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BELGRADE, Lundi 6 octobre 1980

Monsieur le président de la conférence générale.

Monsieur le président du conseil Exécutif

Cher frère Amadou Moctar M ’bow,

Directeur Général de l’Organisation des Nations –Unies pour l’Education, la


Science et la Culture.

Messieurs les Ministres et Messieurs les chefs de Délégation.

Mesdames et Messieurs les Délégués,

Messieurs les Représentant de la presse Internationale,

Nous ne pouvons pas prendre la parole devant cette auguste


Assemblée sans demander une minute de silence à la mémoire du grand
combattant international, grand fondateur du l’État socialiste de
YOUGOSLAVIE, immortel créateur et guide idéologiqueincontesté du
Mouvement International des Pays non-alignés, celui qui fut le Fidel ami
de tous les peuples du monde et l’authentique incarnation des aspirations
progressistes de tous les pays et particulièrement les pays en voie de
développementqui œuvrent à l’avènement d’un monde de liberté, de
dignité et de prospérité. Nous voulons parler du grand disparu,

Le prestigieux MARECHAL JOSIP BROZ TITO

Nous salions aussi les illustres compagnons constituant aujourd’hui l’avant-


garde de la lutte de l’héroïque Peuple YOUGOSLAVE pour un monde de
justice, de paix et de démocratie.

C’est avec un réel plaisir que, profitant de notre brève escale dans le si
beau, et si hospitalière ville de BELGRADE, nous saisissons l’heureuse
opportunité de nous adresser à votre conférence Générale.

Elles sont nombreuses, certes, les Organisations spécialisées des Nations-


Unies et parmi elles il y a celles qui s’occupent des questions aussi
importantes que celle de la lutte contre la FAIM dans le monde , de
l’industrialisation, de la santé etc.

Mais ce n’est pas par opportunisme que nous déclarons que de toutes,
celles dont l’objet est le plus fondamental, le plus déterminant, le plus
décisif c’est l’UNESCO, car pour nous, il n’y s’agit de rien moins que de
l’Homme en ce qui le distingue de la bête.
D’abord, l’homme n’est pas homme sans cette éducation dont vous vous
occupez et dont on dit, avec raison, qu’elle est l’industrie lourde de
toute industrie,

Nous pensons en Guinéeque cette éducation dispensée au sein de la


famille,au sein de la société toute entière et, d’une façon systématique à
l’école c’est cette éducation, disons-nous, qui fait de cet homme-la de ce
qu’il est, quelle que soit sa nationalité. L’Unesco, a la responsabilité de
s’occuper, au plan international, d’un tel secteur. Elle ne mérite que nous,
Nations membres reconnaissant la délicatesse de la mission, nous
l’appuyions dans sa tâche pour que son action, dans chacun de nos pays,
soit plus efficace.

Comme nous le dissions dans le rapport de la Délégation Guinéenne au


premier F estival Culturel Panafricain qui eut lieu à Alger du 21 juillet
au 1º Août 1969, nous entendons par culture la totalité de
l’outillage matériel, immatériel œuvre et ouvrage d’Art, Science,
technique ; savoir ; savoir-faire ; faire savoir; mode de pensée ;
mode de comportement ; attitude accumulés par le peuple, d’une
part à travers et pour sa lutte de libération de l’emprise de la
nature et de dominationde cette nature et, d’autre part à travers
et pour sa lutte de destruction des systèmes politico-sociaux de
dénomination et d’exploitation de l’homme par l’homme.

Nous qui donnons cette importance cardinale à la nature, comment ne


donnerions-nous pas à l’Unesco et à son œuvre toute notre considération
d’autant plus que nous, pays en voie de développement, et singulièrement
nous, pays Africains, nous considérons la culture comme, à la fois, le fruit et
l’arme d’un combat.

Et , au risque de nous répéter c’est encore dans messageau festival d’Alger


que nous puiserons ; nous y disions :(( La culture historique, la culture
politique, la culture économique, la culture sociale, la culture
scientifique et la culture technique, la culture humaine, la culture
spirituelle, tout cet ensemble constitue une seule et même force,
celle par laquelle, l’Afriquede façons vigoureuse arrivera à briser
définitivement les chaines de l’impérialisme le carcan du
colonialisme et du néo-colonialisme perfide, les survivances
féodales et irrationnelles, pour pouvoir, et sous sa seule
responsabilité, réussir à vivre libre, unie et prospère. Ce faisant,
elle apporte une contribution de qualité à l’équilibre et au
développement harmonieux d’une humanité dont la reconstruction
sur les bases de la justice de la coopération et de la solidarité
postule l’effort et la contribution de tous les peuples
consciemment engagés dans la lutte du vrai contrele faux, du juste
contre l’injuste, de l’égalité, de la paix contre la guerre :))
Nous saluons ici avec une fraternelle amitié, les représentants de tous ces
peuples, ces peuples à qui nous devons beaucoup.

C’est aussi le moment et le lieu de féliciter l’Unesco d’avoir vigoureusement


entrepris l’effort de s’occuper d’un nouveau secteur, un secteur sur lequel
vous avez concentré les travaux de votre Conférence Générale, celui de
l’information.

L’information est, à la fois, d’ordre idéologique, politique, culturel,


économique, scientifique et technique.

Aujourd’hui grâce aux énormes moyens créés par la science, la technique et


l’industrie, elle pénètre partout, poursuit l’hommeoù qu’il se trouve, le
séduit, l’anesthésie et pénètre ou bien, l’arme pour résister, pour progresser
pour que l’homme soit plus utile à la société et plus heureux.

De même que l’on programme les machines pour la production de même


on programme la manipulation des hommes et des sociétés à travers de
l’information.

Aujourd’hui 70% de ce que l’homme de la rue sait, dans les pays à mass-
médiastrès développés lui viennent de l’information qui ne se contente plus
de véhiculer simplement des nouvelles, mais prétend modeler les sociétés
selon des canons moraux bien suspects.

Le vertigineux progrès de l’électronique joints a celui des techniques


spécialesfait que, bientôt aucun pays du monde, aucune société, si reculée
soit-elle ne pourra se soustraire au champ informationnel tel grande
puissance technique qui s’y résoudrait.

Et nous disons qu’aucune jérémiade contre l’actuel ordre international dans


le domaine de l’information ne mettra à l’ abri la volonté unilatérale des
pays développés techniquement. Nous devons faire front par l’action.

L’information, la communication sociale, c’est bien les moyens techniques


et matériels de communications de masse, les mass-médias, qu’ils soient
audio-visuels ou écrit. Mais c’est surtout le contenu même du message son
objectivité dynamique et édificatrice, l’adéquation de sa forme la justesse
de ce qui est diffusé ou son in objectivité quand elle est intoxique.

S’agissant des moyens techniques et matériels, les mass-médias sans


lesquels aucun message n’est communiquéefficacement, nous devons
résolument analyser la situation internationale et celle de chacun de nos
pays et comprendre qu’en la matière, nous ne pourrons pas aller bien loin,
vu la modalité de nos moyens financiers, si d’une part, nous n’engagions
pas, pour ce qui concerne l’Afrique une coopération sous-régionale régionale
et continentale intelligente, méthodique et profonde et, que d’autre part,
nous n’incluions pas dans notre coopération avec les pays techniquement
et économiquement développés . Lacréation d’un réseau de mass-médias
compatible avec l’importance que nous reconnaissons à l’information, celle
qui assure la cohésion de notre société, consolide notre indépendance,
diffuse notre culture, transmet d’une façon permanente et partout ce dont
nous avons besoin de science, de technique et de technologie pour nous
sortir de notre sous-développement matériel et économique. Nous devons
reconnaître qu’aujourd’hui les pays dits développés apprécient
incomparablement mieux que nous, et d’une façon conséquente,
l’importance de l’information qu’on ne doit pas confondre avec le bruit.

Après les moyens techniques et matériels, il y a les messages eux-mêmes,


on a beaucoup disserté sur la liberté de l’information dans tel ou tel pays
et l’absence de liberté, comme si la première liberté n’était pas celle de la
possession des mass-médias. Notre philosophie en la matière en Guinée est
que c’est le peuple, dont le pouvoir est organisé aux divers échelons :

Village et Quartier ; Arrondissement, Région, Nation.


C’est le peuple tout entier, disons-nous, doit avoir libre aux mass-médias.

Langue de culture
Langue de communication
Le problème de culture est, à notre avis, à la fois simple et complexe selon
l’idée que se fait du contenant et du contenu, de la langue et du langage.

La langue est un moyen de communication et appartient à la culture d’un


peuple. El traduit une idiologie une philosophie exprimant les principes
socioculturels qui sous-entendent, caractérisent lecomportement de
l’homme à l’égard de l’homme et de la société, la pensée de l’homme à
l’égard de l’histoire et de la nature. En fait, la culture embrasse elle-même
dans toutes les composantes et à travers toutes ses expressions. La langue
sert, en tant que véhicule des idées de système particulier de
communication entre les hommes et entre les peuples, de moyen de fixation
de la pensée philosophique, idéologique et scientifique du peuple sur le
processus d’évolution de la société et sur les phénomènes de la nature. La
langue joue un rôle essentiel, mais elle-même n’est pas toute la culture, à
preuve elle une incidence sur la vie sociale alors qu’elle engendrée et
développée par et à travers la vie sociale.

Nous sommes tous conscients du fait qu’il y a des milliers et des milliers
d’années les Africains ont élaborés les cultures originales.

Aussi, les cultures des peuples Africains, composantes fécondantes de la


civilisation Africaine ne s’auraient-elles être des projections de la culture des
autres continents ! La longue période marquée par l’ignorance de
l’existence des autres peuples n’est pas restée vide ; les peuples Africains
l’ont ben remplie de produits culturels à partir de leur propre génie. Et cette
vérité nous fait découvrir cette essence générale de l’humanité, où qu’elle
se trouve représentée, qu’est le génie créateur de l’homme à travers sa
faculté de penser de réfléchir de déduire, de décider, de vouloir et de
réaliser. Ces traits généraux, plutôt que ces diverses facultés définissent
l’homme comme appartenant à une espèce radicalement singulière au sein
du règne animal.Telle est l’essence générale de l’humanité………….

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