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Phases ethnocentriques
La dénégation : l’individu refuse l’existence de différences et d’autres visions du monde.
« La différence culturelle peut être ressentie comme une menace parce qu’elle offre une alternative à
notre vision de la réalité et ce faisant, à notre identité ». (On parle aussi de choc interculturel),
« Dans la phase de défense, par conséquent, la différence est perçue, mais combattue ».
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T-Kit N°4 « L’apprentissage interculturel » du Conseil de l’Europe (coe)
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Voir la définition de Claude Levi-Straus cité par Marc Bulteau. Va, vis et deviens. Mémoire pour l’obtention du
DHEPS, Lyon 2007
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Voir Clair Michalon : "Différences culturelles, mode d'emploi"et « Histoire de différences, différence
d’histoires » aux Editions SEPIA
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Selon le modèle de développement de la sensibilité interculturelle de Milton J. Bennett, tiré du T-Kit4 du
conseil de l’Europe
B. Perrin / Ministère de l’agriculture/ RED / 2010 1
« La stratégie la plus courante pour lutter contre la différence est le dénigrement, qui consiste à
porter un jugement négatif sur toute vision du monde dissemblable. Les stéréotypes, et leur forme
extrême le racisme, sont des exemples de stratégies de dénigrement. L’autre facette du dénigrement
est la supériorité, qui consiste à mettre l’accent sur les aspects positifs de sa propre culture et à
accorder peu ou pas d’intérêt à la culture de l’autre …».
« La troisième stratégie pour se protéger de la menace que représente la différence est le
«revirement». Cette stratégie, qui à première vue peut apparaître comme une preuve de «sensibilité
interculturelle», n’est en fait que le remplacement du centre de son ethnocentrisme (nos propres
antécédents culturels) par un autre ». On parle aussi de « Retour d’ethnocentrisme ». L’autre est
mis sur un piédestal.
« La dernière phase de l’ethnocentrisme est celle que Bennett appelle la minimisation. La différence
est reconnue, … mais on en minimise la signification. Les similitudes culturelles sont mises en avant
comme l’emportant de loin sur les différences, ce qui revient à banaliser la différence ».
Phases « ethnorelatives »
« L’ethnorelativisme commence avec l’acceptation de la différence culturelle. … Accepter que les
comportements … varient d’une culture à l’autre et … méritent le respect ». Puis « cette acceptation
va s’élargir pour englober les visions du monde et les valeurs sous-jacentes de l’autre culture ».
« La phase d’intégration se caractérise par une tentative pour intégrer ces divers cadres dans un
cadre qui n’est ni le rétablissement d’une culture, ni le simple confort que procurerait la coexistence
pacifique de différentes visions du monde ».
Cette phase peut demander un travail de déconstruction / reconstruction de son identité. Savoir d’où
l’on vient, comment on s’est construit et pourquoi. Remettre en cause certaines constructions du moi
pour le reconstruire enrichi des nouvelles expériences.
Substitution, addition puis déconstruction / reconstruction (les trois phases ethnorelatives de Bennett)
sont des étapes qui demandent du temps et encadrement pédagogique (cf. page 8 de ce document :
Quelle pédagogie dans l’éducation au développement dans l’enseignement ?)
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T-Kit N°4 « L’apprentissage interculturel » du Conseil de l’Europe (coe)
B. Perrin / Ministère de l’agriculture/ RED / 2010 2
B. Perrin / Ministère de l’agriculture/ RED / 2010 3
B. Perrin / Ministère de l’agriculture/ RED / 2010 4
Prolongement de l’iceberg
Une petite partie émergée, une forte partie immergée !
Moi L’autre
Si l’on ne sait pas d’où l’on vient, si on ne sait pas qui on est, la distance avec l’autre est
importante et la rencontre difficile.
Faire baisser le niveau de la mer, ou faire émerger l’iceberg (mieux se connaître et savoir ce
qui nous construit) permet de se rapprocher de l’autre, et de mieux le comprendre.
On devient plus apte à appréhender les différences.
Et ce d’autant plus facilement que l’autre a réalisé le même travail sur lui
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Selon une idée de Marc Bulteau
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Voir aussi « l’arbre de référence », outil développé par le CCFD dans le guide « visa pour le voyage du CCFD
http://ccfd-terresolidaire.org/ewb_pages/o/outil_535.php
B. Perrin / Ministère de l’agriculture/ RED / 2010 5
Le poisson dans son bocal 8
Le poisson dans son bocal ne voit pas l’eau, mais il peut voir à travers. S’il sort de l’eau et va
sur une table, il meurt, il ne peut plus voir ce qui se passe autour de lui. Pour qu’il survive, il
faut lui apporter un peu d’eau.
Si l’on fait l’analogie entre l’eau et la culture, on peut voir au travers de sa culture même si
l’image est déformée. Quitter sa culture c’est perdre des repères. Si on perd trop de ses
repères, on est dans un inconfort tel que l’on ne peut plus voir l’autre. La rencontre est
impossible (tendance à se recentrer sur son nombril, ethnocentrisme).
On se balade toujours avec un peu de son eau, un sac à dos, dans lequel on transporte
quelques éléments culturels dont on n’a pas forcément conscience. Mais l’autre peut le
décrypter.
Emporter trop de son eau avec soi renforce l’ethnocentrisme et peut limiter la rencontre, la
compréhension de l’autre.
Prendre conscience de ce que l’on emporte dans son sac à dos permet de l’alléger et de se
rapprocher de l’autre.
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Selon une idée d’Olivier Riou, sociologue
B. Perrin / Ministère de l’agriculture/ RED / 2010 6
Retour d’ethnocentrisme : Je
place l’autre et sa culture au
dessus. Je ne peux pas être dans
la rencontre. (Stratégie
d’évitement, de dénigrement de
sa culture)
L’arbre généalogique
Objectif, identifier que vous venez de quelque part. C’est un travail sur soi, inutile d’en faire
part.
Demander : Dans ce que vous savez de vous, identifiez ce qui vous vient de vos ancêtres.
Mon grand père Ma grand mère Mon grand père Ma grand mère
maternel maternelle paternel paternelle
Ma mère
Mon père
Moi
Identifiez des groupes formels ou informels avec lesquels vous êtes en relation (club, assoc,
famille, copains, …). Dans la même bulle, notez ce que cela dit de vous. Prendre conscience
que certains cercles, on se les construit tout seul.
La Charte d’Educasol
Ce texte a valeur de référent éthique pour les acteurs de l’éducation au développement et à la
solidarité internationale de la plateforme EDUCASOL10. Il donne les lignes directrices qu’ils
ont ensemble définies comme étant constitutives de la notion et de la démarche de l’éducation
au développement et à la solidarité internationale.
10
La plateforme Educasol ( www.educasol.org ) est une plateforme qui rassemble les acteurs de l’EAD en France.
Elle est constituée de 25 associations et de 3 campagnes. Le RED, réseau éducation au développement du ministère de
l’agriculture est l’un des membres fondateurs de cette plateforme. Elle fait partie de DEEEP, plateforme européenne
d’EAD.
B. Perrin / Ministère de l’agriculture/ RED / 2010 9
- Qui permet à chacun(e) de tenir une réflexion sur le modèle de société dans laquelle il
(elle) vit, d’appréhender la portée de ses actions quotidiennes et de devenir citoyen(ne) acteur
du changement social au niveau local, national et mondial.
- Qui se décline, au travers d’organisation en groupes, associations, collectifs, réseau
etc… en initiatives et actions collectives (débat, manifestation, lobbying…).
Le travail sur les valeurs et les représentations met en cause la fonction de l’enseignant et son
éthique professionnelle. L’enseignant est-il uniquement celui qui transmet un savoir ?
L’enseignant qui fait de l’Education au Développement se positionne comme un éducateur,
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Yveline Nicolas, Université d’été de la solidarité internationale, Lille, 2007
B. Perrin / Ministère de l’agriculture/ RED / 2010 10
comme un individu qui défend des valeurs. Pour concilier éducation et éthique, il faut être
dans une position d’ouverture et d’écoute. Les principes de l’éducation populaire, développer
une pédagogie interactive et réflexive n’est pas suffisamment dans les pratiques de
l’enseignant. Il est aussi nécessaire d’intervenir à plusieurs sur les mêmes phénomènes afin de
permettre l’expression de regard et d’analyses différentes, de développer l’esprit critique. La
pluridisciplinarité, la co-disciplinarité, les études transversales sont des outils pédagogiques
indispensables à la pratique de l’EAD en milieu scolaire.
La pratique du jeu est un des outils essentiels de cette éducation. Le jeu permet une prise de
conscience non culpabilisante. Le jeu n’est pas une fin en soi. Il permet de déclencher, de
prendre conscience de certains comportements et de la complexité des phénomènes. Le jeu
est réducteur. Il ne peut tout dire et nécessite une analyse approfondie. Le jeu est
manipulateur. Il est conçu pour faire émerger une idée, des comportements, il bouscule
l’individu. Pour cela il doit être utilisé avec précautions.
Par principe, avant d’animer un jeu il vaut mieux l’avoir vécu comme joueur.
Le 2° outil est la rencontre et le partage d’expérience. Ces rencontres peuvent se faire ici au
Nord, ou à l’étranger. Le voyage est alors conçu comme un outil d’éducation et non une fin
en soi.
Un séjour à l’étranger, qu’il soit en groupe ou individuel se prépare et se valorise au retour.
Les informations dont nous disposons (médias, école, rencontres) nous amène à « inventer un
pays avant de s’y rendre »12. Lors d’un voyage de courte durée, chacun va chercher
inconsciemment à conforter ses représentations 13 et ses préjugés. S’il n’est intégré dans un
processus pédagogique, sans une forte préparation, sans analyse au retour, ce voyage ne peut
provoquer l’ouverture interculturelle recherchée.
De nombreuses associations organisent des séminaires de préparation à la rencontre inter
culturelle. L’enseignement agricole met en place des formations de formateurs et des sessions
de préparation au départ et de valorisation au retour pour les jeunes.
L’EAD doit amener le citoyen à entrer dans l’action, mais quelle action ?
Quand on visite un pays « en développement », on découvre souvent un puits, une école, un moulin à
farine, un aménagement hydraulique, un abattoir, un jardin d’école, …, qui ne sont pas utilisés par
les locaux. Ces réalisations sont le fruit de projets de développement mis en œuvre par des
associations du nord, éventuellement par des groupes scolaires qui pensaient « bien faire ».
Construire une école, construire un barrage, apporter des médicaments ou des stylos en pays Sud est
souvent plus déstabilisant que constructif. Les jeunes et les moins jeunes qui découvrent une autre
situation ont tendance à se positionner comme porteurs de solutions. Sans comprendre que les
12
Franck Michel. Désirs d’ailleurs : essai d’anthropologie des voyages. Québec, Presses de l’université Laval 2004 cité
par Marc Bulteau. Va, vis et deviens. Mémoire pour l’obtention du DHEPS, Lyon 2007, http://www.iteco.be/Vas-vis-et-
deviens
13
Jean Claude Abric. Pratiques sociales et représentations. Paris, PUF 2003 cité par Marc Bulteau
14
Jean Claude Kaufmann. L’invention de soi : une théorie de l’identité. Paris Hachette, 2004 cité par Marc Bulteau
B. Perrin / Ministère de l’agriculture/ RED / 2010 11
solutions proposées véhiculent un modèle qui n’est pas forcément adapté à la situation ou aux
aspirations des citoyens locaux. « La technologie n’est pas un voyageur sans bagage ».
Il est vrai que les partenaires du Sud voient fréquemment l’occidental comme « celui qui sait ». C’est
une forme de complexe d’infériorité face à « celui qui a » (ou est supposé avoir).
« Nos partenaires étaient pourtant d’accord pour qu’on leur construise un puits à cet endroit ! »
La situation dans le cas de stage individuel à l’étranger est différente de celle du voyage de groupe.
Quelque soit le pays de destination, on se trouve dans une relation ternaire : maître de stage,
établissement scolaire (ou universitaire) et stagiaire avec une convention de stage qui définit rôles et
attentes de chacun. Le jeune est alors amené à conduire son étude et à agir avec le maître de stage,
comme dans tout stage en entreprise ou association. Favoriser ces mobilités c’est enrichir les
formations, et faire vivre les partenariats.
Au niveau des référentiels européens, on parle souvent de Global Education, terme anglo-saxon non
traduit en français qui recouvre un champ un peu plus large que Education au Développement ou du
moins qui intègre explicitement les notions de solidarité et de citoyenneté internationale. Le terme
développement n’y apparaît pas.
Faire de l’EAD, ce n’est pas faire du développement. Cependant, dans la mesure ou l’EAD vise
l’ouverture interculturelle, l’acceptation des différences et la construction d’un monde solidaire, elle
est un pivot (un outil) essentiel pour le développement durable de la planète.