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1
Ce sont des crédits immobiliers à taux d’intérêt variable et de niveau élevé accordés par les banques à des
ménages qui disposent en majorité de faibles revenus.
2
François J., Jamet., Lirzin F., « l’Europe à l’épreuve de la récession », Problèmes économiques, N° 2969,
avril 2009, p.3.
propagée dans les pays développés, puis touché les pays émergents, et dans une troisième
vague, atteint les pays en développement.
Les conséquences de la crise sont plus importantes sur la dynamique des échanges
extérieurs, notamment sur le commerce extérieur et les Investissements Directs Etrangers
(IDE).
Selon l’ancien ministre des finances F Oulalou3, la crise financière est le produit
d'une "adhésion aveugle" à l'idéologie libérale qui refusait tout contrôle et toute
régulation, a-t-il estimé, ajoutant que la politique économique américaine a été bâtie au
cours des dernières années sur une « stratégie d’endettement abusifs » pour soutenir la
croissance.
Durant les trois dernières décennies, cette stratégie "qui croyait aveuglément en
l'autorégulation" a été à l'origine de la création de multiples produits financiers qui
accompagnaient l'endettement des particuliers et des entreprises, avec les crédits
hypothécaires accordés aux familles et garantis par des hypothèques immobilières dont la
valeur a augmenté de façon démesurée, ce qui a conduit au surendettement de leurs
détenteurs.
3
Conférence au profit du club diplomatique marocain, sur le thème “ la crise financière et les transformations
en perspectives”
Section I : l’économie mondiale sous pression de la crise des subprimes
Durant ces trois dernières années, le monde a connu une période de crise qui a eu
des répercussions immédiates sur les marchés de l’économie mondiale freinée en cette
période par les retombées de la crise immobilière et financière aux Etats-Unis et la
flambée des cours du pétrole sur fond de dollar faible ayant marqué l’année 20074.
Après ces fortes perturbations, engendrées par cette crise en 2008 au niveau
international, l’année 2009 s’annonçait comme l’année du redressement et de la reprise.
Un découplage entre la dynamique des économies développées et celles des économies
émergentes a été signalé à la faveur des perspectives plus positives de croissance pour ces
dernières5.
Bien que la crise ait été déclenchée par des événements qui se sont produits sur le
marché immobilier aux Etats-Unis d’Amérique, elle constitue un sérieux revers pour
l’économie mondiale, et qui s’est développée en trois phases: d’une crise de crédit
hypothécaire (subprime), localisée durant l’été 2007, la finance mondiale a basculé dans
une crise systémique profonde, entraînant le monde dans la pire récession des 60
dernières années.
Plusieurs chercheurs ont montré que les crises avaient une genèse et une
généalogie (Clair 1995, Pauchant et Mitroff 1992, Schwartz 1987, Schrivastava 1987), ils
en concluent que les crises ne sont pas le fruit du hasard mais la manifestation ultime
d’une longue période de gestation. Les crises seraient alors le résultat d’un processus
cumulatif et continu de dysfonctionnements organisationnels6.
Au lendemain de la crise des valeurs technologiques et des attentats du 11
septembre 2001, les Etats-Unis sont entrés dans une phase d’expansion monétaire et
budgétaire sans précédent dans le but de relancer l’investissement et de stimuler la
consommation. L’attractivité financière accrue des marchés américains a permis de capter
l’épargne mondiale, notamment en provenance des pays asiatiques et des pays du Golfe,
en quête de recyclage de leurs excédents commerciaux, contribuant, ainsi, à financer sans
4
Rapport annuel sur les industries de transformation 2008, Ministère d’industrie et de commerce, p.5
5
Rapport d’activité 2009, Direction des études et des prévisions financières, Mot du directeur p.1
6
Roux-Dufort C., « La gestion de crise : un enjeu stratégique pour les organisations », De Boeck, Paris,
2000, p.19
difficulté le dérapage continu du déficit du compte courant américain. Par le biais de la
forte dynamique des importations américaines, les échanges mondiaux se sont accélérés,
profitant au monde entier et, en particulier, aux pays émergents à forte croissance. Dans
un contexte de faible aversion au risque, le secteur financier des pays avancés,
déréglementé, décloisonné et régi par de nouvelles normes comptables, privilégiant la
valeur de marché, a favorisé l’essor du crédit, y compris en faveur des segments de
clientèle à faible capacité de remboursement.
De plus, la hausse des prix de l’immobilier, dans un contexte de baisse continue
des taux, a encouragé le refinancement des prêts hypothécaires et le maintien de la
dynamique de la consommation des ménages.
La dilution du risque a été rendue possible par des innovations financières et le
développement de nouveaux produits plus complexes (titres subprime, assurance de risque
de crédit CDS...), en s’appuyant sur des véhicules financiers peu réglementés, tels que les
hedge-funds et les paradis fiscaux7.
Très généralement, l’histoire des grandes spéculations et des crises financières qui
en dérivent montre qu’elles sont la conséquence d’innovations affectant soit la finance
elle-même, soit l’économie réelle à travers les innovations de produits comme de
processus. Dans la période contemporaine, la libéralisation financière a joué ce rôle en
contraignant les banques à des stratégies risquées et surtout en diffusant à des économies
au système financier fragile des innovations qui supposaient un fort degré de contrôle et
de surveillance de la part des autorités publiques. Ainsi s’explique le contraste entre la
surprenante résilience des économies d’ancienne tradition financière et la multiplication
des crises dans les économies les plus fragiles. On est également frappé par le fait que
l’ampleur des déséquilibres réels suscités par l’emballement spéculatif de la nouvelle
économie ait débouché sur un repli certes important mais ordonné des cours boursiers8.
Impact sur
Fonction
La croissance Les crises
1. Transfert de Favorise l’investissement en Rend possible la création de
richesse dans le éliminant l’irréversibilité des droits en excès de la richesse
temps choix. future.
Accentue le risque, en raison de
2. Gestion des Permet des investissements
la mauvaise évaluation liée à la
risques grâce à la séparation
division du travail entre acteurs
financement/risque.
financiers.
3. Mise en Alloue mieux le capital. Favorise l’émergence de bulles
7
Institut Royal des Etudes stratégiques, « Le Maroc face à la crise financière et économique mondiale :
enjeux et orientations des politiques publiques », Mai 2009, Annexe 2 p.52
8
Boyer-Dehove-Plihon, « Le rapport sur les crises financières », Conseil d’Analyse Économique, p.398
www.cae.gouv.fr
commun des et la mauvaise allocation du
richesses capital en raison de la liquidité.
4. Création et
Soutien le mimétisme, aussi
dissémination de Socialise les vues sur l’avenir.
rationnel soit-il.
l’information
Constitue la chambre de
5. Organisation Un système bancaire efficace résonance des désordres
des paiements favorise la croissance. financiers du cœur des crises
systémiques.
Source : d’après Rajan et Zingales (2003)9
9
Boyer L., « Une crise tant attendue leçons d’histoire pour économistes », Prisme N°13 2008 p.13
10
Op.cit, p.21
Source : Boyer Luc11
Le plus important, tant pour le crédit bancaire que sur les marchés financiers, tient
au caractère procyclique de la prise de risque : les agents ont tendance à prendre d’autant
plus de risques que la conjoncture est bonne. Un second facteur propage d’un marché à
l’autre les déséquilibres apparus sur l’un d’entre eux : c’est la facilité d’accès au crédit
qui affecte l’allocation de la quasi-totalité des actifs, et explique la contagion d’un marché
à l’autre à travers un mécanisme de type accélérateur financier. Étant donné
l’interdépendance accrue des marchés financiers, les emballements spéculatifs se diffusent
d’un pays à l’autre, alors qu’ils peuvent être fort distants l’un de l’autre mais reliés par
l’arbitrage des agents financiers. Enfin, les évidences historiques et empiriques suggèrent
que les emballements spéculatifs sont aggravés par les phénomènes de mimétisme, de
perte de mémoire des précédents épisodes de crise ou encore d’excessive confiance en ses
propres choix par rapport aux autres acteurs du marché, sans oublier l’aveuglement au
désastre qui marque la fin des périodes spéculatives12.
En somme, la situation de crise se caractérise d’une part, par un bouleversement
tangible des activités dont on peut mesurer l’impact, et d’autre part, par un
bouleversement de l’identité organisationnelle qui force les acteurs à questionner les
fondements de leurs actions et de leur légitimité13.
Figure N°2 :
Les trois dimensions de la nouveauté des crises financières
11
Ibid. p.32
12
Le rapport sur les crises financières, BOYER-DEHOVE-PLIHON Conseil d’Analyse Économique www.cae.gouv.fr
p.397
13
Pauchant , Mitroff 1992 p.12
Source : BOYER-DEHOVE-PLIHON14
Chaque crise apparaît spécifique car elle s’inscrit dans un contexte différent et
combine de diverses manières un certain nombre de mécanismes généraux. À l’origine de
la plupart des épisodes de fragilité financière, se trouve un emballement du crédit qui
déclenche un mécanisme d’accélérateur financier qui se propage à différents marchés,
boursiers, immobiliers, des changes. Cette fragilité se convertit en une crise ouverte avec
une probabilité d’autant plus forte qu’entrent en résonance ces différents marchés
d’actifs15.
Comme le remarquent Mishkin et White (2002), quelle que soit l’origine de la crise
– déclin des fondamentaux ou explosion d’une bulle spéculative – une réduction
importante et/ou durable de la valeur des actifs boursiers exerce une influence certaine
14
Le rapport sur les crises financières, BOYER-DEHOVE-PLIHON Conseil d’Analyse Économique www.cae.gouv.frt,
p.116
15
Op.cit, p.11
sur l’activité économique. Le choc peut être transmis à la consommation par le canal des
effets de richesse (Boone et al., 1998 et Ludvigson et Steindel, 1999), à l’investissement
par le q de Tobin et le canal du crédit (Bernanke et Gertler, 1989 et Kyotaki et Moore,
1997) et n’est pas sans conséquence pour la stabilité financière (Mishkin et White, 2002).
Enfin, l’évolution du marché boursier affecte plus généralement la confiance des ménages
et des entrepreneurs (Caroll et al., 1994 et Poterba, 2000)16.
Le bouleversement du marché immobilier américain a conduit, dans un contexte
de durcissement de la politique monétaire de la Réserve Fédérale (FED), à une hausse
régulière des taux de défaut sur les prêts hypothécaires (subprime en particulier) qui, en
provoquant des incidents de paiement non prévus, a mis en difficulté de nombreux fonds et
banques.
Face à la multiplication d’annonces de pertes et à l’opacité sur la situation réelle
des états financiers des banques, une crise de confiance s’est installée, progressivement,
sur le marché interbancaire alors qu’augmentaient les besoins des banques en liquidités
pour renflouer les fonds propres.
Par le biais des mécanismes de titrisation des prêts hypothécaires et leur transfert
à d’autres acteurs financiers, en dehors des Etats-Unis, l’éclatement de la bulle
hypothécaire a retenti sur l’ensemble des marchés financiers, contribuant par effet de
domino à mettre en péril la solvabilité du système bancaire des pays développés17.
Figure N° 3 :
Chronique d’une crise annoncée : l’épisode des subprimes
16
Op.cit, p.376
17
Institut Royal des Etudes stratégiques, « Le Maroc face à la crise financière et économique mondiale :
enjeux et orientations des politiques publiques », Mai 2009, p.52-53.
Source : Boyer L18.
Source : Datastream20
La crise de confiance entre les acteurs des marchés financiers et ses conséquences
en termes de montée de l’aversion au risque ont conduit à un blocage du crédit
18
Boyer L., « Une crise tant attendue leçons d’histoire pour économistes », Prisme N°13 2008 p.47.
19
Op.cit
20
Bank AL-MAGHRIB « LE MAROC FACE A LA CRISE ET A L’APRES-CRISE », M. Abdellatif JOUAHRI, novembre
2009, p.7.
interbancaire, au resserrement et au renchérissement du crédit aux ménages et aux
entreprises, d’une part et à la diminution de la valeur des actifs immobiliers et financier,
d’autre part.
Cette crise économique se caractérise par une sévère chute de la demande privée,
à la fois de la consommation et de l’investissement. L’intégration croissante des marchés
financiers et le développement du commerce international ont eu par le passé un effet
multiplicateur, qui a permis l’accroissement mondial de l’activité économique. Or ce
mécanisme fonctionne dorénavant à rebours, et la chute de la demande se diffuse à travers
le monde, renforçant le caractère négatif du cycle économique mondial21.
Selon les dernières prévisions du FMI d’avril 2009, l’évolution du PIB mondial
devrait nettement fléchir en 2009 pour s’établir à -1,3% avant de rebondir à 1,9% en
2010. Ces chiffres sont en rupture par rapport à l’expansion enregistrée au cours de la
période 2004-2007 où la production mondiale affichait des rythmes de progression
proches de 5%.
Graphe N°2
Evolution du PIB mondiale
et du commerce mondiale
Source: FMI
L’ampleur de la récession dans les pays développés est très manifeste compte tenu
du fléchissement de la demande intérieure et de l’effondrement des exportations. Le PIB
des Etats-Unis se contracterait de 2,8% en 2009 tandis que celui de la zone euro se
replierait de 4,2%.
Les pays émergents ont été, dans leur majorité, à l’abri de la crise financière, en
raison de leur intégration limitée au système financier mondial. Ils n’ont, toutefois, pas été
épargnés par une propagation, même tardive de la crise mondiale via la forte contraction
du commerce mondial de biens et services et du ralentissement des flux des capitaux
21
Dervis K., « la crise économique mondiale: enjeux et réformes », dossier I la crise : analyses et enjeux,
2009, p.13
privés. Ces pays afficheraient une nette décélération de leur rythme de croissance qui
passerait de près de 8%, en moyenne, entre 2003 et 2007 à 1,6% en 2009.
Le cas de la Chine est très révélateur, à ce titre. Ce pays, dont la croissance
s’établissait à deux chiffres sur les dernières années, verrait, pour la première fois, son
PIB emprunter un rythme de progression de 6,5% en 2009 et de 7,5% en 2010. Il en est de
même pour l’Inde dont la croissance se situerait autour de 4,5% en 2009 et de 5,6% en
2010.
Le continent africain est plus vulnérable que la plupart des autres régions, en
raison de son niveau de pauvreté et de sa dépendance à l’égard des exportations des
produits de base. La progression de son PIB ressortirait à 2% et 3,9%, respectivement en
2009 et 2010, soit des rythmes insuffisants pour évoluer vers la voie de la réalisation des
Objectifs du Développement du Millénaire, au moment où on devrait s’attendre à un
relâchement du soutien financier de la communauté internationale au profit de l’Afrique.
La montée des incertitudes et le durcissement des conditions de crédit à la
consommation ont fortement affecté l’activité économique, conduisant à d’importantes
suppressions d’emplois dans des secteurs comme l’automobile, l’industrie mécanique et
électrique, le textile, le tourisme, l’informatique et l’électronique ainsi que les
télécommunications et le transport aérien.
Selon l’Institut International d’Etudes Sociales du BIT, la crise économique
mondiale a occasionné une augmentation du nombre de chômeurs de 14 millions en 2008.
A l’échelle mondiale, l’accélération des pertes d’emplois dans plusieurs secteurs,
conjuguée au nombre croissant des nouveaux arrivants sur le marché du travail (90
millions de nouveaux postes en 2009 et 2010) pourrait non seulement aggraver le déficit
actuel, mais conduire à une récession sur le plan social, avec d’importants risques sur la
stabilité d’ensemble. Une telle situation est d’autant préoccupante que la reprise du
marché du travail est décalée de quelques années par rapport au déclenchement de la
reprise économique.
De plus, les plans de relance menés par la plupart des pays penchent, largement,
en faveur du sauvetage des banques et des réductions d’impôts plutôt que la création
d’emplois et la protection sociale. Les plans de relance budgétaire pour l’économie réelle
sont, en moyenne, cinq fois plus faibles que les plans de sauvetage financier (BIT, 2009)22.
En bref, l’ensemble des caractéristiques de la crise, à la fois macroéconomiques et
micro-économiques, assises sur une chute de la demande privée, une perte de repères
quant aux indications des systèmes de prix, et une dimension globale née d’une intégration
économique mondiale de plus en plus profonde, appellent des réponses politiques fortes et
coordonnées23 .
Tableau N°2 : Dimensions et effets de la crise
22
Institut Royal des Etudes stratégiques, « Le Maroc face à la crise financière et économique mondiale :
enjeux et orientations des politiques publiques », Mai 2009, P.53-55.
Secteur institutionnel
Dimension de la
Sté non
crise Sté financière ménages Admin.public
financière
Moins-values sur Perte de Perte de Augmentation des taux de
les actifs, risque de patrimoines patrimoines transfert aux
liquidité, de financiers, moins- financiers, moins- établissements financiers,
solvabilité, values sur les biens values sur les biens accroissement de la dette
réduction de la immobiliers non immobiliers non public, renforcement de
Effets financiers titrisation, révision résidentiels, résidentiels, la présence
à la baisse de révision à la baisse resserrement du capitalistique de l’Etat
notations en de notations en crédit dans les établissements
matière de crédit. matière de crédit, financiers,
resserrement du assouplissement de la
crédit politique monétaire
Pertes des Pertes des Pertes d’emplois, Augmentation des
revenues, baisse de revenues, baisse de pertes des revenus, dépenses publiques
la demande et des la demande et des perte de confiance, affectées aux opérations
bénéfices, attaques bénéfices, recul de baisse de la de renflouement, aides
contre certaines l’investissement, consommation, aux sociétés non
monnaies et pertes augmentation des diminution des financières et aux
Effets
associées stocks, diminution envois de fonds, ménages, attaques contre
économiques
du commerce attaques contre certaines monnaies et
extérieur, attaques certaines monnaies pertes associées
contre certaines et moins-values sur
monnaies et certains actifs.
moins-values sur
certains actifs.
23
Dervis K., « la crise économique mondiale: enjeux et réformes », dossier I la crise : analyses et enjeux,
2009, p.5
Multiplication des Accentuation de la Accroissement des
faillites, recul de pauvreté, perte de transferts sociaux.
l’innovation et de capital humain
l’investissement, spécifique aux
Effets sociaux
régression de entreprises, plus
l’entreprenariat grande vulnérabilité
Graphe N° 3:
Evolution du PIB dans le monde (GA en %)26
24
FMI, « rapport sur la stabilité financière dans le monde : actualité des marchés », juillet 2010, p.1.
25
HCP, « point de conjoncture », institut national d’analyse de la conjoncture, N°17, octobre 2009, p.5.
26
HCP, « Note de Conjoncture » institut national d’analyse de la conjoncture, N°16, Juillet 2010, p.9.
Source : Banque mondiale juin 2010
Comme la reprise s’est affermie, les risques pesant sur la stabilité financière
mondiale se sont amoindris, mais la stabilité n’est pas encore assurée. Nous avons réduit
nos estimations des pertes de valeur subies par les systèmes bancaires des pays les plus
éprouvés par la crise jusqu’à 2010 inclus à 2,3 billions de dollars EU, contre 2,8 billions
de dollars EU dans l’édition d’octobre 2009 du Rapport sur la stabilité financière dans le
monde27.
La croissance du commerce mondial s’est sensiblement renforcée depuis la mi-
2009, avec une augmentation annualisée des volumes d’échanges de plus de 10 % au
second semestre de l’an dernier et au premier trimestre 2010. Malgré ce rebond, le
volume des échanges dans le monde reste à la fin du premier trimestre inférieur de
quelque 5-6% à son sommet précédant la crise28.
Graphe N° 4 :
Echanges commerciaux mondiaux29
30
FMI, « Perspectives de l’économie mondiale Avril 2010 », Etudes économiques et financières, 2010,
p.xiii.
Il faut aussi asseoir durablement la stabilité financière sur des bases solides afin
que le stade suivant du processus d’inversion de l’effet de levier se déroule sans heurt et
débouche sur un système financier plus sûr, concurrentiel et dynamique. Il est crucial de
régler rapidement le dossier des institutions qui ne sont pas viables et de restructurer
celles qui le sont. À plus longue échéance, il faudra convenir d’un programme de réforme
de la réglementation financière. L’objectif est clair — une amélioration quantitative et
qualitative des fonds propres et une meilleure gestion des risques de liquidité —, mais
l’ampleur des réformes à effectuer fait débat. Les décideurs devront trouver le juste
équilibre entre deux impératifs : assurer la sécurité du système financier et faire en sorte
qu’il reste innovant et efficace.
Au bout du compte, pour que l’économie mondiale puisse soutenir un rythme de
croissance élevé à moyen terme, il faudra rééquilibrer la demande mondiale.
De même que les monnaies des pays déficitaires se déprécient, celles des pays
excédentaires doivent logiquement s’apprécier. Ce rééquilibrage doit aussi être étayé par
des réformes du secteur financier et des mesures structurelles génératrices de croissance
dans tous les pays, excédentaires comme déficitaires.
Les perspectives d’évolution de l’activité demeurent inhabituellement incertaines et
des aléas négatifs liés à la fragilité des finances publiques sont passés au premier plan. Il
est à craindre en particulier que de nombreux pays avancés aient épuisé leur marge de
manœuvre ou qu’elle soit désormais beaucoup plus limitée.
31
HCP, « Note de Conjoncture » institut national d’analyse de la conjoncture, N°16, Juillet 2010, p.15.
Les incertitudes entourant les prévisions demeurent substantielles malgré les
résultats meilleurs que prévus au lendemain de la crise. Nombre de ces incertitudes sont
inter-liées, les résultats plus favorables dans certains domaines compensant les risques de
détérioration dans d’autres.
De plus, les retombées de la croissance dynamique des pays d’Asie pourraient être
plus bénéfiques, en particulier aux États-Unis et au Japon. Cela étant, les risques de
détérioration face à ces évolutions existent, tels que la hausse des prix des matières
premières en raison d’une croissance excessivement forte dans des économies non
membres et venant ajouter des tensions pourrait déclencher un resserrement brutal de la
politique monétaire. Néanmoins, le principal risque de détérioration a trait à la montée
des inquiétudes sur la soutenabilité de la dette publique dans certains pays. Les risques de
solvabilité et de liquidité correspondants ont considérablement perturbé les marchés des
capitaux, et en Europe en particulier, avec des primes de risque élevées et croissantes
pour les pays à risque et des signes de contagion, ouvrant ainsi la perspective d’une
instabilité plus générale si la confiance devait continuer de s’éroder, et ce en l’absence de
plans de consolidation crédibles. Un autre risque de détérioration pourrait également
provenir d’un décrochage possible des anticipations d’inflation à long terme32.
La reprise économique mondiale reste intacte malgré les progrès vers la stabilité
financière. Les tensions les plus aigües se sont quelque peu estompées, mais la confiance
des marchés demeure fragile. Les risques de marché et de liquidité se sont aggravés en
raison des retombées du secteur souverain sur le système bancaire. Qui plus est, la
volatilité des prix des actifs financiers s’est accentuée et les investisseurs manifestent un
moindre appétit pour le risque. La menace d’une interaction négative avec l’économie
s’en trouve donc accrue, même si jusqu’à présent elle reste latente.
32
OCDE, « Evaluation générale de la situation macroéconomique », p.10
structures socio-économiques et politiques sur une profondeur historique de prés de deux
siècles33.
Depuis le début de ce siècle, le Maroc offre l’image d’un vaste chantier de réformes sur
les plans politique, économique et social. En effet, la nouvelle sphère a ouvert de larges
perspectives en matière de transition vers le développement sûre modernisation
démocratique par l’organisation d’élections libres et crédibles, l’élargissement du champs
de la participation et la garantie de son équité, la promotion des libertés publiques, la
modernisation de la justice, la promotion des conditions de la femme à travers notamment
l’adoption du Code de la famille34.
Durant ces dernières décennies, la scène internationale a connu des
bouleversements financiers et économiques conjuguées par des déséquilibres
macroéconomiques. Au niveau national, grâce à une dynamique de croissance soutenue et
des marges de manœuvre suffisantes, l’économie marocaine a affiché une bonne résilience
face aux effets de la crise, confirmée par toutes les grandes institutions internationales. Le
Maroc est parmi les pays qui ont le mieux résisté à la crise financière mondiale avec une
croissance de 5,3% en 2009, un des meilleurs taux de la région.
Cependant, cette crise a révélé voire a accentué des fragilités structurelles liées à
une diversification insuffisante des moteurs d'exportation, à une fragilité potentielle de
certains moteurs domestiques, au faible niveau de productivité et de compétitivité. Des
points de vigilance et des actions stratégiques ont été défini, afin de stabiliser la situation
économique et financière, aussi favoriser la relance.
Graphe N°5 :
Nouveaux paliers de croissance38
35
Op.cit.
36
Op.cit, p.8.
37
Ministère de l’économie et des finances : « projet de loi de finance pour l’année budgétaire 2009 » p.56
38
http://www.finances.gov.ma/depf/depf.htm
Source : http://www.finances.gov.ma/depf/depf.htm
Cette période s’est caractérisée par une croissance plus élevée et moins volatile
que par le passé. La stabilité macroéconomique a été consolidée, en attestent la maîtrisée
taux d'inflation pour se situer en dessous de 3%, Les finances publiques ont été assainies,
comme en témoignent la réduction continue du déficit budgétaire et la baisse du taux
d’endettement extérieur de 26,4% du PIB en 2003 à 19,8% en 2007, le compte courant
extérieur excédentaire de plus de 2,4% et les réserves de change en constante progression.
Ce qui explique ainsi non seulement le renforcement de la vigueur de l'économie mais
également de sa capacité d'adaptation aux mutations mondiales39.
Graphe N° 6 :
Evolution du taux d’inflation au Maroc 1990-2008
39
Ministère de l’économie et des finances, « La décennie des réformes et du progrès, pour un Maroc moderne et
solidaire 1999-2009 », Direction des Etudes et des Prévisions Financières, Juillet 2009, p.10.
Source : Ministère de l’Economie et des Finances
40
Ministère de l’économie et des finances : « projet de loi de finance pour l’année budgétaire 2009 » p.55
41
Ministère de l’économie et des finances : « projet de loi de finance pour l’année budgétaire 2009 » p.25
42
Direction des Etudes et des Prévisions Financières : « LA DECENNIE DES REFORMES ET DU PROGRES… POUR UN MAROC
MODERNE ET SOLIDAIRE 1999-2009 » p.10
IDE et un relais important du commerce extérieur, compensant partiellement la
dégradation quasi-structurelle de la balance commerciale.
Graphe N° 8 :
Source : http://www.finances.gov.ma
Source : http://www.finances.gov.ma
43
Institut Royal des Etudes stratégiques, « Le Maroc face à la crise financière et économique mondiale : enjeux et
orientations des politiques publiques », Mai 2009, P.16.
l’emploi, aux séries de programmes « IDMAJ », « TAEHIL » et « MOUKAWALATI » et
au dynamisme de l’activité économique et notamment dans les secteurs porteurs tels le
BTP et les services. De ce fait, le taux de chômage a marqué une inflexion à la baisse
revenant de 13,9% en 1999, au niveau national, à 9,6% en 200844.
L’amélioration de la croissance et de l’emploi s’est traduite par une appréciation du
niveau de vie des citoyens reflétée par l’augmentation du revenu national disponible brut
par habitant qui a augmenté de 6,9% par an durant la période 2004-2008, passant de
18051 à 23948 DH45.
Aussi l’Indice de Développement Humain s’est-il relativement amélioré. Son taux
de croissance annuel moyen a atteint 1,6% entre 2000 et 2006 contre 1% entre 1995 et
2000.
Dans le même sens, le taux de pauvreté a été réduit de 6,3 points pour atteindre 9%
en 2007. En outre, la nette amélioration des revenus trouve appui dans les mesures prises
dans le cadre du dialogue social. Il s’agit notamment de l’augmentation du SMIG, de la
revalorisation du salaire des fonctionnaires, du renforcement de la couverture médicale de
base ainsi que du réaménagement de l’Impôt sur le Revenu. Cet accroissement du revenu
est dû également au développement du micro-crédit46.
À l’instar des autres pays du monde, le Maroc s’est trouvé devant l’anticyclone
financier qui a troublé les fondements macroéconomiques internationaux, mais grâce à
la solidité accrue de son système bancaire et à sa faible exposition aux marchés financiers
internationaux, le Maroc n’a pas été affecté au début par la crise financière
internationale. En effet, l’évaluation de la stabilité du système financier (Financial System
Stability Assessment), réalisée en novembre 2007, concluait que «le système bancaire
marocain était stable, bien capitalisé, profitable et résistant aux chocs» (FMI, 2008). Cette
évaluation conforte la politique de consolidation du système bancaire qui a notamment
consisté en l’alignement du cadre réglementaire sur les standards internationaux de Bâle
II et en le redressement des banques publiques, désormais assujetties au même titre que les
banques privées au respect des règles monétaires et prudentielles. Les investigations
entreprises par Bank Al-Maghrib, dès la manifestation des premiers signes de la crise
financière internationale, montraient que la part des actifs étrangers dans le total des
actifs des banques marocaines demeurait marginale (moins de 4%) et que les banques ne
détenaient pas d’actifs toxiques dans leurs portefeuilles. En outre, selon les statistiques du
44
Ministère de l’économie et des finances, « La décennie des réformes et du progrès, pour un Maroc moderne et
solidaire 1999-2009 », p.13
45
Op.cit.
46
Ministère de l’économie et des finances, « projet de loi de finance pour l’année budgétaire 2009 » rapport
économique et financier p.56
Conseil Déontologique des Valeurs Mobilières, la part des non-résidents dans la
capitalisation boursière, hors participations stratégiques, s’établissait à moins de 1,8% à
fin 200747 (Jouahri A., 2008).
En outre, plusieurs facteurs de résilience ont été à la faveur de l’économie nationale :
48
Bank AL-MAGHRIB « LE MAROC FACE A LA CRISE ET A L’APRES-CRISE », M. Abdellatif JOUAHRI,
novembre 2009, p.14-16.
Banque Mondiale et le FMI, comme stable, solide, et faisant preuve d’une bonne résilience
face aux évolutions du contexte international.
Au niveau des crédits, alors même que dans plusieurs pays on a assisté à
l’effondrement du marché interbancaire, ainsi qu’à l’interruption des opérations de crédit
aux entreprises et aux particuliers, l’activité du crédit est demeurée vigoureuse au Maroc.
Ainsi, après avoir augmenté de 29% en 2007, les crédits bancaires en 2008 se sont inscrits
en hausse de 23% pour atteindre 519,3 milliards de dirhams, stimulés par la demande tant
des ménages que des entreprises et par une concurrence très soutenue.
Cette forte hausse du crédit bancaire s’est déroulée dans un contexte de maîtrise
des risques. En effet, le taux moyen des créances en souffrance a continué à se réduire
pour ne plus représenter que 6% de l’ensemble des crédits, ce taux étant ramené à 4,3%
pour les banques à capital majoritairement privé. De même, le taux de couverture des
créances par les provisions s’est amélioré de manière significative pour atteindre
désormais 75,3% et le ratio de solvabilité s’est établi à un niveau satisfaisant du point de
vue des normes internationales.
Le secteur bancaire national reste, par ailleurs, particulièrement rentable,
confirmant par là sa solidité et son adaptation dans un environnement international
difficile et en constante mutation. Quant à l’exposition du secteur bancaire sur l’étranger,
les résultats des investigations menées par Bank Al Maghrib dés le déclenchement de la
crise sur le plan international ont montré que cette exposition aux facteurs de risques ainsi
que les canaux de contagion purement financiers de la crise sont très limités. La part des
actifs étrangers est faible, les banques ne détiennent pas de produits dits « toxiques » et les
risques sur les contreparties étrangères sont maîtrisés.
Les autorités ont privilégié une ouverture graduelle du compte capital. Les
principales mesures adoptées en 2007 ont concerné l’autorisation accordée aux OPCVM
et aux compagnies d’assurance de placer une part de leurs actifs à l’étranger sous réserve
de certaines conditions ainsi que l’assouplissement des conditions de placement des
banques à l’étranger.
Les autres mesures sont relatives à :
• L’élargissement des instruments de couverture contre les risques de change qui doivent
permettre aux exportateurs et importateurs de s’immuniser contre toute fluctuation
indésirable du taux de change,
• La possibilité pour les entreprises d’investir librement jusqu'à 30 millions de dirhams
par an dans des projets productifs liés à leur secteur d’activité.
• La possibilité pour les importateurs de régler par anticipation jusqu’à 40% de la valeur
des importations pour des biens et 20% pour des services.
• La possibilité pour les exportateurs d’octroyer des crédits qui peuvent atteindre jusqu’à
85% du montant convenu au profit de leurs clients.
• La hausse de la part des recettes d’exportation pouvant être conservées dans les comptes
en devises ou en dirhams convertibles de 20% à 50%.
Il est important de souligner à ce niveau que la résilience de l’économie marocaine
dans cette phase de crise est attribuable pour une large part au maintien du régime de
change fixe et à la faible exposition en devises des agents économiques. Dans ce domaine,
le Maroc a opté pour une approche prudente et progressive49.
En revanche, le Maroc se trouve, comme des autres pays émergents, affecté par le
retournement de l’économie mondiale depuis le second semestre 2008. Le taux de
croissance pour l’année 2008 reflète globalement cet impact, en raison de la
49
Bank AL-MAGHRIB « LE MAROC FACE A LA CRISE ET A L’APRES-CRISE », M. Abdellatif JOUAHRI,
novembre 2009, p. 16-23.
synchronisation de son cycle économique avec celui de ses principaux partenaires
économiques, notamment la France et l’Espagne50.
Le Maroc, à l’instar des pays émergents, a subi depuis le second semestre 2008 les
répercussions de la crise mondiale qui ont été ressenties principalement à travers le canal
macroéconomique, le système financier, du fait de sa faible exposition aux marchés
financiers internationaux, ayant été relativement épargné par les effets de la crise. Les
canaux réels de propagation ont impacté essentiellement les exportations de biens et
services, les recettes du tourisme, les transferts de fonds des Marocains résidant à
l’étranger et les investissements directs étrangers51.
Le système financier marocain n’a pas pâti de la crise financière pour deux raisons
essentielles. La première a trait au cadre réglementaire et marqué par le strict respect des
règles prudentielles de Bâle II. La deuxième est liée à sa faible intégration dans la finance
mondiale. La part des actifs étrangers dans le total des actifs des banques marocaines
représente moins de 4% et la part des non-résidents dans la capitalisation boursière, hors
participations stratégiques, était inférieure à 1,8% à fin 200752.
La sphère réelle, quant à elle, a ressentie l’impact de la récession que connaissent
les principaux partenaires économiques du Maroc, notamment la France et l’Espagne.
Quatre principaux domaines ont été directement impactés par la crise: les échanges
commerciaux, l’activité touristique, les transferts des MRE et les flux de capitaux dont les
IDE.
• En 2009, le commerce international a régressé de 11,9% en volume et la demande
mondiale adressée au Maroc de 10%. Cette évolution a engendré un recul des
exportations marocaines de biens et services de 13,1% en volume.
Graphe N° 10 :
Evolution de la balance commerciale
(en milliards de dirhams)
50
Institut Royal des Etudes stratégiques, « Le Maroc face à la crise financière et économique mondiale : enjeux et
orientations des politiques publiques », Mai 2009, P.18.
51
Bank AL-MAGHRIB « LE MAROC FACE A LA CRISE ET A L’APRES-CRISE », M. Abdellatif JOUAHRI, novembre
2009, p.3.
52
Haut-commissariat au plan « IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR L’ECONOMIE MAROCAINE », p.1
Source : Bank Al-Maghrib
• Pour ce qui du secteur du tourisme, il semble être moins touché par la crise. Et
bien que les arrivées de touristes de séjour aient enregistré, en 2009, une légère
augmentation (2%), les nuitées dans les établissements d’hébergement classés ont régressé
de 1,4% et les recettes touristiques ont diminué de 5%. Néanmoins, avec 53 milliards de
DH générés en 2009, ce poste continue de représenter le principal pourvoyeur de devises.
Graphe N° 11 :
Evolution des recettes des voyages
(En glissement annuel)
Graphe N° 12 :
Evolution mensuelle des recettes des MRE
• En ce qui concerne les IDE, le Maroc est considéré comme une des premières
destinations en Afrique et dans la zone MENA. Durant les années 2000, il a bénéficié de
l’essor remarquable de ces flux au niveau mondial, et ce grâce à un cadre institutionnel
favorable, à la stabilité macroéconomique et à une politique de développement
volontariste. La crise financière mondiale n’a pas manqué d’inverser cette tendance,
entraînant de fortes régressions des IDE de 26,3% en 2008 et 29,2% à fin septembre 2009.
Ce repli a concerné les principaux pays émetteurs en l’occurrence la France (-26,1%),
l’Espagne (-57,2%) et le Royaume-Uni (-47,1%). Bénéficiant du 1/3 des IDE réalisés au
Maroc, le secteur du tourisme a été le plus touché par la compression de ces derniers,
accusant une chute de 54% en 2008. En dépit d’un léger essoufflement de son activité, le
secteur immobilier continue, en revanche, de drainer les investissements étrangers malgré,
les IDE qu’il a attirés ont augmenté de 17,6% en 200854.
54
Haut-commissariat au plan « IMPACT DE LA CRISE MONDIALE SUR L’ECONOMIE MAROCAINE », p.2
Graphe N° 13 :
Evolution des IDE au Maroc
(En millions de dirhams)
Toutefois, les effets de cette crise sur les activités ouvertes sur le reste du monde
ont été négatifs sur un solde extérieur déjà déficitaire. Ceux-ci demeurent relativement
limités sur la croissance qui n’a accusé qu’un léger ralentissement (5,6% en 2008 et 4,9%
en 2009) à la faveur de la bonne tenue de la demande intérieure et des bons résultats du
secteur agricole. La croissance du PIB agricole a été de l’ordre de 16,3% en 2008 et de
30,6% en 2009.
En revanche, les secteurs du secondaire (BTP, industrie de transformation, mines
et énergie) ont accusé, globalement, une baisse de l’ordre de 4,7% en 2009 après une
croissance de 3,6% en 2008 et de 6,6% en 2007. La cause principale de cette évolution est
attribuée au secteur minier qui a pâtit de la régression de la demande mondiale sur les
phosphates. De leur côté, les industries de transformations ont eu une croissance très
modeste en liaison, notamment, avec la régression de l’activité des industries de
transformation des phosphates, du textile, des biens d’équipements et de l’automobile,
alors que la demande intérieure a soutenu la croissance des industries agroalimentaires.
Bien qu’il soit en léger ralentissement par rapport aux résultats des dernières
années, le secteur tertiaire a pu maintenir son rythme de croissance de 3,9%, grâce à la
consolidation des services marchands, autres que le tourisme.
Ainsi, les effets de la crise ont été atténués grâce à la demande intérieure. La
formation brute de capital fixe a augmenté de 2,5% en volume en 2009 à la faveur de la
hausse de l’investissement du secteur public de 24,4% en terme nominal, qui a permis de
compenser le recul des IDE reçus ainsi que le ralentissement de l’investissement privé
national.
Pour ce qui est de l’évaluation des effets de la crise sur l’économie marocaine à
l’horizon de 2015, l’évolution future des transferts des MRE et de la demande mondiale
adressée au Maroc, est prise en compte sur la base des perspectives de l’économie
mondiale telles qu’établies par les institutions internationales, notamment le Fonds
Monétaire International (FMI). Ainsi, les transferts des MRE et la demande étrangère
adressée au Maroc, tributaires de l’activité économique mondiale sont supposés connaître
une reprise à partir de 2010. En conséquence, les effets de la crise sur l’économie
marocaine commenceront à s’atténuer à partir de 2010 pour disparaître quasiment en
201255.
Tableau N° 3:
Les effets de la crise sur les principales variables macroéconomique56
Le Maroc, après avoir été épargné dans un premier temps par la crise financière, grâce à
la solidité de son système bancaire et à sa faible exposition aux marchés financiers
internationaux, subit depuis le deuxième semestre 2008 les répercussions de la crise
économique mondiale par le biais des secteurs exportateurs, en l’occurrence le secteur du
textile-habillement occupant une position de premier plan et fortement intégré dans
l’économie internationale57.
55
HCP, « Impact de la crise mondiale sur l’économie marocaine »
56
Op.cit, p.4.
57
M’hamdi M., « L’impact de la crise économique internationale sur le secteur des industries de textile et
habillement au Maroc », p.2
2. Les stratégies de préparation de l’après-crise
Le paysage mondial a été profondément bouleversé par les dégâts causés par la
crise financière, en effet, elle a révélé des malaises profonds au niveau du système
économique. Sur le plan financier, des dysfonctionnements latents continuent de
caractériser les marchés. Au niveau réel, à cause du fléchissement drastique de la
demande, l’appareil productif a été mis à mal, causant la faillite de nombreuses
entreprises et bloquant l’activité économique. En même temps, l’intermédiation financière
a été lourdement entravée. Dans presque tous les pays, les sommes colossales déboursées
par les Etats pour venir en aide à leur économie ont alourdi les charges pesant sur les
finances publiques58. A ce niveau, le rôle de l’Etat est déterminant puisqu’il a vocation non
seulement à les prévenir mais surtout à savoir les gérer en leur apportant des solutions
pragmatiques et durables59.
Il est important de relever que la crise n’a pas forcément que des effets négatifs,
elle peut aussi avoir un effet salvateur qui pousse à aller de l’avant, à dépasser les
blocages, à trouver des issues et à procéder à des ajustements dans tel ou tel secteur. A ce
titre, elle peut être à l’origine d’un vaste mouvement de reconstruction et de
transformation. De ce point de vue, la réforme doit générer des idées nouvelles, inciter à
la réflexion, à l’action et à l’innovation. Il n’y a pas de crise subies, mais seulement des
crises mal gérées, mal prévues, toutes les organisations publiques peuvent être résilientes,
quelque soit le contexte dans lequel elles se trouvent60.
La nécessité pour le Maroc de se positionner très tôt pour l’après-crise mondiale
relève d’un parti pris tant optimiste que prévoyant. Il découle aussi de trois
considérations majeures:
• Dans la gestion à l’échelle nationale des conséquences de la crise, les mesures
d’urgence et les décisions visant le moyen terme sont interdépendantes et doivent être
menées de manière cohérente et complémentaire ;
• Le Maroc n’a commencé à sentir les effets de la crise mondiale qu’avec un certain
retard par rapport à ses principaux partenaires. Il est ainsi fort probable qu’il continue à
subir encore la crise au moment où ses partenaires s’en seront déjà sortis ;
• Le Maroc a vu arriver la crise mondiale alors qu’il était sur un sentier prometteur
de croissance et qu’il venait de lancer des stratégies sectorielles volontaristes, lesquelles
58
Bank AL-MAGHRIB « LE MAROC FACE A LA CRISE ET A L’APRES-CRISE », M. Abdellatif JOUAHRI,
novembre 2009, p.29.
59
Sedjari A., « Gouvernance, réforme et gestion du changement », L’Harmanttan, 2008, p.25-26.
60
Op.cit
devraient être aujourd’hui réajustées ou accélérées, en fonction notamment des
perspectives post-crise61.
C’est pourquoi, il est capital de mener sur le même front aussi bien la gestion de la
crise que la préparation de l’après-crise, en œuvrant avec tous les moyens possibles, pour
que le Maroc soit prêt à poursuivre sa dynamique de croissance et de développement à la
sortie de la crise.
Au-delà des réponses conjoncturelles, il sera tout aussi capital de résoudre les
problématiques structurelles qui sont antérieures à la crise et que cette dernière a plus que
jamais mises en exergue. Pour ce faire, le Maroc devrait apporter une réponse audacieuse
et globale, appréhendant la cartographie de tous les risques probables et ordonnançant,
avec intelligence, le déploiement des mesures et l’affectation des moyens62.
En revanche, Les stratégies de préparation de l’après-crise pourraient emprunter
cinq voies majeures, à savoir :
• l’exigence d’une meilleure concertation au niveau international : cette stratégie
se traduirait par une collaboration étroite en matière de politiques mises en œuvre. Les
effets de la crise ont été atténués grâce aux mesures conjointes prises dans le cadre de
cette collaboration. La mise en place de plans de relance budgétaire associée aux mesures
prises par les banques centrales ont permis de rétablir la confiance dans le système
financier et de soutenir la production.
Cette collaboration est rendue d’autant plus nécessaire durant cette période de l’après
crise pour assurer une croissance forte et équilibrée. Elle devrait notamment statuer pour
déterminer l’opportunité propice pour retirer les mesures de soutien adoptées pour faire
face à la crise. Elle est également utile pour promouvoir une intégration financière accrue
mais solide et saine, compte tenu de l’interdépendance entre les différents marchés et
acteurs financiers.
• l’amélioration des systèmes de régulation, la nécessité de pallier aux insuffisances
de la demande privée : Le Maroc a entrepris d’importantes réformes structurelles qui lui
ont permis d’améliorer ses fondamentaux macroéconomiques et de progresser sur la voie
de la modernisation de ses structures économiques et institutionnelles. Ces réformes
méritent d’être poursuivies pour accroître la compétitivité de l’économie nationale, saisir
les opportunités nées de la crise et développer un marché intérieur à même de constituer
un véritable relais de croissance en cas de crises. Il faudrait ainsi maintenir le cap sur ce
double pari: asseoir un équilibre de croissance qui approfondit le marché intérieur tout en
tirant pleinement partie de l’ouverture63.
61
Institut Royal des Etudes stratégiques, « Le Maroc face à la crise financière et économique mondiale : enjeux et
orientations des politiques publiques », Mai 2009, P.37.
62
Op.cit, p.38
63
Opcit, p.41
• le renforcement du système monétaire international : La consolidation de la
stabilité financière doit se poursuivre avec la convergence des normes applicables au
secteur bancaire vers les standards internationaux. Par ailleurs, il est urgent de procéder
à une bancarisation plus poussée de la population. La pénétration des services financiers
demeure extrêmement modeste et en deçà de son potentiel, et doit constituer dans les
années à venir un objectif majeur pour le secteur bancaire.
Pour ce qui est de la modernisation du marché financier, il est important que la
Bourse de Casablanca recouvre son dynamisme pour qu’elle puisse remplir efficacement
son rôle dans l’économie. Les règles d’intégrité et de transparence doivent être également
renforcées. Enfin, des projets de loi importants tels que la complète autonomie des
autorités de régulation (CDVM et DAPS) ainsi que la création d’un marché à terme de
produits financiers doivent être rapidement adoptés.
64
Opcit, p.44
65
Bank AL-MAGHRIB « LE MAROC FACE A LA CRISE ET A L’APRES-CRISE », M. Abdellatif JOUAHRI,
novembre 2009, p.31.
moyen de l’accès aux services sociaux et de meilleure qualité, de l’accélération du rythme
de création d’emplois et d’une évaluation régulière des programmes afin d’identifier et de
pallier aux insuffisances constatées.
Ensuite, les politiques sociales devraient être réformées en profondeur à travers
une évaluation de l’efficacité des programmes de développement humain et une refonte du
système de compensation en vue d’assurer une meilleure équité sociale en faveur des
couches les plus défavorisées et les plus vulnérables. Enfin, il est nécessaire d’accélérer et
d’approfondir les réformes en matière d’éducation nationale et de justice66.
« Aussi profonde qu'elle puisse être, la réforme institutionnelle ne peut aboutir que si
elle est étayée par des réformes structurelles ou complémentaires qui devraient nous
permettre de renforcer nos atouts économiques et sociaux, en donnant une nouvelle
impulsion aux secteurs clés, notamment ceux de l'enseignement, de l'agriculture, de
l'énergie, de l'eau, et du développement industriel »67.
Au Maroc, dès l’apparition des premiers effets de la crise, les autorités ont mis en
œuvre, de manière concertée et rapide, les mesures nécessaires pour venir en aide aux
secteurs affectés. Mais au-delà de l’enclenchement de la reprise, il s’agit d’ores et déjà de
mettre en œuvre et d’accélérer les stratégies de sortie de la crise destinées à remédier aux
insuffisances structurelles de l’économie que la crise a contribué à mettre en exergue, de
même à assurer à l’avenir une croissance forte et durable68.
Plusieurs défis nous attendent dans les années à venir. Il s’agit tout d’abord et sans
plus attendre de mettre en place les réformes indispensables à une accélération de la
croissance sur une base durable. Ces réformes qui accusent déjà un certain retard dans
leur mise en œuvre sont rendues d’autant plus nécessaires et urgentes que la crise a mis en
évidence les problèmes structurels dont souffre l’économie marocaine.
Un autre défi concerne la gouvernance et l’efficience des politiques économiques
dans notre pays. La crise a, en effet, bien montré l’importance des mécanismes de
coordination et de mise en cohérence des politiques économiques, ainsi que la nécessité de
dispositifs efficients de suivi-évaluation. A cet égard, le risque le plus important consiste à
assurer une cohésion dans les différentes politiques publiques. La multiplication des
approches sectorielles ne doit pas prendre le pas sur la vision macroéconomique69.
En dépit de la conclusion de plusieurs accords de libre échange, le commerce
extérieur marocain n’a pas connu une modification profonde en termes de diversification
66
Op.cit, p.35
67
Extrait du discours adressé à la Nation par Sa Majesté le Roi Mohammed VI à l'occasion de la Fête du Trône le 30
juillet 2008
68
Op.cit,
69
Op.cit, p.32
des produits et des débouchés extérieurs et de relèvement de la qualité de l’offre. Ce
constat exige une action forte pour redresser la compétitivité de l’offre exportable. Ce
faisant, le Maroc gagnerait à prendre rapidement le train de l’innovation et des mutations
technologiques.
En outre, la crise actuelle met clairement en évidence la pertinence des stratégies
de croissance fondées de manière équilibrée aussi bien sur la conquête de marchés
extérieurs que sur un marché intérieur dynamique, entrainé par une classe moyenne
élargie et un tissu d’entreprises nationales compétitives.
Pour pouvoir profiter pleinement de la dynamique de l’après-crise, une vigilance
accrue devra être portée sur le court terme aux réserves en devises pour ne pas descendre
en-dessous du plancher de 6-7 mois d’importations, à la gestion des finances publiques et
au rythme des réformes structurantes70.
Chapitre II : la gouvernance
d’entreprise et la lutte
contre la récente crise
« La bonne gouvernance est le chemin le plus sur pour en finir avec la pauvreté et
soutenir le développement (good governance is the single most important way to end
poverty and support development ».
70
Institut Royal des Etudes stratégiques, « Le Maroc face à la crise financière et économique mondiale : enjeux et orientations des
politiques publiques », Mai 2009, P.50
KOFI Annan
La gouvernance d’entreprise née aux USA, Europe, Japon, s’est développée ces
dernières années notamment à la suite de grands scandales financiers ayant affecté un
actionnariat important, des fonds de pension et plus généralement la crédibilité des
marchés financiers.
Depuis quelques années, à la suite des nombreuses affaires qui ont agité les
milieux économiques dans la plupart des pays développés et de dysfonctionnements
évidents du système économique , de nombreux débats se sont ouverts concernant les
prises de contrôle, les rémunération des dirigeants, les responsabilités des dirigeants et
des administrateurs, la composition et le rôle du conseil d’administration, l’information et
le rôle des actionnaires , le régime de la faillite…. Tous ces aspects mettant en cause la
répartition des pouvoirs dans l’entreprise relèvent d’un même champ d’investigation, la
corporate gouvernance, traduit de façon approximative et contestable par «
gouvernement de l’entreprise »71.
La crise qui s’est pleinement révélée en 2008 affecte en profondeur le mode de
fonctionnement des dirigeants en charge de la gouvernance de leur entreprise. La crise est
unique par sa globalité et aucune activité ni territoire n’y échappe. Elle l’est aussi par son
caractère systémique dont les enchaînements fragilisent les constructions
entrepreneuriales, étatiques et réglementaires. Elle se caractérise par la destruction
massive de la capitalisation boursière et par la conjonction de la crise financière et de la
crise économique. Dans cette crise touchant tous les acteurs, les notions de rôle,
d’équilibre des postures et des registres d’intervention des dirigeants volent en éclats. Il
ne s’agit pas d’une crise circonscrite qui aurait appelé à une gestion technique et des
actions de communication ad hoc, mais d’une crise qui bouscule très substantiellement le
rôle des dirigeants72.
71
Charreaux G., « gouvernement de l’entreprise », Encyclopédie de gestion, article 84, p.1652
72
« Gouvernance d’entreprise : une vision globale de management », p.58
Depuis l’apparition d’un vaste mouvement de prise de pouvoir sur le marché
américain pendant les années 1980, la littérature économique et financière a trouvé un
grand intérêt dans l’étude d’un champ nouveau, celui de la gouvernance d’entreprise.
73
Mbaye Fall D., « La creation de valeur dans l'entreprise: le rôle de la gouvernance et des leviers financiers »,
Thèse Master
Désormais, la gouvernance des entreprises apparaît sans conteste comme un des
thèmes centraux de la gestion. Selon une définition moderne, son principal objet est d’«
expliquer la performance organisationnelle en fonction des systèmes qui encadrent et
contraignent les décisions des dirigeants74 ». Formulée de la sorte, la paternité d’une telle
théorie de la gouvernance pourrait être revendiquée à juste titre par des auteurs tels que
Fama (1980), ou bien encore Fama et Jensen (1983a et 1983b), même si l’on se réfère
plus fréquemment aux travaux de Berle et Means (1932) consacrés à la séparation entre
propriété et décision. Mais on ne saurait en conclure pour autant à l’unanimité des
multiples approches réalisées en matière de gouvernance. Comme le rappelle fort
pertinemment Brennan (1994).
2. Un panorama de définitions
- La relation doit générer de quasi rentes car en leur absence la concurrence sur le
marché écarte toute forme de négociation.
- Les quasi rentes ne peuvent pas être précisément allouées dés le début de la
transaction.
PEREZ. R80, a donné une définition plus riche de la gouvernance d’entreprise qui
est conçue comme : « le dispositif institutionnel et comportemental régissant les relations
entre les dirigeants d’une entreprise plus largement, d’une organisationnel et les parties
concernées par le devenir de ladite organisation, en premier lieu celles qui détiennent des
« droits légitimes » sur celle-ci. ». Dès lors, le mode de gouvernance dominant affecte
grandement son fonctionnement ainsi que son résultat. MORIN.E81, appelle et, à juste de
titre la gouvernance d’entreprise « le mangement du management ».
77
Charreaux.G., 1997, p.1
78
Charreaux.G., 1999
79
Zingales L., «In Search of New Foundations», the Journal of Finance, Volume LV, n°4, August 2000, pp.1623-1653.
80
Perez R., « La gouvernance de l’entreprise », La découverte, 2003, Paris, p.22
81
Echkoundi M., « Le renouveau de la gouvernance d’entreprise. Vers une prise en compte des parties prenantes
», p.3
82
World Bank(1992), p1
Au sens strict, la « gouvernance d’entreprise » (corporate governance) est l’art de
manager le réseau de relations reliant les diverses parties concernées par la stratégie et la
performance de l’entreprise, donc par le partage des pouvoirs et des responsabilités
autour de l’aspect financier et non celui de son organisation83. Par définition, la
gouvernance d'entreprise est l'ensemble des organes et règles de décision, d'information
qui doit être transparente, de surveillance et contrôle qui permettent aux partenaires ainsi
que tous ceux qui ont droit d'une institution, de suivre le respect de leurs intérêts et leurs
avis pris en considération dans le fonctionnement de l'institution.
83
Boyer L., Equilbrey N., « Organisation théories applications », organisation, p.397
84
Charreaux G., Schatt.A., « La recherche française en gouvernance d’entreprise : un panorama », Cahier du
FARGO n° 1050901, Septembre 2005, p3.
85
Rajemison S., Razafinahatolotra D., « Structure et Fracture de l’autorité dans une organisation », p 1-2.
« Le premier objectif de la gouvernance est d'apprendre à vivre et à gérer pacifiquement
la maison commune ; d'y assurer les conditions de la survie, la paix, de l'épanouissement
et de l'équilibre entre l'humanité et la biosphère ».
- Pierre Clam -
Plusieurs auteurs sont intéressés de déterminer les facteurs d'un bon système de
gouvernance. Selon Shleider et Vishny(1997) une bonne gouvernance est présentée par
une protection des investisseurs et une concentration de la structure de propriétés.
86
Mbaye Fall D., « La creation de valeur dans l'entreprise: le rôle de la gouvernance et des leviers financiers »,
Thèse Master
87
Charreaux 1999
théorique de ce concept demeure très mouvant à la présence d’une diversité des théories,
la réflexion théorique sur le sujet s’est développée, particulièrement à la faveur d’une
interrogation sur la capacité des modèles traditionnels du gouvernement d'entreprise à
rendre compte de conceptions plus récentes des modes d’organisation du pouvoir. Ainsi
que l’identification des critères permettant de caractériser les mécanismes composants les
systèmes de la gouvernance des entreprises.
Depuis les premiers écrits de Coase et Berles et Means sur la question, le concept
de gouvernance des entreprises n'a cessé d'évoluer à travers la littérature théorique
comme le montre la figure ci dessus. En effet, il n'existe pas une théorie pionnière de la
gouvernance des entreprises, cette dernière est la résultante de plusieurs constructions
théoriques qui sont apparues et évoluées au fur et à mesure du développement des affaires,
des transformations des notions de propriété et de contrôle et de l'élargissement du
concept de stakeholders. On mentionne notamment deux principales théories : la théorie
contractuelle des organisations et la théorie cognitive de l'entreprise.
88
Brouard F., DI VITO J., « identification des mécanismes de gouvernance applicable aux PME », Communication
présentée lors du CIFEPME 2008 9e Congrès international francophone en entrepreneuriat et PME Louvain-la-Neuve,
Belgique, 28-31 octobre 2008.
- La théorie de l'agence « TA », (Jensen & Meckling, 1976) ;
-L'abusus : droit du décider du sort du bien et d'en faire ce qui bon nous semble.
En résumé, la théorie des droits de propriété nous indique que la séparation entre
fructus, usus et abusus, qui symbolise l'entreprise managériale tend à atténuer l'efficacité
des droits de propriété. Les parties en présence, bénéficiant chacune d'une partie des
droits de propriété sur la firme vont, dés lors, poursuivre des intérêts pouvant être
divergents.
• La théorie de l'agence : M.C. Jensen et W.H. Meckling, fondateurs de la théorie de
l'agence, s'inspirent à l'origine de la démarche d’Alchian et Demsetz, pour définir la firme
comme nœud de contrats. Le modèle explicatif des structures de financement et
d'actionnariat, est fondé sur les hypothèses d'asymétrie d'information et de conflits
d'intérêts entre le dirigeant - propriétaire, les nouveaux actionnaires et les créanciers
financiers.
Pour M.C. Jensen et W.H. Meckling « il existe une relation d'agence lorsqu'une
personne a recours aux services d'une autre personne en vue d'accomplir en son nom une
tache quelconque 89». Dans le cas présent, la relation d'agence concernera le principal
(l'actionnaire) et son agent (le gestionnaire), ce dernier s'étant engagé à servir les intérêts
du premier. De ces relations émane la notion de coûts d'agence, coûts qui résultent du
caractère potentiellement opportuniste des acteurs (hasard moral) et de l'asymétrie
d'informations entre les cocontractants (sélection adverse).
Les coûts générés par une telle situation constituent les coûts d'agence, ils
représentent la perte de valeur par rapport à une situation idéale où il n'y aurait pas
d'asymétrie d'informations et de conflits d'intérêts. Selon les théoriciens de l'agence une
organisation est réputée efficace si elle minimise les coûts d'agence.
Pour M.C. Jensen et W.H. Meckling, les problèmes d'agence engendrent trois types
de coûts90 :
- Les coûts d'obligation (bonding coasts) : supportés pas l'agent pour mettre en
confiance le principal.
89
Jensen M.C., Meckling W.H., « Theory of the firm, Managerial Behavior, Agency Costs & Ownership Structure
», Strategic Management Journal, 1976, p.305-360.
90
Op.cit
certitude que ce dernier fera un usage optimal de leurs capitaux. Plus la part du capital de
l'entreprise possédée par le manager est faible, plus l'incitation à maximiser la
rémunération des fonds propres est faible. Pour ces raisons, les relations entre les
actionnaires et les dirigeants sont nécessairement conflictuelles. Les divergences d'intérêt
sont de trois ordres91 :
91
Parrat F., « Le gouvernement d'entreprise », MAXIMA, Paris 1999, p.37-38.
92
Echkoundi.M, « Le renouveau de la gouvernance d’entreprise. Vers une prise en compte des parties prenantes »,
p.5-7
93
Charreaux G., « A la recherche de nouvelles fondations pour la finance et la gouvernance d'entreprise », Session
inaugurale du colloque de l'Association Française de Finance, Paris, 2001, p.14.
94
Williamson O.E., « The Modern Corporation : Origins, Evolution, Attributes », Journal of Economic Literature,
Vol XIX,1981, p.1537-1568.
du marché, existeraient du fait de leurs avantages en termes de coûts de transactions.
Williamson identifie deux types de mécanismes susceptibles de réduire les coûts d'agence
et donc les coûts de transaction :
A la fin des années 80, la thèse de l'enracinement fut développée par A. Shleifer,
R.W. Vishny et R. Morck97. Elle remet en cause les fondements des théories contractuelles
95
Williamson O.E., « The Economic Institutions of Capitalism », The Free Press, New-York, 1985.
96
Charreaux G., « Le gouvernement des entreprises, Corporate Gouvernance, Théories et faits », Economica, Paris,
1997.
97
Shleifer A.., Vishny R.W et Morck R., « Alternative mechanisms for corporate control », American Economic
Review, 79, N4, 1989.
en général et de la théorie de l'agence en particulier. Cette théorie semble offrir un cadre
d'étude approprié à l'analyse des stratégies opportunistes des dirigeants et leurs
conséquences sur les systèmes de contrôle et sur la performance de l'entreprise.
L'enracinement consiste pour les dirigeants à valoriser (pour eux mêmes) leur
présence au sein de l'entreprise en rendant coûteuse leur révocation et en réduisant ainsi
leur risque de remplacement. Le dirigeant adoptera alors des stratégies d'enracinement,
c'est à dire, de se rendre indispensable aux yeux des actionnaires98.
98
Parrat F., « Le gouvernement d'entreprise », MAXIMA, Paris 1999, p.58-62.
hiérarchiques. Les salariés auront, alors, intérêt à ce que le dirigeant ne soit pas
remplacé, et peuvent même œuvrer pour son maintien au sein de l'organisation. Le
dirigeant peut aussi nouer des relations avec les administrateurs de la firme ou
encore privilégier un enracinement basé sur le réseau relationnel actionnarial, en
liant des relations avec un ou plusieurs groupes d'actionnaires ou encore, en
augmentant sa participation au capital de l'entreprise qu'il dirige.
En effet le dirigeant peut agir comme bon intendant pour les actionnaires en
maximisant la valeur boursière mais spolier d'autres stakeholders, en sacrifiant des
indicateurs de performance de la firme comme le taux d'emploi ou la satisfaction des
clients. Le besoin de contrôler le dirigeant se justifie, donc, pour l'ensemble des parties
prenantes de la firme.
99
Garvey G.T., Swan P.L., « The Economics of corporate governance: Beyond the Marshallian firm », Journal of
Corporate Finance, Vol1, 1994, p.139-174.
100
RAJAN R., Zingales L., « The Governance of The New Entreprise » Working Paper 7958, University of Chicago,
2000.
Une telle approche, proposée par Charreaux et Desbrière101, suppose que les
relations entre la firme et les différents stakeholders ne sont pas simplement marchandes,
mais sont construites de façon à créer de la valeur. Cette approche conduit à étudier le
système de gouvernance en vertu de sa capacité à créer de la valeur sociale, égale à la
différence entre la somme des revenus évalués aux prix d'opportunité et celles des coûts
d'opportunité pour les différents facteurs de production. Dans le cadre de cette approche,
une définition de la gouvernance est fournie par Blair102 : «le système de gouvernance
d'entreprise fournit les règles qui déterminent qui possède les droits décisionnels dans
telle circonstance ?, qui reçoit une part de la richesse créée ? Et qui supporte les risques
qui y sont associés ?». Contrairement à la définition de Shleifer et Vishny, cette définition
considère l'ensemble des stakeholders dans le processus de création et de répartition de la
valeur. La définition de Blair permet d'appréhender la notion de création et de répartition
de la valeur dans l'entreprise. Elle rejoint ainsi la conception de Charreaux et Desbrière
de la création et de la répartition de la valeur organisationnelle.
101
Charreaux G., Desbrier P., « Gouvernance des entreprises : valeur partenariale contre valeur actionnariale »,
Finance Contrôle et Stratégie, Vol1, 2, 1998, p.68-77
102
Blair M., « Ownership and Control: rethinking corporate governance for the twenty-first century », The
Brookings institution, Washington, 1995.
103
Commelin B., « Le gouvernement d'entreprise, La Bourse et les entreprises », Cahiers Français N°277, 2001, p.82.
dans l'explication de certains phénomènes organisationnels et notamment dans la
modélisation de la gouvernance.
104
MADHOK A., « The Organization of Economic Activity: Transaction Costs, Firm Capabilities, and the Nature
105
DEMSETZ H., « The Theory of the Firm Revisited », Journal of Law, Economics and Organization, Vol4, 1988,
p.141-163.
106
Charreaux G., « Quelle théorie pour la gouvernance : de la gouvernance actionnariale à la gouvernance
cognitive », Encyclopédie des ressources humaines, Economica, 2002, p.7-9.
opportunités, en apprenant, en innovant et en créant du différentiel. Lazonick et
O'Sullivan107 considèrent que la clé de la performance dans ces approches se situe dans la
capacité du management à imaginer, percevoir, construire de nouvelles opportunités que
dans la restructuration des portefeuilles d'activités des firmes en réponse aux évolutions
de l'environnement.
107
Lazonick W., O'sullivan M., « Perspectives on Corporate Governance and Economic Performance », Working
Paper, Insead, 2000.
108
Charreaux G., « Quelle théorie pour la gouvernance : de la gouvernance actionnariale à la gouvernance
cognitive », Encyclopédie des ressources humaines, Economica, 2002, pp.7-9.
109
C’est le PDG de LAFARGE- président de l’ADEP, dans une interview accordée au cabinet CORN FERRY
INTERNATIONAL sur la « gouvernance d’entreprise en France-juillet 2002 ».
interne, cette dernière classification permet de situer dans quel système le mécanisme de
gouvernance s’intègre110.
Un dirigeant qui opterait pour une stratégie visant à satisfaire sa propre fonction
d'utilité au détriment des intérêts de la firme pourrait, à plus ou moins brève échéance,
rendre cette firme moins compétitive. C'est donc le risque de la dégradation de la
compétitivité qui doit limiter l'opportunisme du dirigeant puisque les firmes mal gérées
sont condamnées à disparaître. Plus la pression concurrentielle sera forte, plus ce
mécanisme sera prégnant. Jensen soutient que les marchés des biens et services, quoique
lents à mettre en œuvre, sont fatals une fois qu'ils se mettent à agir112.
112
Jensen M.C., « The Modern Industrial Revolution, Exit, and the Failure of the Internal control Systems »,The
Journal of Finance, N°3,1993, p.831-880.
leur valeur sur ce marché. Cette dernière s'appuie sur l'évaluation de la performance du
marché financier113.
Il convient malgré tout de noter que si la pression exercée par le marché du travail
vise à inciter les dirigeants à être performants, rien ne garantit que l'information
disponible au sujet des compétences managériales d'un dirigeant soit conforme à la
réalité.
• Le marché financier
L'OPA (Offre Publique d'Achat), est une menace pour les dirigeants incompétents
ou qui manquent de transparence. En effet si une firme est mal gérée, certains
investisseurs seront tentés d'en prendre le contrôle en la rachetant par le biais d'une OPA.
En cas de prise de contrôle, les nouveaux propriétaires révoqueront l'équipe dirigeante
non performante.
114
113 MANNE
Fama E.F,H., « Mergers
« Agency and the and
problems market
thefor corporate
Theory control
of the », Journal
firm », Journal of
of Political
Political Economy,
Economy, 1980,
1965, p.288-307.
p.110-120.
Les mécanismes internes de gouvernance sont généralement mis en place par des
ententes contractuelles (implicites ou explicites) (Boujenoui et Zeghal, 2006). Parmi les
différents mécanismes internes de gouvernance, on compte les croyances et les valeurs de
l’organisation, les conseils d’administrations, les conseils consultatifs, les conseils de
famille, les régimes de rémunération, les systèmes de gestion et la structure de propriété.
115
Papillon JC., « économie de l’entreprise : De l’entrepreneur à la gouvernance », Management, 2000, p.218
d’administration versus la proportion de membres internes ainsi que le poste de
présidence du conseil d’administration occupé par le gestionnaire versus un membre
indépendant. Les preuves empiriques vérifiant l’impact des administrateurs tant externes
qu’internes sur la performance des sociétés sont toutefois très mitigées dans la littérature
(Agrawal et Knoeber, 1996; Byrd et Hickman, 1992; Core, Holthausen et Larcker, 1999;
Hill et Snell, 1988).
Un conseil d’administration est souvent plus rare dans les PME (Allali et Filion,
2002; Blumentritt, 2006; Fiegener, Brown, Dreux et Dennis, 2004). Dans un contexte de
PME, le conseil d’administration est souvent composé des actionnaires et constitue une
formalité pour approuver les décisions de l’entreprise (Ford, 1988). Toutefois, les
actionnaires des PME ne sont pas toujours ceux qui dirigent l’entreprise. Dans un tel
contexte, le rôle du conseil d’administration des PME diffère peu de celui du conseil
d’administration des sociétés ouvertes.
Le conseil d’administration veillera alors sur les activités des gestionnaires,
élaborera les stratégies organisationnelles et sera l’intermédiaire entre l’entreprise et les
autres parties prenantes.
• La structure de propriété :
La concentration de propriété est considérée comme un mécanisme de
gouvernance interne dans la littérature en gouvernance. La structure de propriété, qu’elle
soit détenue ou non par la famille, joue un rôle dans la gouvernance. L’existence de
convention entre actionnaires est particulièrement importante dans les PME. Un plan de
succession permet de voir comment la transmission d’entreprise et la succession aura lieu
(Cadieux et Lorrain, 2003). Son importance dépend du moment anticipé pour le transfert
de l’entreprise116.
116
Brouard F., DI Vito J., « Identification des mécanismes de gouvernance applicable aux PME », Communication
présentée lors du CIFEPME 2008 9e Congrès international francophone en entrepreneuriat et PME Louvain-la-Neuve,
Belgique, 28-31 octobre 2008.
Charreaux remet en cause la typologie de la théorie de l'agence117. Il essaya de
clarifier la notion d'internalité qui se définit par rapport au pouvoir hiérarchique du
dirigeant qui fixe les frontières de la firme. Par conséquent la notion spécificité est
substituée à celle d'internalité. Est considéré comme spécifique, tout mécanisme propre à
l'entreprise délimitant le pouvoir discrétionnaire des dirigeants, dans le sens où son action
influence exclusivement les décisions des dirigeants de cette entreprise.
Tableau N° 7 :
117
Charreaux G., « Le gouvernement des entreprises, Corporate Governance, Théories et faits »,Economica, Paris ,
1997
118
Williamson O.E., « Comparative Economic Organization, The Analysis of discrete structural alternatives »,
Administrative Science Quarterly, N°36, 1991, p.269-296.
119
Op.cit
- Crédit interentreprises
- Environnement sociétal
Face à cette évolution de fond, l’attitude des directions générales des entreprises,
quels que soient les pays, a d’abord été plus défensive que témoignant d’une réelle
adhésion. La mise en place des recommandations des différents rapports sur le
gouvernement d’entreprise, n’est pas suffisante, et qu’elle doit être complétée par une
observation des comportements réels au sein du conseil et une prise en compte des
différences culturelles entre les pays120.
120
Bertard R., Meillet.D., « la dynamique du gouvernement d’entreprise », Organisation, 2003, p.35.
La plupart des études opposent les systèmes Anglo-saxons (Etats-Unis et Grande-
Bretagne) aux systèmes allemand et japonais, les systèmes latins- en particulier le système
français- constituant une forme hybride. La logique qui permet de distinguer ces deux
(Système réseau)
Définition Le système de gouvernance est dit réseau si le contrôle est assuré par une banque qui est à
la fois créancière et actionnaire principale de l'entreprise et aussi par les partenaires de la
firme (réseau de participations croisée et les salariés ou le facteur travail).
Allemagne Japon
Déterminants Contexte : le modèle allemand de la Contexte : au Japon, pays dévasté par la
du modèle banque universelle plonge ses racines dans deuxième guerre mondiale, les entreprises
une lointaine tradition repérable au Moyen n'étaient pas en mesure de fournir aux
Age dans le modèle fameux de la ghildes. éventuels prêteurs les informations
La seconde guerre mondiale a rendu le permettant l'évaluation de la qualité de
recours à l'intermédiation bancaire plus l'émetteur. l'absence d'un système
approprié que le recours aux marchés d'information performant a écarté le
financiers. financement par le marché au profit de
l'endettement.
Cadre légal : l'Allemagne est un des rares
pays où les banques universelles ne sont Cadre légal : le marché obligataire n'était
guerre limitées hormis le respect des ouvert qu'aux grandes firmes nationales.
règles prudentielles guère contraignantes.
Ethique : l'éthique allemande se résume
dans la trilogie discipline - mérite - Ethique : l'éthique japonaise se résume dans
Comportement en vue d'atteindre une la trilogie consensus - transparence -
finalité. implication.
Structure du Le modèle allemand se caractérise par un Au Japon, les participations croisées entre
Capital grand nombre de participations croisées firmes sont très développées. Selon
entre firmes. Le capital y est également P.Sheard122, prés des 2/3 des actions des
beaucoup plus concentré121. sociétés industrielles du pays sont possédées
cinq principaux actionnaires détiennent par d'autres firmes ayant des liens plus moins
plus de 40% du capital des firmes en directes avec elles (Clients, créanciers,
Allemagne. fournisseurs...). Le système japonais se
caractérise aussi par une forte présence des
banques dans le capital des firmes.
Dualité du pouvoir entre le conseil des Concentration du pouvoir entre les mains du
managers (Vorstand) qui gère le jour au chef d'entreprise.
jour l'entreprise, et le conseil de Le poste de président du conseil est un poste
surveillance (Aufsichrat) qui contrôle le honorifique constituant la dernière étape
premier notamment en nommant les avant la mise en retraite définitive de l'ancien
membres. Le conseil de surveillance directeur général. Le conseil d'administration
Mode d'exercice composé de représentants des actionnaires japonais ne comprend quasiment jamais
du pouvoir (dont les banques) et des salariés ne d'administrateurs externes, et le nombre
comporte aucun membre désigné par les d'administrateurs y est très important (50
managers tandis que le président du membres en moyenne).
conseil de surveillance n'est jamais le
manager.
Modalités du Contrôle externe : les banques en qualité d'actionnaires majoritaires et de première source
Contrôle de financement externe, sont doublement incitées à surveiller et à influencer la gestion des
firmes indirectement, si les performances sont insuffisantes, ce ne sont pas les marchés
financiers qui sanctionneront les managers mais les pressions des banques. Celles ci
sanctionnent les dirigeants au niveau de la rémunération.
Contrôle interne : face à la faiblesse des conseils d'administration anglo-saxons, les
conseils allemands font parfois figure de modèles: gestion bicéphale, dualité entre conseil
des managers ou directoire et conseil de surveillance qui contrôle le premier.
Directoire : Composé pour moitié de représentants du personnel
Conseil de surveillance : représentants de la banque.
121
Prowse S., « Corporate Governance : Comparaison Internationale », Revue d'Economie Financière, Hiver 1994,
p.119-158.
122
Sheard P., « Reciprocal Delegated Monitoring in the Japanese Main Bank System », Journal of the Japanese
International Economies,1994.
Avantages - Importance accordée au facteur travail et représentation des principaux stakeholders.
- Possibilité d'arriver au consensus.
- Rôle préventif.
Inconvénients - Privilégier le long terme.
- Rigidité.
- Enracinement des dirigeants.
Caractéristiques - Un faible nombre de sociétés cotées, actionnariat concentré.
- Des marchés de capitaux peu liquides, donc peu propices aux offres publiques.
- Une latitude quant à la présentation des états financiers grâce à des règles comptables
moins contraignantes.
- Des participations croisées entre entreprises non financières et des liens capitalistiques
importants entre banques et entreprises non financières.
- Une représentation plus large des intérêts des stakeholders.
- Une forte implication des banques dans la gouvernance des entreprises.
Entre les systèmes marchés et les systèmes réseaux, il existe des systèmes de
gouvernance hybrides ou médians (Système de gouvernance dualiste ou moniste). Il
s'agit du cas italien et français. Dans ce modèle, la culture étatique prônant le rôle
supérieur de redistributeur et de régulateur de l’Etat joue ou à joué un rôle fondamentale
dans l’organisation économique et dans le mode de gouvernement d’entreprise.
(Système hybride)
Définition Le système de gouvernance est dit hybride si le contrôle s'opère à la fois par le biais du
marché et des institutions financières.
Déterminants Contexte : l'Etat a longtemps dominé l'économie française à travers des participations au
du modèle capital dans de nombreuses sociétés de référence après plusieurs vagues de
nationalisation. Grâce à l'encadrement du crédit et à la détention du capital des principales
banques, l'Etat a conditionné l'évolution du système de gouvernance français en
développant les marchés financiers domestiques, en se désengageant du capital des
sociétés nationalisées les plus performantes et en introduisant le modèle allemand de la
Hausbank (banque principale).
Cadre Légal : aucune limite réglementaire, qu'elle soit supérieure ou inférieure, n'a été
imposée aux banques pour limiter leur participation au capital des sociétés non
financières.
La loi du 24 Juillet 1966, donne la liberté aux entreprises de choisir entre deux structures
de
gouvernance distinctes : le conseil d'administration ou le conseil de surveillance associé à
un
directoire.
Ethique : l'éthique française se résume dans la trilogie suivante : Honneur - logique
légaliste
- cartésianisme.
Structure du - Malgré l'absence de contraintes légales, la participation des banques ne dépasse pas en
capital moyenne la limite de 5%.
- Les maisons de titres détiennent 38% du capital des sociétés françaises.
- Les entreprises non financières françaises contrôlent 57% des actions en circulation.
Cette situation révèle l'existence de participations croisées et circulaires entre sociétés,
qui sont guidées par une logique plus financière que commerciale ou stratégique, comme
c'est le cas au Japon. Les sociétés françaises sont moins dépendantes des banques à cause
de l'importance du crédit interentreprises.
La France est aussi caractérisée par une concentration relativement importante de
l'actionnariat.
Mode Possédant la liberté de choisir entre le conseil d'administration et le conseil de
d'exercice du surveillance associé à un directoire, la majorité des sociétés françaises disposent d'un
pouvoir conseil d'administration. Le conseil d'administration est composé par les actionnaires et
les représentants des salariés.
Modalités du Contrôle externe : contrôle par le marché financier par le biais des prises de
contrôle participation et de contrôle. Contrôle par participations croisées (crédit interentreprises), à
travers la structure actionnariale des firmes marquées par la présence d'institutions
financières et non financières.
Contrôle Interne : Selon la formule choisie, le contrôle interne s'opère par le biais du
conseil d'administration ou du conseil de surveillance associé à un directoire