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J’ai eu l’opportunité de lire de nouveau le dernier et célèbre livre de Frantz FANON publié
quelques jours avant sa mort aux Éditions Maspero en 1961, « Les Damnés de la Terre », et c’était
une redécouverte qui m’a ouvert les yeux sur beaucoup de choses qui expliquent de façon claire la
situation dans laquelle nous sommes empêtrés depuis l’indépendance. J’invite les vrais intellectuels
africains et surtout les Barundi qui voudraient comprendre et changer positivement pour leur pays et
l’Afrique, de découvrir ou redécouvrir Frantz FANON, car rien de ce qu’il dit n’a perdu de sa
perspicacité et de sa pertinence. Ce que j’ai découvert de plus, c’est la préface de Jean Paul
SARTRE à laquelle j’avoue n’avoir pas accordé d’importance à l’époque de ma première lecture à
l’Université. C’est un trésor bien caché pour comprendre les rapports actuels des peuples africains
avec leurs anciens et actuels maîtres. Je recommande donc la lecture de la Préface de J.-P. Sartre et
le chapitre 3 de ce livre. Tous les pièges dont je vais vous parler sont aussi bien développés dans ce
chapitre 3 intitulé : Les Mésaventures de la Conscience nationale. Et ceci démontre que depuis
1961, nous les Africains n’avons pas compris ce qui nous maintient dans ce cercle vicieux de la
mauvaise gouvernance. Il est temps d’en reprendre conscience, de se défaire de ces pièges, de
rebâtir nos pays et l’Afrique sur des bases plus saines.
Ceux, Burundais comme étrangers, qui veulent réduire la crise burundaise actuelle à juste un
problème d’un Président avide de pouvoir, à une crise ethnico-politique, à juste une lutte entre
d’autres prétendants au pouvoir, rendent, parfois sciemment, un très mauvais service au peuple
Murundi dans son ensemble. C’est réduire à néant la lutte grandiose de nos Héros RWAGASORE
et NDADAYE pour l’Indépendance, l’Unité et la Démocratie. C’est réduire à néant les efforts de
tant de hautes personnalités pour aboutir à un Accord historique pour la Paix et la Réconciliation au
Burundi et la Constitution qui en est sortie. C’est réduire à néant l’unité si exemplaire de tous ceux
qui, dès le mois de Mai 2015, jeunes, vieux, femmes, paysans, citadins, toutes les couches sociales
sans distinction, se sont levés pour exprimer leur soif de plus de libertés, de démocraties, leur rejet
de la dictature et de la loi de la force.
Le peuple Murundi, avec l’Accord d’Arusha était arrivé à un niveau de démocratie, de liberté
exemplaire en Afrique et qui augurait de lendemains meilleurs, politiquement, socialement et
économiquement. Mais, la classe politique et les pêcheurs en eaux troubles ont privé à notre peuple
de continuer sa bonne trajectoire en le ramenant dans les pièges dans lesquels il se débat depuis son
indépendance politique. Connaitre, être conscient de ces pièges, et faire tout pour s’en sortir
devraient être les objectifs principaux de tout Murundi, jeune ou vieux, homme ou femme,
conscient et responsable vis-à-vis de son peuple.
Par ces analyses que je soumets à votre lecture, je voudrais apporter ma modeste contribution à
l’édification de cette prise de conscience salutaire, à la connaissance de ces pièges et des écueils
psychologiques que tant d’années de manipulation nocive, d’endoctrinement divisionnistes ont mis
dans la tête des Barundi. Une nouvelle classe politique, une nouvelle génération politique doit voir
le jour pour sortir notre chère Nation de ces errances sur des chemins tortueux, accidentés,
dangereux pour la mettre sur un chemin salvateur orienté vers l’intérêt du peuple Murundi dans son
ensemble sans exclusive.
« L’humiliation du continent africain ne réside pas dans la violence à laquelle l’Occident nous a
habitués. Elle réside également dans notre refus de comprendre ce qui nous arrive. » disait
Aminata TRAORE.
PIÈGES MAJEURS DE LA DÉMOCRATISATION ET DE LA RÉCONCILIATION