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dernier ouvrage de 1000 pages qui sera examiné ici. Les
titres des différents tomes sont I. Conflits de la moder-
nité; II. L'Autre III. Jésus dans la théorie chrétienne.
Pourquoi s'intéresser à Georges Morel ? Georges MOREL
n'est pas un astre solitaire, mais il appartient à une constel-
lation où l'on retrouve des gens aussi divers entre eux que
HEIDEGGER, LEVINAS, DERRIDA, DELEUZE, ceux qu'on appelle
parfois les penseurs de la différence. Négativement, il s'agit
d'un rejet de la dialectique conçue comme logique de l'iden-
tité, d'une critique de la pensée conceptuelle comprise com-
me violence, de la «déconstruction » de la métaphysique
pour autant que celle-ci est une pensée du même. Cela veut
dire qu'avec ces penseurs, l'accent est mis sur l'altérité ou
la différence. Parti de la foi chrétienne, Georges MOREL
pose la question de Dieu dans ce climat, mais de telle sorte
que l'insistance sur l'altérité de Dieu en revient à rendre
impensable toute idée d'incarnation. Au nom même d'un
approfondissement de la relation au Dieu d'amour, Georges
MOREL est amené à rejeter l'essentiel de la christologie, à
savoir la divinité de Jésus!
1. L'HORIZON DE LA QUESTION
2. Un lourd héritage
Aujourd'hui discréditées, les preuves de l'existence de Dieu
ont joué un rôle important d'Anselme de CANTORBÉRY et sur- ?
3. La double vérité
Il est une autre équivoque qu'il convient de dénoncer, celle
qui conjoint philosophie et théologie. Le passage en revue
de quelques figures (Thomas d'AQUIN, DESCARTES, MARX,
BERDIAEFF, MERLEAU-PONTY, HEIDEGGER.) révèle à quel point
la philosophie demeure partielle et abstraite aux yeux du
théologien et combien la théologie tend à tourner en rond
aux yeux du philosophe. Cette tragique diplopie altère le
visage de l'Amour.
-
suscite quatre attitudes :
est toujours aussi neuve dans le monde d'aujourd'hui. Elle
1. L'indifférence. A la limite, c'est
la mort, le nihilisme. 2. L'anthropocentrisme. C'est l'attitude
la plus répandue, qui trouve ses dieux dans la sexualité,
l'économie et la politique. 3. L'agnosticisme. Une telle atti-
tude ne refuse pas la question de Dieu, mais la laisse en
suspens. 4. L'expérience affirmative. C'est la seule attitude
pleinement responsable.
2. L'Autre et l'homme
Parler de Dieu, ce n'est pas d'abord parler de lui en réfé-
rence à quelque chose d'autre. Cette vérité pourra paraître
cruelle à l'homme occidental. Le mot Dieu est singulièrement
piégé par l'usage qu'on en fait. Parlerons-nous d'Absolu
?
comme HEGEL Mais son emploi en est trop imprécis. Faut-
il se rabattre sur le mot Etre ? Mais comment éviter alors
les abstractions et les équivoques de l'ontologie ? Georges
MOREL propose de nommer Dieu l'Autre. « L'Autre est sim-
plement l'Autre, l'unique, sans que de ces termes aucun sen-
»
timent même de comparaison ait à surgir (II, 120). Dieu
est l'Autre, non pas l'Autre contre le même, mais l'Autre en
un sens absolu.
Pourtant, il ne suffit pas d'affirmer l'indépendance de Dieu
si en même temps on n'affirme pas l'indépendance de l'hom-
me. En effet, «seul un être indépendant peut reconnaître
»
l'indépendance de Dieu (II, 124), ou encore « seul un être
indépendant peut reconnaître l'Autre dans son indépendance »
(II, 125). Indépendance se dit en allemand Selbstiindigkeit,
qui renvoie à selbst, soi, à un sujet inaliénable, et à stehen,
se tenir debout. L'homme est un être debout. « L'homme est
en effet le seul animal à posséder la station verticale
129). Cf. l'œuvre de LFROI-GOURHAN.
» (II,
On pourrait en rester au stade où nous sommes. Tel fut
le cas d'une certaine forme de la pensée grecque. L'homme
est maintenant en face de l'Autre, dans la différence et la
distance. Les deux se tiennent dans un profond respect, qui
est déjà un rapport. L'homme scrute désormais «l'horizon
: »
de l'Inaliénable (II, 133). Cette attitude peut encore être la
dernière
Je me tiens donc debout encore, à l'écart et de côté et
dans la distance, mais non raidi. Le corps souple au contraire
et légèrement incliné vers Lui, qui se tient lui aussi là-bas,
du côté des lisières. Longtemps ainsi, très longtemps, et
peut-être toujours. Mes mains ouvertes ne cherchent pas à
prendre, mais je me penche en avant parfois, tandis que
:
l'un de mes pieds se dresse légèrement. Mon visage n'est pas
en fièvre, pas impassible non plus battement sous l'écorce,
frémissement des vagues, tremblement sous la tempe. Ainsi
demeuré-je, à la fois dans la réserve et l'attente, dans cette
de l'homme !
mobilité presque immobile. Honneur de l'Autre, et honneur
!
Comme paraissent dérisoires tant de pédante-
ries sur la nature nécessairement aliénante de l'Autre Mais
c'est parce qu'il n'est pas mon alter ego et que je ne suis pas
le sien que son ombre ne peut me faire ombrage (II, 139).
Il n'y a pas de rivalité entre indépendance et relation, car
l'indépendance permet la relation. L'indépendance étant réelle
de la part de Dieu et de la part de l'homme, la relation l'est
également. C'est une co-relation, qui est reconnaissance,
Anerkennen, c'est-à-dire une connaissance de l'intérieur, une
connaissance d'ordre éthique, un vis-à-vis «dans l'indémon-
»
trable innocence (II, 143). Entre Dieu et l'homme s'établit
une confiance qui est bien une communication. L'Autre ne
peut rompre cette communication, tandis que l'homme le
peut. «Il ne nous oublie pas, mais nous, nous pouvons
»
l'oublier (II, 149). Dans nos sociétés occidentales, «l'Autre
»
ne cesse guère d'apparaître comme l'Oublié (Ibid).
La liberté dont jouit Dieu s'épanouit en libéralité, en
générosité, en gratuité. La création naît du désir le plus
libre, elle est bien creatio ex nihilo. C'est dire encore que
la liberté humaine n'a pas de sens, qu'elle n'est rien d'autre
qu'elle-même. «Elle n'exige rien, elle ne demande rien, elle
»
n'est même pas obligatoire (II, 160). Angelus Silesius (1624-
1677) disait de la rose:
« La rose est sans pourquoi, elle fleurit parce qu'elle fleu-
rit,
Elle ne fait pas attention à elle-même et ne demande pas
»
si on la voit (cité en II, 161).
La rose n'a pas de sens, le monde n'a pas de sens, la vie
i n'a pas de sens, l'homme n'a pas de sens. Il n'y a pas à
chercher au fini un sens surajouté, le devenir nous est
essentiel, au-delà de l'être et de l'avoir.
:
«Là-bas le brasier rouge-sombre continuera de brûler en
silence dans l'épaisseur de la nuit il brûle depuis toujours,
»
sans jamais se consumer, de par sa libre nécessité (II, 199).
:
«Si paisible soit la découverte, elle ne peut pas ne pas
faire souffrir le corps et l'âme l'amour nouveau fait tou-
»
jours mal (II, 267)
Et le tragique de l'homme devant le tragique de l'Amour
réside dans l'incertitude de l'amour humain face au Dieu-
Amour. L'homme demeure blessé «de la blessure qui ne
»
s'envenime pas (II, 268).
On peut donc dire qu'il existe « une réelle réciprocité
d'amour entre l'Autre et l'homme » (II, 270). Seul l'amour
n'altère pas l'altérité (cf. II, 269). La relation entre Dieu et
l'homme devient échange, manifestation, révélation.
A ce niveau, on se demandera quel nom donner à cette
nouvelle démarche. Assurément pas celui de théologie parce
qu'il véhicule de dangereuses ambiguïtés, marqué qu'il est
par un anthropocentrisme quasi viscéral. Celui de philoso-
phie ? Oui, malgré ses équivoques. En fait, le véritable nom
de la démarche développée ici est «la théorie de la mise
en question à tendance intégrale » (II, 293). Intégralité ne
veut pas dire totalisation, mais seulement refus de s'en tenir
à des aspects partiels. C'est de cette globalité qu'il va main-
tenant être question.
6. Finitude et culpabilité
:
Dieu se donne à aimer à tous, mais dans ce don il reste
l'Autre
« Le dénuement du Visage ne veut pas dire (.) l'atténua-
tion du mystère, puisque le mystère est aussi ce dénuement
» (II, 294).
:
même
L'amour s'offre à chacun dans sa singularité. L'individu
est un sujet structuré selon trois dimensions le corps, la
théorie et la pratique. Le corps n'est pas une chose. Il
affecte mon être dans son intégralité, mais je ne suis pas
mon corps. La théorie indique à la fois la continuité et la
rupture entre la sensibilité et la pensée. Pratique et théorie
vont ensemble. La question de l'antériorité de l'une à l'autre
est une question fausse. Corps, théorie et pratique forment
un ensemble, le sujet structuré, l'individu, au sein duquel
aucun élément n'est réductible aux deux autres, bien qu'il
ne puisse jamais se passer des deux autres.
Le sujet ainsi structuré effectue sa quête du visage de
l'Amour dans le temps. La limite de notre temps, c'est la
mort. Mourir sera pour l'homme mourir sans pourquoi,
c'est-à-dire par amour (cf. II, 323). La mort n'est pas la
dernière étape, s'il est vrai que «l'Amour ne peut pas lais-
»
ser disparaître à jamais ceux qu'il aime (II, 327).
La question de ce qui est après la mort ne nous arrache
pas à la condition dans laquelle nous nous trouvons. Cette
condition est celle de la présence de l'Autre pour autant
qu'il s'offre à nous, de son absence surtout, «parce qu'entre
nous et lui existe l'abîme, infranchissable par lui comme
»
par nous (II, 330). A travers l'abîme passe la force d'amour,
mais le visage de l'Autre reste «visage d'Absent » (Ibid).
L'Autre nous demeure invisible, il est de l'autre côté de la
rive. Je ne sais à peu près rien de l'Autre :
« L'expérience est expérience de la non-expérience, connais-
»
sance de l'inconnaissable (II, 331).
L'Autre est un nom sans nom. L'Autre est anonyme, c'est
l'Etranger évoqué par SAINT-JOHN-PERSE :
«Etranger, dont la voile a si longtemps longé nos côtes
(et l'on entend parfois de nuit le Cri de tes poulies),
?
Nous diras-tu quel est ton mal (cité en II, 331).
Dieu est finalement le Voyageur qui passe dans la nuit :
«Il est du pays d'outre-mort et, quand il s'avance vers
nous, il demeure à l'extérieur, hors de nos frontières, au-
delà des rives de cette terre et des lignes de ce corps. Prince
obscur sous sa houppelande de mendiant, d'où rayonnent
des reflets de nuit, comme dans les tableaux de Rembrandt,
et ici, à l'intérieur de la maison aux ouvertures grandissan-
où il manque. Cette ombre peu à peu s'évanouit :
tes, nous apercevons son ombre, près de la table, à la place
il s'est
effacé pour nous, le voyageur dont le passage nous arrache
à notre sommeil et nous attire hors de l'enceinte, voyageurs
à notre tour, étrangers au sens du dépouillement, et de
passage aussi, mais non pas fugitifs, enracinés au contraire
par ce mouvement même, car nous savons alors que c'est
le monde entier qui se meut avec nous, sans bruit»(II,
332).
Si l'homme est revêtu de finitude, il l'est également de
culpabilité. L'homme peut se refuser à l'Amour. Le péché est
« »
ici manquement à l'Amour, faute devant sa face (II, 338).
Il convient de préciser. La faute ne réside pas dans les faux
pas eux-mêmes, sans lesquels il n'est pas d'apprentissage
d'amour, mais dans le refus des faux pas, dans le refus
d'apprendre à aimer. «La faute des fautes est de douter
»
de l'Autre dans nos fautes (II, 339). C'est dire que la faute
par excellence, c'est le mal radical, la perte de confiance en
l'amour, celui de l'Autre et le sien propre. C'est «le retour
de la faute sur elle-même » (II, 353). Si l'individu est faillible,
cela ne vient pas de ce qu'il a déjà péché, mais de son
essence temporelle. Dès l'origine, il y a mélange de oui et de
non. L'innocence n'a jamais existé.
7. Autrui
Ce n'est qu'à ce stade du développement que Georges MOREL
introduit la question d'autrui, c'est-à-dire bien tardivement.
Ce qui a été dit de la relation entre l'homme et Dieu est
applicable pour une bonne part aux relations entre hom-
mes. Nous devons d'abord affirmer l'indépendance de cha-
que être humain en face des autres. L'apprentissage de
l'amour sera ici aussi difficile que pour Dieu. Il suffit pour
s'en convaincre de relire ce passage de RILKE cité par Georges
MOREL :
«L'amour
: est difficile, l'amour qui lie un être humain à
un autre c'est là peut-être ce qui nous fut imposé de plus
difficile, la tâche suprême, l'épreuve finale, le travail dont
tout autre travail n'est qu'une préparation. C'est pourquoi
choses :
les jeunes gens ne peuvent aimer, eux, les débutants en toutes
:
ils doivent l'apprendre (.) Mais un apprentissage
est toujours une longue période close ainsi l'amour, pour
celui qui aime, demeure longtemps et jusque bien avant dans
la vie, une solitude, un être-seul plus intense et plus pro-
:
fond. Aimer, ce n'est rien tout d'abord de ce qui s'appelle
s'épanouir, s'abandonner et s'unir à un autre être que serait
en effet une union du confus et de l'inachevé — et dépendant
encore ? (cité en II, 354-355).
Le tragique de la condition humaine est qu' « une vie
s'achève avant qu'on ait tout juste commencé d'aimer, d'en-
trevoir qu'aimer n'est pas ce que l'on croit» (II, 331). Le,
face à face entre visages commence par une interrogation 1
patiente et démunie.
Devant autrui, je suis amené à reconnaître, comme pour
Dieu, un mystère à cause de « la faille irréductible entre le
»
visible et l'invisible (II, 358). Contrairement à ce que l'on
Là encore, voir l'autre exige un apprentissage :
croit spontanément, autrui ne m'est pas plus visible que Dieu.
visibilité passagère de son
« Voir l'autre, serait, par la
»
regard, reconnaître son invisibilité (II, 358).
Cette invisibilité d'autrui est « son chez-lui imprenable »
(Ibid). A ce propos, on rapporte que le Jeune HEGEL regar-
dant quelqu'un dans les yeux y perçut «un abîme insonda-
»
ble (Ibid.) :
« Le mystère d'autrui
:
n'est pas néant il est certes nuit,
mais nuit non d'abord terrifiante, nuit traversée d'éclairs
et baignée quelquefois d'un tendre éclat. Cette infinité n'est
pas une mer sans bordures. Elle n'est pas muette, mais elle
parle en silence, par les paroles qui s'effacent, par les vagues
qui refluent de ce côté, non pas en elles. Ainsi autrui nous
devient-il aussi étranger, étrange, absent que l'Autre. Quand
cet événement se produit, même très peu, quand advient la
reconnaissance mutuelle, chacun est renforcé à la fois dans
son être-soi et dans son ouverture » (II, 358-359).
Il importe de noter enfin que la valeur d'une existence
n'est pas mesurée par la reconnaissance historique qui en
est faite ou non, car «on peut aimer sans être aimé » (II,
359). Cela, il faut le souligner fortement contre la dialectique
de HEGEL, pour qui «la vie spirituelle exige la reconnais-
sance par autrui» (I, 361).
Au terme de l'itinéraire qui vient d'être décrit, Georges
MOREI. rappelle les conditions dans lesquelles se pose la
question de Dieu. Ces conditions restent déterminantes jus-
que dans la condition où l'homme se trouve en face de
l'Autre.
:
de ce qui vient d'être dit. Pour résumer, nous disons que
l'Amour a un visage, mais pas de figure « Seul l'amour, qui
est sans figure, peut faire éclater les figures» (III, 208).
L'Amour a un visage, il existe et va vers l'homme, tandis
que l'homme marche vers lui, mais Dieu est rejeté aux mar-
ges de notre histoire, de telle sorte que l'incarnation soit
impensable.
L'analyse de Georges MOREL se déroule en trois temps. Il
y a d'abord une revue de ce qu'il est possible d'affirmer du
Jésus historique sur la base des études exégétiques récentes.
La vraie difficulté apparaît ensuite, lorsque Georges MOREL
critique la théologie chrétienne. Dans un dernier temps, il
s'efforce de présenter ce qu'il retient de Jésus, après lui
avoir dénié toute divinité. Le second temps seul nous retien-
dra un instant, à savoir la « critique de l'essence du christia-
nisme» (ch. 2).
Jésus est vraiment homme. Si nous voulons affirmer cela
dans toute sa vérité, nous devons — selon Georges MOREL
— refuser ce qu'il appelle «l'idéologie de la naissance mira-
culeuse », à savoir le dogme de la naissance virginale. Plus
encore, nous devons refuser ce qu'il appelle «l'idéologie de
l'incarnation ». Jésus lui-même ne se serait jamais dit Dieu.
Les évangélistes ne l'affirment pas nettement. La genèse de
»
cette « illusion remonterait à l'Eglise primitive. Pour Geor-
de l'amour» :
ges MOREL, le dogme de l'incarnation est «un affadissement
(III, 104), et cela pour deux raisons
« En premier lieu, il lui faut toujours présupposer qu'avant
le judéo-christianisme Dieu ne se révélait — et ainsi n'ai-
mait — que de manière abstraite. Mais Dieu a tellement
aimé le monde qu'il n'a cessé de l'aimer à chaque instant,
pour chaque individu, de façon absolue et que cet amour,
dont l'essence est de se révéler, n'a jamais cessé de se révé-
ler intégralement, sans privilèges et sans acception de peuple
ou de personne (.) En second lieu, l'idéologie chrétienne
croit que, pour aimer l'autre, il faut devenir cet autre et
revêtir son identité (.) Que Dieu en fait ne puisse pas deve-
nir homme est l'éclatant confirmatur de ce qui est l'essence
de l'amour, le rapport dans la reconnaissance des différences
réelles, celles par quoi précisément l'un n'est jamais ontolo-
giquement l'autre. Désirer l'autre, c'est désirer que l'autre
soit vraiment tel, et se communiquer ce désir, sans chercher
»
à le faire disparaître dans la même entité (III, 104-105).
Ou encore :
«Ce ne sont pas les lois de la nature qui empêchent (.)
»
d'accepter cette incarnation, mais les « lois de l'amour, dont,
la première est le respect inaltérable de l'altérité»(III, 104).
Finalement, pour Georges MOREL, l'incarnation est « une
»
altération de l'amour (III, 125). Reconnaître la divinité de
Jésus, c'est pour lui aller «à l'encontre de l'amour »
(III,
120). Le dogme de l'incarnation est alors la forme la plus
haute du mythe archaïque de l'identiifcation. Conséquent
avec lui-même, Georges MOREL rejette également le dogme
de la rédemption, le mystère de l'Eglise et la réalité de
?
l'Eucharistie. Que reste-t-il alors de Jésus Jésus a prêché
la conversion du cœur qu débouche normalement sur un
comportement éthique. Il a enseigné la liberté de l'amour.
Sa vie reste exemplaire, peut-être unique.
CONCLUSION
ment respectable:
Le cheminement décrit par Georges MOREL est infini-
c'est le cheminement d'un foi qui est
authentique, même si elle ne parvient plus à confesser la
divinité de Jésus. C'est la recherche tâtonnante et coura-
geuse d'un homme affronté au mystère de Dieu. On ne saurait
mépriser une quête spirituelle aussi exigeante.
Nous sommes par là même, nous chrétiens, amenés à nous
interroger sur notre propre foi chrétienne. Car les questions
posées par Georges MOREL, du moins certaines, demeurent.
Ne parlons-nous pas trop facilement de Dieu ou de l'amour ?
La révélation de Dieu en Jésus a-t-elle vraiment aboli toute
?
transcendance et toute altérité divines Autrui est-il respecté
idans tout son mystère ?.
?
'aul POUPARD — La foi catholique, col. Que Sais-je n' 2050,
'aris P.U.F., 1982.
'aul POUPARD — Le Concile Vatican II, col. Que sais-je?
lO 2066, Paris P.U.F., 1983.
:
de Newman à propos de Vatican I) qui avait suivi Vatican 1
2 — Le second petit volume — Le Concile Vatican Il
— pr<
cède de la même préoccupation initier. L'auteur réduit a
minimum les indications historiques pour concentrer son attei
tion sur une brève et substantielle analyse des seize documents
4 constitutions ayant « valeur permanente », 9 décrets d'un
«portée pratique immédiate », 3 déclarations marquant « un
étape dans une prise de conscience» (p. 5-6).
La matière est distribuée en dix courts chapitres nerveux e
denses, écrits d'une plume alerte. Tour à tour sont considérée
des études relatives à l'Eglise, aux sources de la foi, à « la prièr
»
et la liturgie de l'Eglise, aux évêques, aux prêtres, aux religieu:
à l'éducation chrétienne (et à l'apostolat des laïcs), à l'activit
missionnaire, à l'œcuménisme, aux religions non chrétienne
(et aux non croyants) à « l'Eglise et le Monde », à la libert
religieuse. Mises à part peut-être les Il pages consacrées
l'Eglise (constitution Lumen gentium) qui présupposent quelqu
discrète préparation de la part du lecteur, l'ensemble du livr
donne au non initié l'essentiel de ce qu'il lui revient de connaîtr
pour apprécier l'ampleur des travaux d'une assemblée de plu
de 2500 Pères venus de 141 pays. Cette mise au point encourag
à poursuivre l'enquête par le recours aux textes et aux étude
plus approfondies signalés en une sommaire bibliographie (p. 123
Le livre refermé, trois réalités, déjà connues il est vrai, pei
vent, entre plusieurs autres, être confortées sur cette commi
nauté des chrétiens « entièrement solidaire du genre humai
»
et de son histoire (p. 90). Toutes les trois s'organisent autou
du thème fondamental proposé par le cardinal Montini à la fi
de la première session (11 octobre — 8 décembre 1962) : «prei
dre l'Eglise pour fil directeur, résume Paul Poupard, l'Eglis
ad intra et ad extra, l'Eglise en elle-même et pour le monde
(p. 7). Cette triple conclusion pourrait s'exprimer comme
:
suit
a) l'Eglise, peuple en marche avec Marie Mère de l'Eglise
Marie « image et. commencement de l'Eglise en sa consomm:
»
tion glorieuse (p. 17) ;
b) l'Eglise tout entière missionnaire (p. 71-74) ;
c) l'Eglise, centre de la fraternité universelle, dans ses rapporl
avec les autres religions chrétiennes, non chrétiennes et mêm
avec les non croyants (p. 81-88).
Les impératifs de l'édition ne permettaient pas à l'auteur
j'exposer les notables difficultés rencontrées par la mise en
oeuvre du concile en ce temps de mutation socio-culturelle des
10
:
dernières années. Il conclut, annonçant peut-être une étude
l venir «L'histoire dira peut-être de ces années tournantes,
ie 1962 à 1982, en ces deux décennies, à mi-chemin de l'ouverture
du concile et de l'aube du troisième millénaire, que le concile
Vatican II aura été comme l'un de ces barrages qui accumulent
une prodigieuse réserve d'énergie» (p. 121).
Mgr Yves MARCHASSON
Problèmes de morale fondamentale
Un éclairage biblique
;
exégétiques de P. Grelot, le niveau de la réflexion fondamentale
qu'il abordait déjà dans ses ouvrages des années 60 : Sens
chrétien de l'Ancien Testament La Bible, Parole de Dieu: Bible
et théologie. A la différence près cependant que cette dernière
publication ne se présente pas comme une synthèse, mais plutôt
comme un faisceau d'approches. Chacune gagne à être lue pour
elle-même, dans sa logique propre. Certains éléments, en effet,
apparaissent à plusieurs reprises, mais s'avèrent, dans chaque
contexte, nécessaires à la démonstration. Si l'on accepte cette
fragmentation de la lecture, on rejoint plus aisément le propos
de l'auteur, qui est d'offrir des matériaux, en laissant aux mora-
listes le soin de les construire en système (p. 8).
Un premier chapitre rappelle l'importance de l'Ancien Testa-
ment pour l'élaboration de la morale chrétienne. Même si, dans
aucun domaine, l'Ancien Testament ne nous offre une révélation
complète de Dieu, de ses desseins et de la réponse qu'il attend
du croyant, « il comporte déjà un contenu positif, où la morale
était très correctement située et possédait déjà pour une large
»
part sa forme définitive (p. 38).
Suit une Note, à vrai dire très substantielle (p. 39-65), sur
l'emploi, dans l'Ecriture, du mot physis et de ses dérivés. Ni
dans la Sagesse alexandrine, ni dans les textes pauliniens, physis
n'évoque une idée abstraite de la nature, encore moins celle de la
nature pure, mais bien plutôt « la condition existentielle que nous
recevons en venant au monde et une estimation de cette condi-
»
tion en fonction du dessein de Dieu (p. 49).
Une troisième étude, sur le fondement des normes morales
en théologie chrétienne, situe l'agir humain dans l'Economie du
salut, selon quatre moments théologiques : création, condition v
à la christologie et à l'anthropologie chrétienne :
pécheresse, acte rédempteur du Christ, nouvelle création. Ce
parcours biblique permet de relier fortement la théologie morale
l'idée de loi
ne trouve sa juste place que dans une morale de l'alliance que
le Christ a conduite à son accomplissement (p. 93) ; les intuitions
de la raison droite rejoignent bien un dessein objectif du Créa-
teur, mais la loi inscrite par le Créateur dans l'être de l'homme
»
puisque ce Créateur est intimior intimo meo ;
ne peut être pour autant présentée comme « extérieure à lui,
par ailleurs la
grâce du Christ rédempteur et la lumière de l'Esprit Saint peu-
vent seules assurer la parfaite rectitude de la raison (p. 97) ;
enfin il serait erroné d'opposer morale des commandements et
morale de l'amour, puisque les commandements eux-mêmes
changent de sens, à partir du moment où l'amour devient leur
principe d'intégration (p. 100).
P. Grelot s'attache ensuite à montrer que le Décalogue, pris
isolément, sans les compléments positifs apportés par les pro-
phètes et les sages, ne constitue pas un condensé adéquat de la
morale de l'Ancien Testament, et que l'interprétation trop juri-
dique de la Tôrah, fréquente chez les théologiens médiévaux,
tendait à ramener la morale des vertus à la morale de la loi.
préconise une exposition de la morale articulée sur deux pôles
la présentation positive de la sagesse de vie conforme au dessein
:
Le dernier chapitre, sur l'Eglise et l'enseignement de la morale,
Jean LÉVÊQUE
?:
Quiconque a eu le privilège de travailler avec Guy LAFON sait
son ambition de parler gratuitement de la grâce «
Pour le
christianisme, Dieu n'est-il pas un Dieu de grâce Pourquoi ce
caractère, par lequel on aime à définir sa nature, ne se marque-
rait-il pas dans le mode sous lequel on le confesse? »
Le Dieu commun, voici un livre qui «voudrait témoigner d'un
Avec
:
J.-M. ELA traduit fort heureusement ce qu'il retient de l'écoute
attentive qu'il prête à cet Esprit
— la communauté de base n'est pas qu'un mot d'ordre, mais
bien le lieu où se cherche une autre solidarité, une autre
;
catéchèse, une autre prière authentiquement chrétiennes et
africaines
:
— du sort que nous réservons à cette communauté découlera
notre avenir n'être qu'une copie conforme, ou risquer et
être nous-mêmes comme au temps de Paul et de Barnabé?
Ce livre de R. LUNEAU et J.-M. ELA est traversé par un grand
souffle d'espérance qui réveille du ronron des bonnes vieilles
moment :
habitudes qui sécurisent à trop bon compte. Quand on en tourne
la dernière page, on est saisi et l'on se rend à l'urgence du
:
il nous revient désormais de partir de la vie des com-
munautés pour une évangélisation plus profonde car là où
l'Eglise est présente, elle doit devenir partie prenante des com-
bats de l'homme et en assurer l'accompagnement spirituel, cul-
turel, voir technique.
Ainsi, comme le souligne le P. COSMAO : « En redevenant le
mouvement historique qu'il était avant de se figer en système,
le christianisme n'a pas fini d'étonner ceux qui, de l'extérieur,
en annonçaient le déclin, tout comme ceux qui s'y réfugiaient
comme dans une carapace ».
Achille MBALA KYÉ
Enraciner l'Évangile
Initiations Africaines et Pédagogie de la Foi
:
de ce bel ouvrage s'ouvre sur un horizon prometteur de recher-
che il met l'accent sur le sens de l'homme qu'inclut l'initiation
en pays Bobo et il éclaire nombre d'éléments de cette tradition
susceptible de renouveler aujourd'hui la pédagogie de la foi.
La lecture achevée, on ne peut que remercier A. TTTIANMA
:
SANON et René LUNEAU de nous avoir fourni les conditions d'une
réponse affirmative à la question liminaire « la foi en Jésus
?
Christ a-t-elle vraiment saisi le mystère de la culture africaine ».
Dans un premier temps, le P. LUNEAU retrace de main de
maître les grandes étapes de la missiologie des vingt dernières
années en « terres de mission» :
:
un développement endogène moyennant un changement de men r
talité de l'élite africaine qu'elle renonce à courir après des mo<
dèles importés et réapprenne à scruter les structures villageoise
traditionnelles pour découvrir en quoi et à quelles conditions
elles peuvent être utiles à un développement non plus de quell
ques privilégiés, mais de toutes les populations. En somme, iï
:
s'agirait
— De redonner vie aux traditions du palabre traditionnea
comme méthode d'analyse des problèmes et recherche en comn
mun des solutions les plus satisfaisantes pour tous ;
— De mettre en œuvre sur cette base une politique de dévelop-
;
pement agricole visant un accès aussi égal que possible de toutes
les familles aux nouveaux moyens de production
— D'adopter, comme instrument de mise en application de
cette politique, l'association villageoise qui organiserait la com-
mercialisation groupée des produits agricoles, et gérerait les
»
« excédents de cette opération en vue d'un budget villageois
d'investissement.
Guy BELLONCLE a d'abord fait du terrain avant de produire ce
parcours théorique. Ce qu'en fin de compte il propose, c'est de
revenir au point de départ, pour la vérification qui s'impose.
Achille MBALA KYÉ
Jésus-Christ dans la tradition de l'Église
»
considéré dans sa totalité (32). Elles reviennent massivement
à l'Ecriture et à ses enracinements. Le bénéfice de l'opération
est considérable. Mais elle comporte la tentation d'un retour à
une nouvelle forme de scriptura sola (40), avec ses exclusives
et ses ambiguïtés. Surtout, cette attitude, poussée à la limite,
« devient une
infidélité à l'Ecriture, elle-même fruit d'une tra-
dition, et dont le "canon" n'a de valeur qu'au regard d'une
:
communauté ecclésiale» (40). L'auteur en vient alors à l'affir-
mation décisive « Le fait de la tradition appartient de manière
originaire à l'événement Jésus. Celui-ci ne nous est accessible
que dans et par une tradition » (44). Celle-ci précède (Ancien
Testament), accompagne (tradition des Apôtres) et suit (tradition
ecclésiale) l'événement Jésus. Elle en porte jusqu'à nous la mé-
moire vivante. C'est à elle que se rattachent et par elle que
prennent sens les grands conciles et leurs formules dogmatiques.
:
paradoxal (118). Ce concile représente un nouveau «c'est-à-dire»,
relayé par plusieurs autres qui seront étudiés tour à tour Chal-
cédoine, Constantinople II, Constantinople III. Ce dernier, «con-
cile »
de bibliothécaires et d'archivistes (173), se révèle à nous
non seulement comme la reprise de tout le dogme christologique
antérieur (173), mais aussi comme un nouvel éclairage sur l'hu-
manisation du Verbe «assumant » la condition humaine «qui
est» d'avoir à se réaliser dans un devenir historique et d'avoir
à jouer son destin dans un avenir inconnu » (177).
L'intérêt du livre du P. SESBOUÉ ne s'arrête cependant pas à
»
cette brillante présentation de la «théologie des conciles. Sans
mélanger les domaines, il poursuit encore deux autres objectifs :
dialoguer constamment avec les meilleurs représentants de la
christologie contemporaine, même les plus critiques à l'égard
: ;
de la tradition conciliaire (G. MOREL est pris très au sérieux et
;
plusieurs fois cité 38, 123-124 148, 165, 272, n. 3) dégager à
chaque fois la signification théologique de ces définitions pour
les chrétiens d'aujourd'hui. Les questions discutées sont nom-
breuses, et d'abord l'accusation portée contre les conciles d'avoir
»
« hellénisé
la forme et le fond :
la foi primitive (41). L'auteur distingue à ce propos
«L'hellénisation du langage est la contre-
partie d'une déshellénisation de la foi» (118; 100-102; 148). Ne
pouvant évoquer toutes les questions, je me contenterai de si-
gnaler deux séries de considérations, de portée générale.
«
L'auteur expose tout d'abord une véritable herméneutique
conciliaire », en s'interrogeant sur la nature et la fonction de la
formule dogmatique dans le discours de foi. « L'acte d'un conci-
le, dit-il, est de porter un décret, c'est-à-dire une sentence d'in-
terprétation de la foi et du texte fondateur qu'est l'Ecriture.
Ce décret (.) fait autorité comme acte de jurisprudence. C'est
un document régulateur qui ne vient pas s'ajouter sur le même
plan au texte fondateur, mais qui l'interprète et l'actualise dans
une situation donnée. » (146). La formule dogmatique doit donc
être comprise comme une conclusion interprétative qui renvoie
à autre chose qu'elle-même. Il faut chaque fois déterminer le
»
«créneau de pertinence qui est le sien (129, 141, 158). Surtout,
on ne doit jamais la transformer en « majeure absolue de rai-
sonnement» (146; cf. 41, 319).
Dans ces conditions, un grand nombre d'objections faites par
exemple à Chalcédoine tombent tout naturellement, pour la
simple raison qu'elles visent «davantage l'usage fait de la défi-
nition que la définition elle-même »(146). La limite originelle
de la définition (ici, son rapport insuffisant à l'histoire) s'est
»
trouvée « amplifiée bien au-delà de son intention (147). Il était
normal qu'une réaction se manifeste.
Certaines objections portent cependant sur le cœur même de
la formulation dogmatique, parce que celle-ci s'oppose alors
directement aux catégories de la raison philosophique (124).
Athanase déjà disait que les Ariens sont « persuadés que ce
»
qu'ils ne peuvent pas concevoir, ne peut pas être (124). Notre
auteur rappelle alors que les conciles utilisent un langage dont
la particularité est justement de remettre en cause les évidences
de la raison humaine, parce qu'il porte sur un «au-delà de toute
»
opposition simple (106, 124.), celle précisément que font jouer
certaines philosophies. Ainsi, parler de «deux natures », ce n'est
pas les additionner, mais utiliser un « subterfuge numérique »
pour maintenir l'altérité entre Dieu et l'homme (158). Dieu est
le tout Autre, et c'est pourquoi il est capable d'assumer avec la
créature un rapport d'identité personnelle qui respecte son alté-
rité (124). L'opposition «au-delà de toute opposition simple»
n'explique pas le mystère, mais le signale seulement. Elle est le
chiffre d'une certaine transcendance.
+
»*
Raymond BRODEUR
:
IDENTITE CULTURELLE ET IDENTITE RELIGIEUSE
ETUDE D'UN CAS LE PETIT CATECHISME DU DIOCESE DE
QUEBEC (1815)
: :
Soutenance le 18 décembre
Mention Très Bien
1982
Jury
;
M. MESLIN, président; MM. J.-M. MAYEUR et B. PLONGERON,
rapporteurs
:
M. J. AVOINET, lecteur.
Nombre de pages dactylographiées ;
VOL. I, 330 p. VOL. II,
p. 333-512 (notes et bibliographie).
».
religieuse
:
D'emblée, cette thèse attire l'attention par sa démarche origi-
nale déjà signifiée par le titre «identité culturelle et identité
C'est-à-dire que l'auteur ne se propose pas tant
l'histoire d'un catéchisme suivie d'une analyse théologique de
son contenu, selon un modèle désormais classique, que les condi-
tions socio-politiques et culturelles de la «production »
catéchisme, un terme clef qui va orienter la démonstration de
d'un
la thèse.
Un autre terme qu'affectionne R. BRODKIR et qu'il explicite
dans son exposé de soutenance, c'est celui d' « adaptation ». En
effet, cet enseignant à l'Université Laval de Québec rappelle
qu'il est parti d'une pratique catéchétique devant être adaptée
à des enfants handicapés. Son séjour à Paris était d'abord des-
tiné à approfondir d'une manière universitaire cette « adapta-
tion » pratiquée sur le terrain. Dans l'élaboration de sa thèse,
il retrouve cette idée d'adaptation, puisque ce premier catéchis-
me publié par Mgr Plessis, évêque du Bas-Canada (Québec) de
1806 à 1825, procède de la volonté expresse de s'adapter à la
réalité socio-religieuse de ce Québec surgi, dans sa configuration
actuelle, des conflits franco-anglo-américains qui bouleversent
l'Amérique du Nord entre 1760 et 1820. Somme toute, il pourrait
sembler que ce catéchisme, édité en 1815, pour instruire les « tout
» »
petits », les gens les plus «grossiers et les «idiots ou les «in-
telligences lourdes », comme le dit l'évêque lui-même, est le
produit d'un homme, symbole de la génération de la Nouvelle
France, et de sa stratégie pastorale « adaptée
d'un Québec encore à la recherche de son identité.
» aux conditions
La fortune de R. BRODEUR aura été la découverte, en France
et au Québec, d'importants documents — notamment 60 dossiers
enfouis dans les archives de l'archevêché de Québec — permet-
»
tant de retracer la genèse historique de ce a petit catéchisme,
le rôle des acteurs — principalement les Sulpiciens — qui amen-
dent la version proposée par l'évêque, les enjeux de polémiques
parfois durcies autour d'une version finale issue de six couches
coup double :
rédactionnelles. En en retraçant l'archéologie, R. BRODEUR fait
d'une part, il établit l'histoire définitive de ce
catéchisme de 1815, jusqu'ici connu dans son édition de 1816;
d'autre part, dans une très longue annexe, il montre la part qui
»
revient à chacun des « producteurs et laisse pressentir l'impor-
tance culturelle d'un texte qui va former des générations de Qué-
bécois pendant tout le XIXe siècle.
:
Dès lors, l'auteur pouvait traiter d'une idée neuve dans l'his-
»
toire de la catéchèse qui (réellement) « produit un catéchisme
» (terme qui méritera une sérieuse discussion) et pour-
quoi?
« nouveau
Encore fallait-il pour comprendre la question et la résou-
dre, commencer par celle qui la préforme en quelque sorte :
qu'est-ce que le Québec et son acculturation catholique au début
du XIXe siècle?
Tel est l'objet de la première partie de cette thèse : «Québec
(1795-1815). Aux aléas du temps ». Avec un grand sens pédagogi-
que, R. BRODEUR expose en cinq chapitres les cinq «temps»
d'une crise (1). Celle de convulsions complexes qui conduisent,
dans une mutation brutale et difficilement consentie, le Canada
deux provinces :
d'une terre de chrétienté française européenne à une adminis-
;
tration britannique qui, par le bill de 1791, divise la colonie en
celle du Haut-Canada (10000 habitants, l'On-
tario, anglophile et anglophone) celle du Bas-Canada (Québec,
180000 habitants, francophone). Et ce Bas-Canada doit faire une
cun. Il n'en reste pas moins que nous tenons là un bel exemple
d'un document fonctionnant comme une production culturelle.
En tant que président, M. MESLIN partage assez bien les louan-
ges et les critiques déjà distribuées. Il insiste sur le caractère
agréable d'une lecture, sur les sources bien charpentées, mais il
souligne l'exagération des jugements tirés par le candidat des
textes cités et du « discours
» » produit. Il eût aimé, à côté de
la « nouveauté du catéchisme Québécois de 1815, que R. BRODEUR
l'insère dans la filiation des catéchismes antérieurs d'origine an-
glaise et d'origine française. C'est à mettre en lumière cette tra-
dition ecclésiale, qui est la fonction première d'un catéchisme,
qu'on apprécierait le mieux le degré et la nature d'une « adap-
tation» opérée par Mgr Plessis, ses arguments contre les Sulpi-
ciens conservateurs, et donc en quoi, finalement, le catéchisme
est et demeure un document d'autorité.
Compte tenu des réponses pertinentes de R. BRODEUR, de la
perfectibilité aisée de ce travail intelligent et solide, après déli-
bération, le Jury proclame R. BRODEUR, docteur, avec la mention
« Très Bien ».
Bernard PLONGERON
Doctorat en Science Théologique de 3e Cycle
et en Science des Religions
François-Dominique BŒSPFLLG
:
Mention
Jury
:
Soutenance le 15 avril 1983
Très Bien
M. M. MESLIN, président et rapporteur (Paris-Sorbonne) ;
R.P. I.-H. DALMAIS, rapporteur (ICP) Mgr P.
:
; EYT et M. A. CHASTEL,
lecteurs.
Nombre de pages dactylographiées
190 p.
VOL. I, 296 p. ; VOL. II,
Dans les perspectives très larges évoquées par le premier titre,
'objet propre de la thèse est clairement donné par le sous-titre.
[1 s'agit de l'étude historique et des motivations doctrinales
d'une longue lettre du Pape Benoît XIV à l'évêque d'Augsbourg,
Joseph de Hesse-Darmstadt, insérée par son auteur dans le pre-
mier volume du Bullaire qu'il promulgue en 1746. L'occasion,
sinon le motif,en était une question posée par ledit évêque sur
la licéité de certaines dévotions favorisées et répandues par une
moniale Franciscaine du couvent de Kaufbeuren en Souabe, et
notamment d'images représentant le Saint-Esprit sous la forme
d'un « beau jeune homme ».
F.-D. Bœspflug s'est ainsi trouvé conduit à débrouiller l'échc.
veau fort complexe d'une affaire dont l'héroïne, béatifiée par
Léon XIII et dont le procès de canonisation est en cours, a sus-
cité en Allemagne et en Autriche de nombreuses publications
alors que son nom même est presque inconnu en France. Cette
étude historique constitue la première partie de la thèse (p. 21
136). La seconde partie (p. 140-284) présente un commentaire doc
»
trinal et disciplinaire de «Sollicitudini Nostrae (S.N.) dont Ic
texte et la traduction française sont donnés au début du seconc
volume (p. 298-330). Un bref Epilogue (p. 285-295 bis) dégage quel
ques perspectives sur les problématiques théologiques et esthé
tiques de la représentation de Dieu en notre temps. L'auteur i
eu soin d'éclairer son étude par d'assez nombreuses reproduc
tions illustrant les traits des principaux protagonistes de l'Affaire
Crescence et surtout les types les plus caractéristiques des re
présentations de la Trinité. Une Bibliographie méthodique judi
cieusement choisie, une table des lieux théologiques allégués dans
S.N., des index des auteurs anciens et modernes, surtout une
abondante annotation richement documentée, font de cette thèse
un instrument de travail des plus utiles en un domaine encore
très insuffisamment déblayé.
La soutenance donna occasion d'aborder, trop brièvement, quel
ques-uns au moins des thèmes qui s'interpénétrent dans un tra
vail dont le jury fut unanime à reconnaître la richesse et la va-
leur. Après en avoir esquissé quelques-uns, au fil de la lecture
M. MESLIN s'arrêta plus spécialement sur la première partie et
les questions que soulèvent la nature et l'origine de phénomènes
mystiques tels que les apparitions et l'expression littéraire ou
plastique qui en est donnée. Il aborda aussi la question des cou-
rants spirituels qui ont pu influencer Crescence, perspective qui
devait être reprise et développée par Mgr Eyt. Celui-ci attira
l'attention sur l'influence possible de la spiritualité ignatienne,
qui fait une large place à la considération sensible des scènes
bibliques et évangéliques. Les questions posées par I.-H. Dalmais
donnèrent occasion au candidat de préciser le statut et lè carac-
tère tant doctrinal que disciplinaire qu'il reconnaît à S.N., docu-
ment qui par son ampleur, l'étendue de sa documentation et la
netteté de ses déterminations, constitue — à côté du grand traité
« De Canonisatione» — l'une des pièces maîtresses des
contribu-
tions apportées par Benoît XIV à l'œuvre doctrinale et discipli-
naire du Concile de Trente. La discussion permit de prolongen
quelque peu les perspectives ouvertes par la remarquable inter
vention d'A. Chastel sur les problèmes théologiques des repré-
:
sentations trinitaires. Prenant départ de la claire affirmatior
doctrinale « On ne peut représenter de
Dieu que ce qu'il a lui
même manifesté et ce dont témoignent les Ecritures », l'éminem
spécialiste de l'iconographie de la Renaissance et de l'Age clas<
sique s'interrogea sur l'attitude pragmatique adoptée par Be
noît XIV concédant la licéité ou du moins la tolérance de figut
rations que le Magistère catholique n'avait pas formellemen
répudiées mais maintenant l'interdiction de toute innovationn
i
La discussion souligna les interférences avec le contexte de::
controverses entre catholiques et protestants qui se laissent dis-
cerner dès les débuts de l'« Affaire Crescence ».
Le temps imparti pour la soutenance s'avérait trop bref pour
pousser autant qu'on l'eût pu souhaiter l'approfondissement de
ces problèmes multiples et complexes. En félicitant le nouveau
Docteur pour ce premier travail, le Président du jury fit sien le
désir unanime qu'après avoir été mis au point il pût donner ma-
tière à publication et surtout qu'il constitue l'amorce d'une re-
cherche qui s'annonce prometteuse.
I.-H. DALMAIS
Doctorat en Science Théologique
de 3e Cycle avec spécialisation
en Sciences bibliques
: :
Soutenance le 23 mars 1983
Mention Bien
Jury
:
E. COTEHENT, C. PERROT, D. OLIVIER
Nombre de pages dactylographiées VOL. I, VIII + 288, VOL.
(Annexes et Notes, Bibliographie), 86 p.
II
;
tre justement comment Luther a compris le développement de
Rom. dans la situation du chrétien aux prises avec le péché
post-baptismal telle était déjà l'interprétation de S. Augustin
dans sa lutte contre Pélage. Tout en développant l'idée que la
Justice de Dieu est une Puissance, Kasemann reste fidèle à cette
ligne d'interprétation. L'étude topographique des emplois de;
dikaiesunétheou chez Paul doit montrer au contraire que celle-ci i
intervient quand il s'agit de délimiter les frontières entre chré-
tiens et non-chrétiens. Le problème envisagé est celui du trans".
fert d'un domaine à l'autre, de la conversion, et non de la per-
sévérance du chrétien.
La démonstration se poursuit en plusieurs temps. Etude des
formules et du style, le chap. 2 montre la différence de style
et de préoccupations entre Rom 1-3 et d'autres passages où Paul
parle de la justice de Dieu. Le ton abstrait, général, de Rom 1-3
;
montre qu'il s'agit d'un exposé centré sur la conduite de Dieu
dans l'histoire rien de personnel, à la différence d'autres pas-
sages auto-biographiques ou polémiques (par ex. Gai., Ph 3). C'est
la cause de Dieu, non l'expérience de Paul qui est en jeu.
Le chap. 3 concerne la structure de Rom 1-3. A la différence
de la plupart des exégètes qui arrêtent en 1, 32 le développement
relatif aux Gentils et voient en 2, 1 une apostrophe aux Juifs,
N. Bonneau estime que les Juifs ne sont directement pris à par-
tie que de 2 ,12 à 29. La preuve en est que seulement en ce pas-
sage intervient le vocabulaire de la loi, de l'hamartia, de la para-
basis. D'ordre littéraire, cette constatation prend toute sa force
si l'on remarque qu'à plusieurs reprises Rom propose une «pé-
»
riodicisation de l'histoire du salut, envisageant la situation
d'Adam au paradis, la période d'Adam à Moïse, puis de Moïse
au Christ, enfin la période ouverte par le Christ. En Rom 3, 1
Paul considère à nouveau l'humanité en son ensemble comme
enfermée sous la domination du Péché, avant que n'arrive la
révélation de la Justice de Dieu (3, 21-31).
Pour étayer cette conception, l'auteur entreprend au chap. 4
une étude fouillée de l'interprétation de Gen 1-19 dans le judaïs-
me et passe en revue textes intertestamentaires et textes rabbi-
niques. L'importance donnée aux lois noachiques (Gn 9, 1-7),
valables pour toute l'humanité, explique que Paul puisse parler
d'une loi inscrite dans le cœur des Gentils (Rom 2, 15). Dans le
judaïsme on assiste à une « ontologisation » de la Torah, qui
contribue à une séparation radicale entre fils d'Israël et Gentils.
En réaction, Paul établit une distinction entre « les œuvres de
la Loi », à savoir la circoncision et tout ce qui en découle, et
l'œuvre de la Loi (noter le singulier en Rom 2, 15) qui concerne
l'aspect éthique, valable pour tous les hommes. Tel est l'objet
du chap. 5.
Brève, la conclusion résume les acquisitions de chacun des
chapitres de la thèse et rappelle l'importance de ce problème
des «frontières» entre Juifs et Gentils pour comprendre com-
ment l'intervention de la Justice de Dieu est axée sur la forma-
tion d'un nouveau peuple où il n'y aura plus ni Juif ni Grec,
mais où tous seront un dans le Christ Jésus.
Le jury a félicité l'auteur pour le sérieux de sa recherche
dont témoignent abondamment les notes très denses du vol. II,
et pour la clarté des exposés. Il s'agit vraiment d'une thèse, au
sens où un auteur présente un point de vue neuf sur une ques-
tion et l'étaye sérieusement. L'analyse présentée ci-dessus suffit
à le montrer. Le titre donné convient-il parfaitement au sujet?
«Juifs et Gentils selon Rom 1-3» expliciterait mieux le sujet
Fallait-il partir de l'interprétation de Luther et de Kâsemann
? »
pour introduire le sujet Ce chapitre sur le «contexte actuçl
:
semblerait mieux placé en fin de thèse. L'étude topographique
comporte une omission celle des emplois de « justice de Dieu»
dans le reste de Rom. Cette recherche aurait confirmé que le
thème de la justification chez Paul est bien lié au processus
de transfert et non à celui de la persévérance (maintenance).
»
Plutôt que de «périodicisation de l'histoire du salut, il convien-
drait de parler de « mise en perspective historique de l'écono-
»
mie du salut et, dans l'étude sur l'interprétation juive de la
Genèse, l'importance de la notion d'Alliance n'a pas été assez
soulignée. Les critiques les plus graves ont porté sur l'absence
de réflexion proprement théologique sur le texte de Rom 3, 21-31
où précisément Paul manifeste l'intervention de la Justice de
Dieu en Christ et le rôle de la foi dans toute l'économie du salut.
Les critiques portées contre l'interprétation de Luther semblent
porter à faux, car elles visent plusl'« orthodoxie luthérienne»
que la pensée de Luther lui-même.
Tenant compte des qualités d'une recherche originale et de
la pertinence des réponses, le Jury a été heureux de décerner
la mention Bien et a invité N. Bonneau à publier des extraits
de sa thèse sous forme d'articles en attendant de pouvoir re-
prendre le tout sous forme définitive.
E. COTHENET
Manifestations universitaires
— car il y en
encore récemment
a vingt
:
les vingt sites proposés jusqu'ici pour la localisation d'Alésia,
et non pas douze, comme on croyait
la recherche a été faite par le frère du
conférencier, M. Jacques WARTELLE. Puis il en vint à annon-
cer que celui qu'il considérait comme le seul possible, au
vu des arguments les plus rigoureux, était un vingt-et-unième,
; :
de Salins, hélas impossible à défendre, pour des raisons
topographiques évidentes on battit en retraite en se décla-
rant convaincu le conférencier précisa qu'il s'agissait moins
de se laisser convaincre que de savoir sur quels arguments.
Personne en cette soirée n'a soutenu la cause d'Alice-Sainte-
Reine. Il est vrai que depuis vingt ans, publications et expo-
sés se sont succédés pour défendre l'hypothèse d'André
BERTHIER. Doit-on s'inquiéter du silence des opposants et
des refus systématiques d'autorisation de fouilles ?
Mgr Yves MARCHASSON.
Célébrations et événements
:
dez pas qu'une soirée musicale soit la récompense de votre
labeur ce serait
:
un peu léger. Paradoxalement, cette soirée
est en partie votre œuvre c'est qu'il ne fallait pas à l'ori-
gine ou en cours de route vous en révéler la finalité. Vous
intervenez personnellement au pupitre de direction non pas
pour vous célébrer vous-même. mais ainsi jusqu'au bout
vous aurez conduit avec la ténacité que nous vous connais-
sons ce labeur qui a si pleinement rempli ces décades.
Les choses vont vite. Les personnes aussi. Il y a trente-
trois ans, nous nous préparions tous les deux à une collabo-
ration dont nous ne pensions pas qu'elle irait jusqu'en 1983.
M. LE GUENNANT — dont je me plais à rappeler le souvenir
ce soir avec ferveur — alors directeur de l'Institut grégorien
de Paris, nous avait appelés tous les deux. Sans entrer dans
les détails, je rappellerai quelques étapes d'une histoire
vécue ensemble.
En 1943 je suis moi-même étudiant à l'Institut grégorien.
Vous-même vous vous y inscriviez quelques années plus tard.
En 1950, débordé par l'extension remarquable de l'Institut
au plan national et international, M. LE GUENNANT, réclamant
de l'aide, m'obtient de mon évêque de Saint-Brieuc. A la
même époque, Mme WARD, créatrice de la pédagogie musi-
cale qui porte son nom, pédagogie qui connaissait aussi une
expansion extraordinaire dans le monde, demandait à
M. LE GUENNANT de lui désigner une personne compétente
susceptible d'assumer en France l'organisation et la gestion
de cette pédagogie. M. LE GUENNANT vous désigne. Après une
année aux U.S.A. vous prenez la direction de la section WARD
à l'intérieur de l'Institut grégorien. Le développement de
cette section prend une telle taille, le réseau de cet ensei-
gnement s'étend à ce point sur toute la France, déborde les
frontières jusqu'en Espagne, au Portugal, en Belgique, en
Suisse, au Liban. que s'impose la création d'un Institut
WARD à gestion autonome mais qui demeure en connexion
étroite avec l'Institut grégorien, abrité pour les cours dans
les mêmes locaux, rue d'Assas.
;
1950-1957 : période extraordinaire, il faut le dire les innom-
brables bénéficiaires et les artisans de ce travail se souvien-
nent : ce sont les toutes premières sessions de pédagogie
musicale en France, ce point doit être relevé. Les sessions
;
se multiplient sur toute la période des vacances d'été, un
véritable pullulement en France et au-delà les Centres de
;
Musique sacrée collaborent activement, les professeurs se
:
forment qui deviennent des multiplicateurs partout des
journées liturgiques rassemblent des milliers d'enfants for-
més à la méthode WARD Lyon, Saint-Etienne, Lourdes,
Lisieux, Châlons-sur-Marne, Reims, Le Mont Saint-Michel,
:
Besançon, Paris, Chartres enfin, en 1967, avec plus de 8000
enfants présidée par Mgr POUPARD, recteur de l'Institut Ca-
tholique, une inoubliable célébration, mais qui fut, hélas, la
dernière. Je dois taire ici les circonstances douloureuses —
et je n'ajoute pas d'autre qualificatif — qui ruinèrent d'un
coup tout ce labeur.
Là encore, Mlle HERTZ, je vous ai vue faire face à l'épreuve
avec une énergie et un esprit de foi dont je pourrais témoi-
gner, ayant été mêlé intimement à ce combat sans succès
pour la vérité.
Une réorganisation s'imposait afin de poursuivre au moins
partiellement ce travail irremplaçable. Entre temps, l'Insti-
tut grégorien, sur l'initiative de M. LE GUENNANT était devenu
Institut supérieur de musique sacrée pour manifester son
ouverture aux requêtes nouvelles provoquées par le Concile.
Le Pape Paul VI lui-même, dans la basilique Saint-Pierre,
à l'occasion d'un pèlerinage des chorales que nous avions
organisé, rendit témoignage à cette démarche d'accueil et
d'ouverture.
En 1967 également, les évêques de la Commission épisco-
pale de liturgie souhaitaient une adaptation plus précise
:
encore aux requêtes de la liturgie postconciliaire. M. LE GUEN-
NANT âgé, laisse la direction je prends le relais. Nous deve-
nons Institut de musique liturgique. De nouvelles structures
sont mises en place avec le département de musicologie
liturgique, le département d'études musicales, enfin le dépar-
tement de pédagogie musicale dont Mgr HAUPTMANN vous
confiait la direction. Les encouragements et la confiance du
Recteur ne vous avaient jamais fait défaut. Avec une équipe
de collaborateurs, dont l'amitié égalait la compétence, tout
se remet en route. Interviennent quelques modifications que
les circonstances diverses imposaient, et nous voici en 1983.
Que cette histoire que je survole trop rapidement ait été
sans chaos comme une barcarolle sur une mer d'huile, évi-
demment non. Il y eut l'épreuve, humainement insensée
à laquelle j'ai fait allusion, la ruine d'une œuvre magni-
fique. Plus tard ensemble nous avons compris qu'elle avait
un contenu providentiel. Le Concile lui aussi avait agité la
barque, et rudement. Nous pouvions nous demander, n'est-ce
pas, comment certains auraient accueilli l'orage et les ajus-
tements indispensables, jugés trop contrariants, mais récla-
més par un exact service d'église. Ensemble nous avons
continué le travail dans des conditions nouvelles
l'essentiel.
: c'est
ses éducateurs :
anecdote qu'un de ses biographes attribue à son enfance
cassinienne, lorsque le petit Thomas demande à l'un de
«
?
Qu'est-ce que Dieu Quid sit Deus? (4)
On ne nous dit pas ce qui lui a été répondu.
»
ces paroles:
La première lecture de cette eucharistie commençait par
«
J'ai prié, et l'intelligence m'a été donnée».
On fait cette lecture-là pour la fête de Saint Thomas depuis
qu'il a été canonisé. Et la raison en est que ce qui a le
plus frappé ceux qui ont connu Thomas dans les dernières
années de sa vie a été la place de la prière à l'intérieur
même de son travail théologique. Non seulement ce théo-
logien était, comme il va de soi, un fidèle croyant, mais la
prière était chez lui intérieure à un travail pourtant d'une
technicité sans concession. Elle lui était habituel recours
dans des questions intellectuellement insolubles au premier
abord. Non comme paresse de l'intellect, mais comme entrée
de l'intelligence dans les mystères, là où elle ne peut accé-
ALBIN MICHEL
DOUMERC (René) Dialogues avec Lanza Del Vasto non-violence,
:
Bible et communautés. — 246 p. ; in-12. — (Spiritualités vi-
:
vantes).
SMEDT (Marc de) : Techniques de méditation.
(Spiritualités vivantes).
— 284 p. in-12. — ;
EISENBERG (Josy), GROSS (Benno) : Un Messie nommé Joseph:
A Bible ouverte V. — 422 p. ; in-12. — (Présences du judaïsme)
BAUMIER
ARMAND COLIN
(Jean), BRIGOULEIX (Bernard), LASSERRE
Allemands sans miracle. — 287 p. ; in-8.
(René) : Les
BALLAND
La Liberté de l'esprit : Droit de suite. — 125 p. ; in-8°.
LE CENTURION
CAPIEU
: (Henri), GREINER (Albert), NICOLAS (Albert) : Tous invi-
tés. la Cène du Seigneur célébrée dans les Eglises de la
Réforme. — 157 p. ; in-8°.
FRANÇOIS DE SALES (Saint) : Tous doivent prier. — 135 p. ; in-8". —
(Fontaine vivante).
IRÉNÉE DE LYON (Saint) : La symphonie du salut. — 111 p. ; in-8°.
— (Fontaine vivante).
WINLING (Raymond) : La Théologie contemporaine 1945-1980. :
LE CERF
(Jean) Le Mariage vu par les moines au XIIe siècle.
:
LECLERCQ :
— 162 p. in-8°.
JOSSUA (Jean-Pierre)
SEROURT (Pierre) :
;
Prière. — 109 p. in-12.
Le Rêve et l'espérance. — 102 p. ; in-12. -
(Epiphanie).
EPSZTEIN (Léon) : La Justice sociale dans le Proche-Orient an-
cien et le peuple de la Bible. — 272 p.
POUCHOL (Marlyse), SEVERS (Michèle) : Travail domestique et
pouvoir masculin. — 107 p. ; in-12. — (Objectifs).
CONGAR (Yves) Martin Luther, sa foi, sa réforme
:
:
études de
théologie historiques. — 150 p. ; in-8°. — (Cogitatio Fidei).
FITZMYER (Joseph) : Vingt questions sur Jésus-Christ. — 126 p.
in-12. — (Dossiers libres).
;
;
TOULAT (Jean) : Combattants de la non-violence :
BARRAL-BARON (Noël) : Renouveau de la confirmation. — 141 p.
in-12. — (Dossiers libres).
de Lanza del
Vasto au général de Bollardière. — 220 p. ; in-12. — (Ren-
contres; 30).
CASEL (Odon) : Le Mystère du culte dans le Christianisme. —
331 p. ; in-12. — (Traditions chrétiennes).
?
ACTION DES CHRÉTIENS POUR L'ABOLITION DE LA TORTURE Peut-on :
libres).
:
éduquer aux droits de l'homme
Mort et Résurrection
(Dossiers libres).
?
— 190 p. ; in-12. — (Dossiers
courrier de la vie. -
111 p. ; in-12. —
;
:
Dieu qui es-tu courrier de la vie. — 105 p. ; in-12. — (Dossiers
libres).
CENTRE THOMAS MORE La Peine, quel avenir
disciplinaire de la peine judiciaire.
cherches morales 7).
-
?
: approche pluri-
157 p. ; in-8°. (Re- -
DELHEZ (Charles) : Au jardin de Dieu.
phanie).
- ;
132 p. in-12. (Epi- -
CONGAR (Yves)
(Foi Vivante).
141 p. ; in-12.
RIDOUART (André)
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— (Lire la Bible).
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Corps et le corps du Christ dans la première épître aux Corin-
thiens. — 300 p. ; in-12. — (Lectio divina).
CHALENDAR (Xavier de) : Responsabilités ecclésiales pour laïcs.
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DUBOIS (Yvonne)
ne savoyarde. -
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LE CERF
La Vallée des cyclamens :
cahiers d'une paysan-
215 p. ; in-12. — (Pour quoi je vis).
CITE DU VATICAN
PONTIFICUM CONSILIUM PRO LAICIS : Rencontre «
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laïcs ».
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COUVENT SAINT-GILDARD
tienne de Nevers
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L'Expérience mystique de Marcelline Pauper, religieuse de la
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Etude critique de ses écrits.
DERVY-LIVRES
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RIVIÈRE (Jean M) A l'ombre des monastères tibétains.
— 213 p. ;
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AUFFRET (Sévernie)
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Des couteaux contre des femmes
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IV : la liturgie et -le
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de droit et des institutions de l'Eglise en Occident T XVII :
le droit et les institutions de l'Eglise catholique latine de la
fin du XVIII0 siècle à 1978 : organismes collégiaux et moyens
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Un siècle d'échecs sco-
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Entretiens avec François Lanzenberg. — 190 p. in-8".
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LA TOUR DU PIN(Patrice de)
de l'homme devant Dieu. -
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BURNIER-GENTON
in-8°. — (Essais bibliques 5).;
(Jean) : Ezéchiel fils d'homme. — 103 p. ;
Justice en dialogue. — 173 p. ; in-8°.
YANNARAS (Christos : La Liberté de la morale. — 252 p. ; in-8°.
— (Perspective orthodoxe).
LUTHER (Martin) :Œuvres : tome XI : commentaires de l'épître
aux Romains.
P. LETHIELLEUX
JEAN-PAUL II : Maximilien Kolbe patron de notre siècle difficile.
— 157 p. ; in-8'.
Henri de Lubac
(Le Sycomore).
:
BALTHASAR (Hans Urs von), CHANTRAINE (Georges) : Le Cardinal
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SPEYR (Adrienne von)
303 p. ; in-8°. — (Le
: Jean
Sycomore).
le discours d'adieu 1 II. -
LIBRAIRIE ACADEMIQUE PERRIN
DIESBACH (Ghislain de) : Madame de Staël. — 585 p. : ill. ;
in-8°
MAME
LAGARDE
67 p. ; (Claude et Jacqueline)
in-8".
:
Ezéchiel : pardon du ciel. -
DANET
DEBRUYNNE (Jean)
in-8°.
Eucharistie
:
:
(Henriette) : La Confession et son histoire. — 64 p. ;
in-8". — (Première bibliothèque de connaissances religieuses).
merci. Dieu, merci — 180 p. ! ;
NOUVELLE CITE
L'Imitation de Jésus-Christ. — Nouvelle traduction de P. Guilbert.
284 p. ; in-12.
PAYOT
DIEL (Paul), SOLOTAREFF (Jeanine) Le Symbolisme dans l'Evan-
gile de Jean. — 247 p. ; in-12. -
:
(Petite Bibliothèque Payot).
SALVATOR
GONDAI.
in-8°
MELCHIOR
(Marie-Louise)
;
:
Comme un goût de lumière. —
(Philippe) : Proclamer Dieu avec les mains
brer avec les enfants T.3 — 156 p. ; in-12.
célé-
: : 140 p. ;
S.O.S.
BARBIER (Jean) : Joseph Folliet : 1903-1972. — 166 p. ; in-8".
RENARD (Cardinal Alexandre) : Paradoxes de l'Evangile et vita-
lité de l'Eglise. — 143 p. ;
in-8°.
TALLANDIER
BOURASSIN (Emmanuel) : Philippe le Bon :le grand lion des
Flandres. — 403 p. ; in-8°. — (Figures de proue).
:
LEMONNIER (Henry) :Henri II, la lutte contre la Maison d'Au-
triche 1519-1559 — 401 p. ; in-8°.
— (Monumenta historiae).
SIVERY (Gérard) : Saint Louis et son siècle.
— 672 p. ; in-8°.
(Figures de proue).
TEQUI
Jean-Paul II en Espagne (31 octobre - 9 novembre) : intégralité
des discours. — 348 p. ; in-12.
THÉOPHANE VENARD (Bienheureux) : Lettres.
— (Les Ecrits des Saints).
BELLAING (Guy de) : Vivre Dieu
de tous. — 77 p. ; in-8°.
: — 190 p. ; in-12.
l'intimité divine à la portée
LOYER (Pierre) : Dieu est là !
méditation sur sa Présence. —
— 277 p.
QUONIAM
communs :; in-8°.
(Théodore) : Promenade au patrimoine des lieux
une leçon de choses. — 144 p. ; in-12.
CROUAN (Denis) : Symboles et mystère de la messe.
in-12. — (Mystère de notre monde).
— 80 p. ;
HERVELIN-MICHAUT (Mino) : Aurélie la petite désordonnée.
-
11 p. ; in-12.
— (Collection Patapon : La ronde des enfants).
MICHEL-MARIE ; Saint Joseph, père virginal du Fils de Dieu
et quelques-unes des conséquences de ce titre de gloire.
:-
l'Eglise:
138 p. ; in-12.
La Réconciliation et la pénitence dans la mission de
traduction non officielle du Document de
Synode des Evêques de 1983. — 78 p. ; in-8°.
FLOUCAT (Yves) : Pour une philosophie chrétienne :
travail pour le
éléments
d'un débat fondamental. — 225 p. ; in-8°. — (Croire et savoirl,.
:
PAUL VI, JEAN-PAUL II : Jésus-Christ mort et ressuscité pour notre
salut recueil d'allocutions et d'écrits de Paul VI et de
Jean-Paul II présenté par l'abbé PAUL.
POUZIN (Henri) : Le Latin pour quoi faire? — 76 p. ; in-12.
SCHRIJVERS (JOS.) C. SS. R. : La bonne volonté. — 159 p. ; in-12.
NANTEUIL (Général Hugues de) : Les Ténèbres du Vendredi Saint.
— 37 p. ; in-12.
LECLERCQ (Dom Jean) : La Femme et les femmes dans l'ceuvre
— 102 p. ; in-12.
San Damiano : histoire et documents
mière. — 379 p. ; in-8°
:
ANDRÉ-VINCENT (Ph.-I.) : Marie Madeleine dans le mystère pascal.
Ukraine
(15 F)
:
Colloque Vladimir Solovlev (mars 1979) (20 F)
Témoignage d'oecuménisme oriental (décembre 1979)
-
Travaux des enseignants 1977-1980 (40 F)
Robert d'Harcourt - Teilhard de Chardin (décembre 1981)
(50 F)
Sauf indication contraire, chaque numéro : 10 F.
SOMMAIRE
.,..,.
1. ETUDES
Il. MELANGES
83
III. COMPTES RENDUS
biblique.
— La foi catholique, Le Concile Vatican
Problèmes de morale fondamentale — Un
commun.
Il 101
Foi
—
éclairage 104
— Le Dieu
— Voici le temps des héritiers 107
109
- et Pédagogie de
L'Afrique des villages
— Enraciner l'Evangile — Initiations Africaines
la
noire
— La question paysanne en Afrique
111
114
116
— Jésus-Christ dans la tradition de l'Eglise. 118
IV. CHRONIQUE
1 Soutenance de thèses : de
— Doctorat en Science Théologique
3ecycle(R.BRODEUR) 125
— Doctorat en Science Théologique du
3e cycle et en Sciences des Religions (F.-D.
BOESPFLUG) 129
— Doctorat en Science Théologique du
3e cycle avec spécialisation en Sciences
bibliques (N. BONNEAU) 132
2. Manifestations universitaires :
Peuples
— Foi et Solidarité
— Conférence sur
des
Alésia
:
135
136
3. Célébrations et événements
— Autour
Homélie
de
de
Mlle
la
O. HERTZ
Saint-Thomas d'Aquin, par le
138
—
4. In
V. LIVRES
memoriam
REÇUS
P. GY 142
145
147