abattus ; et en étudiant
le rapport de ses face« avec les grands côteâ,
qui tut absorbée par la ville d'Aphro-
on voit que la projection sVsl effectuée suivant disias, la plus riche et laplus célèbre
la règle suivante. Il a été trace un cercle avec
de la contrée , et (|ai aonéervo artoaro
oo rayon de f.^i on a inscrit dans ce oerde
m
1*41 (le
,

hexagone dont |o eèlé a par oooséquent


côté de rhexagooe est égal au rayon).
aujourd'hui de nombreux monuments,
dont quelques-uns «appartiennent à la
DaM le même cercle eo a Inscrit un triangle plus belle époque de art arec. i

éqollalèral dont les trois côté» sont parallèle» a


trois Cdtés de l'heiagoue, el toute la partie du La fefDdaboB de retta ville reaMNUe à
trianyie qui priait en dehore. du poh;june Tépoque où les Léléges et les Pélasfçet
Inscrit a été supprimée. Chacune des ôoloa- occupaient seuls cette partie de la Carie.
aw a été compoeèe de onze amtmt'mjmmt £lle fut d'abord apfielée Leié&opolis,
pemat la baie et le ehapilr^a.
Lediapiteau est Irianguiiiire; Use oompom*. ISinoë, et enfin Aphrodiiias. Si la nom

Dlgitized by Gopgle
ASIE MINEURE. 641

ilelliiioeae npperlaeiiefretleetaide aooi lesqoellee la viUe d*Aphrodi8ias


Ifiniis TAssyrien, i) faut supposer (]ue fut connue par les anciens. Lorsque la
cette ville existaitdéjà au treizième siècle religion chretienue se répandit dans la
avant Jésus Christ. Le culte de Venus, province de Carie , le nom d'Aphrodi-
qui, à œtte époqut iMolée, pnrligaut sias, qui rappelait ai calte aUMiIné, fiit
atae eelui de Diane la vénération des supprimé aéfinitivement , et remplacé .

peuples asiatiques, acquit à cette ville par celui de Stauropolis, qui veut dire
une célébrité qui a duré jusqu'au ren- Ville de la croix, et qui rappelait celui
versement des autels du pa^alli8me. de Tauropolis que la ville avait deja
La ville était située dans une ptoioe porté.
fertile, an nied du mont (^dmus, et ar- Ce ne fut cependant qu'à la fin du
rosée par des socirres nombreuses, dont quatrièuje siècle qu'elle obiml de l'ein-
quelques-unes prennent naiss mce dans pcreur Léon 1*"^ le titre de métropole de
reneeinte même de la ville. De magni- Carie. Ce fut à peu près vers ce mène
fiques carrières de marbre blanc four- temps qu*elle fiit érigée enévéché, sous
nis*^aient les matériaux des riches mo- le titre de ^Eripyna. Kapfaç. C'est du
numeuts élevés par les contributions mot Carias que les Turcs auroui lait le
volontaires de la plupart des villes li* nom de Gheyra que , cette ville porte
bres de TAstSt qîfi étaient appelées à aujourd'hui.
participer aux jeux et aux panégyries Le droit d'asile était un des princi-
qui se renouvelaient sans cesse. Le nom paux privilèges dont jouissait le temple
seul de Vénus, de laquelle la maison de Vénus; il était, dans le principe, borné
de César avait la prétention de descen- au Temenos ou enceinte saorée. Mi«
dre, valut à la ville d' Aplirodisias la thridate, maître de Cea provinces, aug-
protection et l'amitié des empereurs; menta l'étendue dePasile, Marc Antoine
aussi, dans une série de plusieurs siè- la doubla. Lorsque ce droit fut remis
elês, nous ne connaissons pas de ville en question sous le règne de Tibère, les
en Asie qui ait joui d'un destin plus députés d'Aphrodisias firent valoir un
fjrospère. Il n'en est point non plus dans décret rendu par le dictateur César, qui
e^quelles les monuments d épi^rapliie témoignait aes etïurts faits par les
se soient conservés ju^qu à nos jours, A phrodisiens pour soutenirsa cause ( i ).
aussi nombreux et aussi intacts, de Ces privilèges forent renouvelés dans
sorte que l'on pourrait, sans peine, comme l'atteste uùe inscription;
la suite
écrire l'histoire administrative aAph- mais le nom de l'empereur u'esl pas
rodito el oelle de ses principaux ci- mentionné.
toyens.
Dans un temps où la plupart des CflAPil&fi XIL
villes de l'Asie subissaient le joug de
Rome, Aphrodisias avait vu consacrer LA. VILLE, LES MUBS.
ses libertés municipales par un décret
d'Auguste, en reconnaissance des ser- La moderne Aphrodisias conserve
vices que le peuple lui avait rendus, encore une enceinte fortifiée, qui paraît
ainsi qu'à Jules Cé^ar. construite sur les bases de l'aucienue mu-
La plupart des inscriptions qui datent raille grecque, mais à une époque plus
du temps du triumvirat assimilent les récente. Vers le troisième ou le quatrième
noms d'Aphrodibias et de Plaras.j, ce siècle, cet te enceinte fut presque entière-
qui ferait croire que les habitants de ment rebâtie, et l'on y entassa, comme
cette dernière ville auraient été réunis matériaux , les innombrables monu*
à communauté dCS AphrodlSleos, h
la ments qui |>ortaient les actes du pa-
condition de ne pas perdre leur nom. ganisme détruit. Les inscriptions de
La ville de Tauropolis paraît avoir tout genre furt-nt accumulées comme
ea un destin pareil a eelui de Plarasa, matériaux, et quoiqu'il ven ait un grand
et nous voyons les Aplirodisiens ap- nombre qui soient aujourd'hui appa-
pelés Tauropolites dans quelques ins-
criptions de la ville; mais toutes ces (i) Tacite, ^itnai., III, 6a ; Boecith, 3375,
dénominations ne sont pas les seules vol. II.

41.

Digitized by Google
«44 ^
vm
rentes sur pareineut des iniirs, nul
le proviennent tous de monuments plus
doute qu'il ne s*en trouve davantage anciens. L'architrave sur laquelle est
cachées dans les maisîfs des toura et tracée rinseription vient du temple de
des remp.irts. Vénus.
I.e périmètre des mur> suit une ligne Ixi bnie Inférieure est carrée; elle a
irre^uliere formant un grand nombre d'ouverture 2"',60'=, et de hauteur
d'angles et de soubresaufs. Lee tours S",85®. Eile n*a que ce passage. Au-
sont en petit nombre , et partout on dessus est une arcade décorée de cais-
reconnaît l'emploi de matériaux ayant sons, qui a de large t"',7r/. Tout l'é-
déjà servi. Dans la partie sud de la ville diûce est surmonte d un fronton qui a
est ooe série de bes-reiieli ajraot ap- été enlevé au péribole du temple.
partenu à un petit temple , et d*uDe Les murailles du edté du nord sont
très-bonne exécution. moins bien conservées qu'au sud, mais
Les portes elles-mêmes ont subi des on remar()ue quelques parties qui da*
transfbrmatioDS coosidérablee; celle tent de Tépoque grecque.
du sud se compose d*ttBe aeeumula-
tion de matériaux curieux et informes. CHAPITRE XIII.
On y observe une frise composée d'a-
vant corps de taureaux, comme au LB TBMPLB.
temple oe Balbeck, et des chapiteaux
corinthiens dont le module fie concorde Nous avons souvent remarque que
nullement avec l'ensemble de la coqs- les villes anciennes où le christianisme,
tructiou. s'éteit établi sous rinflnenee de la pa-*
Im portes de l*est, de l'ouest et du rôle des premiers apôtres s'étaient at-
sud sont construites avec des débris de tachées spécialement à la destruction
matériaux anciens: cell;* du sud n'a des editices destines au culte des dieux
pas d'inscription i celle de l'ouest, qui de Borne. Les communes ne faisaient
parait avoir été rebâtie avec plus de en oe'a que suivre la teneur d'un décret
soin, porte IMoseription suivante. des empereurs, qui ordonnait la des-
truction de tous les monuments du
A l.i iKinnt' fortunp, au «nlut.à la Mnlé, aux
honiimr» K * la pniManoe et a la durér ftrr-
paganisme. Il est eitrlAiement rare de
nrlic 4e dm artnieart Haviiis, Jallut Co«a> trouver en Asie, comme on en voit en
iMHVtplMUi» valiifaevr, a«9y«le« el te Irèa- Italie et en Sicile, des temples anciens
brlllanl rt exortirni fAiar Ftavfan Qalnlt»
convertis en églises.
Ertw Monaxiiis ( ), !»• très-distiiitiiié pouvpr-
neur, un dtf» ina|ii»lr.itb cri-(oi>..., a élevé Le temple d'Aphrodisias, quoique
Cf\ie porle, à R4>it propres dp(>cns, pour la consacré a une divinité qui inspirait
sp)< ndic|p rité dp» Tauropolilains.
aux chrétiens plus d*horreur peul-t'tre
1^ «•'liai et le peuple ont honoré le très-il-
lualn» Fiai lu» Con»taMC«>, qal, liKtéoeodanniiM'n t que tous les autres dieux , a échappe
dM antm mi vraiera, a fcoonslralt tn narailict, à cette destint e commune et a été trans-
Çoiir If bien de la iplendMe anétrapete des
aiiropolitains.
formé en sanctuaire chrétien ; mais son
Aulrc. ordonnance extérieure a été modifiée ;

l.f>> travaux porte ont été iWHMlveléa


d<* la et par une combinaison tres ingénieuse
ftons Flavius Aropeliu^. noira lllualrs patruD,
})our ers temps de barbarie, il a pris la
la huUlèiDe année de Hudiclloo.
orme intérieure d*une basilique. Toute
Cette date correspond aux années de la colonn.ide extérieure du péribole est
l'ère chn*tienne 319, 350. Sur un pied- devenue, sans changer de place, colon-
droit non loin de cette porte, on lit nade des bas côtés de la nef, tandis que
l'inscription suivante, tracée en earae- les murs de la cHla , démolie et rasée,
tèns byzantins très-incorrects : sont venus envelopper l'ancien portique
extérieur. A l'extrémité ouest, on a
Sei^^neur, poHe seeoaci ao ouxide aidoor-
d'hul el toidours. (?)
bâtiun bèma ou hémicycle ; ii n'a fallu
pour cela que démolir 'les colonnes du
La porte de Constance est b.Uie en pronaos et du posticum, qui ont servi
marbre blanc , avec des matériaux qui à allon{!er un peu les deux lignes de
colonnes des bas côtés. Mais ce nmr
(t)Meldehville. de revêtement n*êtent qu*un mlnre

Digitized by Google
«

ASIB M SElIRh.. 646

pîacnce s'est trouvé détruit dans la suite toyens qui ont inscrit sur un cartouche
des temps, et le temple de Vénus se leurs noms et le but de leur offrande.
présente aujourd iiui sous i*aspect de Le nom de Pliilocacsar imiKjue que cette
d€ox lignes parallélet, eomposèn eha- construction est postérieure à la domi-
cune de dix-huit ooloiiiNB, et distantes nation romaine :
de 18",30^ (I ). F.iimarlius , fils d'Athénapore, fli» d'Fuma-
Aujourd hui il y a seize colonues en- clui!t, Dio'^t'iif PIliInrit s<ir, • t Aiiinii<>s, lils d«
tières; la plupart des autres bases sont Denvb. iiiJii!» »le la rart* d'XdraMe, fils (If Mo-
lon,'ul>mpiat, onl deUié ottlv cotonoe à la
à leur place, mais il ne reste pas le décftw Vénas et au prupie.
plus petit débris de la frise ni des fron-
tonSf qui ont ete détruits et employés Cette inscription est répétée sur trois
dans la maçonnerie byzantine. Aujour- colonnes seulement.
d'hui il reste la masse demi-cireulaire Vémt*, de 9n propivs Kvenot, a eonsfmtt
de l'hémirvcle, et du côté où fut l'en- !(*s nirfi«»s des >tatups et Ifs j etiirs portes n>cc

trée, trois pieds-droits de marbre, qui leurs iiju(it«-nu-nls ( li-uif fronUtn>) . qu'rile a
f.iil transposer, élever et peiiulre en couleur
indiquent les trois portes de Téglise. blanche : étant charriés ùe ce soin Zenun lils
Il s*agit de retrouver, d*après ces de Zenon. Mén.'indre Apollonius. Iroisieme du
données le plan primitif du temple de
,
mMii.HilMia ËRénélo* nia d'Altalr, Méraclkle
Vénus. Si nous preuous les distances ait de PItU. Péioplde Ma d*Enmia, eon»lnie>
leur» dta tnopiaa.
d*axe en. axe, entre les colonues,
nous trouvons que quatorze entreco- Cette inscription se rapporte sacs
loonemeiits égnient 30'", 41*. T>a doute am niches destinées a recevoir
moyenne est donc île 2'",6û*; et si les statues qui décoraient l'enceinte sa-
nous divisons par 2'°,60<^, la distance crée.
de 8<°,30, qui sépare les deux lignes
1 Le terrain qui environne le tonsple
de enjoiines, nous trouvons le nombre est couvert de débris d'architecture, tous
7 ; c'est-à-dire que la façade du temple de innrbre blanc, lesquels ont appar-
était octostyle ou coin^sée de sept tenu a une enceinte rectangulaire qui
entre-eolonnements. Maintenant nous entourait le temple de toutes parts.
savons que dans tout temple périptère F.lle était décorée découplés de colonnes
le nofnbre des colonnes de côté est dé d'ordre corinthien, portant alternative-
deux fois plus un celui de la façade; ment des frontons circulaires et trian-
nous devons donc avoir dix*sept eolon» l^ilaires. Chaque couple est séparé par
nés de côté c'est justement le nombre
: une niche décorée de piKisfres. Il n'y
qui nous est donne. La largeur de la a aucune difficulté pour la restitution,
cella se détermine par l'alignement des tant les fragments sont nombreux.
colonnes de front; il en raulte que le Devant la façade du temple il y a un -

temple d'Aphrodisias était périptère, rang de petites colonnes corinthiennes


octostyle, amphiproslyle , avec des en- dont je ne m'explique pas la (îeslination,
tes li ét«iit d'ordre ionique. Les colonnes si ce ir'est pour former un avant-por-
avaient 10*,40 de hauteur; elles étaient tique ou une avia séparée du grand té-
composées de einq blocs de marbre et menos. Il y a encore , en avant de cet
cannelées. ordre , un rang de tout petits piédes-
Le style de ce monument est d'une taux auxquels sont attenantes des bases
pureté qui permet de le mettre en pa- de colonnes. Dans cette partie réservée
rallèle avec les plus beaux monunieirfs sont, à droite et à gauche de rentrée,
de l'antiquité, sans en excepter celui deux grandes vasques de marbre blanc,
de Magnésie. Prions ue savons rien sur de 4*^,80 de diamètre , et un peu en
répoque de sa fondation. Bien que plu- avant «ne statue de lion coocbé qui
sieurs écrivains dissent mention du semblait garder l'entrée.
culte de Vénus, aucun ne parle de son Ce téménos, déci>ré avec une ricliesse
temple. Quelques-uues de ces colonnes peu commune, diffère de ceux que j'ai
ont été données en offrande par des ci* déjà décrits en ce qu'il parait beaucoup
plus exclusif si Ton peut parler ainsi.
^i) Toya, planche 19, iemple de Tcoos à Kn effet, il n'a ni portique, ni emplace-
A|mnKli%ia«. ment pour l'habitation <les prêtres;

Digitized by Google
L'U.NIVKRS.

eu un mot, un lieu pnrfnitement


c'est paux fragments sont ooucbés snr le
clos et fermé comoie pourrait l'être un sol. frise, sculptée d'une manière
camp retrauché. assez incorrecte, était ornée de rinceaux
et de
figures d'enfants.
CHAPITRE XIV. chapiteau est décoré de feuilles
T e
d'acanthe, et le fût est cannelé en spi-
LBS EDIFICES PUBLICS. rale, genre d ornement assez rare dans
les monumenls antiques, et qui cepen-
Non loin de ce monument s*é1ève le dant a été beaucoup plus usité qu'on
froDtispice d'un édiGce corinthien, qui, ne le croit généralement 11 a été sou-
quoique d'une époque beaucoup^ plus vent employé dans la décoration des
récente que le temple, paraît avoir été théâtres, on le trouve employé dans des
par sa destination ratiaehé à eedemief monuments dès Tépoque des Antonina.
édifice. On peut supposer niip c'était le Les colonnes du portique ont de hnu-
coilése des néocores, riiabitation des teur G'",25; le piédestal esta demi en-
prêtres, en un mot, le palais dans le- terré ; à gauche et à droite du froutis-
ouel étaient installés les bureaux de pioesont des mursdemarimqui vont
1 administration du temple. Nous avons se perdre dana des aonatroetlona mo-
en effet des preuves sans nombre que dernes.
ces grands centres religieux de l'Asie ( l), Sur la partie gauche du temple, on
ind^peDdamineBt à» tervice religieux, voit une grande place entourée d\Hi«
ivaitot encore certains droits et privi* colonnade ionique, mais qui est aujour-
léj?es qui participaient de Tadministra- d'hui interceptée par des fossés, des
tion civile. J'ai déjà fait voir que, dans murs et des haies. Ou finit cependant
IVdonnance et radoiinistration des par reeonnattre que eelfe plaee formait
mosmiées musulmanes, on trouvait de un grand rectangle de plus de 100 mè-
nomnreuses analogies aveccerînius fnits tres de côté. La colonnade, qui subsiste
relatifs à l'administration des temples encore, se compose d'environ quarante
de l'antiquité. Le privilège de con- colonnes, et Ton trouve des groupes
server en dépdt les objets précieux et de cinq à six oolonnea eontiguët. U
les trésors des citoyens étnit particuliè- n'y a derrière aucune apparence de
rement dévolu aux temples, comme il murs ni d'habitations, tout est détruit.
Test aujourd'hui aux mosquées. La di- L'ordre ionique parait un ouvrage à
vinité avait son bien pariieulier, dont peu de chose près contemporain du
elle usait h sa guise, comme on le voit temple. La firise est ornée de génies
par les inscriptions conservées dans la qui soutiennent des guirlandes; tout le
ville. Elle avait aussi ses immeubles, reste des moulures est saos aucun or^
qui étaient donnés à ferme, comme le nement. Le fiftt de la eotoime est eau-
waeovf ottkaàôu* des Musulmans, qui neié depuis le haut jusqu'au tiers inli^
sont des terres devenues inaliénables rieur. Une masse de constructions, au-
comme propriétés de mosquées. jourd'hui infor/nes, qui s'élèvent sur
Le temple de Vénus se trouvait cer- l'un des côtés , parait avoir été la basi-
tainement régi par des règlements sem- lique.
blables à ceux du temple de Jupiter Le théâtre se reconnaît au milieu
Aiznnien , puisqu'il av.nt pour seul et d uo groupe de maisons modernes qui
même admmistrateur Apuleius Eury- occupent les vomiioires et une partie
elès. des gradins. Cependant H y en a en-
L^édifice où se tenaient œs diverses core un certain nombre en place ; on
administrations devait être voisin du y voit aussi les deux murs sur lesquels
temple; nous croyons en trouver les s'appuyaient les sradins , et qui, d'a-
vestiges dans le poVtiaue eorintliien. Il près rinseription it lassos, s'appelaieiit
se compose aujourd'hui de quatre co- analemma; rinseription suivante, qoi
lonnes portées sur des piédestaux , et est relative à une construction sem-
soutenant un fronton dont les prinei- blable, a été trouvée près du théâtre :
m
A la déCMe VéDOi, aux Dieux aogastM : [la
(f ) gtrabaa, lir. XIT, p 640. ooloimmi et 1rs mnn d'appui de* graîlliMeuC

Digitized by Google
ASIK MINEURE.
été f«lU Mf àrl«toc1*« flU d'Artéroiaore Mo- oçs. S'il a existe queique OMmaaMIlt tH-
f»Ha patrie. Ayant
Iwtus, ami de la ul..irc el
.||m|ajr6 important, il • été détruit.
I»w*W**r«"''"6^.H"?a*jl'"<^^^^ inscriDlioDS mentionnent le
Oiiplniifts inscriptions
SÏSL^dîrSS^^^^^^^ QuelqT
MolMiM. «ol ra Mwcri H étevi. genre de tombeau eu forme d autel ap»
... * pelé BfiMOI qui comportait les
Il y a, près du tbéfttre, des de quelque étendue. Un sav-
eomtnw- iruetioiis
tiOBS de plems de cophage portant deux médaillons aven
taille qui peuvent
avoir appartenu à la citadelle; mnis on de^ portraits contient une inscription
doit dire que ces murailles sou^ si peu qui fait connaître que ce tombeau ap-
iniportantes, que la conjecture est tout partîsfil à Adraste Polychromus, fils
à ftlt hasardée. de Glycon. Le tombeau entier se cotn-
Le stade est situé dnns la partie nord- posait d'un caveau avec plusieurs com-
ouestde la ville la conservation de ce» partimenU. L'inscription contient
:
une
monument ne laisse rien à désirer. 11 défense formelle, à quicooque D est |ias
offre nue stegularité que j'ai déjà ob- de la famille d'Adr&ate, «fy ensevelir
servée dans V Àmphitheatrum cas- aucun corps (1).
trense à Rome c'est de se
: trouver Les contrevenants sont quelcjuefois
englobé dans les murailles de la ville, menacés d'une amende qui peutaélever
et de faire en ouelque sorte partie de à plusieufs milliers de draehmes.
En
la défense. Mais je crois que l'un et Tau* viuei eiemple : . m
tre édifiée furent primitivement cons- ^
finit. hA«» la
la ville, Pt par
v.llp et de l'auff-
nir suite ^ej^a"f Le «arcophage. l'autel funèbre, es caveaux
trUlU hors l

; ^ tout Pentoeraii sont la propriété d'Ermero-


mentation sucœssive du périmètre , ils ainsi qa«ti «11 altealé pur rarrtlé «tu cbreo-
ae trouvèrent encastrés de la sorte. phy lax. Dans le sarcophage sont euseydl» le )

fo ctaHp (l*AnlirnHi<:i;iR
Le Staded Apnroaisias se pomnose susnommé et l.lia Anionia Nire, appelée aMrt
rp compose
^utren aura w droit d'y
^^^.^ ^.^^^ p,^,
d'une arène de 2a7'",74 de longueur; eoaevèur ou dVxfiumrr le» susnommé»; <1ani
profa-
elle est arrondie à ebaque eitrémité, et it eiteoniraire. qu'u M>it déclaré impie,
U vomi
Dorte ou vomi-
orande porie tmXtar et vioUtnir de tombeaux, il payera au
là sR'niivrp iinp granae
ouvre une Ilic la somne de deux mille cloq
j^a-^^^
toire dans la direction de axe. L arene,^ I ri'argenUdontlelieneendoiiiié
^.^^t^ .t<>nicn<
dans tout son pourtour, est garnie de au dénom iait^ur.
vino» r&nM ae
«iv rangs Ha graain»
de divil^ dfl
nnultiis Oimes
graams ne oi^ ^ Cnix qui ont droit aux caveaux pl.i(é9 son
Vingt-SU
Vingl-8» ,
Mr«>phaijë wnl
^rcoiliaue sont : Auréliua Tl»*»ée, tils d•É^
AuréUua TW«ée,
disque eAlé en trente ciinelousectious. l^éroiuareTAiiféilmia BédM, la
séparées par de petits escnliers. La Tliésée. ^.^^^ ^ t.. ^
a d'^.âO de large, et était déeoiéedun ^j^^^^ m^di, Ménandre.
portique à aicadee dont il reste encore
de nombreux fragments. Je n'ai observé CHAPITRE XV.
dans 'étendue de Taréne aucune traee
l

de spina , mais à l'une des eitléBBités yillis DB ].*|]iTiBnom M!


on foit à fleur de terre un mur circu- CUUIIB.
laire qui parnll avoir formé un petit
amphithéâtre, dont la construction est L'intérieur de la Carie comprenait un
du temps de décadence. Je ne men*
la grand nombre de villes dont la plupart
tiomie œ
fait que parce que j'ai trouvé ne sont connues que de nom; Strabon
de semblables constructions dans deux en cite un certain nombre qui doivent
autres stades que i'ai mesurés sur tes leur fondation aui Léléges. La plus cé-
eôtes d'Asie, celui de Perga et celui lèi)re est Pedasus^capitale d^in district
d*Aspendua. Je B*al vu environs am qui comprenait hnit villes et qui s'é-
aucune construction qui ait pu servir tendait jns ju'à Myndus et Bargylia '2).
de corcerex, d'écuries ou dedé|Mndao- Les Fedasiens furent le seul peuple de

ces d'aucune espèce. la Carie qui résista à l'armée d*Harps-


Leaséimltttresdea ApbNdisiensnV- gus, ils rétalent retirés dans le mont
frent aucune particularité qui les fasse
distincrner Me celles des autres villes (?) Vovm, planche
29, iffrç^|i|iage de
grecques. Ce ne sont en général que marbre à ÀphitKlisiaa.
des atèlef lépuleraks et des saroopha- («) ^nUm, xni, dti^

Digitized by Gopgle
648 I/UNIVERS.
Lida, où avaient élevé des retrau-
ils D'autres ruines de peu d'importnnce
chemeDts; mais ils ûnireot par ^tre ^ sont épan»es dans la ville moderne; oo
•ottmis (I). Les Pédasient ne restèrent y remarque ane colonne d*onlre oorin-
a> cependant tranquilles tributaires des thien élevée en Tbonnenr d*Enlbyidéroe.
Vrses, et lorsque Dniirisès, gendre de
.

^
On peut encore observer sur une col« '

Darius (2), voulut envahir la Carie, ils line au sud de la ville un monument
trouvèrent sur le territoire de Pédasus^ sépulcral qui jusqu*à ce jour a échappé
une résistance inattendue. L'armée i la destruction. Il est sans inserip»
perse fut taillée en pièces , et les prin- tion, mais d'après la forme de son en-
cipaux ehefs , parmi lesquels était Dau- tablemenl on peut étr«' assure qu'il n'est
risès, furent tués. Les JPedasiens ren- 1 pas antérieur au second siècle de notre
daient vn eulte piitieulier i Minerve ; l ère. La frise bombée en forme de oon*
Hérodote raconte un prodige qui se sole caractérise les monuments poflé-
manifestait toutes les fois que la ville rieurs au rèizne de Titus,
était menacée de quelque malheur : €e tombeau du genre appelé dis-
alorsIagraDdeprétrttsediitemple voyait te^a, à dent étapes, se compose d'un
son menton se couvrir d*une barbe soubassemeot dans lequel eSt lacham-
épaisse ; ce phénomène s*était renouvelé bre séimU rale ; il est surmonté d'un
trois fois (3). scdicule quadrdatère dont chaque face
Syagela, ville lélége, voisine de Peda- est ornée de' deux colonnes à chapiteaux
nommée parce qu'elle
sus. avait été ainsi campaniformes à feuilles d*acan(ne. Lm
f>ossédait le tombeau de Car ; dans la angles sont formés de cpiatre pilsstrei
an^ue des Cariens le mot Soun signifie carrés.
tombeau, et Gela un roi (4). La position Un listel qui règne le long des fdts
de ees deux villes n*a pas été déter- des colonnes indique que cette partie
minée; elle doit se trouver dans le ^
du tombeau était fern)peparunejîrille(l).
territoire qui sépare Halicarnasse de
'
Ce monument offre un certain inté-
Bargylia au nord-est de Cindye. rêt en ce sens qu'il parait être une copie
Hyiasa fût longtemps regardée ^ simplifiée du tombeau de Mausole.
comme la capitale de la Carie, c'était la Le temple de Jupiter Labrandeus, un
patrie de Mausole et le lieu de rési- des plus vénérés de la Carie, était dans
dence des dynastes avant qu'ils ne se la ville de Labraoda, a soixante stades
fussent emparés d*Balieamasse.Myl88a de Mylasa. Il était ainsi uonmiédc la
conserva toujours sa suprématie sur les hache è -deux tranchants, Labrys en
autres villes, comme centre du ulte de
< I mcue carienne, qui avait éfe tr ui^por-
Jupiter Carius, qui était praiiaue en tee de Lydie en C«rie et dediee a ce
commun parles Cariens, les Lydiens et dieu. Une voie sacrée pavée de marbre
lesMysiens. conduisait de Mylasa à Labranda, les
Myl.isa, aujourd'hui Melassn, est si- prêtres de ce dieu étaient choisis parmi
tuéeaurcntred'une vaste etfertileplaine les plus illustres familles {'2\
entourée de montagnes dans lesquelles Kuromiis, autre ville du ressort de
se trouvent de belles carrières de mar- Mylasa était située sur la route de My-
bre blanc au«^si, peu de viHes pouvaient-
; lasa à Milet, on en retroïive les ruines
elles se vanter de posséder de si ma- *près du village âr Kjzililjik appelé par
gnifiques édifices. A la fin du siècle der- les Grecs Mendalia. Un temple d'ordre
nier on pouvait encore admirer un eorinthien existe encore dans un état de
temple périptère d'ordre corinthien qui conservation suffisant pour en recon-
a été dessiné par Pococke; cet édifice naître l'ordonnance primitive, il a été
a été démoli ()ar un gouverneur et le . publiédans TouvragedeM-deChoiseul;
marbre a servi à la construction d*uoe f chacune des colonnes porte une tablette
mosquée. J
indiquant le nom du donateur Les rui-
nes a*Ruromus s*élèvent sur la eoUine
(i) Hérodote !•% 175.
(a)Id., V, ii6»i99. (i) Voyfi, pl. 97, lomb<>au prèsde Mvlaaa.
(3) Hérodote, liv. (a) Voy., pl. m, temple dr Jupiter à U-
(4) El. Bys., V. Sou^a, braeda.

Digitized by Google
ASIE MINEURE. 64»
qui domine le temple, on y retrcave ' CHAPITRE XVI.
les vestiges d*uD tiiéfttreet de plusieurt
autres édifices. ILE DB COS.
Stratooicée, aujourd'hui Eski hissar«
a été fondée par Antiochiis Soter, qui T/ÎIe de Cos, une des Sporades; si-
lui donna le iinrn de sn ff-mnio Str.uo- tuée à rentrée du fjolfe d'H ilicarnasse,
nicp; optîe ville était, comme Mylas.i, cette île a îait partie de la l^enlapole

oniee de somptueux édifices de marbre triopéenne; elle était célèbre par son
Mme, qui ne sont plus aujourd'hui' temple d'Eseulape, et par le génie de
qu'un amas de ruines. ses artistes.
Un mouument d'une cert.iine impor- I/île, vue (lu large, paraît monta-
tance au point de vue epi^raphique gneuse et aride; mais à mesure qu'on
existe eoeore; il est renfermé dans ane approche, une plaine fertile et cou-
enceinte de marbre blanc désignée gé- verte des plus beaux jardins se devc^
néralement sous le nom de tombeau de lo «pe aux renards. I.a \ille moderne est
Philœtere. Cette inscription , qui date située a la pou)tenord estde l île, t»t une
do temps de Diodétien , détermine le forteresse, qui paraît encore bien en»
prix des denrées sur les marchés du tretenue, défend l'ancien port, aujour-
pays. Lafi^ina, petite ville sous In juri- d'hui comblé.
diction de Stratonicée, était célèbre par L'arrivée des Grecs dans cette île re-
soo temple d*Hécate ou Tri via qui réu- monte à l'époque des plus anciens éta-
nissait chaque année on grand con- blissements doriens sur la cdte d'Asie,
cours de peuple. Lauinn occtip tit l'em- si RK^me elle n'est pas antérieure à la

placement de la petite v^le moderne de prise de Troie; car Homère parle de


Lakina. Cos comme d'une ville occupée par h s
A deux cent cinquanle Stades au nord Héradides. Une partie des Doriens de
de celte dernière ville, et non loin d'' la Méi^are ayaut quitté cette ville, vinrent
vallée du Méatidrese trouvait le district eu Asie, et fondèrent les villes de Rho-
des Alabaudiens dont la ville jiritici- des, de Cos, qui s'appelait alors Asty-
Pile était Alabande, aujourd'hui Arab patsa, et d'UaKcamasse (I).
issar; on y ol scrve un assez çrand Le gouvernement de ces Doriens
nombre d'édifices antiques parmi les- avait une grande ressemblance avec ce-
quels il faut citer un théâtre et un por- lui des Ioniens. Ils vivaient sous 1 auto-
tM|ue dépendant d'un grand palais; rité de princes qui jouissaient d'un pou-
Etienne de Ryzance fait dîérrver le nom voir souverain (2). Cette île siiivit dans
de cette ville des motscariens Ala, che- toutes les grandes circonstances la uiéme
val, et Banda victoire, en commémora- politique (|ue les lihodiens. Ces deux
tion d'une victoire équestre. Iles se ligiièn^t contre Athènes pour
Le territoire de la Carie coupé par faire reconn.iîire leur indépendance. A
de nombreuses chaînes de montA^nes l'arrivée des Homains en Asie, elles
est loin de jouir des mêmes avantages s'unireut étroitement avec la republique,
que la contrée voisine Tlonie; les villes et celte amitié dura jusqu'à la fln de
modernes qui s'élèvent sur les mines l'empire.
des anciennes cites ^nut pnuvres et peu Plusieurs auteurs attestont que la
peuplées, et le naturel des inontofinards ville de Cos s'appelait anciennement
a passé jusrju'à ces derniers temps pour Astypaiaea. StralKNi (3) ajoute qu'elle
être presque indomptable. Au partage occupait un autre lieu également voi>
de l'empire byzantin la Carie rchul à sin de la mer. C'est a la suite d'une
l'emir Mentesche, dont elle |)rir le nom, guerre civile que les habitants d'A.^ty-
qu'elle conserve encore sous le gouver- palsa furent obligés de se transporter
nemenl des Osmanlis. près du cap Scandarium, où est la ville
actuelle. Elle est distante de 16 milles

(i) .Strabon, XIV, p. 653.


liv.

(a) HéroJole, liv. Yn,cb. 64.


(3) .Strabon, liv. XIV, p. SS?.

Digitizod by
lomaios d'Halicarnaase (1), et opposée ne se plaise à perpétuer eette iof!éiiieu!«
au cap Termerium de Carie. fable grecque. On aime en effet à se
T,orsque les Lacédénioniens vinrent représenter, sous cet ombrage sérulairo,
débarquer à Cos, pendant leur campa- Uippoirate entouré de di$ci{tles, et
gne sur les cotes de Carie , ils trouvè- préparant ses immortels ouvrages.
rtot la ville ruinée par un tremblemeiit Le platane d'Hippocrate occupe le
de terre des plus violents et les liahi- , centre d'une place qu'il couvre entière-
taots avaient fui dans la montagne (3). ment (](' son ombrage. Le tronc a 9". 80
La ville de Cos, dit Strabon, n'est pas de circonférence; il est presque ellip-
grande; mais elle se distingue par sa tique, mais creux. Il s*élève sur un
nombreuse population, présente un
et soubassement en ma^nnerle qui a
aspect on ne peut plus agréable à ceux été fait dans le dessem de recouvrir
qui vieuneut du côte de la mer. L'île les racines, ou peut-être parce qu'on
est fertile en bons vins, et célèbre par les a abaiaé le sol de la place: Le troue
tissus, ouvrage (les femmes du pays<8). ii*a que 2",80 de hauteur; mais, à
Le temple d'Esciilape était situe dans partir de ce point, il se divise en
le faubourg. 11 était célèbre dans toute quatre brauches qui s'élancent hoh-
la Grèce, et rempli des plus riches oC* sontalement à une distance de dix mè-
lirandes. On y voyait VAnUgomu^ d'A- tres; leur circonférence est détruis mè-
pelle, et la f énus nnadyoméney portée tres; c'est seulement à leur extrémité
à Home par Auguste, qui accorda en que commencent les branches ponant
eompensation la remise d'un tribut de le feuillage. Pour soutenir les grosses
100 talents auquel la fille avait été im- branches dans leur position horizon-
posée. Mais c'est surtout comme la pa- tale, on a placé de distance en distance
trie d'Hippocrate que l'île de Cos est à des colonnes de marbre, et, depuis ce
iamais célèbre. De tous les grands temps, le bois du platane les a tellement
lomimiB de Tantiquité, c^est peut«étf6 englobées , qu*il tait corps avec le mar-
le seul dont le nom soit encore popu- bre. Une fontaine mauresque rafraî-
laire dans son pavs natal le souvenir : chit la de tour-
terre, et des centaines
de cet homme iflustre est presque le terelles, vivant constamment dans œ
seul monument qui reste de Tancienne feuillage, animent ce tableau. On
ne
civilisation de cette tle ; mais il est pro- saurait voir un endroit plus pittoresque.
fondément gravé dans le cœur de tous On voit dans la ville et hors des murs
les Grecs. Uippocrate est regardé non* quelques fragments d'architecture, mais
seulement eomme le trienfaiteor da aucun monument. Tarais cefiendant a|>-
l'humanité; mais encore comme l'au- pris qu'à deux lieues de la ville il exis-
teur de tous les agréments dont la ville tait une source qu'on appelait la fon-
iouit encore aujourd'hui , de l'eau et de taine d'Hippocrate. Cette source, qui
rombrage. Esculape est aussi ignoré fournit les eaux à la ville, est située à
que l'emplaeement de son temple; les mi-edte d'une montagne éle\ ée ; j*j re-
Grecs vous montreront avec orgueil le conniis une construction fbiit anaenne
platane sous lequel le {)€re de la méde- qui uiérite d'être décrite
cine donnait ses leçons; cVst-a-dire, La source , qui sortait à une assez
dans leur pensée, que ee platane était grande profondeur, a été mise à décou-
déjà dans toute sa croi-^sance du temps vert par une tranchée dans le roc vif.
d'Hippocrate, ir.o ans avant Jésus- Un canal de 31 mètres de longueur a
Christ ; il aurait plus de deux mille été creusé pour donner issue aux eaux ;
trois eents ans! 11 est inutile de réfuter le tout a été revêtu d^ine maçonnerie
une pareille tradition; mais cette mer- solide de pierres de taille. Le canal est
veille du règne végétal porte avec une en partie voilté, et en partie recouvert
certaine majesté le nom du plus grand de plates -bandes; la prise d'eau se
homme du pays, et il ii*est personne qui 'trouve dans une petite salle nmde voâ-
tée en cône, de 10'°,33 de hauteur et
(0 Pline, liv. A .ch. 36. de 2", 80 de large, dont la partie supé-
(a) Tbundtde, liv. Vlll^cb. 4t. rieure est percée , et forme par consé-
(.1) TîImiII., VI, 35. quent un puits en dehors.

Digitized by Google
ASIE MINEURE.
A
moitié de la li.mteur de la salte est et de Perse ont été complètement en-
,

une autre galerie qui n'a que U


mètrit vaUs par peuples de sang ^rec,
lés
de longueur; elle ett vootée en |»late- qui venaient des Iles ou du contment
beode. s'établir sur les côtes de l'Asie; car il
La montnpne dans laquelle est taillée ne reste aucune trace de leur nom pri-
la fontaine appartient u la formation de mitif. Les premiers historiens les dé-
eraie; les eauisout portées à la ville par aigaeotsous la dénomination purement
des canaux de poterie à fleur de terre ; ^cque qu'ils ont conservée t la plus
, f

cette eau est naturelle et de très-bonne importanVe de leurs places, Iconium,

r lité. Il faut croire Qu'elle jouissait


s Tantiquité, de quelques rertuathé*
portait deja do temps de Xéoophon ce
nom , que Ton fait dériver d*nne fable
rapeuthiques; ear oa Ut piès du caaal grei'que. Il est possible de rattacher
cette inseriptioB : quelques lambeaux de l'histoire ou de
la reli^on de cette contrée à la période
Remprcfment foas les dieux Sérapto par
a
Alexandre Apollonide. qui a été goérl.
phénieienne ou aasyrienna; maia lea
Grecs et les Romains, se taisent sur les
La ville actuelle est située exactement temps archaïques de ces provinces, et
sur remplacement de Tancieune; elle nous les laissent deviner comme le re-
est 1>leQ oâtîe et défendue par des mu* paire inaeeetaibit de tribva fifiroees et
railles eu bon état. Les jaroios qui Teo- avides, qui ne connaissaient d*mitre loi
toiirent sont bien entretenus et ample- que le pillage. Les vastes espaces qui
ment arrosés par des puits et des no- séparaient chaque bourg; les gorges
rias ; quelques-uns de ces puits aoBl du Taurus , qui offraient une retraite
carrés et paraissent remonter i une assurée en cas d'atiaque , étaient des
époque fort ancienne. moyens de défense suffisants contre un
La forteresse est entourée par la mer pouvoir qui ne devenait actif que
de trois côtés, et séparée de la ville par lorsque son autorité était mise en ques-
un foné profond. On reconoatt daos tion.
cet ouvrage la main des chevaliers chré- Du temps de Slrabon , la Lycaonie et
tiens. Plusieurs bas-reliefs sont encas- risaurie avaient été réunies sous un
trés dans le uiui' extérieur, et paraissent seul et même gouvernement. Ces deux
avoir appartenu à un même monument: provineea sont géographiquement oona*
ce sont des combats d^amazones. Ce tituées de la même manière. Bornées
fort fut bâti par les chevaliers de Saint- Tune et l'autre au sud par les mon-
Jean de Jérusalem, au commeucement tagnes du Taurus, elles se fondent au
du quatorzième siècle, peu de temps nord dans la Galatie et la Cappadoee
après qu'ils eurent été mis en posses- par des plaines sans fin.
sion de l'île de Rhodes. Dans la partie La première de ces deux provinces,
Dord, il y a une lagune qui peut avoir limitrophe de la préfecture de Tyanitis
servi de port du temps des Grecs. a l'est , s'étend au nord jusqu'aux fron-
La montagne d'où sort la source tières de la Galatie, et enveloppe an
d'Ilippocmte forme une sorte d'amphi- sud risaurie dont le territoire propre
,

théâtre tourné vers la ville. L'nffluence 3 beniicoup moins d'étendue mais qui
,

des eaux pluviales dans le même point parait, du temps des empereurs ^recs,
a causé rensableoent du port, dont les avoir absorbé une grande partie des
eaux stagnantes eauasnt annueUemcBt provinces voisines.
quelques fièvres. Le peuple lycaonien n*a pas laissé
dans 1 iiistoire une renommée com-
CHAPITRE XVII. parable à celle des Isanrea. Le pays,
dépouillé de végétation , et à peine
liYGAONIB.— I841IB1K. —
OBOGIAFBIS ondulé par des montagnes de peu de
ANCIENNE. hauteur, n'était pas propre à former un
Etat indépendant. seule occupation
U
faut croire que les aborigènes de possible des Lyeaoniens était Téleve do
CCS contrées, qui obéirent pendant plu- Détail. Lw
auteurs anciens recherchent
sieurs siècles aux royautés d'Assyrie eu valu Torigine du nom Lycaonie. Les

Digitized by Google
m UUNIVERS.
uii^ pensent que ces peuples Font pris Sanjak de K.aramau. Elle a pour priit*
du Lycus; d'auires prétendent
fleuve cipale ville Iconium, place fort an-
qu'ils Tout reço die TArcadien Lycaon, cienne, mais de fondation groeque, et
qui eonduisit une colonie dans ces qui, dans l'antiquité, n*a jamais été
contrées (l). 11 suffit de constater que qu'une forteresse de peu d'importance.
déjà, pour les anciens, le nom de Ly- Toutes les autres places mentionnées
eaooien, qui est purement grec, se dans la Notice d'Hiéroclès ont à peine
perdait dans la Duit des temps , et qu'il laissé des vestiges. Ce pays était, à la
n'existait pas pour eux la moindre tra- vérité, le plus dénué de ressources
dition qui ineutionnât un peuple abo* pour tout ce qui louchait nu culte des
rigèue ou sémitique , comme dans la arts, et à la construction des monu-
CapfMidoce. La première mentitm qui ments. Les Cappadodens avaient trouvé
soit faite de la î-ycaonie se trouvp dnns dnns les roches tendres de leurs mon-
Xenophon (2) ; mais rien n'est déter- tagnes uu viiste champ a exploiter, et
miné sur ses frontières, jusqu'au temps ils avaient imaginé d'établir leurs mo-
én guerres entre les Romains et les numents dans la carrière elle-même.
rois prccs. Les Lycaoniens n'avaient même
1^1Lycaonie fut alors incorporée à cette ressource; les roches de leurs
la province nommée par les Romains montagnes sont composées de calcaire
Asie propre, et dont Éphèse fut la mér d*un6 mauvaise qualité , qu'il est im-
tropoie. 1^ traité signé avec Antiochus, possible de trsvailler. L*usage dVIever
qui cédait au peuple romain toutes les des constructions en terre et en briques
provinces situées en deçà du Taurus, fut certainement usité chez eux; mais
depuis ses versants occidentaux jus- il n'acquit une certaine importance, il

quau fleuve Halys, y comprenait la ne s'éleva au rang d'un art véritable,


Lycaonie, qui fut ensuite cédée n Ku- qu'entre les mains des peuples ntn^ul-
mène par suite de la paix signée avec
,
mans, qui avaient étudie •-nr le sol
Prusias, roi de Bithynie. Il reçut, en même de Perse et de la lijb^ionie
la
outre, les deni PhrVgies, la Mysie, et qui transportèrent en Asie l'art
la Lydie, et le Milyâs (3). I/Asie en oriental, tout autre avec ses coupoles
deçà du Taurus, ayant sa limite déter- élsncées, ses richts couleurs et ara
minée par les crêtes des monts , com- émaux merveilleux.
prenait naturellement tout le versant Les laines grossières, mais, abondan-
septentrional, les Lydiens les Cariens tes, des troupeaux étaient pour les Lycao-
et les Lycaoniens. Dans ce cas, il est niens une source de revenu considé-
vrai , ou ne fait pss mention de Tlsau- rable, et composaient même uiiQfuirt
rie, et Strabon aloute à laoonfnsion qui notable des biens du roi Amyntas ( i) ;
esiste dans la détermination des deux mais on ne dit p is (|ue l'nrt de fabri-
territoires, quand il dit (4) « On y voit
: quer des tissus de laine, dos tapis et
« aussi deux lacs-, le plus grand est appelé des étoffes, ait jamais prospéré parmi
« Goralis, et l'autre Trogitis » Tun des : eux. Les témolgnn^es do Tantiquité
deux a conservé son nom de Kéréli; nous permettent de croire que chez
l'autre est If Inc de Sidi chéri ; or, ils eux la rapine et le brigandage n'étaient
sont tous les deux au centre de l'Isaurie. pas devenus une habiliidc trénérale, et
La Lycaonie, touche a Test à la Cappa- en cela, ils se distinguent encore de
doee; au nord et au nonl-ouest, à la la petite peuplade, leur voisine, dont
Galatie et à In Phrygie; elle ne se les rapines tmrent en suspens toutes
trouve limitrophe du Taurus ({ue dans les forces des royaumes civilisés de
son extrémité orientale , où l'on place l'antiuuité
; car depuis l'époque d'A-
In villes de Derl»e et Laranda , c'est-à- lexanore jusqu'à la prise de Rome,
dire le district appelé aujourd'hui le nous voyons les Isauriens résister à
tontes les tentatives faites pour les
(i) Eiistalh. ad Dionys. Pnieg., v. 85-, soumettre; renaître de leurs cendres,
(a) Expfd. Cyr. liv., a. pour porter Teffiroi dans tout le com-
(3) Strabon, XII, S68.
(4) D'ABvîlle, ^su Mineur*, (i) Slnl)on,xn,S6t.

Digitized by Google,
ASIK MlNRlTtlE.
merce d'Asie ; ne souffrir, en un mot saurie une
partie de la province de Ly-
aucune domination que celle des bri- caonie de sou temps, en effet , c'était
;

gands qu'ils se donnaient pour cbefii, un convenu d*dnnuler, autant que


parti
et qu'ils assassinaient ,
pour peu que possible , la province d'isaurie. Pline
rinlér^t de leur vengeance ou de leur répare cette omission géographique, et
une trahison. Le
cupidité les portait à mentionne eu détail toutes les viilts et
tablesn de ce petit peuple ue manque les châteaux de la contrée : (Miclm
pas d*uii certain inléret dramatique; Pamphyiiam amnes junrerc neglecfa
et quand on parcourt les contrées gente fsaun'ca, etc (t). Il cite les villes
• théâtre de sa résistance opiniâtre , on d'isaure, Chbanum et Lalasis, re|)ro-
comprend que Rome niime ait été chant aussi aux écrivains de son tenips
embarrassée pour le sounnettre. de passer sous silenee la nation des Hu«
Les Lvcaoniens et les Isaures se dis- moundieiis ,
qui confinait à la nation
tinguent des Cappadociens, en ce au'ils isaunque, et mii avait pour capitale
ne paraissent pas attacher aux idées Homona, dans r intérieur des terres.
rriigieuses la même importance que Strabon (3) fait de Tl saurie une annexe
ces derniers , qui prouvent, par là , leur de la Lycaonie. « A la Lycaonic nppor-
parenté avec les peuples de l'Asie tient encore l'isaurique, située près du
orientale. Il est peu de villes impor- Taurus. »
tantes en Cteppadoee qui n*aient à offrir Ces écrivaitos nous laissent ignorer
au peuple la protection de quelque l'origine du nom d'isaurie ,
qui pa-
divinité plus ou moins célèbre. Chez les rait être de souche grecque. Les an-
Lycaouiens et les Isaures, ou ue voit ciens out souvent douné aux peuples
rien que des ebUeMn; le pillage , la un nom tiré de leurs habitudes ou de
guerre, voilà la vie des uns; l'agricul- leurs qualités; le nom d'isaure ne
ture et la soumission aux maîtres qu'on viendrait-il pas de l'habileté que mon-
leur donne, voilà le type des autres. traient ces montagnards dans le niauie-
Ahstraeiiou feite des idées reli- ment du l| X«up(2, jaeulum (»).
jpvelot
^cuses,4« caractère pillard des peuples Pline cite également une peuplade
isauriens pourrait faire supposer qu'ils de Lycaonie, qu'il nomnie Pelteni, de
appartenaient à cette race leuco-sy- l'usage , sans doute, adopte par elle de
nenoe qui avait envahi le nord de la porter un petit bouclier (pelta), contre
Giiicie. On doit les regarder comme rhabitude générale chez les peuples du
foncièrement nomades ; ils n'avaient sud de l'Asie, de porter des bourli< rs
des cliàteaux forts que pour conserver très-grands, ainsi que cela nous est
le produit de leurs rapines. Ils étaient atteàié Une figure
par les bas-reliefs.
pasteurs comme les Arabes , et , comme incrustwdans les murailles de Konieb,
eux, disposes à souvent changer de représente peut-être tin de ces Pelteni
chefs , qui étaient choisis par voie d'é- lycaoniens (4;. H tenait en même temps
lection. Les Isaures ont aussi ces traits lé javelot isaurieu. Zozime (5) dit que
die reaeenililaneeavec les Arabes qu'ils
, le peuple des Isaures demeure toujours
ne craignent pas de s'adonner n la na- dans les montagnes escarpées et inac-
vigation en cela ils différent de tous
; cessibles du Taurus; mais Pline (6)
les peuples, Perses, Mèdes et Assvrieus, étend leurs IrouUeres jusi^u'a la mer
qui ont toujours montré pour la mer
une aversion profonde; caractère en- (i) Pline, lib. V, rhap. a;,
core saillant chez les Arméniens et (a) l,ib. XII, 568.
Persans modernes. Allies aux pirates (3) Si-loii M. Kie|)ert le nom de» Isaures
eilieiens , les Isaures devinrent le fléau esi d'origine araméenne, et vient des lelùri,
des mers; Rome, à l'apogée de sa mot proBoocé par les Hébreux I«rhûri «t
puissance , est obligée de leur déclarer p.ir les Grecs Isaiiri ; il signifie: nn |>t>n|)le
une guerre eu règle, et leur défaite valut qui babile les mou laines. Killer, Krdkundt,
au gSnéral PubliusSenriliustmsumôm t IX, 4»>*
qui le plaçait à côté des vainqueurs de (4) Yojez pl. 5 bas-iclief à Konicfa.
,

Carthage et de Numancc. (5) Zoiime, liv. V, chap. a5,


Strabon semble vouloir faire de i'I- (6j Pline, liv. V,cbap. a;.
6S4 L'UNIVERS
de Glicie , dans le voisinage d*Aoeinu- Cette campagne avait duré trois ans,
lium. et le trophée le plus important qu'eo
Il ue nomme aucun port appartenant rapporta le général romain fbt la dé*
à risaurie ; c'est , sans doute , ce qui faite du isaurien carlairirMcrie
pt (iple :

amena ces peuples pillards à taire al- reparut bientôt, et ne fut comp.lelonh 1

lianeo avec les Ciliciens. anéantie qu'après la campagne de


Leur capitale, qui portait le nom
d*Isaura, existait antprieurement à Té
poque de TinvasioD d'Alexandre (I); et
déjà ils se signalaient par des actes qui CHAPITRE XVUI.
mettaient en évidence leur courage m-
dompt.ible. I>a révolte des Pixidiens,
réunis aux Isaurt-s, souleva contre ces
peuples une réaction terrii>le de la part La région Peraea 8*étendait sur la
des princes grecs. Perdiccas et le roi odte snd d'Asie, depuis lecapCvnosseiiia
Philippe résolurent de détruire les deux au sud de la presqutle Triopéèi no. jui:.
trincipales villes. Isaura fut investie. qu'au mont Cragus de Lycie, elle eljit
Fne défense acharnée repoussa l'armée ainsi nommée parce qu'elle appartenait
^recnue, après deux jours d*assauts aux Rhodiens, elle leur fut enkvee («ar
inutiles. Mais la place ne recevant aucun Philippe de Macédoine, m.ns les Ro-
secours du dehors, et les combattants mains forcèrent ce prince a la restituer
voyant a chaque instant diminuer leurs à leurs alliés. La |)ctite ville de Loryau
forces et leur nombre, résolurent de dont remplacement est inconnu était
s*ensevelir sous les ruines de leur ville. distante de vingt milles de Rhodes et
L'incendie ravagea tout et les Grecs
,
,
confluait au territoire drs Cauniens.
en entrant dai>6 les murs d'Isaura, ne La chaîne de montagnes oui borda
trouvèrent qo*on moneesa de cadavres la côte forme un golfe profond quidaaa
et de cendres, sous lesquels ils allèrent l'antiquité était le centre du commerce
chercher les trésors que les Isauriens des Cariens de Mylasa, des Éphcsiensit
avaient détendus Jusqu'au dernier ins- des Rhodiens ; c est le golfe de Mc^ll^
tant. La ville Ait abandonnée; mais la ridjéou de Marmarico, dont nous avooi
nation ne fut point détruite. tracé les principaux contours (1). Il est
Les longs soulèvements que suscita divisé en deux parties par une grande
en Asie la lutte entre les Grecs et les île rocheuse. Le^ort Physcus où avaient
PwiCB permirent aux Isaures do se lieu les transactions entre lesllliedieBa
livrer à leur instinct. Leur alliance avec et les Ëphésiens est situé à Test c'est ;

les Ciliciens nnizmentn leur puissance encore le mouillage de la ville de Mer*


qui s'accrut encore nar la protection meridjé (2). On ne saurait dire si elte
tacite que leur accorda Mithridatc. Ce- occupe remplacement 'd*mie vHIe sa-
pendant , auand la puissance romaine cienne on n y observe aucun rested'ati-
:

se fut établie sur ces côtes : quand les tiquité; le seul monument un peu im-
navires d'Ostie , qui venaient commercer portant est un caravanséraï bâti par
avec les ports d'Asie, se virent assaillis le sultan Séliml*'.
par des corsaires , que Timpunité ren- Mais depuis la base de la montagne
dait de jour en jour plus redoutables, qui entoure la rade du côté du nord,
il fallut entreprendre contre eux une jusqu'au sommet d'un plateau élevé de
expédition en règle. Sarvius, è la tite hilit cents mètres environ au-deasua de
d*unp flotte , eut peine à remporter Ici la plaine, on remarque une série de
rem iers avantages; mais il sVn venL'ea constructions qui portent le cachetd'uoe
E
ientdt, en ruinant de fond en coutble haute antiquité, ei oui forment comme
Piiasdis et Olympus, deux- grandet les ouvrages avancés d*une vaste cil*-
villes de la Lycic, et, franchissant le deOe. Ces mars sont tons MHi ^
Taurus il marcha contre la ville d'I-
,

saura, qu'il prit après un siège diflicile. (i) yo)ez page 33.
(m) Toyci h plaodw 6(, vue db MtfM-
(i) Oiodore de Sidir, fiv. X VUl»cliap. vk. riee.

Digitized by Google
ASIE MINEURE 655

lierres polygonales oui relient les dif- gage de l'autre (1) ; les usages des Cau-
f
érents pitons de rociiers. On ne trouve niens différaient de ceux des Cariens ;
dans l'enceinte aaean débris qui ait ap- ils avaient rejeté le culte des dieux
IMortanu à quelqu'édifice romain, au- étrangers, et adoraient des divinités lo-
cun morceau de sculpture ou d'orne- cales. Caunus était une ville maritime
ment ; ces ruines, en un mot. ont ap- et les flottes grecques trouvèrent sou-
ptrtenii à vn système de dénoie qui vent on refuge dans son port. Le terri-
eommandait et la rade et la valléa toire, malgré sa fertilité , passait pour
voisine. Le plateau snpérieiir est cou- très-malsain, et l'insalubrité de l'air se
ronne par une acropole, défendue par manifestait sur le visage même des ha-
des tours carrées. La situation de cet bitants (2) ; la rivière Galbis, qui coule
ouvrage peut s*accorder a?ec celle du dans le voisinage, formaitdeamaraispei-
fort Hhœnix bâti sur la nsontagoe du tilentiels. Les ruines de Caunus avaient
même uom. été reconnues au village de Dalian par
Les ruines de Taneien château domi- plusieurs navigateurs ; mais c'est à
nent toute la rade; elles couronnent un M. Ho^kyn que l'on doit la découverte
ÎHton Isolé défendu à sa base par de d'une inscription qui contient le nom
arges murailles bâties en blocs ir- de la ville et qui lève toute inceriilude.
réguliers. Tacropole est construite en 11 est probable que i'aucieuue ville

assises réglées; mie tour plus moderne était beaucoup plus rapprochée de la
a été bfltie sur un versant du mame- mer que celle d aujourd'hui, mais les
lon c'était dans le moyen âge un poste
: alluvions du Dolaman tchai ont changé
destiné à surveiller les montagnards Uiforme du terrain.
qui faisaient des éeseenles dans la Leporteat en forme de croissant; il
plaine. étaitdéfendu des vents d'ouest par de
Les sépultures des habitants étaient hauts rochers. Les ruines de Caunus
disposées autour du piton, elles con- sont sur la rive gauche du fleuve ; on
aistent en sareophages taillés dans le peut suivre la ligne des murailles daoa
me. On ne trouve nus alentours au> tout leur parcours depuis le port jus-
cun vestige de théâtre ou de stade qu'à l'acropole. Le théâtre est situé à
preuve que ces constructions n'ont pas mi-côte de la montagne de l'acropole.
appartenu à une ville mais a unt tot- Le proscenium est détruit; mais ou
teresse. eompte encore environ trente rangs de
Toutes les montagnes environnantes gradins divisés en deux précinctions.
sont composées de niarl>res de dif- Près du théâtre est un grand éditice
férentes couleurs; les brèches variées, le quaUraugulaire avec des fenêtres ; une
marbra teiné de ronge et le marbre croix tracée sur la porte iudique une
blanc forment des couches d'une ex- destination religieuse. L'enceinte de la
ploitation facile à cause du voisinage ville contient un certain nombre d'édi-
de la mer. 11 n'est pas douteux que fices antiques, des temples, un bain, un
«eariehes maUèria n*aientélé employées aqueduc, qui sont tons dea ouvrages ro-
par les Romains, et le voisinage de mains. Les tombeaux des Cauniens
ces gisements explique la profusion de sont de deux sortes ; les uns sont tail-
inonuments de marbre que Ton ren- lés dans le roc formant des chambres
contre dans des villea maritimea où léa avec des bonquettei et tièa-peu décorés
carrières de ce genre font complètement à l'extérieur, les autres sont dessarco-
défniit. p]iages dans le style romain.
Caunus, une des villes les plus anrien- hù port communique avec la petite
nea de res parages, passait pour être baie de Keughez, où nous avona monlllé
habitée par un peuple différent des Ca- avec ia Mésaïujf. On ne reconoall au-
riens, quoi qu'il se dise aussi originaire cun ouvr:»cede défense antique; cepen-
de Crète. Hérodote le regardait comme dant il était disposé de manière à pou-
tin reste des indigènes de la Cherso- voir être fermé avec une chaîne.
nèse qui s'était fondu avec les Cariens.
On ne pouvait dire cependant lequel (i) Hérodote, I, 17».
des deux peuples avait adopté le lan* (a)Slraboii, XIV, 63i.
e56 LajmvKii&
Le village moderne de Dalian se Derbéetde I.aranda(i;. Les Romains
compose de sept ou huit maîsoiis ap* lijiavaient cédé les deux bouiitadu nom
nnrteiiant .'i <ies pt'cheurs qui rentrent d'Isaura. Il en détruisit un, et commença
leurs barques d:ius la rivière. Il y a une la construction d'une ville nouvelle du
route qui franchit la montagne et qui même nom. Ces ira\aux u'arrétaieot
conduit à Mogla, Taneienne Alimla. pas Amvntas dans ses projeta de eo»-
La l)aie ue Karagatdi est Pancieu q II rte. Sous prétexte oe protéicer les
port Panonnus, et la petite île qui se ponts fitats limitrophes, Anivutas dé-
montre a ieuibouchurti du Dulaaian clara la guerre aux Clites, nation cili-
tcliaî est la Kbodussa de Pline. denne qui habitait le Taurus (2). ceux-
là même qui, plus tard, se révoltèrent
contre Archélaiis, lorsqu*il voulut les
CHAPITRE XIX.
soumettre à un recensement comme
les citoyens romains. Amyntas s^'em-
ROYACME D'aIIYRTAS.
Sara de Cremna, château fort situé
ans les montagnes à une journée de
AfiD de soumettre ce pays à uoe au-
chemin d'Apanice Cibolos, Dinaire, et
torité régulière, les Romains, qui ve- au nord de Selgé; de là il battit les
naitMit <ie royaume de
constituer le
Uomooadiens, tua leur roi, et ravaptea
Cappadoee, jetèrent yeux 'sur Atnvn-
les
tous leurs repaires; mais il périt lui-
tas. qui avait été seerétaire de Déjo are.
même, attiré dans une embuscade par
11 fut établi prince de Galatie par Mare
la femme du roi des Ilomonadicus.
Antoine. est C
fan?; doute cet \myn-
, ,
Telle fiit la fin d*un ÉUt créé par la
tas, de Gxsatodiaste.s
lils qui est ,
volonté du peuple romain, mais qui
mentionné dans rioscription de la dé-
n'offrait aucune condition de durée.
dicace du temple d'Aneyre. Marc An-
Forme par des provinces qui. avaient
toine annexa a cette princip iuté une
des habitudes peu oompatiblês entre
portion de la Lycaonie et de l'Isaurie,
elles 2 il était impossible oe faire naîtra
et donna au chef le titre de dynaste
l'unitormilé de principes et de mœurs,
que portèrent princes asiatiques
les
nécessaire dans une principauté qui n'a
tributaires. Bientôt
après, Amyntas pas plus de soisante lieues dans sa plus
reçut le titre de roi (I j, et, ayant passé
grande dimension. Le rovaun.e d'A*
du parti d'Antoine a celui de César, myntas se composait de la Galatie,
le nouveau dictateur,
non-seulement d^une portion de la F.impl)vlie, de la
confirma Amyntas dans les posses-
Lycaonie, de Tlsaurie et de toute la
sions (|uil avait
d'Antoine, reçues
Cllieie Trachée.
mais encore lui donna une partie de
( e royaume avait duré onze ans; Il
la Cllieie Trachée Cependant, il fall.iit
avait commencé l'an de Rome 717. Au-
rendre cette province qui, depuia guste n*iostitua pas le lils d'A myntas
K
«gtemp*;, se trnnvnit dans un étal héritier de son (lère. La Cilide fut
d*anarchie épouvantable Plusieurs dnnnée à Archélaiis, qui recommença
villes de la céte avaient profite de
une campagne contre les Clite-. Ceux-ci,
rindustrie des pirates; Sidé était Teo-
aous la conduite d'un chef du nom de
trepôt principal des esclaves (|tie Ton
Trasobar, se retirèrent dans les mmita-
transportait à Délos, pour, de la, les
gnes, el se constituèrent en b.mdes,
envoyer en Italie Les brigands de Tin- qui attaquaient les marchands les la- .

térieur avaient repris.leurs courses, et


boureurs et les matelots (3). Le reste du
un certain Antipaler, que l'on a appelé pays d'Amyntaa fut converti en pro-
le Derbien , pour le distin'jucr du prand vince romaine. Sous Tibère, le gouver-
général d'Alexandre, avait pris une nement provincial était également im-
forteresse commandant les sommets du
posé à la Pisidie. La Galatie était
Taiirus; il fallait le déposter. Amyntas
l'attaqua , rt le tua; par celle victoire,
soumise à un même officier C^,y£|mi:»v;

il se rendit maître des deux places de


(i) Strabon, XII, Sfig.
(a) Tacil., Annal., liv. VI, cbap. 5i.
(c) Appicu, avil., lib. 75. (3) Tacît., Annal., Kv. XII, cliap. 65.

Diyilizea by Google
ASIE MlflEDKE. mit

oinain ,
qui gouverna tout le pays ap- avec Je dehors , et pendant longtemps
« arieuaut autrefois au roi Amyntas (1). le siège ne fit aucun progrès. Les pro-
ju villes de Bampbylie qui avaient ap- visions entraient dans la place par une
arteou à ce prince recouvrèrent leur issue seerète. Lorsque cette ressource
iberté. Ce nouvel etiit de rhost*s n'a- eut été retirée aux assié&éa, la défense
luudt cependant pas le caiactère io- devint de plus en plus dllndle; mais Iss
domptable des Isaurea. Leur capitale, moyens féroces qu'employait Lfdioslai
nOD terminée , n'était plus propre à les permettaient de compter encore sur un
mettre à l'abri des atteintes des gou- secours du dehors. Lorsque la détresse
• verueurs romains ; mais les cavernes et augmenta, les femmes, les vieillards
les diflteaux percliés sur les rochers et toutes les bouches inutiles furent

leur offraient encore quelques retraites impitoyablement livrés aux Romains,


sflres; aussi n'étaient-ils soumis aux ou précipités du haut des rochers qui
llomains que de nom. entouraient Cremna, le dessein de Ly-
dius étant de s*ensevelir sous les ruines
CHAPITRE XX. de la ulace. Mais un archer habile , qui
avait été cruellement traité par le chef
VILLES DES ISAUBES. barbare, parvint à gagner le camp des
Romains. Instruit des mouvements de
Sous le rèjzne de Gallien , Trébellien, Lydius, qui venait observer les ennemis
is.nire de nntîon ,
s'empara de l'autorité par une fenêtre du rempart, l'archer
suprême, et se
fit décerner le titre l'attendit avec patience, et le tua d'un
d'empereur; attaqué par les sénéraux coup de flèche.
de Gallien, il se retira dans les mon- hn barbares, sans chef, ne soutin*
tagnes, et sut s'y maintenir pendant rent pas longtemps le siège. Malgré les
quelque temps. Cerné par les troupes avis que leur avait donnés Lydius en
romaines, il fut pris et tué; mais les mourant, ils se rendirent aux Ro«
laaures n*en continuèrent pas moins mains fl). La place ne fai point dé-
leurs courses. Ils sortaient de leurs re- molie , et les vninqueurs y établirent
paires, allaient piller les villes sans dé- une garnison. Par les ordres de Tem-
fense, attaquaient les caravanes, et ren- pereur, les Isaures qui habitaient la
traient chargés de butin. Rien ne montagne forent traqués et dispersés;
pouvait mettre un terme à leurs pira- mais on ne parvint pas à les anéantir;
teries, et dès que le gouvernement et sous Constantin , ils exerçaient en-
,

proconsulaire se trouvait ébranle par un core leurs déprédations (3). Enfin, nous
changement de rè^e ou par quelque retrouvons le nom des Issoret mêlé aux
on les voyait reparattre plus
sédition, derniers jours de Rome. La noria ASi-
hardis quf jarnnis. naria confiée à leur garde fut ouverte
L'empereur Probus ayant pacifié aux soldats d'Attila, qui se précipitèrent
l'Occident, marchait contre les Perses; dans la v(lle,et commencèrent le pillage.
il se trouva arrêté dans son passn^e du Ced porte à croire que les Romains
Taurus par quelques partis des I«aures. n'eurent d'autre moyen de pacifier le
L'empereur, ne voulant pas laisser sur que d'incorporer les laaures dans
f>ays
ses deriieres une peuplaae hostile, ré- es troupes de l'empire.
solut de Tanéantir. La ville de Cremna, L*étendue de risaurie varia singuliè-
(fui avait été assiégée et prise par Aria- rement pendant toute la période an-
rathe, avait été depuis longtemps re- cienne; mais on ne saurait reconnaître
mise en l>on état de défense. Klle était comme appartenant à cette province les
en ce moment commandée par un chef vingt-nuatre villes citées par HiérocMi,
isaurien du nom de Lydius, qui 8*y et qui faisaient partie de la Cllteie. Les
était renfermé avef ime armée résolue. villes appartenant à l'isaurie propre
Le lieutenant de i empereur songea sont au nombre de six, et non pas de
d'abord à investir la place. Les Isaurea vingt-quatre : Isaura , la capitale ;
s*étaient ménagé des eorrespondances
(i) Yopilciis, c^Vn.
( i> Stralfon , iliid. (s) AMBiien MarcflUin, XIY.
42' LicraUott (Asia Mimsuab.) t. 11. 42

Digitized by Google
LUNIVERS.
Cremna, la place forte du Taurus; Quelques centaines de mètres au-dessus
Selge et Sagalassus ,
qui soot aussi daus du niveau de la plaine. Mais ce soot des
les montagnes , sur les fiontières de la lieux particolièfement froids, à eause de
Pisidie Lystra enfin ,
, et ; Derbé La-
, leur nauteur .<lisoluc qui atteint plus
,

randa , Celendera , et toutes


Séleucie , de dix-huit cents mètres au-dessus de la
les autres maritimes citées par
villes mer. La montagne appelée Kara dagh
Biéroclès appartienimit è la CUide. et qui n*est pas nommée dans les au*
La circonscription indiquée par Am- teurs anciens , surpasse seule cette lia^
mien Marcel lin est à peu près la même teur; mais c'est un volcan isolé
que celle de liiéroclès. L'Isaurie, diUI, Les ruines byzantines que Ton observe
*
«st remarqitaUe par la fidicsie de sa dans la montagne du Rare dagh, an
végétation. Elle est traveraée par le nord de Caraman, ontété longtemps eon»
fleuve Calycadnus , et indépendamment sidérées comme occupant remplace-
de plusieurs autres villes, elle eu a deux ment de r ancienne Derbe, la forteresse
gui sont trte-remarquaUss : Séleueie, d'Antipater; mais |x>ur la eoueordanee
U)ndee par le ni Séleucus et Claudio- , des deux praitions, il fiiudrait retrouver
polis. L'i mpereur Claude y établit une dans le voisinage un lac qui n'existe pas,
oolouie. Ses rebellions fréquentes ont Strabon dit» en effet Deri)e, forteresse et
:

attiré sur risaurie de fustaa vengeances; lae d*lsaurie. Ces eonditioos se retrou-
de sorte que cette provinee ne peut vent dans le village de Diviey siiuedans
montrer que des vestiges assez nom- , une des vallées transversales du Taurus,
breux, il est vrai, de son ancienne au sud-ouest d'ÉrégU.Elle est arrosée par
splendeur (1). une uetite rivière qui sort du lac de Ak
JusHnienftt commander la province gbeui; les flancs de la vallée eoneerveat
par un préteur, qui avait également encore quelques unes des protles men-
autorité bur la Pisidie. tionnées par Strabon (I). On remarque
Le costume habituel des Isaures était à Di vle^' les murailles d'un vieux château
une ehlamyde bordée de rouge, ^ous et une église byzantine eneore bien con-
ne connaissons aucun bas-relief qui serveeetdont untérieurestoméde pein-
nous retrace le caractère phvsi(|ue de tures; la position de ce village, à ia nais*
cette peuplade. On voit , par la multi- sauce d'une vallée, en fait un point stra-
tude d*inseriptions relatives au gouver- tégique dont l*importanee ne peut être
nement proconsuiaire que les circons- ,
méconnue et pouvait convenir à la for-
criptions variaient presque à chaque teresse d'Antipater; ce prince possédait
élection. Banduri cite comme aj^aut ete aussi Laranda le pays était donc cou-
:

trouvée à Soiyme une Inseripnon qui Kertpar deux places qui défendaient les
range SOUS la juridiction du même passages du Taurus. La ressemblance
préiet toutes les provinces qui ont ap- de5 noms de DivU'v et Derbé, que les
partenu à TAsie centrale. Grecs prouuucent Oervé vient encore
Publiufl, procootal, préfet de l'Ionie, de la
ajoutera la présomption d'identité entre
Pbnr^e, de Titolkle, de la Méooie, df la >ilif, i
les deux pincées. Les apôtres PaUl et
é» raellespoQt de la Mysie, de la BUIiviiie,
, Barnabe se réfugièrent a Derbé après
4e la province de Tarse de la Galatie des ,
,*

avoir été chasses d'icouium, l'an de notre


MarjrtodvDieDa, do Poot* de la PapMaftoole,
die la pctfte et d« la grande Cappadoce , de PI- ère 41 ; cette ville était la métropole de
saurie ft de la L\ cionie, et d»'s pays ju«- révêchéde Derbé (3).
coalioa du Taorua et de la peùle Ar-
La route de Derbé à Caraman en ma-
récageuse pendant une partie de Tannée,
La frontièse naturellede la Lycaonie parée que leseaui versées par les pen-
en indiquée par première emtne de
la tes septentrionales du Taurus ne trou-
montagnes que Ton rencontre
calcaires vent qu'un écoulemeut difticile au mi-
à l'est de la route , entre Krexli et Ca- lieu des plaines sans pentes bien ac-
raman. Strabon en a exagéré la hau> cusées.
taiir M; elles dépeasent rarement Caraman, viUe de trois à quatre mille

(i) Ad NoUUaiu ^mp. Orieoi., p. 176. (i) SU-abon, Xil, 669.


(«} SbulwUf^XIly 5J8. (a) Ch. de Sl-taul, $éofgt. sacr.

Digitized by Google
C69

âoMB, fle trouve au point de réunion A Tooeat de Caraman s*étend le


des eaux de toute la plaine ; il y a au pays montagneux de l'isaurie dont la
milieu de la ville un étang qai exhale capitale Isaura fui longtemps iguoree.
dei noîasmci délélèrw. Cette vflle, qui Lee limHes oeddeotani de nsaurie
eeioD latnditioQ acceptée par les géogra- sont formées par une chaîne de mon-
phes, occupe remplacement de Laranda, tagnes calcaires, qui va se ratta<'her au
s'éianl trouvée en bulle à la ven- Taurus; elle sépare le bassin du lac
geance de Philippe et de Perdiccas, à d'Egdir du bassin des deux lacs de Bey
cause du meartie oennuis pr
les Le- chéri et Sidi chéri ; le dernier est ali-
tandiens sur la personne de Balacris, menté par les eaux de l'autre lac, et la
gouverneur, fut attaquée et prise après rivière d'é(M)uleinent se dirige vers la
une courte résistance ; tous les liuui- plaine de Kouieh.
mee adultes fbrent passés au fil de La ville de Bey chéri est située sur
l*épée; le reste de la population dis- la rivière qui joint les deux lacs , elle
Eitat et la ville ruinée ae fond en com- est la résidfence du mutzeliiin ou gou-
e (1). Elle fut rebâtie dans la suite et verneur ^u district. Uu tombeau mu-
est soufent citée par les auteors an- sulman , un medrécé et quelques mos-
térieurs à répo(|ue byzantine. quées à minarets sont les seuls mo-
Après la chute des sultans d'iconium, numents f]ui attirent l'attention. Ces
le territoire de Laranda resta au pou- deux petites villes, doivent leur tondatiou
voir de Karamau ogiou, qui donna son aux émirs seidjoukidessous le règne de
noni à la province Caramanie, et Ait le Ala Eddyn. Le lac Be\ heri représente
c

fondateur de la dynastie des Karanian, l'ancien lac Trogitis,'et le lac de Sidi


3ui coinmenc'a en l'i94. Un des descen- cberi le lac Caralitis ; on retrouve ce nom
antsde cet émir Ut, en 1386, une in- dans le petit bourg de Kereli aujour-
vasion dans les États du sultan Mou- d'hui presque àlMindonné ; il est situé
rad son beau-père, qui le vjiinquit à trente six kilomètres au nord de Bey
et lui accorda son pardon une seconde
; clieri.
tentative faite sous le règne de Bayazid A vingt-quatre ikilomètres de cette
n'eut pas plus de succès, mais Raraman dernière viue« sur la route d'I^oun et
ogion fut dépossédé; eoOn, en 1464, la au village d*Eflatoun, M. Haroilton t
Caramanie fut incorporée à Tempire observé un inonument archaïque qui
Othoman par Mahomet IL mérite d'<^tre remartjué. Du pied d'un
Le Kara dagh, la montagne noire, à rocher calcaïf sortent plusieurs sour-
une journée au nord de Caraman est ces qui se rémiissent dans un bassin.
remarquable par un ensemble de ruines Au milieu de l'enceinte des rochers
connues dans le pays sous le nom de s'elcve une stèle d'une grande dimen-
Biuliir Kilissé : ce sont de uombreux sion sur laquelle sont sculptées, dans
couvents du moyen ftge auiourd*hai divers compartiments, des ligures dana
abaudonnés et en mines, et dont l'ar- le style assyrien ou mède; la stèle a une
chitecture ne [lorte le cachet d*aucuQe hauteur d'environ trois mètres. Ce mo-
époque determiiice. ^
.
nument parait avoir uuelque analogie
Le Kara dagh est un ancien 'volcan avec Tenceinte sacrée de Boghaz keui ;
dont les laves trachytiques sont de cou- des dessins précis pourront seuls mettre
leur sombrp c'est de la que les Turcs
: h ni^me de déterminer à quelle époque
lui ont donue le uom qu'elle porte remonte l'exécution de ce monument,
aujourd'hui. Le village turc nommé qui depuis 1836 n*a pas encore été des-
Kilystra, voisin de Caraman, est porté siné (I).
sur la carte grecque avec celte légende
Kilyslra ou Lystra, ou samt Paul a (i) Voy. Asie-hlineurf. I. Il, |39|lUMi
p.
fuéri le boiteux, ce qui prouve que
évéque de Cappadooerû^ardait Kilystra
comme idHnti(]ue avec la ville où saint
Paul a prêche.

(0 Dioa. d«r Sic, iiv. XVUI» ch. a».

41.

Digitized by Google
660 LITNIVERS.
CUAPiXKL XXI. boutisse. Du c6lé du sud-otiesl , ou la
pente est moins rapide, les tours sont
ISAOBÂ. — SIRftHIBAl. trts-mnltipllées. La porte principale du
côté du sud est défendue par deux tours,
L*aDtique Isaura, démolie et rebâtie bâties dans le même style que le rem-
par Aniyutas sous le nom d'isaura part. L'arcade formant la porte est
nova, est sitnée près du villag» dê Zeng- supportée sur des pieds^troits eu
hibar. marore. On a sculpté des boucliers sur
Les ruines s'élèvent sur une colline l'imposte prés de la tour à gauche de
qui s'étend dans la direoiion du nord- rentrée.
Dord-ouest au sud-iud-est, ayant aa De lù on peutsnivre plusieurs pentes,
nord la plnine deRonieh, au sud le qoï s'étendent dans différentes diree>
Taurus, a Test les montagnes de Kara tions; celle de droite conduit aux car-
dafih et d'Ala dagli, et à Touest celles rières et à l'ncropole. En se dirigeant a
qui encBWMiit le lae de Stdi elieri. Une gauche , à ceut mètres de la porte, ou
nécropole, eouyerte de sépultures de aperçoit le souba^ment d'un temple
genres variés, précède l'entrée de la ville bâti dans le même que les autres
style
au sud-sud-est. Les tombeaux du genre édifices, et élevé sur une éminence de
bômot sont élevés sur queluuet niar* rochers dont l'étendue est de quarante-
cfaes taillées dans le roc vif. On re« trois mètres sur vingt-six. On rscomalt
marque des hevcdres destinés auxrepns là une de ces terrasses sacrées , comme
funèbres, genre de monuments assez celles d'Aîzani ou de Perpa, qui sup-
répandus en Lycie. Les pierres qui ont portaient le principal temple de ia ville.
oppartentt à ces tombeaux, détruits pour Une rue bordée d*un portique éê
la plupart, sont ornées de griffes de colonnes conduisait de la porte prin-
lion, de médaillons et de fleurs. D'au- cipale à TAgora, située vers le centre
tres ruines, situées en dehors de la ville, de la ville; le terrain^ voisin est couvert
entourent une roagniGque source, dont de débris de toute espèce de maisons et
les eaux limpides font le tour de l;i ville, d'édiBees. On y distingue les débris
et coulent vers le village ; elle a reçu d'un canal oui paraît avoir commu-
nom de Bal bounar, la Source de miel
le niqué au caldarium d'un bain. Une
La nécropole 8*étend ainsi vers le sud, inscription indique la construction d^uo
et Ton distingue plusieurs sarcopha- portique avec des boutiques et «ne
ges dans leur position primitive, mais partie vodtée. Cette disposition, dost
les couvercles sont jetés brisés à cdté. on pourrait retrouver les principaux
La croix sculptée sur quelques-uns de traits en faisant dégager le terrain, était
ces tombeaux atteste que, sous Tempire particulière aux villes d*Asie. Un grand
bvzantin, cette ville était encore peu- monument s'élève non loin du Forum,
plée. Un Aèlius, évéque dMsauropolis c'est un arc de triomphe encore presque
assistait au concile de Cbalcédoine, et entièrement conserve et qui porte daus
Illuaire, autre évéque de ce même siège, rentablement Tinscription suivante :
se rendit au concile de Constantinoplp.
On peut suivre la li^ne des murailles ATemperfurCesar, le tfadrien Auguste
û'w iii

iïtodu(li>in Trajai), petit lih (ludi\in N«rva:


dans tout le pourtour de la ville excepté Le aéaal et le peuple des iMurieus.
h long des collines abruptes qui s*ëlèvent
au nord*oncstetau nord. L*appareil de On ne saurait donc plus avoir la moindre
ces murs indique une époque voisine de incertitude sur remplacerneiit de l'an-
l'art grec, et est exécute avec un soin cienne Isaura, qui fut vainement cher-
remarquable. Les tours, qui sont touias chée par plusieurs explorateurs. Celte
oetogones ou hexagones, rappellent, au découverte est due à M. Ilamilton.
contraire, les constructions des temps Du coté du nord le rocher sur lequel
byzantins ; mais il paraitquVIIe^sont de la ville est assise offre à peine un sentier
la même date que les murailles; cellesH:i, {>raticable; aussi, la ligne de circonvah
bâties en grands blocs de marbre, sont ation est-elle interrompue entre chaoue
composées d'assises alternativement hau- tour; elles ne sont reliées oue par aes
tes et basses, avec des parpaings posés en pierres levées qui marquent le pourtour

Digitized by Gopgle
ASIE MINEURE. 661

d»» In ville. Lue


tour plus haute que les ville.Les Grecs racontent que Persée,
autres parait avoir servi à la cohoter étant venu en Lycaonie, suspendit à
des gardes; du Kaut de cet édifice la une colonne la tite de I^léduse ; le bourg
vue s'étend sur toute In contrée voisine fut appelé dans la suite la ville do Ci-
et domine l:i plaine de Kuiueh dont on muge. Il acquit bientôt une étendue
aperçoit les minarets dans le lointain. considérable, et devint célèbre plus tard
des Dix Mille (1). Stra*
CHAPITRE XXII. Krn le(2)passage
en fait mention comme d'une
ville petite, mais bieji haldléc, située
ICOMIUM — KONIBH. dans une contrée fertile , au nord de la
Ljreaonie, elle deviotsous Tibère la pro-
'
Le versant de^ plnteauxqui s'appuient priété de Polémon (3).
sur le contre fort septentrional des mon- ï.es titres honorifiques de l'ancienne
tagnes de risaurie est dirigé vers la Iconium sont relatés dans l'inscrintion
grande plaine de Konieh, dont la dispo- suivante encastrée dans la muraille du
sition en bassin sans issue nWfre aucun ehftteau :

écoulemerit aux eaux hivt'rnales. V.n l-i^ habilnnls (|p la rl.mdi' rinp (rinmiuin
reprenant la route de Cassaba, et se di- ont lionoré Lucius Hupîus, lils <ie LuciuHSnba-
rigeant vers Ismii, on traverse plusieurs Ûnus Hrénens, chiliarqueooiDinandant la cava-
lerie de Ta le vicentine, commissaire iouDérial
i

misseattxdont le plus considérable porte, pour les quais «lu Tibre , proconsul de flbéf»
le nom de Percliembeh sou (I). plu- ClaudeCt s-ir Auguste Germaiiiru»,^! tli'CIaiiie

part de ces petits torrents son' a sec pen- Néron César AuRU«le, dans la proviiia- île (jaia-
lie ; lear Irieofif Imir et cettauntcardc leur ville.
dant Teté j mais, à l'époque de la fonte
des neiges, ils roulent un volume d'eau Sous Trajan, la ville d*ioonium
considérable, qui se réunit au fond de la avait aequis une grande importance;
plaine, et forme un lao que tous les en effet, la résidence d'une
elle était,
voyageurs désignent sous le nom de lac multitude de Juifs et de Grecs : aussi,
do ILoniili , mais dont l'étendue, selon lorsque saint Paul vint répandre lo
eux, varie, depuis une lagune de peu christianisme dans hi Cn[)pad<)cc, il s'ar-
d'importance, jusqu'à un lacdepittsieurs rêta à leonium,où il prêcha les Oentils.
lieues carrées de surface. Les Actes des apôtres (4) nous appren-
Cest qu'en effet, selon la saison, la nent que saint Paul et Baruabé , chas-
plaine de Konieh est eompléteroent inon- sés par un soulèvement des Juifii de la
dée, ou seulement humectée par un petit ville d'Antioche de Pisidie, se retirèrent
marais où un troupeau de buffles trouve à Iconium. Là, ils prêchèrent dans la
à peine l'espace suffisant pour se vautrer. synagogue, et s'exprimèrent dans le
Les bourgs d'Ismil et de Schoumra, langage du pays. Ce passage prouve que •

entourés de grands arbres, ont conservé la langue indigène n'avait pas été com-
quelques habitants fixes; m.iis toute la plétetnent rempbcpe par la langue grec-
plaine ne présente au loin au une prairie que. Obligés de se retirer, ils continuè-
aans fin, ou le mirage mtniieste ses phé- rent leur mission dans les autres villes
nomènes trompeurs. •
de la Lycaonie. Ces faits, importants
On comprend que, dans cette vaste pour l'histoire de la primitive Éîzlise,
étendue de pays, les anciens aient choisi, attirèrent bientôt dans les murs d'ico-
pour y établir une ville, le seul point oà nium un grand nombre de néophytes.
s'élèvent des eoHInes qui donnent nais- Érigée en patriarcat, elle commandait
sance à quelques sources. Elles forment aux quatorze principales villes de la
un ruisseau qui va se perdre dans les Lycaonie. ^éaumoins on trouve peu de
steppes, et qui coule à proximité de la monuments de cette époque glorieuse
ville. On pouvait , en cas de siège, s*en pour l*£iliae ebrétienne, et la ville ac-
servir pour remplir les fossés. tuelle Appelle l'attention de Tanti-
T.e nom d'Iconium, qui s'est conservé
presque sans altération , remonte aux (i) Crrop.» liv. I.
temps fiibuleux de la fondation do ostte (9) XII, S68.
(3) Pline, liv. Yt^ap^S?;
(i) L'eau do jtudi. (4) XIV, I.

Digitized by Google
L*UNIVËRS.
quatre que par les mosquées élevées ont été soigneusement encadrés dans
sous le ngne du sultan Ala^Eddyn tel les murailles; on rsmsmiue dana vae i

le doiuiènie siècle. des tours du sud un magniOque sareo- \

Depuis rétnblissemeat de la dynastie phage, qui a fait Tadmiration de plus


uUoiuaiie, on vit successivemeut dé- d'un voyageur européen. La face est di-
erottre Ui rieheue et le luxe dee édifiées visée en huit compartimenls en foime
de Konieb. Le sultan SéUm l"' y fit d'arcades, et reprtssafa Pépisode d*A-
élever une mosquée avec un couvent, chille à Scyros.
où il installa lecheik des derviches Mél- Le plan de la ville est un rectangle,
eléwi ou tourneurs ,
lequel commande dont les angles sont arrondis. La face
à tous les eou vents ou Téké de rein- •
sud est défendue par un petit chéteau
pireottoman; c'est lui qui a le privilège que l'on appelle Inch-Kalé {W çMle^v.
de ceindre aux sultans le sabre d'Os- intérieur); il forme, en effet, dans fm-
mao, et de leur donner ainsi T investi- térieur de la ville, une enceinte parti-
ture. culière, défendue par huit tours nu don-
Quant à la ville elle-m(?mo, réduite au jons. Il est habité aujourd*hui par quel-
ran^ de simple chef-lieu de pacholick, ques familles auxquelles la garde en est
elle a été peu à peu oubliée des histo- confiée.Le faucon, symlx>le des sultans
riens, et Ton ne elte pss un fait mémo- Seidjoukides est seulpté an-dessua de la
rable qui lui soit particulier, dans toute grande porta, cet emblème fut ensuite
la période qui s'est écoulée depuis le empreint SUT les médaillea des sultaui
rè^^e de Soliman le Grand jusqu'à nos Orthokides.
jours. L'établissement de Tautorité mo* Il est difficile de dire quel était le but

sulmane ne parvint pas à détruire côm- des andeus, en fabriauant cette innom-
plétement le christianisme; cette ville brable quantité de ngures de lions de
lut de tout temps la résidence d'un ar- marbre que l'on retrouve encore dans
chevêque grec ; les chrétiens et les Ar- presque toutes les villes de la Galatie,
méniens y sont encore nombrem. de la Phrygie <t de la Cappadooe. A
Les murailles bâties par Ala-Eddyn Konieh, on en compte encore plus de
sont encore conservées dans leur inté- vingt ; elles ont été pour la plupart en-
grité; elles sont défendues par cent castrées dans quelques murailles. Du
huit tours carrées, éloignées Vone de ofttéde i*ûeeioent, trois statuca eotaa-
Tautre de quarante pas et défendues , sales de Uons surmontent des conaolss
par nn fossé qui est comblé dans une qui sont ajustées dans une des tours.
partie du pourtour de la ville. Chaque L'une d'elles est d'un travail tellement
tour a dix mètres enriron de front, sur barbare, qu*on sersit tenté de la regar-
huit mètres d'épaisseur ; La face est or- der comme un ouvrage musulman. Au-
née d'un grand tableau terminé en ogive, dessus de la porte du palais du pacha, ;

et qui a de sept huit mètres de hau-


cî on en voit une autre dans la même
teur; le champ de ce tableau est en pose, c'est-à-dire assise, et tenant entre i

'

marbre blanc, et contient une inscrip- ses griffes une statuette dont Tajuala-
tion en relief et en caractères semblnhles ment est tout à fait égyptien (t).
\

à ceux qui sont gravés sur les autres Jusqu'ici nous avons examiné les de-
monuments de cette époque. hors de la ville ; il nous reste a parcou-
La ooostruetiofi des tours et des mu- rir les fbubourgs, la partie la plus peu-
railles est faite en belle pierre de taille, plée et la plus eonMoerçasle de la ma-
j

et renferme d'innombrabl*^s fragments derne Tconium. I

de monuments plus anciens, comme En effet, l'habitude constante où sont


des inscriptions byzantines, des fûts ou les musnimaiir da laisser les ruines
des ehapiteaux de colonnes. s'accumuler sor las ruines , sans janNus
Ce qui distingue les Seidjoukides des songer à réparer un édifice a converti ,

Osmanlis , c'est qu'ils ne professaient la ville en un monceau de décombres,

i>as,
comme ces aemiers, l'horreur de où l'on ne trouve plus que quelques
a représentatk» des ignns bnnnaiiies.
Tous les fragments de sculpture an- (i) Voyez la planch«57. lisBiemneaBi
cienne qui ont été découterts par eux, dans le cbâtMude Konith.

Digitized by Google
ASIE MINEURE. 66S

pauvres d'Arméniens et de
familles en ont faii une ou ils allaient
carrière,
Grecs encore ûtê dernien ont-ils leurs
: oheeelier les matériaux de toute espèce
maisons de campagne dans un bourg pour réparer les casernes et les banita-
distant de deux lieues, et appelé Zillé. tions des pachas. Ce qui reste aujour-
Ronieh, se trouvant sur la ligue des d'hui peut cependant laisser apercevoir
caravanes qui vont de la Mésopotamie quelques traces de Tait qui a présidé à
iSmyrne, devrait offrir un assez ffrand sa décoration.
conitufTce de transit; mais les raravan- La colline est entourée par un mur
sér.iils brins par le sultan Mournd s'é- de briques, et la porte s'ouvre du côté
croulent, comme tout le reste, et le du sua. A droite ei à gauche , à une
pays ne fabriquant rien , ne petit nan- hauteur de sept ou huit mètres au»
qufr de tomber de jour en ]oQr dtm dessus du sol se prolonge une grande
,

une misère plus profonde. galerie, dont les arcades sont soutenues
Le milieu de la ville est occupé par par des colonnes de marbre accouplées.
une eoUîne, sur laquelle s'âevait aotre^ Les décombres ooe Pon trouve en en-
fois le brillant palais des princes dMco- trant étaient sans aoute les c^isernes, les
niu^ (I). Pendant loi^(tempsies Turos cuisines et les habitations des serviteurs;
à gauche on voit encore une chapelle
(t)To7.pl. Ss. KnioM d>Mi nlab éai eonvette d*nn toK conique , dans -le
Mlliiii êéifyMàm à CmmIé. gsnie de ravdiilecture de Gésarée*

Dlgitized by Google
LlVllE X.
* I

LYCIE. — PAMPUYLIE. — CII.1CIE.

CHAPITRL PKfcMIER. dans le mouvement des antiques popu*


latiottade ces côtes, si Ton ne cbercbe
LYCIE. le point de départ dans les relations qui
se sont établies entre la Crête et le con-
L hi&toire de Lycie coinoieoce avec tinent, et les historiens comme les poètes
oelie du monde gne. Nous avons vu se conforment à cette traditioo (!)•
'

les Lyciens alliés aux Troyens dès les Ainsi les aneiena ne eoimaissaientèuii I

premiers temps de la civilisation asia- ces pays aucune population pure de tout
tique Cl)> ^ous allons retrouver en niéljinue étranger. Les Phéniciens sV-
Lyde les mêmes noms de héros, de taieiit empares du Taurus aussi bien
fleuves et de villes; Thèbes et Lyrnes- que de la Gilieie, et les peuples d'origine 1

susont existé en Lycie comme en Troade. M initique venus en Lyeie s'établireiu


Tlos ou ïros fonde une ville de son dnns ce pays, et formèrent les peupla-
nom et les eaux jaunes du Xantlius des de Cabalès et des Solymes. Us
arrosent les plaines delà Lyeie comme Crétoia débarqués aux bouches du Xso- 1

Tautre Xanthe les campagnes d'Ilion. thus, se répandirent dans le nays et


Sarpédon 'Pandarus, Bellérophon, les se mêlèrent aux tribus qui h.ibitaicnt
,

héros honorés des Lyciens, ont combat- ces montagnes; il en e.sl résulte une
tu dans les années de Priam ; e*eBt Je population qui par ses mœurs , ses
,
sang des Léleges, des Crétois et desCa- arts et son langage diffère e8sentiell^ 1

riens qui coule dans leurs veines, aucun •ment des autres habitants do la pres-
histonen ue mentionne en Lycie un qu'île. On ue peut dire rependant qu'fll*^
peuple abori|i(tee antérieur à ees peu- était complètement étrangère à la race j

Phéniciens pénétrant dans


fies
intérieur de la Lycie y introduisent une
roque ou pélasgique; ear dès le ttmps
la guerre de Troie, nous voyons l i

f»opulation qui garde son type particu- langue grecque comprise par les cliels
ier et aa langue nationale, ce sont les lycieus, et les hymnes qui étaient cban-
Solymea,ieieul peuple de l'occident que téei aux fêtes de Dék» afaient ébt
les Grecs regardent comme d'origine sé- composées par Olen, poète lyeien(S).
mitique. La Troade etia Lycie sont deux
pays liés par une commune origne ; ils
CHAPITRE 11.
honorent les mêmes dieux, comme Ju-
piteret Apollon; les mêmes héros,comme POPVLATIOIIB LTCiiniIBS. —
Paodarus; ils ont les mêmes fleuves et
MONtriiBim.
les mêmes nomsde montagnes. Une par-
tie de la Troade portait le nom de
Sous le uom général de Lycie, le^
Lycie d'après celui de ses habitants ; de
historiens comprennent trois piroviaccs
même les Lyciens se donnaient le nom distinctes; au nord la Cabalie, a"
Troyens, Troés. L'un et l'autre pays se centre les .Solymes qui occupaient le^
prêtent un mutuel aecoors dans la
plateaux du Milyas; ces deux peupla-
bonne comme dans la mauvaise fortune.
Les Lyciens, Crétois et les Cariens se
les
des parlaient la m^e
langue phéai-
cienne, et au sud les Termiles, qui
rencontrent sur la côte occidentale jus-
avaient pris le nom de l^ur chef Trê-
qu'aux boueiieB du Méandre et dans la
milus. C étaient des tribus crétoises qui
made. On ne aannit mettra de Ponln
(i)Curtius Greschitc/t9 CeWcAM^t 1«ê3.
(i) Voy. livre III, p. 84. iV, ch. 35.
(») Héradole. liv.

Digitizec uy x^oogle
ASIE MmEimE.
avaient possède Hle de Rhodes en Asie; les qui étaient alors absentes. Gepen*
d^autres rameaux de ces tribus, con- daut malgré tant d*effort8 la Lycie fut
duits par les fils de Trémilus, Tloûs, soumise au joug des Perses jusqu'au
Xantlius et Pinarus, bâtirent des villes jour où Alexandre lui rendit sa liberté
du même nom et formèrent des popu- en dirigeant en personne son armée à
lations distinctes (1). Ne semble-t-il pas travers la profinoe. Darius dans Tor-
qu^OD iissiste à la formation des tribus ganisalion de son empire avait rangé
arabes qui, avec le titre de {'2) Outed la Lycie dans la première satrapie;
ou de fièoi, se groupent sous le nom néanmoins le pouvoir intermédiaire des
<i chef qui distmgue la tribu. Les
ui) roisde Carie s'étendit jusque sur cette
Termiles conservèrent Unir nom jus- province, qui eut à souffrir des tributs
qu'au règne de Sarpfnlon. Lorsuue etdes exactions imposés par les généraux
Lycus, fils de Pandion fut chassé d A- du roi Mausole, dans le mit de satisfaire
toèncsparson frère Éere. il allaserefù- aux dépenses nites par ce prince aux
pier près du roi det> Termiles il leur ; embellissements de u ville d'Halicar-
tit adopter des lois empruntées en nasse.
partie aux Crètois, en partie aux Ca- Après l'expulsion des Perses, la Lycie
rieDf (3), et daiNiis ce temps ces peu- fut pendant un temps soumise au pou-
ples priitnt le nom de Lycit ns. voir des Khodiens; mais elle prit peu
La Lvcie était la patrie du dieu Apol- de part à la guerre du Péloponnèse.
lon, et Pexistence du sanctuaire de Pa- Les trois nations de la Lycie formaient
tare est antérieure à tous les templaa une confédération, gouvernée par une
du même dieu élevés dans le reste du assemblée qui prenait le nom de Corps
monde grec : la diversité des tables Lyciaque ; il était compose des dépu-
relatives à Latone et à la naissance de tes envoyés par les vingt>trois villes de
Diane, montrent bien que oe mythe a la confraération , qui décidaient en as-
été apporté chez les Graes par des peu- semblée publique dans quelle ville le
ples d outre-mer. congrès serait tenu. Les principales
La constitution civile des Lyciens dif- vdles, Xanthus, l^alara, Pinara , Olym-
fère aussi de celles des autres peuplades pus, iMyra et Tlos, avaient chacune
d'Asie; la femme était honorée pins trois voix, les moyennes deux et les au-
qu'en aucun autre pays ^rec, et les tres une seule voix elles contribuaient
;

Lyciens ne connaissaient d'autre généa- dans la même proportions aux dépenses


^
logie que celle qui lea rattachait au lieu et aux charges publiques.
maternel. Le premier soin des Lyciens fut de
Les Lyciens se montrèrent toujours choisir pour assiette de leurs villes les
i|uerhers intrépides et ialoux de leur lieux les plus inaccessibles. L'âprcté
iberté. Lors^jue les rois de Lydie eurent de leurs montagnes est déjà leur pre-
soumis tout occident de r Asie Mineure,
1 mière ligne de défense, les murs sont
les Lyciens avaient su conserver leur construits avec une solidité qui est en-
indépendance; mais ils ne purent résis- core pour les hommes de notre temps
ter aui attaques de Cyrus qui envoya un sujet d'étonnement. Les blocs les
contre eux une armée nombreuse. Lors- plus énormes sont transportés par les
que llarpapus se présenta dans les cam- chemins les plus abrupts, pour cons-
pagne^ du Xautlius, les Lyciens mar- truire les murs de Tacropole ; les mai-
chèrent à sa rencontre et quoique in- sons des habitants, bâties en pierres et
férieurs en nombre ils combattirent couvertes en terrasses , s'abntent der-
avecunc grande valeur. Les haliitanls de rière ces remparts que de vaillants guer-
Xanthus s'enfermèrent dans leur cita- riers sont décidés a défendre.
delle et refusèrent unanimement de se Après avoir songé au salut des vi vants,
rendre. La ville aynnt été prise d'assaut les Lyciens n'oubliaient pas le culie
tous les babilanls furent massacrés, il des morts; des tombeaux aussi variés
u y eut de sauvées que quelques famil- de forme que de structure, sont hàUs,
sculptés, creusés dans les rochers autour
(x) ÈU Byz., voc. Treaûie.
(t) Fik
de la ville on cherche en vain à quel
:
de...
art se rattachent ces singuliers ouvra-
(9) Réradolr, liv. V 17S.
ses. Sur le flanc des rocherson blMerVe autres que les Mèd«s et les Perses. Cette
des tombeauK dont façade représente
la opinion s^eA eonflnnée cheE rauteor
une frêle construction df bois; les pou- par l'inspection des monuments de
très, les poteaux et les branches rondes, Xanthus, qui, selon lui, ont tout le ca-
juxta-posces pour former le toit, sont ractere des sculpture des Perses,
sculptées dans la pierre. Des saroopha- Sans entrer dans le fond de eette oon-
ges monolithes représentent une cais<e troverse philologique, il nous semble
de bois couverte par une autre pierre qu'il sVIeve une ohjeelion «lU sujet de
iini tant une chaloupe renversée avec sa l alphabet de ces inscriptions si elles sont

carène en Tair, ou bien une voflte ogi- réellement écrites en langue perse. En
vale dont Taeniple ne se retrouve pas effet, du temps deCynis et de i)arius les
ailleurs. Perses faisaient usage de l'écriture en
caractères cunéiformes, l'inscriution de
CHAPiTR£ III.
'
Pasaritade, qui date du règne de Cyrm
en fait foi, et les savants anglais qui
LAHOVI LTGUl^B. ont opéré des fouilles sur remplacement
du tombeau de Mausole ont découvert
Ce n'est pas le seul problème que ces un vase portant une inscription en ca-
monuments présentent à lobservateur, raelères cunéiformes qui est attriboés
si nous ne pouvjons nier le fait d'imitation au roi Artnxerxe.
d'ouvrages en bois, il nous serait possible H faudrait donc supposer que les
de répondre que c'est un caprice de Tart. Perses, abandonnant leur s}stème d'écri>
Mais quelle est cette lan^ inscrite ture nationale, ont inventé un novviel
sur (-es tombeaux en caractères qui res- alphabet pour éerire en Lycie les actes
semblent pourtant aux caractères grecs, du fjouvernement dans une langue qui
mais dont le sens est rebelle à toute n'était pas comprise par le peuple in-
aplieatîon ? d'où Tient que nul entre digène.
les historiens qui nous ont parté de la Nous ignorons complètement à quelle
Lycie n'a insisté sur cette particularité, époque la langue dite lycienne a cessé
tandis que nous trouvons dans les au- d être en usage. On voit à Telmissus un
teurs un grand nombre de mots de la tombeau dans le style lycien qui porte
langue carienne qui sont tout à fidt le nom de Tibérhis Claudius ; à Anti-
étrangers à la langue grecque. Héro- phellus, un autre tombeau, sur lequel est
dote ne iait aucune mention de cette gravée une longue inscription lycienne,
diversité de langage usité en Lycie, et est consacré à une fenune romaine do
jusqu'à ce jour aucun texte ne nous met nom de Claudia RegeKa Berennia. On
sur la voie de son origine probable. Les peut bien dire que ces personnages ont
tentatives faites pour expliquer les ins- été ensevelis dans d'anciens tonil^aux
criptions lycienues n'oui amené aucun lyciens , mais ce n'est qu'une conjeo-
résidtat bien satisfiiisant (l) ; les philo* tnre ; les lois qui protégeaient les sépul-
logues ne sont pas même d'accord sur tures, les malédictions et les amendes
la soucbe d'où cette langue est sortie, dont étaient menacés ceux qui s'empa-
Dans la pensée de M. Forbes ^),aucune raient d'un tombeau qui ne leurapp^r-
des inscriptions en langue difléiente do tenait pas étaient alors eD.Tiguenr.
£w n'est antérieure à l'invasion perse Toutes ces questions sont loin d'être
as la Lycie. Toute la nation des Xan- résolues, il est raisonnable d'attendre
thiens ayant été détruite, à l'exception de nouveaux éclaircissements à ce sujet,
de quelques fomilles qui étaient ansen- Si le territoire de la LtcIo est resté
tes, fat remplacée par des étrangers qni Jusqu'à nos Jours complètement inex-
occupèrent les villes des vrais Lyeiens ploré, on doit dire aue l'étude des do-
d'origine, et ces étrangers ne seraient cuments laissés par les anciens auteurs
avait mis les géographes modernes à
(i) Voy. C
Rilier, Jf^MMife, t. IX, pages même de fixer cTune manière satî»-
xo38, io4o. faisante la position de la plupart des
(a) Travelt in L/cia by Spntt and Forbes, grandes villes. L'expédition du capitaine
t. II, p. S7. .Beaufort sur la odte de Caramanie en

Digitized by Google
ASIE MINEURE. 667

|êl9 avait révélé Texistence de ruioes Aleiandre le Gnué, «nivatt k Tetmis*


nombreusea et remarquables dans les sus après le siège d*Haliearaasse, se
aiMnemies villes maritimes le comte de
; confiait, pour connaître le secret de son
Choiseul avait publie les luonumeiits de avenir, aux jongleries du devin Aristan-
Telmissus, mais aucune des villes de dre (1 ). Il ne parait pas cependant oùe la
rinlèrienr n'avait encoreété étudiée, lora- euke d'aucune divinité locale ait été
pratiqué par les habitants.
qo'eo i8S4 je tmversai le Taiiruslycien
C'est à Telmissus qu'on observe les
BMir me rendre
cflsbarta à Adalia.
eux autres expctiiiioiis furent entre- premiers monuments de eettu updatée*
prlies avee le seeours des bâiiments de ture monolithe qui fut pratiquée (daiis
l'État en 183^ et 1836, et dans les excur- plusieurs villes de la Lycie, on en re-
sions que je fis dans l'intérieur je pus trouve des vestiges, à l'est jusqu'au
me convaincre que les explorateurs qui fleuve Arycandus près de Myra, au
me soiviaieut trouveraient efaes les ha- nord Jusqu'au plalsatt du Mima. Lt
bitants i'aeeueil le plus hospItaUer. Le nature et la forme des rochers du
premier vovaiîe en Lycie de M. Ch. Tau rus composé d'un calcaire com-
Fellows, en 1838, provoqua de la part pacte et formant des falaises de plu-
du gouvernement anglais renvoi d'une sieurs centaines de mètres de hau-
mission scientifique pour rapporter au teur provoquaient le ^ï^^nie des artis-
Musée britannique les monuments de tes Ivciens; fart grec et l'art indigène
Xanthus une carte de la Lycie fut levée
;
étaient pratiqués simultanément ; il n'est
par M. Spratl. LeevoyagesdeM.ScbO»» pas MÎedodire quel cet celui qui sub-
born ont fait connaître plusieurs villes sista le dernier ; les tombeaux couverts
du Milyaa et de la Pisidie encore igno- en nacelle ont été imités par les Ro-
mains (2) , mais jamais ils n'ont été
U reste anjoord^ui peu de lacuBes ft transportés en dehors des lini«Bs de la
combler, et la connaissance «le la Lycîe Lycie.
ancienne est entrée dans le domaine L'ancienne Telmissus était bâtie dans
de l'archéologie. Cari Ritter donne la lapartie la plus reculée du Glaucus
liste suivante des explorateuft de la Sinus, aujourd'hui golfe de Maeri (S),
Lycie depuis le commeneenMBt du 3ui recevait les eaux d*une petite rivière
siècle (1): u même nom le Glaucus amnis (4),
elle était resserrée entre la côte et les
1812 Beaufort. 1840 Hoskyn-Fof- versantsoeBideniauiderABti-Cragus,de
1836 Texier. bes.
sorte qu'elle s*étendait toute en lon-
1837 Broke. 1H41 Schœnbom. un mamelon isolé servait d'as-
gueur ;

18M FeUows-Gfi- 1B43 Daniel-Spratt. siette à l'acropole, qui existe encore, en*
ves. 1S46 TehihatchefL
tourée de fortes muraiHes, mais qui da-
tent des temps modernes; elles ont été
CliAPiïA£ IV. relevées par les chevaliers de Rhodes
et par les Génois. On y trouve quelques
nuiisius. — nàCMU inscriptions encastrées dans la maçon-
nerie. Cette acropole devait occuper le
Telmissus est une des plus anciennes centre de la ville ancienne : on observe,
villes de la Lycie. Dès la plus haute an- sur la côte, les ruines d'un castrum.
tiauité elle était déjà célèbre par uu Le théâtre est construit au sud-ouest à
eellége de devins, qui furent souvent l'extrénriité de la ville, à fissue d'une

firis pour arbitres dans


les plus solennel vallée étroite ; l'ensemble du monument
es occasions. Crésus. au moment de présente un imposant aspect, tous les
déclarer la guerre à Cyrus envoya en murs de soutènement et les gradins
Lycie une dénotation pour consulter
les devins (2) ; les rois de Phrygie eurent (t) Àrrien, Exp. Al. Liv. 96.
aussi reeoun à leur aeitaee occulte, et (a) Toyez pUnche a6, fig. 11. ToSbImIU
de Ptolémée à Antiphellus.
(i)lrii«dt,niff9S7« (3) StriboD, XIT, 65i.
(a)Héndole,UT.I,78. (4) PliiM»y, «9.

Digitized by Google
«68 L'UNlVtaS.
8ont construits en pierres de grand ap- CUAPITRE Y.
Creil et sont eotièremeat conservés.
Mène leale, qui éltit eonstruite en
I TOmBAUX.
mare moins solidesest presque détruite,
mais les portes avec lenrs linteaux ino- La ville lycienne s eteiulait jusqu*à
Holitlies, Ufi piédestaux des colonnes ces rochers près desquels on remarque
existent eneore ; cette partie de Tédiliee plusieurs sarcouhages du style lyden.
offre une particularité qui ne peut être I/abaissement au sol dans cette partie
observée dans d*autres tliéâtres, c'est du territoire de la ville est tellement
la disposition inférieure de la scène, évident, qu'il a frappé la plupart des
riiyposcenium , qu'il est rare de retrou- navigateurs qui ont abordé sur eette
ver, parce qu'elle est ordinairement cdte (1). On observe au oord est un
enterrée sous les décombres. On voit grand sarcophage onié de sculptures;
les traces des corridors souterrains et il est complètement entouré d'eau, et
les amorces des solives de la scène qui ou ne peut l'approcher qu'au moyen
montrent clairement que chez les an.- d'une nacelle.
oiens, la scène était en bois et disposée Du pied (le ces rochers sort une source
de manière à pouvoir faire jouer les limpi(ia et abondante mais dont ]es
,

machines. eaux sont saumâlres; cependant les


La eavea eu salle, anît vinct-buit animaux en boivent volontiers. La ville
rangs de gradins divisés par le bal- moderne de Macri est au nord la mon- ;

teus ou précinction ; les petits escaliers tagne forme une enceinte de rochers
dans le mur du poaium servaient
taillés dans laauelle s'élèvent plusieurs pitous
de commuoication entre les deux |»ré- isolés, e est là que fut établie la Néero>
einetions ; les gradins étaient desservis pôle avec ses grands tombeaux taillés
par neuf escaliers formant liuif cunéi dons le roc, les plus remarquables de
ou divisions. 11 n*y a pas de vestiges toute la contrée. Ils sont muets pour
du portique supérieur. Deux vomitoires nous, car ils ne portent aucune ina*
latéraux conrniuniquaient direotemeut cription ()ui nous mette à même de con-
a la première précinction, et le mur de jecturer à quelle époque ils furent coiif-
soutènement des gradins était oblique truits. Les grands toml>eaux sont au
à la scène comme dans tous les théâtres nombre de trois ils sont faits sur le
;

grecs; en n*a pas encore bien défini Va- même plan et paraissent être delà même
vantnfîc c|ue présentait cette disposition, énoijue; la description de l'un peut s*ap-
(]ui n'a jamais été adoptée par les Ro- pliquer aux deux autres.
mains. Ij6 plus grand et le mieux conservé
La mer vient presque baigner le pied de ces monuments est taillé dans la
du mur d'avant-scène on voit au fond
; face occidentale de la montagne.
des eaux plusieurs murailles qui appar- 11 se compose d'un portique d'ordre

tenaient aux dépendances de cet edilice. ionique forme de deux colonnes et de


A droite et a gauche les rochers sont deux autes supportant un entablement
coupés verticalement et sont creusés orné de denticule8,et un fronton déooté
pour former des grottes et des cliam- de palmeltes (2).
ures qui selon le W Ciarke, étaient lia- La porte du monument est dans le
Utées psr la eorporatien des devins. style grec avec des consoles, et les van-
Quelques-unes de ces chambres sont en taux simulent une porte véritable avec
maçonnerie elles communiquent entre
; ses clous et ses serrures. Chacun des
elles par des portes a chambranles dé- pilastres est orne de trois patères ; sur
corés de crossettes ; on voitdaus la roclie celui de gauciie on lit l'inscription:
des conduits avec des tuyaux de terre AMrNTOf EPMAOlor. (inmbeaii)
cuite qui permettent de supposer que d' A myntas fiisd'Hermapius. La porte est
ces grottes faisaient partie d'uu ancien divisée eu quatre panneaux simulés; un
bain.
(i) Voy. C. KiUer,£rdkuncle, t. IX, p. 945.
f9)Toyez pl. aS. Tombeta d'AnyiHas à
Tamiisu».

Digitized by Gopgle
ASIE MimiHB.
t«ul esl <Hifort; il était jidis fermé par ronnent 4|uelques«uos de ees tombeaux
une dalle; ii donne accès dans une sont toute fait dans le style grec sur :

chambre sépulcrale dans laquelle sont l'un d'eux on Ut l'inscription ( Tom-


disposées des banquettes pour déposer beau) de Tibérius Ciaudius Perganius.
les corps. Cest une règle invariable dans Ce personnage était évidemment un Ro-
tous les tombeaux de la Lycie, taillés main. Faut-il penser qu'il a été inhumé
dans le roc. Aucun ne contient de sar- dans un tombeau plus ancien? ou le mo-
copli-i^e, les corps étaient déposés sur nument a-t-il été creusé et sculpté pour
des banquettes qui sont ordinairement lui ? Questions encore indécises sur
sculptéei en forme de lits funébret : en rige des monuments dits lyciens.
cela ils sont semblables h ceux des
Étrusques, qui étaient aussi un peuple CHAPITRE VI.
asiatique.
Les deux antiet tombeaux sont d*un II4CB1.
travail moins fini que celui dont nous
donnons la description mais ils sont
, La ville moderne de Macri a pris son
en tout point semblables. I^ous ne pou- nom de l'tle qui se trouve à l'entrée du
vons que par comparaison arriver è golfe et qui dans Tantiquité s'appelait
déterminer Tépoone approximative de lacris. Les portulansdela Méditerranée
la construction ae ces monuments et ont traduit ce nom par Isola Longa :

nous croyons qu'elle remonte à la liu du on rappelle aujourd'hui l'Ile des Che-
quatriente siècle avant notre ère, c est- valiers. Macris, le nom grec , est resté
a*diro au temps d*Alexandre. Ces mo- au Cilaucus sinus et à la ville qui a
numents sont certainement de l'école remplacé l'ancienne Telmissus. Cernée à
grecque, mais dans les rochers voisins l'est par les pentes abruptes de l'Antl-
on a creusé une autre néciopule dans Craeus, Macri n'a de communication
le style lyclen,c^est-à-dire imitant par» facile avec le continent (|ue du côté
faitement !a construction en charpente ; du nord, elle n'a pas de murailles ni
on y voit les solives, les liernt's, les pou- de forteresse, une petite mosquée cou-
tres ^ui courounent la porte et la toi- verte par une coupole est ntourée de <

ture imitant des bois ronds non travail- maisons de pierre rouvertes en terrasse,
lés. Ces monuments qui sont nombreux c'est là toute la ville. En 18/»6, elle a
en Lycie ne diffèrent entre eux que été fort endommagée par un trcr»i|)le-
par les détails, nous nous contenterons ment de terre qui a encore dispersé
de les mentionner sous le nom de tom- une partie de la population: aujour-
beaux lyciens. Les portes de oes tom- d'hui on y compte à peine mille «Imes.
beaux sculptées sur les rochers représen- I/extrcme ft-rtililé du pays ne suffit pas
tent toutes les armatures dont on peut pour attirer de nouveaux habitants, les
garnir uoe porte, les clous, les ser- marais environnants exhalent au prin-
rures , les beurtoirs pour frapper, et temps des roiasmea délétères; mais
à c6té du tombeau on voit quelquefois comme tableau il est impossible de
la rf'présenlation d'un chicu couché ; il voir \u\ lieu plus attrayant, car les
faut remarquer uue sur les peintures beautés de la nature se réunissent à
des vases grecs de l'aneienne éeole, dans celles de Tart pour captiver Tatten*
les sujets funèbres qu'on appelle Con- tion. Il est triste de penser que ce petit
clamation, la fij^ure d'un chien est sou- pays est destiné n devenir un désert.
vent repr^ntee sous le lit du mort. Vers le milieu de juin les habitauts aban-
Le groupe des tombeaux lyciens qui se donnent la ville pour aller demeurer
trouve au pied de Tacropole donne une dans leshautes régions de l' Anti-Cragtis.
idée la plus parfàile de ces monuments Il ne reste à Macri nu'un douanier, un
sini;ulit*rs, qui n'ont d'analogue dans boulanger et le caféoji, le premier et le
aucune autre partie du monde ancien (1). dernier citoyen d'une ville turque.
Les ornemenis «t toi palmettea qui ooa- Derrière le rocher de Tacropole de

Voy. pl. t4. Nécropole de


(i) T«'linissua. plan est beaucoup trop haute en proportion
La plante d'Euphorbe mise &ur le premier de« figures qui ont été ajoutée» au tableau

Digitized by Google
•W LUNIVERS.
Telminus 8*ouvre une vallée étroite et Teau du Xanthus est claire et pure; elle
bien bciséc qui s'étend jusqu*à la mer ^ ne prend que dans la plaine cette cou-
e*est à rentrée de cette vallée qu'était leor jaune et boueose qui lai a vain
située la ville de Carmylrssus dont son nom (!); dnns l;i partie inférieure de
remplacementn'est pas encore retrouvé : son parcours, les habitants appellent ce
elle était bâtie dans un enloDcenieut de fleuve £tcben tcbaî. Du temps de Stra-
la montagne (1). bon les barques pouvaient mouiller à
La ville moderne de Levissi est à son embouchure aujourd'hui une bMwe
:

quarante kilomètres de Macri sur la de sable la rend imprniirable.


cote ; elle se compose de cinq cents La vallée du Xanthus est le premier
maisons environ habitées principale- territoireoù aient abordé les eolonseré-
ment par des Grecs. C'cft le plus grand tois c'est là quMIs ont fondé leurs prin-
,

centrc de la population de ces parages ; cipales villes r Tlos, Pinarn, Xanthus. et


il dépend du pacbalik de Mogla. Le dans les vallées supérieures Balbura,
cap voisin, appelé aujourd'hui Cavo Araxa et Bubo. La vallée du Xanthus
Angbistro, estranciencapCarmylessus. résume Thistoire et la mythologie des
La petite île S;in-!Sico!o, qui appartenait Lyciens. Latone après avoir enfanté
aux chevaliers, est a l'entrée de la baie Apollon et Diane vint se biiigner dans le
de lievissi. fleuve, escortée par des loups , un temple
nommé le Latoum loi ftit élevé près de
CHAPITRE VII. la ville.
Le fleuve re<;;ut son nom de la couleur
VILLES D£ LA LYCIB DANS LA VAL- jaune de ses eaux, comme le ileuve de la
LBB DU xaUthus. Troade. Dans la langue lycieniie on rap-
pelait Sirbé,mot qui a la même signin-
Le Xanthus Ak , tchaï des indigènes, cntion. Aujourd'hui , la plaine où s'ë-
Srend sa source dans les hauts plateaux panchent les eaux du Xanthus avant
e la Cibyratis, au pied du mont Cragus a*arriver à la mer, est peuplée par quel-
ou Ak diigh; il coule ainsi vers Touest quespauvres vilbfies dont le plus impor-
jusqu'à rencontre de la grande vallée
la t'int est Founuis, résidence du chef du

formée par le versant occidental du district. Kounik î^t le village le plus voi*
mont Msssiscytus; là 11 reçoit un af* sin des mittcs de Xanthus; on 07 trouve
flueut venant de l'ouest dans le Pemas aucune ressource,
dagh. Le fleuve prend alors Le nom de
Khodja tchaï, la maîtresse rivière. Les CHAPITRE Ylli.
.habitante placent la vraie source du
Kho4|a tchaï aux en virons d'Orhan, l'an- XAHTHUB. — arna. — tlos —
cienne Araxa. M. Spratt décrit en ces dbuwab.
tenues ce lieu remarquable. Nous sui-
vîmes le pied des montagnes qui s'élè- ^ Xanthus capitale de la
vent au-dessus de la plaine à une hau- ^>'^'^ sur la rive orientale du
leur de huit mille pie<ls. INolre but était ^^^^ '•«^'^s environ de son em-
de visiter un énorme précipice au pied J^uchure. L'acropole s'eleve sur un ro-
duquel les habilants placent les sources de forme cirrée, dont la hauteur
du Xanthus. Nous reconnûmes en effet ^std environ soijonte-dix mètres. Lt
une source abondante sortant de terre ^'"^ '"^^se s étend autour de l'acropole,
au pied d'un vieil arbre, et tout a l'en- ""^'S les monuments qu'ellerenferme
tour l'eau sortait de terre par jets au J****
^ l'époque rdmahie : on a
milieu des fleurs et du gazon. Xan- °* penser que la vifle lycienne
thus à sa naissance est déjà une forte o<*'^P«'iit seulement le BOmmet de la
rivière ou plutôt un torrent liifranchis- m^togne.
sable i il reçoit bientôt après un cours
'
™>dant SUn voyage sur les cdtcs de
d'eau venant d'une gorge voisûie qui Caramanie le «pilaine Beaufort avait
t'ouvre dana la montagne. A
sa souree, ^^ci^iUi dîven leMsjgiieiueatB sur le

(i) Slrtlwii, XIV, 665. (i) Tfavfh ht Lycia, t. 1, ig.


'

Digitized by Gopgle
ASIE MINEURE. 671

site et les monuments de Xanthus. mais Les principaux sarcophages sont si-
ces ruines étaient restées inexplorées tués sur la pente sud-ouest ; ils sont de
lonqut M. Fellows les visita pour la style lycien avec des couvercles de forme
Cremièvelols le 20 avril 1838. Le uom- ogivale le plus remarquable de ces mo-
:

re et Kimportance des monuments qu'il numents, orné de sculptures représen-


observa excitèrent au plus haut degré tant une course en char, a été brisé
fiméfét du mcNkto samt, et Tannée lorsqu'on a voulu le délacer.
Strifante le gouvernement anglais char- Une plate-forme de roc immédiate-
gea une mission scientifique d'aller re- ment au-dessus de la plaine étnit cou-
cueillir les principaux monuments de ronnée par un groupe de temples dont
sonlptiira de Xanthus pour les trans- les frises ont été emportées en Angle-
porter au Britisch muséum. MM. Spratt terre.
et Forbes ont rendu compte de cette Les monuments de Xanthus sont en
expédition, pendant laquelle ils déterroi- calcaire blanc compacte, qui abonde sur
ntosBl le site de ftasienrs antres villes (es côtes de Lycie ; mais les iMs-relIclB
flBeoio inconnues (1). et les autres sculptures sont en marbre
La route de Macri à Xanthus se di- blanc cristallin.
rige au nord-est en suivant le rivage Un des monuments les plus remar-
inaréoageoxdu golfe; on commence après quables de Tancienne Xanthus est dési-
une heure de marche à monter les pen- gné sous le nom de monument des
tes de l'Anti-Oasns, et du sommet de la Harpies ; il était situé près des rochers de
première colline on découvre la grande l'acropole et non lom de l'obélisque
ehatnedu Massiscytusdont les nombreux portant les inscriptions lyciennes. Il se
sommets sont couverts de forêts de pins. composait d'un soubassement carré coo-
Ou descend ensuite dans In vrdiée de tenniit une chambre sépulcrale, et au-
Xanthus entrecoupée par des collines dessus un edicule dans le genre du
argileuses dont le sommet est couvert tombeau de Mylasa. Les sculptures qui
de dépôts de calcaire d'eau dooee, res- décorent ce tombeau représentent la
tes d'un lac qui a dil occuper une par- faille lîes Harpies et sont regardées
tie de la vallée, et l'on tait halle au comme un des plus niagoiûques pro-
village de Minara. Le lendemain un con- duite de l'école Ivcienne antérieurs à la
tinue de descendre la vallée, peuplée de prise de Tacropoie par Hairpagus. Kon
plusieurs villages et entrecoupée de loin de ce monument s'élève un obé-
collines boisées. Bientôt on découvre la lisque cjrré dont les quatre faces sont
laine de Xanthus, qui s'étend jusqu'à couvertes par des inscriptions en carac-
C
I ner; le flenve est extrêmement rapide tères lyciens, on croit y recoimaître quel-
et ses eaux sont chargées d*argile jau- ques noms des villes de Lycie et notam-
nâtre. ment celui de Arna, nom lycien de U
Le rocher de l'Acropolis ne manque ville de Xanthus.
pas de caractère, meis II est loin d^if- Tous les monuments archaïques sont
frir l'aspect étranjie et pittoresque des autour de l'acropole et dans son en-
antres cit.idelles lyciennes. La plaine ceinte on en onclut que c'était le véri-
, (

en cet endroit est marécageuse, le fleuve table emplacement de raucienue Arua,


roule ses eaux au pied de la seconde et que la ville basse a été bAtie quand
acropole sur le revers de laquelle est les Romains ont été maîtres du pavs.
construit le théâtre et d'autres monu- A quatre milles au nord de la ville,
ments, principalement THéroum à pi- M. Ilosk^n a reconnu une longue mu-
lastreseein^, orné de bas^relicfs reprè- raille qui coupe toute la vallée; elle a
sentant l'histoire de
la fille de Pindarus. sept ou huit pieds d'épaisseursans tours,
Près de là est une seconde colline sur et cr»nstruite en pierres nou taillées,
laquelle est construite l'acropole supé- asseuiblees à joints irreguliers, elle a
rieure, dont l'enoehile est occupée pair tous les caractères d*uoe haute anti-
lef raÎBM d'un monaslère bjraantla. quité, et l'on ne peut douter qu'elle n'ait
été construite par les Xantniens pour
• (f ) Trtvch tD Lyria Milvas and Cibyralis se mettre a l'abri des incursions des
'
bj Spralt and F«irli«s»LoodÎDn;*'it47. habitants des mon^gnes, peut-être Ici

Digitized by Google
6)3
TloM où Solymes. Cétiit an de on
les mes que par les secousses des trembl^
murs de défense fines ou closurœ
, ments de terre.
romme on en rencoutre dans quelques La religion chrétienne, sous rinflueiice
autres provinces. La construction de ce de la parole de saint Paul, se répandu
mur ne peut être postérieure à la con- de bonne heure dans les villes de Lycie,
quête perse, puisque depuis ce temps et de f(rands monastères furent ibadéi;
fouU' In Lycjp a été réuoie SOUS le même il n'est pas de ville où Ton ne retrouve

gouveruement. les vestiges d'anciennes églises byua-


Après la cooquête de la Lycie par les tines.
Perses, la population de Xantous se Il ne paraît pas que les musoliasBi
composa moins de Lyciens que de Ca- se soient jamais établis
à demeure dans
riens et de Grecs amenés par les nou- la de Xanthus. Les alluvions for-
ville
veaux maîtres. La citadelle parait avoir mées par le fleuve ont depuis bien des
été conservée uniquement comme poste années rendu ces parages presque iol»
militaire et la nouvelle Xantiuis fut bitables; les populations rurales dcsoea*
construite dans la plaine au pied du dent dans la plaine pour faire leurs se-
rocher. mailles, et Quand viennent les cbaleufs
La plupart des tombeaux, taillés remontent dans les hautes vallées és
dans le roc, |)araisseut antérieurs à cette Taurus. A partir du mois d'août ce pays
époque; mais pour les sarcopliases et devient coniplétement désert, c'est daii<
l>our les sculptures représentant des cet étataue nous l'avons trouve en aodi
faits de guerre, des prises de villes et 1886. Nous projettions un nouveau
d'autres sujets qui se rattachent au sé- voyage en 1837, mais cette expéditioB
jour des Perses en Asie Mineure, il y a n*eut pas lieu (1).
dans la composition de ces œiivres une L'antique rite de Tlos, bâtie par le
influence orientale bien marquée qui héros fils de Tremilus, était une des
fut modifiée par les œuvres de Técole principales villes de la Lycie (8). Os
grecque pendant la période macédo- savait qu'elle était située sur la route de
nienne. Cibyra dans la vallée supérieure du
Les Perses avaient complètement Xanthus ; sa position a été déieriuioee
évacué le pays, et avaient été remplae^to par M. Fellows au villaae de Deowar,
nar des Grecs. T,n population de race nom turc qui signifie, les murailles. Il

lycienue était de plus en plus clairse- est situé à heures de marche au


six
mée ; inais les modernes Xantlùens ne nord de Xanthus et a une journée au
répudiaient pas le souvenir de leurs nord-est de Macri , sur une niontagoe
prédécesseurs, et pendant la guerre civile dépendant du iMassisc]rtU8;e*e8tleflM*
qui suivit la mort de (lësar, les Xan- lieu d'un nghalik appartenaut 8apsebs*
tlùens refusèrent d'ouvrir leurs portes iik de Mogla.
h l*armée romaine commandée par Bru* Denwar est situé dans une admirable
tus. La ville fut investie, ( t les linbitants, position au milieu de Tancienne acro-
repoussant toute proposition de capitu- pole élevée a trois cents mètres au-des-
lation, préférèrent s'ensevelir avec leurs sus de la vallée voisine, entourée de
femmes et leurs enfiints sons les ruines profonds précipices dont les flancs for-
de leur ville en flammes (i). nient des murailles inaooesaibles. U
Les Romains ne traitèrent pas les vue domine toute la vallée du Xantlms
Lyciens avec trop de rigueur, et admi- jusqu'à la mer et de l'autre cote l«
rent sous le contrôle prooonsulaire la sommets du Oagus et du Massiscytus
confédération des villes lydennes. C'est terminent l'horixon.
pendant celte période romaine que fu- Les rochers de l'acropole du c6téda
rent construits presque tous les monu- nord sont criblés de cenlaines de tom-
ments publics dont on observe encore beaux creusés au ciseau, et qui pour la
les mines en Lvcîe, comme les théâtres, plupart sont inaccessibles. Les plus aa-
les stades et plusieurs temples (;ui ont
été ruinés inoins par la main des bom- (i) Vo\. Descr. d« tMk Mimiu^, U IB,
documents offideli.
^
(t) Appien, BelL eîr. IT, i8. (a}8lnboa,Xiy,68S.

uiyiiizied by Google
I

ASIK lOMEUAfe.
CMDS sont sembiableii a ceui de Tel- Les anciens liabitanis de Xios avaient
misnis, quelques-uos portent des inierj- eooservé précieusement loi aouienirs de
tioiii grecques parmi lesquelles on lit râge héroïque. Le personnage de Bellé-
les noms du sénat, du peuple et de la rophon est resté populaire; c'est à lui
gérousie des Tloéeiis. Le plus remar* que les Termiles, uls de Tlos, doivent la
quable de ces tombeaux a la forme d'un sécurité de leurs vallées; il repousse
temple avee un fronton supporté par dans les montagnes inaccessibles lea
des colonnes de style égyptien et des ftrniTs Solymes, regardés par Homère
chapiteaux massifs , dont le filt est comme les plus anciens habitants de la
beaucoup plus large a la base qu'au J.ycie; il détruit les bétes féroces, et va
sommet, oe monoment paratt être resté combattre la Ghhnère, cause hieeasatttt
inachevé. d'elfroi pour les populations ; il régna
Sous le portique ei^ sculptée Timita- enfin sur les Termdes, qui allèrent, con-
tiou d'une porte avec ses clous et sa ser- duits par Sarpedon, au secours de Troie :
rure, et sur le edté on voit un Itas-reUef l*Tlo8 de Lycie donne la main à la
représentant Bellérophon monté sur Tlosd'Illon; mais plus tard Thistoire
P^^e au snlop sur une monlaiîne ro- devient muette sur les destinées de Tlos.
^leuae qui représente le luont Cragus. Les non)breux monuments de Tâge ro-
lie héros attaque mt énorme léopard main prouvent qu'elle continua à tenir
sculpté sur une de> entrées du tombeau un rang distingué parmi les villes de
à droite de la porte. Un ornement de Lycie, et les somptueux tombeaux qui
rinceaux décore un des côtrs de la porte subsistent eneore montrent assez que
prés du léopard et est repété sur le cette population fut riche et nombreuse;
panneau correspondant. Sur le f)anneau mais, depuis rétablissement de l'empire
près do tombeau sont setilptées des bvzautin, la vie se retirait peu à peu de
iiiîures de elnens. Ce bas-relief, (|ui méri- ces provinces d'un accès si difûcMe. 1^
terait une description plus éteudue. pa- commerce étaitnul dans ces parages, et
rait avoir été peint (1) ; près de ce mo- les voyageurs redoutaient de traverser
nument est gravée sur le roc une ins- un pays que Ton disait habité par une
cription en caractères lydens d'une race indocile et sauvage; aussi, dans tou-
grande dimension. tes les relations des campagnes des Vé-
Dons la plaine, à quelque distance, nitiens, des Génois ou des Francs, il
M. Spratt a découvert un piédestal sur n*est pas une fois question des villes
lequel est sculptée la représentation du anciennes de la Lycie. Le nom du vil-
aiége àe Tlos; on reconnaît le rocher de lage actuel, Deuwar, lui a été donné à
raeropole, les murailles et les tombeaui eause des nanhrausea murailles en
taillés dans le rocher : on voit à Tentour raina ^Lentoorent l'aeropolé.
des guerriers dans différentes positions.
Le théâtre est appuyé sur le flanc de CHAPITRE iX.
la eoHiBe; on y conipte trente*quatre
*
nagi de sié^j^es, et les angles des cunei nilABA—MIHAtA.
sont ornés de griffes de lions. Près du
théâtre est un groupe de grands édiCces Les anciens écrivains ne sont pas
romains, sans doute le gymnase et la d'accord sur l'origine du nom de Pinara ;
gérousie, dont les fenêtres ceintrées corn- cette viHe passait pour avoir été fou*
mandent la perspective de toute la vallée. déepar Pinarus,undes filsde Trémilus,
L'hôte cliez leauel demeurèrent les qui débarqua avec les premiers Crétois.
voyageurs anglais les reçut avec une ex- C'est toujours l'habitude des Grecs de
trême politesse; son habitation présen- donnar aux Tilles comme aui peuples le
tait Paspèct d'une maison patriarcale; nom d'un héros fondateur, il paraît plus
les étables sont installées dans un cba- naturel de s'en rapporter à la tradition
let qui « parait avoir ete transporté d'in- conservée par Étienne de Byzance, qui
terlaken. » &H dériver la nom de cette ville de sa
position pris d'une montagne élevée at
(0 SprtU and ¥ûthm, Tlwmts m M/jreh, extraordinaire; le mot Pinara en langue
I, 1", 33. lycieone sigoitiait montagne. Ea effet,
43<^ Livraison. (Asi« Minkhbb. ) II. 4t

Digitized by Google
•74 tl]l«fVEB8.

le site de rnnii(|ue Piuara est tout à voyaizeurs les figures sculptées sur les
feit conforme à cette interprétation. bas -reliefs. Bien que musulmane, il est
M. Fellows a retrouvé au village de Mi- bien probable que toute cetae populaliOB
nara, situéa ciiHiuante-qiiatre kilomètres delà î,v(He n'est pas de race turque,
( ;iusud-e^t) de lelmissus cette même les conquérants de T.Asie Mineure se
niontague d'une forme particulière qui sout très-peu répandus dans ces mon»
a doDoé le nom à la ville. Ce nom s'est tagnes et l'anoenne population imn-
COMervc avec très-peu d'altération chez gène du massif montagneux de la Lycie
les indigènes, te uiot turc Minara, Mi- et de la Pisidie a dû se perpétuer avec
nareh, tour, clocher, ayant une signiii- peu de mélange. Ceux qui ont visité ces
eation qui s'appliquait égalemeot à Ifl régions, y compris Fauienr de ce livre,
Situation du village. parlaient trop superficiellement la lan-
T /histoire de Pinara est des plus gue turque pour distinguer s'il y a dans
brèves ; elle était au nombre àes six ce pavs quelque variété de dialecte dans
principales villes de la conliédéntion Ij^ lequel on poorrait retronvet quelques
cieiiiM,et ses habitants rendaient un lambeaux de l'ancienne langue du paya.
culte au héros Païui.irus, neut-étre le Ce sout des observations qui. jointes à
même dont Homère vante les exploits. tant d'autres, devront appeler i'attentiOB
Si i*oaa*eii rapporte à une anlpetradi- des futurs explorateurs.
tioD, le pranier nom de cette ville était Une roche colossale apnt la forma
Artvrnnessus ; elle fut colonisée prir les d'une pyramide tronquée domine un
XantliK'ii^ (I). Dans toute la période protoud précipice, elle est couronnée de
hellénique n*e8t pas fait mention de
il tortifications et percée de milliers de
cette ville, et elle paraît être restée tout tombeaux. Dans le Ibnd du raviu on
à fait en dehors aes nffaires politiques aperçoit les monuments de la ville et de
sous Tempire romain. Oubliée de la nombreux sarcophages les sommets ;

sorte, sesrumes se sont conservées pres- ombreux du Cragus se decoupaui en


que infactea au milieu d*an peuple qui lignes accentuées, occupent le fond dn
est peu destructeur, ft représentent en- tableau; les ruines delà ville s'étendent
core aux yeux du voyngeur le tableau sur les pentes des deux autres collmes
d'une grande cite lycièune avec ses mo- rocheuses sur lesuuelles s'élevaient des
BumantB pobUes eetourés de loua edtéa nranomenta grandioses de difiSfirania
par les tombeaux des générations pas- styles. Aussi loin que la vue peut s'élSB-'
sées. Les esquisses de cette ville , pu- dre les rochers environnants sont per-
,

bliées par lesmembres de l'expédition forés d'une innombrable quantité de


anghrfae, donnent le désir de eonnatiro tombeaux ; en un mot, tooinoneottft 1
plus en détail cette cité remarquable prouver que Tancienne Pinara était une
dont M. Spratt fait le plus intéressant des villes les plus p(q)uteuses, les pftëS
tableau. Malgré les rapports pompeux puissantes de la Lycie.
qui lui avaient été faits des ruines de Le théâtre est le premier édifice qm
eette ville, ki réfelité anrpaesa aneora attire les regarda; ses subsiraetioiM aaM
Bon attente. construites en pierres polygonales et
Les ruines de l'ancienne ville sont si- portent le caractère d'une haute anti-
tuées a une petite demi-lieue du mo- quité ; il est situé sur la pente d'une
derne viHage, 06 le^ voya^teurs analais colline boisée qui fait face à la ville. A»>
trouvèrent le meilleur accueil. Cett*' jourd'hui l'on |ouit du haut de l'édifice
population vivant loin de toute relation d'une admirable perspective, qui sViend
avec le monde moderne a conservé dans justju'a ta mer mais nous ne saurions
;

aea mœors et dans ses eostnnes plus trop répéter que les andens spectateurs
d'une empreinte de Pantiquité; le vête- n'avalent pas cet avantage (1) : voiles en
ment dt's femmes, leur fière tournure et niifraillt's ferinnicnt les anciennes salle?
la grâce de leurs mouvements eu ac- de spectacle comme les nôtres ; le prosce-
eomplissant les actes les plus simples nium a*élevait en faoe de la saMe. Qoa
de la via domasliqne, rappelaient aoi aéraient devenuea ks voix dsf ndenii

(1) Venecrau ap, Ritleri (. IX, ^ÔS, (t) SpnU, TratHtls in Ljem^ u 1, yafe <•

Diyitizeu by Google
%

parlant ainsi M nMea <t9' MnmeiHM pMition au centre des raontagnet «t


de l'espace. loin des routes suifies par les arniws a
Près du théâtre est une construction échappe aux révolutions qui boulever-
flMilit andome, afM des eoloDim ioni» aatont les popaMm ptaa lagaiaiblea.
ques dont (|uelques-une8 sont accoupléei Cependant la NUgimi ahiétiaoBa y lut
et cannelées-, plus loin sont de beaux pratiquée.
sarcophages avec leurs couvercsles en Les ruines d'une enlise s'élèvent au
Ogive; ils sont situés au pied de hMro» pied de la seconde acropole, a eutrée l

pôle inMem, qui ellMnftiie est cou- d'an prefood rario dont les flaaaa raeè-
verte d*uDe masse de constructions dans lent de nombreux et mmarqoaUei
le genre cyclopéen. On y trouve un |)etit tonil>eanx de style Ivcien.
théâtre ou odeum et un iz^and portique Les causes dé Tabaudon de cette ville
leiifersé, sans doute par un trenilM- aODt Mie* è éédonre da sa poaltiotf
ment de terre. Sur le chemin qui con- même; elle n'a jamais été une place forte
doit a l'acropole .supérieure on rencon- et comme telle son existence dans les
tre un croupe remarquable de sareo- temps modernes n'avait aucune impor-
fbages disposés aMovr éBorme tBiiee;soBterriloiperoehetttétaitimpro>
tombeau bâti en forme d*héroum, c'est- ductif, le commerce et l'industrie de ses
à-dire avec un soubassement suppor- habitants étaient nuls; elle etnir donc
taul un monument carré ; la chambra fatalement vouée a la décadence et a
iâMiefBleeoatieiit-dff iMii^pMttespour
'
ronbM. " '

dnoser lee corps.


T. es inscriptions sont rares à Pinara,
parce que les monuments sont cons-
CHAPITRE
*-oAr nci X
a..

tnriliafw eette brèche heisme (1) peu


propre à être gravée: aussi les aneiens WOLL, — OUeut. GADTAMOA.
nabitants avaient ils l'habitude de revêtir
de stuc les uiouuments qu ils voulaient ville de Sidyma, citée par Pline (I)
décorer Hnement. comme étant voisina de*Pataftti eit.ji-
On remarque cependant un tombeau Idée sur la rive droite du XABttNia,daiiB
^
taillé dans le roc dont In tacade est de cette partie dcr Anti-Cragus appelée au-
corée de mascarons, et dans l'intérieur jourd hui ledi bouroun, a quarante-
jourd
du portique ou voit un bas-relief re- deux kilomètres au sud de Mioara au
préseatS Mt mm
ville a?ee ses noiRi* village de Doordourfcar.
ments, ses murailles pirnies de cré- De Minara la route suit une succes-
neaux. Les sarcophages a couvercle en sion de vallées et de collmes boisées
ogive sont souvent décorés de scènes jusqu'à Deré keui, où l'on observe les
de eombat, oomoM on en voit un à Tel- vestes d\in monumeDl «Dtiipie consis-
missus. Ritter remarque avec raison tant en huit colonnes debout au milieu
que ces sujets représentent des jeux fu- des arbres. Ce village est distant de
uebres exécutes eu mémoire du detunt. trente-six kilomètres de Miuara. Six ki-
La plupart des tombeaux taillés dans tomètres plus au sud^ ae trouve le vil*
le rocsontiuaeessaibles; ils présentent la^s de Doufdourbtr, oA M. Scbœu-
faspeet de simples grottes dont le som- born recueillit une inscription tumu-
met est oeintre. 11 est certain que pour lainr gravée eo mémoire d'un habitant
les creuser on suspendait les ouvriers deSidyma ; il retrouva aui euvirons les
à un qntènie de ooidages, eomme le dit tmese dHnîs ville peu étendue avec plu-
Pline (2). sieurs tombeaux de niibre blanc et
Le caractère des monuments de Pi- quelques sculptures,
nara présente cette singularité qu'ils Le nom de Sidyma est inconnu dans
paraissent tous construits dans la pé* la nom lSBiatique , mais les géographes
riode qui précéda rétablissement des àudens plÎMwnt dan^s ces parafes la
Aoniains en Lycie. Cette ville» par sa ville de Crasnis, qui est aussi connue par
ses médailles, il n'est pas improbable
(i) Vojres chap. XI. p. 27.
(«) y«jr. paie ti^ col. B. ^} IVna, V» •.
a.

Digitized by Google
LfJKIVKlUl.

que cè ne soit qu'une seule et même nue. Hérodote fl) rapporte que Caunus
ville. Le colonel Leake remarque avec était voisine des montaimes des Calyn-
jnrte raison que plniieun villes de la diena. Pline (8) nonmia Galfnda eomme
Lycie portaient au moins deux noms : une ville de Carie voisine du golfe de
X'anthus et Arna, Patara et Sataros, Pi- ïelinissus or, Cladyanda est peu éloi-
;

nara et Artymncssus. Le nomade Sidyina gnée du territoire de Caunus ; il

tarait de Tépoque romaine. soit que laa géographes aont d lapasés


GaAfanda , ville l^cienne d^une origine à identifier la ville lycienne avec celle
ineonnue, est située sur b pente occi- de Calynda, c'est-à-dire qu'on trouverait
dentale du mont Cragus, au village de id un double nom comme dans presque
Ouzoumiou (des faisins) , à «ne jnurnéa toutes les viUm de la Lyde. A quelque
de marche au nord-nofd-est de MacrL distanea du villana d*Onioumlau, on re-
IM. Fellows, à (jui l'on doit la décou- marque une stèle quadrilatère dans le
verte de cette ville, a observé un certain genre de celle qui existe à Xanthus ; elle
nombre de tombeaux remarquables les a trois mètres vingt-cinq ceotimèties
«naenaanaphages ornés de sculptures, de haut et un mètie vingt centiaaèti aa
les autres taillés dans le roc et portant sur chacune de ses faces ; elle repose sur
des inscriptions lyciennes. Les ruines de un socle d'un mètre de hauteur. On
la ville occupent le sommet d*uu pla- rencontre plusieurs monuments du
teau qni commande la plaine et d'où même genre dans d*autres villes de lu
Ton jouit d'un admirable panornma. Lycie; celui-ci paraît avoir été couvert
Une grande nie bordée de temples et de caractères qui sont tout à fait effacés.
d'édilices publics traverse la cite de Le village d'Ouzourolou est assez consi-
part en part; le théâtre, eneore en bon dérable; il y a quatre mosquées; on y
état de conservation, est situé sur la trouve quelques provisions. Le retour
pente de la colline. Il a Hix-hnit rangs d'OuzoumIouà Maeri s'effectue en une
de gradins; mais le proscenium, la seule journée, en suivant la rive d'un ruisseau
parae nitércasante dans «a sortea d*é- qui descend dans la plaine. Avant d'ar»
diflosa, n*«t plus qa*un amas de dé- river à Maeri, on passe près d*un cime-
combres ; cependant Isa poctea latéraka tière où se trouvent quelques inserip*
Bont encore aebout. tioos portant le nom oe Cadyaoda.
Le stade parait Itre d*un style primi- Le village d'Orban situé à une jour-
tif; il est sans siégea à Tentour. L^agora née au nord-est d'Ouzoumlou owupn
est rempli de ruines de tout genre, pié- remplacement de l'ancienne Araxa ; ce
destaux et portiques gisent les uns sur lieu a été déterminé par M. Spratt d'a-
les autres renversés par une secousse so- près une inscription qui contient le uoui
lilte. Le gymnase est aans doute ce grand d*Aiiia(S).
édifiée voûté dont pnrle M. Hoskyn, et
que les habitants desmneni sous iè nom CHAPITRE XL
oeTédi liapou, les sept portes. La ville
est entourée d'une ligne de nraraillaa »ATA1B. — VWBNICOa POITI», —
de construetion polygonale; on observe KAIJkMAKI.
cependant quelques réparations faites
par les Romains eu assises réglées. Tn quittant le golfe de Macri, le 7
La nénvpole renferme des tombeaux août 1836, nous fms
route vers le sud,
de trois styles différents, les sarcopha- dotiblant le cap montagneux qui forme
ges tycien.s qui sont ornes de sculf)tures le contrefort occidental de l' A nti-Cragus.

remarquables, les tombeaux grecs eu Le lendemain, la Mésange se trouvait


forma de bdnuw supportant un piédes- en travers du cap Yèdi tevroun, len aept
tal, et ha tombeaux romains. De nom- caps qui forment en effet sept pointes
,

biwiscs inscriptions eu langue grecque rocheuses très-avancées dans la mer.


aobsistent encore ^quelques-unes portent Mais bientôt la côte devient plate et
le nom de la villa «a
cadyandieos plo-
sieurs fois répété. 17».
lin doute s'est cependant élevé sur (î) Pline. V, aç.
Tidentitc de cette ville presque incon- (3) Trûvelê in Ljcio, 1. 1, p. 40.

Diyiiizea by
ASIE MliNKl Ki:. «77

nMADease : vaHée du Xanthus


c'est la dans un grand nombre de monuments.
dont la largeur n'est pas moindre de Ces roches compactes et homogènes les
trente kilomètres; on wûit eiainiMnt invitaient à travaitter la masse même
qu*en des temps plus anciens il a dà de la montagne; aussi l'art de sculpter
exister làun goIf(* dont la montagne de des monuments monolithes esr-il de-
Patara formait la corne orientale ; la venu le caractère distinctif des Lyciens,
ille de Xanilius était alors plus rappro- qui surpassaient infiniment sous ce rap-
chée d« kl mer. port les habitants de la Cappadoce.
Il est impossible aux navires de Pendant notre ascension à In mu-
mouiller sur cette côte, toujours exposée raille, nous trouvions au milieu des buis-
aux vents d*ouest et constamment bat- sons de larges morceaux de poterie très-
tue iMir la houle : dans rantiquité, les épaisse* ouvrage évidemment antique
navires trouvaient un refuge dans le dont nous ne pouvions comprendre ni
^ port de Patara, aujourd'bui inabordable. l'origine ni l'usage.
Mais le cap de Patara forme à Test un Mous arrivâmes enfin au pied de la
Stît golfe proftmd et bien abrité, qui a muraille; elle est fondée sur le col qui
ï souvent fréquenté par les flottes ro- divise les deux ^ ersants de la montagne ;
maines et par les piratrs Ciliciens. On sa longueur est de deux cent trente et
l'appelle aujourd'hui la baie de Kala* un mètres, son épaisseur de trois mè-
maki. tres. La hauteur est de neuf mètres
L'entrée eat sigualée par deux petites soixante centimètres dans sa plus grande
îles rocheuses, portées sur les cartes dimension ; elle est bâtie en blocs irré-
sous le nom de Volo et Ok»'ndra ; elles ^uliers de grande dimension, et percée
correspoiideut aux lies Xenagorie mar- de deux porter dont les pierres se réu-
quées sur le Stadêamnu mari mafftH. nissent en encorbellleroent et sont cou-
La baie de Kalamaki est le Pbœnicus ronnées par une plate-bande : c'est le
portus mentionné par Tite- Live (i )i f^i' corhet d'une haute antifjuité. Le couron-
la flotte romaine alla mouiller avant nen)eut du mur est complet ; il est formé
d*aftaqaer Patara. Les Phéuidens par une assise de pierres équarries et
avalent |»ettt-étre eholsî cette calanque réunies par des joints très-serrés.
pour abriter leurs navires quand ils ve- Rn examinant ime partit' détruite
naient trafiquer avec les Lyciens ; nous nous reconndmes aue celle assise était
'

y observ/imes en effet des traces de mo- percée par un canal circulaire dans le-
numents d'une haute antiquité. quel étaient encastrés des tuyaux de
La baie de Kalamaki est entourée de terre cuite soigneusement réunis les
tous côtés de hautes morïfa«ïnes couver- nns aux autres, en un mot que ce mo-
tes de buissons ; la mer a vin^t brassas nument u>st autre chose qu'un aque-
de fond, et l*uo mouille presque à tou* duc fondé sans doute par les premiers
cher terre derrière la roche qui inarque colons de Patara ; on peut le regarder
l'entrée, de sorte qu'on se croirait dans comme le plus n
,inei( nquedue qui
un lac; ce lieu est d'un très-difticile existe. Ce monumentoffre cette parti-
accès par terre, attendu que du oétédu cularité remarauable, c'est qu*i cette
nord les montagnes sont presque im- épo(|ue reculée Ici luis de Phydraulique ,

praticables h cause des broussailles. était- nt déjà connties ; on savait que l'eau
A peine arrivés au mouillage nous introduite dans des tuyaux fermés re-
aongions aux moyens de nous rendre à prend son premier niveau. Ce conduit
Patara, eu ebercbant un chemin sur la est un véritable aiphon , qui prend les
montagne. Nous reconmlmes alors que eaux sur la montngn*^, descend en for-
tout le soin m et était couronné par une maut un angle de c» nt soixante degrés
longue muraille eu appareil pélasgique, avec l'horizon, et remonte sur la mon-
et niNis nous mtmes en route pour la tagne en (iice en fiisant un angle de
visiter. La montagne est composée d'un cent cinquante degrés : le travail du
calcaire blanc laiteux, compacte et so- siphon, consistant en un canal de pierre
nore, qui a été employé par les anciens dans lequel on avait introduit des
tuvaux de terre culte, est très-remarqua-
f I) Hie-Iive, XXXTU, i«. bl*e. Au-delà de eette vallée raqucduc est

Digitized by Google
iormé par un caual à fleur de t^i re que pales villes se soumirent à lui sans
nous suivîmes pendant plusieurs kuo» résistance. La dure
punition infligée
mètres et que nous perdîmes dang les à la ville d'Halicarnasse fut une leçon
hiiissons, presque certain qu'il por-
il est pour les peuples de la contrée et la ,

a Patara doot les rumes ne


tail ses eaujk marche victorieuse du roi macedouien
sont distantes que de trois ou quatre se trouva frfua d'obatades que dana les
milles. La prise d*eaa nous est aussi jnontames de la Pisidie. Après la
restée inconnue; ne serait-ce pas cette mort d'Alexandre, la côte d'Asie de-
source appelée Fons Teiephi, qui était vmt le théâtre de la guerre entre ses
à sept stades de Patara, selon f^tienne . principaux successeurs (1).
de Byiance. Kn revenant à bord nous Patare finit par rester au pouvoir de
apprîmes qn'.i mouillage on
l'est du Ptolémée^qui la répara, lui donna le
avait trouve un ruisseau de bonne eau; nom d'Arsiuoc sa femme; mais le pre-
il est possible que ce ruisseau ait ^ervi mier nom subsista toujours. Dans la
k aHmenter ra^aedoc dernière lutte que soutiat la puisaanee
grecque en Asie, et qui se termina par la
CHÂPiTAË XII. chute d'Antiochus, Patare était le prin-
cipal arsenal du roi grec, quoique dans
B4TABB. le voisinage il y eût une grande baie
propre à contenir un certain nombre de
La fondation de Patare remonte aux vaisseaux ; mais elle se trouve entourée
premiers temps de la civilisation heliéni- de montagnes et sans commumcalion
Sue; le culte d* Apollon y fut transporté avec rintérieur; c'est la baie de ILab-
e Crète avec les premiers colons, et l'o- maki.
racle qui s'établit acquit une célébrité La ville est située dans une lar<?e
qoi ne le cédait qu'a l'oracb' de Del- vallée séparée de la côte par une col-
pbes(l). Le dieu reçut le nom d'Âpollon Le port, qui s'a vauçait jus-
line élevée.
pataréen et les peuples de TAsie le cod- qu'à deux milles dana rintérieur» cet
fvltaient sous le nom d'Apolbm lycien; au nord-est de cette colline, le mt
son culte futlransporteju^'qu'enTroade. flanc de laquelle est placé le théâtre.
Selon le mythe lycien, Apollon serait La vallée du port se prolonge jusqu'au
jié sur ee iivage; Latone, eonduite par delà des mfmlagnea qui entoiMit la
des loups, vint se réfugier en Lyeie pour ville , et devant marécageuse au point
y enfanter ses deux jumeaux ; ils furent que le passage est impraticable. Il se-
^baignés dans le fleuve Xanthus et abri- rait possible qu'une brancbedu Xanthus
tés dans la chaumière de la Tieille fût venue déboucher dans le port de
Suessci. Patare , et ail eonthbué a l'ensauer.
I^tone était bonorée à Xanthus et Tes vents d'ouest, qui régnent pres-
son fils Apollon à Patare, voisine de ue constamment, ont forme, a l'entrée
Pembouchure du fleuve. Cette ville u port, une barre fort large qui s'eleiid
passe pour avoir été fondée par Pata* tons les jours, en même temps que ka
fils d'Apollon
rus, et de la nymphe ruisseaux de la montagne qui ne trou-,

Lycia (2), tradition commode qui n'ex- vent plus d'issue, alimentent les eaux
plique rien. Les ruiner de Patare ne des marais et submergent* les ruines qui
BréMQleiitpas la physionomie arehaîqiie natent.
•des autres villes de I.ycie, c*était un
port trop fréquenté du temps des Ro- CHAPITRE XIUL
mains pour qu'on ait laissé subsister
les monuments des premien colons; ils
ont été remplacés par des édifices plus
en rapport avec les besoins du temps. Le théâtre est composé de deux pré-
Lorsaue Alexandre traversa la Lycie cinctious, chacune de quuize rangs de
• pour aller attaquer Darius, les princi- gradins (2). Le proscéoium est presque

(i) P. Mêla, liv. I, iS. (i) Diodore, liv, XIX, ch. 74.

(a}Pliii«>, y, 99; SU^boD, XIV. 666. {%) Tojf. pL a4» thcAira à P«Ure.

Digitized by Googl
ASIB HOimmB.' m
entier; la fa^de extérieure, dont les déplacées pnr quel<|uc MnlileiiiMit do
terre, un escalier en ruine conduit jus-
deux étages sent «omplets, est d^on
gtét simple et rhnrmant : un entnble- qu'au fond. Une statue était peut-être
inent très-omé trouronne le rez-de- placée sur ce pilastre. Les conjectures
plus proMble8S*aoccfdentpourre«
chaussée, qui est d'ordre dorique. Le les

premier élàge «st pereé de feaétres eeln- garder ce puits comme le siège de l'o-
trées, et terminé paf im entablement racle d'Apollon. Ce monument a été
plus simple. ï.es pierres de cet édifiée, d'abord signalé par le capitaine Beau-
<>xtH)sees a la friction continuelle des fort et vi!»ité ensuite par M;- Spratt ; TuB

sables marins, sent Mànclies eomme flt raiitra obicrfatours aont du mémo
le jour où elles furent poeées.
T,a salle des mimes est encore entière;
mais les divisions, qui étaient de bois» CHAPITRE XfV.
ue sont plus ÎBdiqvées que parlée é«i-
déments dea loUfti. On entrait sur la FSm TBMPLI.
scène par cinq portes, comme dans tous
I

les iheiUres anciens. Au-dessous de Dans Taxe do théâtre, et à troîi cents


mètres environ à gauche de on
l'édifice,
chaque porte de la seèaeilen exIitevM
correspondante pour le servlee des ma- aperçoit au milieu d'un épais massif de
chines; au dehors, ces portes sont au roseaux et de broussailles le sununet
niveau du soubassement de Tédifice. d'un édifice de marbre blanc dont l'arf-
Sur la partie orientale, on lit une oès est des plus difficiles ; mais nous
longue ÎDseription grecque, qui nous ap- nous trouvâmes bien dédommages de la
peine que nous prîmes pour y arriver.
prend (iiK' cet édifice a été hAti |nr
Quintus Velius Tiiianus dans la qua- ^ous reconnûmes que ce monummil
était, un temple 1» amti$, c'est-à-dire
trième année du consulat de empereur l

Antonin. 8a IHIe Vélia Proela a fait n'ayant de colonnes que sur la façade
entre les antes; la porte, entièrement
prient d'une vêla, y a fait placer des
statues et d'autres ornements. conservée, est un des plus beaux exea^
Les murs de soutènement des «a- pies d'ardateetura greco-romainc, elto
rivalisa aivoe aalledu temple d'Ancyre,
dins womt conservée. Le bandemi obH*
que qui les soutient est encore en place, à laquelle elle ressemble. Deux belles
la scène était entièrement détachée de
consoles soutiennent la corniche , et les
cbambranlee sont ornés d*ovea et de pal»
Ge* ihéAtre «t bâti avec un gm^ mettes.
hne de matériaux. Les gradins sont sou- La cella de rédilice est intacte, les
tenus par une triple muraille fort efiaisse, chapiteaux des antes sont ornés de
el qui n'est apparente que parce que le feuilles d'aeantbe, mais ne sont paa

parement est démoli dans nn endroit. d*ordre coftetbien ; c'est un composite


Le mnr extérieur est en grandes as- campaniforme dont on retrouve plu-
sises réclf^e»? à bossaee
, le second est
: sieurs exemples en Carie. L entable-
en gros quartiers de libage, aussi en ment de rédaice était cane onemen«i«
assises r^^lées; entn le mur intérieur la frise élmt bamliée c'est un caractère
,

qnt soutient le mattif des gradins est en (jue l'on remarque dans prescjne tous
monuments romains de la Lycie et
pierres sèches et à joints irrécu fiers. Le les

diamètre est de soixante-dix mètres. même des autres villes d*Aaia. On eit
Les hronasallles ont erd tnr les gn- certain d*iprèa des inscriptions de date
dins et lutour du proscénium, de sorte certaine que ce genre de décoration fut
que la eirciiintion fst très-difficile; mais en usage pendant toute la période des
e^est le seul obstacle qu'on rencontre Antouins.
dans les villes de Lycie, aujourdlmi Iica antes portent sur des piédestaux
airsolument désertes. dont la bn«e n'est qu'un talus sans
Dans in colline qtn domine le théâtre, moulures ceci n'est pas eu harmonie
;

on remarque un puits circulaire d'une avec la richesse de la porto. iM


pilaa»

solide construction M
centre duquel cet très do posticuin ont des chapiteaux
d*iiM6ipcoe dedorifim^iie Tçssrm-
im pilastra carré dent les assises ont été

Digitlzed by Google
«0 UVff
bleot pas à c«iu des autes. Tout le faire supiioser ; mais il remplit toutes
laropleesK coai|»oi6 de Moei de pier* lis eonditions d'un temple.
res de taille ; il est assis sur un soiiliae- En continuant' de marcher au noid,
•ement baigné par les eaux du maraig. on arrive à l'extrémité du port. Nous
La porte moauineotale de Patare remarquons une grande prairie, où sont
oonnitedaiit mieiorte d'are triomphaK plusieurs campements de Yourouks
avec trois portai eeintiéee. Au-dessus abandonnés. Les nomades ne, viennent
soot trois fenêtres carrées chaque pied-
; dans ce pays que dans le printemps;
droit est orné de deux grosses consoles ils le (juiltent du moment qu'ils ont
en saillie, qui paraissent destinées à sup- faitia récoite, les sources commençant
porter des bustes. L'entablement est à se tarir dès les premières ebaleurs de
dorique avec triglyphes ; rarchilecture l'été ; en effet, ce n'est pas la saison
est lisse et la corniche sans mutules. pour visiter ces contrées, vésetation
Ce mélange de tous les ordres indique a pris son plus çrand développement
asseï un nMonmant d*iiiie déeadeoee les buissons deviennent impénétrables»
avancée; cependant rinscription men- les lianes sont de véritables lacets dans
tionne encore la confédération lycienne lesquels il est inutile de s'engagpr;
et fait connaître que cette porte a été eniin tous lesanimaux immondes et dan-
eoBStruite par le peuple en llxioiieiir de gsreux pullulent avec la chaleur brûlante
la ville de Pitare, métropole de la d'un terrain bumide. Les maladies me-
Lycie Cl)* nacent incessamment les voyageurs;
l'infection des marais, les eaux croupies
CHAPITRE XV. au milieu desquelles il laut vivre, iont
toujours quelques victimee.
iCBOPOI»!. Nous nous engai2e.1ines cependant
sous un massif d'arbustes où la lumière
La nécropole hors de la
était située pénétrait àueine ; mais après plus d'une
fille dont les BonbreiiiséiNilefef sont neure d'efforts, pendant laquelle nous
eneoiteen plaee : on en remarque quel- avions peu avancé, nous revînmes sur
ques-uns du même style que ceux de nos pas bien heureux de rencontrer
,

leimissus; le plus grand nombre des quelaues grappes de raisin sauvage qui
mtrssest de laforme grecque ordinaire. eslméreni pour un moment notre soif.
Cette nécropole est fort étemkie; elle Nous avions aperçu, en montant sur
suit la rive orientale du port. Nous un rocher, un défile marécageux entre
voyons plusieurs soubassement de deux montagnes à pic. qui commu-
mausolées ornés de pilastres et d'enta- niquait avec la vaste plaine de Xan-
blements. Un peu plus loin , au milieu tbus. Quelques boeufs paissant aii mi-
du feuillage, s'élève un petit temple lieu des joncs étaient rindice du voisi-
presijue entier; il se compose d'un sou- nage des maisons; mais nous fîmes de
Lassemeul avec deux acrotcres et bix vains etïofts pour iranchir le délilé.
marehes, d'une grande porte carrée Mous allâmes tomber de fatigue sous
entre deux antes doriques , et d*une quelques caroubiers, dont les fruits,
cella au milieu de laquelle est encore pendant en longues grappes, représen-
le piédestal de la statue. La ceûa est tent les palmettes des ornements grecs.
votftée ; l'entablement est à denticules De l'autre eôté du port, qui forme
et frise bombée. On trouve par terre un marais pestilentiel, nous aperçâmes
les deux angles extrênies du fronîon, les ruines de grands édifices dont l'un
et plusieurs morceaux de colonnes. atout l'aspect d'un palais i mais il nous
L'enceinte de ce petit temple est à joints filtimpoMîble d'y parvenir. 11 est dif*
irréguliers. fidle de dire quelle saison serait la plus
Sous le soubassement il existe un favorable pour visiter les ruines de Pa-
caveau. Peut ^ire cet édifice n'esl-il tare; dans l'hiver, lesjours courts et les
autre chose qu'un tombeau. Sa position hautes eaux, les pluies tropicales doivent
M milieu de la néeropole pourrait le eompenser en ineonvénients les lianes,
les miasmes moustiques de
et les l'été.
(i) Voy, ^ste jUtneiue, t, lU, P«l|irv. D'après le caractère tout romain des

Digltlzed by Coogl(
A9R inmiju.
monuments, nous ne peùfonB pas que petite sriqnnd'ABtifMlo ou port Valby.
de nouvellee recherches ftiites dans Toutes ces montagnes sont de nature
cette ville puissent donner des fésoU calcaire; c'est ce genre de roche qui
compose les plus belles falaises. C'est
tais bien satistaisant».
idoue eommeneeeettedéeoupure extra-
ordinaire de la eôte de Lycie , dont la
CHAPITRR XVI.
formation paraît être le résultat d'un
POBX SBVBOO. — CAaiSLLOAIZO. chaos inextricable, tantil a engendre de
ports, dllsietde caps qui n'ontentreeux*
Totttela région du Cragusqui s'étend aocune connexion. Un voyage de circum-
entre Patare et Antiphelms est la plus navigation dans ces parages, depuis
abrupte et la plus impraticable de toute Antiphilo jusqu'au golfe d'Adaiia sera
la contrée. La montagne vient plonger toujours d un exrone intérêt, même
pas d'étu-
à pie dans la mer; c^eit un ataotage Sour ceux qui ne s'occupent
pour les navires, qui peuvent ranger la es spéciales de monuments.
côte de très- près, mais les voyages L'entrée de la baie d'Aulipbellus, a|>*
par terre sont des plus pénibles, le pays pelée généralement port Sévédo, est si-
'offrant aaeune ressource. Kn 18S4 gnalée pnr nie de Casteliorizo, que les
et 18S6 nous avons fait l'un et l'autre anciens appelaient Mégisle, parce qu'en
trajet la voie de mer est infiniment
: effet elle est la plus grande de ce groupe
préférable. Il est toujours facile de trou- d'îles qui forment la ceinture de la
ftr floit à Ufitsi soit à Castelloriio
des bombardes grecques qui, moyen- Castellori;m, capitale et unique ville
nant un prix raisonnable, parcourent la de l'île, est habitée par de nombreuses

côte Ue^uiâMacri jusqu'à Tarsous, pro- familles de Grecs qui se livrent à 1^


fitent du fent de terre pour marcher péeheetsueommerce de cabotage. Ils
4e nuit, et le jour mouillent dans les font les transports entre Rhodes et le
*
ports anciens. Un pareil voyage offre continent. Ces rapports entre les deux
toutes les variétés de plaisir et d'étude; Iles datent de loin; car dans l'antiquité
fon n*cet pas exposé à la maigre Mégiste^queron appelait aussi Cystène.
«hèra des nomades et au danger de appartenait aux Rhodieus. On dit qu'il
rouler dans les précipices. Ces moyens V a quelques antiquités dans l'île, restes
de transport deviennent d'autant plus de la viUede Mégiste,qui déjà du temps
nombreux et plut fadies qne la edie de Pline n'existait plus, mais les récils
d« Caramanie tend à ehanger de physio- qu'en ont faits ceux ont visitées
(|ui les

nomie la population v revient, au grand


: se bornent à la description de quelques
avantage du pays et au grand détriment murailles sans forme. Au temps où ces
'
des monuments antiques ; ce tout ton* mers n'étaient pas encore abaudonnées
jours eea vénérables restes du passé que des navigateurs,sous les républiques de
les nouveaux débarqués attaquent pour Gènes et de Venise, les chevaliers de
se bâtir des demeures : ce n'est pas Rhodes avaient fait de ces Iles des
seulement sur la côte d'Asie que nous points de relAebe et de ravitnillement.
avone vu eo trialo apeetade. Us avaient bftti une forteresse k Castd*
par terre de Lévissi à Xan-
T.e trajet lorizo.
thus se tait en trois jours de marche; Le 21 avril 1836 nous sommes ve-
de Xanthus a Fournas, petit chef-lieu nus, avec le brick de PÊtat le DupetU-
de district, la roule est marécageuse et ThouarSf mouiller au port Sévédo, qui
complétefiienl déserte; en été on va fait face a l'île, et à lentrée duquel se

coucher B;iziriati keui ( le village des


.1 trouvent les ruines de l'ancienne Auti-
marchands situe sur le revers de la phelius; ce lieu porte encore le nom d* An-
baie de Ralamaki: on y trouve ()uel- tiphilo. Ce n'est pas même un village,
qiH's provisions. De fiazirian keui à c'est tout simplement un poste dédouane
jplauchesctdu
Sedek, route tres-ditlicih', plus de cin-
;i
Kmr rembarquemeuldes
et cinq ou
quante mètres au-de:>sus tiu uiveau de y a un café
>is. Il six fi.*
li mer ; lina, roiaérable gîte de quelques milles grecques ou turques qui sont ve-
maisons. On deseend ensuite dans I9 mies de Casiellorizo. Le béuilestabon-

Digitized by Gopgle
ê8s iiitn
^Dt; on trouve do lait, dMMfi,
des poit, nrifwftlai ainnaailii én linii,
poules et dé la farine, (l'estun endroit remontent ensuite vers le point cul mi-
de ressource , en comparsison des vo- nant où est située l'acropole du côte du
lages de riotérieur. nord-ouest , et reviennent vers Test re«
Ce
petit hamcaa, qai ntàtÊtit en joindre la rivage. La fiUa forme ainsi
est devenu plus considérable; ii occupe un triangle trta*aUongé dont lé pointa
rentrée de la ville d'AntiptieUw à ia est à l'f'^t.

naissance de l'ancien mdle. Les murailles sont fondées anr le roc;


LeoMitinont déorit fB wt endroit elles sont bflties en assises Talées for-
de la e6te une «oarte demi-oir» mées de blocs de grande dimension;
cuinire roupée en deux par un cap du côte de la mer elles ont six à sept
Ires-etroit «jui forme deux ports ce- ; mètres de hauteur. Toutes les portes
lui de Test, le plus graiid des deux, sont détruites ; la pente du terrain, dans
s'appelle port Sévédo, il est ))ieD abrité, rintévieurdf la ville, est raebelée par
c'est lin excellent mouillage; Cflui de la construction de plusieurs terrassée
l'ouest n'est qu'un canal long et étroit sur lesquelles s'élevaient les principaux
entre le cap et le continentf on rappelle édifices, qui, vus de ia mer, devaient
port Vithy, profond. Il ^ a bon fond, produire an effot grandioat avee laa
maÏR il est tellement étroit qu'un navire sommets soureilleux du Tnnma dnna la
ne peut y virer de bord ; il reste déaert fond du tableau.
et inutile. L'acropole est presque eulN*rement
UaDcienne Aotiphellus occupait tout détruite ;on voit eneoro dans renœtnte
le terraiaqnié'éteiid entre iesdeux bties, nne ffrandoaaUa qui était taillée dans le
et lesmonuments qui subsistentencora roc. f.a montagne descend à pin dant
méritent un examen détaille. les eaux du port Vathy.
Le théâtre est a^.^is sur la pente de
CHAWTRE XVII. l'acropole iaiaaiit fiice à la mer; U eal
de petite dimension et tout le proscé-
IITIPBBIX1». nium, qui était peut ètiT b.Ui en bois,
n'a laissé aucune trace. La cavea est
L'andenne Milolro d'AntipbelInt est entièreoBent cenaenrée, il y a vingt-sii
des plus brèves Strabon et Pline se
: rangs de gradins, en une seule préci?ic-
contentent de nommer cette ville (1); le tion. Les murailles de soutènement sont
dernier nous apprend qu'elle s'appelait lisses et d'un beau travail, la partie
d*abord Habeasot/ elle m
nomma An* elreiilaire de Fédiflce aat à bossages trèa-
tiphellus parce qu'elle est affat an
en saillants.
avant de de
la ville Phellus, située dans I l'agora s'étend sur une terrasse au
la montagne. T^^ inscriptions sont pied de la colline de l'acropolo ; les
nombreuse mais elles sont toutes sé-
, murs d'enceinte sont en appareil po-
pulcrales ; on n'a pas trouvé one seule lyftonal ; laa oolonnca des portiquea ioat
inscription honorifique en mémoire ça et là conehées par terre Au centra
d'un empereur ou de quelque majfis- .s'élève un piédestal rect.iriEulaire sup-
trat. Autipbellus parait avoir été seu- porté sur trois inarclies eu pierre do
lement une place de commerce et d'en- aapérienre est peroéo de
taille, la -fiKe
trepôt, surtout pour les grains. Les quatre trous (|ui retenaient une sta-
habitants suivant l'usage du peuple tue de bronze. On observe im nord de
Lycien, mettaient un grand luxe dans l'agora plusieurs salles taillées dans
leurs sépultures, on comptait dana In la roc qui dépendaiant doa
, masame
vallée de Vathy ploade eant tonfca mi aonterrama; en «tant de ces chambrao
la plupart remarquables. sont six silos creusés dans le sol, ce
La ville, dont l'origine remonte à la sont des greniers de forme ovoïde, de
Lycie indépendante , est bâtie eu am- sept mètres dé haut sur cinq de large :
phithéâtre sur une longue colline re- c'est me preuve qne oatta fiUa Maait
gardant la mer. Los nraraMIaa ptitent dn nn firand commerce de urains.
Sur laterrasse inférieure on voit un
(i) Smh., XiV, 666; Pline, Y, 39. grand édifice circulaire dont le mur

Diymzea by GoOgl(
ASIE iffnvenRE. m
extérieur est soutenu par des contre- tué près du port Vathy, porte une inscrip-
forts. Ce inonumeut rappelle T^ise de tion en langue grecque et en ycien ; mais 1

S^inl-Êtienne'Ie-RoDd a Rome; il avait usqu'id cette âreonslanee a 'élé d*nn M-


l'
dans Tintérieur un rang de colonnes. de secours pour interpréter cette de^
>ous le repardons comme une de ees nière langue. J'avais, dès 836, levé par
1

anciennes églises circulaires qui furent empreinte cette inscription qui était très-
ooDStmites soua té règne de Gonstantin, bien eonsenrée; Je Tavais, de plus, colla-
et dont Eusèbe a laissé la deseriptioD ; tioiinre sor placo, «le a été envoyée à
le plus beau modèle de ce genre eiisle plusieurs savants qui s*occupent de ces
encore à Thessalonique. recherches , mais cette langue lycienne
Enfin, en revenant près du port, on est restée impénétrable (t). Un autre
arrive à un édifice dont la destinatioii tombeau d*un style un peu différent est
n'est pas très-précise; il est bail tout en sculpté dans la partie nord de la ville;
marbre binnc ; il forme une vaste salle l'entrée de la chambre sépulcrale re-
presque carrée de dix mètres sur onze; présente une décoration en bois avec
la muraille extérieure est en assises ré> ses poteaux, ses solives et la pièee ho-
fiées, qui ont 0,00*^ de hauteur et dans rizontale nommée sablière par les
intérieur de rédifico cette rnrme mu- charpentiers. Ce soubassement est sur-
raille est en appareil polygonal. Le rem- monté d'une décoration en ogive dans
plissage entre les deux faces est un béton rfntécieur de laquelle sont simulés dea
de sable et de cailloux. panneaux (3). La plate-bande supérienre
La urnnd»' salle est sans fenêtres elle ; porte une inscription de cinq lignes en
est précédée d'un vestibule qui n'a pas caractères lyciens, et sur le filet au-des-
de porte centrale, -mais deux petites sous (3), l'inFcription latine : « Claudia
portes latérales. La façade se compo- Regelia Herennia à sa sœuratnée, mo-
sait de deux antes et de deux colonnes niimpnt dp pictc et de souvenir. Les >•

cannelées. On voit que ce plan ne se caractères sont de la fin de la république,


rapporte nullement à celui d'un temple : c'est-à-dire du temps que Cicéron était
ce pouvait être la salle d'assemblée des gouverneur de Ciliae. un lairand nombre
marcbanda ou des magistrats. de familles romaines étaient déjà ins-
tallées dans le pays, et en même temps
LA. NRCBOPOLB. les lois qui protégeaient les sépultures
étaient exéentéas dans toute leur éten-
Les tombeaux d^Autlphelloa sont sans due. Peut-on imaginer que cette dame
contredit les monnnients qui méritent romaine se fût emparée d'un ancien
la plus sérieuse attention,car ils soulè- monument? ce n'était pas un acte d'une
vent un problème qui n'est pas encore ai hante piété que de depoaer le eorpa de
résolu y sur Tépoque où la langue ly« sa sœur dans un tombeau usurpé, dana
cienne fut en usage , et sur celle où on nn tombeau d'occasion. D'après ce
a cesse de la jiarler. Ces tombeaux se simple cnoncc, il n'est pas possible de
composent de deux classes : les sar- décider que les deux inscriptions ly-
cophages et les monuments taillés dana cienne et latine sont contemporaines,
Je roc. Les uns et les autres imitent des mais c'est une question qin mérite
constructions de bois ; où donc les Ly- examen (4).
ciens ont-ils imagine ce genre d'orne- Au-dessus de la maison de l'agha
nsent pour rappliquer è quoi F à des d'Antiphilo, on voit s*élever un saroo^
rochers. Il est piobable qu'ils voulaient phage eoloasal avec un oouverele ogival
rappeler le ïîouvenir de leurs demeures
terrestres : on voit encore dans les vil- (i) Spratt. and Foiiiea, Travelt im Ufehg
laf^es modernes des maisons bfltres en t. II, aSa, 335.
bois non équarris qui ressemblent à ces (a) Voy. PliMin s6» Témbéiiii deGh»*
tombeaux (1). Un de ces monuments, al- dia Regelia.
(S) Claudia Regriia Herennia sorori simb
(O^Byez planche' lo, maisons de la vallée primigeniUe pietatis et inemoriie causa«
du Xanthuij Flam (4) Yoj. Duc. de FAsie Mineure, in-M.,
tailléi diins le roc. t. m,oà CM ioMi^tioiit aont publiée.

Digitized by Gopgle
iléeoré do chame «dté de dem avaot* posé à y recoonaiire le site d*Aerut^
corps (le lions. Le soubassement est sur- rium, marqué sur lestadiasmus à cin-
monté d'une corniche ornée d'oves;il quante stades d*Antiphellus Nous avons
porte une très-longue iuscription en reconnu, après avoir effectué notre as-
caractères lyeieos. que j*ai aussi relevée oension à Phetlus, en marchant droit an
par empreinte il a*y UMiique que quel-
, nord par des cliemins impratiquables,
ques lettres (i). que la roule ancienne qui reliait les
La du port Vathy contient des
vallée deux villes venait aboutir en ce lieu, qui
centaioes de sareoçUages du même ne serait alors nu'un entrepôt mari-
ontété imites par les Romains;
style, qui time dépendant ae la ville de Phellus.
nous donnons pour exemple le tom- Nous n'y avons observé aucun vestige
beau de Ptolémée (2), monument de de l'époque romaine.
marbre blanc, qui ne serait pas dé- Les premières Questions que nous
placé dans un musée. En6n nous devons adressâmes aux indigènes sur la ntua-
aussi signaler un tombeau de style i^rec tioii des ruines de Phellus reçurent
forme d'im seul bloc de rorluT e(]uarri immédiatement une réponse satisfai-
et séparé du reste de la colline par une sante plusieursd'entreeuz connaissaient
:

petite aréa. Ce monument plus remar- ces ruines sous le nom de Pbilo, et nous
quable à lui seul que tous les monu- proposèrent de nous y conduire ; je
ments royaux d'Amasie, est du plus pense que les voyageurs qui ont visité
pur dorique; la frise est. ornée de tri- ces parages depuis 1836 n'ont pas dd
glyphes, la porte h crosseties est en- éprouver plus de difBeulté que nous,
tourée d'un chambranle architravé, la ce qui ne les a pas empécnés de
cîiambre sépulcrale contient trois ban- donner l'innocent plaisir « d'une dé-
quettes sculptées en lits funèbres , et couverte » (Ij.
à la hauteur du plafond est une frise Le 26 avril 1836, l'asba d'Anlipliilo
composée de danseuses qui se donnent nous Gt préparer des chevaux et nous
la main tel est Tensemble des ruines
: donna des guides pour pénétrer dans
de Tobscure cité d'Antiphetlus; nous l'intérieur du pays, où jusqu'alors aucun
passons encore sous silence bien des européen ne s*était aventuré. L'aoeaeil
monuments qui mériteraient d*étre dé- que nous avions ret^u sur toutes les
crits. parties de la cAle ou nous avions dé-
banjué, la compagnie des gens de l'aglia,
CHAPITRE XVIII. et la teneur de nos Fermaus, tout nous
promettait une exeursioo sansdilHeulté,
PBBLLUS. et n effet, nous trouvâmes partout une
réception amicale. Le mutzollim de
Dans la partie la plus reculée du port Cassaba, sachant que nous avions à
Sévédo, et sur la cdte nord, on aperçoit bord un (docteur, envoya plusieurs dei
au milieu des buissons plusieurs pans gens de sa maison pour le prier de lui
de murailles en appareil pélasgiquef qui faire une visite; il s'établit, en un mot,
paraissent avoir appartenu à un fort entre les habitants et l'équipage du
ou à un arsenal. On peut suivre pen- brick, desrelatioostoutamieales. L*aglia
dant deux ou trois cents mètres la ngne vendait au commis aux vivres pour la
des murailles, qui va rejoindre dans la somme de vingt à trente francs les bœufs
partie liuute un réduit fortifie; quelques dont il avait besoin pour l'équipage,
sarcophages dans le style lyeien se mais II fallait aller les tuer dans la
trouvent aux alentours, les uns encore montagne, où ces bestiaux restent
en place, les autres brisés. Cette place, presque à Tétat sauvage, li a*orgaiii-
qui n'est pas à plus de quatre kilomè-
tres d*Antiphellus, doit avoir appartenu (t) £t io reccMU Pbelliu, ne veut pat dira
à la ville. A déCsttt d'un emplacement « et dtiu UD golfe Phdlus ; ouib : en arrière
plus satisfaisant sur la côte, ouest dîs- d*Aati|llieUut ( daot la moulagne) e<l Phel-
lus, ce contre sens du lradiicl«'ur de Plin«» m
(i) ^ùe Mineure, 1. c. mis en dctaut plus d'un explorateur (cf.
(a) M. aA, fig. a. niae, Hf. T, ck. at, Id. Vanckeiiclte),

Digitized by Google
ASIE mNEtJRE. 6M
tait alors une chasse qui n'était pas Noos montons au milieu des roches
sans danger. Un seul incident se rna- les plus arides : ie temps est couvert;
nifBSla : M
matelots avateot tué on IcBnuages aont descsadus jusque anrto
ém»rnie sanglier, qu'ils ne pouvaient sommet de la montagne. Longtemps
iTjinsporter à bord : non-seulement les avant d^arriver au sommet, nous voyions
indigènes refusèrent leur concours des traces de coostructious gigantes-
mais ila rdbaèMit méane de prêter un ques : ce sont dai ombi de sostèna»
âne pour porter la béte inmoade; on ment des terrasses qui apianissaieiit It
fût ohliirô (\e la dépècer sur place : les pente. La roule est encore tracée au
Turcs ne font aucune distinction entre milieu des rochers. Le brouillard est
le sanglier et le oocbon, proscrit par épais; ou n'aperçoit les objets au'à
Mahomat. travers une petite plaie fine et pené-
Nous partîmes du port d'Antiphellus, frante. Enfin nous entrons dans la ville.
attaquant la niontapie droit au nord. Ce n'est au un chaos de murailles
et de
Cetait ie chemiu ues piétons, mais il rochers éboulés, du milieu desquels
était atroce pour les eheaanx. sortent des restes de monuments pelas-
Nous franchîmes In montagne qui giques et grecs. La ville de Phellus s'é-
borde la baie de Sevédo. Au bout d'une tend nord-sud sur toute la crête d'une
demi-heure , nous descendîmes au fond montagne fort élevée. Nous arrivons à
d'une profomie vaHée, pour remonter la nécropole. Nous sommes dans l'ad-
irnfnéoiatement sur le flanc epposé. ndration en entrant dans une enceinte
ISniis noMs trouvfimes bientôt sur la crt'te c^irrée toute taillée dans le roc, an
d'une cliaine nord-sud, que nous par- milieu de laquelle s'elevent deux édi-
courûmes dans une assez ^'rande éten- fices monolithes taillés dans la masse
due. Nous coin nienrfi mes des lors à même du rocher. Ce ne aont plus des
Jouir du coupd'œil général de la Lycic : colonnes et de^ frtnitons ; c'est un art
un vaste horizon de monlaanes, cou- tout a fait eu dehors de ce que nous
ronné par les sommets couverts de connaissons de l'antiquité, car il est
neigedu Cragos, se développait à nos re- aussi éloigné de l'égyptien que du grec.
gards. Nous voyions ra et \t\ sous nos
, Un de ces grands tombeaux a trois
pi« (Is, des planies couvertes de verdure; portei»; son entablement ressemble à
maïs aucune habitation ne s'offrait à des charpentes posées de front, et sur
nos yeux. Noua avions repris la diieo- les faces latérales , ce sont d'énormai
tion de Test pour contourner une haute solives recourbées reprc.setiîant des bect
montagne sur le penchant de laquelle d'ancre; tout cela taille dans le rocher.
sont trois vastes citernes où se désaltè- Deu.x autres tombeaux du même style
rent les caravanes. Nous arrivons au s'élèvent près du premier; quoique d'une
villaize d' A ^li, composé de doq maisons. dimension moinare, ils ne sont pas dee>
Au bout d'une heure, nous commen- siiuVs nver moins de recherclie. L'im
çons a nous diriger au nord et après , d'eux sVsl écroulé sous rinfîuenee des
une demi-heure de route, nous nous gelées et des neiges; l'autre, encx)re de-
trouvons dans une vallée étendue, bout, est eomposé de deux chambres
formant un plateau bien cultivé. C'est contenant des banquettes o« lits ftmè*
là qu'est situé le villaije de Tehou- bres.
kourba, appelé aussi Orta lieui, le vil- Pendant que nous étions occupés à
lage du milîea , parce qu'il est le centre examiner cette arehitecture si bizarre^
d'une communauté de cinq hameaux le brouillard se diaaipait; le soleil laissa
tous du même nom nous insistons sur
: tomber quelques rayons à travers la
ce détail, parce que nous retrouverons rosée humide; nous jouîmes alors d'un
Menlét raDcicniieeomiiMiiiaaté lydenne des plus beaux speietacles qu'il soit
de Cyaneaediviiée cndIfliireDtSfçroupes. possible d'imaginer : sur le premier
Nous nous reposons un moment dans plan la nécropole avec ses tombeaux
,

ee village, et nous prenons des guides toujours plonges dans les nuages, et
'
pour noua rendre aux ruines de Phellus qui ont contracté une couleur verdâtrei
sur la monta/^ qui domine; il y aune sous nos pieds, un précipice nns fond.
heure de route. Les somnati dsi plus grandi arbni

Digitized by Google
6M
fonnaieot comme ub tapis de vevdm, tvavene; de fiounar bacbi elie coulo
etoD damlar pin radmirabiB chaîne dndlM naed et vient reeeveir bout i
du CragQs, avec ses forêts ^ sa neige bout un autre cours d'eau coulant du
et ses nuages. Autour de nous, un nord au sud et qu'on appelle la rivière
désert iiiunem>e et un absolu siieoce. d'iroéai; à partir de ce point, la rivière
A mesurB que toi Buagtf 86 dM^knt, tonna lulnlenient à angle droit, se
nous osions nous aventurer plus bas précipite dana une gorge étroite prài
sur les flancs à pic du précipice des : d'une montagne conique, et entre Jans
arbrea de toute espèce y formeat des une tnrande vallée qui va jusqu'à Myra,
bar i ièwa impébétfablaf, et sur sa pente, appelé par les Turcs, Déméri ; on la
Dous voyons avec surprise un tombetn nomme alors Déméri déré loliai« la rî>
d*un seul bloc cubant plus de 75 inètreSt vière de la vallée de Myra.
qui s'est détaché de la montagne et L'agha de Cassaba, connniss.-tnt le
ebemine inieiisiblemeat dans 1 abîme but de uotre voyage, s'empressa de
entriliiépar 1« ploies al la laDte dw léunir lea notables pour nous &ire
neiges. donner les lenaeigneinenila que noua
Les murailles de la ville , du côte de dénciona.
cette vallée, sont bâties avec des pierres
éDomm, anemblées è Joinu irrégu- CBAPITRB XIX.
liersdits pélas^iques; elles cubent cha-
eu ne plusieurs mètres; le sommet île
la moDtame est de craie assez dure.
No«i obserront pluelews cteeea ear* Du iMlnon de b maiaon de Taghami
eeplMges couverts en ogive, et quel- nous montra plusieurs villaf^ qui nth-
oues-uns taillés dans le roi* du style , fermaient des ruines antiques EsH
de ceux de Macri. Kn descendant plus kaima : a peine eut-on prononcé le nom
bas dans la vallée , j'arrivai à un ravin de Kandyva, que nous reconnûmes ki
protond , inteveeplé par une masse de nom de'Cand^'ba, ville lycienne cités
tombeaux, de sarcophages et de débris par Pline et voisine de la forêt Otlnium.
accumulés par les eaux sans être rom- Ce village est sur la pente orientale de
pud. Les lianes se sont fait jour au ini- la montagne sur la route de Bounar
nflu de oee meniiBMOti enlÎMéi« et de baelii ; il reoeuît que cette forêt qui du
vieux arbne kg eoavnnt de leur haut des ruines de Phellus nous parais-
ombre. sait impénétrable e^t la in^inc foret
Nous redesoeadous vers le nord pour UiiJiium qui s'eiend juj>4u'a Cassaba.
gagner le village de Bounar baehi, oè Aux mineede Kandyva nous obeervimen
noua anivena aa beat d*inie iMm. quelques restes de tombeaux lyciena
Nous passons au milieu d'une masse mal conservés; mais les savants Anglais
d arbres sans apercevoir une seule qui ont parcouru, eu lti40, cette contrée
maison. Ce village se trouve sur la ligne inexplorée ont retrouvé sur un saroo-
diraeledePliellua à Gaataba, chef lieu nom daCan^bo.
pliage le
de ce canton et la demeure de Tagha. L ancienne Cyaneae paraît avoir été
A Bounar bachi la tète des sources,
, composée de plusieurs centres de popu-
existent plusieurs sources tres-abou- lation qui occupaient cette région de-
dantes foiroant un tuiaeeau qui prend puis la vallée de Cassaba jusqu'à la
aon cours vers le nord c'est one dea
: mer, c'est-à dire le groupe montasrtieux
aources de la rivière de Myra. dont la bast> forme la baie ild.ssar, le
ISous descendons en suivant le cours port Tristomo, jusqu'à Tiie de Kakava.
de la rivière dana une large vallée dtf- On a du moins retrouvé dana Tinté-
rigée nord et and au centre de laqueila lienr et sur la c6te quatre ancieniMs
s'élève le hourp de Cassaba demeura
, villes portant toutes le nom de Cvanea:>.
dumutzellimqui commande le canton; Nous reconnûmes, en 1836, le pre-
il noua ftit installer dans le caravan- mier centre du nom de Gyaaev an vil*
aeraî. lage de Tauasa, où existent dea tomben
• La rivière diange de nom, selon la lyciennes et une inscription greequn
Mda Xmqaêf à chaque village ^'elia portant le nom de Cyaneee.

uiyiiized by Google
687
Eu M. SfwattdélenDiiia au vil-
1840, '
de; nous en jugeons par sa ressemblance
Im de Yarvou un autre entre de pe- avec des églises du même genre portant
IMualMm astique avec plusieurs iBsenj^ leur date.
lions du nom de Cyanea?, Yarvou paraît A droite et a f^uclif de l'église sont
avoir ete ie chef-lieu d« tous ces Ijourgs, deux édifices circulaires qui ont certai-
que les Grecs appelaient K«»|*ii, On y nement servi l'un de baptisten , rautn
voit eu effet les nuMB d'édifieas pubUce desesBvophylaeton : sacristie pour ilépo-

dont il ne reste pas de traces dans les ser les vases sacrés; en cela le plan res-
autres, comme un théâtre, uoe citadelie semble beaucoup a l'église d'Aleiis
et des toml)eâux plui» ornés. Comnène à Trébizonde.
Le troiaièine bourg du, même nom a A
partir de cette Jonctieii des deux
été observé à Giaouristaniik, le petit rivières, nous remontons le cours de
séjour des intideles; il y a quelques Peau, tout en suivant la même direc-
ruiues de toiul)eaux avec inscriptious. tion, rvous atteignons la ré^ou boisée,
EnflmeilIftISfII.Codurellafaitdei- et la marche du convoi devient de plus
eioé au bord de la mer, près du port en plus difficile. Quoique nous soyons à
Tristonao,des tombeaux que nous avons la fm d'avril, le temps est toujours plu-
retrouvés eu boa état, il y avait copié vieux, des orages éclatent et rendent la
des imeriptîoiii felatif«t am
Cyanéens. route preî>que impraticable : c'est l'alter-
Les auteurs anciens sont si eoneis lor native que présentent les voyages dans
cette partie de la Lycie, que nous ne ces régions, ou une chaleur intense et •

pouvons avoir plus de renseignements le manque d'eau partout, ou des déluges


sur Taucieu état municipal de ces de pluie.
boiirifs. Nous arrivons enfin au sommet; nous
L'habitant de la vallée supérieure du avons devant les veux l'enceinte d'une
Demeri dere nous apprit que son vil- ville grecque. Les murailles ont des
bge s'appelait Irnciti, qu il était voisin tours disposées a intervalles irreguliers ;
de vastes rutnes avee des pelais er d'au- elles sont bâtiesà assises réglées et à bos-
tres monuments. Le jour suivant, 27 sages ; mais une partie a été restaurée
avril, nous partîmes pour Irnesi en re- .sous l'empire byzantin. Des buissons
même nom. Apres
ijioutaul la rivieredu touffus ont crû au milieu des édifices,
une heure de marehe neus DiisonB et ne permettent pas de les examiner à
halte près d'une montagne conique dont loisir. Des tombeaux - lyciràs sont les
la rivière bai^îne le pied. C'est la qu elle indices d'une ancienne cité; ninis cette
prend sou cours a l'est dans la vallée de ville fut habitée par des chrétiens et
Myra; on appelle ee défUé, Déré aah»sl contient entre autres édifices une grande
( [>eut-étre variante de Bo^iaii, le défilé église en forme de basilique.
de Ja vallée). I es tombeaux ne portent pas d'ins*
montagne est couronnée d'une
Celte cription; la piern- s'est délitée sous
«ueeiDte fortifiée, en très-bon état de l'iullueuce du cliinal. Lcb ruines d Irnesi
eoDservation.On voit aux alentoursguel- sont à mille deux cents mètres au^dea*
2ues tombeaux lyciens mais les rorti-
; sus de la mer.
cations sont plus modernes elles ont
: ÎSous ne trouvons rien dans les mo*
dû «ippartenir à une ville chrétienne. numents d'irnési qui mérite une repro-
Aucune conjecture satlrftente n'a duction spéciale; les travaux de cent
tticore été émise sur le nom de cette graveurs ne suffiraient pas pour faire
place. A l'entrée de la vallée s'élève une connaître cette contrée singulière,
vaste église byzantine presque entière- restée pendant tant d'années fermée
ment conservée et dont nous avons levé aux investigations des savants, qui ^en
le plan. Le tranceps este.ouvert par uoe éloignaient, chassés par la mauvaise ré-
coupole de huit mètres soixante de dia- putation qu'on avait faite aux habi-
mètre ; tout l'intérieur était revêtu de tants.
marbre; leseoraîehes seules existent en- II n'est pas difficile de déterminer le
core. La nef est précédée d'un nartbex nom de l'ancienne Imési^ dont la res-
et d'un exonartnex. Le caractère de semblance avec le nom d'ArncTa tVappe
cette architecture est du huitième aie- au premier abord. Arasa petite ville

Digitized by Google
688 L*DNIVKR8.
de Ljrcic dit Ètienne de Byzance. Cesl
, ble ; les insolaires se plaisaient, comme
tout ce qu'on sait de son histoire; leurs voisins les Lyciens, à tailler les
.

elle nt asMf étendue pour avoir eon* roebers pour y élabUr dea habitations.
tenu douze mille habitants. On à imne à comprendre que dans un
Du villnge d'Iruési une route conduit lieu où la pierre delaîllc abonde, où le
dans les hauts plateaux, où se trouve la sol est encore vierge de toute habita-
fillemoderne d*Almali], la vraie Lyde tion , ces popuhitions aient imaginé le
archaï()ue s'arrête à ces régions. genre le plus difficile et le plus dispen-
Le retour à la côte peut s'effectuer dieux d'installer leurs demeures.
de deux aianières, ou par la route déjà Les constructions de l'Ile Dolichiste
,
indiquée : on y rencontre quelquei «Ht presque tonteideibfltimenlidvlif ;
villafses;ou par la vallée de Démeri : on ceux qui sont au bord dê it mer, pa-
suit le cours de In rivière jusqu'à Myra; raissent avoir s€r>'i de remises de ga-
six heures de route. lères, Néoiiki des Grecs^t Kaik hané
Dans formé par ces deux
le triangle chez les Turet, Aufoordliui eneore les
routes, on laisse sur la cote deux villes eaux de la mer entrent dans de grandei
nnciennes et une île qui méritent d'être salles où l'on pourrait rentrer des canots.
visitées. Nous ignorous comment on peut J'avais douté, dans une première explo«
les atteindre par terre : le p.iys étant ration, que cette partie de Ttle et du
complètement rocheux et désert continent voisin eosacntaobi un mouve-
ment de dépression mais dans un se-
;
CHAPITIU: XX. cond examen du terrain que je fis en
APfi£L/K. — CVANEvE. — ILB DOLl- 1842, je me range ducâiè des observa-
CHISTE. teurs qui m*ont précédé, et je reconnais
?!ue plusieurs de ces monuments ont drt
Les difficultés que [)ré.«ente la con- tredes habitationsavantd'étreenvaiijes
formation du massif montagneux de la par les eaux.
Lycic, entre la rivière de Myra et le port LesinnombrabesnaîMnsdellle, Utn
Sevédo, nous décida à nous rendre par 90C construites en pierres assemblées à
mer aux niiiu's «l' A perla» et de Uidyaneae joints irréguliers , dits pélaseiques ne ,

maritime, qu un appelle aujuurd hui Ca- pa raissent pas remonter à une oaute aoti-
camo. quite. On remarque deevodtesen béttm;
Le 30 avril I836,noo8quittâmesleport le mortier est généralement Wjfkfé^
Sévrdo à neuf heures «u matin avec , et l'appareil des pierres est peu soisrné,
une brise d'ouest; le soir, le uavire mit on voit dans le voisinage de ces maisons
en travers, c'est-à-dire stationna en d'autres constructions évidemment by-
|Heine mer sans faire de route; nous zantines; mais il y a absence oomplèlB
étions au sud de In grande haie Ilassar : d'ins( riptions. de sipnes ou de caractères
c'est ainsi que la tiomiuait noire pilote, quelconques, comme si les gens qui ont
dans laquelle il y a un mouillage a l'a- bati ces édifices avaient ignoré l'usage
bri de tout vent, mais qui est complète- de réerimre.
ment déserte. Cette baie doit dire celle Les constructions que nous venons
d'Acrott'riuui,quiétailacini)uantestades de mentionner s'étendent tout le long
d'Autiphellus. Le lendemaiu, nous jet- du port, c'est-à-dire du canal qui sépare
tionsfancre sous le château de Cacamo, lile du eonlinflnl; nous n*y avons pan va
entre l'Ile et continent Ce port est le
le de tombeaux, la nécropole était sur -la
plus beau et le plus silr de toute la côte terre ferme.
deCaramanie maisil manque d'eau douce Le canal qui sépare l'Ile du continent
lOnetle longue et rocheuse 8*étend de a cinq cents mètres environ de larse;
Yest n l'ouest parallèlement à laodte; le fond est de roche, et Paocrage tres-
c'est r.luoienne Dolichisle. nppflép au- solide. 11 n'y a pasde port mieux abrité;
jourd'hui Kakava ada si, ile des per- l il a une sortie a 1 est et l'autre a
drix ; ce sont en effet les seules êtres l'ouest (1).
vivants que nous y rencontrâmes
Dolichiste fut cependant le siège d'un (t) Voyez la planche S9» lOBlIff liSM
centre de population assez considéra- dans d« ILakava.
l'île

Digitized by Gopgl
ASIE MIHEURE.
Snr IteottllBeBt s'âèfflm les Ibrttt- vteniisaMfliMBt: é*eileB toutpeiat
cations modernes qui ont appartenu à 4e ce système de contlrne*
la définition
la petite ville turque de Cacamo, pres- tion ; cependant les fondateurs de cet
queaussidéserteaujourd'hui qu'une ville édifice vivaientdu tempsde Vespatien,
antique. Si IVw en juge par ce qui 8Db> et pour éviter tonte taeertltiide à la
siale eoccvre, cette ibrterasse a dû être poMérité, ils ont eu soin é» dire dans
d'une certaine importance dans le l'inscription qui existe encore au-des-
moyen ùç^e ; elle déteudait en même sus de la porte, que cet édifice avait été
tenips la cote et le mouillage, et d'a- bâti depuis les fondements BA* ËR
près l'appareil très-soigné de certaines 6PÛN : il n'y a pas moyen de discuter.
murailles (f), il est à croire qu'elle sé- Nous avons publié in extenso le texte
lève sur remplacement d*uue ancienne de cette inscription, qui n'a pas été assez
acropole. remarquée elle est ainsi conçue
: :

Nousdoniions(9) unemedeeeehftteau « Le sénat et le peuple des Aperlitains


et des tombeaux lyciens qui subsistent ont construit ce bain (^aXavitov) depuis
encore. Ce lieu réunit tous les genres les fondements, et l'ont dédié à l'em-
d'intérêt, la beauté des lij^nes du pay- pereur Titus ^ius Vespasien (1). » Une
sa^e maritime, les ^ovenirs de Tann- sallede cet édifiM se termine en hémi-
quiio, et ceux du moyen âge. cydeeouronné par une partie de snbèce,
De nombreux tombeaux lyciens s'é- tout cet appareil est à vouisoilSi indiee
lèvent de toutes parts sur les aspérités d'un travail romain (2).
des rochers. Sur les pentes du terrain La même inscription nous apprend
on voit çà des restes d'édifices
et là done que cette ville estraneienneAperl»
antiques parmi lesquels il faut remar- et non pas Aperrae, ni Apyrae comtne
quer des maisons (l'lial)itaiio!i cons- l'ont Hiéroclès et Ktienne de
écrit
truites eu appareil irréguiier, de^ tom- Bvzaoce, de çlus, que dans le second
et
beaux avechexddre, etau pied du ehfltean aieele on bfttissaiteneore à joints irrégii*
un petit théâtie ouodcum entièrement lîers.
taillédans roc; tous les sièges subsistent A l'ouest de nie Kaknv.i s'ctend un
encore. Ce singulier monument est au vaste estuaire ou une crique marécageuse
milieu des rochers ; on est ftappé da que les paysans grecs nomment port
contraste de cette nature sauvage et THstomo, nom tiré de l'italien, dont nous
d*un monument qui atteste une cÎTitisa- ignorons l'origine. Tout, aux alentours,
tiou raflinée (3). est d^rt et sauvage; l'air est empesté
La mosquée s'est installée dans un pendant l'été, et les habitants se sauvent •

petit temple antique ; ici comme ailleurs, a la montagne; ceux qui restent pour
le culte appelle le culte, une inscription parder les demeures se font des écha-
eu caractères nrcbaïques mentionne des faudages qu'ils couvrent en roseaux, et
donations en argent faites nar divers couchent à l'abri des émanations du sol.
citoyens, le sol de la mosquée est une Un rocher isolé, qui s'élève au nord
mosaïque antique. du port Tristomo, est couronné par
Nous devons maintenant rechen lier une acropole antique bâtie en assises
à quelle ville appartiennent les ruines réglées et à bossage. Dans l'angle ouest,
que nous venons de parcourir: un mo- qui forme une petite presqu'île, s'élèvent
miment isolé sur le rivage doit nous d'autres rochers dans lesquels sont
l'apprendre. Ot édiGce est carré il est ; creusés des tombeaux de style lycien ;
composé a Tintérieur de plusieurs salles. nous en avons remarqué un dont la/açade
Sa conrtructioD, selon les partisans de est oméed*iitt basHPmef représentantui
w qu'on a appelé l'école pelasgique, de- homme nu, sans doute le défunt, armé
vrait dater des temps héroïques, car il d'une fronde. Le même tombeau con-
il est bâti en blocs à joints irréguliers tient une inscription qui apprend que
ce monument appartient à un habitant
(i) Pl. a3.
(%) PL 58. (i) Voyeï Description de CÀsie mineure,
(3) Voyez plaudie %Sf odeasi taillé dwi in-fui.,!. III, Lycie.pxplic.ition d« planeliM.
lu t or a A perle. («) Voyez page 64a, roi. 1.

44* Uoraiton» (As» Minburi.) 44

Digitized by Gopgle
L*UCUV£HS.
.de Cyanea; : on doit en ooodiire qu'ea parer une cbaloQpe ifse done boaniwi
ce lieu était une ville du même nom. Oo et des provisions nous partîmes avec
,

sait si peu de chose toucbaot la cons- le commissaire et un ofticier du brick,


titution des eommunattléB lyciennes, pour continuer notre exploration de la
qu*oii doit sa borner a coDStater les faits edte. Noos piimes on pilote à Apertae
que Ton observe: cette Cyanae inaritinip pour aller moîiiller au port Andral[i,
ne peut-elle, pas être le port ou l'eciielle rancienue Andriace, à (juatr.; lieues
des Cyanéens comme Antiphellus était marines à l'est de Kakava. 11 faut pour
«elle 001 PiieUitaiDS. aller à Andraki faire l'est-nord-esk
jusfjira la baie Yali; là on deri inre
GUAPilHE XXJ. l'entrée du port Andraki indiquée par
une tour hellénique, la Pointe Pyrgo des
AHDBIAGB. -— StmA. HTMA. poriukau. Il faut ranger la edte à Iroile
r>our entrer dans la rivière, à cause de
Derrière l'acropolis de Tristomo nous a barre (|ui existe à l'embouchure. Les
allâmes exammer les ruines très con- canots mouillent dans une crique où se
•idérables d'âne iUle du moyen â^e jette an eoars d*eaQ abondant, petite
dont nous u'avous pu retrou\er le nom. rivière qui n'a qu'un mille et demi
Il y '1 plusieurs éfilises, des bjins. des de parcours, alimentée par des eaux
citernes } mais tout cela est d'uue cuus- sulfureuses Iroides et légèrement sa-
tnietioli grossière, en petits moelloBs lées qui sortent des rochers. Ce coun
reliés par un mauvais ciment Simena,
: d*eau est noté par les anciens ^éosiraplMi
citée par Pline par Étienne de By-
et comme la rivière d' Andraki ; c'est là que
j^anee, étant placée, dans le stadiusmust mouilla la ilotte de Brutus et de Len*
à soiiante stades d'Aperlœ, la position tahis dans leur canpagne «ontra la
de cette ville imoniMie ne peut lui con- Lycie. La rivièia d'Andraki ait finé-
venir; cps ruines sont cependant anté- quentée par d'énormes poissons qui pa-
rieures a toute invasion musulmane, et raissent attires par la saveur dâs eaux.
ne peuvent avoir été habltést que par L'antique Sura, célèbre par un orade
des Orées. 4|ui se rendait au moyen des poissons,
Pour donner une idée de la difficulté était à peu de distance du ^oife d'An-
(jue ^)résente le parcours de cette région, dniki cette ville est mentionnée par
:

soit a cause des solitudes, soit à cause Pline (I) à Myra eu Lycie; les« poissons
de sa eonformation eompliquée, un de la fontaine d'Apollon Ciirien artivent
jeune officier de marine partit du bord après trois appels donnés au son de la
pour nous rejoindre p;ir terre a Myra, lldte, et disent l'avenir. Se jeter sur les
qui n'est éloignée que de vingtH]uatre viandes uu'ou leur donne, c'est de bon
fcilofiièlNs; il perdit sa route dans les augure; le contraire arriva ails les re-
montagnes orrn pendant deux jours
. poussent avec la queue « Comme il n'v a
.

sans nourriture et sans eau, et dans la pas de fontaine dans les ruines de Sura.
matinée du troisième il atteignit un ou doit regarder les sources saumâtres
eampenent de Touvouks qui le con- one j*ai mentionnées oomme la fontaine
duisirent à Myra. Kous devons a jouter à d'Apollon Curien. On doit noter que
ces difficultés l'extrême confusion des Pline place cette fontaine à Myra et non
noms entendus de diverses manières pas a Sura (2).
ptr les voyageurs européens. Ainsi, les Les raines de Sara ont été raecMmoes
Anglais écrivent tous Cassabar, chef- par M. Spratt à one heure et deniie de
lieu de la I.ycie inférieure, tandis que le marche a l'ouest du monastère de
vrai nom est Cassaba , dérivé du mot Myra. Sur l'indication dos moines du
arabe bien eonnu des Algériens Casbah, monastère, il remonta la plaine de Myra
château; ils écrivent Guendever au lien
de Kandiva, Dembra au lieu Demeri :
Pline, XXXII, 8.
CO
tout n*est pas facile a débrouiller pour (a) I.a correrfion de Ctirtum en Smrwm^
les géographes. Pline Sillig.,i-dit. iS5i,aest uulleaient mo-
Le 3 mai le coaunandant du briok iMe. a. Malafeh,d!»MrK. «mwl, eb. «S.
^ Di^ietU'Thouarê m*«yant fait pré- ÉI.By<.,v. Saura,

^.d by Googl
ASIE MIMëUEE 601

Joiqn^i mie colline rocheuse, ea pasiant cheveux par un mouvemeol


devant un tombeau d'ordre corin> elle s'arrêtait à certains moments, et
tbieu (1); il entra ensuite dans la petite poussait des cris aigus \ après quoi elle
plaine de Sora, qui s^étend jusqu'à la recommençait une sorte ne danse sae-
mer ; elle est séparée de la barre d*AB- eadée, ^aeoompagnaut d'un chant traî-
draki pardes collines basses (l') desren- nant et monotone. Nous fOnies installés
dant iust|u';> la nier. Une émineDw de dans une des cellules. Les caloyers, au
qiuii aille pieds environ au-dessus de nombre de trois ou quatre , qui desser-
la plaine eat eouioonée par une pe- vent ce couvent sont de pauvres moines
tite fort«*essp au sud de laquelle se sales et ignorants; ils n'avaient pas mi
trouve un beau sarcophage portant une d'Européens depuis plus d'un an. Us
inscription lydeune. D'autres sarco- assurent que saint Nicolas était évéque
l>bageB sont oraéi de eartomlMs qui eoB- dans cette même église, et que son corps
tiennent le nom de Sura. On voit un est déposé dans un caveau. La cathé-
peu phisloin un piédestal avec une ins- drale est dans le m^me style que celle
cription dont les premières lignes sont que nous avons vue à Dére agazi , mais
relstivetau évite o* Apollon ; le reste est M plan en est moins gnnd. Les cha-
illisible. Les ruines de Sura ne parais- pelles latérales sont voûtées en penden-
sent pas dépendre d'une ville considé- tifs et décorées de mauvaises peintures;
rable : c'était sans doute un centre reli- l'une d'elles représente la Passion.
gieoi qui vivait de ses oradee. n est avéré , par les documents qui
Sura est marquée comme étant dis- suivent, que depuis plusieurs siècles le
tante de sept kiloniètreed'Aadniki, cette corps de saint Nicolas ne repose plus
position parait exacte. dans cette église; c'est une erreur des
eslovers qui dn reste paraît s*étre mo*
,

diGee depuis mon pesnge, car ils pré-


tendent aujourd'hui que le corps de
La chaloupe ayant franchi la barre, l'évéque a été récemment transporté en
008 fîmes eneofe un mille et demi en Russie (1).
vemontant la rivièie d*Ajidnki avee Saint Nioolas de ^lyra est regardé
deux brasses d'eau. comme un des plus grands sninls de la
^os matelots s'installèrent dane une légende. 11 est né à Patare de Lycie.
raine sur le rivage, et-^bltrent lenr dans le troisième siècle; il fut ordonné
tente avee des avifons. Un mèffe que prêtre par l'évéque de Myra, do même
nous trouvâmes eh débarquant nous nom que lui, et devint evéque à SOÛ
amena un chameau pour charger nos tour sous l'empereur Diocletieu.
bagatzes, et nous allâmes au monastère D'autres légendaires pensent que la
de iMvra, situé à trois quarts d'heure du naissance de Nicolas n'est pas antérieure
mouiïla^ze, dans une belle plaine bien au rinqtiième siècle, attendu qu'il n'est
cnUive*». Ce couvent occupe les environs pas nommé dans le dénombrement des
de réalise de Saint-Micolas probable- , évêques depuis l'an 420 iusqu'en 350.
ment le basilique construite par Théo- Il ne paraît pas dans le eondie de
dose Il sous le nom d'église de Syon, Chalcédoine
lorsque Myra tut déclarée capitale de Le culte de saint Nicolas fut établi
la Lycie Cest un grand édifice carré, publiquement en Orient dès le com-
sans fenêtres à Textérieur, oeeupé par mencement du sixième sièele- Uempe*
plusieurs familles grecques. feor Jostînien loi consacra ime église à
1^1 petite vérole ravaL'cait la popula*
tiou grecque : le matin même , on avait
enterré nn baMtant do monastère. Sa
I
i) We wen- iiifortned, hy 'hr priest, tbat
tbis precioiis treasure (ibf sbnue oi tbe relies)
veuve était sur la porte, chantant sa
w» takcii 10 St-Felertlittrf; by a ninian fri-
ebansoa de mort, et a'arracbant les gUte, during the greek révolution. The rni-
peror sent • gaudy pjcture as a subsliUite,
ft) Publié dans le.s planches de Myra, ^sie and it is dow an object of .great adora-
MUinture, in-fol., t. III. tion... etc. TraveU tn Lydn, by Spratt and
{%) Trmvdi m Lyau, 1. 1'% «36. Porbei, teni. I, p. i60.

44.

Digitized by Gc)
t*UmVERS.
Coostantiaople, dans le quartier des corps de saint f^Iicoias. Il n'y avait , m
Blachemos. Il fut honoré «d France, effet, que trois religieux qui gardaient
au neuvitoie aiàcle, avant même que ses ce saiot dépôt; tous étaient d'ailleurs
reliques fussent transportées en Italie. dans la désolation parsuiiedes boeti*
La légende raconte de la manière lités des Musulmans.
suivante renlèvement clandestin des Les gens de Bari firent accroire à ces
reliques da saiot par des marchands religieux qu'ils étaicBt envoyés du pape
Italiens; ce récit sert à fixer d'une ma- de l'ancienne Rome, pour pourvoir à
nière certaine la date de la construction la sûreté et à l'honneur de ces saintes
de diverses églises. reliques , en leur procurant un asile eu
Le tombeau de Myra était le but da Italie ; ils aubevèrent de les gagner ca
nombreux pèlerinages, et los Osmanlis leur donnant 'cent éctts d'or a cbacuB,
ne se faisaient pas faute de l'invoquer. par vaisseau.
Or, la ville de Myra fut prise , la sixième Après diverses prières, ils rompirent
année du règne de l'empereur Nioé* le tombeau de marbre à grands eoaps
phore, par Achmet, général du calife de marteau ; ils y trouvèrent une urne
Uaroun. Il voulut détruire le tombeau de même matière et crurent d'abord
,

de saint Nicolas; mais les chrétiens, que c'était un grand vase de parfunos;
pour contenrer leurs reliques, trom- ils remarquèrent qu'elle était à dfsml
pèrent l'Arabe par une fausse indication^ pleine d'une liqueur admirable qui ree*
etun tombeau voisin fut saccagé. semblait à une huile très-pure, qui,
Depuis cet événement, le tombeau selon les religieux, sortait du corps
de saint Nicolas resta encore i Myra même du saint et transpirait h travers
l'espace de deux cent uuatre-vingts ans, le marbre. parut à ces pèlerins qu'on
Il
pendant lequel on fit diverses tentatives •avaitdéjà touché au corps du saint
pour l'enlever. f)our en prendre quelque partie, car
EnGn, par une roanœovre dont les es 08 étaient pêle-mêle hors de leur
légendaires ne paraissent pas avoir situation naturelle,^ et la téte était à
compris toute la déloyauté, les reliques pnrt. Ayant tout rassemblé dans une
tomuèrent eutre les mains des Latius. caisse très propre, ils eulevereul ces
Quarante bourgeois et marchands de nliquei le 30 avril de l'an 1087.
Ban , en Fouille, se rendaient en Syrie Les navirâs. revinrent à Bari en dii-
dans le dessein d'aller commercer à huit jours. L'arrivée de 'ces reliques
Antiocbe. Se trouvant dans les parages causa une grande sensation dans toute
de Myra, ils conçurent le projet d'en- la chrétienté. L'huile miraculeuse lut
lever les célèbres reliques; ils envoyè- distribuée à différents monastères. En
rent secrètement reconnaître les lieux, 1100, l'evéque d'Amiens se rendit à
pour prendre les mesures et sdretés Bari pour en obtenir une fiole. Kn
nécessaires , et remirent à leur retour 1660, elle attirait uu concours immense
l*eiéeution de leur projet. de pèlerins à Worms, en Palatinat.
Étant à Antiocbe, quelques-uns d'en- Dès l'année 1089, des processions et
tre eux ne purent s empécber de s'en des fêtes avaient été instituées en l'hon-
ouvrir h quelques Vénitiens de leur neur du nouveau saint , et les iideles
connaissance, qui déclarèrent avoir avaient jeté les fondements d'une église
conni de leur roté, un semblable des*,
, qui existe encore à Bari. Les Normands
sein et y persister. s étaient emparés de rettw ville eu
n'en fallut pas davantage aux gens
Il 1073; ils concoururent , avec habi-
U-s
de ^ri pour leur faire expédier promo- tants , à la construction de la nouvelle
tement leurs affaires dans hi craute ae cathédrale. Enfin, en 1103; c'est-à-dire,
se voir devancés. seize ans après l'arrivée des reliques,
S'étaut remis en mer, ils s'arrêtèrent l'église de Bari fut inaugurée par le due
à la rade de Lyeie et surent de leurs d'Apulie, premier roi normand de Si*
espions que la ville de Myra était toute elle. L'église est sans transept, mais
déserte, et qu'on ne trouvait presque n'est pas complètement en forme de
personne ni dans le monastère , ni dans basilique; elle tient plutôt du style la-
l'église de Syon, où était déposé le tin que du style byzantin.

Dlgitized by Google
ASIE MINËURI*:. m
LHTéÉMaiSiqinavaimitélé devan- double, et conduit à la seconde pré-
oés par les gens de Bari, ne se tinrent cinction. On avait accès à la première
pas pour battus , et ils trouvèrent par le théâtre et par la galerie circu-
moyen de transporter, eux au»i , à hlre de la leeoDde prédnotioii. Toutes
Venise, les reliques de saint I^icolas. ces fçaleries sont d'une magnifique cons-
Les légendaires pour accommoder tous
,
truction , sans mortier. II y a vinpt-sept
ces hauts faits de dévots peu scrupu> rangs de gradins à la première pré-
l^ux , prétendent que le saint Nicolas ciuction, et il devait y en avoir vingt à
de Venise est Toncle du précédent , et la seconde. Nous abandonnUmes le eon-
rtuMI est honoré avec saint Théo- vent dans In soirée pour venir nous
,

dore (1). loger dans un grand konar , ou maison


Mais les reliques de ces bienheureux de campagne, appartenant à Tagha de
ne tardèrent pas à se multiplier dans le Cassaba. Le fleui Ture , iprî est son
monde chrétien On comptait à Paris beau-firère, fit quelque difficulté de
lusieurs églises sous cette invocation : nous admettre, craignant que nous
a collégiale de Saint- îNicolas du Lou- n'apportassions avec nous Tépidémie du
re , Tégliae abbatiale
de Saint-Nieolas noufenti mais quand II snt eomUen
des Champs; enfin, Saint-Nicoha du nous étions liés avecTagha de Cassaba»
Palais , que snint Louis fit abattre pour il nous reçut à bras ouverts,

biltir la Sainte-Chapelle. Le chet de Nous occupâmes sur-le-champ les


saint Nicolas fut déplacé , et on ne peut matelots de la chaloupe à faire des fouiU
dire avec certitude ce qn*il devint. les pour retrouver le podium de la pre-
Nous filmes rendre une première vi- mière précinction du thél^tre; les habi-
site aux anti(|uilé-. de Myra. tants vinrent nous aider a mettre le feu
il parait lé moyeu âge la
que dans aux broui>sailles qui encombraient la
'
ille de Myra 8*étendait dans la plaine, salle des mimes.
car on rencontra d'abord une v.t^îo en- I>e gibier abonde dans la plaine de
ceinte carrée , entourée de murailles de IMyra les };oais Meus, les sirènes, les
;

marbre , qui a sans doute appartenu a tourterelles venaient jusque daus notre
la ville b^ntine. Toutes ees murailles galerie. Un bceuf coûte 32 fr. 60 cent.,
sont faites de débris d*anciens monu-^ un mouton , 4 fr.; tous les produits
ments. On aperervait la nérropole de sont en proportion car la plaine de
,

loin dans les rochers, et nous savions Myra n'est nabitée que par une tribu
qu*il avait existé un théâtre : un ca- yuruque qui fbit peu de commerce,
loyef nous y conduisit, et nous troti- Les tombeaux de Myra méritent une
ames un dès plus beaux monuments de attention particulière entre tous ceux
ee genre que j'aie encore vus. Toute la de la Lycie. Ils sont au nombre de
seène était décorée de colonnes de gra- trente, tous taillés dans le flanc de la
nit , d'ordre composite il en reste une ; montagne ; les uns sont entièrement dé*
encore en place avec le pilastre voi- tncbés du rocher et forment une sorte
8in;1es autres sont ^'isant devant la de portique imitant une construction
muraille du proscénium. de Dois et portent des inscriptions ly-
Les portes sont d*no très-beau tra- eiennes, Tun d'eux cependant contient
vail, et dans la salle des mimes on voit unecourte inscription ;;recque « Arsace:

nccumulé un monceau de chapiteaux, de Myndus ». Généralement Tépigra-


de masques tragiques et d'ornements de phie lycieune est très-brève,
toute (spece. Ce théâtre est bâti en La plus intéressante de ces Inseriptioni
pierre calcaire blanche, compacte, aussi est une idylle en trois mots, une déclara-
belle que le marbre; la scène, est tour- tion d'amour pravée sur la porte d'un
née vers le sud ; la galerie de l'est est tombeau par un jeune berger de Myra :
« Mosehua aime Philiota la flUe de Dé-
fi) orderie vîuil publié par M. A. Le- « métrius. » Les caractères sout tracée
prtvost, t. III. — ,

Smius, r/.rtr Sanet. avec une pointe, peut-étre avcc le 1er


a vd. in-fol. — Anpeli, t ic fies Saints, de sa houlette.
Ml iialieii. ^ GMv Knighif Eccie^iasticai Un certain nombre de bas- reliefs
mrMt^enire •[ ttMy, . d*iui bon Style 8ont exécutés è une

Digitized by Google
m vvm
gfiiidê Innitraf cIim le loeber \ ils re- nument si mdlliplié dans les autre»
présentent cette cérémonie funèbre illes de Lycie.
qu'on appelait Conrlamation. A notre retour à Andraki, je fis faire
La inoDtdgne de Myra s'élève à l'an- une reconnaissance aux abords du ^rand
gle de deux tallées; la Tille faisait face édifice décrit par le capitaine Beaufurt,
au sud. La vallée de,l'est, où coule la mais le marais qui l'entoiire était im-
rivière de ^ïyrn, est celle dont nous praticable.
avons reconnu Torigine daos la vallée D'après l'inscription placée sur le
*
de Cassa ba. frontisucie, ce mouument était un gre-
Sur le flanc oriental de la montagne nier biti par ordre de remperear Ha-
se trouve une seconde nécropole toute drien; il estd*une conservation parfaite
taillée dans le roc, dont les tombeaux et divisé en sept chambres ayant cha-
ont un aspect plus grandiose encore (1). cune une porte celle du milieu est sw-
:

Le rodierdes tomteaux 8*élève à pie au- montée de deux bustes.


dessas de la plaine ; il est dominé par la
mont^ne de l'acropole citée par Stra- CUAFITRË XXIL
bon (2). Ceux qui ont été à même de
comparer la nécropole de Petra avec CAP PHINBKA. — LTItYBA.
celle de Myra donnent la préférence à
cette dernière pour la ma jesté des lignes. Le massif montagneux, dont la ville
Un des tombeaux est décoré d'un d'Arnœa occupe le point culminant,
fronton de six ntelres de base , dans vient s'amortir dans la mer au cap Phi*
le tympan duquel est sculpté le corn* neka et sépare la vallée de Myra de
bal d'un lion et d'un taureau. Deux celle du fleuve Arycandus, qui prend sa
colonnes d'ordre ioni(jue et deux pilas- source dans le mont Solyma. Une autre
tres supportant des têtes de lion en rivière, dunt le nom ancien est re^
haut-relief soutiennent le noitiqne. Ua inconnu, coule du nord au sud pavai*
grand bas-relief de neuf figures est lèlement au fleuve Arycandus.
placé au-dessus de la porte. Plusieurs villes appartenant à la con-
Un autre tombeau noo moins impor- fédération lycieune possédaient les val-
tant est orné de bas*reliefs presque lées inférieures ; on retrouve dans \ts
grands comme nature, représentant la ruines de nombreuses inscriptioiis dane
vie du mort on le voit d'abord enfant,
; la langue des Lyciens,et les monuments
il nu et tient à
est la main un pirj'cri- sont du mcme caractcre que ceux des
cuium, cuiller pour sacriOces ; ou le
les villes de l'ouest.
voit ensuite adulte à c6té de sa mère ; La population moderne de cei vallées
dans un troisième tableau il est pré- est généralement adonnée à la vie no-
senté par son père à une matrone qui made; les chefs ou aphas possèdent de$
tient par la muiu uue jeune tille c'est : fermes autour desquelles se groupent
son mariage ; enfin U est couché sur son les tentes de leurs administrés; les
lit funèbre, il tient à la^main un rliyton rares villages qui peuplent ces moBt»-
vide, il a épuisé la coupe de la vie. gnes se composent de quelques mainOBS
La plupart de ces tombeaux sont d'un de terre ou de bois.
accès irès-diffîcile nous filmes obligés
\ La seule industrie des indig^>es est
de faire venir un cflbie de la chaloupe Texploitation des forêts de pine irt ds
pour en atteindre quelques uns. sapins qui couvrent les moutafrnes ; aussi
Dans la plaine du sud on voit plu- l'ancien mont Clunax est-il d< sipiie ar j

sieurs cénotaphes de époque romaine ;


1 eux sous le nom de Taktalu dagii, U
rnn deux est en forme de petit temple. montagne des planches. Les autres in-
U est une remarque à faire avant de dustries sootnulles, leshabitaots vivwt
quitter les ruines de Myra, c'est qu'on du produit de leur sol et de leurs trou-
n'y rencontre pas un seul sarcophage peaux. Cette partie de la Lycie est infi-
avec le eoovenaeen ogive, genre de mo- niment plus pauvre que là région ds
Fouest, mais on retrouve chez les indi-
(x) Toyex planche 6o. Nécropole à Blfra^ gènes le ménie esraâèrs psoifi^ et
*
{%) StraboD, XIY, 665. hospitalier.

Digitized by Gopgle
ASIE MINEURE. m
MM.Spralt et Fello>\s, qui ont ex- d*une large vallée beaucoup plus éten-
|»1oré la contrée et déterminé la situa- due.
tion des villes anciennes de ces régioDs Le grand sarcophage sur lequel 80
alors inconnues ont trouvé partout
, trouve la double inscription en langue
chez les habitantâ le meilleur accueil; grecque et lycienne , le premier monu»
ils se sont spontanément offerts pour ment de ce genre dont la copie fut ap-
aerrir de guide aux voyageurs étran- portée en Europe par M. Cockerell en
gers. Ifill, s'élève encore intact prô< du
Pour ceux qui veulent visiter cette moulin à eau. Deux t'orleresses delen-
région , grande difGculté est d'y
la plus daieut la ville; la première domine la
arriver. Le chemin par terre , de Myra colline de la nécropole. C'est un ouvrage
au village de Phini ka est des plus pé-
, grec encore bien conservé: rjuebjues ves-
nibles pour franchir la monta<;ne (|ui tiges de monuments sont epars dans
forme le cap. Toujours entre celte dou- rintérieur. La seconde consiste en une
lUe difficulté, en été le'manque d*eau enceinte carrée flanquée de tours et
et une chaleur intense au milieu des Mtie en moellons mr-lés de briques, in-
rochers en hiver des torrents débor-
, dice certain d'une c|)oqne de décadence.
dés et des jouruees trop courtes. Le Le théâtre est bâti au pied de ce châ-
mieux est de fiiire ce trajet par mer et teau ; il est envahi par une fbrét de
dTcnvoyer ses cbevalux par la montagne, broussailles qui rendent impossible
car nn ne saurait snnger à s'en pro- toute étude dn monument; on voil ce-
curer dans les villages de Test. Kendant (|u il doit élre compté au nom-
Le nom de Phineka, bien que mo- re des plus grands théfltres anciens.
derne, est peut-être, comme celui de De nombreuses sources sortant du
Phœnfcus portus, un vn^ue souvenir des pied de montagne, se réunissent pour
la
établissemeuts crées sur celle côte par former un cours d'eau qui n'est pas in-
les Phœniciens ; il est certain du moius férieur en volume au Phineka tchaî,
qu'ils y avaient un comptoir, car au c'est sans aucun doiite le fleuve Limy-
nu'iieu des tombeaux lyciens on lit en- rus cite |)ar IMine comme un des af*
core une inscription phénicienne I.a fluent? de l'Arycandus.
ville d'Olympus, sur la côte est, s ap- La nécropole de Limyra comme celle
pelait aussi Phœnicus. On ne peut dire de toutes les autres villes de Lycie mé-
Sue ces noms viennent de plantations rite une étude particulière; elle n'a pas
e palmiers, car ces arbres n'ont Ja- l'imposant aspect de la nécropole de
mais prospéré sur la côte d'Asie, ils ne Myrai les tombeaux sont dispersés sur
s'y trouvent qu'accidentellement. la surface du rocher, dont les couches
Le village de Pinneka ressemble à sont obliques à Khorizon. Plusieurs mo-
celui d'Anlipbilo on y trouve trois
: numents portent des inscriptiotis lycien-
maisons du douanier, celle du ca-
, celle nes, quelques autres en langue grecque.
ftdji et celle du boulanger ; c'e^t litté- On remarque des façades ornées de
ralement ce qu'on appelle ici une pilastres ioniques.
échelle. Les bateaux viennent charger Les bas-reliefs qui décorent ces mo-
du bois et des planches pour les îles ; numents représentent des combaltanis
ils apportent quelques marclKmdises, ou des scènes mythologiques^ et les noms
qui sont transportées à Almalu, la plus des héros sont inscrits dans le champ
grande ville de la Lycie, a une distance du tableau: plusieurs de ces has-reliets
de douze heures de marche. portent em ore de> traces de couleurs.
Les ruines de Limyra i>out a six ki- Lu un mot les tombeaux de cette ville des
lomètres environ à I est de Phineka morts paraissent avoir été destinés à
séparées du village par un grand ma-' une population riche et nombreuse ce- ;

rais et par la petite rivière de Phineka pendant Slrabon ne place pas Limyra
tchaï, que i on passe sur un pont de parmi les vilk-s importantes de la Ly-
bois. cie. Deus petits hameaux sont les sedls
La ville lycienne est construite sur lieux habités dans cette vallée : le pre-
la pente d'une montagne qui longe la mier, Aladja keui, porte le nom de la
vallée d'Arycauda a l'est, et la sépare montagne voisine ; le second yçmirdji

Digitized by Google
696 L'UNIVERS.
keui est par cinq ou six familles
liabité jusqu'au cap Chélidouia. Les ruines d'É-
de Tcbiogheneb ou Bohémiens qui exer- debessus s étendent sur une terrasse
ont le inetienle foigen»; on retrouve naturelle détachée de la montagne Bef
oei «os-là erranU diOl presque toM dagh elles consistent en nn«théAtre de
;

kl fOlaget de l'Asie. petite dimension, qui conserve encore


quelques rangs de sièges, et dont le pros-
chapitré: xxiu. oénium fatssit face & un précipice. Uoe
église chrétienne s'élève a côte d'autres
ABTGAROA. -r TALUB D^ALLAftBtt. ruines, et la nécropole offre encore de
nombreux monuments, des sarcophages
Li ville d*Aryeaiida était située dans et des tombeaux ornés de couronnes, de
la vallée supérieure du fleuve, dans le boucliers et de télés de taureaux. Quel-
voisinage du villap;e modcnip de Arouf, ques inscriptions portant le nom de
h cinquante-six kilomètres environ de Édebessus mettent a même de constater
la mer. Les ruines lyciennes consistent l'identité de cette ancieiine ville.
en tombeaux de différents stjrles, un Acalissus est située à peu de distance
théâtre et d'autres édiflcfs construits en au sud -ouest de f.debessus, près du vil-
pierres polygonales. lage Yourouk do Giaouristan ; les rui-
Quelques bâtiments qui peuvent avoir nes ne consistent qu'en deux ou trois
apporlenn à une église ou à un monas- sarcophages qui contiennent le nom de
tere prouvent que rancicnne Aryrnn- la ville et en déux églises chrétienoes.
das fut habitée jusqu'aux derniers Les ruines de Rhodiapolis, aujour-
temps de l'empire byzantin. On i&uore d'hui F.ski hissar, sont entourées d''une
Vépoque de son abandon: jama» les forêt presque impénétrable, eù M. Sprttt
musulmans ne l'ont occupée. espérait peu découvrir les vestiges d une
La grande vallée de l'Allaghir Ichaï, ville. iMais bientôt au milieu d'une éclair-
qui est restée sans nom chez les écri- cie de la forêt, U reconnaît des tours et
vains anciens, prend naissanee dans le des murailles : un théâtre antique, une
mont Solyma, et s*étend directement vieille église chrétienne et des sarecipha-
jusqu'à la cote, où se réunissent, dans ges sculpté?:, restes d'une ville impor-
une plaine bis&e et marécageuse toutes tante. Plusieurs piédestaux portant des
les nvières de ces parages la rivière de
, inscriptions lui révélèrent le nom je
Limyra,rAllag1iir tchaïje Gœuk sou et Rliodiapolis.
la rivière de Hadji Vella. Les Lyciens Corydalla, autre ville presque ignorée,
avaient fondé plusieurs villes dans ces a laisse quelaues vestiges au village de
régions d'une défense facile et qui en- iiadji Vella, les rochers manquent pour
core aujourd'hui sont ombragées par y creuser des tombeaux ; on y observe
des forêts séculaires; les ruines de leurs cependant un sarcophnge dont rinscrip*
monuments attestent un état de civili- tion fait connaître le nom de In ville.
sation avancée, et les inscriptions qui Les ruines de Gags, au lieu dti Ak
subsistent encore mettent à même de tasch, la pierre blanoie, sont à reitié-
suppléer aux trop brèves indications mité orientale de la plaine de Limyr*,
que nous ont laissées les écrivains ro- près du village de Yenidje, à un demi-
mains. mille du rivage de la mer. L'acropolis
'
Édebessos est située dans la vallée . s*élève sur un rocher; une roche blan*
supérieure du fleuve, au pied du numt che,Ak tasch s'élève entre l'acropole
Solyma, au lieu dit Kosa agatch, près et la Les mines dans la plaine
mejr.
du ïaéia du village de Karditch. sont très-étendues; mais elles parais-
impossible, dit M. Spratt (1), de
Il est sent toe toutes de l'époque romaine.
clioisir un
site plus imposant. La ville On voit CBpeodaut à la pointe est quel-
s'élève sur le penchant d'un précipice ques constructions helléniques. Kn des-
infranchissable, et les montagnes d'a- cendant sur une esplanade inférieure
lentour sont couvertes de forêts dont on rejoint la seconde dtadelle, défendue
les dmes Immient mie mer de verdure par un précipice et des murailles épais-
ses. L'étvmologie du nom de Gagae
(i) in LiciOf I. i6S. vieut de ce qu'on trouvait aux environs

Digitized by Gopgle
MVEimE. «Wr
ASIE
tues et les tréww quMl avait enle vés^^^

Œ
mie pierre d'une nature
«mTelée ffa£ates Selon M.
dg'âa^'^
et
particulière
Sprali, les
de ser.
detrappB, il n'est pas im-
c^i'ellesaiSS iourni des 'agathes
la prise de la ville. Aujourd hui

de plusieurs temples et de portiques.


Un piédestal sur lequel
on re-
trouve encore le théfttre et les vest.g«ï

estm^* «e

Alexandre dans sa campagne de


CHAPITRK XXIV. Lycje remonta cette côte du sud au
nord, et son armée pour éTiter les ro-
PHAmiS. — OLYMPUS. — MOHT descendaient jusque dan» la
CHIMJIBA. n^pj. f^it souvent obligée de
marcher
dans l'eau. Toute que fait
la description

Le cap Chelidonia est relié aa contî- Arrien des obstacles que renoontra
Dent par an isthme montagneux qui rarmée macédonienne est d'accord avee
offre cppendnnt le seul passage prati- la nature dti pnvs.
cable pour arriver sur la côte orien- a l'entrée d étroite, dans
une gorge
taie; partout ailleurs la chaîne du mont laquelle coule rivière, s'élève un
une
Solyma s'élève comme une barrière in- grand rocher formant un arc naturel, In
franchissable. Une vallée qui prend geule communication entre l'ancienne
naissance dans la partie supérieure de ville et la côte, au nord de la rivière, il
l'isthme descend à l'est jusqu'à la baie est assez large pour que les piétons
d'Adratchan, qui est Tancien Portus Si- puissent y passer, mais les cavaliers ont
dérus; le mont Olympus ou Phrenix do- l'iiahitude de faire le tour du rocher et
mine la haie du côté du nord et descend de passer dans la mer. Les indigènes

les indigènesnomment Porto génovése :


d'hui désertes : il n'y a sur la côte d'autre
un château génois s'élève en effet sur h' maison que celle de Tofficier des
revers de la montagne qui regarde la douanes.
mer. Les ruines d'Olympus s'étendent Dans la montagne, nn-.-lessus d Olym-
autour d'un mamelon et dans la vallée, pus, on observe encore un phénomène
qui s'ouvre sur la mer. qui a tenu une place importante dam
Olympus était comptée au nombre des les mythes dont le peuple Lycîen était
six principales villes de la Lycie; cepen- si prodigue.
danl, si l'on en juge par le caractère des lx> capitaine Reaufnrt est le premier
ruines qui subsistent encore, elle tut qui ait signalé dans le montTactalu,
principalement habitée par une popula- rancien mont Chimnra, une éruption
tion grecque; les monuments et surtout nerpétiielle d'une flamme sortant du
les tombeaux de stvle lycien ne se ren- flanc des roeliers. Les indigènes con-
eontrent nulle pari sur cette côte ; les naissaient de tout temps ce phénomène,
villes de l*C8l ont en effet été occupées et lui donnaient le nom de Yanar taseb,
depuis Tan 6S0 de Rome jusqu'à la fin de la pierre qui brûle, non seulement ils ne
la guerre des pirates par des chefs Pisi- le redoutent pas, mais il lui attribuent
«liens, parmi lesquels le corsaire Zenicé- des vertus curatives et ramassent les
lot est le plus célèbre. Olympus fut prise résidus qui entourent le jet de flammes
p«rServihu8lsauricus,elaepuis ce temps pour en faire des remèdes. L'éruption
resta au pouvoir de Rome. TTn mot de Ci- se manifeste tantôt par un jet de
céron (1), nous donne une idée de la ri- flamme unique tantôt par de nombreux
chesse et delà beautédes monuments d*0- jets sortant des fissures de la roche;
lympus « ville ancienne et florissante mais il né paraît pas que jamais ce f( u
Servilius a fait transporter à Rome et se soit éteint. Les phénomènes de ce
porter devant son char triomphal les sta- genre ne sont pas rares en Asie; sans
parler du grafid feu de Bakou, sur les
(i)iaTfiTeiBi»ai. iMNds de M
mer Caspienne, qui est

Digitized by Gopgle
L'UNIVERS.
pour les Gaèbres un feu sacré, nous au bâtiment ruiné près duquel sortMl
avons observé dans la Mésopotamie et les flammes.
surtout à Kerkouk, non loin d'Arbeles, Le montSolyma, au pied duquel passe
des éruptions semblables; mais celle la roule qui conduit à Pbaseiis, offre
d'Olympus parait tout à fnit privée de des sites d'une grande beauté; la partie
forcé explosive; c'est un feu qui brûle est, qui portait spécialement le nom de
lentement et uniformément. Les rochers Climax, échelle, est composée de plu*
d'alentour ne portent aucune trace d*é- sieurs pians de montagnes superposées
panchement de lave, eesont des schistes dans lesquelles croissent de bdies fo>
et des serpentines. réts exploitées par les indigènes auiri
:

^
Cette éruption paraît remonter a i'o- donnent ils à cette montagne le nom
r^^e des temps : les plus anciennes tra- de Taktalu, la montagne des pbnches.
ditions la signalent ; elle était pour les Les roches qui descendent Jusqu'au
Lyciens un ^ujet d'effroi. Aussi leur bord de la mer rendent presque impra-
plus vaillant héros , Bellérophon fut-il ticable la route d'Olympus à Phaselis en
ciiargé d'aller combattre la Chimère, suivant les contours oe la côte; il est
qu'il parvint à vaincre (1). La flamme qui préférable de remonter la vallée d'Oulou
existait toujours fut consacrée à Vul- bounar tchaî, qui, dans son parcours, of-
cain ; un temple de ce dieu fut construit fre des tableaux d'une admirable na-
dans le voisinage, et l'endroit fut appelé ture, des montagnes couverte de pins
Hepbestion. séculaires et de profonds précipices où
Les poètes et les hiitorieDS ont décrit la rivière d'Oulou bounar serpente en
la Chimère les uns comme un monstre mugissant. Les habitants de cette mon-
indomptable les autres comme un phé-
, tagne sont des Yourouk, dont l'industrie
nomène naturel. Ils le placent entre les consiste à débiter les arbres de ces fo-
viltes d'Olvmpuset de Phaselis, ce qui réts. On remonte la rivière d'Ouloa
est exact. La description deSéuèque(S) bounar jusqu'à sa source, et Ton des-
est la plus rationnelle. cend au village deTekrova, près des
« Dans la Lycie on voit lUephestion ruines de l'aucienne Phaselis, Ce voyage
ainsi appelé par les habitants, où le sol exige une journée de huit heures de
perfore en plusieurs endroits, laisse marche.
échapper une flamme sans aucun danger Phaselis, colonie dorienne. ne faisait

m
nour ceux qui l'approchent. - Scylax (3)
aussi mention de la Chimère « Au-
dessus dii port Sldénis s'élève sur la
:
pas partie de la confédération des villes
de L>'cie. Située sur un isthme qui sé*
parait deux ports elle dut h son heureuse
montagne un temple de Vulcain où Ton position de devenir le centre d'un com-
voit brûler un feu naturel qui ne s'é- merce considérable entre i'Asi»', Tf^-
teint jamais. » gypte et la Phéuicie. On lui donnait
Le monstre de la Chhnère, représenté aussi le nom de Pit^ussa, c'est-à-dire
comme vomissant des flammes est ombragée par des pms ces csseuces
:

expliqué plus simplement par Servius (4) abondent encore dans le mont Taktalu.
;

une nionl.i^'ne qui n du feu


C'est, dil-il, Les nombreuses criques de la côte est
au sommet, dont le milieu est fréquenté de Lycie étaient on ne peut mieux dis-
par les lions, et dont la base est infectée posées pour servir de retraites aux na-
de serpents. Jusqu'à ce jotir on n'a vu vires des pirates; outre les petits ports
aucun lion dans cette partie de l'Asie. que nous .ivons cités, il faut mentionner
Pour se rendre de Delik tasch au Coréens, abrité par les rochers de Tria
Tanar, on traverse une petite plaine Nisia, qui sont le8tlesGypria;eat»ceGo-
d'environ kilomètres de large;
trois rycas qui donna le nom aux corsaires
on entre dans uue vallée boisée et cor\ céens, ou vinrent-ils de la ville de Co-
l'on arrive après une courte ascension ryeus de CiUcie.^ I..es auteurs ne le disent
pas, mais ils attestent que le nom de
(i) Homère, "W, x8o. Gorycus se retrouve dans tous les lieux
(a) 8éoè<j..
Fp. 79. qui étaient infestés de piiates (1). Pfaa-
(3JSql. Perij,!. p. 39.
U) yu§-* yif ait. (i) Voy. page 366.

Digitized by Google
ASIE M ŒUKE. 690

Mlis MgoQferna d^abord par ses proprei fsrtt da nom QHrniK deaesDd iniqa'à
lois. Cicéron (1)) en fait une colonie non la mer, et va former le cap Avova ou
de Doriéns, mais de Grecs ycens. Egder. Vient ensuite la plaine de Kemer
Ce n eiait pas dans i urigme un repaire arrosée par une petite rivière. Au delà,
de piratiB; mais talla est sa position sur le chemin pour entrer en Pamphylia
on promontoire fort avancé dans la par la côte est impraticable. La rivière
njer, que les pirates deCilirie, dans leurs de Kemer descend du Seghir dajjh, la
courses, étaient obligés d'v relâcher. Eu montagne du boeuf, en tormaot un
conséquence, ils se l^ttacnèrent «Tabord torrent éeumem au milieu d'une vallée
par MB affaires commerciales, ensuite qui s*élève rapidement jusqu'à six cents
par un traité Après la prise d'Olympus, mètres au d "^sus de la plaine. D'antiques
P. Servilius vint attaquer Piiaselis, qui forêts de pins couvrt ii les pente*., et
était defeudue par Zenicelus en per- sont l'objet d'exploitations dunnees en
sonne. Lorsque le ehef des corsaires vit concessions aux Yourouk.
l'armée romaine maîtresse des abords Pendant que je naviguais dans le
de la ville, il fît mettre le feu .lUX prin- golfe d'Adalia en I8.']r», je fus témoin
cipaux éditices, et se précipita dans les d'uu spectacle trop frequeut eu Asie.
flammes aiee tons ses compagnons. Un incendie aUiubé par les nomadsi
Pbaselis se releva cependant de ces dé» dévorait les fiuéts du mont Climax; le
sastres. et Strahon la cite comme une relèvement pris par un ofBcier du brick
des villes les plus llorissantes {2) de cette donnait plus de huit kilomètres de
régiou. Les editices dont les ruines sub- longueur pour le terrain iuceodié.
tiâent encore appartiennent tous à 1*^ Ces vallées ont été franchies ptr
pofjiie romaine, la ville s'élevait sur un l'armée d'Alexandre; c'j-st ce que
plateau entouré d*» rochers, le ^rand Plutaraue appelle les Échelles. Der-
port était au sud-ouest et Ton aperçoit rière le Taktaiu s'ouvre une grande
encore sens les eam un mdie qui a vallée qui descsnd jusqu'à l^lbg»
environ eim|Dante mètres de longueur. bit tehai; une antre vallée passe au-
Le'théâtre avait vingt ranp desipfjes, il dessous des ruines de Seraïdjik, que
ne se distingue en rien des autres édi- l'on apert oit du petit hameau de Ko-
fices du même genre. Paosanlas cite saracy. Le nom de cette ancienne ville
comme un monumentcélèbreà Fbaselis est resté indéterminé entre les explora*
le temple de Minerve, où l'on conservait teursqui ont visité ces ruines. M. Spratt
la lance d'Achille {3i. On re(U)nnaît pense (|uc c'est l'ancienne Apollonia ;
aussi un long portique de quatre cents M. Schœnborn y voit remplacement
pas d*élendae, toutpavéde marbre Mane, de Marraora, Tillequi s^est opposée ao
qui conduisait au petit port. Des sièges passage d'Alexandre, et qui a «érainés
étaient disposés (le chaque côté pOHT par son ordre.
Tusase des promeneurs. Apollonia de Lycie était une colonie
Dqà du temps des Romains le petit de Tliraces à Aiexandva et
restée fidèle
pevt était éevenn un marais exhalant lui fournitdes guides pour traverser
des miasmes délétères ; cet état de choses ces montagnes. Os ruines sont intéres-
n'a fait qu'augmenter, et a ete la prin- santes au point de vue jfeo^raphique;
cipale cause de l'abandon de la ville. Les les monuments qui subsistent encore
ports de la céte de L5[eie, l>ens pour les sont des tombeaux et quelques restes
petits navires des anciens, ne sont plus de murailles.
d'ailleurs d'aucune utilité pour l.i ma- En franchissant la crête de la mon-
rine moderne, ils ue pourraient recevoir tagne vers le nord, on arrive a la nais-
des lifltimeBtB de trois ou qnatre cenH sance d*une vallée qui conduit dans la
tonneaux. plaine d*Adalta; c'est par cette ronte
Au nord de Pbaselis, im des contra- qu'Alexandre est entré en Pamphylio.

II) In Verrem U, liv. IV, X.


(s) AnboD. Xnr, M6.
(S) Lmm. db. 3. Let souvenirs de la goem
de Troie lont populaires dans toute la Lyde.

Digitized by Google
700 LUNIVERS.
CUAPITHK XXV. comme les plus indomptables de la
contrée.
LA TiTiAPOu m cranATis. La Tétrapole est arrosée par le Ghe-
renistchaï, et fait aujourd'hui partie du
Au nord de la Lycie habitaient les pachalik de Mogla ; elle s'étend a^ sud
Solymes et les Cabalès, deux peuples jusqu'au sources du Xanthus.
d'une origine étrangère à TAeie Mi- Cib5rra était située sur la pente otieB-
Dt'ure. T. es pretniers, qui occupaient les taled'unemontagnequidomme la grande
régions maritimes, furent repoussés vers vallée du fleuve Tndiis le Gherenis
,

)e Dord par l'invasion crétoise ; les Ca« tchaï. Les ruines de cette ville ont été
balès 8*unirent avec les Lydiens, et for- reconnues par M. Spratt près du vil-
mèrent cette race de Cabalès Lasoniens lage de Hourzoum, sur la route qui
sujets de Crésus Avant cette migration, conduit d'Adalia à .Smyrne. Ces ru'nes,
le plateau du Milyas était occu|>é par éparses au milieu d'une plaine, ne pré-
les Lélèges, qui se mêlèrent m
partie sentent pas l'imposant aspect des an-
avec les Cariens. Le reste de la natiob ciennes villes de Lyde, mais conser-
se retira vers Test, et se fondit avec les vent encore plusieurs monuments se-
Pisidiens; aussi toutes ces villes con- mnrquables.
servèrent elles un gouvernement analo- il laut citer en première ligne le
gue : elles étaient soumises à l*autoiité tbéitre, qui a quatre-vingt-dix^mètres
de princes ou de chefs électifs. environ de diamètre. La première pré-
Cibyra devint le cheMieu d'une con- cmction a quinze rnncs de gradins, et
fédération de quatre villes ; son gouvcr- la seconde vingt et un. Le rang supé-
nemeot était une nionarcliie absolue. rieur de la première précinetion porte
11 est fait mention de Qbyra pour la des dossiers pour les spectateurs. Quel-
première fois dans la campagne de ques inscriptions d'un grand intérêt
Manlius. A cette époque la province
, existent encore ; elles mentionnent
était sous l'autorité d'un dynaste plusieurs fois le nom de la ville.
nommé Moagète, qui fut rançonné par Un autre édifice s^élève à cent mètres
Manlins. Cibyra paraît avoir été dans le ati sud du théâtre. C'est un crnnd bâti-
principe une ville de peu d'importance; ment carré et sans ornement ; la faca<{e
mais elle s'asrandit par l'adjonction est percée de cinq portes ceintrécs , et .

d*une eelonle de Pisidiens, et acquit un «dans rintérieur on voit treize rangs de


développement tel , que du temps de sièges formant un segment de oerde;
Strabon, son périmètre avait jusqu'à le plan de cet édifice diffère, comme
cent stades. ILiU était renontmée par on voit, de tous les autres monuments
l'exeeUeneedesesloiset par l'industrie connus. Le stade est à Pextremitéde In
de ses habitants, qui avaient acquis une plaine; il n'a de gradins que d'un
frrnn le renommée dans Tari de tra- côte.
vailler le 1er. Cibyra pouvait mettre sur Le5 trois autres villes de la Cibyratis
pied trente mille fantassins et deux étaient des places de peu d'importance;
mille cavaliers ; son pouvoir s'étendait les ruines de Bubo sont à deux milles au
au delà des limites de la province sur sud d'Ebadjik, village d'une douzaine
les villes de Pisidie,du Milyas et de la de maisons au sud d'Hourzoum. On y
Lycie. remarque un théâtre et des vestiges de
Lorsque le dernier prince du nom de temples ou d'autres monuments qui
Moagète fut soumis par Murena, la s'élevaient sur une terrasse.
tétrapole fut divisée; Cibyra fut an- Balbura est dans la vallée supérieure
nexée à la Phrygie et les trois autres du Xanthus près du petit village de
villes Bubo , Balbura et Œnoanda . fu- Katsra. Les ruines indiquent uuc ville
rent incorporées à la Lycie. Cibyra pa* d*une certaine importance; le théâtre
raît avoir supporté impaliemnieiit le est situé sur la pente Je racropole; il a
joup de Home; elle devint cependant cela (te particulier que les gradins sui-
le chef-lieu d'un Conventus juridicus et vent les irrégularités du rocher, et au
ealui d*an Thème, mais Constantin centre est une eieavatioii eomme un
Porphyiogéoèto signale tes habitants grand siège M
un trône. Ua «oond

Digitized by Google
àStE MIREUftE.
XhéÊÊtt «H pbflé dam un enfoseemeat dû attirer une nombreuse population.
de lamontagne au sud de la rivière. Les Solvmes, les Termiles, les Laso-
Un prand nombre d'autres nioniimenls niens, les Milyens qui élaiirit des
soutepars aux environs , quelques^-uiis' Thraces, avaient dej formé une confé-
i

présentent le caractère d*uue huute an- dération de tribus et de villes.


tiqpiilé. Les hautes YalléM du Taurus leur of-
OEnoauda était à uno "dcn\i-jouriiée fraient des terres assainies, d'une cul-
au sud de Balburn on retrouve ses; ture et surtout d'une défense facile. SI
ruines au village de Uuiuudja, sur La jamais pays mérita le nom de Pam-
rive gauche du Xanthus. Les menu* phylie, ce njt cette région dans laquelle
meptfi sont presque entièrement dé- on parlait quatre langues. Ils possé-
truits; ils avaient lem^me carnrtère que daient le pays depuis le Taurus jusqu'à
ceux des autres vtllei» de la Iclrapole. la cùte opposée a l'île de Rhodes, dit
Strabon (1). Quelques-unes de ces tribus
CHAPITRE XXVI. deseendirent dans le pays plat, et choi-
sirent les eminences naturelles pour y
PAHPHYLU. établir des châteaux. I^t delense conmie
la salubrité commandaient cette pré-
COHITITVTION DU M||.. iTABLMSB- ^ caution , et nous retrouvons, entre les
MBRT pEM COLONS OIECS. n.ains des Grecs ces mêmes bourgades
deveimes des villes florissantes em- ,

Les Grecs ont donné le uoni de Pain- bellies de monuments groupes dans la
pliylie à eette province formée d'une laine au pied de la oolline qui fut le
bande de
E
étroite territoire, resserrée ereeau de la ville. Perga, Syllaeum,
entre la chaîne du Taurus et la nier, Aspendus en sont des exemples'
et presque entièrement formée de ter- La dispersion des peuples grecs con-
rains d'alluvions. Si les documents his- fédérés contre le ro]^aume de Priam fut
toriques nous font défiiut pour con- aux yeux des historiens anciens la pre-
naître les populations qui ont occupé mière cause de l'expansion de la race
eelle contrée avant l'arrivée dva pre- hellénique sur toutes les crtles de l'Asie,
miers Grecs, nous pouvons être assures, Les compagnons d'Aganieiunoii, égares
d*après la nature du pays, que les ré- sur la vaste mer dont Tétendue leur
gions montagneuses voisines de la paraissait infranchissable , s*en allè-
Painphylie, !a <-ili«e, la I.yrie et la rent côtoyant l'Asie et fondant des villes
Pisidie étaieut déjà peupléesquand le dans ces parages inconnus
territoire de la Pamphyhe, composé de Chalcas et Amphiloque se dirigèrent
terrains marécageux qui reeevaient les vers le sud, et donnèrent au pays où ils
eaux des versants du Taunis, ét:iit en- nhordèreut le nom de Pamphylie, pays
core impraticable. Plusieurs fUnnes et de toutes les tribus, qui rappelait la
de nombreux torrents la traversent dans manière dont il fut peuplé (3).
tonte sa largeur, et forment des allu- On est disposé à accepter cette ét^-
vions dont nous pouvons nous nnidre mologie donnée par Hérodote, puis-
compte en comparant l'état actuel du u'elle présente un sens précis; f.tieiuie
pays et des historiens anciens,
les récita e Uyzance fait dériver ce nom de celui
on peut voir quels changements nota* de Pampbyle, fille de Rbacius et de
bles se sont opérés depuis l'âge romain : Maoto.
les embouchures des fleuves obstruées Au nombre des peuples qui se sont
par les sables et le grand lac Capria établis dans la contrée , Strabon cite les
presque oomblé sont des témoignages Cilidens de la Troade, qui fondèrent les
suffisants des transformations inces- villes de Thebé et de Lymessos; pour
aantca auxquelles est soumis le sol de la n'omettre aucun des noms des premiers
Pamphylie. colons de la Cilicie, il faut citer encore

Ces aliuviûns ont comblé et assaini


les marais formés par les eaux sta- (i) strabon, XIII, 63i.
gnantes et crée un {Kiys d'une incompa- (a) Slraboii, XIY. 6O9.
parable fertilité , gui alors seulement a (3) llérodule, VU, 99.

Digitized by Google
709 LUWIVKRS
Mopsus le Devin, qui mourut à Claros( i Ville d'Attalia aujourd'hui Adalia , la
la contrée aurait alors été appelée Mo- ville grande ou plutôt la seule ville de
psuflfitia (2). Il n*e8t pas surprenant que la provmce moderne.
n Pamphylie aeensule de toutes parte, Les limites de la Pamphylie varièrent
"aittoujours suivi le sort des provinces comme celles de toutes les autres pro-
voisines; lorsque les rois de Lydie sVm- vinces; au nord, elle absorba la Pisidie,
Çarèreut de la Cilicie, la Pamphylie leur et s'adjoignit une partie de la Cilicie
lut bientôt soumise. Cette province, Trachée. Cet état de choses dura jusqu'à
flous le gouTemement des Perses, faisait la nouvelle division sous Coostaotiu. La
partie de la première satrapie elle est ; Pamphylie avait été divisée en deux
citée en dernier les Ioniens , les Ma-
: provmces ; la Pamphylie première était
Éuetes d'Asie, les i£oliens, les Cariens a Test du ileuve Eurymedun, la Pam-
» Lyeiens, les Milyens, les Pamphy- phylie seconde était comprise depuis
liens (3). Il D*y a pas lieu de s'étonner cette linîtte jusqu'à la Lycie. SousCoas*
si les historiens sont si sobres de dét.iils tantin , la Pamphylie en une
fut réunie
sur c«lte contrée : les événements qui seule province, administrée par un
a*y passent ont tous leur point de départ consuhure; Hiéroclès la ré*>ume en un
dans d'autres provinces. Le sort des seul chapitre. Dans la liste des Pâcs dn
Pamphv liens était de servir d'auxiliaires concile de Nicéo il n'y a qu*une seule
,

à tous les conquérants qui se présen- Pamphylie, dont la capitale est Perga.
taient. Dans la guerre de Xerxes contre Dans les actes du concile d'£phèse, on
les Grecs , leur eontlagent naval Ait de nomme Berenianus évéque de Perga,
trente vaisseaux tandis que les Lycieos Amphiloque de Sidé. Au concile de
en fournirent cinquante et les ('iliciens Ch.-nréiiome, on nomme yVjnphiloque
cent (4). Les habitants de Phasel», quoi- de Side Épiphane di- l'ei tja.
,

que d*origine grecque refusèrent de se Théodose le jeune opéra une DOUf


joindre à Tarniée oe Gimon, qui allait velle démarcation et divisa la Pampbylie
combattre les Perses, et ne consentirent en deux provinces Perga eoIi^erva le
:

qu'après que le chef des Ath(^niens eut titre d'évêché, et Syllaeuin tut cré^e
commence à investir leur ville pour eu métropole de la seconde. Elles furent
fÛre le siège. (5) Les Perses avaient, il ensuite en un temps ineonnu réunies
est vrai, garanti leur liberté aux deux sous une même juridiction eocl^sias-
principales villes, Aspendus et Perga. tiqtie ; Syllaîum devient la seule métro-
La Lycie s était soumise volontaire- pole et les évéques de Perga disparais-
ment & la domination d'Alexandre; les sent.
villes de Pamphylie qui étaient demeu-
rées libres firent plus de ditriculté, mais CHAPITRE XXVU.
n'en furent pas moins incorporées dans
le nouvel empire. A la mort d'Alexandre, CICÉBON CILICIE.
cas villes passèrent sous le gouverne*
ment des rois de Syrie, et restèrent en Dans dernières années de la re-
les
leur pouvoir jusqu'à la mort d'Autio- publique romaine, les provinces du sud
chus (6). lurent réunies en un seul gouverne-
Les rois de Pergame héritèrent des ment, et mises sous la juridiction da
|K>ssessions de ce prince eu Asie Mi- proconsul de Cilicie, dont le siège était
neure, et les conservèrent jusqu'à ce a T-nodir«'v. Cicéron occupa cette charge
que royaume des Attales fut absorbé
le peudaut une année; il entra en fonc-
par les Romains. C*est durant cette pé- tions le 31 juillet de l'an de Roosa 703*
riode qa*Attale PhUiMlelpbe fonda la fl y a aujourd'bul SI juillet iges, dix-

neuf cent quatorze ans. Le nouveau


1)rocoiisiilfait de ces provinces un ta-
(x) Pline,V, 26.
(ai P. Meta,XIV., Strabou, UV, 66S. >ieaupeu llaticur \ on doit convenir que
(S) Hérodote, II, 90. depuis vingt siècles le progrès dans m
(4) Hérodote, YII, i3.
pays n'a pas suivi une marche ascendante.
(5) PItitarque, vU tle GmoU* Cicéron arrive en Asie désespéré de
(6) Pul^b, Xlll, 17. rbonneur qui lui est fait, et malgré

Digitized by Google
ASIE MINEURE. m
Tacciieil empressé qu*il reçoit des ci- la Cappadoce contre les Arméniens qui
toyens d'Éphose la première préoccu-
, tenaient pour les Parthes, et pouvoir
patioo du procoasul est de prendre en même temps s'opposer a un coup de
aei mesuras pour ne pu rester en] Asie main sur la ulide, dans le cas où les
plus d'une année. Il ne demeure qu'un Parthes attaqueraient cette profinoe.
jour f'plièse. part de cette ville le
il Cicéron resta quinze jours au camp de
*22 juillet, met une journée pour oller Cil)y>tra. Les avis qu i! recevait du sud
d'Épbèse à Tralles, et se plaintl)eaucoup lui faisait craindre une attaque de la
de la poussière et de la chaleur. part du roi des Parthes, il i^avança vers
Cicéron arrive à Tralles le 27 juillet le Taurus avec son armée la Cilicie :

et à Laodicée le 31. Les démonstra- même ne paraissait pas très-soumist-. et


tions de joie et d' affection qui lui sont les alliés, écrasés par la dureté et les in-
prodiguées ne le touchent guère, et dès justices du gouvernement 'romain (i),
le premier jour de son entrée en chai]ge étaient tout prêts à faire dtfeclioD.
il écrit (11, n Vous ne sauriez croire
: Malgré ses tristes prévisions, Cicéron
combien je suis deja las du métier que marche en avant, et déploie, avec ses
je fais; le bel honneur pour moi de faibles contingents , toutes les qualités
juger les affaires de Laodicée et de d*un général consommé; il soumet les
commander dans mou exil une armée peu|)ladesdu mont Amanus,br01e leurs
de deux légions. Je ne suis point ici à châteaux, et reçoit sur les bords de
ma place ; faites en sorte que j en sois rissus le titre il imperator, aux lieux
quitte au bout d*une année mêmes où Alexandre avait triomphé.
Cicéron est surtout frappé de l*état L'année de son commandement s*»>
déplorable des villes de son gouverne- vanrait, mais les campagnes de Cicéron
ment; les députés lui exposent qu'elles n étaient pas encore closes; il restait
ne sont pas en mesure de payer les sur ses derrières une population aguer-
taxes (|ui leur sont imposées: plusieurs rie, dans les montagnes les plus mac-
des habitants étaient obligés de vendre ccssibles de la Cilicie, ad iîifestissi-
leurs fonds. Il ajoute a Os pauvres
: incnn Cilicix partem (2j. li est a noter
villes sont bien à plaindre. » Laloi Julia que dans tout le cours de sa corres-
accordait au gouverneur et à sa suite le pondance, Océron ne prononce pas
droit de prélever sur les habitants les une seule fois le nom de la Pisidie ; il
vivres et les fourrages nécessaires; Ci- donne aux habitants de ces montagnes
céron ne proiite pas de cette faculté il : le nom d'LleuUierociliciens. Toute cette
payait jusqu'au bois; il aeeepte quel- eampagne de Cicéron en Pisidie est
quefois un gtte chez les habitants , mais décrite en peu de mois et a été, ce me
le plus souvent il couchait sous sa tente. semble, trop peu remarquée. Cicéron,
Il n'y a rien de changé aujourd'hui dans du reste ne parait pas trop savoir ni
la manière de \ oyagcr dans ce pa^s , le âuelie ville il a prise , ni quel peuple
ferman de voyage est une émanation de a combattu; il altère le nom de la
la loi Julia. ville , et ignore le nom du peuple qu'il
Cicéron passe trois jours à Synnada; a vaincu.
il préoccupe pour donner a son
est trop Apres sa victoire contre les peuples de
ami Attieuamieun détail géographique ; TAmanus, il ajoute : « J*ai conduit mes

on voit même qu*il connaît très-peu le troupes chez les peuples les plus indo-
pays. De Synnada il se rend a Ico-
, ciles de la Cilicie; la j'ai mis le siège
uium , passant par Philomelium
en devant Piudénissus, ville très-bien for-
(AIl cbeber). Le 31 d'aodt (2L il part tifiée (3); depuis vingt cinq jours nous
dleoninm pour se rendre de la Gilieie avons 6it des terraneoDenia, avaneé
dans la Cappadoce, et va camper à Ci- des mantelets, élevé des tours avec tant
bystra, « ville de Cappadoce au pied du de fatiuues et tant de génie, qu'il ne
Taurus c'est la que le proconsul éta- manque a ma gloire que le nom d'une
blit aon quartier général pour protéger
(i) Ibid., Fpist. CCXUL
(i) Ad Att., 207. (a) Ibid., C.CWVI.
{%) Ad Fau., OCXiU. (3) Ibid., LCXXVi.

Digitized by Google
LDNIVERS
ville plus célèbre; nous la prendrons encore en Asie jusqo*aii mflleQ èe
bienlol, je IVspère. » Il devait encore l'année suivante, il s'occupe unique-
s'écouler vin^t-deux jours avant que les ment des affaires de son gouvernement.
Romains entrassent dans la place. Pour ceux qui s'mtéressent à la ques-
Enfin le 31 décembre 703, Cicéron an- tion de savoir si Ton trouve des pan-
nonce sn victoire à son ami Atticus (1) : thères en Asie Mineure, les passages de
« La ville de Pi nden issus s'est rendue à quplfjiif s lettres de Cicéron prouvent que
moi le jour des Saturnales, après qua- du tt ::ips des Romains^ on croyait que
rante-sept jours de siège. Qu'est-ce que la Pamôhylie en nourrinait à profosioo.
c'est que ce Pindenissus ? je ne savais M. Cœfius écrit, en effet, à Cicéron pour
pas il y eut au monde une ville de le prier de lui en faire passer un certain
'
ce nom. * nombre. « Vous n'avez pas reeu une
Cstt» Tille qa% Qeéron n*aTait jamais seule lettre où je ne vous aie pané des
SDtendtt nommer, et dont il altère le panthères; il serait tien honteux que
nom ne manque cependant pas d'une
, Pritiscns en crtt envoyé dix à Curion.
certaine célébrité c'est l'ancienne Ped-
: et que je n'en obtinsse pas un plus grand
nelissus, une des principales villes des nombre de vous, oui pouvez en tirer
Pisidiens, la rivale de Sel^é, dans la d*une quantité d'enaroits. Pour vous, si
vallée supérieure de rKuryniédon. Klle vous avez la borné de vous souvenir de
est citée par Strabon ;2), d'après Arté- ma prière et de donner des ordres aux
. midore, qui met au nombre des villes
la Cibyrates et en Pamphylie où l'on dit ,

de Pisidie, par Étienne de Byzance et qu'il s'en prend beaucoup, vous m'eo
par Ptolémée. Hiérodes <'teiid les fron- procurerez autant qu'il vous plaira (1) «.
tières de la Pisidit» jnstju'au milieu du Cicéron ne paraît pas avoir fait
T^urus , et met^Peduelis.sus (3^ dans la (;rande attention à ^a lettre de Cœlius ;
Psmpbylie. Des ruines encore fort im* I ne lui répond pas, et se contente d*é>

portantes ont été découvertes dans une crire, le 13 février suivant, à sonami At-
des parties les plus inarcessil)les du ticus (21 n 11 n'y avait rien de nouveau
:

Taurus, près du village de fiaoulo. Ci- pour moi dans cette lettre, hors ce qui
céron dans la même lettre rend compte regarde les panthères de Cibyre; vous
des événements qui ont suivi la prise avez fort bien' foit de dire à Octaviua
de la ville. « J'attaquai ensuite Piiulé- que vous ne croyiez pas que fSQ eo-
nissus (Pednelissus), ville très-lorte de voyasse à son rolîeizue. »

la Cilicie indépendante, qui, de mémoire eu beaucoup de peine


Ciccroii aurait
d'homme, fut toujours en armes , gens à son ami; 11 est probable qn'è
satisfiiire
rudes et teroces pr«'ls à se défendre par cette époque les panthères étaient en
tous les moyens. J'entourai la ville d'un Asie Mineure un animal aussi inconnu
fossé et d'un retranchement, et j'établis qu auiourd'hui : ildevait se trouver eu
mi grand terrassement; je fis construire en effet d*autant moins répandu que le
des f inea ou bèrceaux,uue tour très- pays était plus peuplé.
haute et une quantité de machines; je
lançai en outre une nuée d'archers, ^ous CHAPITRE XXVUI.
somoMi arrifés à notre but après de
rodes fttigués et en employant de grands OLBU. — ATTALIÂ.
moyens: un certain nomfcre des nôtres
ont ete blesses, mais l'armée est sauve. Le territoire la Pamphylie com*
de
Je lui ai abandonné le butin, excepté les mençait à Phssélis et ae terminait à
dievaox. Je fais vendre les esclaves Ptolemaîs la longueur
; de la cote, était
aujourd'hui 21 décembre, le prix en estimée à six cent quarante stades, 118
monte déjà à douze millions de sesterces kilomètres (31 Klle est divisée en troia
(2,400,000 fr.). Voilà tout le détail de Ïarties par les fleuves qui descendent do
mm eiploils nHitairei. aoéroo deasevre 'auras: le CatanlMCMs, le Oestnia et

(i) Ad att., CCX.XV1II. (i) Ad fam. Ep. GCXi> a iepC. 710.


(a) XIV, 667. (a) Ibid., CCL.
(3) Vuy. i)lutlMiPeilBtU«ai.

i^iym^cd by Google
ASIE Ml
TEarymédon. Le fleuve Mêlas foriiM !• au point de me
du commerce et des
limite orientale de la province. relations d'outre-mer, était bien préfé-
A[>rès Phaselis, di^Strabon (1), vient rable. Un cap élevé formait le port, qui
Olbia ville forte, ensuite le Catarrhaetès, était vaste, pour les flottes grecques. Il
puis la ville d'Attalia construite par est arrivé pour Attalia le même tait que
Atlale Philadolphp le m^me prioee
, nous avons tant de fois remanjué pour
qiii fonda la colooiede Cor) eus. d'autres villes grecques, elle a été sauvée
Ce passage a lieaiieoup embamssé pirses relations commerciales; toutes
les commentateurs jusqu à ce jour où les autres villes de Pamphyiie sont an>
les mines d'Olbia oni été retrouvées. jouni'Imi dépeuplées. Elles n'av,»ient
Aujourd liui il reste bien encore la dif- d'autre port que Tembouchure des fleu-
ficiiUé d'expliquer comment le Catar- ves; celui d'Adalia pouvait en tout
rhnrtèfl se trouveiTratet non à Tooest temps offrir un abri à une flotte. Paul
d'Atfnlia, mais avec les variations qu*a et Hnrnabc s'eiubarcjuèrent à Adalia
subies le cours de ce Meuve, il n'est pas quand ils quittèrent la Pampbylie.
impossible qu'a une certaine époque il Des que les Seidjoukides furent
se soit jeté dans la mer à l'ouest d*A- maîtres de la Ceramanie , Adalia de-
dalia. vint leur principal arsenal maritime, et
Les anciens comptaient en Pam- la ville ac<|uit un nouvel accroissement.
plivlie SIX villes principales, Olbia et Les fortilicatiuns de la ville grer<que
Attalia à Pouest, Peiva et Syllanim au furent rpconatruitet suivant le système
Centr»*, et à Test Aspendtis et Sidé. 1 es de défense d'alors; on répara les an-
mines d'Olliia ont été retrouvées dans la ciens môles et une grosse tour antique
vallée de Arab tcliaï, n huit kilomètres voisine du port fut convi^rlie en bas-
à l'est d*Adalia ; elles occupent un pla« tiott.
tcan isolé de trois côtés de monière à Les Seidjoukides se bornèrant è ces
former une sorte de promontoire; le travaux de défense; les montimenfs
quatrième côte est défendu par une mu- cons.icrés au culte n'ont pas la gran-
raille de deux cents mètres de long et deur que les émirs avaient coutume
d^une épaitseur de trois mètres, cons* dMmprimer à leurs œuvres; deux oo
truite en grosses pierres réunies sans trois mos piées plus mod mes , b.ifres
ciment. La peti'e rivière Arab tcliaï sans doute p.ir le sultan Mourad 1", sont

conle au iiurd du plateau qui n'est pas d'a.ssez belle apparence.


éloigné du rivage. Cette imsition peut On trouve'' a chaque pas, encastrée
tres-bien avoir convenu à une forte- dans les murailles, des frasments de
resse qui défendait l'entrée de la Pam- monuments antiques, mais qui sont
phvtie contre les incursions des Solymes. tous de l'époque romaine. I<es maisons
bans les rochenqui forment les flancs sont bAtNseo pierr», Uanehiii à U
du plttran sont creusts (juebiues tom- chaux et trèa>propre8 ; la plupart ont de
beaux sans ornements, (iette petite grandes cours intérieures plantées d'ar-
ville paraît avoir été habitée même dans bres. J'ai demeuré à Adalia pendant un
les tempschrétiens ; on y reconnaît quel- mois , chez une Camille grecque à la-
ques vestiges d'édifices qui datent des quelle j'avais été adressé par le pacha,
byzantins. et j'en ai reçu toiis les soins imagina-
bles jusqu'au' jour où ma santé m'a per-

CUAPITRK XXIX. mis de m'embarquer pour Smyrne.


La ville eat entourée de jardina, oà
âlTAUA. — ADAUA. les eaux du Douden entretiennent une
fraîcheur continuelle ; pendant l'été,
les habitants se construi'^ent des gour-
La construction d'Attalia par le bis ou cabanes de branchages , et pnt»
prince A'fale, 158 ans avant notre ère, sent la saison chaude sons rentrer en
naratt avoir été la cause de la ruine. ville. Tous les fruits réussiraient sur ce
a'Olbla. La position de la nouvelle viHe, sol fertile, si une bonne adininistration
fiidliiait la production an lieu de Pcii»
(I) XIT. Wj. traver. La ville est on ne peut plut mal
4S>*UmHson. (Asie Miniuib.) '
. II. " 4ft

Digitlzed by Gopgle
706 L*UT41VKRS.
approvisionnée oo ne mange que de la
: distance pour couler dans la plaine d'A-
naode de chèvre. dalia.
Adalia s'élève sur un coteau qui re- Les enux du Doudeii ont une pro-
garde la mer pres'jue toutes les maisons
; priété incrustante qui les distiiiiiue des
jouissent de h perspective du golfe. La autres rivières de l'Asie. Chargées d'une
popbtion eft estimée de quinie à dix- grande quantité de aela calcaires , elles
DUit mille habitants; le commerce du forment en roulant sur le sol des dé-
cabotage est entre les mains des Grecs, f)ôts
eonsidérables qui recouvrent tous
qui sont presque tous a leur aise. es objets qu'elles touchent. Les pierres
LonqueleeaiHt. Beaufort visita pour comme les plantes sont bientôt recou-
la première fois cette ville, il observa vertes d'une croûte calcaire et le ter-
plusieurs restes d'antiquités un arc de
: rain est lui-même transformé en une
triomphe et des colonnes corinthien* roche tendre el poreuse ddus laquelle
nea; une ffiie oà était imerit le oen sont enveloppéa ws détritus végétaux
d'Hadrien. J*ai remarqué dans les mu- qu'il contenait; il prend l'aspeet d'une
railles un certain nombre d'écussons agglomération de coraux. Comme cette
de chevaliers, probablement du temps i)ropriété incrustante se développe par
Îue la ville était entre les mains des e contact de Tair, les dépdts deviennent
rancs. plus abondants à mesure (pie le fleuve
Le pachalik dWdalia est un des plus approelie de son embouchure. Les
étendus de la côte; bien qu'il ait peu ntoindres obstacles qu'il rencontre dans
de villes dans son ressort, il reuferme son parcours sont devenus des espèces
vn grand nombre de villages, et surtout de digues, qui arrêtent le courant;
nne population de Yourouk ou noma- alors les eaux s'épanelieiil en tous seii5,
des assez cousidéral)le. Il s'étend à el forment des marais î^ans que pour
l'ouest jusqu'au uachahk de Mogla, au cela leur limpidité eu soii troulilee.
nord de :eiBlui oe Ronieh. Il produit L'exhaussement du sol à Pembouebure
du bois, des céré^iles, du labnc et des a formé une cascxide tombant directe-
peniix. La fameuse huile de rose qui se ment dans la mer; c'est de eeite cireons-
iabriquuil à Phasélis pour l'usage des tance que le tleuve a reçu le nom de
damei athénennes , le storax de Selgé catarrbacte.
ouf fournissait en même temps un par- Le Pouden passe à huit kilomètres
fum et des hampes de lanoe; tous ces d'Adalia; mais les nombreux jardins de
produits de l'ancienne industrie des la ville sont arrosés par des canaux dé-
Grecs sont aujourdliui parfaitement rivés du Deuvc qui servent en même
euliliés c'est Andrinople qui fabrique
:
temps à faire tourner des moulins et
aujourd'hui lea eflaaneos de roae et de vont tomber dans la mer en formant
jasmin. des cascades.
La plaine du Donden, à Test de la
ville, est stérile et marécageuse ; le eonrt
CHAPITRE XXX. inférieur de la rivière n'étant pas en-
caissé couvre une grande étendue de ter-
&B CATAnBBACTÈS. — DOUnSH. rain où crottune Téritabic forêt de joncs
et deglayeuls, ce marais est traversé par
Les sources du Douden n'ont pas la route qui conduit à Ptrga. T'neehrms
encore été parLiitemeot reconnues ; une sée de pierre qui a toute l'apparence
branche supérieure du fleuve prend nais- d'uu ouvrage antique traverse le marais ;
tance dans le plateau de Padam agatch on arrive ensnile, après une benre et
au sud d'Istenas. Le cours de cette ri- demie de marche, au prineipal cours du
vière suit une vallée qui descend directe- fleuve, que l'on traverse sur un pont de
ment dans la plaine d'Adalia. Les mon- cinq arènes. L'eau st d'une l'unpidiLe
i

tegnce de cca valléea sont composées de remarquable , tout est désert aux c»-
lecfaes tendres et poreuses dans !es(|ue!- virons, aussi les familles d'oiseaux aqua*
les existent des cavemcs. Le D>>ii(len ticpies vivent-elles là dans une seruïiU"
s'engouffre dans une de ces profondeurs profonde; le pclican, le cormoran, l'avo-
du sd, et vient reiaortir à une eertaine cette ne 8*erarayent pat de la préseoec

Diyitizea by GoOgl
ASIE MINEURE 707

de rhomme. Le bassiu du Doudeu est tous les monuments sjnt bâtis en petits
séparé de celui du Cestrus ( Ak sou) par moellons rémois par du mortier, un
une oudutaliou de terrain qui com- certain nombre de sarcophages portent
meiee à douse kilomètrei de là rive do des insoriptions. antérieures au christia*
fleuve. Let oaUines sont presque eo- nisoio. Plbsieurs lignes d'aqueducs dé*
tièrement composées d'ngloriitrals sa- rivés sans doute du Calarrhactês cir-
blonneux et de roclits d'eau douce de la culent en tout sens; on remarque
nature du travertiu, aue ron retrouve surtout un csnsl de deux ou trois cents
employées comme blocage dans les mètres de longueur construit en larges
constructions antiques de In contrée. dalles de pierre qui traverse la ville de
Apres .ivoir franchi ces collines , dont part en part. Les rebords sont ornés de
la largeur est de quatre kilomètres, on ligures grossières de poissons et d^au*
•Krive dam la vallée du CcBtnia, oà est 1res animaux ; on avait placé des bancs
litiiée la ville dePei^. de pierre de distance en distance. Aux
angles (iu canal s'élèvent encore des
CllAmiŒ XXXI. piédestaux sur Tun desquels on lit ; Le
fleuve des Lagonisns : iuscriptioa qui
LAGON. — nauBisot. prouve que ces niinss sont celles de la
ville de I.ason.
La grande route des caravanes qui Les vestiges des bâtiments publics et
relie Adaliaaree Iw villes de Tintérieiir des maisons partieulièrsB ooovrcntune
soit encore la direcUoa de Tancienne très-grande surface de terrain « mais
voie romnin<^ tracée à travers le 1 au- toutes ces ruines sont d'un eoBStruetioii
nis; on eu reconnaît les traces à partir très-peu soignée.
d'Isbarta en passant par Aglasoun, et
tur le flai c de de Sousouse, qoî
la vallée
CHAPITRE XXXIL
débouche d mis In i)laiDe ; elle est en-
core conser\ee dans une longueur de
TBItMBBSUS.
plusieurs kilomètres avec son pavement
00 grandes pierres calcaires. Les étapes
sont à peu de choses près les mêmes, et Termessus une des places les plus
,

les anciens j^alians ont fait Ciinstrnire importantes de la Pisidie, commniid.tit


des caravanserai &iir l'emplacenienl des le pa:ksage entre la Cibyratis et le .Mi-
villea anciennes qui étaient ruioéra. Le Ivas, dons la Pampliytie. Alexandre,
gr^tnd caravanseraï d'Kvdir, bâti vlans (fans sa marche sur Issus, t Manlius
(

la plaine d'Adalin par lesultan Schni I'*^, pendant sa campaiine de Galatie, vin-
et celui de Goulik khan, remplacent les rent tour a tour attaquer Termessus.
illes de Lagon et de Teniicssos. Les historiens nous ont laissé des dé-
TiteLive rapporte tiue IManiioStdans tails circonstanciés sur ces eipéditions.
sa marche à travers la i'isidie, arriva Depuis le commencement du premier
devant la ville de Lagon, qu'il trouva siècle avant nçtre ère, lermessus rentre
déserte ; mais dansleor fiait» prédpilét dans une nuit do qoîmw siècles. Noos
les habitants avalent «bondonué leurs savons seulement qu'elle fut le siège
*
biens et leurs provisions, qui furent mis d'un évécbé, mais il n*est plus question
au pillage et t«ervirent a ra\itniller Par* de cette ville pendant toute l.i période
mée romaine ; depi/isce temps,auuun au* byzantine. On nVn parle pas davantage
Isor ancien n*a vait psrlé de LB0on, dont à'répoque de Tinvasion aeldjoukide ni
les ruines ont été reconnues par Vl Sprai t . nu moment du passage des croises dans
au voisinage du khan d'Kwhr, dans la les montaiines du Tnurus ;nous igno-
plaine d'Adalia, u dix-iiuit kilomètres rons les causes de sou accrois.vemenL,
environ vers les montagnes. de sa prospérité et de son abandon. Tl*
Lagon paraît avoir conservé jusqu'à mour, qui a détruit tant de villes, n'en a
un temps assez moderne une popula- p«s approché; d'ailleurs elle était déjà
ton considérable, si Ton en juge par déserte de son temps. Son enceinte n'est
l^adoe ^*oHê oeenpe; os fesoansll pas flslmaoesupée par un viUago tors :
les ruines de plusieors églises; msis VÊk siroplo caravanseraï sufBt aux larea
46.

uiyiiizûd by Google
708 L*UN1VEKS.
voyageurs qui flPaTeDturentdans la mon- vallée inférieure du Taurus, au pied de
tagne Gulik dagb, 5 vingt (|natre kiloniètn'S
Cependant les ruhies de Termesçus, environ à l'ouest d*Adaiia et à npwf
retrouvées par M. Spratt et presque en iiilomètres de l'entrée de la vallée, au
même temps par M. SfHiaenhom lieu nommé Gulik khan, le es^avan-
couvrent une étendue considérable de séraï des roses; il se compose de
terrain ; les monuments qui subsistent trois bâtiments de pierre et d'un café
encore surpa>sent en oombre et eu La route de Termessus est indiquée
imiiortanea ceui de bien d*autre8 villes tMir M. Spratt de la manière mîvaatt:
d'Asie; ils annoncent une place forte 1" d'Adalia au caravanseraï d'Evdir.
du premier ordre, qui dut sultsister 2<*en face d'Kvdirkiian s'ouvrent d ux
jusqu'aux derniers temps de Tâge ro- profondes vallées qui descendent des
main. Les monuments ehréiiens y sont montagnes des Solymes dans la plaiaa
rares, on doit croire qu*elle fut aban- d]Adalia; elles sont séparées par un
domiée au connnencement du moyen pic rocbeux appelé Gulik dagh, dont le
âge, c'est-aUire du neuvième au sommet est de sei/>« cents mètres eo*
dixième siècle. Tant de ténèbres sur viron au dessus de la mer.
le passé d'une seule ville prouvent £n entrant dans la vallée de Gulik,
combien (ie lacunes présente riiistoire qtiî tiionte on se rétrécissant de plus en
de ces populations utoilié romaines, plus, on remarque des ouvrages avimrés
moitié asiati(|ucs. de conslructioii grecque, fortiCés par
Alexandre, assuré de la soumission des tours, c'est dans ce passage qu A-
de la Lycie et de la Pampiiylie, dirijjea lexandre s'arrêta avant d'être en vue de
sa marihe vers la Pliryuie. Il devait Termessus 11 faut faire encore deux
traverser les déiile.s de Termessus, ville kilomètres, toujours eu montant, daus
des Pisidiens située sur une montagne un déilié contmaiidé par delix pics ro*
élevée, qui defeuilail b* passage. Les dieux, avant d'arriver aux ruines de la
Termcï'Siens , coinme tous les autres ville.Après avoir francbi un long
Keuples de ia Pisidie, s'étaient diclares mur on arrive à une vaste esplanade
ostiles à Alexandre. Ils oecupèrent, en entre detii roehers, entourée de préci-
debors tie la ville, les crêtes dii défilé; pices inaccessibles ; alors se développe
Alexandre ordonna à ses troupes de aux rciianls un maf;nifi(|ue ensemble
dre>ser leur camp, «achant que les de monuments presque tous de l'époque
Pisidiens n'auraient pas la patience de romaine; une porte de ville monumen-
rester lonvstemps en observation. En tale, un temple et plusieurs édifloes pu-
effet à la ti)n\bée de la nuit; la plus bli( S. Un yrand mur d'une conservatiou

grande partie des troupes rentra en parfaite ferme la partie la |>lus étroite
ville; Aleiandre envoya des hommes de la vallée, et dans cette eni«inie s'é-
armèi a la légère pour déposter ceux lèvent encore des édiûces d'un beai
(|ui restaient; muis une fois en f.no des style et d'une conservation remarqua-
lortiUcatinns de Termessus qui lui pa- ble, notamment un grand palais, avec
rurent formidables, il jugea prudent de nombreuses fenêtres , dont les murs
de ne pas ti nter une attaque de vive intacts s'élèvent jusqu'au comble; il Mt
force, et après avoir reçuune députatinn brlti en grands blocs de pierre unis sans
des fermessiens, il se init en route pour ciment. Tous ces monuments ipdi()ueut
Sel^é. seulement le faubourg; une troisième
La topographie moderne est tout è muraille défendait i'aeeès de la vide
fait d'accord avec les faits rapportés même, qui est bâtie sur le sommet du
par Arrien et le système de défense
, plate.iu entouré de tous côtés d'alfreuï
est encore assez complet pour qu'un précipices. Après une ascension pénible
pniMe suivre pas à pas toutes les plnses au milieu dea buissons et des Mecs
des opérations d*Alexandre. éboulés, on se trouvse au milieu d'un
I.a position Je Termessus avait été amas confus de monuments divers qui
vajîuemeiit indiquée par M. de Corancez mériteraient tous un examen détaillé.
et le général Kahler sur la route qui Un grand portique, dont les piédeitaui
eonduit d'Adalla à Snyme, dans k iOQl eneora sa plaeo tnvano la villa;

Digitized by GoogI(
'
ASIK MllNRURK. 709
l'un d'eux porte en grandes lettres le passe au-dessous des ruines de Sajça-
uoni de Termessus. Plus loin est le lassus on l'appelle Aglasoun tcliaï; Tau»
:

Quartier des habitations particulières; tre rivière, Isbarta tcnaî, vient des en?i>
1 Agora est au centre; sur la face nord rousdMsbarta,rancienneBaris;eIIetra-
esl une liiiue de salles souterraines qtil verse la plaine de Pambouk ovd si, qui
ont pu servir de citernes ou plutôt de appartieut a la Pisidie, et coule droit au
silos, pour conserver les grains ; on re- sud, à travers la grande plaine de Pam«
trouve la même disposition à Antipliel- pliylie, s uis rencontrer aucun olistacle.
lus et à Aspendus IJn rocher qui s'fiève Dans sou Ijassiii inférieur le Ostrus re-
dans l'ansle de l'Adora est couronné coit une autre peine rivière venant de
pàr un sarcophage ; à Tangle op^iosé est fouest dont le nom ancien est inconnu,
un grand éailioe d^ordre doriqae, et on rappelle aujourd'hui Sari sou, Teau
un peu plus loin s'élèvent deux pe- jaune ou rivière de Mourtnna, c'e-t celte
temples. Un grand h.-^tinient qui a
tits rnierc qui arrose les murs de Pt rga et
pu appartenir à uu monastère et une non pas le Cestrus qui en passe à plus
éftiise attenante sont les seuls monu- de trois kilomètres ; le Cestrus Ji*a pat
ments chrétiens que Ton observe à Ter- d^affluent venant de Test, les indigènes
messus. Le théâtre hii donnent le nom de Ak soii, l'eon hian-
est construit à Panfîle
de TAgora, auquel il était réuni par un
che,parce ^ue souvent ses eaux ont une
portique ; il a oix^liiiit rangs de sièges à couleur laiteuse à cause de Targile
la première précinction et neuf a la se* qu'elles tiennent en dissolution,
condr. T.e proscenium est en partie con- Le has'^in de l'Ak sou est séparé de
serve; l'arcluteclure eu est simple et celui du Douden par une lif;ne de olli- (

sans sculptures ; il domine un profond nés basses qui ont environ quatre kilo>
ravin en communication avec le bas mètres do large et qui se proloniteut
de la ville par un chemin tortueux. Tous justju'à la mer, au lieu dit I.aara. On y
ces monuuïenls sotit de l'époque ro- voit les vestiges d'un port artificiel forilië
maine, mais les lorliticalions sont gé- de deux jetées ; l'une est encore en asses
Déralement des ouvrages grecs. Les bon état , Taotre est avyourd'liui sous
tours sont an nombre de dix ; elles ont IVau D'après les mesures du Stadias-
environ six mètres de front ; dans Tinté- mus .M M
eesrumes peuvent être celles
,

rieur on retrouve les escaliers de ser- de r.mcieune jVlagidus. A la hanteur de


vice, une des tours s*élève h la hauteur* Perga le Cnstrus n*e8t plus guealile ; on
de huit mètres. le passe dans un bac; il va se jeter a la
Ces deux longs n)urs qui coupent la nier h douze Kiliunefres nu sud de ce
vallée paraissent avoir été faits dans le point, l'out le pa\ s qu'il traverse est une
but de défendre la ville du côte du sud jdaine marécageuse en hiver,
,

contre les Pamphyliens et du cdté de Quand on a franchi la ligne de.scoU


l'ouest contre les Cibyrates. On ne voir lim s, la irr m
le [)lainede Paniphyliese
aucune construction faite avec les de- dc\eloppe aux rt'i;;irds jusqu'aux Inmtes
bris antiques, ainsi qu'on le reni.irque de l'horizon. On voit a ses pie<L> une
dans les autres villes, vestiges dune grande villt*avee ses murailles, sestours
population plus pauvre (f'ui aurait occupé et ses jardins. Mais cette ville e^t dé-
les ruines de Ternîessus. I/obscunté la série; ce sont les ruines de Tantiffiie
plus complète règne sur l'abaudou de Perga. Le petit village de Mourtanajiâti
eette ville, (jui n'a plus mime de nom sur la pente de la eolline, au nord de la
chef les indigènes d aujourd'hui. ville, est le seul lieu habité. Les ruines
de Perga sont dominées, au nord, par
CHAPITHE XXXIII. un monticule de forme carrée dont le
sommet est uni conime une table ; c'est
PBBOA. — LB GKSTRirs. Tancienne a ropole, et probablemMit le
berceau de la ville h s habitants ne sni t
;

Le Cestrus prend sa source dans les descendus dans la plaine que quaud le
plateaux élevés du Taurus; son cours pavs a élé assaini et pacifie,
supérieur est formé par deux petites ri- bu haut de ce monticule on aperçoit
vières, l'une qui vient de l'ouest et qui à Test une autre mootagne presque

Digitized by Google
L'UKlVfclRS.
semblable ; c'est le site de Syllœum, que serait pas servi de cette exprcssi)n?i U
Ton apercevait de Perga CD* Aspeudus figure de la dee^ eût été un gros&ier
éBl égalenoent située sur une montagne simulacre.
aux Uqûtes de la plaioe. Aujourd'hui le temple de Diane ot
eniièremeut détruit, quelques restes de
,
PERGÀ. chapiteaux de style fjrec semblent indi-
quer qu'il était bâti sur la montagne.
Les Grecs disent Pergé , nipyr^ PU-
ne Ciceron (3) disent Pergn. r.e
; On ne peut pas oublier que saint Paul
(2) et
est venu prêcher à Perga ; que cette lille
nom de Perga» n^pyr^, vient, comme ceux
a été une métropole ecclésiastique, où
de Peneame et du Pergama, de la re* tous les teiuples du paganisme ont été
ciue indf.-frermanique Perg, lieu élevé
détruits. Cicéron ne manque pas de rap-
d'où les Allemands ont fait BurgetBerg
peler que Perga et Aspeodus étaient des
et les Grecs nup^Q? (•<).
amies du peuple minnin;
villes alliées et
Perga était une des plus célèbres villes
cette condition, jointe a la (nialile de
de Pamphytie; Tépoque de sa fondation
ville religieuse, a dtl valoir a l'erya uue
est inconnue elle était célèbre par son
;
période assez longue de tranquillité. Oo
temple de Diane Pcrgéeune, qui attirait
peut imaginer quelle afXlueuce d'étran-
tous les ans un grand concours de peu-
gers y arrivait au moment des panégy-
ples à ses féies ou panégyries. Le pen
ries. Les murailles existent eucore; nous
de mots qu'- dit Straboii à ce sujet donne
avons relevé le plan de la ville et des
à croire (jue le service de ce temple était
monuments, qui sont encore d'tme con-
organisé comme ceux des autres temples
servation parfaite; il ressort de rr-tte
de Dianeà Comana, où Ton faisait aussi
comparaison que la ville occupait trente-
des processions eu portant la statue de
six hectares, dont il faut detalquer les
ladéesse son culte était assimil,- à celui
;
rues et les monumente publics. Le théA-
de Diane Éphesimne. d'Anaïtis et d'A-
tre contenait treize mille ».peciateurs, et
pbrodite« Les médailles de Perga repré-
le eirtjue attenant au ttiéâtre dix imiJe
sentent lé temltle de Diane Pergéenue
spectateurs.
ayant au centre, le symbole de la déesse
Alexandre et Manlius, qui se sont soi*
sous la foruie d'un cône ou d'une borne
vis à cent quarante-trois ansdedistaaoe,
avec deux sphinx ailés de chaque coté
ont paru devant Perga pour la rançon-
et la légende MANATAS nPIlIVMS, Bia-
ner un peu ; niais les hatiitaiits ont su
rapsa Periiéennedans ledialectedupays.
se faire des amis de l'un et de l'autre,
Il est a croire cependant que le tem[)le
ils servirent de guide h Alexandre pour
renfermait une statue de la déesse avec
le conduire à Aspendus (I). Carsyeris,
les attributs que lui donnaient les Grecs.
f;éneral d'Achîcus, vint aussi se ravitail-
En effet, d;<ns son action contre Ver*
er a Perga après avoir soutenu Pcd-
rès Cicéron s écrie Dans Perga, Diane,
:
uelissus contre Selge. Saint Paul et Bar<
comme tous le savez, a un temple très- nabé débarquèrent à Perga en arrivant •
ancien et très-respecté ; ie dis, Verrès
de Chypre f2), ils n'y séjournèrent pas
qu*U a été entièrement pillé et dépouillé
et se rendirent à Anlioche de Pisidie
par vous vous avez même détaché de
:
et de là à Iconium , répandant partout
Diane elle-même tout l'or qui la cou-
la doctrine de IT^vangile; ce fut à leur
vrait (.'>). Il semble que Cicerou ne se
retour qu'ils s'arrêtèrent à Perga et com-
(i) Strahon, XIV, fS-j-^S, mencèrent leurs prédications, l/eftetde
(4) Phiic, V, î9. la parole de saint Paul avait été tel dans
,

(3) In Verreni, II, lir, I, ao. toute la Cappadooe, que plusieurs églises
(4) nûpYo; hidè Biiff SrhreveliiM la. furent fondées, notamment à |#ystraet
Vn éditeur de Pline remarquait il y a mit à Derbé. Si nous ne connaiss^ms pas
«A» que Perga de%ail »e trouver sur une moD- Peifet direct des predicatious de saiot
iMMt ai «iM|eclaK <W
«ériSée. FoiBHMt Paul à Perga, nous pouvons supposer
de Sevry, Pline, Ih. V, «g, 1771,111-4*. qtt*elk8 n*eaFrnt pas moins de retnnlis-
(5) Cic. », id. 16.
Ex ifu DUm, quod lialict .uin, drtrac- (i)Poljh. V. XII, a5.
iwB «t^He ablaïQBi. 'a)Aet. XII, i3.

Digitized by Gopgle
ASIE M N£URJ£. 711

sèment, ear M les premiers sièdei dy


christianisme, Perga fut élevée au rang
.

autre grand édifioa earré eompoeé de


plusieurs salles qui étaient voûtées en
»

de tnétropolp (le l.i Pnm|i!iy!if , et comme uereeau. La destination de cet édifioa


nous n'y rt'truuvons, au milieu de tant n'est pas bieu précise. •

de mouuineots,aucuu vestieede temple, Un troisième édifice est situé dans li


nous devons admettre qu'ils furent d^ perpendiculaire de la modes portiques;
molis pourétreremplacés par des églises. il était décoré de sculptures et de revê-

L'obscurité règne sur l'obandon de tements de marbre, l.n nef se termine


Perga par sa population ; on ue recon- par un hémicycle ; un ordre de colonnes
natt aneune cause immédiate de déser* eormthienAes décorait Hmérieur. Le
tion : les édifices antiques étaient dans plan de ce monomènt est eelut d*un«
leur intégrité lorsqu'ils ont été aban- basilique.
donnés, et leur destruction n'est due Nous passons sous sileuce de nom-
qu*à unecauseaecideDtelle,commepour^ breuses ruines (]ui jonchent la aol de la
rait r^tre un tremblement de terre : la* vHIcetdans lesquelles on découvre des
preuve en est que le stade, qui est peu frises de marbre, des colonnct de grC«
élevé au-dessus (lu sol, est encore intact, nit et des chapiteaux.
et que demain ou pourrait y donner des Derrière la basilique e^it un grand
courtes. édifice demi-circulaire flanoué de deof
hautes tours rondes. Son plan ne res-
CHAPITRE XXXIV. semble à aucun monument connu ; iî

était dans son intérieur décoré d'un


LA YILIS ÂRTIQUB. ordre de colonne»; il est difficile de corn*
prendreeomment il était couvert. Aucun
La montagne de Per^in. où ('tait l'a- mdice ne peut faire connaître si desti-
cropole, forme la défense de la villedu nation ; il est a trois cents melres envi-
edte du nord; les murs partent du ron de la basilique et dans le sud de lA
pied de cette montagne, et forment un ville.
grand qundrilatpre presque régulier; Du côté de l'ouest est un faubourg
c'est l'enceinte de sont Han-
la ville, ils attenant à la voie di*s tombeaux ; là en-
qués de distance eu distauce de tours core on retrouve les traces d'un long
carrées ou circulaires; mais ces der- portique ou d'une me
dans l'axe de la-
nières sont évidemment d'une époque quelle est construit à fleur de terre un
plus récente. Les tours antiques, c est-à- canal dunt les margelles sont ornées
dirc de style grec sont bâlies en grands têtes de lion qui épancliaieut dans la rue
blocs de pierre calcaire; au premier le trop plein' du bassin.
étage sont de hantes fenêtres droites, Les eaux étaient apportées à Perga
sortes de b.irhaeanes pour le jeti des par un aqueduc dont la prise d'eau est
machines; les portes de la ville sofiisaus dans les collines de rnut'st ; elles étaient,
décoration ; il n'y a pas de fossé. comme celles du Duudt chargées de
De la porte voisine de Taeropole part sels calcaires qni ont formé des masses
une crrnnde rue qui traverse toute la énormes de st.iinclites.
ville do l'est à l'ouest n giiuche s'élè-
; Lr. TnA.vruK, i.i: st vi>e. —^ Los deux
vent de grands bâtiments a un étage édifices publics lesplus imjjortants et
ornés de pilastres corinthiens. les mieux conservés sont le théâtre et la
A riroile est un grand édifice composé stade.
de plusieurs salles, qui sont érlnirées Le thét^tre est b.iti sur la pente de la
par de larges fenêtres. L'intérieur des colline de l'ouest ; il doit être classé, par
chambres porte des traces destocs avec sa conservation et par le loxe de sa
des peintures. construction, ))armi les monuments de
Du même côté de la ville, c'est-.î dire ce genre les plus n>i)virqu J U s.
à l'ouest, ou vuit les ruines d'un petit La façade du prosmunni .si (»rnée «

édîOce d'ordre dorique grec avec un por- de cinq grandes lâclus de dix à onze
tique; c'était peut-être la lesché ou salle mètres de hauteur; à droite et à gauche
d'asseitiblée. Au milieu du portique il sont deux portes qui conduisaient dans
y
a un grand iiémicycle ; plus loin est un l'orchestre.
L*WNIVERS.
La grauUe salle dei» iiiiniei»,sur laquelle verte de buissons j toute la construction
ouvraient les cinq portes de la scène, est parfaitement intacte.
CBl une longue galerie voâtée en bei^ Les ran^s de siégés reposent sur une
cenu pt divuée en trois travées corres- longue série d'arcades dout les voûtes
pondant ativ scènes tragique, satirique sont inclinées pour recevoir les gradins
et comique i deâ escaliers eu pierrt de ui sont au nombre de dix sept, sépares
tailles placés à chaque extrémité con- a e dix mètres en dix mètres pnr de pe-
duisentà Tétage supérieur. La scène tits escaliers. J*ai dit oombieu le théâtre
était ornée , au rez-ïlc-chaussée <l'un, et le stade pouvaient contenir de S()ec-
rang de pilastres carres eu marbre tateurs. La du slade est
partie circulaire
blanc; chacun de ces pilastres est cou- intacte, mais
eulree est écroulée; les
l

vert de sculptures représenlaot des di- arcades et les chapiteaux gisent sur la
vinités au milieu de rinceaux de feuil- sol. Nous n'avons pas trouvé de traces
lage- I/cniableinent, e^aleiiienteu inar- de Tepine; peut-être ue servait-il que
bri-, e>iorné d'une Irise daus laquelle t)our les courses a pied. Le peUt vil-
se jouent des génies et de jeunes en- âge de Hourtana est tout voisin des
fants. Le second ordre était de style co- ruines; Pagha s*est fait bâtir une jolie
rinthien. maison d.nis lafjnelle les chapiteaux an-
Les combles de la scène currespou- tiques servent de bases à des colouues
dnientavee la galerie supérieur^. de bois.
La Tbymélé clAit devant l*oreheslre, On passe le San sou sur un pont ro-
an y arrivait de plain-pied. main d'une seule arche ; il ne sert plus

Enfin la cavea ou salle u'e^t pas moins guère aujourd'hui que pour les bergers
rieliemeot construite; le Diazoïna est et pour les chèvres qui vont paître dans
orné d'un petit ordre de pilastres; il y las ruines.
a deux ran^s de gradins en haut et dix-
huit en bas. Des petits escaliers ou pa- CUAF1TR£ XXXV.
rodi sont ménages pour qu il n'y eût
pas encombrement; enfin deux grands sYLLAim. — aasAB.
vomitoires latéraux conduisaient diree>
tement n la première précinctiou. Du haut de l'acropole de Perga on
La galerie supérieure est de plaio pied aperçoit à Test une montagne conique,
avec la colline ; elle était décorée d*un sur laquelle s*élèvent quelques construc-
portii|ued*ordre ipnique.Sur le troisième tions. 1^ position de Svilxuin est si
gradin de la seconde précinclion on lit bien déterminée parStrabon ''I), viîlc
riuscription 'hpeio; 'ApTé.uioo;; c'était la élevée qui s'aperçoit de Perga > , que je
place de la grande prétresse de Diaue. pus sans craindre de me tromper mar-
La décoration extérieure consiste eu dier droit sur cette montagne etrecon-
grauds pi astres (ror lrc dorique support n.iîfre Teniplacement de SylUrum ( avril
tant un u a::niiiquu entablement. 18.i6yaii bourg moderne de Ilahsar.
Une partie du pro!»cénium est eciuu* puis ce temps les ruines de celte ville ont
Ma; mais |ias un morceau n*a été enlevé. été visitérs par plusieurs explorateurs qui
La salle des mimes est entière II est inu- ont enii firme l'exactituda dcs indica*
tile d'ajouter un mut pour faire coin- tions de Str.ibon.
orendre toute l'importance de cet édi- On passe le Ceslrus en deu.\ endroits,
au point de me de Tintelligence des
èisf « à trots kilomètres à l'est de Ptrg» : au
représentations dramatiques chez les nord, sur un'pont turc presque ru né e i ,

anciens. Ce moiminent et le théâtre de lin peu plus au sud dans un bac. Cette

la ville voisine Aspendus ne laissent rien dernière route est la meilleure; elle est
a désirer sous ce rapport. Quant à l'é- pres({ue entièrement dégagée de buis-
poqna oâ il ftiteoustruit, des indices cer- sons.
tains nous prouvent qu'il est postérienr De la rive du Cestrus les ruines de
au règne de Titus, nous avens rele\e Perii.i se [TCienlent dans leur plus en-
et mesuré avec soiu cet impuriaul édi- tier développement; les murailles de
fice.
L*arène du stade n*est pas même cou- ^0 Sirabon.XlV, 66;.

Digitizod by Gû*..wtL
y\.SIK MIMA II!. 7IS
l'estencore conservées dans toute leur guidé par habitants de Perga. Plus
les
étendue, les hautes tours carn es l)àties tard ils fournirent un contingent de
en pierres blauclies, donnent a ce& ruines troupes à Acbœus pour aller Taire le
raspeetd*une ville vivante et populeuse. siège de Seigé, et lorsque Manlius parut
Les monts Solyma et le Taurus termi- sur les frontières de Paniphylie, ils lui
nent riiurizoM et composent un tnbleau envoyèrent des députes en contribuant
d'une rare beauté quand il tiil éclaire par au raviiailleaieiit de sou armée, qui ne
le soleil ëu toir. vivaitque du pillage des villes. Syllsum
Au delà du Cestrut onremonte vert parvint ainsi à conserver son autonomie
le nord est, et l'on arrive en deux lieures non-seulement sous legouvernement d'A-
de route a Hassar keui, villa;ze d'une cbtcus, maisaussi sous le gouverneiiu ni
cinquantaine de maisons où réside un romain; toutes ces villes jouissaient du
agiia ; e*est rancienne Syllseum. de Rome (i).
titre d'alliées
Ici ce ne sont plus, cninme à Perga, Sous reni[)ire byzantin Syllacum fat
des colonnades ni de riche*; portiques : élevée au ron^ d'cvéclie, et semble û\oir
S^llxuin parait être restée ce que ces été la dernière ville cbrétienoe de Pani-
villes étaient dans roriMiae, une place pbylie. Perga et Aspendus étaient déjà
de guerre sérieusement forliGée; on re- désertes quand l'évéque de Sylteum
marque peu de veslij^es de monuments parait encore dans tes notices ecclé-
dans 1.1 plaine. Un mur
en appareil né- siastiques.'
lasj^ique forint la première enefinte. La Au nord de S.'llaum 8*ouvre une
plupart des édi&ces sont aujourd'hui vallée d'un p:n cours difficile; c*e6t la
détruits; rnnis ils sur le roc
oi;l l;iissc vallée de Kirk ^bctcliid (des quarante
Tempreinte de leurs tondutions. Piirtout gnes}; elle conduit dans la plaine de
la montagne a été tranchée au vif pour Pambouk ova )>i ; de la on remoute par
former de grands 'emmarchements et une suite de plateaux et de vallées inex-
creuser de vastes citernes, le seul moyen tricables jusqu'au village de Baoulo où
d'approvisionner la ville en os de siège. sont les ruines de Peilnelissus; on peut
Une grande esplauade toute taillée dans y arriver aussi eu descendant les liantes
le roc paratt avoir été remplacement vallé<9 du Ccstrus par Isbarta.
de l'agora. Près de là est un ancien pa-
lais dont il reste encore une porte en CHAPITRE XXXVI.
partie engagée dans une construction du
moyen due. IVI. Daniell a reconnu sur le l'EUNELlSSUb. — KAKA BAOULO.
pied droit une inscription qu'il n a pu
copier; eWe est écrite dans une langue L'emplacement de Pednelissus était
barbare et inintelligible. vapuenieiU ituliqné nnr b'S jiéograpiies
Au nord-ouebl de la ville s'élève une dans les pentes méridionales du Taurus
haute tour bAtie en grands blocs de qui regardent la Pamphylie, c*f>st-à-
Sierre unis sans mortier, et du côte dire dans le Taurus Pisidien c'est cette ;

u sud montagne forme une dé-


la réizion (pie (iiceron aitribiiait aux tlfu-
fense rendue encore plus
naturelle therociliciens, et qu'il alla soumeitre
forte par des travaux exécutés oans avec ses deux légions. On savait aussi
la rocher. L*entrée de la ville paratt que Pednelissus n^éiait pas éloignée de
avoir été du coté du sud est par une S' liié, puisque les deux peuples étaient
route en lac^t taillée dans le roc ; toujours en guerre. M. S hœnbornadé-
l'acropole est un peu plus élevée que ternifné remplacement de Tune et de
celle de Per;:a ; do cété du sud, la vue Pautre cité et a comblé la lacune qui
s'étend jusqu'à la mer à dix ou douze ki- existait dans la connaissance des villes
lomètres de distance :ce sont les soixante de PiMilic.
stades marquis par btrabon. Knparlant d'Kgdii; et en se dirigeant
Les luibitants île Syllseum se sentaient vers les sources du Cestnis par une route
assez forts derrière leurs murailles pour qui tend nu sud -ouest, on arrive aux
.Tvoir la pensée de résister à rnrmce sources de la rivière Kutchuk sou, petit
li'Alexaodre qui ne s'arrêta pas devant
,

la ville, et marcha droit sur Aspendus (i) Cic, /a V^t, snpra.

Digitized by Googl(
LU.NIVIJIS.

ruisseou ; pays est désert et d'un par-


le trois jambes d'homme partant d'un
cours très -difficile; des forêts de pins et centre. commun et s'étendant comme des
de géneyriers, où ^enlacent d'inextrica» rayons.Cette figure est aussi repréaenlÂe
ble8broÙ88atlles,entraveDt constamment sur Ijeaucoup de médailles de Sicile;
la roule; le sp<oiul jour de ninrche, 00 plusieurs pieds droits de portes aoot
arrive à Baoulo, ^ros villajie avec une aussi ornes de moulures.
moi^quée, enloure de jardins et caché au A l'entrée du délilé et non loin du
milieu de la forêt. Ce lieu est à mille mè* temple se trouve un escalier de dix-iie«f
très environ aù-dessus du niveau de la marches et de dix mètres de large, qui
mer. conduit à un grand bâtiment de pierres
A quinze liilomètres au nord de de taille attenant à une tour ue même
Baoulosont des ruines antiq[ues connues' construction; àVentoursont les restes de
dans le pays sous le nom de Kara Baoulo plusieurs autres édifices antiq«es.DevanC
(le Baoulo noir). Os ruines son! celles de la seconde montagne dans la plaine sont

l'aucienae Pednelissus. Llles s'étendent dissémines des edilices de dilterents btv-


sur la pente d'un plateau borné av sud les mais sans ornements ; en arrière t^é*
par une montagne rocheuse couronnée lève un second temple de la mémedlmeiK
par une forêt. sion que celui de Jupiter et dont les mu-
Au nord court une ligne de collines railles sont entières; il paraît avoir fait
peu élevées, et à Test une croupe en partie de l'agora. Lesruiuesdu nord sont
pente douce. Les ruines de lu ville s'é- moins étendues que celles du sud, mais
tendent en grande p.irlie dans la plaine; leur état de destruction empêche tout
le reste s'enfonce dans un raviu ro- examen détaille. On reconnaît seulement
cheux. A Touest on aperçoit un châ* un petit temple qui, d'après l'inscrip-
teau construit en grands blocs de pierre tion, était consacré îi Jupiter Séiapis ;

de taille, Oanqué de tours reliées par des' piugeurs colonnes gisent autour. On
murailles entièrement ruinées. Une se- remarque un très-petit nombre de sar-
conde citadelle aussi en ruuie s'élève en cophages; la nécropole se trouvait peut-
face. La plaine qui les sépare est cou- être plus éloignée de la ville.
verte d'une masse de ruines où l'on voit LesYourouk viennent prendre dans
des fûts de colonnes, des sarcopbnces et ces mines les matériaux pour faire les
des blocs de pierre provenant de mu- enceintes destinées a leurs troupeaux;
railles démolies. on en porte aussi à Baoulo pour les ci-
A l'entrée d'un défilé qui s^ouvre metières. Le lendemain du jour oà
dans In plaine s'élèvent les ruines d'un M. Schœnborn visitait ces rumes, un
grand temple de Jupiter, qui pe\it avoir immense incendie éclata dans la forêt
trente pas de long et dix-sept de et coupa cx)urt à toute autre inNei»ti^a-
large; il est bfltl en grandes pierres tion.
de taille. Ce monument est à demi dé- Pednellessus est marquée par Siraboa
truit; le terrain d'alentour est rouvert dans la vallée de FFurvinédon, au-dessus
de fûts de fragments de colonnes.
et d'Aspendus il la compte au nombre des
;

On n'aperçoit pas de chapiteaux ; mais villes de Pisidie; mais Hiéroclès, qui


reste de longues pièces de eomiclies et
i I donne plus d'extension à la Pamphyhe,
d'architraves qui ne mesurent pasinoiiis la m
et, avec Seigé, dans cet te dernière pro-
de troi> mètres de lonn, un mètre de vince (1). Il ne faut pas s'étonner si !<•
haut el cinquante centimètres de large. nomdecette ville aélé altère par Cicerou,
LVntréedu temple esta l'est. Une grande qui la nomme Pendenissus; ces erreurs
muraille de cinquante pas de long, en- sont fréquentes chez les anciens. Arrien
core debout, faisait partie de l'enceinte. donne constaininent àTerniessus le nom
Sur l'une des pierres est sculiiié cet de ïelmissus., >ille de i^ycie. Sous l'eni-
ornement ou cet emblème si reiiando Sire byzantin, et surtout dans la notiee
chez les Lveienset lesPIsidiens, généra- e Hiéroclès, les nonysdes villes de cetts
lement connu sous le nom de 'I rique- contrée sont presque méconnaissables.
trum et uui est reproduit sur un grand
nombre ae médailles de ces villes. Le (i) Strabon, XII, 5-;o. Et. Bjs., Pêditt-
Triquetrum de Pednelissos représente tissU4,

DIgitized by Google
hSSOL M KfiDRE. 715

Selgé éefîant Serpé et Pedoelimis d0> mais il y a encore bien à pour faire
vient Pastorelissus ; avjottfdlivl on rap- Tinstruction des enfants chrétiens. Les
pelle Kara Bnoulo. Grecs ont quatre églises très-misérables.
On concoU combien il serait iuteres- Isbarta est le siège de revéché de Pi-
sant d*avoir un plan topo;;raphiq»e de sidie ; mais tout cela estpiesqoe Bominal,
cette ville pour se rendre compte des car l'évéque n^a aueuB niO|«ii d'éteadr*
opérations que Ci('»'ron décrit rif veinent. I son influence au dehors.
Celui qui voudra rendre ee service aux Paul Lucas a visité Isbarta en 1706 :
études historiques devra bieii choisir le c'était à cette époque une ville populeuse
temps oft les nabitanta de Baoolo ne et riebe; elle avait un asaea gmid eon»>
sont pas encore au yaela, c>st-à dire inerce de drogueries et de matièrei
le commencement de'mai, à moins qu'il premières, comme des laines, des peaux
n'emporte avec lui une installation pour et des gommes. Les habitants signaleut
camper quelques jours dans ces Ueui dma la contrée quelquea ruinea en»
déseru (1). eore inexplorées ; ce sont sans doute de
ces châteaux forts qui étaient très- nom-
CHAPITRE XXX.VI1. breux du temps de la Pisidie indépen-
dante , et que les Romains ont détruits
BÀSSiif snpémiBiiB du ctarBus. Pun après I autre.
ItBÀBTA — SAGALASaUS.
SAGALASSUS. — CfifiMNA.
Isbarta, chet-Ueudu Pachaiik de Ua-
, est sitoée au pied de TAfilaBOUB
iirid A
une journée de trente-six kilo*
dagh, eur Taflluent oriental du Cestrus^ mètres au sud d*Isbarta, au village
cVst p!us grande et la plus aurénhie
la d'Aglasoun se trouvent les ruines de
,

ville de ces provinces j mais cest uni- Taniique Sagalassus dont Paul Lucaa
quement au point de vue de son aetU Gt une magniOque description. Dana
si
Yité comroerciala et de sa situation pit« son enthouaiasme de voy.^}^'eur, il man-
toresqup cnr elîe ne rentVrino aucun
, que d'expressions pour peindre sa sur-
débris d'antiquité, aucun ujonument prise, et pour lui les ruines de la ville
moderne digne d'attention. A rentrée qu'il vient de découvrir appartiennent
de la ville s élève une grande mosquée pltttdt « au pays des fées qu*à des villet
dont le dôme fut jadis doré, et un mi- véritablement existantes. »
naret dans le style de ceux de Cons» La route d'Isbarta à Aciasoun tra-
tantinople. Les autres mosquées, moins verse d'abord une plaine peu étendue :
remarquables, sont construites dans dif- au bout d*une heure, on entre dans la
férenis quartiers; on en compte plus montagne, et Ton se trouve à la nais-
de trente elles sont pour la plupart
: sance d'une vallée au fond de lar|uelle
entourées de beaux arbres. Les jardins coule une petite rivière c'est la branche
;

et les plantations d^Isbarta donnent à orientale du Cest rus, que les indigènes
la ville UD
aspect des ploa agréables et nomment Agiasoun tchaL Le villagia
plusieurs vovageurs ont comparée à
1 d'Aglasoun, composé d'une trentaine
celle de Rroussn. l.a po[;ulatioii fiiTc(|ue de maisons, est l)«1ti sur la pente d'un
d'bbaria a tout à fait oublié Sa propre côteau dominé par les sommets déchires
langue et ne parle que la langue turque, d*une montagne rocheuse, les e&vironi
il en est de m^me dans toutes les villes sont couverts de ruines et de sarco-
de la côte. Au moment de leur inv.T^ion, phages appartenant à l'ancienne ville.
les Turcs avaient détruit toutes les Le plateau de Sagalassus est composé
écoles, et le gouvernement mettait tous de roches volcaniques et surtout de
les obstacles possibles à Téducation collines à base de ponce qui s*élèvent
cliréti<'nne des enfants des Grecs; au- au milieu des trapps. Les montagnes
jourd'hui l'opposition h la création d'é- des environs soul calcaires; il semble
coles grecques n'est plus si uiauilesle, 3u'il y a eu en cet endroit une fissure
e la roche qui a donné lieu à on épan«
f I ) Schflenbom ap. Kittcr Erdkoade, t. IX» chement volcanique de peu d'étendue;
5; 5. les trapps ont formé des collines ou des

Dlgitlzed by Google
716

dômes semblables à ceux qui entourent et qui servaient pour les évolutions du
rAr{;ée« mais nulle part on ne trouve cbceur. Ceci semblerait prouver que
de trace de cratère. Toute oette région les représentations scéniques à Saga-
a été le tiiéâtre de mouvements geolo- lassus avaient lieu selon la mise ea
gitiut-s encore inexpliqués. Les ruines scène dts Cirées. La cavé^ conserve
de Sagulassus méritent l'attention plutôt dans toute leur intégrité ses quarante
par leur immense étendue que par la rangs de gradins avec les escalieni ou
perfection des monuments (]ui sont tous parodi qui y donnaient accès. L'or-
postérieurs au second siècle de uotre chestre est presque libre, sauf quelques
ère. buissons et une plantation d'arbres
Au sud du village, Arundell a trouvé fruitiers qui occupait la jdactt des dan-
quelques fra|;ments sculptés. Les ruines seurs. Le portique supérieur n*a pas
de 1.1 ville sttciKleul sur une longue laissé de traces; mnis il est probable
teri'ci.sse doiniiKJiU la vallée, la plupart qu'il existait cette partie de la salle est
:

des mouunu lits paraissent avoir soutfert plus nécessaire encore dans les villes
des effets d'un tremblement de terre; du midi que dans celles du nord. L'a-
mats tous les fragments d'architt clure cropolis est entourée d'une muraille eu
sont restés sur rciiiplact'ment qu'ils appareil polygonal; on retrouve quel-
occupaient, el les pnuv ipales murailles ques débris (i'un temple qui en occupait
sont encore debout. le centre. 11 faut afouter aut édîncw -

A l'extrémité de la terrasse s'élève de l'époque romaine plusieurs églises et


un grniid bâtiment dont l;i longueur d'autres monuments d'une destination
e&t d'environ quar^mte deux mcires et toute chrétienne. Sagalassus a etc long-
la largeur de vingt ; le mur de la ter- temps le premier siège épiscopal delà
rasse est bâti en grands blocs de pierre Pisidie.
et a plus de cent mètres de longueur. La situation de Sagalassus sur la
Au nulieu de toutes ces pierres écroulées pente d'une montaune , les monuments
ou retrouve de nombreux Iragmenls de élevés sur des terrasses superposées , ce
sculpture, quelques bas- reliefs d*un magnifiqueensenibledetenipleSfdeiMdaii^
style médiocre, d'innombrables pié- de portiques, de théâtres et de gymnases,
destaux et des fûls de colonnes; et un devait donner a cette \ille un aspect
peu plus loin uu portique de plus de {irondiuse; mais quelle diil'crence entre
cent nièiret de long. Sur Tun des pié- a rudesse presque barbare de ces mo-
destaux on lit le nom de u Sagalassus, numents et le goût, la linesse et la per-
ville de Pisidie »>. Les olonnes du por-
( fection des monuments de l'Ionie.
tique sont d'ordre corintlin n il conduit
; Sagalassus était la seconde ville de
à un vaste bâtiment qui parait avoir Pisidie, Strabon la nomme Selgessus :
été le Gymnase. A peu de distance de elle était située, dit-il, du côté du Milyas
cet édilice le terrain forme une pente et entourée de hadtt s montagnes.
abrupte sur le llcinc de laquelle sont dis- médailles de celte ville portent le uooi
perses des Loiitbeaux et des sarcophages. du (iestrus.
Le tbéfltre B*élève a Test; c'est le mo- Le pays, quoique montagneux., était
nument le mieux conservé : la masse d'une grande fertilité, et les Sagalassieiii
de sa construction a résisté à toutes pass.iient |)0ur le peuple le plus aguerri
i(« secousses. La décoration du proscé- de toute la L'isidie. Alexandre, après
niuDi consistait en un rang de colonnes avoir traversé les défilés de Tenne^sus,
supportant un entablement dont les marcba coutre Sagalassus, U s hahitanls
fragments sont répandus dans l'or- occupèrent, en avant de la ville, une
chestre. La salle des mimes est encore cul hue qui tonnait une défense natu-
debout avec la grande porle du nulieu relle, et attendirent l'ennemi. Alexandre
et les deux portes latérales ; les deux parvint à les déposter de cette position,
portes extrêmes du proscenium sont et prit h) \i Ile d'assaut: le i*este de ia Pi-
écroulées. Le pulpitum. quoujuecouvert sidie se soumit a ses armes.
de décombres, est encore en place ; ou Manlius u'altaqua pas Sagalassus
retrouve les traces des escaliers qui du mais ravagea son territoire, et força !«•
pulpitum conduisaient dans rorenestre, habitants a lui payer une contribution

Dlgltized by Google
ASlC MUIEUEE. 7IT

de einquanlç taleots et vingt mille mé- remplies d*inextrteableB buissons d'à-


dimnes de blé. SelOD Strabon SaRalassus gons easltts. Un peu au nord de la
n était qu'à line jornnée de marelied'A- route on rencontre le village de Pinalar,
pamée Cibotos. et six kilomètres plus à l'est, celui de
Cremna, autre place forte, était aa Couchiar (des oiseaux), sur une colline.
nord de Sagalassus, à une distance La route se prolonge à perte de vue sors
de trente stades, cinq kilomètres et un herrenu (\e verdfire: m-'dir'e la
demi, de cette ville elle a longtemps
; béante de cette forêt vierge, il est dan-
passé pour être imprenable, mais gereux d'y passer la nuit ; c'est là que
Amyntas iTen empara dans sa campagne le voyageur anglais Daniell a contracté
contre les Pisidiens. Le village moderne le fièvre pernicieuse qui Ta enlevé.
do (ihirnié orrupe ruijourd'hui rem- Le mont Sardemisus est indiqué par
placement de ranciemie Cremna. On y Pline entre Perga et Aspeodus, l^,tienne
reconnaît encore rAeropoteentOttrée de de Byamee fait aussi mention d'une
fortes muraillesen appareil irrégulier^ ville de Sardessus où le culte de Ju-
les ruines d'un temple ( t de nombreux piter Sardessius était pratiqué. Nous
vesfiiies de monuments epigraphiques. n'avons rencontré que la montagne de
i.e grand lac d'Kgdir occupe le Hassarou Sylixtim et celle du village
centre du plateau sujieriear de la Pi* de Couchiar qui pouvaient avoir servi
sidie. Les eaux s'écoulent vers le sud, et d'assiette à une ville antique; c'est en
fortnent des cotirants qui, au dire des in- ce dernier lieu qu'il convient de pincer
difiènes, pussent sous le soi. Li'S turcs Sardemissus; P. Mêla nomme c^tle vtUe
sppHIfnt ces fleuves souterrains des Sardentisus.
Douden, et les Grecs Katabatahra. Dans tout le parcours que nous avons
Ln petite vdie d'Kiïdir ou Kîiuf rdir e*;! fait pour arriver nu bord de l'Kurvmé-
située sur la rive »ud-oue$t du lac, ou don, nous avons vainement demandé
n*y trouve aucun monument anden : s*ilexistait aux environs quelque lae
Rilter la regarde comme l'ancienne (Gheul) ; les indigènes nous ont toujou*!

Seleucia Sidcr.i. Dans l'une des îles du répondu {ju'ils n'en ronn.iiss.tient |)as.
lac il un monastère et une e«lise
y a On peut bien regarder eomme le! (Us
grec(}ue où on remarque des peintures
1 terres basses ç|ui sont sans doute moré-
de très-ancien slyle. esgeusps en hiver, mais au mois de juin
Antioche de Pisidie, célèbre par le sé- tous ces terrains sont parfaitement sers ;
jour, et les prédications de saint Paul,étail c'est ce qui nous autorise à dire que
située dans le bassin nord du lac au vil- le lac Capria est desséché. Strabon
lage de Yalobatch; elle avait le titre de n'aurait pas mentionné comme un lae
Colonie Cssarsca ; elle a été fondée par une lagune marécageuse.
les Magnètesde Magnésie du Méandre. D'autres vwayefirs ont bien fait men-
tion d'un Capri et du Capri sou, nom
CHAPITRE XXXVIIl. qui frappait l'oreille comme une ré-
miniscence du lac Capria; c'est une
BAL XU iBEâî.— AfPBIlOlîS. erreur de mots faite par quelque inter-
prète. Le cours inférieur de l'Kury-
De Sylla)um aux rives de l'Eurymé- noédon s'appelle keupri sou , et le petit
don toute la grande plaine de Pam-
, bourg à Tembouebure, Keupri bazar;
f»hy]ip paraît avoir été uniquement oc- Tun sfgnifie : la rivière du Pont à cause
,

cupée pardesi ultures. Peut-être le prand d'un ancien pont romain jeté sur la
lac Capria.rendait-il le pavs trop malsain fleuve, et l'autre : le marché du Pont,

Jour .du*on pût y éubitr 4ieabâ»itations parcequc chaque semaine les villages
les. Mais aujourd'hui il ne reste ancon voisins se réunissent pour un marché :
ancien vestige dans cette vaste plaine, c'est là tout le souvenir qiù reste du
quebiues pauvres villases sont habités lac Capria. Tout paysan à qui l'on de-
par des familles de bergers. mandera s'il existe aux environs quelque
Une heure après avoir quitté Syl- lieu nommé Keupri oa Capri, ne
lapum on entre dans une for^t d'arbres
, manquera pas da répondre afflnnatifa*
de haute futaie dont les éclaircies son! ment.

Digitizod by Gû*..wtL
718 L'UPilVKRS,

par uu rang de coupoles perforées qui


servaient à soutenir Ic^ mâts de la vela.
La ille d'Asptodut était située à On voit qu'il a beaucoup de rapport ev^e
Feittrémitéde la plaine de Perga , sur le théâtre d'Orange. De t luque rôle de
une montagne isolée et à soixante stades la grande façade, qui fait saillie sur en- l

de la mer Conduit par un Turco* sembie, sont deux grandes portes qui
man de la plaine, nous avans retrouvé conduisaient dans Torchestre.
ces ruines au village de BalKJzseraï. Une double inscription en gree et en
Chemin faisant, il nous racontait une latin est répétée sur chaque porte, elle
de ces histoires qui charment les orien- est ainsi courue :

taux et dont le fond est toujours le « Aux dieux de la pairie et à la maUoo


même' : une princesse enlevée par un des augustes. »
amant qu'elle dédaigne. Ilamlaren pa- « Acurtius Crispinus Arruntianus et
dicha, le roi des serpents, aimait la Acurtius Auspioatus Titinnianus ont
reiue des abeilles, qui demeurait dans la conformenient au
fait élever cet edilice
forêt voisine; une demande en naa- testament d*Acorttu8 Crispinus. • •
riage ayant été repoussée, le roi des ser- Ces mots, Domui aogustorum, indi-
pents 'n'sohit d'pfïlevfr la reine: mais quent sufTisamment que ce théâtre fut
pour parvenir a sou but il fallait tra- construit sous le règne d'Antonin et de
verser la vallée; c'est alors qu1l Ht Lucius Vérus.
eonstruiro un pont gigantesque dont Une autre inscription placée dans
vous voyez encore les ruines. Au bout rintérieur nous dit le nom de raatenr
ào l'année la reine mounit en laissant de cet ouvrage.
une lille uu ou nomma Bal Riz, la • Le sénat et le peuple ont honoré
fille du miel; et le roi des serpents lui Zénon Fareliiteete ou 4béltre et des
fitconstruire un vaste palais au sommet travaux de la ville; l'ont honoré d'une
duquel il fit graver le portriiit de Bal statue dans théâtre, et lui ont tait
le
Kiz, et à Tappui de son récit, le vieux présent d'un jardin près de l'hippo-
Tureoman nous montrait un aquedue drame. »
partant du pied du Taurus et aboutis- La grande salla des mimes s*éteiid
sant à la montagne. Le palais de Bal Kiz dans toute la largeur de la scène; au-
n'est autre chose quu^ imn.ense théâtre dessus étaient deux autres galeries : celle
romain merveilleusenMnt eonservé et du premier étage et la salle de serviet
bien propre à inspirer aux sauvages des machines.
habitants de ces fliKWtagnea des lé- Aux deux extrémités de la salle des
gendes féeriques. mimes snut deux escaliers qui desser-
Les ruines d'Aspendus sqnt éparses vent les trois étages , dans les ailes sont
aor la roontapie; on v retrouve l'en- des chambres destinées sans doute aux
aanable de tous les édlAces qui ornaient chefs des jeux.
les villes grecques, mais elles sont ef- On entre sur la scène par cinq portes :
facées par le spleudide théâtre dont la celle du milieu, la porte royale, est la
oooservation a lieu de surprendre. plus haute.
Il a*f manque en effet que les ou- La façade du proaeénhim était ornée
vrages qui étaient en bois les portes et
:
de deux ordres de rolonnes accouplées
la couverture, et encore retrouve-l-on et portées sur des piédestaux, deux entre
les amorces de toute la eharpente dam chpque porte.
les trous de seellement qui restent sUr L*ordre du rta-de-chaossée est ioni*
les murs. que, l'entablement est en marbre bl.mc
façade du proscénium est bâtie en
La orné de tétes de victimes et de masques
grandes pierres de taille à bossage, on tragiques.
entre dans riotérieur par trois itrandes L'ordre supérieur est rurinthlcB,
portes. porte une frise ornée de rinceaux; la
Au premier étage est un rang de fe- corniche est ornée de modillons, les
nêtres ceintrées et le mur est couronné caissons représentent des masques Ira-
giquet.
(i)SlralMii,1CIT, «67. Chaque couple de eoloiiiiea est sur*

Digitized by Google
'ASIE MINEURE. 719

m nté d*un fronton alteniaUveineat ar- aussi par Zénon, cet cditice est envahi
rondi et angulaire. par les lianes et dans un état de des-
T.e centre de la colonnade est tnr- truction avancée.
mnnté d'un grand fronton dans le Sur le sommet de la montagne on
Tympan duquel est sculptée une fi^îure retrouve les ruines de Ta jorn , de la h;i-

dè temute nue, les cheveux tombant; silique et d'autres editices que nous
elle sort du calice d'une fleur et tient n'avons pas déterminés.
dans ses deux mains des rinceaux de L'aqueduc traverse la plaind supporié
feuillage, c'est celle licure que les par un double rang d'arcades en pierres
habitants regardeut comme je portrait de taille ; en approchant de la montagne
de Bal Khe. d'Aspendus, le eaiial se relève, c'est un
l«es içradins de la salle sont tous en èxitable siphon comme celui que
pînce: il y a vingt et un rnnîis à la pre- nous avons vu à Kalarjjnki; il va se dé-
mière precinclion et dix-huit à la se- verser dans un château d'eau au niveau
conde. Des escaliers desservent tous les de la moutagae.
étapes, et deux grands vomitoires con- Aspendus colonie d*Ai|;os était une
duisent du dehors à hi première pré- des plus anciennes villes de la Pani-
ciiulion. phslie, il en est fait mention au cin-
Le portique supérieur est absolument quième Siècle avant notre ère. Kn 391
intact, il est composé de cinquante Tbrasibttle avant été chargé de faire
trois arcades; les colonnes engagées ont rentrer les villes grecques sous le pou-
dans la partie supérieure une conSOie voir d'Athènes, débarqua près d'Aspen-
qui portait sans doute un busle. dus pour aller lever les contributions;
De chaque cdté de Torchestre est une ses soldats s'étaient dirigé vers la ville
loge pour les personnages consulaires. et avaient pillé quelques habitants; Isa
I e pulpiluni est n)assif. on ne peut en Aspendiens firent une sortie nocturne
reconnaître les dispositions intérieures; et tuèrent Thrasibuledans sa tente.
mais sur les ailes en retour et au-dessus Lorsque Alexandre se présenta devant
de la colonnade on reconnaît les amorces Aspendus les habitants avaient consenti
de la cli.irppnte qui couvrait la scène, à lu! p.'iver ciiKjuante talents et à lui
elle lorin.ii! uti apin iitis d'en\iron huit livrer les chevaux qu'ils elfvaient pour
mèlres de largeur, la partie supéiieure le roi de Perse; plus lard ils refusè-
communiquait avec la galerie des com- rent d'accomplir leurs enaagementa.
bles. Apres avoir vu cet édifice il ne Alexandre lit entourer la ville et s'iip-
reste aucun doute sur la manière dont prci.iit a en faire le siège, lorsqu'ils
la scène des anciens tlieàlres était dis- consentirent à se soumettre. Si l'on eu
posée , le Jeu des machines. Iji hausse juge par Pétat des ruines, Aspendus
et la baisse de cette grande toile qu'on ne fut jamais une place très forte, toutes
appelait le Çntoblema se faisait par le les murailles sont écroulées, et nous
comble. Toutes les machines décrites n avons pas reconnu l'euiphicement de
p-ir Poltox trouvent leur place dans cet l'acropole , mais nous savons que les
ëdiflce. L*orrhestre est vide aujourdliui, arts kaieot cultivés dans eelte ville
nous ignorons s'il contenait des sièges grecque avec plus de succès que dans
S('l(tn la mode, romaine ou s'il .«iervait aucuuf .'iutre, les nombreux objets
l
' iir tes évolutions du chœur selon la précieux qui la décoraient avaient tenté
mo le grecqlie. Verrès, ce qui lit dire à Cicéron (I) :
II donné des re-
est certain qu'on a Aspendus est, connue vous le savez,
présentations dans ce théâtre jus(|u'à une ancienne ville de Pamphylie ; elle
une époque assez avancée de la déca- était remplie de statues tres estimées,
dence, les peintures barbares et les Je ne dirai pas telle ou telle statue fut
figures il. enrreclps (|ui existent encore enlevée : je dirai Verrès vous les avez
sur le proscéiiiuu» en jnnl foi. enlevées toutes des temples et des lieux
Le unir de soutcnenkenl des gradius publics; elles furent entassées sur des
est parallèle à la scène, ce qui n*a pas chariots et emportée» hors de la ville.
lieu dans les théâtres grecs. A côté du
tbèAtre, au nord, cet l'hippodrome, bâti (t) iQTmvni ac. ir, lih I, XX.

Digitized by Google
720 i;UISÎVFRS. »

Cice^ron rnpprlle le Joueur de luth d' As- méridional du Taurus. D*après de va-
pendus, statue célèbre que Verres fit lues recil-s (les indij?ènes, Arundell avait
mettre dans ses appartements. Pillées idga marqué la place de cette ville au
de la sorte les villes jn'ecques iravaicat vtRagé dé Serghé au sud de Bullasan,
plus sous les lUzanliiis (pie des édilices et y une journée de marche au nord d'As-
vidis. Après les stritiics on pilln les pendus, en suivant la ^allfp de Fa> \

tombeaux et peu a peu les popululious rymedon. M. Sthœnborn a (itiermine


déserlèreflf. remplacement , de Seigé au pied de la
L'embouchure de l'Ettrymédon pa- montagne de Bouz bouroun, a une hau-
raît nvoir subi de iiotabu's cban^e- teur de Ii50 mètres au-dessus de la
meuts depuis l'antiquité; les nllu- mer, au de Ser^hé ou Surlk. En
villajse
ykM ont fait neeulcr la mer; quand partant de Biitlasaa il dcieénd dans la

nous voyons la puissance des atterris- vallée der rEurymédon et par une route
senienls à reiiiboiicbnre du Tibie itous très-dinicile il ,monte en serpentant
ûe devons pas nous étonner que depuis jusqii au plateau ou s'élèvent les ru mes
le cinquième siècle avant noire, ère, la de SeIgé au milieu desquelles sou t bâ-
physionomie decetta côte ail été aussi ties les n)aisons du village.
niôtiitiée. Du temps de Pompcmius Les Seliiiens, dit Sirnhon, comptaient
îMcla (I), « (lu haut d'une colliiu' trcs- nu nombre des peuples les plus uis- |

élevée Aspeudus, colonie des Argiens, &uits de la Pisidie; il nomme ensuite


jouissait de la vue de la mer aujouf- les Pednilessiens, qui enétatent limitro-
d'hui le rivage est éloi<;né de qninxë à phes; leur pays et.tit soumis à ditferents
dix-huit kib'mètres, ce qui est un peu tyrans comme les deu.v Cilicies. Ijn vie
plus des foixanie stades de Strabon. des Pisidieus se passait d in> la maraude
1/enit)oueliure de l*CurymMon ftit le tt te pilla>:e. D'.tprèsune ancienne tra-
théâtre d'une des plus importantes vie* dition, les Léléii(es étaient \ei.us sa
toires remporlées'par les Athénien*; sur joindre à eux, et s'étaieut installes dans
les IH ses en 469 .ivant notre ère. Les
i leurs montaf^nes : leurs mœurs de
vaisseaux des Perses étaient au'nombre peu nies vagabonds s'accordaient en-
ûe trois wnt cinquante , d'autres disent semblè (I). Les Pi.cidiens entourés à
six cents, lorsque l'Aiht nien Cimon ar- l'est et au nord par des peuples qui me-
riva avec sa Hotte, les P< rsos tentèrent nnu nt une vie régulière s'étaient plus
,

vainement de prendre la fuite, ils perdi- raf prochés des Cdicieus qui étaient
rent tous leurs liàvires. Omon ayant portés aux expéditions de piraterie.
débaniué avec ses troupes acheva sur Selon Strabon, Chalcas tut le fonda-
terre la destruction de r.innée perse. Au- teur de SeIgé ; cette ville était renommée
jourd'hui l'embouchure du (leuve est par la sagesse de son gouvernement et
•bstruée par des barrct de sable, è peine sut conserver jusqu'à ta IId de Tcmpira
si les barques ^vent tes fraoehir dans sa Piberté et son autonomie, elle pou-
les hriutes eaux. vait mettre sous les armes jusqu'à
Le poul s'ur rKuryinédon est bjlti sur vingt mille cgmbattants. Les moutaynes
des fondations antiques; on le traverse {)roduisaient toutes sortes de fruits;
pour se rendre à Sidé, le port plos h *arbre du Styrax dont 'les branciies
orientnl de l:i P.iinphylie ; mais avant servaient a faire des hampes de lance
d'arriver n cette ville nous renionterons et le suc un parfum très-retherché, y
le ileuve jusque dans la montagne pour croissait abondamment.
visiter les ruines de Sel^. Les routes, pour arriver à Selgé étaient
des plus difficiles; In \ille, située entre
CHAPlIRt: XXXIX. le (".estnis et rKurymedon était défen-
,

SBLGB. — 8BBGBB. due par des précipices iiifrauchissables.


Aussi lorsqu Alexandre traversa la Ph
Sel^, colonie de Lacé*
ville iKrecqiie, sidie, il se contenta d*une ambassade
dénione, dans la vallée supe-
étnit située des Selpens, qui vinrent l'assurer de
«rieurede l'Ëurymédoo, sur le versant leur amitié

(0 Mêla, I, 14. (i) Slnboo, Xn, §jm.

Digitize<d by Google
ASIR MlPitUllE. 711

. Acbaeus, graod-oucie, d'Aîiliochus conditions Selgé conserva sa liberté.


s^fempara du Douvoir suprême dans !e Les ni'mes de randenne Selgé sont
sud de PAsie flineiire, il fut souverain tout à fait conformes au récit de Polybe;
sans conleste comme Cn-sus, do la il faut franchir pour arriver à la ville
Lydie et des pays limitrophes. Les Sel- plusieurs défilés. La ville était construite
gieos ayant déclaré la guerre à Pedni- sur la pente d'une colline dominée par
leasus , cette dernière ville envoya de* le haut sommet du Bcuz bouroun. Sur
mander du secours à Achxus, qui envoya uneesplanadederocherss'élèveun grand
sur-le-champ un corps de six mille temple dont la longueur est d'environ
liommes et cinq cents chevaux, sous le trente-deux mètres et la largeur de seize.
commandement de Garsyeris. L*Area est encore couverte d*un dallage ;
Les Sdgiena gardaient les défilés « et on reconnaît de grandes substructiona
Gnrsyeris, ne se trouvant pas en force avec des passages voûtés, et quatre co-
t)our les eulever, se rappela la ruse d'A- lonnes corinthiennes cannelé^ s'élèvent
exaudre devant Termessus; il feignit sur la façade; elles ont un mètre de dia-
débattre en retraite, et lesSelgiens reo* mètre. On reconnaît dans cet édifice le
trèrent dans leur ville. Gnrsyeris ayant temple de Jupiter ou Cesbedium men-
laissé un olUcier nomme Phayllus pour tionné pnr Polybe; non loin du temple,
garder les défilés, descendit rapidement sur l'acropole, on voit les ruines d'une
eu Pamphylie et réclama des villes de église : Selgé fut en effet un siège épis-
Perga , Aspendus et Sidé des renforts copal de la Pamphylie.
3u*on n'osa pas lui refu.«;er de cm in te l-a partie la mieux fortifiée de la ville

e déplaire à Achseus. Pendant ce temps, est du côte de l'ouest : c'est aussi celle
les Selgiena oontiiiuafent le siège de qui a le plus souffert; le théâtre est
Pedoilessus. Us avaient dirigé avec bâti en grands blocs de poudingue
siircès une attaqtie rontre le camp de comme celui d'Aspendus près de là
,

Oarsveris; mais les Pcdnilessiens ayant sont les ruines du stade dont l'arène
fait uae sortie opportune , Parmée est envahie par les cultures, les maisons
grecque reprit Pavantage et les Selgiens du villase sont appuyées sur les co-
furent repoussés dans leur ville, après lonnes aun ^rnnd portique, et la né-
avoir éprouve de «irandes pertes. Ils son- cropole que l'on retrouve à l'extrémité
{;creut alors à traiter, et chargèrent de renferme encore plusieurs sarcophages;
eurs propositions Logbasis, un de leurs au sud de la ville est une profonde
premiers citoyens. H avait déjà brigué vallée au fond de laquelle coule TEury-
raiitorité suprême, et conrut l'espérance médon.
dlen être investi par Achœus. Log-
basis, trahissant ses concitoyens, se CHAPITRE XL.
proposait d'introduire Garsyeris dans
la place. Le général grec devait diriger 8IDB. — BSEI ADAUA.
ses troupes vers le Cesbédium, ou
temple de Jupiter, qui était dans l'acro- Le ileuve Mêlas formait la limite na-
pole, tandis au* Acmbus lui-même devait turelle de la Pamphylie, du'oâcé de
marcher sur la ville. Les Selgiens, avertis Test; mais Strabon l'étend jusqu'au cap
à temps, par un berger, de la trahison Coracesium. Il ne compte sur la côte que
de Logbasis, entrèrent dans sa maison, deux villes, Ptolemaïs et Sidé.
aui étaient pleine de jconjurés, les mas- Sidé, port de mer et place forte re*
sacrèrent tons, et envoyèrent ensuite nommée, était une colonie des Çyméens
des renforts au Cesbedium. Garsyeris, d';4Colide, population maritime qui ne
voyant ses plans découverts, n'osa pas tarda pas à se créer une puissance na-
tenter une attaque. Les Selgiens en- vale formidable ; les nouveaux habitants
voyèrent néanmoins des dépotés à de Sidé paraissent avoir conservé peu
Aenaeus, et conclurent la paix aux con- de relations avec leur métropole; ils ou-
ditions suivantes les prisonniers Ped-
: blièrent la langue grecque et adoptèrent
DÏlessiens seraient renous, la ville paye- la langue barbare des indigènes qui n'é-
rait immédiatement quatre eents talenti
et trois cents un peu plos tard, à ces (i) Polyb.'V, 7».77.

40* Uvraisan, (Asib Mmiofti. T. II. 4»


I

722 LUW
taient qu*un peuple de pirates de Ci- le second môle existe encore; le petit
licie, c'est-à-dire uue agglomération port est du coté du sud. Une grande me
de tout ce qae la marine dee Phénieiens encore pavée aboutissait i la prindpaie
et des Syriens pouvait eompter d*avan- porte; au milieu s'élève un piédestal des-
turiers prêts à tout entreprendre. Une tiné à supporter une statue colossale.
communauté d'intérêts lia bientôt les De chaque côté de la rue se voient en-
uns et les autres ; Sidé finit par devenir core les ruines de temples et d'édifices
le grand entrepôt des prises faites sur publics.
les villes maritimes du continent et des Près de la porte de la marine s'élève
îles, etces prises consistnient principa- un grand théâtre qui a passé pour le
lement en esclaves. Side tut pendant de plus complet de la Pamphylie tant qu'on
longues années le principal marché aux n'a nas connu csux de Perga et d*As*
esclaves dans le monde romain. On avait penaus. Son diamètre dépasse cent mè-
établi des bazars où les prisonniers très c'est la mesure des plus pran.ls édi-
:

étaient vendus à l'enchère. Les habi> fices de ce genre; on compte quarante-


tants de Sidé étaient ennemis déclarés neuf rangs de gradins, formant deux
des Aspendiens; les mœurs des deux prédnctions; il contenait treize mille
peuples trop disparates pour
étaient spectateurs. Le proscenium est complè-
qu'ils aient jamais pu s*enteudre. Les tement écroulé : on retrouve ça et la
Aspendiens étaient portés au culte des plusieurs fûts de colonnes. Dans le
arts, et les Sidétains au commerce et à moyen âge, ce tbéfttre fîit converti en
In î^ucrre. Leur sous la pro-
ville était forteresse.
ti'otion de Mmerve, dont temple s e-
le Ces ruiues ne sont pas les seu.es qui
levait dans racrojpole. Apres la destruc- couvrent le sol de l'ancienne ville; près
tioo de la piraterie, Side n*en continua de la porte de ten« on retrouve les
pas moins le même commerce (1), elle ruines d*un aqueduc et celles d'un
devint le principal port de la Pamphylie, édifice qui était orné de nombreuses
et ses habitants acquirent de grandes ri- sculptures ; on peut conjecturer que ce
obesses. Dans le dixième sièele elle con- sont d'anciens nains. Les environs ne
servait sa mauvaise réputaticm, Cons- sont pas encore bien étudiés ; Corançei
tantin Por|><iyrof;énèle la nomme Toffi- a vu autour de la ville dos fortifica-
cine des pirates Piratarum oflicina.
: tions qu'il n'a fait qu'iudi(juer, et de
Les ruines de Sidé, aujourd'hui com- nombreuses inscriptions qui n'ont pas
Ï»létement désertes, sont connues dans été copiées. Le snour à Sidé est très-
e pays sous le nom de l'ancienne Adalia difficile à cause ou manque total de
Kski Adalia. ressources.
La ville était située sur une presqu'île ; A Texception des murailles qui pa-
les murailles du côté de la terre sont raissent être un ouvrage grec, les mines
encore entièrement conservées,elIes sont de Sidé sont toutes de l'époque romaine,
construites en pierres de grand appa- et l'on peut ajouter d'un style assez mé-
reil et flanquées de tours. Du côté de diocre. Les restes de sculpture et les
la ville elles présentent une série d*oii- bas*relie6 ^ue l'on rencontre 1^ et là
VI a Lesvodtés espèces de casemates pour dans ces ruines sont du troisième ou
loger les machines. Les tours sont (?s- quatrième siècle; c'était en effet l'épo-
pacées de dix à douze mètres, c'est une que de la plus grande prospérité de cette
demi-portée de trait ; un chemin de ronde ville.
fortifié formait une double enceinte. Les causes de la dépopulation de
Quatre portes donnaient accès dans Sidé sont faciles à résumer; Adalia dans
la place deux à l'est, et les deux autres le moyeu àjze a al)sorl)c tout le coiii-

au nord et à l'ouest; la dernière elait merce de la contrée. Les comraunica-


la porte de la marine. Le grand port est tiens feciles avec l'intérieur par la
'
situé entre la presqu*ile et le continent ; grande vallée de Sousousp en firent l6
on distingue encore sons les eaux les grand entrepôt du commerce entre les
pierres du grand luôle qui le lermait; Iles, la Syrie et la Karamanie ; Side, au
contraire, est cernée par les montagnes
abruptes et presque infrancbissablei dt
'
(i) Stnbon, XTV, 664.

Digitized by Google
*

km m EURE. 79S

la Pisidie de plus elle n'etail approvi-


; la Cilicie ii'eal plus profitable qu au
sioimée d eau que par le tuoyeu d'un point de vue géographique ; l'eiat des
qutduc; auovw rivièr^ancane source TiUes du littoral se résume toujours par
m coule tes son voAiinage du mo- ; .ces mots un château du moyen âge
:

en ruine entouré de huttes de terre.


ment que le gouvernement du pays a
cessé d'entretenir les eaux , la popula- L'ancienne Cilicie était divisée en deux
tion 8*est vu4> forcée d'abandonner la régions ; la Cieilie rocheuse ou la Tra-
voie, les Turcs oe s'y loot Jamais éta- cheotis à l'ouest, et la Cilicie champêtre
^ blis, on lie voit aucull VCStlgS d*OU' à l'est ; c'est celle qui renferme les dis-
vrages miUMilmaiis* tricts de Tarsous et d'Adana ; le fleuve
Pyraïuus en détermine la limite orieu-
CHAPITRE XU. tale.
Les anciens étaient d'accord pour re-
CU.1C1B. garder la population de la Cilicie comme
ori£iuaire de Phénicie , ils résumaient
A peine a*t-on franchi la fleuve Ma- ce niten disant que la Cilicie fut peu-
nafghat, Taoeien Mêlas, qu*on se trouve plée par le héros Cilix flls d'Agenor,
dans une contrée aride et sans bois, dif- Phénicien (1), la laiiinie parlée dans le
férente en tout point de la fertile Pam- pavs était différente du grec, et les mé-
pbyiie. Les villes de la côte n'ont ja- dailles les plus anciennes contiennent
mais été que des châteaux entourés de des légendes et des symboles qui se
midques maisons > rattachent aux mythes et aux divinités
véritables repaires
ae pirates toujours exposés aux atta-
,
des Phéniciens. C est aux relations cons-
ques des gouvernements réguliers qui se tantes avec ce dernier peuple que les
Mot sttoeédédamt ces parages, et l'on Gliciens doivent cette aptitode aux ex*>
peut ajouter que depuis trois mille ans, péditions maritimes qui unit par en faire
la Cilicie n'a pas changé d'aspect. Le une nation de redoutables corsaires. Le
gouvernement de la Porte n'a jamais gouvernement de la Cilicie parait avoir
exercé sur ces montagnes qu'un pou- été monarchique dès le principe, il était
voir coutesté; dsns aoonne autre partie conforme en ce point aux goufemo*
de ses domaines on ne trouve autant ments de l'Assyrie et de Babylone, avec
de beys indépendants. La race turco- lesquels les rois de Cilicie étaient eo
mane y a fondé des dynasties dont le rapports politiques très-étroits.
nom est à peine connu eo Europe; les LaCilicie, conqnisepar Alexandre sur
tribus de Rnamadan oglou, de Utch ok les Perses, suivit la sort des autres pra«
. y ont vécu pendant de longues années vinccs de son vaste empire; elle tomba
<ians un état de liberté parfaite. La pre- sous le gouvernement des rois de Syrie,
mière possédait lesdisIrietad'Adsnaat' sous celui d*Acli0ttS ensuite, et fit par-
de Tarsous. De nos jours le bey Samour, tie du royaume que les Romains ooQt
était maître d'une partie de l'Anli-Tau- sentirent a laisser, au delà du Xaurus,
rus, IMéhémet Ali a possédé pendant au roi Antiochus vaincu.
septaus les districts de Tarsous, d'Adana La CilicieTrachee commençait au cap
et d'OrCit et son flls les posséderait Coracésium , montagne isolée» au som-
encore si rEoropa ne ae iét mêlés de met de laquelle Diodote Tryphon avait
ses affaires. bâti une lorteresse où il cachait le bu-
Les rapports les plus récents publiés tin ramasse dans ses expediiiuns mari-
aurloCiHcie, peignemcettepsofhieasoui times. Son exemple
les couleurs les plus tristes ;lesanciennss
Mentét suivi
par les autres chefs de bande dont les
m
villes ne présentt'nt plus que « Timage châteaux étaient dispersés sur le litto-
d*uue complète destruction lentement ral, c'est a partir de ce moment que les
accomplie par le temps » ; le sol est en- Qlicieus devinrent uu peuple de pira-
vahi par les hautes herbes, les roocss tes. Leur principal bénéflce consistait
et les broussailles, qui ont effacé jus-
qu'aux traees des routes (i). L'étude de riostnictioo publique» S4, SS; 1M4»
în-8*.
;
(t) ^Ffci, Uagliii, Rapport au «naiiuv d« (0 Hérodote. TX, 91.

46.

Digitized by Google
LlTflTVtRS.

dans l*enlèvemeDt dit esdafes qui Sélinus, mentionnée p9r Pline comme
étaient entreposés à Sidé et de là con- une ville importante.
duits à Déios pour être vendus jusqu*en Elle a(^uit une nouvelle célébrité par
Italie. Tryplion, après une vie aventu- lamort de Trajan, qui vint expirer dans
reuse, fut pris et tué par Antiochus, Uls sesmurs au moment où il allait réduire
de Déoiétnus, 144, avafitnotre ère; mais une révolte des Juilk, en Tan 117 de no*
la piraterie prit d'autant plus d'exten- tre ère. La ville reçut alors le nom de
sion que les pouvenieurs romains étaient Trajanopolis, qu'elle ne conserva pas;
soupçonnés d'y prendre part(l). elle reprit plus tard son ancien nom.
Le eap Coraeésium, aujourd'hui cap Cette partie delà Qlieia était aussi con-
Alaya, est relié au continent par un ifl> nue sous le nom de Séléoitis.
tlime sablonneux ; il a été comparé à Les ruines de Sélinus ont conservé
Gibraltar, et l'isthme représente le /Veu- le nom de Séleuti ; elles consistent en
tralçrovkd^ qui sépara da TEspagne la quelques débris de monumeots eneore.
plus fonnidabU' forteresse da rAogla* indéterminés, un portique avee des fûls
terre dans la Méditerranée. de colonnes et (Tautcea édiliosa, tous
On trouve autour de la monta^^iie de r:^ge romain.
quelques vestiges de murs pélasgi(|ues, Vient ensuite le cap Anemurium, >e
restes du château de TrypboDi qui fiit plus sud de eette côte. Il forme la divi-
démoli par Pompée. sion entre le golfe d*Adalia et celui de
Le port était sûr pour les bâtiments Tarsous.
grecs, et principale ex|K)rtatiou con-
la Les ruines d' Anemurium consistent
sistait en bois .da cèdre. Mare-Antoina en murailles flanquées de tours, un
fit présent de ce district à Cléopâtre, théâtre, des aqueducs et des tombeaux,
qui exploitait les forêts du Tauruspour tous édifices qui ue sont pas aniérieurs
la construction de ses flottes. au second siècle.
La petite ?tlle d'Alaya est bAtie au Célenderis passe pour avoir été fon-
fûad de la montagne, à Test du mouil-
dée par les Phéniciens ; elle reçut en*
age. On y compte environ deux mille suite une colonie de Snmos. On n'y ob-
habitants ; les maisons s'élèvent en am- serve aucun vestige archaïque, les ruines
phithéâtre et sont couvertes en terras- les plus antiques sont de l'Age romain,
ses. Cette ville est bien déchue depuis les plus nombreuses sont byzantines;
le moyen «Ige, quand la marine des cette ville paraît avoir été très-popu-
Scidjnukides était florissante. Strabon leuse dans le moyen njic, quand les
nomme ensuite Uamaxia, la ville des Vénitiens et les Uhudiens tenaient cette
transports; c*est là qu*on embarquait edte.
les bois (2). îlamaxia était à cent sta- .

des, 18 iiilomètres, à l'est de Coraeé- CHAPIXRË XLII.


sium.
A
rest d*Alaja, la edte de Cilide est aiuuuB.
dominée par les sommets déchirés du
mont Imbarus, qui s'élèvent à seize et l a ville d'iiolnii a été abandounée
dix huit cents mètres, et les pics les plus par habitants lorsqu'ils eurent cous*
les

élevés atteignent jusqu'à trois mille truit Séleucie, mieux située sur le bord
mètres selon restimation du capitaine du Calycadnus, petit fleuve qui était
Benutort (3). Ces réjjions font partie de navigable jusqu'à la nouvelle ville. On
Thaune, et appartenaient au pays des reconnaît les ruines d'iiolmi dans uue
Homonadicns. anse au sud deSéleflié; elles consistent
Le petit lleuve Sélious vient se jeter en débris accumulés de monuments
dans lamer près d'un promontoire élevé qui ne paraissent pas remonter à une
qui marque! emplacement de l'ancienne haute antiquité. Les ruines d'Uolroî
sont connues des indigènes sous le nom
(i) SlraboD. Kiv. 668 ; Plalareb., riê dé de Viran ebeber« la ville détruite; il iia*
ratt qu'il y eut dans cet endroit un éta-
(a)Strabou, XIV, 669. blissement byzantin.
'i) Carain., p. 179.- La itetite baie d'Hohni s'appelle

L.iyiu^cd by GoOgI
ASIE MUibUKIf;. 726
jourd*hui Asha liman^leport de l'Agba ; ces Ueoi n*offrent plus que des ruines
elle est dérendue par un château du informes (1).
moyen y a autour quelques mai-
âge. Il A la pointe du promontoire s'éleva
sons; c'est l'échelle de Sélefke. L'un- une tour de marbre avec quatre tribu-
cieoDcSéIflueie, qoi est située à cent nes ouvertes, ornées de pilastres «h
TÎogt Stades, 22 kilom., au nord de la rinthiens; elle paraît avoir été cou-
baie, sur la rive du Gœuk sou , le Caly- verte par un toit pyramidal. Les autres
cadnus, que roo traverse sur un pont ruines sont eparses à l'en tour de la
"de sii arènes. baie.
Séleucie, construite par SéleueusNica- En se rendant de Karaman à la côte, le
nor fers 300 avant notre ère, se distin- colonel Leake retrouva dans un des pla-
guait d^ autres villes du même nom teaux élevés du Taurus, près de la petite
mut l*épithète de Trachsa, la rocheuse. ville de Mout, composée de deux cents
Les ruines de Tandenne ville sont si- maisous, les restes d*une ville antique
tuées au pied d'une montagne, dans la dont les vestiges couvrent une vaste
vallée du Cnlycadnus et couvrent une
, étendue de terrain. Il y reconnut jus-
étendue de terrain considérable, mais qu'aux traces des rues et des portiques,
la plupart des monuments sont méoMi- mais tous ces édifiées étaient écroulés.
naissables, et ne consistent qu*en amas Un château couronne Péminence voisine.
de décombres on peut reconnaître
: Il semble que sous les Seijoukides la
cependant qu'ils appartiennent tous a ville de Mout jouissait d'une certaine
Tépoque romaine. Le village moderne prospérité; on voit encore plasieuiB
de Sâefké est bâti sur la pente de la mosquées des bains et un kbian, tous
,

montniïne de Pacropole ; il consiste en édifices bAlisavec d'anciens matériaux;


une douzaine de pauvres cabanes celle -, on remarque, entre autres édiUces, le
de l'aglia ne se distingue pa^ des au- tombeau de Karaman Ogiou, émir, qui a
tres. Le chAteau qui couronne la mon- donné son nom à la Karamanie. Ces
tasne est encore assez bien conservé, il ruines ont été regardées comme celles
est défendu par plusieurs tours; mais de Claiidiopolis, colonie de 1 empereur
c'est un ouvrage byzantin qui n'est Claude, citée par Ammien Marceliin;
p:is antérieur au ooiième siècM : Tin- vient ensuite Olba (91, andenne colonie
térieur est rempli de maisons éeroo- grecque fondée par Ajax fils de Teucer,
lées. remarquable par un temple de lupiter.
11 est difGcile de reconnaître l'euceinte Les grands prêtres jouissaient d'un pou-
de Pandenne ville, les murailles étant voir tel qu'ils furent maîtres pendant un
détruites. On
remarque sur la pente de temps de toute la Cilide Trachée sous la
la montagne un théâtre dont le pros- protection de M arc- Antoine. On pense
cénium était tourne vers le sud, les que cette Claudiopolis est la même ville
ruines de plusieurs portiques et une que rancienne Olba.
église byzantine l)âtie avec d*8ncien8 Coryeus, aujourd'hui Rorghos, s'an-
nintérinux qui ont éié enlevés de quel- nonce par un promontoire qui forme
que temple dont elle (X'ctip»' l'empla- deux petites baies entourées de ruines
cement. L'ouvrage le plus remarquable de tous les âges, mais priocinalemeut
est une grande dteme taillée dans le de l'époque byzantine : un château ré-
roc, et dans laquelle on deseendait par paré par les rois arméniens s'élève sur
un escalier: l'aqueduc aujourd'hui dé- un rocher au bord de la mer. Les nu*ne>
truit y déversait ses eaux. On peut de plusieurs églises byzantines sont les
citer encore la nécropole qui se com- seuls vestiges de l'ancienne ville des
pose d'Un grand nombre de sarco- pirates.
pbntïps et ae tombeaux taillés dans le A une petite distance de la côte s'é-
roc, mais le style de tous ces monu- lève un rocher isolé sur lequel on a bâti
ments ne préseute aucune originalité. un château ; c'est l'Ile d'i^ilseussa où le
Dans leporeours delà edte sud de TA- roi Arebdaiis avait eonstroit on palais.
sie, nous avons mentionné la plupart
des lieux notables comme le Pnncile,les (i) Voy. cil. X, p. aa.
caps, et les îles voisines de la cùte : tous (a) Sir»bon, XIV, 679,
7?6

L*antreCnryoéen, doutPomponiusMela sables sont aujourd'hui aggloméiéi «t


a laissé ime descriptiou si pompeuse, forment une espèce de gres.
a été reconnu par iVl. V. Langlois à
Îuioze kilomètres au nord de Korglios, POETIS DS C1UCIB.
ans la vallée de Cheitanlik. Cette grotte,
Le défilé nommé par les anciens.
par son étendue et les accidents na-
Portes de Cilicie et par les Tures Ku*
turels qu'elle présente, peut être com-
lek boghaz,le défilé du moucheron, est
parée à la grotte de La Balme en Dau-
le seul passage par lequel une armée
phiné, de vastes galeries se prolongent
puisse franchir le Taurus, aussi de tout
fort loin dans le sein de la montagne, temps la possession de ces montagnes
et donnent issue a une petite rivière que
a-t-elle été le prélude de la conquête de
les habitants nomment Dehii sou, Teau
l'Asie au delà comme en deçà du Tau-
tolle«
rus : cela s'est trouvé vrai du temps
d'Alexandre comme du temps de Me-
GHAPITEB XLIII. bemet Ali, la guerrre portée au centre
de l'Asie Mineure par le pacha d'Égypte
a donné un intérêt momentané aux po-
ciHcn CHAMPÉns. sitions topographiques qu'il occupait
successivement. Le résultat de son pou-
La Cilicie champêtre commenijait au voir passager a été l'amélioration de
Heuve Lanius, près duquel était située cette route, au'on peut maintenant par^
la ville de Lamm dont il ne reste plus couhr sans (langer et sans fatigue.
de vestiges. La route d'Kngli aux Portes de Ci*
L'ancienne Soli ayant été presque licie longe les montagnes qui bordent la
dépeuplée par une invasion de Tij^rane, plaine de la tyanitis; il est impossible
roi d'Arménie , Pompée y établit une de franchir le Taurus en marchant droit
eoionie formée des pirates qu'il avait vers le sud. Alexandre et Cyrus, par-
alncos, et lui donna le nom de Pom- tant de Cibystra, marchèrent auuord-ert.
peiopolis. On retrouve l'emplacement On fait la première halte au caravan-
de cette ville au village de Mezetlu à seraï de Oulou kouchb, la seconde à
dix*liuit kilomètres à l'ouest de Mer- Tchifté khan, dans le Bulgar dagh, la
sine. Si l'on en juge par le caraetère de^ troisième à Bozanti, l'ancienne Pudaa»
nombreux monuments qui subsistent dus à l'entrée du défilé au nord du Ku-
encore, Pompeiopoiis fut intiercment lek boghaz dans les hautes vallées du
rebâtie dans une période de décadence. Sarus. Podandus fut de tout temps un
Le port forme un bassin obiong, dont lieu très-misérable, et saint Kastle le
l'entrée était défendue par deux moles compare au Charoniuui,qui exhalait des
demi-circulaires. Il est relié à la ville vapeurs pestilentielles. Le bourg de Ha-
par un long portique de deux cents lala devait se trouver dans le Bulgar
eolonnes, dont il en reste environ cin- dagh. C'est là que nonnu rimpératriee
quante en place. Elles sont d'ordre Faustine, qui, enran 174, accompagnait
corinthien, mais d'un style tellement Maro-Aurele dans son voyage de Syrie;
barbare, qu'on doit les regarder comme l'empereur tît élever un temple a sa
des ouvrages du temps de l>ioelétien et mémoire, et fonda la ville de Faustîno-
non pas de )a république romaine on ; polis que l'on place au village de Pas-
,

peut suivTe encore tout le périmètre maktchi. De Bozanti à l'entrée du dé-


des murailles et reconnaître les prmci- filé, d V a trente kilomètres; on entre en-
pales portes ; le théâtre est un monceau suite dans une fente étroite entre deux
démines : en un mot Ponpetopolis tout murs de rochers, passage qu'une poignée
en conservant de nombreux monuments d'hommM pourrait défendre; aussi
n'offre aucun iutérôt sous le rapport de Alexandre, en voyant ces défllés qu'on
r«rt. pouvait rendre impraticables rien qu'eu
Les eaux du port ont au plus haut roulant quélfiw Mées da wtbm%x^m/t
degré les propriétés iiicrnstnntes que qu'à sefilieiterdeBabomiafDrtMie(l):
nous ovon.s déjà observées plusieurs
fois dans leb eaux de cette côte tous les , (t; Curliuf, 1. IV, II.
î

ASIE BfINEURE. Tlf

les Romains quelques tra-


firent faire Tarse dans l'antiquité, ce furent les
vaox à cette raote ; on remarquait auni éléments, qui paruimt conjarës powr
pinceurs pnns de murnilles bvzantines sa ruine.
qui ont éle démolis quand les Égyptiens Le fleuve Cydnus, renommé par la
travaillèrent à cette route dont le par- froideur de ses eaux, était navigable
cours est de trente kilomètres; on fait depuis son emboudiure jusqu*! la ville,
halte au khan de Mezarlik, du cime- quMl traversait de part en part, en pas-»
tière, à quatorze milles des portes fie sant près du gymnasedf s jeunes gens (1).
Cilicie et a douze milles, IH kilimif très On vit un jour une galère dorée ma-
et demi, de Tarsous. Ce lieu concorde nœuvrée avec des avirops argentés, dé*-
avee la position de Mopsucrène, ton» ployer ses voiles de pourpre sur les eaux
taine deMopsus, où mourut IVnipereur du Cydnus c'était la reine CléopAtre,
:

Constance (Ij.aii pied du mont Tnurus : accoriipagnée de Marc-Antoine, ((ui ar-


sub Tauri radicibus positatn. Les Ro* rivait dans la ville de Tarse , reçue par
mains avaientfoit de mnds travaux pour les acclamations enthousiastes des po-
établir cette voie militaire, la seule qui pulations qui bordaient le rivace {T.
conduisait de Xairse dans la Cappadoce. Pendant le rèfjnede .lustinien le
Cydnus passait encore dans la ville;
CHAPITRE XLIV. Prooope rapporte que de son temps nnê
inondation subite, causée par la f<^tite
TAB8B. — TABSODS. des neiges duTaurus, prodmsit des elïets
désastreux; les ponts furent enlevés et
Tarse est aQj[ourd*hui la seule ville plusieurs quartiers furent détruits.
de Cilicie qui ait conservé une popu- A la nouvelle de cet événement, Tem*
lation active et commerçante, elle doit pereur donna l'ordre de creuser im
cet avantage à sa position maritime; nouveau lif nu fleuve. On fit pour le
C*est par Tentremise de ses négociants Cydnus ce qu'on lit presqu'à la même
que se font toutes les transactions entre époque pour le Scyrtus a Édesse (3).
les populations de l'intérieur, la Syrie D'autres travau.x furent exécutés dans
et les îles ; mais sa situation to{)o;:ra- le lit du Cydnus, au dixième .«iècle
phique a éprouvé de tels cbsgocemeuts quand les Sarrasinsvinrent assiéger
qu*il est impossible de reconnanre dans Tarse ; c*est depuis cette époque seule*
la Tarsous modenie cette cité célèbre, nient que le fleuve prend son cours a
moiiîs encore par les splendides monu- Test de la ville.
ments (lui la décoraient que par les Le Klu i;inn était à remboucluirc du
grands nommes Qu'elle a produits. Il fleuve a est d'Ancbiale, c'était une
1

faut citer en première ligne le nom de grande lagune autour de laquelle


saint Paul, (jui, par la seule puissance étaient construits 1rs arsenaux; aujour-
de sa parole, devait renouveler la lace d'hui les alluvions du fleuve ont com-
du monde antique. plètement cbangc la forme de ce ri-
Paul était né citoyen libre de Tarse; vage.
ilexerçait la profession de f abricant de Oncomptait cinq stades, moins d'un
tenu'S et de lapis; néanmoins l'esprit kilomètre, de Tarse au I\heg(nri; il
littéraire était si répandu dans celte était à cent vingt stades, vingt-deux
colonie (|ue Paul, malgré sa profession
, kilomètres, de 7ë|)liyrium, aujourd*hul
industrielle, suivait les écoles et pré- Mersine; ce petit villai^e est aujourd'hui
ludaii ain.si à ses grandes destinées. le véritable port de Tarse quoiqu'on ne
Tarse, la seule ville lettrée de la Cilicie trouve en ce lieu qu'une rade foraine
(sa voisine Soli n'était distinguée que par exposée à tous les vents du sud et de
rincorrection de son langage), conserva rouest. En fouillant autour de Mersine
toujours le premier rang; c'était la
melruuole delà confédératiou cilicienne.
(i) Strabon,XlV, 67a.
César lui conserva le titre de ville libre. M.
(a) Plutarch, vie de Antoitte,
En un mot les plus grands emiemis dç (3) Voy. ÉdcMe et tes momunenU , Bull.
de IftSoc. d'ethnographie, t. 1, 334, ^9$9*«
(i) A.inien MârccUiii, XXI, i5. Frocop., d« JBd'J*^ 3ao, t3.

Digitized by Google
LUNIVEAS.
OD trouve de nombreux débris d'anti- où entreprennent des
les antiquaires qui
quités. Il y a un demi-6iècle les navires fouilles ont la bonne forluoe
de decou\iTir
moaillaient à Rasaoli, le village daa des figurines d*un bon style et intacHs.
chaudronniers ; mais le fond est devenu Les monuments modernes sont sans
mauvais. L'embouchure du fleuve, qui, intérêt; nous en exceptons toutefois ia
dans l'antiquité, n'était qu'à un demi grande mosquée « dont la fondation re-
kilométra de la ville, était eo 1810, monte an qôinxiènie siède : elle a éié
d*après Teitiinatioii du capitaine Beau- bâtie par Rnamadan Oglou, chef Tnr^
fort, à douze millesanflaii, soit dix-neuf coman,qui a exercé dans le pa>'5 un
kilomètres. pouvoir indépendant. Ce mouumeot est
Les bistorteos grecs et latins qui ont oÂti sur le plan des mosquées pnmi-
fait mention de la fondation de Tarse ttves, e*est*lHlire que sa nef ooaiiste
citent une inscription célèbre qui était, en trois portiques parallèles soutenus
croyaient-ils, placée sur le tombeau de par des colonnes. Dans l'intérieur on
Sardauapale ; voit une chaire à prêcher, travail re-
Senlsnapale, fils d*Anai]rndaraXva marquable en marbra blanc; sur la porte
bâti Tarse et Anchiale en un jour; pas- de on lit
Pescalier :

sant, mange, bois, ris, le reste ne faut Ce minnber a été fait pnr Omar fils
«
rien. » de Daoud (fini dans) le mois de Kha-
llsemble que eelte Inscription indique mazan 987 (de Thégire).
suffisamment que Tarse et Ancbiale
sont deux villes disctinctes; tous les IB MOnUM BNT DB TAB80U8.
écrivains anciens sont d'accord pour
dire que le toml>eau de Sardanapale était il existe à Torient de la ville un mo-
prèsoUnchiale (1). Alexandre se rendit nument sur lequel Thistoire n'a laissé
en un jour de Tarse à Anchiale, qui était aucune indication et qui, par ses gran-
alors une grande ville. des dimensions et la singularité de sa
Les Grecs, iidèlesà leur coutume d'at- structure, est devenu le sujet des con-
tribuer à la race hellénique la fondation jeetnres les plus diverses de la part des
de toutes les villes qu*il8 occupèrent plus nombreux observateurs qui ont publié
tard , prétendent que Tarse fut fondée leurs opinions.
par quelques Argiens qui étaient débar- Ce monument présente l'aspect d'une
qués dans le pays à la recherche d*lo. grande enceinte rectangulaire, orientée
L'histoire de Tarse phénicienne res* e l'est à l'ouest, et formée par de hautes
sort de tous les passages des auteurs et d'épaisses murailles; dans l'intérieur
aussi l)ien que de ses médailles et du de l'enceinte s'élèvent deux masses cu-
culte de ses dieux ; mais aujourd'hui on biques de dimensions différentes.
ne saurait s*appuyer sur aucun monu* Une muraille extérieura, et complè-
ment existant encore. tement détachée du reste s'élève paral-
,

La Tarse des Grecs n'a pas laissé plus lèlement au petit côté de l'est. Ce mo-
de vestiges que celle des Phéniciens; il nument forme aujourd'liui une masse
est frai que peu de villes présentent le énorme de béton composé de brèche
speeUele d*nn si grand bouleversement calcaire cassée en petits morceaux et
du sol nnus avons vu des restes d'édi-
: d'un mortier très dur, il somblerail qu'il
fices enterrés jusqu'à l'imposte des voû- a été coule dans un moule. Mais sur les
tes, et des colonnes ensevelies jusqu'à faces extérieures on voit les arrache-
l'astragale; ceci est-il l'effet d'un trem- ments d'un revêtement de pierra, et
blement de terre? c'est ce que disent l'empremte des dalles de pierre ou de
les habitants. On reconnaît à peine au marbre qui les recouvraient. On n'a
sud-ouest les vestiges d'uu théâtre et donc en réalité que le squelette ou l'os-
un monticule renfermant de nombreux sature d*nn monument qui ne ressemble
débris de terre cuite ouvrée, sorte de par sa forme générale à aucun autre
JHoiUe TW/acdooomme celui de Kome, édificeconnu. Il est bien difficile sur
cette base d'asseoir une opiuion tant
(l) SU^bon, XIY, C*-7. Arrifii, Ejtp, soitpeu plausible; ce sont surtout les
^Us., 11. 5, dimensions de cet édifiée qui ont frappé

Digitized by Gopgle
799

lit ofeMrrateurs. Le grand rectangle a nous combattons les opinions. Quelle ,

qiialre-vingt-qualre mètres de loug sut était donc la destination de cet édifice?

quarante-six de large hors-œuvre, les Carie Ritter seul Pa dît : après avoir
murailles ont sepi mètres de hauteur résumé les opinions de tous les écri-
et six mètres soixante d'épaisseur ; ie re- vains qui en ont parlé, JHeiht noch ein
vêtement de pierre augmentait cette Haethsel fur die tntlquàre y il reste
.

épaisseur de quatre-vingts centimètres. encore une énigme pour les antiquai-


Les pierres au revêtement étaient en res (I).

assises réglées et posées alternativement


de front et en boutisses ; ces demièreB
CHAPITRE XLV.
étaient noyées dans le béton. tn FOlTU SYBIBRHIl*
Du côte de Test le rectangle n'est pas
fermé; il forme ainsi une vaste cour, Le comte de Lesseps fit en 1636 un

mais on n*y remarque ni porte ni au- voyage direct d'Alep à Constantinople,


cune chambre ou réduit quelconque. en traversant toute l'Asie Mineure; l'i-
Les deux massifs cubiques ont été soudés tinéraire qu'il a écrit, et qui est resté
por M. Gillet, eoosul de France; il a inédit, contient des détails peu connus
pénétré jusqu'au centre , et n'a trouvé sur les mœurs des tribus turcomanes
qu'une masse de béton compacte. et sur leur chef Kutchuk Ali, qui dans
Le grand cube a trente-deux mètres lemême temps avait exercé un pouvoir
quatre-vingts centimètres de face sur sans limite dans les montagnes au delà
quinze mètres d*épais8eur, sa hauteur est du Pvramus. 11 avait un gouvernement
la même que celle des murailles. L'autre à ne craignait pas d'attaquer les
lui", et
cube a dix-sept mètres de iront et douze villes la plaine; il fit sauter le pont
de
d'épaisseur. de Missis, qui n'a pas été réparé depuis.
Les fouilles faites par le consul ont Le commerce lui payait tribut, et nulle
mis à découvert un doigt de marbre pro- caravane ne pouvait sans sa permission
venant d'une statue colossale trois fois traverser le mont Anjaiius. Pendant
grande comme nature, travail romain de plusieurs années les pachas voisins
bon style. Mais on n'a pas trouvé avec lireut de vains efforts pour le soumettre ;
les nornlMeux morceaux de marbre ex* la Porte lançait contre lui des fermans
traits des touilles un seul fragment de sans effet. Il habitait un cliâteau situé
moulure ou d ornement quelconque qui dans les montagnes du Heylan,au milieu
eût pu faire connaître l'âge approxima- de deiilés faciles a defeudre. Le pacha
tif ou monument. d'Adana réussit enfin à cerner le bey
Nous n'ajouterons qu'uneobservation :
rebelle, le château fut pris d'assaut,
tous ceux qui ont vu les monuments Kutchuk Ali et tous les siens furent
de la Clialdée, de TAssyrie et de la massacrés, et l'on voit aujourd'hui à
Perse savept que les Assvrieos bâtis- peu de distance de BeyUm, au sommet
saient en pisé et non en Wton. Rien d'une montagne couverte de forêts, le
n'autorise donc à dire que ce monu- château en ruine de l'ancien bey des
ment est un ogvrage assyrieu. Turcomans.
On n'y découvre aucune enceinte, petite ville de Beyian est bfttle sur
La
chambre ou réduit quelconque pour la pente de la montagne du même nom.
déposer les corps. Tous les tombeaux, Les maisons s'élèvent en amphithéâtre,
depuis les Pyramides, en passant par et sont couvertes en tuiles; elles sont
les tombeaux de Cynis, de Tantale, de bâties par groupes séparés; des sources
Mausole, récemment découverts, ofireut abondantes circulent dans la ville ; l'air
un caveau funéraire pour y mettre le du pavs est aussi sain que celui de la
corps ou les corps des défunts rien
:
plaine'est impur: c'est au Be\lnii que
n'autorise donc à dire que ce monument se retirent les nombreux malades d'A-
est un tombeau; sa forme rectangulaire lexandrette.
porterait plutôt à regarder cette ruine On fait neuf heures de route jusqu a
comme celle d'un grand temple. Mais Ayas, l'ancienne Jigée, bâtie au bord
en lui attribuant une destinaliou reli-
ligieose, nous ferions comme ceux dont (\) ErtIkuHdtt I. n, page mS.

Digitized by Google
no LOJNIVERS. I

de la mer dans un enfoncemont du Mégarse,oii se trouvait le tombr^n


l^lfe d'Alexandrette, ce n'est plus au- d'Amphiloque, a laissé moins de vesti-
jourd'hui qu*un village avec un poste ges encore. Toute cette plaine est en-
dédouanes; les grands édiGces ruinés vahie par des marécages.
mii sVIèvent à Tentour témoignent de Alexandre partant de Soli pour mar-
I ancienne importance de cette ville. On cher sur Issus suivit lo lone de la rôle
met sept heures de marche pour arriver jusqu'à Me^arse, où il fit uu sacrifice à
aux montagnes qui bordent la plaine aa Minerve M^arsis et des Miatlons sur le
nord d'Ay.is c'est un embranchement
; tombeau d'Amphiloque; delà il se di-
du mont Ainanus on entre bientôt dans
; ricea sur iSIallus, à travers la plaine
un défilé célèbre dans l'antiquité sous aleienne. Mégarsis était comme Maliui
. le nom de Portes Snîennes, Sjriœ py lœ bâtie sur une colline.
;
deux montants de pierre solidement
construits indiquent encore l'emplace- CHAPITRE XLVL
ment de cette porte connue aujourd'hui
sous le nom de Karanlik kapousou , la MOlPStntSTTâ. — MISSI8. — AD4NA.
porte noire.
."NI yrinndriis, ville phénicienne, était si- Missis l'ancienne Mopsuestia est b.-îtie
tuée près de ce lieu son emplacement
;
sur une colline sur la rive droite du Py-
reste indéterminé (I). Les Portes Sy- ramus; un pont de pierre de taille jeté
riennes marquent rentrée de la Cilieie, sur le fleuve a été romp» par Kutebuk
ce dénié conduit à In station de Kourd Ali et est maintenant réparc avec quel-
kala, distante de neut heures de mar- ques poutres. Missis fut une ville im-
che d'Ayas. portante dans le moyen âge; on l'appe-
Kourd kala est an ancien caravan- lait Mamistra. Il ne reste aucun édifiée
serai fortifié, situé sur le penchant d'une antique; des débris épars et quelques
montagne qui domine tous le.s environs, inscriptions témoignent seulement que
il a été hùti par Uhamadan osloii, qui, Taneienne Mopsuestia avait conservé les
au milieu du seizième siècle, posséda les privilèges d'une ville libre; le pont était
villes d'Adaua et deTarsous. un ouvrage romain. L'empereur Justi-
L'enceinte du caravanseraï renfer- nien le fit réparer. Les Arabes firent une
mait une caserne, une mosquée et de première invasion en Cilieie en 9.'>0 do
vastes écuries pour les caravanes, au- notre ère ; ils s'emparèrent de Missis, qui
jourd'hui il y a toujours un poste de resta quatorze ans entre leurs mains et
soldats pour garder ce passage; nuds fut reprise par les Byzantins en 964.
l'ensemble de ces utiles édifices ne sera Kn 10;)7, les croisés, sous la conduite de
bientôt plus au'un amas de décombres. GoddVoid, s emparèrent de Missis, et la
En deseenoant de Kourd kala, ou en- mirent en bon état de défense; elle fut
tre dans une plaine ondulée et déserte, anneiée aux possessions des rois de la
bornée au sud par de izrandes lagunes ;
petite Arménie, et après la chute de
une suite de collines sépare cette plaine cette dynastie elle resta di'finitivfmenl
de la vallée du Pyramus ou Ginoun, entre les mains des iMusuimans. Depuis
encaissée entre deux pentes élevées et cette époque, cette ville n'a 6it que dé-
boisées. choir, et .sa population ne s'élève pas
M:'llus, fondée par Mopsus et Am- aujourd'hui à mille habitants.
philoque après le siège de Troie, était à Missis est éloignée de sept heures de
rembouchure du Pjrramus, la ville était marche d*Adana ; la route est toujoups
bâtie sur une colline; sur laouelle on ne en plaine. On apnrçoit au loin plusieun
trouve plus que des ruines eparses; ce- monticules sur lesquels s'élèvent d'an-
pendant Mallus a cte dans le moven ciens châteaux; les indigènes les nom-
âge une ville assez importante, défen- ment Chamirâm kalé si , le chAteau de
due par une forteresse dont on voit en- Sémiramis, et llan kalé si, le château
core les ruines sur le cap Kart tasch des serpents; ce sont des forteresses
bourouD, la pierre .noire. du moyen âge qui ont été bâties par les
Croisés.
(i) Xéoophon, Amb., I, 4. La route de Tarsous i Ataa Ira*

Digitized by Google
ASΠmifciniE. 731

verse la même plaine, dans la direction Adana est une ville toute commer-
de Touest à Test ; on compte neuf heures çante; on aucun vestige de
n'y retrouve
de roardie entre ces deux villes. La cha- rantiquité : monument remar-
le seul
leur est si intense pendant l'été, que les quable est mosquée Oulou Djami,
la
caravanes ne s'aventurent jamais à bâtie par Rhamadan ogiou, un peu
marcher que la nuit; les nomades se re- après celle de Tarsous et dans le même
tirent à la montagne, la plaine reste Style, c*est4i-dire formée d*un double
livrée aux reptiles et aux inieetis, qui portique sans coupole.
pullulent. La porte et le minaret sont bfllis en
Adana est bâtie sur la rive droite du assises de marbre alternativement blanc
Sarus ou Siiioun ; Thistoire de sa fonda- et noir; le minaret octogone est imité
tion se eonfond a?ee la fable. Étienne des minarets de la Perse. L*aspect de
de Byzance dit que deux frères, Adanus la ville est plus triste encore que celui
et Sarus, fils d'TJranus, firent la guerre des autres villes turques; les maisons
aux habitants de Tarse, et fondèrent n'ont aucun iour sur !a rue ; on se pro-
une ville : l'un donna son nom au fleuve mène entre deux longs murs de brique.
Sarus et Tautre à la ville d* Adana. Pen« On compte environ huit mille maisons,
dant toute la durée de l'ehnpire romain dont mille arméniennes. Pendant Télé
il est rarement fait mention de cette les habitants couchent sur leurs terras*
ville.Pompée y établit une colonie de ses. Du temps de Mehemet-Ali, Adana
pirates en même temps qu'à Soli. était le quartier général de Tarmée égyp-
L'empereur Justinien fit construire tienne, ce qui donnait un peu (l'nniinn-
sur le Sarus un pont qui existe encore. tion ; mais les chrétiens osaient a peine
Les ingénieurs employèrent la même sortir de leurs maisons. Kn 18!Î.'S Adana
méthooe qu'au pont sur le Sangarius : était gouvernée par le Kaïmakan, lieu-
ils détournèrent le lit du fleuve et lui tenant du sultan Knrndjn, le vainqueur
,

rendirent sou cours naturel quand le de Kutchuk Ali; aujourd'hui Adana est
pout fut bâti. le chef-lieu du pachalik du nièine nom.
line petite éminenee sur laquelle s*é- Les régions en amont des fleuves
lève Pancien château byzantin domine Seras et Pyramus appartiennent à la
la viMe, qui est bâtietouteen plaiiie; e'est seconde Arménie, que nous avons déjà
le plus ancien édifice. On voyait encore parcourue.
en 1836 toute Tenceinte flanquée de Nous terminons ici la description de
tours, ^léhémet AU avait donne Tordre TAsie Mineure, sans nous faire illusion
de le (If'inolir. sur les lacunes qui restent à combler.
Dans un des souterrains on avait dé- Nous avons relevé dans les auteurs an-
posé Tancienne ouvrage curieux
grille, ciens deux mille neuf cents noms de
de serrurerie du septième siècle : les villes etde lieux célèbres : on voit com-
gonds et la serrure étaient ornés de figu- bien nous sommes loin d'avoir accom-
res de lions et de léopards en relief et pli notre tAche. Il reste encore bien des
curieusenieut ciselés; il est probable découvertes à faire, bien des incerti-
que cet ouvrage n^eiiste plus. Le châ- tudes à éelaireir ; c*est un vaste champ
teau ccmmandait le cours du fleuve à d'études toujours ouvert aux futurs ex-
Voaest de la ville. plorateurs.

FliN.

Digitized by Google
f

Liiyitizea by ^OOgle
I

TABLE DES PLANCHES.

( Le Relitur devra placer les planches dans le volume de la manière suivante. )

PiMchc En rtfmif Ptancb* En rrfanl


air la p^f* de U pa|t
1 Bas-Kllef taillé dam le roc à Pi y m- 36 Médréré A Broussa, école do aul-
phi 261 i:iO

2 Bas-ri liefs tallléa dana le roc a Pic- 37 Tomheau de Houen a Césarée.... 542
riiirn Cl 2 M FurtiticallOQS de Micée; purle da
104
a Bds-relief taillé dans le roc à Plé-
riuin . 014 |*OrWli(^illOIIS tic 1^ Iv^T^ f fwiic UC
4 Bas-relifls taillti< dans k* roc a Pte- 104
rnjiii . . . . r.lO Fortilicatious de Mcee; porte de
o B;<>-rHiff a KtJiijt li, ^iierrii-r <.'>.; 109
6 Ti inplf d'AiiHiti> a PU'nmn <îû» 41 I3J
7 I.e hiert)!) de (juide 642 42 07
8 Portfa Hlt-riutn. — Acropole a l'Ie- «S hesles du paîai» de Justinieti a Pa-
num CIO 102
9 Fortitioitions des l^le;:es 636 44 424
10 MaiaoD» de la vallée de Xanllms. 082 4b 428
H Tombeau» lyciena taillé» dan» le 46 3U4
roc 682 «7 Mosquee de HadJI Balmoi à An*
l> Tomln'au de Midas a Nacoléia 4t0 484
13 Tomlx'au de Tantale tm) 2('0
14 ISécropole de TelmiitSU» QflS 49
i& Temple a A^^llS. • • • • 202 M) Danae de> /iut;ari a Iiouiiadn 282
16 Bas rellels du temple d A»»0» 2(^4 r.[ Restes (lu palais «l'Andronlc a
17 Forte d'A>so^ '
:;02 260
la Temple d'Apollon Diilyme aul &2 Trail' S. — Alditi ptiAel lil>sar •nn
braïK'tiides 3 6 r.3 Musquée (lu sultan .Selim a Kphese. :<ii
19 Temple de Vénus a Aplirudisia.n . C4t fy\ MO
20 Temple (le Teos MW r>r> t»b2
21 Temple a Ai/ani . fÏMÏ 5tS (.ostumrs a In-Ku^hl. 664
22 Temple de Jupiter a l.al)randa . C4H fc7 Lions et faucon dans le cliàteau
23 Oileiim taille ilaiiN le roc a Aperla. fi88 602
24 Théâtre a Palare «78 68 68M
2N Tomheau d'Am>iila:< .*t TeImmMM. ()G8 ^9 Constructions dam l*ile de RacAva. 688
26 Tomtteau de (.lamlia Re^elia. — fio U<J4
Tonit>eau de Ptolémce a Anli- <ti 054
phellus. .... .. 6<^ 62 Huîtres fossiles da oiontTaortts.. :il
87 Tiunlteau près de Myla^n cl8 6:1 Trelilzonde &94
28 Temple d'Auguste a Aticvre...... 482 64 Peintures byzantines à Trébizonde. b96
29 Sarrophat^e tie inariire, des ruines
d'Apfirodisias. . (i\6 Cartes à la Jln du volume.
10 Ruines il'iiiit^ liasiliiiue a Fernaine. '/Tfi

31 Et^lise a l re|ii/a)iide. . 696 * Asie Mineure sous les Perse».


32 Palais des sullans seldjoukidf» à 2 Asie Mineure au temps d'Alexandre le
Koiili h . .T cni draiid.
33 (.tialeau df Boudroum.. G<2 3 Asie Mineure sous la doroination romaine,
34 MuM)uee du sultan Mour.<d l'^ a d'AuKUSte à Dioclétien.
Broussa 128 4 Asie Mineure nu temps d'Héracliuo.
Ift La grande mosquée n BrousM... 126 b AMe Mineure UiO<it-rue.

7S3

d by Google
f

Digitized by Go^lej
TABLE DES CHAPITRES.

LIVRE PREMIER. Page».


Ziélas. — Prusias 51
Page». Prusias II. 54
L Travaux do voyageurs Wicomédf II-III.
nioderuês^ La Bithynie réduite en
IL Hy{;ieiie. province roinauie. 55
IlL ptvmoii lie i'ottvrage. Don>iualioii nuisulmane.
Le uoni d'Asie. UL Frontières de la Bithynie.
DL Divisions de l'Asie k dif- Honoriade. —
Parat;és du
férentes t'poqiU'S. 8 BosphorëT" |

V. Juridiction!» ruiiiaines. m Cap Poaidium'. 58


ÎL Asie divitéfc en thèmes. II ColFe d'Astarm. — Port
2IL Coup d'iyil sur la forme H e ta- us.
générale de la prët^ Port Calpé.
qu iig. i5 A^lacui. 6a
Alluvions des fleuves. Olbia. — Nicomédie. ùi
Périple de l'Asie Mineure. Constitutinn du s ol auxen-
Cote septeiitrioualc. iS \ii uua de Nicumédie. 68
Cote uccidentale. ±1 Périple du golfe de Nico-
Côte méridionale. medie. 69
XL Mont Taurua. Taouchandil. — Côtes du
Montagnes de la Lycic. 20
Cragus7 Ak daglu ai Chalcédoine. 2»
Tdurus di- l'amphylie Ct La fontaine Zaréta. 25
de CilicieT Chrysopolij». — Scutari.
XIL Montagnes de la Pam- — Uscudar. 26
pbylie- et de la Cilicie. M Les courriers en Orient. 26
Mont Aman us et mont Télégraphie chez les
Rhosui. Byzantins. 28
Chaînes de l'intérieur. ai Mosquée du sultan Soli-
Mont Phœnix. 13 man.
Mont Latiuus. 15 La tour de Léandre. ilo
Mont Messogis. 15 YUL Les Iles des Princes. Sû
Mont Mycale. 36 Prolé. — Antigone. 8^
Mont Prion. 36 '
Chalcitis. — Prinkipo. i2
XIV. Munt Tmolus. 33 UL Parages de la mer Noire.
Mont Mimas. 3â — Le mont Géant. n
XVf. Mont Sipylus et ses em- Temidr de Jupiter Urius. ai
lirauchementÂ. 3â X. Huuoriade. — Dusc pros
Mont Ida. 4o Olympum.
Chaînes du centre. 44 t>uslché. 85
XL Itinéraire de Nicomédie
LIVRE II. au lae de Sabandja. 86
Le lac de Sophon. «2
aiTHTKIK. XII Pont (le Justn.îeh sur le
baii^arius. 88
Premiers colons de la Bi- XllI. Itinérairede Sabandja à
thyuie. —
Limites de Geïveh, Toltœum, et à
la contrée. 43 Nicée.
Rois de Bith vnîe. il L£U£X. 90
Les Gaule;!') paaseat ea XIV. Nicéo- 91
Asie. Eglise de Saintf-Sophir. 9â
73â

d by Google
7S6 TABLE DES CHAPITRES.
Chapitre*. Pates.
XV. LIVRE III.
Les murs. iqq
XVI. Les portes. lq3
MTSIK.
Porte de Constantinople,

de Yeni-cheher. iaS
Intérieur de la ville. iiifi L Arrivée des Mysicns en
Monuments rousuimans. io6 Asie. — Limites de la
Église grecque. 107 province. lia
Voie romaine. isi IL Topographie ancienue. 164
XVIL La pyramide de Cassius Montagnes et fleu\es. i54
Asclépiodotus. 109 Le Granique, Démotico,
XVin. Route de Nicée à Cius. Kotija tchaï. ii5
— Gliio. IIP m. Itinéraire de Milelopolis
lac Ascanius. lui à Cyztque. — Muba-
Pytbopolis. LJ_i lîtrh. iS&
XIX. Cius. — Gliio. Lia Lac Manyas. — Fleuve
Route de Ghioà Broussa. Tarsius. — Pemaui-
Route de Moudania à nus. iSj
Broussa. —
Apamea. 1x3 source s rliaudcs. lAA
XX. Broussa-Prusa ad Olym- lYi I.'ile Je l'iocuimcse. iSÊ
pum. ii5 3L. Les carrière* de maibre. tlLi
Pythia. ij6 VI. Itinéraire de Muhalitch à
Broussa byzantine. 117 Cyzique. i£a
XXI. Invasion nimulmane. 117 V II. Artare. — Cyzique. 164
^
XXII. Broussa, musulmane. iig Vin. Ruines (le t'.\ziqiië7 i65
XXIII. Étal moderne. —
Iudus> IX. État actu el tK's riTTucs. i6g
trie. — Commerce. tai X. Kuinejde Cy/.i(iue d'après
XXIV. Les eaux. 122 d'anciennes dcMrip-
XXV. Les eaux chaudes. u3 tions. 171
XXVI. Caractère de la mosquée XI. Côtes de l'Helle^pont. i<ji
turque. ia5 Lampsaque. Abydos. — 174
Oulou Djami. la^ XIL Troade. —
Kléments des
XXVII. Musquée du sultan Baya- populations primitives, fjt
zid. LoS Xllf . PhfmcJt»nit- i_âu
Mosquée du sultan Mou- XIV. Cariens. — Léicges. —
rad à Tchckirgué. l2& Lyciens. lâa
Mosquée de Mourad I"*. uià XV. Troatlf. — Topographie
XXVIII. Tombeaux des sultans. lag ancienne et m«nierne. 187
Tombeau d'Osman. XVI. PLiiiie (h- Troie. 189
XXIX. L'Olympe de Mysie. LÎfl XVII. T')l>i)|;ra[iliic ancienne de
XXX. Les nomades de l'Olympe. ia Truade. 19a
XXXI L'îlede Besbicus. ii5 XVIII. Itinéraire de la pUinc de
XXXII. La ville de Dascylium et Troie. iQ%
le lac Dascylitis. i2& Alexandria Troas, — Eski
XXXIIL Là ville et le lac d'Apol- Slariilidnl. 194
lonias. — Le Rhynda- XX. Intérieur <le la ville. igS
cus. i2A XXI. Le Kolfe li'Adramyllium. 1 9S
Le Macestus. — Sou soug«
herlé tchaL 1^0 XXIIT. T-rs murs. soi
ApoUouias. X XiV. Les portes. ao«
XXXIV. Loupadium. AcropolisT >o3
Hadriani. —Édrenos. i^a XXV. Adraunttîum. «04
Téni cheher. —
Sugbud. i U XXM. Hér.tl()nneÀe. — Pitane. 106
XXXV. Les Turcs > 'étaltlksrrrt eu Teuthranie, Caïque. 207
Aftifi. • i4S XJLSJL Pergame.
XXXVI. Roli. — Claudiopolis Mo- X XVin. Ori};ine du royanme de
drt-na^ — Crati.i. i47 l'er^amc. — Philelere.
Syncedeme de Hierocles. i5o Euniène. ao8
Attaie I". 409
Kumène II. aïo

Liyij^ud by Google
TABLE DES CHAPITtlES.
Page». Chapltrei- PlfM.
tba>ltre4.
XXIX. Volcan de Kara Devlit. a73
Attale II.
XXX. Kouta. aîS
XXIX. Intérieur de la ville, les

murs, râcro|K)le. XXXÎ. Ville» de Lydie a» nord


d<- rUfi mus a-fi
La hasiligiie.

XXX. L'aïupliilbràlre.

I.». cratère de marbre. 21S HIaundus. SaïtInB. «22
XXXIII. Saitt.v.
a78
MVRK IV. Fleuve HylUis.
I» • » •
Guzel
,«OLtDK. Hissar.
« XXXV. Populations musulmanes,
L étahlissenieiit des .Eoliens usages, superstitions des
.sur la cote d'Asie. montapiiards. ail
IL I^.léf. — Villes de XXXVL Villes de Lydie au sud du
lide. r.avslre. a85
UL Cymc. XXX VIL No/li — Sultan Hi?sar.-—
lY. Sipyliis. — Tantalts. Nvsa. a 86
V. Toposri'pl''*' de Sîpylus.
VI. Toniheau de Tantale" I.IVRF. Y.
VII. Lydie. —
Mœ^'iiie. Mi - — ^

grations des Lydiens en


Asie, tribus iii;e()iiien-
nes. a3i Premières migrations io-
Dynasties lydiennes. al3 nienne». a89
VllI,
Frontières du royaume de II. Second à<;e des migra-
IX.
Lydie, laoptagnes, fleû^ tions ioniennes. a90
225. III. 1.^11 rs rapports avec les rois
Monuments. de L\die. agi
X.
IV. ;réation^ de» douze \illes
XL CliMt.- des rois héraclides (

de Lydie. —
Avènement
V.
ioniennes.
Confédération ionienne.
aga
aqa
des Mertnnades.
XIT. Invasion de^» Cimmériens. VI. LMonie sous les Perses. agi
XIII. Règne de Crésua. VIL Règnes de Cambyse et de
Fiii de l'empire (Te Lydie. a45 Darius. atp
XIV.
VIII. Toiiie sous Xerxcs. a 96
XV. Route à travers leTmolur. I

— l{\p.vpa — Ta}>oè. IX. Kègno d'.\r!axer\e.


— Soiirceà tlu P.iclole. a «6 X. Aeésilas en lonie. aç)»

XVI. Hypgpa. aA8 XL I.Tonie après la paix d'An-


XVII. Passage du mont Tmolus. a5o taleidas.

XVIII. SaiikL XII. L'art ionien. «99


Le temple «le Cybèlc. XIII. L'Ionie sous les rois grecs. 3oi
XIX.
XX. Résu UH- de histoire 1 dfi XIV. Sous les empereurs ro-

S.trdt;s, manis. <oa

XXI. Toiiilieaux des roi» de XV. Smyrne. 3o3


le. XVI Smvrne bv/uutine. :{o5

XXII. Itinéraire de Smyrne à Sar - XVIL Smyme niusulnune.


des. — Vill.i{{e de IVym- XVIII. Smvrne moderne. 307
phi. — Stèle de Sésos- XIX. Route de Smvrne à Aiasa-
3o9
tris. louk.
XXIII. Villes de Lydie au nord XJL Aiasalouk. 3io
du CaystinêT afi3 XXL éphcsc.
— 3ia
XXIV Plaine liyrrnnienne. XXII. Les murs de la ville.
xxv. Route de Sardes à Perpame Moiiiunents antiques. 3 «4
par TliyatireetlS'acrasa. l^.phèse romaine.
Tiivatire. XXIII. Le stade. —
Le théâtre.
XXVI. Route de Thyatire à Per- XXlV. Les thermes, le gymnase. 3(6
gaine p ar ISacrasa. xxv. Le Temple. JT^
XTCVII. Pliiladelpliie. XXVI. Saint Paul à Kphe.se
y X VIII, La ralareeauinene. a?» XXVIl. Destrurtion du Temple. 3aa
Livraison. (Asie Mineubk ) t iL U

d by Google
788 TABLE DES CHAPITRES.
r.hap!»rr«. riiipi'rr.t.
XXVIll. Les Turcs à Éphcsc. LV. Frylhra-. — Rhitri. 367
XXIX. Ruines de Pygèlp. 3t»4 LVI. Golfe de SmyTM. —>Cla*
XXX. Ortygie et quelques lieux zomene. 3C9
uHéhelléniqaM de la LVfl. Phocée. 371
côle d'Ion ie. la 5 LVI II. Fondation de Marseille. 37a
xxxr. Château de Tichakir-Ali. 3a6 LIX. Siège de Phoeée. 334
XXXII. Panionium. —
Les bains LX. Fondation de Phocée la
de sable. .^»7 Neuve. 374
Ancienne ville des Lélv- Î75
ges. — Site du Panio-
niim. 3ft8 LIVRB VI.
lyenblements de tenv
en A"5ie. — De^^truciioii mUTOIS. — OAliATU.
des villes d'Ionie. 3a9
XXXIV. Principiax tremblemenii I. Migrations phrygiennei. 377
(le terre en A^'iv. 33o n. Invasion d^Sésoatris. —
XXX T. Fondation <ie Milet. 33 Culte. 378
Milet sous les rois de Influence orientale.
Lydie. 33a Mythe de Midas. 38o
XXXVI. Règne de Darius. 333 nr. Dynasties phrygiennes. 38a
XX XVII. Milet sous les Grecs. 334 V. Doiuination étrangère. 3S3
xxxTin. Milet ions Im Turcs. 335 VI. Révolte de Prooope. 384
XXXIX. Temple des Branchydes. vu. Divisions géo;;r.iphiques. 386
XL. Oînstruction du temple, 338 vu. Monuments priniilifs.

XLI. ^.tat actuel du temple. ^^^^ IX. Saugarius. — Sakkaria. 390


XLII. Priène. 34a X. itinéraire de Brousse i Xu*
XUII. Ruines de Priène. tayah. — Coly«um. Ht
Les ruines de Priène d'a- XI, Itinéraire de Brousaa à
près Mannert. Airani par Taouchanli 39a
XUT. Magnésie dn Méandre. xn. Cotyaîuni. — Kutayah.
— Temple de Diane xin. De Kutayah «à Aicani. 3î^
Leucophryne. Route — XIV. Aizani. 38:
de Scala Nova & Mag- XV. Le tenj|rfe.
nésie du Méandre. 346 XVI. Les poDti et la voie des
Traduction d'un feiman tombeaux.
de route. 347 XVII. Le stade. 4o5
XLT. Magnésie du Méandre. 349 xvra. Gidi. -. Kedia.— lUnè-
Villes d'Ionie «u tnd du mire d'Aizani à Cadi. 406
Méandre. 353 XIX. Sinaus. —
Ancyrc. 4«7
Ruinesd'Hér.ielee du Lal- XX. Villes à l'ouestdu Tbym-
354 brius. — Dofylauni.
XLVI. Le Lntmions NDUSfOura Kski cheher. 4*t
Kafi. 355 XXI. Exploitation de l'écume de
xLvn. Tîllca de la presqu'île mer.
Érylhrée.

——Colophon. Route de Sevii hissar à
K.ski cheher par Mnha-
ri.iros. Téos. 356
XLVIIL Route de Smyme à Cla- litch. 411
ros par Meiropolii. 3f8 xxn. Naeoléia. — Midoum. 4»
XLIX. Ruines de ClarOS. 359 xxriL Midorum. 4ia
Grotte de Mopsus. XXIV. La Grande Phrygie. 4i3
*
L. Lébédus. 36o XXV. Vallée de Macoîda.
U. Téos. «- Arrivée de la co« Tombeaux des rois de
lonie prerque. 3«i Pbr\ 4i5
LU. Soulèvement des Téieiu Tombeau de Midas. 4t6
contre Athènes. 36a Monuments phrygiens. 4st
un. Ruines de Téos. — Sevri r.berdek kaiaai. 419
liissrir. - Sisadiik. XWI. Pismich knié si.
uv. l.a presqu'île Érylhréc. 3f.t) XXVll. Tombeaux de Yapui dagli.
Éryibn». 366 — Gombett. 4««

Digitized by Google
TABLE DES CHAPITRES. 7S9
Chapitre*. Pafca. ClMplin rafca.
XXTin. Iliiièftirttle Kidis i Kani L^AugustéMi. 4Ss
hissar. 41a LVI. Le cbâteau. 4S9
XXlXi Seidcl Gbaii. — Prvmoé* La ville modarM al les
dt. habitants. 490
XXX. OoMluk. Acmonia. 4«$ LTm. Villes des Galates dans le
XXXI. Iksier kaîa si. Nécro- bassin sapéiiear du San-
pole. 4«7 garius. 49a
XXXn. Anat keui. — Trajanopo* LIX. IsUnos. — Les Oppidadea
lis. Galates. — Les grolteB
Aphioum Xarthissar. habitables. 493
XXXIII. Svnuada. 43o LX. D'AiMnrre au pays des
XXXIY. carrières de Bsatbre. 43a Trofiinlana 4196
XXXT. Beudos vêtus. — Anabura. 434 LXI. IMHtt. — MafakMÎ. 497
Philomélium. — Ak cbe-
her. 435 UVXE VU
XXXTI.* Biiméaia.^IchekU. 435
XXXVIL Laodicéc sur le Lycus. —
Eaki bissar. 436
Denidi. —
Le Lyciu. 4S8 I. dn
XXXYIir. Hii rapolis. tobouk dappadoea. 5oo
kal«' si. II. Domination assynenne. Soc
XXXIX. Les hennés.
I 44a m. Population de la Cappa^
XL. Le Ihéâtre. 443 dosa. 5o3
^ise. —
Agora. 444 IV. Rois de Cappadoce. 5o5
XM. TntMnisoiMum. — Téféné. 444 V. Influence de &ome. Sfo
XLIf. Celieiiae. — Apamée Ci* Religion. 5to
liotoa. — Dinaire. 445 TI. La Cappadoea sons l'cm»
XLIII. l ac Anava. — Tehardak pire romain. 5ia
gheul. 448 VII. R^ne de Constantin. 5i6
XLIT. Quelques viNes delà Phry- vm. *Sefaisnie d'Anus. 5i7
gie parorcp. 44t IX. Invasion desSeIdjoukides. 5i8
Apollonia de Phrygie. — Expédition des croisés. 519
Oulou bourlott. X. '
Sultans seidjoukides d'Ico-
XLV. Marche du jeune Cynu de 5aa
Sarde* à Tarse. 45o XI. La Cappadoce chrétienne. 5*4
Précis de marche d'A-
la xn. Les anachorètes. ${»5
lexandre le Grand à Les demeures des snacho-
Iraven FAsie MÎBaure. 45a
xin. Voyage de sainte Hélène. $a7
OALATIB. XIV. Les sépultures chrétien-
5a8
XLVI. Arrivée des Gaulou. 453 XV.
X.1,VII. État de l'agricullure. 457
XL VIII. Les chèvres d'Angora. XVI. Modii des sépultures. 53o
XLIX. Races bovine et ehev^M. 4M xvn. Itinéraire de TsTinm à
Territoire. — Frontières. 46i Césarée.
'
53a
L. Marche de Manlius pen- XVUI. Vallée de l'Halys. 533
dant la campagne de XIX. Monastère de Sur» Oart»
Galalie. 465 bed. — iigkm Udlléea
U. Villes de la Galatie salu* dans le roc. 534
taire. 469 XX. Église taillée dans le roc
LU. Terma. — Gema. 47» pr^ de 8nrp Garabed. 53S
AfBorittm. 471 XXI. Chambres sépnlcrales et
LUI. Fnsinunte. 4:3 Martyrium. 536
LIT. Sevri lii>sur. 476 XXII. Lesprèuxtures de la Cap-
Ruines de Baia bissar. — padoce. — Divisions
Pi^siiitinle. 47« dn Mya daaa Tanli*
Le temple. 477 quitè. 537
I<T« ADqrre. 479 La fleuve Halys.
17.

L^y u^ud by Google


740 TABLE DES CHAPITRES.
Paarr*. f:h« pitre». »'
"VV T î'*t
XXill.1 1
XV. Turkal, Gauoura, Zela.
AA 1 T • in uiiiiiiicnu r ciigiciuis Cil X
A vr1 . IMI f
aXv. Mosquee et tooibeau de XVII. L'acropole et les tom-
riuiicii« beaux dea rois. 6o5
X JL VI. Le raont Argée. — Érup» xvm. Vill&sdu Pont, galatique.
lions volraiiiq<ies. — Ptérium Boghaz
A A vil. Infié iou. — Le Mêlas. 547 keui. — Ru>uk. ,

607
A A Vlll. LirgiiD. XIX. Le temple. 60S
Acropoles. — PaUis.
cr 5
A Al A. LA \<iiiee d Lirgiio. 553 XX.
/V W jV . .> d<4 XXI. 'Yasili kaïa.
YYV r
Village de Martrliiatitie. 55b XXII. Euvuk. — Palais mède. 616
X V\ VAll.
V T r
Dikililasrh. - Moniiinent Villes des Galalc^. f'>i7

J J7 XXtII. Périple du Pont-Ru\in. C18


-V XX
\ A III1 1 1 • il ciu cucuer XXIV. Paphiagouie. 611
1 ^
AA 1 T , 1^ 1
lui, l'a fia
n #^ lalla. n Ail
XUU2. gncUl
1 '/ k 1 1 (f 1


W VÀIÎ0j.t IIP.. flA 1 1 t*i 1 is
UVRE IX.
0€Miir«. soauaiis.
0OI1UII UCiC. 303 CARIE. LYCAOnil. — ISALBK.
XXXVI InKl^itiTrii ~~~
tit'I-UgUI. d n Ap COa*
rfni
OlilgUIlCr 1 •

luiue des femmes. 564 1. Orieine des Cariens. fil 5

XXXVII. Viran rbelier. Ak seraï. — 565 IL


ITT
Roi;» et dynastes de Carir.
XXXVIII. Préfecture de TyanilU. 56; IlL Halicarnas.<>e. 5aS
XXXIX. Nigdé. 569 IV. Tombeau dc JVIausole. OiO
XL. Tyane. 570 V. laasui. n ja
LXL État moderne. 573 VI. Les murailles. —
La ville.
XLII. hr«'gli. 5:4 VII. Nécropole. as
Tf f T f
La f^raiule inuraill»*.
XLIII. Tal)lt' des préfectures de Vlll.
Capiiadoce. 575
IV
1 A . Harvs^li.i. —CvuJia. —
Myndus. 037
LIVRE VIIL X. Lniue. 039
TT
ABMÛiit. — rosrr. — paphlaoonib. XII. La \ille. —
Les mur». 641
XIII. Le temple. 644
I. Arménie. 5 "
XIV. Les édifices |)ublic5. 646
U. Les Pauliriens. 579 XV. Villes de l'intérieur de U
ni. itinéraire de l'Arm^Die. 58n ("arie. 647
IV. Anazarba. 5So XVL L'ilf <ie Co«. 649
6m. — Fiaviopolit. 583 XVII. Lycaonie. — Isauric. —
y. Ilinéraire dc SU i Ml- j,'éographie ancienne. 65 f
raich. 58} XVIII. Région Per.tJ. 054
Marasch. 586
t Basiin de l'Euphrate.
La Mélitène.

586
XIX.
XX.
Royaume d'Amvnlas.
Villes des ls;uirc<.
— Zeiigbibar.
656
657
XXI. haura. 660
— kouieb.
m Malatia.
Égiiine.
l'Euphrate.
— I.a vallée de
587

590
XXII. Icouium.

UVRE X.
Mf

VIII. Royaume de Pont. Sya


n. Trebizoude. Trapézus. — LTCIK. — VAMPIIILII. CILICIK.
X. Rovaume de Trébizonde.
XI. Kizlar Mona^liri. 597 I. Lycie. «64
xn Les grandssanrluairesd^A» u. Populations lyciennes. 6«4
naitis dan:» le royaume II Langue lycienne. 666
de Pont. — Comana.~ IV. Telmissu». — Macri. 66^
Zéla. — Ptérium. V. Tombeaux. 668
XIII. Le culte d'Anailis. 59» VI. Macri. 669
XIV. Ville* de Pont polémonia- VIL Villes de la Lycic dans U
que. 600 vallée du Xantlius. 670
Tocat. — Gumenek- — VIIL Xantbus. — Arna. — Tloa.
— Dcowar. 67»

Google
TABLE DES CHAPITRES. 741

Chapitret. rasn.
IX. Pinara. — Minara. 673 ÉtabltuemeDl des colons
X. S>dyma. — Cragm. grec». 701
Cadyauda. 675 TTVTT. CiccroD en Cilicie. 70»
XI. Patare. — Phnpnicin Por" XX VÎII Olbia. —
AtUlia. 704
tus. — Kalamaki. "y XXIX. Attalia. — Adalia. 705
XII. Palarp. 67S XJLX. Le Catarrhactès. — Doo-
xni. Le théâtre. — Le temple. 678 den. 706
XIV. Petit temple.
'•

T, Lagon. —
Termeuus. 707
XV. Nécropole. fiSn XXXIL Termestus. 708
XVI. Port SevëJo. Castello- XXXIII. Perga. —
Le Cestrus. 709
tuo, X
A XA. TA. T1 VY . La \ille antique. 711
XVII. AntipheHus. 68a XXXV. Syllaeuna. — Hassar. 71a
XVIII. IMielhn. 684 XXXVI. Peduelissus. — Kara
XIX. Candyba. — Cya nga. — Baoulo. 7i3
Aiii.e.i. 686 XXXVII. Bassin supérieur du Ces-
XX. Aperiff. — Cyaneae.
DolichiAte.
— trus; Isbarta. —
Saga-
Ile fiM lassus. li5
XXI. Andriace. — Sur». — xxxvirr. Bal kia serai. —
Aspendus. 717
ISiyra. 600 XXXIX. Selgé. —Serghc. 7ao
XXII. (^p Phyiieca. — Limyra. XI. Sidé. — E^ki Adalia.
XXIII. Arv( anda. — d Al-
Vallet; X 1 ï Cilicie. 733
iagliir. 696 xrir. Séleucte. 7»4
XXIV. Phaselis. — Olympus. — XI.WL Cilicie champêtre.
iVIoiit Cliimirra' 697 XLIV. Tarte. —
Tarsous. 7*7
XXV. La télrapole de la Ciby- XLV. Les Portes syriennes.
ralis. 700 XLVI. Mopsuestia. —
Missts. — 7«9
Parophylie. Adana. 73o
XXVI. Constitution du sol. —

riW Dt t.A TAB1.t DIS cHArmis.

Google
Digitized by Google
TABLE GÉNÉRALE DES MATIÈRES

(U i*' chiffre indique la page, le second ( i, 2) te colonne.)

A AîJin«îj>k, i63, t, a.
Aiiuh pheiil, 91, I.

Aincli t;l>t?ult 3917^.


Aba*am. 468, i. Aïvali, 207. I.
Aboni Teirhos. 7^, i. Aiiani, 396. a.
Xhoiù IViclioK, 6aa, a. Ai/nniti<, 388. i.

Al'Oiilluma, 1.41, i. Ak (ht'Iier. l^iS, 1.

Ahroslola , »7*'t i. Ak < lii licr. t-ig»


Ahydos, 176,». Ak (lat;b. 39a, i.

Aral issu*, f»96, a. Akdji tasch, 496, I.

Araritlos C.unié, 468, 1. Ak {jlifiil. 574. a.


Aoli«< l)Oiiiiar. i63. i. Ak liissjr, ut»;, â".

Acliaiara, t Ak knia, 411, a.

Acliilleiiiu, ville, 188, -i. Ak kilis>ia, Ijif», a.


A« 263, a.
lime>ji, Ak kilissia, 435, i.
Acilicèue, 578, t. Ak sou, fleuve, Sgi, a.
Acnionia, 38a, a. Ak serai, go, a/
Acinonia, 4^S, i. Ak serai. 5()9, a»
Acrilas, cap, 6i, a, 75, 1. Ak sér.iï, 5^jo, a.
Adala, 377/7. Ak serai, 565, i.
AdaUa, alluviom, cèles, a3, a. Ak son, 438, a.
Adalia. 70S. »
Ak sou, 709, a.
Adana, 5ao, i. Ak tcliai, (')70, t.
Adaiia, 73t. i. AlahanJa (jiindirtioii ), 10, a.
Ad Al JS, 5S9, I. Alabanda. 4«o a. ,

AdraiiiyHium (juridiction), 10, a. Alahaiida, ''4(j, i.


AdramyHium, poife, 198, Ti Ala cheher. 370, a.
Atlrarnylliiiui, ao4, a. Alalia, 37a, a.
Adrastî-c, u>ont, 167, a. Alaya, 7^'*» »
Adrasléo. plaine, i55, a. AUttiaiic, aSi, a.
Adratchan, 697, T, Alekiau , 47 1< t.
^gae, aa?, i. Aléus fleuve, 3fi7,a.
,

JE^èe, 7^9râj Alexandre (Houle d') 45a. 1.


jt^olicime-s (Villes), aaa, 1. Alexandreite , golfe, 17, i.
Aiolidc, aai, 1 Alexandria Troas, 194, a.
j^^^epus, rivière. t55, i. Ali xaiidria Troas ((^arriéres d'), ig,*),
A^.iiiii Minoii J^ains d ), 370, a. AU-\aiidiia Troa> (Poit d'/, ujb, i.
A^disti!>, 379, a. Alexandria Troas. 454i >.
Agiasouii, 467, a. Ali dagli, 543, a.
Agiasunn, 715, a. Ail dat;li, 546» iT
Agii, 685, t'. Alinina. 466, a.
Agron , a34. a. Al Khatoun, 495, t.
Ahal keiii, 4aS, 1. Allaj^hir, vallée, 696, t.
Aiasaloiik, 3iu, a. Alluvions dt;> Ueiivtu ib, 1.
Aïdin guzel hitsar, a79, i . Aniapus, moni, 3a, a.
744 TABLE GÉNÉRALE
aitlbéoii (Lac), 573, 9. Arabkir, 589, 9.
Amasie, 60 3, a. Arahvza, 474, i
AmaMerah, 6a 3, i. '
Arcbelaïi, 56o, a.
A]Mftri«,699, s. Arélias, Ùe, 619, r.
Amazones, 3ia, u. Arganibonius, mont, iis, S.
Ainaiioiut, 5o3, i. Argée, mont, 539, a.
miMW, tiao, I. Argée, mont, 544, 9.
Anuinut fleuve, 593, i. Arginuies ( Combat des), 998, t.
Anorium, 471, a. Ariaratbia, 576, 9*
Ampé, 334. I.
'
Ari&bé, (76, 9.
Amyotat (Royaume d'},65fi| 1. ArméoM (Roit 4l'),5o9, i.
Anabaenon, 336, a. Arménie ( Seconde), 5i4»s.
Anabura, 434, 3. Arménie, 577, 1.
Aneiib (Temple d*), 598, i. Aroa,67o, i.
Aiim« lac, 4.48, 1. Aram, 687, 9.
Anazarha, 5 18, r. Arlace, 164, 1.
Auaurba, 58u, a. Arlaki, ^olfe, 164* >•
AoeUtle, 798, 9. Artaki, ville, 171, f.
Ancora, 9a, i. Arthynia, lac, 1 39, 9.
Anœa, 349, 1. Arycinda, H96, i.
Ancyre de Pbrygie, 407, a. Ascanius, rivière; Atraoios, lac, no, 1.
Ancyve, 479t ,
Asranius, iio, 9.
ADorron, 69, i. Asie (Le nom d'), 7, a.
ADoébilif, 566, 1. Asie Mineure, description, 6, 1.
Andaval, 568, s. Am9 Mineure (Le nom d*}, 8, 9.
Andira, aoo, i. Asie Mineure, limites, 16, 1.
Andriace. 690, r. AsieMineorei côte septentrionale, 19,9.
Androdiis, sou looibeau, 3 14, i. « cote occideiilale, ai, i.
Androinaqiie( Tombceiid*), 908, t. — côte aMUontle, 99, 9.
Anémiirium, 734, 7. Asie proconsulaire, 11, i,
Angora ( Chèvres d' }, 458, 3. Asie propre, 9, a.
Angora, 490, i, a. Aiie (Pruvinere d' }, 9, a.
AutiilciJas (Paixd*), 999, i. Ane (Province d'), 9X9, 9.
Anlandros, 198, a. Asie, iOM% la domination ottomne, i5, t.
Anti-Cragiis,nioul, a6, i. Aiopus, 437, f.
Antigone, ile, 81» 9. AspanéiiB, port, 199, t.
Aniigoiiia, 9-2, I. Assar keiii, 47a, i.
Aniigonia Nioée, 9a, 1. Assarli keui, 4(.P« ^•
Aniioche du Méandre, 465, a. Aspeudus, 467, a.
Antioche de Cilicie, 586, 1. Aspendus, 718, i.
Aniioche de PUidie, 717, g, Assos, mont, aoo, 1.
Autiphelhis, 68a, a. Assos ^ Ville d'), aoo,a.
Anti'Tiuiiit» S9o,9. Aiioi ( Mon d'), 900, 9.
Antre Corcyréen, 736, i. A&sos ( Portes d'), aoa, a.
Apamée, 446, a. Assos ( Acropole d' ), ao3, a.
Apemée Myiléa, 11 3, a. Assyriens, 5ot, 9.
Apamée Cibolos, 445, 9. Assyriens, 59a, a.
Apaméeniie ( Juridictio» ), fO,9. Aslacns ( Golfe d'), 59, I.
A{>eric,689, a. Aslrou, fleuve, ao6, i.
AphkNim kara hinar, 499, i. Aatyra, 9o5, 9.
Apbnéens, 137, i. Astyni (Mine* d'), 199, a
Aphrodisias, 64a, -a. Astyra (Mines d'), a4a, a.
Apollon Smynihien, 191,3. Atarnée, 354, i*
Apollonia de Phrygie, 449t Alchiova, 348, f.
Apolloniade Lycie, 699, a. Alfale 1", ao9, 9.
ApoUonias, ville; lac, i38, 1. Altalia, 7u5, i.
ApoUooîaa, 141, i. Atys, a33, 9.
Apollouia, a66, 9. Alyi, 414. »•
Arab hissar, 465, a. Aulorrène, 336, i.
ArabiMUf, 585, i Auiocrène, 446, i.

Digitized by Google
DES MATIÈRES. 748
Atuunt, mont» 98» ft. Bonlgoitrloa, naont , 80» f.
Avanças, 555, t. Bounar bachi, fi3, i.
Ayas (Baie d'), %S, t, Bounar bachi, 189, i.
Ayas, Bounar badii , 198, x.
AjMcfafiçS, I. Bounar I)arhi , 568, a. ^
Bounar sou 3ro, i.
.

Bourgas, 436, i.
B Bouyjoiirdi, a, -a.
Branchydet (Temple des), 337,
Baba, ran , lo, a. l^roussa (Route de), ti3, a.
BafkehirI) , 6, t. BroosM, ii5, t.
Bola hi«ar, 478, i« Bfouiaa (Eaux da), ia3, a.
Baiiuiir, 347, i. Brygès, 377, a.
Bakir, ao?, a. Bubo , 700, a.
Itokh*, «68, s. Bullana , a68, i.
Balbiira 700, a.
. BuUaian, 7ao, a.
Bal kiz, 166, f.
Bal kiz, 169, a.
Bal kii séraï, 197, 1. c
B«l kiz séraï, 4<>7, a.
Bat kiz séraï, 717, x. Cabales, a3a, a.
Bains tehaî, 436, i. Cabalie, a33, i.
Baoulo, 714, 1. Gd>if«, 5 ta, a.
Bar^ytla , 637, a. Oibini, 593, a.
Bal h) s, fleuve, 409, i. Cabires, 379, a.
Bayât, 3<)i, t. Cacamo, éê^, i.
Bayât, 416. i. Cadi, 388, i.
Bazar khan ,466, a. Cadi , 406, I.
Bazars, a37, a. Cadmé, 34a, i.
Baziriaa kcoi, 68f, t. Cadmus, mont, 4^8, a,
Bebrices, 47, 1. Cadmus. fleuve, 439, f.
Beias sou, fleuve , 56o, a. Cadyanda , 676, x.
Bdouadoon, 4r4, a. GneoruoB urbs, 7a, a.
Belouadoun , 448, a. Caïque, fleuve , 207, a.
Beudos velus, 434, a. Calamines flics), tSg, a*
Beudos vêtus, 468, i. Callatebus, 271, a.
Be$bicoi|ne, iSSi». Qillics, 167, a.
Bey l>azar, 40^, a. Caloe, 147, 2-
Bey cbéri , 659, a. Calpé, port , 59, a.
Beylan, 739, a. Campus metropolilanus, 4a4, <•
Iteyrilain kêiii , aox, a. Campus nutropolitanus, 488, r.
Biga, i56, T. ('andvha 686, n.
,

Billis, fleuve, i47i a. Cappadoce (Ro)aume de), 5oo, 1. »

Biixhé, a5o, t. Cappadoce (Populaltou oa b), 5o3, f


Bilhpîe,47, i. Cappadoce (Grottes de la) 5o4i
— byzantine 56, i, Cappadoce (Rois de) 5u5, i. ,
,


,

muzulmaue , 56, a. Cappadoce (Moutnus de), 5o6, 1.


Bithynie (Frontières de la), $7, a. Cappadoce (Préfectures de) 537, ,

Bithynif (Rois de), 5r, i. Cappadoce (Préfectures), 575.


Bithynie (Dynastie des rois de), 55, a. Cappadocieiis, barbares, 5o4, U
Blauadus, 377, a. Capria, lac, 717, a.
Blanodoa, 408, i Caprus,439, i.
Bloucium , 617, a. Caragamous, 4gti, i.
Bophax keui, 607, a. Caralitiijue, marais, 467, i.
Boiens, 454, 65g, a.
Ciralilis, lae,
Beli, 147. 2. Carainhis, 6aa, a.
Bosci , 5^6, a. Caravanséraï, a36, f,
Bosphore, ao, 4a, 43, i« Cariens, i Sa, a.
Bosphore (Parages du), 88» a. Cariens, a38, a.
Bondroum, 6%^ a. Carient, agi, i

Digitized by Google
746 TABIJ GÉNERALB
Chr^aa, ao(>, <
Giutnahtt,Mi<l, i. Ghiytaoris, 6a5, i.
Caraura, a34* i. ChrjsopoUs, 76, I
Qamba, a6i, a. Chrysorrhoa*, 987, a.
Cataaba, 684, a. Cibyra, 466, i.
Catlabali, S99, a. Gbyn, 700, I.
Castamouni, 6t7, i. Cibyratique (Juridiction^, 10, S.
île, 681, 9.
Caslellurizo, Cilbienne (Plaiue), a65, a.
Catacécaninioe, a36, i. Gilicie (Fleuves de), 16, r.
OitacécaamèM, »7», i. Cilicie, 7a3, i.
Cataonie, 5i i, i. Cilicie chain|)étre, 7a6, »•
Catauuie, 568, i. Cilicie (Porte* de), 5a i, a.
Catarrhactèsy û&nt, '» Gilieie (Mfeelnre de), 53?, e.
Catarrbaclès, 706* i. Cilla,ao6, i.
Caucoiies, 49, 1. Cimiata 593, i.
Caularès, fleuve, 466, a. Gimmérieiu, a4o, t.

CuiDus, 655, I. <^iiiéria, 199, t.


CœnochorioD, 618, i. Cius, 53, a.
Cavourla, 39a, a. Cius, xxa, I.
Cawau, 3, a. Glanudda, 376, i.

Ckystre, «47, 1, CiwiW, 356, a.


Caystre, 3 18, i. Glisure, 1 13, a.
Ca) stre (Pèche du), 3 1 3, a. Gifludiopolia, 147,
Cajftre (Embouchure du), 3«4« >• Glaudiopolis, 7»5, s.
CafKropedium, ^St, i. Claxoméoe, 370, i.
Cébrèoe, aa5, i. Climas, moul, 46^» ^•
Cébrénie, 193, a. Guide (ProwMions ii), 4^0, a.
Cébréoie, 194, i« Cnide, 639, i.
Celtenc, a37, a. Cogamus, fleuve, 971^ %»
CtUeam détruite, 383, t. Colpusa, 7 a, I.

GdaïUB, 44S, s. Goloim, 579, I.


Celcne, 45o, 2. Colons égyptiens, 38o, f.
Gelendem, 734, a. Colopbon, 356, i.
Cencbree, 193, i. Colosse, 448, I.
Genciiriys, fhéure, 3a6, a. ColoMa^ 438, 9.
Ceramonim Agora, 394, i. Comana, 5i i, a.
Ceramoruoi A|ora, 45o, a. Gomana (César à), 5ia, x.

Cmas, 618, », Comna de GappMooe, 5ie, «.


Gensus, 619, x. Gomana de Pont, 5f 3, 1.
Cercaphus, fleuve, 3S8, i. Gomana, 591, a.
Ctsartît', 538, a. Comana de Pont, 598, 1.
Cestrus, fleuve, 709, 1. Gomana, 600, a.
Cétius, fleuve, 107, a. Gombett, 4a i, i.

Cbairam, 591, a. Coracésiuro, 7^3, a.


Chaldaei, 578, i. Gormasa, 467, a.
Chalybes, Sga, i. Corittus, mont, 3i3, a.
Châteaux d'Eui-ope, d'Asie, 17S, i. Corycus, mont, 366, x.
(^balcédoine, 7a, i. Cor) eus, 698, a.
Chalcédm, fleuve, 7a, t. Gorycos, 7a5, «.
rhalrifis i!<', i Gorydalla, 696, > .

Cbeehicli liagli, Olympe, (34, i. Go* (TiembieintiUt dr 1,1 re à ) ,


i^o, i.

Chel», porl, 84, 2. Cos, 649. a.


ile et ville,
Chelidonia, cap, 697, i. Cktsuioudja, 393, i.
Chersonnèsc d'Asie, 8, a. Colyœum, 388, i.
^
Chert kalé si, 5tx, a. ColyiEum, 394, I.
Cbert kalé si, 584, a. Gotyore, 619, «.
Chimicra, 697, a. Gouch ada si, 3a4, t*
Chréopbylaeion, 5a8, t. Gouchisr, 717, a.
Cbona:, 448, a. Courcboum maden, 568, a.
CbrjM, 191, a. Gourriera anciens, 76, a

Digitized by Gopgle
DES MATIÈRES.
Couzou tdiai, %'jt, a.
Coucou tcbai, iSo, t. Diane Coloënne, aSft, 1.
Cojtourdja, JgS, i. DiRhoiir, 544, 1.
C>ragus, moot, 27, a. Oikiii tasch, 55a, i.

Critèras d*or, aSé, i Dikili iMeh, SS?» i.


Cratia, 147, a. Dinairt" , 4.; 7, 1

Cremna, 656, 1. Dindyraene, mont, 388, 1.


Cranua, 717, i. Diudymum, mont, 475, a.
Crésua passe IHalyt, 943, a. Diocèse d'AMe, ii, s.
Croissant des Turcs, 5aa, ». Diviey, 658, a.
Ctyos, fleuve, a6o, i. Djihoun, 58a, a.
Cyballaai« 468, a, Djoulla, 509, a.
Cucusus, 579, I. Djumaba ova 3S8, a.
CucuMis, 585, I. Doara, 576, a.
Cuiiiiuer, 3, a. Docimia, 43o, a.
Gulte dn feu, 5oo, a. Oothanloa déré li, 414, i.
Cjanees ( Ile ), 84, a, DoUeUste, Ile, 688, i.
CywneXy 68G, a. Dombai, 446, a.
Cyaoeae, 690, i Dorsa, 467, a.
Cybèle (SUlue de), a65, i. Dorylseum, 408, a.
Cybistra, 568, 1. Doudni, "06, I.
CybUtra, 573, i. Dougban hissar, i63, i.
Cydnus, fleuve, 727, a. Dourdourkar, 675, a.
Cymé, aUuvioiM» 18, a. Draco, fleuve, 69* a.
Cymé, 2î4, a. Orépanoii, 69, i.
Cyrille (Carte de), 55», a. Drys, faubourg, 75, a.
Cyrnos île, 37a, a. DiMB pitM Olympuna, 8S, c.
Cynis ( Route de ), 4Sa, 1. Dusiché, 85, (.
Cyziqur, 164, i. DynastÎM phrygiennas, 38a, a.
Cyiique (Ruines de). i6à, a.
Qfu^ iMiégèe, 3M,a.
Ë
D Éotipte de nleil, a4i, i.
Écume de mer, 4091 a*
T)ada$taiia, i47, 3- Edebessus, 696, i,
DalamoD, fleuve, 466, i. Ëdonis, 199, I.
*
Dilar, 584* a. Édréaoa, t4a> s.
Daliao, 656, i. Ediitoun, 659, a,
Dana, 568, a. Kgdir, 717, I.

Danwtryi, mont, 78, i. Éguiiie, 590, a.


1>afia,45i, t. Eleussa, île, 5o6, t.
Daouas, 466 , i Elasu&sa, île, 5i3, a.
Daphnus, aa8, i. ËlaeiMsa, île, 7a5, a.
Darduéllat (BataiUwdw), 176, a. âailique (Golfe), ao6, t.
Dascylium, ville et lac, 1 30, a. Elapbuunésus, i59, 1.
Dardanelles (Les càtes dci), fto, a. FI Ro^tan, 5i i, a.
Uaridjé, 71, a. tiée, aaa, a.
DcbrenI, a6a, a. Éleuthérociliciens, 71 3, a.
Delidjé irmak, 538, a* Emblèmes chrétieni, 5a5, a.
Delik ta&ch, 698, f Éoiir hammam, a76, 1.

Denridi, a47, a. Emmiler, 534, c.


Deinirdji sou, 584, a. Énai, villaga, 198, i
Dciiiir kapou, i57, a. Fiiaï, i«)7, a.
D«mir kapou, 451» a. Euguri sou, 391, X.
Défliifi. 457, 1. Eagnri soo, 49A1 **
Derbé. 658, a. Éphèse (jiiridiriion), ro, a.
Déré tchaï, 39a, a. É|>hcse, alluvioDs, ai, a.
Dermeu déré si, 3a5, a. Épkèse prise par Crcsus, a 4a,
Denwar, 69a, a. Épbèir, 3ia, 1.
748
TABLE GÉNÉRALE
Vj.lièse (Temple d'), 317, c. Galles, Z^g, a.
F.r<ljisrli dagh, 546, '
I. Oalhis, fleuve, 91, r.
I.ii'gli, 5ai, a. Gallus, fleuve, 47a, a.
I n'sli» 574, a.
Oangra, 617, t.
Kl épi i, 6î4, I.
Gargara, moul, 4», a.
Kri\ixa, KribotOQ, 70, i.
Gargara, monr, i63, 1.
Kriin, 406, f. Gargara, mont, 199, a.
Frnipiii keui, i63, a. Gaulois (Arrivée dt)$), 4$3, 1.
Kriiplioni volcAniqiMt, 545, i. Gazioura, 60a, i,
Fnrihr», 366, i Gazocicu, a5:, I.
Kski Adalia, 721, a.
Géant, mont, 83, a.
E^ki chrlier, 408, a.
Geïveb, 89, a.
£ski liissar, 43fî,a. Gelon, fontaine, 446, a.
Eski labarteh. 54a, t. Gergiiba, 136, i.
Eski kara his.««r,43i, 1. G€rBM,470, I.
Rski Slamlraiil, 194, a. Geriiianicopolis, 52 r, t,
Eiihippa, 167, I. Geumek keui, 468, i.
BHineNia,4*7. Geunienek, 600, a.
Eiimenia, 435, a. Ghcdiz, 3y I, a.
Eupaloria, 618, i. Gheibcn, 586, r.
Knphrale (BassiR de r;,586, a. Gberdek kaïa si, 419, a.
Kuroniiis, 648, a. ' GfacraMcblulé, 494. s.
Eurynirdon, flf iive,7aa, t. Gbejra, 643, a.
Euscbia, Sig, a. Ghio, lia, r.
Ettyttk(Col(iiMs d*), 481. 1. Ghiroié, 717, i,
Euyuk, 6i6, i, OlaiwiB, 356, I.
Evdir, 467, I.
Gbnens, fleiive,^436, a.
Etereck, 546, a. Gordium, 384, i.
Gordium, 468, a.
Goidoak ton, 589,
F Granique, fleuve, i55, a.
a.

Grotte de Mopsus, 36o, i.


Ferman, a, a.
Ferniaii (Traduction d'un), 3, i.
dyninm, aa4« (.
Guébizé, 71, i.
Fcrmaii, 347, x.
Gulik kban, 467, a.
Fèlea dioDysiaquM, 36^ a.
Galik dagh, 708, a.
Flavinpolis, 149, a.
Oumucb, 349, a.
Flaviujiolu, 583, i.
Gumurh hané, 59a, i.
Fou Cupidinis,'i7i, a.
Guneich dagh, 473, i.
FoMTefephi, 678, x.
GnidhiiMr, aa;, i.
Fortouna, a46, a.
Gygéo^ he, nSI, f
Forum Sjonadeote, 43o, a,

G
H
Nabai5u4, i.
Hadji gheul, 448, f.
GoresliriH, port, 364, I. Hadjinn, 584, i*
G««»us, fleuve, J45, I. Hadriani, t^a, a.
Oanaurilu, préfeelnre, 56f , a. Haïnanah, 459, a.
Cieuverginlik, 638, i.
HalnMttab, 469, i.
Ghœuk hoiinar, 439, i, Halesus, fleuve, Sffl, a.
Omvk dagh, 494, I. Halesus, fleuve^ SSo, a.
Gacuksuon, SSf, a. HaUentnaM (Inri&liMd'), 10, a.
GaUlie, 453, i. Halicarnasse, 6a8, a.
Qtlalie (Chevaux de), 465, a. Halvar dcK', 5G5. i.
Gotatit (Potières de la), 464, t. Ualjrs, fleuve, 497t <•
Oalâtiesalulaire, 469, i,
Nifya, SS6, r.
Oalalie (Combuiliblt en), Hammanili, 173, a.
471.
«Mllmi, 160, a. Harab euren, 41 3, i.

Digitized by Gopgle
1>E8 lUTlftRlSâ.
ilarmciie, 6aa, a. Ida, mont, i54, a.
Harpaguf/ soa rtratafèm, 944» s. Ida, ment, 103, a.
H<ii'|)ava, 4^5» ^• Ida (Golfe Je 1'), 198, a.
Harttatus, fleuve, 465, a. U« sérai, 4a8, i.
HatMndji, 53a, i. IIbi des Princes, 80, a.
Has^r k«uj, 719, ft. Ilesler kaia ai, 389, i.
Hécaionnëse, io6, a. llesler kaîa si, 4^7, i.
Héléuopulû, 6y, X. Ilgoiiu, 149, I.
Hélice en Arbaîe, 33o, i. niani reoent, 190, n.
HellcNpont, i5t), r. Imbams, mont, 3i, i.
HL-llespoat (Coies de
1'), i?), a. In Jhighi, 414, «.
Héraclee du Latmiu, 354, Indtts, fleuve, 466, i
lléraclée, 5io, t. loek bazar, 348,.**
Heraclée, 6a 3, i, lu Eiighi, 4x0, a.
Héracliiies de L>die, a34, a. InEughi,564, x.
HénBon, cap, 74. ; l5, t. lofè aon , 53i, f
Ilerviii Poilus, 59, I. Ingé sou, 547, a,
Herciilis vicus, 574, a. lojicler, a78, a.
Héréké, 69, i. Inii bazardjik. 434, a.
Hergaii kalé, 47s, i. Inn •nw,39a, z.
Herkilet, 534, r. Invasion musulman^ f S7i s«
Uenucsia, aa8, i. Inlerpréle, 3, a.
HcmoiiMsa, 618, s. lonie, «89, t.
Hcnnus, ses alluvioat t tt, ft. louie CVille* d'), 3oa, i.
Hermus, aS?, a. Ioniens, leurs migrations, a89.
Hermu) (Golfe de 1',) 378, i, Ionique (Colunne), 3oo, x.
Hiekbas«, 497, i. Iphljankas, S7i,t»
Hiéracomé, 465, a. Iris, fleure, 6ao, i.
Hiérapolis, 4^91 Iruesi, 687, a.
Hiéroeéiarée, a 79, i. Iniira,654, z.
Hiéron Jovis Urii, 83, iHnmi, 660, z.
Hiéronda, 34o, i. IlMtres, 5a4, a.
Hoimi, 734, a. iMttrie, 653, X.
HonoràMie, 5S, a. IilNirta, 7z5, t.
Hordmi, 589, i. Isrhakli, 448. a.
Horzoum, 466, a. Iskelib, 617, a.
Huns, 517, a. lanikinid. 67, s.
Hvda, %5m, 1. Isoglou, 58 f, 1.
Hygiène^ 4« a. IsUBoa, 4»3, n.
Hjrlae,349»i.
Hylaa, rivière, ifa,
Hyllus, flru^e, a66, i. I
H)Uus, fleuve, a78, i. *

Hypcpa, 346, I. Jardanus, a 34, a.


Hypcpa, «48, «. JassuB , 63a, n.
Hypiiraa , 45a, a. JuHupolis, 497, a.
H)pel«e, foQtaïue, 3t3, s. Juridiciiona ronnïnea, fo^ z.
Hjpiw, fleuve, 85, a.
Hypoplacie, ao6, i.
HjptUi hisaar, 36o, a. K
Hyfcuiienne ( Plaine), a65, a.
Kahé 411,
, a.
Kaiabachi , 569, z»
I Kaidjik, 53a, a.
Kaladjik, 496, a.
Icbékii, 4a7, a. Kala keui , 6»%^ m*
Icliékli, 435, a. Kalaniaki, 677, t.
Iroiiium, 45 1, i. &alé keui, 619, a.
Icomom, 66t» 1. KapUdja, xa4»
Ma, mont, 40, n. lUm Btoalo, 7i4f i»
750 TABLE GÉNÉRALE
Kara bell, a6o, a, Ko<aquM, a 40, a.
Kara hoiirnou, 36^, a. Koula, 375, I.
Kart dagb, 5^4, «. Koom kalé, 175, a.
Kara dagh, fi'îS, 2. Kourchonnlou tépè^ 193^
Kara deviit, a, 273. Kourd Lala, 730, i.
Kara hiisar, Stfa, t. Kourou tcbaï, 56 1, i.
Kara keiii, i63, f. Kowmi Icbal, $91, a.
Kara keui, 424, r. Kouzé dagh, 638, i.
Karamaa, 5 a 3, a. Kulfk boghaz, 3i, i.
Karaman, 058, a. Kulek bogbaz, 4âi,a.
Kara niourMl , 70, i. Kalak bogbai, 7a6, a. .

Kara sou aa;, a.


, Knmydoura, 358,3.
Kara $ou, 547, a. Kutajrab, 39a, a.
Kara viran, 495, a. Katavah, 394, i.
Kassa keui, 56o, i. Ktttdiuk aou, 713» a.
KatavatbroD, 5aa, i.
Katergi, 4, 1.
Kavakii dérc, a6a, t.
Kaz dagh, .;a, a.
Kaz dagh tchai, 194, 1. Laara, 709, a.
Kediz, 406, T. Laliranda, 648, a.
Keimaze, 470, i. Lac de Bafi, 355,
Kelibesch, 345, x. Lac dp* Qtiaranic-Marlyr», 435,*,
Kerasunt, 6(9, i. Ladé, île, 333, a.
Kerhf tclienek, 49$, a, Ladik Torgao, 449, 1.
Kereli kale, 618, a, Lagina, 64g, r.
Kermian (Plaioe de), 45f , i. Lagon, 467, I.
Kcrmian, 394, i. Lagon, 707, I,
Kfsiel glieul, 467, a. Lampsaque, 174* a.
Ki^ughez, 655, a. Lainpter, 37 a, i.
Keupri bazar, 717, a. Laoakéesur le L)cu<, 436,
Keurémé, 55 1, i. LaodiraaCombDfla, 449,
Keurémé (Vallée de), S54, «. Laiissa, aa6, a.
,
Kelch bi&»ar, 571, i. Larissa, 347, i.
Ktnrkmlli, ia5, i. Latmus, niuuf, 35 1
Kharpuuz, 588, a. Lalniu, flUNil, 3$5, i.
KboDos, 438, a. Latfm, moni, 355, 1.
Kbonos, 448, I. LebediM, 358, i.
Khoirew Pacba Khan, 4(fli a. Lebcdm, S6oa.
Kiangari, 617, i. Lefke, 375, a.
KidoDÏa, ao7, 1. Lf'léîjéis, 33a, i.
Kiltne keui, 408, 1, Lvleges, i8a, a.
Kirk inn, 416, i. Lélègea, 198, s,
Kirk inn, 434, a. I^lèges, agi, I. •
Kirk gbeul, 467, i. Lél^es, 3ia, a.
Kirk agatch, a36, r. Lélèfci^laoïf ville», 328, 1.
Kirk, agatcli, a6S, a. Lethaui, fleave, 3^, i.
Kirk ghetchid, 6g, a; 71 3, a. Leur«, 90, 9.
Kiniz. magbara »i, 4 3. Leucae, 375, i.
1.
Kitché keui, aa3, a« Lncophr)s, 35o, 1,
Ki«il irmak, 538, i. Leucosyri, 5ga, i.
Kiz kalé 3xo, i.
«i, Leucotyriens, 379, 1.
Kialar monaiUri, S97, i. Leuco Sjriena, 5of , i.
Kl.-von, foiiiaine, 446» a. Levitii,670, i.
Korh hissar, 56o, a. Lîbyisa, 71, I. ^
Kondoura tchaï, aa3, a. Limjrra, 6195, a.
Kondoiira tdiaî, aaC, a. Lions de OMrbre,* 394* a.
Kooieh, 6(1 r, i. Loupadium, K4a, t.
Korghos, 7a5, a. Ltjdi, a36, a,
Kosak kciii, 139, a. Ljfaoonie, Jundictioo, xo, a.

Digitized by Google
«

DES MATIÈRES. 751

Marlchiaune, 556, f
tycaonie, 65Sf x.
Martyriuni, 536, a.
Lycie. 66 i, x.
Massi&sa, 4a 4 > a.
Lyciens, i8a, i.
Lyciens, 5oa, a.
Mausole Tombeau de), i59, a.
I.yciis, fleuve, 438« a. Mausoie (Tombeau de), 63o, a»
Ljilie, î?a, i. Maiaca, Su^, a.
Lydie, tes frontières, a35, a
Mttaca(€étarà), Sta, i.
Lydie musulnane, «45, s. Mazaca, 539,
Lydiens, iS?, i. Méandre, ses dclours, 18, 1.
I.vrnfssus, ao6, i. Méandre, fleuve, 336, i.
Lysiiuachie, 454, i* Méandre (Smtroet du), 387, 1.
Lym, fleuve, 467t t.
Méandre (Sources du), 44^* a.
Lystra, 5a4f
Méandre, 465, a.
Mèdes, a4c, u
Mèdes, 5oa, t,
M Médice. abbaye au mont Olympe, i33, a.

Mégahyxe, a9)), i.
Macédoniens caduéiii, 407, a. Mé^ane, 73o, a.
Maceslus, fleuve, i40i Mêlas, fleuve, 547, a.
Marri ( T.olfe de), aS, a. Melehubi, 5 16, i.
Macri, (>(i9, a. Melehuhi, 559,
Ilaerine (Sainlc), $16,, i. Melehubi (Puiu de),56i,a.
MaroB, a33, a. Mélite, 358, 1.
Mœonia, «77, r. Mélitène, 5ui, a.
Miconie, a3a, i. Mélitène, 5 18, 1.
Moeonie, a3S, a. Mélitène, 586^ a.
IVla:;a!)a, nioiif, 4^9» Meinnon (Oiseaux de), 173, a.
Magbara sou, 584 a. Memnonu (Touibeau de), 1 73, a.
Magidus, 70g, a. Mendalia, 648, a.
Magnètes, a63. i. Mensii bané, 77, a.
MagiH'sio (lu Mrnmli»*. 297, i. Mersine, 717, a.
Magnésie du Méandre, 3 «6,
i. Mesuluiolus, a46, a.
Magnésie do Métndre; temple de Diane, Messogis, mont, 3S, a.
35t, I. Métropolis, 359, I.
Magnésie du Stpylc, a63, i Méiropolis, 468, i.
Mahaladji, 358, a. Mexarlik, 7a7, x.
Maigné,a77, i. Mt zellu, 7*6, 1.
Malatia, 5ao, a. Miila-i, roi,

Malalia, 587, i. Wldas (Mythe de^, 3So, a.


Mallus, 356, a. Midas I«S 4>5, i.
MlHas (Tombeau de). f6, '» a.
Mallus, 730, I.
Midas (Fontaine de), 448. a.
Mallcpé, 71, I.
Manavgliat, Ueuve, 7a3. 1. Midonim, 383, x.
Maodropolis, 4^7* >• Midoeum, 41a, a.
Manlius (Marcîie de), 46S, x. Migrations phrygiennes, 377. i.
Many-ts, iS;, 2. Miiet, 33 1, a.
Manyas, lac, 07, i. Milet assiégée par Alexandre, 335, 1.
Marabouts, aSa, a. • Miletopuiis. i56, I.

Marasch, 586, r. Mille H une Eglises, 5i7, l. <

Margium, 449» a. Mimas, mont, 38, a.


Marmara, île, 159, 1. Mimi sou, 559, S>
Marmara (Carrières de), i6x, a. Miuara, 673, a.
Marmarirc, f)54. a. Missis, 730, a.
Marmora. a66, a. Misihi, 568, i.
MaryandioieiH, 49, >• Morissus, 57r», a.
Mas!anra. oSS, 1 Mohimoul, 'uy\, i.
Marseille, 372, a. Momouasson, 559,
MarsyaA, 387, r. Montagnes de Pampbilieel d« Ciime, 3o, «.
Marsyas, fleuve, 446» I. Mopsucrène, 7a7, i.
lAartcliianc, 55<,a, Mopauestia, 46f, a.

Digitized by Gopgle
iiî TABLE GÉNÉRALE
Mopiuesiia, j3m, a. Nieomédie (Jnridicllon de), 1 o, a.
Mosco iiisi, a 07, i. NicoiDcdie, 60, i.
Mosquée turque, ia5, 9, Nieomédie, tremblement de terre, 61, a.
-Mosleni, M, t. Nieomédie (Commerce de), 67, 9.
Moudania, 11 3, a. Nieomédie (Géologie de), 68, a.
Mourad da^li, mont, 45, a. Nieomédie (Périple du goUéde},69, t.
Mourad dagh, 388, 1. Niconolis, 578, t.
Mourad dagh, 3y8, i. Ntf dagb, 960, X.
MoiirAd dagh, 4aS, f Nigdé, 569^ X.
Mout, 7^5, a. Niksar, 6x7, 9.
Mukaliteh, iSti, i. Nil (La bam du), 19, i.
Mubalilcb, 161, s. Niloufer, fletive, 114, a.
Miihalilcb, 4 10, i. Nisa:i, chevaiia, 677, 9.
Mubaliich, 49a, a. Nomades, i5î, 9.
Mudnrlu, 148, i. Notiuai, 357, 9.
Mycale, mont, 36, 1. HmU, at6, a.
Mycale, aga, a. Nympha-um, ado, x»
Mycale (Bataille de), aQti, i. Nymphio, a6o, x.
Mycale (Cbâloiiix du), 399, i. Ny»a, a87, i.
Mygdon, 378, 2. NyiM, 5oa, a.
Mygdon (Tombeau de), 4x3, l, Vjm, 5S9, a.
Mygdonie, 385, a.
Mygdonie, 43a, a.
Mylasa, 648, r. O
Myudus, 638, i.
BlyonDèse, cap, 358, 1. Obrimas, fleuve, 447, x.
Myopnesut, 36o, a. Obrimn, 466, x.
Myra, 691. i. Odrytses, fleuve, 1x4, a.
Myriandrus, 73o, x. OEnium, forêt, 686, 9.
Myrina, 994, a. OEooanda, 701, i.
Mysie ahkaïlis, 407, a. Olba, 7a5, a.
iMysie abreitèiie, 143, i. Olbia, 6i, X.
Myiie, iSa, x. Olbia, 705, I.
Myiie (Limites de la), iSλ, a. Olgatiin, mont, 538. t.
Mvsie (Topographie de la), i53, i. Olou boiiiiard derbend, 448, a.
Mysieos, 5o, x. Olympe de Mysie, i3o, a.
Myiieos, xSa, i. Olympus, C67, X.
Hyiii,3e4,t. Opium, 4S0, X.
Oppida galales, 493, a*
Orandjik, 393,
N .
Orcistus, 47 X, I.
x.

Orgu, fleuve, 447, x.


Nacoléia, 386, 9.
Oruanda, 468, a.
Nacoleie, 4ix,a.
Orlygie, 3a5, x.
Nacrasa, a 68, i.
Oôami, S59, a.
Nadjar, 586, a.
Osman keui, 493, a.
Nally khan, 468, 9.
Oufa KaG, 355, a.
Nar, 55S, a.
Oulou agatcii, 568, a.
Naziance, 665, i.
Oulott Dounar icbai, 696, a
Néandria, 193, x. Ouloii boiirloii, 449, a.
Néapolii, 3a4, x.
Oulou kouchU, 7a6, a.
Nefcs keui, 497, a.
Ourlac 370, a.
Nefes keui, 53a, x.
Ouschak, 389, t,
Nerochcber, 558, t. Ouschak, 4^5«
Néoeénrêe. 617, 9. Ouschak ( Rivière d'), 4a3, a.
NéontyehMt aa6, a. OinciMk (Tapis d*), 495, a.
Kicfe, gr, a.
Ououadou» 676, X.
NicooifKie 1*' 5a, x,
NieonèdaV;
NwoiBède m, 5S» x.

Digitized by Google
DES MATIERES. 7SS

Pliatitane, 619. x.
Phanix.mont. 33,».
Phœnix, fort, 855, L , *

Pacha liroao, iSg, 2j. Phellus, 68^, L.


Pactole, i4*>i». Phéniciens, 180, a.
Pactole, aSo, a* Philadelphie, aôg, L.
Parlyai, mont, 349i »• Pliineka, 695, L
Pagiii, 358, X.
iiioiit, Phinimini«, 5ao, a.
Paeinaoiiiutf iSf, 2^ Phocée, aga, a.
Pmus, 174, a- Phocée, 371.
PVSIIS, 176, L. Phocée la Neuve, 374» a. ^
Palalcha, 335. Phokia, 371, L
PaUe3ce|isis, 194, Lt Pbokia, 375, L
Palatia, i6t. a. Philomélium, 435. l
Pambouk kalé u, 43y, l. Philomélium, 449, u
Pamplus, 504, Phrygie, 377, 1.
Pampalus (Villa de), 568^ 1. Phrygie Epictète, 387, 1^
Pamplivlie, 701, L» Phrygie hellespnntique, 38?, L.

Paudicuium, 2I1 >• Phrygie pacaliana, 387, u


PanioDium, 3a7, Phrygie parorée, 387, a.
Panormo, i63, a. Phrygie salutaire, 387. 1^
Paphiagonie, 6ai , u Phrvgie (Grande), 41 3. a.
Paradis, 5o3, a. Phrygiens, i83, a.
ParaMoge, 45o, l Phyrat, mont, 3i, a.
Parium, 174, »• Pinara, 673. a.
Parnastus, 576, a. Pindénissus, 704, L.
Pasmaktchi, 573, l. Pinia, 591,
Patai^, 678, X, Pismich kalé »i, 4i>*
Patriarcat, 149, a. Pismich kalé si, 4ao, La
PaulicieDS, 579, u Pilhopolii, III, a.
Pedaïui, 198, a. Pit)r^i '74, a.
Pedasus, 647, a. Pitviis^n, 33a, l.
Pednflissus, 704, Lm Piara&a, 64a, a.
Pedoelissus, 2x3, a. Platée, Ile, 83^ l.
Pélasgeâ, 173, L. Podandus, 7a6, a.
Pélasge», 391, L. Potémou, 619, a.
Pelekaiion, 7a, u Polium, 190, a.
Pella;, 45o, a. Polybotum, 448. a.
Pelteiii7^53j a. Pon>péiopolis, 7a6, 1.
Pelvcreh, 586. a. Pont sur le Sangarius, 88, u
Peraea, 654. a. Pont (Royaume de), Sga, l.
Percote, 176, a. Pont cappadocien ; galatique, 594, 1.
Perga, 5a4, Pontico nisi, 36i l.

Per^, 710, Li Portes de Cilicie, 736, a.


Pergame, juridiction , lo^ a. Portes syriennes, 73o, Lt
Pergame, ao8, i_. Portus Athivorum, aa4, 2,
Pergame (Royaume de), ao8, a. Posidiuni, cap, 58^ a.
Pergame (Ville de), ai3, a. Poste* ( Service ws) , ij^ i

Pergame (Basilique de), a 16, u Poursak, fleuve, Sga, a.


Pergame (Amphithéâtre de), a 17, a. Poursac, fleuve, 409, a.
Pergame cratère de marbre, a 19, a. Piiam (Royaume de), i85, l.
Pcristéridea (^les), 370, a Priapus, 173, a*
Perré, 586, a. Priène, 34a, l.
PestiuuDte, 468, a. Prinkipo, île, 8a^ 2^
Pewinunte ( Pierre de ), 47S, Li Priori, mont, 36^
Peste, 5^ a. Prion, mont, 3i4, a.
Phauarsa, Sgi, a. Prion (Carrières da), 3i6, a.
Phauanea, plaine , 617, a. Prymnesia, 4a4. a.
Phamacie, 619, i Pnson de saint Paul, 3fAj t>
Pltasélis, 698, a. Procerastis, il^ l.

4^ livraistm (Abib Minkubb.) t.

^
/ Google
764 TABLE GÉNÉRALÊ
JjpOCOiiiiof ( Ile de',i53, î. Sandjak, i5, i.
Plroconiiese (Ville dej lôo, i. Sandoukii tcbaï, 4Ô8, 1.
,
SaiigaritM, fleuve, 390, 1.
ProMCtus, I.

8 1, ». Saiigia, bourg, Sgr, i.


Proté, île»
PriKii aJ Hypium, H5, i. SanUbari», 4^3, i.

fleatabarit, *.
Prusa ail OUiupum, ii5, i.

PniiiMi*', 5S, s. Sapra, lac, 2o5, i.


Prusias II, 54, i. Sarcophage, pierre, lyy, a.
Ptèrie, région, «44, i. Sardemitus, 717, a.
SMdoa, »36, 3.
Ptérie, Sga, a.
Ptérium, !>44, i. Sardes, sa chute, »4S* s*
Plériuni, 607, i. Sardes, aSa, <.
Pygek, :ia4i »• Saidique (JurididUM), <a, 3.
pyramide de Cmmos, 109^ i< Sarimiae, S47* *•
Pyrainus, fleuve, a4« Sari sou, 71a. a.

Sarmoussac, fleuve, 534, »•


Pyramiu, 58a, a, "
Pyrécs, a55, a. Sart, aS7, i.
Pyréet, 5oo, s. 8anmes,5i5, i.

Pyrées, 5 1 1 » 1 5>aMmes, SSg, a.


Pyrrluu cap, ao5, a. Satrapies, 393, a.
Pyrrba, 354, i • Scah oova, 3a4, a.

Fyibia bttitti 116, a« Scamandre Source dtt), S^Sf


[

ScamanUre, (89, 1,
Seamandria, i97t
a Sdiolt,56o, I.
Scopa», fleuve, 384, »•
IUce«( Divisions des), 7, i. Scutari, 76, i.
Rhebat, fleuve, 84, a. Scyppium, 358, t.

Sinda, 466 • »•

Rhiiri, 367, a. Singherli, ville, i58, i.

Rbodiapolis, 696, a. Sinope (Golfe de), 19, a.


Robt, 437t <• Sinope, 6»a, i.
Rhosii%, mont, 3a, 1. Sipylus, monl, 39, ».
Rhyodaciis, fleuve, i38, i. Sipylus, aa7, a.
Rhyndacus, fleuve, 388, i. Sipylus (Topographie de), as9t *'
Sipyltn,moQt, «64,».
Sis,583, I.
S SitchauU, 4a4»
SivM, Sx8, ».
SabandjB, 86, %. Si vas, 590, a.
Saccacttna, 5oa, %, Sivridji liman, 1991 t.
Sacjena, 5oa, 1. SmyTDe, a, a.
Smyme, juridiction 10, a.
Saees, S8», «. ,

Saces, 5oa, a. Smyroe (Golfe de), ai, *.

Sagalasius, 467, a. Sinyme, 393, i.


Sagalassus, 7i5, a. Smyrn^ SoS, i.

Sagaris, 391, i. Smyrne (MomimenU de to4, ;. a,

Sahat, heure demtlvlM^at *• Smyrue (Golfe de), 3ti9, a.


âaillar, 378, X. Soandos, 5o7, ».
Sekkftrie, 47^* Soandus, 56a, 2.
Sakkarta, fleuve, 49s, m. Soanli (Vallée de), 56a, 1.

Salé, lac, aa8, a, Soatra, 56 1,


Saloc, lac, aa8, a. Soli, 7*^f I-
Solmissuo, 111 oui, <a6, 1.
flnioé, éùing, aSi» 1.
Solois, fleuve, 1 1 1, a.
Ralone, i49« i>
SaUik, marais, ». Soloo (Tombeau de), 4»«» «•
Samour Bey (yaita d»>. SonBOttriou, 497t *•
SaiuMMin luilé Mff 343« «• Sopboii, lac, 87, I.
8am>oiiii, i'fio, t
Soteropolis, 117»
haiidai 374, a. Sonnia »68, ».
76S

^ou Soughertr t^u, , «. Silintm Saruk, 584, t«


Sou Sougherlé, ville, ti-j, i. Siki, ii4, !•

Sourt gheul, 4^>:t Silandus, 376, a.


Soa Vf>r mes», 56? , i Simaul, 408, t.
fiteunos ( Antre de)y3M, i ; 444» Simoïs ( Embouchure du), 188, jw«
Steuno», 397, a. Simoïs, Qeuve, 197, a.
*
SirtIofllfAt. 649. t. Sîmaon, SSg, a.
Sui;hud, 144. Symiada, 43o, «. . .

SulUu Hissar, 387, a. Syunada, 468, i


Sunoo, lac, 87, a. Synnaos, 407, a.
flmti 690, a. SjQBtdiqtM (Juridielioii)* to, s*
Sorp Garabfd (CoafMt à»), SHt SyriMM, Soo, I.
Swntgi, 4i I.
8jf«|èUi, 648. I.
SjUcnai, 4M, ;
AyUcun, 7 ta, a. T
SjMedème, i5o, a.
ScyppnMB* t. tilitla, a77, m.
Scytnei, i5a, i. Tldw, 466, I.

Scythes soumis par SéncMlriâ, 3?8, 'Hmlale (Port de ), laS. 1.


Scythe», 5oa, i. TMWcbantlil, (bains de), 70, i.
SerllMa* SgS, 1. IteudMnK, SgS, t.
S«Dasta, 576, 7. Tapoé, 746, I.
8eb«»te, 578, a. Tarrodia, port, 164, a.
Sefaaste, 436, 1. Tarse, 45(« ^«^
Sebaste, 5i t, 9. Tnrw, 7a7, t.
Sebka. 56o, 1. Tarse ( De ) à Trébizondo^ 58o, ».
Sediikler, 436, 1. Tarsiu», fleuve, iS"], i.
Stid dGhui, 388, a. Tarteiaus, 371, a.
Sfid tl Gbui, 4a4, a. Tasdi odjaha, 410 a.
BâddGhaxi (Tombftu dr), 4a5, 1. Tatta, lac, a6o, i.

8éid el Ar, 416, i. Tatta, lac, 389, a.


Séid el Ar, 4Ht i* Tiltt|w1«, 484» a.
Thnrus, mont, a5, i
Sdeiicia Sidera, 7x7, (. Taunis de Panophylie et do Cilicic, 19, a.
SAfode, 7a4, a. Taorot (GInIm m), Ss, x.
Mpè» 7*Ot f. Tkfiom, 45^t
Sélinii», fleuve, at5, t. Tivioin, 497»
Sdiou» (Tunnel du), ai S, a. Tluiarquo, 5a7, a.
7s4t «•
SéliiHif, TchaMcr hitiar, 897, r.
SélinuMen» ( Étangs ), Si9, «. Tchnkeu, 4^4, a.
Sémenlra, i68, 1. Tchanak kalé, 193, a.
Séniiramis, Soi, a. Tcbanderli, golfe, ao7, 1.
Sémiraroii (Chaoné» de), $70, «. Tchangli, 3a8, a.
Serghé, 710, i Tcli.irJak sbeiil. 448, f
Serlchinu, 355, a. Tcharcbembeh. 6ao, i.
Mualrô en Ane, 378, a. Tdur MMi, fleiivo, 494* >•
Sê*oMris. afio, a. Tchechmé. 367, a.
(Expédilion de), Soi, 1.
Scsosirift Trhékirgué, Ville, ti6, a.
Seukié, ^48, 1. Tcbiblac, Tillaee, 193, i.
Sévédo, port, 681, a. Tchinchia kalé, 58S, a.
Sévri hi»«ar, 363, a. Tchok gheuze (Pont de), 133, a.
Sévri hissar, 411, 1. Tchor^ keui, 4a8, t.
Sé*ii hiMM', 47^ » ' • TdMtirotik tou, 438, a.
Sida» kalé «i, «78, a Tchonkourba, i85, i. î

Sidé, 7a I , I Tcboiikourba, 685, i.


Sidyma, 675, a. Tchoukoiirdji. 39a, i.
Sigadjik. 361, a, Tebukiir a^na, 4iS a»
Sigêe, .S«, I. T.-fnié. 44 i. 1.
^tftnx, inoiil, ii7, I. Tékè, 55o, a,

48.

Digitized by Coogle
fin T4ftLR OÉRÉRALIt
rékirdagh, J^S, i. Toumandji, moui, 44, <•

Télégraphie, 78, t. ToiMnandji dagh, 399, t.


Telm issus, 667, i. Toumandji sou, SçS, i.
Temnos, 337, i. Tourbali, 859, i.
Tkoghir, &66» a. Tour de LéMidre, So, 1.
Téos, 995, I. Townur, 558, i.
Téos, 36 1, f. Touz çheul, 56o, i.
Téo»(Port de), 363, i; 365, «. Touzia kazieu, aa3, i.
T«phriee« ». Touzia irhai, 197, 9.
TermeiMii, 467» i. Tracbcoti'*, 7^3, 5.
Térias, fleuve, 473» 1. Treehia, porte, 170, a.
TcraciSDi, 737, ». T^IIm, a79, I.
TéAàré, 3, x. ThiUes détruite, 33o, a.
Teu&«a, 686, a. Trac;asép5 salines, 197, 9»
,

TeulhraDie, 207, a. TrajauopoUs, 4a8, i.


Thabusion, 468, t. Tnipéiiit, $94* s.
Thébc, 206, 1 Tralsa, 358, a.
Théchès, mont, 594, a. Trébizonde, sa position, 19, a.
Théines d'Asie, 11, a. Trébizonde, 594, i.
TbéiM «naloliqiM^ 1 1, Trt'bizonde (Royaume de), 59S, 9.
— arméniaque. Tremblement de terre, 375, 9.
— des Thracieiu, t», 1. Triaota, Soy, a.
— obiéquiuin, t% IVicoioia, 470, u
^ optiniatiim. Tripoli^, a85, a.
des Bucrllaires, i3, •.», Tripoli*, 618, a.
— de l^i)hlag(niie. Triquetrum, ;i4, f.
— Cbaldia. TriiloiDO, 689, 9.
—- de Sébaslo, i3, a. Troade, 178, i.
— de LvcAodiM, 14, 1. Troade (Topographie de la), 187, i.
— de Sèlettcie« Troede, topographie tnckiime, 199, i.
de Cibyrra, 14, t. Troat, 194,
Théniiscyre, 6ao, i. Trocmiens, 4^ r, a.
Thémisonium, 444, a. Trogilia, cap, 345, i.
TheroMe, 576^ i. Trogilium, 356, t.
Thermodon, 6ao, i. Trogitis, lac, 659, a.
Tbieum, 6a4, 1. Troie (Plaioe de), (89, x.
TtioniB, Moot, 349, «. Ttow (Ruinci de), 189, a.
Thraœi, s5», t. Tkoie (llioéraire de la plaine d«), f^a, 3.
Thyatire, a66a. TWjyens Phrygien», 37H, a.
Thymbrium, 45 x, i. Tumulus, a59, i
Tbymliria^ S91, i. Ttarfcel, 609, t.
Thyniens, 5o, i. Ttarii«li. 494, a.
Tbyuieni, 59, i Tjrane, 45i, i.
Tbjrrréniens, a 34, i. Tyane, 570, a.
Tibre, fleuve, 474, a. Tyanilis, pri-fetlun-, 567, t.
Tirhakir Ali (Cbitcnu de), 3a6, a. T>rhiu>a, ile. 355, a.
Tirebob, 6(8, a. Tyriali, 359,
67», 9.
Tloft, TjrrilByai, 44<k
Tmolus, mont, 37, i.
I
Tmolus, moQl, aSo, 1.
Tmolus, a35, t. U
Tocat, 600, a.
Toknia «011, 535, i. Udjek keni, 190, l.

Tokma sou, 5 89, a. L'nifh, t>i9, a.


Ttotiatoboîens, 454. «. lirgiib (Caves d*), 43o«
Tombeau d'Alvatif, a57, i. Urgub, 5;y, 7.

Tombeaux dc% rois de Phrvgie, 4i5y 9. Urgub (Ville de), 553, 1.


Tombeaux des sultan», lat^, 1. Uakubi, 86, 1.
Tombeau de Tknialf, a3o, 9. Uakudar, 78, f
- Toitonim, 89, I.
DES MATIÈRES.
Tarvou, 687, t.
TaïUi kaïa, 4^6, a.
Tuiti km, 61 1, t.
Yéni cheher, i44, i.
"VâlSainte-Anne , Sog, i Téoi cheher, 465, ».
Varénus, fleuve, x55, i. Ténidjé, 986, A
Tedelte des PenM. «4^» ». TcnM, 470. 5-
Veredarii, 76, t. Tourouks, 189, i.
VeDaai, 5it, i.* Toiugatt, 4^3»
Tina chthfr, SAS» t. To«i|itt,63s»«.
Tottria, 360, *•

Zalécus, 6a f, a.
Xanibus, (Sources du), aa3, a. Zafora, 6ai, a.
Xanthus, (SourMi émjt 670^ 1. Zarda, fontaine à dialcédoiiie, 75, «.
Xantbiis, ville, 67a» %, Zeibfk, aSi, a,
Xilino Coioé, 467* *• Zéla, 60a, a.
Zeffrvh bouroun, 619, i.
Zen^hibar, 660» i*
Zéphyrium. 619, i.
Zielu roi, 53, 1.
Talobaldi, ^fj$ t. ziiié, 359. «•
Talovatcb (Bains d*), 69, s. Ziieh, 60a, a.
Yanar tasrh, 697, a. Zip<clè(, 5i, <•

Yapal keui, 436t x* Zipœlium, 5i| a.


Ta|»onl da|li (ToaibeMU d*), 411, 1,

Digitized by Gopgle
Digitizec uy ^oogle
Af.IE MINEURE /

Ly Google
. oogle
ASIK Ml N K URK

Google
Digitized by Google
ASIE MINEURE
.f

Digitized by Google
Google
f

Digitized by Google
Digitized by Google
Digitized by Google
- 1

Digilizeo by LiOUgle
Digitized by Google
Google
Google
ATIE MINETRE
Digitized by Google
A?1K. MlNF:nF<K.

Digitized by Google
Digitized by Google
Digitized by Google
Digitized by Google
I

i' • •
. ..

Digitized by Gopgle
Digitized by Google
AniF MINEU KE
i

! I

Digitized by Google
Digitized by Google
Digitized by Google
"1

f
Digitized by Google
Digitized by Google
- I

, Google
Digitized by Google
Digitized by Google
Digitized by Google
Digitized by Google
Google
DigitizecJ by Google!
i
Digitized by Google
I

Digitized by Google
•s

Digitized by Google
I .1

iitf JwHitirtti II I i r « «i '.rrtrr'



«ftf «ai
"ai

m:;-

/4 A«
Digitized by Google
Google
(

1
I

Digitized by Google
Digitized by Google
Digitized by Google
Digitized by Google
Digitized by Google
r

Google
Digitized by Gopgle
Digitized by Google
Digitized by Google
Google
Digitized by Google
1

Digitized by Gooj^le
Digitized by Google
Digitized by Google
Digitized by Google
Digitized by Google
*

Digitized by Googlc
Digilizea by Google
Digitized by Goo<?le
Digitized by Google
Digitizod byGoOgIe_^
Digitized by Google
Digitized by Google
14 AsU' Muicure- Digitized by Google
Digitized by Goog le
Digitized by Google
*

Digitized by Google
Digitized by Google
ùiyitized by Google
4

Digitized by GockjÎp
Digitized by Google
Digitized by Google
Digitized by Google
i
Digitized by Goo<?Ie
Digitized by Go(^^^le

i
Digitized by Google
Digitized by Google
j Google
Diqitized by GooQÎe
I
I

Digitized by Google
Digitized by Google
I

Digitizc ci l:
y Google
I

1
•;iii>.

Digitized by Google
Digitized by Googl
4

l: IIKKV; LU S

Il I \ ^ AniJtntst

r
,•1' M'i

Digitized by Google
1
Digitized by Google
I*

,7// (lllIflS

DKS ClinlSAlH.S.

Digitized by Gc
I

I
I

I
I

Digitized by Google

You might also like