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L’Oracle de Delphes
Emilio Suárez de la Torre, Université de Valladolid
CONTENU
I. Delphes et Apollon
II. La consultation mantique
A. Sur les modalités divinatoires
B. La consultation de l’oracle
1. La délégation des consultants
2. Les séances: date et périodicité.
3. L’ordre de consultation: les privilèges.
4. Les rites préliminaires des consultants
a. La taxe du pélanos
b. Le(s) sacrifice(s) préalable(s)
c. Un cas particulier
5. Le temple d’Apollon
a. Le premier temple en pierre et le temple «des Alcméonides»
b. Le temple du IVe siècle
6. Les objets sacrés et les instruments divinatoires
a. L’omphalos
b. Le trépied
c. Le laurier
d. La phialê et l’eau.
7. Le personnel
a. Prêtres
b. Le prophètes
c. Les hosioi
d. La Pythie
I. Delphes et Apollon
L’arrivée d’Apollon à Delphes est décrite dans les mythes comme une occupation d’un
lieu où il y avait déjà une divinité oraculaire plus ancienne. On se gardera de chercher
une correspondance de ces récits avec la réalité historique. Il s’agit d’une structure
mythique adaptée au schéma théogonique et qui a pour but de renfoncer une conception
2
4. Od. 11, 580-581. – Ulysse rencontre aux Enfers Tityos, qui subit une punition
éternelle pour avoir essayé de violenter Létô «lorsqu’elle allait vers Pythô à travers
Panopée aux beaux lieux de danses».
5. h. Hom. Ap. 213 ss. - Récit du voyage d’Apollon à Delphes et de la fondation
du sanctuaire, après avoir vaincu Python.
6. Aischyl. Eum. 1-63. – Prologue de la Pythie. Séquence Gaia – Thémis -
Phoebe – Apollon.
7. Eur. Iph. T. 1259-1281.
8. Philoch. FGrHist III B, F 195 (= Zenob. Prov. 5, 75). – Sur les trois Nymphes
du Parnasse, nourrices d’Apollon, nommées Thriai. «C’est d’elles que les sorts
prophétiques ont pris le nom de thries et l’acte prophétique celui de »
(trad. Amandry [1] 27).
9. (31, 40) Convention entre Delphes et Skiathos, Musée de Delphes, inv.
4809+6369, pl. X, 4 (LSS nº 41 ; CID nº 13), IVe siècle av. J.-C.
DOCUMENTS ICONOGRAPHIQUES:
10. (107 = LIMC I Aigeus 1 = VIII Suppl. Themis 10). Coupe attique f. r.
Berlin, Staat. Mus. F 2538, prov. de Vulci. – ARV2 1269, 5; a689; peintre de Kodros;
Kron, Phyleheroen 127-128, 139, 210, 264 A I pl. 15, 2. – Vers 440/430 av. J.-C. –
Thémis (nom inscrit), assise sur un trépied, contemple une phiale; elle soutient une
branche de laurier. Devant elle Égée reste debout, appuyé sur son bâton.
11. (LIMC II Apollon 1008 = VIII Suppl. Themis 11). Cratère en cloche, attique,
f.r. Wien, Kunsthist. Mus. IV 935, prov. de l’Attique. – Beazley, ARV2 1439, 2 ; 1441.
1693: proche du groupe de Budapest; CVA Wien 3, pl. 131, 5. – Premier quart du IVe
siècle av. J.-C. – Apollon est à côté de l’omphalos tenant une branche de laurier; Zeus
est devant lui et, entre les deux, Phoebé est sur un cygne. Thémis et Gaia flanquent le
groupe: c’est donc une scène d’accueil d’Apollon et de transmission des pouvoirs
mantiques, d’après les versions mythiques qui avaient été répandues par la scène
athénienne.
B. La consultation de l’oracle
1. La délégation des consultants
Toute consultation était un acte solennel composé de plusieures étapes parfaitement
réglées. En ce qui concerne les consultations officielles, celles-ci impliquaient les
5
SOURCES EPIGRAPHIQUES:
12. Inscription de Mnesiépès, Paros (ed. pr. Kontoleon, N. M. Arch. Eph. 1952
[1955] 32-95) SEG 15 nº 517. – Les lignes 43-46 nous renseignent que le père
d’Archiloque, Télésicles, fut élu par les citoyens «avec
Lycambes, pour consulter l’oracle par délégation de la cité» (
), ce qu’il fit volontiers, car il voulait connaître la
vérité sur le prodige de l’initiation poétique raconté par Archiloque.
13. (29) Règlement relatif à la théorie d’Andros, Musée de Delphes, inv. 892 et
3410, pl. III; LSS nº 38, CID nº 7); cf. Rougemont, G., BCH Suppl. IV, Études
delphiques 37-47. – Document important pour connaître des détails sur le séjour à
Delphes des délégations. sont mentionnés trois , un
, un (qui jouissent de l’exemption de payer la taxe pour
la nourriture), un un,
un, un et des
(qui reçoivent la peau des victimes), ainsi que des citoyens privés ().
Mais cette nombreuse présence obligea à des aménagements de la part des Delphiens,
qui leur devaient fournir une salle de banquet, du bois, du vinaigre et du sel.
sanctuaires mantiques qu’il avait choisis pour vérifier leur compétence, avec l’étrange
question du chaudron et la tortue (16), c’est parce qu’il était possible de faire la
consultation n’importe quel jour du mois. On apporte aussi le témoignage de Pindare
(17) où Battos reçoit la réponse delphique «alors qu’Apollon ne se trouvait pas absent
du sanctuaire» (tr. Roux), expression jugée superflue «si les oracles n’avaient jamais été
rendus qu’en présence d’Apollon» (Roux [1] 73). Au même but on utilise aussi les
épigraphes delphiques avec les décrets concernant Matrophanès, un theopropos de
Sardes, auquel, ne pouvant pas demeurer longtemps à Delphes, on lui accorde un
proxène pour offrir le sacrifice préalable (20), ce qui «paraît bien établir que l’oracle
était normalement à la disposition des consultants, mais à certaines conditions»
(Amandry [1] 83). Finalement on apporte comme témoignage un épisode de la Vie
d’Alexandre de Plutarque (18) lorsque le Macédoine força une réponse de la Pythie un
des jours considérés néfastes ( ).
Cependant, il vaudra mieux se méfier du récit légendaire d’Hérodote, surtout parce qu’il
lui fallait forcément créer une possibilité de simultanéité entre sanctuaires (et cela serait
incompatible avec l’argument des jours propices ou néfastes); le texte pindarique sert
plutôt à renforcer la garantie de vérité de la réponse divine (cf. 19 et Braswell [1988]
66); le décret de Matrophanès pourrait même confirmer qu’il fallait attendre une date
précise qui provoquait un délai trop long pour la délégation (par contre l’inscription est
utile pour la question de la prothysia et les problèmes créés en cas de manque de
proxénie régulière); et l’anecdote d’Alexandre est pleinement suspecte d’avoir été
inventée sur des schémas religieux romains sur les jours nefasti. Le fondement pour
postuler des séances ordinaires et extraordinaires est donc très faible, sans écarter
néanmoins une possibilité «logique» d’une telle division à un certain moment. Encore
moins soutenable devient l’hypothèse (Amandry [1] 84) d’une différence de modalité de
réponse selon la nature des séances.
BIBLIOGRAPHIE: Amandry, P. (1) 81-85; Braswell, B. K., A Commentary on the Fourth Pythian Ode of
Pindar (1988); Daux, G., Delphes au IIe et au IIIe siècles av. J.-C, (1937) 510. Pouilloux, J., «Les décrets
delphiques pour Matrophanès de Sardes», BCH 98 (1974) 159-169 ; Roux, G.(1), 71-75.
14. Plut. quaest. Graec. 9 (292 E-F). – Il cite les historiens Anaxandrides et
Callisthènes sur la fréquence ancienne annuelle des consultations.
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15. Plut. de Pyth. or. 8 (398 A). – Probable témoignage d’une fréquence
mensuelle des consultations.
16. Hdt. 1, 47-48. – Consultation simultanée de Croesus aux sanctuaires
apolliniens de Delphes, Abai et Didyme; à l’oracle de Zeus à Dodone; et à ceux
d’Amphiaraos et Trophone. Il est convaincu par la sagesse de Delphes.
17. Pind. P. 4, 5. – C’est un bel exemple de litotes qui souligne la présence
divine au moment de la réponse à Battos, lors de la colonisation de Cyrène.
18. Plut. Alex. 671E. – Dans le contexte delphique, où les réponses contre la
volonté divine ont des conséquences catastrophiques, l’anecdote souligne la grande
confiance qu’Alexandre avait à sa puissance, puisqu’il force une réponse un jour
«interdit».
19. Call. Ap. 13 (cf. sch. 1, II p. 49 Pf.). – Le poète exhorte à la musique et à
la danse, car il faut compter sur la présence du dieu Apollon (
): mais l’important c’est le
commentaire de la scholie, qui le met en rapport avec le texte pindarique.
20. SGDI 2645, Syll3 Delphi 548,1. – Les délégués de Sardes ne peuvent pas
demeurer longtemps à Delphes et, puisqu’ils n’ont pas de proxène, ils demandent à la
ville de faire la prothysis.
celui des Lacédémoniens (450 av. J.C.) suivis immédiatement par les Athéniens (448)
(22). Depuis le commencement du IVe siècle on l’octroie aussi aux particuliers (25). Ce
droit de préséance n’était valable qu’à l’intérieur d’un même groupe. En cas de
coïncidence entre plusieurs citoyens ou délégations avec le même privilège, on devait
faire un tirage au sort par des fèves de couleur différente (la blanche décidait).
a. La taxe du pélanos
9
BIBLIOGRAPHIE: Amandry, P. (1) 85-103; Frey, A., «Pelanos», DNP 9, 489; Roux, G. (1) 80-81;
Rudhardt, J., Notions fondamentales de la pensée religieuse et actes constitutifs du culte dans la Grèce
classique (19922) 232-235; Ziehen, L. «», RE 19, 246-250.
26. Aischyl. Choeph. 99. – Électre décrit sa libation sur la tombe d’Agamemnon
comme un pélanos (
).
27. Eur. Ion 226. – Ion prévient aux femmes du chœur sur les rites à accomplir
avant la consultation: le premier serait la taxe du pélanos, terme qu’il fait dépendre du
verbe «sacrifier» ( ; cf. b)
28. Tarif d’un pélanos pour les habitants de la Piérie, Musée de Delphes, inv.
4673 + 6325, Pl. I, 1 (CID 1). VIe / Ve s. av. J.-C.- Apparemment ils doivent payer à
Delphes quinze drachmes. C’est probablement le plus ancien exemple du mot comme
«tarif».
29. (13) Règlement relatif à la théorie d’Andros, Musée de Delphes, inv. 892 et
3410, pl. III; LSS nº 38, CID nº 7); cf. Rougemont, G., BCH Suppl. IV, Études
delphiques 37-47. –Dans les ll. 25-26 on pourrait lire une indication sur «quatre
pélanoi».
10
30. Tarif du pélanos pour les habitants de Phasélis, Musée de Delphes, inv.
3970, Pl. IV (LSS nº 39, CID nº 8, FD III 4 nº 369). –. Énumération en détail des tarifs
publics et privés.
31. (9, 40). Convention entre Delphes et Skiathos, Musée de Delphes, inv.
4809+6369, pl. X, 4 (LSS nº 41 ; CID nº 13). - Dans les ll. 8-12 même distinction entre
pélanos publique et privé.
cela qu’Amandry considère qu’en réalité il n’y a que deux opérations, (a) celles qui
concernent les rites préalables à toute consultation et (b) la consultation par les fèves
(décrite supra en [c]). Mais si on n’accepte pas cette dernière possibilité, il faut
supposer soit l’existence d’une autre taxe pour le tirage au sort qui décidera la préséance
entre homoklaroi, soit une taxe alternative à celle , mais
payée à l’intérieur du temple. Roux soutient qu’il y a deux sacrifices différents: l’un
avant d’entrer et le bouc (avec les autres victimes) à l’intérieur du temple. Cette
hypothèse essaye de concilier l’épigraphe avec un passage de la parodos de l’Ion
d’Euripide (35) où le fils de Créouse mentionne le en tant que
préalable, mais puis il ajoute le besoin d’entrer jusqu’aux
et souligne que la de victimes et conditio
sine qua non pour pénétrer dans le du temple (mais cf. 32). Il y aurait
donc un sacrifice à l’extérieur et l’autre dans le mégaron, avant de «descendre» dans le
manteion. L’hypothèse est séduisante. Pourtant ni la nature si différente des deux textes
conseille un rapprochement si simple, ni le texte d’Euripide reste sans problèmes. En
principe, le décret inscrit ne fixe qu’une série de taxes subdivisées entre publiques et
privées, et la seule mention claire d’un sacrifice est celle du (ll.
19-24).
BIBLIOGRAPHIE : Amandry, P. (1) 104-114; Amandry, P. «Convention religieuse conclue entre Delphes et
Skiathos», BCH 63 (1939) 183-216; Amandry, P. - Pouilloux, J. BCH 76 (1952) 499-503; Rougemont, P.
Corpus des inscriptions de Delphes, I. Lois sacrées et réglements religieux (1977) 123-129; Roux G.,
compte-rendu de S. Dow – R.F. Healey, A Sacred Calendar of Eleusis (1965), AC 35 (1966) 562-573
(vid. 569-571); Roux, G.(1) 81-89; Suárez de la Torre, E., «Neoptolemos at Delphi», Kernos 10 (1997)
153-176.
35. Eur. Ion 225-228 (cf. 22). – On ne peut pas entrer dans le temple sans avoir
fait un sacrifice sanglant, après avoir satisfait le pélanos.
36. Eur. Andr. 1085-1165. – Récit du messager du meurtre de Néoptolème.
37. Plut. de def. or. 49, 437 A-B. – Exigences de pureté de la victime
sacrificielle.
38. Plut. de def. or. 51, 438 A-B. – Conséquences de forcer un sacrifice malgré
un examen préalable négatif: mort de la Pythie.
39. (49) Paus. 10, 24, 4-5. Le périégète décrit l’Hestia «sur laquelle le prêtre
d’Apollon tua Néoptolème, le fils d’Achille».
40. (9) Convention entre Delphes et Skiathos, Musée de Delphes, inv.
4809+6369, pl. X, 4 (LSS nº 41; CID nº 13). – Énumération dans les lignes 8-24 des
redevances et sur la modalité de sacrifice à accomplir par les Skiathiens.
DOCUMENTS ICONOGRAPHIQUES.
41. (63, 143 = LIMC II Apollon 890) Cratère en calice, Apulie, f. r. Milan, Coll.
«H. A.» 239. – RVAp I 193, 4 pl. 60; peintre de l’Iliou Persis; Moret, Ilioupersis 176-
180, pl. 51, 1, vers 370 av. J.-C. Dans la partie supérieure on représente la Pythie et
Apollon dans un temple Ionien; dessous, Néoptolème occupe une position centrale, sur
l’autel, entouré de Delphiens qui l’attaquent; Oreste, une épée à la main, est derrière
l’omphalos. Il y a en plus deux trépieds et un palmier.
c. Un cas particulier
La différence entre taxe pour la consultation publique et privée peut contribuer à arriver
à une solution d’un passage du cippe des Labyades (42), où la prescription est:
. Le
génitif ne ferait pas référence ni à de personnes (Homolle) ni aux «affaires privées et
publiques (Legrand)», mais plutôt aux taxes sacrificielles préalables et aurait une valeur
partitive. La personne qui exerce la prothysis et la promanteia doit apporter aux
Labyades la partie proportionnelle des taxes pour les consultations publiques ou
privées qui a été fixée et réglée par écrit. Très probablement il s’agirait d’un Labyade
(ou un membre d’une autre fratrie delphique) qui fait le sacrifice préliminaire et la
consultation au lieu d’un étranger d’une ville avec laquelle on a des liens de proxénie.
13
BIBLIOGRAPHIE: Homolle, Th. BCH 19 (1895) 5-69; Legrand, Ph.-E., «Questions oraculaires: 1. La
promanteia». REG 13 (1900) 290-293; Pouilloux, J., BCH 76 (1952) 501 (n.5); Rougemont, G., Corpus
des inscriptions de Delphes, I. Lois sacrées et réglements religieux (1977) 71-76.
SOURCE EPIGRAPHIQUE:
42. Cippe des Labyades, Musée de Delphes, inv. nº 31, pl. V-VIII. – La face D
présente des graves difficultés. Pour les lignes 38-41 Rougemont propose (p. 75) la
traduction suivante: «celui qui offre le sacrifice (préliminaire) et consulte l’oracle pour
toutes affaires tant privées que publiques», mais il le fait après une réflexion qu’il
définit lui-même comme un «fragile échafaudage de conjectures». En fait, l’usage le
plus fréquent dans ces contextes des termes «publique» et «privé» fait référence aux
redevances et aux victimes sacrificielles.
5. Le temple d’Apollon
a. Le premier temple en pierre et le temple «des Alcméonides»
Delphes a développé un récit complexe (unique en Grèce) sur l’évolution
architectonique de son temple principal (le mythe des «quatre temples», cf. Pind. Pa. 8
M., B2 R. et Paus. 10, 5, 9-12.), qui donne une importance remarquable au matériaux de
construction, mais qui n’a aucune valeur historique précise, sauf comme témoignage de
la conscience des vicissitudes historiques de ce monument et de la mantique
apollinienne. Le premier temple connu historiquement (probablement le même qui est
mentionné dans l’Hymne homérique à Apollon (43) et qui avait été construit au VIIe
siècle) fut brûlé en 548 av. J.C. Il passait pour avoir été construit par Trophonios et
Agamède (le quatrième de la série mythique). À sa reconstruction ont contribué les
Alcméonides (44) a la fin du VIe siècle, pendant la période qui a conduit à l’expulsion
des Pisistratides (à l’aide des Lacédémoniens, suivant un oracle pythique). Des éléments
remarquables seraient, d’un côté, la façade en marbre parian et les sculptures
tympanales; et, d’un autre, l’existence à l’intérieur de la cella de deux conduites d’eaux
qui ont permis de supposer que l’eau de la Cassotis la traversait (cf. infra).
BIBLIOGRAPHIE:Bommelaer, J.-F., (1) 181-184; Courby, F., FD II, La Terrase du Temple (1915-1927) 92-
117; de la Coste Messelière, P., «Les Alcméonides à Delphes», BCH 70 (1946) 271-287; Pouilloux, J. –
Roux, G., Énigmes à Delphes (1963) 92-99.Rutherford, I., Pindar’s Paeans (2001) 210-232; Sourvinou-
Inwood, C., «Myth as History: The Previous Owners of the Delphic Oracle», in J. Bremmer (éd.),
14
Interpretations of Greek Mythology (1987) 215-241 (=Reading Greek Culture [1991] 217-243); Suárez de
la Torre, E., «La ‘rationalité’ des mythes de Delphes: les dieux, les héros, les médiateurs», Kernos 15
(2002) 155-178.
SOURCES LITTERAIRES:
43. h. Hom. Ap. 294-295. – Apollon établit les fondations du temple et le seuil en
pierre est construit par Trophonios et Agamède.
44. Hdt. 5, 62-63. – L’historien présente l’intervention des Alcméonides à
Delphes comme un moyen de gagner le soutient des Amphictions contre les
Pisistratides.
BIBLIOGRAPHIE: Amandry, P. (2) 9-21; Bommelaer, J.-F., BCH 107 (1983) 191-216; Bommelaer, J.-F. (2)
177-181; Bousquet, J., Études sur les comptes de Delphes (1988) passim; Bousquet, J. CID II (1989)
passim; Courby, F., FD II, La Terrase du Temple (1915-1927) 2-91; Roux, G., «Les comptes du IVe
siècle et la reconstruction du temple de Delphes», RA (1966) 277-278; Roux, G. (1) 91-117; Roux, G. (2)
passim.
SOURCES LITTERAIRES:
16
45. Aisch. Eum. 806. – Athéna décrit l’autel d’Hestia comme «un trône brillant
d’huile» ( ).
46. Soph. Oid. t. 965. – Mention de Delphes comme «le foyer divinatoire de
Pytho» ( ).
47. (36) Eur. Andr. 1138. – Embusqué, Néoptolème, après avoir monté sur
l’autel, descend pour lutter; le poète parle de la
.
48. Plut. de def or. 437C. Plutarque affirme que l’oikos où le consultant est
introduit s’emplit… d’une odeur et d’un souffle agréables… comme si des
exhalaisons… s’échappaient du lieu sacré ainsi que d’une source» (trad. Flacelière), un
phénomène que Plutarque attribue à la chaleur.
49 (39) Paus. 10, 24, 4-5. De son temps, le visiteur contemplait dans le pronaos
les maximes inscrites des sept sages et une image d’Homère sur une stèle, avec l’oracle
qu’il avait reçu sur sa mort. Dans le naos était, d’abord, l’autel () de
Poseidon; après, deux statues des Moirai, ainsi que de Zeus et Apollon Moiragetai;
puis, l’hestia «sur laquelle le prêtre d’Apollon tua Néoptolème, le fils d’Achille» et le
trône de Pindare. Finalement Pausanias ajoute qu’«à la partie la plus intérieure du
temple ( ) pénètrent peu de gens et il
y a là-bas une autre statue en or d’Apollon».
a. L’omphalos
«La place exacte de l’ omphalos reste donc un des secrets emportés par la dernière
Pythie». Cette conclusion d’A. Jacquemin (1, 9) suffirait pour trancher la question de sa
17
localisation. La scène décrite par Eschyle dans les Eumenides (50) où Oreste est placé
sur l’omphalos dans l’adyton du temple, répond à l’image qu’on se faisait le plus
souvent de la localisation de cette pierre (qui marquait le centre -«nombril» - du
monde), lorsqu’il s’agissait du mythe d’Oreste et l’iconographie en est abondante. Mais
Varron (52) et Pausanias (53) nous donnent une localisation de l’ omphalos en dehors
du temple, comme s’il s’agissait d’une offrande. On devra supposer probablement que
les deux types de descriptions ne sont pas contradictoires, mais complémentaires: on
peut admettre l’existence d’un omphalos dans l’adyton et des offrandes qui le
reproduisent autour du temple. En fait nous conservons aujourd’hui deux omphaloi:
l’un, en marbre, entouré de l’agrénon des devins (appartenant à la période Hellénistique
et conservé au Musée) et un autre, plus ancien, en calcaire de Saint-Élie, placé en
contrebas du Trésor des Athénians et qui pourrait provenir de l’intérieur du temple.
Mais ici commence la plus grande difficulté: celle de préciser son emplacement exacte.
En fait nous avons deux reconstructions hypothétiques tout à fait différentes, en partant
des mêmes données (surtout depuis la publication d’un compte des naopes qui parle de
«l’ordre situé devant l’ omphalos») car on a proposé autant un emplacement dans la
pronaos que dans la cella (adyton) – en suivant des hypothèses de configuration de
l’oikos assez différentes– et même dans l’opisthodome.
Mais l’ omphalos est sans doute le symbole le plus important de la mantique
delphique et non seulement quand les artistes reproduisent une scène imaginée dans le
sanctuaire, mais «il peut avoir ailleurs une valeur delphique» (Jacquemin [1] p. 8). Cette
valeur, et surtout sa connotation de symbole du «centre» du monde, est soulignée
lorsque l’omphalos apparaît surmonté de deux aigles, iconographie non moins
fréquente.
OBJETS DE CULTE
58. Omphalos (sans agrénon) en calcaire de Saint Élie. – Delphes, site, près du
Trésor des Athéniens; Bommelaer (1) 30.
59. Omphalos couvert de l’agrénon. Marbre, Musée de Delphes, salle I; époque
hellénistique ou romaine; Bommelaer (1) 30.
60. (LIMC II Apollon 968; Acheloos 197, Artemis 1182) Relief votif, marbre,
Athènes, Musée Nationale 2756. Prov. de Phaléron. Guarducci, M., ASAtene 27-29
(1949-51) 117-133, fig. 6; eadem, in , tribute to B. D. Meritt (1974) 57-
66, pl. 8-9; Neumann, Probleme, 49, pl. 27a. – Fin du Ve siècle av. J.-C. Xénokrateia
présente son fils Xéniade à une assemblée de dieux. À gauche, Apollon Pythien, assis
sur un thronos à trois pieds, se pose sur un omphalos.
61. (112 = LIMC II Apollon/Apollo 349; cf. 349a, b, c) Relief votif, Cleveland
(Ohio), Mus. of Arts 30, 522, provenant de Capua; Bieber, SculptHell2 186, fig. 804;
Handbook Cleveland Mus. (1966) 25. - Une Victoire (à droite) verse de l’eau dans la
phiale que soutient Apollon (à gauche) de sa main droite. Entre les deux, en bas,
omphalos couvert de l’agrénon.
62. (90 = LIMC II Apollon 303) Cratère à volutes, f. r. Ferrara, Mus. Naz., T 57
C VP; ARV2 1143, 1: peintre de Cléophon; Alfieri/Arias/Hirmer, Spina pl. 82-87;
Alfieri/Arias, Spina Guida2 pl. 61 (440-430 av. J.-C.). Procession en l’honneur
d’Apollon qui attend, assis et le laurier à la main (peut-être conçu comme statue d’un
dieu sedens), à la porte du temple delphique, symbolisé par l’omphalos et des trépieds.
63. (41, 143 = LIMC II Apollon 890 = LIMC VI Neoptolemos 25) Cratère en
calice, Apulie, f. r. Milan, Coll. «H. A.» Coll. 239. –Vers 370 av. J.-C.
64. (LIMC VII Orestes 15). Cratère en calice lucanien, f. r. Copenhague, Mus.
Nat Chr. VIII 332. – Trendall, A. D., JHS 60 (1940) 107: proche du «peintre de
Primato»; CVA 6, pl. 235, 1a. – Deuxième moitié du IVe siècle av. J.-C. – Orestes, au
centre, est accroupi auprès de l’omphalos.
65. (96 = LIMC II Apollon 306) AR Statère et drachmes de l’Amphictionie
delphique, 336-334 av. J.- C. BMC Central Greece 27, 22 pl. 4, 13; Kraay/Hirmer,
GrCoins pl. 147, 462; Raven, E.J.P. «The Amphictionic Coinage of Delphi» NC (1950)
1-22. Apollon assis sur un omphalos couvert de l’agrénon, avec tous ses attributs:
branche de laurier (main gauche), cithare (sur laquelle appui la main droite) et trépied
devant lui.
b. Le trépied
C’était déjà une énigme pour Plutarque que de savoir à quel point le trépied était
employé dans la procédure divinatoire comme siège de la Pythie. On sait bien que les
trépieds et les chaudrons ou bassines qui s’appuyaient sur eux sont des objets
d’offrandes très souvent présents dans les sanctuaires depuis une date très ancienne,
20
surtout à Olympie et à Delphes. Il s’agit d’un ustensile qui peut avoir une fonction dans
quelques variétés sacrificielles, mais qui n’est point conçu pour s’asseoir au-dessus.
Cependant, l’image du dieu ou (plus rarement) de la Pythie assis sur un trépied est
devenue substantielle dans l’imaginaire de la performance divinatoire delphique et la
légende de la lutte entre Apollon et Héraclès pour la possession du trépied montre que le
pouvoir oraculaire était lié au trépied. Mais, tandis que l’image du dieu sur le trépied
n’éveille aucun doute au niveau symbolique de la représentation, on ne peut dire autant
de la Pythie dans la même position. C’est pour cela qu’on a essayé de résoudre l’énigme
en partant de certains textes qui parlent non pas d’un trépied (), mais
d’un , un autre ustensile de cuisine rond et cylindrique (très souvent un
mortier), et en faisant également recours à la traduction latine par mensa delphica. Mais
le terme grec semble obéir à une simple spéculation et ne contribue pas à la solution,
tandis que le terme latin n’a aucune valeur archéologique: en fait le terme latin le plus
fréquent appliqué au siège de la Pythie et qui symbolise le sanctuaire est normalement
cortina (68-70). Certaines sources décrivent le trépied comme un dépôt de reliques.
D’un côté, il y a des textes qui affirment que ces reliques étaient les os de Python (70,
75); d’autres arrivent même à supposer que c’étaient les os de Dionysos ou d’Apollon
qui étaient dans la cuve. La première description est en rapport avec le mythe de
fondation delphique et a l’avantage d’avoir une certaine logique quant à l’usage
sacrificiel du trépied, tandis que les autres sont en rapport avec des traditions tardives
(l’une d’elles en rapport avec l’orphisme) sur les dieux du sanctuaire: dans tous les cas,
donc, il ne s’agit que de pure spéculation «rationalisante». Plus convaincante semble
l’hypothèse d’Amandry (1, 143): «L’image du dieu assis sur son trépied est peut-être à
interpréter, à l’origine, comme celle d’une apparition divine, à laquelle il était naturel
qu’on substituât la personne mortelle de son interprète». Difficilement on peut arriver
plus loin pour résoudre cette énigme.
BIBLIOGRAPHIE: Amandry, P. (1) 140-148; Morgan, C., Athletes and Oracles. The
Transformation of Olympia and Delphi in the Eighth Century BC (1990) 137-146; Pouilloux, J. – Roux,
G., Énigmes à Delphes (1967) 123-149; Rolley, Cl. Les trépieds à cuve clouée (FDelphes V, 3, 1977);
Roux, G. (1) 119-123.
66. Eur. Ion 91-93. – Le chant d’Ion fait référence à la Pythie, qui «sied sur le
trépied divin» ( et
chante ce qui le fait proclamer le dieu.
67. Eur. Ion 1320-1323. – La Pythie, qui apparaît sur la scène, vient de laisser
«le trépied oraculaire» (… ); son devoir est de
maintenir «l’ancienne loi du trépied» (
).
68. Verg. Aen. 3, 92. – Le poète décrit à Délos une consultation pour laquelle il
utilise tous les éléments delphiques, y-compris le trépied dans l’adyton (et mugire adytis
cortina reclusis).
69. Ov. met. 15, 635. – Le poète raconte l’introduction du culte d’Esculape à
Rome et rappelle la consultation à Delphes lors d’une épidémie (…cortinaque reddidit
imo/hanc adyto vocem).
70. Hyg. fab. 140. – Légende d’après laquelle les os de Python avaient été
ensevelis par Apollon dans le trépied.
71. Apollod. bibl. 2, 120, 21-23. – La Pythie refuse de donner un oracle à
Héraclès pour le guérir de la maladie causée par le meurtre d’Iphitos; le héros essaya de
prendre le trépied «et de fonder son propre oracle» (
).
72. Plut. de sera 557C. – Héraclès avait volé le trépied et le porta à Phénéos, ce
qui, après mil ans, serait la raison de la colère d’Apollon contre ses habitants.
73. Plut. amat. 759b. et amat 763b. – Des allusions à l’état d’agitation de la
Pythie en contact avec le trépied.
74. Serv. Aen. 3, 360. – Le trépied contenait les os et les dents de Python.
75. Eudocie, Violarium, 778. – D’après elle, pendant la consultation, des
cailloux bondissaient dans le trépied, ce qui était interprété par la Pythie (cf. 168).
76. (LIMC II Apollon 381) Amphore, f. r. Paris, Louvre C 10169. Beazley, ABV
685, 8; idem, Para 53; idem, The Berlin Painter (1964), pl. 7 b. – Troisième quart du
VIe siècle av. J.-C. Apollon, une cithare à la main, est assis sur un grand trépied. À
droite et à gauche il y a deux figures féminines (Artémis et Léto?).
77. (LIMC II Apollon 382) Hydrie, f. r. Vatican, Mus. Gregoriano 16568, prov.
de Vulci. Beazley, ARV2 209, 166: peintre de Berlin; Pfeiff pl. 10-11; Simon, Gotter fig.
22
133; Simon/Hirmer, Vasen, pl. 140-141. Vers 480 av. J.-C. – Apollon est assis sur un
grand trépied ailé; deux dauphins, ainsi que plusieurs poissons et des polypes,
symbolisent le voyage marin.
c. Le laurier
Les textes des poètes tragiques, surtout d’Euripide (80), ne laissent aucun doute sur la
croyance à l’existence d’un laurier dans l’adyton du temple (ou, au moins, dans la
cella). La fonction du laurier dans la religion apollinienne est bien attestée et Delphes
n’est pas l’exception. Il est en rapport et avec la mantique et avec la pureté. La
mythologie delphique mettait en rapport le laurier avec la fondation du sanctuaire
apollinien par le dieu, car il était parti jusqu'à la vallée de Tempe pour se purifier de la
mort de Python. Tous les huit ans un rituel, le steptérion ou septérion, protagonisé par
un jeune garçon dont le père et la mère vivaient ( )
et qui partait jusqu’à Tempe suivi d’un cortège de jeunes de son âge pour retourner avec
le laurier, répétait l’action inauguré par le dieu. Ce laurier, disait-t-on, était usité pour
les couronnes des Jeux Pythiques, mais c’était aussi à l’origine du laurier qui était utilisé
pour les cérémonies dans le temple pendant la séance mantique et probablement des
arbres de laurier étaient plantés dans le voisinage du temple ou du sanctuaire, car il était
aussi employé par les prêtres et les visiteurs. En tout cas les comptes du IV e siècle
enregistrent des dépenses pour le laurier. C’est donc la seule plante qui semble admise
pour les fonctions religieuses à Delphes, même pour balayer (82). À l’époque
hellénistique, Callimaque considère que le laurier est l’instrument par excellence
d’inspiration de la Pythie et on crée la légende qui attribue l’effet inspirateur au fait que
la Pythie mâchait ses feuilles.
Les textes littéraires et l’iconographie identifient Delphes et laurier, de la même
façon qu’il est un des symboles principaux (à côté de l’arc et de la cithare) dans toutes
les représentations apolliniennes (et non seulement delphiques).
BIBLIOGRAPHIE: Amandry, P.(1) 126-134; Roux, G. (1) 123-129; Suárez de la Torre, E.,
“Observaciones sobre los rituales délficos eneaetéricos”, in Corolla Complutensis (1998) 469-482 (avec
bibliographie abondante et détail des sources).
78. h. hom. Ap. 392-396. – Apollon choisit comme orgêones de son sanctuaire
des Crétois qui offrent des sacrifices au dieu et les prophéties qu’il profère «dès son
laurier» () dans le Parnasse.
79. Eur. Iph. T. 1245-1246. – Le dragon qui tua Apollon était couvert par «un
laurier aux belles feuilles» ().
80. Eur. Andr. 1115. – Les assassins de Neóptolème étaient occultes dans le
temple «à l’ombre d’un laurier»
().
81 Eur. Ion 112-116. – Ion chante la fonction ou ministère sacré «du très beau
laurier» (c’est à dire, de balayer et nettoyer l’autel), coupé «des immortels jardins».
82 Aristoph. Plut. 213. – Le dieu «secoue le laurier Pythique» au moment de
prophétiser (cf. schol. ad loc.).
83 Call. Iamb. 4, 26-27. - «La Pythie en effet dans le laurier s’installe, / prédit
grâce au laurier, s’étend sur le laurier» (tr. Roux [1] 125).
84 Lucr. 1, 739. – La Pythie prophétise tripode a Phoebi lauroque.
85 Plut. de Pyth. or. 6 (397A). – La pythie brûle «du laurier et de la farine
d’orge» (au lieu de cannelle, de laudanum et d’encens).
86. (123) Lukian. bis acc. 1. – La pythie mâche du laurier
( ).
87. Greg. Naz. or. 2, 32. – «Le laurier est redevenu un arbuste dont les fables
pleurent le sort» (trad. Amandry [1] 131)
88. schol. Aristoph. Plut. 213. – La scholie explique qu’il y avait un arbre de
laurier près du trépied, que secouait la Pythie au moment de prophétiser.
89. Enregistrement de dépenses pour plusieures quantités de laurier (choix), IV e
s. av. J.-C.: FD III 23, inv. 1267 (= CID II 34 I, 28, 57); FD III 41-42, inv. 1802, 3921
(= CID II 46 A, 5); FD III 37, inv. 4560 (= CID II 50 II, 6); FD III 26, inv. 803+804 (=
CID II 56 II B, 45).
90. (62 = LIMC II Apollon 303) Cratère à volutes, f. r. Ferrara, Mus. Naz., T 57
C VP; ARV2 1143, 1: peintre de Cléophon ; Alfieri/Arias/Hirmer, Spina pl. 82-87;
Alfieri/Arias, Spina Guida2 pl. 61 (440-430 av. J.-C.).
91. (LIMC II Apollon 326, Aphrodite 1532) Cratère à volutes, apul. F. r. Ruvo
Mus. Jatta 1097. – Trendall/Cambitoglou RVAp I 417, 16: peintre de Licurgue;
24
d. La phialê et l’eau.
Dans l’ensemble d’éléments qui jouent un rôle dans le rituel oraculaire il faut tenir
compte de l’importance de l’eau. Les deux fonctions principales sont présentes à
Delphes. La fontaine Castalie, symbole delphique par antonomase, servirait
fondamentalement aux rites de pureté. Mais il ne faut pas oublier qu’une autre source
canalisée a fait partie du sanctuaire, au moins pendant le VIe et Ve siècles : la Cassotis
(cf. II 5 b). Les ablutions, les cérémonies lustrales et les aspersions rituelles avaient
25
BIBLIOGRAPHIE: Amandry, P. (1) 134-139; Ginouvès, R., Balaneutikè: recherches sur le bain dans
l’Antiquité grecque (1962) 327-373 Pouilloux, J. – Roux, G., Énigmes à Delphes (1963) 79-101; Roux,
G. (1) 136-145.
98. Pind. O. 7, 17. – Castalie équivaut à Delphes (en géneral pour faire allusion
aux victoires pythiques).
99. Pind. P. 4, 163. – Pélias est allé consulter l’oracle delphique, c’est qui est
exprimé par la phrase
100. Pa. 6 (52 f M, D6 R) 5-6. – Référence au bronze de la fontaine et au bruit
de ses eaux.
101. Bakchyl. 3, 20. – Allusion aux riches offrandes d’Hiéron à Delphes, en
mentionnant les courants de la Castalie.
102. Soph. Ant., 1130. – Les Nymphes Coryciennes passent à côté du cours de la
Castalie ( ).
103. Eur. Ion 95 et 149. – Mention des «tourbillons» de la Castalie
( ).
26
104. Plut. de Pyth. or. 17 (402 C). – Boéthos se rappelle d’un temps où les eaux
des ablutions coulaient de la fontaine des Muses. Plutarque cite deux vers de Simonide
(PMG 577 Page):
Pour les aspersions là se puise une eau pure,
sous le domaine des Muses aux beaux cheveux.
Ces eaux semblent provenir justement de l’intérieur du temple, au-dessus de la
localisation hypothétique de la fontaine des Muses. Ceci est valable au moins pour le
temple ancien, car les aménagements entrepris pour la reconstruction du IVe siècle ont
modifié probablement la canalisation de la Cassotis, dont des vestiges se trouvent aussi
plus au nord, lieu où l’a vue Pausanias (cf. 105).
105. Paus. 10, 14, 7. – Le périégète affirme que la Cassotis coule dans l’adyton
et, d’après ce qu’on lui a raconté, elle met les femmes en transe divinatoire (
).
106. Greg. Naz. 2, 35. – Pour lui le silence de la Castalie est une démonstration
da la fausseté de l’oracle, dont les pouvoirs se sont épuisés.
107. (10. = LIMC I Aigeus 1 = LIMC VIII Suppl. Themis 10). Coupe attique f.
r. Berlin, Staat. Mus. F 2538, prov. de Vulci. Vers 440/430 av. J.-C.
108. (LIMC II Apollon 455). Coupe, f. bl., Delphes, Musée, 8140, prov. de
Delphes. – ArchEph (1970) 27-46, pl. 10-12; BCH Suppl. 4 (1977) 421-428, fig. 1;
Mertens, J., Attic White-ground (1977) 181, 64; 184-185: Onésimos? Vers 480 av. J.-C.
À l’intérieur: Apollon, couronné de laurier et assis, fait une libation; il porte la lire à la
main gauche et un corbeau est devant lui.
109. (LIMC II Apollon 689b). Coupe, f. r., Londres, Victoria and Albert Mus.
666, 1684. – Beazley, ARV2 1259, 4: peintre de Calliope; Chittenden J./Seltman, Ch.,
Greek Art (1948) pl. 23, 100. Vers 420 av. J.-C. – La Muse Calliope (à gauche), qui
soutient un oinochoe, offre une phiale à Apollon.
110 (LIMC II Apollon 679b) Relief votif en marbre, Musée de Sparte, nº 468;
première moitié du IVe siècle av. J.-C.
111. (LIMC II Apollon 418a) Musée d’Égine. Relief votif du IVe siècle.
112. (61 = LIMC II Apollon/Apollo 349; cf. 349a, b, c) Cleveland (Ohio), Mus.
of Arts 30, 522, provenant de Capua.
27
7. Le personnel
Le personnel de l’oracle chargé des consultations n’était pas très nombreux, mais la
distribution des fonctions n’est pas du tout bien définie dans nos sources et on ne saurait
non plus établir dans chaque cas ni la date d’origine de chaque fonction ni les
modifications suivies au cours de l’histoire du sanctuaire.
a. Prêtres
C’est ce qui se passe, par exemple, avec les prêtres ou . Aucune
mention de cette fonction n’apparaît pas avant le IIIe siècle av. J. C. et cette mention est
circonscrite dans les inscriptions aux actes d’affranchissement où les
interviennent en tant que témoins du contrat entre le
vendeur (le maître) et le nouveau «propriétaire» (le dieu). Son nombre est de deux et sa
prêtrise n’a aucune limitation temporelle (on trouve les mêmes noms pendants des
dizaines d’années). Le témoignage de Plutarque, lui-même prêtre delphique (fonction
qu’il décrit comme une liturgie), montre que cette situation continuait à l’époque
impériale, sans qu’on puisse vérifier l’hypothèse de Roux (1, 57) sur un possible
dédoublement de la fonction à l’époque hellénistique, celle-ci étant limitée auparavant à
un seul prêtre. Par contre Plutarque mentionne une fonction qui ne pas attestée dans les
sources épigraphiques, qui consiste à présider, à côté des , le sacrifice
préliminaire aux consultations, quand on couronnait les victimes, on faisait des libations
et les aspersions sur les victimes, dont on devait observer attentivement le
frissonnement.
BIBLIOGRAPHIE:
Amandry., P. (2) 9-21 (cf. p. 18); Roux, G. (1) 54-56.
celui d’Athambos (nom que portent d’ailleurs plusieurs fonctionnaires), qui apparaît
comme prêtre pendant plus d’une vingtaine d’années pendant le IIe siècle.
b. Le prophètes
Comme dans les autres sanctuaires apolliniens, la figure du prophète
() ne manque pas non plus à Delphes.
Le témoignage littéraire le plus ancien sur sa présence à Delphes serait celui
d’Hérodote, qui nous permet aussi de déduire qu’il ne connaissait qu’un seul, lorsqu’il
mentionne Akératos, lequel, à côté d’un soixantaine de citoyens, resta à Delphes au
moment de l’arrivée de l’armée perse et contempla le prodige des armures qui sortaient
du temple d’Apollon (115). Par contre, Plutarque, qui donne
aussi le nom du prophète Nicandre, présent (à côté des hosioi) au moment d’une
dramatique session de consultation (cf. infra), utilise ailleurs le pluriel (120). En ce qui
concerne ses fonctions exactes, nos renseignements sont insuffisants. Rappelons que
dans les textes littéraires a majoritairement le sens de «porte-
parole» d’une divinité (la structure la plus fréquente étant
+génitif), c’est à dire qu’il donne forme verbale et transmet de
façon compréhensible le message reçu par des moyens qui ne sont pas accessibles au
reste des mortels. Le terme est le plus général («non marqué») est
renferme aussi la possibilité de révélation d’un message divin (soit par des procédé
techniques, soit inspirés), tandis que est, en principe, limité à la
«transmission» d’un message. Cependant, certains auteurs (118, 121, 123, 124)
appellent la Pythie indifféremment et (car
elle est aussi «celle qui communique»), tandis qu’ Hérodote (8, 135) appelle le prophète
du Ptoïon et dans un même passage. On
peut conclure, donc, qu’en principe est le terme pour indiquer les
pouvoirs divinatoires et sa révélation, mais que, précédé du préverbe ,
fonctionne comme synonyme de . Pour sa part,
serait spécifique pour la fonction de «communication verbale» du
message divin. Secondairement, peut être compris comme
«interprète» et non simple communicateur, ce qui conduira plus tard à enrichir ce terme
avec un sens proche de celui de («interprète qui a une sagesse octroyée
par les dieux»). Mais les rapports entre les deux termes sont conditionnés aussi par
l’usage technique lorsqu’on parle du personnel d’un temple. Si la Pythie est appelée
29
cela veut dire qu’elle transmet aussi le message du dieu. Pour
concilier la coexistence de la Pythie et du prophète, on a supposé que celui-ci soit «celui
qui met en forme et communique au consultant la réponse du dieu» (Amandry [1] 119).
Néanmoins, on ne peut appliquer cette définition de façon radicale, car la Pythie (cf.
infra) n’émettait pas forcément des oracles inarticulés, mais tout le contraire (cf.
Maurizio [1995]) et c’est pour cela qu’elle est aussi une vraie . Par
conséquent, on doit compter à Delphes sur des fonctions auxiliaires pendant la séance
mantique spécifiques du prophète (différentiées de celles du ) et qui,
en principe, seraient en rapport avec la communication de la réponse du dieu: c’est dans
ce sens que l’hypothèse d’Amandry reste valable (cf. Amandry [1] 120-121). D’ailleurs,
comme l’avait remarqué Roux (1, 58), un célèbre passage de l’Ion d’Euripide (117)
pourrait laisser entrevoir qu’à Delphes (au moins au Ve siècle av. J.C.) il y avait plus
d’un prophète et que leurs fonctions pouvaient être exercées à l’extérieur.
SOURCES LITTERAIRES:
119. Plat. Tim 72 a-b. – Les prophètes deviennent des interprètes des messages
obscurs des manteis, d’où qu’ils reçoivent parfois cette même dénomination.
120. Plut. quaest. Graec. 9, 292D. – Les fonctions sont accomplies par les
hosioi, aidés des prophêtai.
121. Plut. de def. or. 8, 414 B. – Sur le recours parfois à deux Pythies (et même
trois), qu’il appelle prophétesses.
122. Plut. de def. or. 51, 438 B. – Il mentionne le prophète Nicandre.
123. (86) Lukian. bis acc. 1, la Pythie est appelée prophétesse.
124. Nonn., Narrationes ad Greg. Naz. in Iul. Imp. Invect. (Westermann, Myth.
67, p. 384). – La Pythie s’appelait prophétesse. C’est le passage où il explique que les
psêphoi mantikai bondissaient dans la phiale du trépied au moment de la consultation.
125. schol. Il. 16, 235. – «On appelle prophètes a ceux qui travaillent autour des
oracles et qui transmettent les réponses reçues par les prêtres».
c. Les Hosioi
À nouveau ni le rôle ni l’origine de la fonction des «sanctifiés» () sont
faciles à préciser. Leur première et seule mention explicite se trouve chez Plutarque
(126-129) ans des passages qui, de leur part, ne sont point privés de problèmes. De ces
textes au moins on peut conclure: (a) qu’à cette époque «ils sont au nombre de cinq,
nommés à vie» et doivent appartenir à la généalogie de Deucalion; (b) qu’ils participent
au sacrifice à côté des prêtres et, semble-t-il, ont une responsabilité dans la surveillance
de l’aptitude de la victime (appelée une fois vérifié qu’elle est
adéquate); (c) qu’ils «collaborent avec les prophètes dans la plupart des cas et
participent à l’accomplissement des sacrifices» (128). Plus problématique est
l’information que nous donne Plutarque (127) lorsqu’il affirme que «les Delphiens
croient que les restes de Dionysos sont déposés à Delphes près du siège de l’oracle, et
les hosioi offrent un sacrifice secret dans le sanctuaire d’Apollon, quand les Thyiades
éveillent Liknitès». Le seul mythe qui puisse raisonnablement expliquer un «tombeau»
de Dionysos à Delphes est le mythe orphique du dépiècement du dieu enfant par les
Titans, ce qui nous guide vers le monde de la religion orphique. Or il faut différencier
deux questions concernant le texte de Plutarque: (a) la liaison entre le «tombeau» et le
rite des Thyiades peut renfermer deux traditions différentes, l’une sur la «mort» du dieu
et l’autre sur les rites bachiques à Delphes et au Parnasse, appartenant tous les deux à
des niveaux chronologiques différents; (b) on ne dispose pas de preuves pour établir une
31
liaison ancienne entre le rite dionysiaque ici décrit et les fonctions des hosioi. Il est donc
risqué de faire des hypothèses sur l’antiquité des hosioi à Delphes. Cependant, l’adjectif
a une importance remarquable dans la religion apollinienne et, en
l’occurrence, delphique, ce qui justifierait l’existence ancienne de ce groupe. Or, on ne
devrait circonscrire le sens du mot, tel qu’on le fait souvent, à la «purété», car il n’est
pas exactement un synonyme de ou , mais plutôt
sert à désigner ici la personne qui surveille le déroulement de la cérémonie
«conformement à l’usage et à la règle» (Rudhardt [19922] 31), de la même façon que,
dit de la victime, dénote qu’elle est appropriée aux exigences du rite. En tout cas ni le
passage d’Euripide cité ci-dessus (117) confirme leur existence au Ve siècle (ils ne sont
pas mentionnés expressis verbis) ni l’exigence d’une ascendance «deucalienne»
montrerait leur antiquité, puisque la date d’origine de ce mythe peut-être récente.
BIBLIOGRAPHIE: Amandry, P. (1) 123-125; Roux, G. (1) 59-64; Rudhardt, J., Notions fondamentales de la
pensée religieuse et actes constitutifs du culte dans la Grèce classique (19922) 30-36; Suárez de la Torre,
E., «Cuando los límites se desdibujan: Apolo y Dioniso en Delfos», in C. Sánchez - P. Cabrera (éds), En
los límites de Dioniso (1998) 17-28; Themelis, P. G., «The Cult Scene of the Polos of the Siphnian
Karyatid at Delphi», in Hägg (R.. (éd.), The Iconography of Greek Cult in the Archaic and Classical
Periods (1992) 49-72.
SOURCES LITTERAIRES:
126. Plut. quaest. Graec. 9, 292 D. – Il y a cinq hosioi, nommés à vie, et xercent
leur fonction en collaboration avec les prophètes; ils descendent de Deucalion.
127. Plut. de Is. et Os. 35, 365 A. – Sacrifice que font les hosioi lorsque les
Thyiades éveillent le Liknites.
128. Plut. de def. or. 49, 437 A-B. – Les hosioi et les prêtres surveillent la pureté
et les détails du sacrifice préalable, ainsi que la réaction de la victime.
129. (167) Plut. de def. or. 51, 438 B. – Les hosioi, ainsi que le prophète et les
prêtres, prennent la fuite, épouvantés par la réaction de la Pythie.
d. La Pythie
Les sanctuaires apolliniens avaient indifféremment des hommes (Claros, Ptoïon) ou, le
plus souvent, des femmes (Didyme, Argos, Patara, etc.) comme intermédiaires de la
révélation du dieu. C’est cette dernière possibilité que nous trouvons à Delphes, où cette
servante du dieu recevait le nom de Pythie. À en juger par les sources on dirait que c’est
32
le profil de la Pythie ce qui a subi les plus importantes variations tout au long de
l’histoire du sanctuaire. Par exemple, l’exigence de virginité, mentionnée par Plutarque
(138) ne s’accorde pas avec les renseignements d’autres témoignages. Pour Eschyle elle
est une (131) et dans les inscriptions tardives des descendants de la
Pythie son nommés (143). Le récit de Diodore (134) qu’explique les origines du
sanctuaire en faisant recours à la légende du berger Corétas et du chasma de la terre
explique également la raison du changement: la beauté d’une des vierges avait soulevé
la violente passion d’Echécrates le Thessalien qui l’enleva et la violenta, ce qui
détermina sa substitution par une femme plus âgée. Quoiqu’il en soit, elle était élue
entre toutes les delphiennes (on ne connaît pas la méthode) et on dirait que «la seule
qualité requise était une docilité parfaite à l’inspiration surnaturelle» (Roux [1] 66). À
l’époque de Plutarque (135, 137) elle devait suivre une conduite assez rigoureuse,
surtout en ce qui concerne la pureté pendant les périodes des séances.
Les anecdotes sur quelques comportements de la Pythie ne manquent pas. D’un
côté, un épisode raconté par Hérodote (133) montre à quel point une réponse manipulée
pouvait avoir des conséquences politiques. Il s’agit du cas de Cleomène de Sparte, qui
réussi à conditionner les réponses de la Pythie contre les Pisistratides et en faveur des
Alcméonides et dont la connivence avec elle fut découverte lorsque celle-ci (dont le
nom était Périallos), suivant les pressions d’un Delphien, Cobon, suborné par
Cleomène, confirma faussement que Démarate était un bâtard. Les conséquences en
furent l’exile de Cobon et la destitution de la Pythie. D’un autre côté, Plutarque (129)
transmet une impressionnante description des conséquences d’une consultation forcée,
malgré le résultat négatif des sacrifices préalables: devant les yeux des consultants, des
hosioi et du prophète Nicandre, la Pythie subit une terrible attaque et mourut quelques
jours après.
Plus difficile est de préciser l’attitude de la Pythie et les détails exacts de la
performance de la séance oraculaire. Le contraste de nos sources, selon la nature des
textes, est énorme. Les récits d’Hérodote ne laissent aucun lieu à l’élément irrationnel
ou, du moins, l’historien ne considère pas nécessaire de s’arrêter sur ces détails, connus
(plus ou moins) des lecteurs. La Pythie communique des réponses qui, quand Hérodote
donne la version complète, montrent des qualités poétiques parfois remarquables. Mais
d’autres sources plus tardives ajoutent déjà des renseignements divers sur les transes des
Pythies. L’image «fixe» qu’on en gagne est celle d’une femme assise sur le trépied et
dont la transe est causée soit par l’effet de l’eau, soit par les émanations ou exhalaisons
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de la crevasse sur la quelle le trépied et placée, soit par les deux ensemble et,
naturellement, grâce à sa facilité pour arriver à la «possession» divine de son esprit.
Dans ce groupe on placerait la description «rationaliste» de Diodore (134) lorsqu’il
explique les origines de l’oracle delphique, découvert, dit-il, par le berger Corétas, dont
le comportement anormal des chèvres dénonça la puissance de la crevasse ou trou sur
lequel on avait construit après un appareil pour faciliter les fonctions de la femme
choisie comme intermédiaire pour recevoir les effets mantiques. Plutarque donne un
virement philosophique aux explications, complémentaires dans les dialogues
pythiques. Dans le de def. or. (136) on expose une explication qui vise à soutenir
l’existence d’une «puissance divine» qui fait possible la prophétie, mais à condition que
les instruments des daimones, l’ et l’
, trouvent la , qui permettent l’état
d’enthousiasme, à l’aide de . Dans le de pyth.
or.(137) on explicite le rôle d’Apollon dans le procès, puisqu’il envoie une
à la Pythie qui lui cause des qui lui permettent
de voir l’avenir: la Pythie est devenue un simple instrument () du
dieu. Finalement, dans une évolution qui accompagne une des lignes d’argumentation
des Prêtres de l’église chrétienne contre les Grecs, celle pour laquelle «la Pythie
deviendra un document vivant sur la nature démonique des dieux préchrétiens» (Sissa
[1987] 47), là voilà en proie à une vraie crise de folie causée par la pénétration par son
sexe des vapeurs inspiratrices (140, 141). Quoiqu’il en soit, rappelons que pour les
Grecs les réponses de la Pythie n’étaient point incohérentes et que l’enthousiasme ne
doit pas se confondre avec l’extase ni s’accompagne nécessairement de manifestations
hystériques.
Les propositions pour identifier des Pythies dans les représentations
iconographiques sont, en général, très douteuses, sauf (peut-être) deux (143, 144).
BIBLIOGRAPHIE: Amandry, P. (1) 115-123; Fauth, W., «Pythia», RE 24 (1963), col. 515-547; Maurizio, L.,
«Anthropology and Spirit Possession: A Reconsideration of the Pythia’s Role at Delphi» JHS 115 (1995)
69-86; Roux, G. (1) 64-69; Sissa, G., Le corps virginal (1987) 25-94.
130. Theogn 807. - Première mention de la Pythie: elle est une «prêtresse» du
dieu» ().
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131. (6) Aischyl. Eum. 1-63. – La Pythie prononce le prologue. Elle est mantis
du quatrième occupant de l’oracle (Gaia – Thémis – Phœbe – Apollon) et elle se décrit
comme âgée ( v. 38).
132. Eur. Ion 1320-1368. dialogue stichomythique entre la Pythie et Ion. Elle dit
qu’elle a été «choisie entre toutes les delphiennes» (
, v. 1323).
133. Hdt. 6, 63-66. – L’historien raconte l’affaire de Cléomène de Sparte et les
Alcméonides.
134. Diod. 16, 26. – Diodore raconte la découverte de l’oracle et la raison pour
laquelle la Pythie était, de son âge, une vieille femme («affaire» d’Echécrates le
thessalien, passionnément amoureux de la Pythie).
135. Plut. de Pyth. or. 22 (405 C-D). – Prescriptions sur la conduite de la Pythie
et remarques sur sa voix et ses oracles.
136. Plut. de Pyth. or. 8 (414 B-C). – Pendant le temps de prospérité de l’oracle
on employait deux prophétesses et une suppléante. Ensuite, une seule suffisait aux
demandes.
137. Plut. de def. or. 39-44 (431 D – 434 C). – C’est la plus longue explication
de Plutarque sur l’inspiration de la Pythie: théorie de la krasis, le pneuma inspirateur et
l’anathymiase.
138. Plut. de Pyth. or. 49-51 (437 A – 438 D). – Explication en détail du
processus par lequel la Pythie, instrument du dieu, devient «inspirée». En tout cas pour
cette époque la Pythie doit demeurer «pure de toute union charnelle et complètement
isolée pendant toute sa vie de tout contact et de toute relation avec des étrangers» (438
C, trad. Flacelière).
139. Paus. 10, 5, 5-8. – Pythies mythiques du sanctuaire. La première a été
Daphnis (au service de Gê), une des nymphes de la montagne; le serviteur de Posidon
fut Pyrcon; pour Thémis on ne connaît pas de servante, tandis que la première Pythie
d’Apollon a été Phémonoé, qui fut «la première à chanter en hexamètres».
140. Orig. 7, 3, 25. – La Pythie prononce les oracles sur le stomion de la Castalie
(!) et reçoit le pneuma par le sexe.
141. Io. Chrys. in epist. ad Cor. 61, 242, 5. – La Pythie s’assoit sur le trépied, les
jambes ouvertes, et reçoit le pneuma maléfique () par son sexe: elle
tombe dans une transe bachique.
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142. FD III 1, 553, 7-9. – Inscription d’un personnage qui se proclame petit-fils
de la Pythie.
DOCUMENTS ICONOGRAPHIQUES:
143. (41, 63 = LIMC II Apollon 890) Cratère en calice, Apulie, f. r. Milan, Coll.
«H. A.» 239. – Vers 370 v, J.- C. - La Pythie soutient une clé.
144. (LIMC III Erinys 46 = VII Orestes 29). – Cratère en calice apulien, f. r.
Leningrad, Ermitage B 1743 (St. 349). – Trendall/Webster, Illustrations III 1.10 (46 et
fig.): P. de Konnakis; Séchan, études 95 fig. 30; Dyer nº 7 pl. 5, 7; Roux (1) fig. 42;
Kossantz, Dramen 105-106 (K 35) pl. 21, 1; Junge 14. 29. 63. 150 (K 44); Sarian 27-29
n. 8 fig. 4. – 360-350 av. J.-C. – Oreste et la Pythie avec cinq Erinys qui dorment par
terre.